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    Commerce extrieur :refuser le dclinPropositions pour renforcer notre prsencedans les changes internationaux

    ana DREYER

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    Lnstitut Montaigne est un laboratoire dides - think tank - cr fin 2000par Claude Bbar et dirig par Laurent Bigorgne. l est dpourvu de touteattache partisane et ses financements, exclusivement privs, sont trs diversifis,aucune contribution nexcdant 2 % de son budget annuel. En toute indpendance,il runit des chefs dentreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaireset des reprsentants de la socit civile issus des horizons et des expriencesles plus varis. l concentre ses travaux sur trois axes de recherche :

    Cohsion sociale :cole primaire, enseignement suprieur, emploi des jeunes et des seniors,modernisation du dialogue social, diversit et galit des chances, logement.

    Modernisation de laction publique :Rforme des retraites, justice, sant, protection sociale.

    Comptitivit :Fiscalit, cration dentreprise, nergie, pays mergents,

    financement des entreprises, proprit intellectuelle, transports.

    Grce ses experts associs (chercheurs, praticiens) et ses groupes de travail,lnstitut Montaigne labore des propositions concrtes de long terme sur les grandsenjeux auxquels nos socits sont confrontes. l contribue ainsi aux volutionsde la conscience sociale. es recommandations rsultent dune mthode danalyseet de recherche rigoureuse et critique. Elles sont ensuite promues activementauprs des dcideurs publics.

    travers ses publications et ses confrences, lnstitut Montaigne souhaitejouer pleinement son rle dacteur du dbat dmocratique.

    LInstitut Montaigne sassure de la validit scientifique et de la qualit

    ditoriale des travaux quil publie, mais les opinions et les jugements qui

    y sont formuls sont exclusivement ceux de leurs auteurs. Ils ne sauraient

    tre imputs ni lInstitut, ni, a fortiori, ses organes directeurs.

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    Commerce extrieur : refuser le dclin.

    Propositions pour renforcer notre prsence dans les changes internationaux

    Etude de lInstitut Montaigne

    par Iana Dreyer - Chercheuse associe lInstitut Montaigne

    juin 2013

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    Introduction ................................................................................................................................ 4I - Les dynamiques actuelles de la mondialisation dans lindustrie et les services ....................6

    1. Lmergence du Fabriqu dans le monde ................................................................. 62. Le rle croissant des services dans la production industrielle et dans les changesinternationaux ......................................................................................................................... 93. Les implications des transformations lies la mondialisation pour les politiquescommerciales des pays avancs ..................................................................... ..11

    II - Lconomie franaise dans la mondialisation aujourdhui ............................................... 171. Les secteurs franais porteurs et les potentiels mobiliser ........................................... 172. LEurope : un passage oblig pour les entreprises rendu plus difficile par lafragmentation persistante du march des services ............................................................... 233.

    Au niveau mondial, des barrires importantes aux exportations franaises existent, mme

    dans les pays avancs ........................................................................................................... 26IIILa crise du multilatralisme et les difficults de la stratgie commerciale europenne .. 32

    1. Un systme commercial international en panne ............................................................ 332. La Politique commerciale commune : grandes ambitions, peu de succs .................... 363. Le positionnement franais au sein du march unique et de la Politique commercialecommune .............................................................................................................................. 43

    IVPropositions ...................................................................................................................... 471. Au niveau national : prparer le tissu productif franais lconomie mondiale dedemain .................................................................................................................................. 472. Au niveau europen : contribuer au parachvement du march des services ............... 51 3. A linternational : donner de nouvelles priorits et adapter la mthode de ngociationsde la Politique commerciale commune ................................................................................ 53Annexe 1 - Le rgime commercial international actuel ....................................................... 59Annexe 2 - Monde ouvert ou monde protectionniste ? Un bref tat des lieux ..................... 61Annexe 3 - OMC, libre-change et rciprocit: clairage sur une initiative europenne dans

    les marchs publics ............................................................................................................... 63

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    Lauteur

    Iana Dreyer est chercheuse associe lInstitut Montaigne. Economiste spcialiste du

    commerce international, elle a aussi dvelopp une forte expertise en affaires europennes et

    nergtiques. Elle publie depuis de nombreuses annes sur ces questions, quelle a suivies etapprofondies en tant que membre de lquipe permanente de lInstitut Montaigne. Elle a publi

    avec les think tanksNotre EuropeInstitut Jacques Delors,Institut dEtudes de Scurit delUnionEuropenne (IESE), etEuropean Centre for International Political Economy (ECIPE) Paris et Bruxelles. Elle a aussi publi avec le Groupe Economie Mondiale Sciences Po etcollabor avec lunit Commerce International du dpartement des relations internationales de

    laLondon School of Economics. Ses analyses et articles dopinion paraissent dans les mdiaset les forums europens et internationaux, parmi lesquels East Asia Forum, Europen Energy

    Review, Bloomberg. Iana est diplme de Sciences Po Paris et de la London School of

    Economics.

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    Introduction

    Malgr ses faiblesperformances lexport, refltes dans la dgradation continue de sa balance

    commerciale depuis une dizaine dannes, lconomie franaise est dote de nombreux atouts .

    Cependant, linadaptation de nombre de ses structures - juridiques, fiscales et institutionnelles

    - aux conditions actuelles de la production et aux exigences de la zone montaire dans laquelle

    elle est partie prenante, a aliment son dcrochage par rapport un certain nombre de

    partenaires europens. Une stratgie globale de projection dans lconomie europenne et

    mondiale est ncessaire. Certes, dans un contexte de crise prolonge, la France a amorc des

    rformes pour rtablir sa comptitivit et exporter davantage et, fin 2012, le Ministre du

    Commerce extrieur a dvoil une nouvelle politique daccompagnement des entreprises

    franaises linternational, se fixant comme objectif de rsorber le dficit commercial hors

    nergie dici cinq ans.

    Si cet objectif est louable, latteindre requiert de prendre en compte des sujets beaucoup plus

    structurants pour les entreprises franaises dsireuses de sinternationaliser. Lon songe

    notamment aux rgles conomiques europennes ainsi quaux ngociations menes par

    lEurope dans et hors du cadre de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) pour ouvrir

    les marchs linternational. Ces rgles et mcanismes complexes mritent dtre mieux

    connus et compris, et de faire partie intgrante du dbat public, sans apriori idologique. Agirsur ces rgles, apprhender ces mcanismes doivent permettre dapprofondir les rformes en

    cours et, aux entreprises franaises, de se dvelopper davantage au niveau international.

    Cette tude entend porter trois messages clefs :

    le tissu conomique de la France, surtout ses petites et moyennes entreprises, est moinsouvert aux chanes de valeur industrielles rgionales et mondiales que les conomies les

    plus comptitives en Euro, ce qui explique sa relative perte de vitesse dans les changes

    mondiaux;

    notre pays a avant tout perdu des parts de march dans la zone Euro - comme plusgnralement dans les pays avancs. Alors que la France prsente de relles forces dans

    les services, la fragmentation persistante du march europen des services est un relhandicap pour le dploiement du potentiel des entreprises franaises ;

    dix ans aprs son lancement, le cycle de Doha lOMC peine aboutir. Les appels sefont de plus en plus pressants pour que louverture des marchs continue, afin de

    stimuler la croissance. Les rcentes dcisions europennes de lancer des ngociations

    bilatrales avec les grandes conomies que sont les Etats-Unis et le Japon, bien que

    prsentant de nombreux risques, sont ce titre une relle opportunit de relancer la

    machine du commerce international et terme de retrouver le chemin du

    multilatralisme ouvert centr autour de lOMC.

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    I - Les dynamiques actuelles de la mondialisation dans

    lindustrie et les services

    Les changes internationaux sont dans leur grande majorit des changes entre industries

    dsormais insres dans des chanes de valeur complexes o les services intermdiaires jouent

    un rle croissant. Lurbanisation, lenrichissement et le vieillissement dmographique

    contribuent au dveloppement des services, publics et privs, qui rpondent des besoins

    dinfrastructures ou de bien-tre. Les conomies comptitives aujourdhui sont celles qui savent

    insrer leur tissu productif dans ces dynamiques.

    1.Lmergence du Fabr iqudans le monde La valeur des exportations mondiales de biens est passe de 3 700 milliards de dollars en 1993 17 819 milliards de dollars en 20111. Avec cette croissance spectaculaire du commerce et la

    monte de lAsie et des pays mergents dans la production mondiale, on a assist un

    dplacement massif des changes commerciaux vers ces rgions. Stimul par le dveloppement

    des nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC) etparlouverture

    des pays mergents, ce processus sest accompagn dun bouleversement profond des modes

    de production industriels, entranant avec lui des changements dans la nature mme des

    changes. Ces derniers, domins par les biens industriels (Figure 1), se sont mus en un

    processus complexe de chanes de valeur o produits semi-finis, composants et services

    jouent un rle croissant.

    1 Source : OMC, Statistiques du commerce international2012

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    Figure 1 La part de lindustrie, des services et de lagriculture dans le commerce

    mondial, 2001 et 2011Source: calculs de lauteur bass sur les donnes fournies par OMC, dans Statistiques du commerce international 2012

    Ainsi, les biens de consommation finale ne composent-ils aujourdhui que 21 % des changes

    de biens industriels. La part quy occupent les biens dquipement industriels est de 16,8 %, et

    la part des biens dits intermdiaires (composants et produits semi-finis) de 56 %2. Le

    commerce biens intermdiaires a cr de 6,2 % en volume entre 1995 et 20063.

    En se plaant dans ces chanes de valeur pour dvelopper leurs exportations, de nombreux pays

    en voie de dveloppement ont pu faire leurs premiers pas dans lindustrialisation et acclrerleur dveloppement conomique4. Une grande varit de produits a ainsi pu merger et les prix

    de nombreux produits de consommation ont baiss dans les pays avancs5.

    Fortement rgionalise, cette mthode de production a t pousse trs loin en Asie du Sud Est.

    Elle a commenc dans les annes 1980 avec la dlocalisation, dans cette rgion, dune partie de

    la production japonaise arrive maturit, puis a intgr la Chine dans les annes 2000 comme

    lieu dassemblage final de marchandises destines, in fine, aux marchs occidentaux. Elle aaussi vu lentre en scne dinvestisseurs taiwanais, corens, ou de Hong Kong, dont les

    industries ont mri et les acteurs conomiques dvelopp des capacits massives

    dinvestissement. Processus dynamique et mouvant, la production fragmente se dplace

    mesure que les cots de production en Chine augmentent avec le niveau de vie de sa

    population6. Elle permet actuellement aux pays plus pauvres de lAsie, comme le Vietnam, le

    Bangladesh et le Pakistan, dintgrer ces chanes de production, notamment dans le textile ou

    2 S. Miroudot, R. Lanz, A. Ragoussis, Trade in Intermediate Goods and Services, OECD Trade Policy Working Papers No.

    93, 2009

    3 Ibid.4 M. Haddad, B. Shepherd, Export-led growth: Still a viable strategy after the crisis?, Vox.EU, 12 April 2011

    5 L. Fontagn, Contribution 5 ,Les atouts de la France dans la mondialisation, Conseil dAnalyse Economique, 20076R. Jacob., China wage rises bring shift in production, Financial Times, 6 September 2011

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    llectronique. Des projections rcentes indiquent que la part des biens intermdiaires changs

    en Asie pourrait passer de 53 % aujourdhui 58 % dici 2030.7

    On a pu constater un processus similaire en Europe, avec louverture des pays dEurope

    Centrale et Orientale et leur intgration au sein de lUnion europenne (UE)8. Cette ouverture

    a permis aux industries dEurope de lOuest (les entreprises allemandes en tte, mais pas

    uniquement) de gagner en productivit en localisant une partie de leur production dans ces pays.

    Ainsi, laccroissement trs important des changes entre lEurope de lOuest et lEurope de

    lEst est-il avant tout le fait de flux de marchandises intermdiaires, de composants et de biens

    dquipement qui nourrissent la consommation et les exportations europennes9. Linsertiondes pays dEurope Centrale et Orientale dans ces circuits de production industriels a fortement

    contribu au rattrapage conomique de ces rgions.

    Le commerce entre lUE et la Chine est, lui aussi, trs largement le fait de produits

    intermdiaires. Entre 1995 et 2004, si les importations allemandes venant de Chine ont cr de

    19 %, elles ont essentiellement consist en biens dquipement, en composants et en produits

    semi-finis. La part des biens de consommation finale dans laccroissement des changes entre

    la Chine et lAllemagne na t que de 3 %10.

    Si les dlocalisations dactivits moindre valeur ajoute vers des pays aux cots de main

    duvrebas jouent un rle important dans la croissance du commerce de biens intermdiaires

    et des chanes de valeur, les dlocalisations vers des pays avancs le font tout autant sinon plus.

    En effet, la majorit des entreprises des pays avancs qui dcident de localiser une partie de

    leur activit ltranger le font vers dautres conomies avances.11 La dcision de localiserailleurs certaines fonctions dune entreprise dpend en effet de nombreux facteurs, comme la

    recherche de processus dinnovation et de production plus efficients, laccs des savoirs et

    savoir-faire spcifiques ainsi qu des marchs trangers. Par ailleurs, de plus en plus de pays

    mergents localisent une partie de leurs activits dans les pays avancs pour ces mmes

    raisons12. Toutes ces volutions ont rcemment t corrobores par lINSEE dans le cas de la

    France13.

    7 P. Athukorala,Asian Trade Flows: Trends, Patterns and Projections, Arndt-Corden Department of EconomicsCrawford School of Economics and Government College of Asia and The Pacific, Australian National University, 2011

    8 R. Frensch., European trade in parts and components: searching (for a trade model for searching) for offshoring evidence,

    Working Papers 280, Osteuropa-Institut (Institute for East European Studies), Regensburg, 2010

    9 K. Eck, Decomposing a decades growth of Central and Eastern Europes trade,Kurzanalysen und Informationen, Nr. 40,Mai 2009, Osteuropa-Institut, Regensburg (Ratisbonne)

    10Ibid.11 Ch. Carrincazeaux, M.Coris, The Decision-Making Process of Relocations: What, Where, How and Why?,Les Cahiers

    du Gretha, n 2012-04, janvier 201212Ibid.13 Les Echos, Dlocalisations : l'Insee tord le cou aux ides reues , 12 juin 2013.

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    2.Le rle croissant des services dans la production industr ielle et dans leschanges internationaux

    Encadr1 - Que recouvrent les notions de services et dchange inter national de

    services ?

    Les services sont les activits immatrielles de lconomie. Dans les pays avancs, ils reprsentent

    plus des deux tiers de lactivit conomique et des emplois. Dans les pays en voie de dveloppement, lesservices reprsentent seulement entre un tiers etprs de la moiti du produit national et de lemploi.Un fort taux dactivit de services dans une conomie est le signe quelle riche et diversifie. On peutdistinguer trois grands types de services :

    les services aux entreprises, qui soutiennent lactivit conomique et lindustrie. Par exemple: les services financiers et dassurance, les cabinets de conseil, les services juridiques, les

    laboratoires de recherche, les services de communication et de marketing, les pourvoyeurs desystmes dinformation, les services de maintenance, les cabinets darchitectes, les activits dedesign, etc. ;

    les services aux personnes ou aux mnages. Par exemple : les loisirs, la culture, le tourisme,le commerce et la distribution, les aides mnagres, les coiffeurs et autres instituts de beaut,etc. ;

    les services publics et dinfrastructure : la sant, lducation, les transports, lestlcommunications, la distribution dnergie et autres services urbains (propret,assainissement des eaux, voirie).

    Les services schangent peu linternational,et ce pour plusieurs raisons. Tout dabord, la vente etla consommation de services se font localement : on ne traverse pas la frontire pour aller chez lecoiffeur par exemple. Ensuite, de nombreux services, notamment les services dintrt gnral oudinfrastructure, ont longtemps t et sont encore souvent organiss en monopoles publics, peu sujets une logique de march, encore moins une logique dinternationalisation. Ainsi, seulement 24 % ducommerce international est-ille fait dchanges de services.

    La nature des changes internationaux de services se distingue fortement du commerce de biens. Dansle commerce des biens, cest le produit qui traverse la frontire. Dans les services, il est plus rare quele produit lui-mme traverse la frontire, bien que les nouvelles technologies le permettent de plus enplus. Dans les services, cest soit le prestataire qui sedplace (lquipe dun cabinet daudit effectuantune mission ltranger), soit le consommateur (un touriste voyageant ou un patient allant se faire

    soigner ltranger). Dans une grande majorit de cas, il induit un investissement direct de ou versltranger. Un oprateur de tlcommunications installera des bureaux et des infrastructures ltrangeretembauchera sur place le personnel ncessaire au fonctionnement de lentreprise. Cela nelempchera pas denvoyer du personnel en expatriation, ni de maintenir son sige oprationnel et sesoprations globales dans son pays dorigine.

    Comment se ngocie louverture du secteur des services lOMC et les accords bilatraux ? Lesngociations commerciales lOMC portent sur linvestissement direct dans les services, la mobilitdes prestataires et des consommateurs des services, ainsi que sur lchange transfrontalier de

    prestations.

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    La servicialisation de lindustrie, condition de sa comptitivitLa part de lindustrie dans la valeur ajoute est passe, dans les pays de lOCDE, de 25 % en

    1980 16 % 2007. Une telle volution est en partie normale et ne saccompagne pas dun dclin

    absolu de valeur ajoute dans lindustrie. De plus, les services, comptabiliss dans dautres

    sries statistiques, jouent un rle croissant dans lindustrie, surtout dans les conomies

    avances. En partie en raison de lexternalisation de fonctions servicielles quiprcdemment faisaient partie de firmes industrielles verticalement intgres, les frontires

    entre services et industrie tendent sestomper. Aussi, dans les pays avancs, les emplois dans

    lindustrie se dplacent-ils vers des activits servicielles comme la Recherche et

    Dveloppement (R&D) en amont ; la vente ou les services aprs-vente ou encore la maintenance

    en aval. Des tudes montrent quune industrie plus riche en activits de services est une

    condition essentielle pour maintenir sa comptitivit lexport. En Sude, 39 % des emplois

    industriels relvent dactivits servicielles . Actuellement 34 % de la valeur ajoute

    industrielle allemande vient de prestataires de services1415. La forte prsence de services est

    pour beaucoup dans la performance lexportation des industries des conomies avances qui

    lont favorise. Elle a ainsi contribu stabiliser la part de lindustrie dans la production

    sudoise (21 % du PIB en 1980, 20 % en 2007)16.

    La croissance des changes de services, une tendance de fondAu-del de leur rle croissant dans lindustrie, les services jouent un rle de plus en plus

    important dans le commerce mondial. La croissance du commerce des services dans le monde

    a t forte ces dernires annes : + 9,5 % par an en moyenne entre 2000 et 2010 17. Cetaccroissement est li plusieurs phnomnes qui se nourrissent mutuellement :

    les nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC). Ellespermettent une rorganisation de certaines activits conomiques, qui peuvent

    dsormais tre commercialises et livres distance. Par exemple, des services simples

    de gestion comptable dune entreprise peuvent aujourdhui tre fournis des dizaines

    de milliers de kilomtres moindre cot : il suffit de communiquer par e-mail et

    changer des dossiers en ligne avec le prestataire. De plus en plus de services peuvent

    tre dlivrs par internet18 ;

    la croissance mme du commerce de biens. On pense notamment aux activits detransport, de logistique, de distribution, aux activits postales, ou encore de financement

    14 Les Echos, Dlocalisations : l'Insee tord le cou aux ides reues , 12 juin 2013.

    15 McKinsey Global Institute, Trading myths: Addressing misconceptions about trade, jobs, and competitiveness, 2012, p.316Ibid., p.2217Source : calculs de lauteur bass sur OMC

    18 H. Meijers, Does the internet generate economic growth, international trade, or both? Working Paper 2012-050,UNU/MERIT May 2012

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    et dassurance du commerce, qui constituent la grande majorit des services changs

    linternational ;

    le dveloppement des chanes de valeur internationales. Le commerce des services dansle monde est trs majoritairement un service dentreprises entreprises : 73 % de celui-ci consiste en des activits intermdiaires sinsrant dans un processus de production

    plus large19 ;

    lurbanisation20, la monte des classes moyennes dans de nombreux pays et louverturecroissante de services publics aux acteurs privs. Ces volutions ont favoris lesinvestissements trangers dans des services dinfrastructure et dintrt gnral ces

    dernires dcennies : les tlcommunications, les transports publics, la gestion de leau,

    les services de propret. Lenseignement suprieur et certains services de sant

    sinternationalisent et se commercialisent galement. On peut penser, par exemple,

    certaines universits amricaines ou aux coles de commerce franaises qui ouvrent des

    campus ltranger, ou bien au dveloppement de services de sant (dentaires, par

    exemple) pour trangers en Europe centrale et orientale ou en Asie. Plusieurs facteurs

    laissent penser que cette tendance ira en saccentuant tant dans les pays avancs que

    dans les pays mergents les plus dynamiques : la demande croissante de bien-tre lie

    lenrichissement, lallongement de la dure de vie ainsi que la contrainte croissante sur

    les finances publiques. Celle-ci oblige les Etats - pour des raisons de matrise des cots

    et defficience - impliquer davantage les acteurs privs dans la fourniture de services,

    sur la base de rgles de march, au travers de marchs publics plus concurrentiels ou de

    privatisations21.

    3.Les impl ications des transformations lies la mondialisation pour lespol iti ques commerciales des pays avancs

    Mme si la connaissance des volutions les plus rcentes de lconomie mondiale reste

    approfondir, leurs implications pour la stratgie commerciale des pays sont nanmoins trs

    claires :

    La spcialisation internationale actuelle et louverture conomique sont largementbnfiques pour les pays avancs

    19S Miroudot et al., op cit.20 Selon les dernires projections des Nations Unies, la part de la population mondiale vivant en zone urbaine devrait passer

    de 51,6 % en 2010 59,9 % de la population en 2030. Voir site internet World Urbanization Prospects, the 2011 Revision:http://esa.un.org/unpd/wup/CD-ROM/Urban-Rural-Population.htm

    21 I. Dreyer (2011), Potential Contours of the World Economy by 2030. Stakes for the European Union. Background paperto the EU-sponsored 2011 European Strategy and Policy Analysis System, Mimeo. August 2011.

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    Les Etats-Unis et lUE, dont les secteurs industriels haute valeur ajoute et les services sont

    particulirement comptitifs, sont les gagnants de cette mondialisation. LUE prsente un

    excdent commercial dans lautomobile (85 milliards deuros), secteur dans lequel elle fournit

    25 % de la production mondiale. Sa balance commerciale est galement excdentaire dans la

    chimie (43 milliards deuros), laviation civile (16,9 milliards deuros), la machine-outil et les

    quipements lectriques (130 milliards deuros), ainsi que dans les produits pharmaceutiques

    (35 milliards deuros). Ses principaux dficits commerciaux sont dans les secteurs du textile

    (49,9 milliards deuros) et des chaussures (8,6 milliards deuros), faible valeur ajoute22. Les

    Etats-Unis sont le deuxime exportateur mondial de biens23. Les biens industriels haute valeur

    ajoute comptent pour plus de 60 % de leurs exportations. Les produits chimiques, les biens

    dquipement de transport et la machine-outil sont leurs principaux atouts24.

    Sagissant du commerce des services, il est largement domin par les conomies avances.LUE assure, elle seule, prs du quart des exportations mondiales de services, suivie des

    Etats-Unis, qui en assure prs dun cinquime (voir Figure 2)25.

    Figure 2

    Louverture prcoce des industries des conomies avances au commerce dans le cadre du

    GATT depuis 1947 a largement contribu la longueur davance quelles ont actuellement sur

    le plan conomique, industriel et des services sur les pays en voie de dveloppement et

    mergents, dont louverture est plus rcente et moindre (voir Annexe 1).

    22 Source : DG Commerce, Commission. Les chiffres concernent lanne 2010.

    23 Source : OMC, Statistiques du Commerce Mondial 201224Business Insider, MADE IN USA: The Top 10 Manufactured Products In America's $2 Trillion Export Industry, 8 March

    2012

    25 OMC, Statistiques du Commerce Mondial 2012

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    Les conomies dont le tissu conomique est le plus fortement insr dans les changesinternationaux sont les plus comptitives

    Laccroissement de la part du commerce de biens dans le PIB de lAllemagne est ce titre

    clairant. La Figure 3 ci-dessous met face face laccroissement de la part des changes

    internationaux dans la production allemande et lvolution de son rang dans les classements de

    comptitivit internationale ces dix dernires annes. Passs de de 27,7 % du PIB en 2001

    40,3 % en 2011, les changes allemands de biens refltent quel point le tissu productif du

    pays sest insr dans les chanes de production mondiales. Les gains defficacit conomique

    dont le pays a pu bnficier grce cet effort lui ont permis de passer, au cours de la mme

    priode, de la 17eplace la 6e dans le classement de la comptitivit des conomies effectu

    annuellement par le Forum Economique Mondial. La forte ouverture de lconomie sudoise

    aux changes26 est galement corrle sa performance conomique ces dernires annes. Acontrario, le taux stable et plus faible dintgration aux changes mondiaux de lItalie ces dix

    dernires annes semble renforcer le constat quouverture du tissu productif aux changes

    mondiaux et comptitivit globale de lconomie sont intimement lies.

    26 En partie plus naturelle tant donne lapetite taille de lconomie.

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    Figure 3Intgration du tissu productif dans les changes mondiaux et comptitivit

    Compti tivi tRang mondialSource : Global Competitiveness Report 2012-2013 et Global

    Competitiveness Report 2002-2003

    Pays Rang en 2002 Rang en 2012

    Allemagne 17 6

    Sude 5 4

    France 20 21

    Italie 26 41

    La cl de la comptitivit industrielle lexport rside dans une plus forte ouverture delindustrie aux chanes de valeur internationales allie sa monte en gamme

    Ainsi, bien que cela puisse paratre a priori paradoxal, accrotre la capacit de lindustrie exporter implique daccrotre la part des importations dans la production industrielle. Au fur et

    mesure de la transformation de lindustrie sudoise durant les annes 1990 et 2000 dcrite ci-

    dessus, la part des importations a jou un rle de plus en plus important dans les produits

    industriels exports. La part des composants imports dans les biens industriels exports par la

    Sude est passe de 33 % au milieu des annes 1990 39 % une dcennie plus tard 27.

    Lindustrie doit aussi souvrir aux investisseurs trangers pour mieux exporter. Le succs

    sudois - industriel et lexportation - repose aussi sur une stratgie dattraction des

    investissements directs trangers. De 1989 1999, la part des investisseurs internationaux dans

    les entreprises sudoises cotes a augment de 7 % 40 %. Durant cette priode, les dix plus

    grandes multinationales investies en Sude ont contribu hauteur de 35 % la croissance du

    secteur manufacturier du pays. Ces investisseurs ont surtout t prsents dans les cinq secteurs

    qui ont contribu hauteur de 80 % la croissance de lindustrie28. Ces volutions se sont

    accompagnes dune croissance spectaculaire des exportations, dont la part dans le PIB estpasse de 0,5 % 4,8 % entre 1980 et 2007. La rcente revitalisation du secteur automobile

    britannique est galement lie aux transformations que les investisseurs allemands et indiens,

    qui en ont pris le contrle durant la dernire dcennie, y ont introduites29.

    Cette ouverture doit tre mise au service de la monte en gamme des produits proposs. La

    nouvelle spcialisation internationale des conomies porte aujourdhui moins sur les produits

    27 McKinsey Global Institute, Op. cit.,p.2328 McKinsey Global Institute, Op. cit.,p.22. Malheureusement les mmes chiffres ne semblent pas disponibles pour la France29Le Monde, La nouvelle jeunesse des anglaises, 4 janvier 2013. Financial Times, China now Jaguar Land Rovers prime

    market , 13 January 2013

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    eux-mmes que sur la nature des tches effectues sur un territoire : selon leur contenu en

    recherche et innovation, par exemple, ou bien encore leur intensit en travail qualifi ou peu

    qualifi.

    Pour monter en gamme, la recherche et le dveloppement (R&D) sont des activits essentielles

    pour maintenir la comptitivit des conomies avances. En dehors du cas allemand bien connu,

    celui de la Sude est clairant. Les efforts de R&D dans ces pays sont levs. La Sude a

    dpens 3,4 % de son PIB en R&D en 2010 ; lAllemagne 2,8 %. Leurs taux sont similaires

    celui des Etats-Unis (2,9 %) comparer avec les 2,2 % de la France30. La structure des

    emplois dans lindustrie a galement suivi cette monte en gamme. En Sude, les emplois

    forte valeur ajoute ont augment de 1,7 % par an entre 2001 et 2007, alors que les simples

    emplois dassemblage ont diminu de 2,6 % par an sur cette priode.

    Les entreprises insres dans les chanes de valeur internationales sont plusproductives, plus innovantes et crent plus demplois qualifis

    Les entreprises engages dans des processus de fragmentation de leur production

    augmentent leur productivit. Selon des estimations rcentes, laugmentation de 1 % de la part

    des importations de produits intermdiaires fait crotre la productivit des entreprises de

    0,3 %31.

    Les entreprises qui exportent sont gnralement plus productives que les entreprises qui

    nexportent pas. Le lien de causalit entre productivit et exportations dune entreprise nest

    pas clairement tabli. Mais celui entre ouverture des entreprises aux capitaux internationaux etleur capacit dinnovation, lest davantage car cette dernire acclre ladoption de nouvelles

    technologies32.

    Les entreprises plus productives et exposes aux marchs internationaux ont une plus grande

    capacit crer et maintenir des emplois. Une tude portant sur les effets de lexposition des

    entreprises franaises la concurrence internationale montre que, si les importations de

    produits finis ont eu des effets ngatifs sur lemploi dans les entreprises exposes cette

    dernire, dans le cas dimportations de biens intermdiaires, les effets sur lemploi dans ces

    entreprises taient plutt positifs33.

    Les nouveaux emplois industriels sont plus qualifis et de nature plus servicielle . Si 85 000

    emplois industriels ont disparu en Sude de 1993 2007, 120 000 ont t crs dans des services

    30 Les chiffres sur les dpenses de R&D ont t consults sur la base de donnes statistiques de lOCDE en fvrier 2013

    31 S. Stone, B. Shepherd, Dynamic Gains from Trade: The Role of Intermediate Inputs and Equipment

    Imports, OECD Trade Policy Papers, No. 110 , 201132N. Kiriyama, Trade and Innovation: SynthesisReport, OECD Trade Policy Papers, No. 135, 2012.Voir aussi L. Fontagn, F. Toubal, Investissement direct tranger et performances des entreprises, Conseil dAnalyseEconomique, 2010

    33 F. Kramarz, Employment and Trade in France : A Firm-Level View (1995-2004), OECD Trade Policy Working Papers,No. 124, 2011.

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    aux entreprises lis au secteur industriel. Ces volutions ont t accompagnes

    dinvestissements massifs dans la qualification du personnel34.

    La politique commerciale doit tre pense de manire intgreAvec le dveloppement des chanes de valeur internationales, la politique commerciale requiert

    une approche de plus en plus intgre visant les optimiser. Ainsi, les questions de droits de

    douane, de normes techniques, dinvestissements, de marchs publics, de mouvements des

    personnes (dont il sera question dans la partie suivante), ne peuvent-elles plus tre considres

    sparment. Elles doivent tre penses dans leur globalit et en interaction et en interaction

    surtout avec les rformes conomiques nationales visant ouvrir le pays aux dynamiques de

    production mondiale.

    Dans ce contexte, il est ncessaire de rappeler que le protectionnisme devient de plus en plus

    coteux. Les biens passant plusieurs fois les frontires, la multiplication de droits de douane

    que ces passages frquents induisent, renchrit le cot des intrants et donc les cots de

    production.A contrario, labsence de droits de douane semble tre un acclrateur dactivit etdinnovation. Lindustrie de llectronique bnficie depuis 1997 de lAccord sur les

    technologies de linformation sous lgide de lOMC. Cet accord limine entirement les droits

    de douane sur les produits lectroniques et leurs composants. Sans un tel rgime, les incessantes

    et rapides innovations vues cette dernire dcennie nauraient probablement pas eu lieu.

    34 McKinsey Global Institute, 2012, op. cit.

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    II - Lconomie franaise dans la mondialisation aujourdhui

    Lconomie franaise a su sinsrer dans lconomie mondiale. Elle prsente de rels atouts,

    tant dans lindustrie que dans les services. Mais le modle poursuivi ce jour sessouffle, les

    chiffres de sa balance commerciale en tant lun des symptmes les plus manifestes. La prioritdes politiques publiques doit tre de permettre aux entreprises franaises - notamment son

    tissu fragment de petites entreprises industrielles ou de services - de mieux sinsrer dans les

    segments des chanes de valeur rgionales et internationales prsentant la plus haute valeur

    ajoute. Ceci implique en premier lieu douvrir son propre tissu conomique aux flux

    internationaux, mais il sagit aussi de viser en complment une expansion en Europe, et de

    rduire les nombreuses barrires que lui prsentent ses partenaires commerciaux.

    1.Les secteurs franais porteurs et les potentiels mobi l iser Les atouts franais dans le commerce international

    Tableau 1 - Principales destinations des exportations franaises de marchandises

    Destination Part des exportations

    franaises(2012)Source : DG Trsor

    UE27 59,2 %

    (dont zone euro : 46,7%)Asie 12,8 %

    Amrique du Nord 9,7 %

    Europe hors UE 8,2%

    Afrique 6,5 %

    Les chiffres de la balance commerciale franaise (- 67,2 Md en 2012 aprs - 74,1 Md en

    201135) et les dbats sur le dcrochage de son industrie, tant en Europe que sur les marchs

    internationaux, masquent parfois le fait que la France prsente de nombreux atouts dans le

    commerce international sur lesquels une stratgie dinternationalisation des activits devraitdavantage sappuyer.

    La France est la sixime puissance commerciale mondiale. La productivit de sa main duvre

    est parmi les plus leves au monde : elle dpasse celle de lAllemagne. Les grands groupes

    franais occupent bien souvent des positions de leader et, dans chaque mtier, on trouve un

    champion franais parmi les cinq meilleurs : aronautique, nuclaire, ptrole, gaz, pharmacie,

    travaux publics, construction, banque, assurances, traitement de leau, tlphonie, services

    informatiques, agroalimentaire, esthtique, luxe, tourisme. Certaines entreprises franaises de

    35 DG TrsorPle Commerce extrieur, Les rsultats du commerce extrieur de la France en 2012 ,Dossier de presse, 7fvrier 2013

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    taille intermdiaire ont galement pris le chemin des marchs internationaux, que ce soit dans

    lindustrie, lagro-alimentaire, les cosmtiques ou la mode. La France est le principal

    exportateur de produits agro-alimentaires dEurope (20,1 % des exportations europennes en

    2011 de nourriture, boissons et tabac, selon Eurostat).

    Certaines productions franaises se portent bien et certaines industries sont aujourdhui

    excdentaires. Tel est notamment le cas des secteurs suivants :

    les quipements de transport - aronautique en tte - avec un solde excdentaire de labalance commerciale de 1,6 milliard deuros en 2012 ;

    la chimie, les parfums et les cosmtiques (+ 725 millions deuros en 2012) ; lagro-alimentaire (+ 480 millions deuros en 2012).

    Globalement, les exportations ont augment durant la dernire dcennie sur ces trois postes. La

    France est aussi exportatrice nette de produits agricoles (563 millions deuros dexcdent en

    2012), dont les exportations ont continuellement augment tout au long de la dernire dcennie.

    Llectricit et le gaz manufactur (180 millions deuros) et les produits pharmaceutiques (258

    millions deuros), sont aussi largement excdentaires36. Ces excdents correspondent aux

    avantages comparatifs de la France, quelle partagepar ailleurs avec ses principaux partenaires

    europens37.

    La France est exportatrice nette de services (voir les graphiques dans la Figure 4 ci-dessous).

    Lexcdent de sa balance commerciale dans les services, de 3,2 milliards deuros en 2012 hors

    voyages, est mme trs important. La France nest pas seulement la premire conomieexportatrice mondiale de services touristiques. Elle est aussi exportatrice nette de :

    services aux entreprises (conseil et assistance, services oprationnels, services derecherche et dveloppement), dont le solde net a reprsent lui seul de 2,3 milliards

    deuros en 2012 et se trouve en forte croissance, malgr la crise;

    services de construction ; services de communication38.

    Par ailleurs, les innovations rapportent notre pays des rentes au travers des redevances et droits

    de licence.

    36 Les chiffres de la balance commerciale cits dans les deux paragraphes prcdents ont t recueillis en fvrier 2013 sur le

    site internet de lINSEE.

    37Ministre de lEconomie, des Finances et de lIndustrie, Spcialisation lExportation de la France et de quatre grands

    pays de lUnion Europenne entre 1990 et 2009 ,Lettre Trsor-Eco, No. 98, Fvrier 201238 Dfinition INSEE Services aux entreprises. Ces activits correspondent au code EN de la NES (en vigueur jusqu'en 2007)

    de : postes et tlcommunications ; conseils et assistance ; services oprationnels ; recherche et dveloppement.

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    Figure 4 Balance des paiements franaise en 2012Les services exportateurs nets

    Source : INSEE

    Ainsi, en raisonnant en termes de la valeur ajoute nationale intgre dans les exportations, les

    services contribuent mieux positionner la France dans le commerce international que les seuls

    chiffres de la balance commerciale ne sauraient suggrer.

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    Un dcrochage inquitant en EuropeFigure 5Balance commerciale de la France dans lUnion europenne

    Cependant, le dcrochage franais dans le commerce international est rel. Ce dcrochage est

    surtout patent dans lUnion europenne, destination de 59 % de ses exportations (voir Figure 5

    ci-dessus), o le solde commercial est devenu dficitaire en 2004. Il lest aussi plus

    gnralement dans les exportations franaises vers les conomies avances. Par exemple, le

    solde des exportations de marchandises vers lALENA est pass de 239 millions deuros

    dexcdent en 2002 un dficit de 88 millions deuros en 2011. De la mme faon, la France

    na pas su simposer armes gales avec ses concurrents allemands notamment - sur les

    marchs dynamiques de lAsie.

    Les principales causes de dcrochage peuvent se rsumer de la manire suivante :

    linadaptation des cots et des structures (par exemple , le march de lemploi) lanouvelle ralit europenne suite lintroduction de leuro ;

    des politiques publiques favorisant peu linnovation et rendant le territoire franaismoins attractif pour les laboratoires de recherche42 ;

    la faible ractivit de lappareil industriel franais, pas assez de petites et moyennesentreprises exportatrices, et une faible varit des produits

    43

    , qui sont rattacher uneinsuffisante concurrence sur les marchs des biens et services sur le territoire44.

    A ce titre, la relative perte dattractivit du site France pour les investisseurs est rvlatrice et

    devrait tre source dinquitude. Si la France reste un pays trs attractif pour les investisseurs

    internationaux, elle a abandonn son rang de deuxime destination europenne en 2011

    42E. Cohen, Contribution 4 ,Les atouts de la France dans la mondialisation, Conseil dAnalyse Economique, 200743Ibid.44 Voir leRapport de la Commission pour la libration de la croissance franaise, sous la prsidence de Jacques Attali, La

    Documentation franaise, 2008,

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    lAllemagne,tandis que lEspagne en plein cycle de crise et de rformes en 2011 a fait lobjet

    dunafflux important dinvestissements45.

    Une insuffisante insertion du tissu productif franais, et notamment des petites etmoyennes entreprises (PME/PMI) dans les chanes de valeur rgionales et mondiales

    Laccroissement de la part des changes dans lconomie nationale est une cl essentielle pour

    la comptitivit des conomies europennes. Or, la part des changes dans lconomie franaise

    est significativement moins leve que celle de ses concurrents plus comptitifs (voir Figure 3

    ci-dessus). Cette faiblesse relative des changes dans le tissu productif franais sexplique par

    le fait que la France optimise moins ses chanes de valeur46. Selon les derniers chiffres

    disponibles fournis par le CEPII47, lapart des biens intermdiaires dans lindustrie est en France

    beaucoup plus faible (moins de 20 %) quen Allemagne, au Japon ou encore aux Etats-Unis

    (plus de 25 %). Des recherches rcentes montrent quen France les entreprises qui recourent

    limportationde biens intermdiaires sont davantage en mesure dexporter48 : le problme serait

    donc quelles le font en nombre et une chelle insuffisante. Le raisonnement est le mme pour

    limportation de services intermdiaires : la part des services intermdiaires imports par la

    France est moindre quailleurs. Ils reprsentent de 90 % des changes de services en

    lAllemagne, 91,1 % des changes en Sude, contre 78,9 % seulement en France49.

    Enfin, il semble que le modle dinternationalisation pratiqu jusquici en France - tir par

    linternationalisation des grands groupes - sessouffle. Ces entreprises sont maintenant

    fortement implantes ltranger et nentranent plus autant les filires de sous-traitance et les

    services avec eux linternational. Ainsi, le dfi majeur de la France est-il de dvelopper lataille et la capacit dexportation des petites et moyennes entreprises, dont le tissu beaucoup

    plus dense et performant est la cl des exportations allemandes, italiennes et dans une moindre

    mesure britanniques50. Il est ncessaire de lever les obstacles qui entravent le dveloppement

    des petites entreprises franaises, afin de leur permettre dtre les fers-de-lance dune nouvelle

    vague dinternationalisation de lconomie.

    Dans un secteur qui nous intresse tout particulirement dans cette tude - les services aux

    entreprises - la Commission Attali avait, ds 2008, attir lattention sur un certain nombre de

    barrires la croissance pour ceux dpendant de professions rgules. Le rapport soulignait par

    exemple que les exigences de contrle des experts comptables sur leur capital, de 75 %

    aujourdhui, sont trop contraignantes. Commentant la contrainte place sur celle des avocats

    (de 100 %), le rapport soulignait que cette exigence conti nue limiter fortement le recours

    45 Ernst &Young, Growth, actually -Ernst & Youngs 2012 European attractiveness survey, 2012, p.846 L. Fontagn, Op. cit.47 Ibid, p. 6848 M. Bas, V. Strauss-Kahn, Does importing more inputs raise exports? Firm-level evidence from France Document de

    travail du CEPII, No 201115, juin 201149 Miroudot et al. (2009), Op cit. p. 4850 L. Rubini, K.Desmet, F.Piguillem, A.Crespo, Breaking down the barriers to firm growth in Europe, The fourth EFIGE

    policy report, Bruegel, August 2012

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    des capitaux extrieurs qui pourrait leur permettre dtendre leurs activits,

    particulirement ltranger ()51. Or, aujourdhui, les cabinets de plus de 50 salaris nereprsentent que 0,2 % des cabinets franais et 13,3 % du chiffre daffaires. Une plus forteconcentration des cabinets franais est donc ncessaire face aux majors anglais etamricains dj trs prsents dans lHexagone52.

    2.LEurope : un passage obligpour les entreprises rendu plus dif ficil epar la fragmentation persistante du marchdes services

    Pour redynamiser leurs exportations, les entreprises franaises doivent surtout veiller

    reprendre des parts de march en Europe. En effet, exporter et se dvelopper en Europe

    constituent bien souvent la condition pralable au succs dune entreprise franaise sur les

    marchs mondiaux. Or, les obstacles lexpansion europenne des entreprises restent encore

    importants, surtout dans les services.

    La constitution de rseaux de production europens dans lindustrie permetdexporterplus facilement dans le reste du monde

    Dans lindustrie, pour certaines entreprises de taille intermdiaire, le march unique est

    vritablement un march interne o production et ventes se font sur un mme territoire

    europen, et non plus national. On assiste lmergence de petites multinationales

    europennes. Par exemple, le fabricant dappareils mdicaux Sorin53, dorigine italienne, se

    finance sur le march financier milanais, mais produit lessentiel de ses biens en rgionparisienne, biens qui sont surtout destins lexport : Etats-Unis, Japon et, de plus en plus, les

    grands pays mergents. Dautres entreprises industrielles de taille intermdiaire suivent les

    groupes franais linternational. Le producteur de systmes de manutention industrielle

    mulhousienAppalette Tourtellier Systmes54, a dabord commenc par acheter une entrepriseen Allemagne du Sud en 1989, a dcid tt de sous-traiter une partie de ses activits en Europe

    centrale et orientale tout en maintenant le cur de sa production Mulhouse, avant de se lancer

    sur les marchs mondiaux, suivant ainsi ses clients, grands groupes franais automobiles ou

    quipementiers. Lentreprise familiale Redex55, spcialiste de lingnierie et fabrication

    mcaniques de haute prcision fonde en 1949 dans le Gtinais et dont 90 % du chiffre daffairese fait lexport, a ralis ses premiers pas europens en 1960, avec la cration dune filiale

    Manchester au Royaume Uni. Dsormais, elle dispose de sept filiales dans le monde. Elle a

    rcemment achet une entreprise allemande.

    51Mise en relief de lauteur

    52Rapport de la Commission pour la libration de la croissance franaise, sous la prsidence de Jacques Attali, LaDocumentation franaise, 2008, p. 169

    53 http://www.sorin.com

    54 http://www.atsconveyors.com/accueil.html

    55 http://www.redex-group.com

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    Un march des services encore trop fragment en EuropeSi dans lindustrie, le March unique fonctionne plutt bien, ce nest pas le cas dans le secteur

    des services, qui sont pourtant un gisement potentiel important dexportations franaises.

    Une tude de McKinsey Global Institute de 201056 montre que la divergence persistante de

    productivit entre les Etats-Unis et les conomies dEurope occidentale (UE 15) est lie une

    faible croissance de la productivit des services sur le vieux continent. Linsuffisante

    intgration du march uniquequi ne bnficie pas des effets dchelle du vaste march interne

    amricainest un facteur dexplication important de cette divergence.

    Des interconnexions insuffisantes psent sur les cots de production, de communicationet de transaction

    Les services dinfrastructure europens restent encore trs cloisonns au niveau national, ce qui

    accrot les cots de production, de communication, et de transport. Lnergie, les transports

    ferroviaires et urbains, les services lenvironnement et bien dautres, restent trs difficiles

    daccs pour les entreprises trangres : les cadres lgislatifs et les standards techniques

    divergent en Europe, les marchs restent souvent monopolistiques, et les marchs publics peu

    accueillants pour les entreprises trangres.

    La politique europenne dans les services dinfrastructure a pendant longtemps mis au second

    plan linterconnexion des rseaux entre pays europens. Son approche est cependant en train

    dvoluer, tant dans le domaine de lnergie que dans celui des transports et destlcommunications.

    Des marchs publics imparfaitement ouverts et concurrentiels, notamment dans lesinfrastructures

    Au sein de lUnion europenne, les marchs publics dont dpendent notamment les services

    dinfrastructure sont loin dtre entirement ouverts aux acteurs europens eux-mmes. Les

    marchs de la sant, de lnergie, des transports, de la dfense, favorisent trs souvent les

    producteurs nationaux, au dtriment de comptiteurs dautres pays europens. Dans les secteurs

    se situant en-dessous des seuils financiers rguls au niveau de lUnion , des problmes de

    transparence sont noter dans de nombreux pays membres.

    Le cadre rglementaire dun certain nombre de pays rend difficiles les Partenariats Publics -

    Priv (PPP), qui facilitent la collaboration entre les Etats et autorits publiques, dune part, et

    les acteurs privs qui concourent la prestation de ces services, dautre part. La proposition

    dune Directive de la Commission europenne faite fin 2011 sur les concessions vise traiter

    ce problme.

    56 McKinsey Global Institute,European growth and renewal : The path from crisis to recovery, July 2010

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    La mobilit professionnelle demeure un obstacle majeur au dveloppement dun marchdes services aux entreprises intgr en Europe

    Un problme majeur demeure celui de la persistance de la fermeture des professions

    rglementes. Ces professions, dont le site de la Commission recense plus de 150 pour les

    grands pays europens Allemagne, France et Italie se heurtent encore la non

    reconnaissance des qualifications par les pays voisins, ou bien des rglementations qui

    maintiennent ces professions largement fermes. Cela concerne, entre autres, les professions

    mdicales, lgales/comptables, et lartisanat. Ainsi, un mdecin espagnol ou un comptable

    italien na pas le droit dexercer ailleurs en Europe sans passer par des procdures compliques

    de reconnaissance de ses qualifications. Une entreprise artisanale alsacienne ou lorraine ne peut

    oprer outre-Rhin.

    Les entreprises franaises sont pnalises de multiples manires par cette absence de march

    unifi. Les entreprises qui fournissent des services dinfrastructure sont freines dans leur

    dveloppement europen par la persistance du cloisonnement de ces marchs en Europe, tandis

    que linsuffisance de la concurrence europenne sur le territoire franais naiguillonne pas

    suffisamment leurs stratgies dinternationalisation, linnovation et lamlioration des

    prestations. Les entreprises qui dpendent de la fluidit et de cots de transport et de

    communication comptitifs, notamment les PME, sont pnalises. Les professions rglements

    ne peuvent se dvelopper et bnficier deffets chelle suffisants pour dynamiser loffre de

    services, rduire leurs cots et multiplier la gamme de services offerts : les cots de production

    en France et en Europe sen ressentent.

    Des gains importants sont attendre de lachvement du march unique en EuropeUne tude de lOCDE de 2012 constatait que la part de lUE dans les exportations des pays

    membres tait reste largement inchang entre 2000 et 2010, dcennie o le commerce mondial

    a pourtant cr fortement57. Le commerce intra-europen des services a augment

    significativement mais pas au mme rythme que le commerce des services au niveau mondial,

    ce qui est inquitant. En effet, dans un march europen dit unique les dveloppements

    rcents des technologies de linformation auraient d mener une intgration plus forte en

    Europe quailleurs58.

    Selon lOCDE, le potentiel de croissance de lUE augmenterait significativement si le march

    des services europen tait rellement intgr. Le cot de ne pas avancerdans ce sens est lev.Par exemple, elle seule, labsence dun march du numrique unique europen (qui inclut les

    services de tlcommunication), coterait au continent prs de 4 % de son PIB59.

    57 OECD, European Union, OECD Economic Surveys, March 2012, p.3058 Ibid, p. 3159 Copenhagen Economics, The Economic Impact of a European Digital Single Market (2008-2010), 2010

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    3.Au niveau mondial, des barr ires importantes aux expor tationsfranaises existent, mme dans les pays avancs

    Linsertion du tissu conomique franais dans les changes mondiaux passe aussi par

    llimination de nombreuses barrires douanires et rglementaires internationales, dont ungrand nombre persiste.

    Ces barrires sont brivement dcrites ci-dessous.

    Barrires douanires - droits de douane60En dehors de lUE, les droits de douane pour certains produits industriels franais restent

    particulirement levs. Cest le cas notamment de lautomobile, o les droits de douane sont

    de 35 % au Brsil, de 25 % en Chine, ou encore de 100 % en Inde.

    Les droits de douane tendent aussi tre levs pour les produits agricoles et les produits agro-

    alimentaires. Par exemple, les droits de douane pour le fromage - produit emblmatique du

    Made in France - sont levs aux Etats-Unis et dans de nombreux pays asiatiques ainsi quau

    Brsil (voir Figure 6 ci-dessous).

    Figure 6Droits de douane appliqus par les principaux partenaires commerciaux de

    lEurope sur leurs importations dautomobiles et de fromages

    Inde : 100 %

    Barrires non douaniresAlors que les droits de douane perdent en importance relative comme barrires au commerce,

    les barrires dites non tarifaires ou non douanires aux changes de marchandises

    60Les quotas ou contingents, non traits ici, sont de plus en plus rares, surtout dans lindustrie. Cependant ils sont

    encore trs frquents pour les produits agricoles.

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    27

    demeurent des obstacles majeurs, quand elles ne se substituent pas directement, dans certains

    cas, llimination de droits de douane. Ces barrires sont nombreuses et de nature diverse. Les

    catgories les plus frquentes sont les suivantes :

    les barrires administratives limport ou lexport (lourdeur des dmarchesadministratives ; inefficacit et/ou corruption des administrations portuaires ou

    aroportuaires) ;

    les divergences dans les standards techniques (application de standards nationaux aulieu de standards internationaux codifis dans le cadre de lONU, rduisant ainsi les

    conomies dchelle et augmentant les cots) ;

    les cots dadaptation aux normes techniques ou sanitaires, qui, sils sont trs ou troplevs, tendent vincer la concurrence ;

    ladministration de procdures daccrditation de produits limportation (parexemple, lobligation de procder des tests de sret une deuxime fois avant dobtenir

    lautorisation de placer un produit surle march dexportation ; lexistence de dlais

    administratifs en dfaveur des produits imports ou de prescriptions techniques portant

    non sur le rsultat recherch (par exemple le degr de sret dun produit) mais sur les

    techniques prcises employer, souvent dtournes pour favoriser les industries

    nationales61) ;

    les mesures restrictives diverses (par exemple les contrles des prix ; les quotas etrestrictions quantitatives limportation ou la production ; loctroi de monopoles ; les

    subventions aux entreprises dont lobjet ou leffet est de modifier les termes de la

    concurrence).

    A ce titre, les indicateurs portant sur la facilit de commercer travers les frontires 62 du

    dernier classementDoing Business63de la Banque Mondiale sont instructifs : ce dernier placela France au 27e rang (sur 180), loin derrire lAllemagne (13e), les Pays-Bas (12e), le Portugal

    (17e) en Europe, et la Malaisie (11e), le Japon (19e), la Thalande (20e) ou les Etats-Unis (22e)

    hors dEurope.Ladministration des douanes au Brsil (123me), en Inde (127me) et en Russie

    (162me), est particulirement problmatique.

    Leffet restrictif sur les importations des normes techniques et de mesures diverses (contrles

    sur les prix, quotas, monopoles) est plus important que les droits de douane. Plus les pays sontaiss, plus cet effet tend gagner en importance - absolue et relative. Ainsi les barrires non

    douanires sont-elles un sujet de grande importance entre les Etats-Unis, le Japon et lUE. Ces

    barrires non douanires sont aussi particulirement leves dans certains pays mergents,

    comme en Inde ou au Brsil (voir Figure 7 ci-dessous).

    61 M.J. Ferrantino, Using Supply Chain Analysis to Examine the Costs ofNon-Tariff Measures (NTMs) and the Benefits of

    Trade Facilitation, Staff Working Paper ERSD-2012-02, World Trade Organization, February 201262 Trading across borders. Cet indicateur rassemble des donnes sur la complexit des procdures administratives et le montant

    des frais lis lexportation et limportation auxquels les entreprises doivent faire face aux frontires nationales du pays.

    63 World Bank,Doing Business 2013.

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    Figure 7Les cots des barrires non douanires au commerce64

    Source: Kee et al (2008), "Estimating Trade Restrictiveness Indices", World Bank, January 2008

    Le problme des barrires non douanires devient une proccupation croissante parmi les

    membres de lOMC. En effet, si la crise conomique na pas entran de hausse de droits de

    douane dans la plupart des pays, les mesures non douanires ayant un effet restrictif ou

    discriminant contre les importations ont augment corroborant la notion de plus en plusrpandue dun protectionnisme diffus et indirect (murky protectionism) induit par cette crise.Entre 2007 et 2012, les normes sanitaires ont fait lobjet de 10,8 % des cas de diffrends

    soulevs lOMC, alors quelles reprsentaient 9 % des cas entre 2001 et 200665. Entre 2007

    et 2012, 12,3 % des contentieux OMC initis concernaient des questions de normes techniques,

    contre 6 % entre 2001 et 200666.

    64Lestimation compare de leffet restrictif de mesures rglementaires diverses sur le commerce international requiert un

    effort de recherche trs important, et donc peu frquent (les chiffres inclus dans cette figure, parmi les plus rcents, datent

    de 2008).

    65 OMC,Rapport sur le Commerce Mondial2012, p. 11166 Ibid.

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    Services : des barrires encore nombreuses, notamment dans les pays avancsLes services dans les pays mergents sont beaucoup plus protgs que les services dans les pays

    avancs. Mais les barrires aux investissements et la mobilit des personnels trangers dans

    les services restent leves dans de nombreux pays dvelopps. Dans ces pays, les secteurs dans

    lesquels les entreprises franaises sont comptitives, sont particulirement touchs.

    Parmi les pays de lOCDE, la construction semble tre le secteur le plus ferm de tous (Figure8). Les services de communication sont galement trs ferms dans certains pays du nord delEurope, aux Etats-Unis ou au Japon. Lesservices aux entreprises sont galement trs rgulsen Europe et dans lOCDE, empchant des acteurs trangers dy exercer.

    F igure 8La protection des services67dans les conomies avances

    67 Lestimation de lquivalent droit de douane des cots des barrires aux changes de services est une construction

    artificielle et complexe. Ces graphiques sont donc prendre comme une premire indication, et complter le cas chant

    par des informations plus prcises sur la rglementation des services dans chaque pays.

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    Les marchs publicsLes marchs publics concernent prs de 20 % du PIB de lUE et de 15 20 % du PIB des

    pays en voie de dveloppement68. La construction, lnergie, les transports, les services

    lenvironnement, la sant sont particulirement exposs ces marchs.

    Les marchs publics ont longtemps t exclus des ngociations du GATT. LAccord sur

    les Marchs Publics (AMP) de lOMC, sign en 1994, est de porte limite car il ne

    concerne que 15 membres de lOMC et reste un accord exclusif rserv ses membres. Il

    vise donner une priorit aux considrations conomiques (efficacit de la dpense

    publique) dans loffre de contrats publics69 et offre un cadre rglementaire pour assurer un

    minimum de concurrence internationale dans ces marchs. Il introduit avant tout des rgles

    de transparence et de non-discrimination et prvoit que les candidats trangers sur les

    marchs publics puissent contester les dcisions prises. Il couvre les contrats au-dessus

    dun certain seuil de valeur70et les autorits centrales des Etats. Laccord de novembre

    2011 la largi un certain nombre dautorits rgionales et de nouveaux secteurs publics

    ou para-publics.

    Pour pallier le vide juridique de lOMC concernant les membres non parties prenantes

    lAMP, lUE a eu recours aux accords bilatraux de libre-change (ALE) pour introduire

    des rgles similaires celles de lAMP avec un certain nombre de pays mergents

    (Carabes, Afrique du Sud, etc.), notamment en ce qui concerne la transparence. Mais les

    grands pays mergents avec lesquels il ny a pas daccord Brsil, Chine, Inde, Russie et

    bien dautres nont pas pris dengagements vis--vis de leurs partenaires commerciaux.Cela ne veut pas dire quils excluent demble ou systmatiquement les acteurs trangers,

    mais quils se rservent une part discrtionnaire dans lattribution des contrats qui, bien

    souvent, est dtourne des fins de politique industrielle nationale, ou simplement soumise

    des considrations nationalistes.

    Durant la crise conomique, certains plans de relance ont fait usage des marchs publics

    pour soutenir les entreprises nationales, au dtriment dentreprises trangres. Cela a t

    le cas de la Chine avec son plan de relance de 600 milliards de dollars de 2009. Mais les

    pays mergents ne sont pas seuls en cause. En 2009, des provisions de prfrence pour

    lacier amricain ont t introduites dans la loi prparant le plan de relance amricain71, ce

    qui a t trs alarmant pour ses partenaires, notamment pour lUE. Des estimations

    68 http://www.ippa.org/IPPC2/PROCEEDINGS/Article_37_Gayle_Sinclair.pdf

    69 Kommerskollegium/National Board of Trade, Cross-border public procurementan EU perspective, November 2011

    70En loccurrence, mesurs en droits de tirage spciaux (SDT), allant de 130.000 SDT 5.000.000 SDT

    71 G. C. Hufbauer J. J. Schott, Buy American: Bad for Jobs, Worse for Reputation,Policy Brief 09-2, Peterson Institute forInternational Economics, February 2009

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    rcentes montrent que les marchs publics europens eux-mmes restent plus ferms quil

    ny parat, notamment en comparaison avec un certain nombre de pays asiatiques72.

    Protection des investissementsProtger les investissements contre des mesures dexpropriation abusives est, et deviendra

    de manire croissante, un enjeu de taille, surtout dans les secteurs o lEtat joue un rle

    important, comme les services publics, les infrastructures et lnergie. Lobjectif est

    dviter que les Etats ne reviennent sur des engagements contractuels (par exemple une

    cession de concession, un contrat dexploitation minire) sans justification dintrt

    gnral, et si justification dintrt gnral il y a, sans que soit prvue une juste

    compensation. Sur ce sujet, qui depuis lentre en vigueur du Trait de Lisbonne de 2009

    fait pleinement partie des comptences communautaires, lUEnapas, ce jour, dvelopp

    de stratgie oprationnelle sur la manire dont elle souhaite aborder le sujet dans les

    ngociations avec ses partenaires. Actuellement, un rgime de transition est en place qui

    permet chaque Etat membre de maintenir en vigueur ses Accords de Protection des

    Investissements (API) jusqu ce quun nouvel accord soit sign avec chaque partenaire.

    Dans une Communication de 2010, la Commission europenne affirmait vouloir viser un

    accord avec les grands pays mergents, surtout avec la Chine et la Russie, mais il ny a pas

    eu davances concrtes ce sujet.

    Le dveloppement dune stratgie commune sur la protection des investissements

    permettrait lEurope davoir davantage de poids dans les ngociations avec les pays

    mergents. La France a sign plus dune centaine dAPI. La plupart dentre eux, commeles API de la majorit des pays membres de lUE, datent des annes 1990. Dans

    lensemble, ces accords semblent avoir offert une protection satisfaisante aux entreprises

    franaises. Cependant, certains, comme celui avec la Russie (datant de 1991), nont eu

    quune faible efficacit et mriteraient dtre mis jour. Surtout, ils doivent bnficier

    dune approche concerte avec les autres partenaires europens pour pouvoir peser dans

    les ngociations.

    72P. Messerlin, S. Miroudot, EU public procurement markets: How open are they?, Groupe Economie Mondiale Policy

    Brief, 10 August 2012.

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    III La crise du multilatralisme et les difficults de la stratgie

    commerciale europenne

    Les conomies europennes ont plus que jamais besoin dun rgime commercial qui soit ouvert

    leurs produits et services mais leur dclin relatif rend plus difficile leur capacit faire aboutir

    des ngociations commerciales pour y parvenir. La structure de leur spcialisation, impliquant

    des secteurs haute valeur ajoute, et dans certains cas des relations troites avec les pouvoirs

    publics des pays daccueil, les rendent particulirement tributaires dun rgime juridique

    international qui assure louverture et dun environnement conomique qui ne les discrimine

    pas.

    Les objectifs principaux objectifs quelles cherchent obtenir linternational sont les

    suivants :

    des droits de douane bas ou entirement limins sur leurs produits industriels ainsiquun rgime douanier prvisible et stable dans le temps ;

    une plus grande convergence et une simplification des procdures daccrditation destandards techniques et sanitaires ;

    dans les services, la facilitation des investissements et la mobilit des professionnels,ainsi que lmergence de cadres rglementaires nationaux permettant la participationdacteurs privs et trangers dans les services publics et dinfrastructures ;

    une protection forte des investissements, par la consolidation des normes internationalesdouverture et de protection contre les expropriations abusives ;

    la protection des innovations, et en priorit le respect des droits de propritintellectuelle pour les secteurs haute valeur ajoute technologique ; dans les marchs publics, la transparence et la non-discrimination.

    Cependant, tant lOMC, que dans ses ngociations bilatrales, lUE na pratiquement pasobtenu de rsultats.

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    1.Un systme commercial internati onal en panneLes annes 1990 ont t celles de louverture conomique et du soin mis au dveloppement

    dun rgime de rgulation multilatrale incarn par lOrganisation Mondiale du Commerce

    (OMC), qui a institutionnalis en 1995 le GATT de 1947. Durant les annes 2000, lamondialisation des changes a continu avancer grands pas, mais le multilatralisme a perdu

    de sa vitalit.

    LOMC est lorgane de rgulation du commerce qui garantit actuellement des rgles minimales

    pour le commerce de plus de 150 pays dans le monde. LOMC cre un systme o lengagement

    individuel des Etats pris lors des ngociations ne pas revenir sur la baisse dun droit de douane

    ou sur louverture dun secteur aux investisseurs trangers, devient opposable et applicable via

    lorgane de rglements des diffrends (ORD). Si la crise conomique na pas vu une monte du

    protectionnisme depuis 2008, cest en partie grce la puissance du systme OMC (voir

    Annexe 3).

    Le cycle de Doha, lanc en 2001 sous lgide de lOMC, a chou. A sa place, durant cette

    dernire dcennie, on a assist un foisonnement daccords bilatraux et rgionaux, notamment

    en Asie, qui jusqu prsent, stait appuye avant tout sur lOMC pour faire valoir ses intrts

    commerciaux. LOMC recense actuellement plus de 240 accords commerciaux en vigueur.

    Cette tendance est inquitante car elle induit des risques majeurs de distorsions conomiques et

    augmente significativement les cots de transactions des entreprises. Surtout, elle met face

    face grandes conomies puissantes et petites conomies dpendantes des premires, aboutissant

    un systme conomique beaucoup plus asymtrique, en faveur des premires.

    Le principe dun accord de libre-change (ALE) est la prfrence . Il contient des rgles

    dites dorigine, qui dterminent le contenu de production locale et le taux dintrants imports

    autoris pour quun produit puisse bnficier des prfrences douanires. En dehors des

    tracasseries administratives que cela reprsente, surtout pour les petites entreprises, les rgles

    dorigine ne tiennent pas toujours compte de la ralit des chanes de valeur contemporaines et

    sont souvent trop restrictives. En Asie du Sud Est, les accords prfrentiels ne sont pas

    beaucoup utiliss, car pour viter les surcots lis aux dmarches administratives, les

    entreprises prfrent finalement payer les droits de douane normaux73

    .

    Il y a nanmoins beaucoup de bonnes choses prendre dans les ALE. Certains Etats veulent

    approfondir davantage leurs relations mutuelles et sengagent alors dans des accords rgionaux

    et bilatraux de libre-change pour liminer compltementou presque - les droits de douane,

    faciliter les changes de services - mme si les autres membres de lOMC ne le souhaitent pas

    - et harmoniser les rglementations conomiques pour rduire les cots de transaction. De tels

    accords commerciaux sont bnfiques pour lconomie, condition quils soient les plus

    complets et les moins restrictifs possibles vis--vis de tiers. Dans le jargon des diplomates du

    73J. Menon, Proliferation of deals is costly and confusing,Financial Times, 9 November 2011.

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    commerce international, un accord doit tre OMC Plus , cest--dire aller au-del des

    engagements pris par chaque Etat auprs de lOMC74. Dans la pratique, trs peu dALE ont

    rellement une telle ambition, sans parler dune telle porte. Dans les services, des recherches

    inities par lOMC montrent que les accords bilatraux contiennent mme de nombreuses

    clauses OMC Moins , et affaiblissent donc le GATS75, accord qui encadre actuellement les

    changes de services lOMC76. Seuls les ALE signs par des Etats libre-changistes

    comme Singapour ou lAustralie, sont rellement OMC Plus . Les ALE des Etats-Unis

    tendent aussi tre ambitieux -bien quils continuent de protger une partie de lagriculture

    amricaine. Les accords rcents de lUE, comme par exemple laccord de libre-change avec

    la Core entr en vigueur en 2011 sont galement plus ambitieux quils ne ltaient

    prcdemment.

    Les motifs de frictions commerciales se sont multiplis ces dernires annes, dans uncontexte de monte de lintervention desEtats dans les conomies

    Laffaiblissement du multilatralisme est dautant plus inquitant que les motifs de frictions

    commerciales saccroissent. Avec la monte des pays mergents et la crise conomique qui

    svit depuis 2007-2008, on a assist un retour en force de lintervention des Etats dans les

    conomies ainsi qu des frictions commerciales venant des distorsions lies cette dernire.

    Lintervention des Etats se manifeste par exemple dans le cadre de plans de relance, sur les

    marchs publics ou par le moyen de subventions publiques.

    Le succs de la Chine en matire de dveloppement conomique ou les relativement bonnes

    performances conomiques de la Russiejusqu rcemment, ont lgitim auprs dautres paysmergents lide dun capitalisme dEtat 77, pratiquant une politique industrielle nationaliste,

    mobilisant les marchs publics, les subventions et les entreprises publiques, adoptant des

    pratiques commerciales mercantilistes comme les subventions aux exportations,

    linternationalisation des entreprises dEtat ainsi quun protectionnisme slectif. La Chine a

    effectu un tel virage au milieu de la dernire dcennie, encore renforc par son plan de relance

    de prs de 600 milliards de dollars78 en 2009, dont les entreprises europennes investies dans

    le pays ont fait les frais79.

    74Larticle XXIV du GATT sur les unions douanires et accords de libre-change autorise ce genre daccord, condition quil

    naugmente pas les barrires au commerce vis--vis de pays tiers et couvre l'essentiel des changes commerciaux entre

    leurs parties contractantes.

    75 General Agreement on Trade in Services Voir Annexe 1

    76 R. Adlung, S. Miroudot, Poison in the Wine? Tracing GATS-Minus Commitments in Regional Trade Agreements, StaffWorking Paper ERSD-2012-04, World Trade Organization, February 2012.

    77 I. Bremmer, State Capitalism Comes of Age,Foreign Affairs, May/June 200978 New York Times, A Year Later, China's Stimulus Package Bears Fruit , 22 October 2009

    79Le dernier rapport de la Chambre de Commerce Europenne en Chine,parle d asymtrie massive dans les conditionsdaccs aux marchs chinois au dtriment des investisseurs trangers ( massive asymmetry in market access conditions

    for FIEs between the EU and China ).European Business in China Position Paper, 2012/2013, p.2

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    Les politiques climatiques, source dinterventions importantes de lEtat, et donc invitablement

    de rentes sectorielles, pourraient galement tre dstabilisatrices pour le systme. Limposition

    par les Etats-Unis en 2012 puis de lEurope trs rcemment de droits de douane levs contre

    les importations de panneaux solaires chinois80dans le cadre denqutes dites anti-dumping81,82a point le problme. Des industries dont la viabilit conomique nest pas tablie, fortement

    subventionnes aux Etats-Unis83 et en Europe (via notamment les tarifs dachat) sont en

    concurrence directe avec des industries tout aussi subventionnes en Chine, par Etats interposs.

    Le cadre est pos pour une guerre conomique grande chelle, potentiellement trs coteuse.

    Pour lEurope, il sera de plus en plus difficile demanderdavantage douverturecommerciale ses partenaires sans changer de mthode

    Jusque dans les annes 1990, les puissances amricaine, europenne, canadienne et japonaiseaussi appeles le Quad ont pu, en alliance, dominer lagenda commercial international etnotamment orienter celui des ngociations de lOMC. Les temps ont cependant chang.

    Le dclin relatif de ces puissances impose quelles ajustent leur stratgie. Rsultat en partiemcanique de lenrichissement du reste du monde, ce dclin est cependant vou tre plus

    prononc pour lUE que pour les Etats-Unis. Les raisons sont lies la trajectoire actuelle decroissance de ces conomies, mais surtout des facteurs dmographiques. Ainsi, si par sa taille,lUE est la premire conomie mondiale, de nombreuses prvisions conomiques indiquent

    que, ds 2030, elle ne sera plus que la troisime, derrire la Chine et les Etats-Unis. Cela veutdire quen termes de commerce, lUE se verra opposerplus fermement les demandes derciprocit dans louverture de ses marchsqui lui sont faites. Lattrait que reprsente la taillede son march lui a permis de repousser des dcisions douverture de certains secteurs la

    concurrence internationale. On pense notamment lagriculture, certains services (dont lamobilit des professionnels), ou des droits de douane encore relativement levs dans desindustries lgres (certains exemples sont consulter dans les tableaux de lAnnexe 1).

    LUE devra se prparer au monde de demain en adaptant sa stratgie et ses mthodes de

    ngociation. Elle devra accepter de mieux faire jouer ses avantages comparatifs en ouvrant desmarchs la concurrence dans lequel elle est moins comptitive que ses partenaires, pourobtenir, en retour, davantage de concessions douverture de marchs et de garanties juridiquesde ses partenaires pour ses exportations et investissements (voir Annexe 3 pour la notion derciprocit dans les ngociations commerciales).

    80http://www.renewableenergyworld.com, 31 Percent Anti-Dumping Tariffs Announced for Chinese Solar Panels, 17 May

    2012

    81 Mesures prises contre le dumping (vente dloyale bas prix). Ces pratiques sont encadres par lOMC -

    http://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/agrm8_f.htm

    82 LExpress, Le solaire chinois dans le collimateur de Bruxelles , 6 septembre 2012.

    83Wall Street Journal, Do We Need Subsidies for Solar and Wind Power?, 8 October 2012

    http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/
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    2.La Pol i tique commerciale commune : grandes ambitions, peu de succs

    Encadr3 - Les comptences europennes en matire de pol iti que commerciale

    LUnion douanire acheve en 1968 confre lUE la comptence exclusive en matire de commerce

    des biens - droits de douane, quotas, dfense commerciale, normes rglementaires (sanitaires et

    techniques). La politique commerciale commune est dcide par la majorit qualifie des Etats membres

    et mise en uvre par la Commission europenne sous le contrle des Etats membres et du Parlement

    europen (procdure dite de co-dcision).

    La comptence communautaire sur les services et les droits de proprit intellectuelle ne lui a t que

    progressivement alloue au fil des traits europens successifs dans les annes 1990. Dans les

    ngociations commerciales sur les services, les Etats membres ont le droit dmettre des rserves

    individuelles (sortes dopt-out) sur les engagements douverture pris par lUnion dans les ngociationscommerciales. LUE est ainsi loin dtre unie dans les ngociations sur les services et la Commissionncessite lappui des 28 Etats membres, ce qui affaiblit sa position. Les ngociations sur louverture des

    marchs publics concernent les secteurs que couvre la politique europenne en la matire, soit ceux

    situs au-dessus dun certain seuil de valeur (de 200.000 euros 5.000.000 deuros, selon les secteurs)84.

    La comptence europenne exclusive sur les investissements directs trangers (IDE) ne date que dutrait de Lisbonne, entr en vigueur fin 2009. Cette volution offre lUE lopportunit de ngocier plus

    facilement avec ses partenaires dans les services, dont une part importante des changes consiste en des

    IDE. Plus important encore, cette comptence confre lUnion la responsabilit des politiques de

    protection des investissements ltranger, rgis ce jour par un maillage daccords bilatraux signspar les Etats membres et tablissant des mcanismes de rsolution des diffrends entre investisseurs et

    Etats dans des cours darbitrage internationales85.

    84 http://ec.europa.eu/internal_market/publicprocurement/rules/current/index_en.htm

    85 I. Dreyer, Heading Towards a Battle of the BITs, inFDI Magazine, April/May 2010

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    Tableau 2 - Principaux thmes couverts par les accords de libre-change de

    lUE

    Engagements plus importants que les obligations dj contractes l'OMC

    Droits de douane industriels

    Droits de douane agricoles

    Facilitation du commerce (procdures douanires)

    Procdures pour normes sanitaires

    Normes techniques

    Antidumping

    Mesures compensatoires (contre les subventions)

    Aide d'Etats

    Marchs publicsInvestissements

    Services

    Droits de proprit intellectuelle

    Principaux engagements nouveaux non couverts lorigine par l'OMC

    Concurrence

    Normes environnementales

    Autres droits de proprit intellectuelle

    Investissements

    Droit du travail

    Mouvement des capitaux

    Protection des consommateurs

    Protection des donnes

    Approximation des lois avec l'UE (seulement dans un contexte de pr-adhsion l'Unioneuropenne)

    Relations sociales

    Source: H Horn, P.C. Mavroidis, A.Sapir, "Beyond the WTO? An anatomy of EU and US preferential trade agreements", Bruegel Blueprint

    Series No. 7

    Politique commerciale communepeu de rsultats ces dix dernires annesLUE a t parmi les promoteurs les plus puissants et actifs du systme commercial multilatral

    centr autour de lOMC. Elle a t fortement implique dans la cration de linstitution

    genevoise et dans le lancement du cycle de ngociations commerciales de Doha en 2001, sur

    lequel elle a initialement concentr ses priorits.

    A Doha, elle a cherch obtenir la rduction des droits de douane et des restrictions aux

    changes de certains services. Mais elle a surtout cherch promouvoir le dveloppement de

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    rgles internationales en termes douverture aux investissements trangers, de marchs publics,

    de politiques de concurrence et de facilitation des changes (procdures douanires). Ces

    demandes ont t perues comme trop attentatoires la souverainet de nombreux pays

    mergents ou en voie de dveloppement. Elles ont t abandonnes aprs lchec des rencontres

    ministrielles de Cancn (2003) et de Hong Kong (2005). LUE sest alors concentre, avec les

    Etats-Unis et dautres allis au sein de lOMC, sur la rduction des droits de douane industriels,

    avec une priorit sur certains secteurs.

    Face limpossibilit dobtenir des concessions commerciales au sein de lOMC, lUE a fini

    par se tourner, partir de 2006, vers des accords commerciaux bilatraux avec des pays

    mergents commencer par lAsie.

    Cette stratgie na pas rellement port ses fruits. Le seul accord commercial prvu initialement

    et qui a finalement pu tre conclu est lALE avec la Core, entr en vigueur en 2011. Les

    ngociations lances avec lInde en 2007 se sont enlises. Il y a de fortes chances quelles

    naboutissent pas. LEurope a vite ralis quil tait impossible de conclure des ngociations

    inities galement en 2007 avec les dix pays membres de lASEAN. Elle sest replie sur une

    stratgie bilatrale avec des pays dAsie du Sud-Est et a lanc des ngociations avec Singapour

    (qui ont rcemment abouti), la Malaisie et le Vietnam (qui savrent trs difficiles). Elle est en

    pourparlerspour lancer des ngociations la Thalande. Avec la Russie, le processus dadhsion

    lOMC - lanc en 1993 - sest avr long et tortueux. Membre de lOMC depuis juillet 2012,

    la Russie ne donne pas limpression dtre prte respecter de nombreux engagements pris.

    LUE guette pour linstant les volutions de ce pays et envisage des contentieux lOMC si

    ncessaire.

    Les ngociations avec le Mercosur, lances initialement dans les annes 1990, savrent

    impossibles conclure. En effet, les exigences douverture des marchs agricoles europens

    (droits de douane et rduction des subventions) exprimes par les partenaires se heurtent aux

    blocages europens concernant la rforme de la PAC. Inversement, les demandes de lUE faites

    aux partenaires dliminer ou rduire les droits de douane trs levsappliqus aux biens

    industriels sont impossibles obtenir, tant les pressions des industriels sont fortes au Brsil,

    tandis que lArgentine a rcemment pris la voie dun protectionnisme gnralis. LUE a ainsi

    conclu des accords avec les pays dAmrique centrale, le Prou et la Colo