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Ethique et Dontologie du Neuromarketing
Bernard Roullet
Matre de Confrences
Universit de Bretagne Sud, IREA
*************
Olivier Droulers
Professeur des Universits
Universit de Rennes 1, IREA et CREM associ
Ethique et Dontologie du Neuromarketing
Rsum en franais :
Dix ans aprs sa naissance officielle dans le monde acadmique, le neuromarketing a fait
lobjet de toutes les attentions de la part des praticiens du conseil, de la publicit et des
annonceurs, masquant partiellement lessor acadmique de la neuroscience du consommateur
et de la neuroconomie. Lauteur se propose de prsenter les fondements de la neurothique et
davancer les bases dune vritable thique du neuromarketing, qui soit la fois partage par
les chercheurs et les praticiens qui formulent prsent leur dontologie.
Mots-cls : neuromarketing, neuroscience du consommateur, ARF, recherche publicitaire,
neurothique.
Academic and Professional Ethics of Neuromarketing
Abstract:
Ten years after its academic birth, neuromarketing is increasingly appealing to consultancy,
advertising agencies and advertisers, partially obscuring the academic growth of consumer
neuroscience and neuroeconomics. The author intends to present the tenets of neuroethics and
suggest the foundation for a true neuromarketing ethics which would be equally shared by
scholars and practitioners, who are striving for renewed professional guidelines.
Key-words: neuromarketing, consumer neuroscience, ARF, advertising research, neuroethics
1
Ethique et Dontologie du Neuromarketing
Introduction
Une rvolution technologique a dbut il y a une vingtaine dannes et diverses disciplines
tentent den apprhender limpact et les consquences, tant lchelle individuelle que sociale
(Racine & al., 2010 ; Singh, Hallmayer et Illes, 2007). Lobservation et ltude non-invasive
de cerveaux humains in vivo ont permis de faire plus de progrs thoriques et cliniques en
deux dcennies quen cinq sicles de rflexion, sur la comprhension (encore partielle) des
structures et du fonctionnement crbraux (normaux ou non), qui permettent lindividu de
traiter utilement et adaptivement des informations internes et environnementales et daccder
la conscience de soi. Les implications philosophiques voire thologiques sont considrables1
et la plupart des sciences humaines et sociales revisitent certains concepts disciplinaires,
laune de cette nouvelle grille de lecture du monde. Sans surprise, le monde professionnel du
marketing et de la communication, avide de mieux connatre les rouages intimes de la psych
humaine pour mieux la comprendre, sest rapidement intress (Lee, Broderick et
Chamberlain, 2007) puis impliqu dans lapplication commerciale de techniques, jusque-l
essentiellement mdicales (Morin, 2011). Paralllement, mais plus discrtement, des tudes
menes par des chercheurs acadmiques en marketing-comportement du consommateur et en
conomie comportementale, taient publies par centaines depuis une dizaine dannes2. Mais
sur quoi et jusquo peut-on mener de telles recherches ?
1 Lacide matrialiste des neurosciences ne ronge-t-il pas les fondements mme de notre socit, en
fragilisant voire en anantissant ses piliers que sont le libre arbitre, la responsabilit, lidentit indi-viduelle et le jugement moral ? (Dehaene, 2009 ; 1).
2 On constate une certaine asymtrie dans la production scientifique des deux disciplines. La neuros-cience du consommateur peut se prvaloir de prs dune soixante dtudes publies, contre plus de
200 du ct neuroconomique. En plus de la plus grande promptitude des conomistes comporte-
mentaux stre saisis du nouveau paradigme et ses mthodologies, leurs thmatiques de recherche
et leur fondement, plus thoriques, ont probablement davantage rassur les financeurs publics.
2
Pour illustration, une polmique a clat lorsquun auteur-consultant en neuromarketing
affirma dans le New York Times que les consommateurs aimaient littralement leur i-
Phone, car une structure crbrale particulire (linsula) stait active (Lindstrom, 2011). Un
neuroscientifique rput a exig un droit de rponse au quotidien, cosign dune quarantaine
de chercheurs de sept pays (Poldrack, 2011). Lun des reproches majeurs tait que linsula est
active systmatiquement dans presque un tiers des tudes et que ces activations pouvaient
tre conscutives des stimuli tant ngatifs que positifs. Cette structure correspond des
fonctions affectives et cognitives beaucoup plus vastes (Roullet, Droulers et Poncin, 2011 ;
Berntson et al., 2011) sans quil puisse y avoir de corrlations simplistes du type fonction-
structure. Ceci illustre la ncessit grandissante pour la neuroscience du consommateur
(acadmique) ventuellement le neuromarketing (praticien) de se rapprocher des
disciplines inspiratrices pour concevoir des rgles thiques ou dontologiques, acceptes et
appliques par tous, permettant une plus grande transparence et traabilit au bnfice des
clients-entreprises, des consommateurs et des pouvoirs publics de rgulation (Ariely et Berns,
2010). Au niveau europen, des initiatives telles que Bid (Brains in Dialogue) ont t
entreprises3, tandis quen France, le CAS et lOPECST4 ont produit sur ce thme.
Aprs un rappel de lessor considrable des sciences du cerveau, nous proposons daborder
successivement deux thmes connexes. Nous prsenterons les critres pertinents de biothique
et de neurothique, puis nous dvelopperons les jugements et recommandations, exprims
lencontre du neuromarketing, manant la fois des professionnels et des chercheurs, avec
une illustration rcente dans la profession publicitaire amricaine. Nous conclurons en
suggrant les points thiques promouvoir a minima en priorit.
3 Bid - Brains in dialogue est un projet financ par la Commission Europenne, sous lgide du 7e
Programme Cadre. Il fut oprationnel 42 mois jusquau 1er septembre 2011. Lobjectif principal tait
de nourrir le dialogue entre la science et la socit relatif aux nouveaux dfis des neurosciences, en portant une attention particulire limagerie, linstrumentation et la mdicine prdictive .
4 Centre dAnalyse Stratgique (Service du Premier Ministre) et Office Parlementaire d'Evaluation des
Choix Scientifiques et Technologiques (de lAssemble Nationale).
3
1. Essor des neurosciences et impact sur les sciences sociales
Lavnement de limagerie crbrale fonctionnelle intervenu au dbut des annes 1990
(Ogawa & al., 1990 ; Belliveau & al., 1991) a permis pour la premire fois dassister en temps
rel et de manire non-invasive, lactivation crbrale conscutive certaines tches ou
stimuli. A ce jour, plus de 20.000 articles ont t publis sur limagerie fonctionnelle de
cognitions ou daffects humains. A linstar de toute technologie rvolutionnaire, des tudes
initiales portant sur tous les sujets imaginables ont t tentes et des publications de niveau
variable ont t produites. Lamour filial, la honte, la haine, la jalousie, la joie malsaine, ou la
croyance religieuse ont t ainsi tudis et imags5. Cette technologie novatrice est
rapidement sortie du champ clinique ou diagnostique, pour essaimer dans les sciences
cognitives puis les sciences humaines et sociales (Miller, 20086). Des tudes dimagerie ont
ainsi t menes en sociologie, en sciences de lducation, en sciences politiques ou en
conomie, puis en marketing. Des revues de vulgarisation et des rubriques de quotidiens ont
vu le jour, propageant davantage ce que certains thiciens ou scientifiques nomment
neuroculture (Frazzetto et Anker, 2009 ; Fisher, Chin et Klitzman, 2010). Ce terme de
neuroculture recouvre la fois les concepts de neuroessentialisme (Racine et al., 2010 ;
Reiner, 2011) et de neuroralisme (Racine, Bar-Ilan et Illes, 2005). Le concept de
neuroralisme dcrit comment la couverture [mdiatique] des tudes dimagerie peuvent
rendre un phnomne incontestablement rel, objectif et efficace aux yeux du public
(Racine, Bar-Ilan et Illes, 2005 ; p. 160) et transformer ainsi toute tude dimagerie en vrit
rvle . De manire plus profonde et durable, le neuroessentialisme consiste considrer
mme implicitement que nous sommes notre cerveau (Roskies, 2002 ; Evers, 2009), et que
ce concept dsigne les interprtations que le cerveau est lessence de lautodtermination
5 Respectivement Bartels & Zeki (2004), Takahashi & al. (2004), Zeki & Romaya (2008), Harmon-Jones Peterson & Harris (2009), Takahashi & al. (2009) et Azari & al. (2001).
6 Le problme actuel avec limagerie est que faire correctement des exprimentations est vraiment
trs difficile, alors quobtenir de belles images est vraiment facile , cit dans Miller (2008).
4
dune personne, lquivalent sculaire de lme. (Racine & al., 2010 ; 729). La
crbralit se substitue ainsi la personnalit (brainhood vs. personhood ; Frazzetto et
Anker, 2009). Cette rfutation indirecte du dualisme7 est susceptible dexacerber des
antagonismes culturels ou religieux dans nos socits (Farah, 20058 ; Evers, 2009), voire de
susciter terme une forme de nihilisme, prjudiciable aux standards thiques (Rainer, 2011 ;
Baertschi, 2009), devenant ainsi un vritable enjeu du 21e sicle (Farah, 2011). Ces aspects
divers et rcents ont entran la constitution de la sous-discipline neurothique , pratique
dsormais lchelle internationale (Lombera et Illes, 2009).
2. Biothique et neurothique
2.1. Fondements de la biothique
La biothique trouve son fondement dans les interrogations que les scientifiques et les
mdecins se sont adresses lissue de la seconde guerre mondiale, qui avait connu tant de
dvoiements scientifiques ou mdicaux (Illes et Bird, 2006) sous la forme dexprimentations
et deuthanasies de masse. Ce dvoiement semblait tre lpoque lissue logique de
raisonnements scientifiques post-darwiniens remontant au XIXe sicle, qui promouvait
lamlioration de lespce humaine (eugnisme) par lincitation reproductive des individus
sains et la strilisation des individus anormaux . Des politiques eugnistes de ce type
ont t appliques avec lassentiment du public aux Etats Unis ou en Scandinavie jusque
dans les annes 1970 (Broberg et Roll-Hansen, 1996). Il en a t de mme pour la
psychochirurgie qui consistait raliser des lobotomies partielles pour traiter des maladies
mentales ou des pathologies rfractaires la pharmacologie (Tierney, 2000 ; Illes et Bird,
7 Nous sommes des hommes et des femmes neuronaux, au sens o tout ce que nous faisons, pensons
et sentons est une fonction de larchitecture de nos cerveaux ; et pourtant ce fait nest pas encore to-
talement intgr nos conceptions gnrales du monde, ni nos conceptions de nous-mmes Evers (2009; 32).
8 Lincompatibilit entre la vue intuitive ou religieuse des personnes et la vue neuroscientifique est
susceptible davoir de profondes consquences sociales (Farah, 2005; 39).
5
2006). Une thique des sciences mdicales sest donc progressivement constitue la suite de
ces drives et elle sest appropri par la suite le champ mergent des neurosciences9, y
compris en France : des auditions publiques lAssemble Nationale se sont ainsi tenues sur
ce thme (Claeys & Vialatte, 2008 ; 2011). La neurothique sest rapidement instaure en tant
que sous-champ disciplinaire spcifique, du fait que les neurosciences et les ides culturelles
propos du cerveau en tant quorgane part, suscitent des interrogations thiques particulires
(De Vries, 2007). Le terme de neurothique a t propos il y a quelques annes (Farah, 2002)
et revt plusieurs acceptions. Lune a pour synonyme lthique des neurosciences, savoir
linterrogation morale quant lusage et linstrumentalisation des techniques
neuroscientifiques. Des auteurs rsument ainsi le dbat : un problme central de la
neurothique est dtablir les limites convenables lintervention humaine dans le
fonctionnement cognitif (traitement du savoir) et affectif (motionnel). Le contenu de nos
esprits devrait-il tre sacro-saint, ou bien la police, les mdecins, les employeurs, les
enseignants ou les parents pourraient-ils avoir le droit de sonder lhonntet, les motivations,
les phobies, la mmoire, les aptitudes et la sant mentale dune personne ? (Foster, Wolpe
& Caplan, 2003 ; p 39).
2.2. Neurothique et lecture de cerveau
Farah (2002), distingue trois grands thmes susceptibles dtre traits par la neurothique : les
renforcements pharmacologiques, la neuro-loi (les interventions judiciaires sur le systme
nerveux ou les dcisions judiciaires fondes sur des rponses de celui-ci) et enfin, la lecture
de cerveau (brain reading), cest--dire lapproche raisonne de phnomnes mentaux par le
truchement des techniques dimagerie. Seul ce dernier thme concerne directement le
neuromarketing. Cette lecture de cerveau suscite des inquitudes, en particulier auprs du
9 De facto, la biothique se trouve scinde en plusieurs sous-disciplines (gen-ethics, nanoethics, neu-
roethics) ce que dplorent certains sociologues des sciences thiques (De Vries, 2007).
6
grand public et des mdia. Des associations consumristes craignent en effet que le
neuromarketing ne soit utilis des fins de manipulation crbrale, cest--dire littralement
modifier des croyances ou des attitudes chez lindividu. Sur ces craintes, lgitimes pour des
personnes non informes (ou dsinformes), quelques lments, permettant de les lever en
partie, peuvent tre heureusement avancs. En premier lieu, les scanners IRMf ne permettent
pas de lire effectivement les penses dun individu. Il sagit dune technique dimagerie et
non de stimulation : lobservation ne peut tre assimile linfluence active dun esprit
(Droulers et Roullet, 2007). Ceci devrait tre mieux connu du public pour mieux les
dmystifier (Racine, Bar-Ilan et Illes, 2005). Ensuite, on ne peut aucunement imposer une
ide ou une volont un individu : le bouton achat nexiste pas dans le cerveau (Lee et
al., 2009). Une dcision dachat, comme toute autre intention, repose sur un processus
complexe dactivations affectives et cognitives, rpondant une physiologie, une culture, des
expriences, personnelles et individuelles (Roullet et Droulers, 2010). Enfin, limagerie
(mme finalit marketing) ncessite la prsence dune quipe (mdecin, biotechnicien etc.),
garante de linnocuit de la mthode et de la scurit des sujets volontaires, du fait de la
soumission pralable des projets des commissions thiques ad hoc ou un Comit de
Protection des Personnes (CPP).
2.3. Neurothique, neurophilie et nophrnologie (populaire)
Allant de pair avec lessor des neurosciences et de leurs publications, les mdia ont relay les
avances de la discipline, procdant parfois par amalgame ou simplification. Racine, Bar-Ilan
et Illes (2005) ont repr trois thmes dans le traitement journalistique des neurosciences,
dsigns neuroessentialisme, neuroralisme (Cf. supra) et neuropolitique sociale10. Trop
10 Ce nologisme correspond au terme neuropolicy , distinguer celui de neuropolitics qui d-
signe ltude neuroscientifique des attitudes et jugements politiques des individus. La neuropolicy
consiste sinspirer des avances neuroscientifiques pour dfinir des politiques publiques : pdago-gie de lapprentissage de la lecture, prise en charge des enfants ayant un dficit attentionnel, valua-
7
systmatiques, ces aspects risquent de promouvoir une forme de (no)phrnologie, dj
dnonce (Uttal, 2001 ; Tiberghien, 2007). Uttal soulignait les dangers dune approbation
complaisante lgard des tudes de neuroimagerie et contestait la validit de telles tudes,
tout en luttant contre lnorme excitation populaire pour cette technologie. Pour preuve,
des thiciens ont tudi limpact des neurosciences sur les perceptions et attitudes du grand
public. Une recension darticles (publis en langue anglaise) traitant de limagerie dans des
journaux et magazines publis entre janvier 1994 et juin 2004, a montr que 79% noffraient
aucune critique particulire, 16% apparaissaient pondrs et 5% savraient franchement
critiques voire hostiles (Racine, Bar-Ilan et Illes, 2006). Les techniques dimagerie
recueillaient donc un avis plutt positif, sans grandes interrogations thiques. Le risque
possible est celui dune neurophilie bate chez le profane, pouvant conduire une forme de
nophrnologie populaire, c'est--dire la croyance errone en des liens simples et univoques
localisation-fonction dans le cerveau (Trout, 2008).
3. Ethique du neuromarketing
Les termes de neurothique et de neuromarketing sont apparus concomitamment, il y a une
dizaine dannes. Les neurothiciens se sont rapidement penchs sur celui-ci, devenant un cas
dcole, symbole de cette neuroculture mergente (Fisher, Chin et Klitzman, 2010). Des
jugements ont t formuls, allant de la consternation lenthousiasme. Au niveau de la
recherche, des recommandations ont t mises tant par des neurothiciens
(neuroscientifiques) que par des chercheurs en neuroscience applique (neuroconomie,
neuroscience du consommateur ; NSC). Du ct des praticiens, des initiatives ont aussi t
entreprises. A lheure o les grands acteurs mondiaux de ltude et du conseil se positionnent
sur le march du neuromarketing (par ex. : NeuroFocus et Nielsen ; Innerscope et Ipsos), il
tion des addictions et des psychopathies, apprhension des rcidives criminelles, dissuasion de com-
portements risque, comprhension des mcanismes asociaux, ne sont que quelques exemples.
8
devient lgitime dtablir un bilan de ses activits et de tracer le cadre provisoire de ce champ
disciplinaire mergent, en distinguant les activits appliques des praticiens de celles, parfois
plus thoriques, des chercheurs acadmiques (Ariely & Berns, 2010). Tout particulirement,
les dimensions thiques et dontologiques doivent tre apprhendes et promues, au sein de
ces deux grands groupes de recherche distincts.
3.1 Initiatives neurothiques des chercheurs acadmiques
Des neuroscientifiques se sont rcemment empars de la thmatique du neuromarketing pour
avancer mises en garde et recommandations (Murphy, Illes et Reiner, 2008 ; Fisher, Chin et
Klitzman, 2010). Notons que si ces soucis thiques propos des sciences du cerveau sont
largement partags dans le monde (Lombera et Illes, 2009), ils sont nanmoins sujets des
influences historiques ou culturelles ; citons lexemple du Japon o les interrogations
semblent quasi-absentes (Fukushi, Sakura et Koizumi, 2007).
3.1.1. Approches des neurothiciens et des neuroscientifiques
Plusieurs thmes peuvent tre traits en matire de neurothique, applique au
neuromarketing. Le premier concerne le respect de la vie prive crbrale (brain privacy) car
limagerie crbrale pourrait dsormais apprhender des attitudes ou des croyances jusque l
inexpugnables (Farah, 2011 ; Farah et al., 2008). Cette vie mentale prive inclut les
prfrences esthtiques, lattitude interethnique, les mensonges (volontaires ou par omission)
etc. (Arstila et Scott, 2011). Des techniques dites de brainotyping (personnalit crbrale)
peuvent permettre de dtecter certaines prdispositions ou traits que le chercheur marketing
nest pas sens connatre (Farah, 2005). Le deuxime thme relve de la scurit matrielle. Il
existe des dangers inhrents la neuroimagerie : le recours de puissants aimants (champ
magntique et radiofrquence levs) peut entraner des risques biophysiologiques quil
9
convient de matriser parfaitement (exclusion des personnes risque ou stresses, en
particulier). Un troisime thme relve de considrations cliniques ou juridiques. Le cas des
dcouvertes inopines lors dun scan reste un sujet pineux. Il sagit de savoir sil faut
toujours rvler au sujet sain une anomalie (parfois un faux positif) qui bouleversera sa vie.
Ainsi les clichs (structuraux et/ou fonctionnels) dun consommateur peuvent rvler une
pathologie ou un dysfonctionnement physiologique. Le taux de dcouverte sur une population
de scanns sains est estim 1% (Illes et al., 2006). Une autre tude avanait le taux de 6,6%
des scans ncessitant linformation dun mdecin (Illes, Rosen et Huang, 2004). Dans le cadre
dun consentement clair, le sujet volontaire donnera ou non une autorisation pralable
(connatre ou non les anomalies dcouvertes, nentranant pas un signalement mdical) au
mdecin qui est systmatiquement prsent lors des sances dimagerie, permettant ainsi un
signalement adquat en cas de dcouverte ncessitant une action urgente ou immdiate. Enfin,
un dernier thme traite du rle dinformation ou de vulgarisation de la recherche (explication
des enjeux) qui est dvolu aux chercheurs. Ce rle est dailleurs attendu par une majorit de
Franais : un sondage indique que 93% pensent quil est important de connatre les enjeux
de la recherche scientifique [] pour comprendre les volutions de la socit actuelle
(Ipsos, 2011). Par contre, 71% pensent quils comprennent plutt mal les enjeux de la
recherche scientifique propos des neurosciences. Elment rassurant, 47% des Franais
(contre 25%) font plutt confiance aux scientifiques pour dire la vrit sur les rsultats et
les consquences de leurs travaux dans les neurosciences. Dans cet esprit, des
neuroscientifiques tentent de dmystifier et de relativiser les avances lorsquelles sont
appliques hors clinique (Miller, 2008). La Commission Europenne sest galement saisie de
ce rle avec le projet Bid (Cf. supra ; 497 k). Le projet a permis de crer un site Web
10
(neuromedia.eu), dorganiser des ateliers de rflexion et des vnements publics de
sensibilisation11.
3.1.2. Approches des neuromarketeurs et chercheurs en marketing
Les chercheurs acadmiques ne sont pas ncessairement les plus favorables envers le
dveloppement ou la promotion du neuromarketing. Sans quil soit possible dextrapoler, une
tude turque mene auprs de 219 chercheurs ou praticiens, semble indiquer que la perception
du neuromarketing est plus positive chez les neurologues et les praticiens marketing que chez
les marketeurs universitaires (Eser, Bahar-Isin et Tolon, 2010). Il semble clair que des
initiatives dinformation et de diffusion (neuro)scientifiques au sein de lacadmie marketing
doivent tre poursuivies et amplifies. LAFM (associ lIREP) a dailleurs entrepris des
initiatives en ce sens sous forme de rendez-vous de recherche. Il faut galement souligner que
tous les chercheurs en NSC nont pas systmatiquement inclus des considrations thiques
dans leurs rflexions. Certains ont cependant explicitement abord des thmes connexes
(Ariely et Berns, 2010). Ces points essentiels touchent la transparence de ltude (pourquoi
on prsente tel protocole exprimental12), aux risques de dcouvertes inopines et
lutilisation ultrieure des donnes enregistres. Les principes dhonntet, dobjectivit et de
respect pour les sujets doivent tre intgrs et appliqus dans toute recherche (acadmique ou
commerciale) recourant des outils neuroscientifiques (Kenning et Linzmajer, 2011). Les
progrs en neuromarketing peuvent aussi profiter aux consommateurs via la recherche, dune
part en leur proposant des offres rellement satisfaisantes (Hubert et Kenning, 2008) par le
truchement de publicits responsables (Lee, Broderick et Chamberlain, 2007) et dautre part
en communiquant de manire socialement responsable. Il en serait ainsi pour amliorer des
11 La fondation Dana aux Etats-Unis (dana.org) poursuit un objectif proche de celui-ci, tout comme la Royal Society britannique (Brain Waves ; royalsociety.org).
12 Il est vrai que la restitution sincre et entire des buts dune tude peut intervenir aprs la sance ex-
primentale pour des raisons de spontanit et dvitement de biais de contexte.
11
messages dintrt et de sant publics (CAS, 2010), par exemple les campagnes de prvention
contre le tabagisme ou lalcoolisme, et pour mieux informer les lgislateurs sur les manires
de dissuader les consommateurs de mener des activits nfastes pour eux-mmes et de les
protger de pratiques condamnables. Pour exemple, le document de travail europen13 relatif
aux pratiques commerciales dloyales , indique expressment qu il incombe alors aux
juridictions et aux autorits administratives nationales dapprcier le caractre trompeur des
pratiques commerciales, en les confrontant, notamment, ltat actuel des connaissances
scientifiques, y compris les dcouvertes les plus rcentes de lconomie
comportementale [neuroconomie] (CE, 2009 ; 34). On peut alors accepter laffirmation
selon laquelle les neurosciences et lconomie comportementale peuvent tre utilises pour
dterminer dans quelle mesure les pratiques commerciales peuvent influencer le
comportement conomique du consommateur moyen (Trzaskowski, 2011 ; 388).
3.2. Initiatives issues des praticiens et professionnels du neuromarketing
Consciente des enjeux futurs, et sensible aux polmiques rcentes, la profession publicitaire
amricaine reprsente par lAdvertising Research Foundation (ARF), a entrepris en
septembre 2010 un audit ouvert et transparent (premire phase de NeuroStandards) des
comptences et des techniques utilises par les principaux cabinets de neuromarketing ou
ceux se revendiquant du paradigme neuroscientifique. Neurofocus (Nielsen) a nanmoins
prfr dvelopper de faon autonome son code dontologique. Un panel indpendant
constitu de professionnels et de chercheurs a examin en dtail les travaux et les
recommandations de huit cabinets internationaux14 (Cf. Annexe 1) ayant d tudier et analyser
13 Directive 2005/29/CE
14 Deux acteurs importants du march nont pas particip linitiative NeuroStandards : NeuroFocus
(Nielsen AC) et EmSense, peut-tre en passe dtre rachet par Millward Brown.
12
huit spots publicitaires proposs par les parrains de NeuroStandards15. Les tailles
dchantillon, le design exprimental, la collecte, la validation des mesures et des construits,
les statistiques taient passs au crible. Les premires conclusions visant dboucher sur
une dontologie furent consignes dans un livre blanc prsent en octobre 2011 (75e
confrence annuelle de lARF). Les principaux points souligns par le panel furent la
ncessit absolue de transparence et dinformation pour le neuromarketing afin dasseoir une
crdibilit pour cette activit naissante, ainsi que le rel progrs quelle apporte dans la
recherche et les pr-tests publicitaires. Le neuromarketing apporte de nouvelles intuitions
pour lvaluation publicitaire en dtenant la capacit de rvler les ractions motionnelles.
Nanmoins, certaines recherches ont t surestimes ; il ny a pas un lien systmatique entre
la science actuelle et les recommandations publicitaires. Compte tenu des dbats en cours, le
rapport conclut que le neuromarketing est un excellent complment sans tre un remplaant
dfinitif. Des recommandations oprationnelles de lARF sont indiques en Annexe 2. De son
ct, lESOMAR a dict en 2009 un code dontologique et un guide de bonnes pratiques
(World Research Codes & Guidelines) qui aborde en particulier la neuromesure (EEG et
IRMf). Le matre-mot reste le consentement clair du sujet volontaire, qui implique la
prsentation claire et sincre des techniques employes, y compris les contraintes ou
dsagrments ventuels (bruit, inconfort etc.). Le droit la dfection est acquis et le sujet de
la rtention de linformation dimagerie doit tre abord explicitement (conservation des
enregistrements et dcouvertes inopines dj voques).
4. Recommandations suggres : premiers jalons dune rflexion dvelopper
A la lumire des points abords supra, il semblerait utile voire primordial la fois pour les
chercheurs et les praticiens de promouvoir et de se conformer aux quelques points suivants.
15 American Express, Campbell Soup, Clorox, Colgate-Palmolive, General Motors, Hersheys, Miller
Coors, et JP Morgan Chase.
13
4.1. Dvelopper un neurolettrisme des citoyens
Le neurolettrisme (Neuroliteracy) fait rfrence au niveau moyen de connaissance du grand
public dans le domaine neuroscientifique (Illes et al., 2010 ; Frazzetto, 2011). Des actions de
vulgarisation semblent ncessaires du fait de certaines incomprhensions ou mprises dans le
public et malgr le fait que le traitement journalistique (scientifique sentend) est
gnralement optimiste et peu critique16 (Racine et al., 2010). Ce travail de vulgarisation est
de nature relativiser le neuroessentialisme grandissant (Rainer, 2011) et de modrer le
neuroralisme naf, parfois tous deux dplors par les thiciens. Il convient ainsi dinformer et
de cultiver les citoyens sans ncessairement aboutir une forme de nihilisme (Farah, 2011).
Pour Racine, Bar-Ilan et Illes (2005), il sagit dvoluer dune structure unilatrale de
transmission dinformation (du scientifique vers le public via les media vulgarisateurs) vers
un rseau multidirectionnel dans lequel dialogue ouvert et enrichissement mutuel sont
recherchs (p. 163). Car la connaissance cest le pouvoir et avec la connaissance
neuroscientifique, va de pair la responsabilit dempcher ses abus et msusages (Illes et
Bird, 2006 ; 516).
4.2. Evaluer et rendre les protocoles de recherche publics
Tout comme les laboratoires acadmiques, les socits de neuromarketing doivent soumettre
leur protocole exprimental une commission thique ad hoc. Aux Etats-Unis, il sagit des
IRB (Institutional Review Board) et en France, des CPP (Comits de Protection des
Personnes), institus par la loi du 9 aot 2004. Il sagit dobtenir laccord volontaire et clair
des sujets participants en privilgiant leur scurit et leur droit de retrait et en protgeant
16 Notons toutefois que le traitement dans les quotidiens ou mdias grand-public franais, est beaucoup
plus hostile et critique, comme lgard du marketing en gnral. Exemples : La pub nous creuse
les mninges (Libration), Mdecine et marketing, une collaboration risques (La Croix), Le
marketing s'attaque au cerveau (Le Figaro).
14
particulirement les personnes vulnrables, potentiellement cibles dune exploitation
marketing (Murphy, Illes et Reiner, 2008).
4.3. Fonder des exprimentations sur des bases thoriques solides
Les quipes disposant de lquipement adquat sont tentes de recourir loutil de
neuroimagerie des fins purement spculatives ou exploratoires sans sappuyer sur des
hypothses thoriques pralables (Lee et al., 2009). Le risque est de pratiquer linfrence
inverse , qui sapparente parfois une erreur pistmologique (Poldrack, 2006). Le fait
dinfrer des fonctions cognitives partir des seules activations lies une tche serait une
abduction fautive, sans lexistence de mta-bases de donnes corroborant linfrence.
4.4. Intgrer des chercheurs universitaires dans la pratique commerciale
Il semblerait opportun dimpliquer davantage de chercheurs universitaires et de mdecins au
sein des cabinets de neuromarketing (Fisher, Chin et Klitzman, 2010) dans le cadre de
conseils scientifiques indpendants, afin dassurer en interne une veille/surveillance thique et
scientifique, qui permettrait de standardiser les protocoles exprimentaux, de lgitimer les
rsultats obtenus, de favoriser leur publication dans des revues comit de lecture et
dinformer de faon transparente et impartiale toutes les parties prenantes.
Conclusion
Jean-Didier Vincent crivait en 1995 que les neurosciences peuvent aussi tre la source
empoisonne qui risque d'alimenter les pires idologies . La neurothique sefforce de lever
ces craintes. Faut-il acter lthique du neuromarketing ou la neurothique du marketing ?
Nous avons vu qu ce stade, lthique du neuromarketing reste une priorit pour les
chercheurs et les praticiens. Avec la maturit, une neurothique du marketing sera abordable.
15
Nous pensons donc que lappropriation du paradigme neuroscientifique en marketing gnre
plus davantages que de contraintes pour le chercheur, ds lors que ses implications sociales
sont intgres. En effet, la science dit ce qui est et pas ce qui devrait tre. Cest le corps social
inform qui doit prendre part au dbat. Spcifiquement, la recherche en comportement du
consommateur aurait tout gagner en acceptant une NSC, qui aurait la fois lambition de
dcrire et dexpliquer les processus mentaux du consommateur et lambition de contribuer
lavancement des (neuro)sciences cognitives sociales (Hubert et Kenning, 2008 ; Plassmann
et al., 2011). Ainsi, temprons les enthousiasmes et soulignons les limites non triviales qui
contraignent encore la pratique de la NSC, pour rassurer les neuroscientifiques du caractre
possiblement thique de cette discipline (Lee, Broderick et Chamberlain, 2007). Cest la
pratique scientifique et acadmique des neurosciences dans le domaine marketing qui
permettra de maintenir et de dfendre des cadres dtude et dapplication thiques et moraux,
respectueux du consommateur, de son autonomie et de son libre-arbitre. Enfin, cette pratique
ne peut quenrichir les rflexions, les nonciations thoriques et les enseignements des
chercheurs en marketing et fertiliser les changes avec dautres disciplines des Sciences
Humaines et Sociales. Pour paraphraser un aphorisme de Friedrich Hayek, prix Nobel
dconomie, nous serions enclins dire quun mercaticien, qui nest quun mercaticien, ne
peut tre un bon mercaticien 17
.
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Cabinet neuromarketing Sige Techniques principalement
utilises
Gallup & Robinson* Pennington, NJ Electromyographie faciale
Innerscope (Ipsos)* Boston, MA Mesures biomtriques
Lab & Co + MSW* Varsovie, POL EEG + biomtrie
MindLab International* Sussex, UK Q-EEG
NeuroCompass* Palo Alto, CA fMRI
NeuroInsight* Melbourne, AUS Steady-State Topography (SST)
Sands Research* El Paso, TX EEG
Sensory Logic* Minneapolis, MN Eye-Tracking + dcodage facial
Neurofocus (Nielsen) Berkeley, CA EEG
Neurosense Ltd London, UK IRMf, EEG + biomtrie
PHD Media Canada Toronto, ON IRMf + IRT
FKF Applied Research Washington, DC IRMf + eye-tracking
Shop Consult (Umdasch) Amstetten, AU N.C.
MingSign Neuromarketing San Diego, CA IRMf + eye-tracking
iMotions Copenhagen, DK Eye-tracking + dcodage facial
Lucid Systems San Francisco, CA EEG + biomtrie
OTO Insights Charlestown, MA EEG
EmSense San Francisco, CA EEG
MindLab Brighton, UK EEG + EMG + Eye-tracking
Brain Intelligence Neuro-C. Beijing, CH EEG + Eye-tracking
Annexe 1. Principaux cabinets de neuromarketing dans le monde (2011), dont ceux par-
ticipant linitiative NeuroStandards (reprs par *).
23
Objectifs de recherche Mthodes prconises
Comprhension des messages Mthodes traditionnelles (MT) +
complment arousal et valence (biomtrie ;
BIO18)
Intention dachat MT + IRMf optionnelle pour motion
Attention visuelle au message Eye-tracking (poursuite oculaire)
Mmorisation Explicite (MT) et implicite (BIO + EEG)
Activation (arousal) et rponse motionnelle BIO + imagerie IRMf
Direction motionnelle (valence) BIO + imagerie IRMf + codage facial
Engagement / implication Concept insuffisamment consensuel ; aprs
convergence, BIO + imagerie IRMf
Dsirabilit sociale BIO + imagerie IRMf vitent les biais
cognitifs habituellement rencontrs
Annexe 2. Recommandations oprationnelles neuromarketing en matire de recherche
publicitaire (ARF NeuroStandards Project White Paper, 2011 ; 5)
18 La biomtrie dsigne les mesures psychophysiques qui sintressent aux ractions du systme nerveux priphrique. Elle inclut llectromyographie (EMG), la rponse lectrodermale (RED), les frquences cardiaque ou respiratoire etc.