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Novembre 2011 Travail réalisé par les étudiants des spécialités : - Génie de l’environnement, option ADT - Productions Végétales, option IA Etude de la durabilité en exploitation agricole : Le domaine de Villarceaux

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Novembre 2011

Travail réalisé par les étudiants des

spécialités :

- Génie de l’environnement, option ADT

- Productions Végétales, option IA

Etude de la durabilité en exploitation agricole :

Le domaine de Villarceaux

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Sommaire

Remerciements ....................................................................................................................................... 3

Introduction ............................................................................................................................................. 4

Chapitre 1 : Analyse de la ferme de la Bergerie ...................................................................................... 5

I. La méthode IDEA en 2011 ........................................................................................................... 5

1. Les indicateurs de l’échelle de durabilité écologique ............................................................. 5

2. Les indicateurs de l’échelle socio-territoriale ....................................................................... 19

3. Les indicateurs de l’échelle de durabilité économique ......................................................... 26

II. Etude des paysages à Villarceaux .............................................................................................. 31

1. Le changement de paradigme ............................................................................................... 31

2. Une agriculture durable, de nouvelles interactions .............................................................. 32

3. Les nouvelles fonctions de l’agriculture ont un prix ............................................................. 33

Chapitre 2 : Bergerie + 20 ...................................................................................................................... 36

I. Villarceaux : quelle perception par les acteurs du territoire ? .................................................. 36

1. Villarceaux dans son territoire .............................................................................................. 37

2. De nouvelles pratiques agricoles à diffuser ? ........................................................................ 39

3. Durabilité et avenir de Villarceaux ? ..................................................................................... 41

II. Etude de la durabilité de l’exploitation depuis 1992 ................................................................ 43

1. Etat des lieux en 1992 ........................................................................................................... 43

2. La transition en agriculture biologique en 1995 ................................................................... 45

3. Utilisation des indicateurs IDEA au cours de l’évolution de la Bergerie ............................... 46

4. Etude de la durabilité de l’exploitation de 2002 à 2011 ....................................................... 48

5. Critiques de l’étude réalisée .................................................................................................. 61

III. La transition vers une exploitation biologique ...................................................................... 62

1. Repenser la gestion paysagère de la ferme .......................................................................... 62

2. L’évolution du système de cultures annuelles ...................................................................... 64

3. Inclure l’élevage dans le système de production .................................................................. 68

4. Quel bilan énergétique pour une telle transition ? ............................................................... 72

5. Les aides publiques accompagnent-elles cette reconversion ? ............................................ 73

6. Les modifications sociales engendrées par la transition ....................................................... 75

7. Les externalités ...................................................................................................................... 77

Conclusion ............................................................................................................................................. 85

Annexes ................................................................................................................................................. 86

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Remerciements

Nous tenons, en premier lieu, à remercier la fondation Charles Leopold Meyer qui nous a

gracieusement invités pour ce séminaire « agriculture durable » pendant une semaine.

Nos remerciements s’adressent aussi à Olivier Ranke, gérant de l’exploitation, qui nous a

réservé du temps afin de répondre aux nombreuses questions que nous nous posions sur la ferme de

la Bergerie.

Nous remercions, en outre, Baptiste Sanson, chargé d’animation, qui a animé cette semaine

et qui a su nous apporter des réponses pertinentes.

De plus, nous destinons nos remerciements à Marion Diaz et Olivier Godinot qui nous ont

accompagnés pendant cette semaine et qui nous ont fait profiter de leur expérience.

Nous remercions également tous les intervenants du séminaire pour leur présentation:

Frédérique Zahm, Patrick Novello, Christian Mouchet, Régis Ambroise, Philippe Viaux, Matthieu

Calame, Isabelle Goldringer et Anne-Charlotte Moy.

Nous remercions spécifiquement Eric Randon, professeur péruvien qui nous a fait profiter de

son expérience.

Nous tenons tout particulièrement à remercier toutes les personnes qui ont accepté de

répondre aux entretiens du projet « Bergerie + 20 ».

Nous voulons aussi remercier Patrick Morin qui a été notre guide lors de la visite des

châteaux et qui a agrémenté notre séjour d’une touche culturelle.

Et pour finir, un grand merci à Sharif, le chef cuisinier du domaine de Villarceaux, qui a

préparé nos repas pendant toute cette semaine.

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Introduction

Située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, dans le Val d'Oise (95), le

domaine de Villarceaux s’étend sur plus de 600 ha (dont 200ha de forêt et 400ha de cultures) sur un

large plateau calcaire. Nous nous situons au sein du parc naturel régional du Vexin Français où les

grandes cultures sont dominantes.

Dans ce contexte, le domaine, dont le propriétaire est la fondation Charles Léopold Mayer

pour le Progrès de l'Homme, est un lieu incontournable de réflexion sur la gestion du territoire et sur

l'agriculture au sens large. Matthieu Calame, Olivier Ranke et Philippe Cacciabue, trois ingénieurs

agronomes à l'origine du projet agricole, ont assumé la gestion de ce site et amorcé sa transition vers

un système en Agriculture Biologique en accord avec les réflexions apportées par l'élaboration de la

méthode IDEA (indicateur de durabilité des exploitations agricoles).

La réflexion menée sur le domaine s’élargit à la Politique Agricole dans son ensemble, la

gouvernance en matière d'agriculture et des territoires ruraux.

Le domaine de Villarceaux regroupe aujourd'hui plusieurs fonctions :

une fonction d'expérimentation agricole ayant une approche système (holistique) qui

nécessite le maintien d'une ferme indépendante (aujourd'hui l'EARL du Chemin Neuf, gérée

par Olivier Ranke) ;

une fonction de formation et d'échange sur le développement durable et les territoires

ruraux avec l'association d'Éco-développement de Villarceaux ;

une fonction d'accueil et d'animation avec l'association Éco-site de Villarceaux.

La fondation, dont le siège est à Lausanne (Suisse), coordonne et supervise les actions de ces

trois acteurs et intervient notamment dans le financement partiel de ces structures.

L'école d'agronomie de Rennes (Agrocampus-Ouest) entretient un partenariat avec la

fondation par l'intermédiaire notamment de Christian Mouchet, professeur émérite d'économie

rurale d'Agrocampus-Ouest. Cette collaboration, dont la méthode IDEA est le fruit, permet

aujourd'hui aux étudiants de deux spécialités (Ingénierie des Agrosystèmes et Agriculture Durable et

Développement Territorial) de passer une semaine sur le site. Lors de cette semaine les étudiants

découvrent, appliquent et discutent la méthode IDEA. Ils suivent aussi des conférences sur divers

thèmes en relation avec l'historique et les valeurs portées par les acteurs du domaine.

Cette année, le centre d'Éco-développement nous a confié une étude traitant de l'évolution

du projet de Villarceaux depuis les 20 dernières années. Le fruit de cette semaine de travail est

retracé au travers de ce rapport.

Dans une première partie, nous traiterons de l'étude de la durabilité de l'EARL de Chemin Neuf

sur la campagne 2009-2010 selon la méthode IDEA. En second lieu, nous répondrons à la commande

du domaine, c'est à dire, nous analyserons la perception du domaine de Villarceaux par des acteurs

du territoire, nous observerons l'évolution de la durabilité de la ferme à travers l'évaluation IDEA sur

les 20 dernières années et enfin, nous tenterons de chiffrer l'importance, principalement

économiques, de la mutation vers le système actuel complexe en agriculture biologique.

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Chapitre 1 : Analyse de la ferme de la Bergerie

I. La méthode IDEA en 2011

1. Les indicateurs de l’échelle de durabilité écologique

Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité agroécologique pour l’année 2011

A1 - Diversité des cultures annuelles et temporaires

Cet indicateur permet une quantification de la diversité végétale cultivée par le

dénombrement des espèces, des variétés et de la quantité de légumineuse présentes sur

l’exploitation.

Le recensement des espèces donne le résultat suivant : avoine, blé, colza, engrain,

escourgeon, féverole, lentille verte, luzerne, mélange fourrager, orge de printemps, pomme de terre,

prairie temporaire, sarrasin, tournesol, triticale, mélange triticale/pois soit 16 espèces au total. Deux

points sont attribués par espèces cultivées (les mélanges complexes et les prairies temporaires

comptent pour une espèce) donc 16 x 2 =32 points.

Il y a plus de 6 variétés au total (9 variétés de blé), soit une attribution de 2 points.

Concernant les légumineuses, il y a : 17.1 ha de luzerne, 7.6 ha de féverole, 6.6 ha de

lentilles, 49.4 ha de prairie temporaire (mélange graminée/légumineuse), 8.2 ha triticale/pois soit un

total de 88.9 ha de légumineuse. Rapporté à la SAU (370.4 ha), nous obtenons un pourcentage de

légumineuse de 24%, ce qui équivaut à 3 points.

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Le total de points est de 37 mais est plafonné à 14.

Total : 37/14, note 14/14

Une valeur élevée traduit une diversité des cultures importante et donc une

complémentarité dans les importations et les exportations d’éléments chimiques. Ceci révèle une

bonne autonomie de l’exploitation agricole.

Le plafonnement de la somme de points à 14 permet de limiter l’importance de cet

indicateur.

A2 - Diversité des cultures pérennes

Prairies permanentes ou temporaires de plus de 5ans :

- 49,4 ha sont en prairies permanentes sur les 370,4 ha de l’exploitation (soit 13,3% de la SAU).

- 122,5 ha sont en prairies temporaires, cependant ces prairies sont inclues dans des rotations de 8

ans et ne durent que 4 ans. Elles n’entrent donc pas en compte dans le calcul de cet indicateur.

Cette modalité se calcule de 0 à 6 points : 0 s’il n’y a pas de prairie, 3 si elles occupent moins de 10%

de la SAU et 6 points si elles occupent plus de 10% de la SAU.

Nous avons donc attribué 6 points à l’exploitation.

Arboriculture et viticulture :

Hormis une plantation d’une quinzaine d’arbres fruitiers près des bâtiments d’élevage, il n’y

a pas d’arboriculture ou de viticulture (arbres à fonction économique) sur l’exploitation.

Les quelques arbres fruitiers sont très peu – voire pas – entretenus, nous avons donc décidé

de ne pas attribuer de points à l’exploitation pour cette modalité.

Nombre de variétés :

Il n’y a pas d’arboriculture sur la ferme, nous n’attribuons pas de point pour cette modalité.

Agroforesterie

En 2009-2010, le dispositif agroforestier n’avait pas encore été mis en place, la plantation n’a

été faite qu’en 2011. Nous n’attribuons donc aucun point.

Total : 6/14

A3 - Diversité animale

Les productions animales permettent de valoriser des ressources locales (herbe) et de limiter

les apports d'intrants (fertilisants). Elles permettent également de maintenir le taux de matière

organique du sol, clé de sa fertilité.

La ferme exploite deux espèces: vaches et moutons. On compte une race de vaches, la Salers,

et deux races de moutons: le Suffolk et l'Ile de France. Le nombre total de races est donc de trois. Le

calcul de l'indicateur est le suivant:

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2 espèces, soit 2*5 = 10 points

(nombre de races - nombre d'espèces) = 3-2 = 1, soit 2 points

Valeur de l'indicateur = 10 + 2 = 12 points.

Total : 12/14

La méthode IDEA met l'accent sur la diversité spécifique, cependant le plafonnement de

l'indicateur à 14 points limite le score des exploitations possédant un nombre supérieur ou égal à 3

(5 points alloués par espèce).

A4 - Valorisation et conservation du patrimoine génétique

L’érosion génétique compromet la base de la ressource agricole et alimentaire mondiale. La

valorisation des races et variétés locales est donc un facteur de durabilité.

L’exploitation n’élève pas de race animale rare ou locale. Par contre elle cultive plusieurs

variétés végétales telles que l’avoine nue, deux variétés de blé originaires d’Ile de France (et de

l’épeautre certaines années).

Le verger a une utilisation uniquement personnelle et n‘est ni valorisé économiquement ni

entretenu, il n’a donc pas été pris en compte dans l’indicateur, malgré le fait que ce soient des

variétés de pommiers originaires du Vexin.

Nous avons donc attribué 2 points pour l’avoine nue et 2 points pour chaque variété de blé,

soit 6 points au total.

L’exploitation participe donc ainsi à la conservation d’une biodiversité végétale, mais pas animale.

Total : 6/6

A5 – Assolement

Une monoculture et des assolements simplifiés induisent des risques économiques,

écologiques et parasitaires.

La surface assolable (SAU – Surface prairies permanentes) représente 370,4 - 49.4 = 321 ha.

La culture annuelle principale est le blé avec 70,7 ha.

La SCA (Surface de la principale Culture Annuelle) représente ainsi 70,7/321 = 0,22 soit 22% de la

surface assolable. Ce pourcentage est inférieur à 25%, nous avons donc attribué 7 points.

La prairie à flore complexe représente 122,5/321 = 0,38, soit 38% de la surface assolable, nous

avons donc une présence significative (> 10%) d’une culture en mixité intra parcellaire, d’où une note

de 2 points.

Nous n’avons pas attribué de points négatifs du fait de l’absence de parcelle en monoculture

depuis 3 ans.

Ce système agricole a un assolement diversifié, permettant d’optimiser les rotations et de

limiter les aléas climatiques, sanitaires ou économiques.

Total : 9/8, note : 8/8

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A6 - Dimension des parcelles

Cet indicateur met en valeur le fait que la dimension des parcelles conditionne des enjeux

agronomiques et environnementaux.

Sur l’EARL du Chemin Neuf, la surface de la parcelle la plus grande est de 10,6 ha. On attribue

donc 3 points. La dimension des parcelles est en moyenne de 7,8 ha, ce qui donne lieu à l'attribution

de 2 points. M. Ranke estime que la taille optimale d'une parcelle est d’environ 8 ha (cela correspond

à une journée de travail). Toutefois, M. Ranke ne tient pas à diminuer la taille des parcelles les plus

grandes (autour de 10 ha) pour des raisons pratiques.

Total : 5/6

A7 - Gestion des matières organiques

La gestion des matières organiques est un bon indicateur de l’autonomie en fertilisants. Elle

prend en compte également la thématique de protection des sols en fonction du type de fertilisation.

Sur l’EARL du Chemin Neuf, les apports d’intrants ne concernent que la partie polyculture-élevage.

Le domaine de la motte consacré aux grandes cultures ne reçoit pas d’intrant.

La totalité du fumier bovin/ovin est remise sur les zones de culture. L’apport annuel se fait

sur une surface de 80 ha soit environ 21% de la SAU. Cette surface permet d’obtenir 3 points.

La moitié du fumier est composté (principalement fumier vieux). La note attribuée est de 2 points.

Total : 5/5

Le système polyculture-élevage permet de fonctionner en circuit fermé et de recycler les

déjections animales produites sur le site. Cependant cet indicateur ne prend en compte que les

surfaces et pas les quantités d’intrants apportées au champ. Il serait souhaitable d’intégrer un

barème quantitatif.

A8 - Zone de Régulation Ecologique (ZRE)

Cet indicateur permet de souligner le pouvoir de régulation biologique des différentes

infrastructures écologiques (haies, zone herbacées, zones humides, lisières de bois…) présentes dans

l’exploitation agricole.

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Méthode de calcul ZRE1 :

Type de surface de

biodiversité Equivalence en Surface

de biodiversité (SB)

Bandes enherbées (4m * 800m)*3 = 9

600m² 0,96 ha SB

Linéaire de haies 13,5 km 13,5 ha SB

Lisières de bois et

bosquets 9 km 9 ha SB

Alignements d'arbres 450 m 0,45 ha SB

Vergers haute-tige 0,5 ha 2,5 ha SB

Arbres isolés 8 arbres 0,04 ha SB

Total 26,45 ha SB

ZRE1= (Total de SB) / SAU

ZRE1 = 26,45 / 370 = 0,071, soit 7,1 % donc 7 points sont attribués.

Par ailleurs, 1 point a été attribué pour la présence de parcours non mécanisables puisqu’il y

a présence d’une parcelle en pente de 6,5 ha.

Du fait de l’absence de zones humides, de points d’eau, de prairies permanentes sur zone

inondable, de terrasses et d’une carte localisant de façon précise les principaux enjeux

environnementaux, nous n’avons attribué aucun autre point.

Total : 8/12

Pour le calcul de ZRE1, nous nous sommes posés la question de la prise en compte des

parcelles agroforestières. En effet, étant donné qu’un système agroforestier peut avoir un rôle

écologique non négligeable, il serait intéressant d’en faire une modalité de détermination de cet

indicateur. Ainsi nous proposons quelques critères sur lesquels il faudrait s’appuyer pour attribuer

des points de durabilité : hauteur et âge des arbres, densité dans la parcelle.

En ce qui concerne les parcours non mécanisables, nous n’avons attribué qu’un point car nous avons

jugé qu’une surface de 6,5 ha par rapport à une SAU total de 370 ha n’était pas assez significative. Il

serait légitime d’attribuer 2 points à une exploitation en zone de montagne ayant des pratiques

pastorales et dont la SAU est uniquement composée de parcours non mécanisables contrairement à

l’EARL du Chemin Neuf.

Il est dommage que le domaine ne soit pas cartographié sous SIG car cela aurait facilité le calcul de

ZRE1. De plus, l’existence d’une telle carte aurait permis de mieux répertorier les principaux enjeux

environnementaux et ainsi obtenir les points relatifs à cette modalité.

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A9 - Contribution aux enjeux environnementaux du territoire

Les mesures agroenvironnementales territorialisées permettent de répondre correctement à

des menaces localisées ou de préserver des ressources remarquables, en priorité dans les sites

Natura 2000 et les bassins versants prioritaires définis au titre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).

Le cahier des charges territorialisé contribue à une gestion durable des exploitations en

recensant les pratiques respectueuses de l’environnement. Sur l’exploitation, une prairie calcicole de

6,5 ha contient des espèces florales protégées (orchidées, chiroptères). Cette prairie classée en zone

Natura 2000 (anciennement ZNIEF) permet malgré sa faible superficie (1,5% de la SAU totale)

d’attribuer 2 points à l’indicateur.

Total : 2/4

Nous nous interrogeons sur une SAU minimale pour l’obtention des points.

A10 - Valorisation de l’espace

Le bilan comptable mentionne la présence de 211,35 UGB sur l’exploitation, 13,35 en ovins

et 208 en bovins. La Surface Destinée aux Animaux (SDA) comprend :

-Mélange fourrager : 11,3 ha

-Mélange triticale/pois: 8,2 ha

-Blé, triticale, féverole, escourgeon (consommation de 30t en tout par les animaux, avec l’hypothèse

d’un même rendement de 4t/ha): 7,5 ha

-Prairie permanente: 49,4 ha

-Prairie temporaire: 122,5ha

-Luzerne: 17,1 ha

Ceci nous donne une surface totale de 216 ha. Par conséquent, le chargement herbivore et

granivore est de 211,35/216 = 0,98 UGB/ha de SDA. Ce qui nous donne un total de 5 points.

Total : 5/5

A11 - Gestion des surfaces fourragères

La technique employée pour la gestion des prairies alterne fauche et pâture, d’où une note

de 1 point pour ce sous-indicateur.

La surface de prairie permanente est de 49,4 ha, soit 13% de la SAU. Elle est donc inférieure à

30% de la SAU, c’est-à-dire une note de 0.

Il n’y a pas de production de maïs ensilage, la note du sous-indicateur correspondant est

donc égal à 1 point.

Total : 2/3

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A12 – Fertilisation

La méthode du bilan de la fertilisation mise en place par l’Institut de l’élevage est une méthode

de compatibilité d’entrées-sorties des minéraux azotés, des entrées de phosphore et de potassium.

Cet indicateur est donc constitué de quatre parties : le bilan apparent azoté, le pourcentage de

cultures de pièges à nitrates, l’apport de phosphore minéral et l’apport de potassium minéral.

-Les éléments phosphatés et potassiques

L’exploitation n’apporte pas sur les parcelles d’engrais phosphatés et potassiques c’est

pourquoi la note attribuée à ces deux composantes est nulle.

-Le pourcentage de cultures de pièges à nitrate

La surface des cultures intermédiaires de pièges à nitrates (Colza et Sarrasin) est inferieure à

10% de la SAU. Le calcul est fait de la manière suivante :

[(Surface colza + Surface Sarrasin) / Surface totale]*100 = 3.5%.

La note attribuée est aussi égale à 0.

-Le bilan apparent azoté

L’azote nécessite la mise en place d’un bilan qui considère les entrées et sorties du système

sous forme organique et minérale. Cette méthode est détaillée dans l’ouvrage « La méthode IDEA »,

2008.

Les entrées d’azote dans l’exploitation sont sous forme d’engrais azotés minéraux, d’engrais

azotés organiques, d’azote atmosphérique fixé par les légumineuses et de fourrage. Nous comptons

aussi les quantités d’azote exportées par les animaux et semences achetés. L’exploitation de

Villarceaux n’apporte pas d’intrants azotés et se contente de l’azote fixé par les légumineuses et

présent dans les semences. Il y a un apport de fumier bovin et ovin qui n’est pas pris en compte dans

le bilan du fait qu’il reste dans l’exploitation.

o Les entrées du bilan

Entrée d’azote atmosphérique

Les valeurs connues (estimées et/ou données par les personnes travaillant sur l’exploitation

ou récupérées dans les documents de l’exploitation) sont indiquées en gras.

-Détermination du taux de légumineuses

Proportion apparente de légumineuses dans la parcelle au printemps

Proportion apparente de légumineuses dans la parcelle en été

Valeur retenue pour les calculs

35% 50% 42,5% Tableau 1 : valeurs des proportions apparentes de légumineuses dans les prairies en 2010

La valeur retenue en proportion apparente de légumineuses dans la parcelle est la moyenne des

proportions de légumineuses dans la parcelle au printemps et en été : (0,35+0,50)/2=0,425.

-Azote fixé par les prairies en association graminée-légumineuse (en kg N/ha)

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Le rendement des prairies permanentes en association légumineuses/graminées pour l’année 2010

est de 8 t MS/ha.

Le rendement des prairies temporaires en association légumineuses/graminées pour l’année 2010

est de 10 t MS/ha.

Formule de calcul : Azote fixé= rendement x proportion de légumineuses x 30 kg N/ t MS

D’où :

Azote fixé (prairies permanentes) = 8 x 0,425 x 30 = 102 kg N/ha

Azote fixé (prairies temporaires) = 10 x 0,425 x 30 = 127,5 kg N/ha

Or, il y a 49,4 hectares de prairies permanentes et 122,5 hectares de prairies temporaires donc:

Azote fixé (prairies permanentes) = 102 x 49,4 = 5030,8 kg N

Azote fixé (prairies temporaires) = 127,5 x 122,5 = 15 618,8 kg N

L’azote total fixé par les prairies (permanentes et temporaires) est donc de :

15 618,8 + 5 030,8 = 20657,6 kg N

-Azote fixé par les légumineuses pures

Les légumineuses pures sur l’exploitation sont présentes sous forme de :

- pois dans le mélange fourrager orge/pois/féverole et dans le mélange pois/triticale,

- féveroles de printemps en culture pure et dans le mélange fourrager orge/pois/féverole,

- lentilles,

- luzerne.

Hypothèses de calcul :

1) Les rendements de pois et de féverole au sein du mélange fourrager ont été estimés chacun

à 1/3 du rendement total du mélange.

2) Le rendement de pois dans le mélange pois/triticale a été estimé à 1/2 du rendement total

du mélange.

3) La quantité d’azote fixée par la culture de lentilles vertes a été assimilée à celle fixée par une

culture de féverole de printemps.

4) La féverole utilisée dans le mélange fourrager est une féverole de printemps.

Les rendements des légumineuses pures pour 2010 sont donnés dans le Tableau 2.

Culture Rendement

Mélange fourrager (orge/pois/féverole) 30,4 qtx/ha

Mélange triticale/pois 42,4 qtx/ha

Féverole de printemps 32,4 qtx/ha

Lentilles vertes 24,5 qtx/ha

Luzerne 10 t MS/ha

Tableau 2 : rendements des cultures de légumineuses pures ou en association

L’azote fixé par hectare de culture de légumineuses pures est calculé à partir des références données

dans le tableau présent en annexe (préciser l’annexe). Les valeurs issues de ce tableau et utilisées

pour les calculs sont données dans le tableau suivant :

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Culture Rendement (qtx/ha) Azote fixé (kg N/ha)

Pois 30 97,5

Féverole de printemps 30 106,5

Tableau 3 : quantité d’azote de référence fixé par les cultures de pois et de féverole de printemps en fonction du

rendement

Calculs

- Azote fixé par les cultures de légumineuses en association D’après l’hypothèse 1, le rendement des cultures de pois et féverole de printemps issues du mélange fourrager sont chacune de : (1/3) x 30,4 = 10,1 qtx/ha D’où : Azote fixé (pois dans mélange fourrager) = (10,1 x 97,5) / 30 = 32,9 kg N/ha Azote fixé (féverole printemps dans mélange fourrager) = (10,1 x 106,5) / 30= 35,9 kg N/ha D’après l’hypothèse 2, le rendement de la culture de pois issu du mélange pois/triticale est de : (1/2) x 42,4 = 21,2 qtx/ha D’où : Azote fixé (pois dans le mélange pois/triticale) = (21,2 x 97,5) / 30 = 68,9 kg N/ha

- Azote fixé par les cultures de légumineuses pures Azote fixé (féverole de printemps pure) = (32,4 x 106,5) / 30 = 115 kg N/ha D’après l’hypothèse 3 : Azote fixé (lentilles vertes) = (24,5 x 106,5) / 30 = 87,0 kg N/ha L’azote fixé par la culture de luzerne est obtenue d’après la formule : Azote fixé (luzerne) = rendement x 30 kg N/ t MS D’où : Azote fixé (luzerne) = 10 x 30 = 300 kg N/ha L’azote fixé (en kg N/ha) pour chaque culture est donné dans le Tableau 4.

Culture Azote fixé (kg N/ha)

Pois (mélange fourrager) 32,9

Pois (mélange pois/triticale) 68,9

Féverole de printemps (mélange fourrager) 35,9

Féverole de printemps (culture pure) 115

Lentilles vertes 87

Luzerne 300

Tableau 4 : azote fixé (en kg N/ha) par les cultures de légumineuses pures ou en association

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- Calcul de l’azote fixé par culture sur l’année 2010 (en kg N)

Culture Superficie (en ha)

Mélange fourrager 11,3

Mélange pois/triticale 8,2

Féverole de printemps 7,6

Lentilles vertes 6,6

Luzerne 17,1

Tableau 5 : superficies des cultures de légumineuses pures ou en association (en ha)

Ainsi sur l’année 2010, l’azote fixé (en kg N) pour chacune des cultures est de : Azote fixé (en kg N) = Azote fixé (en kg N/ha) x superficie (en ha) Azote fixé (pois dans mélange fourrager) = 32,9 x 11,3 = 371,8 kg N Azote fixé (pois dans mélange pois/triticale) = 68,9 x 8,2 = 565 kg N Azote fixé (féverole de printemps dans mélange fourrager) = 35,9 x 11,3 = 405,7 kg N Azote fixé (lentilles vertes) = 87 x 6,6 = 574,2 kg N Azote fixé (luzerne) = 300 x 17,1 = 5130 kg N L’azote total fixé par les légumineuses pures ou en association et donc de : 7 046,7 kg N Azote total fixé sur l’exploitation en 2010 : N fixé (total) = 7 046,7 + 20 657,6 N fixé (total) = 27 704,3 kg N L’azote total fixé sur l’exploitation en 2010 est donc de 27 704,3 kg.

Entrée d’azote par les semences

Le calcul nécessite des ajustements d’où les hypothèses suivantes :

H1 : Certaines espèces anciennes ou rares n’ont pas de coefficient de transformation (valeur en kg

d’azote par tonne de produit brut). Nous associons donc ces espèces à d’autres qui leur ressemblent

le plus et dont nous avons la valeur du coefficient de transformation. C’est le cas :

- de l’engrain et de l’épeautre qui sont proches du triticale,

- de la lentille qui est proche de la féverole,

- de l’escourgeon proche de l’orge d’hiver,

- du sarrasin proche du seigle.

H2 : Bien que l’exploitation cultive des pommes de terre, la quantité est négligeable. Sa valeur n’a

pas été incluse dans le calcul du bilan apparent.

Le détail du calcul est le suivant:

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Quantité totale x kg d’azote par tonne de produit Brut = Quantité d'Azote

Surface (ha) Quantité (kg/ha) Quantité totale (tonnes) Quantité d'Azote (kg)

Blé 70,70 200,00 14,14 219,17

Triticale 9,80 180,00 1,76 29,11

Avoine 8,30 130,00 1,08 16,94

Colza 5,20 8,00 0,04 1,39

Sarrasin 7,80 30,00 0,23 3,86

Tournesol 15,70 15,00 0,24 8,12

Escourgeon 9,90 170,00 1,68 21,88

Engrain 13,00 150,00 1,95 32,18

Orge 5,00 130,00 0,65 8,45

TOTAL 341,09

Tableau 1: Entrée d'azote par les semences

C’est le blé qui contribue le plus à augmenter l’entrée d’azote par les semences. Il est responsable

d’un tiers du montant final qui est de 341,09 kg d’N.

o les sorties du bilan

Il s’agit de considérer les productions animales et végétales vendues en 2010.

Poids (tonne) Quantité azote (kg)

Bovin 15,46 371,07

Brebis 0,96 40,32

Agneau 0,20 4,80

TOTAL 416,19

Tableau 2: Sortie d'azote par les productions animales

La vente de viande bovine constitue la part la plus importante d’exportation d’azote.

Quantités

(tonnes)

Quantités consommées par

animaux (t)

Quantités

vendues (t)

Quantités en

azote (kg)

Blé 244,82 7,50 237,32 3 678,46

Avoine 23,51 0,00 23,51 369,11

Tournesol 30,00 0,00 30,00 1 035,00

Colza 5,16 0,00 5,16 171,83

Féverole de

printemps 24,60 7,50 17,10 607,05

Triticale 64,39 7,50 56,89 938,69

Orge 79,80 7,50 72,30 939,90

Lentilles vertes 16,18 0,00 16,18 574,39

TOTAL 8314,42

Tableau 3: Sortie par les productions végétales

Il est possible de repérer deux cultures, le blé et le tournesol, amplement cultivées pour leur vente.

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o Calcul du bilan apparent

Le bilan se calcule par la différence entrée- sortie d’azote dans le système d’exploitation soit :

27 704,3 +341,1 - (8314,4 + 416,2) = 28 045,3 – 8 730,6 = 19 314,7 kg N

La surface agricole utile (SAU) de l’exploitation étant de 370,4 ha, le bilan apparent en kg N/ha sur

l’année 2010 est de :

19 314,7 / 370,4 = 52,1 kg N/ha

Ainsi, le bilan apparent est de 52,1 kg N/ha en 2010 ce qui permet d’attribuer la note de 4 à

l’indicateur A12.

La baisse de la note en comparaison avec l’année dernière peut être due en partie à la vente

moins importante d’animaux et de productions végétales, ainsi qu’à l’augmentation de la surface

implantée en légumineuses en 2010.

A13 - Effluents organiques liquides

L’agriculteur est noté sur les initiatives qu’il prend pour traiter ses effluents organiques

liquides. L’objectif de l’indicateur n’est pas de prendre en compte le respect de la législation, partant

du principe que l’installation est réglementaire.

D’office, l’absence d’effluents organiques liquides amène le score à 3, son maximum. La

conduite de l’élevage sur paille entraîne le ramassage des effluents exclusivement sous forme de

fumier.

Total : 3/3

Cependant, d’après la loi, le fumier doit être stocké sur une surface étanche ou en bout de

champs pour une durée maximum de 2 mois, pour éviter l’infiltration des jus de fumier. Une partie

du fumier de l’exploitation est mis en compost à même le sol. Il pourrait donc y avoir un risque

d’infiltration.

Cet indicateur reste imprécis vis-à-vis des jus de fumier.

A14 - Pesticides

La pression polluante résulte de l’utilisation de pesticides. Nous mesurons ici le risque

environnemental lié aux pollutions par les pesticides.

L’exploitation est classée en agriculture biologique. Il n’y a donc en théorie pas d’utilisation

de pesticides. Cependant l’exploitant traite les semences de blé ancien à la bouillie bordelaise pour

un semi de 2ha, équivalent à 1 ha de surface développée.

PP = =

On a donc une Pression Polluante inférieure à 1.

Total : 12/13

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A15 - Traitements vétérinaires

Cet indicateur rend compte de la possibilité de trouver des intrants vétérinaires dans

l’environnement. On l’obtient à partir de la formule suivante :

TV=

Pour l’année 2009/2010, l’exploitant a réalisé 17 traitements pour les bovins : 8 traitements

allopathiques, 8 traitements sur les veaux et un traitement vitamine C. Il a effectué une

vermifugation pour toutes les brebis ainsi que pour les 3 béliers. Vu la disparité de traitements en

fonction des animaux, on calcule 2 indicateurs et on en fait la moyenne.

On obtient 1 comme score pour les ovins et 3 pour les bovins.

Total : 2/3

La note obtenue est due à un traitement de vermifugation indispensable pour les ovins, dont

les génotypes ne sont pas encore adaptés à la conduite de l’élevage.

A16 - Protection de la ressource sol

Un travail du sol sans retournement est effectué sur seulement 10 ha ce qui représente 2.7%

de la SAU, donc bien inférieur au seuil de 30% minimum, la note de 0/3 est attribuée.

Seul 47.8 % de la SAU sont couverts au moins 11 mois sur 12 (prairies et colza, 177 ha en

2011), on attribue donc la note de 2/3.

Des haies (arborées et arbustives) et bandes enherbées ont été mises en place autour des

parcelles. Ceci constitue des aménagements anti-érosifs. L’attribution de la note est néanmoins

discutable. En effet, ces aménagements effectués constituent un progrès notable pour lutter contre

l’érosion au vu du contexte historique territorial, mais il n’existe aucune donnée quantitative

prouvant l’efficacité de ces structures paysagères. Selon les dires d’agriculteurs, un véritable progrès

a été réalisé puisque l’on observe des eaux d’écoulement peu chargées en particules de sol.

Cependant, par rapport à un maillage bocager dense (type bocage normand historique) considéré

optimal dans les processus anti-érosifs, ces aménagements peuvent être ici améliorés. On attribue

cependant la note de 2/2, malgré un souci d’évolution du système d’exploitation.

Il n’y a pas de cultures pérennes sur l’exploitation donc la note de 0/2 est attribuée.

Il n’y a pas de brûlage de pailles ou sarments sur l’exploitation, on n’attribue donc pas -3

points.

Total : 4/5

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A17 - Gestion de la ressource en eau

L’exploitation n’utilise pas d’irrigation, ce qui implique la note maximale pour ce critère de

gestion de la ressource en eau.

Total : 4/4

A18 - Dépendance énergétique

Cet indicateur permet de calculer la consommation d’énergie au niveau de l’exploitation,

celle-ci étant rapportée en équivalent litre de fioul (EQF). On compte dans ce calcul la consommation

de fioul, d’électricité, de gaz ainsi que les aliments concentrés achetés. Le fioul consommé pour des

travaux faits par des entreprises est également inclus.

Poste Consommation Consommation MJ

Consommation fioul agricole 23 829 L 953 160

Epandage fumier 55.6 h épandage x 15 L/h = 835 L 33 400

Gasoil abattoir (Alençon) 2000 L 80 000

Retournement andain fumier 5 h x 15 L/h = 75 L 3000

Forfait consommation électricité 4000 €/an ÷ 0.1 €/kwh = 40000 kwh 380 000

Total exploitation 1 449 560

EQF / ha (SAU = 370 ha) 97.9 L/ha

Bois 40 stères/an x 2000 kwh = 80 000 kwh/an 760 000

Gaz 2500 kg 127 500

Electricité 300 €/an ÷ 0.1 €/kwh = 3000 kwh/an 28 500

Total maisons exploitants + salariés 916 000

EQF/ha habitations (370 ha) 61.9 L/ha

TOTAL EQF/ha (exploitation + habitations) 159.8 L/ha

Tableau récapitulatif des calculs de la dépendance énergétique

En considérant l’exploitation et les habitations, la consommation énergétique de l’ensemble

reste en dessous du seuil minimum de 200 L/ha, la note de 8/8 est donc attribuée. Néanmoins, il

semble intéressant de se pencher sur les valeurs de consommation comparativement entre

l’exploitation et les habitations. En effet celle-ci sont relativement proches ce qui peut paraitre

surprenant. Cependant, c’est ici la consommation de trois habitations qui sont prises en compte.

D’autre part, la dépendance énergétique de l’exploitation est faible, puisqu’elle atteint à peine la

moitié du seuil minimum de l’indicateur. Ceci peut être facilement expliqué par l’absence de

fertilisation azotée de synthèse qui est très énergivore (1 unité N = 56 MJ).

Il n’y a pas de production d’énergie renouvelable (huile végétale, bois, photovoltaïque,

éolienne, etc…) ni de dispositif d’économie et de récupération de chaleur (séchage solaire en

grange…) sur l’exploitation ce qui nous amène à attribuer la note de 0 pour ces indicateurs.

Total : 8/10

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Conclusion sur l’échelle de durabilité agroécologique

Dans le domaine de l’agroécologie, l’exploitation atteint la note maximale plafonnée à 100.

Le classement de la ferme en agriculture biologique confère une bonne aptitude au niveau de la

diversité des cultures, et à l’indépendance en intrants. Cependant l’exploitant a eu recours à

quelques intrants pour le bétail et quelques traitements de semences, non considéré comme un

optimum de durabilité par la méthode IDEA. Ces traitements, autorisés en agriculture biologique ont

pourtant été essentiels pour la bonne conduite de l’exploitation. La méthode IDEA révèle une de ses

limites.

Malgré l’excellence de l’exploitation dans le domaine de la durabilité en agroécologie, tous les

indicateurs ne sont pas au maximum. L’exploitation conserve des marges de manœuvres pouvant

être atteintes avec la diversité des cultures pérennes grâce à l’agroforesterie. D’autres, comme la

présence de zone humide ou de sites classés, ne seront peut-être jamais atteintes car elles

dépendent de facteurs extrinsèques à l’exploitation.

2. Les indicateurs de l’échelle socio-territoriale

Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité socio-territoriale pour l’année

2011

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B1 - Démarche de qualité

Cet indicateur repose sur un recensement des différents labels et normes concernant au

moins 10% du chiffre d’affaire de l’exploitation.

Au domaine de Villarceaux, 100% de la production est en agriculture biologique. Nous

attribuons donc 7 points.

La ferme répond aux exigences d’un second label : « Nature & Progrès », qui est une

extension du label AB, il ne compte donc pas comme un label à part entière (pas de point

supplémentaire).

Total : 7/10

B2 - Valorisation du patrimoine bâti et du paysage

Les 3 premières modalités sont évaluées par le chef d’exploitation lui-même, la notation

allant de -1 à +2.

Entretien ou restauration du bâti ancien et du patrimoine rural

L’habitation d’Olivier Ranke, ainsi que la maison de la Comté, ont été rénovées récemment. Ces

bâtiments ont très bien été restaurés, Olivier attribue donc 2 points sur la restauration du bâti

ancien.

Qualité architecturale et intégration paysagère du bâti récent

Le bâti récent est composé d’un bâtiment d’élevage et d’un bâtiment pour le matériel. D’après

Olivier Ranke, ces constructions s’intègrent très bien au paysage, il attribue donc 2 points à son

exploitation.

Qualité des abords du siège d’exploitation

Olivier estime que la qualité des abords de l’exploitation est mauvaise, pour preuve on y trouve

des tas de tuiles, des bâches, etc … Il attribue donc un malus de -1 à l’exploitation.

Aménagement paysager des surfaces de l’exploitation

De nombreuses haies ont été plantées sur l’exploitation, les bosquets et la lisière de la forêt sont

bien entretenus. Même si les aménagements ont bien été réfléchis, le paysage est souvent

monotone avec des haies longues et rectilignes, sans cassure ni courbe.

Nous n’accordons donc qu’un point sur deux à l’exploitation

Total : 4/8

Les points obtenus pour cet indicateur sont en grande partie dus aux travaux de restauration

et de construction, financés par la fondation. Cela introduit donc un biais dans le calcul de la

durabilité de l’exploitation et remet en cause son indépendance. De plus cela semble difficilement

reproductible pour des exploitations qui ne disposent pas d’un tel capital.

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B3 - Gestion des déchets non organiques

Cette gestion est révélatrice d'une activité respectueuse de l'environnement et responsable.

Calcul de l'indicateur:

Pas de réutilisation ou de valorisation au niveau local soit 0 point sur 3.

Tri sélectif ou élimination par collecte collective, soit 2 points sur 2.

Pas de brûlage, d'enfouissement ni de plasticulture et d'enrubannage, soit 0 point.

Total : 2/5

B4 - Accessibilité de l’espace

L’objectif de cet indicateur est de rendre compte de l’accessibilité et du partage de l’espace

rural entre les acteurs agricoles et non-agricoles. Cette accessibilité est évaluée par la présence

d’aménagements, d’actions d’entretien de l’espace dans le respect de l’activité agricole.

Nous avons attribué 2/2 pour l’aménagement de l’espace agricole. En effet, les chemins sont

ouverts au public et sont répertoriés dans les guides touristiques. L’accessibilité pourrait encore être

améliorée en balisant les itinéraires. Les sentiers de randonnée sont dégagés et les arbres élagués à

proximité. Cependant, nous avons relevé la présence de nombreuses ornières et de chemins en

mauvais état pouvant limiter les activités de marche et d’équitation. Nous avons donc retenu la note

de 1/3 pour l’entretien des chemins.

Total : 3/5

B5 - implication sociale

Cet indicateur a vocation de caractériser l’insertion sociale et les relations humaines

entretenues avec les autres acteurs ou représentants du territoire.

Attribution des points :

2 associations = 2*2 = 4 points

2 responsabilités dans une structure associative = 2*2 = 4 points

Vente directe = 2 points

Habitation sur l’exploitation = 0 point

Total : 10/6

Olivier Ranke est impliqué dans deux structures associatives. Sur le site même du domaine de

Villarceaux, il est acteur du centre éco-développement. Il prend également part à l’association des

Vignerons de Chaussy. D’autre part, il occupe la fonction de trésorier de Biocer et est représentant

de l’association Nature et Progrès à l’ITAB. De plus, l’exploitation est ouverte à la vente directe pour

la viande produite. Olivier Ranke a donc un contact développé avec les acteurs du territoire et de sa

profession. L’accueil de différents publics (colloque, étudiants, formation) sur le domaine de la

Bergerie de Villarceaux où est implantée l’exploitation apporte une ouverture au grand public pour

découvrir les pratiques agricoles mises en place avec la volonté d’échanger. Cela peut apporter au

territoire un véritable dynamisme.

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Cependant les relations humaines développées dans les activités associatives sont

essentiellement professionnelles et/ou axées sur l’agriculture biologique. Elles ne favorisent pas la

communication avec d’autres types de publics, notamment les nombreux agriculteurs non-

biologiques du territoire.

B6 - valorisation par les filières courtes

Cet indicateur met en valeur le fait que les filières courtes rapprochent les producteurs et les

consommateurs et favorisent une dynamique territoriale, tout en diminuant la consommation de

transports ( et donc de ressources non renouvelables).

La première partie de cet indicateur attribue un point par 5 % du ratio (Valeur des ventes

directes hors aide)/(Chiffre d'affaire hors aides -CA- ).

Pour les céréales, M. Ranke nous a dit ne vendre qu'une partie négligeable (3 ou 4 t) de ses

céréales en vente directe. Nous avons donc compté 0% pour la vente directe en céréales.

Pour la viande, M. Ranke a estimé vendre 75% de sa production en direct (ventes totales de

viande : 119 367 €), soit 89 525€ comme produit de la vente directe. Ce qui nous donne un ratio de

32 % ( le CA étant de 279 621€), et donc un total de six points.

La deuxième partie de cet indicateur donne deux points si les ventes sont réalisées à

proximité. Les céréales étant vendues à la coopérative Biocer, située près de l'exploitation, nous

avons attribué ces deux points.

Total : 8/7, note : 7/7

B7 - Autonomie et valorisation des ressources locales

Cet indicateur mesure de la capacité d’un agriculteur à être autonome en ressource

alimentaire et énergétique. L’avantage de cette situation, malgré les contraintes qui en découlent

(hausse du travail), est une forte capacité d’adaptation aux fluctuations du cours des matières

premières.

L’exploitation dispose d’une autonomie fourragère en 2009 et 2010 (5 points).

La totalité des engrais organiques (fumier bovin et ovin) est valorisée par l’épandage sur la

SAU, et aucun échange contre de la paille n’est contracté (0 point).

L’agriculteur n’a pas acheté les bovins et les ovins sur le territoire local (0 point).

La forêt ne sert pas pour le moment à l’approvisionnement de la chaudière à bois (0 point)

mais cela constitue un projet à long terme. La gestion de la forêt est assurée par l’Office National des

Forêts.

L’eau de pluie n’est pas récupérée mais cela constitue un projet futur pour l’abreuvement

des animaux (0 point).

L’agriculteur produit ses semences tant qu’il le peut (2 points).

Total : 7/14

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B8 - Services, pluriactivité

Cet indicateur a pour but de valoriser les exploitations agricoles jouant des fonctions autres

que la production au niveau territorial, s’inscrivant dans le principe de multifonctionnalité de

l’agriculture. Ainsi, les exploitations qui ont une démarche contribuant au développement du tissu

local, avec par exemple de l’agrotourisme, de l’insertion sociale ou en rendant des services

marchands au territoire, obtiendront donc des points pour ces actions.

Services marchands rendus au territoire : 0 points (/2)

Dans le cas de L’EARL du Chemin-neuf, un entretien des chemins est réalisé, ce qui contribue à

l’importante fréquentation du territoire par des randonneurs. Cependant, ce service n’est pas

rémunéré aux exploitants, il ne s’agit donc pas d’un service marchand.

Agrotourisme : 0 points (/2)

Bien que les locaux de la fondation située sur le corps de la ferme puissent avoir une fonction

d’agrotourisme, cette activité n’est pas réalisée par l’EARL même. Ainsi, même si ces activités

d’agrotourisme ne pourraient pas avoir lieu sans la présence de la ferme, elles ne lui sont pas

directement imputées, c’est pourquoi l’EARL du Chemin-neuf n’a pas obtenu de point pour cette

section.

Ferme pédagogique : 2 points (/2)

2 points ont été attribués à la ferme pour cette section, puisque des écoles, du primaire

jusqu’aux niveaux supérieurs (Ingénieurs Agronomes) sont régulièrement accueillis sur la ferme. Les

grandes surfaces dont dispose l’exploitation ont d’ailleurs un but important d’expérimentation en

agriculture biologique et de pédagogie. Le nombre maximal de points est donc attribué pour cette

section.

Pratique d’insertion ou d’expérimentations sociales : 0 points (/3)

La ferme du Chemin-neuf ne pratique pas d’insertion sociale, ni d’expérimentations de la sorte,

elle n’est donc pas éligible pour cette rubrique.

Total : 2 / 5

B9 - Contribution à l’emploi

Etant donné l’importance de l’emploi, des jeunes notamment, dans le volet « social » du

développement durable, il est primordial de prendre conscience de la contribution à l’emploi sur son

territoire d’une exploitation agricole ; c’est le but du présent indice. Les exploitations employant une

main d’œuvre importante par unité de surface ou de production, main d’œuvre de préférence locale,

seront ici valorisées.

Surface/UTH: 1 point (/4)

L’EARL du Chemin-Neuf emploie 4 personnes équivalent chacune à 1 UTH, cela pour une Surface

Agricole Utile de 370 ha. Cela équivaut à une surface comprise entre 50 et 125 ha par UTH. La

méthode IDEA attribue 1 point à une ferme se situant dans cette fourchette.

Création d’un emploi sur l’exploitation dans les 5 dernières années : 0 points (/4)

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En 2007, l’exploitation a embauché un jeune ouvrier, mais cela s’est fait à l’occasion d’un départ

en retraite, et il s’agit donc plus d’un remplacement que d’une embauche ; on ne peut donc pas

considérer qu’il y a eu création d’emploi sur la ferme lors des 5 dernières années.

Création d’un emploi dans le cadre d’un réseau de proximité : 0 point (/2)

L’EARL du Chemin-Neuf est certes inscrite dans un certain réseau, avec notamment une

collaboration avec une coopérative de consommateurs, mais elle n’y a pas joué de rôle dans la

création d’emploi.

Plus de 50% de main d’œuvre saisonnière habite sur le territoire : 0 points (/2)

La présente ferme n’emploie pas de main d’œuvre saisonnière, elle n’est donc pas éligible pour

cette rubrique.

Total : 1 / 6

B10 - Travail collectif

L’agriculteur n’est concerné que par le travail en réseau. Il fait en effet partie de l’ITAB

(membre de la commission élevage). Par ailleurs, il travaille en partenariat avec l’INRA, Arvalis…

Total : 3/5

B11 - Pérennité globale

Selon l’agriculteur, il est quasi certain que l’exploitation existera dans 10 ans, dans la mesure

où le bail est établi sur 25 ans. Par ailleurs, il considère l’exploitation viable, quels que soient les

gérants.

Total : 3/3

B12 - Contribution à l’équilibre alimentaire mondial

Olivier Ranke importe uniquement des sels minéraux pour l’alimentation de son troupeau. La

quantité de sels importée ne pouvant être convertie en surface importée, les sels minéraux ne sont

pas pris en compte dans le calcul du taux d’importation, qui est donc nul.

Total : 10/10

B13 - Bien-être animal

Le bien-être animal permet de rendre compte de l’état de santé psychologique et physique

d’un cheptel. Cet indicateur est évalué au dire de l’agriculteur. Il s’attribue un score de 2/3 en raison

de l’absence d’ombre sur une parcelle, ce qui pourrait être préjudiciable aux animaux. Autrement

toutes les parcelles sont équipées d’un point d’eau et les bâtiments sont confortables.

Total : 2/3

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B14 - Formation

L’agriculteur doit être en mesure de se former en continue mais également d’ouvrir son

exploitation à la formation des générations futurs. Il accueille des professionnels ainsi que des

stagiaires mais ne prend pas le temps de se former ni de former ses employés.

Total : 4/6

B15 - Intensité du travail

L’agriculteur évalue lui-même l’intensité de son travail ainsi que la façon dont il supporte les

périodes de surtravail. Il estime le nombre de semaines surchargé à 4 bien que pour lui, aucune

semaine n’est vraiment surchargé. Cela lui arrive de ne pas finir son travail mais sans que cela le

préoccupe.

Total : 3/7

B16 - Qualité de vie

L’indicateur de qualité de vie est une auto-estimation. M. Ranke s’est attribué la note de 5/6.

Total : 5/6

Il aurait été intéressant d’avoir le point de vu de sa compagne pour parfaire ce critère. Les

commentaires faits par M. Ranke à ce sujet nous permettent d’étoffer de façon qualitative cet

indicateur. M. Ranke ne ressent pas le besoin de vacances et sent bien là où il travaille. Il aime son

travail et en est passionné, ce qui rend les journées plus agréables.

B17 - Isolement

Il s’agit là aussi d’une auto estimation. M. Ranke ne ressent pas d’isolement lié à son travail

sinon à sa vie familiale.

Total : 3/3

B18 - Accueil hygiène et sécurité

La main d’œuvre temporaire et les stagiaires sont accueillis au sein du centre de Villarceaux

dans une maison à l’intérieur du vieux corps de ferme. Les conditions d’accueil étant optimales

(sanitaires, chauffage, …), la note maximale est donc attribuée à ce sous-critère, soit 2/2.

L’organisme certifié effectuant le contrôle n’a rien à reprocher aux installations ; la note

maximale est aussi attribuée, c’est-à-dire 1/1.

Enfin, l’EARL du Chemin neuf n’utilise pas de pesticides, elle obtient donc pour ce sous-

indicateur la note maximale de .

Total : 5/4, note : 4/4

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Conclusion de l’échelle de durabilité socio-territoriale

L’exploitation atteint une note de 76 sur 100 pour l’indicateur de durabilité socio-territoriale.

La contribution au développement local ressort dans cet indicateur, notamment grâce au circuit

court et l’indépendance aux importations. L’implication sociale est également soulignée malgré un

manque de cohésion sociale avec ses voisins proches. Nous pouvons donc nous interroger sur la

dimension spatiale de la méthode IDEA pour cet indicateur.

L’exploitant conserve des marges de manœuvres en matière de création d’emploi, d’intensité du

travail, de valorisation des déchets non organiques et de valorisation du paysage. Cependant

l’exploitation emploie plus que la moyenne pour ce type d’exploitation mais pas assez d’après IDEA.

De même malgré des efforts réalisés pour l’esthétique des bâtiments, des efforts restent à faire pour

valoriser les abords paysagers de la ferme.

3. Les indicateurs de l’échelle de durabilité économique

Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité économique pour l’année 2011

C1 - Viabilité économique

Cet indicateur représente un résultat économique moyen par actif de l’exploitation (évalué

par rapport au SMIC). Il est calculé de la manière suivante :

VE= (EBE-BF) / UTH non salarié avec BF (besoin financement) = ½ amortissements + annuités

Avec comme valeurs :

- Excédent Brut d’Exploitation : EBE = 79 339€

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- Amortissement= 76 657€ et Annuités= 83 360€ d’où un BF = 121 688,5€

- UTH = 1,05

On obtient donc : VE= -40 332,9€ soit un équivalent de 0 SMIC, d’où un score de 0

Total : 0/20

En comparaison avec l’exercice précédent (2008/2009), où une note de 20 a été attribuée, on

constate une nette diminution de la viabilité économique. L’augmentation des annuités peut être

expliquée par l’achat de matériel en 2010. Et la baisse de l’EBE peut en partie être expliquée par un

achat supplémentaire de 9000L fioul (fuite de cuve).

Une moyenne des résultats de l’exercice sur 3 ans aurait été préférable mais n’a pu être

réalisée. En revanche, la viabilité économique de 2007/2008 a pu être calculée et est de 43897,5€.

Nous avons donc une moyenne sur 2 ans de 774€, ce qui correspond à moins d’un SMIC. Nous avons

donc toujours une note de 0 pour les exercices de 2008/2010.

C2 - taux de spécialisation économique

La méthode IDEA considère qu’un système de production diversifié est moins vulnérable aux

retournements de conjoncture économique et donc plus durable.

La production de bovins viande est l’activité la plus importante et génère, hors primes et

subvention, 104 379€ du chiffre d’affaire global de l’exploitation (279 621€). Cela revient donc à 104

379/279 621 = 37,3% du chiffre d’affaire, d’où l’attribution de 4 points.

Biocer, le client le plus important, achète quasiment toute la production céréalière, soit

110 604€ hors prime et subvention (Ventes production végétale – vente pomme de terre – vente

autres cultures = 116 675 – 4 182 – 1 889 = 110 604€). Cela revient donc à 110 604 / 279 621 = 39%

du chiffre d’affaire, d’où l’attribution de 2 points.

Par ailleurs l’exploitation ne possède pas d’atelier en intégration et n’a pas recours à du

travail à façon, Ce qui nous donne un score de 0 points.

Total : 6/10

C3 : Autonomie financière

Mesure de la capacité de l’exploitation agricole à être flexible face à des aléas économiques

et aux emprunts contractés.

Dépendance Financière :

Les annuités sont les remboursements d’emprunts que doit payer l’exploitation (Capital +

Intérêt).

Les frais financiers à court terme représentent les découverts (Inexistants sur la comptabilité

de l’exploitation). Une moyenne des EBE et des annuités sur les années 2008, 2009 et 2010 a été

effectuée.

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Sur les 3 ans, la dépendance financière s’élève à 57,4%, ce qui amène à une note pénalisante

de l’indicateur (0 point). Cependant, l’indicateur de dépendance financière n’est pas constant : la

situation s’est dégradée au cours des trois dernières années. La dépendance financière s’élevait à

105% en 2010, 64% en 2009 et 26% en 2008. En 2008, la note était de 9 points.

Ces chiffres s’expliquent par une baisse de l’EBE progressive au cours des 3 dernières années.

La baisse de la valeur ajoutée de la viande (baisse des prix) et un problème de rendement au niveau

végétal ont induit cette baisse de ressource.

L’achat de matériel (tracteur) implique une augmentation des annuités.

L’agriculteur doit veiller à ce que la situation ne s’aggrave pas dans les prochaines années.

Total : 0/15

C4 - Sensibilité aux aides

Le montant des aides, incluant les DPU et les aides couplées, est de 96 834 €. Certaines aides

ne sont pas prises en compte, telles les aides structurelles figurant dans la comptabilité de

l’exploitation (montant de 55 981 €). L’EBE s’élève à 79 339 €. La sensibilité aux aides est donc de:

∑aides/EBE = 122%.

Total : 0/10

C5 - Transmissibilité économique

Cet indicateur rend compte de la capacité de l’exploitation à être transmise. Il se calcule en

pondérant le capital d’exploitation (qui traduit le coût de cession) par les UTH non salariés. Le foncier

bâti et non bâti n’est pas pris en compte. Il travaille seul avec comme associé sa femme qui travaille

un jour par mois. Il dispose donc de 1,03 UTH.

Total : 0/20

Le score 0 traduit un capital d’exploitation très élevé donc très difficile à transmettre. Les

composantes les plus importantes du capital sont le cheptel à hauteur de 50% et un parc d’outillage

à hauteur de 30%. Les stocks sont également pris en compte et représente 10% à cette date. Selon

l’idée de cet indicateur, la mauvaise note provient du fait que l’exploitation n’est pas considérée

comme étant à taille humaine.

C6 - Efficience du processus productif

Cet indicateur est pertinent car il permet d’évaluer sur le long terme la durabilité de

l’exploitation. Il se calcule par la formule suivante :

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Sont compris dans les produits le montant des ventes (céréales et viandes) hors primes. Dans

les Intrants sont inclus l’énergie, la consommation d’eau, l’achat de semences, les quelques

interventions vétérinaires et les frais de travaux par tiers lors des récoltes et épandages du fumier.

Le calcul de l’efficience donne donc :

Total : 21/25

Conclusion de l’échelle de durabilité économique

Pour cet indicateur de durabilité, l’exploitation enregistre une note finale de 27 sur 100. Cela

se traduit par une forte dépendance financière aux aides, une mauvaise viabilité économique malgré

une bonne efficience du processus productif et une diversification dans ses activités. La mauvaise

viabilité économique est à mettre en relation avec l’investissement dans les tracteurs. La mauvaise

transmissibilité de l’exploitation est due à sa taille trop importante par rapport aux critères d’IDEA.

Cette transmission sera sans doute artificiellement possible par le biais de la fondation. De même les

avantages procurés par la fondation - absence de loyer, financement des bâtiments et plusieurs

travaux agricoles – limitent les possibilités d’autonomie de l’exploitation.

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Conclusion sur le diagnostic par la méthode IDEA

Histogramme et radar des résultats IDEA pour l’année 2011

Le bilan de l’étude se conclue par une note finale de 27 sur 100 déterminée par la note la

plus faible correspondant à l’indicateur de durabilité économique. Cette exploitation présente donc

une faible aptitude à la durabilité d’après les critères d’IDEA. L’aspect agroécologique est au

maximum. Le déplafonnement de cet indicateur permettrait de mettre en évidence des marges

d’amélioration et de distinguer les exploitations les plus durables dans ce domaine. Une des

originalités de cette méthode est de prendre en compte l’aspect socio-territorial. Celle-ci se révèle

assez bonne compte tenu de l’implication de l’exploitant. Cependant cela ne met pas en valeur le

manque de relations sociales proches.

Nous avons plusieurs fois mis en doute la pertinence de certains indicateurs, notamment la

définition de « travail à façon » qui reste ambiguë pour la non durabilité. Nous avons aussi pensé que

ce critère était placé étrangement avec la spécialisation économique. Nous le verrions plutôt dans un

indicateur socio-territorial.

Nous pouvons nous interroger sur la pertinence d’utiliser la méthode IDEA pour une

exploitation aussi atypique. En effet le rôle que joue la fondation est souvent pointé du doigt. Une

interprétation des résultats en profondeur est nécessaire pour juger de la réelle durabilité de

l’exploitation.

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Le bocage Normand dans le Vexin

II. Etude des paysages à Villarceaux

La prise en compte du paysage en agriculture est de plus en plus un facteur laissé au second plan.

Les changements territoriaux provoqués par l’évolution des pratiques agricoles ont amené à

spécialiser les territoires dans ce que leurs potentiels agro-écologiques et culturels des années 60

semblaient le plus prometteur.

1. Le changement de paradigme

Les territoires du centre de la France,

bénéficiant de sols profonds, ont été profitables

à une agriculture productrice de céréales et

donc d’un paysage d’openfield. Ce type de

paysage caractérise une agriculture mécanisée

et consommatrice en intrants. Pour aller plus

vite, les agriculteurs ont utilisé des machines de

taille de plus en plus importante et qui

requièrent de plus en plus d’espace pour

rentabiliser leurs entrées dans les parcelles.

Ainsi, l’abattage de haies a été systématique et

nous offre aujourd’hui ce paysage de champ ouvert.

Depuis les années 60, il s’est donc installé un schéma territorial de production, un paradigme où l’on

exclut le paysage de l’avenir agricole. La chimie permettant de se passer des niches écologiques que

sont les haies, les prairies ou les bandes enherbées, ces éléments ont été radiés du paysage du

centre de la France.

Les membres de la Fondation pour le Progrès de l’Homme et les premières équipes chargées de

l’aménagement du domaine de Villarceaux ont été confrontés à un nécessaire changement de

paradigme. L’agriculture céréalière œuvre dans un paysage qu’elle a modelé. Ce paysage a été créé

pour et par une agriculture qui n’est pas soutenable. Dans la recherche de durabilité de la ferme

reprise sur le domaine de Villarceaux, la gestion locale du paysage a donc été remise en question. Un

nouveau changement de paradigme

a été effectué pour modeler le

paysage à une agriculture durable.

Ce changement s’est traduit par

la réimplantation de haies, la mise en

place de bandes enherbées entre

certaines parcelles et la

réintroduction de l’élevage sur le

domaine de Villarceaux impliquant ici

l’intégration de prairies dans les

rotations de cultures.

Paysage d'openfield en sortant de Villarceaux

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2. Une agriculture durable, de nouvelles interactions

Les agriculteurs ont donc considéré l’exploitation agricole de la Bergerie dans son paysage en

mettant en relation les enjeux impliqués par un type de paysage avec ceux de l’agriculture durable

(niches écologiques pour les prédateurs des ravageurs des cultures, augmentation et préservation de

la biodiversité, …).

De plus, nous avons observé

qu’un ensemble d’interactions a

découlé du remodelage du paysage.

D’une part, l’arrivée des animaux dans

le paysage de la ferme de Villarceaux

y a apporté sa pierre. On peut

observer sur cette photo par exemple

une taille des arbres par les vaches qui

leur confèrent un aspect géométrique

jouant un rôle dans l’appréciation

visuel de cette prairie. De plus, la

présence de ces arbres permet

d’apporter un ombrage aux animaux

lors des périodes estivales.

D’autre part, une autre mise en relation qui a été observée suite à la modification du paysage du

domaine de Villarceaux est celle entre l’agriculture et les résidents. Ce phénomène met le paysage en

avant comme interface où évolue un nombre important d’acteurs différents avec des attentes qui

peuvent parfois être divergentes.

Les habitants de la ville de Paris ou des villes plus proches, contents de revoir (enfin ?) des

arbres, des haies et des animaux dans le paysage d’openfield observable avant, viennent randonner

le long des chemins bordant les parcelles du domaine de Villarceaux. Ceci redéfinit le rôle de

l’agriculture dans la gestion du paysage. Peut-elle continuer de modifier le paysage agricole à des fins

productives et coûteuses en intrants (ce qui est observable dans le Grand Ouest de la France où les

haies sont encore arrachées au profit de deux rangs de maïs)? Où doit-elle jouer un rôle

multifonctionnel comme la demande sociale le laisse entendre ?

L’agriculture possède la majorité du territoire français mais le territoire rural étant aujourd’hui

peuplé d’une minorité d’agriculteurs, les questions de relations entre les acteurs des populations

rurales sont indispensables à poser.

Dans ce cadre, des aménagements sont faisables à chaque niveau de la part des agriculteurs.

Prenons l’exemple de la ferme du Chemin Neuf. Nous soulignons l’effort fait pour entretenir les

chemins, mettre en place un paysage esthétiquement agréable en remettant des haies, en

réintroduisant l’élevage. Cependant, tous ces aménagements ont pu être avant tout mis en place

pour des raisons agronomiques, pour faire de l’agriculture durable dans un paysage où cela est

faisable. Hors, ces dispositifs agro-écologiques favorisent également la venue des promeneurs

comme nous l’avons souligné.

Bosquet taillé par les vaches

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Afin de réconcilier le citoyen avec l’agriculture, autant lui donner une bonne impression de celle-

ci dès son arrivée. Nous pouvons imager ce propos avec la vue du corps de ferme et de son

environnement.

Le tas de tuiles visible sur la photo ci-dessus va être utilisé pour remblayer les chemins de

l’exploitation pendant l’hiver (ce service rendu sera discuté plus tard). Cependant, il est juste à

l’entrée de l’exploitation et terni le paysage. D’autre part, le pré verger, censé habiller un peu le

bâtiment, dont l’utilité pour des vaches rustiques peut-être discuté, est investi par du matériel de

culture et lui fait perdre son intérêt. S’ajoute à cela le fait que depuis la route, l’ensemble du

domaine est caché par la présence d’une haie. Il ne s’agit pas ici de l’arracher, mais éventuellement

d’y introduire des coupes permettant d’ouvrir le paysage sur le domaine et les prairies. Pour

terminer ce paragraphe sur une note positive, nous soulignons l’effort d’accueil en mettant à pâturer

trois vaches au début du chemin d’exploitation, en face des bâtiments, cela permet un contact direct

entre le promeneur et l’agriculture.

Face à ces constats, il semble que l’agriculture soit confrontée à un tournant dans sa façon

d’interagir avec le territoire. Des aménagements sont à l’œuvre et beaucoup sont à venir pour faire

de cette agriculture multidimensionnelle une agriculture durable. Cependant, cela pose le problème

du financement de ces aménagements et des efforts à faire de la part des agriculteurs.

3. Les nouvelles fonctions de l’agriculture ont un prix

On entend aujourd’hui que les agriculteurs doivent entretenir les paysages (origine du mot

paysan). Hors, l’entretien d’une haie prend du temps, sa valorisation productive n’est plus d’actualité

et son intérêt agronomique a été oublié par un grand nombre d’agriculteurs. L’intérêt direct des

agriculteurs pour l’entretien du paysage est donc très faible.

Cependant, l’expérience de Villarceaux montre qu’après 15 ans de travaux en agriculture

biologique et surtout après avoir adapté son paysage à son agriculture, les structures paysagères

contribuent au bon fonctionnement écologique de l’exploitation, « les maladies et les ravageurs, on

les regarde pas, on en a pas ! »(O. Ranke). Les structures paysagères mise en place depuis 15 ans font

désormais partie de l’outil de production, elles sont donc un investissement à long terme. Les haies

Pré verger avec le matériel de culture et vue sur les bâtiments d’élevage Tas de tuiles à l'entrée de la ferme

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et bandes enherbées sont des refuges pour les auxiliaires luttant contre les parasites des cultures.

Les arbres contribuent au bien être animal en apportant des zones d’ombre sur les parcelles pour les

périodes estivales. De plus, l’arbre peut être vu de nouveau comme une ressource et un

investissement à long terme. Il ne s’agit donc pas seulement d’un investissement favorable au retour

des promeneurs sur les chemins des exploitations du centre de la France.

Au sein des aides aux agriculteurs, il existe les CAD, Contrat d’Agriculture Durable (ex CTE),

traitant de la gestion durable du territoire. Ces contrats sont passés entre l’agriculteur, l’Etat et

éventuellement les collectivités territoriales. Ils visent à un aménagement durable du territoire, à

aller vers un changement de gestion du paysage. La grande limite de ces contrats est le suivi. Il n’y a

pas de cahier des charges dans le suivi des projets de CAD et leur mise en place. De plus, ce système

de subvention est contraignant pour les collectivités locales et les chambres d’agriculture dans son

suivi. Il se traduit par une contrainte globale, tant pour les agriculteurs que pour les collectivités plus

que par une avancée dans la gestion du paysage. Le bilan des CAD est donc un gaspillage de fonds

publics et une inefficience de l’initiative d’améliorer la gestion du territoire.

Les perspectives de la PAC 2013 laissent entendre que le second pilier sera plus soutenu par des

aides directes aux agriculteurs, et des subventions aux projets de développement rural type LEADER.

Cependant, la vision du second pilier de la PAC 2013 laisse le côté productif de côté et se concentre

sur la gestion du paysage en maintenant ce clivage premier et second pilier, laissant entendre que

gestion durable du territoire ne peut pas rimer avec gestion productive des espaces agricoles.

Il nous parait important de souligner que la gestion durable du paysage est pour l’agriculteur un

atout précieux à long terme. C’est donc dans son intérêt de reconsidérer son exploitation dans le

paysage. D’autre part, les acteurs bénéficiant des aménités rurales apportées par la plantation de

haies, la réintroduction de l’élevage, ne participent pas à l’investissement. Dans une optique de

cogestion du territoire, en y mêlant l’aspect agro-écologique productif avec l’aspect récréatif les

collectivités publiques locales pourraient contribuer à la transformation des paysages. Cependant,

une telle cogestion est difficile à borner car elle entend un chiffrage des externalités liées aux

paysages, à la biodiversité, à l’intérêt agronomique des haies et au bonheur de se promener le long

d’un chemin bordé d’arbres, de prairies, d’animaux et de cultures.

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Conclusion du chapitre 1

En conclusion de l’analyse de la Bergerie de Villarceaux, on se rend donc compte que cette

exploitation constitue un exemple de transformation écologique du territoire.

En effet, la ferme obtient ses meilleurs scores dans la méthode IDEA pour les indicateurs agro-

écologiques et participe au changement durable de la vision de l’agriculture dans une région de

cultures céréalières intensives. En quinze années de travail cette ferme a évolué vers une agriculture

totalement biologique basée sur l’association polyculture/élevage, accompagnée par la plantation de

haies et de bandes enherbées.

Les volontés de la fondation d’ouvrir la bergerie à un public le plus large possible et de partager

leurs expériences confèrent à la Bergerie une visée éducative et sociale. Le but de la fondation est

de réconcilier les citoyens (citadins majoritairement) avec l’agriculture en l’incluant dans un paysage

esthétiquement agréable et respectueux de l’environnement. L’aspect social de l’exploitation est

toujours en développement via la participation à des associations, le développement de la vente

directe et la contribution à l’emploi.

Cependant, bien que ces changements semblent être avantageux à long terme (efficience du

processus productif en augmentation constante), la conversion reste très onéreuse et ne parait pas

possible si rapidement sans un soutien extérieur. De plus, se pose la question de la durabilité et de la

reproductibilité de cette expérience puisque la Bergerie connait des problèmes de transmissibilité et

d’autonomie financière.

Nous allons donc dans un deuxième temps tenter d’analyser les vingt dernières années de

transition de la Bergerie. Dans un premier temps, il s’agit donc de réaliser une enquête auprès des

acteurs du territoire afin de connaitre leur perception de l’exploitation. Ensuite, nous regarderons

l’évolution de la durabilité de la Bergerie depuis 1992, notamment à travers la méthode IDEA.

Finalement, nous étudierons particulièrement la période de conversion de l’exploitation à

l’agriculture biologique.

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Chapitre 2 : Bergerie + 20

La Bergerie de Villarceaux a effectué de grandes transformations tant sur l'aspect agricole

(conversion à l'agriculture biologique) que sur la rénovation des bâtiments. En vingt ans, ce centre a

pris de l'importance dans le monde de l'agriculture biologique. Une nouvelle phase consacrée à la

valorisation de l'expérience de la Bergerie et à la promotion d'idées va débuter. La fondation et le

personnel de la Bergerie, porteurs de ce projet, souhaitent disposer d'outils pour prendre du recul et

questionner les choix qui ont été faits. En effet, les travaux de rénovations et la conversion en

agriculture biologique ont eu un coût économique non négligeable, une évaluation peut s’avérer

intéressante. Notons bien que cette étude concerne un changement onéreux et conséquent du

système agricole (implantation de haies et de bandes enherbées, introduction de l'élevage) et pas

uniquement la conversion à l'agriculture biologique.

Ces mutations au sein du domaine de Villarceaux ont eu un impact sur le territoire et les acteurs

locaux. Dans un futur proche, l’écocentre de la bergerie de Villarceaux va s’ouvrir au grand public.

Dans un objectif de communication, ses dirigeants souhaitent acquérir un regard critique sur

l’ensemble des changements opérés au sein du domaine. Pour répondre à ces enjeux, nous avons

réalisé trois études : une analyse des regards extérieur et intérieur sur Villarceaux, une étude sur

l'évolution de la durabilité du site selon la méthode IDEA et une analyse du coût de conversion à

l'agriculture biologique.

I. Villarceaux : quelle perception par les acteurs du territoire ?

Dans le cadre de ce projet, il nous a été demandé d’étudier l’évolution des vingt ans de transition

à la Bergerie de Villarceaux du point de vue :

d’acteurs du territoire extérieurs au projet. Pour cela, nous avons interrogé : deux

agriculteurs voisins du domaine de Villarceaux et deux membres du Parc Naturel Régional du

Vexin français.

d’acteurs historiques du projet de la Bergerie. Ainsi, nous avons réalisé des entretiens avec

deux salariés de la Bergerie, deux membres de la fondation et un membre de l’Ecosite de

Villarceaux.

Au cours de nos entretiens, nous avons rencontré quelques difficultés. Tout d’abord, le fait que

Baptiste Sanson, chargé d’animation à La ferme de Bergerie, ait pris les rendez-vous, a introduit un

biais lors des entretiens. En effet, certains acteurs étaient moins enclins à nous donner des

informations car ils savaient que nous étions commandités par le domaine de Villarceaux.

De plus, après la réalisation des entretiens, nous nous sommes rendu compte qu’il était

impossible de répondre à notre problématique principalement fondée sur l’évolution de la transition.

En effet, nous avons interrogé peu d’acteurs et seulement trois d’entre eux étaient extérieurs au

projet, ce qui nous a empêchés de traiter la notion d’évolution de manière objective. En outre, sur les

trois acteurs non impliqués dans La Bergerie, deux étaient sur le territoire depuis moins de 10 ans.

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Par conséquent, quand on leur posait la question de l’évolution, la seule différence qu’ils voyaient

était la pousse des haies. Par conséquent, nous avons décidé de répondre à la question suivante :

Quelle vision ont les différents acteurs du modèle actuel de Villarceaux, dans son territoire et dans la

société ?

Dans une première partie, nous nous intéresserons à l’intégration de Villarceaux dans son

territoire. Ensuite, nous nous poserons la question du véritable rôle de La Bergerie. Pour finir, nous

traiterons la thématique de la durabilité et de l’avenir de Villarceaux.

1. Villarceaux dans son territoire

1.1. Qu'est-ce que Villarceaux selon les personnes rencontrées ?

Villarceaux se veut avant tout un centre de réflexion et d’engagement sur le développement

durable. Ce projet a pour but d’ouvrir les esprits, de prôner un idéal. L’EARL du Chemin Neuf est une

société indépendante financièrement, il s’agit donc d’une exploitation agricole à part entière,

intégralement convertie en bio depuis 2003. Cependant, le soutien de la fondation Charles Leopold

Mayer pour le progrès de l’Homme permet à l’EARL de prendre plus de risques, d’expérimenter,

d’investir, de rénover, ce qui n’est pas possible pour la plupart des exploitations. Cette ferme n’a

donc pas pour vocation d’être calquée telle qu’elle. D’après Olivier Ranke, la ferme de la Bergerie

n’est pas un exemple à suivre, mais plutôt un prototype, qui permet de tester de nouvelles pratiques.

1.2. Quelle perception du territoire en ont ses acteurs ?

1.2.1. Définition

Le domaine de Villarceaux est entièrement situé sur le Parc Naturel Régional du Vexin

français. Toutes les exploitations inclues dans le périmètre du PNR partagent donc des

caractéristiques et des enjeux communs. En réalité, le PNR incite simplement les agriculteurs à

adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement et du paysage, mais n’a pas le pouvoir

d’imposer quoi que ce soit. Cependant, les agriculteurs qui ont des terres sur le parc se sentent liés,

plus concernés par des mesures environnementales, l’implantation de haies, etc… Nous avons donc

choisi de prendre les limites du PNR pour définir notre territoire d’étude, d’autant plus que les huit

personnes rencontrées se trouvaient sur le territoire du parc et se reconnaissaient donc dans cette

entité géographique.

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38

Localisation du domaine dans le PNR

1.2.2. Caractéristiques du territoire

La présence de Paris à 50 km influence fortement le territoire. De nombreux citadins sont

venus s’installer à la campagne et ont donc des exigences nouvelles vis-à-vis de l’agriculture. Chaussy

compte aujourd’hui 50% de néo ruraux, qui « veulent venir à la campagne sans les inconvénients de

la campagne », témoigne un agriculteur. Ceci engendre des conflits d’intérêts, mais permet aussi de

donner une nouvelle dynamique à l’agriculture locale. En effet, cette population est particulièrement

sensible au lien client-producteur, ce qui permet un développement important de la vente directe,

de visites à la ferme, d’activités pédagogiques,…

1.3. Villarceaux dynamisant son territoire

Dans sa démarche de développement durable, le domaine de Villarceaux a donc décidé de

s’ancrer dans ce territoire. Cet ancrage local se traduit par des choix au niveau de la

commercialisation des produits de la ferme et au niveau de la diffusion au grand public des

innovations techniques.

1.3.1. Par la commercialisation

Villarceaux dispose sur son site d’un espace de commercialisation pour les produits de la

ferme. 70% de la production de viande de la Bergerie est ainsi vendue sur le site même en vente

directe. Les 30% restant sont vendus par le biais de la coopérative « Saveurs du Vexin », autre forme

de vente en circuit court. De plus, une part, certes restreinte, des céréales est elle aussi vendue en

circuit court. Cette intégration dans le local est renforcée par la production de paniers dans le cadre

d’une AMAP (pour les produits issus du maraichage) et par l’approvisionnement du restaurant situé

sur le domaine.

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1.3.2. Par la formation et l’accueil du public

Si la commercialisation en vente directe permet de recréer des liens

consommateurs/agriculteurs ou tout du moins de favoriser le commerce local, les activités

d’information et de sensibilisation du domaine permettent, elles, de toucher un public différent et de

manière plus formatrice.

Lors des rénovations, le domaine a choisi d’aménager des espaces d’accueil (chambres, gites,

restaurant, futur camping,…) afin de créer un environnement propice à l’échange. Le domaine peut

donc ainsi accueillir des classes pour des séjours scolaires, des familles pour du tourisme vert et des

entreprises ou organismes agricoles pour des séminaires ou de la formation.

1.3.3. Par l’agriculture

Malgré sa volonté de s’intégrer dans le local, on peut remarquer que l’agriculture en elle-

même est beaucoup moins ancrée dans le territoire que les thématiques évoquées précédemment.

En effet, peu d’agriculteurs du territoire viennent sur le domaine pour s’informer et voir ce qui s’y

passe. La diffusion du savoir se fait donc essentiellement vers le grand public ou vers des organismes

techniques nationaux. De plus, au vu de l’absence d’abattoir biologique dans le département, la

ferme doit emmener ses bêtes plus loin pour les abattre. Or, par affinité, la Bergerie a choisi un

abattoir relativement loin du territoire, rompant ainsi avec son intégration locale.

2. De nouvelles pratiques agricoles à diffuser ?

2.1. Pratiques agricoles et perception

L’EARL du Chemin Neuf est une exploitation agricole atypique qui a introduit l’élevage dans

une plaine céréalière. Elle a également un lien très fort avec la fondation pour le Progrès de

l’Homme. Cette exploitation est parfois perçue comme un « exemple » de polyculture élevage.

Pourtant, le fait que cette exploitation soit en bio peut être vu comme un frein à la comparaison.

Les expérimentations effectuées sur le site de Villarceaux peuvent être initiatrices d’essais

chez d’autres agriculteurs de la région. Les agriculteurs apprécient le fait que des essais soient

réalisés sur le site, leur évitant ainsi de prendre eux-mêmes les risques tout en garantissant des

résultats s’ils les demandent. Concernant les cultures, l’expérimentation de la Motte suscite de

nombreux intérêts. Les agriculteurs curieux ou parfois même dubitatifs en attendent les résultats.

Ces expérimentations font l’objet de remise en question et d’interrogations de la part des voisins et

peuvent être à l’origine de changements. Cependant, dans un contexte familial et historique marqué,

ces changements ne sont pas toujours évidents.

Cette exploitation emploie deux personnes, l’une d’entre elle est à mi-temps et possède sa

propre exploitation. Elle a adapté sa façon de travailler la terre aux techniques acquises lors de son

travail sur l’exploitation du Chemin Neuf.

De nombreuses haies ont été replantées (9 km au total) dans un paysage d’openfield.

Certains voient ces changements comme de bonnes choses car les haies sont des réservoirs

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d’auxiliaires ou encore des abris pour le petit gibier. Cependant, certains reprochent aux haies de

couper le paysage et de cacher ce qu’il y a derrière. Des haies sont tout de même replantées à

l’initiative d’agriculteurs dans leur exploitation.

Dans le même esprit, une parcelle en agroforesterie a été plantée dans l’exploitation agricole

du Chemin Neuf. Les arbres sont encore petits et il est difficile de prendre du recul. Cependant, des

questions subsistent : quelles seront les compétitions avec les cultures? Comment entretenir les

bandes enherbées sous les arbres ? etc… De plus, l’introduction du robinier pose des problèmes car

ce n’est pas une essence locale et certains s’inquiètent de sa dissémination dans le milieu alentour.

Enfin, même si cette exploitation inspire certains agriculteurs, elle est loin de faire

l’unanimité dans le monde agricole. Cette ferme, par ses pratiques biologiques et son lien à la

fondation, n’est pas reproductible : c’est ce que lui reprochent les agriculteurs et ce qui les freinent à

s’y intéresser.

2.2. Diffusion et échange avec les autres agriculteurs

Le centre de Villarceaux, s'il s'inscrit dans une dynamique territoriale, est plus tourné vers

une communication nationale voire internationale. La communication liée au centre est efficace dans

le monde de la Bio (Olivier Ranke étant impliqué dans l'ITAB), elle est en revanche moins bonne

auprès des voisins, ce qui, selon les salariés de l’EARL, serait volontaire.

Pour les acteurs extérieurs, ce manque de communication apparent est parfois perçu comme

un repli et un certain manque de transparence sur l'organisation interne du site. Cette zone d'ombre

donne une connotation sectaire à Villarceaux et rend les voisins méfiants. De plus, l'étiquette Bio de

la ferme focalise les agriculteurs conventionnels qui sont un peu rebutés par cet aspect. Ils se sentent

également peu concernés par l'agriculture biologique. Le fait que les voisins soient peu informés sur

Villarceaux et son organisation tient sûrement beaucoup de cet aspect « bio » qui les touche peu. Par

exemple, lors de la manifestation sur l'Arbre Champêtre organisée à Villarceaux, beaucoup

d’agriculteurs invités ne se sont pas sentis impliqués car cela était associé pour eux à l'agroforesterie.

Un agriculteur précise pourtant : « Les portes ne sont pas fermées là-haut, c'est à nous de venir ».

Cependant, la vision du centre de Villarceaux a évolué. D'une apparence de « hippies » un

peu utopistes et totalement éloignés de la réalité, le centre est passé à un lieu de réflexion de

« bobos ». Il a ainsi gagné en crédibilité puisque les acteurs extérieurs sont tous intéressés par les

essais réalisés à la ferme, et notamment ceux des parcelles de La Motte et les essais d'agroforesterie.

Olivier Ranke est perçu comme un bon chef exploitation, qui obtient des résultats honorables en

agriculture biologique.

Ainsi, Villarceaux est à la fois une exploitation agricole et une plateforme expérimentale. Le

domaine s'intègre plus dans une dynamique internationale que locale, et est séparé de ses voisins

agriculteurs par l'aspect « bio ». Malgré tout, les essais intéressent les voisins et on pourrait imaginer

que Villarceaux devienne un centre de formation en techniques alternatives. Dans ce contexte, les

acteurs s'interrogent sur la durabilité et l'avenir de Villarceaux.

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3. Durabilité et avenir de Villarceaux ?

3.1. Critères de durabilité

La durabilité du domaine réside principalement dans la diversification de ses activités.

Cela peut se voir, tout d’abord à travers l’exploitation. En effet, la ferme de la Bergerie est en

production polyculture-élevage. Par conséquent, la vente d’animaux permet d’augmenter la valeur

ajoutée. De plus, le nombre d’espèces différentes cultivées est largement plus important que celui

des autres exploitations céréalières du PNR. Ainsi, la ferme est moins dépendante des fluctuations du

prix des céréales. Par ailleurs, son rôle important dans l’expérimentation (agroforesterie et essais de

conduite de culture sans apport de matière organique) est l’occasion d’avoir des contacts avec

différentes structures telles que l’ITAB, Arvalis… et de pouvoir bénéficier d’une information à la

pointe. Son rôle dans la commercialisation en circuit court est aussi important puisque cela assure

des débouchés pour les produits de l’élevage via la coopérative, ou via la vente directe.

La diversification peut aussi se voir au niveau de l’ensemble du domaine. Tout d’abord, la

rénovation des anciens bâtiments en hébergements permet d’accueillir des groupes très variés

(étudiants, professionnels, scolaires,…) pour d’éventuels colloques, conférences, découverte du

monde rural… Le domaine illustre ici sa fonction d’éducation et de diffusion de connaissances.

Pour finir, la fonction culturelle du domaine est assurée par la présence de châteaux. Le lien

avec l’exploitation n’est pas encore clairement affiché mais l’aménagement futur d’un chemin entre

les châteaux et la ferme permettra une synergie entre les deux sites.

3.2. Perception de la durabilité du domaine de Villarceaux

Pour la plupart des personnes extérieures interrogées, la question de la durabilité de

Villarceaux se pose avant tout au plan économique (à nuancer étant donné le faible nombre

d’entretiens réalisés).

Le domaine de Villarceaux appartient à la fondation Charles Leopold Meyer, qui a financé des

infrastructures telles que les bâtiments de l’exploitation et la transformation des anciens bâtiments

d’exploitation en hébergement. De ce fait, les agriculteurs interrogés pensent que l’exploitation

agricole située sur le domaine n’est pas viable économiquement.

Par ailleurs, le fait que la ferme de la Bergerie soit en agriculture biologique pose des

questions. La bio est-elle un mode de production durable ?

Malgré ces questions soulevées, et s’il parait évident que l’exploitation ne pourrait pas avoir

la dimension qu’elle a actuellement sans la fondation, il semble raisonnable de dire que la ferme de

la Bergerie a de grandes chances de perdurer, notamment grâce au soutien financier durable qu’elle

reçoit.

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3.3. Avenir de Villarceaux

Pour tous les acteurs enquêtés, l’enjeu principal de l’agriculture est le même : nourrir la

planète dont la population ne cesse d’augmenter. Pour répondre à cet enjeu, les réponses sont

différentes. Les agriculteurs pensent qu’il faut augmenter la production en conservant les méthodes

actuelles et y intégrer plus de technologie. Quant aux acteurs travaillant sur le domaine de

Villarceaux, ils prônent plutôt des pratiques plus locales, fondées sur une agriculture biologique et

une formation tant des Pays du Sud que des agriculteurs du Nord.

Par ailleurs, Villarceaux dans le futur est vu comme une plate-forme d’expérimentation dont

les autres agriculteurs pourraient s’inspirer pour raisonner leurs pratiques. Plus spécifiquement, le

Parc Naturel Régional pense qu’il pourrait être un intermédiaire pour vulgariser les pratiques

expérimentées à Villarceaux. Dans ce cas, il faudrait bien définir les rôles avec Arvalis et l’ITAB.

Villarceaux est une structure complexe qui s'intègre à son territoire, le Vexin, de différentes

manières. Par son rôle de formation et de sensibilisation du public à l'écologie et à l'agriculture

biologique, la Bergerie participe d'une dynamique nationale et internationale. Le centre est aussi

intégré au territoire du Vexin par la vente directe et les circuits courts. On peut noter un décalage

entre la perception extérieure et la volonté propre de Villarceaux. En effet, les acteurs extérieurs

voient le centre comme une structure fermée car tournée vers l'agriculture bio, alors que Villarceaux

se veut un centre de réflexion et d'expérimentation d'une nouvelle agriculture. Par ailleurs, les

nombreux financements de la fondation concernant les bâtiments rendent la ferme peu durable et

non transmissible pour les acteurs extérieurs. Depuis 2002, des groupes d'étudiants se sont penchés

sur la question de la durabilité de la ferme de Villarceaux, à l'aide de la méthode IDEA. La partie

suivante présente l'évolution de cette étude.

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II. Etude de la durabilité de l’exploitation depuis 1992

Cette partie vise à caractériser la durabilité de l’EARL du Chemin neuf (Bergerie de Villarceaux) à

partir des principaux diagnostics élaborés à la Bergerie depuis 1992.

1. Etat des lieux en 1992

Nous avons essayé d’établir un état zéro de la situation de l’exploitation agricole en 1992.

Surface

La surface de l’exploitation en 1992 est d’environ 370 hectares. L’agriculture est de type

conventionnel, bien que quelques essais en agriculture biologique aient été effectués dès 1988.

On ne retrouve qu’une seule parcelle en agriculture biologique en 1992. Ceci s’explique par

le fait que ni le chef de culture, ni le régisseur ne croyaient à l’agriculture biologique. Ils se

contentaient d’appliquer les « ordres » de la hiérarchie (conseil de la fondation). Aucune nouvelle

pratique culturale adaptée n’avait été mise en place et les parcelles en agriculture biologique étaient

reléguées dans les zones les moins fertiles rendant d’autant plus difficile ce type d’agriculture.

Assolement

Carte des assolements de l’exploitation de la Bergerie de 1991 à 1993

En 1992 on retrouve majoritairement du blé, du pois et du maïs. Colza, orge, escourgeon,

tournesol, avoine et luzerne sont également cultivés.

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Diversité des cultures

Globalement la diversité culturale n’a cessé d’augmenter de 1992 jusqu’en 2010, où il y avait

17 espèces cultivées différentes. Cette diversité s’incrit dans la démarche de durabilité de

l’exploitation puisqu’une rotation longue et diversifiée préserve les sols et ralentit les bioagresseurs.

Surface de la principale culture annuelle

La SAU totale étant restée la même, l’augmentation du nombre d’espèces cultivées s’est

accompagnée d’une diminution de la surface de la principale culture annuelle.

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

1 9 9 2 - 9 3

1 9 9 3 - 9 4

1 9 9 4 - 9 5

1 9 9 5 - 9 6

1 9 9 6 - 9 7

1 9 9 7 - 9 8

1 9 9 8 - 9 9

1 9 9 9 - 2 0 0 0

2 0 0 0 - 0 1

2 0 0 1 - 0 2

2 0 0 2 - 0 3

2 0 0 3 - 0 4

2 0 0 4 - 0 5

2 0 0 5 - 0 6

2 0 0 6 - 0 7

2 0 0 7 - 0 8

2 0 0 8 - 0 9

2 0 0 9 - 1 0

2 0 1 0 - 1 1

2 0 1 1 - 1 2

N o m b r e d e c u l t u r e s

Nombre de cultures différentes

NbreCultureHorsMotte

NbreCultureMotte NbreCulturesSpécifiqueMotte NbrTotalCulturesDifférentes

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Lorsque le blé était la principale culture annuelle, il représentait entre 40% et 50% de la

surface assolable. Depuis que l’essai de la Motte a été mis en place (2001), la prairie temporaire

constitue la principale culture annuelle et représente 30% de la surface assolable, ce qui est plus

favorable à la durabilité agronomique.

Prairie permanente

La prairie permanente représente environ 7% de la SAU jusqu’en 2009, puis 13.5%. Ces

dernières années, les effets de la mise en place de prairies permanentes sur la fertilité et l’érosion

des sols se sont donc renforcés.

Apports d’intrants

En 1992, les apports d’intrants sont élevés et représentent environ un tiers des charges

agricoles de l’exploitation.

Cheptel

Il est composé de 82 ovins en 1992.

2. La transition en agriculture biologique en 1995

Sous l’impulsion de la SCAMME (coopérative locale) porteuse d’une demande en produits bio et

du Parc Naturel Régional du Vexin soucieux de voir l’agriculture biologique se développer, la Bergerie

accepte de s’engager. Elle sera d’ailleurs la seule exploitation de la zone à s’orienter dans cette voie.

L’exploitation va alors pouvoir s’accorder avec l’idéologie proposée par la fondation de

développer une agriculture durable puis biologique.

Trois ingénieurs agronomes vont repenser le fonctionnement et le parcellaire de l’exploitation.

Ils décident de mettre un système de polyculture élevage. Une zone sera spécialement dédiée à la

culture en agriculture biologique : le domaine de la Motte. Les champs seront morcelés en plus

petites parcelles rectangulaires de 7 à 8 hectares, plus pratiques à exploiter (passage d’engins facilité,

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travail calculé à la journée). De nouvelles rotations vont être mises en place sur huit ans.

L’importance du paysage sera aussi intégrée lors de l’élaboration du nouveau plan parcellaire.

La valorisation de la matière organique ainsi que l’utilisation de cultures fixatrices d’azote sont un

point central du système. En effet, les apports d’azote sous forme minérale ne sont plus possibles.

C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’un cheptel bovin d’environ 80 têtes est intégré à l’exploitation. Il

permet de valoriser les prairies permanentes mais aussi d’apporter des matières organiques

nécessaires aux grandes cultures. En outre la production de viande reste une source monétaire non

négligeable.

3. Utilisation des indicateurs IDEA au cours de l’évolution de la Bergerie

Plusieurs indicateurs tirés de la méthode IDEA3 ont été sélectionnés puis mis en application à

différents moments clés de l’évolution de l’exploitation. Ils ont pour but d’évaluer la durabilité de

l’exploitation.

Année 1992

Indicateur A3 : Diversité animale

Le troupeau d’ovins a été introduit en 1978. En 1992, il y avait 100 têtes d’ovins.

Note de l’indicateur : 5 /14

Indicateur A8 : Zone de Régulation écologique

En 1992, l’exploitation agricole est entourée de 5km de lisière de forêt et de bosquet et 4,6km de

haies bordent les champs. Le domaine ne présente aucun point d’eau, aucune prairie sur zone

inondable, aucune terrasse ni muret entretenus.

Méthode de calcul ZRE :

Tableau : calcul ZRE

Type de surface de biodiversité Equivalence en surface de biodiversité (SB)

Bandes enherbées 0

Linéaire de haies 4,5 km => 4,5 ha de SB

Lisière de bois et bosquets 5 km => 5 ha SB

Alignements d’arbres 78,4 km => 0,78 ha SB

Vergers hautes-tiges 0

Arbres isolés 0

Total 10,28 ha SB

ZRE= SB/SAU=10,28/370,4=0,026 2,6%

2,6% de ZRE est caractéristique d’un milieu simplifié et sensible à une pression parasitaire.

Note de l’indicateur : 2 /12

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Année 1996

Indicateur A3 : Diversité animale

En 1996, 17 vaches allaitantes de race Salers ont été introduites. Deux points s’ajoutent donc à la

note de 1992. Le cheptel de 100 ovins est conservé.

Note de l’indicateur : 7 points

Indicateur A 14 : Pesticides

En 1995/1996, la Pression Polluante est de 9,99 : 1 point

Il n’y a pas de dispositif de rinçage des cuves pulvérisateurs car il n’existe pas de dispositif de

réglementation : - 3 points

Note de l’indicateur : 0 point

34 produits phytosanitaires ont été utilisés pour la récolte 1996. Selon la réglementation

actuelle, la plupart de ces produits phytosanitaires étaient toxiques et certains ont été retirés du

marché (Pluton, Quartz, Isoproturon).

Indicateur B1 : Démarche de qualité

Avant le passage en agriculture biologique de l’exploitation, il n’y avait aucun label lié au

territoire ni au process.

Note de l’indicateur : 0 point

Synthèse de l’évolution des indicateurs

1992 1996 2005 2010 Maximum possible

A3 5 7 13 12 14

A8 2 - 12 11 12

A14 - 0 10 13 13

B1 - 0 7 7 10 Tableau : récapitulatif des indicateurs calculés

Pour ces quatre indicateurs la durabilité s’améliore au cours des années. On suppose que cette

évolution se retrouve pour la plupart des indicateurs. Il serait intéressant de rechercher le maximum

de données possibles dans les archives pour pouvoir les calculer.

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4. Etude de la durabilité de l’exploitation de 2002 à 2011

De 2002 à 2011, nous avons étudié l’évolution de la durabilité de l’exploitation du Chemin Neuf

grâce à la méthode IDEA (les données de 2003 sont seulement disponibles en partie).

Le tableau suivant retrace l’évolution des trois échelles de durabilité.

Le contenu de la méthode a changé au cours du temps, affinant les indicateurs afin de mieux

évaluer la durabilité des exploitations.

On constate dans un premier temps que l’échelle de durabilité agro-écologique est stable au

cours des années et plafonne à 100 points.

L’échelle de durabilité socio-territoriale varie légèrement : son score semble augmenter

jusqu’en 2005 puis diminuer jusqu’en 2011 ; en effet, sur cette décennie, sa moyenne est de 82,6

points, avec un écart-type de 4,8 points.

Enfin l’échelle de durabilité économique est l’échelle qui connait les scores les plus faibles et

qui parait varier le plus : sa moyenne est de 33,7 points entre 2002 et 2011 et son écart-type de 10,1

points.

Il semble intéressant d’étudier les indicateurs qui font le plus varier ces échelles de

durabilité. Nous allons ainsi tenter d’expliquer ces variations au cours de trois parties, correspondant

chacune à une échelle de durabilité.

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4.1. Evolution des indicateurs agroécologiques

A partir des évaluations de 2002 à 2011 (manque l'année 2003), nous voulions construire

une série de graphiques sur les trois rubriques du volet agroécologique: diversité domestique,

organisation de l'espace et pratiques agricoles. La difficulté était d'en faire une synthèse facile à lire

et à analyser. Nous avons donc opté pour des histogrammes (un par rubrique), présentant la

participation en pourcentage de chaque indicateur au total.

Diversité domestique

Cette rubrique a toujours montré un score maximal (ou presque) depuis 2002. L'indicateur

« Diversité des cultures pérennes » a quant à lui fortement fluctué depuis 2002, mais devrait

remonter de façon stable depuis l'implantation de nombreuses parcelles en agroforesterie.

La forte hausse de l'indicateur

« diversité des cultures pérennes » est pour

grande partie du à la différence de traitement

du petit verger de 0,5 ha. En 2007, aucun

point ne lui est attribué, du fait de sa faible

surface, de son rôle décoratif et de son jeune

âge (pas encore de production fruitière

commercialisée). En 2008 et 2009, 8 points

sont attribués à l'indicateur, ce qui nous

semble excessif, et fait varier grandement sa

valeur. A partir de 2010, aucun point n'est

attribué au verger, ce qui nous semble une

évaluation réaliste.

Les indicateurs « Diversité animale », « Diversité des cultures annuelles et temporaires » et

« Valorisation et conservation du patrimoine génétique » ont toujours réalisé des scores élevés,

indiquant la très bonne maîtrise de la ferme de la bergerie dans ce domaine.

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50

Organisation de l'espace

On note plusieurs progressions fortes dans cette rubrique : « dimension des parcelles » était

notée 2 en 2002, et atteint 5/6 en 2011. De même pour la « gestion des matières organiques », au

score nul en 2002, qui atteint la note maximale en 2011.

Les autres indicateurs montrent des valeurs fortes depuis le début de l'application de la

méthode IDEA. Cependant un point de progrès est à noter concernant les « zones de régulation

écologiques » qui ont légèrement décroché depuis 2008.

La variation de l'indicateur de 2006 à

2007 est imputable à la disparition de deux

indices relatifs aux pelouses sèches et aux

bandes enherbées, entraînant une perte

importante de points. La fluctuation de

l'indicateur provient de l'apparition d'une

carte des sols, des milieux et de la

biodiversité, amenant un bonus de 3 points

à partir de 2008.

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51

Pratiques agricoles

Entre 2006 et 2007, la méthode IDEA passe de la version 2 à la version 3. Certains indicateurs

disparaissent quand d'autres apparaissent. On notera ainsi le départ des indicateurs « Traitement des

effluents », « Pesticides et produits vétérinaires » et « Bien-être animal » pour l'arrivée des

indicateurs « Effluents organiques liquides », « Pesticides », et « Traitements vétérinaires ». On

constate d'abord qu'avant 2007 la fertilisation a oscillé de 3/10 à 4/10; après 2007 celle-ci est plutôt

stable avec une note de 7/8 sauf en 2011 avec une baisse importante à 2/8. L'indicateur « Effluents

organiques liquides » est dans le prolongement de l'indicateur « Traitement des effluents ». Sa valeur

maximum était de 10 auparavant et passe à 3 aujourd'hui ce qui fait une différence importante en

termes de pondération. Avant 2007, cette note n'était jamais au maximum et oscillait entre 3/10 et

8/10. Elle l'est en revanche depuis cette date avec une note de 3/3. En ce qui concerne les pesticides

et les produits vétérinaires l'exploitation a toujours eu une note très élevée proche du maximum

possible que ce soit avant la division de cette indicateur en deux ou après. L'indicateur « Bien-être

animal » a complètement disparu après 2007 mais sa valeur oscillait entre 1 et 2 points sur 3 possible

avant cette date. Enfin les trois derniers indicateurs n'ont pas bougé suite au changement de version

et ont gardé le même maximum possible sauf pour l'indicateur « Dépendance énergétique » dont la

valeur maximum est passée de 8 à 10. Sur ces trois derniers indicateurs l'exploitation a toujours eu

soit la note maximale soit la note maximale diminuée d'un point: elle a donc toujours obtenu de très

bons scores par rapport à eux.

Concernant la rubrique des Pratiques Agricoles, les deux facteurs responsables des

fluctuations de ce sous-total sont les changements de notation entre IDEA 2 et IDEA 3 (certains

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Pratiques agricoles

Dépendance énergétique

Gestion de la ressource en eau

Protection de la ressource des

sols

Bien-être animal

Traitements vétérinaires

Pesticides

Pesticides et produits

vétérinaires

Effluents organiques liquides

Traitement des effluents

Fertilisation

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indicateurs vont même jusqu'à disparaître comme « Bien-être animal ») et la fluctuation des

indicateurs persistants sur l'ensemble de la période étudiée (c'est à dire ceux qui sont présents avant

et après 2007). On notera en particulier l'évolution de l'indicateur Fertilisation dont le graphique

représentant son score au cours du temps est présenté ci-dessous.

La baisse de 10 à 6 points entre 2005

et 2006 est due à une baisse d'azote employé.

En 2005 le résultat du bilan d'azote est de

moins de 20 kg d'N/ha contre 39 en 2006.

Malheureusement il n'y a aucune précision

sur l'obtention de ce score particulièrement

faible pour l'année 2005.

Pour le passage de l'année 2010 à

2011 on constate une grosse augmentation

au niveau des entrées en azote (on passe de

28045 alors que nous étions à 22307 kg d'N).

Il semblerait que cela soit dû à une surface

plus importante en légumineuses.

4.2. Evolution des indicateurs sociaux-territoriaux

Qualité des produits et du territoire

La composante qualité des produits et du territoire de l’échelle de durabilité socio-

territoriale diminue légèrement entre 2002 et 2011 (d’environ 30/33 à 25/33). Ce constat peut

s’expliquer par la diminution des notes attribuées au traitement des déchets non organiques et à la

valorisation du patrimoine bâti et du paysage. L’indicateur de démarche de qualité reste globalement

stable, de même que l’indicateur d’accessibilité de l’espace, et la note représentant l’implication

sociale est toujours maximale.

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La diminution de la note du

patrimoine bâti et du paysage peut s’expliquer

par la détérioration des abords de

l’exploitation. En 2010, il a été considéré que

la maison d’Olivier Ranke ne faisait pas partie

du bâti ancien et du petit patrimoine rural, ce

qui a contribué à diminuer la note (la maison

utilise des énergies renouvelables). Mais ces

critères sont difficiles à évaluer puisque

qualitatifs. Ils sont laissés à l’appréciation de

l’exploitant, ce qui explique les fluctuations

des notes, sans véritable tendance.

A partir de 2007, il n’y a

apparemment plus de tri sélectif, ni de

collecte collective, ce qui fait baisser la note

attribuée à la gestion des déchets organiques.

En 2010 on n’a plus de valorisation des

déchets, d’où un indicateur égal à 0.

Toutefois en 2011, l’exploitation obtient des

points pour le tri sélectif et la gestion des

déchets non organiques.

Emploi et services

La composante emploi et services comprend six indicateurs. On constate que son score

augmente progressivement de 2002 à 2005 (le score de « contribution à l’emploi augmente » avec

l’embauche de salariés), atteint un maximum en 2005 et 2007 (on peut expliquer la tendance à la

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baisse en 2006 à la fois par une diminution du nombre d’UTH par rapport à 2005 et par le fait que les

indicateurs ont changé en 2007 puisqu’on passe à IDEA 3) puis diminue lentement jusqu’en 2011.

La valorisation par filière courte a toujours été très bien faite, notamment par la vente à la

coopérative « Saveurs du Vexin » depuis 2005. La pérennité probable de l’exploitation n’a jamais été

remise en question.

Ce sont donc les indicateurs restants qui peuvent expliquer cette évolution. On constate en

effet que l’exploitation perd des points à partir de 2007-2008 dans les domaines suivants : services et

pluriactivité, et travail collectif.

L’indicateur services et pluriactivité n’a pas changé entre les méthodes IDEA 2 et 3. La

diminution de score qu’on observe est donc bien liée aux activités de la ferme. Il est en effet possible

que les travaux de rénovation de la bergerie, et donc des locaux d’hébergement, jouent sur cet

indicateur : en 2008, date de début des travaux, il diminue pour la première fois (les pratiques

d’insertion ou d’expérimentations sociales obtiennent la note 0), en 2009 c’est l’agrotourisme qui

s’arrête, jusqu’à ce que le caractère de ferme pédagogique ne soit plus reconnu en 2010. Avec la fin

des travaux, l’exploitation se voit réaccorder ses points de ferme pédagogique en 2011.

L’indicateur travail collectif perd quant à lui un point en 2010 et 2011 pour absence de mise

en commun des équipements et des services.

Le dernier indicateur, autonomie et valorisation des ressources locales, ne semble pas jouer

un grand rôle pour expliquer les variations de cette composante.

Ethique et développement humain

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La composante éthique et développement humain est composée de sept indicateurs. C’est une

composante stable depuis 2002 (variation de seulement 4 points si on exclut l’année 2008 dont le

plus faible score s’explique par l’intensité de travail jugée trop élevée par la femme d’Olivier cette

année là) et qui obtient chaque année un bon score (moyenne de 2002 à 2011 : 30,9/34).

Evolution des UTH de 1979 à 2011

Nombre d'UTH travaillant dans l'exploitation depuis 1979

Ce tableau récapitulatif des UTH de 1979 à 2011, met en évidence certains des évènements

clefs qui ont eu lieu sur l’exploitation.

1979 : M. Lecantes gère la ferme avec sa femme et Guy Mary.

1995 : Embauche des 3 ingénieurs agronomes.

2006 : Conversion de l’exploitation en EARL (Olivier Rank : chef d’exploitation)

Depuis 1992, la fondation « Charles Léopold Mayer » s’intéresse au domaine. Dans le but de

convertir cette ferme en un lieu de formation et de pratique de l’agriculture durable et biologie, 3

ingénieurs agronomes sont embauchés, ils gèrent l’ensemble des salariés pendant dix ans, ce qui

créait certaines tensions (voir archives interview). L’EARL a été créé en 2006 afin d’avoir un seul chef

d’exploitation.

Depuis 2005, on remarque qu’en plus des salariés, plusieurs apprentis sont formés sur

l’exploitation.

Aujourd’hui, on comptabilise 4 UTH (3 à plein temps, et deux à mi-temps).

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4.3. Evolution des indicateurs économiques

Nous avons choisi de réaliser des graphiques pour représenter l’évolution des indicateurs

économiques de 2002 à 2011 (il manque l’année 2003).

Le score total de durabilité économique varie entre 2001 et 2011 tout en restant dans une

échelle comprise entre 20/100 et 50/100. Ce résultat montre une faible durabilité économique. La

présence de la fondation comme soutien au financement de l’exploitation permet d’expliquer en

partie la faiblesse de ce score. Nous détaillerons les différents indicateurs composant la durabilité

économique afin d’étudier plus précisément leurs variations.

L’EBE rentre dans le calcul de plusieurs indicateurs. Un graphique représentant son évolution

permet donc d’apporter une première explication. L’EBE est un solde intermédiaire de gestion qui

varie beaucoup, une moyenne sur 3 ans permet de lisser ces variations.

-300000

-200000

-100000

0

100000

200000

Evolution de l'EBE(moyenne sur 3 ans)

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Viabilité économique

Viabilité économique : (EBE-Besoin de Financement) / UTH non-salarié

La viabilité économique traduit la capacité à rémunérer l’exploitant. La somme restante

après cette rémunération permet de générer une capacité d’investissement. On suppose que le

nombre d’UTH non-salariée reste stable au cours du temps. De 2001 à 2006, la moyenne de l’EBE sur

3 ans est négative, ce qui explique un indicateur de viabilité économique nul. Le score des trois

années suivantes est élevé, cela est du en partie au fait que la moyenne de l’EBE devient positive. Le

score nul de l’année 2010/2011 semble provenir d’un fort investissement pour l’achat de matériel.

Taux de spécialisation économique

Cet indicateur présente des évolutions importantes sur la période étudiée. Ces variations

sont difficiles à interpréter car elles dépendent de plusieurs facteurs comme le rendement ou le prix

des produits. Par exemple, le faible prix des céréales en 2009 explique en partie le score peu élevé.

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Autonomie financière

Dépendance Financière = ( annuités + Frais financiers CT) / EBE

Le résultat de l’année 2001/2002 ne semble pas correct. En effet, la moyenne de l’EBE étant

négative, il n’est pas possible d’obtenir un chiffre positif. De l’année 2003 à 2008, les explications des

fluctuations sont les même que pour la viabilité économique (lié à l’EBE).

Par ailleurs, d’après le rapport 2008, les frais financiers étaient nuls cette année là grâce aux

prêts à taux zéro accordés par la fondation. Les deux dernières années présentent une dépendance

financière maximale sûrement liée aux investissements de matériel.

Sensibilité aux aides

SA=aides/EBE

L’exploitation est très dépendante aux aides. Ce résultat est à relativiser dans la mesure où la

plupart des exploitations céréalières sont dans ce cas. Le résultat de l’année 2001 semble étonnant

car l’EBE était négatif. En dehors des évolutions de l’EBE, le montant des aides a également évolué au

cours du temps. Il serait intéressant d’étudier cet indicateur avant et après la conversion à

l’agriculture biologique. Cependant, les anciens bilans financiers ne détaillent pas les aides reçues par

l’exploitation.

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Transmissibilité économique

Transmissibilité = Capital d’exploitation / UTH

La transmissibilité de l’exploitation est nulle en raison de l’importance du capital

d’exploitation et particulièrement des bâtiments. La présence de la fondation et de ses financements

rend cette exploitation non transmissible dans le cadre d’une installation classique. Cet indicateur

était probablement le même avant 2001 et risque de ne pas évoluer.

Efficience du processus productif

Efficience= (Produits – Intrants) / Produit

La quantité d’intrants étant très réduite sur l’exploitation, cet indicateur présente des

résultats plutôt élevés. On observe tout de même des variations selon les années. Par exemple, il y a

eu une fuite de fioul, un achat de fourrages supplémentaires et une baisse du chiffre d’affaire en

2009 expliquant la réduction de l’efficience. L’efficience est un des indicateurs sur lesquels

l’exploitation peut obtenir des scores élevés, notamment en limitant les intrants au maximum.

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La durabilité économique avant la mise en place de la méthode IDEA

La méthode IDEA a été testée sur l’exploitation à partir de 2002. A partir des comptes de résultats

antérieurs à 2002, nous avons essayé de calculer l’indicateur d’efficience depuis 1992.

Pour le calcul des indicateurs de 1992 à 2001, nous avons pris en compte deux éléments du compte

de résultat : le chiffre d’affaire pour les produits et le montant des achats de marchandises et

approvisionnements pour les intrants. Ce calcul est restrictif mais nous avons fait ce choix compte

tenu de la différence de présentation des bilans financiers et du changement de statut juridique de

l’exploitation. Entre 1992 et 2002, l’efficience est majoritairement au-dessus de 15/25, ce qui

représente une efficience de plus de 50%. Il y a donc généralement une bonne valorisation des

ressources et des potentialités du milieu, indépendamment des intrants.

4.4. L’exploitation aujourd’hui

De nouveaux projets voient le jour. Ainsi un projet d’agroforesterie est initié en 2010. Il

permettra d’évaluer le potentiel de production de l’association entre arbres et grandes cultures.

Sur la partie céréaliculture, on dispose désormais de données sur les rotations de 8 ans et un

bilan va pouvoir être réalisé.

Chaque année cette exploitation sert de témoin à la méthode IDEA visant à caractériser la

durabilité des exploitations dans le monde actuel.

De plus cette exploitation joue aussi un rôle social en partenariat avec la fondation Charles

Leopold Mayer dans la sensibilisation du public à un nouveau type d’agriculture plus respectueuse de

l’environnement et plus durable.

Arrivée des trois ingénieurs

agronomes et début de la conversion en bio

Fin de la conversion en bio

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5. Critiques de l’étude réalisée

En ce qui concerne la première partie, il n’a pas été évident de recalculer des indicateurs de

la méthode IDEA : les données disponibles de 1992 à 2002 sont limitées et ne sont en plus pas

forcément les mêmes d’une année sur l’autre (données par exemple connues une année qui ne le

sont plus l’année suivante). Il serait intéressant de lister les données prises en compte dans le calcul

des indicateurs IDEA pour effectuer un travail de recherche plus efficace dans les archives.

Il existe également des limites à l’étude effectuée de 2002 à 2011.

Tout d’abord, la méthode IDEA existe sous trois versions au cours de la période étudiée :

IDEA 1 en 2002, IDEA 2 de 2003 à 2006, IDEA 3 pour la suite. Or, si certains indicateurs ont peu ou

pas changé entre ces différentes versions, d’autres ont considérablement évolué :

suppression/création d’indicateurs, réajustement des bornes des indicateurs, réajustement des

critères qui composent les indicateurs… La comparaison entre ces différentes méthodes est donc

parfois difficile. Il aurait été intéressant d’avoir le détail des composantes des indicateurs pour

chaque méthode.

Ensuite, la méthode IDEA est appliquée chaque année par un nouveau groupe d’étudiants. Il

peut donc exister des années qui ont été notées sévèrement, ou au contraire des années notées avec

plus d’indulgence, selon la sensibilité des évaluateurs. De plus, nous nous sommes rendu compte

qu’il manquait les détails de nombreux calculs dans les rapports précédents. Nous ne savons donc

pas toujours d’où viennent les chiffres et les éléments qui ont été pris en compte. Les variations

peuvent être simplement liées à des erreurs de calcul rendant l’interprétation difficile. Il serait donc

souhaitable que les futurs rapports détaillent les calculs pour faciliter les comparaisons.

Cependant cette étude nous parait très intéressante pour évaluer la durabilité de

l’exploitation et l’impact de ses pratiques au cours des années : la conversion en agriculture

biologique a-t-elle changé la situation de l’exploitation ? Cette étude n’est donc qu’une ébauche que

nous espérons voir prolongée.

Il serait par exemple intéressant de s’intéresser aux indicateurs en les déplafonnant,

notamment pour l’échelle de durabilité agroécologique qui atteint systématiquement depuis

plusieurs années la note maximale de 100. Cependant, le plafonnement est quasiment rendu

impossible en raison des différentes versions de la méthode IDEA.

Il pourrait également être intéressant, dans la mesure où les données sont encore

accessibles, de recalculer tous les indicateurs avec la troisième méthode IDEA. On aurait ainsi des

résultats comparables, exempt de la variation liée à l’utilisation de différentes méthodes IDEA. De

plus, il serait souhaitable que ces nouveaux indicateurs soient calculés par un nombre plus restreint

de personnes, afin de limiter l’effet lié aux changements d’évaluateurs.

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III. La transition vers une exploitation biologique

Dans cette partie nous essaierons d’identifier les grands axes de la transition de système agricole.

En effet, le passage à l’agriculture intégrée et biologique illustre un changement de démarche de la

part de l’agriculteur qui affectera l’ensemble des ateliers et des éléments de la ferme.

Il est important de chiffrer et d’identifier ces éléments de la transition car le domaine de

Villarceaux, 20 ans après sa création, s’oriente vers une activité de démonstration, de pédagogie et

de réflexion sur cette nouvelle conception du système agricole. Pour cela, les données comptables de

l’exploitation ont été analysées. Les manques à gagner et les investissements liés à la conversion en

bio, ainsi que l’évolution des charges et des produits ont été évalués, sur différents niveaux. Tout

d’abord, l’investissement lié à l’implantation de haies a été estimé. Une analyse comptable des

ateliers de productions végétales et animales a ensuite été réalisée pour la période 1990-2010, et les

impacts sur les coûts énergétiques des changements opérés sur ces ateliers ont été estimés. Enfin,

les conséquences économiques de cette transition ont été évaluées aux niveaux des aides publiques

perçues par l’exploitation, de sa main d’œuvre et de son capital social, ainsi que sur les externalités

qu’elle génère au niveau du territoire.

Ainsi, la partie qui suit permettra d’alimenter l’argumentaire de l’écocentre à propos de la

transition de système ; cette démarche est d’autant plus importante que l’implication de la fondation

Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme rend le cas de Villarceaux tout à fait atypique.

1. Repenser la gestion paysagère de la ferme

Il s’agit ici de considérer les haies et bandes enherbées de l’exploitation. Ces surfaces ont

augmenté considérablement pendant la conversion vers un système agricole durable. Les choix de

l’agriculteur pendant cette transition ont favorisé la mise en place d’un système polyculture-élevage

ovin et bovin. L’achat des premières vaches de race Salers en 1997 a amené une réflexion sur

l’aménagement du parcellaire. Des clôtures ont été mises en place pour maitriser le pâturage sur

l’ensemble des parcelles qui participent aujourd’hui aux rotations de 8 ans comprenant 4 ans de

prairies temporaires. Afin de développer les niches écologiques des auxiliaires, des bandes enherbées

et haies ont été mises en place. De plus, ces aménagements sont antiérosifs.

Détermination des surfaces des haies et bandes enherbées

La mise en place des bandes enherbées et des haies implique des surfaces de production plus

petites. Notre objectif est d’estimer la part financière perdue par ces aménagements.

Pour calculer le coût des aménagements des linéaires de haies et la perte occasionnée par les

bandes enherbées nous faisons les hypothèses suivantes :

Les haies ont une largeur moyenne de 2m et les bandes enherbées de 5 m.

La longueur totale des haies sur l’exploitation est la même que la longueur totale de bandes

enherbées.

Les haies non plantées représentent en moyenne 3,45 km de longueur

La longueur de haies (hautes ou basses) plantées est de 7390 m (annexe 2) soit au total 10 890

m de haies dans toute l’exploitation en comptant celles qui s’y trouvaient déjà. Ce couvert végétal

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(haies et bandes enherbées) représente 21 780 m. La surface en bandes enherbées est de 5.4 ha

tandis que celle des haies est de 2.2 ha ce qui fait une surface totale de 7,6 3 ha. Ces données sont

résumées dans le tableau suivant.

Dimensions des bandes enherbées et haies de l'exploitation

Longueur (Km) Surface (ha)

Haies plantées 7,4 1,48

Haies Total 10,9 2,18

Bandes enherbées Total 10,9 5,45

TOTAL 22 7,63

Détermination des coûts de plantation

Le coût financier dépend de plusieurs facteurs :

- l’achat et la plantation (ainsi que l’entretien)

- une diminution de la production due à la perte de surfaces agricoles

- de l’absence de droit aux DPU (les haies et bandes enherbées ayant été implantées avant le

droit aux DPU)

- un semi pour les bandes enherbées

Les coûts moyens de la plantation des 10,9 km de haies sont estimés à 200 000 €.Dans ce prix

sont inclus le prix du dossier, les plants, la protection (plastique) et les services (préparation du sol et

plantation). Les estimations sont inspirées de l’ouvrage « Les haies rurales », Fabien Liagre, Edition

France Agricole, 2006.

Nous supposerons que la moitié des bandes enherbées a été plantée au prix de 20 €/ha. Sachant

que la surface semée représente 2,7 ha alors le prix du semi revient à 54 €.

La marge brute sur les cultures de l’exploitation est estimée à 310 €/ha d’où une perte estimée à

2 365,3€ due à la présence des haies et bandes enherbées. De plus, ces espaces ne bénéficient pas

de primes, en particulier les DPU estimés à 350 €/ha d’où une perte en primes équivalente à 2 660

€.Ainsi, le manque à gagner lié à la non production sur les surfaces où sont présentes les haies et les

bandes enherbées s’élève à 5 025,3€.

Si ces aménagements étaient faits aujourd’hui, les surfaces alors perdues entreraient dans le

calcul des DPU.

Donc le coût total de l’aménagement de ce couvert végétal non exploité est 205 079,3 €. Ce qui

représente une somme importante. En évaluant ce coût d’un avis critique il est probable que des

économies auraient pu être faites et qui sont proposées dans la suite.

Avantages des ces espaces

Bien qu’il s’agisse d’un retrait de surface agricole cet espace est tout de même utilisé pour

développer des auxiliaires ce qui est avantageux pour le développement de la culture. Aujourd’hui

ces haies ont en moyenne 10 ans et sont bien implantées sur le territoire. Elles pourvoient un dépôt

de matière organique sur le sol grâce à de la chute de feuilles.

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Ce côté positif non quantifiable doit tout de même être considéré et fait partie des actifs

immatériels (externalités). Il serait préférable d’inclure cette trame verte comme élément constitutif

de la parcelle puisqu’elle apporte des bénéfices à celle-ci.

Par ailleurs, 100m de haies permettent de récolter en moyenne 11m3 de bois sec (résultats

obtenus sur une étude menée sur le pays de la Haute Mayenne : FDCUMA Mayenne, JPC, Octobre

2004). Ainsi, 10,9km de haies permettent de récolter 1199m3 de bois sec. A raison de 250kg au m3,

ces 1199m3 représentent environ 30 tonnes de bois sec, soit environ 9 500 litres de fuel. Ainsi, les

haies sur l’exploitation représentent une source énergétique non négligeable. Le bois récolté peut

ensuite être transformé en plaquette bois directement utilisable pour la chaudière présente sur le

domaine. Ces plaquettes bois peuvent également être vendus à l’extérieur et utilisées pour des

chaudières individuelles ou collectives.

D’autres changements ont eu lieu lors de l’aménagement paysager mais ceux-ci ne font pas

partie des la conversion en agrobiologique. C’est le cas d’une ouverture de paysage ce qui est un plus

pour le tourisme rural.

Dans ce paysage nouveau et complexe le système de culture annuelle ne peut se limiter à trois

espèces, il est nécessaire d’instaurer une diversité cultivée valorisant les interactions avec les

structures paysagères précédemment évoquées.

2. L’évolution du système de cultures annuelles

Introduction

Pour l’atelier productions végétales, le coût et les conséquences économiques de la

transition à l’agriculture durable ont été évalués ici par une analyse comptable. Les comptes de

résultats liés à cet atelier ont été examinés, avec le détail des intrants achetés chaque année et des

productions vendues après la récolte. L’analyse des résultats a ensuite été faite pour 3 périodes

caractéristiques : la période en agriculture conventionnelle (1990 – 1996), la période de transition à

l’agriculture biologique (1997 – 2002), et la période effective en agriculture biologique (2003 – 2010).

Un indicateur tiré de la méthode IDEA (C6) a par ailleurs permis d’évaluer l’efficience du processus

productif de cet atelier en fonction de ces 3 périodes.

Résultats

Le graphique ci-dessous illustre l’évolution du coût des intrants, des produits végétaux, et des

marges brutes (MB = Produit – Charges) entre 1990 et 2010.

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Analyse comptable : évolution des résultats économiques en productions végétales

1990 – 1997 : système conventionnel

On observe une forte chute des produits végétaux entre 1992 et 1993 (de 430 000 à 228 000

€), ce qui affecte directement la marge brute. N’ayant pas de données comptables précises pour

cette période, nous ne pouvons pas expliquer ici cette forte diminution.

De 1993 à 1997, les produits végétaux oscillent entre 150 000 et 280 000 € à l’année, et, les

charges liées aux productions végétales étant relativement stables sur cette période, la marge brute

varie donc également sur cette période, avec un minimum enregistré à 25 000 € en 1995.

Globalement, sur cette période où l’exploitation est en agriculture conventionnelle, on note

des charges liées aux productions végétales plutôt stables, entre 100 000 et 150 000 €/an, dont une

part importante (entre 60 000 et 100 000 €) est due aux intrants chimiques (engrais et produits

phytosanitaires). En ce qui concerne les produits annuels réalisés, on observe une grande variabilité

d’année en année, qui est difficile à expliquer ici en raison du manque de détails dans les comptes

sur cette période. Elle peut probablement être attribuée aux variations des assolements et donc des

types de cultures récoltées chaque année, aux variations des rendements et aux fluctuations des prix

sur les marchés agricoles.

1997 – 2003 : conversion à l’agriculture biologique

Cette période se caractérise par une augmentation progressive des surfaces cultivées en

agriculture biologique. La progression de la part des surfaces converties à l’agriculture biologique est

illustrée sur le graphique suivant. Pour une parcelle, la conversion se fait en 3 ans. Les indices C1 et

C2 de la légende correspondent respectivement aux pourcentages de surfaces cultivées lors des

première et deuxième années de transition.

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Conversion progressive des surfaces agricoles en Agriculture Biologique

Ainsi, lors des deux premières années de conversion, la parcelle est cultivée selon le cahier

des charges de l’agriculture biologique, et les rendements connaissent donc a priori une baisse, mais

les produits ne sont certifiés AB qu’au bout de la 3ème année, et ne sont donc valorisés dans le prix de

vente qu’à ce moment là.

Par ailleurs, la conversion s’accompagne d’une forte augmentation de la part des prairies

temporaires dans l’assolement : on passe de 27,4 hectares en 1997 à 140 ha en 2000. Ce

changement dans l’occupation du sol, couplé aux baisses de rendement, expliquent la diminution des

produits végétaux et de la marge brute lors de la période de conversion que l’on note sur la figure 1.

Entre 1998 et 2000, la somme des produits végétaux est passée de 219 000 à 77 000 €, soit une

diminution d’environ 150 000€.

Cependant, la conversion en agriculture biologique se traduit aussi par une baisse

progressive des apports en intrant chimiques (engrais et produits phytosanitaires), ce qui contribue à

réduire les charges de cet atelier, et a un effet positif sur la marge brute réalisée.

2003 – 2010 : Agriculture Biologique

A partir de 2003, la totalité des surfaces de l’exploitation sont exploitées et vendues en

agriculture biologique certifiée. L’analyse comptable montre que le coût des intrants liés à cet atelier

est stable lors de cette période, avec une moyenne annuelle de 30 449 € sur la période 2003 – 2010,

contre 105 778€/an sur la période de conversion (voir tableau n°1 ci-après). Ces intrants sont

essentiellement des semences et plants.

Si l’exploitation est certifiée AB à partir de 2003, c’est en 2005 que l’on constate une forte

augmentation des produits liés aux productions végétales. Ceci est expliqué par l’adhésion en juin

2005 de la ferme à la Coop Saveurs du Vexin, qui lui permet dès lors de valoriser au meilleur prix ses

productions, et notamment la farine de blé. De 2006 à 2008, les produits végétaux sont donc très

corrects et permettent à l’exploitation de réaliser des marges très satisfaisantes, supérieures à

200 000€. Cependant, les produits et les marges connaissent par la suite une nouvelle baisse en 2009

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et 2010, la marge brute retombant entre 120 000 et 130 000 € pour ces années là. Aux vues des

informations dont nous disposons, nous ne pouvons pas expliquer précisément ici les causes de cette

diminution, mais la baisse des prix sur le marché et/ou une diminution de la demande pourraient en

être responsables. Les résultats des années à venir permettront de voir si cette baisse est

tendancielle ou s’il s’agit d’un résultat exceptionnel du à des aléas divers.

Synthèse et discussion

Le tableau ci-dessous présente les moyennes calculées pour chaque période (conventionnel,

transition et agriculture biologique), de différents éléments indicatifs des performances

économiques de l’atelier productions végétales.

Conventionnel

1990 - 1996 Conversion 1997 - 2002

A.B. 2003 – 2010

Moyenne intrants (€) 105 778 60 774 30 449

Moyenne produits (€) 319 741 147 613 168 675

Efficience du processus productif ( = (Produits – Intrants) / Produits) 58,6% 53,2% 77,3%

Tableau présentant les moyennes calculées pour trois périodes, selon les systèmes d’exploitation, de différents

éléments indicatifs des performances économiques de l’atelier productions végétales

Globalement, on remarque donc que la transition à l’agriculture durable permet une

réduction importante des intrants apportés aux cultures, ce qui augments l’autonomie économique

de l’exploitation, et diminue son empreinte écologique.

Les produits connaissent une forte baisse lors de la conversion du système en biologique,

puisqu’ils passent d’environ 320 000€ en moyenne (90-96) à 148 000€ annuels en moyenne lors de

la période de conversion. Rappelons que cela est principalement dû à l’importante augmentation des

surfaces en prairies temporaires, et que ce manque à gagner au niveau des productions végétales est

donc en partie compensé par une augmentation de la production animale (vente de viande bovine)

permise par ce changement d’assolement. Les produits moyens augmentent à nouveau après 2003,

ce qui est principalement dû à la valorisation des produits végétaux grâce au label AB. Néanmoins, il

faudra être attentif à l’évolution future de ces produits, afin de s’assurer de la stabilité du système de

productions végétales.

Le calcul de l’indicateur C6 de la méthode d’analyse de durabilité IDEA a permis d’évaluer

l’efficience du processus productif de cet atelier. Il a été calculé pour chaque année, selon la formule

suivante :

Efficience = ((Produits – Intrants ) / Produits)

Cet indicateur traduit indirectement la capacité du système d’exploitation à valoriser (par des

produits) les ressources dont il dispose (ici, les terres de l’exploitation et la main d’œuvre sollicitée

principalement), en dépendant le moins possible des intrants extérieurs. Il exprime donc

indirectement l’autonomie économique et matérielle de l’exploitation.

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Dans la période où la ferme est en conventionnel, l’efficience se chiffre à 58,6% en moyenne.

Elle connaît par la suite une baisse lors de la transition (53,2%), ce qui est dû à la forte diminution des

produits enregistrée sur cette période. Puis, entre 2003 et 2010, l’efficience moyenne calculée est de

77,3%, ce qui constitue une augmentation considérable par rapport aux deux précédentes périodes.

Ainsi, il semble que le passage à l’agriculture biologique, bien qu’il nécessite une période de

conversion difficile, contribue par la suite à l’autonomie de l’exploitation vis-à-vis des intrants (seules

les semences sont achetées, il n’y a plus d’intrants chimiques). Une augmentation des produits

végétaux, par une meilleure exploitation des ressources (connaissance des terres, gestion des

adventices, fertilisation naturelle, etc.) et par une meilleure valorisation sur le marché (vente directe,

etc …) contribuent d’autant plus à cette autonomie.

Conclusion et limites

Ainsi, cette partie a permis de mettre en évidence les conséquences économiques du

passage de l’exploitation en agriculture durable, avec notamment la conversion à l’agriculture

biologique. Il s’est avéré que cette conversion a eu un impact négatif sur les produits réalisés par

l’atelier productions végétales, avec donc une diminution du chiffre d’affaires. Cependant, la forte

diminution des intrants et la diversification des cultures ont amélioré l’autonomie de l’exploitation,

ce qui est porteur de durabilité dans un contexte de fluctuations des prix sur le marché. Par ailleurs,

notons qu’il n’est pas absolument pertinent d’étudier la rentabilité du système de productions

végétales à lui seul, puisque une grande partie des surfaces utilisées sont cultivées en prairies

temporaires (environ 140 ha sur 370), qui servent à l’aliment du bétail, celui-ci étant bien valorisé

économiquement. La conversion à l’agriculture durable consiste aussi au passage d’une ferme aux

ateliers segmentés en une ferme-système, dans laquelle les ateliers fonctionnent en synergie pour

valoriser au mieux les ressources naturelles disponibles.

En outre, afin de préciser cette étude, d’autres points restent à aborder, qui n’ont pu être traités

ici par faute de temps. D’une part, le coût de la mise en place du système agroforestier doit être

évalué. D’autre part, les investissements matériels qui ont accompagné cette transition des

productions végétales en agriculture biologique doivent être chiffrés, ce qui n’a pas pu être fait ici.

On estime pour l’instant ce coût entre 15 000 et 25 000 €, en prenant en compte les achats de

différents types de matériels (herse-étrille, faucheuse, faneuse, andaineur). Cette liste n’est pas

exhaustive, et il est nécessaire de chercher les chiffres précis dans le cahier des immobilisations

corporelles de l’entreprise. Le coût de ces investissements matériels doit être pris en compte dans

l’évaluation du coût de la transition de la ferme du chemin-neuf vers une agriculture durable.

Les rotations longues, la nécessité de contrôler les adventices sans traitement chimique ainsi que

les transferts de fertilité dont le système de production en Agriculture Biologique a besoin, invitent

l’agriculteur à introduire l’animal : à adopter un système de polyculture élevage.

3. Inclure l’élevage dans le système de production

La transition vers un modèle agricole durable polyculture-élevage a entrainé des coûts et des

manques à gagner, mais a également généré des recettes. Dans cette partie, nous tenterons de

chiffrer au mieux le coût de cette transition en ce qui concerne l’atelier élevage.

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Certains coûts sont directement associés au respect du cahier des charges de l’agriculture

biologique, d’autres sont dû à la mise en application d’une agriculture durable basée sur le modèle

polyculture-élevage. Ainsi, l’achat du troupeau de Salers en 1997 ne rentre pas dans le cadre d’une

simple transition d’une agriculture conventionnelle vers une agriculture biologique mais bien traduit

bien un passage d’un modèle conventionnel vers un modèle de polyculture-élevage basé sur la

rentabilisation des prairies par des animaux de l’élevage.

Afin de chiffrer cette transition, plusieurs éléments ont été pris en compte :

l’achat du cheptel de Salers ainsi que l’agrandissement du cheptel ovin en 1997 et 1998

les achats liés à l’atelier élevage (aplatisseur de grains, silos, clôtures...)

la construction de bâtiments destinés à recevoir les animaux

les achats et ventes d’animaux

les coûts liés à l’alimentation et aux produits vétérinaires

Estimation des coûts

L’ensemble des estimations réalisées dans cette partie s’est basée sur les données issues des

documents comptables de l’exploitation. Nous avons chiffré cette transition en nous basant :

sur l’achat des animaux et du matériel d’élevage ou en lien avec l’activité d’élevage

(exemple : silos). Ces données ont été prises dans le classeur des immobilisations et les

valeurs relevées sont les valeurs avant amortissement correspondant aux prix d’acquisitions

des animaux ou du matériel

sur les charges liées à l’atelier élevage dont les données ont été récoltées dans les bilans

comptables des années 1991 à 2010. Ces charges comprennent les coûts liés à l’alimentation

animale et aux produits vétérinaires

sur les produits issus de l’atelier élevage et correspondant à la vente d’animaux

(reproducteurs ou non reproducteurs), données également issues des bilans comptable de

1991 à 2010

Résultats et interprétation

Graphique présentant les immobilisations (en €) liées à l’activité d’élevage

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Les principales immobilisations associées à l’activité d’élevage peuvent être associées à trois

investissements majeurs :

l’acquisition du cheptel bovin et l’agrandissement du cheptel ovin ainsi que la rénovation du

bâtiment de la bergerie en 1997-1998

la construction d’une nouvelle stabulation en 2000-2001

la construction d’un nouveau hangar en 2009

Ainsi, les principaux investissements liés à l’activité d’élevage sont en grosse majorité dus à la

construction ou la rénovation des bâtiments d’élevage. La part liée à l’acquisition du cheptel et au

matériel d’élevage est quasi infime par rapport à celle destinée à la rénovation ou la construction des

bâtiments (seulement 3% des investissements).

Graphe présentant l’évolution des produits, des charges et de la marge brute associée à l’atelier élevage entre 1991 et

2010

Afin d’évaluer plus précisément le coût de la transition, la marge brute (produits – charges) a

été calculée. Celle-ci représente en effet un indicateur clé de performance de l’atelier de productions

animales.

Le graphe 2 nous permet de distinguer deux périodes différentes en ce qui concerne

l’évolution des charges et des produits liés à l’activité d’élevage :

avant 1997 où les charges et les produits sont très stables

La marge brute dégagée sur cette période est stable mais assez faible (3380 euros en moyenne sur la

période 1991-1997)

après 1997 où les fluctuations sont beaucoup plus importantes

On observe une forte évolution des produits ainsi que des charges beaucoup moins stables d’une

année à l’autre. La marge brute augmente fortement et suit l’évolution des produits.

L’année 1997 correspond à une année charnière puisque c’est à cette période qu’a été acheté le

cheptel bovin. Une partie importante du matériel d’élevage a également été acheté cette même

année. En 1998, le cheptel ovin a été agrandi et d’autres frais ont été réalisés concernant le matériel

d’élevage. Ainsi, à partir de 1997, l’atelier élevage a pris une place beaucoup plus importante au sein

de l’exploitation.

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L’introduction du cheptel bovin et l’agrandissement du cheptel ovin en 1997-1998 est à l’origine

d’une importante augmentation des produits animaux (correspondant en majeure partie à la vente

des animaux de réforme ou destinés à l’engraissement). Seules les charges connaissent des

fluctuations plus importantes à partir de 1997 et augmentent en moyenne de 1/3 sur la période

1997-2010 par rapport à la période 1991-1997 (3210 euros en moyenne pour 1997-2010 contre 2135

euros pour 1991-1997). Les valeurs négatives des charges observées en 1998, 2002 et 2003

correspondent aux variations de stocks négatives de l’alimentation destinée au bétail. Ces valeurs

négatives indiquent que ces années-là le stock final destiné à l’alimentation des cheptels ovin et

bovin était supérieur au stock initial de début d’année. Elles représentent donc le coût de production

destiné à l’alimentation du bétail qui n’a pas été utilisé au cours de l’année.

Nous ne connaissons pas la cause de la chute des ventes animales et de la marge brute en 2004,

il serait intéressant de savoir ce qui en est à l’origine.

Limites de l’étude

Chiffrer la transition a été assez difficile puisque celle-ci dépend de nombreuses décisions et

hypothèses réalisées à deux niveaux :

Au niveau des décisions réalisées sur l’exploitation

Ainsi, nous avons chiffré dans cette transition le coût lié au bâtiment d’élevage. Cependant, il

est également possible de réaliser un système agricole durable en polyculture-élevage en laissant les

animaux dehors toute l’année. Les éléments qui ont amené à construire le bâtiment d’élevage

sont dus au désir de préserver les terrains des prairies temporaires sur lesquels des cultures

végétales vont être semées par la suite (préservation de la stabilité et la portance du sol), ainsi qu’à

la prise en compte des conditions de travail facilitées lorsque les animaux sont en bâtiment.

Au niveau des décisions réalisées lors de l’estimation des coûts de la transition

L’estimation des coûts de la transition suppose de faire certains choix sur les coûts à prendre

en compte. Par exemple, nous avons décidé de prendre en compte le coût lié à la construction du

bâtiment sous lequel sont entreposés le foin et le matériel agricole, bien que sa fonction ne soit pas

uniquement liée à l’activité d’élevage.

L’activité d’élevage est par ailleurs productrice de fumier qui va être épandu au niveau des

cultures. Le chiffrage des bénéfices de cet apport organique est difficilement réalisable.

Le manque à gagner dû à la perte de surfaces de productions végétales au profit des surfaces

en prairies doit également être pris en compte et est plus précisément explicité dans la partie

productions végétales en ce qui concerne la perte due à la non production de cultures végétales, et

dans la partie des aides publiques concernant la modification des aides reçues.

Tous les changements précédemment évoqués impliquent de profondes modifications dans les

postes de consommation énergétique. Ceci est un élément majeur de la transition car le coût de la

ressource énergétique a une forte tendance à augmenter depuis que nous avons passé le pic

pétrolier en 2006.

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4. Quel bilan énergétique pour une telle transition ?

Pour estimer le coût énergétique de la transition de système, nous avons comparé un système

hypothétique (S.conventionnel), si l’EARL du moulin neuf était encore en système conventionnel avec

seulement un atelier de productions végétales avec trois cultures annuelles, au système actuel

(S.actuel). Nous avons repris pour les calculs la formule de l’indicateur A18 de la méthode IDEA (cf

chapitre sur les indicateurs).

Les points qui ont été pris en compte pour le bilan sont :

La fertilisation minérale pour le blé, le maïs et colza (240 uN pour les trois) et pour l’orge,

l’avoine et l’escourgeon (150 uN pour les trois cultures) ;

La consommation de fioul pour les travaux agricoles : le labour, les interventions

phytosanitaires et récoltes plus importants en conventionnel (notamment du fait de la

rotation comprenant 4 ans de prairies en bio) ;

Les consommations de fioul pour les travaux agricoles spécifiques de l'élevage : le fourrage

(travaux de fenaison) et les épandages.

Le tableau ci-dessous détaille l’estimation effectuée :

Poste Consommation estimée Consommation (MJ)

Fertilisation Blé, colza, maïs 240uN*(157.7+27.6+42) = 54 552 uN

3 054 912

Escourgeon, avoine, orge

150 uN * (15,5 + 15 + 10)= 6075 uN

340 200

Consommation fioul agricole ferme

25 000 L 1 000 000

Récolte 9 693 L 387 720

TOTAL S.conventionnel (MJ) 4782832

TOTAL S.actuel (MJ) 1449560

EQF /ha S.conventionnel 341,6L/ha

EQF /ha S.actuel 97,9 L/ha Tableau présentant les calculs nécessaires à l’estimation effectuée

Pour estimer la consommation du fioul correspondant aux travaux du sol et au semis, nous

avons soustrait à la consommation du système bio en 2011, une valeur estimée pour la production

de fourrage (1 708 L), et la valeur correspondant à la récolte des cultures (30 L /ha). Nous avons ainsi

pu faire un prorata par rapport à l’assolement en 1996 et obtenu la consommation de fioul pour la

préparation du sol et les semis en 1996. Nous avons ensuite ajouté à cette valeur celle correspondant

aux récoltes. L’hypothèse a été faite que les épandages d’engrais et les passages de traitement

considérés comme peu coûteux en fioul sont compris dans les estimations.

Ces estimations indiquent que la conversion a permis une économie d’énergie conséquente, avec

un EQF/ha estimé à 3,5 fois supérieur à celui actuel. Le prix de l’énergie ayant augmenté depuis

quinze ans et sachant que cette tendance est toujours d’actualité, les économies d’énergie

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représentent à la fois un enjeu pour la protection des ressources et un enjeu économique pour la

ferme.

Bien qu’étant un élément discutable de la durabilité, les aides publiques ont un poids très

important dans le fonctionnement des exploitations agricoles aujourd’hui. De plus, elles traduisent

une volonté politique française et européenne donc il est important de vérifier que cette transition de

système de production est bien accompagnée par la Politique Agricole Commune.

5. Les aides publiques accompagnent-elles cette reconversion ?

Il est difficile d’évaluer l’impact de la conversion sur les aides publiques car elles n’ont cessé

d’évoluer depuis 1995. Nous avons donc choisi d’estimer le coût d’une telle transition en 2011.

Aides découplées

Pour cela, nous avons estimé les DPU que la ferme toucherait en système conventionnel

céréalier (en considérant les actuelles prairies temporaires comme des grandes cultures), répondant

à l’éco conditionnalité de la PAC. Le tableau suivant résume cette estimation :

Système

actuel

Système conventionnel hypothétique

DPU €/ha 270 410

SAU éligible ha 295 350

TOTAL EXPLOITATION € 79 650 143 500

Tableau de calcul d’aides

La politique actuelle de soutien n’est pas financièrement favorable à la transition en termes

d’aides découplées.

Aides couplées et/ou spécifiques

Par acquisition de cheptel de vaches allaitantes, la ferme reçoit des aides couplées (Primes au

Maintien du Troupeau de Vaches Allaitantes - PMTVA) à hauteur de 9 411 €/an.

Elle a reçu également une aide co-financée par la région pour la conversion à l'Agriculture

Biologique (AB) et reçoit actuellement une aide pour le maintien du système en AB, qui s’élève à

55 600 €/an. D’autre part, cette conversion de système a permis à la ferme d’obtenir d’autres aides

de la PAC, notamment le Contrat Territorial d’Exploitation (CTE). Une aide à l’implantation de

systèmes agroforestiers peut aussi être sollicitée dans la PAC, l’EARL du Moulin neuf l’a, par exemple,

touchée en 2011.

Si la transition se faisait aujourd’hui, l’implantation des haies pourrait aussi bénéficier d’une aide

spécifique (Région et Union Européenne).

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Certifications en Agriculture Biologique

Cette transition permet notamment de mieux valoriser la production de la ferme par une

certification en agriculture biologique. Cette certification représente un coût de 1 000€ par an pour

l’ensemble de l’exploitation (certification Ecocert). Il faut néanmoins tenir compte que lors de la

transition de système durant un minimum de trois ans, l’agriculteur paye la certification sans pour

autant pouvoir valoriser sa production sous le label AB.

D’autre part, le gérant de la ferme a choisi d’aller plus loin dans sa démarche de transition en

sollicitant et adhérant à la marque Nature & Progrès. Cette forme de certification participative

représente aussi un coût annuel moyen de 1 000€.

On peut remarquer ici que ces deux certifications font partie des conditions du bail à commodat

fixées par la FPH.

De façon globale, cette transition vers un système d’agrobiologie permet à la ferme du moulin

neuf de conserver un volume d’aides publiques équivalent :

En système conventionnel hypothétique, la ferme aurait droit à 143 500€ par an

(essentiellement d’aides découplées)

Suite à la transition, la ferme a droit à 144 661€ d’aides par an (dont environ 56% d’aides

spécifiques), auxquelles l’on peut soustraire 2 000€ de certification.

Notre démarche met en évidence le fait que la conversion de système de production n’implique

pas nécessairement une diminution des aides publiques ; en revanche dans le cas du domaine de

Villarceaux, dont la transition a été initiée en 1995, il y a eu une réelle « perte » d’aides publiques

durant plusieurs années consécutives.

Discussion

Les calculs effectués sur le domaine de Villarceaux tiennent compte des DPU calculés sur la

base de références historiques désavantageuses (perte des surfaces de haies, de bandes enherbées,

prairies temporaires,…). Aujourd’hui en 2011, le calcul des aides découplées n’est pas autant

défavorable à ce type de systèmes (inclusion des haies, des bandes enherbées et des rotations avec

des prairies temporaires dans les surfaces éligibles), on peut donc imaginer qu’une ferme

s’engageant dans une conversion aujourd’hui conservera davantage d’aides découplées.

Contrairement à ce qui fut longtemps le cas, les aides publiques ne favorisent plus

uniquement les systèmes céréaliers de grandes échelles. En effet, si on réalise le calcul des DPU avec

les références historiques prises aujourd’hui, le total des aides reçues dans le système bio

(références historiques réactualisées) est plus élevé que le total des aides que recevrait la ferme de

Villarceaux si elle avait conservé son système conventionnel.

Cet élément dépend aussi du conseil régional. Une part importante des aides reçues aujourd’hui

vient de la région Ile de France pour le maintien de l’agriculture biologique.

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6. Les modifications sociales engendrées par la transition

L’exploitation de la bergerie a connu d’importantes modifications depuis le rachat par la

fondation Charles Léopold Mayer en 1976. La bergerie fonctionnait à l’époque en céréaliculture

conventionnelle comme la majorité des exploitations de la région. Dans cette partie, nous mettons

d’abord en évidence les changements sociaux ayant eu un impact économique et qui sont liés à cette

période de transition vers une agriculture durable. Seront donc ici analysés les implications aux

réseaux sociaux (agricoles ou non), et les évolutions de répartition du temps de travail et du nombre

d’UTH.

Implications sociales et réseaux

Avant le début du nouveau projet agricole de l’exploitation de la bergerie, celle-ci était

dirigée par M. Lecante. A cette époque là, ce dernier avait pour seul appartenance au réseau local

agricole son adhésion à la coopérative de production. Selon M. Ranke, cela se résumait à participer à

l’assemblée générale annuelle.

La conversion en agriculture biologique a alors fait évoluer l’implication de la ferme, puisque

les trois ingénieurs pilotant la ferme ont adhéré au Groupement d’Agriculteurs Biologiques (GAB) du

Val d’Oise. Ce réseau était alors le meilleur moyen de connaitre leurs pairs pratiquant la même

agriculture, et de pouvoir échanger sur ces pratiques. Dans un objectif différent, O. Ranke était

affilié à la coopérative BIOCER à laquelle l’exploitation vend ses céréales. Le degré d’implication était

alors relativement élevé puisque ce dernier occupait un poste d’administrateur au conseil

d’administration. D’autre part, les 3 ingénieurs étaient également impliqués dans le développement

des activités de la fondation FPH. Cela ne peut être considéré comme directement lié à la conversion,

néanmoins c’est une implication qui a permis de rentrer en contact avec différents acteurs locaux

(châteaux…).

Par la suite, l’implication des ingénieurs-chefs d’exploitation dans les réseaux agricoles (ou

non) a bien évolué. En effet, afin de mettre au point un système agricole satisfaisant du point de vue

de la durabilité, il est nécessaire d’avancer en termes de connaissances et d’innovations dans les

pratiques. Pour cela, il leur a fallu s’impliquer dans différentes structures, avec des intérêts

différents. Ainsi, étant toujours au GAB 95 ils se sont immiscés au niveau national à travers la FNAB

(Fédération Nationale des Agriculteurs Biologiques), et O. Ranke est resté administrateur à BIOCER.

En plus de cela, ils ont participé au réseau ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique). Enfin,

il y avait également une participation dans l’association environnementale locale, permettant de

faire le lien direct entre l’exploitation et l’environnement.

A l’heure actuelle, O. Ranke est seul chef d’exploitation de l’EARL de la bergerie de Villarceaux.

Avec le temps et l’évolution des pratiques, celui-ci a multiplié les implications dans différents réseaux

ou structures créant du lien social avec l’extérieur et lui permettant également d’établir un réseau

commercial pour écouler sa production. Ainsi, une liste des structures auxquelles il participe peut

être dressée :

- BIOCER : toujours en tant qu’administrateur (mais il souhaite bientôt ne plus l’être)

- ITAB : directeur de la commission « Elevage »

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- Réseau semences paysannes : mise à disposition de parcelles et production d’un peu de

semences

- Travaux avec Arvalis (Institut du végétal) : mise en place et suivi de l’essai de la Motte,

polyculture sans élevage.

- Réception de groupes sur l’exploitation

- Intervention nombreuses pour exposer le système et les pratiques mises en place.

Lorsque l’on revient sur l’évolution entre la période pré et post-conversion, on se rend donc bien

compte que l’implication dans les réseaux sociaux a largement grandi, pour devenir aujourd’hui une

bonne partie du temps de travail ou libre de M. Ranke. L’implication et l’intérêt pour le social des

ingénieurs ayant travaillé à cette conversion a grandement favorisé le développement du réseau

social, cette corrélation entre conversion et implication au réseau social n’est cependant pas

généralisable puisque reposant en partie sur la personnalité des exploitants. Toutefois, le

changement des pratiques agricoles nécessite un apport de connaissances, une confrontation des

pratiques différentes pour trouver des solutions appropriées. Cela implique de rencontrer d’autres

agriculteurs qui sont confrontés à des problématiques similaires ou encore des techniciens ayant les

compétences adéquates. On entend donc ici que la participation aux différents réseaux, qui peut être

assimilée à des heures non-productives (par hectare par exemple) sont de l’ordre de la formation

continue. Cela relève donc de l’économie de la connaissance, qui n’est pas chiffrable en termes de

coûts. Il serait éventuellement possible de comptabiliser les heures dédiées aux différentes

participations dans les réseaux et de les chiffrer arbitrairement avec le coût salarial d’une heure de

travail. On obtiendrait ainsi une somme correspondant aux heures de travail non passées

directement à la production. A cela il faudrait alors retirer le gain de production ou de productivité

apporté par les connaissances acquises (sachant que certaines implications ont des répercussions à

des niveaux supérieurs et non directement sur le système de production). Ces gains apportés par les

formations ou rencontres ne sont évidemment pas objectivement chiffrables, mise à part peut-être

pour des évolutions techniques ponctuelles entrainant un gain de productivité direct et mesurable

(par exemple l’utilisation d’une nouvelle variété supérieure en rendement).

Ces implications sont néanmoins à prendre en compte dans le « coût » de la conversion, puisque

l’évolution d’un système vers plus de durabilité passe par un apport de connaissances qu’il faut

acquérir par différentes voies dont l’implication dans les réseaux techniques.

Au-delà de l’implication au réseau social, la main d’œuvre a également évolué au cours de la

transition. Nous allons maintenant étudier cette évolution en termes d’UTH (unité de travail

humain).

Evolution de la main d’œuvre

Un système d’exploitation repose sur de la main d’œuvre salariée ou non, et cela lui confère

un rôle social. Le fait que cette opération de conversion de l’exploitation soit subventionnée par une

fondation rend cette situation spéciale et incomparable à ce qui peut se faire au sein d’une

exploitation agricole classique.

En effet, la transition vers un système AB a été réalisée en employant 3 ingénieurs

agronomes à temps plein en plus de la main d’œuvre salariée déjà présente. Economiquement, cela

représente la dépense de trois salaires d’ingénieurs durant 11 ans. Il faut toutefois différencier le

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développement des actions de la fondation et le temps consacré à l’exploitation agricole puisque ces

derniers partageaient leur temps de travail entre les deux structures. Ainsi, sur les 3 UTH ingénieurs,

seul 1.5 correspondait au temps passé sur l’exploitation. En plus de ces trois ingénieurs on trouvait

alors trois salariés correspondant à 3 UTH.

Au total il y avait donc 4.5 UTH sur l’exploitation. Si l’on compare à la période pendant

laquelle l’exploitation fonctionnait de manière conventionnelle avec 3.5 UTH (avant 1995) la main

d’œuvre a donc été augmentée d’un UTH. On peut ajouter à cela de la main d’œuvre dite

« fluctuante », avec l’accueil de stagiaires ou d’apprentis. Néanmoins, il est difficile de chiffrer

explicitement le temps de travail de ceux-ci, sachant qu’il faut prendre en compte le temps consacré

pour les former.

A l’heure actuelle, le demi-UTH apporté par les ingénieurs n’existe plus puisqu’il n’y a plus

qu’Olivier Ranke qui travaille sur la ferme. Il y a donc au total 4 UTH sur l’exploitation. Toutefois, le

travail disponible est supérieur au temps de travail de 4 UTH, ce qui pousse l’ensemble à faire

beaucoup d’heures supplémentaires. D’après O. Ranke il y aurait actuellement l’équivalent de 5 UTH

sur l’exploitation.

La raison de cette augmentation de temps de travail sur la ferme est étroitement liée à la

mise en place de l’atelier d’élevage bovin. L’introduction de l’élevage, évolution indispensable vers

un système durable selon les ingénieurs ayant travaillé sur le projet, a engendré plusieurs surcoûts. Il

y a eu la rémunération d’un UTH et demi d’ingénieur (remplaçant un UTH de chef d’exploitation).

D’autre part il y a aujourd’hui un demi UTH de plus qu’avant 1995 et il serait possible d’embaucher

un UTH de plus si l’on se rapporte au temps de travail réalisé par l’ensemble des personnes

travaillant sur l’exploitation.

Sachant que la rémunération moyenne sur l’exploitation est de 30 000€/UTH annuel, le

surcoût est aujourd’hui de 15 000€/an et pourrait être de 45 000€/an s’il y avait embauche d’un UTH

supplémentaire.

Enfin, il est à noter que les niveaux de rémunération pratiqués sur l’exploitation sont très élevés

(autour de 2500€ par UTH), et malgré que nous n’ayons pas retrouvé les rémunérations de la période

précédant le début de la conversion, il est plus que plausible que les salaires étaient bien inférieurs à

l’époque. Cette rémunération élevée des salariés peut être comptée comme un surcoût liée à la

démarche d’agriculture durable, cela rentre dans la politique sociale forte de l’exploitant.

7. Les externalités

La question du coût des externalités environnementales et sociales sera traitée dans cette

dernière partie. Nous avons tenté de prendre en compte toutes les externalités positives et négatives

produites par la ferme puis de chiffrer leur impact sur l’économie de l’exploitation. La qualité de

l’eau, l’érosion des sols, la biodiversité, le paysage et le lien social ont été étudiés. Ayant peu de

données disponibles pour faire une analyse quantitative de ces facteurs et estimer leur évolution

avant et après la transition, nous nous limitons dans la majorité des cas à une méthodologie pour

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décrire ces facteurs et à leur analyse qualitative. Cette liste n’est pas exhaustive et les changements

évoqués sont difficilement chiffrables à moins de réaliser une étude approfondie sur le sujet. Dans

cette partie du rapport, l’objectif est plutôt de fournir les premiers éléments de réflexion

susceptibles de guider une étude ultérieure plus fine.

Qualité de l’eau

La question de la qualité de l’eau est un sujet sensible sur le domaine de Villarceaux. La

commune de Chaussy puise l’eau dans un forage situé sur le versant opposé au domaine et où

s’exerce une agriculture conventionnelle. Il y a quelques années, le maire découvre que ce puits est

pollué et cherche d’autres zones saines où creuser un nouveau forage. Un emplacement potentiel est

une parcelle proche de la Comté. En effet, des analyses réalisées dans la nappe sous cette parcelle

démontrent des taux de nitrates inférieurs au seuil réglementaire qui est de 50 mg/L (21,0 mg/L).

La fondation est favorable à ce nouveau forage pour alimenter Chaussy à condition que le

maire reconnaisse l’impact positif de l’AB dans la qualité de l’eau de ce forage, chose non acceptée

par le maire et qui est source de conflits entre la commune et le domaine de Villarceaux. Afin

d’approfondir l’origine de l’absence de pollution dans ce forage, le domaine engage avec l’Agence de

l’eau Seine-Normandie une étude, en cours actuellement et à laquelle le maire est défavorable,

notamment pour des questions financières. En effet, le montant de l’étude est de 50000€ dont 70%

sont pris en charge par l’Agence de l’eau, 5% par la commune et le reste par le département et la

région Ile-de-France.

Selon le rapport du Commissariat Général au Développement Durable (Bommelaer et

Devaux, 2011), le coût de déplacement de captages utilisés à cause de la contamination, comme

dans le cas présent, se situe entre 20 à 60 millions d’euros par an. Ce coût déjà élevé est cependant

inférieur aux coûts de traitement de potabilisation liés aux nitrates et aux pesticides supportés par

les collectivités locales qui sont respectivement de 120 à 360 millions € et 260 à 360 millions €/an

selon ce même rapport et qui pourraient être évités grâce à l’AB (150 à 200€/ha évités, Ile de France

(Larroque, 2010)). A cela il faut aussi ajouter le coût généré par l’eutrophisation des eaux brutes (60 à

100 millions €/an). Ainsi, les dépenses annuelles de potabilisation entraînées par l’agriculture

conventionnelle de parcelles situées dans les aires d’alimentation des captages sont de l’ordre de

828 à 2430€/ha cultivé. C’est pourquoi certaines collectivités préfèrent acquérir des parcelles qui

pourront être plantées en herbes et en légumineuses ou bien, comme ici, cultivées en biologique. Le

système de culture de la Bergerie diminue aussi les dépenses en termes de consommation d’eau

puisqu’il n’y a aucune irrigation sur l’exploitation. En France, 79% de l’eau estivale est consommée

par l’irrigation agricole (Bommelaer et Devaux, 2011).

Actuellement et depuis au moins vingt ans, le château, la Bergerie et les bâtiments d’élevage

s’alimentent sur le forage de la Comté. Mais récemment, suite à une analyse dans le forage de la

Comté, on découvre une brusque remontée d’atrazine, la substance active de produits à effet

herbicide utilisés en agriculture conventionnelle, et interdite depuis 2003 pour sa toxicité. Cette

nouvelle donnée remet en cause l’impact réel du système de culture de la Bergerie sur la qualité de

l’eau à moyen terme, bien que l’AB soit souvent considérée comme le meilleur moyen pour limiter la

quantité de nitrates dans les eaux (Garnier et al., 2009). La présence d’atrazine pourrait être

expliquée par une fuite d’anciens bidons d’herbicides qui étaient stockés et laissés à l’abandon dans

les anciennes carrières à l’époque où se pratiquait l’agriculture conventionnelle, et aujourd’hui

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enfouis. En outre, des analyses faites dans les bassins du château révèlent également une pollution

des eaux.

L’AB reste un système de culture privilégié pour diminuer la pollution des eaux ainsi que son

coût économique et environnemental. Mais le délai entre le changement des pratiques et son

résultat sur la qualité des eaux n’est pas connu et dépend de multiples facteurs (écoulement et

infiltration des eaux par exemple).

Qualité des sols et érosion

L’érosion est une externalité négative qui induit une diminution de la fertilité des sols de

l’exploitation (conséquence économique) et une pollution sédimentaire dans les cours d’eau

(conséquence écologique). Les indicateurs permettant d’évaluer l’érosion sont par exemple la

turbidité de l’eau et la perte des sols tels que l’équation universelle des pertes de sol

(EUPS) (Wischmeier et Smith, 1965) qui prédit les pertes moyennes de sol au champ en t/ha/an.

Des analyses de turbidité dans le forage de la Comté montrent des pertes de terre mais dont

l’origine spatiale et temporelle n’est pas estimable. De même, il n’y a pas de données sur les pertes

de sol sur l’exploitation. Toutefois on peut étudier les facteurs non topographiques qui peuvent

influer sur l’érosion.

Olivier Ranke a choisi de ne pas inclure d’intercultures dans ses rotations, laissant les sols nus

et soumis aux adventices, ce qui favorise l’érosion des parcelles. Le bilan DIALECTE effectué en 2010

sur l’EARL de la Bergerie indique ainsi que 22% de la SAU n’est pas couvert en hiver. De plus, la ferme

se situe dans une zone à risque élevé d’aléa érosion hydrique (rapport DIALECTE, d’après l’INRA).

Cependant, la présence de prairies dans les rotations permet de mieux structurer les sols,

notamment grâce à un enrichissement en matières organiques. Les légumineuses permettraient

aussi d’augmenter de 15,1% la matière organique du sol (Pimentel et al., 2005). Ceci favorise la

stabilité des sols de l’exploitation, tout comme la présence de haies et de bandes enherbées, qui

retiennent le sol par l’ancrage racinaire. Ainsi, globalement, la transition a eu un effet bénéfique sur

l’érosion au sein de l'exploitation.

Gestion des éléments (carbone et azote)

L’un des objectifs affichés de l’exploitation est d’optimiser le cycle de l’azote, afin d’en fixer

le maximum et d’assurer la fertilité des sols. Pour cela, l’ensemble des parcelles sont implantées en

légumineuses à un voir plusieurs moment de la rotation. Il y a d’une part les légumineuses à

utilisation fourragère (luzerne, trèfles, vesce, féverole…) et les légumineuses à utilisation alimentaire

(lentille, pois). Ainsi, au total, 27 704 kg d’N sont fixé par an par les légumineuses (cf calcul IDEA).

Cela est très important par rapport à un système qui n’en fixe pas, et si l’on prend un coût moyen de

l’unité d’azote à 0.7 €/kg (www.azote.info) cela représente un volume d’à peu près 19 400 € de fixé !

Par ailleurs, le bilan global de l’exploitation prenant en compte l’ensemble des entrées et sorties

d’azote nous donne un résultat positif de 52,1 kg d’N fixé par ha et par an (cf calcul IDEA). Cela

représente alors 36,5 €/ha/an, et donc un volume de 13 500€.

D’autre part, la non-utilisation d’engrais azotés de synthèse sur l’exploitation permet de ne

pas contribuer à la pollution des eaux et ainsi économiser les coûts de traitements de potabilisation

de ces eaux.

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Suite à la modification des pratiques dans l’exploitation, des externalités positives sont à

noter concernant l’émission et la fixation du carbone. Aujourd’hui, 3,5 fois moins de fioul est

consommé au sein de l’exploitation comparativement au fonctionnement en agriculture

conventionnelle. La pollution carbone générée par l’exploitation est donc réduite de manière

importante. Il faudrait chiffrer cette diminution en termes de coût économique dégagé et de

bénéfice pour l’environnement. Il faut cependant ajouter que l’arrivée d’animaux sur la ferme a

ajouté une émission de gaz à effet de serre (méthane). Il faudrait donc quantifier ces émissions pour

avoir une idée des conséquences économiques de celles-ci. En ce qui concerne le carbone du sol, une

augmentation de l’apport en matière organique d’origine animale est à noter (fumier). Le carbone

d’abord fixé par les plantes est ensuite passé par les animaux pour être finalement retourné au sol. Il

y a donc une fixation du carbone dans le sol. Le problème d’estimer en chiffres cette externalité

positive persiste. Il faudra de plus prendre en compte le retournement de prairies qui génère une

libération de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Ces externalités semblent globalement

positives, restent à chiffrer celles-ci dans une étude approfondie pour avoir une idée plus précise des

impacts économiques de cette transition.

Biodiversité

Selon l’OCDE (OCDE, 2001), la biodiversité peut être estimée par différents indicateurs : la

diversité génétique (variétés et races), la diversité des espèces (abondance et richesse) et la diversité

des écosystèmes (superficie des habitats). La transition à la Bergerie a contribué à réduire la taille des

parcelles (exemple de la parcelle de la Motte où les 60 ha ont été divisés en parcelles de 8 ha) et à

diversifier les habitats avec la présence de haies notamment. De plus, les rotations se sont

diversifiées avec le système AB.

Le bilan DIALECTE de 2010 fait un point sur la biodiversité de l’exploitation :

Valeur indicateurs Points Plafonds

Biodiversité (animale et végétale)

56% 11,2 20

Infrastructure agro-écologique

77% 5,4 7,0

Prairies productives peu fertilisées

11% 0,8 7,0

Zones reconnues d’intérêt biologique

Non 0,0 4,0

Absence ou faible utilisation de pesticides

Absence 5,0 5,0

Tableau du bilan DIALECTE de 2010

Ce bilan classe l’exploitation dans la catégorie moyen à bon pour les critères qualité de l’eau,

qualité des sols et biodiversité.

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Qualité du paysage

Le passage à l’agriculture biologique a eu un impact financier sur l’aménagement du paysage

dans l’exploitation en termes de plantation de haies, d’aménagement et d’entretien des chemins

ruraux et des bandes enherbées, etc. Au-delà de l’aspect économique, l’aménagement du paysage

contribue à la diffusion d’une image écologique et esthétique de l’agriculture biologique et du

développement durable. C’est donc une nécessité sur l’exploitation de la Bergerie. Dans ce but, Régis

Ambroise, Ingénieur Agronome Chargé de mission Paysage au Ministère de l’Agriculture, a évalué la

qualité paysagère de l’exploitation actuelle. L’un des critères importants observé est l’attractivité et

la facilité d’accès des promeneurs et visiteurs à l’ensemble de l’exploitation : qualité des chemins,

« ouverture » des haies et des bosquets sur les parcelles et sur l’extérieur, etc. Mais cette

accessibilité a surtout pu être mise en place grâce au soutien financier de la fondation, ce qui n’est

pas le cas pour une exploitation classique.

L’une des manières de quantifier les bénéfices de la transition sur le paysage pourrait être

d’estimer la fréquentation en nombre de visiteurs sur les terres. Mais l’attractivité liée à l’écocentre

est difficile à distinguer de celle de l’exploitation agricole, les deux structures étant très proches

géographiquement et liées par le contexte historique et la démarche de développement durable. De

plus, le cadre patrimonial des châteaux du domaine est un atout certain à l‘attractivité du site.

Actuellement, il y a environ 50 visiteurs par mois mais ce chiffre pourrait augmenter fortement avec

l’inauguration de l’écocentre et la fin des travaux de rénovation au printemps 2012. Les dépenses

liées à la valorisation du paysage sont probablement rentables à long terme grâce à l’attractivité du

site.

Lien social

Le passage à l’AB a modifié beaucoup de choses, notamment le paysage qui a des

répercussions sur le lien social. En effet, avec la conversion, les parcelles ont diminué en taille, des

haies ont été implantées, des clôtures posées, transformant ainsi le paysage de la région qui est

traditionnellement un openfield avec des parcelles de grande taille sans haie ni beaucoup d’arbres.

De plus, la présence d'animaux (bovins et ovins) inhabituelle dans la région est un atout certain qui

favorise l'agro-tourisme.

En revanche, avec le nombre réduit d’agriculteurs bio dans la région et le contexte local (la

majorité des exploitations étant en céréaliculture intensive), certaines tensions et incompréhensions

ont pu être rencontrées avec les producteurs voisins (cf. partie enquête). D'autre part, les haies

peuvent être interprétées comme un écran pour cacher la ferme et générer un isolement

involontaire. Cependant l’AB a attiré un apiculteur qui a posé ses ruches sur l’exploitation.

Le caractère unique de cette ferme a permis de tisser d’autres liens, plutôt singuliers pour

une exploitation agricole. Cela concerne les visiteurs et promeneurs, les chercheurs qui s’intéressent

au projet, des fonctionnaires du ministère de l'agriculture, etc.

Un tel projet peut coûter comme favoriser de nouvelles relations et faire évoluer les mentalités et les

traditions.

La conversion en agriculture durable de l’exploitation de la Bergerie de Villarceaux a entrainé

une évolution nette au niveau social. En effet, l’implication du chef d’exploitation dans différents

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réseaux techniques, commerciaux ou structurels n’a pas cessé d’augmenter depuis 1995. Cela

s’explique par la nécessité d’acquérir des connaissances en continue, le meilleur moyen de le faire

étant d’apprendre et d’échanger avec des pairs connaissant les mêmes enjeux. Si l’on revient sur la

problématique initiale du coût de la transition, cette « formation continue » à un coût direct et

chiffrable si comptabilisé (ce n’est pas le cas) en termes d’heures non-productives. Néanmoins, les

connaissances permettent d’optimiser le système, et donc potentiellement d’améliorer le résultat de

l’exploitation si tel est l’objectif initial énoncé. La différence entre ce qu’apporte économiquement

cette amélioration du système par rapport aux nombres d’heures non-productives qu’elle représente

est extrêmement difficile à chiffrer ; il faudrait calculer l’amélioration économique engendrée par

une innovation apportée dans le système et provenant des réseaux d’apport de connaissances.

Le deuxième poste majeur correspondant à une évolution sociale de l’exploitation est la

main d’œuvre employée. En effet, la méthode IDEA suggère qu’un système agricole plus durable doit

employer plus de main d’œuvre rapportée à l’unité de surface. C’est ici le cas, puisque de 3.5 UTH en

1995, l’exploitation est aujourd’hui à 4 UTH, tandis que durant les années de conversion il y avait 4.5

UTH. D’autre part, l’exploitation porte une politique de rémunération élevée, et ce dans un souci

d’équité sociale. Ainsi avec une moyenne salariale de 30 000€ par an, un surcoût de 15 000€/an est

observé. Celui-ci serait probablement encore supérieur si l’on était en mesure de comparer les

salaires d’avant 1995 à ceux pratiqués actuellement.

En termes d’externalités environnementales, la transition a été globalement bénéfique dans

la ferme de la bergerie. Une difficulté importante réside cependant dans l'estimation du coût des

externalités. En effet, l'économie de marché ne prend pas en compte ces externalités puisqu'elles ne

représentent pas directement une valeur marchande. Les travaux pour évaluer ces valeurs en termes

économiques n'en sont donc qu'à leurs prémices et il nous est pour l'instant très difficile de chiffrer

cela. On s'en tient donc à une évaluation qualitative tout en utilisant quelques éléments quantitatifs

permettant d'identifier une tendance. Il faut donc en retenir l'effet, qui ne peut être que positif, des

aménagements apportés par le nouveau système d'exploitation en termes de qualité de l'eau,

d'érosion des sols, de paysage ou encore de biodiversité.

A l'inverse, les externalités sociales sont plus mitigées. En effet, il y a d'une part un effet

positif sur la dynamique sociale, via la mise en place du magasin de consommateurs et l'ouverture de

l'exploitation au publique (via visites et groupes techniques). Mais d'autre part, la mise en place d'un

système novateur sur un territoire relativement uniforme de ce point de vue a créé des tensions avec

le voisinage et cela peut donc être perçu comme un effet négatif.

Conclusion sur le coût de la transition

L’investissement financier réalisé pour l’implantation des haies et des bandes enherbées a

été très conséquent (environ 200 000€). Cependant, les bénéfices liés à la présence de ces structures

paysagères est un non-coût, puisqu’il y a par exemple une diminution de la pression des ravageurs,

de l’érosion, etc.., qui n’est pas quantifiable économiquement.

Concernant l’atelier des productions végétales, la forte réduction des intrants à contribué à

augmenter l’autonomie financière de l’exploitation. Cependant, les ventes de produits végétaux ont

globalement diminué, malgré une récente hausse depuis l’adhésion à la coopérative « Saveurs du

Vexin ». Il faudra surveiller l’évolution de ces ventes à l’avenir pour vérifier la durabilité du système

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d’exploitation. Rappelons aussi que la réduction des ventes de produits végétaux est à attribuer en

grande partie à l’augmentation des surfaces en herbe, qui sont valorisées au travers de l’atelier de

productions animales.

En ce qui concerne ce dernier, la transition de l’exploitation s’est caractérisée par l’achat d’un

important cheptel bovin et ovin, de matériel spécifique et d’un grand bâtiment d’élevage. Ce

bâtiment constitue l’investissement le plus important de cet atelier, ce qui est un choix discutable

aux vues des besoins de la race de vache (Salers) présente. Néanmoins, la forte augmentation des

produits liés à la vente de viande certifiée AB compense ces investissements, et contribue à la

durabilité économique de l’exploitation. Notons aussi que les effluents liés à cet élevage sont

valorisés au niveau des productions végétales.

Au niveau du coût énergétique, on estime la consommation en équivalent fioul 3,5 fois moins

importante après la transition, ce qui est principalement dû à l’arrêt d’utilisation des intrants azotés.

Par rapport aux aides publiques, la perte de DPU liée à l’enherbement d’une grande partie de

la SAU a été compensée par les aides de transition et de maintien à l’agriculture biologique. Il faut

cependant remarquer que si un nouveau calcul de ces DPU était réalisé aujourd’hui (dans le cadre de

la réforme de la PAC 2013 par exemple), l’exploitation toucherait beaucoup plus d’aides que

lorsqu’elle était en système conventionnel. Par ailleurs, il faudra par la suite prendre en compte les

aides liées au système agroforestier, récemment implanté sur l’exploitation.

Enfin, du point de vue social, le nombre d’UTH par hectare exploité à augmenté au cours de

la transition du système. C’est donc un point positif au niveau social, mais plus négatif d’un point de

vue économique, puisque cette main d’œuvre importante génère des surcoûts pour l’exploitation.

Par ailleurs, le réseau social entourant l’exploitation a connu un essor important suite à cette

conversion, avec notamment l’implication importante dans les coopératives locales et l’ouverture

d’un magasin à la ferme. Ainsi, la transition du système d’exploitation à contribué à la dynamique

territoriale, malgré un bilan mitigé dû à des tensions avec le voisinage agricole. Par ailleurs, les

externalités environnementales (qualité de l’eau, érosion, biodiversité, fixation de carbone, etc…)

sont globalement positives, mais restent très difficiles à chiffrer.

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Conclusion du chapitre 2

Du point de vue des différents acteurs rencontrés, Villarceaux a une place spéciale dans le

territoire du Vexin. Le centre n'est ni tout à fait intégré à son territoire ni tout à fait exclu. Les

participants au projet de Villarceaux revendiquent son rôle national et international, alors que les

acteurs locaux notent une barrière entre le centre et la région. La viabilité économique de la ferme

(et donc sa durabilité) est souvent remise en cause par les personnes extérieures, lié au rôle de

financement que joue la fondation dans son développement.

L'analyse de l'évolution de la durabilité par les études IDEA des groupes d'étudiants

précédents (de 2002 à 2011) a permis de dégager de grandes tendances. La ferme possède une très

grande durabilité agro-écologique stable dans le temps. Sa durabilité socio-territoriale est en légère

diminution, en partie due aux précisions apportées à la méthode IDEA. Par contre, la durabilité

économique a une très forte variabilité. Nous avons aussi tenté d'étudier l'état de cette variabilité

avant 2002, en fonction des documents d'exploitation. Il est certain que la durabilité agro-écologique

a augmenté depuis 1992, notamment grâce à la conversion en agriculture biologique. Les durabilités

économique et socio-territoriale ont été plus difficiles à évaluer. Il serait intéressant d’étudier plus en

profondeur cette période en recherchant dans les archives afin de calculer les indicateurs de la

méthode IDEA avant 2002. On pressent bien que la transition en bio et la rénovation des bâtiments

ont eu un impact sur le centre de Villarceaux.

En analysant les coûts économiques du changement de système, nous avons pu tirer

plusieurs conclusions en fonction des thématiques définies au préalable. Du point de vue de l'atelier

élevage, les principaux coûts sont liés à 97 % aux bâtiments. Cependant, si certains choix avaient été

différents, les coûts de la transition n'auraient peut-être pas été si élevés. Enfin, il a été très difficile

de prendre en compte les externalités positives liées au changement de système (diminution des

produits phytosanitaires, engrais...). Concernant les coûts énergétiques, l'exploitation consomme 3,5

fois moins d'énergie qu'en système conventionnel. Un point important concerne les aides perçues.

Ces dernières sont équivalentes à un système conventionnel. Si on recalculait les DPU avec les

nouvelles normes, les efforts environnementaux seraient mieux valorisés. Pour l'aspect productions

végétales, tous les intrants ont subi une nette diminution, excepté les semences. L'exploitation

améliore l’efficience du processus productif (indicateur C6), ce qui est d’avantage du à une baisse des

intrants qu’à une augmentation de la valorisation de la production (méthode IDEA). Enfin, l'étude de

l'aspect social montre que le changement de système a initié une meilleure implication sociale

(emploi, réseaux, coopérative...). C'est malgré tout un indicateur difficile à chiffrer.

Pour les années à venir, une poursuite de cette étude en profondeur serait intéressante. Il

faudrait rencontrer plus d'acteurs du territoire, et faire une recherche bibliographique approfondie

afin de mieux évaluer les coûts de transition.

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Conclusion

Cette semaine passée à Villarceaux a été l’occasion de nous familiariser avec une méthode

d’évaluation de la durabilité d’une exploitation : la méthode IDEA. Nous avons aussi appris des

techniques d’analyse paysagère, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Cela nous a permis de

découvrir une autre façon de gérer une exploitation agricole ainsi qu’un exemple de mise en œuvre

de méthode d’agriculture alternative à grande échelle.

La fondation Charles Leopold Mayer nous a demandé d’analyser l’évolution de la transition

de la ferme de la Bergerie sur ces vingt dernières années. Ceci a été l’occasion d’appréhender plus en

détail la perception des différents acteurs du territoire impliqués ou non dans le projet de La

Bergerie, l’évolution de la durabilité à partir des différents diagnostics IDEA, le coût de la transition.

Ainsi, nous avons apporté un regard extérieur sur la démarche de changement de système. Nous

nous sommes rendu compte que la ferme a gagné en autonomie vis-à-vis des intrants, en qualité

environnementale et qu’elle était perçue par l’extérieur comme une véritable plate-forme

d’expérimentation. En revanche, les parties « analyse des coûts de la transition » et «IDEA + 20 »

représentaient une masse de travail conséquente. Nos résultats sont une base de travail pour un

approfondissement ultérieur.

Ces travaux nous ont permis de comparer cet exemple original avec nos connaissances du

modèle d’agriculture majoritairement répandu actuellement. Cette semaine a été aussi l’occasion de

confronter les points de vue différents des étudiants.

Cette ferme pose certaines questions et ouvre le débat sur les modèles agricoles possibles

pour le futur. Elle gagnerait à être un centre de débat et un lieu d’expression pour de nouvelles

réflexions sur l’agriculture et sur la société.

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Annexes

Annexe 1 : Tableau récapitulatif des scores obtenus à la méthode IDEA en 2011

Echelle ComposanteScore

Obtenu

Score

Pris en

compte

Maximum

possible

Diversité des cultures annuelles et temporaires A1 14 14 14

Diversité des cultures pérennes A2 6 6 14

Diversité animale A3 12 12 14

Valorisation et conservation du patrimoine génetique A4 6 6 6

DIVERSITE DOMESTIQUE 33 33

Assolement A5 8 8 8

Dimension des parcelles A6 5 5 6

Gestion des matières organiques A7 5 5 5

Zones de régulation écologique A8 8 8 12

Contribution aux enjeux environnementaux du territoire A9 2 2 4

Valorisation de l'espace A10 5 5 5

Gestion des surfaces fourragères A11 2 2 3

ORGANISTAION DE L'ESPACE 33 33

Fertilisation A12 4 4 8

Effluents organiques liquides A13 3 3 3

Pesticides A14 12 12 13

Traitements vétérinaires A15 2 2 3

Protection de la ressource des sols A16 4 4 5

Gestion de la ressource en eau A17 4 4 4

Dépendance énergétique A18 8 8 10

PRATIQUES AGRICOLES 34 34

100 100

Demarche de qualité B1 7 7 10

Valorisation du patrimoine bâti et du paysage B2 4 4 8

Gestion des déchets non organiques B3 2 2 5

Accessibilité de l’espace B4 3 3 5

Implication sociale B5 10 6 6

QUALITE DES PRODUITS ET DU TERRITOIRE 22 33

Valorisation par filières courtes B6 8 7 7

Autonomie et valorisation des ressources locales B7 7 7 10

Services, pluriactivité B8 2 2 5

Contribution à l’emploi B9 1 1 6

Travail collectif B10 3 3 5

Pérennité probable B11 3 3 3

EMPLOI ET SERVICES 23 33

Contribution à l’équilibre alimentaire mondial B12 10 10 10

Bien-être animal B13 2 2 3

Formation B14 4 4 6

Intensité de travail B15 3 3 7

Qualité de vie B16 5 5 6

Isolement B17 3 3 3

Accueil, hygiène et sécurité B18 4 4 4

ETHIQUE ET DEVELOPPEMENT HUMAIN 31 34

76 100

Viabilité économique C1 0 0 20

Taux de spécialisation économique C2 6 6 10

VIABILITE 6 30

Autonomie financière C3 0 0 15

Sensibilité aux aides C4 0 0 10

INDEPENDANCE 0 25

Transmissibilité C5 0 0 20

TRANSMISSIBILITE 0 20

Efficience du processus productif C6 21 21 25

EFFICIENCE 21 25

27 100

Indicateurs

Echelle de

durabilité

socioterritoriale

Sous-total:

Sous-total:

Sous-total:

Total:

Sous-total:

Sous-total:

Sous-total:

Organisation

de l’espace

Total:

Echelle de

durabilité

agroécologique

Ethique et

développement

humain

Qualité des

produits et des

territoires

Emploi et

services

Pratiques

agricoles

Diversité

Domestique

Echelle de

durabilité

économique

Total:

Sous-total:

Efficience

Transmissibilité

Sous-total:

Sous-total:

Sous-total:

Viabilité

Indépendance

Page 87: Etude de la durabilité en exploitation agricole : Le ...bergerie-villarceaux.org/uploads/images/rapport Villarceaux 2011.pdf · 5 Chapitre 1 : Analyse de la ferme de la Bergerie

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Annexe 2 : Plan général de plantation de haies