Etude filière Riz, Kayes

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VECO SENEGAL RAPPORT PROVISOIRE DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ DANS LES BASSINS DE KAYES ET ANALYSE DE SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DES MEMBRES DE LA PLATEFORME RIZICOLE Par Amadou Abdoulaye FALL Agroéconomiste & Amadou CISSE Agronome Juillet 2011

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Etude filière Riz au Mali (Kayes), commandité par l'ONG VECO WEST AFRICA-DAKAR OFFICE

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VECO SENEGAL

 

 

RAPPORT PROVISOIRE

DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ DANS LES BASSINS DE KAYES ET ANALYSE DE SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DES MEMBRES DE LA PLATEFORME RIZICOLE

Par 

Amadou Abdoulaye FALL Agro‐économiste  

Amadou CISSE Agronome 

 

 

 

Juillet  2011 

 

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TABLE DE MATIERE

I. INTRODUCTION ___________________________________________________________ 5  

II. METHODOLOGHIE  ________________________________________________________ 6  

2.1. DEMARCHE _________________________________________________________________  6 

2.2. DIAGNOSTIC  ________________________________________________________________  8 

2.3. ANALYSE  ___________________________________________________________________  8  

III. CONEXTE ET ENVIRONNEMENT DE LA CULTURE DU RIZ DANS LE BASSIN ____________ 9  

3.1. CONTEXTE INSTITUTIONNEL ____________________________________________________  9 

3.2. MONOGRAPHIE _____________________________________________________________  10  3.2.1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES _____________________________________________________ 10 3.2.2. HYDROGRAPHIE __________________________________________________________________ 11 3.2.3. SYSTEME DE PRODUCTION _________________________________________________________ 11 

 

IV. DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ _____________________________________________ 14  

4.1. CARACTERISATION DES ACTEURS  ______________________________________________  14  4.1.1. PRODUCTEURS  __________________________________________________________________ 14 4.1.2. TRANSFORMATEURS ______________________________________________________________ 15 4.1.3. COMMERCANTS  _________________________________________________________________ 15 4.1.4. PRESTATAIRES MECANISES ET FOURNISSEURS __________________________________________ 16 4.1.5. INSTITUTIONS DE FINANCEMENT ____________________________________________________ 16 4.1.6. INSTITUTIONS DE CONSEIL ET DE RECHERCHE __________________________________________ 16 

 

4.2. PERFORMANCE DE LA FILIERE  _________________________________________________  17  

4.2.1. SITUATION DE L’OFFRE ____________________________________________________________ 17 4.2.2. LECONS TIREES SUR LA SITUATION DE L’OFFRE _________________________________________ 19 4.2.3. PERFORMANCE AU NIVEAU DES EXPLOITATIONS  _______________________________________ 20 

 

4.2.3.1. NIVEAU DE REVENU ET PART DU RIZ ______________________________________________ 20 

 

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Le secteur agricole ______________________________________________________________ 20 Les revenus non agricoles  ________________________________________________________ 21 

 

4.2.3.2. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES _______________________________________ 23 

 

4.3.2.2.1. GROUPE DE PRODUCTEURS RELATIVEMENT LES PLUS PAUVRES ____________________ 23 4.3.2.2.2. GROUPE DE PRODUCTEURS RELATIVEMENT MOYENS ____________________________ 24 4.3.2.2.3. GROUPE DE PRODUCTEURS A RELATIVEMENT NANTIS ____________________________ 24 

 

4.2.3.3. ITINERAIRES TECHNIQUES : _____________________________________________________ 25 4.2.3.4. GESTION FONCIERE ___________________________________________________________ 26 4.2.3.5. BUDGET DE CULTURE __________________________________________________________ 26 4.2.3.6. CONTRAINTES DE LA RIZICULTURE DANS KAYES _____________________________________ 29 

 

4.2.4. TRANSFORMATION, MARCHE ET COMMERCIALISATION __________________________________ 29 

 

4.2.4.1. TRANSFORMATION  ___________________________________________________________ 29 4.2.4.2. MARCHE, COUT ET COMMERCIALISATION _________________________________________ 31 4.2.4.3. MARGES POUR LES DIVERS ACTEURS  _____________________________________________ 33 

 

V. ANALYSE PROSPECTIVE DE LA FILIERE DU RIZ LOCAL ____________________________ 35  

VI. SITUATION SOCIO‐ECONOMIQUE DE LA PLATEFORME __________________________ 37  

V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ______________________________________ 40  

VIII. BIBLIOGRAPHIE ________________________________________________________ 41 

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LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Les villages d’enquêtes par zone agro-écologique et sous-zones du Bassin

Tableau 2: Résumé des superficies disponibles (source DRGR)

Tableau 3 : Répartition des bassins en communes et superficie en km2

Tableau 4 : Production de riz campagne 2009 / 20010 (Source DRA)

Tableau 5 : Situation des cultures en campagne 2009/2010

Tableau 6 : Equipements existants entre 2008 à 2009 (source SDR)

Tableau 7 : Revenus agricoles agricole des exploitations du Bassin de Kayes

Tableau 8 : Revenu agricole par cercle ou bassin de la région de Kayes

Tableau 9: Revenu non agricole et élevage au niveau des exploitations agricoles

Tableau 10 : Répartition du revenu total moyen des exploitations du Bassin

Tableau 11 ; Typologie des acteurs

Tableau 12 : Equipements existants entre 2008 à 2009 (source SDR)

Tableau 13 : Budget de culture du riz de type traditionnel (ha)

Tableau 14 : Budget de culture de type moderne (ha)

Tableau 15 : Marge transformateur (décortiqueuse)

Tableau 16 : Compte d’exploitation du collecteur et intermédiaire du riz local dans Kayes

Tableau 17 : Reconstruction du prix au consommateur par rapport aux marges des acteurs

ANNEXE : Pluviométrie des dix dernières années.

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Proportion des différentes cultures dans la production céréalière totale

Graphique 2: Evolution de la production, superficie et rendement du riz de 1984 à 2009.

Graphique 3 : Répartition de la production du riz au niveau régional

Graphique 4 : Part de marge des différents acteurs sur le prix au consommateur du riz blanc à 300 FCFA/kg

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DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ DANS LES BASSINS DE KAYES ET ANALYSE DE SITUATION SOCIO‐ECONOMIQUE DES MEMBRES DE LA PLATEFORME 

REGIONALE DES RIZICULTEURS   

I. INTRODUCTION La crise alimentaire mondiale caractérisée par la flambée des cours du pétrole et leur incidence sur ceux des produits alimentaires, a eu des impacts sur tous les pays du monde, mais l’impact est plus ressenti par les populations pauvres des pays sous-développés. Depuis 2000 les prix des céréales n’ont cessé d’augmenter, le prix du maïs a doublé et le riz a atteint un niveau jamais égalé en mars 2008. Selon la banque mondiale, cette tendance forte de hausse des prix des céréales a mis plus de 100 millions de personnes dans une situation de pauvreté. Face à cette situation, la promotion et le soutien au secteur agricole se justifient dans les orientations stratégiques de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté. Dans cette perspective, le riz fait partie des cultures ciblées vue leur rôle de premier plan dans les stratégies de consommation alimentaire en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Mali. L’intensification de la production rizicole reste ainsi une option stratégique de ce pays. Ainsi plusieurs initiatives sont prises pour apporter « une réponse à la crise alimentaire mondiale» dont le projet VECO qui cible l’appui au développement de la filière riz dans les bassins de la région de Kayes. Malgré l’importance du riz dans la consommation des ménages urbains et ruraux du Mali qui représente 41 % de leur demande nationale de céréales consommées, la production reste limitée dans certains bassins de production pluviaux comme c’est le cas de la région de Kayes. Avec le marché mondial du riz résiduel (4 % seulement du commerce), l’intensification de la production nationale à toutes les échelles devient cruciale. Par conséquent, il est indispensable, d’appuyer la plateforme régionale de Kayes de manière à produire des références technico-socio-économiques exploitables à une échelle plus large du pays. Ainsi, l’étude diagnostic sur la filière rizicole dans les Bassins de production rizicole de Kayes permettra d’identifier son potentiel et les stratégies de mise en œuvre sur les facteurs aussi bien stimulants que sur les goulots d’étranglement. Cela permettrait de redimensionner les appuis aux divers maillons de la filière en vue d’améliorer la chaîne de valeur du riz dans cette localité et de contribuer ainsi à l’effort national. Par ailleurs, une analyse de la situation socio-économique des producteurs et productrices des bassins de production de la région de Kayes contribuera à mieux cerner les enjeux et les appuis différenciés pour promouvoir le développement de la riziculture et améliorer les conditions de vie de ces populations. Le but de l'étude est d’analyser la chaîne de valeurs du riz dans les bassins de production de la région de Kayes en vue de contribuer à son développement. Il s’agira de fournir des recommandations claires pour des initiatives stratégiques permettant d’augmenter la productivité et la rentabilité de la filière ; et le renforcement de capacités des acteurs, notamment les producteurs et productrices ciblés. Il est attendu de cette étude de

• fournir en priorité des informations spécifiques sur le secteur de la production du riz (zones potentielles, typologie des acteurs, itinéraires techniques, couts, prix et niveau de production, marché et flux, etc.) afin de proposer des stratégies d’amélioration de la productivité par catégorie de producteurs dans les Bassins de production. ;

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• fournir des informations détaillées sur les caractéristiques de la demande locale et sur les pratiques des acteurs de chaque maillon de la filière et indiquer clairement les stratégies d’appui pour améliorer la chaîne de valeurs sur le riz local. La qualité, la fiabilité, le volume, les stratégies et l’efficacité du réseau de transformation et de distribution sont quelques-uns des éléments à prendre en compte, aussi bien que les stratégies de promotion du riz local et les atouts des producteurs des basins.

• Faire l’état des lieux sur la situation socio-économique des producteurs et productrices des bassins de production de la région de Kayes, et

• Identifier les capacités d’organisation des producteurs et productrices de la région et leur plateforme à prendre en charge l’approvisionnement de leurs besoins et identifier clairement leurs demandes de renforcement de capacité.

II. METHODOLOGHIE 

2.1. DEMARCHE L’organisation et l’animation de la réflexion sur ce travail sont opérées en travail d’équipe (agro-économiste et agronome), les experts du projet VECO et les producteurs et productrices des bassins de production de la région de Kayes et leur plateforme organisationnelle. La démarche générale de ce travail est participative et interactive. L’approche méthodologie repose sur trois piliers. Le premier niveau est la documentation sur l’ensemble des supports de projet, de programmes agricoles, notamment sur le riz déjà réalisés et/ou en cours. La documentation la plus large possible est le support déterminant dans l’identification des paramètres d’évaluation et des hypothèses de résultats sur les progrès réalisés, les contraintes et opportunités d’amélioration de cette culture ciblée. Cette documentation a permis aussi d’analyser les grandes tendances et orientations sur la filière au niveau local et national. Le deuxième niveau de l’approche est participatif et axé sur la concertation et la collaboration avec l’ensemble des partenaires au développement qui interviennent sur la filière. En effet, la définition et l’identification des hypothèses et scénarii réalistes sur des potentiels et marges de progrès, de même que les goulots d’étranglement et les éléments de la situation de référence à toutes les échelles sont discutés avec l’ensemble des institutions et partenaires impliqués. Ainsi des rencontres ont été initiées avec les institutions de développement, des ONG, des organisations de producteurs, etc. dans les zones de production. Le troisième et dernier niveau est constitué de diagnostic participatif et d’études de cas auprès des divers acteurs sur le terrain (producteurs, transformateurs, et commerçants dans leur diversité) dans les principales zones ciblées du projet. Le diagnostic, par une approche de recherche rapide et participative (MARP), est basé principalement sur des entretiens semi-structurés, de focus groupe et d’échange d’idées avec les populations. Il a pour objet d’identifier les contraintes, les obstacles, les freins auxquels les différents maillons de la chaîne des valeurs sur le riz dans les basins de production de Kayes sont articulés et qui propulsent ou entravent leur développement. Pour des besoins de caractérisation et de typologie des différents acteurs, d’identification des niveaux et sources de revenu, des enquêtes structurées sont conduites parallèlement à la MARP sur un choix raisonné des différents maillons de la filière. Dans les différents sites (production, marché, de transformation, etc.), un échantillon limité des divers acteurs ciblés a été retenu. Pour le niveau d’activités de production autour de la région de Kayes, quatre cercles (bassins de production) ont été identifiés. Les cercles de Kayes, Bafoulabé, Kenieba et Yélimane qui sont tous des zones de production pluviale avec des perspectives

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d’aménagement au niveau de Yélimane et de Bafoulabé. Dans chacune de ces zones ou cercles deux villages assez représentatifs ont été choisis avec la plateforme régionale et les OP. Ainsi, le tableau 1 montre les 8 villages représentatifs des systèmes de culture du Bassin de Kayes. Cette stratification raisonnée, nous a permis de choisir, par la suite et au hasard 15 exploitations agricoles dans chacun de ces villages, soit un total de 120 exploitations agricoles. Les autres acteurs ont été identifiés et rencontrés à travers le diagnostic participatif (MARP). Les marchés de collecte et de consommation de la zone ont été également ciblés. L’approche participative a prévalu avec les opérateurs des unités de transformations, de commerçants et des associations professionnelles. Tableau 1 : Les villages d’enquêtes par zone agro-écologique et sous-zones du Bassin

Cercle (Bassin) Villages d’enquêtes

• Cercle de Kayes Tafaciriga

Same

• Cercle de Kenieba Diafalata

Soumala

• Cercle de Yelimane Niongomera

Gori

• Cercle de Bafoulabe Mahinandy

Dioubedalla

Source : Enquêtes, 2011.

Les éléments de discussions et d’échanges porteront sur les indicateurs de production et sur les facteurs de durabilité des entreprises de la filière (capacités, ressources, environnement institutionnel, etc.). Pour le cas des marchés, il s’est agit d’identifier les réseaux de distribution primaires et secondaires des productions, les saisonnalités et les intervenants. Les marchés de collecte et de consommation sont ciblés. Les données secondaires sur les prix, les fluctuations interannuelles des productions ont servi de support d’analyse sur les tendances et autres estimations. L’approche participative s’est toujours prévalue avec les divers acteurs. Ainsi, la réactualisation des éléments de budget de culture avec l’évolution des itinéraires techniques et pratiques culturales en fonction des catégories de producteurs différenciés et des cours actuels sur les biens et services a permis de déterminer les indicateurs de performance au niveau de la production. Ainsi, la méthodologie retenue repose sur une approche systémique en tenant compte des différents maillons de la filière, de la production à la consommation. L'approche consiste à combiner l'évaluation à travers des enquêtes élargies sur l’exploitation agricole et le suivi rapproché des autres acteurs de la filière selon leur typologie sur une échelle plus réduite. Dans le premier cas, il s'agit d'obtenir des informations quantitatives au niveau des unités d’exploitation (pour tous les acteurs), sur les flux des ressources et le suivi de leur allocation, l’organisation de l’activité et de sa vulnérabilité. Le deuxième niveau concerne la collecte des données qualitatives et quantitatives complémentaires sur les aspects de sécurisation des activités et de leur durabilité en fonction des aléas de leur environnement, etc. Le tout est complété par des investigations informelles

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au niveau des différents acteurs dont les organisations paysannes et les diverses structures d'intervention, les fournisseurs de crédit, etc. qui opèrent dans la zone.

2.2. DIAGNOSTIC Le diagnostic consistera en une évaluation de l’existant, en termes de caractérisation et de cartographie des différents acteurs de la filière (fonctionnement, contraintes et opportunités). Il consistera également en une évaluation du potentiel des activités de production, de transformation et de commercialisation) liées aux besoins du marché en trois principales composantes : Structure

• Identification et typologies des acteurs à chaque maillon de la filière Conduite met en œuvre le fonctionnement et le rôle des différents acteurs et les fonctions de soutien et service.

• le fonctionnement du système (type de marché, prix, préférences ou caractéristiques des consommateurs)

• le rôle des différents acteurs, les types de relations existants entre eux ou avec d'autres secteurs d'activité (relation conflictuelle ou de collaboration, appui, pouvoir de contrôle et de négociation et le niveau de transparence), l’importance et de l’influence de chaque partie prenante

Performance: Fonctionnement du marché. Il s’agit de procéder à une analyse coût / bénéfice pour chaque groupe d’acteurs. La composante Performance met en jeu le fonctionnement du marché sur l’efficacité (accès aux intrants, accès à l’eau, au crédit, à la collaboration, etc.), l’efficience de la filière (coûts de transaction, distribution du profit, disponibilité du produit) et les contraintes et opportunités. A l’issu du diagnostic approfondi (scanning de la filière) des axes stratégiques d’amélioration vont être proposés. Ils permettront de prendre en charge les contraintes et de renforcer les atouts et les potentialités soulevés. Ceci servira à VECO de développer une stratégie d’intervention de soutien aux acteurs de la filière.

2.3. ANALYSE Deux types d’analyse seront réalisés : Analyse SWOT et Analyse critique ou des contraintes L’analyse SWOT (Atouts/Attraits) permettra de dégager :

o les opportunités qu’offrent les acteurs de la filière du riz dans les bassins de Kayes, o les forces qu’ils dégagent et qui peuvent justifier leur extension ; o les menaces possibles qui pèsent sur leur extension ou sur leur existence et par

rapport aux ressources investies dans la filière; o les faiblesses de l’existence de telles activités.

L'analyse critique, d'un point de vue prospectif, a fait ressortir les fortes tendances de prise en charge de ces contraintes et opportunités, les moyens consentis, et les efforts qui restent à être réalisés A terme, grâce à l’approche participative, l’on est abouti à une situation de référence sur la situation du secteur riz dans la zone de Kayes. Ce levier stratégique a ensuite fait apparaître au niveau de la filière, un ensemble d’actions et stratégies d’intervention aptes à soutenir les divers maillons de la filière. Les analyses portent essentiellement sur les statistiques descriptives (fréquence, variance, écart type, coefficient de variation, etc.).

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III. CONEXTE ET ENVIRONNEMENT DE LA CULTURE DU RIZ DANS LE BASSIN  

3.1. CONTEXTE INSTITUTIONNEL

La hausse des prix des denrées alimentaires observée à la fin de 2007 et durant le premier semestre de 2008 a causé de nombreux problèmes aux pays en développement, notamment aux importateurs nets de denrées alimentaires. Ses effets sur les populations pauvres de ces pays menacent de compromettre les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement en Afrique. Dans le même temps, cette hausse offre l'occasion de stimuler le secteur agricole de nombreux pays en développement. En réponse rapide à la flambée des prix alimentaires dans les pays en développement dans un ce contexte mondial changeant, les décideurs politiques ont opté pour l’intensification des productions, notamment les produits de base comme le riz au Mali. C’est la naissance des programmes prioritaires dont les objectifs sont de :

• encourager une réaction positive du secteur agricole par les divers acteurs dont notamment les producteurs, et par régions ciblées ;

• soutenir des activités visant à atténuer rapidement et directement les effets négatifs de la volatilité des prix alimentaires sur les populations locales, conformément aux objectifs poursuivis en matière de sécurité alimentaire;

• renforcer les capacités de production et la gouvernance du secteur agricole afin d'améliorer la durabilité des interventions (émergence des plateformes paysannes fortes)

Depuis la crise mondiale de 2008, les enjeux de souveraineté alimentaire en fonction des productions locales de base, notamment le riz, le mil et le sorgho ont incité les pouvoirs publics et ses partenaires au développement à initier des programmes d’appui au secteur. La volonté de développement de la production locale et de la transformation est d’apporter plus de transparence dans le marché et de réduire progressivement les importations massives en produits alimentaires. Cette crise a suscité le dernier Plan Stratégique en date portant sur les initiatives d’urgence riz ou de relance du secteur agricole avec des subventions notoires sur les intrants dont notamment les engrais. Le mil et le sorgho ont bénéficié de ce programme d’initiatives riz au Mali et dans la sous-région. L’objectif de ces réformes en partenariat avec les partenaires au développement, est d’accroître, de diversifier et d’intensifier les productions agricoles.

Le Gouvernant du Mali a débuté les réformes du secteur agricole global depuis 1986 par l’élaboration des programmes de libéralisation du secteur, puis du Programme d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA). Ces politiques se sont traduites par un ensemble de réformes et de mesures de désengagement de l’Etat des activités productives au profit des opérateurs privés. Dans la continuité des orientations du PASA, il a été adopté les Document d’Orientations Stratégiques ou de réduction de la pauvreté qui portent sur la formulation d’une stratégie de croissance durable des secteurs de l’agriculture et de l’élevage. Le dernier Plan Stratégique en date porte sur les initiatives d’urgence riz ou de relance de la filière rizicole au pays.

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Le riz constitue une des filières prioritaires du Mali. A cet effet, des plans d’Actions pour la Filière Riz comme le Programme d’Initiatives en riz ont été institués par les décideurs politiques. Ces plans ont pour objectif global l’accroissement de la production nationale en riz de façon économique, sociale et environnementale, principalement par l’augmentation du revenu des producteurs, groupés pour autant que de besoin en plateforme des Organisations des Producteurs. La stratégie adoptée est clairement une politique de transfert de responsabilités aux organisations paysannes. On note ainsi, la mise en place d’organes ou de plateformes spécifiques, tels que APACAM, plateforme riz au Mali. Le riz a été réaffirmé comme filière prioritaire par le gouvernement pour l’atteinte la sécurité alimentaire.

La filière riz est considérée comme l’une des filières agricoles prioritaires pour le développement du pays. Elle l’est à la fois pour satisfaire les besoins alimentaires nationaux dans le cadre de la stratégie de sécurité alimentaire, mais aussi pour améliorer la balance des paiements avec des objectifs d’exportation dans la sous région. En effet, cette importance stratégique du riz au Mali dépend de son niveau de contribution à l’alimentation des populations. La consommation moyenne annuelle de céréales par an et par personne du pays était de 202 kg en 1995 (ce qui représentait 73 % de la ration alimentaire) dont 34 kg de riz. Depuis, la consommation a progressé. Cette consommation du riz est passée de 44 kg/personne en 1998 à 57 kg en 2009 (SG MA 2009). La consommation de riz devrait poursuivre sa progression. Les prévisions indiquent une croissance de l’ordre de 50% de la demande dans les 10 ans à venir (IICEM, 2010).

Une analyse de la configuration du système institutionnel d’appui met en relief l’existence d’un dispositif formel marqué par la présence d’acteurs très diversifiés du secteur agricole et à des trajectoires différentielles. Une lecture des interactions montre le cloisonnement des structures de recherche et de développement, tandis qu’on note une forte intensité de coopération entre producteurs, transformateurs, commerçants et fournisseurs de services. La collaboration notée entre ces structures avec la recherche et le développement est timide, même si la tendance s’améliore ces dernières années. Cela pose la question de la pertinence et l’adaptation de l’offre des services d’appui et de conseil en rapport avec la demande réelle des producteurs. Ainsi, la finalisation des résultats de la recherche, les mécanismes et méthodes de leur transfert, la problématique de communication en amont et en aval de la recherche, etc. restent fortement questionnées.

3.2. MONOGRAPHIE

3.2.1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES 

La plus grande partie du bassin du fleuve Sénégal (47 %) se trouve dans le Mali et sillonne toute la région de Kayes sur 400 km. Elle est constituée de plaines traversées par deux hauts plateaux (le plateau mandingue et le mont tambaoura) dont l’altitude varie de 400 à 800 m. La végétation est dense en certains endroits et la superficie totale des forêts classées s’élève à environ 265795 ha constituée de rônier, karité, néré, bambou, gommier, bois d’ébène, Tambacounda, etc.

La Région de Kayes est située entre les 12ème et 17ème degrés de latitude Nord à cheval sur le fleuve Sénégal et ses affluents et à l’extrême Ouest du Mali. Elle est assortie d’un climat soudanien et guinéen et les pluies tombent de mai à Octobre entre 800 à 1000 mm/an. Elle s’étend approximativement de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud sur une distance d’environ 400 Km. Limitée à l’Est par la Région de Koulikoro, à l’Ouest par la République du Sénégal, au nord par la République Islamique de la Mauritanie, au Sud par la République de la Guinée,

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elle a une superficie de 120 760 Km2, représentant 9,7 % de la superficie totale du territoire national. La population de la région est de 1.996.812 habitants dont 1.457.673 constituent la population rurale (73 %) et parmi cette population rurale les femmes représentent plus de la moitié.

La loi N°96-059 ANRM du 04 novembre 1996 portant création de communes subdivise la Région en sept (7) cercles composés de 117 communes rurales et 12 communes urbaines. La zone d’étude comprend 4 bassins (le bassin du cercle de Kayes, le bassin de Keniéba, le bassin de Bafoulabé et le bassin de Yélimané) pour une superficie totale de 83.36O Km2 avec 17.567 ha dont 3400 aménagés. Cette Région est une zone diffuse contrairement aux zones aménagées comme l’office du Niger. Les principales cultures sont : le sorgho, le mil ; le mais, le fonio, le riz. La culture du riz est une activité secondaire pratiquée depuis très longtemps. La production locale est le riz paddy cultivé essentiellement par les femmes. La riziculture se fait en culture pluviale dans les bas fonds sur des petites superficies (0,25 ha) avec un rendement moyen de 900 Kg/ha. La production locale est destinée à l’autoconsommation. Les terres sont individuelles et les exploitations sont familiales. Les cas de litiges fonciers sont presque inexistants. Les principes coutumiers de base à savoir le droit d’usage et la transmission du droit d’usage sont respectés. Néanmoins, il existe des mécanismes traditionnels de prévention et de gestion des conflits.

3.2.2. HYDROGRAPHIE 

La région de Kayes est bien arrosée, le fleuve Sénégal (669 km) s’étire tout le long de la contrée en plus des 7 autres fleuves des cercles de Kayes, Bafoulabé, Kita et Kioro.

Les longueurs de ces fleuves cumulées sont de 2400 km (source, DRHG, 2007). En outre la région possède des ressources hydriques superficielles non permanentes et de nombreuses mares.

3.2.3. SYSTEME DE PRODUCTION 

Les principales cultures sont le Sorgho, Mil, Maïs, Fonio, riz, l’arachide, le niébé et le coton. Ces cultures dépendent toutes de la pluie au niveau des plaines, plateaux et des bas-fonds. La culture de décrue est aussi pratiquée. A noter que des superficies aménagées et irriguées ont été déclarées mais sur les sites, les cultures sont menées sous pluie, avec quelques pratiques améliorées (cas des 880 ha de l’ex PEDIAM de Bafoulabé )

Tableau 2: Résumé des superficies disponibles (source DRGR)

SUPERFICIES (ha)

Aménageables Aménagées Irrigables Irriguées

118113 3400,8 3350 1750

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Les zones de productions rizicoles

La région de Kayes d’une superficie de 120760 km² est subdivisée en 7 cercles et chaque cercle peut être présenté comme un bassin de production rizicole.

Tableau 3 : Répartition des bassins en communes et superficie en km2

Cercles/Bassins

Nombre de communes Superficie en km² Urbanisme Rurales Total

1 Kayes 5 23 28 22.190

2 Bafoulabé - 13 13 20.220

3 Diéma 1 14 15 14.000

4 Kéniéba - 12 12 35.250

5 Kita 2 31 33 11.060

6 Nioro 3 13 16 12.440

7 yélimané 1 117 129 7.700

Total région 12 117 129 120.760

Source : DRPSIAP Kayes

La riziculture dans l’ensemble des 7 bassins de la région de Kayes se pratique sous pluie. Comme depuis les temps ancestraux, elle fait partie du patrimoine culturel.

Tableau 4 : Production de riz campagne 2009 / 20010 (Source DRA)

RIZ BASSIN/CERCLE

REGION Kayes Bafoulabé Diémé Kéniéba Kita Nioro Yélimané

Sup./ha 2854 6751 234 7762 5674 170 190 23635

Prod./tonne 4650 17723 282 21148 13298 171 428 57700

Rdt/t/ha 1630 2630 1210 2720 2340 1010 2250 2441

Il s’agit d’une agriculture familiale avec une faible maîtrise de l’eau avec grande utilisation de variétés traditionnelles et une domination des opérations manuelles à travers les vallées inondables, bas fonds et zones de décrue. Le matériel utilisé est de type traditionnel, avec souvent de la traction animale.

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Tableau 5 : Situation des cultures en campagne 2009/2010

CULTURES SUPERFICIE

hectares

PRODUCTION

tonnes

SORGHO 234.800 277.550

MIL 49.000 43.470

MAÏS 63.550 187.650

FONIO 18.158 10.858

RIZ 23.635 57.700

ARACHIDE 103.299 118.365

NIEBE 28.769 7.926

COTON 15.850 15.850

Le tableau 5 ci-dessus montre que le riz est la 6ème culture du point de vu surface, mais la 4ème au point de la production dans la région de Kayes. Malgré, les 23 635 ha de la campagne 2009/2010, elle est une activité d’autosubsistance pratiquée en général par les femmes, sans engrais ni matériel végétal amélioré dans beaucoup de bassins.

Les rendements restent encore très faibles. Toutes les opérations de récoltes et post récoltes sont manuelles, du fauchage de la panicule ; au décorticage au mortier. Cependant, le produit (riz blanc) est en général de bonne qualité et est apprécié par les populations. Les parcellaires (petites superficies) sont comprises entre 0,25 ; 050 à plus d’un hectare ; la proportion la plus élevée des 23635 ha de riz est composée des parcellaires de 0,25 ha et sont détenus en majorité par les femmes.

Une seule campagne est pratiquée par année et aucun itinéraire technique n’est défini.. Il se pose des problèmes de semences et de mélange de variétés.

Pour les façons culturales, une nette domination des opérations manuelles existe et ceci malgré des tentatives récentes de projet d’équipement comme : « Projet s’équiper en reboisement » et d’autres programmes¨

Tableau 6 : Equipements existants entre 2008 à 2009 (source SDR)

Charrue Charrette Multi-culteur

Herse Semoir Paire de bœufs

Tracteur GMP Batteur Décortiqueuse

1235

1354

1187

198

1150

600

10

29

11

30

 

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14 

 

Auparavant, les 10 ans d’existence du Projet avaient permis d’équiper 879 paysans en matériels agricoles avec 520 charrues, 763 charrettes, 159 multiculteurs, 124 semoirs et 1450 bœufs de labour. Sur le terrain ces équipements sont destinés aux autres cultures et au maraichage.

Diverses variétés sont utilisées et la grande majorité des riziculteurs utilise toujours des semences traditionnelles et du tout venant. Quand aux semences certifiées, un nombre restreint se les procure et ceci depuis la mise en œuvre du programme de diffusion du riz NERICA (PDRN). Pour la campagne 2009/2010, la région avait reçu 65 tonnes de semences NERICA et l’Etat l’a subventionné à 150 F/kg. Cependant, aucune carte variétale n’était disponible.

Pour ce qui concerne la fertilisation, leur niveau d’utilisation est pratiquement inexistant, sauf avec l’avènement du Projet « Initiative riz» 2008, où l’on constate une utilisation appréciable de l’ensemble des intrants de l’ordre de 26 % (SDR), un total de 288 tonnes d’urée et 342 tonnes de « Nieleni » ont été reçues pour l’ensemble de la région.

Quant au désherbage, elle s’effectue manuellement et l’enherbement demeure un goulot d’étranglement pour les producteurs qui ne connaissent point les produits d’herbicide.

L’irrigation s’effectue avec la pluie et la configuration des plaines (sans endiguement, ni contours) fait qu’il est impossible de maîtriser, de capter ou d’évacuer les eaux, ce qui a une incidence négative des semis jusqu’à la récolte. Les opérations de récolte et de battage sont réalisées de façon manuelle (à la faucille ou au couteau). Le décorticage du paddy s’effectue au mortier, car la quasi-totalité de la production rizicole est autoconsommée.

IV. DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ 

4.1. CARACTERISATION DES ACTEURS

4.1.1. PRODUCTEURS   

Les producteurs constituent le noyau de la filière. Ils sont constitués par près de 700 000 exploitations familiales travaillant sur la filière céréalière. Ils sont présents dans toutes les régions du Mali. Dans la région de Kayes, le système de culture est très diversifié. Les producteurs font le mil, le sorgho, le fonio et le riz. Le système de la riziculture est pluvial. Il existe néanmoins des aménagements en cours de réalisation. L’actuelle riziculture est dominée par les femmes bien qu’il existe une présence des hommes dans certaines localités. Ces acteurs produisent individuellement en famille pour des besoins de subsistance. Le surplus est vendu en morcellement dans les marchés hebdomadaires pour la satisfaction de besoins courants. Dans l’ensemble, au regard des systèmes de culture, de l’étendue des superficies et des stratégies mises en avant, l’on peut distinguer trois catégories d’exploitation rizicole :

- Exploitations familiales sur de petites superficies, (0,25 ha). Ce type d’exploitation est doté de peu d’équipements. Dans ce cas, le riz est seulement une culture de subsistance et totalement destinée à l’autoconsommation. Ce type d’exploitation doit à sa survie à la pratique d’autres cultures. Ce groupe représente 55% des populations.

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- Exploitations familiales sur de petites superficies se situant entre 0,5 et 1 ha. Ce type d’exploitation familial est moyennement plus équipé (1 charrue, 2 houes, 1 charrette). Elles pratiquent en majorité le maïs, le mil et l’arachide. Ce type d’exploitation de type moyen représente 35 % des populations.

- Exploitations familiales sur des superficies se situant à plus 1,5 ha à 4 ha de riz. Ce type d’exploitation familial est moyennement plus nant. Elles sont plus équipées (3 charrues, 5 houes, 1 charrette, 1 tracteur, etc.). Elles ont aussi une diversité d’activités agricoles et non agricoles.

Ces divers groupes de producteurs de riz restent diversifiés. Ils pratiquent en majorité le sorgho, le maïs et l’arachide. Depuis la libéralisation, les producteurs s’organisent autour des sociétés coopératives, puis en associations faitières, puis des plateformes paysannes dont notamment celle du riz. Cependant, il faut noter que les riziculteurs, notamment en zone pluviale, ne sont pas encore organisés et structurés autour du riz.

4.1.2. TRANSFORMATEURS  

Dans la zone de Kayes, le secteur de la transformation est presque absent. Les femmes font la transformation artisanale (décorticage au pilon). Ainsi aucune unité de décorticage industriel n’existe dans la région. L’unique décortiqueuse située dans le bassin de Kayes fait la transformation de son paddy. C’est un privé exploitant rizicole sur 3 hectares et qui possède une décortiqueuse. Sa capacité théorique est de 0,6 t/heure. Bien que la production soit faible (moyenne de 57 000 tonnes paddy dont 90 % est autoconsommé), la capacité de transformation reste très faible. Une dizaine d’unités de décortiqueuses pourrait satisfaire la demande locale et allégée le travail des femmes.

4.1.3. COMMERCANTS 

Dans son rôle d’interface, il assure le rapprochement de l’offre à la demande. En milieu rural où l’offre est parcellaire, son intervention est capitale dans le fonctionnement du marché. En réalité, la viabilité et la performance du système dépendent en partie de l’efficacité du consommateur. La culture du riz dans la zone de Kayes est principalement destinée à l’autoconsommation familiale. Le surplus est commercialisé à partir des zones de production et en période de récolte. Du fait de son faible niveau de production et de vente, les commerçants sont obligés de diversifier leurs produits. Ainsi, les commerçants céréaliers dans ces zones ne sont pas spécialisés. Ils collectent à la fois les surplus de production des riziculteurs avec la forte commercialisation du mil et sorgho.

L’ensemble de ces transactions commerciales sont effectuées par les commerçants à différentes échelles. Au premier niveau, on note les collecteurs qui font la collecte primaire dans les zones de production. Ils achètent en bol, le plus souvent et revendent en kg. Par ailleurs, la majeure partie de ces collecteurs ont des capacités de financement limitées. La collecte par semaine varie entre quelques sacs à une tonne durant la récolte. .Ils font souvent des placements d’argent auprès des producteurs dans les villages. Ces collecteurs travaillent pour la plupart pour leurs propres comptes. D’autres reçoivent de l’argent par les grossistes et demi-grossistes en fonction des relations de confiance. Une fois centralisée les offres dans les marchés hebdomadaires, ils viennent en centre urbain pour vendre à toutes les autres catégories de commerçant, mais en majorité aux intermédiaires pour le cas du riz. En effet, les gros et demi-grossistes de cette région vendent du riz importé pour la majorité. Le riz local

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des autres zones dont notamment l’office du Niger, est plus cher à cause des coûts de transport. Cette collecte du riz local dans le bassin de Kayes est intense en début de récolte (octobre-novembre) pour un juste un mois.. Ainsi, au moment des récoltes, les prix deviennent très bas avec l’accroissement de l’offre.

Il faut noter aussi qu’il existe deux marchés parallèles du riz à savoir le marché du paddy et celui du riz blanc (qui est relativement faible à cause de l’absence des transformateurs). Les femmes préfèrent vendre le paddy dans ces localités (un à deux bols de paddy pour satisfaire un besoin).. Pour le paddy, il s’agit d’achat et revente du paddy, soit immédiatement, soit stocké pendant un certain temps à la recherche de gain sur les prix. Pour le commerce du riz blanc, le riz déjà décortiqué est vendu par les ménagères en quête de liquidités. Ce riz est aussi acheté à bon prix, puis revendu immédiatement ou stocké et revendu plus tard. Une bonne partie de ce riz est généralement vendu en centres urbains aux consommateurs et/ou aux demi-grossistes et grossistes.

4.1.4. PRESTATAIRES MECANISES ET FOURNISSEURS 

Malgré l’existence d’équipements au niveau de la région, peu de prestations sont effectuées chez les producteurs de riz. La seule coopérative de Tractoristes du cercle de Kayes ne fait pas de prestation avec les riziculteurs. Aucune grande firme de fourniture d’intrants (engrais, semences, pesticides etc...) n’est présente dans la région de Kayes. Cependant, nous avons recensé quelques boutiques de vente en détails surtout pour les cultures maraichères.

4.1.5. INSTITUTIONS DE FINANCEMENT  

La nécessité d’accroître l’investissement dans la production agricole dont notamment le mil et le sorgho reflète le besoin d’améliorer l’accès au financement. En effet, l’exclusion des populations rurales du marché financier constitue un frein au développement du pays. La récente étude (Banque Mondiale, 2011) sur le secteur financier révèle que moins de 2 % des ménages ruraux au Mali ont accès à un financement institutionnel. Ce constant est plus alarmant sur l’accès au financement des cultures vivrières dont notamment le riz pluvial. En effet, la  fourniture des services financiers en milieu rural nécessite l’appui de l’Etat. Les autres conditions d’accès (montant des crédits, durée, échéance de paiement, garantie, etc.) au financement sont le plus souvent très difficiles. On note également l’absence de mécanismes appropriés de gestion des risques du secteur agricole (assurance, produits, fonds de calamités) et la quasi- inexistence de culture de crédit pour les producteurs.

La région de Kayes compte 10 banques ayant 25 représentations au niveau des cercles, mais l’une des principales difficultés des producteurs (toutes spéculations confondues) reste l’accès aux crédits (environ 1 %). Les riziculteurs n’ont aucune relation avec les banques, ni avec les mutuelles. Pour la plupart surtout les femmes, l’autofinancement est de rigueur.

4.1.6. INSTITUTIONS DE CONSEIL ET DE RECHERCHE  

Tous les services techniques de l’Etat sont représentés au niveau de chaque cercle, mais le taux d’encadrement est insuffisant. Le constat avec les producteurs est que le personnel est inexistant et vieillissant. Selon la SDR (2009/2010) la proportion d’exploitation (tout système confondu) ayant accès à l’encadrement se chiffre à 32 % et le nombre d’agent au niveau de la DRA (régionale), cercles et communes s’élève à 125. Il est à signaler que bon nombre de projets interviennent dans le secteur agricole et certains dans la riziculture tels le PADDY à Yélimané, le PDIAM/PGIRE à Mahina et le PDRN au niveau régional.

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Il faut noter que le secteur a fortement besoin d’encadrement et de conseil. Les pratiques culturales restent très rudimentaires. Le rapprochement de ces producteurs aux services de recherche et de conseil agricole est un axe fondamental d’appui à la promotion du riz local. Si les groupements de femmes, notamment maraîchers sont fortement encouragés du fait de leur dynamique, bien qu'évoluant artisanalement, la question de l'inadaptation de l’offre du riz local doit être traitée avec une attention toute particulière pour plus de performances. Au total 24 projets interviennent dans la région de Kayes dans tous les secteurs du développement rural et 79 ONG réparties au niveau des 7 cercles dans divers domaines d’activités.

4.2. PERFORMANCE DE LA FILIERE  

4.2.1. SITUATION DE L’OFFRE 

La production céréalière est fortement diversifiée au Mali. En plus du mil, sorgho, riz et maïs, on note le fonio et l’émergence timide du blé/orge. Durant la campagne 2009/2010, l’ensemble de ces céréales ont produit 6 192 800 t soit une hausse de 29 % par rapport à 2008/2009. Dans cette production, le mil et le sorgho représentent 49 %, vient ensuite le riz avec 33 % de l’offre céréalière nationale (Graphique 1). Le maïs vient en troisième position avec 17 %. Entre 2009 et 2010, on a noté un accroissement global de toutes les céréales sauf le fonio (moins de 14 % par rapport à 2009). Dans cet accroissement global, la production du mil et du sorgho a accru de 17 % comparé au riz (14 %) entre ces deux campagnes. Le maïs a fortement accru de 106 % passant de 695 073 t en 2008/2009 à 1 433 220 t en 2009/2010. Une analyse de l’évolution de la production nationale des céréales sèches au Mali durant ces 26 dernières années, montre un accroissement en dents de scie de la production du mil/sorgho au passant de 887 382 t en 1984/85 à 1 672 000 tonnes en 19988/1989 (soit 88%) puis à 1 200 231 tonnes en 1997/98, soit une baisse de 39% (CSP, 2010). Ensuite de 1998 à 2003, il y a une reprise des hausses de cette production atteignant presque les 2 millions de tonne (1 988 130 t). Après une baisse de 4 % en 2006/2007, la production est passée à près de 3 millions durant la dernière campagne 2009/2010. Cette dernière production est en hausse 50 % par rapport 2006/2007 et de 39 % à la moyenne des cinq dernières années. Cette évolution s’explique en partie par la fluctuation pluviométrique durant ces années, mais aussi de la constance dans les rendements qui n’ont pas augmenté.

Graphique 2 : Proportion des différentes cultures dans la production céréalière totale

29,7%

19,9%

33,1%

16,7%

0,3%

0,3%

0,0%

10,0%

20,0%

30,0%

40,0%

50,0%

60,0%

70,0%

80,0%

90,0%

100,0%

Production totale céréalière

Mil Sorgho Riz Mais Fonio Blé/Orge

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18 

 

Graphique 2: Evolution de la production, superficie et rendement du riz de 1984 à 2009.

Graphique 3 : Répartition de la production du riz au niveau régional

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Une analyse de la situation globale du riz au niveau national montre que l’accroissement des productions est à la fois induite par l’accroissement des superficies et des rendements. Le graphique 2 révèle que les rendements du riz sont restés en moyenne entre 3 et 3,5 t/ha sur ces trois dernières années comparés à ceux à 500 kg/ha de 1985. Il faut cependant noter que ces accroissements sont en majorité de la performance du riz irrigué (moyene de 6 t/ha). Bien qu’il y ait une hausse de 9 % des rendements du riz pour la moyenne des cinq dernières années, le rendement national reste faible par rapport au potentiel des nouvelles variétés estimées entre 3 500 et 4 000 kg/.ha pour les NERICA pluviaux et de plus de 7 t en suystème irrigué. Dans cette production, la région de Kayes ne contribue qu’à hauteur de 0,02 % (graphique 3).

4.2.2. LECONS TIREES SUR LA SITUATION DE L’OFFRE  

Malgré des potentialités agro climatiques et des avantages comparatifs sur les marchés internationaux (crise mondiale alimentaire aidant), la part du secteur agricole dans la croissance économique globale n’a cessé de décliner au cours de la décade passée. L’agriculture de subsistance demeure le modèle dominant pour les 800.000 exploitations agricoles familiales, de petite dimension souvent sous-équipées et peu productives pour la grande majorité, produisant peu au-dessus du seuil de subsistance (FALL, 2010). Pour le riz, des nettes améliorations sont attendues pour le système pluvial. Les niveaux de rendement restent faibles à moins de 1100 kg/ha pour le riz. Il existe peu de relais entre la recherche et les producteurs et notamment dans la production de semences (bases et pré-base).

L’absence des structures d’approvisionnement en semences améliorées est un obstacle au développement du secteur rizicole en zone pluviale. Avec les options d’autoconsommation, dans la filière riz sous pluie, il n’existe presque pas de marché structuré de semences certifiées comme dans le cas du riz irrigué avec les professionnels dans la multiplication et le commerce des semences. En effet, les paysans utilisent leurs propres semences souvent dégénérées (plus de dix à quinze ans sans renouvellement). Peu de producteurs utilisent des semences certifiées (aux environs de 5%) et cela concerne les producteurs encadrés par les ONG et projets de développement. Ceci conduit inévitablement à des performances relativement faibles. L’amélioration de celles-ci, reste confrontée à des contraintes biophysiques et socio-économiques. Par conséquent, le faible niveau de production des paysans limite la capacité de la filière riz à prendre correctement la demande locale, notamment de celle des centres urbains autour des zones de production de la région de Kayes. Ainsi, le volume de commercialisation est très faible et le secteur de la transformation est presque inexistant. En plus, la culture du riz à vocation vivrière ne bénéficie pas assez d’encadrement. L’incidence de l’absence d’encadrement pénalise l’application appropriée des technologies. Ainsi, un appui conséquent de renforcement de capacités techniques est attendu à ce niveau en vue de promouvoir le riz comme culture de rente.

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4.2.3. PERFORMANCE AU NIVEAU DES EXPLOITATIONS  

4.2.3.1. NIVEAU DE REVENU ET PART DU RIZ

Le secteur agricole Le revenu moyen agricole par exploitations des bassins de Kayes est estimé à 985 000 FCFA pour la campagne 2010/2011 (tableau 7). Ce revenu est dominé par la contribution de la production de maïs qui représente 53 % du revenu total (en moyenne 603 700 FCFA). Le revenu tiré du mil contribue pour 31 % et celui du sorgho est à 9%. Le revenu tiré de la production du riz est estimé en moyenne de 22 500 FCFA/exploitation soit une contribution de 2 % à la formation du revenu agricole. Ceci est en cohérence avec l’apport de la production du riz de Kayes au niveau national par rapport aux autres cultures. On voit ainsi que le revenu agricole des ménages de la région de Kayes est fortement diversifié et que le riz contribue qu’à hauteur de 2%. Avec une taille moyenne des ménages de 15 personnes, le revenu agricole per capita à 65 667 FCFA (tableau 7). Ce revenu est tiré en grande partie par les cultures céréalières et vivrières (98%). Par ailleurs, le revenu agricole le plus élevé est de 2 670 000 FCFA et le revenu minimum est estimé à 125 500 FCFA. Cela laisse apparaître une forte variabilité des revenus par exploitation avec un coefficient de variation de plus 515 %. Le revenu agricole moyen par exploitation est aussi très varié en fonction des cercles pour la campagne agricole 2010/2011 (tableau 8). En effet, le revenu agricole le plus élevé est noté au cercle de Kayes avec un revenu moyen de 1 218 500 FCFA dominé par l’apport du revenu tiré sur le maïs, le mil et le sorgho. Le cercle de Kéniéba vient en seconde position avec un revenu moyen de 987 000 FCFA. Ce revenu est dominé par la contribution du maïs (78 %) et du mil (32 %). Le cercle de Bafoulabe vient troisième position avec un revenu moyen estimé à 983 000 FCFA. Ce revenu est également dominé par l’apport du maïs (32 %), puis du mil (29%). Le plus faible revenu par exploitation est noté au cercle de Yélimane avec un revenu agricole moyen de 753 000 FCFA. Ce revenu est par contre dominé par le mil (53%), puis le maïs (47%). Par ailleurs, on note partout une diversification des productions agricoles. Ceci montre que le revenu agricole des ménages est fortement tributaire du niveau des productions du riz, du mil et du maïs. La performance de ces cultures reste très sensible à la vulnérabilité de ces ménages ruraux. Le riz est effectivement cultivé dans ces zones, se situe en troisième et quatrième position par rapport aux autres cultures. Le revenu tiré du riz varie entre 17 000 (Bafoulabe) et 32 000 FCFA (Kayes). Ce riz pluvial est principalement destiné à l’autoconsommation. Ceci montre certes, la faiblesse du revenu rural tiré du riz, mais laisse apparaître néanmoins que les données macro-économiques masquent souvent de grandes disparités à l’échelle micro-économique. Dans les cercles comme Kayes, on note l’arrivée de grands exploitants rizicoles et ces acteurs peuvent être des leviers d’appui pour la filière.

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Tableau 7 : Revenus agricoles agricole des exploitations du Bassin de Kayes

Désignation Ensemble Revenu Revenu

mil Revenu sorgho

Revenu fonio

Revenu riz

Revenu arachide Maïs

Revenu agricole Moyenne FCFA 985 000 603700 357 500 107 300 35 200 22 500 21 500

Min 125 500 233 800 35 600 21 000 15 000 13 700 12 000

Max 2 670 500 1 075 750 234 800 127500 145 700 113 000 97 500

CV (%) 515 425 119 122 256 642 320

Revenu per capita 65 667 40 247 23 833 7 153 2 347 1500 1 433

Part des cultures dans le revenu agricole %) Maïs 53%

Mil 31%

    Sorgho  9%

    Fonio  3%

Riz 2%

Arachide 2%

Total 100% Source : Enquêtes VECO, 2011. Tableau 8 : Revenu agricole par cercle ou bassin de la région de Kayes

ZONE Ensemble Revenu Revenu

mil Revenu sorgho

Revenu fonio

Revenu riz

Revenu arachide Maïs

Région Kayes (zone étude) 985 000 603700 357 500 107 300 35 200 22 500 21 500

Cercle de Kayes 1 218 500 846 000 416 000 120 000 11 000 32 000 8 700

Cercle de Kénieba 987 000 758 000 325 000 107500 42 600 27 000 37 500

Cercle de Yélimane 753 000 355500 398 000 92 600 47510 25000 16 300

Cercle de Bafoulabe 983 000 456 000 292 490 108 400 38 900 17 000 22 400Source : Enquêtes VECO, 2011.

Les revenus non agricoles En dehors des paramètres de production agricoles, le niveau du revenu tiré du secteur élevage et des activités non agricoles est un enjeu majeur dans les stratégies de sécurité alimentaire et d’analyses des capacités d’investissements des ménages ruraux. En termes de revenu, la vente des animaux et le lait constituent l’essentiel du revenu élevage au niveau des ménages agricoles. Ce revenu est évalué en moyenne à 177 500 FCFA dans l’ensemble des exploitations agricoles enquêtées du Bassin. La zone du bassin, bien que disposant un effectif élevage important, ne produit pas assez de revenus tirés de ce secteur.

Le revenu non agricole est estimé à 443750 FCFA en moyenne dans l’échantillon (tableau 9). Ceci représente 19 % du total des revenus du ménage. On note cependant une disparité à

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l’échelle zonale avec un coefficient de variation de 217 % et par type d’activité. Le secteur commerce fournit 73 % du revenu non agricole. Il est estimé en moyenne à 325 000 FCFA par exploitation avec une très forte variabilité par ménage avec un CV de 322 %. Viennent ensuite les revenus tirés de l’émigration estimés à 110 000 FCFA. En effet, la région de Kayes est connue pour la forte immigration. Presque les villages sont entretenus par une bonne partie des revenus de ce secteur. Le secteur de service et notamment du transport contribue en moyenne à 75 000 FCFA.

Ainsi le revenu moyen total des exploitations agricoles est estimé à 1 428 750 FCFA dont le secteur agricole domine avec 69 % (tableau 10). Le secteur non agricole contribue pour 19 % et le secteur de l’élevage compte pour 12 %. Dans le secteur agricole qui prédomine dans la formation du revenu des producteurs du Bassin, le maïs et le mil sont les principales cultures. Le riz occupe 2 % du revenu des exploitations agricoles. Cela requiert un appui conséquent pour faire émerger le riz dans cette forte zone de production agricole. Avec l’avènement de la plateforme régionale du riz, les acteurs vont s’organiser davantage pour tirer profit des grandes orientations rizicoles des autorités politiques depuis la crise alimentaire mondiale de 2008.

Tableau 9: Revenu non agricole et élevage au niveau des exploitations agricoles

Ensemble non agricole

Revenu immigré Service Commerce Elevage

Moyen 443 750 110 000 75 000 325 000 177 500

Minimum 90 825 19 800 15 700 105 300 22 500

Maximum 687 500 163 000 144 600 985 000 700 000

CV (%) 217 97 214 322 123

Source : Enquêtes VECO, 2011.

Tableau 10 : Répartition du revenu total moyen des exploitations du Bassin

Revenu agricole 985 000

Part revenu agricole 69%

Revenu élevage 177 500

Part revenu élevage 12%

Revenu non agricole 266 250

Part revenu non agricole 19%

Revenu moyen total 1 428 750

Source : Enquêtes VECO, 2011.

Page 23: Etude filière Riz, Kayes

23 

 

4.2.3.2. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

La typologie est en effet une démarche scientifique, consistant à définir un certain nombre de types afin de faciliter l'analyse, la classification et l'étude de réalités complexes. Selon Grémy et Le Moan (1977), « élaborer une typologie consiste à distinguer, au sein d’un ensemble d’unités (individus, groupes d’individus, faits sociaux, etc.), des groupes que l’on puisse considérer comme homogènes d’un certain point de vue». Le contenu de cette notion d’homogénéité varie selon les auteurs et les domaines d’application ; elle se fonde généralement sur une certaine ressemblance définie à partir d’un sous-ensemble de caractéristiques servant à décrire les unités étudiées. Dans la présente étude, la typologie a été faite à l’aide d’une classification par nuées dynamique sur plusieurs variables de caractérisation. Celles sont réparties en variables de structure des ménages (population, nombre actifs, etc.), en variables de patrimoine (nombre équipements agricoles, bétail, etc.) et en variables de performance (superficie par actif, rendement, revenu, etc.).

Pour comprendre les dynamiques d’organisation et de fonctionnement des activités ; et des besoins et stratégies des producteurs, il est indispensable d’arriver à une typologie de ces acteurs. Ainsi, la classification en nuées dynamiques nous a permis d’identifier quatre classes de producteurs distinctes sur la base de la structuration de leur ménage, du niveau de leur équipement, des types d’activités exercées et d’autres variables de différentiation dynamique. On constate une nette distinction des groupes sur les variables de structure (taille ménage, composition en âge et genre, superficie cultivée, nombre actifs, etc.), sur les variables de patrimoine (niveau équipement agricole et stock de bétail) et sur les variables de performance (revenu total et revenu par tête, etc.). Sur la base des ces indicateurs de classification, on a noté, de façon globale, qu’il y a une forte variabilité des caractéristiques des acteurs et ainsi donc une possibilité de typer les producteurs dans des classes homogènes avec les variables discriminants que composent leur structure organisationnelle, de fonctionnement et leur comportement de performance. Ainsi nous avons retenu trois classes de producteurs : les plus pauvres, les moyennent satisfaisants et les plus nantis. Le premier groupe peut être identifié comme classe de producteurs les plus pauvres. Leur état est caractérisé par de faible niveau de ressources monétaires (revenu) et non monétaires (moyens de production presque inexistant). Le deuxième groupe est moins pauvre que le premier, mais reste dans des situations vulnérables. Leur niveau de dotation factorielle est relativement moyen comparé au premier groupe. Le troisième est caractérisé le groupe des producteurs les plus nantis. Leur niveau d’équipements, de revenus et de diversité d’activités extra-agricoles, est largement au dessous de la moyenne.

4.3.2.2.1. GROUPE DE PRODUCTEURS RELATIVEMENT LES PLUS PAUVRES  

Le premier groupe est caractérisé par un rendement moyen du riz de 600 kg/ha (tableau 11) avec une taille de population la plus grande parmi les groupes (20 personnes). Son niveau de revenu par tête d’habitant est le plus faible des quatre groupes, soit 100 450 FCFA. Sa dotation foncière est estimée en moyenne à 0,25 ha avec de forte variation jusqu’à un maximum de 0,73 ha. Malgré ce patrimoine foncier, ce groupe est limité en équipement agricole et en main d’œuvre. En effet, son équipement uniquement composé du petit outillage (houe, daba, charrette, etc.). Ce groupe dispose également d’un capital animal assez faible, composé en moyenne de cinq petits ruminants.

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Tableau 11 ; Typologie des acteurs Pauvre Modéré Plus nanti Classe 1 Classe 2 Classe 3 Age du producteur 48 46 50 Taille population ménage 20 17 14 Actif par ménage 12 8 6 Superficie 0,25 0,75 2 Superficie par actif 0,02 0,09 0,32 Rendement (kg) 600 1 000 1 200 Revenu total 1 156 245 1 457 200 8 500 300 Revenu per capita 100 450 112 700 325 600 Main d'œuvre agricole 4 8 9 Effectif bovin 1 2 3 Effectif ovin 2 4 8 Effectif caprin 2 3 5 Effectif équin 1 2 4 Effectif animal de trait 1 2 3 Houe 1 2 5 Charrue 0 1 3 Charrette 1 2 2 Grand outillage (tracteur) 0 1 2 0 1 0 N (%) 55% 35% 10%

4.3.2.2.2. GROUPE DE PRODUCTEURS RELATIVEMENT MOYENS  

Le deuxième groupe représente 35 % des producteurs et compte une taille de population moyenne de 17 personnes avec un maxima de 20 dont 8 actifs pour sa main d’œuvre agricole. Sa superficie en riz est en moyenne de 0,75 ha avec un maximum de 1 ha. Il est à un niveau d’équipement jugé assez satisfaisant dans le milieu avec les petits outillages (2 houes, 1 charrue) et grand outillages avec charrette et animal de trait. Le niveau de performance de son rendement est satisfaisant avec une moyenne de 1 t/ha correspondant à la moyenne régionale. Comme tous les groupes, ces producteurs ont des revenus agricoles diversifiés avec notamment en moyenne 1 457 000 FCFA et un revenu per capita estimé à 112 700 FCFA. En effet, sa taille de population assez élevée classe ce groupe à niveau de vie moyen ou modéré

4.3.2.2.3. GROUPE DE PRODUCTEURS A RELATIVEMENT NANTIS  

Le troisième groupe est composé de producteurs dont la taille de ménage est en moyenne de 14 personnes avec un minimum de 6. La superficie cultivée est de taille moyenne à grande (1,5 à 4 ha) avec une moyenne de 2 ha par exploitation. Son niveau de rendement est l’un des plus grands de la zone avec une moyenne de 1,2 t/ha. Il produit un minimum de rendement 900 kg/ha et un maximum de 2,5 t/ha. Ceci justifie largement son niveau de revenu total estimé en moyenne 8,5 millions FCFA. En plus des activités agricoles, ce groupe de producteurs diversifie ses sources de revenus. Les revenus non agricoles de ce groupe sont dominés par le commerce et le revenu de l’émigration. Son niveau d’équipement est à la hauteur de sa classe avec un niveau typé très satisfaisant. Il dispose en effet d’un grand outillage (tracteur, 2 charrue, 3 charrettes) plus deux à trois animaux de trait. Son stock

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animal est composé en moyenne de 3 bovins et 13 petits ruminants. De par sa taille de ménage moyenne, il bénéficie d’un revenu moyen 325 500 FCFA par tête d’habitant. Il est considéré comme un groupe à revenu élevé dans la zone et appartiendrait à une classe de producteurs relativement aisés. Cependant, il ne représente que 10 % des producteurs.

4.2.3.3. ITINERAIRES TECHNIQUES : Une seule campagne est pratiquée par année et aucun itinéraire technique n’est défini, il est manuel. Il se pose des problèmes de semences et de mélange de variétés. Pour les façons culturales, une nette domination des opérations manuelles existe et ceci malgré des tentatives récentes de projet d’équipement comme :

- « Projet s’équiper en reboisement » et d’autres programmes

Tableau 12 : Equipements existants entre 2008 à 2009 (source SDR)

Charrue Charrette Multiculteurs Herses Semoir

Paire de

bœufs Tracteur GM

P Batteu

rs

Décorti-

queuse

1235

1354

1187

198

1150

600

10

29

11

30

Auparavant les 10 ans d’existence du Projet avaient permis d’équiper 879 paysans en matériels agricoles avec 520 charrues, 763 charrettes, 159 multiculteurs, 124 semoirs et 1450 bœufs de labour. Sur le terrain ces équipements sont destinés aux autres cultures et au maraichage.

Diverses variétés sont utilisées et la grande majorité des riziculteurs utilise toujours des semences traditionnelles et du tout venant. Quand aux semences certifiées, un nombre restreint se les procure et ceci depuis la mise en œuvre du programme de diffusion du riz NERICA (PDRN). Pour la campagne 2009/2010, la région avait reçu 65 tonnes de semences NERICA et l’Etat l’a subventionné à 150 F/kg. Cependant aucune carte variétale n’était disponible.

Pour ce qui concerne la fertilisation, leur niveau d’utilisation est pratiquement inexistant, sauf avec l’avènement du Projet « Initiative riz» 2008, où l’on constate une utilisation appréciable de l’ensemble des intrants de l’ordre de 26 % (SDR), un total de 288 tonnes d’urée et 342 tonnes de « Nieleni » ont été reçues pour l’ensemble de la région. Quant au désherbage, elle s’effectue manuellement et l’enherbement demeure un goulot d’étranglement pour les producteurs qui ne connaissent point les produits d’herbicide.

L’irrigation s’effectue avec la pluie et la configuration des plaines (sans endiguement, ni contours) fait qu’il est impossible de maîtriser, de capter ou d’évacuer les eaux, ce qui a une incidence négative des semis jusqu’à la récolte. Les opérations de récolte et de battage sont réalisées de façon manuelle (à la faucille ou au couteau) pour la majorité des producteurs

Le décorticage du paddy s’effectue au mortier, car la quasi-totalité de la production rizicole est autoconsommée.

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4.2.3.4. GESTION FONCIERE Un diagnostic de la tenure foncière au Mali laisse apparaître deux majeurs modes. Le premier mode est commun à l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest et concerne le domaine national ou la loi agraire pour certains pays. Elle modifie les droits d’usage aux différents utilisateurs. Cette loi met l’accent sur la notion de mise en valeur basée sur une empreinte visible (construction, aménagement, plantation, cultures) et exclue de fait l’affectation sous toute autre forme. Cela a effectivement déstabilisé le pouvoir des droits coutumiers sur la gestion des terres. Cette loi est renforcée par les lois de décentralisations qui délègue ses prérogatives en matière de gestion des terres aux collectivités locales. Ainsi dans l’esprit des textes, la gestion des terres revient aux collectivités locales et territoriales. Cependant, dans la réalité, le droit coutumier reste en vigueur dans l’espace rural. Cette réglementation souhaitée sur l’appropriation de toutes les terres à l’Etat n’est pas fonctionnelle. Bien que les textes et décret d’application soient au point, il n’en demeure pas moins que des zones d’ombre existent sur l’effectivité de cette loi. La loi s’applique plutôt sur les réserves forestières. Dans ces types de zones, la souveraineté de l’Etat est généralement admise et les délégataires (exploitants) sont régis par une réglementation. Dans le cas de la gestion des forêts, on note partout des codes forestiers pour la définition et la réglementation des types de forêts et leur gestion. Bien que le contrôle ne soit pas toujours effectif, il n’en est pas moins que ces types de zones assurent un minimum de gestion rationalisée sur les ressources.

Le deuxième mode de tenure foncière est le droit coutumier traditionnel basé sur le lignage familial. Les terres appartiennent aux familles qui les exploitent et s’en approprient par héritage. Les terres appartiennent à tout le groupe familial et relèvent de l’autorité du doyen du lignage. Ce dernier, au titre de gérant du patrimoine, assure la répartition ou la redistribution entre les chefs de famille. Ainsi, la terre est une affaire de famille et toute décision revient à la famille. Au Mali, ce sont presque toutes les terres de cultures. En outre, au sein de ces pratiques, il existe aussi des échanges informels de terres pour une courte durée sous forme de fermage qui sont des arrangements pratiqués au sein des familles propriétaires. Ces types de terre sont en général bien entretenus car c’est le patrimoine de la famille. Des investissements y sont souvent consacrés avec une gestion plus volontariste. Dans les zones aménagées par l’Etat, c’est une affectation est faite à travers la mise en place d’office de gestion et de suivi du patrimoine (Office du Niger, etc.)

4.2.3.5. BUDGET DE CULTURE Une analyse des coûts et marges est effectuée au niveau du maillon de la production dans la zone de Kayes en deux modèles. Le premier est la pratique traditionnelle la plus répandue. Le deuxième modèle est plus intensif avec une utilisation d’engrais. Le premier modèle est de type traditionnel qui utilse le travail manuel sans engrais. Ce type d’exploitation du riz concerne principalement la majorité des producteurs du Bassin de Kayes à faible production. Ils sont généralement peu encadrés. Le deuxième type d’exploitation est sur le modèle des producteurs les plus modernisés de la zone, notamment autour de la ville de Kayes (système avec utilisation d’engrais et pratique de labour en traction animale). Le budget de culture du modèle d’exploitation traditionnel qui mobilise près de 85 % des producteurs du riz dans la régio de Kayes est présenté au tableau 13. Il montre des charges de production estimées à 42 FCFA/kg. La charge globale de production est de 42 000 F/ha. Celles-ci sont dominées par les coûts d’opportunités de semences et les charges de main d’œuvre. Les semences sont en majorité des semences propres, mais évaluées au prix du

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marché, elles représentent le coût le plus élevé. La main d’œuvre est également de type familiale et constituée des opérations du labour, du sarclage, de la récolte et du battage. Sans consommation d’engrais, les niveaux moyens de rendement sont à 1 t/ha. Ainsi, la marge nette est estimée à 71 FCFA/ par kg, soit 71 000 FCFA/ha (soit un tiers du second type). Pour ce modèle d’exploitation, le riz reste encore une culture d’autoconsommation. Le surplus commercialisé ne sert qu’à couvrir des besoins de consommation courante des femmes.

Tableau 13 : Budget de culture du riz de type traditionnel (ha)

Quantité (Kg)

Activités Spécifications (Kg/ha) Coût unitaire

Total

(litre/ha) (f CFA) (personne x

jour)

Préparation du sol labour 3 750 2250

Semis Semences (Kg) 40 750 30 000

Fertilisation DAP 0Urée (Kg/ha) 0

Désherbage manuel Main œuvre 5 750 3 750

Récolte Travaux de Récolte 2 1500 3 000

Battage Travaux divers (battage) 2 1 500 3 000

Total charges 42 000 Récolte 1000 113 113 000Marge brute 71 000 Le deuxième modèle de type moderne concerne 15 % des producteurs de ris (Tableau 14). Pour ce groupe, la charge totale s’élève à 270 000 FCFA/ha. Ces charges sont pour l’essentiel la fertilisation (37 500 FCFA/ha), les frais des herbicides (34 000 FCFA), les frais de récoltes et de battage (14 000 FCFA/ha). Ce type d’exploitation paie 59 FCFA/kg avec un rendement moyen de 2 000 kg/ha. La marge nette est de 76 FCFA par kg, soit 152 250 FCFA/ha. Ces producteurs commercialisent à hauteur de 10 à 25 % de leur récolte. Avec un appui sur l’utilisation des itinéraires appropriés, ce groupe est dans de bonnes dispositions pour accroître leur niveau de productivité. Il s’agit de mettre l’accent sur l’application appropriée des recommandations et de l’utilisation correcte de semences certifiées.

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Tableau 14 : Budget de culture de type moderne (ha) Quantité (Kg)

Activités Spécifications (Kg/ha) Coût unitaire

Total

      (litre/ha) (f CFA)         (personne x jour)      

Préparation du sol

labour 3 750 2250

Semences (Kg) 40 750 30 000

Semis DAP 100 250 25 000Fertilisation Urée (Kg/ha) 50 250 12 500

Traitement Propanil (l/ha kg/ha)

8 litres 4 250 34 000

Adventices Traitement_Weedone (l/ha kg/ha)

1 litre 5 000 5 000

Main d’œuvre Travaux divers (Récolte/battage)

6 1 500 9 000

Total charges 117 750

Récolte 2000 135 270 000Marge brute 152 250

En somme, ces deux modèles montrent la diversité des exploitations agricoles qui ont des trajectoires différentes. Le niveau de performance dépend d’abord des objectifs de production. La plupart des producteurs ont un objectif d’autoconsommation. Cette option de culture vivrière limite le niveau d’investissement engagé. Ainsi, avec l’objetif commercial, les cultures de rente font l’objet d’investissement (intrants et équipemet). Le modèle qui se rapproche le plus des objectifs de commercialisation requiert le niveau de charges le plus élevé. Il s’agit du modèle d’exploitation moderne avec seulement 15 % des producteurs. Ce type a le rendement le plus élevé avec une marge nette de 76 F/kg. Le modèle traditionnel est le moins performant avec 1000 kg/ha et dégageant une marge nette de 71 F/kg. Cependant, ce type d’exploitation agricole est le plus dominant. En somme, les types d’exploitations modernes et moyens sont dans des prédispositions pour améliorer l’offre du riz et le niveau de commercialisation. Le constat qui en est fait montre que la production de la région ne contribue qu’à hauteur de 0,02 % de la production nationale. L’essentiel de la production locale du Mali est réalisée dans les autres régions.

En résumé, l’on constate que les difficultés majeures de la filière riz gravitent autour :

- D’un outil de production peu performant, sans système de protection contre les inondations (ou engorgements d’eau après la période de maturité)

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- Déplacements perpétuels des producteurs (femmes) qui ne peuvent point envisager de sécuriser ces parcelles.

- Des difficultés d’accès au financement dans la perspective de l’intensification de la production

- D’accès difficile aux intrants - De déficit d’encadrement et de suivi technico-économique des producteurs - D’inorganisation des acteurs, absence de cadre de concertation - Flux migratoire.

4.2.3.6. CONTRAINTES DE LA RIZICULTURE DANS KAYES

La production rizicole dans le système pluviale (riziculture pluviale) est très contraignante et est très rudimentaire dans tous ses aspects ou maillons de la chaine.

Les contraintes majeures sont :

- Forte dépendance par rapport à la pluviométrie - Variétés peu performantes - Prévalence du travail manuel pour l’essentiel des opérations culturales et post-récoltes - Faible productivité due à la non disponibilité et non utilisation des intrants - Zones de production souvent enclavées et éloignées des grands marchés - Production pour l’autosubsistance - L’insuffisance et l’inadéquation des moyens de production (équipements agricoles) - L’insuffisance notoire des moyens d’intervention des services de l’état (personnel,

logistique et financier) - Insuffisance et coût élevé des intrants - Le coût élevé des AHA relatif à la capacité financière des ruraux - Cependant la plus grande contrainte est l’exode rural qui touche presque tous les

cercles. Ceci se traduit par un départ massif à l’étranger, aussi bien qu’à l’intérieur du pays, de la frange active de la population, privant ainsi le système agricole de ses bras valides.

- Manque d’organisation des producteurs (exploitations individuelles familiales éparpillées tout au long des zones de production).

- Absence de cadre de concertation pour harmoniser les stratégies et les interventions

4.2.4. TRANSFORMATION, MARCHE ET COMMERCIALISATION  

4.2.4.1. TRANSFORMATION La partie caractérisation nous a montré l’existence de deux types de transformation dans la zone (selon nos enquêtes). Du fait de sa nature d’autoconsommation pour la plus grande part, le riz est manuellement transformé (en pilon) pour les besoins de la consommation du ménage. Le deuxième type est la décortiqueuse. Un entretien avec le transformateur enquêté a permis de présenter le compte d’exploitation effectué sur un cycle d’une année avec :

• tonnage moyen : 300 à 400 tonnes de paddy/Heure avec une production de 50 t/an • 30 jours de 08 heures dans le mois pour 50 T

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• Coût machine : 1 250 000 • Coefficient de transformation : 70% • Coût d’usinage : 17 F.CFA/kg de paddy • Tarif pratiqué : 30 FCFA ou /kg de paddy.

Cet exemple montre un coût de production de 17 FCFA /kg de paddy usiné. Le prix de l’usinage par le transformateur de la localité est de 30 F/kg. Ceci indique une marge nette de 13 FCFA/kg. Cette marge est presque le double de celle des zones de Ségou (système irrigué). Selon, les acteurs de la transformation, ce prix représente le seuil de rentabilité de leur unité en fonction du niveau de production de la zone et la capacité de leurs unités de transformation. Il faut toutefois souligné que la rentabilité des usines de transformation du Bassin nécessite un doublement des coûts de prestation du fait des faibles volumes transformés. Les transformateurs sont obligés de diversifier ses produits de transformation en changeant les disques pour le décorticage du mil, du fonio, etc. Tableau 15 : Marge transformateur (décortiqueuse) CHARGES PRODUITS

Désignation Qté PU Montant Désignation Qté PU Montant

Gasoil 375 450 184 125 Prestations 50 30 000 1 500 000

Lubrifiant 1

27619

27619

Entretiens-réparations 1

50 000

50000

Gérant 1

150000

150000

Manœuvre 1

90000

90000

Amortissement 1

125000

125000

TOTAL

626744 RESULTAT EXPLOITAION

873 256

COUT USINAGE (F.CFA/kg) 17 Tarif transformation F/kg 30Marge nette (F/kg) 13Source : Enquêtes VECO, 2011. La faiblesse de la production est le facteur limitant de l’activité de transformation, malgré la hausse constatée de la production de ces dernières campagnes. Outre ces désagréments, la qualité du produit va en partir par défaut d’entretien et de maintenance des équipements mais de surcroit, limite les performances de cette décortiqueuse dans la production d’un riz blanc de qualité. Comme on le constate, la capacité potentielle de transformation de paddy de la zone (près de 57.000 tonnes, hypothèse haute) est très insuffisamment exploitée du fait du

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niveau élevé d’autoconsommation et l’absence de décortiqueuse dans les villages. Pour l’unité de transformation, il s’agit de l’absence de paddy comme contrainte de transformation.

4.2.4.2. MARCHE, COUT ET COMMERCIALISATION

Le riz est une des cultures vivrières de subsistance et de consommation alimentaire dans la région de Kayes. L’insuffisance des productions régionales par rapport à la demande intérieure fait que, le commerce du riz est relativement limité et peu structuré. Ainsi, le marché régional ne constitue qu’entre 1% à 3 % de la production. Le commerce se limite essentiellement à des échanges entre zone et au moment de la récolte. Le riz local est par ailleurs fortement concurrencé par le riz importé dans cette partie du pays. En effet, le prix du riz décortiqué local est vendu à 1000 FCFA (le moudou de 3 kg, soit 300 F/kg), le riz de l’Office du Niger à 225 F/kg et le riz importé à 180 F/kg.

Au niveau de Kayes, le commerce du riz fait intervenir plusieurs catégories de commerçants. En fonction de leur volume de commercialisation, de leur capital financier, on les appelle collecteur, commerçant détaillant, demi grossiste et grossiste. Le collecteur est le seul à se déplacer de façon constante dans les zones de production pour le commerce du riz local. Les trois autres commerçants sont principalement basés dans les centres urbains. Les collecteurs développent des stratégies de rassembler l’offre parcellaire du riz et des autres céréales (mil, sorgho) auprès des producteurs. Ils collectent de petites quantités (quelques kilogrammes à quelques sacs de 100 kg) à partir des foires et souvent dans les villages de production. Ils revendent le riz aux demi-grossistes par de grand volume à partir d’une tonne.

Le compte d’exploitation du commerçant de riz local ne concerne dans le bassin de Kayes que le collecteur du paddy et l’intermédiaire qui transforme et revend le riz blanc. Les grossistes et demi-grossistes de la zone vendent le riz importé. Il faut noter que la plus grande part du riz produit dans le bassin est autoconsommée. Ainsi, le commerce du riz local ne concerne que le collecteur qui sillonne les foires et l’intermédiaire qui reçoit et transforme le paddy avant de le commercialiser directement au consommateur. On note également que le collecteur achète toutes les céréales en période de récolte. En fonction des volumes commercialisés et les opportunités de marché, les charges varient par produit. En plus le volume commercialisé dépend aussi de la diversité de ces produits et de la période. Le commerce du riz local (peu commercialisé) n’est effectif que durant la période des récoltes (novembre à décembre). On note durant cette période une relative abondance du riz dans le marché (des zones de production y compris Kayes). Cette période de pointe de la commercialisation justifie les prix relativement bas (73 et 115 F/kg). Après le mois de décembre, on note peu de riz local sur le marché. Ceci justifie la hausse du prix qui augmente vers la fin de la campagne jusqu’à 150 FCFA/kg.

Le collecteur parvient à regrouper en moyenne 5 à 10 sacs de 100 kg/marché (soit 2 t pour toute la campagne avec une moyenne de 3 mois d’activité sur la collecte du riz). Cette collecte est le plus souvent financée par les fonds propres et souvent par les grossistes pour le mil et par les demi-grossistes ou intermédiaires pour le cas du riz. Par ailleurs, du fait de la production du mil plus élevée que celle du riz et de l’importance de l’autoconsommation du riz dans les zones de production, le mil est plus commercialisé. Il représente en moyenne 70 à 80 % des volumes commercialisés par les collecteurs.

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Le suivi de ces deux types de commerçants dans la distribution du riz local montre deux comptes d’exploitation très différents. Le collecteur commercialise 2 tonnes paddy durant la saison. Le commerçant intermédiaire achète ces 2 tonnes et les décortique avant de les revendre en riz blanc (tableau 16). Sur la décomposition des coûts, on retient également une variation. Si le collecteur ne s’engage pas à la transformation du paddy acheté, l’intermédiaire le fait et cela implique des coûts additionnels de transformation. Pour le collecteur, le coût d’achat du paddy représente 90 % de ses coûts de commerce. Le transport évalué à 500 F par sac de 80 kg constitue le deuxième poste de coût le plus élevé. Le transport constitue 5 % des et la sacherie représente 2 % des charges de fonctionnement de la collecte. En réalité, ce sont les collecteurs qui supportent les frais de transport de la zone de production jusqu’à livraison. Ainsi le coût de revient du collecteur de paddy est en moyenne de 125 FCFA/kg. Avec le prix de revente de paddy à 113 F/kg, il obtient une marge nette de 10 F/kg acheté. Son revenu global sur le riz est estimé à 270 000 FCFA. Le paddy revient à 137 F/kg au commerçant intermédiaire en y ajoutant ses frais de patente et de stockage (coût proportionnel au volume du riz dans son commerce global). Il ne paie pas de transport, ni la sacherie (supportés par le collecteur). Des charges totales de son paddy constituées notamment de la valeur des achats, il ajoute les coûts de décorticage (30 F/kg) et de manutention. Ainsi, le coût de revient du riz blanc est estimé à 334 500 FCFA. Ainsi, le kg de riz blanc lui coûte au total 270 FCFA. Il obtient ainsi une marge de 30 F/kg sur le riz blanc. Avec la vente du son, sa marge sur le riz commercialisé devient à 46 F/kg.

Les autres catégories paient en fonction de leur zone de commercialisation finale. Par ailleurs, les coûts fixes chez le collecteur sont la location de hangar dans les foires hebdomadaire, la location des magasins de stockage pour une courte durée (le stockage est entre une semaine à un mois). La patente est du ressort du commerçant intermédiaire. En somme le collecteur a une marge moyenne nette annuelle de 10 FCFA/kg. Cette marge varie entre 8 et 12 FCFA/kg pour l’ensemble des collecteurs. Le commerçant intermédiaire a une marge nette de 46 F/Kg.

Cependant, beaucoup de contraintes restent encore dressées devant l’émergence de cette filière sur le plan commercial. Au vu de cette situation, le riz local produit à d’énormes difficultés pour s’implanter de manière durable dans l’environnement de la consommation. Le surplus commercialisé est relativement limité et ceci accroît les charges de collecte. En effet, avec la faiblesse des quantités de riz mise sur le marché on constate une atomicité et une irrégularité de l’offre.

Les riziculteurs ne sont pas encore organisés autour du riz à la base. Il n’y a pas de concertation entre les acteurs de la filière et chacun se débrouille. Le système de distribution est peu performant privant ainsi les consommateurs urbains de l’offre du riz local. L’avènement de la plateforme régionale sur le riz est une forte opportunité pour les riziculteurs de mieux s’organiser pour améliorer les marges de progrès de la filière.

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Tableau 16 : Compte d’exploitation du collecteur et intermédiaire du riz local dans Kayes

Collecteur Intermédiaire Achat Paddy Quantité 2 000 2 000Prix achat 113 135Valeur 226 000 270 000Sacherie 6 250 0Transport 12 500 0Manutention (chargement/déchargement) 2 500 0Taxe marche/Patente 2 400 4 500Frais Location hangar/Magasin 600 5 500Coût Total commerce paddy 250 250 274 500Coût revient kg paddy 125 137Prix de revente paddy 135 Revenu collecteur paddy 270 000 Marge nette collecteur paddy 19 750 Marge kg paddy collecteur paddy 10 Transformation (30F/kg) 60000Coût revient total riz blanc 334500Total riz décortiqué (kg) 1 240Coût revient par Kg riz blanc 270Prix vente riz blanc (F/kg) 300Vente riz blanc 372000Vente son 19200Revenu net 391200Revenu net F/kg riz blanc 56 700Marge nette F/kg riz blanc 46Source : Enquêtes VECO, 2011.

4.2.4.3. MARGES POUR LES DIVERS ACTEURS Pour le riz local, la marge agrégée de commercialisation est la différence entre le prix du paddy à la production et le prix du riz blanc en détail pour le consommateur. Il couvre ainsi, les coûts de collecte, de transformation et de distribution. Les indicateurs obtenus des différents acteurs nous permettent d’estimer les différentes marges (tableau 17). Ainsi, selon l’étude sur les producteurs, le coût de production est en moyenne de 50 FCFA/kg de paddy et la marge nette du producteur estimée à 73 FCFA/kg de paddy commercialisé. Le coût moyen d’usinage selon la décortiqueuse est 30 FCFA le kilogramme. Le coût de distribution du paddy constitue la différence entre le coût de revient du commerce (125 FCFA/kg) et le prix moyen d’achat du paddy estimé à 113 FCFA/kg. Si on considère que le coefficient de transformation est de 0,62, un kilo de riz blanc serait de 1,61 kg de paddy. Par conséquent la reconstruction du prix au détail indique un niveau de 301 FCFA/kg. Ceci correspond au prix

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au consommateur de la zone en moyenne annuelle notée dans les marchés des centres urbains du Kayes 2011. Tableau 17 : Reconstruction du prix au consommateur par rapport aux marges des acteurs

F/kg Paddy F/kg Riz blanc % du prix détail Coût moyen production 50 80,5 0,27Marge nette producteur 73 117,53 0,39Coût moyen usinage 30 48,3 0,16Coût moyen distribution 24 38,64 0,13Marge nette collecteur 10 16,1 0,05Prix détail 301,07 1,00Source : Enquêtes VECO, 2011.

Graphique 4 : Part de marge des différents acteurs sur le prix au consommateur du riz blanc à 300 FCFA/kg

Source : Enquêtes VECO,2011.

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V. ANALYSE PROSPECTIVE DE LA FILIERE DU RIZ LOCAL 

5.1. ANALYSE DES CONTRAINTES 

      Production : 

La production locale de riz doit offrir à la fois, une garantie de nourriture et de numéraire pour les agriculteurs en vue d’un engagement de leur part :

La taille des exploitations en général est très petite pour permettre aux agriculteurs de réaliser une autosubsistance doublée d’un surplus destinée à la vente.

Cela appelle à une politique d’amélioration des unités d’exploitation familiale par.une politique d’aménagement et de la maîtrise de l’eau, mais aussi par :

- Une amélioration des pratiques culturales

- L’accessibilité aux intrants et leur application à la culture.

- Le niveau de maîtrise des techniques de culture du riz reste faible, ce qui impacte pour le niveau de productivité.

 Transformation de Paddy. 

La faiblesse des quantités de paddy (l’inexistence d’excédent) après stockage pour autoconsommation limite l’activité de transformation, malgré la présence de quelques unités.

Commercialisation 

L’inexistence de l’offre du riz local et le faible niveau de production ne permettent point de voir des circuits de commercialisation.

Il n’existe aucun système de distribution ou de marché.

Financement : 

Il est illusoire de concevoir un programme de la filière riz dans la région de Kayes sans un accompagnement financier, (Banque et Mutuelles).

Le système d’autofinancement qui est en cours, ne permet pas de planifier les différentes opérations et entraine la non utilisation de paquet technique d’intrants

5.2. PROPOSITION D’AXES D’AMELIORATION :

Après avoir identifié les différentes contraintes qui jalonnent la filière, de la production à la commercialisation, nous avons ensuite tenté de comprendre les facteurs qui les engendraient ou qui favorisaient l’apparition de ces difficultés.

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Il s’agit maintenant de rechercher des pistes d’amélioration possible, de l’ensemble du système et de construire à partir de celles-ci des propositions qui pourront être facilement traduites en plans d’actions directement opérationnels.

- Production

La production rizicole dans le contexte actuel doit relever un défi majeur à savoir l’accroissement de la productivité des riziculteurs pluviaux afin de sécuriser et optimiser leurs conditions d’exploitation ; en effet, pour une augmentation significative et continue de la production, un certain nombre de préalables doivent être remplis.

- Utilisation de variétés de semences à haut rendement et parallèlement promouvoir une utilisation de technologies atténuant les contraintes de main d’œuvre.

- Ensuite différents programmes de renforcement des capacités des producteurs doivent être envisagés. Ils porteront notamment sur :

o La maîtrise des itinéraires techniques par un relèvement des pratiques traditionnelles.

o L’accès aux intrants et matériels agricoles doit être facilité pour leur bonne utilisation et application.

- Enfin, la mise en place d’un encadrement rapproché et de qualité qui va assurer un suivi technico-économique pour dégager des référentiels à vulgariser dans la zone.

Transformation/Commercialisation

Un accent particulier sera mis sur ces deux maillons qui vont conditionner l’engouement des producteurs pour la réussite d’un programme de promotion du riz local.

L’objectif sera de passer du niveau de la production pour autosubsistance vers de nouvelles opportunités avec un surplus de production.

Ceci peut être atteint à travers :

- l’acquisition d’équipements pour faire du riz blanc de qualité.

- Mise en place d’infrastructures de stockage

- Elaboration d’un plan de marketing et de promotion du riz locale.

Cette promotion commence à voir le jour avec le projet AMASSA/Afrique verte qui assiste 28 associations de transformatrices du riz blanc en sous produits.

A noter l’achat par ce projet de 400 à 500 tonnes de riz au niveau de l’office du Niger.

Encore, une fois, toutes ces mesures, pour être efficaces, doivent être appuyées par les structures institutionnelles.

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37 

 

Financement :

Pour une amélioration de la pratique traditionnelle d’exploitation du riz pluvial, un financement adapté à ces conditions spécifiques s’avère une nécessité.

Dans l’attente et l’espoir de voir les aménagements cités plus haut (3400 hectares) fonctionnels et parvenir à une véritable promotion du riz local, ces financements peuvent être trouvés sous forme de :

- crédit d’exploitation (obtention de semences à haut potentiel de rendement et des engrais).

- Crédits d’équipements (petits matériels pour atténuer les contraintes de la main d’œuvre).

VI. SITUATION SOCIO­ECONOMIQUE DE LA PLATEFORME 

Genèse : 

Les organisations de riziculteurs du Mali, dans le cadre du projet d’accompagnement AGRICORD 5150, se sont regroupées au sein de la plateforme des riziculteurs avec la mise en place d’un cadre de concertation dénommé « Plateforme Nationale des Producteurs de Riz du Mali » le 19 janvier 2008.

Objectif : 

- Assurer aux exploitants rizicoles du Mali, un revenu décent de leur activité.

- Offrir un cadre de concertation, de promotion et de renforcement des capacités des organisations membres.

-

Création de la Plateforme régionale riz de Kayes : 

A la suite d’une mission de sensibilisation et d’information dans la région de Kayes par les responsables de la Plateforme riz nationale, la Plateforme riz de la région de Kayes a été créée le 23 janvier 2011, lors d’une Assemblée Générale tenue à Kayes.

Ainsi un bureau de 12 membres et un comité de surveillance ont été mis en place. Les OP membres de la plateforme sont de 13 (rapport de mise en place du 23/01/2011).

Cependant, il est à noter que depuis cet avènement aucune activité n’a été entreprise, hormis l’identification d’une personne de contact au niveau de chaque cercle ou bassin.

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Taches à effectuer par le bureau de la plateforme 

- Adoption des statuts, textes et règlement intérieur par l’Assemblée Générale

- Mission de sensibilisation et d’information auprès des acteurs riziculteurs, rizicultrices et autres partenaires pour se faire connaître et susciter leur adhésion

- Développer un réseau continu et décentralisé d’information, de sensibilisation afin de toucher le maximum de producteurs rizicoles pour maîtriser progressivement la filière (effort de représentativité)

- Mise en place d’une banque de données détaillées des membres de la plateforme.

Les difficultés rencontrées par la plateforme : 

La jeune plateforme régionale riz de la région de Kayes a besoin du soutien de la plateforme nationale en vue de se positionner, se faire connaître et maîtriser la riziculture au niveau de la région.

Ces difficultés se résument ainsi

- La distance entre les cercles/bassins, la région de Kayes étant l’une des régions les plus enclavées du Mali

- Le manque de moyens de la plateforme (logistique, financier) pour mener une large concertation à la base avec l’ensemble des producteurs rizicoles.

- La non organisation ou l’insuffisance organisationnelle des producteurs, en effet, la structuration des acteurs au niveau des différents bassins montre une très grande diversité de réalités organisationnelles en fonction du type de lien existant entre les membres ; de même que la prédominance

Des exploitations individuelles

- Cas des migrants privant de la main-d’œuvre au système agricole.

- Insuffisance de formation technique et de gestion

- Faiblesse et vieillissement de l’encadrement technique.

Proposition d’Appui en vue du renforcement de la Plateforme :

La plateforme nationale devra accompagner, diligenter la mise place des statuts et règlements de la plateforme régionale afin qu’elle puisse bénéficier du soutien, de l’engagement et de la confiance des organisations paysannes rizicoles et des institutions étatiques régionales et autres partenaires.

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Formulation de recommandations :

- Mise en place de moyens appropriés afin d’aider la plateforme à se structurer à travers des échanges d’information, de sensibilisation et des ateliers de réflexion pour une large concertation à la base, avec l’ensemble des producteurs et institutions des différents bassins de la région.

- Afin de pallier à l’insuffisance technique, de gestion et organisationnelle plusieurs programmes d’accompagnement et de capacitation des producteurs peuvent être mise en place :

o Formation sur les techniques culturales rizicoles (maîtrise des itinéraires techniques)

o Amélioration et renforcement du dispositif d’encadrement

o Formation sur la gestion et l’organisation des O.P

o mise en place d’un programme d’alphabétisation fonctionnelle.

- Parallèlement à ces capacitations théoriques la mise à proximité d’intrants s’avère nécessaire :

o Introduction de variétés à forte potentialité de rendements.

o Facilitation à l’accès aux intrants (stocks d’engrais et autres).

o Facilitation à l’accès au crédit d’équipement (petits matériels adaptés capables de relancer et d’améliorer le développement de la riziculture traditionnelle).

Enfin, pour un passage d’une culture d’autosubsistance traditionnelle vers des perspectives d’amélioration (niveau de rendement élevé et une hausse de la production rizicole de la région). Il faudra tendre vers l’intensification des aménagements et promouvoir des séries de voyages organisés (internes ou externe).

 

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V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 

Après une analyse des contraintes au niveau des principaux acteurs et une réflexion sur les pistes d’amélioration possible, nous pouvons faire quelques recommandations allant dans le sens d’améliorer et de relever les pratiques traditionnelles du riz, pour une promotion du riz local dans les bassins de Kayes.

En résumé, les principales conclusions et recommandations suivantes peuvent être formulées :

      Production : 

Dans le cours terme : 

Relancer le développement de la riziculture pluviale traditionnelle (plaines, bas-fonds et décrue) par :

- Une vulgarisation des techniques culturales rizicoles - Facilitation à l’accès aux semences adaptées et à haut rendement - L’accès aux intrants de qualité (engrais, herbicides) - Une utilisation de petites technologies (équipements agricoles) - Faciliter l’intervention de services microfinance mise en place d’une campagne

d’alphabétisation fonctionnelle des acteurs - Renforcement de leurs capacités techniques, organisationnelles et de gestion. - Visites Organisées. (interne et externe)

Dans le moyen terme : 

Avec une opportunité d’accroître les superficies, les rendements et la production qui passe nécessairement par une mise en place de structures de base fortes, il faut envisager :

- Mise en place d’ouvrages simples pour optimiser l’efficacité des eaux de pluie au niveau des marres, marigots et bras de marigots (capacité de retenue des eaux afin de maîtriser une campagne ;

- Procéder à un remembrement des unités d’exploitation en leur assurant un renforcement des capacités sur la gestion de l’eau, l’entretien et la maintenance des équipements.

- La gestion de l’espace aménagé doit être améliorée par l’attribution de parcelles fixes aux exploitants, surtout les gros producteurs (immigrés de retour) qui méritent d’être mieux encadrés dans la mesure où ils préfigurent de ce que peu être les entrepreneurs agricoles de demain.

- Renforcement de la professionnalisation des acteurs à travers la création et la redynamisation des organisations de base. 

 

 

 

 

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VIII. BIBLIOGRAPHIE 

Banque Mondiale (2011). Etude sur le financement rural au Mali, Rapport Département du financement et du secteur privé, Vice Présidence chargée du financement et du secteur privé, Région Afrique, in memo (ver. finale), mars 125 p.

CPS-AGRI (2010). Campagne agricole 2009/2010 : Résultats définitifs de l’Enquête Agricole de Conjoncture ; Bilan céréalier prévisionnel 2009/2010, Rapport provisoire, Mai, 60p+annexes.

DRA ; Bilan annuel de la campagne agricole Kayes, 2009/2010

DRGR, potentiel irrigable Kayes, revue sectorielle, 2009.

FALL, A.A. et Elbehri, A. ‘2009). Rôle, impact et enjeux sur les interprofessions en Afrique de l’Ouest (Burkina, Mali et Sénégal), Rapport Consultation sous le thème, Politique Sectorielle et Renforcement des Marchés de Céréales dans l’Afrique de l’Ouest, FAO/Programme Tout-ACP sur les Produits Agricoles de Base (GCP/INT/045/EC), Juillet, 20p.

PNPR –M ; Plaidoyer pour la mise en place de l’interprofession riz, novembre 2009.

Sagodogo, D., Coulibaly, B.Y., Togo, S., et Dembélé, D. (2010). Enquêtes socio-économiques du projet de renforcement des capacités pour une agriculture durable (PRECARD), Rapport d’évaluation IER/Equipe Système de Production et de Gestion des Ressources Naturelles, mai.

SAMAKE, A.; BELIERES, J.F., CORNIAUX, C., DEMBELE, N., KELLY, V., MARZIN, J., SANOGO, O., et STAATZ, J. (2008). Dimensions structurelles de la libéralisation pour l’agriculture et le développement rural : Phase II – MALI, Tome 1 : Rapport Principal, RURAL STRUC, CONSORTIUM IER/MSU/CIRAD, Rapport banque Mondiale/FIDA, Décembre, 200p.

SDR ; Revue sectorielle, 2009/2010

TCP-RAF – FAO-OMVS – Plan d’action régionale pour l’amélioration des cultures irriguées BFS – Nov. 2009

USAID ; Croissance économique, juillet 2010, rice value chain

USAID ; Attachement III rice value chain analysis, Août 2009

USAID (2009) Global Food Security Response: Mali rice study, MicroReport#160, August

USAID (2009) Global Food Security Response: West Africa Rice Value Chain Analysis, Micro Report # 161; Octobre.

 

 

 

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 ANNEXE

Tableau : Pluviométrie des dix dernières années.

Campagne Agricole

Mai Juin Juillet Août Sept Oct Total

Haut mm

NJ Haut mm

NJ Haut mm

NJ Haut mm

NJ Haut mm

NJ Haut mm

NJ Haut mm

NJ

2000/2001 0 0 91,2 6 123,7 14 189,4 17 144 9 135,9 3 684,2 49

2001/2002 4,1 2 106,5 10 167,3 8 136,6 12 77,3 9 27,3 5 519,1 46

2002/2003 0 0 54,8 6 34 5 159,3 13 63,1 7 57, 9 8 369,1 39

2003/2004 0 0 13 5 214,5 13 298,4 18 185,3 16 73,6 7 784,8 59

2004/2005 0 0 48,4 7 219,7 15 243,5 12 83,3 8 44 3 638,8 45

2005/2006 29 5 107,9 8 274,6 13 241,7 13 224,3 15 59 8 936,5 57

2006/2007 0 0 60,4 4 96,8 13 232,8 11 82,1 8 22,7 3 494,8 39

2007/2008 6 3 15 4 262,5 11 355,1 16 76 3 31,5 3 746 40

2008/2009 29,6 5 124,4 7 209,3 10 439,4 13 110 7 49 6 961,7 48

2009/2010 4 1 64 5 178,5 7 221 10 183 10 54,2 3 703,7 36

Source : Secteur de l’agriculture de Kayes

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LISTE DES PERSONNES RENCONTREES 

 

  NOMS  PRENOMS  FONCTION 

  SIBY  Maro  Secrétaire adjointe    , Maréna 

  SIBY  Fatoumata  Secrétaire général        «  

  DIAKITE  Kartoum  Membre                      «  

  SIBY  Koko  Membre                    «  

  DJIKINE  Koudjedji  Membre                     «  

  SIBY  Diorabo  Membre                     «  

  GACKOU  Heinda  Membre                     «  

  SIBY  Hawa  Membre                    «  

  BATHILY  Kouta  Membre                        «  

  SIBY  Madiaye  Secrétaire à l’organisation  «  

  BATHILY  Simana  Vice Présidente                      «  

  BATHILY  Cissé  Membre             «  

  BATHILY  Biry  Conseiller de villageoise    «  

  HAÏDARA  Bakary  Guide                                «  

  CAMARA  Madioula  Membre                             «  

  TOURE  Tapa  Membre                            «  

  BATHILY  Khaïdia  Membre                              «  

  AÏDARA  Awa  Membre                            «  

  SIBY  Moussa  Secrétaire Administratifs ADD  «  

  GUINDO  Amadou  PN Bamako 

  DIALLO  Cheikhna  Président Chambre d’Agriculture Kayes 

  DIABIRA  Bouba  P.R Kayes Kousané 

  TRAORE  Boubacar  Chef de Secteur Agriculture Kayes 

Page 44: Etude filière Riz, Kayes

 

 

  NIARI  Boubacar  Agent Agriculture Samé 

  CAMARA  Saloum  Coopération Tracteurs Kayes 

  DIAKITE  Boubacar   Chef de Service Régional Génie Rural Kayes 

  SANOKHO  Daga  Chambre de Commerce et Concurrence Kayes 

  MAÏGA  Souleymane  Chef Secteur Agricole (PADDY) Yélimané 

  NIAKHATE  Youba  Représentant Plateforme Yélimané 

  DIARRA  Moussa  Responsable O.P Djougounaré 

  CAMARA  Diambère  Responsable O.P Djougounaré 

  TANGARA  Djibril  Service Semencier/Agriculture Kayes 

  CISSE  Amadou Biné  Président Tractoriste Kayes 

  DIABIRA  Bakary  Trésorier Tractoriste Kayes 

  DIOMERA  Idrissa  Membre Coopération Tractoristes Kayes 

  DIARRA  Monsieur  Afrique Verte Kayes 

  DIALLA  Awa  Afrique Verte Kayes 

  DIALLO  Balla  O.P de Samé 

  DIAGOURABA  Moussa  O.P Kayendi Kayes 

  SAKHO  Fily  Kayes 

  GANDEGA  Sadio  Kayes Nord 

  CAMARA  Telly  Aourou 

  CAMARA  Boubou  Koussané 

  COULIBALY  Moussa  Koussané 

  MAKALOU  Karamoko  Transformateur 

  SISSOKO  Mariam  Présidente ,regroupement femmes de Samé 

  TRAORE  Oumou  ..........Secrétaire 

  CAMARA  Oumou  Mema donkan = Vice Présidente 

  KOULIBALY  Salama           «  

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  KEYTA  Salli                           «  

  KOULIBALY  Fanta                                 «  

  FOFANA  Yayi                                 «  

  SAKO  Founé                                    «  

  TRAORE  Fily                                     «  

  KONE  Sankalo                                   «  

  SANGARE  Duké                                    «  

       

 

         

DIALLO  Cheickna  Président  Comité  de surveillance  de  la plateforme  régional  riz Kayes,  Président Chambre  agriculture  de Bafoulabé 

Bafoulabé  66 86 60 16 

DIALLO  Sidi Baba  Vice  Président Plateforme Kayes 

Bafoulabé  66 88 47 35 

KONATE  Samba  Secrétaire  général coopérative  riz Bafoulabé 

Bafoulabé  66 83 04 39 

DAOU  Boubacar Sidiki  Chef  de  Secteur agriculture ADRS 

Bafoulabé  66 82 46 39 

SOUCKO  Dialla  Trésorière  de  la Coopérative  des femmes de Bafoulabé