Etoile d’argent contre étoile rouge - Plaisir de Lire

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Q U O T I D I E N D’ O P I N I O N ' ET D ' I N F O R M A T I O N F O N D É E N 18 6 8 • II* • Ml •••>■•• • i ... Il « • » » .v-iC» - h»- ■ ; ____ - - Problèmes sociaux Depuis que l’Assurance-vîeillesse est en trée en vigueur — sans déployer plus, pour le moment, que ses effets les plus modes tes — nous avons tendance à croire que le gros œuvre de l’édifice social suisse est achevé. C’est là une notion erronée, sur laquelle nous nous sommes permis d’insister en rap pelant que le problème que la communauté professionnelle, par exemple, était l’un de ceux qui s’imposent avec le plus d’urgence à la méditation du nouveau conseiller fé déral romand. Nous verrons qu’il préoccupe d’autres Etats que le nôtre et qu'ailleurs des solu tions originales et souvent dignes d’intérêt sont en passe d’étre adoptées. Relevons encore en passant cet événe ment capital — un peu masqué dans les préoccupations du public par les incidents de Berlin — que constitue l’entrée en vi gueur du Plan Bevcridge en Grande- Bretagne. Notre collaborateur de politique étrangère, M. C. R. a déjà consacré un com mentaire à cette circonstance. Nous avons demandé d’autre part à notre correspondant de Londres de nous entretenir plus en détail de cette innovation sensationnelle. Rap pelons simplement que l’application de ce train complet d’assurances met le citoyen britannique à l’abri des risques les plus variés, le système introduit le garantissant contre les accidents professionnels et autres, lui assurant les soins médicaux et dentaires, les produits pharmaceutiques, lui accordant des prestations aussi bien pour la maternité de son épouse que pour l'éducation de ses enfants, le couvrant contre les risques de chômage, etc, etc. Bref, M. Saint-James s’étendra tout à loisir sur ces lois sociales et leurs conséquences morales et pratiques. Pour en revenir à la communauté pro fessionnelle, signalons que la seconde Chambre des Pays-Bas vient d’être saisie d’un projet qui, selon les « Nouvelles de Hollande » constitue « le couronnement de l’œuvre du cabinet Beel ». Cette loi en puissance relève de la com munauté professionnelle en cc sens qu’elle s’efforce de définir d’une manière juridique et pratique les modalités du processus économique et qu’elle donne un cadre aux rapports entre le capital et le travaiL Selon cc projet de législation, la direction générale de l’économie néerlandaise sera confiée à un Conseil économique de trente membres au moins et de quarante-cinq au plus, dont les deux tiers sont désignés par les organisations patronales et ouvrières. Les membres en sont nommés pour deux ans. Leur réunion constitue un organe con sultatif permanent qui assistera le gouver nement de scs avis et aura pouvoir régle mentaire. La différence entre ce Conseil économique et les organisations apparemment similaires dont nous disposons en Suisse est qu’à côté de son caractère consultatif, cette troisième « chambre » assure, en fait, I’autoritc su prême sur toute l’activité économique du pays. Parallèlement à cette institution, le projet prévoit la création de conseils profession nels, chargés de représenter collectivement — et paritairement — les entreprises qui exercent une fonction équivalente dans la vie économique. Il envisage aussi la création de conseils de production pour des groupes d’entreprises qui fabriquent des mêmes pro duits. Conseils professionnels et conseils de production auront pour mission de défendre les intérêts communs des entreprises, tout en maintenant la subordination de leur activité économique à l’intérêt national. Cette esquisse ne permet guère de sc faire une idée de la valeur des textes légaux proposés. Il faudrait au surplus attendre, pour les juger, un temps d’application suf fisant. Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater qu’à gauche comme à droite, cette initiative a été fort bien accueillie car, ainsi que le relève la presse néerlandaise, elle s’efforce de réaliser la synthèse entre l’indépendance des activités économiques et les droits supérieurs de la collectivité. Cc n’est pas, pensons-nous, vers un des sein très différent que s’acheminent les efforts du gouvernement fcdcral. Michel JACCARD. Etoile d’argent contre étoile rouge L’Amérique et la Russie sont engagées dans une course de vitesse pour la suprématie aérienne du globe et leur duel va se poursuivre sur le sol européen Entre les événements de Palestine, la rupture Staline-Tito et la brouille des Alliés à Berlin, une nouvelle a passé il y a quelques jours en « sandwich », pres que inaperçue : la signature officielle par le président Truman de l’acte accordant à l’aviation américaine 70 groupes aériens. Ce simple paragraphe consacre l'effort industriel et financier le plus grand entrepris depuis la guerre par l’Amérique pour disputer la suprématie aérienne à l’U.R.S.S. La valse des milliards Les militaires yankees eux-mêmes sont étonnés -, Ils n'en demandaient pas autant. Leur représentant avait refréné le zèle des sénateurs et des députés qui votaient à tour de bras. En vain, l'aviation eut ses crédits. Il s’agit d’une première tranche de 4 mil liards, qui sera suivie de sept autres dans les années à venir, soit près de 44 mil liards de francs suisses, 4 fois notre dette nationale. On croit rêver ! Ainsi au début de l'année 1953, l'armée américaine pourra aligner au bas mot 20.000 appareils, dont 8.000 de réserve, et la marine 14.000 avions, dont environ 3.000 de réserve. Le remplacement annuel est évalué provisoirement à 6.000 machi nes. Enfin, un crédit de 900 millions de dollare, voté ces jours, va permettre à l'U. AUJOURD'HUI ouverture Roger Troller An bord du lac à IfflS lf û l î TERRASSE-RESTAURANT « C V G j CASINO DU RIVAGE Cuisine soignée - Tous les soirs l’Orchestre Colombia do Venise (musique douce) Tél. 5 18 83 Marcel Droz TAPIS d’ORIENT HICHEL-HOSSLÉ% A.RUE HALDIMAND.LAUSANNE S. Air force de porter ses effectifs à près de 450.000 hommes. Notons, en passant, qu’en 1944, point culminant de son effort de guerre, l’Amé rique avait construit 80.000 avions dont 43.000 de première ligne équipant 243 groupes. Qui gagnera le match de Berlin ? Ceci... c’est l’avenir. Actuellement, les Etats-Unis ont d’autres soucis aériens. Ils ne peuvent mettre en ligne que quelques escadrilles de bombardement et quelques groupes de chasse à réaction. On voit ici les conséquences de la démobilisation ex traordinaire entreprise au lendemain de la guerre. Pour faire face à ses besoins pressants, l’aviation yankee a rééquipé plusieurs centaines d'avions iié*"chasse, d o n t ' 1000 « Mustang », du même type que les chas seurs acquis récemment par la Suisse et que l’on a pu voir pour la première fois évoluer dans le ciel lausannois. Pour ravitailler Berlin, la U.S.A.F. est obligée de « rameuter » ses appareils gros porteurs répartis sur des bases aux qua tre coins du monde. Elle devra faire appel probablement, selon l’évolution des évé nements, aux compagnies privées, puis re mettre en état les appreils stockés dans des grandes réserves et enfin mobiliser des équipages de transporteurs. Il s’agit de maintenir journellement en vol plus de 400 bi et quadrimoteurs, 6oit la quasi-totalité du Military Air Transport (estimé à 450 unités en 1947) sans compter les réserves au sol. L’usure du personnel navigant est telle qu’il faut deux équipa ges par appareil pour utiliser le matériel à plein rendement. C’est un exercice coûteux... et qui per met aux services d’informations russes de se rendre compte à peu de frais des dis ponibilités alliées à l’heure actuelle. La composition de la future armée de l’air Parallèlement à la valse des milliards se poursuit la valse des chiffres. Elle va rie tous les mois : conséquence élémen taire d’une propagande bien comprise et bien orchestrée. La nouvelle flotte aérienne se compo sera, dit-on, de 21 groupes de bombardiers lourds, de 5 groupes de bombardiers lé gers, de 22 groupes de chasses et de 3 es cadres dites « par tous les temps ». Quant aux troupes aéroportées elles compren dront provisoirement 10 groupes à 2 ou 4 régiments. Normalement, le groupe de chasse se compose de 75 appareils et le groupe de bombardement compte 30 à 40 machines. Du géant à six moteurs au chasseur « parasite » Les usines d’aviation remobilisent. Des décrets successifs leur donnent droit de Caisse d’Epargne etde Crédit Vevey LAUSANNE Renens •4, rue du Simplon 7. rue Centrale i. rue de l’Avenr vous rappelle que Fr. 5000.— placés eD JgpF compte épargne le |oui de la naissance, produiront Fr. 8186.à la majorité. priorité pour les fournitures d ’a c i e r , d’énergie, de combustible, etc. Il s'agit en gros d’une soixantaine d'usines d'avions et de moteurs. La colossale machine s’est mise en mar che. Donnons brièvement, ici, un échantil lon des appareils dont quelques-uns sont déjà en escadrilles ou commandés en sé ries. Voici les grosses majestés de l’air, vé- rm TOUS EXIGENT LE DIABLERETS IAPEAITIF PARFAIT ritables monstres volants : le Consolita- ded XB-36, à six moteurs développant plus de 18.000 CV., capable de transporter 39 tonnes de bombes avec un rayon d’action de 16.000 km. ; il peut également enlever J.-Ch. Vry. (Suite en septième page.) m Sur les femmes qui écrivent. Le sujet est extrêmement délicat. Car il y a écrire et écrire. Je ne sais plus quelle mauvaise langue masculine disait, parlant des écrivassiè- res : < Elles sont semblables aux arti chauts : Beaucoup de feuilles, pas beau coup de cœur... » C’est assez sommaire et assez rigolo. C'est parfois vrai. ...Je me rends parfaitement compte que ma voisine de colonne, une sorte d’Odette Pannetier romande, écrit des choses ros ses, ou sentimentales, oïl charmantes. A côté des George Sand, des Marceline Desbordes-Valmore, des Colette, des An dré Corthis, des Jeanne Ramel-Cals et de tant d’autres, nous avons des Mme de Staël (Suisse après tout!), des Mme de Montolieu, des Rosalie de Constant, (voir des lettres récemment réunies avec talent par Mme Roulin), des Mlle Pradez (qu'Henry Bordeaux venaü voir souvent à la Petite Chablière,, des Berthe Vuille- min, Alice Rivaz, Colette Muret, Anne- Marie Wust, Suzanne Dclacoste (ici pré sente, qui va nous donner bientôt, chez Flammarion, « Fédora et la solitude »j et tant d’autres aussi... Les femmes écrivent beaucoup, et de plus en plus... ...Et je lis avec attention, quand j’ai le temps, les < courriers féminins » de nos périodiques de la « femme et du foyer ». Ils sont à la fois émouvants et gondo lants. Quelle tendance à l’immatérialité ! Et en même temps quel réalisme « ...Des Eves culinaires et sentimentales deman dent synchroniquement des remèdes pour maigrir, des recettes pour améliorer les peaux grises, le titre du plus époustou- flant roman d’amour, et la meilleure ma nière de retenir au nid le mari saisi par le démon de midi... à quatorze heures. Sans parler de l’âme, qui en prend un bon coup !... C’e:t, toute révérence parler, à se tapoter doucement le crâne en cadcnce contre le dernier bouquin de Sartre, re vu par Dclly !... Ombres de Gyp, tendez vos pièges et vos embûches ! Vous êtes bien servies !... Oui, en ce siècle du téléphone et de la machine à écrire, Mme de Sévigné elle-même se contenterait de cartes pos tales en sténo, et Mme Gérard d’Houvillc de « billets durs », les femmes maintien nent, tant bien que mal, le goût de la lit térature et des phrases qui finissent cor rectement. L’homme ne lit plus, hormis de rares exceptions. Il parcourt. Quand il cherche une maxime profonde, il invente et pré tend que c’est, de Chamfort. Renan, je crois, disait (à moins que cc soit Sthendal). — « A Paris, l’amour est fils du ro man... » Nos compagnes le savent merveilleuse ment. A cette nuance près qu’avec le jour nal et la radio l’importance des capitales a diminué : Paris, place publique, c’est le monde !... Les femmes se cramponnent au rêve. Nous aussi. Mais nous avons, en plus, l’esprit de géométrie. Et nous sommes, en moyenne, un peu plus presses. Jean PEITREQUIN. J’aimerais bien connaître, ô habile voi sin de colonne qui nous couvrez toutes de fleurs si enivrantes, je voudrais connaî tre le critique qui a trouvé cette boutade sur les artichauts. Ça n ’é t a i t pas Jules Baillods, assurément, et encore moins, grands dieux, Hilaire Theurillat. Il aurait fallu que ces deux contempteurs de la lit térature féminine eussent, l’un et l ’a u tre, le sens de l’humour... Et ne l’a pas qui veut, n’est-ce pas, Jean Peitrequin qui dissimulez dans vos livres et dans vos articles, sous votre ironie légère, tout l’arc-en-ciel des émotions. (Comme c’est bien dit ! je suis contente de moi !) Beaucoup de feuilles, pas beaucoup de cœur ? Alors que, précisément, le défaut des femmes qui écrivent, notre défaut, est d’offrir le dit cœur en pâture au premier venu. (Sauf votre respect, le lecteur est un peu le premier venu). Lisez les roman cières anglaises. Que de tendresse et de larmes cachées, que d’amants trop aimés, que de vies centrées exclusivement, les malheureuses ! sur l’amour. Et les Françaises ? de Mme de La Fayette à Germaine Beaumont, en passant par la toute grande Colette, on a toujours l'im pression qu’elles racontent, avec une tran quille impudeur, leurs propres expérien ces. On a parlé, à propoi des romans fé minins, de déshabillage en public. Cette expression est, convenons-en, moins drôle mais plus juste que la boutade des arti chauts. Mais les romancières ont un défaut que les hommes ne leur pardonneront jamais : elles sont incapables de mettre en scène des personnages masculins qui se tiennent debout, ou d’en faire autre chose que de pâles figurants. Pierre Girard dirait : des bas-reliefs. Songez par exemple aux héros de Colette ; toute l’ombre est pour eux, alors que les femmes et les chattes bai gnent dans une lumière éclatante. Je soupçonne les hommes d’être morti fiés de la place minime que nous leur fai sons dans nos œuvres immortelles... C’est pourquoi ils nous lisent si peu, en diago nale, en piaffant. 1 Tandis que les romanciers bâtissent souvent leur histoire entière sur une hé roïne. Ils emploient même le «je» de la confession, et nous nous retrouvons tout à fait. Rarement une fausse note, rare ment une réaction qui nous soit étran gère. Ils nous connaissent mieux que nous-mêmes, ces hypocrites qui préten dent renoncer à comprendre l’éternel fé minin. Mais comme c’est flatteur, Mesdames, de penser que nous sommes la source de leur inspiration. Suzanne DELACOSTE.

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Problèmes sociauxDepuis que l ’A ssurance-vîeillesse est e n ­

trée en vigueur — sans déployer plus, pour le mom ent, que ses e ffe ts les plus m odes­tes — nous avons tendance à croire que le gros œuvre de l’édifice social suisse est achevé.

C’est là une notion erronée, sur laquelle nous nous som m es perm is d’insister en rap­pelant que le problème que la com m unauté professionnelle, par exem ple, éta it l ’un de ceux qui s’im posent avec le plus d’urgence à la m éditation du nouveau conseiller f é ­déral romand.

Nous verrons qu’il préoccupe d’autres Etats que le nôtre et qu'ailleurs des so lu­tions originales et souvent dignes d’intérêt sont en passe d’étre adoptées.

Relevons encore en passant cet événe­m ent capital — un peu m asqué dans les préoccupations du public par les incidents de Berlin — que constitue l ’entrée en v i­gueur du Plan Bevcridge en G rande- Bretagne. Notre collaborateur de politique étrangère, M. C. R. a déjà consacré un com ­m entaire à cette circonstance. Nous avons dem andé d’autre part à notre correspondant de Londres de nous entretenir plus en détail de cette innovation sensationnelle. R ap­pelons sim plem ent que l ’application de ce train com plet d’assurances m et le citoyen britannique à l’abri des risques les plus variés, le systèm e introduit le garantissant contre les accidents professionnels et autres, lui assurant les soins m édicaux et dentaires, les produits pharm aceutiques, lui accordant des prestations aussi bien pour la m aternité de son épouse que pour l'éducation de ses enfants, le couvrant contre les risques de chôm age, etc, etc. Bref, M. Saint-Jam es s ’étendra tout à loisir sur ces lois sociales et leurs conséquences m orales et pratiques.

Pour en revenir à la com m unauté pro­fessionnelle, signalons que la seconde Chambre des Pays-B as vient d ’être saisie d’un projet qui, selon les « Nouvelles de H ollande » constitue « le couronnem ent de l ’œuvre du cabinet Beel ».

Cette loi en puissance relève de la com ­m unauté professionnelle en cc sens qu’elle s ’efforce de définir d’une m anière juridique e t pratique les m odalités du processus économ ique et qu’elle donne un cadre aux rapports entre le capital et le travaiL

Selon cc projet de législation, la direction générale de l’économ ie néerlandaise sera confiée à un Conseil économ ique de trente membres au m oins et de quarante-cinq au plus, dont les deux tiers sont désignés par les organisations patronales et ouvrières. Les membres en sont nom m és pour deux ans. Leur réunion constitue un organe con­su ltatif perm anent qui assistera le gouver­nem ent de scs avis et aura pouvoir régle­m entaire.

La différence entre ce Conseil économique et les organisations apparem m ent sim ilaires dont nous disposons en Suisse est qu’à côté de son caractère consu ltatif, cette troisièm e « chambre » assure, en fait, I’autoritc su ­prême sur toute l ’activité économ ique du pays.

Parallèlem ent à cette institution , le projet prévoit la création de conseils profession­nels, chargés de représenter collectivem ent — et paritairem ent — les entreprises qui exercent une fonction équivalente dans la vie économique. Il envisage aussi la création de conseils de production pour des groupes d’entreprises qui fabriquent des m êm es pro­duits. Conseils professionnels et conseils de production auront pour m ission de défendre les intérêts communs des entreprises, tout en m aintenant la subordination de leur activité économique à l’intérêt national.

Cette esquisse ne permet guère de sc faire une idée de la valeur des textes légaux proposés. Il faudrait au surplus attendre, pour les juger, un temps d’application su f­fisant. Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater qu’à gauche comme à droite, cette in itiative a été fort bien accueillie car, ainsi que le relève la presse néerlandaise, elle s’efforce de réaliser la synthèse entre l’indépendance des activités économiques et les droits supérieurs de la collectivité.

Cc n’est pas, pensons-nous, vers un des­sein très d ifférent que s ’achem inent les efforts du gouvernem ent fcdcral.

Michel JACCARD.

Etoile d’argent contre étoile rougeL’Amérique et la Russie sont engagées dans une course de vitesse pour

la suprématie aérienne du globe et leur duel va se poursuivresur le sol européen

E n tre le s é v én e m e n ts de P a les tin e , la ru p tu re S ta line-T ito e t la b ro u ille des A lliés à B erlin , u n e n o u v e lle a p a ssé il y a q u e lq u e s jo u rs en « sa n d w ic h », p re s ­q u e in a p e rç u e : la s ig n a tu re o ffic ie lle p a r le p ré s id e n t T rum an de l ’a c te a cc o rd a n t à l ’a v ia tio n a m é ric a in e 70 g ro u p es a é r ie n s .

Ce s im p le p a ra g ra p h e c o n sa cre l 'e f fo r t in d u s trie l e t fin an c ie r le p lu s g ran d e n tre p r is d ep u is la g u e rre p a r l ’A m ériq u e p o u r d isp u te r la su p rém atie a é r ie n n e à l ’U.R.S.S.

La valse des milliards

Les m ilita ire s y a n k e e s eu x-m êm es so n t é to n n é s -, Ils n 'e n d e m a n d a ie n t p a s a u tan t. L eur re p ré se n ta n t a v a it re frén é le zèle des s é n a te u rs e t des d é p u té s qu i v o ta ie n t à to u r de b ras. En va in , l 'a v ia tio n e u t ses c réd its .

Il s ’a g it d ’u n e p re m iè re tran c h e de 4 m il­lia rd s , qui s e ra su iv ie de se p t a u tre s dans les a n n ée s à v en ir, so it p rè s de 44 m il­lia rd s de fran cs su isses , 4 fois notre dette nationale.

O n c ro it r ê v e r !A insi a u d éb u t d e l 'an n é e 1953, l 'a rm ée

am é ric a in e p o u rra a lig n e r au bas m ot20.000 ap p are ils , d o n t 8.000 de ré se rv e , e t la m arin e 14.000 av ions, d o n t en v iro n3.000 de ré se rv e . Le re m p lacem en t a n n u e l e st é v a lu é p ro v iso irem en t à 6.000 m ac h i­nes. Enfin, u n c ré d it de 900 m illio n s de do lla re , v o té ces jo u rs , v a p e rm e ttre à l'U .

A U J O U R D ' H U I

ouverture

R oger Troller

An bord du lac à I f f l S l f û l î TERRASSE-RESTAURANT « C V G j C A S I N O D U R I V A G E

C uisine soignée - Tous les soirs l’O rchestre Colombia do Venise (m usique douce)

Tél. 5 18 83 Marcel Droz

TAPIS d’ORIENT

HICHEL-HOSSLÉ%A.RUE HALDIMAND.LAUSANNE

S. A ir fo rce de p o rte r se s e ffec tifs à p rè s de 450.000 hom m es.

N o tons, en passan t, q u ’en 1944, p o in t c u lm in a n t d e so n effo rt de g u e rre , l ’A m é­riq u e a v a it c o n stru it 80.000 a v io n s d o n t 43.000 de p rem ière lig n e é q u ip a n t 243 g roupes.

Qui gagnera le match de Berlin ?

Ceci... c ’e s t l ’aven ir. A c tu e llem en t, les E ta ts-U n is on t d ’au tre s so u c is a é r ie n s . Ils n e p e u v e n t m e ttre en lig n e q u e q u e lq u e s e scad rille s de b o m b ard em en t e t q u e lq u e s g ro u p es de chasse à ré ac tio n . O n v o it ici les c o n séq u en ces de la d ém o b ilisa tio n e x ­tra o rd in a ire e n tre p r is e au len d e m a in d e la guerre .

P our fa ire face à ses b e so in s p re ssa n ts , l ’a v ia tio n y a n k e e a ré é q u ip é p lu s ie u rs c e n ta in e s d 'a v io n s iié*"chasse, d o n t ' 1000 « M u stan g », du m êm e ty p e q u e le s c h a s ­seu rs acq u is récem m en t p a r la Su isse e t que l ’on a p u v o ir p o u r la p re m iè re fois év o lu e r dans le c ie l lau san n o is .

Pour ra v ita il le r B erlin , la U.S.A.F. e s t o b lig ée d e « ra m e u te r » se s a p p a re ils g ros p o r te u rs ré p a r tis s u r des b a se s a u x q u a ­tre co ins du m onde. E lle d e v ra fa ire a p p e l p ro b ab lem en t, se lo n l ’év o lu tio n des é v é ­n em en ts , aux co m p ag n ies p r iv ée s , p u is r e ­m e ttre en é ta t les ap p re ils s to c k és d an s des g ra n d es ré se rv e s e t en fin m o b ilise r des éq u ip ag es de tran sp o rte u rs .

Il s ’a g it de m a in ten ir jo u rn e lle m e n t en vo l p lu s de 400 bi e t q u a d rim o teu rs , 6oit la q u a s i- to ta li té du M ilita ry A ir T ran sp o rt (estim é à 450 u n ité s en 1947) sa n s c o m p te r le s ré se rv e s au sol. L’u su re du p e rso n n e l n a v ig a n t e st te lle q u ’il fau t deux é q u ip a ­g es p a r ap p a re il p o u r u tilise r le m até rie l à p le in ren d em en t.

C ’e s t un ex erc ic e coû teux ... e t qu i p e r ­m et au x se rv ice s d ’in fo rm a tio n s ru sses de se re n d re com pte à peu d e fra is des d is­p o n ib ilité s a llié e s à l ’h eu re ac tu e lle .

La composition

de la future armée de l’air

P a ra llè le m e n t à la v a lse des m illia rd s se p o u rsu it la v a lse des chiffres. E lle v a ­rie tous les m ois : c o n séq u en ce é lé m en ­ta ire d ’une p ro p a g an d e b ien com prise et b ien o rc h es tré e .

La n o u v e lle flo tte a é r ien n e se com po­se ra , d it-on , d e 21 g ro u p es de b o m b ard ie rs lourds, de 5 g ro u p es de b o m b ard ie rs lé ­gers, de 22 g ro u p e s de ch asses e t de 3 e s ­c a d re s d ite s « p a r tous les tem ps ». Q u an t aux tro u p es a é ro p o rtée s e lle s c o m p ren ­d ro n t p ro v iso irem en t 10 g ro u p es à 2 ou 4 rég im en ts . N orm alem en t, le g ro u p e de ch asse se com pose de 75 a p p a re ils e t le g ro u p e de b o m b ard em en t com pte 30 à 40 m achines.

Du géant à six moteurs

au chasseur « parasite »

Les usin es d ’a v ia tio n rem o b ilisen t. Des d éc re ts su ccess ifs leu r d o n n en t d ro it de

Caisse d’Epargne etde CréditVevey LAUSANNE Renens

•4, rue du Simplon 7. rue Centrale i. rue de l’Avenr

vous rap p e lle que Fr. 5000.— p lacés eD JgpF com pte ép arg n e le |o u i de la n a issance ,

p ro d u iro n t Fr. 8186.— à la m ajo rité .

p r io r ité p o u r les fo u rn itu re s d ’ac ier, d ’én e rg ie , d e co m b u stib le , e tc . Il s 'a g i t en g ro s d ’u n e so ix a n ta in e d 'u s in e s d 'av io n s e t de m oteu rs.

La c o lo ssa le m ach in e s ’est m ise en m a r­che. D onnons b rièv e m e n t, ici, u n é c h a n til­lon des a p p a re ils d o n t q u e lq u e s-u n s so n t d é jà en e sc ad rille s o u com m an d és e n s é ­ries.

V o ic i le s g ro sses m a je s té s de l ’a ir, vé-

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T O U SEXIGENT

LE

DIABLERETSI A P E A I T I F PARFAI T

r ita b le s m o n s tre s v o la n ts : le C on so lita - ded XB-36, à s ix m o teu rs d é v e lo p p an t p lu s de 18.000 CV., c ap ab le de tra n s p o r te r 39 to n n es de bom bes a v ec un ra y o n d ’ac tio n de 16.000 km. ; il p e u t é g a lem e n t e n le v e r

J.-Ch. Vry.(S u ite en se p tiè m e page.)

m

Sur les femmes qui écrivent.Le su je t est e x trê m e m e n t délicat. Car

il y a écrire e t écrire.Je ne sais p lus quelle m a uva ise langue

m ascu line d isa it, p a rla n t des écrivassiè- res :

— < E lles so n t sem blables a u x a r t i­ch a u ts : B eaucoup de feu illes, pas beau­coup d e cœ ur... »

C ’est assez so m m a ire e t assez rigolo. C 'est parfo is vrai.

...Je m e rends p a r fa ite m e n t co m p te que m a vo isine de colonne, u n e sorte d ’O d e tte P a n n e tier rom ande, écrit des choses ros­ses, ou sen tim en ta les , oïl ch a rm a n tes.

A cô té des G eorge Sa n d , des M arceline D esbordes-V alm ore, des C olette, des A n ­dré C orthis, des Jea n n e R a m e l-C a ls et de ta n t d ’au tres, nous avons des M m e de S ta ë l ( Su isse après to u t ! ) , des M m e de M onto lieu , des R osalie de C onsta n t, (vo ir des le ttres récem m en t réun ies avec ta le n t par M m e R o u lin ), des M lle P radez (q u 'H en ry B ordeaux v e n a ü voir so uven t à la P e tite C h a b lière ,, des B er th e V uille- m in , A lice R ivaz, C o lette M uret, A n n e - M arie W u st, S u za n n e D clacoste ( ici p ré­sen te , qui va nous d o n n er b ien tô t, chez F lam m arion , « Fédora e t la so litude »j et ta n t d ’a u tres aussi...

Les fe m m e s écr iven t beaucoup, e t de plus en plus...

...Et je lis avec a tte n tio n , q uand j ’ai le tem p s, les < courriers fé m in in s » de nos périodiques de la « fe m m e e t du fo y e r ».

I ls so n t à la fo is é m o u va n ts e t gondo­lan ts . Q uelle ten d a n ce à l ’im m a té r ia lité ! E t en m ê m e tem p s quel réa lism e « ...Des Eves cu lina ires e t se n tim en ta le s d e m a n ­d e n t syn ch ro n iq u em en t des rem èdes pour m aigrir, des recette s pour am éliorer les p eaux grises, le t itr e d u p lu s époustou - f la n t rom an d ’am our, e t la m eilleure m a ­nière de re ten ir au n id le m a ri sa isi par le dém o n de m idi... à qua torze heures. S a n s parler de l’âm e, qui en pren d u n bon coup !... C ’e:t, to u te révérence parler, à se ta p o ter d o u cem en t le crâne en cadcnce con tre le dern ier bouquin de S artre , re ­vu par D clly !...

O m bres de G yp, ten d ez vos pièges et vos em b û ch es ! Vous êtes bien servies !...

Oui, en ce siècle du té lép h o n e e t de la m a ch in e à écrire, où M m e de S évigné e lle -m êm e se c o n ten tera it de cartes pos­ta les en sténo , e t M m e G érard d ’H ouvillc de « bille ts durs », les fe m m e s m a in tie n ­n e n t, ta n t bien que m al, le goût de la l i t ­té ra tu re e t des phrases qui f in isse n t cor­rec tem en t.

L ’h o m m e n e lit p lus, h o rm is de rares excep tions. Il parcourt. Q uand il cherche u n e m a x im e pro fonde, il in ve n te e t p ré ­te n d que c ’est, de C h a m fo rt.

R en a n , je crois, d isa it (à m oins que cc soit S th e n d a l) .

— « A Paris, l ’am our est fils du ro­m an... »

Nos com pagnes le sa ven t m erveilleuse­m en t. A ce tte nuance près q u ’avec le jo u r­na l e t la radio l ’im p o rta n ce des capita les a d im in u é : Paris, place publique, c ’est le m on d e !...

Les fe m m e s se c ra m p o n n en t au rêve.Nous aussi. M ais nous avons, en plus,

l’esprit de géom étrie . E t nous som m es, en m oyenne , un peu p lus presses.

J ea n P E IT R E Q U IN .

J ’a im era is b ien conna ître , ô habile vo i­s in de co lonne qui nous couvrez to u te s de f leu rs si en ivra n tes , je voudra is c o n n a î­tre le critique qui a trouvé c e tte boutade sur les a rtich a u ts . Ça n ’é ta it pas Ju le s Baillods, a ssu rém en t, e t encore m oins, g rands d ieux, H ilaire T h eu rilla t. I l a u ra it fa llu que ces d eu x c o n te m p teu rs d e la l i t ­té ra tu re fé m in in e eussen t, l’u n e t l ’a u ­tre, le sens de l’hum our... E t ne l’a pas qui veu t, n ’e s t-ce pas, J ea n P eitreq u in qui d issim u lez dans vos livres e t d a n s vos articles, sous vo tre ironie légère, to u t l’a rc -en -c ie l des ém otions. (C o m m e c’est b ien d it ! je su is co n te n te d e m o i !)

B eaucoup de feu illes, pas beaucoup de c œ u r ? A lors que, p réc isém en t, le d é fa u t des fe m m e s qui écriven t, n o tre d é fa u t, est d ’o ffr ir le d it c œ u r en pâ tu re au p rem ier venu . (S a u f vo tre respect, le lec teur est u n peu le p rem ier v en u ). L isez les ro m a n ­cières anglaises. Que de ten d resse e t de larm es cachées, que d ’a m a n ts tro p a im és, que de vies cen trées exc lu s ivem en t, — les m a lheureuses ! — su r l’am our. E t les F rançaises ? de M m e de La F a ye tte à G erm a in e B ea u m o n t, en p a ssa n t p ar la to u te grande C olette, on a to u jo u rs l 'im ­pression qu ’elles raco n ten t, avec u n e tr a n ­quille im pudeur, leurs propres e xp érien ­ces. O n a parlé, à propo i des ro m a n s f é ­m in in s, de déshabillage en public. C ette expression est, conven o n s-en , m o in s drôle m ais p lus ju s te que la boutade des a r ti­chauts.

M ais les rom ancières o n t u n d é fa u t que les h o m m es ne leur p a rd o n n ero n t ja m a is : elles so n t incapables de m e ttr e en scène des personnages m a scu lin s qui se t ie n n e n t debout, ou d ’en fa ire a u tre chose que de pâles fig u ra n ts . P ierre G irard d ira it : des bas-reliefs. S ongez par exem p le a u x héros de C olette ; to u te l ’om bre est pour eux, alors que les fem m es e t les ch a tte s ba i­g n e n t dans u n e lum ière écla tan te .

Je soupçonne les h o m m es d ’ê tre m o r ti­fiés de la place m in im e que nous leur fa i ­sons d a n s nos œ u vres im m ortelles... C ’e s t pourquoi ils nous lisen t si peu, en d iago­nale, en p ia ffa n t. 1

Ta n d is que les rom anciers b â tissen t so u ven t leur h isto ire en tière su r u n e h é ­roïne. Ils em p lo ien t m êm e le « j e » de la confession , e t nous nous re trouvons to u t à fa it. R a re m en t une fa u sse no te, rare­m e n t u n e réaction qui nous soit é tra n ­gère. Ils nous co n n a issen t m ieu x que nous-m êm es, ces h yp ocrites qui p ré ten ­d e n t renoncer à com prendre l’é tern e l f é ­m in in .

M ais com m e c’est fla tteu r , M esdam es, de penser que nous som m es la source de leur insp ira tion .

S u za n n e D E LA C O STE.