Etude Commerce Exterieur
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Commerce extrieur :refuser le dclinPropositions pour renforcer notre prsencedans les changes internationaux
ana DREYER
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Lnstitut Montaigne est un laboratoire dides - think tank - cr fin 2000par Claude Bbar et dirig par Laurent Bigorgne. l est dpourvu de touteattache partisane et ses financements, exclusivement privs, sont trs diversifis,aucune contribution nexcdant 2 % de son budget annuel. En toute indpendance,il runit des chefs dentreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaireset des reprsentants de la socit civile issus des horizons et des expriencesles plus varis. l concentre ses travaux sur trois axes de recherche :
Cohsion sociale :cole primaire, enseignement suprieur, emploi des jeunes et des seniors,modernisation du dialogue social, diversit et galit des chances, logement.
Modernisation de laction publique :Rforme des retraites, justice, sant, protection sociale.
Comptitivit :Fiscalit, cration dentreprise, nergie, pays mergents,
financement des entreprises, proprit intellectuelle, transports.
Grce ses experts associs (chercheurs, praticiens) et ses groupes de travail,lnstitut Montaigne labore des propositions concrtes de long terme sur les grandsenjeux auxquels nos socits sont confrontes. l contribue ainsi aux volutionsde la conscience sociale. es recommandations rsultent dune mthode danalyseet de recherche rigoureuse et critique. Elles sont ensuite promues activementauprs des dcideurs publics.
travers ses publications et ses confrences, lnstitut Montaigne souhaitejouer pleinement son rle dacteur du dbat dmocratique.
LInstitut Montaigne sassure de la validit scientifique et de la qualit
ditoriale des travaux quil publie, mais les opinions et les jugements qui
y sont formuls sont exclusivement ceux de leurs auteurs. Ils ne sauraient
tre imputs ni lInstitut, ni, a fortiori, ses organes directeurs.
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Commerce extrieur : refuser le dclin.
Propositions pour renforcer notre prsence dans les changes internationaux
Etude de lInstitut Montaigne
par Iana Dreyer - Chercheuse associe lInstitut Montaigne
juin 2013
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Introduction ................................................................................................................................ 4I - Les dynamiques actuelles de la mondialisation dans lindustrie et les services ....................6
1. Lmergence du Fabriqu dans le monde ................................................................. 62. Le rle croissant des services dans la production industrielle et dans les changesinternationaux ......................................................................................................................... 93. Les implications des transformations lies la mondialisation pour les politiquescommerciales des pays avancs ..................................................................... ..11
II - Lconomie franaise dans la mondialisation aujourdhui ............................................... 171. Les secteurs franais porteurs et les potentiels mobiliser ........................................... 172. LEurope : un passage oblig pour les entreprises rendu plus difficile par lafragmentation persistante du march des services ............................................................... 233.
Au niveau mondial, des barrires importantes aux exportations franaises existent, mme
dans les pays avancs ........................................................................................................... 26IIILa crise du multilatralisme et les difficults de la stratgie commerciale europenne .. 32
1. Un systme commercial international en panne ............................................................ 332. La Politique commerciale commune : grandes ambitions, peu de succs .................... 363. Le positionnement franais au sein du march unique et de la Politique commercialecommune .............................................................................................................................. 43
IVPropositions ...................................................................................................................... 471. Au niveau national : prparer le tissu productif franais lconomie mondiale dedemain .................................................................................................................................. 472. Au niveau europen : contribuer au parachvement du march des services ............... 51 3. A linternational : donner de nouvelles priorits et adapter la mthode de ngociationsde la Politique commerciale commune ................................................................................ 53Annexe 1 - Le rgime commercial international actuel ....................................................... 59Annexe 2 - Monde ouvert ou monde protectionniste ? Un bref tat des lieux ..................... 61Annexe 3 - OMC, libre-change et rciprocit: clairage sur une initiative europenne dans
les marchs publics ............................................................................................................... 63
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Lauteur
Iana Dreyer est chercheuse associe lInstitut Montaigne. Economiste spcialiste du
commerce international, elle a aussi dvelopp une forte expertise en affaires europennes et
nergtiques. Elle publie depuis de nombreuses annes sur ces questions, quelle a suivies etapprofondies en tant que membre de lquipe permanente de lInstitut Montaigne. Elle a publi
avec les think tanksNotre EuropeInstitut Jacques Delors,Institut dEtudes de Scurit delUnionEuropenne (IESE), etEuropean Centre for International Political Economy (ECIPE) Paris et Bruxelles. Elle a aussi publi avec le Groupe Economie Mondiale Sciences Po etcollabor avec lunit Commerce International du dpartement des relations internationales de
laLondon School of Economics. Ses analyses et articles dopinion paraissent dans les mdiaset les forums europens et internationaux, parmi lesquels East Asia Forum, Europen Energy
Review, Bloomberg. Iana est diplme de Sciences Po Paris et de la London School of
Economics.
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Introduction
Malgr ses faiblesperformances lexport, refltes dans la dgradation continue de sa balance
commerciale depuis une dizaine dannes, lconomie franaise est dote de nombreux atouts .
Cependant, linadaptation de nombre de ses structures - juridiques, fiscales et institutionnelles
- aux conditions actuelles de la production et aux exigences de la zone montaire dans laquelle
elle est partie prenante, a aliment son dcrochage par rapport un certain nombre de
partenaires europens. Une stratgie globale de projection dans lconomie europenne et
mondiale est ncessaire. Certes, dans un contexte de crise prolonge, la France a amorc des
rformes pour rtablir sa comptitivit et exporter davantage et, fin 2012, le Ministre du
Commerce extrieur a dvoil une nouvelle politique daccompagnement des entreprises
franaises linternational, se fixant comme objectif de rsorber le dficit commercial hors
nergie dici cinq ans.
Si cet objectif est louable, latteindre requiert de prendre en compte des sujets beaucoup plus
structurants pour les entreprises franaises dsireuses de sinternationaliser. Lon songe
notamment aux rgles conomiques europennes ainsi quaux ngociations menes par
lEurope dans et hors du cadre de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) pour ouvrir
les marchs linternational. Ces rgles et mcanismes complexes mritent dtre mieux
connus et compris, et de faire partie intgrante du dbat public, sans apriori idologique. Agirsur ces rgles, apprhender ces mcanismes doivent permettre dapprofondir les rformes en
cours et, aux entreprises franaises, de se dvelopper davantage au niveau international.
Cette tude entend porter trois messages clefs :
le tissu conomique de la France, surtout ses petites et moyennes entreprises, est moinsouvert aux chanes de valeur industrielles rgionales et mondiales que les conomies les
plus comptitives en Euro, ce qui explique sa relative perte de vitesse dans les changes
mondiaux;
notre pays a avant tout perdu des parts de march dans la zone Euro - comme plusgnralement dans les pays avancs. Alors que la France prsente de relles forces dans
les services, la fragmentation persistante du march europen des services est un relhandicap pour le dploiement du potentiel des entreprises franaises ;
dix ans aprs son lancement, le cycle de Doha lOMC peine aboutir. Les appels sefont de plus en plus pressants pour que louverture des marchs continue, afin de
stimuler la croissance. Les rcentes dcisions europennes de lancer des ngociations
bilatrales avec les grandes conomies que sont les Etats-Unis et le Japon, bien que
prsentant de nombreux risques, sont ce titre une relle opportunit de relancer la
machine du commerce international et terme de retrouver le chemin du
multilatralisme ouvert centr autour de lOMC.
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I - Les dynamiques actuelles de la mondialisation dans
lindustrie et les services
Les changes internationaux sont dans leur grande majorit des changes entre industries
dsormais insres dans des chanes de valeur complexes o les services intermdiaires jouent
un rle croissant. Lurbanisation, lenrichissement et le vieillissement dmographique
contribuent au dveloppement des services, publics et privs, qui rpondent des besoins
dinfrastructures ou de bien-tre. Les conomies comptitives aujourdhui sont celles qui savent
insrer leur tissu productif dans ces dynamiques.
1.Lmergence du Fabr iqudans le monde La valeur des exportations mondiales de biens est passe de 3 700 milliards de dollars en 1993 17 819 milliards de dollars en 20111. Avec cette croissance spectaculaire du commerce et la
monte de lAsie et des pays mergents dans la production mondiale, on a assist un
dplacement massif des changes commerciaux vers ces rgions. Stimul par le dveloppement
des nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC) etparlouverture
des pays mergents, ce processus sest accompagn dun bouleversement profond des modes
de production industriels, entranant avec lui des changements dans la nature mme des
changes. Ces derniers, domins par les biens industriels (Figure 1), se sont mus en un
processus complexe de chanes de valeur o produits semi-finis, composants et services
jouent un rle croissant.
1 Source : OMC, Statistiques du commerce international2012
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Figure 1 La part de lindustrie, des services et de lagriculture dans le commerce
mondial, 2001 et 2011Source: calculs de lauteur bass sur les donnes fournies par OMC, dans Statistiques du commerce international 2012
Ainsi, les biens de consommation finale ne composent-ils aujourdhui que 21 % des changes
de biens industriels. La part quy occupent les biens dquipement industriels est de 16,8 %, et
la part des biens dits intermdiaires (composants et produits semi-finis) de 56 %2. Le
commerce biens intermdiaires a cr de 6,2 % en volume entre 1995 et 20063.
En se plaant dans ces chanes de valeur pour dvelopper leurs exportations, de nombreux pays
en voie de dveloppement ont pu faire leurs premiers pas dans lindustrialisation et acclrerleur dveloppement conomique4. Une grande varit de produits a ainsi pu merger et les prix
de nombreux produits de consommation ont baiss dans les pays avancs5.
Fortement rgionalise, cette mthode de production a t pousse trs loin en Asie du Sud Est.
Elle a commenc dans les annes 1980 avec la dlocalisation, dans cette rgion, dune partie de
la production japonaise arrive maturit, puis a intgr la Chine dans les annes 2000 comme
lieu dassemblage final de marchandises destines, in fine, aux marchs occidentaux. Elle aaussi vu lentre en scne dinvestisseurs taiwanais, corens, ou de Hong Kong, dont les
industries ont mri et les acteurs conomiques dvelopp des capacits massives
dinvestissement. Processus dynamique et mouvant, la production fragmente se dplace
mesure que les cots de production en Chine augmentent avec le niveau de vie de sa
population6. Elle permet actuellement aux pays plus pauvres de lAsie, comme le Vietnam, le
Bangladesh et le Pakistan, dintgrer ces chanes de production, notamment dans le textile ou
2 S. Miroudot, R. Lanz, A. Ragoussis, Trade in Intermediate Goods and Services, OECD Trade Policy Working Papers No.
93, 2009
3 Ibid.4 M. Haddad, B. Shepherd, Export-led growth: Still a viable strategy after the crisis?, Vox.EU, 12 April 2011
5 L. Fontagn, Contribution 5 ,Les atouts de la France dans la mondialisation, Conseil dAnalyse Economique, 20076R. Jacob., China wage rises bring shift in production, Financial Times, 6 September 2011
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llectronique. Des projections rcentes indiquent que la part des biens intermdiaires changs
en Asie pourrait passer de 53 % aujourdhui 58 % dici 2030.7
On a pu constater un processus similaire en Europe, avec louverture des pays dEurope
Centrale et Orientale et leur intgration au sein de lUnion europenne (UE)8. Cette ouverture
a permis aux industries dEurope de lOuest (les entreprises allemandes en tte, mais pas
uniquement) de gagner en productivit en localisant une partie de leur production dans ces pays.
Ainsi, laccroissement trs important des changes entre lEurope de lOuest et lEurope de
lEst est-il avant tout le fait de flux de marchandises intermdiaires, de composants et de biens
dquipement qui nourrissent la consommation et les exportations europennes9. Linsertiondes pays dEurope Centrale et Orientale dans ces circuits de production industriels a fortement
contribu au rattrapage conomique de ces rgions.
Le commerce entre lUE et la Chine est, lui aussi, trs largement le fait de produits
intermdiaires. Entre 1995 et 2004, si les importations allemandes venant de Chine ont cr de
19 %, elles ont essentiellement consist en biens dquipement, en composants et en produits
semi-finis. La part des biens de consommation finale dans laccroissement des changes entre
la Chine et lAllemagne na t que de 3 %10.
Si les dlocalisations dactivits moindre valeur ajoute vers des pays aux cots de main
duvrebas jouent un rle important dans la croissance du commerce de biens intermdiaires
et des chanes de valeur, les dlocalisations vers des pays avancs le font tout autant sinon plus.
En effet, la majorit des entreprises des pays avancs qui dcident de localiser une partie de
leur activit ltranger le font vers dautres conomies avances.11 La dcision de localiserailleurs certaines fonctions dune entreprise dpend en effet de nombreux facteurs, comme la
recherche de processus dinnovation et de production plus efficients, laccs des savoirs et
savoir-faire spcifiques ainsi qu des marchs trangers. Par ailleurs, de plus en plus de pays
mergents localisent une partie de leurs activits dans les pays avancs pour ces mmes
raisons12. Toutes ces volutions ont rcemment t corrobores par lINSEE dans le cas de la
France13.
7 P. Athukorala,Asian Trade Flows: Trends, Patterns and Projections, Arndt-Corden Department of EconomicsCrawford School of Economics and Government College of Asia and The Pacific, Australian National University, 2011
8 R. Frensch., European trade in parts and components: searching (for a trade model for searching) for offshoring evidence,
Working Papers 280, Osteuropa-Institut (Institute for East European Studies), Regensburg, 2010
9 K. Eck, Decomposing a decades growth of Central and Eastern Europes trade,Kurzanalysen und Informationen, Nr. 40,Mai 2009, Osteuropa-Institut, Regensburg (Ratisbonne)
10Ibid.11 Ch. Carrincazeaux, M.Coris, The Decision-Making Process of Relocations: What, Where, How and Why?,Les Cahiers
du Gretha, n 2012-04, janvier 201212Ibid.13 Les Echos, Dlocalisations : l'Insee tord le cou aux ides reues , 12 juin 2013.
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2.Le rle croissant des services dans la production industr ielle et dans leschanges internationaux
Encadr1 - Que recouvrent les notions de services et dchange inter national de
services ?
Les services sont les activits immatrielles de lconomie. Dans les pays avancs, ils reprsentent
plus des deux tiers de lactivit conomique et des emplois. Dans les pays en voie de dveloppement, lesservices reprsentent seulement entre un tiers etprs de la moiti du produit national et de lemploi.Un fort taux dactivit de services dans une conomie est le signe quelle riche et diversifie. On peutdistinguer trois grands types de services :
les services aux entreprises, qui soutiennent lactivit conomique et lindustrie. Par exemple: les services financiers et dassurance, les cabinets de conseil, les services juridiques, les
laboratoires de recherche, les services de communication et de marketing, les pourvoyeurs desystmes dinformation, les services de maintenance, les cabinets darchitectes, les activits dedesign, etc. ;
les services aux personnes ou aux mnages. Par exemple : les loisirs, la culture, le tourisme,le commerce et la distribution, les aides mnagres, les coiffeurs et autres instituts de beaut,etc. ;
les services publics et dinfrastructure : la sant, lducation, les transports, lestlcommunications, la distribution dnergie et autres services urbains (propret,assainissement des eaux, voirie).
Les services schangent peu linternational,et ce pour plusieurs raisons. Tout dabord, la vente etla consommation de services se font localement : on ne traverse pas la frontire pour aller chez lecoiffeur par exemple. Ensuite, de nombreux services, notamment les services dintrt gnral oudinfrastructure, ont longtemps t et sont encore souvent organiss en monopoles publics, peu sujets une logique de march, encore moins une logique dinternationalisation. Ainsi, seulement 24 % ducommerce international est-ille fait dchanges de services.
La nature des changes internationaux de services se distingue fortement du commerce de biens. Dansle commerce des biens, cest le produit qui traverse la frontire. Dans les services, il est plus rare quele produit lui-mme traverse la frontire, bien que les nouvelles technologies le permettent de plus enplus. Dans les services, cest soit le prestataire qui sedplace (lquipe dun cabinet daudit effectuantune mission ltranger), soit le consommateur (un touriste voyageant ou un patient allant se faire
soigner ltranger). Dans une grande majorit de cas, il induit un investissement direct de ou versltranger. Un oprateur de tlcommunications installera des bureaux et des infrastructures ltrangeretembauchera sur place le personnel ncessaire au fonctionnement de lentreprise. Cela nelempchera pas denvoyer du personnel en expatriation, ni de maintenir son sige oprationnel et sesoprations globales dans son pays dorigine.
Comment se ngocie louverture du secteur des services lOMC et les accords bilatraux ? Lesngociations commerciales lOMC portent sur linvestissement direct dans les services, la mobilitdes prestataires et des consommateurs des services, ainsi que sur lchange transfrontalier de
prestations.
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La servicialisation de lindustrie, condition de sa comptitivitLa part de lindustrie dans la valeur ajoute est passe, dans les pays de lOCDE, de 25 % en
1980 16 % 2007. Une telle volution est en partie normale et ne saccompagne pas dun dclin
absolu de valeur ajoute dans lindustrie. De plus, les services, comptabiliss dans dautres
sries statistiques, jouent un rle croissant dans lindustrie, surtout dans les conomies
avances. En partie en raison de lexternalisation de fonctions servicielles quiprcdemment faisaient partie de firmes industrielles verticalement intgres, les frontires
entre services et industrie tendent sestomper. Aussi, dans les pays avancs, les emplois dans
lindustrie se dplacent-ils vers des activits servicielles comme la Recherche et
Dveloppement (R&D) en amont ; la vente ou les services aprs-vente ou encore la maintenance
en aval. Des tudes montrent quune industrie plus riche en activits de services est une
condition essentielle pour maintenir sa comptitivit lexport. En Sude, 39 % des emplois
industriels relvent dactivits servicielles . Actuellement 34 % de la valeur ajoute
industrielle allemande vient de prestataires de services1415. La forte prsence de services est
pour beaucoup dans la performance lexportation des industries des conomies avances qui
lont favorise. Elle a ainsi contribu stabiliser la part de lindustrie dans la production
sudoise (21 % du PIB en 1980, 20 % en 2007)16.
La croissance des changes de services, une tendance de fondAu-del de leur rle croissant dans lindustrie, les services jouent un rle de plus en plus
important dans le commerce mondial. La croissance du commerce des services dans le monde
a t forte ces dernires annes : + 9,5 % par an en moyenne entre 2000 et 2010 17. Cetaccroissement est li plusieurs phnomnes qui se nourrissent mutuellement :
les nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC). Ellespermettent une rorganisation de certaines activits conomiques, qui peuvent
dsormais tre commercialises et livres distance. Par exemple, des services simples
de gestion comptable dune entreprise peuvent aujourdhui tre fournis des dizaines
de milliers de kilomtres moindre cot : il suffit de communiquer par e-mail et
changer des dossiers en ligne avec le prestataire. De plus en plus de services peuvent
tre dlivrs par internet18 ;
la croissance mme du commerce de biens. On pense notamment aux activits detransport, de logistique, de distribution, aux activits postales, ou encore de financement
14 Les Echos, Dlocalisations : l'Insee tord le cou aux ides reues , 12 juin 2013.
15 McKinsey Global Institute, Trading myths: Addressing misconceptions about trade, jobs, and competitiveness, 2012, p.316Ibid., p.2217Source : calculs de lauteur bass sur OMC
18 H. Meijers, Does the internet generate economic growth, international trade, or both? Working Paper 2012-050,UNU/MERIT May 2012
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et dassurance du commerce, qui constituent la grande majorit des services changs
linternational ;
le dveloppement des chanes de valeur internationales. Le commerce des services dansle monde est trs majoritairement un service dentreprises entreprises : 73 % de celui-ci consiste en des activits intermdiaires sinsrant dans un processus de production
plus large19 ;
lurbanisation20, la monte des classes moyennes dans de nombreux pays et louverturecroissante de services publics aux acteurs privs. Ces volutions ont favoris lesinvestissements trangers dans des services dinfrastructure et dintrt gnral ces
dernires dcennies : les tlcommunications, les transports publics, la gestion de leau,
les services de propret. Lenseignement suprieur et certains services de sant
sinternationalisent et se commercialisent galement. On peut penser, par exemple,
certaines universits amricaines ou aux coles de commerce franaises qui ouvrent des
campus ltranger, ou bien au dveloppement de services de sant (dentaires, par
exemple) pour trangers en Europe centrale et orientale ou en Asie. Plusieurs facteurs
laissent penser que cette tendance ira en saccentuant tant dans les pays avancs que
dans les pays mergents les plus dynamiques : la demande croissante de bien-tre lie
lenrichissement, lallongement de la dure de vie ainsi que la contrainte croissante sur
les finances publiques. Celle-ci oblige les Etats - pour des raisons de matrise des cots
et defficience - impliquer davantage les acteurs privs dans la fourniture de services,
sur la base de rgles de march, au travers de marchs publics plus concurrentiels ou de
privatisations21.
3.Les impl ications des transformations lies la mondialisation pour lespol iti ques commerciales des pays avancs
Mme si la connaissance des volutions les plus rcentes de lconomie mondiale reste
approfondir, leurs implications pour la stratgie commerciale des pays sont nanmoins trs
claires :
La spcialisation internationale actuelle et louverture conomique sont largementbnfiques pour les pays avancs
19S Miroudot et al., op cit.20 Selon les dernires projections des Nations Unies, la part de la population mondiale vivant en zone urbaine devrait passer
de 51,6 % en 2010 59,9 % de la population en 2030. Voir site internet World Urbanization Prospects, the 2011 Revision:http://esa.un.org/unpd/wup/CD-ROM/Urban-Rural-Population.htm
21 I. Dreyer (2011), Potential Contours of the World Economy by 2030. Stakes for the European Union. Background paperto the EU-sponsored 2011 European Strategy and Policy Analysis System, Mimeo. August 2011.
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Les Etats-Unis et lUE, dont les secteurs industriels haute valeur ajoute et les services sont
particulirement comptitifs, sont les gagnants de cette mondialisation. LUE prsente un
excdent commercial dans lautomobile (85 milliards deuros), secteur dans lequel elle fournit
25 % de la production mondiale. Sa balance commerciale est galement excdentaire dans la
chimie (43 milliards deuros), laviation civile (16,9 milliards deuros), la machine-outil et les
quipements lectriques (130 milliards deuros), ainsi que dans les produits pharmaceutiques
(35 milliards deuros). Ses principaux dficits commerciaux sont dans les secteurs du textile
(49,9 milliards deuros) et des chaussures (8,6 milliards deuros), faible valeur ajoute22. Les
Etats-Unis sont le deuxime exportateur mondial de biens23. Les biens industriels haute valeur
ajoute comptent pour plus de 60 % de leurs exportations. Les produits chimiques, les biens
dquipement de transport et la machine-outil sont leurs principaux atouts24.
Sagissant du commerce des services, il est largement domin par les conomies avances.LUE assure, elle seule, prs du quart des exportations mondiales de services, suivie des
Etats-Unis, qui en assure prs dun cinquime (voir Figure 2)25.
Figure 2
Louverture prcoce des industries des conomies avances au commerce dans le cadre du
GATT depuis 1947 a largement contribu la longueur davance quelles ont actuellement sur
le plan conomique, industriel et des services sur les pays en voie de dveloppement et
mergents, dont louverture est plus rcente et moindre (voir Annexe 1).
22 Source : DG Commerce, Commission. Les chiffres concernent lanne 2010.
23 Source : OMC, Statistiques du Commerce Mondial 201224Business Insider, MADE IN USA: The Top 10 Manufactured Products In America's $2 Trillion Export Industry, 8 March
2012
25 OMC, Statistiques du Commerce Mondial 2012
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Les conomies dont le tissu conomique est le plus fortement insr dans les changesinternationaux sont les plus comptitives
Laccroissement de la part du commerce de biens dans le PIB de lAllemagne est ce titre
clairant. La Figure 3 ci-dessous met face face laccroissement de la part des changes
internationaux dans la production allemande et lvolution de son rang dans les classements de
comptitivit internationale ces dix dernires annes. Passs de de 27,7 % du PIB en 2001
40,3 % en 2011, les changes allemands de biens refltent quel point le tissu productif du
pays sest insr dans les chanes de production mondiales. Les gains defficacit conomique
dont le pays a pu bnficier grce cet effort lui ont permis de passer, au cours de la mme
priode, de la 17eplace la 6e dans le classement de la comptitivit des conomies effectu
annuellement par le Forum Economique Mondial. La forte ouverture de lconomie sudoise
aux changes26 est galement corrle sa performance conomique ces dernires annes. Acontrario, le taux stable et plus faible dintgration aux changes mondiaux de lItalie ces dix
dernires annes semble renforcer le constat quouverture du tissu productif aux changes
mondiaux et comptitivit globale de lconomie sont intimement lies.
26 En partie plus naturelle tant donne lapetite taille de lconomie.
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Figure 3Intgration du tissu productif dans les changes mondiaux et comptitivit
Compti tivi tRang mondialSource : Global Competitiveness Report 2012-2013 et Global
Competitiveness Report 2002-2003
Pays Rang en 2002 Rang en 2012
Allemagne 17 6
Sude 5 4
France 20 21
Italie 26 41
La cl de la comptitivit industrielle lexport rside dans une plus forte ouverture delindustrie aux chanes de valeur internationales allie sa monte en gamme
Ainsi, bien que cela puisse paratre a priori paradoxal, accrotre la capacit de lindustrie exporter implique daccrotre la part des importations dans la production industrielle. Au fur et
mesure de la transformation de lindustrie sudoise durant les annes 1990 et 2000 dcrite ci-
dessus, la part des importations a jou un rle de plus en plus important dans les produits
industriels exports. La part des composants imports dans les biens industriels exports par la
Sude est passe de 33 % au milieu des annes 1990 39 % une dcennie plus tard 27.
Lindustrie doit aussi souvrir aux investisseurs trangers pour mieux exporter. Le succs
sudois - industriel et lexportation - repose aussi sur une stratgie dattraction des
investissements directs trangers. De 1989 1999, la part des investisseurs internationaux dans
les entreprises sudoises cotes a augment de 7 % 40 %. Durant cette priode, les dix plus
grandes multinationales investies en Sude ont contribu hauteur de 35 % la croissance du
secteur manufacturier du pays. Ces investisseurs ont surtout t prsents dans les cinq secteurs
qui ont contribu hauteur de 80 % la croissance de lindustrie28. Ces volutions se sont
accompagnes dune croissance spectaculaire des exportations, dont la part dans le PIB estpasse de 0,5 % 4,8 % entre 1980 et 2007. La rcente revitalisation du secteur automobile
britannique est galement lie aux transformations que les investisseurs allemands et indiens,
qui en ont pris le contrle durant la dernire dcennie, y ont introduites29.
Cette ouverture doit tre mise au service de la monte en gamme des produits proposs. La
nouvelle spcialisation internationale des conomies porte aujourdhui moins sur les produits
27 McKinsey Global Institute, Op. cit.,p.2328 McKinsey Global Institute, Op. cit.,p.22. Malheureusement les mmes chiffres ne semblent pas disponibles pour la France29Le Monde, La nouvelle jeunesse des anglaises, 4 janvier 2013. Financial Times, China now Jaguar Land Rovers prime
market , 13 January 2013
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eux-mmes que sur la nature des tches effectues sur un territoire : selon leur contenu en
recherche et innovation, par exemple, ou bien encore leur intensit en travail qualifi ou peu
qualifi.
Pour monter en gamme, la recherche et le dveloppement (R&D) sont des activits essentielles
pour maintenir la comptitivit des conomies avances. En dehors du cas allemand bien connu,
celui de la Sude est clairant. Les efforts de R&D dans ces pays sont levs. La Sude a
dpens 3,4 % de son PIB en R&D en 2010 ; lAllemagne 2,8 %. Leurs taux sont similaires
celui des Etats-Unis (2,9 %) comparer avec les 2,2 % de la France30. La structure des
emplois dans lindustrie a galement suivi cette monte en gamme. En Sude, les emplois
forte valeur ajoute ont augment de 1,7 % par an entre 2001 et 2007, alors que les simples
emplois dassemblage ont diminu de 2,6 % par an sur cette priode.
Les entreprises insres dans les chanes de valeur internationales sont plusproductives, plus innovantes et crent plus demplois qualifis
Les entreprises engages dans des processus de fragmentation de leur production
augmentent leur productivit. Selon des estimations rcentes, laugmentation de 1 % de la part
des importations de produits intermdiaires fait crotre la productivit des entreprises de
0,3 %31.
Les entreprises qui exportent sont gnralement plus productives que les entreprises qui
nexportent pas. Le lien de causalit entre productivit et exportations dune entreprise nest
pas clairement tabli. Mais celui entre ouverture des entreprises aux capitaux internationaux etleur capacit dinnovation, lest davantage car cette dernire acclre ladoption de nouvelles
technologies32.
Les entreprises plus productives et exposes aux marchs internationaux ont une plus grande
capacit crer et maintenir des emplois. Une tude portant sur les effets de lexposition des
entreprises franaises la concurrence internationale montre que, si les importations de
produits finis ont eu des effets ngatifs sur lemploi dans les entreprises exposes cette
dernire, dans le cas dimportations de biens intermdiaires, les effets sur lemploi dans ces
entreprises taient plutt positifs33.
Les nouveaux emplois industriels sont plus qualifis et de nature plus servicielle . Si 85 000
emplois industriels ont disparu en Sude de 1993 2007, 120 000 ont t crs dans des services
30 Les chiffres sur les dpenses de R&D ont t consults sur la base de donnes statistiques de lOCDE en fvrier 2013
31 S. Stone, B. Shepherd, Dynamic Gains from Trade: The Role of Intermediate Inputs and Equipment
Imports, OECD Trade Policy Papers, No. 110 , 201132N. Kiriyama, Trade and Innovation: SynthesisReport, OECD Trade Policy Papers, No. 135, 2012.Voir aussi L. Fontagn, F. Toubal, Investissement direct tranger et performances des entreprises, Conseil dAnalyseEconomique, 2010
33 F. Kramarz, Employment and Trade in France : A Firm-Level View (1995-2004), OECD Trade Policy Working Papers,No. 124, 2011.
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aux entreprises lis au secteur industriel. Ces volutions ont t accompagnes
dinvestissements massifs dans la qualification du personnel34.
La politique commerciale doit tre pense de manire intgreAvec le dveloppement des chanes de valeur internationales, la politique commerciale requiert
une approche de plus en plus intgre visant les optimiser. Ainsi, les questions de droits de
douane, de normes techniques, dinvestissements, de marchs publics, de mouvements des
personnes (dont il sera question dans la partie suivante), ne peuvent-elles plus tre considres
sparment. Elles doivent tre penses dans leur globalit et en interaction et en interaction
surtout avec les rformes conomiques nationales visant ouvrir le pays aux dynamiques de
production mondiale.
Dans ce contexte, il est ncessaire de rappeler que le protectionnisme devient de plus en plus
coteux. Les biens passant plusieurs fois les frontires, la multiplication de droits de douane
que ces passages frquents induisent, renchrit le cot des intrants et donc les cots de
production.A contrario, labsence de droits de douane semble tre un acclrateur dactivit etdinnovation. Lindustrie de llectronique bnficie depuis 1997 de lAccord sur les
technologies de linformation sous lgide de lOMC. Cet accord limine entirement les droits
de douane sur les produits lectroniques et leurs composants. Sans un tel rgime, les incessantes
et rapides innovations vues cette dernire dcennie nauraient probablement pas eu lieu.
34 McKinsey Global Institute, 2012, op. cit.
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II - Lconomie franaise dans la mondialisation aujourdhui
Lconomie franaise a su sinsrer dans lconomie mondiale. Elle prsente de rels atouts,
tant dans lindustrie que dans les services. Mais le modle poursuivi ce jour sessouffle, les
chiffres de sa balance commerciale en tant lun des symptmes les plus manifestes. La prioritdes politiques publiques doit tre de permettre aux entreprises franaises - notamment son
tissu fragment de petites entreprises industrielles ou de services - de mieux sinsrer dans les
segments des chanes de valeur rgionales et internationales prsentant la plus haute valeur
ajoute. Ceci implique en premier lieu douvrir son propre tissu conomique aux flux
internationaux, mais il sagit aussi de viser en complment une expansion en Europe, et de
rduire les nombreuses barrires que lui prsentent ses partenaires commerciaux.
1.Les secteurs franais porteurs et les potentiels mobi l iser Les atouts franais dans le commerce international
Tableau 1 - Principales destinations des exportations franaises de marchandises
Destination Part des exportations
franaises(2012)Source : DG Trsor
UE27 59,2 %
(dont zone euro : 46,7%)Asie 12,8 %
Amrique du Nord 9,7 %
Europe hors UE 8,2%
Afrique 6,5 %
Les chiffres de la balance commerciale franaise (- 67,2 Md en 2012 aprs - 74,1 Md en
201135) et les dbats sur le dcrochage de son industrie, tant en Europe que sur les marchs
internationaux, masquent parfois le fait que la France prsente de nombreux atouts dans le
commerce international sur lesquels une stratgie dinternationalisation des activits devraitdavantage sappuyer.
La France est la sixime puissance commerciale mondiale. La productivit de sa main duvre
est parmi les plus leves au monde : elle dpasse celle de lAllemagne. Les grands groupes
franais occupent bien souvent des positions de leader et, dans chaque mtier, on trouve un
champion franais parmi les cinq meilleurs : aronautique, nuclaire, ptrole, gaz, pharmacie,
travaux publics, construction, banque, assurances, traitement de leau, tlphonie, services
informatiques, agroalimentaire, esthtique, luxe, tourisme. Certaines entreprises franaises de
35 DG TrsorPle Commerce extrieur, Les rsultats du commerce extrieur de la France en 2012 ,Dossier de presse, 7fvrier 2013
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taille intermdiaire ont galement pris le chemin des marchs internationaux, que ce soit dans
lindustrie, lagro-alimentaire, les cosmtiques ou la mode. La France est le principal
exportateur de produits agro-alimentaires dEurope (20,1 % des exportations europennes en
2011 de nourriture, boissons et tabac, selon Eurostat).
Certaines productions franaises se portent bien et certaines industries sont aujourdhui
excdentaires. Tel est notamment le cas des secteurs suivants :
les quipements de transport - aronautique en tte - avec un solde excdentaire de labalance commerciale de 1,6 milliard deuros en 2012 ;
la chimie, les parfums et les cosmtiques (+ 725 millions deuros en 2012) ; lagro-alimentaire (+ 480 millions deuros en 2012).
Globalement, les exportations ont augment durant la dernire dcennie sur ces trois postes. La
France est aussi exportatrice nette de produits agricoles (563 millions deuros dexcdent en
2012), dont les exportations ont continuellement augment tout au long de la dernire dcennie.
Llectricit et le gaz manufactur (180 millions deuros) et les produits pharmaceutiques (258
millions deuros), sont aussi largement excdentaires36. Ces excdents correspondent aux
avantages comparatifs de la France, quelle partagepar ailleurs avec ses principaux partenaires
europens37.
La France est exportatrice nette de services (voir les graphiques dans la Figure 4 ci-dessous).
Lexcdent de sa balance commerciale dans les services, de 3,2 milliards deuros en 2012 hors
voyages, est mme trs important. La France nest pas seulement la premire conomieexportatrice mondiale de services touristiques. Elle est aussi exportatrice nette de :
services aux entreprises (conseil et assistance, services oprationnels, services derecherche et dveloppement), dont le solde net a reprsent lui seul de 2,3 milliards
deuros en 2012 et se trouve en forte croissance, malgr la crise;
services de construction ; services de communication38.
Par ailleurs, les innovations rapportent notre pays des rentes au travers des redevances et droits
de licence.
36 Les chiffres de la balance commerciale cits dans les deux paragraphes prcdents ont t recueillis en fvrier 2013 sur le
site internet de lINSEE.
37Ministre de lEconomie, des Finances et de lIndustrie, Spcialisation lExportation de la France et de quatre grands
pays de lUnion Europenne entre 1990 et 2009 ,Lettre Trsor-Eco, No. 98, Fvrier 201238 Dfinition INSEE Services aux entreprises. Ces activits correspondent au code EN de la NES (en vigueur jusqu'en 2007)
de : postes et tlcommunications ; conseils et assistance ; services oprationnels ; recherche et dveloppement.
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Figure 4 Balance des paiements franaise en 2012Les services exportateurs nets
Source : INSEE
Ainsi, en raisonnant en termes de la valeur ajoute nationale intgre dans les exportations, les
services contribuent mieux positionner la France dans le commerce international que les seuls
chiffres de la balance commerciale ne sauraient suggrer.
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Un dcrochage inquitant en EuropeFigure 5Balance commerciale de la France dans lUnion europenne
Cependant, le dcrochage franais dans le commerce international est rel. Ce dcrochage est
surtout patent dans lUnion europenne, destination de 59 % de ses exportations (voir Figure 5
ci-dessus), o le solde commercial est devenu dficitaire en 2004. Il lest aussi plus
gnralement dans les exportations franaises vers les conomies avances. Par exemple, le
solde des exportations de marchandises vers lALENA est pass de 239 millions deuros
dexcdent en 2002 un dficit de 88 millions deuros en 2011. De la mme faon, la France
na pas su simposer armes gales avec ses concurrents allemands notamment - sur les
marchs dynamiques de lAsie.
Les principales causes de dcrochage peuvent se rsumer de la manire suivante :
linadaptation des cots et des structures (par exemple , le march de lemploi) lanouvelle ralit europenne suite lintroduction de leuro ;
des politiques publiques favorisant peu linnovation et rendant le territoire franaismoins attractif pour les laboratoires de recherche42 ;
la faible ractivit de lappareil industriel franais, pas assez de petites et moyennesentreprises exportatrices, et une faible varit des produits
43
, qui sont rattacher uneinsuffisante concurrence sur les marchs des biens et services sur le territoire44.
A ce titre, la relative perte dattractivit du site France pour les investisseurs est rvlatrice et
devrait tre source dinquitude. Si la France reste un pays trs attractif pour les investisseurs
internationaux, elle a abandonn son rang de deuxime destination europenne en 2011
42E. Cohen, Contribution 4 ,Les atouts de la France dans la mondialisation, Conseil dAnalyse Economique, 200743Ibid.44 Voir leRapport de la Commission pour la libration de la croissance franaise, sous la prsidence de Jacques Attali, La
Documentation franaise, 2008,
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lAllemagne,tandis que lEspagne en plein cycle de crise et de rformes en 2011 a fait lobjet
dunafflux important dinvestissements45.
Une insuffisante insertion du tissu productif franais, et notamment des petites etmoyennes entreprises (PME/PMI) dans les chanes de valeur rgionales et mondiales
Laccroissement de la part des changes dans lconomie nationale est une cl essentielle pour
la comptitivit des conomies europennes. Or, la part des changes dans lconomie franaise
est significativement moins leve que celle de ses concurrents plus comptitifs (voir Figure 3
ci-dessus). Cette faiblesse relative des changes dans le tissu productif franais sexplique par
le fait que la France optimise moins ses chanes de valeur46. Selon les derniers chiffres
disponibles fournis par le CEPII47, lapart des biens intermdiaires dans lindustrie est en France
beaucoup plus faible (moins de 20 %) quen Allemagne, au Japon ou encore aux Etats-Unis
(plus de 25 %). Des recherches rcentes montrent quen France les entreprises qui recourent
limportationde biens intermdiaires sont davantage en mesure dexporter48 : le problme serait
donc quelles le font en nombre et une chelle insuffisante. Le raisonnement est le mme pour
limportation de services intermdiaires : la part des services intermdiaires imports par la
France est moindre quailleurs. Ils reprsentent de 90 % des changes de services en
lAllemagne, 91,1 % des changes en Sude, contre 78,9 % seulement en France49.
Enfin, il semble que le modle dinternationalisation pratiqu jusquici en France - tir par
linternationalisation des grands groupes - sessouffle. Ces entreprises sont maintenant
fortement implantes ltranger et nentranent plus autant les filires de sous-traitance et les
services avec eux linternational. Ainsi, le dfi majeur de la France est-il de dvelopper lataille et la capacit dexportation des petites et moyennes entreprises, dont le tissu beaucoup
plus dense et performant est la cl des exportations allemandes, italiennes et dans une moindre
mesure britanniques50. Il est ncessaire de lever les obstacles qui entravent le dveloppement
des petites entreprises franaises, afin de leur permettre dtre les fers-de-lance dune nouvelle
vague dinternationalisation de lconomie.
Dans un secteur qui nous intresse tout particulirement dans cette tude - les services aux
entreprises - la Commission Attali avait, ds 2008, attir lattention sur un certain nombre de
barrires la croissance pour ceux dpendant de professions rgules. Le rapport soulignait par
exemple que les exigences de contrle des experts comptables sur leur capital, de 75 %
aujourdhui, sont trop contraignantes. Commentant la contrainte place sur celle des avocats
(de 100 %), le rapport soulignait que cette exigence conti nue limiter fortement le recours
45 Ernst &Young, Growth, actually -Ernst & Youngs 2012 European attractiveness survey, 2012, p.846 L. Fontagn, Op. cit.47 Ibid, p. 6848 M. Bas, V. Strauss-Kahn, Does importing more inputs raise exports? Firm-level evidence from France Document de
travail du CEPII, No 201115, juin 201149 Miroudot et al. (2009), Op cit. p. 4850 L. Rubini, K.Desmet, F.Piguillem, A.Crespo, Breaking down the barriers to firm growth in Europe, The fourth EFIGE
policy report, Bruegel, August 2012
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des capitaux extrieurs qui pourrait leur permettre dtendre leurs activits,
particulirement ltranger ()51. Or, aujourdhui, les cabinets de plus de 50 salaris nereprsentent que 0,2 % des cabinets franais et 13,3 % du chiffre daffaires. Une plus forteconcentration des cabinets franais est donc ncessaire face aux majors anglais etamricains dj trs prsents dans lHexagone52.
2.LEurope : un passage obligpour les entreprises rendu plus dif ficil epar la fragmentation persistante du marchdes services
Pour redynamiser leurs exportations, les entreprises franaises doivent surtout veiller
reprendre des parts de march en Europe. En effet, exporter et se dvelopper en Europe
constituent bien souvent la condition pralable au succs dune entreprise franaise sur les
marchs mondiaux. Or, les obstacles lexpansion europenne des entreprises restent encore
importants, surtout dans les services.
La constitution de rseaux de production europens dans lindustrie permetdexporterplus facilement dans le reste du monde
Dans lindustrie, pour certaines entreprises de taille intermdiaire, le march unique est
vritablement un march interne o production et ventes se font sur un mme territoire
europen, et non plus national. On assiste lmergence de petites multinationales
europennes. Par exemple, le fabricant dappareils mdicaux Sorin53, dorigine italienne, se
finance sur le march financier milanais, mais produit lessentiel de ses biens en rgionparisienne, biens qui sont surtout destins lexport : Etats-Unis, Japon et, de plus en plus, les
grands pays mergents. Dautres entreprises industrielles de taille intermdiaire suivent les
groupes franais linternational. Le producteur de systmes de manutention industrielle
mulhousienAppalette Tourtellier Systmes54, a dabord commenc par acheter une entrepriseen Allemagne du Sud en 1989, a dcid tt de sous-traiter une partie de ses activits en Europe
centrale et orientale tout en maintenant le cur de sa production Mulhouse, avant de se lancer
sur les marchs mondiaux, suivant ainsi ses clients, grands groupes franais automobiles ou
quipementiers. Lentreprise familiale Redex55, spcialiste de lingnierie et fabrication
mcaniques de haute prcision fonde en 1949 dans le Gtinais et dont 90 % du chiffre daffairese fait lexport, a ralis ses premiers pas europens en 1960, avec la cration dune filiale
Manchester au Royaume Uni. Dsormais, elle dispose de sept filiales dans le monde. Elle a
rcemment achet une entreprise allemande.
51Mise en relief de lauteur
52Rapport de la Commission pour la libration de la croissance franaise, sous la prsidence de Jacques Attali, LaDocumentation franaise, 2008, p. 169
53 http://www.sorin.com
54 http://www.atsconveyors.com/accueil.html
55 http://www.redex-group.com
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Un march des services encore trop fragment en EuropeSi dans lindustrie, le March unique fonctionne plutt bien, ce nest pas le cas dans le secteur
des services, qui sont pourtant un gisement potentiel important dexportations franaises.
Une tude de McKinsey Global Institute de 201056 montre que la divergence persistante de
productivit entre les Etats-Unis et les conomies dEurope occidentale (UE 15) est lie une
faible croissance de la productivit des services sur le vieux continent. Linsuffisante
intgration du march uniquequi ne bnficie pas des effets dchelle du vaste march interne
amricainest un facteur dexplication important de cette divergence.
Des interconnexions insuffisantes psent sur les cots de production, de communicationet de transaction
Les services dinfrastructure europens restent encore trs cloisonns au niveau national, ce qui
accrot les cots de production, de communication, et de transport. Lnergie, les transports
ferroviaires et urbains, les services lenvironnement et bien dautres, restent trs difficiles
daccs pour les entreprises trangres : les cadres lgislatifs et les standards techniques
divergent en Europe, les marchs restent souvent monopolistiques, et les marchs publics peu
accueillants pour les entreprises trangres.
La politique europenne dans les services dinfrastructure a pendant longtemps mis au second
plan linterconnexion des rseaux entre pays europens. Son approche est cependant en train
dvoluer, tant dans le domaine de lnergie que dans celui des transports et destlcommunications.
Des marchs publics imparfaitement ouverts et concurrentiels, notamment dans lesinfrastructures
Au sein de lUnion europenne, les marchs publics dont dpendent notamment les services
dinfrastructure sont loin dtre entirement ouverts aux acteurs europens eux-mmes. Les
marchs de la sant, de lnergie, des transports, de la dfense, favorisent trs souvent les
producteurs nationaux, au dtriment de comptiteurs dautres pays europens. Dans les secteurs
se situant en-dessous des seuils financiers rguls au niveau de lUnion , des problmes de
transparence sont noter dans de nombreux pays membres.
Le cadre rglementaire dun certain nombre de pays rend difficiles les Partenariats Publics -
Priv (PPP), qui facilitent la collaboration entre les Etats et autorits publiques, dune part, et
les acteurs privs qui concourent la prestation de ces services, dautre part. La proposition
dune Directive de la Commission europenne faite fin 2011 sur les concessions vise traiter
ce problme.
56 McKinsey Global Institute,European growth and renewal : The path from crisis to recovery, July 2010
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La mobilit professionnelle demeure un obstacle majeur au dveloppement dun marchdes services aux entreprises intgr en Europe
Un problme majeur demeure celui de la persistance de la fermeture des professions
rglementes. Ces professions, dont le site de la Commission recense plus de 150 pour les
grands pays europens Allemagne, France et Italie se heurtent encore la non
reconnaissance des qualifications par les pays voisins, ou bien des rglementations qui
maintiennent ces professions largement fermes. Cela concerne, entre autres, les professions
mdicales, lgales/comptables, et lartisanat. Ainsi, un mdecin espagnol ou un comptable
italien na pas le droit dexercer ailleurs en Europe sans passer par des procdures compliques
de reconnaissance de ses qualifications. Une entreprise artisanale alsacienne ou lorraine ne peut
oprer outre-Rhin.
Les entreprises franaises sont pnalises de multiples manires par cette absence de march
unifi. Les entreprises qui fournissent des services dinfrastructure sont freines dans leur
dveloppement europen par la persistance du cloisonnement de ces marchs en Europe, tandis
que linsuffisance de la concurrence europenne sur le territoire franais naiguillonne pas
suffisamment leurs stratgies dinternationalisation, linnovation et lamlioration des
prestations. Les entreprises qui dpendent de la fluidit et de cots de transport et de
communication comptitifs, notamment les PME, sont pnalises. Les professions rglements
ne peuvent se dvelopper et bnficier deffets chelle suffisants pour dynamiser loffre de
services, rduire leurs cots et multiplier la gamme de services offerts : les cots de production
en France et en Europe sen ressentent.
Des gains importants sont attendre de lachvement du march unique en EuropeUne tude de lOCDE de 2012 constatait que la part de lUE dans les exportations des pays
membres tait reste largement inchang entre 2000 et 2010, dcennie o le commerce mondial
a pourtant cr fortement57. Le commerce intra-europen des services a augment
significativement mais pas au mme rythme que le commerce des services au niveau mondial,
ce qui est inquitant. En effet, dans un march europen dit unique les dveloppements
rcents des technologies de linformation auraient d mener une intgration plus forte en
Europe quailleurs58.
Selon lOCDE, le potentiel de croissance de lUE augmenterait significativement si le march
des services europen tait rellement intgr. Le cot de ne pas avancerdans ce sens est lev.Par exemple, elle seule, labsence dun march du numrique unique europen (qui inclut les
services de tlcommunication), coterait au continent prs de 4 % de son PIB59.
57 OECD, European Union, OECD Economic Surveys, March 2012, p.3058 Ibid, p. 3159 Copenhagen Economics, The Economic Impact of a European Digital Single Market (2008-2010), 2010
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3.Au niveau mondial, des barr ires importantes aux expor tationsfranaises existent, mme dans les pays avancs
Linsertion du tissu conomique franais dans les changes mondiaux passe aussi par
llimination de nombreuses barrires douanires et rglementaires internationales, dont ungrand nombre persiste.
Ces barrires sont brivement dcrites ci-dessous.
Barrires douanires - droits de douane60En dehors de lUE, les droits de douane pour certains produits industriels franais restent
particulirement levs. Cest le cas notamment de lautomobile, o les droits de douane sont
de 35 % au Brsil, de 25 % en Chine, ou encore de 100 % en Inde.
Les droits de douane tendent aussi tre levs pour les produits agricoles et les produits agro-
alimentaires. Par exemple, les droits de douane pour le fromage - produit emblmatique du
Made in France - sont levs aux Etats-Unis et dans de nombreux pays asiatiques ainsi quau
Brsil (voir Figure 6 ci-dessous).
Figure 6Droits de douane appliqus par les principaux partenaires commerciaux de
lEurope sur leurs importations dautomobiles et de fromages
Inde : 100 %
Barrires non douaniresAlors que les droits de douane perdent en importance relative comme barrires au commerce,
les barrires dites non tarifaires ou non douanires aux changes de marchandises
60Les quotas ou contingents, non traits ici, sont de plus en plus rares, surtout dans lindustrie. Cependant ils sont
encore trs frquents pour les produits agricoles.
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demeurent des obstacles majeurs, quand elles ne se substituent pas directement, dans certains
cas, llimination de droits de douane. Ces barrires sont nombreuses et de nature diverse. Les
catgories les plus frquentes sont les suivantes :
les barrires administratives limport ou lexport (lourdeur des dmarchesadministratives ; inefficacit et/ou corruption des administrations portuaires ou
aroportuaires) ;
les divergences dans les standards techniques (application de standards nationaux aulieu de standards internationaux codifis dans le cadre de lONU, rduisant ainsi les
conomies dchelle et augmentant les cots) ;
les cots dadaptation aux normes techniques ou sanitaires, qui, sils sont trs ou troplevs, tendent vincer la concurrence ;
ladministration de procdures daccrditation de produits limportation (parexemple, lobligation de procder des tests de sret une deuxime fois avant dobtenir
lautorisation de placer un produit surle march dexportation ; lexistence de dlais
administratifs en dfaveur des produits imports ou de prescriptions techniques portant
non sur le rsultat recherch (par exemple le degr de sret dun produit) mais sur les
techniques prcises employer, souvent dtournes pour favoriser les industries
nationales61) ;
les mesures restrictives diverses (par exemple les contrles des prix ; les quotas etrestrictions quantitatives limportation ou la production ; loctroi de monopoles ; les
subventions aux entreprises dont lobjet ou leffet est de modifier les termes de la
concurrence).
A ce titre, les indicateurs portant sur la facilit de commercer travers les frontires 62 du
dernier classementDoing Business63de la Banque Mondiale sont instructifs : ce dernier placela France au 27e rang (sur 180), loin derrire lAllemagne (13e), les Pays-Bas (12e), le Portugal
(17e) en Europe, et la Malaisie (11e), le Japon (19e), la Thalande (20e) ou les Etats-Unis (22e)
hors dEurope.Ladministration des douanes au Brsil (123me), en Inde (127me) et en Russie
(162me), est particulirement problmatique.
Leffet restrictif sur les importations des normes techniques et de mesures diverses (contrles
sur les prix, quotas, monopoles) est plus important que les droits de douane. Plus les pays sontaiss, plus cet effet tend gagner en importance - absolue et relative. Ainsi les barrires non
douanires sont-elles un sujet de grande importance entre les Etats-Unis, le Japon et lUE. Ces
barrires non douanires sont aussi particulirement leves dans certains pays mergents,
comme en Inde ou au Brsil (voir Figure 7 ci-dessous).
61 M.J. Ferrantino, Using Supply Chain Analysis to Examine the Costs ofNon-Tariff Measures (NTMs) and the Benefits of
Trade Facilitation, Staff Working Paper ERSD-2012-02, World Trade Organization, February 201262 Trading across borders. Cet indicateur rassemble des donnes sur la complexit des procdures administratives et le montant
des frais lis lexportation et limportation auxquels les entreprises doivent faire face aux frontires nationales du pays.
63 World Bank,Doing Business 2013.
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Figure 7Les cots des barrires non douanires au commerce64
Source: Kee et al (2008), "Estimating Trade Restrictiveness Indices", World Bank, January 2008
Le problme des barrires non douanires devient une proccupation croissante parmi les
membres de lOMC. En effet, si la crise conomique na pas entran de hausse de droits de
douane dans la plupart des pays, les mesures non douanires ayant un effet restrictif ou
discriminant contre les importations ont augment corroborant la notion de plus en plusrpandue dun protectionnisme diffus et indirect (murky protectionism) induit par cette crise.Entre 2007 et 2012, les normes sanitaires ont fait lobjet de 10,8 % des cas de diffrends
soulevs lOMC, alors quelles reprsentaient 9 % des cas entre 2001 et 200665. Entre 2007
et 2012, 12,3 % des contentieux OMC initis concernaient des questions de normes techniques,
contre 6 % entre 2001 et 200666.
64Lestimation compare de leffet restrictif de mesures rglementaires diverses sur le commerce international requiert un
effort de recherche trs important, et donc peu frquent (les chiffres inclus dans cette figure, parmi les plus rcents, datent
de 2008).
65 OMC,Rapport sur le Commerce Mondial2012, p. 11166 Ibid.
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Services : des barrires encore nombreuses, notamment dans les pays avancsLes services dans les pays mergents sont beaucoup plus protgs que les services dans les pays
avancs. Mais les barrires aux investissements et la mobilit des personnels trangers dans
les services restent leves dans de nombreux pays dvelopps. Dans ces pays, les secteurs dans
lesquels les entreprises franaises sont comptitives, sont particulirement touchs.
Parmi les pays de lOCDE, la construction semble tre le secteur le plus ferm de tous (Figure8). Les services de communication sont galement trs ferms dans certains pays du nord delEurope, aux Etats-Unis ou au Japon. Lesservices aux entreprises sont galement trs rgulsen Europe et dans lOCDE, empchant des acteurs trangers dy exercer.
F igure 8La protection des services67dans les conomies avances
67 Lestimation de lquivalent droit de douane des cots des barrires aux changes de services est une construction
artificielle et complexe. Ces graphiques sont donc prendre comme une premire indication, et complter le cas chant
par des informations plus prcises sur la rglementation des services dans chaque pays.
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Les marchs publicsLes marchs publics concernent prs de 20 % du PIB de lUE et de 15 20 % du PIB des
pays en voie de dveloppement68. La construction, lnergie, les transports, les services
lenvironnement, la sant sont particulirement exposs ces marchs.
Les marchs publics ont longtemps t exclus des ngociations du GATT. LAccord sur
les Marchs Publics (AMP) de lOMC, sign en 1994, est de porte limite car il ne
concerne que 15 membres de lOMC et reste un accord exclusif rserv ses membres. Il
vise donner une priorit aux considrations conomiques (efficacit de la dpense
publique) dans loffre de contrats publics69 et offre un cadre rglementaire pour assurer un
minimum de concurrence internationale dans ces marchs. Il introduit avant tout des rgles
de transparence et de non-discrimination et prvoit que les candidats trangers sur les
marchs publics puissent contester les dcisions prises. Il couvre les contrats au-dessus
dun certain seuil de valeur70et les autorits centrales des Etats. Laccord de novembre
2011 la largi un certain nombre dautorits rgionales et de nouveaux secteurs publics
ou para-publics.
Pour pallier le vide juridique de lOMC concernant les membres non parties prenantes
lAMP, lUE a eu recours aux accords bilatraux de libre-change (ALE) pour introduire
des rgles similaires celles de lAMP avec un certain nombre de pays mergents
(Carabes, Afrique du Sud, etc.), notamment en ce qui concerne la transparence. Mais les
grands pays mergents avec lesquels il ny a pas daccord Brsil, Chine, Inde, Russie et
bien dautres nont pas pris dengagements vis--vis de leurs partenaires commerciaux.Cela ne veut pas dire quils excluent demble ou systmatiquement les acteurs trangers,
mais quils se rservent une part discrtionnaire dans lattribution des contrats qui, bien
souvent, est dtourne des fins de politique industrielle nationale, ou simplement soumise
des considrations nationalistes.
Durant la crise conomique, certains plans de relance ont fait usage des marchs publics
pour soutenir les entreprises nationales, au dtriment dentreprises trangres. Cela a t
le cas de la Chine avec son plan de relance de 600 milliards de dollars de 2009. Mais les
pays mergents ne sont pas seuls en cause. En 2009, des provisions de prfrence pour
lacier amricain ont t introduites dans la loi prparant le plan de relance amricain71, ce
qui a t trs alarmant pour ses partenaires, notamment pour lUE. Des estimations
68 http://www.ippa.org/IPPC2/PROCEEDINGS/Article_37_Gayle_Sinclair.pdf
69 Kommerskollegium/National Board of Trade, Cross-border public procurementan EU perspective, November 2011
70En loccurrence, mesurs en droits de tirage spciaux (SDT), allant de 130.000 SDT 5.000.000 SDT
71 G. C. Hufbauer J. J. Schott, Buy American: Bad for Jobs, Worse for Reputation,Policy Brief 09-2, Peterson Institute forInternational Economics, February 2009
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rcentes montrent que les marchs publics europens eux-mmes restent plus ferms quil
ny parat, notamment en comparaison avec un certain nombre de pays asiatiques72.
Protection des investissementsProtger les investissements contre des mesures dexpropriation abusives est, et deviendra
de manire croissante, un enjeu de taille, surtout dans les secteurs o lEtat joue un rle
important, comme les services publics, les infrastructures et lnergie. Lobjectif est
dviter que les Etats ne reviennent sur des engagements contractuels (par exemple une
cession de concession, un contrat dexploitation minire) sans justification dintrt
gnral, et si justification dintrt gnral il y a, sans que soit prvue une juste
compensation. Sur ce sujet, qui depuis lentre en vigueur du Trait de Lisbonne de 2009
fait pleinement partie des comptences communautaires, lUEnapas, ce jour, dvelopp
de stratgie oprationnelle sur la manire dont elle souhaite aborder le sujet dans les
ngociations avec ses partenaires. Actuellement, un rgime de transition est en place qui
permet chaque Etat membre de maintenir en vigueur ses Accords de Protection des
Investissements (API) jusqu ce quun nouvel accord soit sign avec chaque partenaire.
Dans une Communication de 2010, la Commission europenne affirmait vouloir viser un
accord avec les grands pays mergents, surtout avec la Chine et la Russie, mais il ny a pas
eu davances concrtes ce sujet.
Le dveloppement dune stratgie commune sur la protection des investissements
permettrait lEurope davoir davantage de poids dans les ngociations avec les pays
mergents. La France a sign plus dune centaine dAPI. La plupart dentre eux, commeles API de la majorit des pays membres de lUE, datent des annes 1990. Dans
lensemble, ces accords semblent avoir offert une protection satisfaisante aux entreprises
franaises. Cependant, certains, comme celui avec la Russie (datant de 1991), nont eu
quune faible efficacit et mriteraient dtre mis jour. Surtout, ils doivent bnficier
dune approche concerte avec les autres partenaires europens pour pouvoir peser dans
les ngociations.
72P. Messerlin, S. Miroudot, EU public procurement markets: How open are they?, Groupe Economie Mondiale Policy
Brief, 10 August 2012.
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III La crise du multilatralisme et les difficults de la stratgie
commerciale europenne
Les conomies europennes ont plus que jamais besoin dun rgime commercial qui soit ouvert
leurs produits et services mais leur dclin relatif rend plus difficile leur capacit faire aboutir
des ngociations commerciales pour y parvenir. La structure de leur spcialisation, impliquant
des secteurs haute valeur ajoute, et dans certains cas des relations troites avec les pouvoirs
publics des pays daccueil, les rendent particulirement tributaires dun rgime juridique
international qui assure louverture et dun environnement conomique qui ne les discrimine
pas.
Les objectifs principaux objectifs quelles cherchent obtenir linternational sont les
suivants :
des droits de douane bas ou entirement limins sur leurs produits industriels ainsiquun rgime douanier prvisible et stable dans le temps ;
une plus grande convergence et une simplification des procdures daccrditation destandards techniques et sanitaires ;
dans les services, la facilitation des investissements et la mobilit des professionnels,ainsi que lmergence de cadres rglementaires nationaux permettant la participationdacteurs privs et trangers dans les services publics et dinfrastructures ;
une protection forte des investissements, par la consolidation des normes internationalesdouverture et de protection contre les expropriations abusives ;
la protection des innovations, et en priorit le respect des droits de propritintellectuelle pour les secteurs haute valeur ajoute technologique ; dans les marchs publics, la transparence et la non-discrimination.
Cependant, tant lOMC, que dans ses ngociations bilatrales, lUE na pratiquement pasobtenu de rsultats.
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1.Un systme commercial internati onal en panneLes annes 1990 ont t celles de louverture conomique et du soin mis au dveloppement
dun rgime de rgulation multilatrale incarn par lOrganisation Mondiale du Commerce
(OMC), qui a institutionnalis en 1995 le GATT de 1947. Durant les annes 2000, lamondialisation des changes a continu avancer grands pas, mais le multilatralisme a perdu
de sa vitalit.
LOMC est lorgane de rgulation du commerce qui garantit actuellement des rgles minimales
pour le commerce de plus de 150 pays dans le monde. LOMC cre un systme o lengagement
individuel des Etats pris lors des ngociations ne pas revenir sur la baisse dun droit de douane
ou sur louverture dun secteur aux investisseurs trangers, devient opposable et applicable via
lorgane de rglements des diffrends (ORD). Si la crise conomique na pas vu une monte du
protectionnisme depuis 2008, cest en partie grce la puissance du systme OMC (voir
Annexe 3).
Le cycle de Doha, lanc en 2001 sous lgide de lOMC, a chou. A sa place, durant cette
dernire dcennie, on a assist un foisonnement daccords bilatraux et rgionaux, notamment
en Asie, qui jusqu prsent, stait appuye avant tout sur lOMC pour faire valoir ses intrts
commerciaux. LOMC recense actuellement plus de 240 accords commerciaux en vigueur.
Cette tendance est inquitante car elle induit des risques majeurs de distorsions conomiques et
augmente significativement les cots de transactions des entreprises. Surtout, elle met face
face grandes conomies puissantes et petites conomies dpendantes des premires, aboutissant
un systme conomique beaucoup plus asymtrique, en faveur des premires.
Le principe dun accord de libre-change (ALE) est la prfrence . Il contient des rgles
dites dorigine, qui dterminent le contenu de production locale et le taux dintrants imports
autoris pour quun produit puisse bnficier des prfrences douanires. En dehors des
tracasseries administratives que cela reprsente, surtout pour les petites entreprises, les rgles
dorigine ne tiennent pas toujours compte de la ralit des chanes de valeur contemporaines et
sont souvent trop restrictives. En Asie du Sud Est, les accords prfrentiels ne sont pas
beaucoup utiliss, car pour viter les surcots lis aux dmarches administratives, les
entreprises prfrent finalement payer les droits de douane normaux73
.
Il y a nanmoins beaucoup de bonnes choses prendre dans les ALE. Certains Etats veulent
approfondir davantage leurs relations mutuelles et sengagent alors dans des accords rgionaux
et bilatraux de libre-change pour liminer compltementou presque - les droits de douane,
faciliter les changes de services - mme si les autres membres de lOMC ne le souhaitent pas
- et harmoniser les rglementations conomiques pour rduire les cots de transaction. De tels
accords commerciaux sont bnfiques pour lconomie, condition quils soient les plus
complets et les moins restrictifs possibles vis--vis de tiers. Dans le jargon des diplomates du
73J. Menon, Proliferation of deals is costly and confusing,Financial Times, 9 November 2011.
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commerce international, un accord doit tre OMC Plus , cest--dire aller au-del des
engagements pris par chaque Etat auprs de lOMC74. Dans la pratique, trs peu dALE ont
rellement une telle ambition, sans parler dune telle porte. Dans les services, des recherches
inities par lOMC montrent que les accords bilatraux contiennent mme de nombreuses
clauses OMC Moins , et affaiblissent donc le GATS75, accord qui encadre actuellement les
changes de services lOMC76. Seuls les ALE signs par des Etats libre-changistes
comme Singapour ou lAustralie, sont rellement OMC Plus . Les ALE des Etats-Unis
tendent aussi tre ambitieux -bien quils continuent de protger une partie de lagriculture
amricaine. Les accords rcents de lUE, comme par exemple laccord de libre-change avec
la Core entr en vigueur en 2011 sont galement plus ambitieux quils ne ltaient
prcdemment.
Les motifs de frictions commerciales se sont multiplis ces dernires annes, dans uncontexte de monte de lintervention desEtats dans les conomies
Laffaiblissement du multilatralisme est dautant plus inquitant que les motifs de frictions
commerciales saccroissent. Avec la monte des pays mergents et la crise conomique qui
svit depuis 2007-2008, on a assist un retour en force de lintervention des Etats dans les
conomies ainsi qu des frictions commerciales venant des distorsions lies cette dernire.
Lintervention des Etats se manifeste par exemple dans le cadre de plans de relance, sur les
marchs publics ou par le moyen de subventions publiques.
Le succs de la Chine en matire de dveloppement conomique ou les relativement bonnes
performances conomiques de la Russiejusqu rcemment, ont lgitim auprs dautres paysmergents lide dun capitalisme dEtat 77, pratiquant une politique industrielle nationaliste,
mobilisant les marchs publics, les subventions et les entreprises publiques, adoptant des
pratiques commerciales mercantilistes comme les subventions aux exportations,
linternationalisation des entreprises dEtat ainsi quun protectionnisme slectif. La Chine a
effectu un tel virage au milieu de la dernire dcennie, encore renforc par son plan de relance
de prs de 600 milliards de dollars78 en 2009, dont les entreprises europennes investies dans
le pays ont fait les frais79.
74Larticle XXIV du GATT sur les unions douanires et accords de libre-change autorise ce genre daccord, condition quil
naugmente pas les barrires au commerce vis--vis de pays tiers et couvre l'essentiel des changes commerciaux entre
leurs parties contractantes.
75 General Agreement on Trade in Services Voir Annexe 1
76 R. Adlung, S. Miroudot, Poison in the Wine? Tracing GATS-Minus Commitments in Regional Trade Agreements, StaffWorking Paper ERSD-2012-04, World Trade Organization, February 2012.
77 I. Bremmer, State Capitalism Comes of Age,Foreign Affairs, May/June 200978 New York Times, A Year Later, China's Stimulus Package Bears Fruit , 22 October 2009
79Le dernier rapport de la Chambre de Commerce Europenne en Chine,parle d asymtrie massive dans les conditionsdaccs aux marchs chinois au dtriment des investisseurs trangers ( massive asymmetry in market access conditions
for FIEs between the EU and China ).European Business in China Position Paper, 2012/2013, p.2
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Les politiques climatiques, source dinterventions importantes de lEtat, et donc invitablement
de rentes sectorielles, pourraient galement tre dstabilisatrices pour le systme. Limposition
par les Etats-Unis en 2012 puis de lEurope trs rcemment de droits de douane levs contre
les importations de panneaux solaires chinois80dans le cadre denqutes dites anti-dumping81,82a point le problme. Des industries dont la viabilit conomique nest pas tablie, fortement
subventionnes aux Etats-Unis83 et en Europe (via notamment les tarifs dachat) sont en
concurrence directe avec des industries tout aussi subventionnes en Chine, par Etats interposs.
Le cadre est pos pour une guerre conomique grande chelle, potentiellement trs coteuse.
Pour lEurope, il sera de plus en plus difficile demanderdavantage douverturecommerciale ses partenaires sans changer de mthode
Jusque dans les annes 1990, les puissances amricaine, europenne, canadienne et japonaiseaussi appeles le Quad ont pu, en alliance, dominer lagenda commercial international etnotamment orienter celui des ngociations de lOMC. Les temps ont cependant chang.
Le dclin relatif de ces puissances impose quelles ajustent leur stratgie. Rsultat en partiemcanique de lenrichissement du reste du monde, ce dclin est cependant vou tre plus
prononc pour lUE que pour les Etats-Unis. Les raisons sont lies la trajectoire actuelle decroissance de ces conomies, mais surtout des facteurs dmographiques. Ainsi, si par sa taille,lUE est la premire conomie mondiale, de nombreuses prvisions conomiques indiquent
que, ds 2030, elle ne sera plus que la troisime, derrire la Chine et les Etats-Unis. Cela veutdire quen termes de commerce, lUE se verra opposerplus fermement les demandes derciprocit dans louverture de ses marchsqui lui sont faites. Lattrait que reprsente la taillede son march lui a permis de repousser des dcisions douverture de certains secteurs la
concurrence internationale. On pense notamment lagriculture, certains services (dont lamobilit des professionnels), ou des droits de douane encore relativement levs dans desindustries lgres (certains exemples sont consulter dans les tableaux de lAnnexe 1).
LUE devra se prparer au monde de demain en adaptant sa stratgie et ses mthodes de
ngociation. Elle devra accepter de mieux faire jouer ses avantages comparatifs en ouvrant desmarchs la concurrence dans lequel elle est moins comptitive que ses partenaires, pourobtenir, en retour, davantage de concessions douverture de marchs et de garanties juridiquesde ses partenaires pour ses exportations et investissements (voir Annexe 3 pour la notion derciprocit dans les ngociations commerciales).
80http://www.renewableenergyworld.com, 31 Percent Anti-Dumping Tariffs Announced for Chinese Solar Panels, 17 May
2012
81 Mesures prises contre le dumping (vente dloyale bas prix). Ces pratiques sont encadres par lOMC -
http://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/agrm8_f.htm
82 LExpress, Le solaire chinois dans le collimateur de Bruxelles , 6 septembre 2012.
83Wall Street Journal, Do We Need Subsidies for Solar and Wind Power?, 8 October 2012
http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/http://www.renewableenergyworld.com/ -
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2.La Pol i tique commerciale commune : grandes ambitions, peu de succs
Encadr3 - Les comptences europennes en matire de pol iti que commerciale
LUnion douanire acheve en 1968 confre lUE la comptence exclusive en matire de commerce
des biens - droits de douane, quotas, dfense commerciale, normes rglementaires (sanitaires et
techniques). La politique commerciale commune est dcide par la majorit qualifie des Etats membres
et mise en uvre par la Commission europenne sous le contrle des Etats membres et du Parlement
europen (procdure dite de co-dcision).
La comptence communautaire sur les services et les droits de proprit intellectuelle ne lui a t que
progressivement alloue au fil des traits europens successifs dans les annes 1990. Dans les
ngociations commerciales sur les services, les Etats membres ont le droit dmettre des rserves
individuelles (sortes dopt-out) sur les engagements douverture pris par lUnion dans les ngociationscommerciales. LUE est ainsi loin dtre unie dans les ngociations sur les services et la Commissionncessite lappui des 28 Etats membres, ce qui affaiblit sa position. Les ngociations sur louverture des
marchs publics concernent les secteurs que couvre la politique europenne en la matire, soit ceux
situs au-dessus dun certain seuil de valeur (de 200.000 euros 5.000.000 deuros, selon les secteurs)84.
La comptence europenne exclusive sur les investissements directs trangers (IDE) ne date que dutrait de Lisbonne, entr en vigueur fin 2009. Cette volution offre lUE lopportunit de ngocier plus
facilement avec ses partenaires dans les services, dont une part importante des changes consiste en des
IDE. Plus important encore, cette comptence confre lUnion la responsabilit des politiques de
protection des investissements ltranger, rgis ce jour par un maillage daccords bilatraux signspar les Etats membres et tablissant des mcanismes de rsolution des diffrends entre investisseurs et
Etats dans des cours darbitrage internationales85.
84 http://ec.europa.eu/internal_market/publicprocurement/rules/current/index_en.htm
85 I. Dreyer, Heading Towards a Battle of the BITs, inFDI Magazine, April/May 2010
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Tableau 2 - Principaux thmes couverts par les accords de libre-change de
lUE
Engagements plus importants que les obligations dj contractes l'OMC
Droits de douane industriels
Droits de douane agricoles
Facilitation du commerce (procdures douanires)
Procdures pour normes sanitaires
Normes techniques
Antidumping
Mesures compensatoires (contre les subventions)
Aide d'Etats
Marchs publicsInvestissements
Services
Droits de proprit intellectuelle
Principaux engagements nouveaux non couverts lorigine par l'OMC
Concurrence
Normes environnementales
Autres droits de proprit intellectuelle
Investissements
Droit du travail
Mouvement des capitaux
Protection des consommateurs
Protection des donnes
Approximation des lois avec l'UE (seulement dans un contexte de pr-adhsion l'Unioneuropenne)
Relations sociales
Source: H Horn, P.C. Mavroidis, A.Sapir, "Beyond the WTO? An anatomy of EU and US preferential trade agreements", Bruegel Blueprint
Series No. 7
Politique commerciale communepeu de rsultats ces dix dernires annesLUE a t parmi les promoteurs les plus puissants et actifs du systme commercial multilatral
centr autour de lOMC. Elle a t fortement implique dans la cration de linstitution
genevoise et dans le lancement du cycle de ngociations commerciales de Doha en 2001, sur
lequel elle a initialement concentr ses priorits.
A Doha, elle a cherch obtenir la rduction des droits de douane et des restrictions aux
changes de certains services. Mais elle a surtout cherch promouvoir le dveloppement de
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rgles internationales en termes douverture aux investissements trangers, de marchs publics,
de politiques de concurrence et de facilitation des changes (procdures douanires). Ces
demandes ont t perues comme trop attentatoires la souverainet de nombreux pays
mergents ou en voie de dveloppement. Elles ont t abandonnes aprs lchec des rencontres
ministrielles de Cancn (2003) et de Hong Kong (2005). LUE sest alors concentre, avec les
Etats-Unis et dautres allis au sein de lOMC, sur la rduction des droits de douane industriels,
avec une priorit sur certains secteurs.
Face limpossibilit dobtenir des concessions commerciales au sein de lOMC, lUE a fini
par se tourner, partir de 2006, vers des accords commerciaux bilatraux avec des pays
mergents commencer par lAsie.
Cette stratgie na pas rellement port ses fruits. Le seul accord commercial prvu initialement
et qui a finalement pu tre conclu est lALE avec la Core, entr en vigueur en 2011. Les
ngociations lances avec lInde en 2007 se sont enlises. Il y a de fortes chances quelles
naboutissent pas. LEurope a vite ralis quil tait impossible de conclure des ngociations
inities galement en 2007 avec les dix pays membres de lASEAN. Elle sest replie sur une
stratgie bilatrale avec des pays dAsie du Sud-Est et a lanc des ngociations avec Singapour
(qui ont rcemment abouti), la Malaisie et le Vietnam (qui savrent trs difficiles). Elle est en
pourparlerspour lancer des ngociations la Thalande. Avec la Russie, le processus dadhsion
lOMC - lanc en 1993 - sest avr long et tortueux. Membre de lOMC depuis juillet 2012,
la Russie ne donne pas limpression dtre prte respecter de nombreux engagements pris.
LUE guette pour linstant les volutions de ce pays et envisage des contentieux lOMC si
ncessaire.
Les ngociations avec le Mercosur, lances initialement dans les annes 1990, savrent
impossibles conclure. En effet, les exigences douverture des marchs agricoles europens
(droits de douane et rduction des subventions) exprimes par les partenaires se heurtent aux
blocages europens concernant la rforme de la PAC. Inversement, les demandes de lUE faites
aux partenaires dliminer ou rduire les droits de douane trs levsappliqus aux biens
industriels sont impossibles obtenir, tant les pressions des industriels sont fortes au Brsil,
tandis que lArgentine a rcemment pris la voie dun protectionnisme gnralis. LUE a ainsi
conclu des accords avec les pays dAmrique centrale, le Prou et la Colo