Etats-Unis, Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales

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1 Etats-Unis, Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales Introduction Rien ne semble prédisposé pour comparer deux états en apparence aussi opposés que le Brésil et les Etats-Unis : en 1982, lors de la première visite d’un président américain sur le sol brésilien, Reagan s’exprime en ces termes à la sortie de son avion: « Je suis ravi d’être en Bolivie ». Une autre manière de qualifier toute la distance économique qui sépare un état qui est la 1 ère puissance économique du monde face à un autre, confronté à tous les maux du Tiers-mondisme : pauvreté, dictature, aucun poids sur la scène politique mondiale. Bref, le rapport est déséquilibré et la comparaison ne peut s’évaluer que sous cet angle. Pourtant, la situation n’est pas figée dans le temps et le Brésil change progressivement de statut, basculant au statut de pays émergent : en 2010, il prête 14 Milliards de dollars au FMI. En 2014, il devrait occuper la 5è place économique mondiale à la place de la France. Dès lors, il est possible de poser la question du comparatisme, sous l’angle des oppositions certes mais aussi sous celui des ressemblances, car il y a des points communs entre la puissance d’hier et celle en devenir, à l’heure où, à l’échelle mondiale, le Brésil se révèle comme un challenger de poids, un véritable concurrent à la puissance américaine. C’est ce que nous verrons dans une première partie. En articulant le rapport entre sociétés et territoire, nous observerons à l’échelle locale, l’importance des villes comme espaces de la richesse, leviers du développement économique. Les villes brésiliennes et américaines doivent donc être considérées ensembles sous cet angle, mais aussi à travers leurs particularités qui sont autant de défis pour chacune de ces sociétés. Finalement, l’échelle régionale reste la plus efficace pour mesurer le poids des différences entre les 2 pays : les Etats-Unis maîtrisant un territoire très aménagé, le Brésil où une large partie du pays est toujours dans la dimension du possible, en Amazonie particulièrement.

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Etats-Unis, Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales

Introduction

Rien ne semble prédisposé pour comparer deux états en apparence aussi opposés que le

Brésil et les Etats-Unis : en 1982, lors de la première visite d’un président américain sur le sol

brésilien, Reagan s’exprime en ces termes à la sortie de son avion: « Je suis ravi d’être en

Bolivie ». Une autre manière de qualifier toute la distance économique qui sépare un état

qui est la 1ère puissance économique du monde face à un autre, confronté à tous les maux du

Tiers-mondisme : pauvreté, dictature, aucun poids sur la scène politique mondiale. Bref, le

rapport est déséquilibré et la comparaison ne peut s’évaluer que sous cet angle.

Pourtant, la situation n’est pas figée dans le temps et le Brésil change progressivement de

statut, basculant au statut de pays émergent : en 2010, il prête 14 Milliards de dollars au

FMI. En 2014, il devrait occuper la 5è place économique mondiale à la place de la France.

Dès lors, il est possible de poser la question du comparatisme, sous l’angle des oppositions

certes mais aussi sous celui des ressemblances, car il y a des points communs entre la

puissance d’hier et celle en devenir, à l’heure où, à l’échelle mondiale, le Brésil se révèle

comme un challenger de poids, un véritable concurrent à la puissance américaine. C’est ce

que nous verrons dans une première partie. En articulant le rapport entre sociétés et

territoire, nous observerons à l’échelle locale, l’importance des villes comme espaces de la

richesse, leviers du développement économique. Les villes brésiliennes et américaines

doivent donc être considérées ensembles sous cet angle, mais aussi à travers leurs

particularités qui sont autant de défis pour chacune de ces sociétés.

Finalement, l’échelle régionale reste la plus efficace pour mesurer le poids des différences

entre les 2 pays : les Etats-Unis maîtrisant un territoire très aménagé, le Brésil où une large

partie du pays est toujours dans la dimension du possible, en Amazonie particulièrement.

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Plan du cours

I. Le Brésil et les Etats-Unis sur la scène mondiale : révélateurs d’un monde en perpétuel

recomposition

1. Des pays qui possèdent un même héritage historique = contribuant à bâtir une société au

profil original

2. L’Amérique : une hyperpuissance planétaire

3. Le Brésil dans le monde

II. A l’échelle locale, la ville brésilienne et américaine est l’espace de la puissance et celui

des défis sociaux auxquels ces pays sont confrontés

1. Le Brésil des villes : les lieux de la puissance économique

2. New-York: une ville mondiale qui concentre les éléments de la puissance US

3. Des espaces de défis

III. échelle régionale : marqueur d’un aménagement du territoire différent : d’un territoire

maitrisé à un territoire du possible.

1. Etats-Unis : l’organisation régionale du pays témoigne d’une maitrise du territoire acquise

depuis 1890 (fin de la Frontière)

2. La Californie : une région qui synthétise tous les éléments de la puissance américaine.

3. Situations plus contrastés au Brésil : 4 régions très inégalement aménagées

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I. Le Brésil et les Etats-Unis sur la scène mondiale : révélateurs d’un monde en perpétuel

recomposition

1. Des pays qui possèdent un même héritage historique = contribuant à bâtir une société

au profil original

Des colonies qui ont acquis leur indépendance face à une puissance coloniale :

Brésil ancienne colonie portugaise, qui acquiert son indépendance suite à une guerre

contre la puissance coloniale dans les années 1820. Des pays neufs dont les sociétés

portent l’héritage du passé colonial. Au Brésil, la région du Nordeste est celle qui incarne

le mieux l’identité brésilienne et ses contrariétés : territoire de la pauvreté où domine le

Sertao, vaste région désertique, surtout, une région marqueur de la présence noire

dans le pays : Brésil, 2è état noir au monde (1er = Nigéria). 45% de la population noire vit

au Nordeste. Salvador da Bahia, capitale de la région est ainsi un symbole fort du

peuplement noir et du passé esclavagiste du pays (abolition en 1888). Ville « nègre »

avec son centre historique, le Pelourinho (« pilori »), espace réservé au poteau de

torture. La société brésilienne porte donc en elle les traces de ce passé sous domination

et esclavagiste dans laquelle. Population aux caractéristiques variées, héritage du

métissage, où les blancs continuent de se maintenir dans une position sociale

privilégiée.

Les Etats-Unis suivent un parcours similaire : à l’origine, territoire formé par 13 colonies

britanniques qui prennent leur indépendance en 1776. Guerre contre les anglais qui se

termine en 1787. 1ère république moderne de l’Histoire avec son 1er président Georges

Washington en 1789. La présence noire est ici aussi un héritage du passé esclavagiste

avec, encore dans l’histoire récente du pays (années 60), des moments forts qui

rappellent le fossé qui sépare encore les communautés. Par contre, les Etats-Unis se

distinguent du brésil pour avoir été, et continue d’être, une vaste terre d’immigration,

favorisant un brassage des populations (melting-pot) = 1 immigrant entre sur le

territoire toutes les 31 secondes, 8% des américains sont nés à l’étranger, en 1900 on

était à 15%. 100 Millions d’américains sont issus d’une minorité (Hispanique, Noir,

Indien, Asiatique). 14% de la population est hispanique, 1ère minorité devant les afro-

américains. Tous sont rassemblés sous le terme de Latinos : Chicanos (origines

mexicaines, naturalisés), Mexicanos (nouvellement arrivés). Ces deux groupes

représentent 60% des latinos. Suivent les portoricains, cubains. L’Amérique est la

première terre d’accueil au monde, mais les Mexicanos occupe une place à part dans ce

flot de migrants (+60% de croissance entre 1990 et 2006 : plus forte fécondité et

arrivées constantes de nouveaux migrants (représentent +50% des entrées totales). A

New-York, 12 Millions d’arrivées de 1892 à 1954. Ville dont l’histoire est liée aux vagues

migratoires. 60% des habitants à au moins 1 ascendant immigrant.

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Une situation qui inquiète de nombreux américains : chaque année, 500.000 mexicains

franchissent le Rio Grande. Le gouvernement Bush a voulu enrayer le processus (1200

Km de mur le long de la frontière).

Au final, la société brésilienne, malgré le fait que la présence de l’esclavage soit plus

récente, avec des noirs qui souffrent toujours de discriminations1 (dans la mentalité

collective brésilienne, avoir la peau claire représente toujours un avantage pour

s’insérer dans la société), semble paradoxalement plus apaisée, le vivre-ensemble y est

plus facile indépendamment des différences entre riches et pauvres (c’est là où se

constate le véritable fossé dans la société, le Brésil étant un des pays les plus

inégalitaires du monde). À l’inverse, les Etats-Unis, terre d’accueil par excellence qui se

donne à voir comme l’incarnation du rêve du Melting-pot2 : la fusion de tous les peuples

au sein d’une nouvelle nation qui les rassemble tous dans une identité commune,

souffre d’un vaste problème d’identité, d’une montée du communautarisme et d’un

refus d’intégration en particulier en direction des minorités hispaniques, une

immigration qui apparaît aujourd’hui comme un problème et une menace pour de

nombreux américains3.

Des espaces de conquête : les 2 pays se sont développés en partant à la conquête d’un

front pionner : vaste réserve de terre vierges sur lesquelles le gouvernement s’appuie

pour mettre en place une triple politique: économique (terres agricoles à mettre en

exploitation), un projet social (trouver une solution à la pauvreté qui gangrène les villes,

celles du Nord-est états-uniens du XIXe, celle du Brésil d’aujourd’hui), un projet

politique finalement : celui d’un jeune état qui se construit en nation à travers la

maîtrise de son territoire : elle est acquise en 1890 en Amérique avec la fin de la

Frontière (la Conquête de l’ouest se termine, la Frontière étant dans l’imaginaire

américain la limite qui sépare le monde civilisé, celui des colons, de celui des espaces

sauvages, n’existe plus).

Elle est inachevée au Brésil avec l’Amazonie qui reste toujours un vaste front pionnier.

Dans les 2 cas, l’état a du développer une politique de discrimination, voire

1 Institut brésilien de géographie et de statistique, enquête de 2011 : « Globalement, les noirs et les métis

touchent des salaires plus bas que les blancs et les asiatiques (salaires 2,4 fois plus élevés), meurent plus jeunes du fait de conditions de vie précaire, d'un accès difficile aux soins de santé et du fait de violences. » 2 Le terme vient d’une pièce de théâtre d’Israël Zangwill, 1908.

3 Samuel Huntington a relancé le débat sur les hispaniques en 2004 (Le défi hispanique) : peur d’un raz-de-

marée hispanique qui divisera le pays en deux. Moins intégrés, enclaves linguistiques (l’espagnol = 1ère

langue parlée en Californie). Pourtant, enfants de 3è génération maîtrisent parfaitement l’anglais et se sentent pleinement américains.

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d’extermination, envers les peuples natifs, indiens d’Amérique ou indiens d’Amazonie,

tous étant les grands perdants de la conquête des fronts pionniers4.

Rappeler une différence fondamentale entre les 2 pays qui est un des facteurs qui

explique le retard de développement du Brésil : la longue absence de démocratie.

Dictature militaire au Brésil de 1964 à 1984 : période durant laquelle le pays connaît

certes des progrès économiques fulgurants. On parle de « miracle », avec un taux de

croissance annuel autour de 10%. Les multinationales installent leurs usines pour

profiter d’une main-d’œuvre bon marché, les marchandises sont ensuite revendues à

l’étranger. Mais les bénéfices ne profitent qu’à une minorité proche du pouvoir, et

l’essentiel de la population reste confinée dans la plus grande pauvreté (50% de la pop.

pèsent 11% du PIB, dans le même temps les 20% les plus riches concentrent 67% du PIB

en 1976)

Après 1984 : retour à la démocratie mais les choix économiques du Brésil restent les

mêmes. La dette continue d’exploser, situation d’hyperinflation. 32 Millions de

brésiliens vivent dans l’indigence (1993).

Les années Lula (2002-2010) marquent une véritable rupture : Décollage économique

du Brésil se fait essentiellement sous ses 2 mandats. Mais il hérite d’un bilan désastreux,

héritage de la situation précédente : 50% des salariés travaillent dans le secteur

informel, 1% des habitants concentrent 53% des richesses nationales.

Son programme : permettre à tous les citoyens de manger 3x par jour. En 2010, fin de

mandat et 80% des brésiliens ont de Lula une opinion « favorable », l’ONU proclame le

Brésil comme « le champion mondial de la lutte contre la faim ». Un président qui

incarne le véritable virage démocratique du pays.

Dans le cadre des Etats-Unis : le décollage économique est plus précoce et les

explications habituelles insistent sur la présence de richesses naturelles nombreuses,

l’installation des migrants qui ont aménagé le territoire et exploité ces ressources, mais

ces raisons ne sont pas suffisantes : le Brésil regorge aussi de bras et de richesses.

L’impulsion première vient d’abord de sa démocratie qui permet d’attirer à elle l’énergie

créatrice de millions de migrants venus s’installer avec l’espoir d’y bâtir leur vie avec de

4 Un Creek centenaire, Speckled Snake, résume en ces termes la politique des Blancs en 1830 : « Frères, j’ai

entendu bien des discours de notre Grand-père blanc […], un tout petit homme. Ses jambes lui faisaient mal d’avoir été assis si longtemps dans son grand bateau et il mendiait un peu d’aide pour lui allumer son feu […]. Mais quand l’Homme Blanc se fut réchauffé au feu des indiens et nourri de leur bouillie de maïs, il devint très grand. En un seul pas, il enjambait les montagnes et ses pieds couvraient les plaines et les vallées. Ses mains se saisissaient des mers de l’Est et de l’Ouest tandis que sa tête reposait sur la lune. Alors il devint notre Grand-père. Il aimait ses enfants rouges et leur disait : « Allez vous mettre un peu plus loin de crainte que je ne vous écrase ». Frères, j’ai entendu bien des discours de notre Grand-père, et ils commencent et se finissent toujours ainsi : « Allez vous mettre un peu plus loin, vous êtes trop près ».

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liberté que leur accorde un tel régime politique. La démocratie favorise le

développement économique en permettant à chacun de se projeter individuellement

dans un projet collectif, celui de construire une nation, et d’en prendre pleinement

conscience dès lors que ses conditions de vie deviennent meilleures (ce qui ne sera pas

le cas de tous évidemment, mais forge un état d’esprit, particulier aux Etats-Unis, celui

du self-made man).

2. L’Amérique : une hyperpuissance planétaire

Puissance économique où domine l’innovation technologique :

En 2006, 1er investisseur mondial, 4è récepteur (Luxembourg, Chine, France). L’essentiel des

échanges de l’Amérique se fait avec l’Asie Orientale, U.E, ALENA : au cœur de la Triade et des

espaces moteurs de la mondialisation.

Innovation technologique à la base de la puissance économique du pays: RD = 37% de la

dépense mondiale (n°1). Pays qui attire des savants du monde entier = 1/3 des étudiants

faisant leurs études à l’étranger partent aux USA (visa spécial : H1B, réservé aux immigrants

très qualifiés pour 1 à 6 ans, autour de 300 à 350.000/an) où la qualité des universités est

toujours de dimension mondiale (Berkeley, proche de San Francisco = 24 prix Nobels depuis

1868).

Secteur industriel en reconversion : marqué par la désindustrialisation, surtout dans la

région des Grand lacs (fermeture et faillite des bastions de l’industrie traditionnelle : la

«ceinture de rouille »). Phénomène qu’il ne faut ni exagérer, ni considérer comme définitif :

toujours la 1ère puissance industrielle au monde, 12% du PIB dépend du secteur secondaire,

malgré un coût du travail élevé, x30 par rapport à la Chine : savoir-faire, secteur de la Haute-

Technologie (aérospatiale : 3 groupes (Boeing, Lockheed, Raytheon), pèsent 80 Milliards de $

de CA, contre 41 pour EADS, 370.000 emplois contre 113.000 (2005). Marché intérieur très

important : 50% avions civils pour les Cies US, 50% avions militaires pour le Pentagone.

Secteur dynamique : 2è exportateur de produits finis porté par un marché intérieur très

dynamique, la population est nombreuse (314 millions d’habitants) au pouvoir d’achat élevé

(1790 Milliards de CA en 2006 contre 1770 réalisés en Chine).

Logique financière prévaut sur la logique industrielle qui entraîne le mouvement des

« sociétés fantômes » : Hollow Corporations. Exemple de Mattel et poupée Barbie.

Conception du produit, publicité, marketing aux USA, mais délocalisation de la production

dans des pays à faibles coûts salariaux auprès d’entreprises locales qui sous-traitent avec

Mattel. A l’origine, production au Japon (1959), puis Taïwan, HK, Philippines et aujourd’hui la

Chine et les pays d’Asie du sud-est. L’histoire de la production de Barbie résume toute les

étapes du développement des pays de l’Asie Orientale.

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Depuis Bretton Woods, 1944, l’économie mondiale est pilotée par des institutions voulues

par Washington, créées sur son impulsion et qui reflètent sa vision libérale de l’économie.

Elles sont le plus souvent pilotées par elle depuis New-York (FMI, Banque Mondiale). Depuis

la fin de la guerre froide, cette domination n’est plus mise en contradiction par un autre

modèle idéologique, d’où le sentiment que la mondialisation est un pur produit du

libéralisme tel qu’il est pensé en Amérique.

Exportations US = 12% du PIB. Chiffre assez faible, impression que le pays est peu compétitif.

Erreur : la Balance des services est largement excédentaire mais elle ne compense pas la

balance des marchandises (2/3 des biens d’équipement sont importés. Chine = les USA

importent à hauteur de 24 Milliards et exportent en direction de la Chine seulement 4

Milliards, en 2005). Les USA sont un immense centre commercial qui regorge de produits

importés.

Puissance du secteur tertiaire avec l’exemple de Wal Mart : 1ère chaîne de distribution au

monde. CA = PIB Norvège, 2,5% PIB US, 1er employeur privé avec 1,3 Million d’employés.

Chaine fondée en 1962 par Sam Walton en Arkansas. Différentes tailles, de la supérette au

Supercenters de 24.000 m². Bush en 1992 : « le succès de Wal-Mart c’est le succès de

l’Amérique ». Illustre autant le succès que les dérives du monde capitaliste : une entreprise

qui paie 20% de moins que ses concurrents, difficile de souscrire à l’assurance médicale

proposée par l’entreprise (1 enfant sur 2 des employés n’est pas couvert), syndicats

interdits. 2700 magasins dans le monde en rachetant des entreprises locales pour s’imposer

sur le marché intérieur (Metro en Allemagne en 2006).

Une puissance politique et militaire

Sur le plan géopolitique, les Etats-Unis incarnent autant un modèle qu’un objet de rejet (le

11 septembre 2001 en constituant le point d’orgue). Dans tous les cas de figure, la plupart

des grands problèmes mondiaux ne peuvent se traiter sans la participation directe ou

indirecte de la 1ère puissance mondiale. Rappelons le siège au conseil permanent de l’ONU,

les moyens colossaux dont dispose la 1ère agence de renseignements au monde, la CIA, lui

permettant de mettre sous écoute (en toute impunité) les chefs d’état des principales

puissances mondiales. La question palestinienne, la lutte contre Al-Qaida, la pression sur

l’Iran sur la question du nucléaire, la stabilisation de l’Afrique, aucun dossier géopolitique ne

peut ignorer la parole de l’Amérique dont le réseau diplomatique est le plus vaste du monde

(plus de 150 ambassades dans le monde).

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Les USA n’ont jamais été aussi forts militairement depuis la fin de la guerre froide. Après

2001 et l’attaque terroriste, le budget de l’armée est en continuelle augmentation. Autour

de 692 Milliards de $ en 2010, soit 50% des dépenses militaires mondiales totales mais

seulement 4,8% du PIB US (1,5% pour la France, 2,8 pour la Chine, ce qui permet de

relativiser sa politique de militarisation comparativement aux dépenses américaines). 1ère

puissance nucléaire au monde, tant en terme de nombre d’ogives (plus de 2000) qu’en

terme de lanceurs. Plus globalement, les USA sont le seul pays au monde capable de projeter

des forces armées dans des délais de temps courts sur n‘importe quel point du globe, une

réalité qui trouve toute sa dimension à l’occasion de catastrophes naturelles (Banda Aceh le

26 décembre 2004, Haïti en janvier 2010 où les 1ers secours sur place ont été des soldats

américains).

La puissance culturelle : expression du soft power américain

Les spécificités de la culture américaine se fondent sur 2 dimensions dont la synthèse fait du

pays un modèle culturel que l’on est libre ensuite d’approuver ou de refuser :

Peuple de migrants, aux cultures riches et différentes. La culture américaine se

présente d’abord comme une synthèse de ces traditions, un espace de confluence où

ces héritages culturels différents se réunissent dans la volonté commune de partager

une même destinée, celle du peuple américain, qu’elle contribue à valoriser à travers

une énergie créatrice très dynamique pour donner naissance à une nouvelle tradition

culturelle, porteuse de valeurs spécifiques et productrice d’une mémoire commune.

Principe de l’Entertainment : la culture est vue comme une industrie qui étend à

l’échelle planétaire les principes qui la commandent. Défendre les valeurs nationales

et rechercher la rentabilité du produit ne représente en aucune manière une

contradiction pour un américain.

Si on applique ce modèle à l’exemple de New-York : la ville concentre une population issue

d’horizons particulièrement variés, 22 millions d’habitants dont 6 habitants sur 10 ont au

moins un ascendant issu directement d’un flux migratoire, elle incarne pleinement ce

foisonnement culturel qui fait le propre de la culture américaine, transcendée par la fierté

collective d’être américain, new-yorkais plus spécifiquement car la métropole occupe une

place à part dans l’imaginaire collectif américain5.

5 New-York n’est pas qu’un simple décor : la ville devient parfois un personnage à part entière,

particulièrement dans les films mettant en scène sa destruction. Détruire New-York est une obsession dans le cinéma US et un objet de fascination pour les spectateurs du monde entier: la planète des singes, 1968, avec une statue de la liberté à moitié enfouie dans le sable ; Le jour d’après, 2004, Armageddon, La guerre des mondes, 2005, Cloverfield, 2008. Détruire la ville, c’est détruire l’Amérique, avec ses symboles qui la représentent comme la Statue de la Liberté. Et quand la ville échappe au désastre, comme dans Ghostbuster II (1985) où la même statue, animée par l’énergie spirituelle des habitants de la ville, sauve New-York d’une menace surnaturelle, c’est pour mieux souligner le sentiment patriotique de la communauté, qui peut

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Woody Allen, dans un long plan-séquence ouvrant son film Manhattan [1977], embarque le

spectateur dans une longue description de la ville, ses quartiers, ses humeurs, à la tombée

de la nuit, la ville n’est plus un décor, mais nous entrons dans sa réalité à travers celle de ses

habitants qu’il prend plaisir à filmer pour en révéler l’énergie qui fonde à la fois l’urbanité

new-yorkaise mais fonctionne aussi comme un reflet de la mentalité américaine.

C’est dans ce sens que le cinéma américain contribue à jouer un rôle éminemment politique

(soft power), dans sa tendance à donner à voir une certaine image de l’Amérique,

consensuelle certes, parfois critique, qui rallie autour d’elle des spectateurs du monde entier

derrière un ensemble de valeurs mises en valeur pour en souligner leur prééminence

(liberté, individualisme, etc.).

3. Le Brésil dans le monde

Une puissance régionale à l’ambition mondiale : depuis 2003, le Brésil est à la tête du

G20 avec l’Inde et la Chine (groupe des BRICS : Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud).

Pays qui « pèse » en Amérique Latine : 1 habitant sur 2 est brésilien dans le continent.

pays gigantesque qui possède d’énormes richesses. Modèle économique qui en fait un

leader incontestable. Vieilles rivalités avec des pays voisins, l’Argentine en particulier,

mais le Brésil est une locomotive économique qui ne souffre pas de concurrence dans

l’espace régional.

Puissance économique de dimension mondiale : 1ère puissance industrielle d’Amérique

du Sud, 11 entreprises brésiliennes font partie des 500 premières mondiales en 2007.

10è place mondiale, peut-être au 5è rang en 2014 (position de la France aujourd’hui).

Grande puissance agricole : exporte 4,6% du volume alimentaire mondial. 1er rang pour

les agrumes, la canne à sucre, le café, 2è pour le soja, le tabac, le poulet, 3è pour la

viande bovine.

Présence d’importantes ressources naturelles. Exemple du pétrole avec des gisements

off-shore découverts en 2007 au large de Rio de Janeiro. Difficultés d’extraction (7000 m

de profondeur et 2000 de couches de sel) mais la possibilité à terme de se hisser au

niveau du Koweït avec, aux commandes, une entreprise géante, Petrobras dont 50% des

revenus reviennent à l’Etat. L’éthanol est une ressource importante au Brésil, 15% des

automobiles et 80% des nouvelles immatriculations roulent au biocarburant. Le pays est

autosuffisant sur le plan énergétique et devient une puissance exportatrice qui gagne en

puissance.

surprendre un spectateur français, mais demeure une réalité largement partagée par une majorité d’américains.

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Puissance diplomatique : les contributions humanitaires du Brésil x20 entre 2007 et

2010, notamment à destination de pays de la région Caraïbes (Haïti). Fort

volontarisme onusien avec une participation accrue aux missions de maintien de paix

(Minustah à Haïti pour aider le pays à lutter contre les trafiquants de drogue qui

gangrènent Port-au-Prince. Brésil très efficace dans ce domaine, grâce à l’expertise de

la Bopa - la police militaire - dans les favelas brésiliennes). « Nous sommes fatigués de

jouer en 2è division », Lula brigue un poste de membre permanent au Conseil de

Sécurité de l’ONU, fait passer le volume de casques bleus à 1300 hommes, faisant du

Brésil le 2è contributeur mondial, derrière l’Uruguay (7200 hommes). Veut faire

évoluer le Brésil, briser le regard traditionnel de l’Occident sur son pays : « un pays

d’avenir et qui le restera longtemps », disait Clémenceau du Brésil, en 1909.

Un activisme très important, mais non exempt de bévues : position ambiguë sur la

question nucléaire iranienne, le Venezuela et l’achat d’armes russes par Hugo Chavez.

Un silence contrariant dès lors que le Brésil va se plaindre du même type de

transactions entrepris par la Colombie auprès de son allié américain. Il critique le

Honduras pour l’absence de démocratie mais reste muet sur la situation à Cuba.

L’organisation de grands événements mondiaux sont des révélateurs de la montée

en puissance du Brésil : JO en 1016. Enjeu sportif, mais d’abord politique. Première

fois qu’un tel événement est organisé dans l’histoire de l’Amérique latine et le regard

du monde est fixé sur la capacité (réelle ou non) du Brésil à assurer la sécurité et à

organiser dignement un tel événement, après le succès manifeste de la Chine et de

l’Afrique du sud, autres pays émergents, dans les JO de 2008 et la coupe du monde de

football en 2010. Le budget pour les JO ont été fixés à 16,5 Milliards de $ (contre 11

Milliards pour les JO de Londres en 2012).

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II. A l’échelle locale, la ville brésilienne et américaine est l’espace de la puissance et celui

des défis sociaux auxquels ces pays sont confrontés

1. Le Brésil des villes : les lieux de la puissance économique

3 villes qui incarnent la puissance économique du pays :

Sao Paulo : capitale économique du Brésil, 35% du PIB national. Capitale du luxe, 4500

gratte-ciels, +700 nouvelles immatriculations/jour. Ville cosmopolite. Sao Paulo est le

lieu incontournable pour faire des affaires au Brésil. Urbanisation à l’américaine : CBD

(central Business district, le quartier des affaires), banlieues aisées en périphérie,

ghettos, shopping centers. Sa prospérité vient du café (avenue Paulista) et l’architecte

Oscar Niemeyer y a réalisé nombre de projets (béton courbe).

Rio de Janeiro : ancienne capitale jusqu’en 1960. Traverse ensuite une période de

déclin. Infrastructures désuètes, transports publics saturés, urbanisation sauvage,

corruption, drogue. Aujourd’hui, Rio vit une renaissance : industrie navale,

automobile, pharmaceutique ; tourisme (plage de Copacabana, festival) ; pétrole au

large de Rio sur une bande de 800 Km sur 200, 85% du pétrole brésilien y est extrait.

Son PIB dépasse celui du Chili. Attire une main-d’œuvre qualifiée, souvent étrangère.

Vitrine culturelle du pays : coupe du monde de football (2014), JO (2016), des

occasions pour lancer de vastes projets de rénovation urbaine (zone portuaire, centre

historique dégradé).

Brasilia : ville créée ex-nihilo sous la dictature militaire. Projet utopiste de déplacer le

centre de commandement à l’intérieur du pays pour faciliter la mise en valeur du

territoire brésilien en-dehors du Sudeste. Urbanisme sous la conduite de Lucio Costa,

Oscar Niemeyer. Ville hostile aux piétons, faite pour l’automobile à une époque où elle

représente le symbole du développement. Son plan au sol représente une forme

d’avion dont le nez pointe vers l’Amazonie, un axe central monumental d’où partent

des axes perpendiculaires. Ville très inégalitaire entre quartiers résidentiels et « cités

satellites » où 80% de la population doit subir de longs trajets quotidiens pour se

rendre à leur travail.

Capitale politique du Brésil (1er sommet Amérique du Sud/Pays arabes), mais une ville

à l’image négative dans l’imaginaire collectif : isolement, loin des réalités de la société.

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2. New-York: une ville mondiale qui concentre les éléments de la puissance US

Mégapole de 22 millions d’habitants (7% de la Pop), 3è ou 4è ville mondiale derrière Tokyo, Bombay, Mexico. Des lieux et des institutions incarnent cette puissance : Manhattan = cœur économique du pays (CBD), Siège de l’ONU, Siège de la plus grande bourse mondiale (12,7% des emplois de la ville, 36% des richesses produites viennent des activités financières). Ville = point focal des flux de toutes natures qui sont à l’origine de la puissance économique et financière (finance, transports aériens, internet)

Concentration de 4 éléments de domination à l’échelle mondiale: Lieu qui concentre les centres de commandement de l’éco mondiale (25% des sièges

sociaux des 500 plus grandes Entreprises mondiales). Présence des sociétés de finance.

Lieu de l’innovation (technologie, mais aussi culturelle6).

Marché pour les nouveaux produits.

New-York incarne pleinement la notion d’ « Hintermonde » : notion qui s’oppose à la

notion d’Hinterland (modèle centre /périphérie). Ici, l’Hintermonde présente un centre

qui se déconnecte de sa périphérie et communique en réseau avec d’autres centres

urbains dans le monde, avec lesquels il communique et entretient des relations de

toutes natures (économiques, financières, culturelles, etc.). toutes les villes ne sont pas

confrontées à cette situation. L’hintermonde suppose un certain seuil d’entreprises,

d’activités mondialisées, concentrées dans un même quartier (CBD), mis en relation

avec d’autres CBD grâce à des réseaux de communication, matériels (aéroports),

immatériels (flux internet) particulièrement denses. C’est le réseau des hintermondes

entre eux qui constitue l’AMM, l’Archipel Métropolitain Mondial et pilote l’économie

mondiale.

New-York/Londres: sœurs siamoises? Question posée par le magazine Newsweek

en novembre 2000 : et si Londres et N-Y étaient devenues une seule et même ville ?

Photo avec une jeune fille et Tee-shirt « I Love NY-LON ». L’océan Atlantique les

sépare mais les interconnexions sont nombreuses : réseaux d’affaires, échanges

culturels. Complémentarité plus que concurrence (entreprises qui disposent de leurs

services financiers à N-Y et services non financiers à Londres : comptabilité, services

juridiques, publicité).

6 Forte influence des milieux de la mode, monde des enchères dans le milieu des Arts (Christie’s, Sotheby’s). Le

marché de l’art émerge dans les années 50, autour de figures comme Andy Warhol, le Pop Art (tableau d’Impressionnistes vendus à +d’1 Milliard de $). Foisonnement artistique qui se prolonge par des écoles, universités, des équipements culturels (Metropolitan Muséum, N-Y City Ballet, Broadway).

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Déconnection entre l’hyper-centre (CBD) et le reste de la ville, confrontée à ses

propres problèmes, complètement ignorées par le centre qui se vit dans l’espace

urbain comme une « île » déconnectée du destin de la ville. L’hintermonde pose le

problème de l’éclatement du fait urbain. Un élément qui est pris en compte dans la

hiérarchie des villes globales. Parmi les critères d’évaluation, un concerne la qualité

de vie : services de base, accès à la santé, loisir, libertés personnelles y compris celle

de mouvement. 1ère = Vancouver, Paris en n°10, New-York n’apparaît pas dans les 10

premières (par contre, n°2 pour la puissance financière derrière Londres et flux

d’information).

3. Des espaces de défis

Les Favelas, les territoires de l’insécurité : la société brésilienne est une société

violente : en 30 ans, 3 Millions de personnes ont péri de mort violente, 37.000 morts/an

sur la route, 50.000 homicides/an (90% ados et hommes de -39 ans) et seulement 5%

sont sanctionnés par une condamnation. La police a une réputation de violence

également : responsable de 375 morts aux Etats-Unis en 2006 contre 1330 morts rien

qu’à Rio de Janeiro, soit une moyenne de 4 morts/jour attribués aux policiers. En 2008,

toujours à Rio, sur 23 arrestations, 1 finie abattue par la police.

La violence se concentre d’abord en ville, plus particulièrement dans les quartiers des

favelas (bidonvilles construits sur les hauteurs): Sao Paulo, 3% des hommes y seront

assassinés entre 2010 et 2020 (6% à Rio). Les favelas regroupent 54 Millions d’habitants

au total, 1/3 des villes brésiliennes possèdent des favelas. On en compte 1000 rien qu’à

Rio pour 30% de sa population sur 3,7% de son territoire. La plus grande, Rocinha a

gagné +80% de pop en 10 ans (plus d’1 million d’habitants).

Territoires des narcotrafiquants, guerres de gangs (« Tropa de Elite » de José Padilha,

2007 ; « la cité de Dieu » de Fernando Meireles, 2002).

La ville, territoire des avancées sociales : Exemple de la bolsa familia : depuis 2003,

l’Etat verse une aide mensuelle aux plus pauvres à condition que les enfants soient

scolarisés et vaccinés (si revenus inférieurs à 23 euros/mois, l’Etat verse 23 euros + 8

euros/enfant de moins de 15 ans. Maximum, 3 enfants. Salaire minimum au Brésil = 180

euros/mois). Le montant versé permet donc aux plus pauvres de subvenir à leurs

besoins, de sortir de la misère, sans pour autant toucher suffisamment pour basculer

dans l’assistanat. L’argent est systématiquement confié à la mère, qui se voit remettre

une carte bancaire (pas d’argent liquide) et l’ouverture d’un compte. 1 brésilien sur 4

profite de la bolsa familia : plus grand programme de transfert d’argent vers les

pauvres au monde (catégorie qui passe au Brésil de 34% à 25% de la population en 3

ans). Politique qui a une dimension d’abord urbaine, les plus pauvres vivant dans les

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favelas, et qui contribue à modifier le visage même des villes (à Rocinha, 90% des

habitants possèdent une télévision).

Retour de l’Etat dans les territoires des favelas : électricité, Wifi gratuit, bâtiments

reconstruits par les municipalités, logement gratuit pour les plus pauvres. Mesures

précédées par un retour en force de la police pour chasser les narcotrafiquants. Retour

en 3 étapes :

Envoi des troupes de choc de la police militaire (les BOPA). Scènes de guerre

civile, combats de rue.

3 mois plus tard, le relais est confié à une UPP (Unité de police pacificatrice) :

police classique qui correspondrait en France à une police de proximité,

construction de commissariats dans les Favelas. Présence policière pour rassurer

la population et décourager le retour des trafiquants.

Rétablissement de la puissance publique par des mesures symboliques (citées

plus haut).

Le problème des inégalités économiques et sociales aux Etats-Unis

Inégalités sociales déjà très fortes déjà très fortes au XIXe. C’est en ville qu’on les mesure le

plus : à Philadelphie, on compte en moyenne 55 familles ouvrières par immeuble, le plus

souvent 1 pièce/famille, sans collecte d’ordures, sans toilettes, sans point d’eau. A N-Y, pas

d’évacuation des eaux usées qui s’écoulent dans les caves où logent les plus pauvres.

Epidémie de Typhoïde en 1837, de Typhus en 1842. Les riches désertèrent la ville mais les

pauvres y restèrent et moururent en grand nombre. Des conditions de vie difficiles qui

engendrent des mouvements de révolte, violence contre les riches, contre les noirs

également, mouvements de grève et manifestations, voire des retours au pays pour un

certain nombre de migrants (Les cendres d’Angela, Franck Mac Court, 1997, adapté au

cinéma par Alan Parker en 1999)

Aujourd’hui, derrière le « rêve américain » (déjà dénoncé dans la comédie musicale West

Side Story en 1957), les problèmes de pauvreté et d’inégalités demeurent un vaste

problème dans un pays libéral, qui considère que l’élévation sociale dépend d’abord du

talent et des efforts de chacun.

A travers la valeur médiane des prix de l’immobilier, on peut saisir la diversité et les

inégalités sociales dans la ville. New-York est l’une des villes les plus chères du monde : 1

appartement sur Central Park coûte en 2009 entre 10 et 30 Millions de $. A l’opposé, la

mortalité infantile est un facteur qui permet de saisir le contraste des inégalités selon les

quartiers, elle évolue jusqu’à un maximum de 16/°° (25% des quartiers ont une mortalité

infantile supérieure à 9/°°), un record au sein des grandes métropoles de la Triade (Paris en

comparaison connaît un maximum de 9/°° pour une moyenne à 7/°°). Le problème de

l’insécurité est aussi un autre facteur qui permet de comprendre le poids des inégalités

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sociales au sein d’une société où 283 millions d’armes circulent en toute légalité. Elle est un

objet de fascination (les séries TV le démontrent) autant qu’un sujet de peur et de

préoccupation. A N-Y, Rudolf Giuliano, maire de 1994 à 2001, ancien procureur général, lutte

contre la petite délinquance, culture du résultat dans la police. Beaux immeubles du centre

sous vidéosurveillance, Gated Communities en périphérie7.

Les problèmes des inégalités à l’échelle du pays : 12% de la population vit en-dessous du

seuil de pauvreté (804$/mois). 45 Millions d’américains vivent sans couverture sociale (pays

classé 37è par l’OMS pour l’inefficacité de son système de santé). La loi garantit un niveau de

remboursement des soins entre 75 et 90% des sommes pour des dépenses inférieures à

2250$ et supérieures à 3600$. Entre ces deux sommes, l’assuré assume lui-même les frais

(ce qu’on appelle le « Donut Hole »). 40 Millions d’américains bénéficient du Walfare

capitalism : système d’assurances privées, prises en charge par l’employeur. Projet du

président Bush de privatiser complètement le système de santé (comptes d’épargne

individuels) remplacé depuis par le projet d’Obama de fonder une véritable assurance-

maladie sur le modèle français, mais refusé par une large part de la population.

L’Ouragan Katrina, été 2005, illustre le poids des inégalités au sein de la société américaine

avec la situation à la Nouvelle-Orléans : 80% de la ville sous les eaux du lac Pontchartrain

après que les digues protégeant la ville aient cédé. 1500 morts en Louisiane, 700 portés

disparus, 30 Milliards de dégâts. Impression d’une sélection des victimes en fonction du

niveau économique et de la couleur de peau. Pourtant, ville à majorité noire (66% de la pop.)

et pauvre (1 ménage sur 2). Mais le sauvetage a été difficile à organiser : Louisiane, état le

plus pauvre du pays et l’aide fédérale à peu assisté les victimes. 1 an après la catastrophe,

350.000 personnes étaient toujours sans abri pour une ville de 600.000 Habitants (situation

d’abandon bien rendue dans la série à succès Treme).

Autre défi propre aux villes américaines : gérer le problème de l’étalement urbain

4/5è des américains vivent dans les 274 Aires Urbaines. Les villes s’étendent (« urban

sprawling ») : elles couvrent 16% du territoire (3x la France). Contre 10% en 1970. Cités

tentaculaires (Denver, 1600 mètres d’altitude, s’étire sur 25 Km, plus grand centre urbain

dans un rayon de 900 Km).

Etalement qui entraîne des problèmes de gouvernance dans la ville :

Espaces péricentraux : quartiers plutôt pauvres, ghettos et forte ségrégation raciale

(Harlem, Bronx à New-York). La dégradation de ces quartiers entraîne la fuite des

résidents les plus aisés. De grands projets de rénovation ont été menés depuis les

7 Llewellyn Park, plus ancien lotissement privé des USA, 1854, lieu de retraite pour les citoyens de New-York

pour se reposer dans des maisons de campagne. Idéal pastoral : design curviligne des rues, espace entouré de bois. Aucune activité industrielle ou commerciale n’y est autorisée. Pas de bruit, de nuisance, pas d’industrie, la pauvreté y est absente. Lieu de résidence de la bourgeoisie new-yorkaise, on y trouve la résidence de Thomas Edison.

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années 90. Volonté d’attirer des activités dynamiques, économique et culturelles. Par

exemple à Time Square, projet entamé en 1992, la rénovation est financée par Walt

Disney Cie qui y installe ses bureaux, le quartier a été débarrassé de ses boutiques

pornos laissant la place à un centre commercial et à des bureaux de grandes firmes.

Espaces périurbains : quartiers pour classes plus aisées (les grandes banlieues

pavillonnaires qui ont été célébrées dans certaines séries, comme Ma sorcière bien-

aimée dans les années 60, depuis, objet de répulsion, comme on le constate de façon

récurrente dans les films de Tim Burton, lui-même ayant grandi dans l’une de ses

banlieues en Californie. Le mouvement de périurbanisation commence dans les

années 1920-1930 sous la forme de lotissements destinés aux classes supérieures.

Localisés le long des axes ferroviaires et des voies de tramway. Le géographe Jean

Gottmann dénonce, dans les années 1960, leur consommation d’espace à travers la

maison individuelle entourée d’espaces verts. La voiture, le pavillon, le jardin privatif

définissent après 1945, les éléments de l’American Way of Life. Paysages monotones,

uniformes, dont le développement suit celui des 30 Glorieuses et qui s’éloignent

toujours plus des centres urbains, d’où un problème d’identité pour ces habitants et

de gouvernance pour les autorités communales (autour des questions de fiscalité par

exemple : ces habitants, plutôt aisés, se désolidarisant des problématiques générales

de la ville dont ils ne se sentent plus membres à part entière).

III. échelle régionale : marqueur d’un aménagement du territoire différent : d’un territoire

maitrisé à un territoire du possible.

1. Etats-Unis : l’organisation régionale du pays témoigne d’une maitrise du territoire

acquise depuis 1890 (fin de la Frontière)

Densité moyenne de 31 hab/Km², donc un territoire qui paraît peu occupé.

Conséquence de sa superficie (16x la France, soit 9,3 Millions de Km², 4è rang mondial,

4500 Km d’Est en Ouest, soit la distance de la Mer Caspienne à Lisbonne, 2500 Km du

Nord au Sud, distance de Stockholm à Athènes), de milieux naturels contraignants et

d’héritages historiques (peuplement par l’Est).

L’espace américain est marqué par des vides et des pleins qui témoigne d’une parfaite

maîtrise du territoire. Répartition de la population selon une logique d’archipels :

Région de grands lacs et la Megalopolis de Boston à Washington : densités

équivalentes à l’Europe sur un espace étendu.

Ailleurs : polarisation des densités autour de grandes métropoles, mais dont le

territoire s’étend sur un périmètre restreint (San Francisco, Los Angeles, San

Diego, Dallas-Houston, Nouvelle-Orléans). Quelques pôles isolés (Phoenix,

Denver).

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La population américaine n’est pas figée : esprit pionnier qui génère une redistribution de la

population à l’échelle interrégionale :

Sun Belt : espace plus peuplé que le Canada, qui s’étire du Sud de la Megalopolis

jusqu’à la façade Pacifique. Espace qui attire les hommes, les activités. Espace qui

s’ouvre également en direction des frontières (Mexique et Canada), via des ports et

des Hubs aéroportuaires.

Nord-est : également polarisé par l’espace de la Mégalopole. Peuplement historique

des Etats-Unis, 1ères villes aujourd’hui tendance à la conurbation.

Espaces intérieurs semblent laissés de côté : Middle West Grandes plaines =

agriculture / Montagnes Rocheuses = Parcs naturels et Tourisme donc espaces

récréatifs).

Les réseaux de transports, denses, participent de la puissance américaine. Ils s’étirent

d’Est en Ouest avec quelques axes Nord-Sud (le long de la côte Pacifique, Axe du

Mississippi, de New-York à la Nouvelle-Orléans). Axes qui se croisent à des points

nodaux (Hubs, carrefours terrestres). La longueur des réseaux est exceptionnelle : 6

Millions de Km de routes, 270.000 Km de voies ferrées, canaux reliant le Golfe du

Mexique au St-Laurent puis à l’Atlantique.

2. La Californie : une région qui synthétise tous les éléments de la puissance américaine.

Un état qui a les dimensions de la Suède, avec la population du Canada. 7è puissance

économique mondiale. Elle condense de nombreux éléments de la puissance américaine :

Puissance du secteur tertiaire : Silicon valley qui regroupe des centaines d’entreprises

de Haute technologie. Poids important des universités californiennes : établissements

publics mais soutenus par des fonds privés, des établissements privés, comme Stanford,

à la réputation mondiale. Au total, le secteur universitaire regroupe 10 campus sur tout

le territoire, de Berkeley le plus ancien à Merced, le plus récent (2005). 200.000

étudiants et 7500 chercheurs. Etat d’esprit tourné vers la compétition, la recherche de

l’excellence, illustré par le sport. La réussite dans le sport est un élément important dans

le processus de sélection universitaire.

Puissance politique : son gouverneur, Schwarzenegger, dirige une région extrêmement

riche, centre d’impulsion à l’échelle nationale, parfois à contrecourant des décisions de

l’état fédéral : en 2006, il refuse de doubler les effectifs de la Garde Nationale, dans un

contexte nationale de politique sécuritaire, il applique les principes de Kyoto alors que

les USA n’ont pas signé le texte (même si la Californie reste le 12è pollueur mondial). En

2007, 3 ans avant la loi proposée par Obama, il était déjà favorable à la mise en place

d’une couverture santé universelle.

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Puissance urbaine et culturelle : Los Angeles domine avec 4 millions d’habitants,

capitale mondiale du cinéma. Incarne la puissance de l’Entertainment avec Hollywood,

petit bourg situé à 5 Km du Downtown de L.A, qui devient, entre 1915 et 1930, le cœur

de la production cinématographique. Le panneau « Hollywood » devient un symbole

mondial (il est installé en 1923). Présence des Majors : Universal, Paramount, Columbia,

Fox, MGM, même si les USA ne sont pas les plus grands producteurs de films au monde

(Inde Nigéria), ils sont le pays qui exportent le plus leurs films.

Région qui incarne la puissance économique du pays insérés dans la mondialisation:

l’exemple du vin. 1ère région agricole américaine, 3% de la SAU mais 10% de la valeur

agricole totale. Concernant la situation de la vigne, le climat et le sol lui sont favorables,

renaissance de la viticulture après 1970. 2 bouteilles sur 3 consommées aux USA

viennent de Californie. Forte présence dans la vallée de la Sonoma, production de

qualité (Chardonnay, Merlot, Cabernet Sauvignon). Production tournée vers

l’exportation à partir de 2003 (crise de surproduction), mais offre de plus en plus

tournée vers la qualité : vins médaillés dans des compétitions internationales. 4è

producteur mondial (Italie, France, Espagne, la Chine est 5è mais montée en puissance

qui va reconfigurer la hiérarchie mondiale). CA = 14 Milliards de $. Exporte vers 133 pays

(GB, Canada, Japon). 200.000 emplois en Californie.

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3. Situations plus contrastés au Brésil : 4 régions très inégalement aménagées

Le Sudeste : Région la plus dynamique du pays : IDH moyen = 0,8-0,9 (IDH, indice de

développement humain. Indicateur statistique mis au point par l’ONU dans les

années 90 pour pallier à l’inconvénient de considérer la situation d’un pays sous

l’angle unique de sa richesse ou de sa pauvreté. Besoin d’un indicateur nouveau, plus

complet, qui prenne en compte le niveau de développement de la société. Un pays

peut être riche, mais, pour des raisons diverses, faire le choix de ne pas en faire

profiter sa population. Et inversement : Cuba est globalement pauvre, mais son

système de soin est très performant. L’IDH prend en compte 4 indicateurs : le

PIB/hab, et 3 indicateurs sociaux : espérance de vie, scolarisation, mortalité infantile.

L’Indice va de 0 à 1, O étant le plus bas, 1 étant le plus élevé. La France à un IDH

autour de 0,98). Région qui concentre 60% du PIB national, les villes les plus

peuplées, les plus riches. Région elle-même peuplée (78 millions d’habitants sur 194

millions pour une région qui représente 10% du territoire national). Région qui

incarne le dynamisme économique, culturel du pays.

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Le Nordeste : le territoire de la pauvreté : le Sertao, région désertique qui se trouve

au cœur du Nordeste.

Une région marqueur de la présence noire dans le pays : Brésil, 2è état noir au

monde (1er = Nigéria). 45% de la population noire vit au Nordeste. Salvador da Bahia,

capitale de a région est ainsi un marqueur fort du peuplement noir et du passé

esclavagiste du pays (abolition en 1888). Ville « nègre » avec son centre historique, le

Pelourinho (« pilori »), espace réservé au poteau de torture.

Le Mato Grosso : un territoire révélateur de la puissance agricole du Brésil et des

défis environnementaux auxquels il est confronté. « Mato Grosso » = « Grosse

Forêt » en Portugais. Espace composé de collines et de plaines, présence de forêt

(antichambre de l’Amazonie ». aujourd’hui, déboisage énorme, paysage de champs

de cannes à sucre.

Mato Grosso = ferme du Brésil. 1/3 de l’éthanol mondial y est produit, dont 85%

sont réservés au marché intérieur. 7,8 Millions d’ha aujourd’hui, 14 Millions prévus

pour 2020. Enormes investissements de la part de l’état, de sociétés privées dans une

région grande comme 2x la France.

Questions sociales et environnementales très importantes : problème du statut des

coupeurs de cannes à sucre, qui travaillent 8 mois par an dans des conditions

terribles : mal payés, syndicalisme bloqué avec la menace des grands propriétaires de

recourir à la force mécanique, santé fragile (coupent 10 Tonnes/jour, soit l’équivalent

d’un marathon/jour).

La question environnementale concerne la déforestation et les méthodes agricoles

utilisées, en l’occurrence le recours à la technique du brûlis (mettre les champs en

feu = feuilles de cannes détruites mais pas la tige). Le besoin en terres pour la

production d’Ethanol repousse l’élevage et les culturelles traditionnelles dans les

périphéries, plus particulièrement en direction de l’Amazonie.

L’Amazonie : conquête de l’Amazonie dans les années 60. La dictature militaire traite

la région comme un front pionnier :

Dans l’exemple du Brésil, c’est donc le moment où le gouvernement permet aux

pauvres de favelas de partir vers l’Amazonie avec l’espoir d’une vie meilleure en

cultivant la terre. Vaste mouvement de déforestation, doublé de la mise en

construction de routes transamazoniennes et du déplacement de la capitale à

l’intérieur du pays.

Dans les années 70 : le gouvernement, pour augmenter la rentabilité de

l’exploitation de l’Amazonie, en confie la gestion et l’aménagement à de grands

groupes privés. C’est le point de départ du mouvement des « Sans Terres »,

représentés par le groupe de premiers venus, qui vont se faire exproprier par ces

grands propriétaires dans un contexte où la loi reste confuse (les sans terres

possèdent des lopins attribués mais les ont agrandi en « rognant » sur les marges de

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la forêt, et les grands groupes se prévalent de l’invitation de l’Etat pour justifier

l’expropriation des petits paysans). Aujourd’hui, ce sont 4,5 millions de paysans qui

forment le groupe des sans-terres. Beaucoup de violences dans un espace où la

présence de l’état est faible. Les grands propriétaires sont à la tête de troupes

privées, corruption des magistrats, policiers. Problème des assassinats des

opposants. Manaus, capitale de l’Amazonie, est l’une des villes les plus violentes du

monde.

Le problème de la déforestation est toujours d’actualité car elle a atteint un seuil

problématique, fruit de l’accumulation des politiques précédentes (en 30 ans, on a

supprimé l’équivalent du territoire de la France + Belgique + Luxembourg + Suisse +

50% de l’Allemagne. Pour une forêt primaire qui représente 1/3 des forêts tropicales

mondiales). Aujourd’hui, la protection de l’Amazonie progresse, avec Lula, il y a une

prise de conscience politique plus forte et les associations non-gouvernementales

considèrent que le rythme de la déforestation actuelle ne constitue plus un danger

pour la forêt.

Le cas particulier des Indiens d’Amazonie : 1 million, soit 0,5% de la population

totale. 600.000 vivent dans des réserves. Problème en apparence mineure, mais :

Les 635 réserves occupent 12% de la superficie totale du Brésil. Responsabilité et

implication de ces populations dans la gestion paysagère et économique de

régions périphériques.

Incarnent une facette de la diversité culturelle du Brésil. Nécessité de protéger

des populations qui s’adaptent mal à la vie moderne (taux de suicide élevé,

problème de l’alcoolisme) qui possèdent des cultures élaborées et menacées

d’extinction (Guarani et visibilité mondiale du problème des Indiens Brésiliens

avec la figure de Rauni et de son soutien par des stars internationales comme

Sting, le groupe Sepultura, brésilien lui-même. Personnage accueilli par des chefs

d’Etat, etc.).