Etoile Flamboyante

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    Parmi les livres rares et prcieux qui contiennent les mystres du Grand Arcane, il faut compter

    au premier rang le Sentier chymiqueouManuel de Paracelse, qui contient tous les mystres de la

    physique dmonstrative et de la plus secrte Qabbale. Ce livre manuscrit, prcieux et original, ne

    se trouve que dans la bibliothque du Vatican. Sendivogius en a tir une copie dont le baron de

    Tschoudy sest servi pour composer le catchisme hermtique contenu dans son ouvrage

    intitul :LEtoile flamboyante. Ce catchisme, que nous indiquons aux sages Qabbalistes commepouvant tenir lieu du trait incomparable de Paracelse, contient tous les principes vritables du

    Grand uvre dune manire si satisfaisante et si claire, quil faut manquer absolument de

    lintelligence spciale de loccultisme pour ne pas arriver la vrit absolue en le mditant.

    Eliphas Lvi,Dogme et Rituel de la Haute Magie, p. 320.

    Le manuscrit du Vatican, dont Sendivogius aurait eu le bonheur de tirer une copie ayant servi

    clairer quelquun des Sages de lOrdre des Philosophes Inconnus, ntait aucunement

    indispensable au baron de Tschoudy, puisque, fort peu dexceptions prs, les rponses de son

    catchisme sont textuellement extraites de deux ouvrages imprims forts rpandus son poque

    () LES UVRES DU COSMOPOLITE () (et) LA LUMIERE SORTANT PAR SOI-MESME DESTENEBRES, OU VERITABLE THEORIE DE LA PIERRE DES PHILOSOPHES.

    Oswald Wirth, Le Symbolisme Hermtique dans ses rapports avec lAlchimie et la Franc-

    Maonnerie, p.133.

    Le texte ci-aprs est issu dune transcription OCR trouve sur la toile par Arsne Saint-Agnile.

    Correction partir de loriginal et mise en forme par M.E.

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    DEL'ETOILE FLAMBOYANTE

    OU LA SOCIETE DES FRANCS-MAONS CONSIDEREE

    SOUS TOUS SES ASPECTS.

    A Lorient chez LE S ILENCE.

    -1766-

    Extrait du Tome Second (p. 234 et suivantes)

    Catchisme ou Instruction

    pour le grade d'Adepte ou Apprentif Philosophe

    sublime & inconnu.

    D.1. Quelle est la premire tude d'un Philosophe ?

    R. C'est la recherche des oprations de la nature.

    D.2. Quel est le terme de la nature ?

    R. Dieu, comme il en est le principe.

    D.3. D'o proviennent toutes les choses ?

    R. De la seule & unique nature.

    D.4. En combien de rgions la nature est elle divise ?

    R. En quatre principales.

    D.5. Quelles sont elles ?

    R. Le sec, l'humide, le chaud, le froid, qui sont les quatre qualits lmentaires, d'o toutes

    choses drivent.

    D.6. En quoi se change la nature ?

    R. En mle & femelle.

    D.7. A quoi est elle compare ?

    R. Au mercure.

    D.8. Quelle ide me donnerez vous de la nature ?R. Elle n'est point visible, quoiqu'elle agisse visiblement, car ce n'est qu'un esprit volatil, qui fait

    son office dans les corps, & qui est anim par l'esprit universel, que nous connaissons en

    Maonnerie vulgaire, sous le respectable emblme de l'Etoile Flamboyante.

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    D.9. Que reprsente-t-elle positivement ?

    R. Le souffle divin, le feu central & universel, qui vivifie tout ce qui existe.

    D.10. Quelles qualits doivent avoir les scrutateurs de la nature ?R. Ils doivent tre tels que la nature elle-mme, c'est--dire, vrais, simples, patients & constants;

    ce sont les caractres essentiels qui distinguent les bons Maons, & lorsque l'on inspire dj ces

    sentiments aux candidats dans les premires initiations, on les prpare d'avance l'acquit des

    qualits ncessaires pour la classe philosophique.

    D.11. Quelle attention doivent-ils avoir ensuite ?

    R. Les Philosophes doivent considrer exactement si ce qu'ils proposent est selon la nature, s'il

    est possible & faisable; car s'ils veulent faire quelque chose comme la nature, ils doivent la

    suivre en tout point.

    D.12. Quelle route faudrait-il tenir pour oprer quelque chose de plus excellent que la nature ne

    l'a fait ?

    R. On doit regarder en quoi & par quoi elle s'amliore; & on trouvera que c'est toujours avec son

    semblable: par exemple, si l'on veut tendre la vertu intrinsque de quelque mtal plus outre que

    la nature, il faut alors saisir la nature mtallique elle mme, & savoir distinguer le mle & la

    femelle en ladite nature.

    D.13. O contient-elle ses semences ?

    R. Dans les quatre lments.

    D.14. Avec quoi le Philosophe peut-il produire quelque chose ?

    R. Avec le germe de ladite chose, qui en est l'lixir, ou la quintessence beaucoup meilleure, &

    plus utile l'artifice que la nature mme; ainsi d'abord que le Philosophe aura obtenu cette

    semence ou ce germe, la nature pour le seconder sera prte faire son devoir.

    D.15. Qu'est ce que le germe ou la semence de chaque chose ?

    R. C'est la plus accomplie & la plus parfaite dcoction & digestion de la chose mme, ou plutt

    c' est le baume du soufre, qui est la mme chose que l'humide radical dans les mtaux.

    D.16. Qui engendre cette semence ou ce germe ?

    R. Les quatre lments, par la volont de l'Etre suprme, & l'imagination de la nature.

    D.17.Comment oprent le quatre lments ?

    R. Par un mouvement infatigable, & continu, chacun d'eux selon sa qualit, jetant leur semence

    au centre de la terre, ou elle est recuite & digre, ensuite repousse au dehors par les lois du

    mouvement.

    D.18. Qu'entendent les Philosophes par le centre de la terre ?

    R. Un certain lieu vide qu'ils conoivent, & o rien ne peut reposer.

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    D.19. O les quatre lments jettent-ils & reposent-ils donc leurs qualits ou semences ?

    R. Dans l'ex-centre, ou la marge & circonfrence du centre, qui, aprs qu'il en a pris une due

    portion, rejette le surplus au dehors, d'o se forment les excrments, les scories, les feux & mme

    les pierres de la nature, de cette pierre brute, emblme du premier tat maonnique.

    D.20. Expliquez-moi cette doctrine par un exemple ?

    R. Soit donne une table bien unie, & sur icelle, en son milieu, dment assis & pos un vase

    quelconque, rempli d'eau; que dans son contour on place ensuite plusieurs choses de diverses

    couleurs, entre autres qu'il y ait particulirement du sel, en observant que chacune de ces choses

    soient bien divises & mises sparment, puis aprs que l'on verse l'eau au milieu, on la verra

    couler de- et de-l: ce petit ruisseau venant rencontrer la couleur rouge, prendra la teinte

    rouge; l'autre passant par le sel, contractera de la salaison; car il est certain que l'eau ne change

    point de lieux, mais la diversit des lieux change la nature de l'eau; de mme la semence jete par

    les quatre lments au centre de la terre, contracte diffrentes modifications; parce qu'elle passe

    par diffrents lieux, rameaux, canaux, ou conduits; en sorte que chaque chose nat selon ladiversit des lieux & la semence de la chose parvenant tel endroit, on rencontrerait la terre &

    l'eau pure, il en rsultera une chose pure, ainsi du contraire.

    D.21. Comment & en quelle faon les lments engendrent-ils cette semence ?

    R. Pour bien comprendre cette doctrine, il faut noter que deux lments sont graves et pesants, &

    les deux autres lgers, deux secs & deux humides, toutefois l'un extrmement sec l'autre

    extrmement humide, & en outre sont masculin & fminin: or, chacun d'eux est trs prompt

    produire choses semblables soi en sa sphre: ces quatre lments ne reposent jamais, mais ils

    agissent continuellement l'un & l'autre, & chacun pousse de soi & par soi ce qu'il a de plus subtil;

    ils ont leur rendez vous gnral au centre, & dans ce centre mme de l'Arche, ce serviteur de lanature, o venant y mler leurs semences, ils les agitent & les jettent ensuite au dehors. On

    pourra voir ce procd de la nature, & le connatre beaucoup plus distinctement dans les grades

    sublimes qui suivent celui-ci.

    D.22. Quelle est la vraie & premire matire des mtaux ?

    R. La premire matire proprement dite est de double essence, ou double par elle mme;

    nanmoins l'une sans le concours de l'autre ne cre point un mtal; la premire & la principale est

    une humidit de l'air, mle avec un air chaud, en forme d'une eau grasse, adhrente chaque

    chose, pour pure ou impure qu'elle soit.

    D.23. Comment les Philosophes ont-ils nomm cette humidit ?

    R. Mercure.

    D.24. Par qui est il gouvern ?

    R. Par les rayons du Soleil & de la Lune.

    D.25. Quelle est la seconde matire ?

    R. C'est la chaleur de la terre, c'est--dire, une chaleur sche que les Philosophes appellent

    soufre.

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    D.26. Tout le corps de la matire se convertit-il en semence ?

    R. Non, mais seulement la huit-centime partie qui repose au centre du mme corps, ainsi que

    l'on peut voir dans l'exemple d'un grain de froment.

    D.27. De quoi sert le corps de la matire relativement la semence ?R. Pour la prserver de toute excessive chaleur, froideur, humidit et scheresse, & gnralement

    toute intemprie nuisible, contre lesquelles la matire lui sert d'enveloppe.

    D.28. L'artiste qui prtendrait rduire tout le corps de la matire en semence, en supposant qu'il

    pt y russir, y trouverait-il en effet quelque avantage ?

    R. Aucun, au contraire son travail alors deviendrait absolument inutile, parce que l'on ne peut

    rien faire de bien, sitt que l'on s'carte du procd de la nature.

    D.29. Que faut-il donc qu'il fasse ?

    R. Il faut qu'il dgage la matire de toutes ses impurets: car il n'y a point de mtal, si pur qu'ilsoit, qui n'ait ses impurets, l'un toutefois plus ou mois que l'autre.

    D.30. Comment figurons nous dans la maonnerie la ncessit absolue & prparatoire de cette

    dpuration ou purification ?

    R. Lors de la premire initiation du candidat au grade d'apprenti, quand on le dpouille de tous

    mtaux & minraux, & que d'une faon dcente on lui te une partie de ses vtements, ce qui est

    analogue aux superfluits, surfaces ou scories, dont il faut dpouiller la matire pour trouver la

    semence.

    D.31. A quoi le Philosophe doit-il faire le plus d'attention ?

    R. Au point de la nature, & ce point il ne doit pas le chercher dans les mtaux vulgaires, parce

    qu'tant dj sortis des mains de la formatrice, il n'est plus en eux.

    D.32. Quelle en est la raison prcise ?

    R. C'est parce que les mtaux du vulgaire, principalement l'or, sont absolument morts, au lieu

    que les ntres au contraire sont absolument vifs, & ont esprit.

    D.33. Quelle est la vie des mtaux ?R. Elle n'est autre chose que le feu lorsqu'ils sont encore couchs dans leur mine.

    D.34. Quelle est leur mort ?

    R. Leur mort & leur vie sont un mme principe, puisqu'ils meurent galement par le feu, mais un

    feu de fusion.

    D.35. De quelle faon les mtaux sont-ils engendrs dans les entrailles de la terre ?

    R. Aprs que les quatre lments ont produit leur force ou leur vertu dans le centre de la terre, &

    qu'ils y ont dpos leur semence; l'Archede la nature, en les distillant, les sublimise la

    superficie par la chaleur & l'action d'un mouvement perptuel.

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    D.36. Le vent, en se distillant par les pores de la terre, en quoi se rsout-il ?

    R. Il se rsout en eau de laquelle naissent toutes choses, & ce n'est plus alors qu'une vapeur

    humide, de laquelle vapeur se forme ensuite le principe principi de chaque chose, & qui sert de

    premire matire aux Philosophes.

    D. 37.Quel est donc ce principe principi servant de premire matire aux enfants de la science

    dans luvre philosophique ?

    R. Ce sera cette mme matire, laquelle aussitt qu'elle est conue, ne peut absolument plus

    changer de forme.

    D.38. Saturne, Jupiter, Vnus, le Soleil, la Lune, etc., ont-ils chacun des semences diffrentes ?

    R. Ils ont tous une mme semence; mais le lieu de leur naissance a t la cause de cette

    diffrence, encore bien que la nature ait plutt achev son uvre en la procration de l'argent

    qu'en celle de l'or, ainsi des autres.

    D.39. Comment se forme l'or dans les entrailles de la terre ?

    R. Quand cette vapeur que nous avons dit, est sublime au centre de la terre, & qu'elle passe par

    des lieux chauds & purs, & o une certaine graisse de Soufre adhre aux parois, alors cette

    vapeur que les Philosophes ont appel leur Mercure, s'accommode & se joint cette graisse,

    qu'elle sublimise aprs avec soi; & de ce mlange rsulte une certaine onctuosit, qui, laissant ce

    nom de vapeur, prend alors celui de graisse, & venant puis aprs se sublimer en d'autres lieux,

    qui ont t nettoys par la vapeur prcdente, & auxquels la terre est plus subtile, pure & humide,

    elle remplit les pores de la terre, se joint elle & c'est alors ce qui produit l'Or.

    D. 40. Comment s'engendre Saturne ?R. Quand cette onctuosit ou graisse parvient des lieux totalement impurs et froids.

    D. 41. Comment cette dfinition se trouve-t-elle au noviciat ?

    R. Par l'explication du mot Profane qui supple au nom de Saturne, mais que nous appliquons

    effectivement tout ce qui rside en un lieu impur et froid, ce qui est marqu par l'allgorie du

    monde, du sicle et de ses imperfections.

    D. 42. Comment dsignons-nous luvre et l'or ?

    R. Par l'image d'un chef-duvre d'architecture, dont au dtail nous peignons la magnificencetoute clatante d'or et de mtaux prcieux.

    D. 43. Comment s'engendre Vnus ?

    R. Elle s'engendre alors que la terre est pure, mais mle de Soufre impur.

    D. 44. Quel pouvoir a cette vapeur au centre de la terre ?

    R. De subtiliser toujours par son continuel progrs, tout ce qui est crud et impur, attirant

    successivement avec soi ce qui est pur.

    D. 45. Quelle est la semence de la premire matire de toutes choses ?

    R. La premire matire des choses, c'est--dire, la matire des principes principiants; nat par la

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    nature sans le secours d'aucune semence, c'est--dire, que la nature reoit la matire des

    lments, de laquelle elle engendre ensuite la semence.

    D. 46. Quelle est donc absolument parlant la semence des choses ?

    R. La semence en un corps n'est autre chose qu'un air congel, ou une vapeur humide, laquelle, sielle n'est rsoute par une vapeur chaude, devient tout fait inutile.

    D. 47. Comment la gnration de la semence se renferme-t-elle dans le rgne mtallique ?

    R. Par l'artifice de l'Arche, les quatre lments en la premire gnration de la nature, distillant

    au centre de la terre une vapeur d'eau pondreuse, qui est la semence des mtaux et s'appelle

    Mercure, non cause de son essence, mais cause de sa fluidit et facile adhrence chaque

    chose.

    D. 48. Pourquoi cette vapeur est-elle compare au Soufre ?

    R. A cause de sa chaleur interne.

    D. 49. Que devient la semence aprs la conglation ?

    R. Elle devient l'humide radical de la matire.

    D. 50. De quel mercure doit-on entendre que les mtaux sent composs ?

    R. Cela s'entend absolument du mercure des Philosophes, et aucunement du mercure commun ou

    vulgaire, qui ne peut tre une semence ayant. lui-mme en soi la semence comme les autres

    mtaux.

    D. 51. Que faut-il donc prendre prcisment pour le sujet de notre matire ?

    R. On doit prendre la semence seule ou grain fixe, et non pas le corps entier qui est distingu en

    mle vif, c'est--dire, soufre et femelle vive, c'est--dire en mercure.

    D. 52. Quelle opration faut-il faire ensuite ?

    R. On doit les conjoindre ensemble, afin qu'ils puissent former un germe, d'o ensuite ils arrivent

    procrer un fruit de leur nature.

    D. 53. Qu'entend donc de faire l'Artiste dans cette opration ?

    R. L'Artiste n'entend faire autre chose, sinon de sparer ce qui est subtil de ce qui est pais.

    D. 54. A quoi se rduit consquemment toute la combinaison philosophique ?

    R. Elle se rduit faire d'un deux et de deux un, et rien de plus.

    D. 55. Y a-t-il dans la Maonnerie quelque analogie qui indique cette opration ?

    R. Elle est suffisamment sensible tout esprit qui voudra rflchir en s'arrtant au nombre

    mystrieux de trois, sur lequel roule essentiellement toute la science maonnique.

    D. 56. O se trouve la semence et la vie des mtaux et minraux ?

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    R. La semence des minraux est proprement l'eau qui se trouve au centre et au cur du minral.

    D. 57. Comment la nature opre-t-elle par le secours de l'art ?

    R. Toute semence, quelle qu'elle soit, est de nulle valeur, si par l'art ou par la nature elle n'est

    mise en une matrice convenable, o elle reoit sa vie en faisant pourrir le germe, et causant laconglation du point pur ou grain fixe.

    D. 58. Comment la semence est-elle ensuite nourrie et conserve ?

    R. Par la chaleur de son corps.

    D. 59. Que fait donc l'Artiste dans le rgne minral ?

    R. Il achve ce que la nature ne peut finir cause de la crudit de l'air, qui par sa violence a

    rempli les pores de chaque corps, non dans les entrailles de la terre, mais dans la superficie.

    D. 60. Quelle correspondance ont les mtaux entreux ?

    R. Pour bien entendre cette correspondance, il faut considrer la position des plantes et faire

    attention que Saturne est le plus haut de tous, auquel succde Jupiter, puis Mars, le Soleil, Vnus,

    Mercure et enfin la Lune. Il faut observer que les vertus des plantes ne montent pas, mais

    qu'elles descendent et l'exprience nous apprend que Mars se convertit facilement en Vnus et

    non pas Vnus en Mars, comme tant plus basse d'une sphre: ainsi Jupiter se transmue aisment

    en Mercure; parce que Jupiter est plus haut que Mercure, celui-l est le second aprs le

    firmament, celui-ci est le second au-dessus de la Terre, et Saturne le plus haut; la Lune la plus

    basse: le Soleil se mle avec tous, mais il n'est jamais amlior par les infrieurs. On voit

    clairement qu'il y a une grande correspondance entre Saturne et la Lune, au milieu desquels est le

    Soleil; mais tous ces changements le Philosophe doit tcher d'administrer du Soleil.

    D. 61. Quand les Philosophes parlent de l'or ou de l'argent, d'o ils extraient leur matire,

    entendent-ils parler de l'or ou de l'argent vulgaires ?

    R. Non, parce que l'or et l'argent vulgaires sont morts, tandis que ceux des Philosophes sont

    pleins de vie.

    D. 62. Quel est l'objet de la recherche des Maons ?

    R. C'est la connaissance de l'art de perfectionner ce que la nature a laiss imparfait dans le genre

    humain et d'arriver au trsor de la vraie morale.

    D. 63. Quel est l'objet de la recherche des Philosophes ?

    R. C'est la connaissance de l'art de perfectionner ce que la nature a laiss imparfait dans le genre

    minral et d'arriver au trsor de la pierre philosophale.

    D. 64. Qu'est-ce que cette pierre ?

    R. La pierre philosophale n'est autre chose que l'humide radical des lments, parfaitement

    purifis et amens une souveraine fixit, ce qui fait qu'elle opre de si grandes choses pour la

    sant, la vie rsidant uniquement dans l'humide radical.

    D. 65. En quoi consiste le secret de taire cet admirable uvre ?

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    R. Ce secret consiste savoir tirer de puissance en acte le chaud inn, ou le feu de nature

    renferm dans le centre de l'humide radical.

    D. 66. Quelles sont les prcautions qu'il faut prendre pour ne pas manquer luvre ?

    R. Il faut avoir grand soin d'ter les excrments la matire, et ne songer qu' avoir le noyau, oule centre qui renferme toute la vertu du mixte.

    D. 67. Pourquoi cette mdecine gurit-elle toutes sortes de maux ?

    R. Cette mdecine a la vertu de gurir toutes sortes de maux, non pas raison de ses diffrentes

    qualits, mais en tant seulement qu'elle fortifie puissamment la chaleur naturelle, laquelle elle

    excite doucement, au lieu que les autres remdes l'irritent par un mouvement trop violent.

    D. 68. Comment me prouverez-vous la vrit de l'art l'gard de la teinture ?

    R. Cette vrit est fonde premirement sur ce que la poudre physique tant faite de la mme

    matire dont sont forms les mtaux, savoir de l'argent vif, elle a la facult de se mler aveceux dans la fusion, une nature embrassant aisment une autre nature, qui lui est semblable;

    secondement sur ce que les mtaux imparfaits n'tant tels que parce que leur argent vif est cru, la

    poudre physique, qui est un argent vif mr et cuit, et proprement un pur feu, leur peut aisment

    communiquer la maturit et les transmuer en sa nature, aprs avoir fait attraction de leur humide

    cru, c'est--dire de leur argent vif, qui est la seule substance qui se transmue, le reste n'tant que

    des scories et des excrments, qui sont rejets dans la projection.

    D. 69. Quelle route doit suivre le Philosophe pour parvenir la connaissance et l'excution de

    luvre physique ?

    R. La mme route que le grand Architecte de l'univers employa la cration du monde, enobservant comment le chaos fut dbrouill.

    D. 70. Quelle tait la matire du chaos ?

    R. Ce ne pouvait tre autre chose qu'une vapeur humide, parce qu'il n'y a que l'eau entre les

    substances cres, qui se termine par un terme tranger et qui soit un vritable sujet pour recevoir

    les formes.

    D. 71. Donnez-moi un exemple de ce que vous venez de dire ?

    R. Cet exemple peut se prendre des productions particulires des mixtes, dont les semencescommencent toujours par se rsoudre en une certaine humeur, qui est le chaos particulier, duquel

    ensuite se tire comme par irradiation toute la forme de la plante. D'ailleurs il faut observer que

    l'criture ne fait mention en aucun endroit que de l'eau pour le sujet matriel, sur lequel l'esprit de

    Dieu tait port, et la lumire pour forme universelle.

    D. 72. Quel avantage le Philosophe peut-il tirer de cette rflexion, et que doit-il particulirement

    remarquer dans la manire dont l'Etre suprme cra le monde?

    R. D'abord, il observera la matire dont le monde a t cr. Il verra que, de cette masse confuse,

    le souverain Artiste commena par faire l'extraction de la lumire, qui, dans le mme instant,

    dissipa les tnbres qui couvraient la surface de la terre, pour servir de forme universelle lamatire. Il concevra ensuite facilement que, dans la gnration de tous les mixtes, il se fait une

    espce d'irradiation et une sparation de la lumire d'avec les tnbres, en quoi la nature est

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    perptuellement imitatrice de son crateur. Le Philosophe comprendra pareillement comme par

    l'action de cette lumire se fit l'tendue, ou autrement le firmament sparateur des eaux d'avec les

    eaux; le ciel fut ensuite orn de corps lumineux; mais les choses suprieures tant trop loignes

    des infrieures, il fut besoin de crer la Lune, comme flambeau intermdiaire entre le haut et le

    bas, laquelle, aprs avoir reu les influences clestes, les communique la terre; le Crateur

    rassemblant ensuite les eaux, fit apparoir le sec.

    D. 73. Combien y a-t-il de Cieux ?

    R. Il n'y en a proprement qu'un; savoir, le Firmament sparateur des eaux d'avec les eaux:

    cependant on en admet trois: le premier, qui est depuis le dessus des nues, o les eaux rarfies

    s'arrtent et retombent jusqu'aux toiles fixes, et dans cet espace sont les plantes et les toiles

    errantes. Le second, qui est le lieu mme des toiles fixes: le troisime, qui est le lieu des eaux

    clestes.

    D. 74. Pourquoi la rarfaction des eaux se termine-t-elle au premier ciel et ne monte-t-elle pasau-del ?

    R. Parce que la nature des choses rarfie est de s'lever toujours en haut, et parce que Dieu, dans

    ses lois ternelles, a assign chaque chose sa propre sphre.

    D. 75. Pourquoi chaque corps cleste tourne-t-il invariablement comme autour d'un axe sans

    dcliner ?

    R. Cela ne vient que du premier mouvement qui lui a t imprim, de mme qu'une masse

    pesante mise en balan, et attache un simple fil, tournerait toujours galement, si le mouvement

    tait toujours gal.

    D. 76. Pourquoi les eaux suprieures ne mouillent-elles point ?R. A cause de leur extrme rarfaction; c'est ainsi qu'un savant chimiste peut tirer plus d'avantage

    de la science de la rarfaction que de toute autre.

    D. 77. De quelle matire est compos le firmament ou l'tendue ?

    R. Le firmament est proprement l'air, dont la nature est beaucoup plus convenable la lumire

    que l'eau.

    D. 78. Aprs avoir spar les eaux du sec et de la terre, que fit le Crateur pour donner lieu auxgnrations ?

    R. Il cra une lumire particulire destine cet office, laquelle il plaa dans le feu central, et

    tempra ce feu par l'humidit de l'eau et la froideur de la terre, afin de rprimer son action et que

    sa chaleur ft plus convenable au dessein de son Auteur.

    D. 79. Quelle est l'action de ce feu central ?

    R. Il agit continuellement sur la matire humide qui lui est la plus voisine, dont il fait lever une

    vapeur, qui est le mercure de la nature et de la premire matire des trois rgnes.

    D. 80. Comment se forme ensuite le Soufre de la nature ?

    R. Par la double action ou plutt raction de ce feu central sur la vapeur mercurielle.

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    D. 81. Comment se fait le sel marin ?

    R. Il se forme par l'action de ce mme feu sur l'humidit aqueuse; lorsque l'humidit arienne qui

    y est renferme vient s'exhaler.

    D. 82. Que doit faire un Philosophe vraiment sage, lorsqu'une fois il a bien compris le fondementet l'ordre qu'observa le grand Architecte de l'univers pour la construction de tout ce qui existe

    dans la nature .

    R. Il doit tre, autant qu'il se peut, un copiste fidle de son crateur; dans son uvre physique, il

    doit faire son chaos tel qu'il fut effectivement; sparer la lumire des tnbres; former son

    firmament sparateur des eaux d'avec les eaux, et accomplir enfin parfaitement, en suivant la

    marche indique, tout l'ouvrage de la cration.

    D. 83. Avec quoi fait-on cette grande et sublime opration ?

    R. Avec un seul corpuscule ou petit corps, qui ne contient, pour ainsi dire, que des FECES, salets,

    abominations, duquel on extraitUNE CERTAINE HUMIDITE TENEBREUSE ET MERCURIELLE

    , quicomprend en soi tout ce qui est ncessaire au Philosophe, parce qu'il ne cherche en effet que le

    VRAI MERCURE.

    D. 84. De quel mercure doit-il donc se servir pour luvre ?

    R. D'un mercure qui ne se trouve tel sur la terre, mais qui est extrait des corps, et nullement du

    mercure vulgaire, comme il a t dit.

    D. 85. Pourquoi ce dernier n'est-il pas le plus propre notre uvre ?

    R. Parce que le sage Artiste doit faire attention que le mercure vulgaire ne contient pas en soi la

    quantit suffisante de Soufre et que, par consquent, il doit travailler sur un corps cr par lanature, dans lequel elle-mme aura joint ensemble le Soufre et le Mercure, lesquels l'Artiste doitsparer.

    D. 86. Que doit-il faire ensuite ?

    R. Les purifier et les rejoindre derechef.

    D. 87. Comment appelez-vous ce corps-l ?

    R. Pierre brute, ou chaos, ou illiaste, ou hyl.

    D. 88. Est-ce la mme pierre brute dont le symbole caractrise nos premiers grades ?

    R. Oui, c'est la mme que les Maons travaillent dgrossir, et dont ils cherchent ter les

    superfluits; cette pierre brute est, pour ainsi dire, une portion de ce premier chaos, ou masse

    confuse connue, mais mprise d'un chacun.

    D. 89. Puisque vous me dites que le mercure est la seule chose que le Philosophe doit connatre,

    pour ne s'y pas mprendre, donnez-m'en une description circonstancie.

    R. Notre mercure, eu gard sa nature, est double, fixe et volatil; eu gard son mouvement, il

    est double aussi, puisqu'il a un mouvement d'ascension et un de descension: par celui dedescension, c'est l'influence des plantes, par laquelle il rveille le feu de la nature assoupi, et c'est

    son premier office avant sa conglation: par le mouvement d'ascension, il s'lve pour se purifier,

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    et comme c'est aprs sa conglation, il est considr alors comme l'humide radical des choses,

    lequel sous des viles scories ne laisse pas de conserver la noblesse de sa premire origine .

    D. 90. Combien compte-t-on d'humide dans chaque compos ?

    R. Il y en a trois: 1 l'lmentaire, qui n'est proprement que le vase des autres lments: 2 laradicale, qui est proprement l'huile, ou le baume dans lequel rside toute la vertu du sujet: 3

    l'alimentaire, c'est le vritable dissolvant de la nature, excitant le feu interne, assoupi, causant par

    son humidit la corruption et la noirceur, et entretenant, et alimentant le sujet.

    D. 91. Combien les Philosophes ont-ils de sortes de mercure ?

    R. Le mercure des Philosophes peut se considrer sous quatre gards; au premier on l'appelle le

    mercure des corps, c'est prcisment la semence cache: au second, le mercure de la nature; c'est

    le bain ou le vase des Philosophes, autrement dit l'humide radical: au troisime, le mercure des

    Philosophes, parce qu'il se trouve dans leur boutique et dans leur minire; c'est la sphre de

    Saturne; c'est leur Diane; c'est le vrai sel des mtaux, aprs lequel, lorsqu'on l'a acquis,commence seulement le vritable uvre philosophique: au quatrime gard, on l'appelle le

    mercure commun, non pas celui du vulgaire, mais celui qui est proprement le vritable air des

    Philosophes, la vritable moyenne substance de l'eau, le vrai feu secret et cach, nomm le FEU

    COMMUN, cause qu'il est commun toutes les minires, qu'en lui consiste la substance des

    mtaux, et que c'est de lui qu'ils tirent leur quantit et qualit.

    D. 92. Pourquoi les Maons ont-ils les nombres impairs, et nommment le septenaire, en

    vnration ?

    R. Parce que la nature, qui se plat dans ses propres nombres, est satisfaite du nombre mystrieux

    de sept, surtout dans les choses subalternes, ou qui dpendent du globe lunaire; la lune nous

    faisant voir sensiblement un nombre infini d'altrations et de vicissitudes dans ce nombre

    septenaire.

    D. 93. Combien d'oprations y a-t-il dans votre uvre ?

    R. Il n'y en a qu'une seule, qui se rduit la sublimation qui n'est autre chose, selon Geber, que

    l'lvation de la chose sche par le moyen du feu avec adhrence son propre vase.

    D. 94. Quelle prcaution doit-on prendre en lisant les Philosophes hermtiques ?

    R. Il faut surtout avoir grand soin de ne pas prendre ce qu'ils disent ce sujet au pied de la lettre,

    et suivant le son des mots : Car la lettre tue et l'esprit vivifie.

    D. 95. Quels livres doit-on lire pour parvenir la connaissance de notre science ?

    R. 1 Entre les anciens, il faut lire particulirement tous les ouvrages d'Herms, ensuite un

    certain livre intitul:Le Passage de la Mer Rougeet un autre appel l'Abord de la Terre promise.

    Parmi les anciens, il faut lire surtout Paracelse, et entre autres son Sentier ChymiqueouManuel

    de Paracelse, qui contient tous les mystres de la physique dmonstrative et de la plus secrte

    cabale; ce livre manuscrit, prcieux et original, ne se trouve que dans la bibliothque du Vatican;

    mais Sendivogius a eu le bonheur d'en tirer une copie, qui a servi clairer quelqu'un des Sages

    de notre Ordre. 2 Il faut lire Raymond Lulle, et surtout son Vade mecum, son dialogue appel

    Lignum Vitae, son testament et son codicille ; mais on sera en garde contre ces deux derniersouvrages, parce que, ainsi que ceux de Geber, ils sont remplis de fausses recettes, ainsi que les

    ouvrages d'Arnauld de Villeneuve, leur but, en cela, ayant t, suivant toute apparence, de

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    dguiser davantage la vrit aux ignorants. 3 Le Turba Philosophorum, qui n'est qu'un ramas

    d'anciens Auteurs, contient une partie assez bonne, quoi qu'il y ait beaucoup de choses sans

    valeur. 4 Entre les auteurs du moyen-ge, on doit estimer Zacharie, Trevisan, Roger Bacon et un

    certain anonyme, dont le livre a pour titre:Des Philosophes. Parmi les auteurs modernes, on doit

    faire cas de Jean Fabre, Franais de nation, et deDespagnet, o l'auteur de laPhysique restitue,

    quoiqu' dire vrai, il ait ml dans son livre quelques faux prceptes et des sentiments errons.

    D.96 Quand un Philosophe peut-il risquer d'entreprendre luvre ?

    R. Lorsqu'il saura par thorie tirer d'un corps dissout par le moyen d'un esprit crud, un esprit

    digeste, lequel il faudra derechef rejoindre l'huile vitale.

    D. 97. Expliquez-moi cette thorie plus clairement ?

    R. Pour rendre la chose plus sensible, en voici le procd: ce sera lorsque le Philosophe saura,

    par le moyen d'un menstrue vgtable uni au minral, dissoudre un troisime menstrue essentiel,

    avec lequel runis il faut laver la terre et l'exalter ensuite en quintessence cleste, pour encomposer leur foudre sulfureux, lequel dans un instant pntre les corps et dtruit leurs

    excrments.

    D. 98. Comment donnons-nous, dans nos lments maonniques, les rudiments de cette

    quintessence cleste ?

    R. Par le symbole de l'Etoile Flamboyante, que nous disons feu central et vivificateur.

    D. 99. Ceux qui prtendent se servir d'or vulgaire pour la semence et du mercure vulgaire pour le

    dissolvant, ou pour la terre dans laquelle il doit tre sem, ont-ils une parfaite connaissance de la

    nature ?R. Non vraiment, parce que ni l'un ni l'autre n'ont en eux l'agent externe; l'or, pour en avoir tdpouill par la dcoction, et le mercure pour n'en avoir jamais eu.

    D.100. En cherchant cette semence aurifique ailleurs que dans l'or mme, ne risque-t-on pas de

    produire une espce de monstre, puisqu'il parat que l'on s'carte de la nature ?

    R. Il est sans aucun doute, que dans l'or est contenue la semence aurifique, et mme plus

    parfaitement qu'en aucun autre corps: mais cela ne nous oblige pas nous servir de l'or vulgaire,

    car cette semence se trouve pareillement en chacun des autres mtaux, et ce n'est autre chose que

    ce grain fixe, que la nature a introduit en la premire conglation du mercure, tous les mtaux

    ayant une mme origine, et une matire commune, ainsi que le connatront parfaitement au gradesuivant ceux qui se rendront dignes de le recevoir par leur application et une tude assidue.

    D. 101. Que s'ensuit-il de cette doctrine ?

    R. Elle nous enseigne que, quoique la semence soit plus parfaite dans l'or, toutefois elle se peut

    extraire bien plus aisment d'un autre corps que de l'or mme. La raison en est que les autres

    corps sont bien plus ouverts, c'est--dire moins digrs et leur humidit moins termine.

    D. 102. Donnez-moi un exemple pris dans la nature ?

    R. L'Or vulgaire ressemble un fruit, lequel, parvenu une parfaite maturit, a t spar del'arbre, et quoi qu'il y ait en lui une semence trs parfaite et trs digeste, nanmoins si quelqu'un,

    pour le multiplier, le mettait en terre, il faudrait beaucoup de temps, de peine, de soins, pour le

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    conduire jusqu' la vgtation. Mais si, au lieu de cela, on prenait une greffe ou une racine du

    mme arbre et qu'on la mit en terre, on la Verrait en peu de temps et sans peine vgter et

    rapporter beaucoup de fruits.

    D. 103. Est-il ncessaire, un amateur de cette science de connatre la formation des mtauxdans les entrailles de la terre, pour parvenir former son uvre ?

    R. Cette connaissance est tellement ncessaire, que, si avant toute autre tude, on ne s'y

    appliquait pas, et l'on ne cherchait pas imiter la nature en tout point, jamais on ne pourrait

    arriver rien faire de bon.

    D.104. Comment la nature forme-t-elle donc les mtaux dans les entrailles de la terre et de quoi

    les compose-t-elle ?

    R. La nature les compose tous de soufre et de mercure et les forme par leur double vapeur.

    D.105. Qu'entendez-vous par cette double vapeur et comment par cette double vapeur les mtauxpeuvent-ils tre forms ?

    R. Pour bien entendre cette rponse, il faut savoir d'abord que la vapeur mercurielle, unie la

    vapeur sulfureuse en un lieu caverneux o se trouve une eau sale qui leur sert de matrice, il se

    forme premirement le vitriol de nature, secondement de ce vitriol de nature, par la commotion

    des lments, s'lve une nouvelle vapeur, qui n'est ni mercurielle ni sulfureuse, mais qui tient

    des deux natures, laquelle, arrivant en des lieux ou adhre la graisse du soufre, s'unit avec elle et

    de leur union se forme une substance glutineuse, ou masse informe; sur laquelle la vapeur

    rpandue en ces lieux caverneux agissant par le moyen du soufre qu'elle contient en elle, il en

    rsulte des mtaux parfaits si le lieu et la vapeur sont purs, et imparfaits si, au contraire, le lieu et

    la vapeur sont impurs: ils sont dits imparfaits, ou non parfaits, pour n'avoir pas reu leur entire

    perfection par la coction.

    D. 106. Que contient en soi cette vapeur ?

    R. Elle contient un esprit de lumire et de feu de la nature des corps clestes, lequel doit tre

    proprement considr comme la forme de l'univers.

    D. 107. Que reprsente cette vapeur ?

    R. Cette vapeur ainsi imprgne de l'esprit universel, qui n'est autre que la vritable Etoile

    flamboyante, reprsente assez bien le premier chaos, dans lequel se trouvait renferm tout ce qui

    tait ncessaire la cration, c'est--dire la matire et la forme universelle.

    D. 108. Ne peut-on pas non plus employer l'argent vif vulgaire dans ce procd ? .

    R. Non, parce que, comme il a dj t dit, l'argent vif vulgaire n'a pas avec lui l'agent externe.

    D. 109. Comment cela est-il dsign en Maonnerie ?

    R. Par le mot de Vulgaire ou profane; en nommant tel tout sujet qui n'est pas propre luvre

    maonnique. C'est dans ce sens qu'il convient d'entendre le couplet : Vous qui du vulgaire

    stupide, etc. Il est appel stupide, parce qu'il n'a pas vie en soi.

    D. 110. D'o provient que l'argent vif vulgaire n'a pas avec lui son argent externe ?

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    R. De ce que lors de l'lvation de la double vapeur, la commotion est si grande et si subtile,

    qu'elle fait vaporer l'esprit ou l'agent, peu prs comme il arrive dans la fusion des mtaux : de

    sorte que la seule partie mercurielle reste prive de son mle ou agent sulfureux, ce qui fait

    qu'elle ne peut jamais tre transmue en or par la nature.

    D. 111. Combien de sortes d'or distinguent les Philosophes ?

    R. Trois sortes: l'or astral, l'or lmentaire et l'or vulgaire.

    D. 112. Qu'est-ce que l'or astral ?

    R. L'Or astral a son centre dans le Soleil, qui le communique par ses rayons, en mme temps que

    sa lumire, tous les tres qui lui sont infrieurs: c'est une substance igne et qui reoit une

    continuelle manation des corpuscules solaires qui pntrent tout ce qui est sensitif, vgtatif et

    minral.

    D. 113. Est-ce dans ce sens qu'il faut considrer le Soleil peint au tableau des premiers grades del'Ordre ?

    R. Sans difficult: toutes les autres interprtations sont des voiles pour dguiser au candidat les

    vrits philosophiques qu'il ne doit point apercevoir du premier coup dil et sur lesquelles il

    faut que son esprit et ses mditations s'exercent.

    D. 114. Qu'entendez-vous par or lmentaire?

    R. C'est la plus pure et la plus fixe portion des lments et de toutes les substances qui en sont

    composes; de sorte que tous les tres sublunaires des trois genres contiennent dans leur centre

    un prcieux grain de cet or lmentaire.

    D. 115. Comment est-il figur chez nos Frres les Maons ?

    R. Ainsi que le Soleil au tableau indique l'or astral, la Lune signifie son rgne sur tous les corps

    sublunaires qui lui sont subjacents, contenant en leur centre le grain fixe de l'or lmentaire.

    D. 116. Expliquez-moi l'or vulgaire ?

    R. C'est le plus beau mtal que nous voyons et que la nature puisse produire, aussi parfait en soi

    qu'inaltrable.

    D. 117. O trouve-t-on sa dsignation aux symboles de l'Art Royal?

    R. Dans les trois mdailles, etc., le triangle, le compas et tous autres bijoux ou instruments

    reprsentatifs comme de pur or.

    D.118. De quelle espce d'or est la pierre des Philosophes ?

    R. Elle est de la seconde espce, comme tant la plus pure portion de tous les lments

    mtalliques aprs sa purification et alors il est appel or vif philosophique.

    D. 119. Que signifie le nombre quatre adopt dans le grand Ecossisme de Saint Andr d'Ecosse,

    le complment des progressions maonniques ?

    R. Outre le parfait quilibre et la parfaite galit des quatre lments dans la Pierre physique, il

    signifie quatre choses qu'il faut faire ncessairement pour l'accomplissement de luvre, qui

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    sont: composition, altration, mixtion et union, lesquelles, une fois faites dans les rgles de l'art,

    donneront le fils lgitime du Soleil et produiront le Phnix toujours renaissant de ses cendres.

    D. 120. Qu'est-ce que c'est proprement que l'or vif des Philosophes ?

    R. Ce n'est autre chose que le feu du mercure, ou cette vertu igne renferme dans l'humideradical, qui il a dj communiqu la fixit et la nature du soufre, d'o il est man: le soufre des

    Philosophes ne laissant pas aussi d'tre appel mercure, cause que toute sa substance est

    mercurielle.

    D. 121. Quel autre nom les Philosophes donnent-ils leur or vif ?

    R. Ils l'appellent aussi leur soufre vif, ou leur vrai feu, et il se trouve renferm en tout corps et

    nul corps ne peut subsister sans lui.

    D. 122. O faut-il chercher notre or vif, ou notre soufre vif et notre vrai feu ?

    R. Dans la maison du mercure.

    D. 123. De quoi ce feu vit-il ?

    R. De l'air.

    D. 124. Donnez-moi une comparaison du pouvoir de ce feu ?

    R. Pour exprimer cette attraction du feu interne, on ne peut pas donner une meilleure

    comparaison que celle de la foudre, qui n'est d'abord qu'une exhalaison sche et terrestre, unie

    une vapeur humide, mais qui, force de s'exalter, venant prendre la nature igne, agit sur

    l'humide qui lui est inhrent, qu'elle attire soi et transmue en sa nature, aprs quoi elle seprcipite avec rapidit vers la terre, o elle est attire par une nature fixe semblable la sienne.

    D.125. Que doit faire le Philosophe aprs qu'il aura extrait son mercure ?

    R Il doit l'amener ou rduire de puissance en acte.

    D.126. La nature ne peut-elle pas le faire d'elle-mme ?

    R. Non, parce qu'aprs une premire sublimation, elle s'arrte; et de la matire ainsi dispose

    s'engendrent les mtaux.

    D. 127. Qu'entendent les Philosophes par leur or et par leur argent ?

    R. Les Philosophes donnent le nom d'or leur soufre et celui d'argent leur mercure.

    D.128. D'o les tirent-ils ?

    R. Je vous ai dj dit qu'ils les tirent d'un corps homogne o ils se trouvent avec abondance et

    d'o ils les savent extraire l'un et l'autre par un moyen admirable et tout fait philosophique.

    D. 129. Ds que cette opration sera dment faite, que doit-on faire ensuite ?

    R. On doit faire son amalgame philosophique avec une trs grande industrie, lequel partant ne sepeut excuter qu'aprs la sublimation du mercure et sa due prparation.

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    D. 130. Dans quel temps unissez-vous votre matire avec l'or vif ?

    R. Ce n'est que dans le temps qu'on l'amalgame, c'est--dire: par le moyen de cette amalgame, on

    introduit en lui le soufre, pour ne faire ensemble qu'une seule substance, et, par l'addition de ce

    soufre, l'ouvrage est abrg et la teinture augmente.

    D. 131. Que contient le centre de l'humide radical ?

    R. Il contient et cache le soufre, qui est couvert d'une corce dure.

    D. 132. Que faut-il faire pour l'appliquer au grand uvre ?

    R. Il faut le tirer de ses prisons avec beaucoup d'art et par la voie de la putrfaction.

    D. 133. La nature a-t-elle dans les mines un menstrue convenable, propre dissoudre et

    dlivrer ce Soufre?

    R. Non: cause qu'il n'a pas un mouvement local; car si elle pouvait derechef dissoudre,putrfier et purifier le corps mtallique, elle nous donnerait elle-mme la Pierre physique, c'est--

    dire un Soufre exalt et multipli en vertu.

    D. 134. Comment m'expliqueriez-vous par un exemple cette doctrine ?

    R. C'est encore par la comparaison d'un fruit ou d'un grain, qui est derechef mis dans une terre

    convenable pour y pourrir et ensuite pour multiplier. Or le Philosophe, qui connat le bon grain,

    le tire de son centre, le jette dans la terre qui lui est Propre, aprs l'avoir bien fume et prpare,

    et l il se subtilise tellement, que sa vertu prolifique s'tend et se multiplie l'infini.

    D. 135. En quoi consiste donc tout le secret pour la semence ?

    R. A bien connatre la terre qui lui est propre.

    D. 136. Qu'entendez-vous par la semence dans luvre des Philosophes ?

    R. J'entends le chaud inn, ou l'esprit spcifique renferm dans l'humide radical, ou la moyenne

    substance de l'argent vif, qui est proprement le sperme des mtaux, lequel renferme en soi sa

    semence.

    D. 137. Comment dlivrez-vous le soufre de ses prisons ?R. Par la putrfaction.

    D. 138. Quelle est la terre des minraux ?

    R. C'est leur propre menstrue.

    D. 139. Quel soin doit avoir le Philosophe pour en tirer le parti qu'il dsire ?

    R. Il faut qu'il ait un grand soin de la purger de ses vapeurs ftides et soufres impurs, aprs quoi

    on y jette la semence.

    D, 140. Quel indice peut avoir l'artiste qu'il soit sur le bon chemin au commencement de son

    uvre ?

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    R. Quand il verra qu'au temps de la dissolution, le dissolvant et la chose dissoute demeurent

    ensemble sous une mme forme et matire.

    D. 141. Combien de solutions y a-t-il dans luvre philosophique?

    R. Il y en a trois, nombre par cette raison mystrieux et respectable aux Maons. La premire estcelle du corps cru et mtallique, par laquelle il est rduit dans ses principes de soufre et d'argent

    vif; la seconde, celle du corps physique; et la troisime, celle de la terre minrale.

    D. 142. Comment, par la premire solution, peut-on rduire un corps mtallique en mercure et

    puis en soufre ?

    R. Par le feu occulte artificiel ou l'Etoile Flamboyante.

    D. 143. Comment se fait cette opration ?

    R. En tirant d'abord du sujet le mercure, ou la vapeur des lments, et, aprs l'avoir purifie, s'en

    servir sortir le soufre de ses enveloppes, par la voie de la corruption, dont le signe est lanoirceur.

    D. 144. Comment se fait la seconde solution ?

    R. Quand le corps physique se rsout avec les deux substances susdites et acquiert la nature

    cleste.

    D. 145. Quel nom donnent les Philosophes la matire dans ce temps ?

    R. Ils l'appellent leur Chaos physique (ou plus exactement philosophique) et pour lors c'est la

    vraie premire matire, qui n'est proprement dite telle qu'aprs la jonction du mle, qui est lesoufre, et de la femelle qui est le mercure, et non pas auparavant.

    D. 146. A quoi se rapporte la troisime solution ?

    R. Elle est l'humectation de la terre minrale, et elle a un entier rapport la multiplication.

    D. 147. Est-ce dans ce sens qu'il faut entendre la multiplication usite dans les nombres

    maonniques ?

    R. Oui, nommment celle du nombre trois, pour le conduire son cube, par les progressions

    connues de 3, 9, 27, 81.

    D. 148. De quel feu doit-on se servir dans notre uvre ?

    R. Du feu dont se sert la nature.

    D. 149. Quel pouvoir a ce feu ?

    R. Il dissout toutes choses dans le monde, parce qu'il est le principe de toute dissolution et

    corruption.

    D. 150. Pourquoi l'appelle-t-on aussi mercure ?

    R. Parce qu'il est de nature arienne et d'une nature trs subtile participant toutefois du soufre,

    d'o il a tir quelque souillure.

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    D.151. O est cach ce feu ?

    R. Il est cach dans le sujet de l'art.

    D. 152. Qui est-ce qui peut connatre et former ce feu ?

    R. Le Sage sait construire et purifier ce feu.

    D. 153. Quel pouvoir et qualit ce feu a-t-il en soi ?

    R. Il est trs sec et dans un continuel mouvement et ne demande qu' corrompre et tirer les

    choses de puissance en acte; c'est lui enfin qui, rencontrant dans les mines des lieux solides,

    circule en forme de vapeur sur la matire et la dissout.

    D. 154. Comment connatrait-on plus facilement ce feu ?

    R. Par les excrments sulfureux o il est renferm et par l'habillement salin dont il est revtu.

    D. 155. Que faut-il ce feu pour qu'il puisse mieux s'insinuer dans le genre fminin ?

    R. A cause de son extrme siccit, il a besoin d'tre humect.

    D. 156. Combien y a-t-il de feux philosophiques ?

    R. Il y en a de trois sortes, qui sont le naturel, l'innaturel et le contre nature.

    D. 157. Expliquez-moi ces trois sortes de feux ?

    R. Le feu naturel est le feu masculin, ou le principal agent; l'innaturel est le fminin, ou le

    dissolvant de nature, nourrissant et prenant la forme de fume blanche, lequel s'vanouitaisment quand il est sous cette forme, si l'on n'y prend bien garde et il est presque

    incomprhensible, quoique, par la sublimation philosophique, il devienne corporel et

    resplendissant; le feu contre nature est celui qui corrompt le compos et a le pouvoir de dlier ce

    que la nature avait fortement li.

    D. 158. O se trouve notre matire ?

    R. Elle se trouve partout, mais il la faut chercher spcialement dans la nature mtallique, o elle

    se trouve plus facilement qu'ailleurs.

    D. 159. Laquelle doit-on prfrer toutes les autres ?

    R. On doit prfrer la plus mre, la plus propre et la plus facile, mais il faut prendre garde surtout

    que l'essence mtallique y soit non seulement en puissance, mais aussi en acte, et qu'il y ait une

    splendeur mtallique.

    D. 160. Tout est-il renferm dans ce sujet ?

    R. Oui, mais il faut pourtant secourir la nature, afin que l'ouvrage soit mieux et plutt fait, et cela

    par les moyens que l'on connat dans les autres Grades.

    D. 161. Ce sujet est-il d'un grand prix ?R. Il est vil et n'a d'abord aucune lgance en soi, et si quelques-uns disent qu'il est vendable, ils

    ont gard l'espce, mais au fond il ne se vend point, parce qu'il n'est utile que pour notre uvre.

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    D. 162. Que contient notre matire ?

    R. Elle contient le sel, le soufre et le mercure.

    D. 163. Quelle est l'opration qu'on doit apprendre faire ?R. Il faut savoir extraire le sel, soufre et mercure l'un aprs l'autre.

    D. 164. Comment cela se fait-il ?

    R. Par la seule et complte sublimation.

    D. 165. Qu'extrait-on d'abord ?

    R. On tire d'abord le mercure en forme de fume blanche.

    D. 166. Que vient-il aprs ?R. L'eau igne ou le soufre.

    D. 167. Que faut-il faire ensuite ?

    R. Il faut le dissoudre avec le sel purifi, volatilisant d'abord le fixe, et puis fixant le volatil en

    terre prcieuse, laquelle est le vritable vase des Philosophes et de toute perfection.

    D. 168. Ne pourriez-vous pas mettre tout coup sous les yeux et runir comme en un seul point,

    les principes, les formes, les vrits et les caractres essentiels de la science des Philosophes,

    ainsi que du procd mthodique de luvre ?R. Un morceau lyrique, compos par un ancien Philosophe, qui joignait la solidit de la

    science, le talent agrable de badiner avec les Muses, peut remplir tous gards ce que vous me

    demandez: aucune science n'tant effectivement trangre aux enfants de la Science, cette Ode,

    quoi qu'en langue italienne, la plus propre peindre des ides sublimes, trouve ici sa place.

    (..)

    D. 169. Quelle heure est-il quand le Philosophe commence son travail ?

    R. Le point du jour, car il ne doit jamais se relcher de son activit.

    D. 170. Quand se repose-t-il ?

    R. Lorsque luvre est la perfection.

    D. 171. Quelle heure est-il la fin de l'ouvrage ?

    R. Midi plein; c'est--dire l'instant o le Soleil est dans sa plus grande force et le fils de cet astre

    en sa plus brillante splendeur.

    D. 172. Quel est le mot de la magnsie ?

    R. Vous savez si je puis et dois rpondre la question, je garde la parole.

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    D. 173. Donnez-moi le mot de ralliement des Philosophes ?

    R. Commencez, je vous rpondrai.

    D. 174. Etes-vous apprenti Philosophe?R. Mes amis et les Sages me connaissent.

    D. 175. Quel est l'ge d'un Philosophe ?

    R. Depuis l'instant de ses recherches, jusqu' celui de ses dcouvertes: il ne vieillit point.