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1 Levy’s «Et si...» xxxx Et si c’était vrai... de Marc Levy Édition Robert Laffont, S.A., Paris 2000 À Louis 1 Eté 1996 Le petit réveil posé sur la table de nuit en bois clair venait de sonner. Il était cinq heures trente, et la chambre était baignée d’une lumière dorée, que seules les aubes de San Francisco déversent. Toute la maisonnée dormait, la chienne Kali couchée sur le grand tapis, Lauren enfouie sous la couette au milieu de son grand lit. L’appartement de Lauren surprenait par la tendresse qui s’en dégageait. Au dernier étage d’une maison victorienne sur Green Street, il se composait d’un salon-cuisine à l’américaine, d’un dressing, d’une grande chambre et d’une vaste salle de bains avec fenêtre. Le sol était en parquet blond à lattes élargies, celles de la salle de bains étant blanchies à la peinture et quadrillées de carreaux noirs peints au pochoir. Les murs blancs s’ornaient de dessins anciens chinés dans les galeries d’Union Street, le plafond était bordé d’une moulure boisée finement ciselée par les mains d’un menuisier talentueux du début du siècle, que Lauren avait rechampie d’une teinte caramel. Quelques tapis de coco gansés de jute beige délimitaient les coins du salon, de la salle à manger, et de la cheminée. Face à l’âtre, un gros canapé en cotonnade écrue invitait à une assise profonde. Les quelques meubles épars étaient dominés par de très jolies lampes rehaussées d’abat-jour plissés, acquises une à une au fil des trois dernières années. La nuit avait été très courte. Interne en Ojalá fuera cierto de Marc Levy _________ 1 Verano de 1996 Acababa de sonar el pequeño despertador que había sobre la mesita de noche de madera clara. Eran las cinco y media, y una luz dora- da que sólo esparcen los amaneceres de San Francisco bañaba la habitación. Toda la familia dormía: Kali, la perra, tendida al píe de la cama, sobre la alfom- bra, y Lauren, enterrada bajo el edredón, en el centro de la gran cama. El apartamento de Lauren sorprendía por la ternura que emanaba. Estaba situa- do en el primer piso de una casa victoriana de Green Street y se componía de un sa- lón con cocina americana, un amplio dor- mitorio, un vestidor y un enorme cuarto de baño con ventana. El suelo era de ta- blas de madera alargadas de color tostado, excepto en el cuarto de baño, donde estaban pintadas de blanco alternando con pequeños cuadrados en negro. Las paredes, blancas, estaban decoradas con dibujos chinos anti- guos adquiridos en las galerías de Union Street, y una moldura de marquetería fina- mente cincelada por las manos de un hábil ebanista de principios de siglo, que Lauren había barnizado en un tono caramelo, bor- deaba el techo. Unas alfombras de coco ri- beteadas de yute beis delimitaban los espa- cios del salón, el comedor y la chimenea. Frente al hogar, un gran sofá tapizado en algodón crudo invitaba a arrellanarse. Los escasos muebles dispersos estaban domi- nados por preciosas lámparas con pantallas plisadas, que había ido adquiriendo a lo lar- go de los tres últimos años. La noche había sido muy corta. La guar- X X

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Levy’s «Et si...» xxxx

Et si c’était vrai...

de

Marc Levy

Édition Robert Laffont, S.A.,Paris 2000

À Louis

1

Eté 1996

Le petit réveil posé sur la table de nuiten bois clair venait de sonner. Il était cinqheures trente, et la chambre était baignéed’une lumière dorée, que seules les aubesde San Francisco déversent.

Toute la maisonnée dormait , lachienne Kali couchée sur le grand tapis,Lauren enfouie sous la couette aumilieu de son grand lit.

L’appartement de Lauren surprenaitpar la tendresse qui s’en dégageait. Audernier étage d’une maison victoriennesur Green Street, il se composait d’unsalon-cuisine à l’américaine, d’undressing, d’une grande chambre et d’unevaste salle de bains avec fenêtre. Le solétait en parquet blond à lattes élargies,celles de la salle de bains étant blanchiesà la peinture et quadrillées de carreauxnoirs peints au pochoir. Les murs blancss’ornaient de dessins anciens chinés dansles galeries d’Union Street, le plafondétait bordé d’une moulure boiséefinement ciselée par les mains d’unmenuisier talentueux du début du siècle,que Lauren avait rechampie d’une teintecaramel. Quelques tapis de coco gansés dejute beige délimitaient les coins du salon, dela salle à manger, et de la cheminée. Face àl’âtre, un gros canapé en cotonnade écrueinvitait à une assise profonde. Les quelquesmeubles épars étaient dominés par de trèsjolies lampes rehaussées d’abat-jourplissés, acquises une à une au fil destrois dernières années.

La nuit avait été très courte. Interne en

Ojalá fuera cierto

de

Marc Levy

_________

1

Verano de 1996

Acababa de sonar el pequeño despertadorque había sobre la mesita de noche de maderaclara. Eran las cinco y media, y una luz dora-da que sólo esparcen los amaneceres de SanFrancisco bañaba la habitación.

Toda la familia dormía: Kali, la perra,tendida al píe de la cama, sobre la alfom-bra, y Lauren, enterrada bajo el edredón,en el centro de la gran cama.

El apartamento de Lauren sorprendíapor la ternura que emanaba. Estaba situa-do en el primer piso de una casa victorianade Green Street y se componía de un sa-lón con cocina americana, un amplio dor-mitorio, un vestidor y un enorme cuartode baño con ventana. El suelo era de ta-blas de madera alargadas de color tostado,excepto en el cuarto de baño, donde estabanpintadas de blanco alternando con pequeñoscuadrados en negro. Las paredes, blancas,estaban decoradas con dibujos chinos anti-guos adquiridos en las galerías de UnionStreet, y una moldura de marquetería fina-mente cincelada por las manos de un hábilebanista de principios de siglo, que Laurenhabía barnizado en un tono caramelo, bor-deaba el techo. Unas alfombras de coco ri-beteadas de yute beis delimitaban los espa-cios del salón, el comedor y la chimenea.Frente al hogar, un gran sofá tapizado enalgodón crudo invitaba a arrellanarse. Losescasos muebles dispersos estaban domi-nados por preciosas lámparas con pantallasplisadas, que había ido adquiriendo a lo lar-go de los tres últimos años.

La noche había sido muy corta. La guar-

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médecine au San Francisco MémorialHospital, Lauren avait dû prolonger sagarde bien au-delà des vingt-quatre heureshabituelles, en raison de l’arrivage tardif desvictimes d’un grand incendie. Les premièresambulances avaient jailli dans le sas desurgences dix minutes avant la relève et elleavait engagé sans attendre le dispatchingdes premiers blessés vers les différentessalles de préparation, sous les regardsdésespérés de ses équipiers. Avec uneméthodologie de virtuose, elle auscultait enquelques minutes chaque patient, luiattribuait une étiquette de couleurmatérialisant la gravité de la situation,rédigeait un diagnostic préliminaire,ordonnait les premiers examens et dirigeaitles brancardiers vers la salle appropriée. Letri des seize personnes débarquées entreminuit et minuit quinze fut terminé à minuittrente précise, et les chirurgiens, rappeléspour la circonstance, purent commencerleurs premières opérations de cette longuenuit dès une heure moins le quart.

Lauren avait assisté le Dr Fernsteinau cours de deux intervent ionssuccessives, elle ne rentra chez elle quesous les ordres formels du médecin, quilui fit valoir que, la fatigue trompant savigilance, elle mettait en péril la santéde ses patients.

Au milieu de la nuit, elle quitta leparking de l’hôpital au volant de saTriumph, rentrant chez elle à vive allure parles rues désertes. « Je suis trop fatiguée etje roule trop vite », se répétait-elle de minuteen minute, pour lutter contrel’endormissement, mais l’idée de retourneraux urgences, côté salle et non côtécoulisses, suffisait en elle-même à la teniréveillée.

Elle actionna la porte télécommandéede son garage, y gara sa vieille automobile.Passant par le corridor intérieur, elleescalada quatre à quatre les marches del’escalier principal, et entra chez elle avecsoulagement.

L’aiguille de la pendulette posée sur lacheminée marquait la demie de deux heures.Lauren fît tomber ses vêtements à terre aumilieu de son grand living. D’une nuditéparfaite, elle se rendit derrière le bar pourse préparer une tisane. Les bocaux quiornaient l’étagère en contenaient de toutesessences, comme si chaque moment de lajournée avait son parfum d’infusion. Elleposa la tasse sur sa table de chevet, se blottitsous la couette et s’endormitinstantanément. La journée précédente avaitété beaucoup trop longue, et celle quis’annonçait nécessitait un lever matinal.

dia de Lauren, doctora interna en el SanFrancisco Memorial Hospital, se había pro-longado mucho más de las veinticuatro ho-ras habituales debido a la llegada, a últimahora, de las víctimas de un gran incendio.Las primeras ambulancias habían llegado aurgencias diez minutos antes del relevo yLauren había comenzado a enviar a los he-ridos a las diferentes salas de preparación,ante la mirada desesperada de sus compa-ñeros. Con una metodología de virtuoso,auscultaba en unos minutos a cada pacien-te, le asignaba una etiqueta del color co-rrespondiente a la gravedad de su estado,redactaba un diagnóstico preliminar, orde-naba las primeras pruebas y enviaba a loscamilleros a la sala apropiada. La clasifica-ción de las dieciséis personas desembarca-das entre las doce y las doce y cuarto de lanoche terminó a las doce y medía en punto,y los cirujanos cuya presencia se había re-querido pudieron comenzar las primerasoperaciones de aquella larga noche a la unamenos cuarto.

Lauren había asistido al doctor Fernsteinen dos intervenciones seguidas y no regre-só a casa hasta que recibió la orden expresadel médico, quien la convenció de que elcansancio le hacía bajar la guardia, con elconsiguiente peligro para la salud de suspacientes.

Salió en plena noche del aparcamientodel hospital al volante de su Triumph y sedirigió a su casa a gran velocidad por lascalles desiertas. «Estoy demasiado cansa-da y conduzco demasiado deprisa», se re-petía una y otra vez para luchar contra lasomnolencia, aunque la idea de volver aurgencias en camilla, y no por su propiopie, bastaba por sí sola para mantenerladespierta.

Pulsó el mando a distancia de la puertadel garaje y aparcó el viejo automóvil. Pa-sando por el pasillo interior, subió de cua-tro en cuatro los peldaños de la escaleraprincipal y entró en su casa con una sensa-ción de alivio.

Las agujas del reloj de péndulo colgadosobre la chimenea marcaban (as dos y me-dia. Lauren dejó caer su ropa al suelo enmedio del gran salón. Completamente des-nuda, pasó al otro lado de la barra para pre-pararse una infusión. Los tarros que ador-naban la estantería contenían toda clasede hierbas, como si a cada momento deldía le correspondiera un aroma. Dejó lataza en la mesita de noche, se acurrucóbajo el edredón y se durmió en el acto. Eldía anterior había sido demasiado largo, yel que se anunciaba exigía levantarse tem-prano. Aprovechando los dos días de fiesta,

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Profitant de deux jours de congé, qui pourune fois coïncidaient avec un week-end, elleavait accepté une invitation chez des amis,à Carmel. Si la fatigue accumulée justifiaitpleinement une grasse matinée, rien n’auraitpu lui faire retarder ce réveil précoce.Lauren adorait le lever du jour sur cetteroute qui borde le Pacifique, et relie SanFrancisco à la baie de Monterey. À moitiéendormie elle chercha à tâtons le poussoirqui interromprait le carillon du réveil. Ellese frotta les yeux de ses deux poings ferméset posa son premier regard sur Kali, couchéesur le tapis.

- Ne me regarde pas comme ça, je nefais plus partie de cette planète. Au son desa voix, sa chienne s’empressa de faire letour du lit et posa sa tête sur le ventre de samaîtresse. « Je t’abandonne pour deux joursma fille. Maman passera te chercher versonze heures. Pousse-toi, je me lève et je tedonne à manger.»

Lauren déplia ses jambes, bâillalonguement en étirant ses bras vers le ciel,et sauta sur ses deux pieds joints.

Tout en se frottant les cheveux elle passaderrière le comptoir, ouvrit le réfrigérateur,bâilla à nouveau, sortit beurre, confiture,toasts, boîte pour le chien, un paquetentamé de jambon de Parme, un morceaude Gouda, une tasse de café, deux pots delait, une coupe de compote de pommes,deux yogourts nature, des céréales, un demi-pamplemousse ; l’autre moitié resta surl’étagère du bas. Kali la regardant enhochant la tête à plusieurs reprises, Laurenlui fit les gros yeux et cria :

- J’ai faim !

Comme d’habitude, elle commença parpréparer le petit déjeuner de sa protégéedans une lourde gamelle en terre cuite.

Elle composa ensuite son propre plateauet se mit à son bureau. De là, elle pouvaiten tournant légèrement la tête contemplerSaussalito et ses maisons accrochées auxcollines, le Golden Gâte tendu comme untrait d’union entre les deux côtes de la baie,le port de pêche de Tiburon, et sous elle,les toits qui s’étendaient en escaliers jusqu’àla Marina. Elle ouvrit la fenêtre en grand,la ville était totalement silencieuse. Seulesles cornes de brume des grands cargos enpartance pour la Chine, mêlées aux cris desmouettes, venaient rythmer la langueur dece matin. Elle s’étira à nouveau et s’attaquad’un vif appétit à ce petit déjeunergargantuesque. Hier soir elle n’avait pasdîné, faute de temps. Par trois reprises elleavait bien essayé d’avaler un sandwich,

que por una vez coincidían con el fin de se-mana, había aceptado una invitación para ira casa de unos amigos, en Carmel. Y aun-que el cansancio acumulado justificaba ple-namente dormir toda la mañana, nada ha-bría podido hacerle retrasar aquel despertartan temprano. A Lauren le encantaba veramanecer en la carretera que, bordeando elPacífico, une San Francisco con la bahía deMonterrey. Medio dormida, buscó a tientasel botón para enmudecer el despertador. Serestregó los ojos con las manos cerradas ydedicó la primera mirada a Kali, tendida enla alfombra.

—No me mires así. Ya no formo par-te de este planeta. —Al oír su voz, laperra se Apresuró a rodear la cama yapoyó la cabeza en el vientre de suama—. Voy a dejarte dos días, peque-ña. Mamá pasará a buscarte hacia lasonce. Aparta, voy a levantarme y a po-nerte algo de comer.

Lauren estiró las piernas, dio un largobostezo estirando los brazos hacia arriba ysaltó de la cama con los pies juntos.

Pasó detrás del mostrador frotándoseel pelo, abrió el frigorífico, bostezó denuevo y sacó mantequilla, mermelada,tostadas, una lata de comida para perros,una bolsa abierta de jamón de Parma,un trozo de Gouda, una botella de leche,un cuenco de compota de manzana, dosyogures naturales, cereales y medio po-melo; el otro medio se quedó en el es-tante inferior. Como Kali la observabamoviendo la cabeza, Lauren la miró concara de enfado y dijo:

—¡Tengo hambre!

C o m o d e c o s t u m b r e , p r i m e r opreparó el desayuno de su protegi-da en un pesado plato de barro.

A continuación llenó su bandeja y lallevó a la mesa de trabajo. Desde allí, vol-viendo ligeramente la cabeza, podía con-templar Sausalito y sus casas colgadas delas colinas, el Golden Gate que comuni-caba los dos lados de la bahía, el puertopesquero de Tiburón y, a sus pies, los te-jados que se extendían, escalonados, has-ta La Marina. Abrió la ventana de par enpar. La ciudad se hallaba sumida en el si-lencio; tan sólo las sirenas de los cargue-ros con destino a China, mezcladas conlos gritos de las gaviotas, acompasabanla languidez de la mañana. Se estiró denuevo y atacó con apetito el pantagruéli-co desayuno. La noche anterior no habíacenado por falta de tiempo. Tres veceshabía intentado comerse un sandwich,

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mais à chaque tentative son « beeper » avaitgrelotté, la rappelant à une nouvelleurgence. Lorsqu’on la rencontrait et qu’onl’interrogeait sur son métier, elle répondaitinvariablement : « Pressée. » Après avoirdévoré une bonne partie de son festin, elledéposa son plateau dans l’évier et se renditdans sa salle de bains.

Elle fit glisser ses doigts sur lespersiennes en bois pour les incliner,abandonna sa chemise de cotonnadeblanche à ses pieds, et entra sous la douche.Le puissant jet d’eau tiède acheva de laréveiller.

En sortant de la douche, elle enroulaune serviette autour de sa taille, laissantses jambes et ses seins nus.

Face à la glace, elle fit la moue, sedécida pour un maquillage léger, enfilaun jean, un polo, enleva le jean, passa unejupe, enleva la jupe et remit le jean. Dansl’armoire elle prit un sac polochon entoile, y jeta quelques affaires, sonnécessaire de toilette, et se sentit fin prêtepour son week-end. En se retournant elleregarda l’étendue du désordre régnant,vêtements au sol, serviettes éparses,vaisselle dans l’évier, literie défaite, pritun air très décidé et clama à voix hauteen s’adressant à tous les objets du lieu :

- On ne dit rien, on ne râle pas, jerentre tôt demain et je vous range pour lasemaine !

Puis elle attrapa un crayon et un papieret rédigea la note suivante, avant de la collersur la porte du réfrigérateur avec un grosaimant en forme de grenouille :

Maman,

Merci pour la chienne, surtout nerange rien, je m’occupe de tout enrentrant.

Je passe chercher Kali directementchez toi dimanche vers 5 heures. Jet’aime, ta Docteur préférée.

Elle enfila son manteau, caressa tendrementla tête de sa chienne, posa un baiser sur son front,et claqua la porte de la maison.

Elle descendit les marches du grandescalier, passa par l’extérieur pour rejoindrele garage, et sauta presque à pieds jointsdans son vieux cabriolet.

- Partie, je suis partie, se répétait-elle.

pero las tres veces había sonado el busca,reclamándola para que atendiera otra ur-gencia. Cuando conocía a alguien y le pre-guntaba que se dedicaba, ella respondíainvariablemente: * A correr.» Tras haberdevorado buena parte del festín, dejó labandeja en el fregadero y se dirigió alcuarto de baño.

Introdujo los dedos entre las láminasde madera de la persiana para inclinarlas,se quitó el camisón blanco de algodón, lodejó en el suelo y se metió en la ducha. Elpotente chorro de agua templada acabó dedespertarla.

Al salir de la ducha se enrolló una toallaalrededor de la cintura, dejando las piernasy los pechos al aire.

Hizo un mohín frente al espejo y se de-cidió por un maquillaje ligero. Se puso unosvaqueros y un polo, se quitó los vaqueros,se puso una falda, se quitó la falda y volvióa ponerse los vaqueros. Sacó del armariouna bolsa de lona, metió algunas prendas yel neceser, y consideró que ya estaba prepa-rada para comenzar el fin de semana. Alvolverse, vio el desorden reinante —ropapor el suelo, toallas desperdigadas, cacha-rros en el fregadero, la cama deshecha— ydijo en voz bien alta, con determinación,dirigiéndose a todos los objetos del lugar:

—¡Ni una palabra! ¡Ni rechistar! ¡Ma-ñana volveré pronto y os arreglaré para todala semana!

Luego tomó papel y bolígrafo y re-dactó una nota, antes de pegarla a lapuerta del fr igoríf ico con un granimán en forma de rana.

Mamá:

Gracias por ocuparte de la perra. Nose te ocurra ordenar nada. Lo haré yo cuan-do vuelva.

Pasaré directamente por tu casa parabuscar a Kali el domingo hacia las cinco.Te quiero. Tu doctora preferida.

Se puso el abrigo, acarició con ter-nura la cabeza de la perra, la besó en lafrente y salió de casa.

Bajó los peldaños de la gran escale-ra, pasó por el exterior para ir hasta elgaraje y se metió de un salto en el viejodescapotable.

—¡Me voy! ¡Me voy! —se repetía—.

literie ropa de cama

1 mou I adj 1. (que cede a la presión) blando(a). 2.(tiempo) bochornoso(a). 3. (carnes) fofo(a). 4. (sinrigidez) flexible; avoir du m. fig ser flexible; donnerdu m. à qqch quitar tensión a alguien. 5. (sin ener-gía) flojo(a). 6. fam (sin carácter) blandengue.

2. mou m 1. (pulmón del ganado) bofe. 2. fam (perso-na) blandengue. y aller mou loc adv con cuidado,con tacto

3 MOUE Grimace que l'on fait en avançant, enresserrant les lèvres.

mohín mueca, gesto

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Je ne peux pas y croire, c’est un vraimiracle, reste encore à ce que tu veuillesbien démarrer. Amuse-toi ne serait-ce qu’àtousser une fois, je noie ton moteur avecdu sirop avant de te jeter à la casse et je teremplace par une jeune voiture toutélectronique, sans starter et sans états d’âmequand il fait froid le matin, tu as biencompris, j’espère ? Contact !

Il faut croire que la vieille anglaise futtrès impressionnée par la conviction despropos de sa maîtresse, car son moteur semit en route au premier tour de clé. Unebelle journée s’annonçait.

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Lauren démarra lentement pour ne pasréveiller le voisinage. Green Street est unejolie rue bordée d’arbres et de maisons.Ici, les gens se connaissent, comme dansun village. Six croisements avant VanNess, l’une des deux grandes artères quitraversent la ville, elle passa la vitessesupérieure. Une lumière pâle, sechargeant de couleurs au fil des minutes,réveillait progressivement lesperspectives éblouissantes de la ville.Dans les rues désertes la voiture filait àvive allure. Lauren goûtait à l’ivresse dece moment . Les pen tes de SanFranc i sco son t pa r t i cu l i è remen tpropices à ces sensations de vertige.

Virage serré dans Sutter Street. Bruit etcliquetis dans la direction. Descente abruptevers Union Square, il est six heures trente,la platine cassette déroule une musique lueà tue-tête, Lauren est heureuse, comme ellene l’a pas été depuis fort longtemps.Chassés le stress, l’hôpital, les obligations.Un week-end tout à elle s’annonce, et il n’ya pas une minute à perdre. Union Squareest calme. Dans quelques heures les trottoirsdéborderont de touristes et de citadinsfaisant leurs courses dans les grandsmagasins qui longent la place. Les cablecars(1) se succéderont, les vitrines serontéclairées, une longue file de voitures seformera à l’entrée du parking central enterrésous les jardins où des groupes de musiqueéchangeront quelques notes et refrainscontre des cents et des dollars.

No puedo creerlo, es un verdadero milagro.Lo único que falta es que tú te dignes arran-car. Como se te ocurra toser una sola vez,prepárate: te ahogo en jarabe antes de lle-varte al desguace y te cambio por un cochenuevo completamente electrónico, sinestárter y sin achaques cuando hace frío porla mañana. ¿Lo has entendido bien? Esperoque sí. ¡Contacto!

Al viejo inglés debió de impresionarleenormemente la convicción con que su due-ña pronunció aquellas palabras, pues sumotor se puso en marcha al primer giro dellave. Se anunciaba un hermoso día.

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Lauren arrancó lentamente para no des-pertar al vecindario. Green Street es unabonita calle bordeada de árboles y casas. Losque viven allí se conocen unos a otros, comoen los pueblos. Seis cruces antes de llegar aVan Ness, una de las grandes arterias queatraviesan la ciudad, cambió de marcha yaceleró. Una luz clara, que se iba tiñendode color a medida que transcurrían los mi-nutos, despertaba poco a poco las perspec-tivas deslumbrantes de la ciudad. El cochecirculaba a bastante velocidad por las ca-lles desiertas. Lauren saboreaba la embria-guez del momento. Las cuestas de San Fran-cisco son particularmente propicias paraexperimentar una sensación de vértigo.

Giro cerrado en Suttcr Street. Ruido ygolpeteo en la dirección. Bajada abruptahacia Union Square. Son las seis y media,el cassette reproduce una música a gritopelado. Hace mucho tiempo que Lauren nose siente tan feliz. Se ha quitado de encimael estrés, el hospital, las obligaciones. Seanuncia un fin de semana completo para ellay no hay que perder ni un minuto. UnionSquare está tranquila. Unas horas más tar-de, las aceras rebosarán de gente de la ciu-dad y de turistas que van de compras a losgrandes almacenes situados en la plaza.Pasará un tranvía tras otro, los escaparatesestarán iluminados, se formará una largacola de coches en la entrada del aparcamien-to central enterrado bajo los jardines, don-de grupos de música cambiarán acordes ycanciones por centavos y dólares.

1. Tramway utilisé à San Francisco.

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En attendant, en cet instant très matinalle calme règne. Les devantures sontéteintes, quelques clochards dormentencore sur les bancs. Le gardien du parkingsomnole dans sa guérite. La Triumphavale l’asphalte au rythme des impulsionsdu levier de vitesses. Les feux sont au vert,Lauren rétrograde en seconde, pour mieuxengager son tournant dans Polk Street,l’une des quatre rues qui bordent le square.Grisée, un foulard en guise de serre-tête,elle amorce son virage devant l’immensefaçade de l’immeuble de Macy’s. Courbeparfaite, les pneus crissent légèrement,bruit étrange, succession de cliquetis, toutva très vite, les cliquetis se confondent, semélangent, se disputent.

Claquement brusque ! Le temps sefige. Il n’y a plus aucun dialogue entre ladirection et les roues, la communication estdéfinitivement interrompue. La voiture partde travers et dérape sur la chaussée encorehumide. Le visage de Lauren se crispe. Sesmains s’accrochent au volant devenu docile,acceptant de tourner sans fin dans un videcompromettant pour la suite de la journée.La Triumph continue de glisser, le tempssemble prendre son aise et s’étirer tout àcoup comme dans un long bâillement.Lauren a la tête qui tourne, en fait c’est ledécor qui tourne autour d’elle, à une vitessesurprenante. La voiture s’est prise pour unetoupie. Les roues viennent brutalementbuter contre le trottoir, l’avant se soulèveet embrasse une bouche d’incendie. Lecapot continue de se hisser vers le ciel. Dansun dernier effort l’automobile tourne surelle-même, expulse sa conductrice, devenuebeaucoup trop lourde pour cette pirouettequi défie les lois de la gravitation. Le corpsde Lauren est projeté en l’air, avant deretomber contre la façade du grand magasin.L’immense vitrine explose alors et se répanden un tapis d’éclats. Le drap de verreaccueille la jeune femme qui roule sur lesol, puis s’immobilise, la chevelure défaiteau milieu des débris, pendant que la vieilleTriumph finit sa course et sa carrière,couchée sur le dos, à moitié sur le trottoir.Une simple vapeur qui s’échappe de sesentrailles et elle exhale son dernier soupir,son dernier caprice de vieille anglaise.

Lauren est iner te . El le repose,pais ible . Ses t ra i ts sont l isses , sarespiration lente et régulière. La boucheà peine ouverte, on pourrait y devinerun léger sourire, les yeux fermés, ellesemble dormir. Ses longs cheveuxencadrent son visage, sa main droite estposée sur son ventre.

Dans sa guérite le gardien du parking

Mientras tanto, en ese instante tempranoreina la calma. Los escaparates están apaga-dos, algunos vagabundos duermen todavía enlos bancos. El guarda del aparcamientoecha un sueño en la garita. El Triumphengulle el asfalto al ritmo de los impulsosdel cambio de marchas. Los semáforos es-tán en verde, Lauren reduce a segunda paragirar mejor en Polk Street, una de las cua-tro calles que bordean la plaza ajardinada.Embriagada, con un pañuelo en la cabeza,empieza a girar delante de la inmensa fa-chada del edificio de Macy’s. Una curvaperfecta, los neumáticos chirrían ligera-mente, se suceden los golpeteos, todo vamuy deprisa, los golpeteos se confunden,se mezclan, discuten.

¡Un chasquido repentino! El tiempo sedetiene. Ya no hay diálogo entre la direc-ción y las ruedas, la comunicación se ha in-terrumpido definitivamente. El coche se vahacia un lado y derrapa en la calzada toda-vía húmeda. El rostro de Lauren se crispa.Sus manos se agarran al volante, que se havuelto dócil y acepta girar sin fin en un va-cío que compromete el resto del día. ElTriumph continúa patinando, el tiempo pa-rece tomárselo con calma y estirarse de re-pente como en un largo bostezo. A Laurenle da vueltas la cabeza; en realidad es eldecorado lo que gira alrededor de ella a unavelocidad increíble. El coche se cree que esuna peonza. Las ruedas chocan brutalmen-te contra la acera, el morro se levanta y besauna boca de incendios, El capó sigue ele-vándose hacia el ciclo. El coche gira so-bre sí mismo en un último esfuerzo y ex-pulsa a la conductora, pues resulta dema-siado pesada para esa pirueta que desafíalas leyes de la gravedad. El cuerpo deLauren sale despedido por los aires y seestrella contra la fachada del gran alma-cén. El inmenso escaparate estalla y se es-parce hecho añicos. La sábana de vidrioacoge a la joven, que rueda por el sueloy luego se detiene, con la cabellera re-vuelta entre los trozos, mientras el vie-jo Triumph acaba su carrera tumbadoboca arriba, con parte de él sobre la ace-ra. Un poco de vapor escapa de sus en-trañas y exhala el último suspiro, su úl-timo capricho de viejo inglés.

Lauren está inerte. Descansa plácida-mente. Sus facciones están serenas, su res-piración es lenta y regular. En la boca, lige-ramente abierta, podría descubrirse una levesonrisa; tiene los ojos cerrados, como si es-tuviera dormida. Los largos cabellos leenmarcan el rostro; la mano derecha estáapoyada en el vientre.

En la garita , el guarda del aparca-

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cligne des yeux, il a tout vu, « comme aucinéma », mais là « c’est pour de vrai »,dira-t-il. Il se lève, court audehors, se raviseet retourne sur ses pas. Fébrilement ildécroche le téléphone et compose le 911.Il appelle au secours, et les secours semettent en route.

Le réfectoire du San FranciscoHospital est une grande pièce au sol decarrelage blanc, aux murs peints en jaune.Une multitude de tables rectangulaires enFormica sont dispersées le long d’uneallée centrale qui conduit auxdistributeurs de nourriture sous vide et deboissons. Le docteur Philip Sternsomnolait allongé sur l’une de ces tables,une tasse de café froid dans sa main. Unpeu plus loin, son coéquipier se balançaitsur une chaise, le regard perdu dans levide. Le beeper sonna au fond de sapoche. Il ouvrit un oeil et regarda samontre en râlant ; il finissait sa gardedans un quart d’heure.

« C’est pas possible ! Je n’ai vraimentpas de bol, Frank, appelle-moi le standard. »Frank a t t r apa l e t é l éphone mura lsuspendu au-dessus de lui, écouta lemessage qu’une vo ix lu i dé l iv r a ,raccrocha et se retourna vers Stern.« Lève-toi, mon grand, c’est pour nous,Union Square, un code 3, il paraît que c’estsérieux... » Les deux internes affectés àl’unité EMS (1) de San Francisco selevèrent, se dirigeant vers le sas oùl’ambulance les attendait, moteur en route,rampe lumineuse étincelante. Deux coupsbrefs de sirène marquèrent le départ del’unité 02. Il était sept heures moins lequart, Market Street était totalementdéserte, et la fourgonnette filait à viveallure dans le petit matin.

- Putain, et dire qu’il va faire beauaujourd’hui.

- Pourquoi râles-tu ?

- Parce que je suis claqué, que je vaisdormir et je ne vais pas en profiter.

- Tourne à gauche, on va prendre le sensinterdit.

Frank s’exécuta , l ’ambulanceremonta Polk Street vers Union Square.« Tiens, fonce, je l’ai en vue. »

Arrivés sur la grande place, les deuxinternes apercurent d’abord la carcasse dela vieille Triumph, avachie sur la bouched’incendie. Frank coupa la sirène.

miento pestañea. Lo ha visto todo,«como en el cine», pero allí «era de ver-dad», dirá. Se levanta, sale corriendo,cambia de opinión y vuelve sobre suspasos. Descuelga febrilmente el teléfo-no y marca el 911. Pide ayuda, y la ayu-da se pone en marcha.

El comedor del San Francis co Hospi-tal es una gran estancia con el suelo de bal-dosas blancas y las paredes pintadas deamarillo. Una multitud de mesas rectangu-lares de fórmica están dispuestas a lo lar-go de un pasillo central que conduce a lasmáquinas de bebidas y de comida envasa-da al vacío. El doctor Philip Stern dormi-taba tendido sobre una de las mesas, conuna taza de café frío en la mano. Un pocomás lejos, su compañero se balanceaba enuna silla con la mirada perdida en el vacío.En el fondo de uno de sus bolsillos sonóel busca. Abrió un ojo y miró el relojrefunfuñando; faltaba apenas un cuarto dehora para que acabara la guardia.

—Tengo la negra, desde luego. Frank,llama a ver qué pasa.

Frank descolgó el teléfono muralque había sobre su cabeza, escuchóe l mensa je que le t ransmi t ió unavoz, colgó y se volvió hacia Stern.

—Arriba, amigo, es para nosotros.Union Square, un código 3, parece que esgrave... Los dos internos asignados al ser-vicio de asistencia médica urgente se levan-taron y se dirigieron al lugar donde los es-peraba la ambulancia con el motor en mar-cha, al pie de la rampa luminosa intermi-tente. Dos toques breves de sirena marca-ron la salida de la unidad 02. Eran las sietemenos cuarto de la mañana, Market Streetestaba totalmente desierta y el vehículo cir-culaba a bastante velocidad.

— ¡Mierda! Y pensar que hoy va a ha-cer buen día...

— ¿Por qué te quejas?

—Porque estoy reventado. Voy a pasarmeel día durmiendo, sin poderlo aprovechar.

— Gira a la izquierda, iremos en direc-ción prohibida.

_____________ La ambulancia subiópor Polk Street hacia Union Square.

—Allí está.

Al llegar a la gran plaza, lo primero quevieron los dos internos fue el viejo Triumphdespanzurrado sobre la boca de incendios.Frank paró la sirena.

1. L’EMS ou « Emergency Médical System» équivaut à notre « SAMU ».

avachir (s’) vpr 1. fam deformarse. 2. fig & fam apol-tronarse

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- Dis donc, il ne s’est pas raté, constataStern en sautant de la camionnette.

Deux policiers étaient déjà sur place, l’und’eux dirigea Philip vers la vitrine défaite.

- Où est-il ? demanda l’interne à l’undes policiers.

- Là, devant vous, c’est une femme, etelle est médecin, aux urgences apparemment.Vous la connaissez peut-être ?

Stern déjà agenouillé près du corps deLauren hurla à son coéquipier de courir.Muni d’une paire de ciseaux il avait déjàdécoupé le Jean et le pullover, mettant lapeau à nu. Sur la longue jambe gaucheune déformation sensible auréolée d’ungros hématome indiquait une fracture. Lereste du corps était sans contusionapparente.

- Prépare-moi les pastilles et uneperfusion, j’ai un pouls filant et pas detension, respiration à 48, plaie à la tête, fracturefermée au fémur droit avec hémorragie interne,tu me prépares deux culots. On la connaît ?Elle est de chez nous ?

- Je l’ai déjà vue, elle est interne auxurgences, elle travaille avec Fernstein. C’estla seule qui lui tient tête.

Philip ne réagit pas à cette dernièreremarque. Frank posa les sept pastilles duscope sur la poitrine de la jeune femme, il reliachacune d’entre elles avec un fil électrique decouleur différente à l’électrocardiographeportable, et enclencha ce dernier. L’écrans’illumina instantanément.

- Qu’est-ce que ça donne au tracé ?demandat- il à son équipier.

- Rien de bon, elle part. Tension à 8/6,pouls à 140, lèvres cyanosées, je te prépareun tube endotrachéal de 7, on va intuber.

Le docteur Stern venait de placer lecathéter et tendit le bocal de sérum à unpolicier.

- Tenez ça bien en l’air, j’ai besoin demes deux mains.

Passant brièvement de l’agent à sonéquipier, il lui demanda d’injecter cinqmilligrammes d’adrénaline dans le tuyaude la perfusion , cent vingt-cinqmilligrammes de Solu-Médrol et depréparer immédiatement le défibrillateur.Au même moment, la température deLauren se mit à chuter brutalement, tandisque le tracé de l’électrocardiogramme

—Pues sí, ha dado de lleno —constatóStern saltando del vehículo.

Dos policías ya estaban allí, y uno de elloscondujo a Philip hacia el escaparate roto.

— ¿Dónde está? —le preguntó el inter-no al policía.

—Ahí delante. Es una mujer, y es médi-co, al parecer de urgencias. A lo mejor laconocen.

Stern, arrodillado junio al cuerpo deLauren pidió a gritos a su compañero quese diera prisa. Ya le había cortado con unastijeras los vaqueros y el jersey, dejando lapiel al aire. En la larga pierna izquierda, unaconsiderable deformación aureolada por ungran hematoma indicaba una fractura. Elresto del cuerpo, aparentemente, estaba li-bre de contusiones.

—Prepárame las placas y una perfu-sión. El pulso se escapa y no hay tensión,respiración a 48, herida en la cabeza, frac-tura cerrada en el fémur derecho con he-morragia interna. ¿La conocemos? ¿Es delhospital?

— Sí, la he visto alguna vez. Es internaen urgencias, trabaja con Fernstein. Es laúnica que le planta cara.

Philip no reaccionó ante esta últi-ma observación. Frank colocó las sieteplacas sobre el pecho de la joven, uniócada una de ellas con un cable eléctri-co de diferente color al electrocardió-grafo portátil y lo conectó. La pantallase iluminó en el acto.

— ¿Qué se ve? —le preguntó asu compañero.

—Nada bueno, se va. Tensión a 8/6,pulso a 140, labios cianóticos... Te preparo unasonda endotraqueal del 7, vamos a intubar.

El doctor Stern acababa de colocar elcatéter y le tendió el frasco de suero a unpolicía.

— Sujete esto bien, necesito las dosmanos.

A continuación le pidió a su com-p a ñ e r o q u e i n y e c t a r a c i n c omiligramos de adrenalina en el tubode la perfusión y ciento veinticincomiligramos de Solu-medrol, y que pre-parara inmediatamente el desfibrilador.En el mismo momento, la temperatura deLauren comenzó a bajar rápidamente, mien-tras que el trazado del electrocardiograma

PERFUSION Méd. Injection lente et continue desérum* dans un vaisseau.

perfusion (injection d’un liquide) perfusionperfusión. 1. f. Baño, untura.

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devenait irrégulier. Au bas de l’écran vert,un petit coeur rouge se mit à clignoter,aussitôt accompagné d’un bip court etrépétitif, signal prévenant de l’imminenced’une fibrillation cardiaque.

- Allez, la belle, accroche-toi !Elle doit pisser le sang à l’intérieur.Comment est le ventre ?

- Souple, elle saigne probablement dansla jambe. Tu es prêt pour l’intubation ?

En moins d’une minute Lauren fut intubéeet la sonde reliée à un embout respiratoire. Sterndemanda un bilan des constantes, Frank luiindiqua que la respiration était stable, la tensionavait chuté à 5. Il n’eut pas le temps determiner sa phrase, au bip court sesubstitua un sifflement strident quijaillit de l’appareil.

- Ça y est, elle fibrille, tu m’envoies300 joules.

Philip frotta les deux poignées del’appareil l’une contre l’autre.

- C’est bon, tu as le jus, cria Frank.

- On s’écarte, je choque !

Sous l’impulsion de la décharge le corpsse courba brutalement, le ventre arqué versle ciel, avant de retomber.

- Non, ce n’est pas bon.

- Recherche à 360, on recommence.

- 360, tu peux y aller.

- On s’écarte !

Le corps se d ressa e t re tombai n e r t e . « R e p a s s e - m o i c i n qm i l l i g r a m m e s d ’ a d r é n a l i n e e tr e c h a r g e à 3 6 0 . O n s ’ é c a r t e ! »Nouvelle décharge, nouveau sursaut.« Toujours en f îbr i l la t ion ! On laperd, injecte une unité de Lidocaïnedans la perf, et recharge. On s’écarte ! »L e c o r p s s e s o u l e v a . « O ni n j e c t e c i n q c e n t s milligrammesde Béryllium et tu recharges à 380immédiatement ! »

Lauren fut choquée une fois encore, soncoeur sembla répondre aux drogues qu’onlui avait injectées et reprendre un rythmestable, quelques instants seulement : lesifflement qui s’était interrompu quelquessecondes se fit entendre de plus belle... «Arrêt cardiaque », s’exclama Frank.

se volvía irregular. En la parte inferior de lapantalla verde, empezó a parpadear uncorazoncito, acompañado al instante por unpitido corto y repetitivo, señal de aviso de lainminencia de una fibrilación cardíaca.

— ¡Vamos, preciosa, quédate con nosotros!Debe de estar inundada de sangre por dentro.¿Cómo tiene el vientre?

—Blando. Probablemente sangra en lapierna. ¿Estás preparado para la intubación?

En menos de un minuto, Lauren es-tuvo intubada. Stern preguntó por lasconstantes; Frank le indicó que la res-piración estaba estable y que la tensiónhabía bajado a 5. No tuvo tiempo determinar la frase; el pitido corto fuesustituido por un silbido estridente quesalió del aparato.

—Ya empezamos..., está fibrilando.Mándame trescientos julios.

Philip frotó las dos placas del aparatouna contra otra.

—Adelante, lo tienes a punto —gritó Frank.

— ¡Apartaos! ¡Allá voy!

El cuerpo se arqueó brutalmente porefecto de la descarga, con el vientre apun-tando hacia el cielo, antes de caer de nuevo.

—No, no ha ido bien.

—Ponlo a 360, haremos otro intento.

—Ya está, trescientos sesenta.

— ¡Apartaos!

El cuerpo se irguió y cayó de nuevo inerte.—Pásame otros cinco miligramos de

adrenalina y vuelve a cargar a trescientossesenta. ¡Apartaos!

Otra descarga, otro sobresalto.— ¡Sigue fibrilando! La perdemos... In-

yecta una unidad de Lidocaína en la perfu-sión y vuelve a cargar. ¡ Apartaos!

El cuerpo se alzó.— ¡Inyectamos quinientos miligramos

de Berilium y carga a trescientos ochentainmediatamente!

Lauren sufrió otra sacudida. Su cora-zón pareció responder a las drogas que sele habían inyectado y recobrar un ritmoestable, pero sólo durante unos instantes;volvió a sonar el silbido que había cesadodurante unos segundos.

— ¡Parada cardíaca! —dijo Frank.

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Immédiatement Philip entama unmassage cardio- respiratoire, avec unacharnement inhabituel. Tout en tentantde la ramener à la vie, il la supplia :« Ne fais pas l’idiote, il fait beauaujourd’hui, reviens, ne nous fais pas ça. »Puis il ordonna à son équipier de rechargerla machine une fois de plus.

Frank tenta de le calmer : « Philip,laisse tomber, ça ne sert à r ien. »Mais Stern n’abandonnait pas ; il lui hurlade recharger le défibrillateur. Son partenaires’exécuta. Pour la énième fois il demandaque l’on s’écarte. Le corps se cambraencore, mais l’électrocardiogramme étaittoujours plat. Philip recommença à masser,son front se mit à perler. La fatigue accusaitle désespoir du jeune médecin devant sonimpuissance. Son coéquipier pritconscience que son attitude perdait de salogique. Il aurait dû tout arrêter depuisplusieurs minutes et déclarer l’heure dudécès, mais rien n’y faisait, il continuait sonmassage du coeur.

- Repasse encore un demi-milligrammed’adrénaline et monte à 400.

- Philip, arrête, ça n’a pas de sens, elleest morte. Tu fais n’importe quoi.

- Ferme ta gueule et fais ce que je te dis !

Le policier posa un regard interrogateursur l’interne agenouillé près de Lauren. Lemédecin n’y prêta aucune attention. Frankhaussa les épaules, injecta une nouvelledose dans le tuyau de la perfusion ,rechargea le défibrillateur. Il annonça leseuil des quatre cents milliampères, Sternne demanda même pas que l’on s’écarte etenvoya la décharge. Mû par l’intensité ducourant, le thorax se souleva de terrebrutalement. Le tracé resta désespérémentplat. L’interne ne le regarda pas, il le savaitavant même de choquer cette dernière fois.Il frappa de son poing la poitrine de Lauren.« Merde, merde ! »

Frank le saisit par les épaules et le serrafortement.

- Arrête Philip, tu perds les pédales,calme-toi ! Tu prononces le décès et on plie.Tu es en train de craquer, tu vas aller tereposer maintenant.

Phi l ip étai t en sueur, les yeuxhagards. Frank haussa le ton, contint latête de son ami entre ses deux mains, leforçant à fixer son regard.

Il lui intima l’ordre de se calmer,et en l’absence de toute réaction il legifla. Le jeune médecin accusa le coup.

Philip empezó inmediatamente unmasaje cardíaco con una obcecaciónpoco habitual.

—No hagas el tonto —le suplicó mien-tras intentaba devolverla a la vida—, hoyhace buen tiempo. No nos hagas esto.

Después le ordenó a su compañero quevolviera a cargar la máquina.

—Déjalo, Philip —dijo Frank, tra-tando de calmar—. Todo es inútil.

Pero Stern se negaba a abandonar; lerepitió a su compañero que cargara eldesfibrilador y éste obedeció. Una vez máspidió que se apartaran. El cuerpo volvió acombarse, pero el electrocardiograma se-guía siendo piano. Philip reanudó el masa-je, con la frente bañada en sudor. El can-sancio acentuaba la desesperación del jo-ven médico ante su impotencia. Su compa-ñero tomó conciencia de que su actitud ca-recía de toda lógica. Debería haber paradovarios minutos antes y certificado la horadel fallecimiento, pera no lo hacía, conti-nuaba masajeando el corazón.

—Pon medio miligramo más deadrenalina y sube a cuatrocientos.

—Philip, para ya. Esto no tiene sentido,está muerta. No sabes lo que haces.

—¡Cierra el pico y haz lo que te digo!

El policía posó en el interno arrodilla-do junto a Lauren una mirada inquisitiva ala que éste no prestó atención alguna. Frankse encogió de hombros y, tras inyectar otradosis en el tubo de la perfusión, volvió acargar el desfibrilador anunció el umbralde los cuatrocientos miliamperios. Sternenvió la descarga, sin siquiera pedir quese apartaran. Sacudido por la intensidadde la corriente, el tórax se alzó del suelobruscamente. La línea permaneció plana.El interno no la miró, lo sabía inclusoantes de aplicar esta última descarga.Golpeó con un puño el pecho de Lauren.

— ¡Mierda! ¡Mierda!

Frank lo agarró de los hombroscon fuerza.

— ¡Para, Philip, estás perdiendo los pa-peles, cálmate! Certifica el fallecimiento ynos vamos. Ya no puedes más, tienes queirte a descansar.

Philip estaba sudando y tenía la miradaperdida. Frank levantó la voz y sujetó lacabeza de su amigo entre sus manos, obli-gándole a mirarlo a los ojos.

Le ordenó que se calmara y, en vista deque no reaccionaba, le dio un bofetón. Eljoven médico acusó el golpe.

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La voix de son confrère se voulut alorsapaisante : « Reviens avec moi m o np o t e , r e p r e n d s t e s e s p r i t s . »À bout de forces, il le lâcha, se relevant leregard tout aussi perdu. Médusés, lespoliciers contemplaient les deux médecins.Frank marchait en tournant sur lui-même,apparemment totalement désemparé. Philip,agenouillé et r e c r o q u e v i l l é , r e l e v al e n t e m e n t l a t ê t e , o u v r i t l ab o u c h e e t p r o n o n ç a à v o i x b a s s e: « Sept heures dix, décédée. » Ets’adressant au policier qui tenait toujoursle bocal de la perfusion en retenant sonsouffle : « Emmenez- la, c’est fini, on nepeut plus rien faire pour elle. » Il se leva,saisit son coéquipier par l’épaule etl’entraîna vers l’ambulance. « Allez viens,on rentre.»

Les deux agents les suivirent des yeuxlorsqu’ils grimpèrent dans la camionnette.« P a s t r è s c l a i r s , l e s d e u xt o u b i b s ! » d i t l ’ u n d ’ e u x . Lesecond policier dévisagea son collègue.

- Tu t’es déjà retrouvé sur uneaffaire où l’un d’entre nous s’est faitdescendre ?

- Non.

- Alors tu ne peux pas comprendre cequ’ils viennent de vivre. Allez, tu m’aides,on la prend délicatement et on la met sur lacivière dans le fourgon.

L’ambulance avait déjà tourné le coinde la rue. Les deux agents soulevèrent lecorps inerte de Lauren, le déposèrent surle brancard, et le recouvrirent d’unecouverture. Les quelques badaudsattardés quittèrent les lieux puisque lespectacle était fini. À l’intérieur del’EMU (1) les deux coéquipiers étaientrestés silencieux depuis leur départ. Frankrompit le silence.

- Qu’est-ce qui t’a pris, Philip ?

- Elle n’a pas trente ans, elle estmédecin, elle est belle à mourir.

- Oui, c’est ce qu’elle a fait d’ailleurs !Ça change quelque chose qu’elle soit belleet médecin ? Elle aurait pu être moche ettravailler dans un supermarché. C’est ledestin, tu n’y peux rien, c’était son heure.On va rentrer, tu vas aller te coucher, et tuessaieras de mettre un mouchoir sur toutça.

À deux blocs derrière eux, le car depolice s’engageait sur un carrefourlorsqu’un taxi passa un feu « très mûr ».

—Vamos, amigo, tranquilízate —insis-tió su compañero, en un tono de voz ya de-liberadamente apaciguador.

Luego, fatigado, lo soltó y apartó la mi-rada, también perdida. Los policías contem-plaban estupefactos a los dos médicos.Frank caminaba dando vueltas sobre símismo, totalmente desconcertado a juz-gar por las apariencias. Philip, arrodi-llado, levantó lentamente la cabeza,abrió la boca y dijo en voz baja:

—Hora de la muerte, siete y diez. Llé-vensela—añadió, dirigiéndose al policía queseguía sosteniendo el frasco de la perfusión,expectante—, se acabó, no podemos hacernada más por ella. —Se levantó, le pasó asu compañero un brazo por los hombros ylo condujo hacia la ambulancia—. Ven, nosvamos.

Los dos agentes los siguieron con lamirada mientras subían al vehículo.

— ¡No parecía que lo tuvieran muy clarolos matasanos esos! —comentó uno de ellos.El otro policía miró______ a su colega.

— ¿Te has encontrado ya en algúncaso en el que se hayan cargado a uno delos nuestros?

—No.

—Pues entonces no puedes compren-der lo que acaban de vivir. Ven, ayúda-me. Vamos a ponerla con cuidado sobre lacamilla para meterla en la furgoneta.

La ambulancia ya había doblado la es-quina. Los dos agentes levantaron el cuer-po inerte de Lauren, lo depositaron sobre lacamilla y lo cubrieron con una manta. Envista de que el espectáculo había acabado,los escasos curiosos que quedaban se fue-ron. En el interior de la ambulancia, los dosmédicos habían permanecido callados has-ta que Frank se decidió a romper el silen-cio.

—¿Qué te ha pasado, Philip?

—No tiene ni treinta años, es médico,es guapa...

—¡Sí, pero no se trata de eso! ¿ Cam-bia las cosas el hecho de que sea guapa ymedico? Hubiera podido ser fea y traba-jar en un supermercado. Es el destino, túno puedes hacer nada para evitarlo, lehabía llegado la hora. Ahora volveremos,irás a acostarte c intentarás olvidar todoesto.

Dos manzanas detrás de ellos, el coche depolicía se disponía a pasar por un cruce cuan-do un taxi se saltó el semáforo en ámbar.

1. EMU ou «Emergency Médical Unit»équivaut aux ambulances de réanimation denotre SAMU.

DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

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Le policier furieux freina brutalement etdonna un coup de sirène, le chauffeur de «Limo Service » s’arrêta et s’excusaplatement. Le corps de Lauren en étaittombé de la civière. Les deux hommespassèrent à l’arrière, le plus jeune saisitLauren par les chevilles, le plus âgé parles bras. Son visage se figea lorsqu’ilregarda la poitrine de la jeune femme.

- Elle respire !

- Quoi ?

- Elle respire, je te dis, mets-toi au volantet roule vers l’hôpital.

- Tu te rends compte ! De toute façon, ilsn’avaient pas l’air net ces deux toubibs.

- Tais-toi et file. Je ne comprends rien,mais ils vont entendre parler de moi.

La camionnette des policiers doublaen trombe l’ambulance sous les yeuxébahis des deux internes. C’était « leursflics ». Phil ip voulut enclencher lasirène et les suivre, son acolyte s’yopposa, i l était vidé.

- Pourquoi est-ce qu’ils roulaient comme ça?

- Mais je n’en sais rien, répondit Frank,et puis ce n’était peut-être pas eux. Ils seressemblent tous.

Dix minutes plus tard, ils se rangeaientà côté du car de police dont les portesétaient restées ouvertes.

Philip descendit et entra dans le sas desurgences. Il marcha vers l’accueil d’un pasde plus en plus précipité. Et s’adressa àl’hôtesse d’accueil sans la saluer.

- Dans quelle salle est-elle ?

- Qui ça, docteur Stern ? demandal’infirmière de permanence.

- La jeune femme qui vient d’arriver.

- Elle est au bloc 3, Fernstein l’arejointe. Elle est de son équipe, paraît-il.

Derrière lui le policier le plus âgé luitapa sur l’épaule.

- Vous avez quoi dans la tête, vous lesmédecins ?

- Je vous demande pardon ?

Il faisait bien de demander pardonmais ça ne suffirait pas. Comment avait-il pu prononcer le décès d’une jeunefemme qui respirait encore dans son

El policía, furioso, frenó bruscamente y co-nectó unos instantes la sirena; el chofer deLimo Service se detuvo y pidió excusassin andarse con rodeos. El cuerpo de Lauren ha-bía caído de la camilla. Los dos hombrespasaron a la parte trasera. El más joven asióa Lauren por los tobillos y el mayor porlos brazos. Este último se quedó petrifica-do al mirar el pecho de la joven.

— ¡Respira!

¿Qué?

— ¡Que respira! Ponte al volante ahoramismo y vamos al hospital.

— ¿Te das cuenta? Ya decía yo que esosmatasanos no se aclaraban.

— Calla y date prisa. No entiendo nada,pero esos dos van a oír hablar de mí. Lafurgoneta de la policía adelantó como unaexhalación a la ambulancia, ante la miradaatónita de los dos internos. Eran «sus polis».Philip quería que su compañero conectarala sirena y los siguiera, pero éste se opuso.Estaba agotado.

— ¿Por qué iban t an dep r i sa?

—No tengo ni idea —respondió Frank—. Además, puede que no fueran ellos. Todosse parecen.

Diez minutos más tarde aparcaban allado de la furgoneta de la policía, cuyaspuertas se habían quedado abiertas.

Philip bajó de la ambulancia y entró enurgencias. Se encaminó hacia admisión aun paso cada vez más precipitado.

— ¿En qué sala está? —preguntó a larecepcionista sin saludarla.

— ¿ Quién, doctor Stern ? —intervinola enfermera de guardia.

— La chica que acaban de traer.

—En el quirófano 3. La atiendeFernstein. Parece ser que es de su equipo.

El policía de más edad se acercó a élpor la espalda y le tocó un hombro.

— ¿Se puede saber qué tienen ustedesen la cabeza?

—¿Perdón?

Hacía bien en pedir perdón, pero eso nobastaba. ¿Cómo había podido certificar elfallecimiento de una chica que aún respira-ba cuando iba en su furgoneta?

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fourgon ? « Vous rendez-vous compteque sans moi on la mettait au frigovivante ? » Il allait entendre parler delui. Le Dr Fernstein sortit du bloc aumême moment et fit mine de ne prêteraucune attention à l’agent de police ens’adressant directement au jeunemédecin : « Stern, combien de dosesd’adrénaline avez-vous injectées ? »« Q u a t r e f o i s c i n q m i l l i g r a m m e s» , r é p o n d i t l ’ i n t e r n e . L ep r o f e s s e u r l e r é p r i m a n d a aussitôt,lui rappelant que sa conduite relevait del’acharnement thérapeutique, puiss’adressant à l’officier de police il affirmaque Lauren était morte bien avant que ledocteur Stern ne prononce l’heure de sondécès.

Il ajouta que la faute de l’équipem é d i c a l e é t a i t p r o b a b l e m e n t d es’être t rop acharnée sur le coeur dec e t t e p a t i e n t e , a u x f r a i s d e sas su rés . Pour c lo re tou t déba t i le x p l i q u a q u e l e l i q u i d e i n j e c t és’é ta i t amassé autour du pér icarde: « Lorsque vous avez dû freinerbrutalement il est passé dans le coeur. Celui-ci a réagi purement chimiquement ets’est r e m i s e n m a r c h e . » C e l a n echangeait hélas rien au décès cérébrald e l a vict ime. Quant au coeur enq u e s t i o n , d è s q u e l e l i q u i d es e r a i t d i s s o u s , i l s ’ a r r ê t e r a i t ,« si ce n’est déjà fait au moment où je vousparle ». Il invita le policier à s’excuserauprès du docteur Stern pour sonénervement totalement hors de propos etinvita ce dernier à passer le voir avant de partir.Le policier se retourna vers Philip etmaugréa : « Je vois que nous n’avons pasle monopole du corporatisme dans la police.Je ne vous souhaite pas une bonne journée.»Il tourna les talons et quitta l’enceinte del’hôpital. Bien que les deux vantaux du sasse soient refermés derrière son passage onentendit claquer les portes de lafourgonnette.

Stern resta les bras posés sur lecomptoir, regardant en plissant lesyeux l ’ in f i rmiè re de pe rmanence .« Mais qu’est-ce que c’est que toute cettehistoire ? » Elle haussa les épaules et luirappela que Fernstein l’attendait.

Il frappa à la porte entrebâillée dupatron de Lauren. Le mandarin l’invita àentrer. Debout, derrière son bureau, luitournant le dos et regardant par la fenêtre, ilattendait visiblement que Stern parle en premier,ce que Philip fit. Il lui avoua ne pas comprendreles propos qu’il avait tenus au policier.Fernstein l’interrompit sèchement.

— ¡Si no llega a ser por mí, la habríanmetido viva en la nevera!

Sí, desde luego, iba a oír hablar de él. Eldoctor Fernstein salió del quirófano en esemomento y, fingiendo no prestar ningunaatención al agente de policía, se dirigió di-rectamente al joven médico.

— Stern, ¿ cuántas dosis de adrenalinale ha inyectado?

— Cuatro veces cinco miligramos —res-pondió el interno.

El profesor lo reprendió de inmediato,recordándole que ese modo de actuar indi-caba obcecación terapéutica; después, diri-giéndose al oficial de policía, afirmó queLauren estaba muerta mucho antes de queel doctor Stern certificara la hora de su fa-llecimiento.

Añadió que el error del equipo mé-dico probablemente había sido empeñar-se en hacer funcionar el corazón deaquella paciente con cargo a los asegu-rados. Para zanjar todo posible debate,explicó que el líquido inyectado se ha-bía acumulado alrededor del pericardio.

—Y cuando usted ha frenado brusca-mente ha pasado al corazón, que ha tenidouna reacción puramente química y se hapuesto en marcha. Desgraciadamen-te, aquello no cambiaba en absolutola muerte cerebral de la víctima. Enlo referente al corazón, cuando el lí-quido se disolviera, se detendría.

— En el caso de que no lo haya hechoya —añadió. Fernstem invitó al policía apedir excusas al doctor Stern por su nervio-sismo, totalmente fuera de lugar, y rogó aeste último que pasara a verlo antes de mar-charse. El agente se volvió hacia Philip.—Veo que en la policía no tenemos el mo-nopolio del corporativismo —masculló—. No le deseo que pase un buen día.

Acto seguido, giró sobre sus talones yabandonó el recinto del hospital. A pesar deque los dos batientes se cerraron tras él, seoyó el ruido de las puertas de la furgonetaal ser cerradas con violencia.

Stern se quedó con los brazos apoyadosen el mostrador, mirando a la enfermera deguardia con el entrecejo fruncido.

—Pero ¿qué es todo ese rollo que ha contado?La mujer se encogió de hombros y le

recordó que Fernstein lo esperaba.

Philip llamó a la puerta ________ deljefe de Lauren. El mandarín lo invitó a en-trar. De pie, detrás de la mesa, dándole laespalda y mirando por la ventana, espera-ba ostensiblemente que Stern hablase pri-mero, cosa que hizo. Le confesó que noentendía lo que le había dicho a! policía.Fernstein lo interrumpió con sequedad.

entrebâillée entreabierta, entornada, entrecerrada X

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- Écoutez-moi bien, Stern, ce que j’aidit à cet officier était ce qu’il y avait de plussimple à lui expliquer pour qu’il ne fassepas un rapport sur vous et brise votrecarrière. Votre comportement estinadmissible pour quelqu’un de votreexpérience. Il faut savoir admettre la mortquand elle s’impose à nous. Nous nesommes pas des dieux et nous ne portonspas la responsabilité du destin. Cette jeunefemme était décédée à votre arrivée, et votreentêtement aurait pu vous coûter cher.

- Mais comment expliquez-vous qu’ellese soit remise à respirer ?

- Je ne l’explique pas et je n’ai pas à lefaire. Nous ne savons pas tout. Elle estmorte, docteur Stern. Que cela vousdéplaise est une chose, mais elle est partie.Je me fous que ses poumons remuent et queson coeur s’agite tout seul, son électro-encéphalogramme est plat. Sa mortcérébrale est irréversible. Nous allonsattendre que le reste suive et nous ladescendrons à la morgue. Point final.

- Mais vous ne pouvez pas faire une chosepareille, pas devant tant d’évidences!

Fernstein marqua son agacement d’unsigne de tête et en haussant la voix. Il n’avaitpas de leçon à recevoir. Stern connaissait-il le coût d’une journée de réanimation ?Croyait-il que l’hôpital bloquerait un litpour maintenir un « légume » en vieartificielle ? Il l’invita vivement à mûrir unpeu. Il refusait d’imposer à des familles depasser des semaines entières au chevet d’unêtre inerte et sans intelligence, maintenu envie seulement par des machines. Il refusaitd’être responsable de ce type de décision,simplement pour satisfaire à un ego demédecin.

Il intima l’ordre à Stern d’aller prendreune douche et de déguerpir de son champde vision. Le jeune interne resta campé faceau professeur, reprenant son argumentationde plus belle. Lorsqu’il avait déclaré sondécès, sa patiente était en arrêtcardiorespiratoire depuis dix minutes. Soncoeur et ses poumons s’étaient arrêtés devivre. Oui, il s’était acharné parce que pourla première fois de sa vie de médecin il avaitressenti que cette femme ne voulait pasmourir. Il lui décrivit comment derrière sesyeux restés ouverts il l’avait sentie lutter etrefuser de s’engouffrer.

Alors il avait lutté avec elle au-delà desnormes, et dix minutes plus tard, àl’opposé de toute logique, au contraire detout ce qu’on lui avait appris, le coeurs’était remis à battre, ses poumons à inhaler

— Escúcheme bien, Stern. Lo quele he dicho a ese oficial es la expli-cación más sencilla para que no hagaun informe sobre usted y destroce sucarrera. Su comportamiento es inad-misible para alguien con su experien-cia. Hay que saber aceptar la muertecuando se nos impone. Nosotros nosomos d ioses n i responsables de ldes t ino . Esa ch ica es taba muer tacuando llegaron, y su obstinación ha-bría podido costarle cara.

—Pero ¿cómo explica que haya empe-zado a respirar de nuevo?

—Ni lo explico ni tengo por qué hacer-lo. No lo sabemos todo. Está muerta, doc-tor Stern. Que eso no le guste es una cosa,pero lo cierto es que se ha ido. Me importaun bledo que los pulmones se muevan y queel corazón palpite por su cuenta. Su elec-troencefalograma es plano. Su muerte cere-bral es irreversible. Esperaremos a que elresto siga el mismo camino y la bajaremosal depósito. Punto final.

—Pero... ¡no puede hacer eso! ¡No pue-de hacerlo teniendo tantas evidencias!

Fernstein expresó su irritación con ungesto de la cabeza y alzando la voz. No te-nía por qué recibir lecciones. ¿Sabía Sternel coste de un día de reanimación? ¿Creíaque el hospital iba a ocupar una cama paramantener artificialmente con vida a un «ve-getal»? Lo invitó vivamente a madurar unpoco. Se negaba a que una familia tuvieraque pasar semanas enteras junto a la cabe-cera de un ser inerte y sin inteligencia, man-tenido con vida gracias a las máquinas. Senegaba a ser responsable de ese tipo de de-cisiones, simplemente para satisfacer el egode un médico.

Le ordenó a Stern que desapareciesede su vista y que fuera a darse una du-cha. El Joven in te rno s igu ió p lan ta -do f r en te a l p ro fesor, defendiendocon ardor su postura. Cuando había cer-tificado la muerte, su paciente estaba enparada cardiorrespiratoria desde hacíadiez minutos. Su corazón y sus pulmoneshabían dejado de vivir. Sí, se había obce-cado porque por primera vez desde queera médico había notado que alguien,aquella mujer, no quería morir. Le descri-bió cómo, tras sus ojos abiertos, la habíasentido luchar, negarse a irse.

Entonces había luchado junto a ella sal-tándose las normas, y diez minutos más tarde,en contra de toda lógica, en contra de todo loque le habían enseñado, su corazón había co-menzado a palpitar de nuevo, sus pulmones a

Xengouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

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et à expirer de l’air, un souffle de vie.« Vous avez raison, enchaîna-t-il, noussommes médecins et nous ne savons pastout. Cette femme aussi est médecin.»Il supplia Fernstein de lui laisser sa chance.On avait vu des comas de plus de six moisrevenir à la vie, sans que personne n’ycomprenne rien. Ce qu’elle avait fait,personne ne l’avait jamais fait, alorstant pis pour ce que cela coûterait .« Ne la laissez pas part ir, el le neveut pas, c’est ce qu’elle nous dit . »Le professeur marqua une pause avantde lui répondre :

- Docteur Stern, Lauren était une demes élèves, dotée d’un sale caractèremais d’un vrai talent, j’avais beaucoupd’estime pour elle et beaucoup d’espoirspour sa carrière, j’en ai aussi beaucouppour la vôtre ; cette conversation estterminée.

Stern sortit du bureau sans refermer laporte. Dans le couloir Frank l’attendait.

- Qu’est-ce que tu fais là ?

- Mais qu’est-ce que tu as dansl a t ê t e , P h i l i p , t u s a i s à q u i t uparlais sur ce ton ?

- Et alors ?

- Le type à qui tu parlais est leprofesseur de cette jeune femme, il laconnaît et la côtoie depuis quinze mois, ila sauvé plus de vies que tu ne pourras peut-être le faire dans toute ta vie de toubib. Ilfaut que tu apprennes à te contrôler,vraiment parfois tu déconnes.

- Fous-moi la paix, Frank, j’ai eu ma dosede leçons de morale pour aujourd’hui.

inspirar y a espirar aire, un soplo de vida.—Tiene razón —prosiguió—, somos

médicos y no lo sabemos todo. Esa mujertambién es médico.

Le suplicó a Fernstein que le diera unaposibilidad. Se habían visto comas de másde seis meses que volvían a la vida sinque nadie entendiera por que. Lo que ellahabía hecho no lo había hecho nunca na-die, así que daba igual lo que costara.

—No deje que se vaya, no quiere. Es loque nos está diciendo.

El profesor esperó unos instantes antesde responder.

—Doctor Stern, Lauren era alumna mía.Tenía un carácter endemoniado, pero tam-bién un gran talento. Yo la apreciaba mu-cho y tenía puestas muchas esperanzas ensu carrera, como también las tengo puestasen la de usted. Esta conversación ha termi-nado.

Stern salió del despacho sin cerrar lapuerta. Frank lo esperaba en el pasillo.

— ¿Que haces aquí?

—Pero ¿se puede saber qué tienes en lacabeza, Philip? ¿Sabes a quien estabas ha-blándole en ese tono?

—Tú dirás.

—El tipo con quien hablabas es elprofesor de esa chica, la conoce y latrata desde hace quince meses. Ha sal-vado más vidas de las que quizá pue-das salvar tú en toda la tuya. Tienesque aprender a controlarte. La verdades que a veces desvarías.

—Déjame en paz, Frank. Hoy ya he re-cibido mi dosis de lecciones de moral.

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Le Dr Fernstein alla refermer la portede son bureau, décrocha son téléphone,hésita, le reposa, fit quelques pas vers lafenêtre, reprit brusquement le téléphone. Ildemanda qu’on lui passe le bloc opératoire.Très rapidement une voix se fit entendre àl’autre bout du combiné.

- C’est Fernstein, préparez-vous, onopère dans dix minutes, je vous fais monterle dossier.

Il raccrocha délicatement, hocha la tête,et sortit de son bureau. En sortant, il tombanez à nez avec le Pr Williams.

- Comment vas-tu ? demanda ce dernier,je t’invite à boire un café ?

- Non, je ne peux pas.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Une connerie, je me prépare à faireune connerie. Il faut que je file, je tetéléphone. Fernstein entra dans le blocopératoire, une blouse verte le serraità la taille. Une infirmière lui enfilase s gan t s s t é r i l e s . La s a l l e é t a i timmense, une équipe entoura i t lecorps de Lauren. Derrière sa tête unmoniteur oscillait aux rythmes de sarespiration et des battements de soncoeur.

- Comment sont les constantes ?demanda Fernstein à l’anesthésiste.

- Stables, incroyablement stables.Soixantecinq et douze/huit. Elle estendormie, les gaz du sang sont normaux,vous pouvez y aller.

- Oui, elle est endormie, comme vous dites.

Le scalpel incisa la cuisse sur toute lalongueur de la fracture. Tandis qu’ilcommençait à écarter les muscles il s’adressaà toute son équipe. Les appelant « ses cherscollègues », il leur expliqua qu’ils allaientvoir un professeur en chirurgie, avec vingtans de carrière derrière lui, faire uneintervention digne d’un interne de cinquièmeannée : réduction d’un fémur.

- Et savez-vous pourquoi je lapratique ?

Parce que aucun étudiant de cinquièmeannée n’aurait accepté de réduire unefracture sur une personne cérébralementmorte depuis plus de deux heures. Aussi illes priait de ne pas lui poser de questions,

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El doctor Fernstein cerró la puerta de sudespacho, descolgó el teléfono, dudó unosinstantes, colgó. Dio unos pasos en direc-ción a la ventana y levantó de nuevo el auri-cular del teléfono. Pidió que le pusieran conel quirófano. Enseguida se oyó una voz alotro lado de la línea interior.

— Soy Fernstein. Prepárense, vamos aoperar dentro de diez minutos. Enseguidale mando el informe.

Colgó con cuidado y meneó la cabeza.Al salir del despacho se dio de bruces conel profesor Williams.

— ¿Qué tal? —preguntó éste—. Te in-vito a un café.

—No, no puedo.

— ¿Qué vas a hacer?

—Una estupidez, me dispongo a haceruna estupidez. Tengo que irme. Te llamoluego. Fernstein entró en el quirófano conuna bata verde atada en la cintura. Una en-fermera le puso los guantes esterilizados.La sala era inmensa; un equipo completorodeaba el cuerpo de Lauren. Detrás de sucabeza había un monitor en cuya pantallaaparecían las señales que mostraban el rit-mo de su respiración y de los latidos de sucorazón.

— ¿Cómo están las constantes? —pre-guntó Fernstein al anestesista.

—Estables, increíblemente estables.Sesenta y cinco y doce/ocho. Está dormida.Los gases de la sangre son normales, puedeempezar.

—Sí, está dormida, como usted dice.

El escalpelo penetró en el muslo, cor-tando toda la zona que ocupaba la fractura.Mientras comenzaba a apartar los múscu-los, Fernstein se dirigió a todo el equipo lla-mándolos «queridos colegas» y les explicóque iban a ver a un profesor de cirugía, conveinte años de carrera a sus espaldas, realizar una intervención digna de un internode quinto curso: reducción de fémur.

— ¿Y saben por qué la practico yo? —preguntó.

Porque ningún estudiante de quinto cur-so aceptaría reducir una fractura en el cuer-po de una persona cerebralmente muertadesde hacía más de dos horas. De modo queles rogaba que no hicieran preguntas y les

combiné I adj combinado(a). II combiné m 1. (deteléfono) auricular. 2. (ropa interior) combinación

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ils en avaient pour quinze minutes au pluset il les remerciait de se prêter au jeu. MaisLauren était une de ses élèves et tout lepersonnel médical présent dans cette sallecomprenait le chirurgien et l’accompagnaitdans sa démarche. Un radiologue entra etlui fît passer des planches de scanner. Lesclichés faisaient apparaître un hématome auniveau du lobe occipital. Décision fut prised’effectuer une ponction afin de libérer lacompression. Un trou fut pratiqué à l’arrièrede la tête, une fine aiguille y traversa lesméninges sous contrôle d’un écran. Elle futainsi dirigée par le chirurgien jusqu’au lieude l’hématome. Le cerveau lui-même nesemblait pas touché. Le fluide sanguins’écoula par la sonde. Presqueinstantanément la pression intracrâniennechuta. L’anesthésiste augmenta aussitôt ledébit de l’oxygène amené au cerveau parl’intubation des voies respiratoires.Libérées de la pression, les cellulesreprirent un métabolisme normal,éliminant petit à petit les toxinesaccumulées. De minute en minute,l’intervention changeait d’état d’esprit.Toute l’équipe oubliait progressivementqu’elle opérait un être humaincliniquement mort. Chacun se prit au jeu,et les gestes experts s’enchaînèrent. Desclichés radiologiques du volet costal furentpris, les fractures des côtes réparées et laplèvre ponctionnée. L’intervention futméthodique et précise. Cinq heures plustard, le Pr Fernstein faisait claquer sesgants en les ô tan t . I l demanda à ceq u e l ’ o n r e f e r m e l e s p l a i e s e tqu’on t ransfè re ensu i te sa pa t ienteen salle de réveil. Il ordonna que l’ondébranche toute assistance respiratoire,une fois l’anesthésie dissipée.

Il remercia à nouveau son équipe de saprésence et de sa discrétion future. Avantde quitter la salle il demanda à l’une desinfirmières, Betty, de le prévenir dèsqu’elle aurait débranché Lauren. Il sortitdu bloc et marcha d’un pas rapide endirection des ascenseurs. En passantdevant le standard, il interpella l’hôtesseet voulut savoir si le Dr Stern était encoredans les murs de l’hôpital. La jeune femmerépondit par la négative, il était parti fortabattu. Il la remercia et prit congé enindiquant qu’il était à son bureau si on ledemandait.

Sortie du bloc opératoire, Lauren futconduite en salle de réveil. Betty branchale monitoring cardiaque, l’électro-encéphalographe et la canule d’intubationsur le respirateur artificiel. Ainsi parée surson lit la jeune femme ressemblait à uncosmonaute. L’infirmière fit unprélèvement sanguin, et quitta la pièce. La

agradecía que se prestaran al juego; tarda-rían quince minutos como máximo. PeroLauren era una de sus alumnas y todo elpersonal médico presente en la sala com-prendía al cirujano y lo apoyaba. Entró unradiólogo y pidió que le pasaran unas pla-cas de escáner. Los negativos mostraban unhematoma a la altura del lóbulo occipital.Se decidió efectuar una punción para libe-rar la compresión. Se practicó un orificioen la parte posterior de la cabeza; contro-lando la trayectoria a través de una panta-lla, el cirujano atravesó las meninges conuna fina aguja y dirigió ésta hasta el lugardonde se hallaba el hematoma. F. 1 cerebrono parecía afectado. El flujo sanguíneo co-rrió por la sonda. La presión intracranealdescendió casi al insume. El anestesista au-mentó de inmediato el caudal de oxígenoenviado al cerebro mediante la intubaciónde las vías respiratorias. Las células, libera-das de la presión, recobraron un metabolis-mo normal, eliminando poco a poco las toxi-nas acumuladas. La perspectiva de la inter-vención cambiaba de minuto en minuto.Todo el equipo olvidaba de forma progresi-va que estaba operando a un ser humanoclínicamente muerto. Cada uno se metió ensu papel, y se fueron encadenando los mo-vimientos diestros. Se hicieron radiografíasde la pared costal, se repararon las fractu-ras de las costillas y se practicó una pun-ción en la pleura. La intervención fue metó-dica y precisa. Cinco horas más tarde, elprofesor Fernstein se quitaba _____ losguantes. Pidió que cerraran las heridas y quedespués trasladaran a la paciente a la salade reanimación. A continuación ordenó que,una vez pasados los efectos de la anestesia,desconectaran toda clase de asisten-cia respiratoria.

Dio las gracias de nuevo a su equipo porsu presencia y su futura discreción. Antesde abandonar la sala, le pidió a Betty, unade las enfermeras, que lo avisara cuandohubieran desconectado a Lauren. Salió delquirófano y se dirigió a paso rápido a losascensores. Al pasar por delante del mos-trador, le preguntó a la recepcionista si eldoctor Stern todavía se encontraba en elrecinto del hospital. La joven le contestóque no y el médico se alejó abatido, nosin antes darle las gracias c indicarle queestaría en su despacho por si alguienpreguntaba por él.

Desde el quirófano, Lauren fue con-ducida a la sala de reanimación. Bettyconectó el monitoring cardíaco, elelectroencefalógrafo y la cánula deintubación al respirador artificial. Contodo aquello, la joven parecía un cos-monauta. La enfermera tomó una mues-tra de sangre y salió de la habitación,

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patiente endormie était paisible, sespaupières semblaient dessiner les contoursd’un univers de sommeil doux et profond.Une demi-heure passa et Betty téléphonaau Pr Fernstein. Elle lui indiqua queLauren n’était plus sous anesthésie. Ill’interrogea aussitôt sur les constantesvitales. Elle lui confirma ce à quoi ils’attendait, elles étaient toujours aussistables. Elle insista pour qu’il lui confirmela conduite à tenir.

- Vous débranchez le respirateur.J e d e s c e n d r a i t o u t à l ’ h e u r e .

Et il raccrocha. Betty pénétra dans lasalle, elle sépara le tuyau de la canule,laissant son opérée essayer de respirer parelle-même. Quelques instants plus tard elleretira la canule, libérant ainsi la trachée.Elle replaça une mèche des cheveux deLauren en arrière, la regarda avectendresse, et sortit en éteignant la lumièrederrière elle. La pièce s’emplit alors de la seulelumière verte de l’appareild’encéphalographie. Le tracé était toujoursplat. Il était presque vingt et une heurestrente et tout était silencieux.

Au terme de la première heure, le signalde l’oscilloscope se mit à trembler, trèslégèrement d’abord. Soudainement, le pointqui marquait le bout de la ligne se hissa d’uncoup vers le haut en dessinant un pic important,puis il plongea vertigineusement vers le basavant de revenir à l’horizontale.

Personne ne fut témoin de cetteanomalie. Le hasard est ainsi fait, Bettyrentra dans la pièce une heure plus tard. Elleprit les constantes de Lauren, déroulaquelques centimètres de la bande de papiertémoin que débitait la machine, découvritle pic anormal, fronça les sourcils etcontinua à en lire quelques autrescentimètres. Constatant la rectitude du tracéqui suivait, elle jeta le papier sans se poserd’autres questions. Elle décrocha lecombiné du téléphone mural et appelaFernstein.

- C’est moi, on est parti pour uncoma dépassé avec constantes stables.Je fais quoi ?

- Vous trouvez un lit au cinquième étage,merci, Betty.

Fernstein raccrocha.

1a paciente dormía plácidamente, suspárpados parecían dibujar los contornosde un universo de sueño sereno y pro-fundo. Media hora más tarde, Betty te-lefoneó al profesor Fernstein y le dijoque Lauren ya no estaba bajo los efec-tos de la anestesia. Él le preguntó cuá-les eran sus constantes vitales. La en-fermera le confirmó lo que se esperaba,que seguían estables, e insistió para quele repitiera lo que debía hacer.

—Desconecte el respirador —dijo elmedico—. Yo bajaré enseguida —añadióantes de colgar. Betty entró en la sala y se-paró la sonda de la cánula, dejando que lapaciente intentara respirar por sí mis-ma. Unos instantes después retiró lacánula, liberando de este modo la trá-quea. Apartó un mechón de pelo de lacara de Lauren, la miró con ternura ysalió, apagando la luz. La habitaciónquedó bañada por la luz verde del apa-rato de encefalografía, cuyo trazado se-guía siendo plano. E r a n c a s i l a sn u e v e y m e d i a d e l a n o c h e yt o d o e s t a b a e n s i l e n c i o .

Al cabo de una hora, la señal delosciloscopio comenzó a temblar, alprincipio muy levemente. De pron-to, el punto que marcaba el extremode la línea se elevó considerablemen-te, para descender de forma vertigi-nosa y volver a la horizontal.

Nadie fue testigo de esta anoma-lía. El azar es así. Betty entró de nue-vo en la estancia una hora más tarde.Tomó las constantes de Lauren, des-enrolló unos centímetros de la tira depapel que expulsaba la máquina, viola punta anormal, frunció el entrece-jo y siguió revisando unos centíme-tros más, Al constatar que seguía ha-biendo una línea recta en la tira delpapel sin darle más vueltas al asunto.Descolgó el teléfono mural y llamóa Fernstein.

— S o y y o . T e n e m o s u ncoma profundo con constantes estables.¿Qué hago?

—Busque una cama en la quinta planta.Gracias, Betty.

Fernstein colgó.

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Hiver 1996

Arthur actionna la télécommande de laporte du garage et rangea sa voiture. Ilemprunta l’escalier intérieur et se rendit àson nouvel appartement. Il claqua la porteavec son pied, posa sa sacoche, ôta sonmanteau et s’affala dans le canapé. Aumil ieu du salon, une vingtaine decar tons épars le rappelaient à sesobligations. Il enleva son costume,enfila un jean et s’attacha à défaire lescolis, rangeant les livres qu’ils contenaientdans les bibliothèques. Le parquet craquaitsous ses pieds. Bien plus tard dans la soirée,lorsqu’il eut tout fini, il plia les emballages,passa l’aspirateur et acheva de ranger lecoin cuisine. Il contempla alors sonnouveau nid. «Je dois virer un peumaniaque », se dit-il. Se rendant dans lasalle de bains, il hésita entre douche etbain, opta pour le bain, fit couler l’eau,alluma la petite radio posée sur leradiateur près des placards de la penderieen bois, se déshabilla, et entra dans la baignoireavec un soupir de soulagement.

Tandis que Peggy Lee chantait Feversur 101.3 FM, Arthur plongea sa têteplus ieurs fo is sous l ’eau . Ce quil’étonna d’abord fut la qualité sonorede la chanson qu’il écoutait, puis leréalisme stupéfiant de la stéréophonie,surtout pour un appareil censé être enmonophonie . À bien entendre , i lsemblait que le claquement de doigtsqui accompagne la mélodie provenait dela penderie . Intrigué, il sortit de l’eau, etmarcha à pas de loup vers les portes du placard,pour mieux entendre. Le bruit était de plus en plusprécis. Il hésita, prit son souffle et ouvritbrusquement les deux battants. Ses yeuxs’écarquillèrent, il fit un mouvement de recul.

Cachée entre les cintres, il y avait unefemme, les yeux clos, apparemmentenvoûtée par le rythme de la chanson,faisant claquer son pouce contre son index,elle fredonnait.

- Qui êtes-vous, qu’est-ce que vousfaites là ? questionna-t-il.

La femme sursauta et ouvrit ses yeux en grand.

- Vous me voyez ?

- Bien sûr que je vous vois.

Elle semblait totalement surprise qu’illa regarde. Il lui fit remarquer qu’il n’étaitni aveugle ni sourd et formula à nouveau sademande : que faisait-elle là ? Pour toute

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Invierno de 1996

Arthur pulsó el mando a distancia de lapuerta del garaje y aparcó el coche. Subiópor la escalera interior y entró en su nuevoapartamento. Cerró la puerta, empujándolacon un pie, dejó la cartera, se quitó el abri-go y se arrellanó en el s o f á . U n aveintena de cajas esparcidas en me-dio del salón le recordó sus obliga-ciones. Se quitó el traje, se puso unosvaqueros y comenzó a vaciar las ca-jas, colocando en las estanterías loslibros que contenían. El parqué crujíabajo sus pies. Unas horas más tarde, cuandohubo acabado, dobló las cajas de cartón, pasóel aspirador y acabó de arreglar la cocina.Entonces contempló su nuevo nido. «Debode estar volviéndome un poco maniático», sedijo mientras se dirigía al cuarto de baño. Unavez allí, dudó entre darse una ducha o unbaño. Al fin se decidió por el baño, abrió elgrifo, conectó la pequeña radio que estaba so-bre el radiador, junto a los armarios roperos demadera, se desnudó y se metió en la bañeraexhalando un suspiro de alivio.

Mientras Pcggy le cantaba Fever en el101.3 de la FM, Arthur sumergió la cabezavarias veces en el agua. Primero le llamó laatención la calidad sonora de la canción queestaba escuchando, y después el sorprenden-te realismo de la estereofonía, sobre todotratándose de un aparato que se suponía queera monofónico. De hecho, prestando mu-cha atención, parecía que el chasquido dededos que acompañaba la melodía proce-diera del interior del armario. Intrigado, sa-lió del agua y se acercó sigilosamente paraoír mejor. El sonido era cada vez más pre-ciso. Vaciló, respiró hondo y abrió brusca-mente las dos hojas. Con los ojos como pla-tos, dio un paso atrás.

Escondida entre las perchas, habíauna mujer con los ojos cerrados, aparen-temente cautivada por el ritmo de la can-ción, que hacía chascar los dedos al tiem-po que tarareaba.

— ¿Quién es usted? ¿Qué hace aquí? —preguntó Arthur.

La mujer abrió los ojos, sobresaltada.

— ¿Me ve?

—Pues claro que la veo.

Parecía absolutamente sorprendidapor el hecho de que la viese. El le acla-ró que no estaba ni ciego ni sordo y vol-vió a preguntarle qué hacía allí. Por toda

PENDERIE I. Exécution capitale par pendaison. II. 1.Lieu où l'on pend quelque chose. 2. (1802). Han-gar où l'on sèche les peaux 3. (1893). Mod. Petitepièce, cabinet, placard, meuble, etc., spécialementaménagé pour y suspendre des vêtements.

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réponse elle lui dit qu’elle trouvait celaformidable. Arthur ne voyait rien de «formidable » à cette situation et sur un ton plusagacé que précédemment reposa une troisièmefois sa question : que faisait-elle dans sa sallede bains à cette heure avancée de la nuit ?« Je crois que vous ne vous rendez pascompte, reprit-elle, touchez mon bras ! »I l r e s t a i n t e r l o q u é , e l l ei n s i s t a :

- Touchez mon bras, s’il vous plaît.

- Non, je ne toucherai pas votre bras,qu’est-ce qui se passe ici ?

Elle prit Arthur par le poignet et luidemanda s’il la sentait quand elle letouchait. L’air excédé il confirma avecfermeté qu’il avait senti quand elle l’avaittouché, qu’il la voyait et l’entendaitparfaitement. Il demanda une quatrièmefois qui elle était et ce qu’elle faisait dansle placard de sa salle de bains. Elle éludatotalement sa question et répéta, trèsenjouée, que c’était « fabuleux » qu’il lavoie, l’entende et puisse la toucher.Ereinté par sa journée, Arthur n’était pasd’humeur.

- Mademoiselle, ça suffit. C’est uneblague de mon associé? Vous êtes qui? Unecall-girl en cadeau de pendaison decrémaillère ?

- Vous êtes toujours grossier comme ça? J’ai l’air d’une pute ?

Arthur soupira.

- Non, vous n’avez pas l’air d’une pute,mais vous êtes juste cachée dans mondressing à presque minuit.

- En attendant c’est vous qui êtes à poil,pas moi !

Arthur sursauta, saisit une serviette, la passaautour de sa taille, et essaya de reprendre unecontenance normale. Puis il haussa la voix.

- Bon, maintenant, on arrête ce jeu,vous sortez de là, vous rentrez chezvous, et vous direz à Paul que c’est trèsmoyen, très très moyen.

Elle ne connaissait pas Paul et lui intimade baisser le ton. Après tout, elle non plusn’était pas sourde, c’était les autres qui nel’entendaient pas, elle entendait très bien.Il était fatigué et ne comprenait rien à lasituation. Elle semblait très perturbée, luivenait d’achever son emménagement etvoulait seulement être tranquille.

respuesta, ella dijo que aquello le pare-cía fantástico. Arthur no veía nada «fan-tástico» en aquella situación y, en untono más irritado, le preguntó por ter-cera vez qué estaba haciendo en su ar-mario a aquellas horas de la noche.

— Creo que no se da usted cuenta —dijo ella—. ¡Tóqueme un brazo!

Él se quedó desconcertado. La mujerinsistió.

—Tóqueme el brazo, por favor.

—No, no pienso tocarle el brazo. ¿Quéestá ocurriendo aquí?

La mujer asió a Arthur de la muñe-ca y le preguntó si la sentía cuando lotocaba. Él, exasperado, le confirmó confirmeza que la había sentido cuando lohabía tocado, y que también la veía yla oía perfectamente. Después le pre-guntó por cuarta vez quién era y quéhacía en su armario. Ella eludió total-mente la pregunta y repitió, muy con-tenta, que era «fabuloso» que la viera,la oyera y pudiera tocarla. Arthur, quehabía tenido un día agotador, no esta-ba de humor para tonterías.

— ¡Ya está bien, señorita! ¿Se trata deuna broma de mi socio? ¿Quién es usted?¿Una call girl de regalo de inauguraciónde piso?

— ¿Siempre es usted tan grosero? ¿Aca-so tengo pinta de puta?

Arthur suspiró.

— N o , n o t i e n e a s p e c t o d ep u t a , p e r o e s t a e s c o n d i d a e n m iropero casi a las doce de la noche.

— ¡Oiga, es usted quien está en cue-ros, no yo!

Arthur se cubrió con una toalla,sujetándosela en la cintura, e inten-tó adoptar una actitud normal.

—Bueno —dijo, alzando la voz—, aho-ra nos dejamos de juegos. Usted sale de aquí,se va a su casa y le dice a Paul que no hatenido gracia, ninguna gracia.

La mujer no conocía a Paul y le pidióque bajara el tono de voz. Después de todo,ella tampoco estaba sorda; eran los demáslos que no la oían, ella oía perfectamente.Arthur estaba cansado y no entendía nada.Aquella mujer parecía francamente pertur-bada; él acababa de mudarse y lo único quequería era estar tranquilo.

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- Soyez gentille, prenez vos affaireset rentrez chez vous, et puis sortez de ceplacard à la fin.

- Doucement, ce n’est pas si facile que ça,je ne suis pas d’une précision absolue, quoiqueça s’améliore ces derniers jours.

- Qu’est-ce qui s’améliore depuisquelques jours ?

- Fermez les yeux, j’essaie.

- Vous essayez quoi ?

- De sortir de la penderie, c’est ce quevous voulez, non ? Alors fermez les yeux,il faut que je me concentre, et taisez-vousdeux minutes.

- Vous êtes folle à lier !

- Oh ! ça suffit d’être désagréable,taisez-vous et fermez les yeux, on ne va pasy passer la nuit.

Décontenancé, Arthur obéit. Deuxsecondes plus tard il entendit une voix quiprovenait du salon.

- Pas mal, juste à côté du canapé maispas mal.

Il sortit précipitamment de la salle debains et vit la jeune femme assise par terreau centre de la pièce. Elle fît comme si derien n’était.

- Vo u s a v e z l a i s s é l e s t a p i s ,j ’ a i m e b i e n , m a i s j e d é t e s t e c et ab l eau au mur.

- J’accroche les tableaux que je veux,là où je le veux, et j’aimerais me coucher,alors si vous ne voulez pas me dire qui vous êtesce n’est pas grave, mais dehors maintenant !Rentrez chez vous !

- Je suis chez moi ! Enfin, j’étais. Toutcela est tellement déroutant.

Arthur hocha la tête, il louait cetappartement depuis dix jours et lui fit savoirqu’il était chez lui.

- Oui, je sais, vous êtes mon locatairepost mortem, c’est plutôt rigolo commesituation.

- Vous dites n’importe quoi, lapropriétaire est une femme de soixante-dixans. Et qu’est-ce que cela veut dire «locataire post mortem ? »

- Elle serait contente si elle vous entendait,

— Sea buena chica, tome sus cosas yváyase a casa... En cualquier casa, salga deuna vez del armario.

— Calma, no es tan fácil. No soy de unaprecisión absoluta, aunque en los últimosdías esto está mejorando mucho.

— ¿Qué está mejorando desde hace unosdías?

— Cierre los ojos, voy a intentarlo.

— ¿Qué va a intentar?

— S a l i r d e l a r m a r i o . E s e s ol o q u e q u i e r e , ¿ n o ? P u e s c i e r r el o s o j o s y c á l l e s e d o s m i n u t o s ,t e n g o q u e c o n c e n t r a r m e .

— ¡Está usted loca de atar!

— ¿Quiere dejar de ser tan desagrada-ble? Cállese y cierre los ojos, no vamos apasarnos la noche con esto.

Arthur, desconcertado, obedeció. Dossegundos después oyó una voz que veníadel salón. .

—No está mal. Justo al lado del sofá,pero no está mal.

Arthur saltó precipitadamente del cuar-to de baño y vio a la joven sentada en elsuelo, en el centro de la habitación. Ella hizocomo si no pasara nada.

—Me alegro de que haya dejado lasalfombras, pero ese cuadro que ha colgadode la pared me parece horrible.

—Yo cuelgo los cuadros que quie-ro y donde quiero, y me gustaría acos-tarme, así que si no quiere decirmequién es no pasa nada, pero lárguese.¡Váyase a su casa!

— ¡Estoy en mi casa! Bueno, estaba...Todo esto es tan confuso...

Arthur meneó la cabeza. Él había alqui-lado ese apartamento hacía diez días y asíse lo hizo saber.

— Sí, lo sé, es usted mi inquilino postmortem. La situación resulta bastante cho-cante.

—No sabe lo que dice. La propieta-ria es una mujer de setenta años. Ade-más, ¿qué significa eso de «inquilinopost mortem».

—Menuda gracia le haría si le oyera.

PENDERIE I. Exécution capitale par pendaison. II. 1.Lieu où l'on pend quelque chose. 2. (1802). Han-gar où l'on sèche les peaux 3. (1893). Mod. Petitepièce, cabinet, placard, meuble, etc., spécialementaménagé pour y suspendre des vêtements.

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elle en a soixante-deux, c’est ma mère, et elleest mon tuteur légal dans la situation actuelle.Je suis la vraie propriétaire.

- Vous avez un tuteur légal ?

- Oui, compte tenu du contexte, j’aiun mal fou à signer des papiers en cemoment.

- Vous êtes suivie dans un hôpital ?

- Oui, c’est le moins que l’on puisse dire.

- Ils doivent être très inquiets là-bas. De quelhôpital s’agit-il, je vais vous raccompagner.

- Dites-moi, vous êtes en train de meprendre pour une folle évadée de l’asile ?

- Mais non...

- Parce que après la putain de tout àl’heure ça fait beaucoup pour une premièrerencontre.

Il se moquait de savoir si elle était unecall-girl ou une folle originale, il étaitexténué et voulait simplement se coucher.Elle ne releva pas et continua sur sa lancée.

- Vous me voyez comment ? reprit-elle.

- Je ne comprends pas la question.

- Je suis comment, je ne me vois pasdans les miroirs, je suis comment ?

- Perturbée, vous êtes très perturbée, dit-il impassible.

- Physiquement, je veux dire.

Arthur hésita, il la décrivit grande, trèsgrands yeux, jolie bouche, un visage d’unedouceur en opposition totale avec soncomportement, lui parla de ses longuesmains qui dessinaient des mouvementsgracieux.

- Si je vous avais demandé de m’indiquerune station de métro, vous m’auriez donnétoutes les correspondances ?

- Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas.

- Vous détaillez toujours les femmesavec autant de précision ?

- Comment êtes-vous entrée, vous avezun double des clés ?

- Je n’en ai pas besoin. C’est tellementincroyable que vous me voyiez.

Tiene sesenta y dos, es mi madre y, enmi situación actual, mi tutora legal. Yosoy la verdadera propietaria.

—¿Tiene una tutora legal?

— Sí. Dadas las circunstancias, en estosmomentos tengo muchas dificultades parafirmar papeles.

—¿Recibe tratamiento en un hospital?

—Sí, es lo mínimo que se puede decir.

—Deben de estar muy preocupados.¿Qué hospital es? La acompañaré.

— Oiga, ¿ acaso me toma por una locaque se ha escapado de un manicomio?

—No, claro que no...

—Porque después de l lamarmeputa, ya es demasiado para un primerencuentro.

A él le importaba tres pimientos si erauna call girl o una loca de remate. Estabahecho polvo y quería acostarse, simplemen-te. Ella no se movió y continuó con su rollo.

— ¿Cómo me ve?

—No entiendo la pregunta.

— ¿Cómo soy? Yo no me veo en los es-pejos. ¿Cómo me ve usted?

—Perturbada, muy perturbada —dijo él,impasible.

— Quiero decir físicamente.

Arthur dudó. La describió como unamuchacha alta, de ojos muy grandes,boca bonita, facciones dulces que con-trastaban totalmente con su comporta-miento y manos largas que se movían condelicadeza.

— Si le hubiera pedido que situarauna estación de metro, ¿me habría dadotodas las correspondencias?

—Perdone, pero no la entiendo.

— ¿Describe siempre a las mujeres contanta precisión?

— ¿Cómo ha entrado? ¿Tiene una co-pia de las llaves?

— N o l a n e c e s i t o . ¡ E s t a ni n c r e í b l e q u e m e v e a !

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Elle insista à nouveau, c’était pour elleun miracle d’être vue. Elle lui dit qu’elleavait trouvé très jolie la façon dont il l’avaitdécrite et l’invita à s’asseoir à ses côtés.«Ce que je vais vous dire n’est pas facile àentendre, impossible à admettre, mais sivous voulez bien écouter mon histoire, sivous voulez bien me faire confiance, alorspeut-être que vous finirez par me croire etc’est très important car vous êtes, sans lesavoir, la seule personne au monde avec quije puisse partager ce secret. »

Arthur comprit qu’il n’avait pas le choix,qu’il lui faudrait entendre ce que cette jeunefemme avait à lui dire, et bien que sa seuleenvie du moment fût de dormir, il s’assitauprès d’elle et écouta la chose la plusinvraisemblable qu’il entendit de sa vie.

E l l e s ’ appe la i t Lauren Kl ine ,prétendait être interne en médecine, etavoir eu il y a six mois un accident devoiture, un grave accident de voitureà la suite d’une rupture de direction.«Je suis dans le coma depuis. Non, nepensez rien encore et laissezmoi vousexpliquer. » Elle n’avait aucun souvenirde l’accident. Elle avait repris conscienceen salle de réveil, après l’opération.Parcourue de sensations très étranges, elleentendait tout ce qui se disait autour d’elle,mais ne pouvait ni bouger ni parler. Audébut elle avait mis cela sur le compte del’anesthésie.

« Je me trompais, les heures ont passéet je n’arrivais toujours pas à me réveillerphysiquement.» Elle continuait à toutpercevoir mais elle était incapable decommuniquer avec l’extérieur. Elle avaitalors vécu la plus grande peur de sa vie,pensant pendant plusieurs jours êtretétraplégique.

« Vous n’imaginez pas par quoi je suispassée. Prisonnière à vie de mon corps. »

Elle avait voulu mourir de toutes sesforces, mais il est difficile d’en finir quandon ne peut même pas lever son petit doigt.S a m è r e é t a i t à s o n c h e v e t .Elle la suppliait par la pensée de l’étoufferavec son oreiller. Et puis un médecin étaitentré dans la pièce, elle avait reconnu savoix, c’était celle de son professeur. MmeKline lui avait demandé si sa fille pouvaitentendre lorsqu’on lui parlait, Fernsteinavait répondu qu’il n’en savait rien,mais que des études permettaient depenser que les gens dans sa situationpercevaient des signes de l’extérieur,et qu’il fallait être vigilant quant auxm o t s p r o n o n c é s à c ô t é d ’ e l l e .«Maman voulait savoir si je reviendrais

Insistió de nuevo. Para ella era un mila-gro que la viesen. Le dijo que le había pare-cido muy bonita la forma en que la habíadescrito y lo invitó a sentarse a su lado.

—Lo que voy a decirle cuesta de enten-der y resulta imposible de admitir, pero sitiene la bondad de escuchar mi historia, sitiene la bondad de confiar en mí, entoncesquizás acabe creyéndome, y es muy impor-tante, porque usted es, sin saberlo, la únicapersona del mundo con quien puedo com-partir este secreto.

Arthur se dio cuenta de que no tenía elec-ción, de que iba a tener que escuchar lo queesa chica quería decirle, y aunque su únicodeseo en aquel momento era dormir, se sentójunto a ella y escuchó la cosa más increíbleque había oído en su vida.

Se llamaba Lauren Kline, afirmaba queera médica interna y que hacía seis meseshabía sufrido un accidente de coche, un gra-ve accidente de coche debido a que se lehabía roto la dirección.

— Estoy en coma desde entonces. No,no piense nada todavía y de)e que le cuen-te. No recordaba nada del accidente. Habíarecobrado la conciencia en la sala de reani-mación, después de que la hubieran opera-do. Experimentaba unas sensaciones extra-ñas, oía todo cuanto se decía a su alrededor,pero no podía moverse ni hablar. Al princi-pio lo había achacado a los efectos de laanestesia.

— Estaba equivocada. Pasaron lashoras y yo no conseguía despertar fí-sicamente. Continuaba percibiéndolotodo, pero era incapaz de comunicar-se con el exterior. Entonces la habíadominado un terrible miedo, al pensarduran te var ios d ías que es tabatetrapléjica.

—No se imagina por lo que he pasado.Prisionera en vida de mi propio cuerpo.

Había deseado con todas sus fuerzas morir,pero resulta difícil acabar con uno mismo cuan-do no se puede levantar ni el dedo meñique.Su madre estaba a la cabecera de la cama. Lesuplicaba mentalmente que la asfixiara conla almohada. Después había entrado unmedico en la habitación y había reconocidosu voz; era la de su profesor. La señoraKline le había preguntado si su hija podíaoír cuando le hablaban, a lo que Fernsteinhabía respondido que no lo sabía, pero queunos estudios permitían pensar que las per-sonas que se hallaban en su situación per-cibían signos del exterior y que, por lo tan-to, era preciso tener cuidado con las pala-bras que se pronunciaban a su lado.

—Mamá que r í a s abe r s i a lgún

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un jou r. » I l avai t répondu d’unevoix calme qu’il n’en savait toujoursrien, qu’il fallait conserver une dosejuste d’espoir, qu’on avai t vu desmalades revenir au bout de plusieursmois, que c’était très rare mais quecela arrivait . « Tout est possible, avait-il dit, nous ne sommes pas des dieux, nousne savons pas tout. » Il avait ajouté : «Le coma profond est un mystère pourla médecine. » Étrangement, elle enavait été soulagée, son corps étaitintact. Le diagnostic n’était pas plusrassurant mais au moins pas définitif.« La tétraplégie, c’est irréversible.Dans les cas de coma profond, il y atoujours un espoir, même minime »,ajouta Lauren.

Les semaines s’étaient égrenées ,longues, de plus en plus longues. Elle lesvivait dans ses souvenirs et pensait àd’autres lieux. Une nuit en rêvant à la viede l’autre côté de la porte de sa chambre,elle avait imaginé le couloir, avec lesinfirmières qui passent les bras chargés dedossiers ou poussant un chariot, sesconfrères, qui allaient et venaient d’unechambre à l’autre...

- Et ceci s’est produit pour la premièrefois : je me suis retrouvée au milieu de cecorridor auquel je pensais si fort. J’ai crutout d’abord que mon imagination me jouaitun tour, je connais bien ces lieux, c’estl’hôpital où je travaille. Mais la situationétait saisissante de réalisme. Je voyais lepersonnel autour de moi, Betty ouvrir leplacard d’étage, y prendre des compresseset le refermer, Stephan passer en se frottantla tête. Il a un tic nerveux, il fait cela tout letemps.

Elle avait entendu les portes del’ascenseur, senti l’odeur des repas que l’onapportait au personnel de garde. Personnene la voyait, les gens passaient autour d’ellesans même essayer de l’éviter, totalementinconscients de sa présence. Se sentantfatiguée, elle avait réintégré son corps.

Durant les jours qui suivirent, elleapprit à se déplacer dans l’hôpital. Ellepensait au réfectoire et s’y retrouvait,à la salle d’urgences et bingo elle yétait. Après trois mois d’exercices, elleétait arrivée à s’éloigner de l’enceintehospitalière. Elle avait ainsi partagé undîner avec un couple de Français dansun de ses restaurants préférés, vu unemoitié de film dans un cinéma, passéquelques heures dans l’appartement de samère : « Je n’ai pas renouvelé cetteexpérience, cela me fait trop de peine dela côtoyer sans pouvoir communiquer. »

d ía vo lve r í a en mí .Él había contestado en un tono sereno

que tampoco lo sabía, que había que man-tener una dosis justa de esperanza, que al-gunos enfermos habían vuelto en sí despuésde varios meses, que era muy raro pero queen ocasiones pasaba. «Todo es posible —había dicho—. No somos dioses, no lo sa-bemos todo. —Y había añadido—: El comaprofundo es un misterio para la medicina.»Paradójicamente, ella se había sentido ali-viada: su cuerpo estaba intacto. El diag-nóstico no era más tranquilizador, pero almenos tampoco era definitivo.

— La tetraplejia es irreversible —aña-dió Lauren—. En los casos de coma pro-fundo siempre hay una esperanza, aunquesea mínima.

Las semanas habían transcurrido len-tamente, cada vez más lentamente. Ella lasvivía recluida en sus recuerdos y pensandoen otros lugares, Una noche, pensando enla vida que bullía al otro lado de la puertade su habitación, había imaginado el pasi-llo, con las enfermeras cargadas de histo-riales clínicos o empujando un carrito, ensus compañeros yendo y viniendo de unahabitación a otra...

—Y entonces sucedió por primera vez:me encontré en medio de ese pasillo en elque pensaba con tanta intensidad. Al prin-cipio creí que la imaginación estaba gastán-dome una jugarreta, pues conozco bien ellugar, es el hospital donde trabajaba. Perola situación resultaba sobrecogedora de tanreal. Veía al personal a mi alrededor: Bettyabría un armario, sacaba unas compresas yvolvía a cerrarlo; Stephan pasaba frotándo-se la cabeza... Tiene un tic nervioso, lo haceconstantemente.

Había oído las puertas del ascensor,percibido el olor de las comidas que lellevaban al personal de guardia. Nadie laveía; la gente pasaba por su lado sin si-quiera intentar esquivarla, totalmenteajena a su presencia. Luego se había sentidocansada y había regresado a su cuerpo.

Durante los días siguientes aprendió adesplazarse por el hospital. Pensaba en elcomedor, y un instante después se encon-traba allí; pensaba en la sala de urgencias, yallí estaba. Después de tres meses de ejerci-cios, había logrado alejarse del recinto hos-pitalario. Había compartido una cena conuna pareja de franceses en uno de sus res-taurantes preferidos, había visto media pe-lícula en un cine, y había pasado unas horasen casa de su madre.

—Pero esa experiencia no la he repeti-do. Me resulta demasiado penoso estar a sulado sin poder comunicarme con ella.

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Kali sentai t sa présence et tournai te n r o n d e n g é m i s s a n t , c e l a l arendait fol le. Elle étai t revenue ici ,c’étai t chez el le après tout , e t c ’es tencore l à qu’e l le se sentait le mieux.« Je vis dans une solitude absolue. Vousn’imaginez pas ce que c’est que de nepouvoir parler à personne, d’êtretotalement transparente, de ne plus existerdans la vie de quiconque. Alors vouscomprendrez ma surprise et mon excitationquand vous m’avez parlé ce soir, dans leplacard et lorsque j’ai réalisé que vous mevoyiez. Je ne sais pas pourquoi, maispourvu que ça dure, je pourrais vous parlerpendant des heures, j’ai tellement besoinde parler, j’ai des centaines de phrases enstock. » La frénésie de mots fit place àun moment de si lence. Des larmesvinrent perler à la commissure deses yeux. Elle regarda Arthur. Passasa main sur sa joue et sous son nez.« Vous dev ez me prendre pour unefolle ? » Arthur s’était calmé, touchépar l’émotion de la jeune femme, saisipar l e réc i t abracadabrant qu’ i lvenait d’entendre.

- Non, tout ça est très, comment dire,troublant, surprenant, inhabituel. Je ne saispas quoi dire. Je voudrais vous aider, maisje ne sais pas quoi faire.

- Laissez-moi rester ici, je me ferai toutepetite, je ne vous dérangerai pas.

- Vous croyez vraiment à tout ce quevous venez de me raconter ?

- Vous n’en croyez pas un mot ? Vousêtes en train de vous dire que vous avez enface de vous une fille complètementdéséquilibrée ? Je n’avais aucune chancede toute façon.

Il lui demanda de se mettre à sa place.Si elle s’était retrouvée à minuit avec unhomme caché dans le placard de sa salle debains, légèrement surexcité, tentant de luiexpliquer qu’il était une sorte de fantôme,dans le coma, qu’en aurait-elle pensé, etquelle aurait été sa réaction à chaud ?

Les traits de Lauren se détendirent, elleesquissa un sourire au milieu de ses larmes.Elle finit par lui avouer « qu’à chaud » elleaurait certainement hurlé, et lui accorda descirconstances atténuantes, ce dont il laremercia.

- Arthur, je vous en supplie, il faut mecroire. Personne ne peut inventer unehistoire pareille.

- Si, si, mon associé peut imaginer une

Además, Kali percibía su presencia y empe-zaba a dar vueltas en redondo gimiendo; aquellovolvía loco al pobre animal. Había ido allí por-que al fin y al cabo era su casa, y seguía siendoel sitio donde se encontraba mejor.

—Vivo en una soledad absoluta. Nose imagina lo que es no poder hablarcon nadie, ser totalmente transparen-te, no existir ya en la vida de nadie.Así que comprenderá mi sorpresa ymí excitación cuando usted me ha ha-blado esta noche, en el armario, y mehe dado cuenta de que me veía. Nosé por qué, pero, con tal de que estodure, podría seguir hablándole du-rante horas. ¡Necesito tanto hablar!¡Tengo centenares de frases almace-nadas! El frenesí de palabras dejó paso aun instante de silencio. Unas lágrimas aso-maron por la comisura de sus ojos. Miró aArthur. Le pasó una mano por la mejilla ypor debajo de la nariz.

—Debe de creer que estoy loca.Arthur se había calmado, impresiona-

do por la emoción de la muchacha, so-brecogido por el portentoso relato queacababa de escuchar.

—No. Todo esto es muy..., ¿cómo lo di-ría?..., inquietante, sorprendente, insólito.No sé qué decir. Quisiera ayudarla, pero nosé cómo.

—Deje que me quede aquí. Pasaré in-advertida, no le causaré molestias.

—¿Cree realmente todo lo que aca-ba de contarme?

—Usted no cree ni una palabra de loque le he contado, ¿verdad? Está dicién-dose que tiene delante a una chica com-pletamente desequilibrada, sin ningunaposibilidad.

Él le pidió que se pusiera en su lugar. Siella se hubiera encontrado a media noche aun hombre escondido en el armario de sucasa, ligeramente sobreexcitado, intentan-do explicarle que era una especie de fantas-ma en coma, ¿qué habría pensado y cuálhabría sido su reacción en caliente?

La joven esbozó una sonrisa, conel rostro más distendido, y acabó porconfesarle que, «en caliente», sin dudahabría gritado; admitió que había cir-cunstancias atenuantes, cosa que él leagradeció.

— C r é a m e , A r t h u r , s e l o s u p l i -c o . N a d i e p u e d e i n v e n t a r s e u n ah i s t o r i a a s í .

—Por supuesto que sí. Mi socio es ca-

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blague de cette envergure.

- Mais oubliez donc votre associé ! Iln’y est pour rien, ce n’est pas une plaisanterie.

Quand il lui demanda comment elleconnaissait son prénom, elle réponditqu’elle était déjà là bien avant qu’iln’emménage. Elle l’avait ainsi vu visiterl’appartement et signer, avec l’agentimmobilier, le bail sur le comptoir de lacuisine. Elle était également là quand sescartons étaient arrivés et lorsqu’il avaitcassé sa maquette d’avion en la déballant.Pour être honnête, bien que désolée pourlui, elle avait bien rigolé de sa colère dumoment. Elle l’avait vu aussi accrochercette fade peinture au-dessus de son lit.

- Vous êtes un peu maniaque, déplacervingt fois votre canapé pour finir par lemettre dans la seule position qui va, j’avaisenvie de vous souffler tellement c’étaitévident. Je suis ici avec vous depuis lepremier jour. Tout le temps.

- Vous êtes également là quand je suissous ma douche ou dans mon lit ?

- Je ne suis pas une voyeuse. Enfin vousêtes plutôt bien bâti, à part les poignéesd’amour qu’il faudrait surveiller, vousn’êtes pas mal du tout.

Arthur fronça les sourcils. Elle était trèsconvaincante ou plutôt très convaincue,mais il avait l’impression de tourner enrond, l’histoire de cette jeune femme n’avaitpas de sens. Si elle voulait y croire, c’étaitson problème, il n’avait aucune raison detenter de lui prouver le contraire, il n’étaitpas son psychiatre. Il voulait dormir et pouren finir lui proposa de l’héberger pour lanuit, il prendrait le canapé du salon « qu’ilavait eu tant de mal à mettre en bonneplace» et lui laisserait sa chambre. Demainelle rentrerait chez elle, à l’hôpital, là oùelle le voudrait et leurs destins sesépareraient. Mais Lauren n’était pasd’accord, elle se posta face à lui, l’airrenfrogné, bien décidée à se faire entendre.Prenant son souffle elle lui énonça une sériesurprenante de témoignages de ses faits etgestes accomplis au cours des derniersjours. Elle lui rapporta la conversationtéléphonique qu’il avait eue avec Carol-Annl’avant-veille vers onze heures du soir. Ellevous a raccroché au nez juste après que vouslui avez fait une leçon de morale, assezpompeuse d’ailleurs, sur les raisons qui fontque vous ne voulez plus entendre parler devotre histoire. «Croyez-moi ! » Elle luirappela les deux tasses qu’il avait casséesen déballant ses cartons, « Croyez-moi !», qu’il s’était réveillé en retard et s’était

paz de idear una broma de este calibre.

—Esto no es n inguna broma desu soc io . ¡Olv ídese de é l !

Cuando Arthur le preguntó cómo sabíasu nombre de pila, Lauren contestó que yaestaba allí desde mucho antes de que él seinstalara. Lo había visto visitar el aparta-mento y firmar con el agente inmobiliarioel contrato sobre el mostrador de la cocina.También estaba allí cuando habían llegadolas cajas y cuando se le había roto la ma-queta de avión al desembalarla. Para ser sin-cera, le había hecho mucha gracia el cabreoque había pillado, aunque lo sentía por él.También te había visto colgar aquel insípi-do cuadro encima de la cama.

—Es usted un poco maniático. Cambiarveinte veces de sitio el sofá para acabarponiéndolo en el único que queda bien... Eratan evidente que me entraban ganas de de-círselo. Estoy aquí con usted desde el pri-mer día. He estado todo el tiempo.

—¿También está cuando me meto en laducha y en la cama?

— N o s o y u n a m i r o n a .A u n q u e . . . , b u e n o , r e c o -n o z c o q u e n o e s t á m a ld e l t o d o .

Arthur frunció el entrecejo. La chica eramuy convincente o, más bien, estaba muyconvencida, pero él tenía la impresión deestar dando vueltas en redondo; aquella his-toria no tenía sentido, Si ella quería creer-la, era cosa suya; él no tenía ningún moti-vo para intentar demostrarle lo contrario,no era su psiquiatra. Lo que él quería eradormir y, para conseguirlo, le ofreció alo-jamiento por una noche; él dormiría en elsofá del salón, «que tanto le había costadocolocar bien», y le cedería el dormitorio.Al día siguiente ella volvería a su casa, alhospital, a donde quisiera, y sus vidas se-guirían caminos distintos. Pero Lauren noestaba de acuerdo. Se plantó delante deél, ceñuda, absolutamente decidida a ha-cerse escuchar, respiró hondo y le enu-meró una sorprendente serie de cosasque había hecho durante los últimosdías. Le reprodujo la conversación te-lefónica que había mantenido con CarolAnn dos días antes, hacia las once dela noche. Ella le colgó justo despuésde que él le diera una lección de moral,bastante pomposa por cierto, sobre lasrazones por las que no quiere oír hablarmás de su historia. «¡Créame!» Le recor-dó las dos tazas que había roto mientrasvaciaba las cajas, «¡créame!», que se ha-bía despertado tarde y se había quemado

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ébouillanté sous sa douche, « Croyez-moi !», ainsi que le temps qu’il avait passé àchercher ses clés de voiture en s’énervanttout seul. « Mais croyez-moi bon sang ! »Elle le trouvait d’ailleurs très distrait, ellesétaient posées sur la petite table de l’entrée.La compagnie du téléphone était venuemardi à dix-sept heures, et l’avait faitattendre une demi-heure. Et vous avezmangé un sandwich au pastrami, vous enavez mis sur votre veste et vous vous êteschangé avant de repartir.

« Vous me croyez maintenant ? »

- Vous m’espionnez depuis plusieursjours, pourquoi ?

- Mais comment voulez-vous que jevous espionne, ce n’est pas le Watergate ici! Il n’y a pas des caméras et des microspartout !

- Et pourquoi pas ! Ce serait pluscohérent que votre histoire, non ?

- Prenez vos clés de voiture !

- Et où allons-nous ?

- À l’hôpital, je vous emmène me voir.

- Bien sûr ! Il est bientôt une heure dumatin, et je vais me pointer à l’hôpital, àl’autre bout de la ville et demander auxinfirmières de garde de bien vouloir meconduire de toute urgence dans la chambred’une femme que je ne connais pas parceque son fantôme est dans mon appartement,que j’aimerais bien dormir, qu’elle est trèstêtue, et que c’est le seul moyen pour qu’elleme foute la paix.

- Vous en voyez un autre ?

- Un autre quoi ?

- Un autre moyen, parce que dites-moi quevous allez pouvoir trouver le sommeil.

- Mais qu’est-ce que j’ai fait au BonDieu pour que cela m’arrive à moi ?

- Vous ne croyez pas en Dieu, vousl’avez dit au téléphone à votre associé ausujet d’un contrat : « Paul, je ne crois pasen Dieu, si on a cette affaire c’est parcequ’on aura été les meilleurs, et si on la perd,il faudra en tirer les conclusions et seremettre en cause. » Eh bien, remettez-vousen cause cinq minutes, c’est tout ce que jevous demande. Croyezmoi ! J’ai besoin devous, vous êtes la seule personne...

Arthur décrocha le téléphone et

con el agua de la ducha, «¡créame!», asícomo el tiempo que había pasado buscan-do las llaves del coche, cabreado consigomismo. «¡Créame de una vez!» A ella, laverdad, le parecía que era muy despista-do, porque estaban en la mesita de la en-trada. La compañía telefónica había idoel martes a las cinco de la tarde y le habíahecho esperar media hora. Y se había co-mido un sandwich de pastrami, se habíamanchado la chaqueta y se había cambia-do antes de volver a salir.

— ¿Me cree ahora?

— Lleva varios días espiándome.¿Por qué?

— ¡ O i g a , q u e e s t o n o e s e lWa t e r g a t e ! ¡ L a c a s a n o e s t ál l e n a d e c á m a r a s y m i c r ó f o -n o s !

— ¿Y por que no? Sería más co-herente que su historia, ¿no?

— ¡Tome las llaves del coche!

— ¿Para ir adonde?

—Al hospital. Voy a llevarlo a que me vea.

— ¡Faltaría más! Es casi la una de lamadrugada y voy a presentarme en el hos-pital, que está en la otra punta de la ciudad,y a pedirles a las enfermeras de guardia quetengan la bondad de llevarme urgentementea la habitación de una mujer a la que conoz-co porque su fantasma está en mí aparta-mento, que me gustaría dormir, pero que ellaes muy cabezota y que es la única manerade que me deje en paz.

— ¿Ve otra?

— ¿Otra qué?

— Otra manera. Porque no me dirá queva a poder conciliar el sueño...

—Pero ¿qué he hecho yo para que Diosme castigue de esta manera?

—Usted no cree en Dios. Se lo dijo porteléfono a su socio cuando hablaban de uncontrato. «Paul, yo no creo en Dios. Si nossale bien este negocio será porque somoslos mejores, y si nos sale mal habrá que ha-cer una autocrítica y sacar las conclusionespertinentes.» Muy bien, pues dedique cincominutos a hacer una autocrítica, es todo loque le pido. ¡Créame! Le necesito, es ustedla única persona...

Ar thu r desco lgó e l t e l é fono y

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composa le numéro de son associé.

- Je te réveille ?

- Mais non, il est une heure du matin etj’attendais que tu me téléphones pour allerme coucher, répondit Paul.

- Pourquoi ? Je devais t’appeler ?

- Non, tu ne devais pas m’appeler maisoui, tu me réveilles. Qu’est-ce que tu veuxà cette heureci ?

- Te passer quelqu’un et te dire que tesblagues sont de plus en plus stupides.

Arthur tendit le combiné à Lauren et luidemanda de parler à son associé. Elle nepouvait pas prendre le téléphone, elle luiexpliqua qu’elle ne pouvait saisir aucunobjet. Paul qui s’impatientait à l’autre boutde la ligne lui demanda à qui il parlait.Arthur sourit, victorieux, et enclencha lebouton « main libre » de l’appareil.

- Tu m’entends, Paul ?

- Oui, je t’entends. Dis : à quoi joues-tu? Je voudrais dormir.

- Moi aussi je voudrais dormir, tais-toiune seconde. Parlez-lui, Lauren, parlez-luimaintenant !

Elle haussa les épaules.

- Si vous voulez. Bonjour, Paul, vousne m’entendez sûrement pas, mais votreassocié non plus.

- Bon , Ar thu r, s i t u m’appe l l e sp o u r n e r i e n d i r e , a l o r s i l e s tv r a i m e n t t r è s t a r d .

- Réponds-lui.

- À qui ?

- À la personne qui vient de te parler.

- C’est toi la personne qui vient de meparler et je te réponds.

- Tu n’as entendu personne d’autre ?

- Dis-moi, Jeanne d’Arc, tu fais une crisede surmenage ?

Lauren le dévisageait d’un aircompatissant.

Arthur secoua la tête ; de toute façon, s’ilsétaient de mèche tous les deux, il n’auraitpas lâché le morceau aussi facilement. Dans

marcó el número de su socio.

— ¿Te he despertado?

— ¡No, qué tontería! Es la una de lamadrugada y estaba esperando que me lla-mases para acostarme —contestó Paul.

— ¿Tenía que llamarte?

—No, no tenías que llamarme... ysí, me has despertado, ¿Que quieresa estas horas?

—Pasarte a alguien y decirte que tusbromas son cada vez más estúpidas.

Arthur le tendió el auricular a Laureny le pidió que hablara con su socio. Ellano podía tomar el teléfono; le explicó queno podía tomar ningún objeto. Paul, queestaba impacientándose, le preguntó des-de el otro lado de la línea con quién habla-ba. Arthur sonrió, victorioso, y pulsó elbotón «manos libres» del aparato.

— ¿Me oyes, Paul?

— Claro que te oigo. Oye, ¿a qué estásjugando? Me gustaría dormir.

—A mí también me gustaría dormir.Calla un segundo. Habla con él, Lauren,habla con él ahora.

Ella se encogió de hombros.

— Si se empeña... Hola, Paul, segura-mente usted no me oye, pero su socio nome escucha.

—Bueno, Arthur, si me has llamado parano decir nada, yo sí tengo una cosa que de-cirte: es muy tarde.

— Contéstale.

— ¿A quién?

—A la persona que acaba de hablarte.

— La persona que acaba de hablarmeeres tú y estoy contestándote.

— ¿No has oído a nadie más?

— Oye, Juana de Arco, ¿eres víctima delestrés?

Lauren lo miraba ___________ con carade compasión.

Arthur meneó la cabeza. De todasformas, si estaban co n c h a b a d o s ,Pau l no cede r í a a s í como as í . Por

DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

combiné I adj combinado(a). II combiné m 1. (deteléfono) auricular. 2. (ropa interior) combinación

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le haut-parleur ils entendirent Paul demanderà nouveau à qui il parlait. Arthur lui demandad’oublier tout ça et s’excusa de l’avoirappelé si tard. Paul s’inquiéta de savoirsi tout allait bien, s’il avait besoin qu’ilpasse. Il le rassura aussitôt, tout allaitbien et il le remerciait.

- Ben, il n’y a pas de quoi, mon grand,tu me réveilles quand tu veux pour tesconneries, surtout tu n’hésites pas, on estassociés pour le meilleur et pour le pire.Alors quand tu as du pire comme ça, tu meréveilles et on partage. Voilà, je peux merendormir ou tu as autre chose ?

- Bonne nuit, Paul.

Et ils raccrochèrent.

- Accompagnez-moi à l’hôpital, on yserait déjà.

- Non, je ne vous accompagne pas,franchir cette porte ce serait déjà accréditercette histoire rocambolesque. Je suisfatigué mademoiselle, et je veux mecoucher, alors vous prenez ma chambre etmoi le canapé ou vous quittez les lieux.C’est ma dernière proposition.

- Eh bien, j’ai trouvé plus têtu quemoi. Allez dans votre chambre, jen’ai pas besoin de lit.

- Et vous, vous faites quoi ?

- Qu’est-ce que cela peut vous faire ?

- Ça me fait, c’est tout.

- Moi je reste là dans le salon.

- Jusqu’à demain matin et après...

- Oui, jusqu’à demain matin, merci devotre gracieuse hospitalité.

- Et vous ne venez pas m’espionner dansma chambre ?

- Vous n’avez qu’à fermer votre porte àclé puisque vous ne me croyez pas, et puissi c’est parce que vous dormez tout nu, jevous ai déjà vu, vous savez !

- Je croyais que vous n’étiez pas voyeuse ?

E l le lu i f i t r emarquer que tou tà l ’heure dans l a sa l l e de ba ins , i ln e f a l l a i t p a s ê t r e v o y e u s e , i lf a l l a i t ê t r e a v e u g l e . I l p i q u a u nf a r d e t l u i s o u h a i t a b o n n e n u i t .«C ’ e s t c e l a , b o n n e n u i t A r t h u r ,f a i t e s d e b e a u x r ê v e s . »

el altavoz oyeron a Paul que preguntaba denuevo con quién hablaba. Arthur le pidióque lo olvidara todo y se disculpó porhaberlo llamado tan tarde. Paul quiso sabersi todo iba bien, si necesitaba que pasarapor su casa. Él lo tranquilizó; todo iba bieny le daba las gracias por su interés.

—De nada, amigo, despiértame cuandoquieras para decir tonterías. No dudes enhacerlo, al fin y al cabo somos socios paralo bueno y para lo malo. Así que cuandoestés así de mal, me despiertas y lo com-partimos. Bueno, ¿puedo seguir durmiendoo hay algo más?

—Buenas noches, Paul.

Y colgaron.

—Acompáñeme al hospital, ya podría-mos estar allí.

—No, no la acompaño. Cruzar esapuerta sería dar crédito a la rocambolescahistoria que me ha contado. Estoy can-sado, señorita, y quiero acostarme, asíque ocupe usted el dormitorio y yome quedaré en el sofá; y si no, váyase.Es mi última oferta.

— ¡Pues qué bien! Me he topado conalguien más testarudo que yo. Váyase aldormitorio, yo no necesito cama.

— ¿Y usted qué hará?

— ¡Qué más le da!

—Pues no me da igual.

—Me quedaré en el salón.

—Hasta mañana por la mañana, y luego...

—Sí, hasta mañana por la mañana. Gra-cias por su hospitalidad.

—No vendrá a espiarme a mi habitación,¿verdad?

—Puesto que no me cree, no tiene másque cerrar la puerta con pestillo. Pero, detodas formas, si es porque duerme desnu-do, ya le he visto de sobra.

— ¡Creía que no era una mirona!

Ella le recordó que un rato antes, en elcuarto de baño, no hacía falta ser unamirona sino simplemente no estar ciegapara verlo desnudo. El se puso rojo comoun tomate y le dio Un buenas noches.

— B u e n a s n o c h e s , A r t h u r ,q u e t e n g a f e l i c e s s u e ñ o s .

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Arthur s’en alla dans sa chambre et claqua la porte.« Mais c’est une folle, maugréa-t-il. C’estune histoire de dingues. » Il se jeta sur sonlit. Les chiffres verts de son radioréveilmarquaient la demie de une heure. Il lesregarda défiler jusqu’à deux heures onze.D’un bond il se leva, enfila un gros pull, unJean, mit des chaussettes, et sortitbrusquement dans le salon. Lauren y étaitassise en tailleur sur l’appui de la fenêtre.Lorsqu’il entra, elle lui parla sans se retourner.

- J’aime cette vue, pas vous ? C’est cequi m’a fait craquer pour cet appartement.J’aime regarder le pont, j’aime, en été,ouvrir la fenêtre et entendre les cornes debrume des cargos. J’ai toujours rêvé decompter le nombre de vagues qui sebriseraient contre leur étrave avant qu’ilsne franchissent le Golden Gâte.

- Bon, on y va, lui adressa-t-il commeseule réponse.

- Vraiment ? Qu’est-ce qui vous décidetout à coup ?

- Vous avez plombé ma nuit, alors foutupour foutu autant régler le problème ce soir,demain je suis censé travailler. J’ai unrendez-vous important à l’heure du déjeuner,et il faut que j’essaye de dormir au moinsdeux heures, alors on y va maintenant. Vousvous dépêchez ?

- Allez-y, je vous rejoins.

- Où me rejoignez-vous ?

- J e v o u s r e j o i n s , j e v o u sd i s , f a i t e s - m o i c o n f i a n c e d e u xm i n u t e s .

Il trouvait lui accorder déjà trop deconfiance au regard de la situation. Avantde quitter les lieux, il lui redemanda sonnom de famille. Elle le renseigna ainsique sur l’étage et le numéro de lachambre où el le étai t censée êtrehospitalisée, cinquième et chambre 505.Elle ajouta que c’était facile, il n’y avaitque des cinq. Lui ne trouvait rien defacile à ce qui l’attendait. Arthur fermala porte derrière lui, descendit lesescaliers, entra dans le parking. Laurenétait déjà dans la voiture, posée sur labanquette arrière.

- Je ne sais pas comment vous faitescela, mais c’est très fort. Vous avez bosséavec Houdini !

- Qui ça ?

- Houdini, un prestidigitateur.

Arthur se fue al dormitorio y cerró la puerta.—Está como una cabra —masculló—.

Es una historia de locos.Se tumbó en la cama. Los números

verdes del radiodespertador marcaban launa y media. Los vio pasar hasta las dosy once minutos. Se levantó de un salto,se puso un jersey grueso, unos vaquerosy unos calcetines y salió al salón. Laurenestaba sentada con las piernas cruzadasen el alféizar de la ventana.

—Me gusta esta vista—dijo sin volver-se cuando él entró—. Fue lo que hizo queme enamorara de este apartamento. Me gus-ta mirar el puente; en verano me encantaabrir la ventana y oír las sirenas de los car-gueros. Siempre he soñado con contar cuán-tas olas romperán contra su estrave antes deque crucen el Golden Gate.

—Bueno, vamos —dijo él por toda res-puesta.

— ¿De verdad? ¿Por qué se ha decididode pronto?

—Me ha desvelado, así que, pues-tos a no dormir, más vale solucionar elasunto esta misma noche, porque mañanatengo una reunión importante al medio-día y d e b o i n t e n t a r d o r m i r a l m e -n o s u n p a r d e h o r a s , d e m o d oq u e vámonos ya.

—Bien, ya me reuniré con usted.

— ¿Dónde se reunirá conmigo?

—Le digo que me reuniré con usted.Confíe un poco en mí, aunque sólo sea du-rante un par de minutos.

A Arthur le parecía que, teniendo encuenta la situación, ya estaba confiandodemasiado en ella. Antes de salir, volvióa preguntarle su apellido. Ella se lo dijo,así como la planta y el número de la ha-bitación donde se suponía que estaba in-gresada: planta quinta, habitación 505.Añadió que era fácil acordarse porqueera capicúa. A él no le parecía nada fá-cil lo que le esperaba. Arthur cerró lapuerta tras de sí, bajó la escalera y en-tró en el aparcamiento. Lauren ya esta-ba dentro del coche, sentada en el asien-to de atrás.

—No sé cómo lo hace, pero es im-presionante. ¡Oiga, no será una discípu-la de Houdini!

—¿De quién?

—Houdini, un ilusionista.

TAILLEUR I. (V. 1180, tailleor). 1. Personne quiconfectionne les vêtements sur mesure pourhommes; personne qui exploite et dirige l'atelier oùon les confectionne, le magasin où l'on reçoit lesclients. 2. Loc. EN TAILLEUR. (Par allus. à lamanière dont les tailleurs d'autrefois s'asseyaientpour travailler. - aussi Racornir, cit. 3; sopha, cit.1). S'asseoir en tailleur : s'asseoir par terre, lesjambes à plat sur le sol et repliées, les genouxécartés (on dit aussi s'asseoir à l'orientale, à laturque). 3. (1895, in D.D.L.). Vieilli. Un costumetailleur (- Emmanchure, cit.; jaquette, cit. 3), ou,mod. (1904, in D.D.L.), un tailleur (- Gainer, cit. 1;prince de galles, cit. 2) : costume de femme,généralement assez ajusté, composé d'unejaquette (ou veste) et d'une jupe de même tissu.II. A. 1. Ouvrier qui taille (2. ou 3.), qui façonnequelque chose par la taille (I., 1. ou 2.). 2. (1170).Mod. Tailleur de pierre (ou de pierres) : ouvrier quitaille les pierres à bâtir. 3. Techn. TAILLEUR DE...B. T. de jeu. Celui qui est chargé de tailler (4.),dans une maison de jeu. III. Tailleur de route :celui qui parcourt de longues distances, qui taille(infra cit. 1) la route (spécialt, en bateau).

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- Vous avez de vraies références, vous.

- Passez devant, je n’ai pas de casquettede chauffeur.

- Soyez un minimum indulgent, jevous ai dit que je manquais encore depréc i s ion , ce n ’es t pas s i ma l l abanquette arrière, j’aurais pu atterrirsur le capot. Quoique je m’étais bienc o n c e n t r é e s u r l ’ i n t é r i e u r d e l av o i t u r e . J e v o u s a s s u r e q u e j eprogresse de plus en plus vite.

Lauren s’assit près de lui. Un silences’installa, elle regardait par la fenêtre.Arthur filait dans la nuit. Il la questionnasur l’attitude à adopter une fois rendus àl’hôpital. Elle lui proposa de se fairepasser pour un cousin du Mexique quivenant d’apprendre la nouvelle avaitroulé toute la journée et toute la nuit. Ilallait prendre un avion pour l’Angleterreau petit matin et ne reviendrait pas avantsix mois, d’où l’impérieuse nécessité dedéroger au règlement et de lui accorderl’autorisation de voir sa cousine adorée,en dépit de l’heure tardive. Il ne setrouvait pas f r a n c h e m e n t l e t y p es u d - a m é r i c a i n , e t envisagea que sonbobard ne marche pas.

Elle le trouva fort négatif et suggéraque si tel devait être le cas ils reviendraientle lendemain. Il ne fallait pas qu’ils’inquiète. C’était plutôt son imaginationà elle qui l’inquiétait. La Saab pénétra dansl’enceinte du complexe hospitalier. Elle lefit tourner à droite, puis prendre ladeuxième allée sur sa gauche et l’invita àse garer juste derrière le pin argenté. Unefois garés, elle lui montra du bout du doigtla sonnette de nuit, lui précisant de ne passonner trop longtemps, cela les agaçait.« Qui ? » demanda-t-il. « Les infirmièresqui arrivent souvent du bout du couloiret qui ne peuvent pas se téléporter,r é v e i l l e z - v o u s m a i n t e n a n t ».. .«J’aimerais bien », dit-il.

—Está usted muy informado.

—Pase delante, no me he puesto la go-rra de chofer.

—Tenga un mínimo de indulgencia.Ya le he dicho que todavía me falta pre-cisión, y después de todo el asiento pos-terior no está tan mal; hubiera podidoaterrizar en el capó, aunque me habíaconcentrado en el interior del coche Leaseguro que estoy haciendo muchos pro-gresos, y cada vez más deprisa.

Lauren se sentó a su lado y se quedaronen silencio. Ella miraba por la ventanilla mien-tras Arthur conducía a través de la oscuridad.El le preguntó cómo debía actuar una vez quellegaran al hospital. Ella le propuso que sehiciera pasar por un primo de México queacababa de enterarse de la noticia y se habíapasado todo el día y toda la noche condu-ciendo. Iba a tomar un avión para Inglaterraa primera hora de la mañana y no regresaríaantes de medio año; de ahí la imperiosa ne-cesidad de que se saltaran las reglas y ledieran permiso para ver a su querida primaa pesar de lo tarde que era . É l noc re í a en abso lu to que tuv ie ra p in -ta de sudamericano y que se fuerana tragar e sa bo la .

Ella lo encontró muy negativo y sugirióque, si fuera así, volverían al día siguiente.No debía preocuparse. Era más bien la ima-ginación de ella lo que le preocupaba. Elvehículo se adentró en el recinto del com-plejo hospitalario. Ella le pidió que girara ala derecha y que tomara la segunda calle ala izquierda; luego le indicó que aparcarajusto detrás del pino albar. Una vez aparcadoel coche, ella le señaló con un dedo el tim-bre de llamada, advirtiéndole que no lo pul-sara mucho rato porque eso les molestaba.

— ¿A quién? —preguntó Arthur.—A las enfermeras, que casi siempre

vienen desde la otra punta del pasillo y novan motorizadas. Venga, espabílese.

—Eso quisiera yo.

DÉROGER 1. manquer à (l'observation d'une loi,l'application d'une règle, d'une convention). 2.Anciennt. Déroger à noblesse, et, absolt, déroger: perdre les privilèges de la noblesse par l'exerciced'une profession incompatible avec elle. 3. Faireune chose indigne de la position, du rang socialque l'on occupe; s'écarter de ce à quoi obligel'honneur, la dignité...

déroger 1. (convenciones, principios) faltar. 2. (unaley, una regla) transgredir, contravenir

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5

Arthur descendit de la voiture etsonna deux coups brefs. Une femme depet i te ta i l le , aux yeux cerc lés delunettes en écaille vint lui ouvrir. Elleentrebâilla la porte et demanda ce qu’ilvoulait. Il se débattit aussi bien qu’il le pouvaitavec son histoire. L’infirmière lui fit savoirqu’il y avait un règlement, que si on se donnaitla peine d’en faire un c’était certainement pourl’appliquer, et qu’il n’avait qu’à revenirdemain, et retarder son départ.

Il supplia, invoqua l’exception quiconfirme toutes les règles, s’apprêta à serésigner, la mort dans l’âme, vit alors lanurse flancher, regarder sa montre et finirpar lui dire. « Je dois faire ma tournée,suivez- moi, ne faites pas un bruit, netouchez à rien et dans quinze minutesvous êtes dehors. » Il prit sa main etla baisa en guise de remerciements.« Vous êt e s t o u s c o m m e ç a a uMexique ? » ques t ionnat - e l le enesquissant un sourire. Elle le laissapénétrer dans l’enceinte du pavillon,l’invitant à la suivre. Ils se rendirent auxascenseurs et montèrent directement aucinquième étage.

- Je vous emmène dans la chambre, jefais ma tournée, et je passe vous rechercher.Vous ne toucherez à rien.

Elle poussa la porte du 505, la pièce étaitdans la pénombre. Une femme allongée surun lit, éclairée par une simple veilleusesemblait dormir d’un sommeil profond.Depuis l’entrée, Arthur ne pouvait pasdistinguer les traits du visage qui reposait.

L’infirmière parla à voix feutrée.- Je laisse ouvert, entrez, elle ne risque

pas de se réveiller, mais faites attention auxmots que vous prononcerez près d’elle, onne sait jamais avec les patients dans le coma.C’est en tout cas ce que disent les médecins,moi ce que j’en dis c’est autre chose.

Arthur pénétra à pas de loup. Laurenétait debout près de la fenêtre et le pria dela rejoindre : « Avancez, je ne vais pas vousmordre. » Il ne cessait de se demander cequ’il faisait là. Il s’approcha du lit et baissales yeux. La ressemblance était saisissante.La femme inerte était plus pâle que sonsosie qui lui souriait, mais hormis ce détailleurs traits étaient identiques. Il fit alors unpas en arrière.

- C’est impossible, vous êtes sa soeurjumelle?

- Vous êtes désespérant ! Je n’ai pas desoeur. C’est moi, allongée là, c’est

5

Arthur bajó del automóvil y dio dos tim-brazos breves. Acudió a la llamada unamujer bajita, con los ojos enmarcadospor unas gafas con montura de pasta.Entreabrió la puerta y preguntó qué quería.Él contó lo mejor que pudo su historia. Laenfermera )e informó que había un regla-mento, que si se habían molestado en ha-cerlo era sin duda alguna para aplicarlo, yque no tenía más que retrasar su viaje y vol-ver al día siguiente.

Él suplicó, invocó la excepción que con-firma la regla, se dispuso a resignarse, conlágrimas en los ojos, y entonces vio que laenfermera cedía y miraba el reloj.

— Tengo que hacer la ronda —dijo—.Sígame sin hacer un solo ruido ni tocar nada,y dentro de quince minutos lo quiero fuera.

Arthur le tomó una mano y se la besócomo muestra de agradecimiento.

— ¿ S o n t o d o s a s í e n M é x i c o ?— p r e g u n t ó l a m u j e r , e s b o z a n d ou n a s o n r i s a . l o d e j ó e n t r a r e n e lp a b e l l ó n , i n v i t á n d o l o a a c o m -p a ñ a r l a . S e d i r i g i e r o n a l o s a s -c e n s o r e s y s u b i e r o n d i r e c t a -m e n t e a l a q u i n t a p l a n t a .

— Le l l eva ré a l a hab i t ac ión ,haré la ronda y pasaré a buscarlo.No toque nada.

Empujó la puerta de la 505. La habi-tación estaba sumida en la penumbra. Ten-dida en la cama, iluminada por una tenueluz, había una mujer que parecía profun-damente dormida. Desde la entrada,Arthur no podía distinguir sus rasgos.

— Dejo abierto —dijo la enfermeraen voz baja—. Entre, no se despertará,pero lleve cuidado con lo que dice cercade ella. Con los pacientes que están encoma, nunca se sabe. En cualquier caso,eso es lo que dicen los médicos. Lo queyo digo es otra cosa. Arthur entró sigilo-samente. Lauren estaba de pie junto a laventana y le pidió que se acercara.

—Venga, hombre, no voy a morderle.Él no paraba de preguntarse qué

hacía allí. Se acercó a la cama y bajóla mirada. El parecido era sorpren-dente. La mujer inerte estaba máspálida que su doble, que le sonreía,pero aparte de ese detalle sus rasgoseran idénticos.

— Es imposible. ¿ Son hermanasgemelas?—preguntó Arthur, dando un paso atrás.

— ¡Es usted desesperante! No tengoninguna hermana. Soy yo, tendida ahí,

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seulement moi, aidezmoi et essayezd’admettre l’inadmissible. Il n’y a pas detrucage et vous ne dormez pas. Arthur, jen’ai que vous, il faut me croire, vous nepouvez pas me tourner le dos. J’ai besoinde votre aide, vous êtes la seule personnesur cette terre à qui je puisse parler depuissix mois, le seul être humain qui sente maprésence et qui m’entende.

- Pourquoi moi ?

- Je n’en ai pas la moindre idée, il n’y arien de cohérent dans tout cela.

- « Tout cela » est assez effrayant.

- Vous croyez que je n’ai pas peur ?

De la peur, elle en avait à revendre. C’étaitson propre corps qu’elle voyait se flétrircomme un légume un peu plus chaque jour,allongé avec une sonde urinaire et uneperfusion pour être alimenté. Elle n’avaitaucune réponse aux questions qu’il se posait etqu’elle se posait tous les jours depuis l’accident.« J’ai des interrogations que vous ne supposezpas. » Le regard triste, elle lui fit part de sesdoutes, de ses frayeurs : pendant combiende temps cette énigme durerait? Pourrait-elle revivre ne serait-ce que quelques joursla vie d’une femme normale, marchant surses deux jambes, serrant les gens qu’elleaime dans ses bras ? Pourquoi avait-elledonné toutes ces années à faire des études demédecine si c’était pour finir comme cela?Com b i e n d e j o u r s a v a n t q u e s o nc o e u r n e l â c h e ? E l l e s e v o y a i tmourir, et en avait une peur bleue.«Je suis un fantôme humain, Arthur. » Ilbaissa les yeux en évitant les siens.

- Pour mourir, il faut partir, et vous êtesencore là. Venez, nous rentrons, je suisfatigué et vous aussi. Je vous ramène.

Il passa son bras autour de son épauleet la serra contre lui, comme pour laconsoler. En se retournant, il se trouva faceà l’infirmière qui le dévisageait avecétonnement.

- Vous avez une crampe ?

- Non, pourquoi ?

- Votre bras en l’air là, avec la mainfermée, ce n’est pas une crampe ? Arthurlâcha brusquement l’épaule de Lauren etramena son bras le long de son corps.

- Vous ne la voyez pas, hein ? demanda-t-il à l’infirmière.

- Je ne vois pas qui ?

soy yo misma. Ayúdeme e intente admi-tir lo inadmisible. No hay ningún truco yno está usted dormido. Arthur, sólo letengo a usted, ha de creerme, no puededarme la espalda. Necesito su ayuda, esusted la única persona del mundo conquien puedo hablar desde hace meses, elúnico ser humano que percibe mi presen-cia y me oye.

— ¿Por qué yo?

—No tengo ni la más remota idea. Entodo esto no hay nada coherente.

—«Todo esto» e» bastante espeluznante.

— ¿Cree que yo no tengo miedo?

Sí, tenía miedo para dar y vender. Era supropio cuerpo el que veía marchitarse unpoco más cada día, como un vegetal , ten-dido con una sonda urinaria y unaperfusión para ser alimentado. No tenía ningunarespuesta para las preguntas que él hacía y que ellase hacía también todos los días desde el accidente.

— Tengo interrogantes que usted ni imagina.Con mirada triste, le hizo partícipe de

sus dudas y sus miedos. ¿Cuánto tiempoduraría ese enigma? ¿Podría volver allevar la vida de una mujer normalaunque sólo fuera unos días, cami-nar, estrechar entre sus brazos a laspersonas que quería? ¿Para qué ser-vía haber dedicado tantos años a es-tudiar medicina si iba a acabar así?¿Cuántos días le quedaban antes deque le fallara el corazón? Se veía mo-r i r, y t e n í a u n m i e d o c e r v a l .

— Soy un fantasma humano, Arthur.Él bajó la mirada, evitando la suya.

—Para morir hay que irse, y ustedsigue aquí. Venga, volvamos a casa,estoy cansado y usted también.

Le pasó un brazo por los hombros yla estrechó contra sí, como para con-solarla. Al volverse, se encontró cara acara con la enfermera, que lo mirabaextrañada.

— ¿Le ha dado un calambre?

—No. ¿Por qué?

— Como tiene el brazo levantado y lamano cerrada... ¿No es un calambre? Arthursoltó de golpe a Lauren y dejó caer el brazoa lo largo del cuerpo.

—No la ve, ¿eh? —le dijo a la en-fermera.

— ¿Que no veo a quién?

DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

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- Personne !

- Vous voulez vous reposer avant de repartir,vous m’avez l’air tout bizarre tout à coup ?

L’infirmière voulut le réconforter, celafaisait toujours un choc, « c’était normal »,« ça passerait ». Arthur répondit en parlanttrès lentement comme s’il avait perdu sesmots et les cherchait encore :

« Non, tout va bien, je vais m’en aller. »Elle s’inquiéta de savoir s’il retrouveraitson chemin. Reprenant ses esprits, il larassura, la sortie était au bout du couloir.

- Alors je vous laisse ici, j’ai encore dutravail dans la chambre d’à côté, il faut queje change la literie, un petit accident.

Arthur la salua et s’engagea dans lecouloir. L’infirmière le vit relever son brasà l’horizontale, et maugréer : « Je vouscrois, Lauren, je vous crois. » Elle fronçales sourcils et s’en retourna dans la piècevoisine. « Ah ! Il y en a, ça les secoue, y apas à dire. » Ils s’engouffrèrent dans lacabine de l’ascenseur. Arthur avait les yeuxbaissés. Il ne disait rien, elle non plus. Ils quittèrentl’hôpital. Un vent du nord s’était engouffré dansla baie, amenant avec lui une pluie fine etciselante, il faisait un froid de loup. Ilreleva le col de son manteau sur sanuque et ouvrit la portière à Lauren.« On va se ca lmer un peu sur leseffe t s passe -mura i l l e e t r eme t t r el e s choses dans l ’o rd re , s ’il vousplaît ! » Elle entra normalement dans lavoiture et lui sourit.

Le retour se fit sans un mot prononcé nipar l’un ni par l’autre. Arthur se concentraitsur sa route, Lauren regardait les nuages parla fenêtre. Ce n’est qu’en arrivant au piedde la maison que sans se détourner du cielelle se remit à parler :

- J’ai tellement aimé la nuit, pour sessilences, ses silhouettes sans ombre, sesregards que l’on ne croise pas le jour.Comme si deux mondes se partageaient laville sans se connaître, sans imaginer laréciprocité de l’existence de l’autre. Des tasd’êtres humains apparaissent au crépusculeet disparaissent à l’aube. On ne sait pas oùils vont. Il n’y avait que nous à l’hôpital,pour les connaître.

- C’est quand même une histoire dedingues. Avouez-le. C’est difficile à admettre.

- Oui, mais on ne va pas s’arrêterlà pour autant et passer le reste de lanuit à se répéter ça.

— ¡No, a nadie!

— ¿Quiere descansar un poco antes deirse? Lo noto un poco raro.

La enfermera quiso animarlo: aquellosiempre impresionaba, era normal, ya se lepasaría. Arthur contestó hablando muy len-tamente, como si hubiera perdido las pala-bras y estuviera buscándolas.

—No, estoy bien, me voy.Ella le preguntó, preocupada, si encon-

traría el camino. Él se rehizo y la tranquili-zó: la salida estaba al final del pasillo.

—Entonces le dejo aquí, todavía tengotrabajo en la habitación de al lado. Hay quecambiar las sábanas..., un pequeño accidente.

Arthur se despidió y se alejó por el pasillo.La enfermera lo vio levantar de nuevo el brazohasta ponerlo en horizontal y mascullar:

—La creo, Lauren, la creo.Frunció el entrecejo y entró en la habitación

contigua. «Está claro que a algunos esto les afectamucho.» Arthur y Lauren montaron en elascensor. El tenía la mirada gacha y no decíanada; ella tampoco. Salieron del hospital. Enla bahía soplaba un viento del norte quehabía llevado consigo una lluvia fina ypenetrante. Hacía un tiempo de perros. Élse levantó el cuello del abrigo para protegersedel frío y le abrió la portezuela a Lauren.

— Va m o s a o l v i d a r n o s d e l o sefec tos a t rav iesaparedes y a ponerl a s cosas en su s i t i o , po r f avo r.

Lauren entró normalmente en el cochey le sonrió.

Regresaron sin pronunciar palabra.Arthur iba concentrado en la conduc-ción; Lauren miraba las nubes por laventanilla. Cuando llegaron a la puertade casa, ella se puso a hablar de nuevosin apartar la vista del cielo.

—Me gustaba mucho la noche por sussilencios, sus siluetas sin sombra, las mi-radas que no se ven durante el día. Comosí dos mundos compartieran la ciudad sinconocerse, sin imaginar la reciprocidad dela existencia del otro. Montones de sereshumanos aparecen al ponerse el sol y des-aparecen al amanecer. No se sabe adondevan. Los del hospital éramos los únicos quepodíamos conocerlos.

—Es una historia de locos, reconózca-lo. Resulta difícil de admitir.

— Sí, pero no por eso vamos a quedar-nos aquí y a pasarnos el resto de la nocherepitiéndonoslo.

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

X

literie ropa de cama

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- Enfin pour ce qu’il en reste, de ma nuit !

- Rangez la voiture, je vous attendrai là-haut.

Arthur la parqua dehors pour ne pasréveiller ses voisins avec le bruit de laporte du garage. Il monta l’escalier et entra.L a u r e n é t a i t a s s i s e en tailleurau milieu du salon.

- Vous visiez le canapé ? lui demanda-t-il amusé.

- Non, je visais le tapis et je suispile dessus.

- Menteuse, je suis sûr que vous visiezle canapé.

- Et moi, je vous dis que je visaisle tapis !

- Vous êtes mauvaise joueuse.

- Je voulais vous préparer un thé mais...Vous devriez aller vous coucher, il ne vousreste que peu d’heures de sommeil.

Il la questionna sur les circonstances del’accident, elle lui raconta le caprice de la« vieille anglaise », la Triumph qu’elleadorait, lui parla de ce week-end à Carmelau début de l’été dernier qui s’était achevésur Union Square. Elle ne savait pas ce quis’était passé.

- Et votre petit ami ?

- Quoi, mon petit ami ?

- Vous partiez le rejoindre ?

- Reformulez votre question, ditLauren en souriant. Votre question c’est :« Avez-vous un petit ami ? »

- Aviez-vous un petit ami ? répéta Arthur.

- Merci pour l’imparfait, ça m’estarrivé.

- Vous n’avez pas répondu.

- Ça vous concerne ?

- Non, après tout je ne vois pas de quoije me mêle.

Arthur tourna les talons et se dirigeavers la chambre, il invita de nouveauLauren à se reposer sur le lit tandis quelui prendrait ses quartiers dans le salon.Elle le remercia de sa galanterie, mais elleserait très bien sur le canapé. Il alla se

—Pues para lo que queda de noche...

—Aparque. Yo le esperaré arriba.

Arthur dejó el coche en la calle para nodespertar a los vecinos con el ruido de lapuerta del garaje. Subió la escalera y entró.Lauren estaba sentada en medio del salón,con las piernas cruzadas.

— ¿Quería ir al sofá? —le preguntó él,divertido.

—No, quería ir a la alfombra y estoyjusto encima.

—Mentirosa. Estoy seguro de que apun-taba al sofá.

—¡Le digo que quería sentarme en laalfombra!

—Es mala perdedora.

— Quería prepararle un té, pero... De-bería acostarse, le quedan pocas horas desueño.

Él le preguntó sobre las circunstanciasdel accidente. Ella le habló de los capri-chos del «viejo inglés», el Triumph al quele tenía tanto apego, del fin de semana enCarmel a principios del verano anterior quehabía acabado en Union Square. No sabíaqué había ocurrido.

— ¿Y su novio?

— ¿Mi novio?

— ¿iba a verlo?

— Cambie U pregunta —dijo Laurensonriendo—. Lo que debe preguntar es:«¿Tiene novio?»

— ¿Tenía novio? —repitió Arthur.

— Gracias por el imperfecto. Antes odespués tenía que pasar.

—No me ha contestado.

— ¿De verdad le importa?

—No, lo cierto es que no sé por qué memeto en eso.

Arthur giró sobre sus talones y se di-rigió al dormitorio. Invitó de nuevo aLauren a descansar en la cama; él seinstalaría __________ en el salón. Ella leagradeció de nuevo su galantería, pero dijoque estaría perfectamente en el sofá. Él fue

quartier barrio, cuartel, [pagos]

TAILLEUR I. (V. 1180, tailleor). 1. Personne quiconfectionne les vêtements sur mesure pourhommes; personne qui exploite et dirige l'atelier oùon les confectionne, le magasin où l'on reçoit lesclients. 2. Loc. EN TAILLEUR. (Par allus. à lamanière dont les tailleurs d'autrefois s'asseyaientpour travailler. - aussi Racornir, cit. 3; sopha, cit.1). S'asseoir en tailleur : s'asseoir par terre, lesjambes à plat sur le sol et repliées, les genouxécartés (on dit aussi s'asseoir à l'orientale, à laturque). 3. (1895, in D.D.L.). Vieilli. Un costumetailleur (- Emmanchure, cit.; jaquette, cit. 3), ou,mod. (1904, in D.D.L.), un tailleur (- Gainer, cit. 1;prince de galles, cit. 2) : costume de femme,généralement assez ajusté, composé d'unejaquette (ou veste) et d'une jupe de même tissu.II. A. 1. Ouvrier qui taille (2. ou 3.), qui façonnequelque chose par la taille (I., 1. ou 2.). 2. (1170).Mod. Tailleur de pierre (ou de pierres) : ouvrier quitaille les pierres à bâtir. 3. Techn. TAILLEUR DE...B. T. de jeu. Celui qui est chargé de tailler (4.),dans une maison de jeu. III. Tailleur de route :celui qui parcourt de longues distances, qui taille(infra cit. 1) la route (spécialt, en bateau).

1. VISER I. V. tr. 1. (1610). Regarder attentivement (unbut, une cible), afin d'atteindre par un coup, par unprojectile. 2. (1876). Fig. Avoir en vue, s'efforcerd'atteindre (un résultat). 3. (Sujet n. de chose).Regarder, s'appliquer à. 4. (XXe). Fam. Regarder.II. V. tr. ind. (1398). VISER à. 1. Diriger un objet,une arme sur (qqch.). 2. (XIVe). Avoir en vue (unefin, un résultat), tendre à.“-III. V. intr. 1. (XIIe). Dirigerattentivement son regard (et, par ext., un objet, unearme) vers le but, la cible à atteindre. 2. (Mil. XIXe).Viser haut (bas) : avoir des ambitions très grandes(modestes). VISÉ, ÉE p. p. et adj. 1. Se dit del'objectif que l'on se propose d'atteindre avec unearme. 2. (Personnes). Fig. Concerné.

2. VISER v. tr. Voir, examiner un acte et le revêtir d'unvisa ou d'une mention qui le rend valable.

viser I vtr 1. (blanco) apuntar a. 2. fig (puesto) aspirar.3. (persona) concernir a. 4. fam (chica, coche) echarel ojo a. 5. Admin visar. II vi 1. (para disparar)apuntar (à, a). 2. (objetivo) pretender; v. haut apun-tar alto

pile 1. montón esp, ruma amer. 2.(eléctrica) pila, ba-tería; p. alcaline pila alcalina; p. rechargeable pilarecargable. 3. (de moneda) cruz; p. ou face cara ocruz. 4. Arquit & Constr pilar.

adv fam (hora) en punto, justa; il est dix heures p.son las diez en punto; s’arrêter p. fam pararse en seco;tomber ou arriver p. (persona) llegar por los pelos,llegar justo, venir al pelo; fam pararse en seco

piler vtr 1. (triturar) machacar. 2. fig & fam (moler apalos) machacar.

vi fam frenar en seco

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coucher trop fatigué pour réfléchir à toutce que cette soirée impliquait, ils enreparleraient demain. Avant de refermerla porte il lui souhaita bonne nuit, e l lelu i demanda une dernière faveur :« Vous voulez bien m’embrasser sur la joue ? »Arthur inclina la tête, interrogateur.

« Vous avez l’air d’un petit garçon dedix ans comme ça, je vous ai juste demandéde m’embrasser sur la joue. Cela fait sixmois que personne ne m’a prise dans sesbras. » Il revint sur ses pas, s’approchad’elle, la prit par les épaules et l’embrassasur les deux joues. Elle appuya sa tête contresa poitrine. Arthur se sentit gauche etdésemparé. Avec maladresse il referma sesbras autour de ses hanches fines. Elle fitglisser sa joue contre son épaule.

- Merci, Arthur, merci pour tout. Allezvous endormir maintenant, vous allez êtreépuisé. Je vous réveillerai tout à l’heure.

Il s’en alla dans la chambre, ôta son pullet sa chemise, jeta son pantalon sur unechaise et plongea sous sa couette. Lesommeil le saisit en quelques minutes.Lorsqu’il fut endormi profondément,Lauren, qui était restée dans le salon, fermales yeux, se concentra, et atterrit en équilibreprécaire sur l’accoudoir du fauteuil, face aulit. Elle le regarda dormir. Le visaged’Arthur était serein, elle y apercevaitmême un sourire à la naissance des lèvres.Elle passa de longues minutes à le regarderjusqu’à ce que le sommeil l’emporte à sontour. C’était la première fois qu’elle dormaitdepuis son accident.

Quand elle s’éveilla, vers dix heures, ildormait encore d’un sommeil profond.« Mince », hurlat- elle ; elle s’assit près dulit et le secoua vivement. « Réveillez-vous,il est très tard. »

Il se retourna et maugréa.- Carol-Ann, pas si fort.

- Gracieux, très gracieux, on seréveille, ce n’est pas Carol-Ann, et ilest dix heures cinq.

Arthur ouvrit d’abord les yeuxdoucement, puis les écarquilla d’un coupet s’assit brutalement sur son lit.

- La comparaison est décevante ?demandat- elle.

- Vous êtes là , ce n’étai t pas unrêve ?

- Vous auriez pu l’éviter celle-là, elleétait attendue. Vous devriez vous dépêcher,

a acostarse. Estaba demasiado cansado parapensar en todo lo que implicaba esa noche;ya hablarían al día siguiente. Antes de ce-rrar la puerta le deseó buenas noches. En-tonces ella le pidió un último favor.

— ¿Le importaría darme un beso en la mejilla?Arthur inclinó la cabeza, desconcertado.

—Parece un niño de diez años con esacara que pone. Sólo le he pedido que medé un beso en la mejilla. Hace seis mesesque nadie me ha tomado entre sus brazos.El volvió sobre sus pasos, se acercó aLauren, la asió por los hombros y la besóen las mejillas. Ella apoyó la cabeza en supecho. Arthur se sintió confuso y patoso.Pasó torpemente los brazos alrededor desus finas caderas y Lauren deslizó la meji-lla por su hombro.

— Gracias, Arthur, gracias por todo.Váyase a dormir, debe de estar agotado. Ledespertaré dentro de un rato.

Él se fue al dormitorio, se quitó el jer-sey y la camisa, dejó los vaqueros en unasilla y se metió bajo el edredón. El sueñolo invadió a los pocos minutos. Cuandoestuvo profundamente dormido, Lauren,que se había quedado en el salón, cerrólos ojos, se concentró y aterrizó en equi-librio precario sobre un brazo del sillón,enfrente de la cama, Miró cómo dormía,El rostro de Arthur estaba sereno, con unasonrisa en el nacimiento de los labios.Pasó largos minutos observándolo,hasta que también a ella la invadió elsueño. Era la primera vez que dormíadesde el accidente.

Cuando despertó, hacia las diez, él se-guía durmiendo profundamente.

— ¡Caramba! —exclamó. Se sentó jun-to a la cama y lo zarandeó—. Despierte, esmuy tarde.

Él dio media vuelta:— Carol Ann, no tan fuerte... —masculló.

— ¡Qué amable, pero qué amable! Va-mos, despierte, no soy Carol Ann y son lasdiez y cinco.

Arthur fue despegando los párpadospoco a poco; luego los abrió de golpe y sesentó en la cama.

— ¿Es decepcionante la comparación?—preguntó Lauren.

— Está usted aquí. Entonces, ¿no ha sidoun sueño?

—Podría haberse ahorrado esa pregun-ta, la cosa está clara. Debería darse prisa,

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il est dix heures bien passées.

- Quoi ? cria-t-il à son tour, vous deviezme réveiller.

- Je ne suis pas sourde, Carol-Annl’était ? Je suis désolée, je me suisendormie, cela ne m’était pas arrivé depuisl’hôpital, j’espérais fêter cela avec vousmais je vois que vous n’êtes pas d’humeur,allez vous préparer.

- Dites, ce n’est pas la peine d’avoir ceton persifleur, vous avez bousillé ma nuitet maintenant vous enchaînez avec lamatinée, alors s’il vous plaît, hein !

- Vo u s ê t e s t e r r i b l e m e n tg r a c i e u x l e m a t i n , j e v o u sa i m e m i e u x q u a n d v o u sd o r m e z .

- Vous me faites une scène, là ?

- Ne rêvez pas, et allez vous habiller, çava encore être de ma faute.

- Bien sûr que c’est de votre faute etvous seriez bien aimable de sortir parce queje suis à poil sous ma couette.

- Vous êtes pudique, maintenant ?

Il la pria de le dispenser d’unescène de ménage dès son réveil et eutle propos malheureux d’achever saphrase par un « parce que sinon... ».« Sinon, c’est souvent un mot de trop ! »répondit-elle du tac au tac. D’un ton acideelle lui souhaita une bonne journée etdisparut subitement. Arthur regarda toutautour de lui, hésita quelques instants, puisappela :

« Lauren ? ça suffit, je sais que vousêtes là. Mais vous avez vraiment mauvaiscaractère. Allez sortez, c’est stupide. » Nuet gesticulant au milieu de son salon, sonregard croisa celui de son voisin d’en facequi regardait la scène par la fenêtre avecun étonnement certain. Il plongea sur lecanapé, saisit le plaid, l’entoura autour desa taille et se dirigea vers la salle de bainsen murmurant : « Je suis à poil, au milieudu salon, en retard comme jamais, et je suisen train de parler tout seul, mais qu’est-ceque c’est que cette histoire de dingues ? »

En entrant dans la salle de bains ilouvrit la porte de la penderie et interrogeatout doucement : « Lauren, vous êtes là ?»Il n’y eut aucune réponse, et il fut déçu. Ilprit alors sa douche à toute vitesse. Ensortant, il courut vers sa chambre, renouvelal’exercice de la penderie, et en absence de

son las diez pasadas.

— ¿Cómo? —gritó él—. ¿No iba a des-pertarme?

—No es toy sorda , no sé CarolAnn... Lo siento, me he dormido. Nome había pasado desde que estoy enel hospital y esperaba celebrarlo conusted, pero ya veo que no está de hu-mor. Vaya a arreglarse.

— Oiga, no hace falta que utiliceese tono burlón . Me ha hecho polvola noche y ahora quiere machacarmela mañana. ¡Por favor!

— Compruebo que es usted muy ama-ble por las mañanas —dijo Lauren en tonoirónico—, pero lo cierto es que me gustamás cuando duerme.

— ¿Está haciéndome una escena?

—No remolonee y vaya a vestirse; todavíatendré yo la culpa de que llegue tarde...

—Pues claro que tiene usted la culpa, y si nole importa, tenga la amabilidad de salir, porquevoy desnudo _____ _____ _____ .

— ¿Ahora se ha vuelto púdico?

El le rogó que le ahorrara una escenamatrimonial nada más levantarse y tuvo ladesafortunada ocurrencia de terminar la fra-se con un «porque si no...».

— ¡«Si no» son dos palabras que casisiempre están de más! —le espetó ella, an-tes de desearle en un tono ácido que tuvieraun buen día y desaparecer súbitamente.Arthur miró a su alrededor, dudó unos ins-tantes y luego dijo:

— ¿Lauren?... Ya vale, sé que está aquí._ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _

__ __ __ __ __ _ __ __ __ __ ____ _ __ __ __ __ __ __ ___ __ _ ____ __ __ __ __ __ __ __ __ __ __No o b t u v o r e s p u e s t a y s e s i n t i ódecepcionado. Se duchó a toda ve-loc idad . A l s a l i r, r ep i t i ó e l e j e r-c i c io de l armar io y, an t e l a falta

X

PENDERIE I. Exécution capitale par pendaison. II. 1.Lieu où l'on pend quelque chose. 2. (1802). Han-gar où l'on sèche les peaux 3. (1893). Mod. Petitepièce, cabinet, placard, meuble, etc., spécialementaménagé pour y suspendre des vêtements.

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Levy’s «Et si...» xxxx

toute réaction, il enfila un costume. Il dutrefaire trois fois son noeud de cravate,pesta : « Et j’ai deux mains gauches cematin ! » Habillé, il se rendit dans lacuis ine , foui l la le comptoi r pourretrouver ses clés, elles étaient dans sapoche . I l so r t i t de l ’ appar tementp réc ip i t ammen t , s ’ a r r ê t a ne t , f i td e m i - t o u r e t r o u v r i t l a p o r t e :«Lauren, toujours pas là ? » Quelquessecondes de si lence, i l referma laserrure à double tour.

Descendant directement dans le parkingpar l’escalier intérieur, il chercha sa voiture,se souvint qu’il l’avait garée dehors,retraversa le corridor en courant et arrivaenfin dans la rue. En levant les yeux ilaperçut à nouveau son voisin qui ledévisageait, l’air perplexe. Il lui fit unsourire gêné, introduisit maladroitementla clé dans la serrure de la portière,s’installa au volant et démarra en trombe.Lorsqu’il arriva à son bureau, sonassocié était dans le hall, i l hochaplusieurs fois la tête en le voyant et fitla moue avant de s’adresser à lui.

- Tu devrais peut-être prendre quelquesjours de vacances.

- Tu prends sur toi et tu ne me fais paschier ce matin, Paul.

- Gracieux, tu es très gracieux.

- Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ?

- Tu as revu Carol-Ann ?

- Non, je n’ai pas revu Carol-Ann, c’estfini avec Carol-Ann, tu le sais très bien.

- Pour que tu sois dans cet état-là il y adeux solutions, Carol-Ann ou alors unenouvelle.

- Non il n’y a pas de nouvelle, pousse-toi, je suis déjà assez en retard.

- Non sans blague, il n’est que onzeheures moins le quart. Son nom ?

- À qui ?

- Est-ce que tu as vu ta tête ?

- Elle a quoi ma tête ?

- Tu as dû passer la nuit avec un chard’assaut, raconte-moi !

- Mais je n’ai rien à raconter.

- Et ton appel de la nuit, avec tes

de reacción, se puso un traje. Tuvo que ha-cerse tres veces el nudo de la corbata.

— ¡Qué torpe estoy esta mañana! —masculló.Una vez vestido, fue a ¡a cocina y revol-

vió los objetos que había sobre el mostra-dor en busca de las llaves, pero las llevabaen un bolsillo. Salió de casa precipitadamen-te, se detuvo en seco, dio media vuelta yabrió la puerta de nuevo.

—Lauren, ¿todavía no ha vuelto?Tras unos segundos de silencio, cerró

con llave.

Bajó directamente al aparcamien-to por la escalera interior, buscó el co-che, recordó que lo había dejado fue-ra, volvió a recorrer el pasillo corrien-do y finalmente llegó a la calle. Al le-vantar la vista, vio a su vecino que lomiraba_____ con perplejidad. Le dirigióuna sonrisa forzada, introdujo torpemente lallave en la cerradura de la portezuela, se sen-tó al volante, puso el coche en marcha y sa-lió disparado. Cuando llegó al estudio, misocio, que estaba en el vestíbulo, meneóvarías veces la cabeza al verlo e hizo unamueca _____ _____ _____ .

— Creo que deberías tomarte unos díasde vacaciones —dijo.

— Ocúpate de lo tuyo y no me jodas lamañana, Paul.

— ¡Vaya, qué amable!

— ¡No irás a empezar tú también!

— ¿Has visto a Carol Ann?

—No, no he visto a Carol Ann. He acaba-do con Carol Ann, lo sabes perfectamente.

—Para que estés así, sólo hay dosexplicaciones: o Carol Ann, o unanueva.

—No, no hay n inguna nueva . Yapar ta , que voy con re t raso .

—No sin que sueltes prenda, sólo sonlas once menos cuarto. ¿Cómo se llama?

— ¿Quién?

— ¿Te has visto la cara?

— ¿Qué le pasa a mi cara?

— Has debido de pasar la noche con uncarro de combate. ¡Vamos, cuéntamelo todo!

—Pero si no tengo nada que contar...

— ¿Y tu llamada de anoche con todas

XPESTER Manifester son mécontentement, sa colère, pardes paroles hargneuses et violentes.“

DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

1 mou I adj 1. (que cede a la presión) blando(a). 2.(tiempo) bochornoso(a). 3. (carnes) fofo(a). 4. (sinrigidez) flexible; avoir du m. fig ser flexible; donnerdu m. à qqch quitar tensión a alguien. 5. (sin ener-gía) flojo(a). 6. fam (sin carácter) blandengue.

2. mou m 1. (pulmón del ganado) bofe. 2. fam (perso-na) blandengue. y aller mou loc adv con cuidado,con tacto

3 MOUE Grimace que l'on fait en avançant, enresserrant les lèvres.

mohín mueca, gesto

hargneux adj 1.colérico(a), furioso(a).2. (tono, palabras) acerbo(a),áspero(a)

hargne (mal humor) hosquedad

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Levy’s «Et si...» xxxx

conneries au téléphone, c’était qui ?

Arthur dévisagea son associé.

- Écoute, j’ai bouffé une saloperiehier soir, j’ai fait un cauchemar cettenuit, j’ai très peu dormi. S’il te plaît, jene suis pas d’humeur, laisse-moi passer,je suis vraiment en retard. Paul s’écarta.Lorsque Arthur passa devant lui, il luitapota l’épaule : « Je suis ton ami, n’est-ce pas ? » Arthur se retourna et il ajouta :

- Si tu avais des ennuis tu m’en parlerais ?

- Mais qu’est-ce qui te prend ? J’aijuste mal dormi cette nuit, c’est tout,n’en fais pas une histoire.

- D’accord, d’accord. Le rendez-vousest à 1 heure, on les retrouve en haut duHyatt Embarcadère, on ira ensemble si tuveux, je reviens au bureau ensuite.

- Non, je prendrai ma voiture, j’ai unrendezvous après.

- Comme tu voudras !

Arthur entra dans son bureau, posa sasacoche et s’assit, il appela son assistante,lui demanda un café, fit pivoter son fauteuil,faisant ainsi face à la vue, s’inclina enarrière, et se mit à penser.

Quelques ins tants p lus ta rd ,Maureen f rappa à la por te , unp a r a p h e u r d a n s u n e m a i n , unetasse dans l ’aut re , un beignet enéquilibre sur le rebord de la soucoupe.Elle posa le breuvage brûlant sur le coinde la table.

- Je vous ai mis du lait, je suppose quec’est votre premier du matin.

- Merci. Maureen, elle a quoi ma tête ?

- L’air de « Je n’ai pas encore pris monpremier café du matin ».

- Je n’ai pas encore pris mon premiercafé du matin !

- Vous avez des messages, prenez votrepetit déjeuner tranquillement, il n’y a riend’urgent, je vous laisse des courriers àsigner. Vous allez bien ?

- Oui, je vais bien, je suis juste trèsfatigué.

À cet instant précis, Lauren apparut dansla pièce, ratant de peu le coin du bureau.Elle disparut aussitôt du champ de visiond’Arthur, retombant sur le tapis. Il se leva

esas tonterías...? ¿Con quién estabas?

Arthur miró desafiante a su socio.

— Oye, anoche comí una porquería,apenas he dormido y he tenido una pesadi-lla. Por favor, no estoy de humor, así quedéjame pasar, se me hace tarde de verdad.Paul se apartó, pero cuando Arthur pasó porsu lado le puso una mano sobre el hombro.

— Soy tu amigo , ¿ve rdad? —Arthur se dio la vuelta y añadió—:Si tuvieras problemas, ¿me los contarías?

—Pero ¿se puede saber qué te ha dado?He dormido mal esta noche, eso es todo, nohagas una montaña de un grano de arena.

—Vale, vale... La reunión es a la una yhemos quedado arriba de todo del HyattEmbarcadero. Si quieres, vamos juntos;después volveré al estudio.

—No, iré en mi coche. Después tengouna cita.

— Como quieras.

Arthur entró en su despacho, dejó la car-tera y se sentó. Después llamó a su secreta-ria, le pidió un café, hizo girar el sillón has-ta quedar frente a la ventana, se inclinó ha-cia atrás y se puso a pensar.

U n o s i n s t a n t e s m á s t a r d e ,Maureen entró en el despacho, conun porta firmas en una mano y unplat o c o n u n d o n u t y u n a t a z ae n e l o t r o _________ _________ ____.Dejó el brebaje caliente en una esqui-na de la mesa.

—Le he puesto leche porque he pensa-do que es el primero de la mañana.

—Gracias. Maureen, ¿qué le pasa a mi cara?

—Parece decir: «Todavía no me he to-mado el primer café de la mañana.»

— ¡Es que todavía no me he tomado elprimer café de la mañana!

—Tiene algunos mensajes. Desayu-ne tranquilamente, no hay nada urgen-te. Le dejó algunas cartas para firmar.¿Se encuentra bien?

—Sí, me encuentro bien. Sólo estoycansado.

En ese preciso instante, Lauren aparecióen la estancia esquivando por los pelos lamesa y desapareciendo inmediatamente delcampo de visión de Arthur al caer sobre la

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Mirar con insistencia

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Levy’s «Et si...» xxxx

d’un bond :

- Vous vous êtes fait mal ?

- Non, non, ça va, dit Lauren.

- Pourquoi me serais-je fait mal ?demanda Maureen.

- Non, pas vous, reprit Arthur.

Maureen parcourut la pièce du regard.

- Nous ne sommes pas très nombreux.

- Je pensais à voix haute.

- Vous pensiez que je m’étais fait mal, àvoix haute ?

- Mais non, je pensais à quelqu’und’autre et je me suis exprimé à voix haute,cela ne vous arrive jamais ?

Lauren s’était assise, jambes croisées,sur le coin de la table et décidad’interpeller Arthur :

- Vous n’êtes pas obligé de me comparerà un cauchemar ! lui dit-elle.

- Mais je ne vous ai pas appeléecauchemar.

- Eh bien, il ne manquerait plus que cela,vous en trouverez des cauchemars qui vouspréparent votre café, répondit Maureen.

- Maureen, je ne m’adresse pas à vous !

- Il y a un fantôme dans la pièce ou jesuis atteinte de cécité partielle et je manquequelque chose ?

- Excusez-moi, Maureen, c’est ridicule,je suis ridicule, je suis épuisé et je parle àvoix haute, j’ai l’esprit totalement ailleurs.

Maureen lui demanda s’il avait entenduparler de la dépression de surmenage ?«Vo u s s a v e z q u ’ i l f a u t r é a g i r a u xp r e m i e r s s i g n e s , q u ’ a p r è s o np e u t m e t t r e d e s m o i s à s ’ e nr e m e t t r e ? »

- Maureen, je ne fais pas de dépressionde surmenage, j’ai passé une mauvaise nuit,c’est tout.

Lauren enchaîna :- Ah ! vous voyez, mauvaise nuit, cauchemar...

- Arrêtez, s’il vous plaît, ce n’est paspossible, donnez-moi une minute.

alfombra. Éste se levantó de un salto,

— ¿Se ha hecho daño?

—No, no, estoy bien —contestó Lauren.

— ¡Por qué iba a hacerme; daño? —pre-guntó Maureen.

—No, usted no —repuso Arthur.

Maureen recorrió la estancia con la mirada.

— N o s o m o s m u c h o s a q u í .

—Pensaba en voz alta.

— ¿Pensaba en voz alta que yo me ha-bía hecho daño?

—No, estaba pensando en otra per-sona y me he expresado en voz alta, ¿austed no te pasa nunca?

Lauren se había sentado con las piernascruzadas en una esquina de la mesa y deci-dió increpar a Arthur.

— ¡No hace falta que me compare conuna pesadilla! —le espetó.

—Pero si yo no la he llamado pesadi-lla...

— Sólo faltaría eso —intervinoMaureen—. No encontrará pesadillas quele preparen café, puede estar seguro.

— ¡Maureen, no estoy hablando con usted!

— ¿ Hay un fantasma en la habitacióno padezco de ceguera parcial y estoy per-diéndome algo?

—Perdone, Maureen, esto es ridículo,yo soy ridículo... Estoy agotado y hablo envoz alta; tengo la cabeza en otra parte.

Maureen le preguntó si había oído ha-blar de la depresión provocada por el estrés.

— ¿Sabe que hay que reaccionar encuanto aparecen los primeros síntomas? Delo contrario, uno puede tardar meses enrecuperarse.

—Maureen, yo no tengo ninguna depre-sión causada por el estrés. He pasado unamala noche, eso es todo.

— ¿Lo ve? —intervino Lauren—. Mala noche , pesadi l la . . .

—Basta , por favor, es to no pue-de ser, concédame un minuto.

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- Mais je n’ai rien dit, s’exclamaMaureen.

- Maureen, laissez-moi seul, il faut queje me concentre, je vais faire un peu derelaxation et tout va aller.

- Vous allez faire de la relaxation ? Vousm’inquiétez, Arthur. Vous m’inquiétezbeaucoup.

- Mais non, tout va bien.

Il la pria de le laisser et de ne lui passeraucun appel, il avait besoin de calme.Maureen sortit du bureau à contrecoeur etreferma la porte. Dans le couloir elle croisaPaul, elle lui demanda de le voir quelquesinstants en privé.

Seul dans son bureau, Arthur fixaLauren du regard.

- Vous ne pouvez pas apparaître commecela a l’improviste, vous allez me mettredans des situations impossibles.

- Je voulais m’excuser pour ce matin,j’ai été difficile.

- C’est moi, j’étais d’une humeurexécrable.

- Ne passons pas la matinée à s’excuserl’un l’autre, j’avais envie de vous parler.Paul entra sans frapper.

- Je peux te dire un mot ?

- C’est ce que tu es en train de faire.

- Je viens de parler avec Maureen,qu’est-ce que tu as ?

- Mais fichez-moi la paix, ce n’est pasparce que j’arrive une fois en retard etfatigué que l’on doit me déclarer dépressifdans la seconde.

- Je ne t’ai pas dit que tu étais dépressif.

- Non, mais c’est ce que Maureen m’asuggéré, il paraît que j’ai une têtehallucinante ce matin.

- Pas hallucinante, hallucinée.

- Je suis halluciné, mon ami.

- Pourquoi ? Tu as rencontré quelqu’un ?

Arthur ouvrit en grand les bras etacquiesça d’un signe de tête, l’oeil coquin.

- Ah, tu vois que tu ne peux rien me

— ¡Pero si yo no he dicho nada! —re-plicó Maureen.

—Maureen, déj eme solo, tengoque concentrarme. Haré un poco derelajación y ya es tá .

— ¿ Va a h a c e r r e l a j a c i ó n ? M ep r e o c u p a , A r t h u r , m e p r e o c u p am u c h o .

—No tiene por qué preocuparse, estoy bien.

Le rogó que lo dejara solo y que no le pa-sara ninguna llamada; necesitaba tranquilidad.Maureen salió del despacho a regañadientesy cerró la puerta. En el pasillo se cruzó conPaul y le dijo que le gustaría hablar con él unmomento en privado.

Una vez solo en su despacho, Arthur cla-vó la mirada en Lauren.

—No puede aparecer así, de im-proviso. Va a ponerme en situacionesmuy comprometidas.

— Quería disculparme por lo de estamañana. Me he puesto insoportable.

— La culpa ha sido mía. Estaba de unhumor de perros.

—No nos pasemos la mañana pidiéndo-nos perdón. Tenía ganas de hablar con usted.

Paul entró sin llamar.

— ¿Puedo decirte dos palabras?

— Es lo que estás haciendo.

—Acabo de hablar con Maureen.¿Qué te pasa?

— ¿Queréis dejarme en paz de unavez? Si uno llega un día tarde y cansa-do no es como para que le diagnosti-quen una depresión.

—Yo no he dicho que tengas una depresión.

—No, pero Maureen me lo ha dado aentender. Al parecer, esta mañana tengouna cara de alucine.

— De alucine, no, de alucinado.

— Es que estoy Alucinado, chico.

— ¿Porque? ¿Ha» conocido a alguien?

Arthur abrió los brazos e hizo un signoafirmativo con expresión picara.

— ¿Lo ves como no puedes ocultarme

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cacher, j’en étais sûr. Je la connais ?

- Non, ça c’est impossible.

- Tu m’en parles ? Qui est-ce ? Quandest-ce que je la rencontre ?

- Ça va être très compliqué, c’est unspectre. Mon appartement est hanté, j’aidécouvert ça hier soir par hasard. C’est unefemme fantôme, qui habitait dans le placardde ma salle de bains. J’ai passé la nuit avecelle, mais en tout bien tout honneur, elleest très belle dans le genre fantôme, pas...(il mima un monstre) ... non vraiment, untrès beau revenant, d’ailleurs non pasrevenant en fait, elle est dans la catégoriedes restants puisqu’elle n’est pas tout à faitpartie, ce qui explique cela. Tout te sembleplus clair maintenant ?

Paul dévisagea son ami aveccompassion.

- D’accord, je t’envoie chez un médecin.

- Arrête, Paul, je vais très bien.Et s’adressant à Lauren :- Ça ne va pas être facile.

- Qu’est-ce qui ne va pas être facile ?demanda Paul.

- Je ne te parlais pas à toi.

- Tu parlais au fantôme, il est làdans la pièce ?

Arthur lui rappela qu’il s’agissait d’unefemme, et l’informa qu’elle était assisejuste à côté de lui sur le coin du bureau.Paul le regarda dubitatif, et passa trèslentement la paume de sa main à plat surla table de travail de son associé.

- Ecoute, je sais que je t’ai souvent faitmarcher avec mes conneries, mais là,Arthur, tu me fais peur, tu ne te vois pas cematin, mais tu as l’air au bord du gaz.

- Je suis fatigué, j’ai peu dormi et j’aisûrement une sale mine mais je suis enpleine forme à l’intérieur. Je t’assure toutva très bien.

- Tu vas très bien à l’intérieur ?L’extérieur a l’air mal en point, commentvont les côtés ?

- Paul, laisse-moi travailler, tu es monami, pas mon psychiatre, d’ailleurs je n’aipas de psy. Je n’en ai pas besoin.

Paul lui demanda de ne pas venir aurendez-vous de signature qu’ils avaient tout

nada? Estaba seguro. ¿La conozco?

—No, es imposible.

—Bueno, cuéntame. ¿Quién es? ¿Cuán-do la has conocido?

—Va a ser complicado... porque es unespectro. En mi apartamento hay una apari-ción, lo descubrí anoche por casualidad. Setrata de una mujer fantasma que vive en elarmario de mi casa. He pasado la noche conella, pero todo ha sido muy casto, no va-yas a creer..., como fantasma es muy guapa,pero... —imitó a un monstruo—. No, en se-rio, es realmente una aparición bellísima...Aunque, b ien pensado, no es unaaparición , porque no ha llegado a irse,lo que explicaría lo del atractivo... En fin,¿lo ves más claro ahora?

Paul dirigió a su amigo una miradacompasiva.

— Está bien, te llevaré a un médico.

—Nada de médicos, Paul, estoy perfec-tamente. —Y dirigiéndose a Lauren, aña-dió—: No va a ser fácil.

— ¿Qué es lo que no va a ser fácil? —preguntó Paul.

—No hablaba contigo.

—Ya, le hablabas al fantasma. ¿Estáaquí, en esta habitación?

Arthur le recordó que se trataba deuna mujer y le informó que estaba sen-tada justo a su lado, en una esquina de(a mesa. Paul (o miró, pensativo, y pasómuy lentamente la palma de la manopor la mesa de su socio.

—Oye, ya sé que me he pasado mu-chas veces con mis bromas, pero ahoraeres tú el que me asustas a mí, Arthur. Túmi te ves, pero tienes cara de estar ido.

—Estoy cansado, he dormido poco yseguramente tengo mala cara, pero por den-tro estoy en plena forma. Te aseguro que nome pasa nada.

— ¿No te pasa nada por dentro? Puespor fuera estás hecho polvo. ¿Qué tal loslados?

—Paul, déjame trabajar. Eres mi ami-go, no mi psiquiatra. Además, no tengopsiquiatra; no lo necesito.

Paul le pidió que no fuera a la reuniónque tenían un rato más tarde para firmar un

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Mirar con insistencia

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à l’heure. Il allait leur faire perdre cecontrat. « Je crois que tu ne te rends pasbien compte de ton état, tu fais peur. »

Arthur prit la mouche, se leva, attrapasa sacoche et se dirigea vers la porte.

- D’accord, je fais peur, j’ai une têtehallucinée, alors je rentre chez moi, pousse-toi,laisse-moi sortir. Venez, Lauren, on y va !

- Tu es un génie, Arthur, ton numéroest énorme.

- J e n e f a i s p a s d en u m é r o , P a u l , t u a s l ’ e s p r i tt r o p , c o m m e n t d i r e ,c o n v e n t i o n n e l p o u r i m a g i n e rc e q u e j e v i s . N o t e , j e n et ’ e n v e u x p a s , j ’ a ié n o r m é m e n t é v o l u é m o i -m ê m e d e p u i s h i e r s o i r .

- Tu as entendu ton histoire quandmême, c’est colossal !

- Oui, tu l’as déjà dit, écoute, net’inquiète de rien, puisque tu te proposesd’assumer seul cette signature c’est trèsbien, j’ai vraiment peu dormi, je vais allerme reposer, je te remercie, je reviendraidemain, ça ira beaucoup mieux.

Paul l’invita à prendre quelques joursde repos, au moins jusqu’à la fin de lasemaine ; un emménagement, c’étaittoujours épuisant . I l lui offr i t sesservices pendant le week-end, s’il avaitbesoin de quoi que ce soit. Arthur leremercia ironiquement, quitta la pièce etdévala l’escalier. Il sortit de l’immeuble etchercha Lauren sur le trottoir.

- Vous êtes là ?

Lauren apparut, assise sur le capot desa voiture.

- Je vous crée plein de problèmes, je suisvraiment désolée.

- Non, ne le soyez pas. Finalement, jen’ai pas fait cela depuis très longtemps.

- Quoi ça ?

- L’école buissonnière. Toute unejournée avec Monsieur Buisson !

Paul à la fenêtre, le front plissé,regardait son associé parler tout seuldans la rue, ouvrir la portière côtépassager sans aucune raison et larefermer aussitôt, faire le tour de soncabriolet, et s’installer derrière le volant.

contrato. Conseguiría que lo perdieran.— Creo que no te das cuenta de tu esta-

do. Das miedo.

Arthur se levantó mosqueado, agarróla cartera y se dirigió hacia la puerta.

—De acuerdo, doy miedo, tengo cara dealucinado, así que me voy a mi casa. Apar-ta, déjame salir. ¡Vámonos, Lauren!

—Eres un genio, Arthur, tu representa-ción es increíble.

—No estoy haciendo ninguna represen-tación, Paul. Lo que pasa es que tú tienesuna mente demasiado..., ¿cómo lo diría?...,una mente demasiado convencional paraimaginar lo que estoy viviendo. No te cul-po, desde luego; la verdad es que yo heevolucionado mucho en ese sentido desdeanoche.

—Pero ¿te das cuenta de qué historia mehas contado? ¡Es sensacional!

— Sí, tú lo has dicho. Oye, no te pre-ocupes por nada. Me parece perfecto quevayas a la firma solo. Realmente he dormi-do poco, así que me voy a descansar. Te loagradezco. Vendré mañana y todo irá mu-cho mejor.

Paul lo invitó a tomarse unos días li-bres, por lo menos hasta el fin de sema-na; una mudanza siempre resultaagotadora. Le ofreció sus servicios du-rante el fin de semana por si necesitabaalgo» fuera lo que fuera. Arthur le diolas gracias con ironía, salió del estudio ybajó______ la escalera. Al salir del edi-ficio, buscó a Lauren en la acera.

— ¿Está aquí?

Lauren apareció sentada sobre el capóde su coche.

—Le estoy creando un montón de pro-blemas, lo siento muchísimo.

—No, no lo sienta. Después de todo, nohago esto desde hace la tira de tiempo.

— ¿El qué?

—Novillos. ¡Todo un día laborable sindar golpe!

Desde la ventana, Paul, con el entrecejofruncido, miraba a su socio hablar solo porla calle, abrir sin ninguna razón la porte-zuela del lado del acompañante y cerrarlade inmediato, dar la vuelta al coche y sen-tarse al volante. Aquello lo convenció de que

dévaler I vtr bajar; d. l’escalier bajar la escalera. II vibajar a toda mecha, rodando

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Il fut convaincu que son meilleur amifaisait une dépression de surmenage ouqu’il avait eu un accident cérébral. Installésur son siège Arthur posa ses mains sur levolant et soupira. Il fixait Lauren duregard, souriant en silence. Gênée, elle luirendit son sourire.

- C’est énervant d’être pris pour un fou,n’est-ce pas ? Et encore il ne vous a pastraité de pute !

- Pourquoi ? Mon explication étaitconfuse ?

- Non, pas le moins du monde. Où va-t-on ?

- Prendre un grand petit déjeuner, et vousallez tout me raconter, dans le détail.

De la fenêtre de son bureau Paulcontinuait de surveiller son ami garé en basdevant la porte de l’immeuble. Lorsqu’il levit parler seul dans la voiture, s’adressant àun personnage invisible et imaginaire, il sedécida à l’appeler sur son téléphoneportable. Dès qu’Arthur décrocha il luidemanda de ne pas démarrer, il descendaitsur-le-champ, il fallait qu’il lui parle.

- De quoi ? demanda Arthur.

- C’est pour cela que je descends !

Paul dévala l’escalier, traversa la couret, arrivé devant la Saab, ouvrit la portièredu conducteur et s’assit presque sur lesgenoux de son meilleur ami.

- Pousse-toi !

- Mais monte de l’autre côté, bon sang !

- Ça ne t’embête pas si c’est moi qui conduis ?

- Je ne comprends pas, on parle ouon roule ?

- L e s d e u x , a l l e z , c h a n g e d es iège !

Paul poussa Arthur et s’installa derrière levolant, il fit tourner la clé de contact et lecabriolet quitta son aire de stationnement.Arrivé au premier carrefour il freinabrutalement.

- Juste une question préalable : Tonfantôme est dans la voiture avec nous en cemoment ?

- Oui, elle s’est assise sur la banquettearrière, vu ta façon cavalière d’entrer.

Paul ouvrit alors sa portière, descendit

su mejor amigo sufría una depresión causa-da por el estrés o que había tenido una con-moción cerebral. Arthur, instalado en suasiento, apoyó las manos en el volante ysuspiró. Luego miró fijamente a Lauren,sonriendo en silencio. Ella, sintiéndose vio-lenta, le devolvió la sonrisa.

— Es irritante que lo tomen a uno porloco, ¿verdad? ¡Y gracias que a usted no lohan tratado de puta!

— ¿Por qué? ¿Ha sido confusa mi ex-plicación?

—No, en absoluto. ¿Adonde vamos?

—A tomar un buen desayuno. Y mien-tras, usted me lo contará todo con detalle.

Paul seguía vigilando desde la ventanadel despacho a su amigo, metido en el co-che que tenía aparcado delante de la puertadel edificio. Cuando lo vio hablar solo, di-rigiéndose a un personaje invisible c imagi-nario, decidió llamarlo al telefono móvil. Encuanto Arthur contestó, le pidió que no semarchara, que bajaba de inmediato, que te-nía que hablar con él.

— ¿De qué? —preguntó Arthur.

— ¡Para eso voy a bajar!

Paul se precipitó escaleras abajo, cruzóel patio y, al llegar ante el automóvil, abrió lapuerta del conductor y se sentó prácticamentesobre las rodillas de su mejor amigo.

— ¡Córrete!

— ¡Pero sube por el otro lado, zoquete!

— ¿Te importa que conduzca yo?

—No entiendo nada. ¿Vamos a hablar,o a ir a algún sitio?

— Las dos cosas. Venga, cambia deasiento.

Paul empujó a Arthur, se puso al vo-lante e hizo girar la llave de contacto.El coche se alejó de la zona de aparca-miento. Al llegar al primer cruce, frenóbruscamente.

—Una cuestión previa: ¿tu fantas-ma va en el coche con nosotros eneste momento?

— Sí. En vista de tu caballerosa forma deentrar, se ha sentado en el asiento posterior.

Paul abrió entonces la puerta de

dévaler I vtr bajar; d. l’escalier bajar la escalera. II vibajar rodando

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de la voiture, inclina le dossier de son siège,et s’adressant à Arthur :

- Sois gentil, tu demandes à Casperde nous laisser et de descendre. J’aibesoin d’avoir une conversation en privéavec toi. Vous vous retrouverez chez toi! Lauren apparut à la fenêtre côtépassager.

- Retrouve-moi à North-Point, dit-elle,je vais aller me promener là-bas. Tu sais, sic’est trop compliqué, tu n’es pas obligé delui dire la vérité, je ne veux pas te mettredans une situation impossible !

- C’est mon associé et mon ami, je nepeux pas lui mentir.

- Tu n’as qu’à parler de moi avec laboîte à gants ! reprit Paul, moi tu vois,hier soir j’ai ouvert le frigo, j’ai vu de lalumière, je suis rentré, et j’ai parlé detoi avec le beurre et une salade pendantune demi-heure.

- Je ne parle pas de toi avec la boîte àgants, mais avec elle !

- Eh bien, tu vas demander à LadyCasper d’aller repasser son drap pourqu’on puisse se parler un peu !

Elle disparut.

- Il est parti ? demanda Paul un peunerveux.

- C’est Elle, pas Il ! Oui, elle s’estabsentée, tu es tellement grossier ! Bon, àquoi joues-tu ?

- À quoi je joue ? interrogea Paul enfaisant la moue.

Il redémarra.- Non, je préférais juste que nous soyons

seuls, je voulais te parler de chosespersonnelles.

- De quoi ?

- Des e ffe t s seconda i res qu isurviennent parfois plusieurs moisaprès une séparation.

Paul partit sur une grande tirade, Carol-Ann n’était pas faite pour lui, il pensaitqu’elle l’avait fait beaucoup souffrir pourrien et qu’elle n’en valait pas la peine.Après tout, cette femme était une infirmedu bonheur. Il en appela à son honnêteté,elle ne méritait pas l’état dans lequel il avaitvécu après leur séparation. Depuis Karine,il n’avait jamais été détruit comme ça. EtKarine, il comprenait alors que

su lado, bajó del coche e inclinó elrespaldo del asiento.

— Se bueno —le dijo a Arthur—, píde-le a Casper que se baje y nos deje solos.Necesito mantener una conversación conti-go en privado. ¡Ya os veréis en tu casa!Lauren apareció en la ventanilla del lado delacompañante.

—Ven a buscarme a NorthPoint —dijo—, voy a pascar por allí. Oye, si es muycomplicado, no hace falta que le digas laverdad. No quiero ponerte en una situacióncomprometida.

— Es mi socio y mi amigo, no puedomentirle.

— ¡Adelante, habla de mí con laguantera! —repuso Paul—. Anoche, sin irmás lejos, yo abrí la nevera y, al ver quehabía luz, entré y me pasé media hora ha-blando de ti con la mantequilla y una lechu-ga.

— ¡No estoy hablando de ti con laguantera sino con ella!

— ¡Muy bien, pues pídele a lady Caspcrque vaya a plancharse la sábana para quenosotros podamos hablar un poco!

Lauren desapareció.

— ¿Se ha ido ya el fantasma? —pregun-tó Paul, un poco nervioso.

— ¡No es «el», es «la»! Sí, se hamarchado. ¡Qué grosero eres! ¿Aqué juegas?

— ¿Que a qué juego? —respondió Paul,haciendo una mueca.

Volvió a arrancar—. A nada. Quería queestuviéramos solos, simplemente; tengo quehablarte de cosas personales.

— ¿De qué cosas?

— De los efectos secundarios que a ve-ces aparecen vanos meses después de ha-berse separado.

Paul soltó un rollo interminable: CarolAnn no estaba hecha para él; en su opinión,esa mujer le había hecho sufrir mucho paranada y, además, no valía la pena; no era másque una desgraciada; apeló a su honradezpara que reconociese que Carol Ann nomerecía que él viviera en el estado en quehabía vivido desde su separación; desdeKarine, nunca había estado tan hundido. Enel caso de Karine, lo entendía, pero en el de

1 mou I adj 1. (que cede a la presión) blando(a). 2.(tiempo) bochornoso(a). 3. (carnes) fofo(a). 4. (sinrigidez) flexible; avoir du m. fig ser flexible; donnerdu m. à qqch quitar tensión a alguien. 5. (sin ener-gía) flojo(a). 6. fam (sin carácter) blandengue.

2. mou m 1. (pulmón del ganado) bofe. 2. fam (perso-na) blandengue. y aller mou loc adv con cuidado,con tacto

3 MOUE Grimace que l'on fait en avançant, enresserrant les lèvres.

mohín mueca, gesto

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franchement, Carol-Ann...

Arthur lui fit remarquer qu’à l’époquede la fameuse Karine, ils avaient dix-neufans, et que de surcroît il n’avait jamaisflirté avec elle. Vingt ans que Paul lui enreparlait, simplement parce qu’il l’avaitvue en premier ! Paul nia l’avoir mêmeévoquée.

« Au moins deux à trois fois par an !»rétorqua Arthur. «Pouf! elle ressort d’uneboîte à souvenirs. Je n’arrive même pas àme rappeler son visage ! »

Paul se mit à gesticuler, soudainementexcédé.

- Mais pourquoi n’as-tu jamais voulu medire la vérité à son sujet ? Avoue-le, bonsang, que tu es sorti avec elle, puisque celafait vingt ans comme tu le dis, il y aprescription maintenant !

- Tu m’emmerdes, Paul, tu n’es pasdescendu du bureau en courant, et nousne sommes pas en train de traverser laville parce que tout à coup tu voulais meparler de Karine Lowenski ! Où va-t-on,d’ailleurs ?

- Tu ne te souviens pas de sa tête, maistu n’as pas oublié son nom de famille entout cas !

- C ’ é t a i t ç a t o n s u j e t t r è simportant ?

- Non, je te parle de Carol-Ann.

- Pourquoi me parles-tu d’elle ? C’estla troisième fois depuis ce matin. Je nel’ai pas revue et nous ne nous sommespas téléphoné. Si tu es soucieux à causede ça, ce n’est pas la peine que nousdescendions avec ma voiture jusqu’à LosAngeles, parce que mine de rien, nousvenons de traverser le port et noussommes déjà dans South-Market. Qu’est-ce qu’il y a, elle t’a invité à dîner ?

- Comment peux-tu imaginer que jeveuille dîner avec Carol-Ann ? Du tempsoù vous étiez ensemble j’avais déjà du malà le faire, et pourtant tu étais à table.

- Alors de quoi s’agit-il, pourquoi mefais-tu traverser la moitié de la ville ?

- Pour rien, pour te parler, pour que tu me parles.

- De quoi ?

- De toi !

Paul bifurqua sur la gauche et fit

Carol Ann, francamente...

Arthur le señaló que en la época de lafamosa Karine tenían diecinueve años, yademás él nunca había flirteado con ella.¡Llevaba veinte años hablándole de aquellachica, simplemente porque la había vistoprimero! Paul negó haberla mencionado si-quiera.

— ¡Como mínimo, dos o tres veces alaño! —replicó Arthur—. Yo la tengo meti-da en el baúl de los recuerdos. ¡Ni siquieraconsigo acordarme de su cara!

Paul comenzó a gesticular, súbitamenteexasperado.

—Pero ¿por qué no has querido decir-me nunca la verdad? Confiésalo, cabezota,reconoce que saliste con ella. ¡Puesto quehace veinte años, como bien dices, ya haprescrito!

— ¡Me estás hartando, Paul! Supongoque no habrás bajado corriendo del despa-cho ni estaremos cruzando la ciudad por-que de repente te han entrado ganas de ha-blarme de Karine Lowenski... Y por cierto,¿adonde vamos?

— ¡ N o t e a c u e r d a s d e s uc a r a , p e r o n o h a s o l v i d a d o s ua p e l l i d o !

— ¿Era ésa la cosa tan importante de laque querías hablarme?

—No, quiero hablarte de Carol Ann.

— ¿Por qué quieres hablarme deella? Es la tercera vez que la sacas arelucir desde esta mañana. No he vuel-to a verla y no nos hemos telefoneado.Si estás preocupado por eso, no merecela pena que vayamos con mi coche has-ta Los Ángeles, porque, no es por nada,pero acabamos de atravesar el puerto yestamos ya en SouthMarket. ¿Qué pasa?¿Te ha invitado a cenar?

— ¿Cómo se te puede ocurrir que quie-ra cenar con Carol Ann? En la época en laque estabais juntos ya me costaba hacer-lo, y eso que tú estabas a la mesa...

— Entonces, ¿de que se trata? ¿Por quéme haces atravesar medía ciudad?

—Por nada, para que hablemos.

— ¿De qué?

— ¡De ti!

Paul giró a la izquierda y entró en

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pénétrer la Saab sur le parking d’un grandimmeuble de quatre étages aux façadesrecouvertes de faïence blanche.

- Paul, je sais que cela va te paraîtredingue, mais j’ai vraiment rencontré unfantôme !

- Arthur, je sais que ça va te paraîtredingue, mais je t’emmène vraimentfaire un bilan médical !

Arthur qui regardait son ami retournabrusquement la tête, fixant le frontispice quiornait la devanture de l’immeuble :

- Tu m’as emmené dans une clinique ?Tu es sérieux ? Tu ne me crois pas ?

- Mais si, je te crois ! Et je vais te croireencore plus quand tu auras fait un scanner.

- Tu veux que je fasse un scanner ?

- Écoute-moi bien, grande girafe ! Sij’arrive un jour au bureau avec la tête d’untype qui est resté coincé sur un escalierroulant pendant un mois, que je repars encolère alors que je ne perds jamais moncalme, que de la fenêtre tu me vois marchersur le trottoir le bras en l’air à quatre-vingt-dix degrés à l’horizontale, puis ouvrir laportière de ma voiture à un passager quin’existe pas, que non content de l’effetprovoqué je continue à parler en gesticulantdans la voiture, comme si je parlais àquelqu’un, mais qu’il n’y a personne,vraiment personne, et que pour seuleexplication je te dis que je viens derencontrer un fantôme, j’espère que tu serasaussi inquiet pour moi que je le suis pourtoi en ce moment.

Arthur esquissa un sourire.

- Quand je l’ai rencontrée dans monplacard, j’ai cru que c’était toi qui me faisaisune blague.

- Tu vas me suivre, on va aller merassurer maintenant !

Arthur se laissa tirer par le brasjusque dans le hall d’accueil de laclinique. La réceptionniste les suivitdu regard. Paul installa Arthur sur unechaise, en lui donnant l’ordre de nepas en bouger. Il se comportait aveclui comme on traite un enfant pas trèssage dont on redoute à chaque instantqu’il échappe à votre périmètre devue. Puis il se rendit au comptoir, ethéla la jeune femme en scandant :

- C’est une urgence !

el aparcamiento de un gran edificio decua t ro p i sos con l a s pa redesrecubiertas de azulejos blancos.

—Paul, sé que esto va a parecerte unacosa de locos, pero de verdad que he cono-cido a un fantasma...

—Arthur, se que esto va a parecerte unacosa de locos.. . pero voy a llevarte de ver-dad a que te hagan una revisión médica.

Arthur volvió bruscamente la cabeza ymiró el frontispicio que adornaba la facha-da delantera del inmueble.

— ¿Me has traído a una clínica? ¿Va enserio? ¿Es que no me crees ?

— ¡Claro que te creo! Y te creeré toda-vía más cuando te hayan hecho un escáner.

— ¿Quieres que me hagan un escáner?

—Escúchame bien, calamidad. Si yollego un día al estudio con cara de haberestado un mes embutido en una escaleramecánica, monto en cólera cuando habi-tualmente nunca pierdo los estribos, meves desde la ventana andando por la ace-ra con un brazo levantado formando unángulo de noventa grados, después abrir-le la portezuela del coche a un pasajeroque no existe, y no contento con el efectoprovocado, sigo hablando y gesticulandodentro del coche como si me dirigiera aalguien pero sin que haya nadie, nadie denadie, y la única explicación que te doyes que acabo de conocer a un fantasma,espero que en ese caso estés tan preocu-pado por mí como yo lo estoy por ti enestos momentos.

Arthur esbozó una sonrisa.

— C u a n d o l a v i e n e l a r m a -r i o , c r e í q u e s e t r a t a b a d e u n ab r o m a t u y a .

—Acompáñame. Necesi to t ran-quilizarme.

Arthur se dejó llevar del brazo hastael vestíbulo de la clínica. La recepcio-nista los siguió con la mirada. Paulínstalo a Arthur en una silla y le ordenóque no se moviera. Se comportaba conél como si se tratara de un niño traviesoque fuera a desaparecer de su vista encualquier momento. Luego se acercó almostrador y abordó a la joven.

— ¡Es una urgencia! —dijo elevando lavoz y modulando exageradamente para quequedara bien claro.

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- De que l type ? répondi t -e l led u tac au tac , avec une cer ta inedésinvolture dans sa voix, alors que le tonemprunté par Paul traduisait clairement sonimpatience et son énervement.

- Du type assis là-bas sur un fauteuil !

- Non, je vous demande de quelle natureest l’urgence ?

- Traumatisme crânien !

- Comment est-ce arrivé ?

- L’amour est aveugle et lui passe sontemps à prendre des coups de canne blanchesur la tête, alors à force, ça finit parl’esquinter !

Elle trouva la réplique très drôle,sans être toutefois certaine d’en avoirperçu le sens. Sans rendez- vous etsans prescription elle ne pouvait rienfaire pour lui, elle en était désolée !« A t t e n d e z p o u r ê t r e d é s o l é e ! »Elle le serait quand il aurait fini de parler,annonça-t-il, demandant d’une voixautoritaire si cette clinique était bien celledu Dr Bresnik? L’hôtesse acquiesça de latête. Il lui expliqua d’un ton tout aussi vifque c’était au sein de cet établissement queles soixante collaborateurs de son cabinetd’architecture venaient faire chaque annéeleur contrôle médical, mettre leurs bébésau monde, conduire leurs enfants pour lesfaire vacciner ou soigner rhumes, grippes,angines et autres saloperies.

Il enchaîna sans reprendre son souffle etlui expliqua que tous ces gentils patients, etnéanmoins clients de cette institutionmédicale, étaient sous la responsabilité del’énergumène qu’elle avait devant elle, maiségalement du monsieur qui était assis avecson air désemparé sur le fauteuil en face.

- Alors, mademoiselle, ou le DrBresmachin s’occupe de mon associémaintenant, ou je vous garantis que plus unseul d’entre eux ne foulera le tapis-brossede votre somptueuse clinique, pas mêmepour se faire poser un patch !

Une heure plus tard Arthur, accompagnéde Paul, commençait une batteried’examens en vue d’un check-up complet.Après un électrocardiogramme sous effort(on le fit pédaler vingt minutes sur un vélod’appartement, des tas d’électrodes colléessur sa poitrine), on lui préleva du sang (Paulne put rester dans la pièce). Puis un médecinlui fit une série de tests neurologiques (onlui demanda de lever une jambe, yeux

— ¿De qué tipo? —preguntó ellaen los mismos términos aunque con ciertaimpertinencia en la voz, mientras que el tonoque Paul había empleado revelaba claramentesu impaciencia y su nerviosismo.

— ¡Del tipo que está sentado allí, enaquel sillón!

— Le estoy preguntando de qué natura-leza es la urgencia.

— Traumatismo craneal.

— ¿Cómo ha ocurrido?

— El amor es ciego y no para de darlebastonazos en la cabeza y, claro, al final esoacaba por destrozarlo.

A ella le pareció una réplica muyingeniosa, aunque no estaba segurade haberla entendido del todo. Sincita y sin prescripción, no podía ha-cer nada por él. Lo sentía mucho.

—Espere para sentirlo.Lo sentiría cuando él hubiera acabado

de hablar, anunció Paul, antes de preguntarcon voz autoritaria si esa clínica era la deldoctor Bresnik. La recepcionista asintió conla cabeza. Él le explicó en el mismo tonoque en el seno de ese establecimiento eradonde los sesenta colaboradores de su estu-dio de arquitectura se hacían un reconoci-miento médico anual, traían sus hijos almundo, y llevaban a sus retoños a que losvacunaran y les curaran resfriados, gripes,anginas y otras porquerías.

Sin hacer ninguna pausa, siguió ex-plicándole que todos esos amables pa-cientes y, sin embargo, clientes de esainstitución médica, dependían del ener-gúmeno que tenía delante, así como delseñor que estaba sentado con aire dedesamparo en el sillón de enfrente.

—Así que, señorita, o el doctorBresloquesea se ocupa de mi socio aho-ra mismo, o le aseguro que ni uno solode ellos vuelve a pisar el felpudo de susuntuosa clínica ni siquiera para que lepongan un parche.

Una hora más tarde, Arthur, acompa-ñado de Paul, empezaba a someterse aun chequeo completo. Después de unelectrocardiograma realizado en estadode actividad (le hicieron pedalear en unabicicleta estática con montones de elec-trodos pegados al pecho), le sacaron san-gre. Un médico le hizo después unos testsneurológicos (le pidieron que levantarauna pierna —con los ojos abiertos y con

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ouverts et yeux fermés, on lui tapa à l’aided’un petit marteau sur les coudes, sur lesgenoux et sur le menton, on lui gratta mêmela plante du pied avec une aiguille). Enfinsous la pression de Paul on accepta de luifaire passer un scanner. La salle d’examenétait divisée par une grande cloison vitrée.D’un côté trônait l’impressionnantemachine cylindrique évidée en son centrepour permettre au patient d’y pénétrer detoute la longueur de son corps (c’est pourcela qu’on la comparait souvent à ungigantesque sarcophage), de l’autre côté,une salle technique encombrée de pupitreset de moniteurs reliés par de gros faisceauxde câbles noirs. Arthur fut allongé et sangléau crâne et aux hanches sur une plate-forme étroite recouverte d’un drap blanc,le docteur appuya sur un bouton le faisantavancer à l’intérieur de l’appareil.L’espace entre sa peau et les parois du tuben’était pas supérieur à quelquescentimètres, il ne pouvait plus effectueraucun mouvement. On l’avait averti del’extrême sensation de claustrophobie qu’ilpourrait ressentir.

Il allait rester seul tout au long del’examen, mais il pourrait communiquer àtout moment avec Paul et le médecin,installés de l’autre côté de la paroi de verre.La cavité dans laquelle il était emprisonnéétait équipée de deux petits haut-parleurs.On pouvait converser avec lui depuis lasalle de contrôle. En appuyant sur la petitepoire en plastique qu’on lui avait glisséedans la main il activerait un micro etpourrait s’exprimer. La porte fut referméeet la machine commença à émettre une sériede sons percutants.

- C’est insupportable ce qu’il subit ?demanda Paul d’un air amusé.

Le manipulateur expliqua que c’étaitassez désagréable. Beaucoup de patientsclaustrophobes ne supportaient pas cetexamen et le contraignaient à interromprele protocole.

- Ç a n e f a i t p a s m a l d u t o u t ,m a i s l e c o n f i n e m e n t e t l e b r u i tr e n d e n t l a c h o s e n e r v e u s e m e n td i f f i c i l e .

- Et on peut lui parler ? enchaîna Paul.

Il pouvait s’adresser à son ami enappuyant sur le bouton jaune à côté delui. Le manipulateur précisa qu’il valaitmieux le faire quand le scanner n’émettaitpas de sons, sinon les mouvements de lamâchoire d’Arthur pouvaient rendre lesclichés flous quand il répondrait.

los ojos cerrados—, le golpearon conun martillito en los codos, las rodillasy la barbilla, y hasta le arañaron laplanta de los pies con una aguja). Porúltimo, presionados por Paul, acepta-ron hacerle un escáner. La sala dondese llevaba a cabo estaba dividida porun tabique de cristal. En un lado se en-contraba la impresionante máquina ci-líndrica, hueca en el centro para per-mitir la entrada total del paciente (poreso se la comparaba con un gigantes-co sarcófago); en el otro lado habíamontones de tableros de mandos ymonitores unidos por gruesos haces decables negros. Arthur se tumbó sobre una es-trecha plataforma cubierta con una sábana blancay lo sujetaron con correas a la altura de la cabezay de las caderas; a continuación, el doctor pulsóun botón para introducirlo en el aparato. El espa-cio que había entre su piel y las paredes de lt u b o e r a t a n s ó l o d e u n o s p o c o sc e n t í m e t r o s ; n o p o d í a m o v e r s e .L e h a b í a n a d v e r t i d o q u e q u i z ás i n t i e r a u n a i n t e n s a s e n s a c i ó n d ec l a u s t r o f o b i a .

Permanecería completamente solo mien-tras durara la prueba, pero podría comunicar-se en todo momento con Paul y el médico,instalados al otro lado del tabique de cristal.La cavidad en la que se encontraba en-cerrado estaba provista de dos altavo-ces. Se podía hablar con él desde lasala de control. Apretando la pequeñapera de plástico que le habían puestoen una mano, activaría un micrófonoy podría hacerse oír. Cerraron la puer-ta y la máquina comenzó a emitir unaserie de sonidos _______.

— ¿Es insoportable lo que está sintien-do? —preguntó Paul con aire divertido.

E l d o c t o r l e e x p l i c ó q u e e r ab a s t a n t e d e s a g r a d a b l e . M u c h o spac i en t e s c l aus t ro fób i cos no so -por t aban l a p rueba y lo ob l igabana in t e r rumpi r l a .

—No es nada dolorosa, pero el desdeel punto de vista nervioso resulta difícil porel confinamiento del paciente y el ruido dela máquina.

— ¿Y se puede hablar con él?

Podía dirigirse a su amigo pulsando elbotón amarillo que tenía al lado. El doc-tor precisó que era preferible hacerlocuando el escáner no emitía sonidos, pues,de lo contrario, el movimiento de la man-díbula al responder podía hacer que losnegativos quedaran borrosos.

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- Et là vous voyez l’intérieur de soncerveau ?

- Oui.

- Et qu’est-ce qu’on découvre ?

- Toute forme d’anomalie, unanévrisme, par exemple...

Le téléphone retentit et le docteurdécrocha. Après quelques secondes deconversation il s’excusa auprès de Paul. Illui fallait s’absenter un instant. Il l’invita àne rien toucher, tout était automatique et ilreviendrait dans quelques minutes.

Lorsque le médecin eut quitté les lieux,Paul regarda son ami au travers de la vitre,un étrange sourire lui vint aux lèvres. Sesyeux se portèrent sur le bouton jaune dumicrophone. Il marqua un tempsd’hésitation et appuya :

- Arthur, c’est moi ! Le toubib a dûs’absenter, mais ne t’inquiète pas je suis làpour surveiller que tout se déroule bien.C’est incroyable le nombre de boutons dece côté. On se croirait dans un cockpitd’avion. Et c’est moi qui conduis, le pilotea sauté en parachute ! Dis donc, mon vieux,tu vas la balancer l’info, maintenant ? Alors,Karine, tu n’es pas sorti avec elle, mais tuas quand même couché avec elle, non ?

Lorsqu’ils sortirent sur le parking de laclinique, Arthur avait sous son bras unedizaine d’enveloppes en kraft contenant descomptes rendus d’examens tousparfaitement normaux.

- Tu me crois maintenant ? demandaArthur.

- Tu me déposes au bureau et tu vas tereposer chez toi comme prévu.

- Tu éludes ma question. Est-ce que tume crois maintenant que tu sais que je n’aipas de tumeur dans la tête ?

- Écoute, va te reposer, tout ça peut venird’une crise de surmenage.

- P a u l , j ’ a i j o u é l e j e u d e t o nb i l a n m é d i c a l , j o u e l e j e u t o ia u s s i !

- Je ne suis pas sûr qu’il m’amuse, tonjeu ! On en reparlera plus tard, il faut queje file directement au rendez-vous, je vaisprendre un taxi. Je te téléphonerai plus tarddans la journée.

— ¿Y ahí ve usted el interior de su cere-bro?

— Sí.

— ¿Y qué se descubre?

— Todo tipo de anomalías. Un aneuris-ma, por ejemplo...

Sonó el teléfono y el doctor descolgó elaparato. Tras unos segundos de conversa-ción, se disculpó ante Paul. Debía ausentar-se un momento. Le indicó que no tocaranada, que todo era automático, y le dijo queregresaría enseguida.

Cuando el médico hubo salido, Paulmiró a su amigo a través del cristal, yuna extraña sonrisa afloró a sus labios.Dirigió la mirada hacia el botón ama-rillo del micrófono. Vaciló un instantey luego lo pulsó.

—Arthur, soy yo. El médico ha tenidoque salir, pero no te preocupes, yo estoy aquípara controlar que todo vaya bien. Es in-creíble la cantidad de botones que hay en i:este sitio. Parece que estés en la cabina deun avión. Y soy yo quien conduce la nave,porque el piloto ha saltado en paracaídas.Bueno, tío, ¿vas a desembuchar ahora? Nosaliste con Karine, de acuerdo, pero sí quete acostaste con ella, ¿verdad?

Cuando entraron en el aparcamiento dela clínica, Arthur llevaba bajo el brazo unadecena de sobres de papel kraft llenos deinformes y resultados de pruebas, todos ab-solutamente normales.

—¿Me c rees ahora? —pregun-tó Ar thu r.

—Déjame en el estudio y vete a descan-sar, como habíamos quedado.

—Estás eludiendo mi pregunta. ¿Mecrees ahora que sabes que no tengo un tu-mor en la cabeza?

—Vete a descansar... Todo esto puedeser consecuencia del estrés.

—Paul, yo me he prestado a tu juegodel chequeo, así que préstate tú también almío.

—No creo que tu juicio me vaya a pa-recer divertido. Hablaremos de eso mástarde. Tengo que ir directamente a la re-unión; tomaré un taxi. Te llamaré mástarde ______________ .

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Paul le laissa seul dans la Saab. Il quittales lieux et roula vers North-Point. Au fondde lui, Arthur commençait à aimer cettehistoire, son héroïne, et les situations qu’ellene manquerait pas de provoquer.

6

Le re s t au ran t à tou r i s t e s é t a i tperché sur la falaise et surplombaitle Pacifique. La salle était presquep l e i n e e t a u - d e s s u s d u b a r d e u xtélévisions permettaient aux convivesde suivre deux matches de baseball.L e s p a r i s a l l a i e n t b o n t r a i n . I l sé t a i e n t a t t a b l é s d e r r i è r e l ab a i e v itrée.

Il allait commander un cabernet -sauvignon lorsque, surpr is par unf r i s s o n , i l s ’ a p e r ç u t q u ’ e l l e l ecaressait de son pied nu, sourire dev i c t o i r e a u x l è v r e s , l e s y e u xmalicieux. Piqué à vif, i l lui saisitla cheville , et remontant le long desa jambe :

- Je vous sens aussi !

- Je voulais en être certaine.

- Vous l’êtes.

La se rveuse qu i p rena i t s acommande l’interrogea en faisant unemoue dubitative.

- Vous sentez quoi ?

- Rien, je ne sens rien.

- Vous venez de me dire « je vous sensaussi ».

S ’ a d r e s s a n t à L a u r e n q u ia f f i c h a i t u n s o u r i r e é c l a t a n t :

- C ’ e s t f a c i l e , j e p e u x m ef a i r e e n f e r m e r c o m m e c e l a .

- Vo u s f e r i e z p e u t - ê t r e b i e n ,répondit la serveuse en haussant les

Paul lo dejó solo en el coche. Arthurse alejó de allí en dirección a NorthPoint.En el fondo empezaba a gustarle aquellahistoria, su heroína y las situaciones quesin duda provocaría.

6

El restaurante para turistas se encontra-ba en lo alto del acantilado, justo delantedel Pacífico. El comedor estaba casi lleno,y encima de la barra había dos televisorespara que los comensales pudieran seguirsendos partidos de béisbol. Las apuestasiban que volaban. Ellos estaban sentados auna de las mesas situadas detrás del venta-nal.

Arthur se disponía a pedir un cabernet-sauvignon cuando notó que ella lo acari-ciaba con el pie desnudo, al tiempo que lededicaba una sonrisa de victoria y una mi-rada maliciosa. Repuesto del estremeci-miento y respondiendo a la provocación,él la asió del tobillo y subió la mano por lapierna.

— ¡Yo también la siento!

— Quería estar segura.

—Pues puede estarlo.

La camarera que es taba tomán-d o l e n o t a , l e p r e g u n t ó h a c i e n d ouna mueca de perplejidad:

— ¿Qué es lo que siente?

—Nada, no siento nada.

—Acaba de decir «yo también la sien-to».

— ¡Está tirado! Puedo conseguir que meencierren simplemente haciendo lo que hago—dijo Arthur dirigiéndose a Lauren, que ex-hibía una sonrisa radiante.

—Probablemente es lo mejor que podríahacer —repuso la camarera, encogiéndose

1 mou I adj 1. (que cede a la presión) blando(a). 2.(tiempo) bochornoso(a). 3. (carnes) fofo(a). 4. (sinrigidez) flexible; avoir du m. fig ser flexible; donnerdu m. à qqch quitar tensión a alguien. 5. (sin ener-gía) flojo(a). 6. fam (sin carácter) blandengue.

2. mou m 1. (pulmón del ganado) bofe. 2. fam (perso-na) blandengue. y aller mou loc adv con cuidado,con tacto

3 MOUE Grimace que l'on fait en avançant, enresserrant les lèvres.

mohín mueca, gesto

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épaules et en tournant les talons.

- Je peux passer ma commande ?cria-t-il.

- Je vous envoie Bob, juste pour voir sivous le sentez aussi.

Bob se présenta quelques minutes plustard, presque plus féminin que sa collègue.Arthur lui commanda des oeufs brouillésau saumon et un jus de tomate assaisonné.Il attendit cette fois que le serveur s’éloignepour questionner Lauren sur sa solitude deces six derniers mois.

Bob, arrêté au milieu de la salle, leregardait parler tout seul avecconsternation. La conversation débuta, ellel’interrompit au beau milieu d’une phraseet lui demanda s’il avait un téléphoneportable. Ne voyant pas le rapport il hochala t ê t e en s igne d ’acqu iescement .« Déc rochez - l e e t f a i t e s s emblan td e p a r l e r d e d a n s , s i n o n i l s v o n tv r a i m e n t v o u s f a i r e e n f e r m e r. »Arthur se retourna et constata que plusieurstablées le fixaient du regard, certainespersonnes presque dérangées dans leurdéjeuner par cet individu qui parlait dansle vide. Il saisit son mobile, mima unnuméro et prononça un « Allô ! » à trèshaute voix. Les gens continuèrent de lefixer quelques secondes et la situationredevenant presque normale, ils reprirentle cours de leur repas. Il reposa dans lecombiné sa question à Lauren. Les premiersjours sa transparence l’avait amusée. Ellelui décrivit cette sensation de liberté absoluequ’elle vécut au commencement de sonaventure. Plus de questions à se poser sursa façon de se vêtir, de se coiffer, sur la têteque l’on a, sur sa ligne, plus personne nevous regarde. Plus aucune obligation, plusde cadre, plus besoin de faire la queue, onpasse devant tout le monde et sans gênerpersonne, plus personne ne vous juge survos attitudes. Plus besoin de faire semblantd’être discret, on peut écouter lesconversations des uns et des autres, voirl’invisible, entendre l’inaudible, se trouverlà où l’on n’a pas le droit d’être, pluspersonne ne vous entend.

- Je pouvais aller me poser sur le coindu bureau ovale et écouter toutes lesconfidences de l’État, m’asseoir sur lesgenoux de Richard Gère ou prendre unedouche avec Tom Cruise.

Tout ou presque lui était possible, visiterles musées quand ils sont fermés, entrerdans un cinéma sans payer, dormir dans despalaces, monter dans un avion de chasse,assister aux opérations chirurgicales les plus

de hombros y girando sobre sus talones.

— ¿Le importa tomarme nota? —dijoArthur.

—Ahora le mando a Bob, para compro-bar si también lo siente.

Al cabo de unos minutos se acercó Bob,casi más femenino que su compañera. Arthurpidió dos huevos revueltos con salmón yun zumo de tomate sazonado. Esta vez es-peró a que el camarero se alejase para pre-guntarle a Lauren sobre su soledad en losúltimos seis meses.

Bob, de pie en medio de la sala, lomiraba hablar solo con cara de cons-ternación. Al poco de iniciada la con-versación, Lauren interrumpió a Arthura media frase y le preguntó si tenía unteléfono móvil. Él, sin comprender larelación, asintió con la cabeza.

—Tome el aparato y haga como queestá hablando con alguien; si no, vana encerrarlo de verdad.

Arthur se volvió y pudo comprobarque varios clientes lo estaban observan-do, algunos casi molestos por la presen-cia de aquel individuo que le hablaba alvacío. Sacó el móvil, simuló que marcabaun número y pronunció un «¡Oiga!» en voz bienalta. La gente siguió mirándolo unos segundosy, al ver que la situación adquiría un aire de nor-malidad, se puso a comer de nuevo sin prestarleatención. Arthur volvió a hacerle la pregunta aLauren con el teléfono al oído. Los primerosdías su transparencia le había resultadoalgo divertido. Le describió la sensaciónde libertad absoluta que había experimen-tado al principio de la aventura. Ya no te-nía que pensar en cómo vestirse y peinar-se, en si tenía buena o mala cara, en sufigura..., nadie la miraba. Ya no tenía niobligaciones ni jefes, no necesitaba hacercola, pasaba delante de todo el mundo sinmolestar a nadie, nadie la juzgaba por sucomportamiento. Ya no hacía falta quefingiera discreción, podía escucharlas conversaciones de unos y otros,ver lo invisible, oír lo inaudible, es-tar donde no tenía derecho a estar.. . ,nadie la oía.

—Podía aparecer en el despachaoval y escuchar todos los secre tosde Es tado , sen tarme sobre las ro-di l las de Richard Gere o ducharmecon Tom Cruise .

Todo o casi todo era posible para ella:visitar los museos cuando están cerrados,entrar en los cines sin pagar, dormir enpalacios, subir a un avión de caza, asistira las intervenciones quirúrgicas más

combiné I adj combinado(a). II combiné m 1. (deteléfono) auricular. 2. (ropa interior) combinación

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pointues, visiter en secret les laboratoiresde recherche, marcher au sommet des pilesdu Golden Gâte. L’oreille collée à sonportable, il eut la curiosité de savoir si elleavait tenté au moins l’une de cesexpériences.

- Non, j’ai le vertige, j’ai horreur del’avion, Washington est trop loin, je ne saispas me transporter à de telles distances, j’aidormi pour la première fois hier, alors lespalaces ne me servent à rien, quant auxmagasins, à quoi ça sert quand on ne peutrien toucher ?

- Et Richard Gère et Tom Cruise ?

- C’est comme pour les magasins !

Elle lui expliqua avec beaucoup de sincéritéque ce n’était pas du tout marrant d’être unfantôme. Elle trouvait cela plutôt pathétique.Tout est accessible mais tout est impossible.Les gens qu’elle aimait lui manquaient. Ellene pouvait plus entrer en contact avec eux.« Je n’existe plus. Je peux les voirmais cela fait plus de mal que de bien.C’est peut-être cela le Purgatoire, unesolitude éternelle. »

- Vous croyez en Dieu ?

- Non, mais dans ma situation on a unpeu tendance à remettre en cause ce quel’on croit et ce que l’on ne croit pas. Je necroyais pas non plus aux fantômes.

- Moi non plus, dit-il.

- Vous ne croyez pas aux fantômes ?

- Vous n’êtes pas un fantôme.

- Vous trouvez ?

- Vous n’êtes pas morte, Lauren, votrecoeur bat quelque part et votre esprit est envie ailleurs. Les deux se sont séparésmomentanément, c’est tout. Il faut chercherpourquoi, et comment les réunir denouveau.

- Vous noterez que vu sous cet anglec’est quand même un divorce lourd deconséquences.

C’était un phénomène hors du champde sa compréhension, mais il ne comptaitpas s’arrêter à ce constat. Toujourspendu à son téléphone, il insista sur savolonté de comprendre, i l fa l la i tchercher et trouver le moyen de lui faireregagner son corps, il fallait qu’elle sortedu coma, les deux phénomènes étant liés,ajouta-t-il.

complicadas, visitar en secreto los labo-ratorios de investigación, caminar sobrelos pilares del Golden Gate. Arthur, conla oreja pegada al móvil, sintió curiosi-dad por saber si había intentado realizaralguna de esas experiencias.

—No. Tengo vértigo, me dan miedo losaviones, y Washington está demasiado le-jos y no sé trasladarme a tanta distancia. Ayerdormí por primera vez, así que los palaciosno me sirven de nada, y en cuanto a las tien-das, ¿de qué sirven cuando no se puede to-car nada?

—¿Y Richard Gere y Tom Cruise?

—¡Ocurre lo mismo que con las tiendas!

Le confesó con gran sinceridad que serun fantasma; no era nada divertido. Lo en-contraba más bien patético. Todo es accesi-ble pero, al mismo tiempo, todo es imposi-ble. Echaba de menos a la gente que quería.No podía establecer contacto con ellos.

—Ya no ex i s to . Puedo ve r lo s ,pe ro me causa más do lo r que p l a -cer. Quizás e l purga tor io sea es to ,una so l edad e t e rna .

— ¿Cree en Dios?

—No, pero en mi situación se tiene ciertatendencia a cuestionar lo que se cree y loque no se cree. Tampoco creía en los fan-tasmas.

—Yo tampoco creo —dijo Arthur.

— ¿No cree en los fantasmas?

—Usted no es un fantasma.

— ¿De verdad?

—No está muerta, Lauren. Su cora-zón late en un sitio y su espíritu viveen otro. Se han separado momentánea-mente, eso es todo, Simplemente hayque averiguar por qué y cómo reunir-los de nuevo.

—Desde ese punto de vista, se habrápercatado de que se trata de un divorcio congraves consecuencias.

Era un fenómeno que escapaba a su com-prensión, pero Arthur no tenía intención delimitarse a constatar tal cosa. Sin soltar elteléfono, insistió en su voluntad de compren-der; era preciso buscar y encontrar el modode permitirle reincorporarse a su cuerpo, yera preciso también que saliera del coma,pues los dos fenómenos estaban ligados,añadió.

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- Pardon, mais là je crois que vous venezde faire un grand pas dans vos recherches !

Il ne releva pas son sarcasme, et luiproposa de rentrer et d’entamer une séried’enquêtes sur le Web. Il voulait y recensertout ce qui se rapportait au coma : étudesscientifiques, rapports médicaux,bibliographies, histoires, témoignages.Particulièrement ceux portant sur des cas decomas longs dont les patients étaient revenus.« Il faut que nous les retrouvions et que nousallions les interroger. Leurs témoignagespeuvent être très importants. »

- Pourquoi faites-vous cela ?

- Parce que vous n’avez pas le choix.

- Répondez à ma question. Vous rendez-vous compte des implications personnellesde votre démarche, du temps que cela vavous prendre ? Vous avez votre métier, vosobligations.

- Vous êtes une femme trèscontradictoire.

- Non, je suis lucide, ne vous apercevez-vous pas que tout le monde vous a regardéde travers, parce que pendant dix minutesvous parliez tout seul à table, savez-vousque la prochaine fois que vous viendrezdans ce restaurant on vous dira que c’estcomplet ; parce que les gens n’aiment pasla différence, parce qu’un type qui parle àvoix haute et gesticule lorsqu’il ne dîne avecpersonne, cela dérange ?

- Il y a plus de mille restaurants en ville,cela laisse de la marge.

- Arthur, vous êtes un gentil, un vraigentil, mais vous êtes irréaliste.

- Sans vouloir vous blesser, en matièred’irréalisme je crois que dans la situationactuelle vous avez une longueur d’avancesur moi.

- Ne jouez pas avec les mots, Arthur.Ne me faites pas de promesses à la légère,vous ne pourrez jamais résoudre une telleénigme.

- Je ne fais jamais de promesses en l’air,et je ne suis pas un gentil !

- Ne me donnez pas des espoirsinut i les , vous n’aurez s implementpas le temps.

- J’ai horreur de faire ça dans unrestaurant mais vous m’y forcez, excusez-

—Perdone, pero creo que acaba de darun gran paso en sus investigaciones.

Él hizo caso omiso de su sarcasmo y lepropuso volver a casa e iniciar una seriede búsquedas en Internet. Quería recopilartodo lo relacionado con el coma: estudioscientíficos, informes médicos bibliografía,historiales y testimonios, sobre todo los queexponían casos de comas largos cuyos pa-cientes se habían recuperado.

—Tenemos que localizarlos e ir ahablar con e l los . Sus tes t imoniospueden ser muy importantes.

—¡Por que hace esto?

—Porque no tiene usted elección.

—Conteste a mi pregunta. ¿Se dacuenta de las implicaciones personalesde lo que quiere hacer, del tiempo queva a ocuparle? Usted tiene trabajo,obligaciones...

—Es us ted una mujer muy con-t rad ic tor ia .

—No, soy lúcida. ¿No es cons-ciente de que todo el mundo ha esta-do mirándolo de reojo porque se hapasado diez minutos hablando solo?¿Sabe que la próxima vez que vengaa este restaurante le dirán que estácompleto porque a la gente no le gus-ta la diferencia, porque un tipo quehabla en voz alta y gesticula mientrascome solo resulta molesto?

—Hay más de mil restaurantes en la ciu-dad; eso deja bastante margen.

—Arthur, es usted un caballero, un au-téntico caballero, pero no es realista.

— S i n á n i m o d e o f e n d e r l a ,c r e o q u e e n l a s i t u a c i ó n a c t u a lu s t e d m e g a n a d e c a l e e n i r r e a -l i d a d .

—No juegue con las pa labras ,Arthur. No me haga promesas a la li-gera. Jamás podrá resolver un enig-ma como éste.

— ¡Yo nunca hago promesas vanas! ¡Yno soy un caballero!

—No me haga abrigar falsas esperan-zas. Porque no tendrá tiempo, simplemen-te.

—Me horroriza hacer esto en un restau-rante, pero usted me obliga. Perdone un

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moi une minute.

Arthur fît semblant de raccrocher, il lafixa du regard, décrocha à nouveau etcomposa le numéro de son associé. Leremerciant pour le temps qu’il lui avaitconsacré le matin même, pour sonattention. Le rassurant par quelquesphrases apaisantes, il lui expliqua qu’ilétait effectivement au bord d’une crise desurmenage et qu’il valait mieux pourl’entreprise et pour lui qu’il s’arrêtequelques jours. Il lui communiquacertaines informations spécifiques sur lesdossiers en cours et lui indiqua queMaureen se tiendrait à sa disposition. Tropfatigué pour partir où que ce soit, il restaitde toute façon chez lui et on pourrait lejoindre par téléphone.

- Voilà, je suis désormais libre de touteobligation professionnelle et je vouspropose que nous commencions nosrecherches tout de suite.

- Je ne sais pas quoi dire.

- Commencez par m’aider avec vosconnaissances médicales.

Bob apporta l’addition endévisageant Arthur. Ce dernier ouvritgrands les yeux, fi t une mimiqueeffrayante, tira la langue et se leva d’unbond. Bob fit un pas en arrière.

- J’attendais mieux que cela devous, Bob, je suis très déçu. Venez,Lauren, cet endroit n’est pas digne denous.

Dans la voiture qui les ramenait versl’appartement, Arthur expliqua à Lauren laméthodologie d’investigation qu’il comptaitmettre en application. Ils échangèrent leurspoints de vue, et se mirent d’accord sur unplan de bataille.

momento.

Arthur hizo como si colgara, lamiró fijamente, descolgó de verdady marcó el número de su socio. Leagradeció el tiempo que le había de-dicado esa misma mañana y su aten-ción. Lo tranquilizó con unas frasessensatas y dijo que, efectivamente,estaba muy estresado y que era me-jor para la empresa que descansaraunos días. Le dio alguna informaciónespecíf ica sobre tos proyectos encurso y le indicó que Maureen esta-ría a su disposición. De cualquiermodo, como estaba demasiado can-sado para ir a ningún sitio, se que-daría en casa, así que podrían llamar-lo en caso necesario.

— Ya e s t á . A h o r a e s t o y l i b r ed e t o d a o b l i g a c i ó n p r o f e s i o n a l yl e p r o p o n g o q u e e m p e c e m o s ab u s c a r d e i n m e d i a t o .

—No sé qué decir.

— Empiece por ayudarme con sus co-nocimientos médicos.

Bob l levó la cuenta y se quedómirando ________ a Arthur. Éste abriólo ojos como platos, hizo una mueca ho-rrible, sacó la lengua y se levantó de unsalto. Bob dio un paso atrás.

— Esperaba algo mejor de usted,Bob, me siento muy decepcionado.Vamos, Lauren, este sitio no es dignode nosotros.

En el coche, mientras se dirigían acasa, Arthur le expuso a Lauren el mé-todo de trabajo que a su parecer habíaque seguir. Intercambiaron puntos devista y trazaron de común acuerdo unplan de ataque.

DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

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De retour chez lui, Arthur s’installaderrière sa table de travail. Il alluma sonordinateur et se connecta sur Internet. Les« autoroutes informatiques » luipermettaient d’accéder instantanément àdes centaines de bases de données sur lesujet qui le concernait. Il avait formulé unerequête sur son logiciel de recherche, entapant simplement le mot « Coma » dans lacase dédiée, et le « Web » lui avait proposéplusieurs adresses de sites contenant despublications, témoignages, exposés, etconversations sur ce sujet. Lauren vint seposer à l’angle du bureau.

En tout premier ils se connectèrent auserveur du Mémorial Hospital, rubriqueNeuropathologie et traumatologiecérébrale. Une récente publication du PrSilverstone sur les traumatismes crâniensleur permit d’accéder à la classification desdifférents types de coma selon l’échelle deGlasgow : trois chiffres indiquaient laréactivité aux stimuli visuels, auditifs etsensitifs. Lauren répondait aux classes1.1.2, l’addition des trois chiffresdéterminait un coma de classe 4, autrementdénommé « Coma dépassé ». Un serveurles renvoya vers une autre bibliothèqued’informations, détaillant des champsd’analyses statistiques sur les évolutions despatients dans chaque famille de coma.Personne n’était jamais revenu d’un voyageen « quatrième classe »...

De nombreux diagrammes, coupesaxonométriques, dessins, rapports desynthèses, sources bibliographiques, furentchargés dans l’ordinateur d’Arthur, puisimprimés. Au total près de sept cents pagesd’informations classées, triées etrépertoriées par centres d’intérêts.

Arthur commanda une pizza et deuxbières, et s’exclama qu’il n’y avait plus qu’àlire. Lauren lui demanda de nouveaupourquoi il faisait tout cela. Il répondit : «Par devoir vis-à-vis de quelqu’un qui en trèspeu de temps m’a appris bien des choses,et une tout particulièrement, le goût dubonheur. Tu sais, dit-il, tous les rêves ontun prix ! » Et il reprit sa lecture, annotantce qu’il ne comprenait pas, c’est-à-direpresque tout. Au fur et à mesure que leurstravaux avançaient, Lauren expliquait lestermes et raisonnements médicaux.

Arthur installa une grande feuille depapier sur sa table d’architecte et commençaà y rédiger les synthèses des notes qu’il avaitcollectées. Classant les informations pargroupes, il les entourait et les reliait entreeux par ordre de relation. Ainsi se dessinait

7

Una vez en casa, Arthur se instalótras su mesa de trabajo. Conectó el or-denador y entró en Internet. Las «auto-pistas informáticas» le permitían acce-der instantáneamente a cientos de ba-ses de datos sobre el tema que lo ocu-paba. Había formulado una petición enun buscador tecleando simplemente lapalabra «coma» en la casilla correspon-diente, y la red le había propuesto va-rias direcciones de sites que conteníanpublicaciones, testimonios, ensayos yconversaciones sobre el tema. Laurense situó junto a la mesa.

En primer lugar se conectaron al servi-dor del Memorial Hospital, sección deNeuropatología y Traumatología Cerebral.Una reciente publicación del profesorSilverstone sobre los traumatismos cranealesles permitió acceder a la clasificación de losdiferentes tipos de coma según la escala deGlasgow: mediante tres números se indicaba lareactividad a los estímulos visuales, auditivosy sensitivos. Lauren entraba en la categoría1.1.2, que correspondía a un coma enfa se 4 . ______________ ________________ __________ Un servidorlos envió a otra biblioteca De datosdonde aparecían campos de análisisestadísticos sobre las evoluciones delos pac ien te s en cada f ami l i a decoma. Nadie había regresado jamásde un viaje en «cuarta»...

Infinidad de diagramas, cortesaxonométricos, dibujos, informes de sínte-sis y fuentes bibliográficas fueron cargadosen el ordenador de Arthur y luego imprimi-dos. En total, casi setecientas páginas deinformación clasificada, seleccionada y re-lacionada por centros de interés.

Arthur encargó una pizza y dos cerve-zas y dijo que lo único que había que hacerera leer. Lauren le preguntó de nuevo porqué hacía todo aquello.

—Porque se lo debo a alguien queen muy poco tiempo me ha enseñadomuchas cosas, y especialmente una: elsabor de la felicidad. Todos los sueñostienen un precio. . Inmediatamente re-anudó la lectura, anotando lo que no en-tendía, es decir, casi todo. A medida queavanzaban, Lauren le explicaba los tér-minos y razonamientos médicos.

Arthur puso una gran hoja de papelsobre la mesa de trabajo y empezó aredactar los resúmenes de las notas quehabía tomado. Clasificaba la informa-ción por grupos y relacionaba éstos en-tre sí. De este modo se formó poco a

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progressivement un gigantesquediagramme, aboutissant à une secondefeuille où les raisonnements se confondaienten conclusions.

Deux jours et deux nuits furent ainsiconsacrés à essayer de comprendre,d’imaginer une clé à l’énigme quis’imposait à eux.

Deux jours et deux nuits pour arriver àconclure que le coma restait et resteraitencore, pour quelques années et quelqueschercheurs, une zone bien obscure où lecorps vivait, divorcé de l’esprit qui l’animeet lui donne une âme. Épuisé, les yeuxrougis, il s’endormit à même le sol ; Lauren,assise à la table d’architecte, regardait lediagramme, parcourant les flèches du boutdu doigt, et notant au passage, non sanssurprise, que la feuille ondulait sous sonindex.

Elle vint s’accroupir près de lui, frottasa main sur la moquette puis passa sa paumele long de son avant-bras, les poils selevèrent. Elle esquissa alors un sourire,caressa les cheveux d’Arthur et s’allongeaà ses côtés, pensive.

Il s’éveilla sept heures plus tard. Laurenétait toujours assise à la table d’architecte.Il se frotta les yeux et lui fit un sourirequ’elle lui rendit aussitôt.

- Tu aurais été mieux dans ton lit maistu dormais tellement bien, je n’ai pas oséte réveiller.

- Je dors depuis longtemps ?

- Plusieurs heures, mais pas assezpour combler ton retard.

Il voulait prendre un café et s’yremettre, mais elle l’interrompit dans salancée. Son engagement la touchaitbeaucoup mais c’était peine perdue. Iln’était pas médecin, elle juste interne etils n’allaient pas résoudre à eux deux laproblématique du coma.

- Tu proposes quoi ?

- Que tu avales un café comme tu l’as dit,que tu prennes une bonne douche et que l’onaille se balader. Tu ne peux pas vivre enautarcie, reclus dans ton appartement sousprétexte que tu héberges un fantôme.

Il allait déjà prendre ce café, après ilsverraient. Et il voulait qu’elle arrête avecson « fantôme », elle avait l’air de tout saufd’un fantôme. Elle l’interrogea sur ce qu’ilvoulait dire par « tout » mais il refusa de

poco un gigantesco diagrama, que con-tinuó en una segunda hoja donde los ra-zonamientos se mezclaban con conclu-siones.

D e d i c a r o n d o s d í a s y d o s n o -c h e s a i n t e n t a r c o m p r e n d e r , abuscar l a c lave de l en igma que t e -n í a n a n t e s í .

Dos días y dos noches para llegar ala conclusión de que el coma seguía y se-guiría siendo, durante bastantes años, unazona muy oscura en la que el cuerpo vivedivorciado del espíritu que lo anima y leda un alma. Exhausto, con los ojos enro-jecidos, Arthur se durmió en el suelo;Lauren, sentada tras la mesa de trabajo,miraba el diagrama recorriendo las fle-chas con la yema del índice y observan-do, no sin sorpresa, que la hoja se ondu-laba bajo el dedo.

Se agachó junto a Arthur, frotó lapalma de la mano contra la moqueta ydespués se la pasó por el antebrazo,cuyo vello se erizó. Entonces esbozóuna sonrisa, le acarició el pelo y setumbó a su lado, pensativa.

Arthur se despertó siete horas más tar-de. Lauren seguía sentada tras la mesa detrabajo. Se restregó los ojos y le dedicó unsonrisa, que ella le devolvió al instante.

—Hubieras estado mejor en !a cama,pero dormías tan a gusto que no me atreví adespertarte.

—¿Llevo mucho tiempo durmiendo?

—Varias horas, pero no las suficientespara recuperar y’ el sueño atrasado.

Arthur quería tomarse un café y poner-se de nuevo > manos a la obra, pero ellafrenó su impulso. Su dedicación ] la con-movía enormemente, pero no valía la pena.Él no ‘’ era médico y ella era una simpleinterna, así que no iban a resolver entre losdos la problemática del coma.

— ¿ Que propones?

— Que te tomes un café como has di-cho, que te des ‘ una buena ducha y quevayamos a pascar. No puedes vivir al mar-gen del mundo, recluido en casa con la ex-cusa de que albergas a un fantasma.

Arthur se tomaría el café, y después yaverían. Y quería que Lauren se olvidara de lode «fantasma»; tenía aspecto de todo menosde fantasma. Ella le preguntó qué quería decircon «todo», pero el se negó a responder.

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répondre. « Je vais dire des choses gentilleset après tu m’en voudras. »

Lauren haussa les sourcils, interrogative,demandant ce que c’était, « des chosesgentilles ». Il insista pour qu’elle oublie cequ’il venait de dire, mais c’était, comme ils’en doutait, peine perdue. Elle mit ses deuxpoings sur ses hanches, se posta face à luiet insista.

- C’est quoi, des choses gentilles ?

- Oublie ce que je viens de dire, Lauren.Tu n’es pas un revenant, c’est tout.

- Je suis quoi alors ?

- Une femme, une très belle femme, etmaintenant je vais prendre une douche.

Il quitta la pièce sans se retourner.Lauren caressa de nouveau la moquette,ravie. Une demi-heure plus tard, Arthurenfilait un jean et un gros pull en cashmèreet sortait de la salle de bains. Il manifestal’envie d’aller dévorer une bonne viande.Elle lui fit remarquer qu’il n’était que dixheures du matin, mais il répliqua aussitôtqu’à New York il était l’heure d’allerdéjeuner et à Sydney d’aller dîner.

- Oui, mais nous ne sommes pas à New Yorkou à Sydney, nous sommes à San Francisco.

- Ce la ne changera r i en au goû tde ma v iande .

Elle voulait qu’il retourne à sa vraie vieet elle le lui dit. Il avait la chance d’en avoirune et il fallait qu’il en profite. Il n’avaitpas le droit de tout laisser tomber commecela. Il refusa qu’elle dramatise. Après toutil ne prenait que quelques jours, mais pourelle il se prenait surtout à un jeu dangereuxet sans issue. Il explosa :

- C’est formidable d’entendre cela de labouche d’un médecin, je croyais qu’il n’y avaitpas de fatalité, que tant qu’il y a de la vie il ya de l’espoir, que tout est possible. Pourquoiest-ce moi qui y crois plus que toi ?

P a r c e q u ’ e l l e é t a i t m é d e c i nj u s t e m e n t , r é p o n d i t e l l e , p a r c equ’e l le revendiquai t d’ê t re luc ide ,conva incue qu ’ i l s pe rda i en t l eu rtemps , son t emps .

- Tu ne dois pas t’attacher à moi, je n’airien à t’offrir, rien à partager, rien à donner,je ne peux même pas te préparer un café,Arthur !

- Merde alors, si tu ne peux pas me

— Si digo caías bonitas, después me loecharás en cara.

Lauren arqueó las cejas con gesto in-quisitivo, preguntando qué era eso de«cosas bonitas». El insistió en que olvi-dara lo que acababa de decir, pero, talcomo temía, fue inútil. Lauren se plan-tó frente a él, con los brazos en jarras__________ :

— ¿Qué es eso de «cosas bonitas»?

— Olvida lo que acabo de decir, Lauren.No eres una aparición, eso es todo.

— ¿Qué soy, entonces?

—Una mujer, una mujer muy guapa. Yahora voy a darme una ducha.

Salió de la estancia sin volverse. Laurenacarició de nuevo la moqueta, encantada.Media hora más tarde, Arthur salió del cuar-to de baño con vaqueros y un grueso jerseyde cachemira, y manifestó su deseo de ir adevorar un buen trozo de carne. Ella le in-dicó que todavía eran las diez de la maña-na, pero él replicó de inmediato que en Nue-va York era la hora de ir a comer, y enSidney, la de ir a cenar.

— Sí, pero no estamos ni en Nueva Yorkni en Sidney. Estamos en San Francisco.

— Eso no cambiará en absoluto el sa-bor de la carne que voy a comerme.

Ella quería que volviese a su auténticavida y se lo dijo. Afortunadamente tenía unay debía aprovecharla, no abandonarlo todopor las buenas. Él le pidió que no dramati-zara; después de todo, sólo se había toma-do unos días. Sin embargo, en opinión deella estaba metiéndose en un juego peligro-so y sin salida,

— ¡Es increíble oír eso de boca de unmédico! —explotó él—. Yo creía que la fa-talidad no existe, que mientras hay vida hayesperanza, que todo es posible. ¿Por que soyyo quien lo cree y no tú?

Lauren le respondió que precisamenteporque ella era médico, porque reivindica-ba ser lúcida, porque estaba convencida deque perdían el tiempo, el tiempo de Arthur,para hablar con propiedad.

—No debes aferrarte a mí. No ten-go nada que ofrecerte, nada que dar-te, ni siquiera puedo prepararte uncafé, Arthur...

— ¡Mierda! Si no puedes prepa-

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préparer un café, il n’y a aucun futurpossible. Je ne m’attache pas à toi, Lauren,ni à toi ni à personne d’ailleurs. Je n’ai pasdemandé à te rencontrer dans mon placard,seulement tu y étais, c’est la vie, c’estcomme ça. Personne ne t’entend, ne te voit,ne communique avec toi.

Elle avait raison, enchaîna-t-il,s’occuper de son problème était risqué, poureux deux, pour elle, pour les faux espoirsque cela pouvait nourrir, pour lui, « pour letemps que cela va me prendre et le bordelque cela fout dans ma vie, mais c’est la vie,justement ». Il n’avait pas d’alternative. Elleétait là, autour de lui, dans son appartement« qui est aussi ton appartement », elle étaitdans une situation délicate et il prenait soind’elle, « c’est ce qui se fait dans un mondecivilisé, même si cela comporte des risques». À ses yeux, donner un dollar à unclochard en sortant d’un supermarché étaitune chose facile qui ne coûtait pas. « C’estlorsque l’on donne du peu que l’on a quel’on donne vraiment. » Elle ne savait pasgrand-chose de lui, mais il revendiquaitd’être entier et décidé quoi qu’il en coûte àaller jusqu’au bout.

Il lui intima de lui laisser le droit del’aider, insistant en disant que la seule chosede la vraie vie qui lui restait était biend’accepter de recevoir. Si elle pensait qu’iln’avait pas réfléchi avant de s’engager danscette histoire elle avait tout à fait raison. Iln’avait absolument pas réfléchi. «Parce quec’est pendant qu’on calcule, qu’on analyseles pour et les contre, que la vie passe, etqu’il ne se passe rien. »

- Je ne sais pas comment, mais on tesortira de là. Si tu avais dû mourir ce seraitdéjà fait, moi je suis juste là pour te donnerun coup de main.

Il conclut en lui demandant d’acceptersa démarche, sinon pour elle, au moins pourtous ceux qu’elle soignerait dans quelquesannées.

- Tu aurais pu être avocat.

- J’aurais dû être médecin.

- Pourquoi ne l’as-tu pas été ?

- Parce que Maman est morte trop tôt.

- Tu avais quel âge ?

- Trop tôt, et je ne souhaite pas vraimentaborder ce sujet.

- Pourquoi ne veux-tu pas en parler ?

rarme un café, entonces sí que no hayfuturo posible. Lauren, yo no me afe-rró a ti; de hecho, ni a ti ni a nadie.Yo no pedí encontrarte en el armario,simplemente estabas allí ; así es lavida. Nadie te oye, nadie te ve ni secomunica contigo.

Tenía razón, prosiguió, al decir que ocu-parse de su .v problema era arriesgado paralos dos; para ella, por las falsas esperanzasque eso podía alimentar, y para él, «por el ‘,’tiempo que tendré que dedicar y el caos queintroducirá en mi vida, pero así es la vida».No tenía alternativa. Ella estaba allí, a su al-rededor, en su apartamento, «que es tambiéntu apartamento», se hallaba en una situacióndelicada y él la cuidaba, «que es lo que sehace en un mundo civilizado, aunque ellocomporte riesgos». En su opinión, darle undólar a un vagabundo al salir del supermer-cado era algo fácil, que no tenía mérito.

— Cuando se da de lo poco que setiene es cuando se da de verdad.

Ella no sabía gran cosa de él, peroArthur se consideraba un hombre exi-gente y estaba decidido a llegar has-ta el final a toda costa.

Le pidió que respetara su derecho a ayu-darla, arguyendo para convencerla que loúnico que le quedaba de la vida auténticaera aceptar recibir. Si pensaba que no habíareflexionado antes de meterse de lleno enaquella historia, estaba en lo cierto. Ni» ha-bía reflexionado en absoluto.

—Porque mientras se calcula, mientrasse analizan los pros y los contras, la vidapasa y no ocurre nada.

—No sé cómo, pero te sacaremos de ahí.Si hubieras tenido que morir, ya estaríasmuerta; yo estoy aquí precisamente paraecharte una mano.

Arthur finalizó pidiéndole que acep-tara su ayuda, si no por ella, al menos portodos aquellos a los que curaría pasadosunos años.

—Podrías haber sido abogado.

— Debería haber sido médico.

— ¿Por qué no lo has sido?

—Porque mi madre murió demasiado pronto.

— ¿Cuántos años tenías?

1—Muy pocos, y no me apetece hablarde ese asunto.

— ¿Por qué no quieres hablar de eso?

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Il lui fit remarquer qu’elle était interneet pas psychanalyste. Il ne voulait pas enparler parce que cela lui était douloureuxet que cela le rendait triste d’aborder ces u j e t . « L e p a s s é e s t c eq u ’ i l e s t , v o i l à t o u t . » I ld i r igea i t un cabinet d’architecture. Il enétait très heureux.

- J’aime ce que je fais et les gens avecqui je travaille.

- C’est ton jardin secret ?

- Non, un jardin cela n’a rien de secret,un jardin, c’est tout le contraire, c’est undon. N’insiste pas, c’est quelque chose quim’appartient.

Il avait perdu sa mère très jeune, etson père encore plus tôt. Ils lui avaientdonné le meilleur d’eux-mêmes, letemps qu’ils avaient pu. Sa vie étaitcomme ça, cela avait eu ses avantageset ses inconvénients.

- J’ai toujours très faim, même si l’onn’est pas à Sydney, alors je vais me fairedes oeufs et du bacon.

- Qui t’a élevé après la mort de tesparents ?

- Tu n’es pas du tout têtue ?

- Non, pas le moins du monde.

- C’est sans intérêt tout ça. On s’enmoque, il y a bien plus important à faire.

- Si, moi cela m’intéresse.

- Qu’est-ce qui t’intéresse ?

- Ce qui s’est passé dans ta vie pour quetu sois capable de ça.

- Capable de quoi ?

- De planter tout pour t’occuper d’uneombre de femme que tu ne connais pas, etce n’est même pas pour le cul, alors celam’intrigue.

- Tu ne vas pas me psychanalyser, parceque je n’en ai ni l’envie ni le besoin. Il n’ya pas de zone d’ombre, tu comprends ? Il ya un passé tout ce qu’il y a de plus concretet définitif, parce qu’il est passé.

- Donc je n’ai pas le droit de teconnaître ?

- Si, tu as le droit, bien sûr que tu as ledroit, mais là c’est mon passé que tu veux

Arthur le recordó que era inter-na, no psicoanalista. No quería ha-blar de eso porque le resultaba do-loroso y le ponía tr iste ___ _ ___ ___.

— El pasado es el que es, no tiene vuel-ta de hoja.

Dirigía un estudio de arquitectura y sesentía satisfecho.

—Me gusta lo que hago y me gustan laspersonas con las que trabajo.

— ¿Es tu jardín secreto?

—No. Un jardín no tiene nada desecreto; un jardín es todo lo contra-rio, es un don. No insistas, es algoque me pertenece.

Había perdido a su madre de muy jo-ven, y a su padre todavía antes. Le habíandado lo mejor de sí mismos durante el tiem-po que habían podido. Su vida era así;aquello había tenido sus ventajas y sus in-convenientes.

— Sigo teniendo mucha hambre, aun-que no estemos en Sidney, así que voy aprepararme unos huevos con beic on.

— ¿ Quién te crió después de que mu-rieran tus padres?

—No eres terca, ¿verdad?

— No, en absoluto.

— Todo eso no tiene ningún interés niviene ahora a cuento.

—A mí sí que me interesa.

— ¿Qué es !o que te interesa?

— Lo que ocurrió en tu vida para queseas capaz de esto.

— ¿Capaz de qué?

— De plantarlo todo para ocuparte dela sombra de una mujer que no conoces.Y ni siquiera es por sexo..., así que meintriga.

—No vas a psicoanalizarme porque nitengo ganas ni lo necesito. No hay ningu-na zona oscura, ¿entendido? Hay un pasa-do de lo más concreto y definitivo por lasencilla razón de que ha pasado.

— ¿Así que no tengo derecho aconocerte?

— Sí, claro que tienes derecho,pero lo que quieres conocer es mi pa-

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connaître, pas moi.

- C’est si difficile à entendre ?

- Non, c’est intime, ce n’est pasd’une gaieté folle, c’est long, et cen’est pas le sujet.

- On n’a pas de train à prendre.On vient d’enchaîner deux jours etdeux nuits non-stop sur le coma, onpeut faire un break.

- Tu aurais dû être avocate !

- Oui, mais je suis médecin ! Réponds-moi.

Le travail fut son excuse. Il n’avaitpas le temps de lui répondre. Il finit sesoeufs sans dire un mot, déposa sonassiette dans l’évier et se remit à sonbureau. Il se retourna vers Lauren, assisedans le canapé.

- Tu as eu beaucoup de femmes dans tavie ? demanda-t-elle sans lever la tête.

- Quand on aime, on ne compte pas !

- Et tu n’as pas besoin d’un psy! Et des « qui comptent », tu en aseu beaucoup ?

- Et toi ?

- C’est moi qui ai posé la question.

Il répondit qu’il avait eu trois amours,un d’adolescent, un de jeune homme et unde « moins jeune homme » en train dedevenir un homme mais pas tout à faitquand même, sinon ils seraient encoreensemble. Elle trouva la réponse fair-playmais voulut tout de suite savoir pourquoicela n’avait pas marché. Lui pensait quec’était parce qu’il était trop entier.« P o s s e s s i f ? » demanda-t-elle,mais il insista sur le mot entier .

- Ma mère m’a gavé d’histoires d’amouridéal, c’est un lourd handicap que d’avoirdes idéaux.

- Pourquoi ?

- Ça place la barre très haut.

- Pour l’autre ?

- Non, pour soi-même.

Elle aurait voulu qu’il développem a i s i l s o u h a i t a s ’ a b s t e n i r p a rcrainte de « faire vieux jeu et d’être

sado, no a mí.

— ¿Tan difícil es de entender?

—No, pero es algo íntimo, no es loca-mente divertido, es largo y no es el temaque nos ocupa.

—No se nos va a escapar ningún tren.Acabamos de empalmar dos días y dos no-ches estudiando el coma, así que creo quepodemos tomarnos un descanso.

— ¡Deberías haber sido abogado!

— ¡Sí, pero soy médico! Contéstame.

Arthur puso como excusa el trabajo. Notenía tiempo para contestarte. Se comió loshuevos sin decir palabra, dejo el plato en elfregadero y se sentó de nuevo tras la mesade trabajo. Se volvió hacia Lauren, que es-taba sentada en el sofá.

— ¿Ha habido muchas mujeres en tu vida?—preguntó ella sin levantar la cabeza.

— Cuando se quiere no se cuenta.

—Y dices que no necesitas un psicoa-nalista... Bueno, y de las «que se cuentan»,¿ha habido muchas?

— ¿Cuántos hombres ha habido en la tuya?

—Yo he preguntado primero.

Arthur contestó que había tenido tres amo-res, uno de adolescente, otro de joven, y otrode «menos joven» en proceso de convertirseen hombre pero sin serlo aún del todo, porqueen tal caso aún seguirían ¡untos, A ella le pare-ció una respuesta directa, honesta, pero ense-guida quiso saber por qué aquello no habíafuncionado. Arthur pensaba que no había fun-cionado porque él era demasiado exigente.

— ¿Posesivo?—preguntó Lauren.Él insistió en la palabra «exigente».

—Mi madre me atiborró de historias deamor ideal, y tener ideales es un gran in-conveniente.

— ¿Porqué?

—Porque pone el listón muy alto.

— ¿Para el otro?

—No, para uno mismo.

A Lauren le hubiera gustado que desa-rrollara más la idea, pero Arthur prefirió nohacerlo por miedo a «parecer chapado a la

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r idicule ». Elle l ’ invita à tenter sachance . Sachan t qu ’ i l n ’en ava i taucune de la faire dévier de ce sujeti l choisi t la première :

- Identifier le bonheur lorsqu’il est àses pieds, avoir le courage et ladétermination de se baisser pour leprendre dans ses bras... et le garder. C’estl’intelligence du coeur. L’intelligencesans celle du coeur ce n’est que de lalogique et ça n’est pas grandchose.

- Donc c’est elle qui t’a quitté !

Arthur ne répondit pas.

- Et tu n’es pas tout à fait guéri.

- Oh si, je suis guéri, mais je n’étaispas malade.

- Tu n’as pas su l’aimer ?

- Personne n’est propriétaire dubonheur, on a parfois la chance d’avoir unbail, et d’en être locataire. Il faut être trèsrégulier sur le paiement de ses loyers, onse fait exproprier très vite.

- C’est rassurant ce que tu dis.

- Tout le monde a peur du quotidien,comme s’il s’agissait d’une fatalité quidéveloppe l’ennui, l’habitude, je ne croispas à cette fatalité...

- Tu crois à quoi ?

- Je crois que le quotidien est lasource de la complicité, c’est là qu’aucontraire des habitudes on peut y inventer« le luxe et le banal », la démesure et lecommun.

Il lui parla des fruits que l’on n’a pascueillis, ceux qu’on laisse pourrir à mêmele sol. « Du nectar de bonheur qui ne serajamais consommé, par négligence, parhabitude, par certitude et présomption. »

- Tu as expérimenté ?

- Jamais vraiment, juste de la théorietentée en pratique. Je crois à la passion quise développe.

Pour Arthur, il n’y avait rien de pluscomplet qu’un couple qui traverse le temps,qui accepte que la tendresse envahisse lapassion, mais comment vivre cela lorsque l’ona le goût de l’absolu ? Pour lui il n’y avait pasd’erreur à accepter de conserver une partd’enfance en soi, une part de rêve.

antigua y resultar ridículo». Ella lo invitó aintentarlo. Consciente de que no tenía nin-guna posibilidad de convencerla de quecambiaran de tema, hizo el primer intento:

—Identificar la felicidad cuando está alos pies de uno, tener el valor y la determi-nación de agacharse para tomarla entre losbrazos... y conservarla. Eso es la inteligen-cia del corazón. La inteligencia a secas, pres-cindiendo de la del corazón, no es más quelógica, y eso no es gran cosa.

—¡Entonces fue ella quien te dejó!

Arthur no respondió.

—Y aún no te has repuesto.

— Oh, sí, me he repuesto. Pero no esta-ba enfermo.

— ¿No supiste amarla?

—Nadie es propietario de la felicidad.A veces se tiene la suerte de ser inquilino,pero hay que ser muy cumplidor en el pagodel alquiler, porque de lo contrario te des-alojan enseguida.

—Lo que dices es tranquilizador.

—A todo el mundo le da miedo lo coti-diano, como si se tratara de una fatalidadque desarrolla el aburrimiento, la costum-bre. Yo no creo en esa fatalidad...

— ¿En qué crees?

— Creo que lo cotidiano es la fuente dela complicidad. En la cotidianidad, al con-trario que en la costumbre, se puede inven-tar «lo lujoso y lo banal», lo desmesurado ylo corriente.

Le habló de los frutos que no se toman,los que se dejan pudrir en el suelo.

— Son un néctar de felicidad que nuncase saboreará, por negligencia, por costum-bre, por certeza y presunción.

— ¿Has pasado por esa experiencia?

—No del todo. He intentado llevar lateoría a la práctica. Yo creo en la pasión quese desarrolla.

Para Arthur no había nada más com-pleto que una pareja que perdura a travésdel tiempo, que acepta que la ternurainvádala pasión, pero ¿cómo vivir esocuando se tiende a lo absoluto? Para elno era un error conservar dentro de sí unaparte de infancia, una parte de sueño.

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- Nous finissons par être différents, maisnous avons tous d’abord été des enfants. Ettoi, tu as aimé ? demanda-t-il.

- Tu connais beaucoup de gens qui n’ontpas aimé ? Tu veux savoir si j’aime ? Non,oui, et non.

- Beaucoup d’outrages dans ta vie ?

- Proportionnellement à mon âge, ouipas mal.

- Tu n’es pas très loquace, qui était-ce ?

- Il n’est pas mort. Trente-huit ans,cinéaste, beau gosse, peu disponible, unpeu égoïste, le mec idéal...

- Et alors ?

- Alors à des milliers d’années-lumièrede ce que tu décris de l’amour.

- Chacun son monde tu sais ! Le toutc’est de planter ses racines dans la terre quinous convient.

- Tu fais toujours des métaphorescomme ça ?

- Souvent, cela rend les chosesplus douces à dire pour moi. Alorston histoire ?

Elle avait partagé quatre années desa vie avec son cinéaste, quatre annéesd’une histoire décousue, recousue, oùles acteurs se déchirent et se recollentmaintes et maintes fois, comme si ladramaturgie donnait une dimension deplus à l’existence. Elle qualifia cetterelation d’égotique, et sans intérêt ,maintenue par la passion des corps.« Tu es très physique ? » demanda-t-il.Elle trouva la question impudique.

- Tu n’es pas obligée de répondre.

- Mais je ne vais pas le faire ! Enfin, il arompu deux mois avant l’accident. Tantmieux pour lui, au moins il n’estresponsable de rien aujourd’hui.

- Tu le regrettes ?

- Non, je l’ai regretté au moment dela rupture, aujourd’hui je me dis qu’unedes qualités fondamentales pour vivre àdeux c’est la générosité. Elle avait eu sadose des histoires qui se terminenttoujours pour les mêmes raisons. Sicertains perdent de leurs idéaux avecl’âge, Lauren faisait le contraire. Plus elle

—Acabamos por ser distintos, pero to-dos hemos sido primero niños. ¿Y tú? —preguntó—. ¿Has amado?

— ¿A cuántos conoces que no hayanamado? ¿Quieres saber si amo? No. Síy no.

— ¿Has sufrido muchos golpes?

— En proporción a mi edad, sí,bastantes.

—No eres muy locuaz. ¿Quién era?

—No está muerto. Treinta y ocho años,cineasta, buen chico, poco disponible, unpunto egoísta..., el tipo ideal.

—¿Entonces?

—Entonces a miles de años luz delo que tú describes del amor.

— ¡Cada cual tiene su mundo! La cues-tión está en hundir las raíces en la tierraque nos es favorable.

— ¿ S i e m p r e h a c e s m e t á f o r a s______ ?

— Con frecuencia. Así me resulta másfácil decir las cosas. Bueno, estoy espe-rando oír tu historia.

Lauren había compartido cuatro años desu vida con el cineasta en cuestión, cuatroaños de una historia descosida y vuelta acoser en la que los actores se desgarran y sereconstruyen una y otra vez, como si ladramaturgia añadiera otra dimensión a laexistencia. Calificó aquella relación deegotista y sin interés, mantenida por la pa-sión de los cuerpos.

— ¿Eres muy física? —preguntó Arthur.A ella le pareció una pregunta impúdica.

—No estás obligada a contestar.

— ¡No pienso hacerlo! En fin, élrompió dos meses antes del acciden-te. Mejor para él; al menos ahora noes responsable de nada.

— ¿ Lo echas de menos ?

—No. Lo eché de menos en el mo-mento de la ruptura, pero ahora piensoque una de las cualidades fundamentalespara vivir en pareja es la generosidad.Estaba harta de historias que siempre seacaban por las mismas razones. Hayquien pierde los ideales con la edad, peroa Lauren le pasaba lo contrario. Cuanto

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vieillissait et plus elle devenait idéaliste.« Je me dis que pour prétendre partagerune tranche de vie à deux, il faut cesserde croire et de faire croire qu’on entredans une histoire qui compte si l’on n’estpas vraiment prêt à donner. On ne touchepas au bonheur du bout des doigts. Ou tues un donneur ou tu es un receveur. Moije donne avant de recevoir mais j’ai faitune croix définitive sur les égoïstes, lescompliqués et ceux qui sont trop radinsdu coeur pour se donner les moyens deleurs envies et de leurs espoirs . »Elle avait fini par admettre qu’il est untemps où il faut s’avouer ses propres véritéset identifier ce que l’on attend de la vie.Arthur trouva son propos véhément .« J’ai trop longtemps été attirée par lecontraire de mes rêves, aux antipodes dece qui pouvait m’épanouir, c’est tout »,répondit-elle.

Elle eut envie d’aller prendre l’air etils sortirent tous les deux. Arthur lesconduisit sur Océan Drive.

- J’aime me rendre au bord de l’eau,dit-il, pour rompre un long silence.

Lauren ne répondit pas tout de suite, ellefixait l’horizon. Elle agrippa Arthur par lebras.

- Qu’est-ce qui t’est arrivé dans la vie ?demanda-t-elle.

- Pourquoi une telle question ?

- Parce que tu n’es pas comme les autres.

- Ce sont mes deux nez qui te gênent ?

- Rien ne me gêne, tu es différent.

- Différent ? Je ne m’étais pas sentidifférent, et puis de quoi, de qui ?

- Tu es serein !

- C’est un défaut ?

- Non, pas du tout, mais c’est trèsdéroutant. Rien n’a l’air de te poser deproblème.

- Parce que j’aime chercher des solutions,alors je n’ai pas peur des problèmes.

- Non, il y a autre chose.

- Revoilà mon PPP.

- C’est quoi ton PPP ?

- Mon Psychiatre Personnel Portable.

mayor se hacía, más idealista se volvía.—Me digo que, para aspirar a compar-

tir una etapa de vida en pareja, hay que de-jar de creer y de hacer creer que se empiezauna relación que importa si no se está real-mente dispuesto a dar. A la felicidad no seaccede con la yema de los dedos. O eresdonante o eres receptor. Yo doy antes derecibir, pero he tachado definitivamente alos egoístas, los enrevesados y los que sondemasiado tacaños de corazón paraproporcionarse los medios que exigen susdeseos y sus esperanzas.

Lauren había acabado por admitir que llegaun momento en que es preciso confesarse las pro-pias verdades e identificar lo que se espera de lavida. Arthur encontró sus palabras vehementes.

—Lo que ocurre es que durante demasia-do tiempo me y he sentido atraída por lo con-trario de mis sueños, por lo que estaba en lasantípodas de lo que podía realizarme.

Dijo que tenía ganas de ir a tomar el airey salieron los dos. Arthur se puso al volantey fueron a Ocean Drive.

—Me gusta venír a la orilla del mar —dijo Arthur para romper un largo silencio.

Lauren no contestó enseguida. Mi-rando el horizonte, asió a Arthur delbrazo.

— ¡Qué te ha sucedido en la vida? —________

— ¿Por qué me haces esa pregunta?

—Porque no eres como los demás.

— ¿Te molestan mis dos narices?

—No me molesta nada. Eres diferente.

— ¿Diferente? Nunca me he sentido di-ferente. Además, ¿de qué?, ¿de quién?

— Eres sereno.

— ¿Es un defecto?

—No, en absoluto, pero resulta muydesconcertante. Da la impresión de que note preocupan los problemas.

—Porque me gusta buscar soluciones,por eso no me asustan los problemas.

—No, hay algo más.

—Ya está aquí otra vez mi PPP.

— ¿Qué es eso?

—Mi Psiquiatra Personal Portátil.

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- Tu as le droit de ne pas répondre.Mais j’ai le droit de ressentir les choses,et je n’en fais pas une inquisition.

- Ça fait très vieux couple, notreconversation. Je n’ai rien à cacher,Lauren, pas de zone d’ombre, pas dejardin secret, pas de traumatisme. Je suiscomme je suis, avec plein de défauts.

Il ne s’aimait pas particulièrement, maisne se détestait pas non plus, appréciait safaçon d’être libre et indépendant des modesétablies. C’est peutêtre cela qu’elleressentait. «Je n’appartiens pas à unsystème, j’ai toujours lutté contre ça. Je voisles gens que j’aime, je vais là où je veuxaller, je lis un livre parce qu’il m’attire etnon parce qu’il faut «absolument l’avoir lu»et toute ma vie est comme cela. » Il faisaitce qu’il avait envie de faire sans se posermille questions sur le pourquoi et lecomment des choses, « et je nem’embarrasse pas du reste ».

- Je ne voulais pas t’embarrasser.

La conversation reprit un peu plustard. Ils étaient rentrés à la chaleur dusalon d’un hôtel. Arthur buvait uncappuccino et grignotait des sablés.

- J’adore cet endroit, dit-il. C’estfamilial, j’aime regarder les familles.

Assis sur un canapé, un petit garçonde huit ans à peine était lové dans les brasde sa mère. Elle tenait un grand livre ouvertet lui racontait les images qu’il découvraitavec elle. De sa main gauche son indexcaressait la joue de l’enfant d’unmouvement lent, alourdi de tendresse. Àson sourire, deux fossettes rayonnaientcomme deux minuscules soleils. Arthur lesfixa longuement.

- Qu’est-ce que tu regardes? demanda Lauren.

- Un vrai moment de bonheur.

- Où ça ?

- Cet enfant, là-bas. Regarde sonvisage, il est au coeur du monde, de sonmonde à lui.

- Cela te renvoie à des souvenirs ?

Pour toute réponse, il se contenta d’unsourire. Elle voulut savoir s’il s’entendaitbien avec sa mère.

« Ma m a n e s t m o r t e h i e r , h i e ri l y a de s années de ce l a . Tu vo i s ,

—Estás en tu derecho de no contestar.Pero yo estoy en mi derecho de percibir lascosas, y no por eso soy una inquisidora.

—Esto parece una conversación de pa-reja ya veterana. No tengo nada que ocul-tar, Lauren, no hay ninguna zona oscura,ningún jardín secreto ni ningún trauma. Soycomo soy, con un montón de defectos.

No se gustaba especialmente, perotampoco se detestaba; apreciaba su ma-nera de ser, libre e independiente de lasmodas establecidas. Quizás era eso loque ella percibía. —No pertenezco a unsistema, siempre he luchado contra eso.Veo a las personas que me gustan, voy adonde quiero ir, leo un libro porque meatrae y no porque sea «imprescindiblehaberlo leído», y toda mi vida es así.Hacía lo que tenía ganas de hacer sinformularse mil preguntas acerca del por-qué y el cómo de las cosas, «y no me líocon lo doman».

—Yo no quería liarte.

Reanudaron la conversación un poco mástarde, estimulados por la calidez de la cafete-ría de un hotel. Arthur estaba tomándose uncapuchino acompañado de unas pastas.

—Me encanta este sitio —dijo—. Esfamiliar, y me gusta observar a las familias.

En un sofá había un niño de apenas ochoaños en brazos de su madre. Ella tenía enlas manos un gran libro abierto y le descri-bía las imágenes que miraban juntos, mien-tras con el índice de la mano izquierda leacariciaba la mejilla con un movimiento len-to y rebosante de ternura. En las mejillasdel niño relucían dos hoyuelos como dosminúsculos soles. Arthur estuvo un buen ratomirándolos.

— ¿Qué miras? —preguntó Lauren.

—Un autentico momento de felicidad.

— ¿Dónde?

—Aquel niño..., allí. Mira su cara. Estáen el corazón del mundo, de su mundo pro-pio.

— ¿Te trae recuerdos?

El, por toda respuesta, se limitó a son-reír. Lauren quiso saber si se llevaba biencon su madre.

—Mamá murió ayer; quiero decir queayer fue el aniversario de su muerte. ¿Sabes

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c e q u i m ’ a é t o n n é le plus aulendemain de son départ, c’est que lesimmeubles étaient toujours là, bordant lesrues pleines de voitures qui continuaient àrouler, avec des piétons qui marchaient,semblant ignorer totalement que monmonde à moi venait de disparaître. Moi jesavais, à cause de ce vide qui se fixait surma vie comme sur une pellicule en désordre.Parce que tout à coup la ville avait cessé defaire du bruit, comme si en une minute toutesles étoiles s’étaient cassé la gueule ou biens’étaient éteintes. Le jour de sa mort, et jete jure que c’est vrai, les abeilles du jardinne sont pas sorties de la ruche, pas uneseule ne butinait dans la roseraie, commesi elles aussi savaient. Ce que j’aimeraisêtre, seulement cinq minutes, ce petitgarçon caché des autres dans le creux deses bras, bercé au son de sa voix. Revivreces frissons qui descendaient le long demon dos quand elle me faisait passer deséveils aux sommeils de mon enfance, enpassant son doigt sous mon menton. Plusrien ne pouvait m’arriver, ni lespersécutions du grand Steve Hacchenbachà l’école, ni les cris du professeur Mortonparce que je ne savais pas ma leçon, ni lesodeurs acres de la cantine. Je vais te direpourquoi je suis «serein», comme tu dis.Parce que l’on ne peut pas tout vivre, alorsl’important est de vivre l’essentiel etchacun de nous a «son essentiel».»

- Je voudrais que le ciel t’entendeà mon sujet ; mon « essentiel » estencore devant moi.

- C’est pour ça que c’est « essentiel » quenous n’abandonnions pas. On va rentrer seremettre au travail. Arthur paya la note et ils sedirigèrent vers le parking. Avant qu’il ne rentredans la voiture, Lauren l’embrassa sur la joue.« Merci pour tout », ditelle.

Arthur sourit, rougit, et ouvrit la portièresans rien dire.

una cosa? Lo que más me sorprendió al díasiguiente de su partida fue que los edificiosseguían tal cual, bordeando las calles llenasde coches que continuaban circulando y depeatones que seguían caminando, aparente-mente ajenos por completo al hecho de quemi mundo acababa de desaparecer. Yo losabía por que el vacío que se instalaba enmi vida como en una película cuyos rollosestán desordenados. Porque de repente laciudad había dejado de hacer ruido, comosi en un minuto todas las estrellas se hubie-ran hecho añicos o se hubieran apagado. Eldía de su muerte, y te juro que es verdad,las abejas del jardín no salieron del panal,ni una sola libaba en la rosaleda, como siellas también lo supieran. Me gustaría ser,sólo cinco minutos, aquel niño escondidode los demás entre sus brazos, acunado porel sonido de su voz. Sentir de nuevo aque-llos estremecimientos que me recorrían laespalda cuando me hacía pasar de losdespertares a los sueños de mi infancia, pa-sándome un dedo por debajo de la barbilla.Entonces ya no podía afectarme nada, ni laspersecuciones del grandullón SteveHacchenbach en el colegio, ni los gritos delseñor Morton porque no me sabía la lec-ción, ni los olores acres del comedor esco-lar. Te diré por qué soy «sereno», como túdices. Porque no se puede vivir todo, así quelo importante es vivir lo esencial, y cada unoconsidera «esencial» una cosa.

—Desearía que el cielo te escuchase enlo que a mí respecta, porque lo que yo con-sidero «esencial» todavía está por venir.

—Por eso es «esencial» que no abando-nemos. Vamos a volver y a seguir trabajan-do. Arthur abonó la cuenta y se dirigieron alaparcamiento. Antes de que se metiera en elcoche, Lauren le dio un beso en la mejilla.

— Gracias por todo —dijo.

Arthur sonrió, y abrió la portezuela sindecir nada.

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Arthur passa près de trois semaines à labibliothèque municipale, imposant bâtimentde style néoclassique, construit au début dusiècle où, dans des dizaines de salles auxvoûtes majestueuses, règne une atmosphèresi différente à bien d’autres lieuxsemblables. On y croise souvent, dans cellesréservées aux archives de la ville, desmembres de la haute société franciscainecôtoyant de vieux hippies sur le retour,échangeant anecdotes, convergences etdivergences de points de vue sur deshistoires de la cité. Inscrit dans la n° 27,celle qui rassemblait les ouvrages demédecine, assis dans la rangée 48, celleattenante aux ouvrages de neurologie, il ydévora en quelques jours des milliers depages sur le coma, l’inconscience et latraumatologie crânienne.

Si ses lectures l’éclairaient sur lacondition de Lauren, aucune ne lerapprochait d’une solution au problème quilui était posé. En refermant chaque ouvrageil espérait trouver une idée dans le suivant.Il se présentait chaque matin à l’ouverture,s’installait avec des piles de manuels et seplongeait dans ses « devoirs ». Il lui arrivaitde s’interrompre pour se rendre de sonpupitre à une console informatique,envoyant des messages truffés dequestions à d’éminents professeurs enmédecine. Certains lui répondaient, parfoisintrigués par le but de ses recherches. Puisil retournait à son siège, reprenant le coursde ses lectures.

Il marquait une pause déjeuner à lacafétéria, emmenant des magazines traitantdes mêmes sujets, et finissait ses journéesstudieuses vers vingt-deux heures, à lafermeture de l’établissement.

À la fin du soir, il retrouvait Lauren,et lui rendait compte en dînant de sesrecherches du jour. De vraies discussionss’engageaient alors, où elle finissait paroublier qu’Arthur n’était pas étudiant enmédecine. Il la confondait par la rapiditéavec laquelle i l avait acquis unvocabulaire médical. Arguments etcontraires se succédaient ou s’opposaiententre eux, souvent jusqu’aux limites dela nuit et de l’épuisement. Au petit matinen prenant son petit déjeuner il luidécrivait la piste qu’il emprunterait aucours de sa journée de recherche. Ilrefusait qu’elle l’accompagne, arguantque sa présence le déconcentrerait. SiAr thur ne se décourageai t jamaisdevant elle, et si ses propos étaienttoujours emplis d’optimisme, chaquesilence leur faisait ressentir qu’ils

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Arthur se pasó casi tres semanas yen-do a la biblioteca municipal, un imponen-te edificio de estilo neoclásico, construi-do a principios del siglo XX, en cuyasdecenas de salas de bóvedas majestuosasreina una atmósfera muy distinta de la demuchos otros sitios similares. En las re-servadas a los archivos de la ciudad, esfrecuente ver a miembros de la alta socie-dad de San Francisco codeándose conantiguos hippíes artríticos, contándoseunos a otros anécdotas e historias de laciudad desde puntos de vista coinciden-tes y divergentes. En la número 27 —laque alberga las obras de medicina—, fila48 —la correspondiente a las obras deneurología—, devoró en unos días milesde páginas sobre el coma, la inconscien-cia y la traumatología craneal.

Pero aunque sus lecturas lo ilustrabansobre la condición de Lauren, ninguna loacercaba a una solución del problema quese le planteaba. Cada vez que cerraba unlibro, esperaba encontrar una idea en elsiguiente. Acudía todas las mañanas a pri-mera hora, tomaba asiento junto a monto-nes de manuales y se concentraba en sus«deberes». A veces se levantaba para acer-carse a una consola informática y enviarmensajes repletos de preguntas a eminen-tes profesores de medicina. Algunos lecontestaban, en ocasiones intrigados porla finalidad de sus investigaciones. Des-pués volvía a su sitio y reanudaba el cur-so de sus lecturas.

Hacía un descanso para comer en lacafetería, adonde se llevaba revistas quetrataban de los mismos temas, y acababasus ¡ornadas de estudio hacia las diez, lahora de cierre de la biblioteca.

Por la noche se encontraba con Laureny, mientras cenaban, la ponía al corrien-te de sus investigaciones del día. Enton-ces se enzarzaban en autenticas discusio-nes, en las que ella acababa olvidandoque Arthur no era estudiante de medici-na. La confundía por la rapidez con laque había memorizado la terminologíamédica. A menudo se sucedían argumen-tos y réplicas hasta la madrugada yhasta el agotamiento. Por la mañanatemprano, mientras desayunaba, Arthurle exponía el camino que seguiría duran-te su ¡ornada de trabajo. Se negaba a quelo acompañara, alegando que su presen-cia le impediría concentrarse. AunqueArthur no se desanimaba nunca delantede ella, y aunque sus palabras estabansiempre llenas de optimismo, cada silen-cio les hacía tomar conciencia de que no

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n’aboutissaient pas.

Un vendredi qui clôturait sa troisièmesemaine d’études, il quitta la bibliothèqueplus tôt. Dans la voiture il poussa à fond levolume de la radio sur une musique deBarry White. Un sourire prit forme sur seslèvres, il bifurqua brusquement dansCalifornia Street et s’arrêta faire quelquescourses. Il n’avait rien découvert enparticulier, mais avait une soudaine envied’un dîner de fête. Il était décidé à dresserune table en rentrant, à l’éclairer avec desbougies et à inonder l’appartement demusique, il inviterait Lauren à danser, etproscrirait toute conversation médicale.Alors que la baie s’éclairait d’une splendidelumière crépusculaire il se gara devant laporte de la petite maison victorienne deGreen Street. Il monta l’escalier en rythme,fit quelques acrobaties pour introduire laclé dans la serrure et entra les bras chargésde paquets. Il repoussa la porte du pied etposa tous les sacs sur le comptoir de lacuisine.

Lauren était assise sur le rebord de lafenêtre. Contemplant la vue, elle ne seretourna même pas.

Arthur la héla sur un ton ironique. Elleétait de toute évidence d’humeurmaussade, et elle disparut d’un coup. Dela chambre, Arthur entendit grommeler :«Et je ne peux même pas claquer une porte!»

- Tu as un problème ? cria-t-il.

- Fiche-moi la paix !

Arthur enleva son manteau et se dirigead’un pas pressé vers elle. Lorsqu’il ouvritla porte, il la vit debout, collée à la vitre, latête dans les mains.

- Tu pleures ?

- Je n’ai pas de larmes, comment veux-tu que je pleure ?

- Tu pleures ! Qu’est-ce qui se passe ?

- Rien, il ne se passe rien du tout.

Il appela son regard mais elle luidemanda de la laisser. S’avançantdoucement il l’enveloppa de ses bras, la fitpivoter afin de voir son visage.

E l l e b a i s s a l a t ê t e , i l l a r e l e v ad u b o u t d ’ u n d o i g t p o s é s u r s o nm e n t o n .

- Qu’est-ce qu’il y a ?

llegaban a ninguna parte.

El viernes que ponía fin a su tercera se-mana de estudio, se marchó de la bibliotecamás pronto. En el coche puso al máximo elvolumen de la radio mientras sonaba untema de Barry White. Una sonrisa se dibujóen sus labios; giró bruscamente en CaliforniaStreet y se detuvo para hacer unas compras.No había descubierto nada de particular,pero de pronto le entraron ganas de prepa-rar una cena especial. listaba decidido aponer la mesa sin descuidar ni un solo deta-lle, a iluminarla con velas y a inundar elapartamento de música. Invitaría a Laurena bailar y proscribiría toda conversaciónmédica. Mientras una espléndida luz crepus-cular iluminaba la bahía, aparcó ante la puer-ta de la pequeña casa victoriana de GrcenStreet. Subió la escalera acompasadamente,hizo algunas acrobacias para introducir lallave en la cerradura y entró cargado de pa-quetes. Empujó la puerta con un pie y dejótodas las bolsas sobre el mostrador de lacocina.

Lauren estaba sentada en el alféizar dela ventana, contemplando la vista, y ni si-quiera se volvió.

Arthur la llamó en un tono más bien iró-nico, pero era evidente que estaba de malhumor y desapareció de golpe. Desde eldormitorio, Arthur la oyó mascullar:

— ¡Y ni siquiera puedo dar un portazo!

— ¿Tienes algún problema? —preguntó.

— ¡Déjame en paz!

Arthur se quitó el abrigo y se dirigióapresuradamente hacia ella. Cuando abrióla puerta, la vio de píe, pegada al cristal,con la cabeza entre las manos.

— ¿Estás llorando?

—No tengo lágrimas, ¿cómo quieresque llore?

— ¡Estás llorando! ¿Qué pasa?

—Nada, no pasa nada de nada.

Él buscó su mirada, pero ella le dijoque la dejara. Fue acercándose poco apoco, la rodeó con los brazos y la obligó avolverse para verle la cara.

Lauren agachó la cabeza. Él se la le-vantó, empujándole la barbilla con la pun-ta de un dedo.

— ¿Qué ocurre?

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- Ils vont en finir !

- Qui va en finir et de quoi ?

- Je suis allée à l’hôpital ce matin,Maman était là. Ils l’ont convaincue depratiquer une euthanasie.

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire? Qui a convaincu qui de faire ça ?

La mère de Lauren s’était renduecomme chaque matin au MémorialHospital. Trois médecins l’attendaient auchevet du lit. Lorsqu’elle entra dans lapièce, l’un des docteurs, une femme d’âgemûr, se dirigea vers elle, demandant à luiparler en particulier. La psychologuedéléguée saisit Mme Kline par le bras etl’invita à s’asseoir.

Commença alors un long exposé oùtous les arguments furent avancés pourla convaincre d’accepter l’impossible.Lauren n’était plus qu’un corps sansâme que sa famille entretenait, à uncoût exorbitant pour la société. Il étaitplus facile de maintenir un être cheren vie artificielle que d’accepter lamort , mais à quel prix ? I l fal lai tadmet t r e l ’ inadmiss ib le e t s ’yrésoudre, sans culpabilité aucune. Toutavait été tenté. Il n’y avait là aucunelâcheté. I l fallait avoir le couraged’admettre. Le Dr Clomb insistait surla dépendance qu’elle entretenait avecle corps de sa fille.

Mme Kline, se détachant violemment deson emprise, secoua la tête en signe d’unrefus total. Elle ne pouvait et ne voulait pasfaire cela. De minute en minute lesarguments de la psychologue, maintes foisrodés, grignotaient l’émotion au bénéficed’une décision raisonnable et humaine ;prouvant avec une rhétorique subtile quele refus serait injuste, cruel, pour elle et pourles siens, égoïste, malsain. Le doute finitpar s’installer. Avec beaucoup dedélicatesse, des argumentations plus fortesencore, des mots plus subtils, plusculpabilisants furent prononcés, avecbeaucoup de douceur. La place qu’occupaitsa fille dans le service de réanimationempêchait un autre patient de survivre, uneautre famille d’avoir des espoirs fondés. Onsubstituait une culpabilité à une autreculpabilité... et le doute gagnait du terrain.Lauren assistait à ce spectacle, terrorisée,voyait la détermination de sa mère entaméepetit à petit. Au terme de quatre heures deconversation, la résistance de Mme Klinese brisait, elle admit, en larmes, le bien-fondé des propos du corps médical. Elle

—Van a ponerle fin a esto.

—¿Quién va a ponerle fin a qué?

—Esta mañana he ido al hospital. Mamáestaba allí y la han convencido para que losautorice a practicar la eutanasia.

— ¿De qué estás hablando? ¿Quién haconvencido a quién de hacer qué?

La madre de Lauren había ido,como todas las mañanas, al MemorialHospital. En la habitación la espera-ban tres médicos. Cuando entró, unode los doctores, una mujer madura, sedirigió hacia ella y le preguntó si po-dían hablar en privado. La psicólogadelegada tomó a la señora Kline delbrazo y la invitó a sentarse.

Comenzó entonces un largo discurso enel que fueron expuestos todos los argumen-tos para convencerla de que aceptara lo im-posible. Lauren no era más que un cuerposin alma que su familia mantenía con uncoste exorbitante para la sociedad. Resulta-ba más fácil mantener artificialmente convida a un ser querido que aceptar su muer-te, pero ¿a qué precio? Había que admitir loinadmisible y decidirse por esta segundaopción sin sentirse culpable. Se había in-tentado todo. No era en absoluto un signode cobardía. Era preciso tener el valor deadmitirlo. El doctor Clomb insistía en ladependencia que ella mantenía en relacióncon el cuerpo de su hija.

La señora Kline se desasió violenta-mente y meneó la cabeza para expresaruna negativa tajante. Ni podía ni queríahacer eso. Pero los argumentos de la psi-cóloga, de probada eficacia, erosionabande minuto en minuto la emoción en bene-ficio de una decisión razonable y huma-na, demostrando con una retórica sutil quela negativa sería injusta y cruel tanto paraella como para los suyos, egoísta, nociva.La duda acabó por instalarse. Con grandelicadeza y serenidad, se pronuncia-ron argumentos más poderosos aún,p a l a b r a s m á s s u t i l e s , m á sculpabilizadoras. El sitio que ocupaba suhija en el servicio de reanimación impe-día que otro paciente sobreviviera, que otrafamilia tuviese esperanzas fundadas. Unaculpabilidad era sustituida por otra, y laduda iba ganando terreno. Lauren asistíaa aquel espectáculo aterrorizada, veíacómo poco a poco decaía la determinaciónde su madre. Tras cuatro horas de conversa-ción, la resistencia de la señora Kline se res-quebrajó; admitió entre lágrimas que lo quedecía el cuerpo médico era razonable. Acep-

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acceptait d’envisager une euthanasie sursa fille. La seule condition qu’elleimposait, sa seule requête était que l’onattende quatre jours, « pour être sûre ».Nous étions un jeudi, rien ne devrait êtrepratiqué avant le lundi. Il fallait qu’elle seprépare et qu’elle prépare ses proches.Compatissants , l e s m é d e c i n shochèren t l a tête, mimant leur totalecompréhension, masquant leur profondesatisfaction d’avoir trouvé, chez une mère,la solution à un problème que toute leurscience ne saurait résoudre : que faire d’unêtre humain ni mort ni vivant ?

Hippocrate n’avait pas envisagé quela médecine engendrerait un jour ce genrede drames. Les médecins quittèrent lapièce, la laissant seule avec sa fille. Ellelui prit la main, plongea sa tête sur sonventre et lui demanda pardon, en larmes.« Je n’en peux plus ma chérie, ma toutepetite fille. Je voudrais être à ta place. »À l’autre bout de la chambre, Lauren lacontemplait, imprégnée d’un mélange depeur, de tristesse et d’horreur. Elle vint àson tour prendre les épaules de sa maman,qui ne sentit rien. Dans l’ascenseur, le DrClomb, s’adressant à ses collègues, sefélicita.

- Tu ne crains pas qu’elle changed’avis? demanda Fernstein.

- Non, je ne crois pas, et puis nous luireparlerons si nécessaire.

Lauren quitta sa mère et son proprecorps, les laissant tous les deux. Dire qu’elleerra comme un fantôme n’est pas unpléonasme. Elle retourna directement surle rebord de la fenêtre, décidée às’imprégner de toutes les lumières, de toutesles vues, de toutes les odeurs et de tous lesfrissonnements de la ville. Arthur la pritdans ses bras, l’enveloppant de toute satendresse.

- Même lorsque tu pleures, tu esjolie. Essuie tes larmes, je vais les enempêcher.

- Et comment ? demanda-t-elle.

- Laisse-moi quelques heures pour yréfléchir.

Elle s’éloigna de lui et revint à lafenêtre.

- À quoi bon ! dit-elle en fixant lelampadaire dans la rue. C’est peut-êtremieux comme ça, c’est peut-être eux quiont raison.

taba tomar en consideración que se le prac-ticara la eutanasia a su hija. La única condi-ción que ponía, lo único que pedía era queesperasen cuatro días, «para estar segura».Era jueves, de modo que no se debía hacernada antes del lunes. Necesitaba prepararsey preparar a sus familiares. Los médicosasintieron compasivos, expresando sutotal comprensión y disimulando suprofunda complacencia por haber en-contrado en una madre la solución a unproblema que toda su ciencia no podíaresolver: ¿qué hacer con un ser huma-no que no está ni muerto ni vivo?

Hipócrates no había pensado quela medicina engendraría un día esetipo de dramas. Los médicos salieronde la habitación, dejándola sola consu hija. Ella le asió una mano, apoyóla cabeza en su vientre y, llorando, lepidió perdón. , —No puedo más, ca-r iño. Quis iera es tar en tu puesto .Lauren la contemplaba desde el otro ex-tremo de la estancia con una mezcla demiedo, tristeza y horror. Se acercó a suvez a su madre y le rodeó los hombroscon los brazos, pero ella no notó nada. Enel ascensor, el doctor Clomb, dirigiéndo-se a sus colegas, se felicitó.

— ¿No temes que cambie de opinión?—preguntó Fernstein.

—No, no lo creo. Además, si es necesa-rio volveremos a hablar con ella.

Lauren se apartó de su madre y desu propio cuerpo. Decir que vagócomo un fantasma no es un pleonas-mo. Regresó directamente al alféizarde la ventana, decidida a impregnar-se de todas las luces, de todas las vis-tas, de todos los olores y estremeci-mientos de la ciudad. Arthur la rodeócon los brazos, envolviéndola en todasu ternura.

— Hasta cuando lloras estás guapa.Vamos, sécate las lágrimas. Impediré quelo hagan.

— ¿Cómo? —preguntó ella.

— Concédeme unas horas parapensarlo.

L a u r e n r e g r e s ó a l av e n t a n a .

— ¿Para qué? —dijo, mirando fi-jamente una fa ro la de la ca l le—.Quizá sea mejor así , quizá tenganrazón.

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Qu’est-ce que cela voulait dire « C’estmieux comme ça » ? Posée sur un tonagressif, sa question n’eut pas d’écho. Siforte d’habitude, elle se trouva résignée.Si l’on voulait être honnête, elle n’avaitplus qu’une demi-vie, elle détruisaitcelle de sa mère, et à ses dires, « personnene l’attendait à la sortie du tunnel ».« S ’ i l y a r é v e i l . . . e t i l n ’ y ar i e n d e m o i n s s û r . »

- Parce que tu crois un seul instantque ta mère sera soulagée si tu meursà jamais.

- Tu es mignon, dit-elle enl’interrompant.

- Qu’est-ce que j’ai dit ?

- Non rien, c’est ton « mourir à jamais »que je trouve mignon, surtout dans laconjoncture actuelle.

- Crois-tu qu’elle comblera le vide quetu vas laisser ? Tu penses que la meilleurechose pour elle c’est que tu renonces ? Etmoi ?

Elle le fixa d’un regard interrogatif.

- Quoi toi ?

- Moi je t’attendrai au réveil, tu es peut-être invisible aux yeux des autres, mais pasaux miens.

- C’est une déclaration ?Elle était devenue narquoise.

- Ne sois pas suffisante, répondit-ilsèchement.

- Pourquoi fais-tu tout cela ? dit-ellepresque en colère.

- Pourquoi es- tu provocante e tagressive ?

- Pourquoi est-ce que tu es là, autourde moi, à tourner en rond, à t’escrimerpour moi ? Qu’est-ce qui ne tourne pasrond dans ta tête ? Elle hurla.

- C’est quoi ta motivation ?

- Là, tu deviens méchante !

- Réponds alors , répondshonnêtement !

- Assieds-toi près de moi et calme-toi.Je vais te raconter une histoire vraie, et tuvas comprendre. Il y avait eu un jour cedîner chez nous, près de Carmel. J’avais au

¿Qué significaba eso de que quizás eramejor así? La pregunta, formulada en untono agresivo, no obtuvo respuesta.Lauren, tan fuerte habitualmente, estabaresignada. Para ser honrada consigo mis-ma, sólo tenía media vida, estaba destro-zando la de su madre y, según ella, «nadiela esperaba a la salida del túnel».

— Suponiendo que haya un despertar...,y no hay nada menos seguro que eso.

—Pero ¿tú crees por un solo instante quetu madre se sentirá aliviada si mueres parasiempre... ?

— Eres encantador —dijo ella, interrum-piéndolo.

— ¿Qué he dicho?

—No, nada. Es lo de «morir para siem-pre» lo que me parece encantador, sobretodo en la situación actual.

— ¿ C r e e s q u e l l e n a r á e l v a c í oq u e v a s a d e j a r ? ¿ C r e e s q u e l om e j o r p a r a e l l a e s q u e t ú r e n u n -c i e s ? ¿ Y y o ?

Lauren le dirigió una mirada inquisitiva.

— ¿Qué pasa contigo?

—Yo estaré esperándote cuando despier-tes; puede que seas invisible para los de-más, pero no para mí.

— ¿Es una declaración? —preguntó contono sarcástico.

—No seas pretenciosa —repuso él consequedad.

— ¿ Por qué haces todo esto ? —repli-có ella, a punto de perder los estribos.

— ¿Por qué te pones provocadora yagresiva?

— ¿Por qué estás aquí, dando vueltas ami alrededor, luchando por mí? ¿Qué es loque no carbura en tu cabeza? ¿Cuál es tumotivación? —gritó Lauren.

________________

— ¡Eres cruel!

— ¡Pues contesta! ¡Contesta honrada-mente!

— Siéntate a mi lado y cálmate. Voya contarte una historia real y lo enten-derás. Un día hubo una cena en casa,cerca de Carmel. Yo tendría como mu-

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plus sept ans...

Arthur lui rapporta l’épisode conté parun vieil ami de ses parents lors d’un dîneroù il avait été invité. Le Dr Miller était ungrand chirurgien ophtalmologue. Ce soir-là, il était étrange, comme troublé ou timide,ce qui ne lui ressemblait pas. Tant et si bienque la mère d’Arthur s’en inquiéta et luidemanda ce qu’il avait. Il raconta l’histoiresuivante. Quinze jours auparavant, il avaitopéré une petite fille, aveugle de naissance.Elle ne savait pas à quoi elle ressemblait,ne comprenait pas ce qu’était le ciel,ignorait les couleurs et ne connaissait mêmepas le visage de sa propre mère. Le mondeextérieur lui était inconnu, aucune imagen’avait jamais imprégné son cerveau. Elleavait deviné des formes et des contourstoute sa vie, mais sans pouvoir associerquelque image à ce que ses mains luiracontaient.

Et puis Coco, c’était le surnom qu’onlui donnait tous, avai t pra t iqué uneopération « impossible », tentant letou t pour l e tou t . Le ma t in qu iprécédait le dîner chez les parentsd’Arthur, seul dans la chambre avecl a p e t i t e f i l l e , i l a v a i t ô t é s e sbandages.

- Tu commenceras à voir quelquechose avant que j’aie fini d’enlever tespansements. Préparetoi !

- Qu’est-ce que je vais voir ? demanda-t-elle.

- Je te l’ai déjà expliqué, tu verras de la lumière.

- Mais c’est quoi la lumière ?

- De la vie, attends encore un instant...

... Et comme il l’avait promis, quelquessecondes plus tard, la lumière du jour entradans ses yeux. Elle déferla au travers despupilles, plus rapide qu’un fleuve libéréd’un barrage qui viendrait de céder, franchità toute vitesse les deux cristallins et vintdéposer au fond de chaque oeil les milliardsd’informations qu’elle transportait.Stimulées pour la première fois depuis lanaissance de cette enfant, les millions decellules de ses deux rétines s’excitèrent,provoquant une réaction chimique d’unecomplexité merveilleuse, afin de codifierles images qui s’imprimaient sur elles. Lescodes furent retransmis instantanément auxdeux nerfs optiques qui s’éveillaient d’unlong sommeil et s’activaient à acheminerce haut débit de données vers le cerveau.En quelques millièmes de seconde, cedernier décoda toutes les données reçues,

cho siete años...

Arthur le contó un episodio narradopor un viejo amigo de sus padres duranteuna cena a la que éstos le habían invita-do. El doctor Miller era un gran cirujanooftalmólogo. Aquella noche estaba raro,como confuso o intimidado, cosa nadapropia de él, y la madre de Arthur, pre-ocupada, le preguntó qué le ocurría. En-tonces él contó la historia siguiente. Quin-ce días antes había operado a una niña,ciega de nacimiento. La niña no sabía cuálera su aspecto, no comprendía lo que erael cielo, no conocía los colores y ni si-quiera sabía cómo era el rostro de su pro-pia madre. El mundo exterior le era des-conocido; ninguna imagen había impreg-nado jamás su cerebro. Durante toda suvida había palpado formas y contornos,pero sin poder asociar alguna imagen a loque le contaban sus manos.

Hasta que un día, _________ ________________ _________ jugándose eltodo por el todo, le practicó una ope-ración « imposible». L a m a ñ a n aq u e p r e c e d í a a la cena en casa delos padres de Arthur, solo en la habita-ción con la niña, le había quitado a éstalos vendajes.

—Empezarás a ver algo antes de quebaya terminado de quitarte las vendas. ¡ Pre-párate!

—¿Qué veré? —preguntó ella.

—Ya te lo he explicado, verás luz.

—Pero ¿qué es la luz?

—Vida. Espera un momento...

Y, tal como le había prometido, unossegundos después la luz del día entró ensus ojos. Fluyó a través de las pupilas,más rápida que las aguas de un río libe-rado de una presa que acabara de ceder,cruzó a toda velocidad los dos cristali-nos y depositó en el fondo de cada ojolos miles de millones de datos que trans-portaba. Las células de sus dos retinas,estimuladas por primera vez desde elnacimiento de la criatura, provocaron unareacción química de una complejidadmaravillosa para codificar las imágenesque se grababan en ellas. Los códigosfueron transmitidos instantáneamente alos dos nervios ópticos, que despertabande un largo sueño y se apresuraban a en-caminar aquel elevado caudal de datoshacia el cerebro. En unas milésimas desegundo, este último descodificó todos

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les recomposa en images animées, laissantà la conscience le soin de les associer et deles interpréter. Le processeur graphique leplus ancien, le plus complexe et le plusminiature du monde, venait d’êtresubitement relié à une optique et se mettaiten oeuvre.

La petite fille, tout aussi impatientequ’effrayée, saisit la main de Coco et lui dit:« A t t e n d s , j ’ a i p e u r . » I lm a r q u a u n t e m p s , la prit dans sesbras et lui raconta une nouvelle fois ce quiallait se passer lorsqu’il aurait fini d’ôter lesbandes. Des centaines d’informationsnouvelles à absorber, à comprendre, àcomparer avec tout ce que son imaginaireavait créé, pour elle. Coco se remit alors àdérouler les bandages.

En ouvrant les yeux, ce sont ses mainsqu’elle a regardées en premier ; elle les afait tourner comme des marionnettes. Puiselle a penché la tête, s’est mise à sourire, àrire, à pleurer aussi, sans pouvoir détacherson regard de ses dix doigts, comme pouréchapper à tout ce qui l’entourait et quidevenait réel, parce qu’elle étaitprobablement terrorisée. Puis elle a poséson regard sur sa poupée, cette forme detissu qui l’avait accompagnée dans ses nuitset ses jours tout en noir.

À l’autre bout de cette grande pièce,sa mère est entrée sans dire un mot. Lapetite fille a levé la tête et l’a regardéefixement pendant quelques secondes. Ellene l’avait encore jamais vue ! Pourtant,alors que cette femme se trouvait encore àquelques mètres d’elle, les traits de l’enfantont changé. En une fraction de seconde, cevisage est redevenu celui d’une toute petitefille, qui a ouvert ses bras en grand et aappelé sans aucune hésitation cette« inconnue » Maman.

- Lorsque Coco eut terminé de racontercette histoire, j’ai compris qu’il avaitdésormais dans sa vie une force immense, ilpouvait se dire qu’il avait fait quelque chosed’important. Dis-toi simplement que ce queje fais pour toi, c’est à la mémoire de CocoMiller. Et maintenant si tu es calmée, il fautque tu me laisses réfléchir.

Lauren ne dit rien, elle murmura quelquechose que personne n’entendit. Il s’installadans le canapé, et se mit à mâchonner uncrayon qu’il avait saisi sur la table basse. Ilresta ainsi de longues minutes, puis il seleva d’un bond, alla s’asseoir à son bureauet commença à griffonner sur une feuillede papier. Il lui fallut en tout près d’uneheure, pendant laquelle Lauren le regardacomme un chat scrute avec attention un

los datos recibidos y los transformó enimágenes animadas, dejando a la con-ciencia la tarea de asociarlas e interpre-tarlas. El procesador gráfico más antiguo,complejo y diminuto del mundo acababade ser súbitamente unido a una óptica yse ponía en acción.

La niña, tan impaciente como asus-tada, asió la mano de Coco* y le dijo:

—Espera, tengo miedo.Él hizo una pausa, la tomó entre sus

brazos y volvió a contarle lo que sucede-ría cuando acabara de quitarle las vendas.Recibiría cientos de datos nuevos que ten-dría que absorber, comprender y compa-rar con todo lo que su imaginación habíacreado. A continuación, Coco siguió des-enrollando las vendas.

Al abrir los ojos, lo primero que laniña miró fueron sus manos; las moviócomo si fueran marionetas. Después in-clinó la cabeza, sonrió, se echó a reír ya llorar a un tiempo sin poder apartar lamirada de los diez dedos, como para es-capar a todo lo que la rodeaba y se tor-naba real, probablemente porque esta-ba aterrorizada. Luego posó la miradasobre su muñeca, esa forma de trapo quela había acompañado en sus noches y susdías absolutamente negros.

Su madre entró por el otro extremode la habitación sin decir palabra. Laniña levantó la cabeza y la miró fija-mente durante unos segundos. ¡No lahabía visto nunca! Sin embargo, cuan-do aquella mujer todavía se encontra-ba a unos metros de ella, la expresiónde la niña cambió. En una fracción desegundo, aquel rostro volvió a ser el deuna niña muy pequeña que abrió losbrazos y, sin vacilación alguna, llamómamá a aquella «desconocida».

Cuando Coco hubo terminado de con-tar esta historia, comprendí que desde en-tonces poseía una fuerza inmensa en suvida, podía decir que había hecho algoimportante. Piensa simplemente que loque hago por ti es en memoria de CocoMiller. Y ahora, si te has tranquilizado,debes dejarme pensar.

Lauren se limitó a murmurar algo envoz inaudible. Arthur se sentó en el sofáy se puso a mordisquear un lápiz quehabía tomado de la mesa de centro. Per-maneció así largos minutos; luego se le-vantó de un salto, fue a sentarse a lamesa de trabajo y empezó a escribir enuna hoja de papel. Necesitó casi unahora, durante la cual Lauren lo mirabacomo el gato que escruta atentamente

No sé ha dicho en la página anterior quien eraCoco y porqué le llamaban así. Y ahora apa-rece de sopetón.

GRIFFONNAGE 1. Rare. Action de griffonner (qqch.). 2.Écriture mal formée, illisible; texte écrit de manièreillisible; dessin informe. 3. (1738). Ce qu'on rédigehâtivement, avec négligence ou maladresse.

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papillon ou une mouche. Elle penchait latête, une moue intriguée à chacun de sesgestes, chaque fois qu’il se mettait à écrireou s’interrompait, remâchant son crayon àpapier. Lorsqu’il eut fini, il s’adressa à elle,l’air très sérieux.

- Quels sont les traitements qui sontpratiqués sur ton corps à l’hôpital ?

- Tu veux dire en plus de la toilette ?

- S u r t o u t l e s s o i n sm é d i c a u x .

Elle lui décrivit qu’elle était sousperfusion , ne pouvant s’alimenterautrement. On injectait trois fois parsemaine quelques antibiotiques à titrepréventif. Elle décrivit les massages qu’onpratiquait sur ses hanches, ses coudes, sesgenoux et ses épaules pour prévenir laformation d’escarres. Le reste des soinsconsistait à vérifier ses constantes vitaleset sa température. Elle n’était pas sousrespirateur artificiel.

- Je suis autonome, c’est là toutleur problème, sinon ils n’auraient euqu’à débrancher . En gros, c’est à peuprès tout.

- Alors pourquoi disent-ils que celacoûte si cher ?

- À cause du lit.

Elle expliqua pourquoi la place dans unservice hospitalier coûtait une fortune. Onne distinguait pas véritablement lestypologies de soins apportés aux patients.On se contentait de diviser le coût defonctionnement des services par le nombrede lits qu’ils contenaient et par le nombrede jours dans l’année qu’ils étaient occupés; on obtenait ainsi le coût journalierd’hospitalisation par service, neurologie,réanimation, orthopédie...

- Nous allons peut-être résoudre notreproblème et les leurs d’un seul coup, affirmaArthur.

- Quelle est ton idée ?

- T’es-tu déjà occupée de patients danston état?

Elle l’avait fait pour des patients admisaux urgences, mais sur de courtes durées,jamais dans le cadre d’hospitalisationslongues. « Mais si elle avait dû le faire ? »Elle supposait que cela ne lui aurait pas poséde problème, c’était presque un t rava i ldu ressort d ’une in f i rmiè re , sauf

una mariposa o una mosca. Inclinabala cabeza con expresión intrigada cadavez que el se ponía a escribir o se de-tenía, mordisqueando de nuevo el lá-piz. Cuando hubo acabado, se dirigió aella muy serio.

— ¿Qué tratamientos aplican a tu cuer-po en el hospital?

— ¿Quieres decir además de asearlo?

—Me refiero sobre todo a os cuidadosmédicos.

Lauren le explicó que la alimentabanmediante perfusión, puesto que no habíaotro modo posible. Inyectaban tres veces ala semana unos antibióticos por razones pre-ventivas. Describió los masajes que le prac-ticaban en las caderas, los codos, las rodi-llas y los hombros para que no se le forma-ran escaras. Los demás cuidados consistíanen controlar sus constantes vitales y su tem-peratura. No estaba conectada a unrespirador artificial.

— Soy autónoma, ése es el problemapara ellos; si no lo fuera, no tendrían másque desenchufar. Eso es más o menostodo.

— Entonces, ¿por qué dicen quees tan caro?

—Por la cama.

Lauren le explicó por qué en un serviciohospitalario ¡ as plazas costaban una fortu-na. No se hacía ninguna distinción entre lasdiferentes clases de cuidados que se aplica-ba a los pacientes. Se limitaban a dividir elcoste de funcionamiento de cada servi-cio por el número de camas que tenía yel de días al año que estaban ocupadas;de esta forma se obtenía el coste diariode hospitalización por servicio: neurolo-gía, reanimación, ortopedia...

— Tal vez resolvamos nuestro pro-blema y los suyos a la vez —dijoArthur.

— ¿Qué piensas hacer?

— ¿Te has ocupado alguna vez de pa-cientes en tu estado?

Lo había hecho con pacientes ingresadosen urgencias, pero durante períodos muy cor-tos, nunca durante hospitalizaciones largas.

— ¿Y si hubieras tenido que hacerlo?Ella suponía que no le hubiera plantea-

do ninguna dificultad; era casi un trabajode enfermero, salvo cuando surgía alguna

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en cas de compl ica t ion souda ine :« Donc tu saurais le faire ? »

Elle ne comprenait pas où il voulait envenir.

- La perfusion, c’est très compliqué ?insistat- il.

- En quoi ?

- À s’en procurer, on peut la trouver enpharmacie ?

- À celle de l’hôpital, oui.

- Pas dans une pharmacie publique ?

Elle réfléchit quelques secondes etacquiesça, on pouvait reconstituer laperfusion en achetant le glucose, lesanticoagulants, le sérum physiologique eten les mélangeant. C’était donc possible.D’ailleurs, les personnes hospitalisées àdomicile le faisaient faire par leursinfirmières qui commandaient les produitsdans une pharmacie centrale.

- Il faut que j’appelle Paul maintenant,dit-il.

- Pourquoi ?

- Pour l’ambulance.

- Quelle ambulance ? Quelle est ton idée? Je peux en savoir plus ?

- On va t’enlever !

Elle ne comprit pas du tout où il voulaiten venir, mais elle commençait à êtreinquiète.

- On va t’enlever. Pas de corps, pasd’euthanasie !

- Tu es complètement dingue.

- Pas tant que ça.

- Comment va-t-on m’enlever ?Où cacheronsnous le corps ? Quiveil lera dessus ?

- Une question à la fois !

Elle s’occuperait de son corps, elleavait l’expérience requise. Il fallait justetrouver le moyen de se procurer un stockde l iquide de perfusion , mais àl’entendre cela ne semblai t pasimpossible. Il faudrait peut-être changerde pharmacie de temps à autre pour nepas trop attirer l’attention.

complicación repentina.— Entonces, ¿sabrías hacerlo?

Lauren no entendía adonde quería ir aparar.

— Lo de la perfusión, ¿es muy compli-cado? —insistió Arthur.

— ¿En qué sentido?

— Complicado de conseguir. ¿Se pue-de encontrar en la farmacia?

— En la del hospital, sí.

— ¿En una farmacia pública no?

Lauren se quedó pensando unossegundos y asintió; se podía elabo-rar !a perfusión comprando glucosa,anticoagulantes y suero fisiológico ymezclándolos. Por lo tanto, era posible.Además, a las personas que recibían estetratamiento en su domicilio se la prepa-raba una enfermera, que encargaba losproductos en una farmacia central.

—Vo y a l l a m a r a P a u l — d i j oAr thu r.

— ¿Para qué?

—Para lo de U ambulancia.

— ¿ Q u é a m b u l a n c i a ? ¿ Q u épiensas hacer?

— ¡Vamos a secuestrarte!

Lauren no entendía en absoluto adon-de quería ir a parar, pero empezaba a estarpreocupada.

—Vamos a secuestrarte. ¡ Si no haycuerpo, no hay eutanasia!

—Estás como una cabra.

—No creas, no creas...

—¿Cómo vamos a secuestrarme?¿Dónde esconderemos el cuerpo? ¿Quiénse ocupará de él?

—Demasiada;* preguntas a la vez.

Ella se ocuparía de su cuerpo; poseíala experiencia necesaria. Sólo había queencontrar la manera de conseguir provi-siones de liquido de perfusión pero, porlo que había dicho, no parecía imposi-ble. Tal vez habría que cambiar de far-macia de vez en cuando para no atraerdemasiado la atención.

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- Avec quelles ordonnances ? demanda-t-elle.

- Ça fait partie de ta première question,comment ?

- Alors ?

Le beau-père de Paul était carrossier,spécialisé dans la réparation de véhiculesde secours : pompiers, police, EMU. Ils «emprunteraient » une ambulance,piqueraient des blouses, et ils iraient lachercher pour la transférer d’hôpital.Lauren se mit à r i re nerveusement .« Mais cela ne se passe pas comme ça ! »

Elle lui rappela qu’on n’entrait pasdans un établissement hospitalier commedans un supermarché. Pour effectuer untransfert, un secondaire comme on disaitdans son jargon, il y avait des tas dedémarches administratives. Il fallait uncertificat de prise en charge du serviced’arrivée, une autorisation de sortie, signéepar le médecin traitant, un bon de transfertde la compagnie d’ambulance, accompagnéed’une lettre de voyage qui devait décrireles modalités du transport.

- C’est là que tu entres en jeu, Lauren,tu vas m’aider à me procurer cesdocuments.

- Mais je ne peux pas, comment veux-tu que je fasse, je ne peux rien saisir, riendéplacer.

- Mais tu sais où ils se trouvent ?

- Oui, et alors ?

- Alors c’est moi qui vais les subtiliser.Tu connais ces formulaires ?

- Oui, bien sûr, j’en signais tous lesjours, surtout dans mon service. Elle leslui décrivit. Il s’agissait de bordereauxtypes, sur des papiers blancs, roses,bleus, avec l’entête et le logo deshôpitaux ou de la compagnied’ambulance.

- Alors on va les reproduire, conclut-il.Accompagne- moi.

Arthur prit son blouson, ses clés, il étaitcomme dans un état second, d’unedétermination qui laissait peu le loisir àLauren de contre-argumenter ce projetirréaliste. Ils s’installèrent dans la voiture,il actionna la télécommande de la porte dugarage, et s’engagea dans Green Street. Ilfaisait nuit. Si la ville était calme, lui ne

—¿Con que recetas? —preguntóLauren.

—Eso forma parte de la primera pregun-ta, del cómo.

—Explícate.

El padrastro de Paul tenia un taller dereparación de carrocerías, especializado encoches de bomberos, de policía, ambulan-cias... «Tomarían prestada» una ambulan-cia, birlarían unas batas blancas e irían abuscarla para trasladarla de hospital.Lauren se echó a reír nerviosamente.

— ¡Pero esas cosas no funcionan así!

Le recordó que no se entraba en un cen-tro hospitalario con la misma facilidad queen un supermercado. Además, para llevar acabo un traslado había que hacer montonesde trámites administrativos. Hacía falta uncertificado de admisión del servicio de lle-gada, una autorización de salida firmada porel medico que trataba al paciente en cuestióny un volante de traslado de la compañía a laque perteneciera la ambulancia, acompaña-do de un documento donde se describieranlas modalidades del traslado.

—Ahí es donde entras tú en juego,Lauren. Tú me ayudarás a conseguir esospapeles.

— ¡Pero si yo no puedo! ¿Cómo quie-res que lo haga? No puedo tomar nada, des-plazar nada...

—Pero ¿sabes dónde están?

— Sí, ¿y qué?

—Pues que seré yo quien los birle. ¿Co-noces esos impresos?

—Sí, por supuesto, yo los firmaba to-dos los días, sobre todo en mi servicio.Se los describió. Se trataba de impresosnormales y corrientes, en papel blanco,rosa y azul, con el nombre y el logo de losrespectivos hospitales y de la compañía deambulancias.

—Entonces los reproduciremos —deci-dió Arthur—. Acompáñame.

Tomó la cazadora y las llaves. Estabacomo hipnotizado, actuaba con una deter-minación que a Lauren apenas le dejabala posibilidad de oponerse a aquel plantan iluso. Subieron al coche, él accionó elmando a distancia de la puerta del garajey se adentró en Green Street. Estaba os-curo. La ciudad estaba tranquila, pero él

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l’était pas, il roula à vive allure jusqu’auMémorial Hospital. Il se rendit directementsur le parking du service des urgences.Lauren l’interrogea sur ce qu’il était entrain de faire, il répondit d’un simplesourire au coin des lèvres : « Suis-moiet ne ris pas ! »

Au moment où il franchit la premièreporte du sas des urgences, il se plia endeux et se dirigea ainsi courbé jusqu’aucomptoir d’accueil. L’employée degarde lui demanda ce qu’il avait. Ildécrivi t les crampes violentes quis’étaient déclarées deux heures après sonrepas, précisa par deux fois qu’il avaitdéjà été opéré de l’appendicite, maisqu’il avait déjà eu, depuis, ce type dedouleurs insupportables . L’aide-soignante l’invita à s’allonger sur unbrancard en attendant qu’un internes’occupe de lui. Assise sur l’accoudoird’une chaise roulante, Lauren commençait,elle aussi, à sourire. Arthur jouait parfaitementbien la comédie, elle-même avait étéinquiète lorsqu’il s’était presque effondrédans la salle d’attente.

- Tu ne sais pas ce que tu es en train defaire, lui avait-elle murmuré au momentmême où un médecin venait le prendre encharge.

Le Dr Spacek s’était présenté etl’avait invité à le suivre dans une dess a l l e s q u e l o n g e a i t l e c o u l o i r ,occul tée des autres par un s implerideau. Il le fit s’allonger sur le litd ’examen e t l ’ i n t e r rogea su r s e sm a u x , t o u t e n l i s a n t l a f i c h e o ùf iguraient toutes les informat ionsdemandées à l’accueil. À part l’âgeoù il était devenu un homme, presquetout sur lui devait y être inscrit, tant celaavait relevé de l’interrogatoire policier.Il déclara avoir des crampes terribles.

« O ù a v e z - v o u s c e s c r a m p e sterribles ? » questionna le docteur.« P a r t o u t d a n s l e v e n t r e » , c e l al u i f a i s a i t u n m a l d e c h i e n .« N’en rajoute pas, souffla Lauren,tu vas avoir le droit à une piqûre decalmants, à passer la nuit ici, et demainmatin, à un lavement radio baryté suivid’une fibroscopie et d’une coloscopie.»

- Pas de piqûre ! laissa-t-il échappermalgré lui.

- Mais je n’ai pas parlé de piqûre,dit Spacek en relevant la tête de sondossier.

- Non, mais je préfère en parler tout de

no, así que condujo deprisa hasta el Me-morial Hospital. Fue directamente al apar-camiento del servicio de urgencias. Laurenle preguntó qué estaba haciendo.

— ¡Sígueme y no te rías! —se limitó aresponder él con una sonrisilla en la comi-sura de los labios.

En el momento en que cruzó la primerapuerta de urgencias, se dobló en dos sujetándo-se el vientre y se dirigió en esa postura almostrador de admisión. La empleada deguardia le preguntó qué le pasaba, Él des-cribió los violentos calambres que habíaempezado a sentir dos horas después decomer, precisó dos veces que ya lo habíanoperado de apendicitis y añadió que habíatenido en otras ocasiones esa clase de do-lores insoportables después de la opera-ción. La auxiliar lo, invitó a tenderse enuna camilla en espera de que un interno loatendiese. Lauren, sentada en uno de losbrazos de una silla de ruedas, también em-pezaba a sonreír. Arthur interpretaba per-fectamente el papel; hasta ella se había in-quietado cuando él parecía a punto de des-plomarse en la sala de espera.

—No sabes lo que estás hacien-do —le hab ía d icho en e l mismomomento en que un médico iba aatenderlo .

El doctor Spacek se había presentado ylo había invitado a seguirlo hasta una de lassalas situadas en el pasillo y separadas en-tre sí por una simple cortina. Le pidió quese tumbara en la cama y empezó a hacerlepreguntas sobre sus dolores, al tiempo queleía la ficha donde figuraban todos los da-tos que habían solicitado en admisión. Ex-cepto la edad en que se había convertido enun hombre, allí debía de constar práctica-mente todo, pues aquello había sido lo másparecido a un interrogatorio policial. Afir-mó que tenía unos calambres terribles.

—¿Dónde tiene esos terribles calam-bres?—preguntó el doctor.

—En todo el vientre.Le hacían un daño insoportable.—No exageres —le susurró Lauren—,

si no, te ganarás una inyección de calman-tes, una noche en el hospital y, mañana porla mañana, un lavado radio barritado segui-do de una fibroscopia y una colascopia.

— ¡Inyecciones no! —se le escapó sinquerer.

—Yo no he mencionado las inyecciones—dijo Spacek levantando la cabeza de laficha.

—Ya, pero prefiero decirlo enseguida

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suite parce que je déteste les piqûres.

L’interne lui demanda s’il était d’unenature nerveuse et Arthur confirma d’unsigne de tête. Il allait le palper et il devraitlui indiquer où la douleur était plus vive.Arthur hocha la tête à nouveau. Le médecinposa ses deux mains, l’une sur l’autre, surle ventre d’Arthur, et commença son travaild’auscultation.

- Avez-vous mal là ?

- Oui, dit-il hésitant.

- Et ici ?

- Non, tu ne veux pas avoir mal à cetendroit, lui souffla Lauren en souriant.

Arthur nia aussitôt l’existence de toutedouleur à l’endroit où l’interne était en trainde le palper.

Elle le guida ainsi dans ses réponses toutau long de la consultation. Le médecinconclut à des colites d’origine nerveusenécessitant la prise d’un antispasmodiqueque la pharmacie de l’hôpital lui délivreraitcontre remise de l’ordonnance qu’ilachevait de lui rédiger. Deux poignées demains et trois « Merci docteur » plus tard,il parcourait d’un pas léger le long corridorqui menait à l’officine. Il avait dans sa maintrois documents différents, tous à entête etlogo du Mémorial Hospital. L’un bleu,l’autre rose, le troisième vert. L’un étant uneordonnance, le second un reçu de facture,et le dernier une décharge de sortie, portantla mention en grosses lettres : « Bon deTransfert / Bon de sortie », et en caractèresitaliques : « Rayez la mention inutile ». Ilavait un large sourire au visage, très contentde lui. Lauren marchait à ses côtés. Il laprit sous son bras.

« On forme une bonne équipe quand même!»

De retour à l’appartement, il glissa lestrois documents dans le scanner de sonordinateur et les copia. Il disposait dès lorsd’une source intarissable d’imprimés detoutes les couleurs et de toutes les formes,aux lettres officielles du Mémorial.

- Tu es très fort, lui dit Laurenlorsqu’elle vit sortir de l’imprimantecouleurs les premiers papiers à en-tête.

- Dans une heure, j’appelle Paul, luiréponditil.

- On va d’abord parler un peu de tonprojet, mon Arthur.

porque no soporto ¡as inyecciones.

El interno le preguntó si era nervio-so, y Arthur hizo un gesto afirmativo conla cabeza. Iba a palparlo, y él debía in-dicarle dónde era más vivo el dolor.Arthur asintió de nuevo con la cabeza.El médico colocó las dos manos, unasobre otra, en el vientre de Arthur y co-menzó el examen.

— ¿Le duele aquí?

— Sí —contestó él, vacilante.

— ¿Y aquí?

—No, no te puede doler ahí—le susu-rró Lauren sonriendo.

Arthur negó de inmediato la existenciade todo dolor en el lugar donde el interno leestaba palpando.

Ella siguió guiándolo en sus respues-tas durante toda la consulta. El médicodictaminó una colitis de origen nervio-so. Debía tomar un antiespasmódico quele darían en la farmacia del hospital conla receta que estaba extendiéndole. Trasdos apretones de manos y tres «gracias,doctor», Arthur recorrió a paso ligero ellargo pasillo que conducía a las oficinas.Llevaba en la mano tres documentos dis-tintos, todos con el nombre y el logo delMemorial Hospital, uno azul, otro rosa yel tercero verde. El primero era una re-ceta, el segundo, un recibo, y el último, .un comprobante de salida donde habíaescrito en grandes caracteres: «Volantede traslado / Volante de salida», y en letracursiva:« Tache lo que no proceda.» Exhi-bía una amplía sonrisa, satisfecho como es-taba de sí mismo. Lauren caminaba a sulado. Él la tomó del brazo.

—Formamos un buen equipo, ¿eh?

De vuelta en casa, introdujo los tresdocumentos en el escáner conectado alordenador y los copió. Ya disponía deuna fuente inagotable de impresos detodos los colores y todas las formas, conlos caracteres oficiales del Memorial.

—Se te da muy bien —dijo Lauren cuan-do vio salir de la impresora en color las pri-meras hojas con cabecera.

—Dentro de una hora llamaré a Paul —dijo él.

—Primero hablaremos un poco de tuplan.

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Elle avait raison, dit-il, il lui fallait laquestionner sur tout ce qui concernait lefonctionnement d’une procédure detransfert. Mais ce n’était pas de cela dontelle voulait discuter.

- De quoi alors ?

- Arthur, ton projet me touche, maispardon, il est irréaliste, fou, et beaucouptrop dangereux pour toi. Tu iras en prisonsi tu te fais piquer, au nom de quoi, bonsang ?

- Parce que ce n’est pas beaucoup plusrisqué pour toi si on ne tente rien ? Nousn’avons que quatre jours, Lauren !

- Tu ne peux pas faire ça, Arthur, je n’aipas le droit de te laisser faire. Pardon.

- J’ai connu une amie qui disait pardonà chacune de ses phrases, c’en étaittellement exagéré que ses copains n’osaientplus lui proposer un verre d’eau de peurqu’elle ne s’excuse d’avoir soif.

- Arthur ! Ne fais pas l’imbécile, tusais ce que je veux dire, c’est un projetdingue !

- C’est la situation qui est dingue,Lauren ! Je n’ai pas d’autre solution.

- Et moi, je ne te laisserai pas prendrede tels risques pour moi.

- Lauren, il faut que tu m’aides, pas quetu me fasses perdre du temps, c’est ta viequi est en jeu.

- Il doit y avoir une autre solution.

Arthur ne voyait qu’une alternative à sonprojet, parler à la mère de Lauren et ladissuader d’accepter l’euthanasie, maiscette option était difficile à mettre enoeuvre. Ils ne s’étaient jamais vus, et obtenirun rendez-vous était improbable. Ellen’accepterait pas de recevoir un inconnu.Il pouvait prétendre être un proche de safille, mais Lauren pensait qu’elle seméfierait, elle connaissait tous ceux quiétaient proches d’elle. Il pourrait peut-êtrela rencontrer par hasard, dans un lieu oùelle aurait l’habitude de se rendre. Il fallaitidentifier l’endroit propice.

Lauren réfléchit quelques instants.

- Elle promène la chienne tous les matinsà la Marina, dit-elle.

- Oui, mais il me faudrait un chien àpromener.

Arthur admitió que tenía razón;debía preguntarle sobre todo lo rela-tivo al procedimiento de un traslado.Sin embargo, de lo que ella queríahablar no era de eso.

— ¿De que, entonces?

—Tu plan me conmueve, Arthur, peroes irrealizable, disparatado y demasiadopeligroso para ti. Te meterán en la cárcel site pillan, ¿y en nombre de qué, quieres de-círmelo?

—¿Y no es mucho más peligroso para tisi no intentamos hacer algo? ¡Sólo tenemoscuatro días, Lauren!

—No puedes hacer eso, Arthur. Perdona,pero yo no puedo permitir que lo hagas.

— Conocía a una chica que pedíaperdón constantemente. Sus amigosno se atrevían ni a ofrecerle un vasode agua por miedo a que se disculpa-ra por tener sed.

—Arthur, no hagas el idiota. Sabes muybien lo que quiero decir. ¡Es un plan delocos!

—La situación sí que es de locos,Lauren. No tengo alternativa.

— N o d e j a r é q u e t e e x p o n g a sa s í p o r m í .

—Debes ayudarme, Lauren, en vez dehacerme perder el tiempo. Lo que está enjuego es tu vida.

—Tiene que haber otra solución.

Arthur sólo se le ocurría una alterna-tiva a su plan: hablar con la madre deLauren y disuadirla de aceptar la eutana-sia. Pero esa opción era difícil de llevara la práctica. No se habían visto nunca,y conseguir una cita era muy poco pro-bable. No aceptaría recibir a un desco-nocido. Arthur podía decir que era ami-go de su hija, pero Lauren creía que elladesconfiaría, pues conocía a todos susallegados. Tal vez podría encontrarse conella por casualidad, en un sitio a dondeella acostumbrara a ir. Había que dar conel lugar idóneo.

Lauren se quedó unos instantes pensati-va y dijo:

—Va a pasear a la perra todas las ma-ñanas a La Marina.

— Sí, pero necesitaría un perro al quepasear.

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- Pourquoi ?

- Parce que si je marche avec une laissesans un chien au bout, ça peut me discréditertout de suite.

- Tu n’as qu’à faire un footing à la Marina.

Elle trouva l’idée séduisante. Il n’auraitqu’à marcher le long de la Marina, à l’heurede la promenade de Kali, s’attendrir sur lachienne, la caresser, et n’aurait plus qu’àengager la conversation avec sa mère. Ilaccepta de tenter le coup, il y serait dès lelendemain. Au petit matin Arthur se leva,enfila un pantalon de toile écrue et un polo.Avant de partir, il demanda à Lauren de leserrer très fort dans ses bras.

- Qu’est-ce qui te prend ? dit-elle d’unair timide.

- Rien, je n’ai pas le temps det’expliquer, c’est pour la chienne.

Elle s’exécuta, posa sa tête sur sonépaule et soupira.

« Parfait, dit-il d’un ton énergique, ense dégageant, je file sinon je vais la rater.» Il ne prit pas le temps de lui dire au revoir,et quitta l’appartement en trombe. La portese referma et Lauren haussa les épaules ensoupirant : « Il me prend dans ses bras àcause de la chienne. »

Alors qu’il entamait sa promenade, leGolden Gâte dormait encore dans un nuaged’ouate. Seul le haut des deux piles du pontrouge dépassait des brumes quil’enveloppaient. La mer emprisonnée dansla baie était calme, les mouettes matinalestournaient en larges ronds en quête d’unpoisson, les larges pelouses qui bordaientles quais étaient encore trempées desembruns de la nuit, et les bateaux amarrésà leur quai dodelinaient tout doucement.Tout était paisible, quelques coureursmatinaux fendaient l’air chargé d’humiditéet de fraîcheur. Dans quelques heures ungros soleil s’accrocherait au-dessus descollines de Saussalito et de Tiburon etdélivrerait le pont rouge de ses brumes.

Il la vit de loin, parfaitement conformeà la description qu’en avait faite sa fille.Kali trottinait à quelques pas d’elle. MmeKline était perdue dans ses pensées etsemblait porter en elle tout le poids de sapeine. La chienne passa à la hauteurd’Arthur et très étrangement s’arrêta net,huma l’air autour de lui, dans unmouvement de truffe et de tête circulaire.

— ¿Porqué?

— P o r q u e p a s e a r c o n u n a c o -r r e a s i n p e r r o m e d e s c a l i f i c a r í ae n e l a c t o .

—Puedes hacer footing.

A Lauren le pareció una buena idea.Arthur sólo tendría que caminar por LaMarina a la hora del paseo de Kali,acercarse a la perra , hacerle unascarantoñas y aprovechar la ocasiónpara entablar conversación con su ma-dre. Arthur se levantó temprano, sepuso unos pantalones de algodón y unpolo. Antes de salir, le pidió a Laurenque lo abrazara con fuerza.

— ¿Qué te pasa? —dijo ella contimidez.

—Nada, no tengo tiempo de ex-plicártelo; es por la perra.

Ella ________ apoyó la cabeza so-bre su hombro y suspiró.

—Perfecto —dijo Arthur en tonoenérgico, apartándose—. Me largo, sino, no me la encontraré. Salió delapartamento como una exhalación, sindecir adiós siquiera. Lauren se enco-gió de hombros , suspirando: «Meabraza por la perra.»

Cuando inició el paseo, el GoldenGate aún dormía bajo una nube acolcha-da. Tan sólo las puntas de los dos pilaresdel puente rojo sobrepasaban la bruma quelos envolvía. El mar encerrado en la ba-hía estaba en calma, las gaviotas matina-les giraban en grandes círculos en buscade peces, las zonas de césped que bordea-ban los muelles todavía estaban mojadasdebido a la humedad de la noche, y losbarcos amarrados se balanceaban suave-mente. Todo estaba tranquilo; algunos co-rredores mañaneros hendían el aire car-gado de humedad y frescor. Unas horasmás tarde, un gran sol se instalaría sobrelas colinas de Sausalito y Tiburón yliberaría al puente rojo de la bruma.

La vio de lejos, idéntica a la descrip-ción que había hecho dé ella su hija.Kali caminaba a unos pasos de ella. Laseñora Kline estaba sumida en sus pen-samientos y parecía llevar a cuestas todoel peso de su pena. La perra se cruzócon Arthur y, sorprendentemente, sedetuvo en seco para aspirar el aire a sualrededor, trazando círculos con el mo-

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Elle s’approcha d’Arthur, renifla le bas deson pantalon et se coucha instantanémenten gémissant ; sa queue se mit à battre l’airavec frénésie, l’animal tremblait de joie etd’excitation. Arthur s’agenouilla etcommença à la caresser doucement. Celle-ci s’empressa de lui lécher la main,augmentant l’intensité et la cadence de sesgémissements. La mère de Laurens’approcha, très étonnée.

- Vous vous connaissez ? dit-elle.

- P o u r q u o i ? r é p o n d i t - i l e n s er e l evan t .

- Elle est si craintive d’ordinaire.Personne ne peut l’approcher et là ellesemble se prosterner devant vous.

- Je ne sais pas, peut-être, elleressemble incroyablement à la chienned’une amie qui m’était très chère.

- O u i ? d i t M m e K l i n e l ec o e u r b a t t a n t l a c h a m a d e .La chienne s’assit aux pieds d’Arthur et semit à japper en lui tendant la patte.

« Kali ! héla la maman de Lauren,l a i s s e c e m o n s i e u r t r a n q u i l l e . »Arthur tendit la main et se présenta, lafemme hésita et tendit la main à son tour.Elle trouvait l’attitude de sa chienneextrêmement déroutante et s’excusa de tantde familiarité.

- Il n’y a aucun problème, j’adore lesanimaux et elle est très mignonne.

- Mais si sauvage d’ordinaire, ellesemble réellement vous connaître.

- J’ai toujours attiré les chiens, je croisqu’ils sentent lorsqu’on les aime. Elle avraiment une bonne tête.

- C’est une vraie bâtarde, moitiéépagneul, moitié labrador.

- C’est incroyable ce qu’elle ressembleà la chienne de Lauren.

Mme Kline en eut presque un vertige,ses traits se crispèrent.

- Vous allez bien, madame ? demandaArthur en lui prenant la main.

- Vous connaissiez ma fille ?

- C’est la chienne de Lauren, vous êtessa mère ?

- Vous la connaissiez ?

rro. Luego se acercó a él, le olfateó lospantalones e inmediatamente se tumbó,gimiendo. El animal empezó a sacudir lacola con frenesí, temblando de alegría yde excitación. Arthur se arrodilló y sepuso a acariciarla suavemente. Kali seapresuró a lamerle la mano, aumen-tando la intensidad y la cadencia desus gemidos. La madre de Lauren, ex-trañada, se acercó.

— ¿La conoce? —preguntó.

— ¿Por qué lo dice? —repuso él,levantándose.

—Porque en general es muy miedosa.No deja que se le acerque nadie, pero ahoraparece que confía mucho en usted.

—No sé..., quizá..., se parece mu-chísimo a la perra de una amiga a laque quería mucho.

— ¿Sí? —dijo la señora Kline con elcorazón latiéndole desacompasadamente.La perra se sentó a los pies de Arthur y sepuso a ladrar, tendiéndole una pata.

—Kali —dijo la madre de Lauren—.Deja tranquilo a este señor.

Arthur tendió la mano y se presentó; lamujer correspondió un tanto indecisa al sa-ludo. La actitud de la perra le resultaba delo más desconcertante y se disculpó por tantafamiliaridad.

—No pasa nada. Me encantan los ani-males, y su perra es muy simpática.

—Pero normalmente es muy huraña. Pa-rece como sí lo conociera.

—Siempre he atraído a los perros; yocreo que notan cuando se les aprecia. Tieneuna cabeza preciosa.

— E s u n c r u c e d e p o d e n c o yl a b r a d o r .

—Es increíble lo que se parece ala perra de Lauren.

La señora Kline sintió un mareo y susfacciones se crisparon.

— ¿ Se encuentra bien, señora ? —pre-guntó Arthur, tomándole la mano.

— ¿Conocía usted a mi hija?

— Es la perra de Lauren... ¿Es usted sumadre?

— ¿La conocía?

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- Oui, très bien, nous étions assezproches.

Elle n’avait jamais entendu parler delui et voulut savoir comment ils s’étaientconnus. Il déclara être architecte et avoirrencontré Lauren à l ’hôpital . El lel’avait recousu d’une mauvaise coupuref a i t e a u c u t t e r . I l s a v a i e n tsympathisé, et se voyaient souvent,«Je passais de temps à autre déjeuneravec elle aux urgences, et nous dînionsaussi de temps en temps, lorsqu’ellefinissait tôt le soir ».

- Lauren n’avait jamais le temps dedéjeuner et rentrait toujours tard.

Arthur baissa la tête, silencieux.

- Enfin, Kali semble bien vous connaîtreen tout cas.

- Je suis désolé de ce qui lui est arrivé,madame, je suis allé la voir souvent àl’hôpital depuis l’accident.

- Je ne vous y ai jamais croisé.

Il lui proposa de faire quelques pas avecelle. Ils marchèrent le long de l’eau, Arthurse risqua à demander des nouvelles deLauren, arguant qu’il ne s’était pas rendu àson chevet depuis quelque temps. MmeKline parla d’une situation stationnaire quine laissait plus de place à l’espoir. Elle nedit rien de la décision qu’elle avait prise, maisdécrivait l’état de sa fille dans des termesrésolument désespérés. Arthur marqua untemps de silence, et commença un plaidoyerd’espoir. « Les médecins ne savent rien surle coma »... « Les comateux nous entendent»... « Certains sont revenus au bout de septans »... « Rien n’est plus sacré que la vie,et si elle se maintient en dépit du bonsens, c’est un signe qu’il faut lire. »Même Dieu fut invoqué, « comme Seul apteà disposer de la vie et de la mort ». MmeKline s’arrêta soudainement de marcher etfixa Arthur dans les yeux.

- Vous n’étiez pas sur mon chemin parhasard, qui êtes-vous et que voulez-vous ?

- Je me promenais là simplement,madame, et si vous trouvez que cetterencontre n’est pas le fruit du hasard, c’està vous seule à vous poser la question dupourquoi. Je n’ai pas dressé la chienne deLauren pour qu’elle vienne à moi sans queje l’appelle.

- Que me voulez-vous ? Et que savez-vous pour me balancer vos phrases

— Sí, muy bien, éramos bastante ami-gos.

La señora Kline no había oído hablarnunca de él y quiso saber cómo se habíanconocido. Arthur dijo que era arquitecto yque había conocido a Lauren en el hospi-tal. Ella le había cosido un corte bastantefeo que se había hecho con el cúter. Ha-bían simpatizado y se veían a menudo.

—Yo iba de vez en cuando a urgen-cias a comer con ella, y en ocasionestambién cenábamos juntos, cuando aca-baba pronto por la noche.

—Lauren nunca tenía tiempo de comery siempre salía tarde.

Arthur agachó la cabeza sin decir nada.

—En fin, en cualquier caso Kali parececonocerlo bien.

— Siento muchísimo lo que le ha pasa-do, señora. Después del accidente he ido averla varias veces al hospital.

—Nunca hemos coincidido.

Arthur le propuso pasear un poco. Ca-minaron junto al agua y Arthur se aventuróa preguntarle por el estado de Lauren, adu-ciendo que hacía bastante que no iba a ver-la. La señora Kline habló de una situaciónestacionaria que ya no dejaba lugar a la es-peranza. No dijo nada de la decisión quehabía tomado, pero describía el estado desu hija en unos términos absolutamente des-esperados. Arthur hizo una pausa y empezóa pronunciar un discurso esperanzados«Los médicos no saben nada del coma»...«Los personas que están en coma nosoyen»... «Algunas han vuelto en sí al cabode siete años»... «No hay nada más sagradoque la vida, y si se mantiene en contra delsentido común, es una señal que hay queinterpretar*. Hasta invocó a Dios como «elúnico con derecho a disponer de la vida y lamuerte». La señora Kline se detuvo de gol-pe y miró a Arthur a los ojos.

—Usted no estaba en mi camino porcasualidad. ¿Quién es y qué quiere?

— Simplemente paseaba por aquí,señora, y si le parece que este encuen-tro no es el fruto de la casualidad, us-ted es la única que debe preguntarseel porqué. Yo no he adiestrado a laperra de Lauren pura que se me acer-que sin llamarla.

— ¿Qué quiere de mí? ¿Quien es ustedpara soltarme esas frases lapidarias sobre

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définitives sur la vie et la mort ? Vous nesavez rien, rien de ce que cela représented’être là tous les jours, de la voir inerte,sans qu’un de ses cils ne bouge, de voir sapoitrine se soulever mais de regarder sonvisage fermé au monde.

Dans un élan de colère, elle lui décrivitles jours et les nuits passés à lui parler dansl’espoir fou qu’elle l’entende, sa vie quin’existait plus depuis que sa fille était partie,l’attente d’un coup de téléphone de l’hôpitalqui lui dirait que c’était fini. Elle lui avaitdonné la vie. Chaque jour de son enfancela réveillait le matin, l’habillait et laconduisait à l’école, chaque soir la bordaitdans son lit en lui racontant une histoire.Elle avait été à l’écoute de chacune de sesjoies, de chacun de ses tourments.

«Quand elle est devenue uneadolescente, j’ai accepté ses colèresinjustes, partagé ses premiers tourmentsamoureux, travaillé la nuit à ses études,révisé tous ses examens. J’ai su m’effacerquand il le fallait, et si vous saviez commeelle me manquait déjà de son vivant.Chaque jour de ma vie je me suis réveilléeen pensant à elle, couchée en pensant àelle... »

Mme Kline s’interrompit, saisie par unhoquet de larmes contenues. Arthur la pritpar l’épaule et s’excusa.

- Je n’en peux plus, dit-elle à voix basse.Pardonnez- moi, et partez maintenant, jen’aurais jamais dû vous parler.

Arthur s’excusa à nouveau, caressa latête de la chienne et s’éloigna à pas lents. Ilmonta dans sa voiture, en s’éloignant il vitdans son rétroviseur la mère de Lauren quile regardait partir. Lorsqu’il rentra àl’appartement, Lauren était debout, enéquilibre sur une table basse.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je m’entraîne.

- Je vois.

- Ça s’est passé comment ?

I l f i t l e r é c i t d é t a i l l é d e s ar e n c o n t r e , d é ç u d e n e p a sa v o i r i n f l é c h i l a p o s i t i o n d es a m è r e .

- Tu avais peu de chances, elle nechange jamais d’avis, elle est têtuecomme une mule.

- Ne sois pas dure, elle souffre le

la vida y la muerte? Usted no sabe nada,absolutamente nada de lo que significa irallí todos los días, verla inerte, sin que semueva ni una sola de sus pestañas, ver quesu pecho sube y baja mientras que su rostropermanece cerrado al mundo.

En un arrebato de cólera, le describió losdías y las noches que había pasado hablán-dole con la loca esperanza de que la oyera;su vida, que había dejado de existir desdeque su hija se había ido; la espera de una lla-mada del hospital diciéndole que todo habíaacabado. Ella fe había dado la vida. Durantesu infancia, la despertaba día tras día, la ves-tía y la llevaba al colegio, y por las noches laarropaba en la cama y le contaba un cuento.Había permanecido atenta a todas sus ale-grías y a todos sus tormentos.

— Cuando llegó a la adolescencia,acepté sus enfados injustos, compartí susprimeros sufrimientos amorosos, la ayu-dé por la noche en sus estudios, revisétodos sus exámenes. Supe desaparecercuando debía hacerlo, y no puede ustedimaginar lo que la echaba de menos ya envida... Desde que nació, todos los días mehe acostado y me he despertado pensan-do en ella...

Las l ágr imas repr imidas no l adejaron seguir. Arthur le rodeó loshombros y se disculpó.

—No puedo más —dijo ella en vozbaja—. Perdone. Y ahora váyase, no debe-ría haber hablado con usted.

Arthur se disculpó de nuevo, le aca-rició la cabeza a la perra y se alejó len-tamente. Subió al coche y, mientras sealejaba, vio por el retrovisor a la madrede Lauren que lo miraba. Cuando entróen casa, Lauren estaba de píe sobre unamesa baja, haciendo equilibrios-

—¿Qué haces?

—Me entreno.

—Ya lo veo.

— ¿Cómo ha ido?

Arthur le hizo un relato detallado delencuentro, decepcionado por no haber con-seguido que su madre cambiara la decisiónque había tomado.

—Tenías pocas posibilidades. Nuncacambia de opinión, es más terca que unamuía.

—No seas dura, está sufriendo lo in-

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martyre.

- Tu aurais été un gendre idéal.

- Quel est le sens profond de cettedernière remarque ?

- Rien, tu es le type à être adoré desbellesmères.

- Je trouve ta réflexion moyenne, et jene crois pas que ce soit le sujet.

- Non, ça je dois dire ! Tu seraisveuf avant de te marier.

- Tu veux me dire quoi sur ce ton acidulé ?

- Rien, je ne veux rien te dire. Bon jevais aller regarder l’océan tant que jepeux encore le faire.

Elle disparut soudainement, laissantArthur seul et perplexe dans l’appartement.« Mais qu’est-ce qu’elle a ?» se dit-il à voixbasse. Puis il se mit à sa table d’architecte,alluma son ordinateur, et commença larédaction d’un rapport. Il avait pris sadécision dans la voiture, en quittant laMarina. Il n’y avait pas d’alternative et ilfallait faire vite. Dès lundi, les médecins «endormiraient » Lauren. Il établit une listedes accessoires qui lui étaient nécessairespour mettre son plan en oeuvre. Il imprimason fichier, et décrocha son téléphone pourappeler Paul.

- J’ai besoin de te voir de toute urgence.

- Ah, tu es revenu de Knewawa !

- C’est urgent, Paul, j’ai besoin de toi.

- Où veux-tu que nous nous retrouvions?

- Où tu veux !

- Viens chez moi.

Paul l’accueillit une demi-heure plustard. Ils s’installèrent dans les canapés dusalon.

- Qu’est-ce que tu as ?

- J’ai besoin que tu me rendes un servicesans me poser de questions. Je veux que tum’aides à enlever un corps dans un hôpital.

- C’est une série noire ? Après lefantôme on va s’occuper d’un cadavre ? Jepeux te filer le mien si tu continues, il vaêtre disponible !

- Ce n’est pas un cadavre.

decible.

—Habrías sido un yerno perfecto.

—¿Cuál es el significado profundo deese comentario?

—Ninguno. Simplemente, eres el tipoque las suegras adoran.

—Tu observación me parece mediocre,y no creo que esa sea la cuestión.

—¡ Eso soy yo quien debe decirlo! Tequedarías viudo antes de casarte.

— ¿Qué pretendes decirme ___________?

—Nada, no pretendo decirte nada. Bue-no, me voy a contemplar el mar mientrastodavía pueda hacerlo.

Lauren desapareció súbitamente, de-jando a Arthur solo y perplejo en el apar-tamento. —Pero ¿qué le pasa? —se pre-guntó en voz baja. Después se sentó trasla mesa de trabajo, conectó el ordena-dor y empezó a escribir. Había tomadola decisión en el coche, cuando volvíade La Marina. No tenía alternativa, yhabía que actuar deprisa. El lunes, losmédicos «dormirían» a Lauren. Hizo unalista de los accesorios que necesitabapara llevar a la práctica su plan. Impri-mió el archivo y descolgó el teléfonopara llamar a Paul.

—Necesito verte urgentemente.

— ¡Ah, ya has vuelto de Knewawa!

—Es urgente, Paul, necesito tu ayuda.

—¿Dónde quieres que nos veamos?

—Donde tú quieras.

—Ven a mi casa.

Paul lo recibió media hora mástarde. Se acomodaron en los sofásdel salón.

— ¿Qué te pasa?

—Necesito que me hagas un favor sinpreguntar nada. Quiero que me ayudes asecuestrar un cuerpo de un hospital.

— ¿Estamos en una novela negra? ¿Des-pués del fantasma vamos a ocuparnos de uncadáver? Como sigas así te daré el mío, es-tará disponible.

—No es un cadáver.

Xacidulé adj slightly acid

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- Alors c’est quoi, c’est un malade enpleine forme ?

- J e s u i s s é r i e u x , P a u l , e t t r è sp r e s s é .

- Je ne dois pas te poser de questions ?

- Tu aurais du mal à comprendre lesréponses !

- Parce que je suis trop bête ?

- Parce que personne ne peut croire ceque je vis.

- Tente ta chance.

- I l faut que tu m’aides à enleverle corps d’une femme qui es t dansl e c o m a , e l l e s e r a e u t h a n a s i é elundi . Et je ne veux pas .

- Tu es tombé amoureux d’une femmequi est dans le coma ? C’était ça ton histoirede fantôme ?

Arthur répondit par un vague « hum hum», Paul inspira profondément et s’inclina enarrière dans le canapé.

- Ça va faire une séance à deux milledollars chez le psy cette histoire. Tu as bienréfléchi, tu es déterminé ?

- C’est avec ou sans toi, mais je vais lefaire.

- Tu as une passion pour les histoiressimples !

- T u n ’ e s p a s o b l i g é , t us a i s .

- Non, je sais. Tu débarques ici, je n’aipas de nouvelles de toi depuis quinze jours,tu ne ressembles plus à rien ; tu medemandes de risquer dix ans de taule pourt’aider à enlever un corps dans un hôpital,et moi, je vais prier pour memétamorphoser en dalaï-lama, c’est maseule chance. Tu as besoin de quoi ? Arthurexpliqua son plan, et les accessoires quePaul devrait lui fournir, essentiellementune ambulance, empruntée au garage deson beau-père.

- Ah, et en plus il faut que je braque lemari de ma mère ! Je suis content de teconnaître, mon vieux, c’est un truc quiaurait pu me manquer dans la vie.

- Je sais que je te demande beaucoup.

—Entonces, ¿qué es? ¿Un enfermo enplena forma?

—Hablo en serio, Paul, y rengo muchaprisa.

—¿No debo hacerte preguntas?

—Te resultaría difícil comprender lasrespuestas.

—¿Porque soy demasiado tonto?

—Porque nadie puede creer lo que estápasándome.

—Inténtalo.

—Tienes que ayudarme a secuestrar elcuerpo de una mujer que está en coma y alaque van a practicarle la eutanasia el lu-nes. Y yo no quiero que lo hagan.

—¿Te has enamorado de una mujerque está en coma? ¿Es la de tu histo-ria del fantasma?

Arthur contestó con un vago «hummm...». Paul inspiró profundamente y se echóhacia atrás en el sofá.

—Esto exigirá una sesión de dos mildólares en el psiquiatra. ¿Lo has pensa-do bien? ¿Estás decidido?

—Lo haré contigo o sin ti, perolo haré.

—Compruebo que tienes debilidad porlas historias sencillas.

—No tienes ninguna obligación de ayu-darme, ya lo sabes.

—No, claro, ya lo sé. Te presentas aquídespués de dos semanas de no tener noti-cias tuyas, estás irreconocible, me pidesque me arriesgue a pasarme diez años enla cárcel por ayudarte a secuestrar un cuer-po de un hospital, y yo voy a rezar parametamorfosearme en dalai lama, es miúnica posibilidad. ¿Que necesitas? Arthurexpuso su plan y los accesorios que Paultendría que facilitarle, básicamente unaambulancia que sacaría del garaje de supadrastro.

— ¡Ah, y encima tengo que pringar almarido de mi madre! Me alegro deconocerte, amigo. De no ser por ti,me habría perdido todo esto.

— Sé que te pido mucho.

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- Non, tu ne sais pas ! Il te faut tout çapour quand ?

Il lui fallait l’ambulance pour lelendemain so i r. I l opérerai t versvingt-trois heures, Paul passerait le chercherà son domicile une demi-heure avant. Arthurlui retéléphonerait tôt dans la matinée pourfaire le point sur les différents détails.Il serra fort son ami dans ses bras, enle r e m e r c i a n t c h a l e u r e u s e m e n t .P r é o c c u p é , P a ul l e r accompagnajusqu’à la portière de sa voiture.

- Encore merci, dit Arthur en sortant satête par la fenêtre.

- Les amis sont là pour ça, j’aurai peut-être besoin de toi à la fin du mois pour allercouper les griffes d’un grizzli dans lamontagne, je te tiendrai au courant. Allez,barre-toi, tu m’as l’air d’avoir encorebeaucoup de choses à faire.

La voiture disparut après le carrefouret Paul, s’adressant à Dieu, leva les bras auciel en hurlant :

« Pourquoi moi ? » Il contemplal e s é t o i l e s e n s i l e n c e p e n d a n tquelques instants, et comme aucuneréponse ne semblait lui revenir, i lh a u s s a l e s é p a u l e s e t m a r m o n n a :« Oui, je sais ! Pourquoi pas ! »

Arthur passa le reste de sa journée àcourir de pharmacies en dispensaires, età remplir le coffre de sa voiture. Deretour dans l’appartement, il trouvaLauren assoupie sur son lit. Il s’assit prèsd’elle avec beaucoup de précautions etpassa sa main juste audessus de sescheveux, sans les toucher. Puis i lmurmura : « Tu arrives à dormir maintenant.Tu es vraiment très belle. »

Puis il se leva, tout aussi doucement,et retourna dans le salon, à sa tabled’architecte. Dès qu’il eut quitté la pièce,Lauren ouvrit un oeil et souritmalicieusement. Arthur saisit lesformulaires administratifs qu’il avaitimprimés la veille et commença à lesremplir. Il laissa certaines lignes vides etclassa le tout dans une chemise. Il remitson blouson, prit sa voiture et roula endirection de l’hôpital. Il se rangea auparking des urgences, laissa la portièreouverte et se faufila dans le sas d’entrée.Une caméra filmait le couloir, mais il nela remarqua pas. Il remonta le corridorjusqu’à une grande pièce qui servait deréfectoire. Une infirmière de garde le héla.

- Qu’est-ce que vous faites là ?

—No, no lo sabes. ¿Para cuándo la ne-cesitas?

Necesitaba la ambulancia para el día si-guiente por la noche. Actuarían hacia lasonce. Paul i r ía a buscar lo a su casamedia hora an tes . É l lo l l amar íap o r l a m a ñ a n a , t e m p r a n o , p a r aconcretar todos los detal les . Estre-chó con fuerza a su amigo entre susbrazos , dándole ca lurosamente lasg r a c i a s . P a u l , p r e o c u p a d o , l oacompañó has ta e l coche .

— Gracias otra vez —dijo Arthur, sa-cando la cabeza por la ventanilla.

— Los amigos están para eso. A lo me-jor yo te necesito a ti a fin de mes para ir ala montaña a cortarle las uñas a un oso gris.Te mantendré al corriente. Venga, lárgate,me da la impresión de que todavía tienesmuchas cosas que hacer.

El coche desapareció pasado el cruce yPaul, dirigiéndose a Dios, alzó los brazos alcielo gritando:

— ¿Porqué yo?Contempló las estrellas en silen-

cio unos instantes y, como no parecíaque fuese a recibir ninguna respues-ta, se encogió de hombros y masculló:

— ¡Sí, ya sé! ¿Y por qué no?

Arthur se pasó e l res to de l d íarecor r iendo fa rmacias y d ispensa-r ios y l lenando e l por tamale tas delcoche . De vue l ta en casa , encon-t ró a Lauren dormida en su cama.Se sen tó jun to a e l l a con muchocuidado y le pasó la mano por en-c ima mismo de l pe lo , s in tocar lo .

—Ahora consigues dormir —murmu-ró—. Eres guapísima.

Se levantó con el mismo cuidado yregresó al salón, a la mesa de trabajo.En cuanto hubo salido del dormitorio,Lauren abrió un ojo y sonrió malicio-samente. Arthur tomó los formulariosadministrativos que había impreso e(día antes y comenzó a rellenarlos.Dejó algunas casil las vacías y losguardó en una carpeta. Se puso la ca-zadora, subió al automóvil y condujoen dirección al hospital. Dejó el vehí-culo en el aparcamiento de urgencias, conla puerta abierta, y entró en el recinto.Una cámara filmaba el pasillo, pero él no se diocuenta. Recorrió el pasillo hasta llegar a una granestancia que se utilizaba como comedor.

— ¿Qué hace usted aquí? —le preguntóuna enfermera desde lejos.

garras / oso pardo

se faufiler 1. (introducirse con habilidad) colarse. 2.(abrirse paso) deslizarse

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Levy’s «Et si...» xxxx

Il venait faire une surprise à une amiede longue date qui travaillait ici, elle laconnaissait peut-être, elle s’appelait LaurenKline. L’infirmière resta un instantperplexe.

- Il y a longtemps que vous ne l’avez pas vue?

- Au moins six mois !

Il s’improvisa photographe reporter,tout juste arrivé d’Afrique, et qui voulaitsaluer une de ses cousines par alliance. «Nous sommes très proches.

Elle ne travaille plus ici ? » L’infirmièreéluda la question et l’invita à se rendre àl’accueil où on le renseignerait ; il ne latrouverait pas ici, elle en était désolée.Arthur feignit l’inquiétude, et demanda s’ily avait un problème. Manifestant une gênecertaine, elle insista pour qu’il se rende à laréception de l’hôpital.

- Je dois ressortir du bâtiment ?

- En principe oui, mais vous allez devoirfaire un grand tour...

Elle lui donna les indications pour qu’il serende à l’accueil en passant par l’intérieur del’établissement. Il la salua et la remercia enconservant l’air inquiet qu’il avait su emprunter.Libéré de la présence de l’infirmière, il sefaufila de couloir en couloir jusqu’à trouver cequ’il cherchait. Dans une pièce à la porteentrouverte, il aperçut deux blouses blanches,accrochées à des portemanteaux. Il entra, s’enempara, les roula en boule et les cacha sous sonmanteau. Dans la poche de l’une d’elles il sentitun stéthoscope. Il retourna promptement dansle couloir, suivit les indications données parl’infirmière, et ressortit de l’hôpital par l’entréeprincipale. Il contourna le bâtiment, rejoignitsa voiture dans le parking des urgences et rentrachez lui. Lauren, assise devant l’ordinateur,n’attendit pas qu’il entre dans la pièce pours’exclamer : « T u e s f o u à l i e r ! »Il ne répondit pas, s’approcha du bureau ety jeta les deux blouses.

- Tu es vraiment dingue, l’ambulanceest dans le garage ?

- Paul vient me prendre avec elle,demain à dix heures trente.

- Où les as-tu prises ?

- À ton hôpital !

- Mais comment fais-tu tout cela ?Quelqu’un peut-il t’arrêter quand tu asdécidé de faire quelque chose ? Montre-moi les étiquettes sur les blouses.

Iba a darle una sorpresa a una vie-ja amiga que trabajaba allí, quizás ellala conocía, se llamaba Lauren Kline.La enfermera se quedó unos instantesperpleja.

—¿Hace mucho que no la ha visto?

—Más de medio año.

Le explicó que era reportero fotográ-fico, que acababa de llegar do África yque quería saludarla. —Somos muy ami-gos. ¿Ya no trabaja aquí?

La enfermera eludió la pregunta yle indicó que fuera a recepción, dondele informarían; lo sentía muchísimo,pero allí no iba a encontrarla. Arthurfingió inquietud y preguntó si pasabaalgo Ella, con manifiesta incomodidad,insistió en que se dirigiera a la recep-ción del hospital.

—¿Tengo que salir del edificio?

—En principio sí, pero tendrá que darmucha vuelta...

Le indicó cómo podía llegar a recep-ción por el interior. Él se despidió y ledio las gracias, sin abandonar la expre-sión preocupada que había adoptado.Una vez libre de la presencia de la enfer-mera, fue de un pasillo a otro hasta en-contrar el que buscaba. En un cuarto quetenía la puerta entornada, vio dos batasblancas. Entró, las descolgó del perche-ro y se las escondió debajo del abrigo.Notó que en el bolsillo de una de ellas habíaun estetoscopio. Una vez en el pasillo siguiólas indicaciones que le había dado la enfer-mera y salió del hospital. Rodeó el edificio,llegó hasta su coche, en el aparcamiento deurgencias, y regresó a casa. Lauren, sentadadelante del ordenador, exclamó antes inclusode que entrara en la habitación:

— ¡Estás loco de atar!Él se acercó a la mesa y dejó encima las

dos batas, sin pronunciar palabra.

—Estás como una cabra. ¿ La ambulan-cia está en el garaje?

—Paul vendrá a buscarme con ella ma-ñana a las diez y media de la noche.

— ¿De dónde las has sacado?

— ¡De tu hospital!

—Pero ¿cómo te las arreglas para hacertodo esto? ¿Quién puede detenerte cuandohas decidido hacer algo? Enséñame las tar-jetas que llevan las batas.

se faufiler 1. (introducirse con habilidad) colarse. 2.(abrirse paso) deslizarse

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Arthur les déplia, enfila la plus grande,et se retourna, imitant un mannequin quidéfile sur un podium.

- Alors comment me trouves-tu ?

- Tu as piqué la blouse de Bronswick !

- Qui est-ce ?

- Un éminent cardiologue, l’ambianceva être tendue à l’hosto, je vois déjà laribambelle de notes de service qui vont êtreplacardées. Le directeur de la sécuritéva se faire souffler dans les bronches.C’est le toubib le plus acariâtre etimbu de lui-même de tout le Mémorial.

- Quelle est la probabilité que quelqu’unm’identifie ?

Elle le rassura, le risque était très faible,il faudrait un coup de malchance, il y avaitdeux changements d’équipes, celle duweek-end et celle de la nuit. Il ne couraitaucun risque de croiser un membre de sonéquipe. Le dimanche soir c’était un autrehôpital, avec d’autres gens, et uneatmosphère différente.

- Et regarde, j’ai même un stéthoscope.

- Passe-le autour de ton cou !

Il s’exécuta.

- Tu es terriblement sexy en docteur, tusais? dit-elle d’une voix très tendre et trèsféminine.

Arthur rougit quelque peu. Elle prit samain et caressa ses doigts. Elle leva les yeuxvers lui et dit d’un ton tout aussi tendre :

- Merci de tout ce que tu fais pour moi,personne n’a jamais pris soin de moi commeça.

- Et voilà pourquoi Zorro est arrivé !

Elle se leva, son visage se rapprocha decelui d’Arthur. Ils se regardèrent dans les yeux.Il la prit dans ses bras, passa sa main sur sanuque, la courba jusqu’à ce que sa têterepose sur son épaule.

- Nous avons beaucoup de choses àfaire, lui dit-il. Il faut que je me mette autravail. Il s’écarta pour s’installer à sonbureau. Elle posa sur lui un regard pleind’attention et se retira silencieusement dansla chambre laissant la porte ouverte. Iltravailla très tard dans la nuit, ne s’arrêtantque pour grignoter quelques crudités, tapant

Arthur se puso la más grande y se vol-vió, imitando los gestos de un modelo des-filando por una pasarela.

— ¿Qué? ¿Cómo me ves?

— ¡Te has llevado la bata de Bronswick!

— ¿Quiénes ése?

—Un eminente cardiólogo. El ambien-te va a estar cargadito en el hospital; ya es-toy viendo el montón de notas de servicioque van a colgar. Al jefe de segundads e l e v a a c a e r e l p e l o .Es el m é d i c o m á s c a s c a r r a b i a s ypagado de sí mismo de todo el Memorial.

— ¿Que probabilidad hay de que alguienme identifique?

Lauren lo tranquilizó. La probabilidadera mínima; haría falta un golpe de malasuerte. Había dos cambios de equipo, el delfin de semana y el de la noche. No corríaningún peligro de cruzarse con un miembrode su equipo. El domingo por la noche eraotro hospital, con otras personas y un am-biente distinto.

—Y mira, tengo hasta un estetoscopio.

—Póntelo alrededor del cuello.

El obedeció.

—Estás muy sexy vestido de doctor, ¿sa-bes? —dijo Lauren con una voz muy dulcey femenina.

Arthur se sonrojó un poco. Ella le asió unamano y le acarició los dedos. Luego levantólos ojos hacia él y dijo con la misma ternura:

— Gracias por todo lo que estás hacien-do por mí. Nadie me ha cuidado nunca tan-to.

— ¡Claro! ¡ Por eso ha venido el Zorro!

Lauren ser levantó y acercó el ros-tro al de Arthur. Se miraron a los ojos.El la tomó entre sus brazos, ____________ ______ y ella apoyó su ca-beza en su hombro.

—Hay muchas cosas por hacer —ledijo—. Tengo que ponerme a trabajar. Seapartó para sentarse a la mesa de trabajo.Ella posó sobre él una mirada atenta y seretiró silenciosamente al dormitorio, dejan-do la puerta abierta. Arthur estuvo trabajan-do hasta muy entrada la noche, tecleandofrente a la pantalla y muy concentrado en

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ribambelle retahíla

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des lignes de texte, face à son écran, trèsconcentré sur ses notes. Il entendit latélévision se mettre en marche.

« Comment as-tu fait ça ? » demanda-t-il à haute voix. Elle ne répondit pas. Selevant, il traversa le salon et se pencha dansl’entrebâillement de la porte. Lauren étaitsur le lit, allongée sur le ventre. Elledétourna son regard de l’écran et lui sourit,taquine. Il lui rendit son sourire, et revintà son clavier. Lorsqu’il fut assuré qu’elleétait plongée dans son film, il se leva et sedirigea vers le secrétaire. Il en sortit uneboîte qu’il posa sur son bureau et regardalongtemps avant de l’ouvrir. Elle était deforme carrée, grande comme un carton àchaussures et recouverte d’un tissu passépar les années. Il prit sa respiration etsouleva le couvercle ; elle contenait un paquetde lettres attachées par une ficelle de chanvre.Il saisit une enveloppe bien plus grosse queles autres et la décacheta. Une lettre scelléeet un trousseau de vieilles clés, grandes etlourdes, tombèrent du pli. Il s’en saisit, lefit jouer dans ses mains et sourit en silence.Il ne lut pas la lettre mais la fit glisser dansla poche de sa veste, avec le trousseau. Ilse leva, remit la boîte en place, et retournaà son bureau où il imprima son pland’action. Enfin, il éteignit l’ordinateur et serendit dans la chambre. Elle était assise aupied du lit, regardant un «soap opéra (1)».Ses cheveux étaient détachés, elle semblaitcalme, apaisée.

- To u t e s t a u s s i p r ê t q u eposs ib le , d i t - i l .

- Encore une fois, pourquoi fais-tutout cela ?

- Qu’est-ce que cela peut faire, pourquoias-tu besoin de tout savoir ?

- Pour rien.

Il se rendit à la salle de bains. Enentendant le bruit de la douche, elle caressadoucement la moquette. Au passage de samain, les fibres se soulevèrent, hérissées parl’électricité statique. Il sortit emmitouflédans un peignoir.

- Il faut que je me couche maintenant,demain il faut que je sois en forme.

Elle s’approcha de lui et déposa un baiser surson front. « Bonne nuit, à demain », etelle sortit de la pièce.

La journée qui suivi t passa aurythme des minutes qui s’égrènent dansla paresse des dimanches. Le soleil

sus notas, sin parar más que para comer unpoco de ensalada. Oyó que el televisor seponía en marcha.

—¿Cómo lo has hecho? —pregun-tó en voz alta. El la no respondió.Arthur cruzó el salón y se asomó porla ranura de la puerta. Lauren estabaen la cama, tendida boca abajo. Des-vió la mirada de la pantalla y le sonriócon expresión maliciosa. Él le devolvió la sonri-sa y regresó al teclado. Cuando estuvo segu-ro de que se había metido en la película, selevantó y se dirigió al secreter. Sacó una caja,la dejó sobre la mesa y se pasó un buen ratocontemplándola antes de abrirla. Era cua-drada, del tamaño de una caja de zapatos yestaba forrada con una tela desgastada porel paso de los años. Contuvo la respiracióny levantó la tapa; contenía un montón decartas atadas con un cordel de cáñamo.Tomó un sobre mucho más grande que losdemás y lo abrió. Una carta cerrada y unmanojo de llaves viejas, grandes y pesa-das, cayeron del interior. Retuvo todo unosinstantes entre las manos, sonriendo en si-lencio, y luego se metió la carta y las lla-ves en un bolsillo de la chaqueta. A conti-nuación guardó la caja en su sitio y, trasvolver a la mesa, imprimió el plan de ac-ción. Por último, apagó el ordenador y sefue al dormitorio. Lauren estaba sentada alos pies de la cama, viendo una serie nor-teamericana. Llevaba el pelo suelto; pare-cía tranquila, serena.

—Todo está todo lo a punto que puedeestar —dijo Arthur.

—Te lo preguntaré una vez más: ¿porqué haces esto?

—¿Qué más da? ¿Por qué necesitas sa-berlo todo?

—Por nada.

Arthur entró en el cuarto de baño. Mien-tras escuchaba el ruido de la ducha, Laurenacarició suavemente la moqueta. Al pasarla mano, las fibras se irguieron por efecto dela electricidad estática. Arthur salió arropadocon un albornoz.

—Ahora tengo que acostarme para es-tar en forma mañana.

Lauren se acercó a él y le dio un beso en la frente.—Buenas noches. Hasta mañana —dijo

antes de salir de la habitación.

El día siguiente transcurrió al ritmo delos minutos que se desgranan atrapados enla pereza de los domingos. El sol jugaba al

1. Soap opéra : sitcom américain.

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jouait à cache-cache avec les giboulées.Ils parlèrent peu. De temps à autre ellele regardait fixement, lui demandant s’ilétait sûr de vouloir continuer, question àlaquelle il ne répondait plus. En milieu dejo u r n é e i l s a l l è r e n t m a r c h e r a ub o r d d e l ’ o c é a n .

- Viens, allons près de l’eau, je voudraiste dire quelque chose. Il avait posé son brasautour de ses épaules avant de parler.

Ils s’approchèrent autant qu’il étaitpossible de la lisière où les vagues viennentse briser sur le sable.

- Regarde bien tout ce qu’il y a autourde nous : de l’eau en colère, de la terre quis’en moque, des montagnes dominantes, desarbres, de la lumière qui joue à chaqueminute de la journée à changer d’intensitéet de couleur, des oiseaux qui voltigent au-dessus de nos têtes, des poissons quiessaient de ne pas être la proie des mouettestout en chassant d’autres poissons. Il y a toutecette harmonie de bruits, celui des vagues,celui du vent, celui du sable ; et puis au milieude ce concert incroyable de vies et dematières il y a toi, moi et tous les êtreshumains qui nous entourent. Combiend’entre eux verront tout ce que je viens de tedécrire ? Combien réalisent chaque matin leprivilège de se réveiller et de voir, de sentir,de toucher, d’entendre, de ressentir ?Combien d’entre nous sont-ils capablesd’oublier un instant leurs tracas pours’émerveiller de ce spectacle inouï ? Il fautcroire que la plus grande inconscience del’homme, c’est celle de sa propre vie. Toi tuprends conscience de tout cela, parce que tues en danger, et cela fait de toi un être unique,par ce dont tu as besoin pour vivre : les autres,parce que tu n’as plus le choix. Alors pourrépondre à la question que tu ne cesses deme poser depuis tant de jours, si je ne prendspas de risques, toute cette beauté, toute cetteénergie, toute cette matière en vie tedeviendrait définitivement inaccessible.C’est pour cela que je fais cela, réussir à teramener au monde donne un sens à ma vie.Combien de fois ma vie m’offrira-t-elle defaire une chose essentielle?

Lauren ne prononça pas un mot, et finitpar baisser ses yeux fixant son regard versle sable. Ils marchèrent côte à côte jusqu’àla voiture.

escondite con los chaparrones. Hablaronpoco. De vez en cuando, ella lo miraba fija-mente y le preguntaba si estaba seguro dequerer seguir adelante. El ya no respondía asu pregunta. Hacia la mitad del día, fuerona pasear por la orilla del mar. Arthur le ro-deó los hombros con un brazo.

—Ven, vayamos junto al agua, me gus-taría decirte una cosa. __________ _______________ ________

S e a c e r c a r o n t o d o l o p o s i -b l e a l a o r i l l a , d o n d e l a s o l a srompen contra la arena.

—Mira bien todo lo que hay a nues-tro alrededor: agua embravecida, tie-rra indiferente a esa furia, montañas do-minantes, árboles, luz que juega a cam-biar de intensidad y de color cada mi-nuto del día, pájaros que revolotean so-bre nuestras cabezas, peces que inten-tan no ser atrapados por las gaviotas mien-tras ellos devoran a otros peces. Hay unaarmonía de ruidos: el de las olas, el del vien-to, el de la arena. Y en medio de todo eseconcierto increíble de vidas y materias es-tamos tú, yo y todos los seres humanos quenos rodean. ¿Cuántos de ellos verán todolo que acabo de describirte? ¿Cuántos sonconscientes del privilegio que supone des-pertar todas las mañanas y ver, oler, tocar,oír y degustar? ¿Cuántos de nosotros so-mos capaces de olvidar por un instantenuestras preocupaciones para maravillar-nos ante este prodigioso espectáculo? Re-sulta evidente que la mayor inconscienciadel hombre es la de su propia vida. Tú hastomado conciencia de ello porque es-tás en peligro, y eso te convierte en unser único; eso y lo que necesitas paravivir: a los demás. Contestando a lapregunta con la que me martilleas des-de hace días, te diré que si no me arries-go, toda esta belleza, toda esta ener-gía, toda esta materia viva será defini-tivamente inaccesible para ti. Por esohago esto; conseguir devolverte al mun-do da sentido a mi vida. ¿Cuántas ve-ces me brindará la vida la posibilidadde hacer algo esencial?

Lauren no pronunció ni una palabra yacabó por bajar los ojos, clavando la mira-da en la arena. Anduvieron uno junto a otrohasta el coche.

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À dix heures Paul rangea l’ambulancedans le parking d’Arthur et sonna à la porte.« J e s u i s p r ê t » , d i t - i l . A r t h u r l u it e n d i t u n s a c .

- Passe cette blouse, et mets ces lunettes,ce sont des verres neutres.

- Tu n’as pas de fausses barbes ?

- Je t’expliquerai tout en route, viens, ilfaut y aller, nous devons être en place aumoment du changement de service, à 11heures précises. Lauren, tu viens avec nous,nous aurons besoin de toi.

- Tu parles à ton fantôme ? demandaPaul.

- À quelqu’un qui est avec nous maisque tu ne vois pas.

- Tout ça c’est une blague, Arthur, ou tues vraiment devenu dingue ?

- N i l ’ u n n i l ’ a u t r e , c ’ e s timpossible à comprendre, donc inutileà expliquer.

- Le mieux serait que je me transformeen tablette de chocolat, là maintenant, letemps passerait plus vite et je m’inquiéteraismoins dans mon papier aluminium.

- C ’ e s t u n e o p t i o n , a l l e z ,dépêche-toi .

Ils se rendirent tous deux, déguisés enmédecin et ambulancier, vers le garage.

- E l l e a f a i t l a g u e r r e , t o nambulance !

- Pardon, j’ai pris ce que je trouvais,je vais me faire engueuler bientôt ! Tun’as qu’à me parler avec des sous-titresen allemand. Je rêve !

- Je plaisantais, elle ira très bien.

Paul prit le volant, Arthur s’assit à sescôtés et Lauren entre les deux.

- Tu veux les gyrophares e t lasirène, docteur ?

- Tu veux essayer d’être sérieux ?

- Ah non, mon vieux, surtout pas, sij’essaie sérieusement de réaliser que je suisdans une ambulance empruntée pour allerpiquer un cadavre dans un hôpital avec monassocié, je risque de me réveiller et ton plan

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A las diez, Paul metió la ambulancia enel garaje de Arthur y llamó a la puerta.

—Estoy preparado —dijo _ __ __ __ _____ ______.

—Ponte esta bata y estas gafas. Son cris-tales neutros.

— ¿No tienes barbas postizas?

— Te lo expl icaré todo por e lcamino . Venga , t enemos que es ta ra l l í a la hora de l re levo, a las onceen pun to . Lauren , ven con noso-t ros , t e neces i ta remos .

— ¿Hablas con el fantasma? —pregun-tó Paul.

— Con «alguien que está con nosotrospero a quien tú no ves.

—Arthur, ¿todo esto es una broma, orealmente estás volviéndote majara?

—Ni una cosa ni la otra. Es imposi-ble entenderlo, así que no vale la penaexplicarlo.

—Lo mejor sería que me transformaraen pastilla de chocolate, así el tiempo pasa-ría más deprisa y yo no me preocuparía tan-to envuelto en papel de aluminio.

—Es una opción, desde luego. Venga,date prisa.

Disfrazados de médico y camillero res-pectivamente, se dirigieron allí.

— ¿Esta ambulancia ha estado en laguerra?

—He pillado lo que he podido, ¿com-prendes? ¡Menuda bronca! En fin, lo únicoque falta es que me hables con subtítulos enalemán. Me parece que estoy soñando.

—Era broma, hombre, nos irá de coña.

Paul se puso al volante, Arthur se sentóa su lado y Lauren entre los dos.

— ¿Quiere que conecte el faro giratorioy la sirena, doctor?

— ¿Y tú quieres tomarte esto en serio?

—Ah, no, amigo mío, eso sí que no. Siintento considerar en serio que estoy en unaambulancia que me he agenciado para ir conmi socio a robar un cadáver a un hospital,me expongo a despertar y entonces tu plan

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serait foutu à l’eau. Alors je vais tout fairepour être le moins sérieux possible, commeça je continue de croire que je suis dans unrêve à la limite du cauchemar. Remarque, lebon côté c’est que j’ai toujours trouvé lesdimanches soir très glauques, là ça pimenteun peu quand même.

Lauren rit.

- Ça te fait rire toi ? dit Arthur.

- Tu ne veux pas arrêter ton truc deparler tout seul !

- Je ne parle pas tout seul.

- D’accord, il y a un fantôme à l’arrière! Mais arrête tes apartés avec lui, ça me rendnerveux !

- C’est elle !

- Quoi elle ?

- C’est une femme, et elle entend toutce que tu dis !

- Je veux les mêmes c igare t tesque to i !

- Roule !

- Vous êtes tout le temps comme ça tousles deux ? dit Lauren.

- Souvent.

- Souvent quoi ? demanda Paul.

- Je ne te parlais pas.

Paul freina brutalement.

- Qu’est-ce qui te prend ?

- Arrê te ça ! Je te ju re ça megonfle !

- Mais quoi ?

- M a i s q u o i , r e p r i t - i l e ng r i m a ç a n t . To n t r u c a b s u r d e d epar ler tout seul .

- Je ne parle pas tout seul, Paul, je parle àLauren. Je te demande de me faire confiance.

- Arthur, tu es complètement givré. Ilfaut arrêter tout de suite cette histoire, tu asbesoin d’aide.

Arthur haussa le ton.- Il faut tout te dire en deux fois. Bon

sang, je te demande seulement de me faire

se iría al garete. De modo que voy a hacerlo que sea por tomármelo lo menos en serioposible; así seguiré creyendo que estoy enun sueño... o en una pesadilla. El lado bue-no es que las noches de los domingos siem-pre me han parecido tristes, y quieras queno esto da un poco de vidilla.

Lauren se echó a reír.

— ¿A ti te hace gracia? —preguntó Arthur.

— ¿Quieres dejar de hablar solode una vez?

—No hablo solo.

— De acuerdo, hay un fantasma ahí de-trás. Pero deja de hacer apartes con él, mepone nervioso.

— Es ella.

— ¿Quién?

— Es una mujer, y oye todo lo que di-ces.

— Quiero los mismos cigarrillos quefumas tú.

— ¡Conduce!

— ¿Estáis siempre así? —preguntóLauren.

—Muchas veces.

—Muchas veces ¿qué? —preguntó Paul.

—No hablaba contigo.

Paul frenó en seco.

— ¿Qué te pasa? —preguntó Arthur.

— ¡Para ya! ¡Te juro que me ponesnegro!

—Pero ¿qué te pasa?

— ¿Que qué me pasa? ¡Pues que estoyhasta las narices de tu absurdo empeño enhablar solo!

—No hablo solo, Paul, hablo conLauren. Por favor, confía en mí.

—Arthur, estás como un cencerro. Hayque acabar inmediatamente con esta histo-ria; necesitas ayuda.

— ¿Cuántas veces tengo que repetírte-lo, joder? —repuso Arthur levantando lavoz—. Lo único que te pido es que confíes

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confiance !

- Tu m’expliques tout alors, si tu veuxque je te fasse confiance ! hurla Paul.Parce que là tu ressembles à un dément,tu fais des trucs déments, tu parles toutseul, tu crois à des histoires de fantômesà la noix, et tu m’embarques dans unehistoire à la con !

- Roule, je t’en supplie, je vais essayerde t’expliquer, et toi tu vas surtout essayerde comprendre.

Et tandis que l’ambulance traversait laville, Arthur expliquait à son complice detoujours l’inexplicable. Il lui raconta toutdepuis le début, du placard de la salle debains jusqu’à ce soir.

Oubliant la présence de Lauren uninstant , i l lu i par la d’el le , de sesregards, de sa vie, de ses doutes, de sesforces, de ses conversations avec elle,de la douceur des moments partagés, deleurs coups de griffes. Paul l’interrompit.

- S i e l l e e s t v r a i m e n t l à ,tu t’es foutu dans la merde, mon grand.

- Pourquoi ?

- Parce que c’est une vraie déclarationque tu viens de faire.

Paul tourna la tête et fixa son ami. Puisil enchaîna avec un sourire satisfait :

- E n t o u t c a s , t u y c r o i s à t o nh i s t o i r e .

- B i e n s û r q u e j ’ y c r o i s ,pourquo i ?

- Parce que là tu viens vraiment derougir. Je ne t’avais jamais vu rougir, etpuis il enchaîna, hâbleur: «Mademoiselledont on va enlever le corps, si vous êtesvraiment là, je peux vous dire que monpote est très accroché, moi je ne l’aijamais vu comme ça avant ! »

- Tais-toi et roule.

- Je vais y croire à ton histoire, parce quetu es mon ami et que tu ne me laisses pas lechoix. Si l’amitié ce n’est pas de partagertous les délires, alors c’est quoi, on sedemande ? Tiens le voilà, ton hôpital.

- A b o t t e t C o s t e l l o (1)! d i tL a u r e n , l a m i n e r a d i e u s e ,s o r t a n t d e s o n s i l e n c e .

- Où vais-je, maintenant ?

en mí!

— ¡Pues si quieres que confíe enti , cuéntamelo todo! —gritó Paul—. Porque pareces un demente, hacesc o s a s d i s p a r a t a d a s , h a b l a s s ol o ,c r e e s e n h i s t o r i a s d e f a n t a s m a sde pacotil la y me embarcas en unaaventura ridícula!

— Conduce, por favor. Yo intentare con-tártelo y tú harás todo lo posible por enten-derlo, ¿vale?

Y mientras la ambulancia atravesaba laciudad, Arthur le contó a su cómplice desiempre lo increíble. Se lo contó todo des-de el principio, desde la aparición en el ar-mario hasta esa noche.

Olvidando por un instante la presen-cia de Lauren, le habló de ella, de susmiradas, de su vida, de sus dudas, desu fuerza, de sus conversaciones, de laplacidez de los ratos compartidos, desus discusiones .

— Si está realmente aquí —lo interrum-pió Paul—, la has pringado, amigo.

— ¿Porqué?

—Porque lo que atabas tic decir es unadeclaración en luda regla.

—Paul volvió la cabeza y miró asu amigo—. En cualquier caso —añadió,con una sonrisa de satisfacción—, está cla-ro que te crees la historia.

— ¡Pues claro que me la creo! ¿Por quélo dices?

—Porque te has puesto colorado. Nun-ca te había visto sonrojarte, y mira por dón-de... —Y sin solución de continuidad, aña-dió—: Señorita cuyo cuerpo vamos a se-cuestrar, si está realmente aquí, le aseguroque mi colega está muy colgado de usted.¡Yo nunca lo había visto así!

— Cállate y conduce.

—Voy a creerme la historia por-que eres mi amigo y no me dejaselección. Si la amistad no es compar-tir todos los delirios, entonces, ¿quées? Mira, aquí está el hospital.

— ¡Qué pareja más entrañable! —dijoLauren con expresión radiante, saliendo desu silencio.

— ¿Adonde voy ahora?

1. Abott et Costello : célèbre duo de comiquesaméricains.

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Levy’s «Et si...» xxxx

- Dirige-toi vers le sas des urgences etgare-toi. Allume les gyrophares.

Ils descendirent tous les trois et serend i ren t ve r s l ’ accue i l , où uneinfirmière les salua.

- Vous nous amenez quoi ? dit-elle.

- Rien, on vient vous enlever quelqu’un,répondit Arthur d’un ton autoritaire.

- Qui donc ?

Il se présenta sous le nom du docteurBronswick, il venait prendre en charge sapatiente, la dénommée Lauren Kline, quidevait être transférée ce soir. L’aide-soignante lui réclama aussitôt les actes detransfert. Arthur lui tendit la liasse dedocuments. Elle fit mauvaise figure, il fallaitqu’ils arrivent au moment du changementde service ! Ils en auraient au moins pourune demi-heure et elle finissait sa gardedans cinq minutes. Arthur s’en excusa, ilsavaient eu du monde avant. « Moi aussi, jesuis désolée », reprit l’infirmière. Elle leurindiqua la chambre 505 au cinquième étage.Elle signerait leurs documents, les laisseraitsur la banquette de leur ambulance enpartant et préviendrait sa remplaçante. Cen’était pas une heure pour faire un transfert! Arthur ne put s’empêcher de lui répondreque ce n’était jamais la bonne heure, «toujours trop tôt ou trop tard ». Elle secontenta de leur indiquer le chemin.

- Je vais chercher le brancard, dit Paulpour mettre un terme à leur altercation. Jevous rejoins là-haut, docteur !

Elle proposa de les aider du bout deslèvres, Arthur déclina son assistance, luidemandant de sortir le dossier de Lauren etde le déposer avec les autres papiers dansl’ambulance.

- Le doss i e r r e s t e i c i , i l s e ratransféré par voie postale, vous devriezle savoir, dit-elle. Elle eut soudain unehésitation.

- Je le sais, mademoiselle, réponditpromptement Arthur, je ne parle que de sondernier bilan, constantes, numérations, gazdu sang, NFS, chimie, hématocrites.

- T u t e d é m e r d e s r u d e m e n tb i e n , s o u f f l a L a u r e n , o ù a s - t ua p p r i s t o u t ç a ?

- J ’ a i r e g a r d é l a t é l é ,c h u c h o t a - t - i l .

Il pourrait consulter ce rapport dans la

— Dirígete a urgencias y aparca. Encien-de el faro giratorio.

Bajaron los tres y se acercaron al mos-trador de admisión, donde fueron saluda-dos por un enfermera.

— ¿Que nos traéis? —dijo.

—Nada. Venimos a llevarnos a alguien—contestó Arthur en tono autoritario.

— ¿A quién?

Arthur se presentó como el doctorBronswick, iba a hacerse cargo de su pacien-te, que se llamaba Lauren Kline y debía sertrasladada esa noche. La auxiliar le pidió elvolante de traslado y Arthur le tendió todo elfajo de documentos. Ella puso mala cara.¡Tenían que llegar justo en el momento delcambio de servicio! Tardarían por lo menosmedia hora, y sólo faltaban cinco minutospara que ella acabara su turno. Arthur dijoque lo sentían mucho, pero que habían teni-do mucho trabajo hasta ese momento.

—Yo también lo siento —replicó la enfermera.Los envió a la habitación 505, en la quin-

ta planta. Ella firmaría los documentos, selos dejaría sobre el asiento de la ambulan-cia cuando se marchara e informaría a susustituta. ¡No eran horas de hacer un trasla-do! Arthur le contestó sin poderse contenerque nunca era la hora adecuada, «siempredemasiado pronto o demasiado tarde». Ellase limitó a indicarles el camino.

—Voy a buscar la camilla —dijo Paulpara poner fin a la discusión—. ¡Nos ve-mos arriba, doctor!

La enfermera se ofreció a ayudarlos conla boca chica, pero Arthur declinó su ofre-cimiento y le pidió que buscara el expedientede Lauren y lo dejara con los demás pape-les en la ambulancia.

—El expediente se queda de momentoaquí. Lo enviarán por correo; usted deberíasaberlo —dijo ella, como extrañada de lapetición.

—Ya lo sé, señorita —repuso Arthur enel acto—. Me refiero a su último control:constantes, recuentos, gases de la sangre,NFS, química, hematocrito...

—Te desenvuelves increíblemente bien—le susurró Lauren—. ¿Dónde has apren-dido todo eso?

—En la tele —respondió él, también enun susurro.

Ese informe podría consultarlo en la

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chambre, elle proposa de l’accompagner.Arthur l’en remercia et l’invita à finir sonservice à l’heure prévue, il se débrouilleraitsans elle. Nous étions un dimanche, elleavait bien mérité son repos. Paul, qui étaità peine revenu avec le brancard, prit sonacolyte par le bras et l’engageapromptement dans le couloir. L’ascenseurles hissa tous les trois au cinquième étage.Les portes venaient de s’ouvrir sur le palierlorsqu’il s’adressa à Lauren :

- Cela se passe plutôt bien pourl’instant.

- Oui ! répondirent en choeur Lauren etPaul.

- Tu me parlais à moi ? questionna Paul.

- À vous deux.

D’une pièce, surgit en trombe unjeune externe. Arrivé à leur hauteur, ilarrêta net sa course, regarda la bloused’Arthur et le saisit par les épaules.« Vous êtes médecin ? » Arthur futsurpris.

- Non, enfin oui, oui, pourquoi ?

- Suivez-moi, j’ai un problème à la 508,Seigneur que vous tombez bien !L’étudiant en médecine repartit en courantvers la chambre dont il venait.

- Qu’est-ce qu’on fait ? demandaArthur paniqué.

- C’est à moi que tu demandes ça, luirépondit Paul tout aussi terrorisé.

- Non, c’est à Lauren !

- On y va, on n’a pas le choix, je vaist’aider, lui dit-elle.

- On y va, on n’a pas le choix, repritArthur à voix haute.

- Comment ça, on y va ? Tu n’es pastoubib, tu vas peut-être arrêter ton délireavant qu’on ne tue quelqu’un !

- Elle va nous aider.

- Ah, si elle nous aide ! dit Paul en levantles bras au ciel. Mais pourquoi moi ?Pourquoi moi ?

Ils entrèrent tous les trois dans la 508.L’externe était au chevet du lit, une infirmièrel’attendait, il s’adressa paniqué à Arthur :

- Il s’est mis en arythmie cardiaque, c’est

habitación, dijo la enfermera, y se ofrecióde nuevo a acompañarlo. Arthur le dio lasgracias y la animó a acabar su turno a lahora prevista; se las arreglaría solo. Eradomingo, se había ganado de sobra un des-canso. Paul, que acababa de llegar con lacamilla, asió a su cómplice de un brazo yse adentró con él en el pasillo. Subieron lostres en ascensor hasta la quinta planta. Laspuertas acababan de abrirse cuando Arthurcomentó, mirando a Lauren.

— Las curas van bastante bienpor ahora.

— ¡Sí! —contestaron a coro Lauren yPaul.

— ¿Me hablabas a mí? —preguntó Paul.

—A los dos.

De una habitación salió disparadoun joven externo. Al llegar a su altura,se detuvo en seco, miró la bata deArthur y lo agarró de los hombros.

— ¿Es usted médico? —le preguntó,pillándolo desprevenido.

—No, bueno, sí, sí, claro, ¿por qué?

—Venga conmigo. Tengo un problema enla 508. ¡Menos mal que ha aparecido usted!El estudiante de medicina regresó corriendoa la habitación de donde había salido.

—¿Qué hacemos? —preguntó Arthur,presa del pánico.

— ¿A mí me lo preguntas? —repusoPaul, igual de aterrorizado.

— ¡No, a Lauren!

—Vamos, no tenemos elección. Yo teayudare—dijo ésta.

—Vamos, no tenemos elección —repi-tió Arthur en voz alta.

—¿Cómo que vamos? ¡Tú no eresmédico! ¡Será mejor que pongas fin a tu de-lirio antes de matar a alguien!

—Ella nos ayudará.

—Ah, bueno, si ella nos ayuda... —dijoPaul, levantando los brazos hacia el cielo—. Pero ¿por qué yo, Señor? ¿Porqué yo?

En t ra ron lo s t r e s en l a 508 . E lex te rno e s t aba jun to a l a cabece -ra de l a cama con una en fe rmera .

—Tiene arritmia cardíaca y es diabéti-

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Levy’s «Et si...» xxxx

un grand diabétique, je n’arrive pas à lerétablir, je ne suis qu’en troisième année.

- Ça doit lui faire une belle jambe ça,dit Paul.

Lauren souffla à l’oreille d’Arthur :

- Arrache la bande de papier qui sort dumoniteur cardiaque, et consulte-la de façonà ce que je puisse la lire.

- Mettez-moi de la lumière dans cettepièce, dit Arthur d’un ton autoritaire.

Il se dirigea de l’autre côté du lit etarracha d’un geste le tracé del’électrocardiogramme. Il le déroulalargement et se retourna en murmurant : «Tu le vois, là ? »

- C’est une arythmie ventriculaire, il estnul !

Arthur répéta mot pour mot :- C’est une arythmie ventriculaire, vous

êtes nul!

Paul roula des yeux en passant sa mainsur son front.

- Je vois bien que c’est une arythmieventriculaire, docteur, mais qu’est-ce qu’onfait ?

- Non, vous ne voyez rien, vous êtes nul! Qu’est-ce qu’on fait ? reprit Arthur.

- On lui demande ce qu’il a déjà injecté,dit Lauren.

- Qu’est-ce que vous avez déjà injecté?

- Rien!

L’infirmière avait parlé d’un tonhautain qui t raduisai t à quel pointel le étai t exaspérée par l ’externe.

- On est en situation de panique, docteur!

- Vous êtes nul ! reprit Arthur, alorsqu’est-ce qu’on fait ?

- Putain, on ne lui donne pas un cours,parce que le mec est en train de virer toutgris, mon pote, enfin docteur !

- Saint-Quentin (1), on va direct àSaint-Quentin! Paul trépignait.

- Calmez-vous, mon vieux, dit Arthur àPaul, puis se retournant vers l’infirmière :excusez-le, il est nouveau, mais c’était leseul brancardier disponible.

co —le dijo a Arthur, muerto de miedo—.No consigo reanimarlo. Sólo estoy en ter-cero.

—Pues para lo que le sirve... —musitóPaul.

—Corta la tira de papel que sale delmonitor cardíaco —le susurró Lauren aArthur al oído— y mírala de forma que yopueda leerla.

—Enciendan una luz —dijo Arthur entono autoritario.

S e d i r i g i ó a l o t r o l a d o d e l acama y arrancó el papel con el t ra-zado de l e l ec t roca rd iog rama . Lodesenrol ló y se volvió.

— ¿Lo ves así? —murmuró.

— ¡Es una arritmia ventricular! ¡Ese tipoes una nulidad!

—Es una arritmia ventricular —repitióArthur, palabra por palabra—. ¡Es usted unanulidad!

Paul puso los ojos en blanco mientrasse pasaba una mano por la frente.

— Ya s é q u e e s u n a a r r i t m i aventricular, doctor, pero ¿qué hayque hacer?

— ¡Usted no sabe nada, es una nulidad!¿Qué hay que hacer? —repitió Arthur.

—Pregúntale qué le ha inyectado —con-testó Lauren.

— ¿Qué le ha inyectado?

—Nada.

— ¡La situación es crítica, doctor! —intervino la enfermera con un tono de vozque revelaba lo fuera de sí que la había pues-to el externo.

— ¡Es usted una nulidad! —repitióArthur—. A ver, ¿qué hay que hacer?

— ¡Mierda, no le dé ahora una clase,doctor! ¡Este hombre está poniéndose grispor momentos __________________!

— ¡San Quintín, vamos directos a SanQuintín! —exclamó Paul,

— Cálmese, hombre —le dijo Arthur aPaul—, Perdónelo —añadió, volviéndosehacia la enfermera—, es nuevo, pero era elúnico camillero disponible.

1. Saint-Quentin : importante prison de l’État de Californiesituée dans la baie de San Francisco.

X

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Levy’s «Et si...» xxxx

- Néphr ine , en in j ec t ion deuxmilligrammes, et on pose une voiecentrale, et là, ça va se corser, moncoeur ! dit Lauren.

- Néphrine en injection deuxmilligrammes, s’exclama Arthur.

- Il était temps ! Je l’avais préparée,docteur, dit l’infirmière, j’attendais quequelqu’un prenne les choses en main.

- E t ensu i t e on pose une vo iecentrale, annonçat- il d’un ton mi-i n t e r r o g a t i f , m i - a f f i r m a t i f . Vo u ss a v e z p o s e r u n e v o i e c e n t r a l e ?demanda-t-il à l’externe.

- Fais-la poser par l’infirmière, elle vaêtre folle de joie, les toubibs ne les laissentjamais le faire, dit Lauren avant quel’externe ne réponde.

- J e n ’ e n a i j a m a i s p o s é , d i tl’externe.

- Mademoiselle, vous poserez la voiecentrale !

- Non, allez-y, docteur, j’adorerais maison n’a pas le temps, je vous la prépare,merci de votre confiance en tout cas, j’ysuis très sensible.

L’infirmière se rendit à l’autre boutde la pièce pour préparer l’aiguille etle tube.

- Je fais quoi maintenant ? demandaArthur paniqué à voix feutrée.

- On s’en va d’ici, répondit Paul, tune vas pas poser de voie centrale nilatérale, ni rien du tout, on se taille encourant, mon pote !

Lauren reprit :- Tu vas te placer devant lui, tu

viseras à deux doigts sous son sternum,tu sais ce qu’est le sternum ! Je teguiderai si tu n’es pas au bon endroit, tuprésentes ton aiguille inclinée à quinzedegrés, et tu enfonces progressivementmais fermement. Si tu as réussi, unliquide blanchâtre va s’écouler, si turates c’est du sang. Et tu pries pour avoirla chance du débutant parce que sinonon est vraiment dans la merde, nous etle type qui est allongé.

- J e n e p e u x p a s f a i r e ç a !murmura-t-il.

- Tu n’as pas le choix et lui non plus, ilva y passer si tu ne le fais pas.

—Nefrina, una inyección de dosmiligramos, y también aplicaremos una víacentral, ¡Y ahí sí que va a complicarse elasunto, corazón! —dijo Lauren.

—Nefrina, una inyección de dosmiligramos —repitió Arthur.

— ¡ Ya era hora! La tengo preparada,doctor —dijo la enfermera—. Esperaba quealguien tomara las riendas.

—Y después aplicaremos una vía cen-tral —anunció Arthur en una entonaciónmedio interrogativa, medio afirmativa—.¿Sabe usted aplicar una vía central? —lepreguntó al externo.

—Haz que la aplique la enfermera, sepondrá loca de contento. Los médicos nun-ca las dejan hacerlo —dijo Lauren antes deque el externo respondiera.

—No he aplicado nunca ninguna —dijoel externo.

— Señorita, usted aplicará la víacentral.

—No, doctor. Me encantaría, pero notenemos tiempo. Yo se la preparo y usted laaplica. De todas formas, gracias por la con-fianza, es todo un detalle.

La enfermera se fue al otro extremode la habitación para preparar la aguja yel tubo.

— ¿Qué hago ahora? —preguntó en vozbaja Arthur, presa del pánico.

—Nos vamos de aquí—contestó Paul—. Tú no vas a aplicar ni vía central, ni late-ral, ni nada de nada. ¡Nos abrimos ahoramismo, tío!

— Sitúate delante de él —dijoLauren— y apunta a una altura de dosdedos por debajo del esternón. Sabes quées el esternón, ¿no? Yo te guiaré si no vasbien encaminado. Coloca la aguja con unainclinación de quince grados y clávalapoco a poco pero con firmeza. Si has acer-tado, fluirá un líquido blancuzco; si hasfallado, será sangre. Y reza para tener lasuerte del principiante, porque si no, en-tonces sí que la hemos pringado, nosotrosy el tipo que está ahí tendido.

— ¡No puedo hacer eso! —murmuróArthur.

—No tienes elección, y él tampoco.Morirá si no lo haces.

1 VISER I. V. tr. 1. (1610). Regarder attentivement (unbut, une cible), afin d'atteindre par un coup, par unprojectile. 2. (1876). Fig. Avoir en vue, s'efforcerd'atteindre (un résultat). 3. (Sujet n. de chose).Regarder, s'appliquer à. 4. (XXe). Fam. Regarder.II. V. tr. ind. (1398). VISER à. 1. Diriger un objet,une arme sur (qqch.). 2. (XIVe). Avoir en vue (unefin, un résultat), tendre à.“-III. V. intr. 1. (XIIe). Dirigerattentivement son regard (et, par ext., un objet, unearme) vers le but, la cible à atteindre. 2. (Mil. XIXe).Viser haut (bas) : avoir des ambitions très grandes(modestes). VISÉ, ÉE p. p. et adj. 1. Se dit del'objectif que l'on se propose d'atteindre avec unearme. 2. (Personnes). Fig. Concerné.

2. VISER v. tr. Voir, examiner un acte et le revêtir d'unvisa ou d'une mention qui le rend valable.

viser I vtr 1. (blanco) apuntar a. 2. fig (puesto)aspirar. 3. (persona) concernir a. 4. fam (chica,coche) echar el ojo a. 5. Admin visar. II vi 1.(para disparar) apuntar (à, a). 2. (objetivo) pre-tender; v. haut apuntar alto

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- Tu m’as appelé mon coeur ouj’ai rêvé ?

L a u r e n s o u r i t : « Va s - y e tr e s p i r e u n b o n c o u p a v a n td’enfoncer. » L’ in f i rmiè re rev in tv e r s e u x e t p r é s e n t a l a v o i ecentrale à Arthur. « Sais is- la par lebout en p las t ique , bonne chance !» Arthur présenta l ’a igui l le là oùL a u r e n l e l u i a v a i t i n d i q u é .L’infirmière le regardait at tentivement.« Parfait, murmura Lauren, incline unpeu moins , vas-y d’un seul ges temaintenant. » L’aiguille s’enfonçadans le thorax du patient. « Arrête-toi,retourne le petit robinet sur le côté du tuyau.»Arthur s’exécuta . Un fluide opaquecommença à s’écouler par le tube.«Bravo, tu t’y es pris de main de maître,dit-elle, tu viens de le sauver. » Paul, quiavait failli perdre connaissance par deuxfois, n’en finissait pas de répéter à voixbasse : « Je ne peux pas le croire. » Libérédu liquide qui l’écrasait, le coeur dudiabétique reprit un rythme normal.L’infirmière remercia Arthur. « Je vaism’en occuper maintenant », dit-elle.Arthur et Paul la saluèrent et ressortirent dans lecouloir. En quittant la pièce, Paul ne puts’empêcher de repasser la tête par la porte, et delancer à l’externe : « Vous êtes nul ! »

Tout en marchant il s’adressa à Arthur :

- Là, tu viens de me fa i re unefrayeur !

- Elle m’a aidé, elle m’a tout soufflé,murmurat- il.

P a u l h o c h a l a t ê t e :«Je vais me réveiller et quand je tetéléphonerai pour te raconter le cauchemarque je suis en train de faire, tu vas rire, tune peux même pas imaginer ce que tu vasrire et te moquer de moi ! »

- Viens, Paul, on n’a pas de temps àperdre, enchaîna Arthur.

Ils entrèrent tous les trois dans la salle505. Arthur appuya sur l’interrupteur,et les néons se mirent à vibrer. I ls’approcha du lit.

- Aide-moi, dit-il à Paul.

- C’est elle ?

- Non, c’est le type à côté, bien sûr quec’est elle ! Approche le brancard le longdu lit.

- T u a s f a i t ç a t o u t e t a

—Me has llamado antes «corazón» o lohe soñado?

Lauren sonrió.—Adelante, y respira hondo antes de

clavar la aguja.La enfermera se acercó a ellos y le ten-

dió la vía central a Arthur.—Tómala por el extremo de plástico.

¡Buena suerte!Arthur colocó la aguja a la altura que

Lauren le había indicado. La enfermera lomiraba atentamente.

—Perfecto —murmuró Lauren—.Inclínala un poco menos..., clávala yacon decisión. La aguja se introdujo enel tórax del paciente. —¡Para ya! Hazgirar la llave que hay en el tubo.

Arthur obedeció. Un líquido opaco co-menzó a fluir por el tubo.

— ¡Muy bien! Lo has hecho con manomaestra —dijo Lauren—. Acabas de salvar-lo. Paul, que había estado dos veces a puntode perder el conocimiento, no paraba derepetir en voz baja: «No puedo creerlo.» Elcorazón del diabético, liberado ya del líqui-do que lo aplastaba, recuperó un ritmo nor-mal. La enfermera le dio las gracias a Arthur.

—Ahora ya me ocupo yo —dijo.Arthur y Paul se despidieron y salieron

al pasillo. Paul asomó la cabeza por la puer-ta, sin poder evitarlo, y le espetó al externo:

— ¡Es usted una nulidad!

Y mientras caminaban, le dijo a Arthur:

—¡Me has hecho pasar un miedo horro-roso!

—Ella me ha ayudado, me ha dicho todolo que tenía que hacer.

Paul meneó la cabeza.—Voy a despertarme, y cuando te lla-

me por teléfono para contarte la pesa-dilla que estoy teniendo, te echarás areír. ¡No te puedes ni imaginar lo quevas a reírte y burlarte de mí!

— Va m o s , P a u l , n o t e n e m o st i e m p o q u e p e r d e r.

Entraron los tres en la habitación505. Arthur pulsó el interruptor y lostubos de neón empezaron a vibrar. Seacercó a la cama.

—Ayúdame —le dijo a Paul.

— ¿Es ella?

—No, es el tipo de al lado... ¡Puesclaro que es ella! Acerca la camillaa la cama.

— ¿Es que te has pasado la vida hacien-

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v i e ?

- Voilà, passe tes mains sous sesg e n o u x , e t f a i s a t t e n t i o n à l aperfusion . À t rois on la soulève.Trois !

Le corps de Lauren fut placé sur lebrancard roulant. Arthur replia lescouvertures sur elle, décrocha le bocal dela perfusion et le raccrocha sur la patèreau-dessus de sa tête.

- Phase 1 achevée, maintenant onredescend vite mais sans précipitation.

- Oui, docteur ! répondit Paul d’un tonagacé.

- Vous vous débrouillez très bien tousles deux, murmura Lauren.

Ils retournèrent vers l’ascenseur.L’infirmière l’appela du bout du couloir,Arthur se retourna lentement.

- Oui, mademoiselle ?

- Tout va bien maintenant, besoin d’uncoup de main ?

- Non, tout va bien ici aussi.

- Merci encore.

- Il n’y a pas de quoi.

Les portes s’ouvrirent et ilss’engouffrèrent dans la cabine. Arthur etPaul soupirèrent de concert.

- Trois top-modèles, quinze jours àHawaii, une Testa Rossa et un voilier !

- Qu’est-ce que tu dis ?

- Mes honoraires, je suis en train de tecalculer mes honoraires pour ce soir.

Le hall était désert lorsqu’ils sortirentdu montemalades.

Ils le traversèrent d’un pas rapide. Lecorps de Lauren fut chargé à l’arrière del’ambulance. Puis ils prirent leur placerespective.

Sur celle d’Arthur il y avait lesdocuments de transfert, et un post-it : «Téléphonez-moi demain, il manque deuxinformations sur le dossier de transfert,Karen (415) 725 00 00-poste 2154. PS :Bonne continuation. »

L’ambulance quitta le Mémorial

do esto?

—Eso es, pasa las manos por deba-jo de las rodillas, y ten cuidado con laperfusión. A la de tres la levantamos.Uno, dos... ¡tres!

El cuerpo de Lauren fue traslada-do a la camilla con ruedas. Arthur loarropó, descolgó el frasco de la per-fusión y lo colgó del gancho que que-daba encima de su cabeza.

—Fase 1 finalizada. Ahora bajamosdeprisa pero sin precipitarnos.

— ¡Sí, doctor! —contestó Paul en tonomalhumorado.

— Os desenvolvéis muy bien—mur-muró Lauren.

Regresaron hacia el ascensor. Desde elotro extremo del pasillo, la enfermera llamóa Arthur, que se volvió lentamente.

—¿Sí?

—Todo va ya perfectamente. ¿Quiereque le eche una mano?

—No, aquí también va todo bien.

—Gracias otra vez.

—De nada.

S e a b r i e r o n l a s p u e r t a s ye n t r a r o n e n l a cabina. Arthur yPaul suspiraron al unísono.

— ¡Tres topmodels, quince días enHawai, un Testarossa y un velero!

— ¿Cómo dices?

—Mis honorarios por esta noche_______________ .

El vestíbulo estaba vacío cuando salie-ron del ascensor.

Lo cruzaron a paso rápido. Cargaron elcuerpo de Lauren en la parte trasera de laambulancia y después ocupa. ron sus res-pectivos asientos.

Encima del de Arthur estaban los do-cumentos de traslado acompañados deuna nota: «Llámeme mañana. Faltan dosdatos en el formulario de traslado. Karen(415) 725 00 00extensión 2154. P.D.:Buen seguimiento.»

La ambulancia salió del Memorial

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

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Levy’s «Et si...» xxxx

Hospital.

- Finalement, c’est assez facile depiquer un malade, dit Paul.

- C’est parce que ça n’intéresse pasbeaucoup de gens, répondit Arthur.

- J e l e s c o m p r e n d s . O ù v a -t - o n ?

- D’abord à l’appartement puis dans unendroit qui est aussi dans le coma et quenous allons réveiller tous les trois.

L’ambulance remonta Market Street etbifurqua dans Van Ness. L’habitacle étaitsilencieux.

Conformément au plan établi parArthur, il leur fallait encore retourner chezlui transférer le corps dans sa voiture.Tandis que Paul rapporterait le véhiculeemprunté au garage de son père, Arthurdescendrait toutes les affaires préparéespour le voyage et le séjour à Carmel. Lematériel de pharmacie avait étésoigneusement emballé et stocké dans legrand frigo General Electric.

En arrivant devant le garage, Paulactionna la télécommande de la portecoulissante, rien ne se produisit.

- C’est toujours comme ça dans lesmauvais polars, dit-il.

- Que se passe-t-il ? questionna Arthur.

- Non, dans les mauvais polars, levoisin prend un air plus macho etmoins maniéré et dit : « C’est quoi cebordel ? » Là, en l’occurrence, c’est taporte télécommandée qui ne s’ouvrepas, et c’est une ambulance du garagede mon père, avec un corps dedans, quies t ga rée devan t ton immeuble àl’heure où tous tes voisins vont allerfaire pisser leur chien.

- Merde alors !

- C’est à peu de chose près ce que jedisais, Arthur.

- Passe-moi la télécommande !

Paul s’exécuta en haussant lesépaules. Arthur appuya nerveusement surle bouton, sans que rien se produise.

- Et en plus il me prend pour un débile.

- La pile est morte, enchaîna Arthur.

Hospital.

—Pues es bastante fácil llevarse a unenfermo —comentó Paul.

—Porque no es una cosa que le interesehacer a mucha gente —contestó Arthur.

—Me parece muy comprensible. ¿Adon-de vamos?

—Primero a mi casa, y después a un si-tio que también está en coma y que vamos adespertar entre los tres.

La ambulancia subió por Market Streety giró en Van Ness. En su interior reinaba elsilencio.

Según el plan trazado por Arthur,deberían volver a su casa y trasladar elcuerpo a su coche. A continuación,mientras Paul llevaba el vehículo al ga-raje de su padre, Arthur bajaría toda»las cosas preparadas para el viaje y laestancia en Carmel. El material farma-céutico había sido cuidadosamente em-paquetado y almacenado en el gran fri-gorífico General Electric.

Al llegar ante el garaje, Paul accio-nó el mando a distancia de la puerta des-lizante, pero ésta no se movió.

— En las noveluchas policíacas siem-pre pasan cosas así—dijo.

—¿Qué ocurre? —preguntó Arthur.

—No, en las noveluchas policíacas, elcompinche adopta una actitud menos afec-tada y más chulesca y dice: «¿Qué cabro-nada es ésta?» En este caso, se trata de lapuerta teledirigida de tu aparcamiento,que no se abre, y estamos en una ambu-lancia del garaje de mi padre, con un cuer-po dentro, delante de tu casa a la hora enque todos tus vecinos van a sacar al perroa hacer pipí.

—¡Mierda!

—Eso es más o menos lo que yo decía,Arthur.

—Pásame el mando.

Paul se lo entregó, encogiéndose dehombros. Arthur, nervioso, pulsó el botón,pero la puerta siguió sin abrirse.

—Y encima me toma por un inútil.

— Se ha acabado la pila —dijo Arthur.

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Levy’s «Et si...» xxxx

- C’es t la pi le bien sûr, a rguaPaul sarcast ique, tous les génies sef o n t p i q u e r à c a u s e d ’ u n d é t a i lcomme ça.

- Je cours en chercher une, fais letour du pâté de maisons .

- Tu peux prier pour en avoir une danstes tiroirs, génie !

- Ne réponds pas et monte, enchaînaLauren.

Arthur descendit de l’ambulance etgravit l’escalier à toute hâte, il entra entrombe dans l’appartement, et commença àfouiller tous les tiroirs. Aucune pile en vue.Il vida celui du secrétaire, ceux de lacommode, ceux de la cuisine, pendant quePaul enchaînait son cinquième tour de pâtéde maisons.

- Là, si je ne me fais pas repérerpar une patrouille, je suis le mec leplus cocu de la ville, maugréa Paulen entamant son sixième tour, juste aumoment où il croisait une voiture de police.« Ben non, je ne suis pas cocu et là pourtantça m’aurait bien arrangé ! »

La voiture s’arrêta à sa hauteur, lepolicier lui fit signe de baisser sa vitre, ils’exécuta.

- Vous êtes perdu ?

- Non, j’attends un collègue qui estmonté chercher des affaires et on ramèneDaisy au garage.

- Qu i e s t Da i sy ? demanda l epo l i c ie r.

- L’ambulance, c’est son dernier jour,elle a fait son temps, dix ans qu’on tourneensemble, elle et moi, c’est dur de seséparer, vous comprenez ? Des tas desouvenirs, tout un pan de vie. Le policierhocha la tête. Il comprenait, il lui demandade ne pas trop traîner. Ils allaient générerdes appels au central. Les gens étaient d’unenature curieuse et inquiète dans ce quartier.« Je sais, j’y habite, monsieur l’agent, jeprends mon collègue et on rentre. Bonnenuit ! » L’agent lui souhaita égalementbonne nuit et la voiture de patrouilles’éloigna. À l’intérieur le conducteur pariadix dollars avec son coéquipier qu’iln’attendait personne.

- I l ne do i t pas se r é soudre àr a m e n e r s a g u i m b a r d e . D i x a n sdedans , ça do i t f a i re de l a pe inequand même.

— Claro, es la pila —repuso Paul, sar-cástico—. A todos los genios acaban echán-doles el guante por culpa de un detalle comoése.

—Voy a busca r una . Tú da l avuelta a la manzana mientras tanto.

— ¡Reza para encontrar una en algúncajón, genio!

—No contestes y sube a casa —intervi-no Lauren.

Arthur bajó de la ambulancia y su-bió corriendo la escalera, entró precipi-tadamente en el apartamento y empezóa registrar todos los cajones. Ningunapila a la vista. Vació el del secreter, losde la cómoda, los de la cocina... Mien-tras canto, Paul daba la quinta vuelta ala manzana.

— Si consigo no llamar la atención deuna patrulla es que soy el tipo con mássuerte de toda la, ciudad —masculló Paulal iniciar la sexta vuelta, justo un momentoantes de que apareciera un coche de poli-cía—. Pues no, no he tenido suerte, con lobien que me hubiera ido...

El coche se detuvo a su altura y el poli-cía le indicó que bajara la ventanilla. Paulobedeció.

— ¿Se ha perdido?

—No. Estoy esperando a un compañeroque ha subido a buscar unas cosas. Vamos allevar a Daisy al garaje.

— ¿Quién es Daisy? —preguntó elpolicía.

—La ambulancia. Es su último día, leha llegado la hora... Llevamos diez añosjuntos ella y yo, y resulta duro separarse,¿sabe? Montones de recuerdos, toda unavida... El policía asintió con la cabeza. Loentendía, sí, pero le pidió que no se entretu-viera mucho. De lo contrario, en la centralempezarían a recibir llamadas. En aquelbarrio, la gente era curiosa e inquieta.

—Lo sé, agente, vivo aquí. En cuantobaje mi compañero nos vamos. Buenas no-ches. El agente le dio también las buenasnoches y el coche de policía se alejó. En elinterior, el conductor se apostó diez dólarescon su compañero a que no estaba esperan-do a nadie.

—Seguramente no se decide a entregarel cacharro. La verdad es que debe de darpena, después de llevar diez años condu-ciéndolo.

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- Ouais ! Et d’un autre côté ce sont lesmêmes qui manifestent parce que la mairiene leur donne pas de fric pour changer dematériel.

- Mais quand même dix ans, ça crée desliens.

- Ça crée des liens, oui...

L’appartement était presque aussi sensdessus dessous qu’Arthur. Soudain il sefigea au milieu du salon en quête d’une idéequi les sauverait.

- La télécommande de la télévision,murmura Lauren.

Stupéfait, il se retourna vers elle et sejeta sur le boîtier noir. Il arrachalittéralement la trappe à l’arrière et en retirala pile carrée qu’il mit rapidement dans lacommande du garage. Il courut à la fenêtreet appuya sur le bouton.

Paul fu lminant entamait sonneuvième passage quand il vit la portes’ouvrir. Il s’engouffra en priant pourqu’elle se referme plus vite qu’elle nes’était ouverte. « C’était vraiment lapile, mais qu’il est con ! »

Pendant ce temps, Arthur redescendaitles escaliers jusqu’au garage.

- Ça a été ?

- Pour moi ou pour toi maintenant ? Jevais t’étriper !

- A i d e - m o i p l u t ô t , o n ae n c o r e d u b o u l o t .

- M a i s j e n e f a i s q u e ç a d et ’ a i d e r !

Ils transportèrent le corps de Laurenavec beaucoup de délicatesse. Ils l’assirentà l’arrière, le bocal de la perfusion coincéentre les deux accoudoirs etl’emmitouflèrent dans une couverture. Satête reposait contre la portière, del’extérieur tout le monde aurait cru qu’elledormait.

- J’ai l’impression d’être dans un filmde Tarantino, pesta Paul. Tu sais, le truandqui se débarrasse...

- Tais-toi ! Tu vas dire une connerie.

- P o u r q u o i , o n e n e s t à u n econnerie près ce soir ? C’est toi quivas ramener l’ambulance ?

—Sí, pero ésos son los mismosque se manifiestan porque el ayun-tamiento no les da pasta para renovarel material.

—Ya , p e r o d i e z a ñ o s u n e n m u -c h o .

—Unen mucho, sí...

El apartamento estaba casi tan revuel-to como Arthur. De pronto, éste se quedóinmóvil en medio del salón, intentandopensar algo que los salvara.

—El mando del televisor —murmu-ró Lauren.

Se volvió hacia ella, estupefacto, yse abalanzó sobre la pequeña caja ne-gra. Arrancó literalmente la tapa, sacóla pila cuadrada y la puso rápidamenteen el mando del garaje. Corrió hacia laventana y pulsó el botón.

Paul, furioso, se disponía a dar lanovena vuelta cuando vio que la puer-ta se abría. Se metió, rezando para quese cerrara más deprisa de lo que se ha-bía abierto. «Era realmente la pila.¡Será tonto!»

Ent re tan to , Ar thur ba jó por l aesca le ra has ta e l gara je .

—Encontré una.

— ______________________¡Voy amatarte!

—En vez de acabar conmigo, será mejorque me ayudes. Todavía tenemos trabajo.

—¡Pero si no hago otra cosa queayudarte!

Trasladaron el cuerpo de Laurencon gran delicadeza. Lo sentaron de-trás, con el recipiente de la perfusióncolocado entre los dos brazos, y loarroparon con una manta. La cabezareposaba en la portezuela; desde fue-ra, todo el mundo hubiera creído queestaba dormida.

— Tengo la impresión de estar en unapelícula de Tarantino —dijo Paul—, conun gángster que quita de en medio...

— ¡Cállate, no digas idioteces!

— ¿ Y qué? ¿Estamos sensibles a lasidioteces esta noche? ¿Eres tú el que va adevolver la ambulancia?

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

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- Non, mais c’est parce qu’ellees t à cô té de to i e t tu a l la i s ê t reblessant, voilà tout.

Lauren mit la main sur son épaule.

- Ne vous engueulez pas, vous avez euune dure journée tous les deux, dit-elled’une voix apaisante.

- Tu as raison, continuons.

- J’ai raison quand je ne dis rien ?maugréa Paul.

Arthur enchaîna :- Va au garage de ton père, je passe

te prendre dans dix minutes, je montechercher les équipements.

Paul monta dans l’ambulance, laporte du garage s’ouvrit cette fois sanscaprice, et il sortit sans dire un mot. Aucroisement d’Union Street il ne vit pasla voiture de patrouille qui l’avaitinterpellé tout à l’heure.

- Laisse passer une voiture et suis-le !dit le policier.

L’ambulance tourna dans Van Ness,suivie de près par le véhicule 627 de lapolice municipale. Lorsqu’elle entra dixminutes plus tard dans la cour du garage,les policiers ralentirent, et reprirent leurronde normale. Paul ne sut jamais qu’il avaitété filé. Arthur arriva un quart d’heure plustard. Paul sortait dans la rue et monta àl’avant de la Saab.

- T u a s v i s i t é S a nF r a n c i s c o ?

- J’ai roulé doucement, à cause d’elle.

- Tu as prévu que l’on arrive à l’aube?

- Exactement, et détends-toi maintenant,Paul. Nous avons presque réussi. Tu viens deme rendre un service inestimable, je le sais, ceque je ne sais pas, c’est comment te le dire, ettu as pris des risques, je le sais aussi.

- Allez roule, j’ai horreur desremerciements.

La voiture sortit de la ville par la route280 sud. Très vite ils bifurquèrent versPacifïca, avant de s’engager sur la routen° 1, celle qui longe les falaises, cellequi mène à la baie de Monterey, versCarmel, celle qu’aurait dû emprunterLauren un matin du début de l’été dernier,au volant de sa vieille Triumph.

—No, lo que pasa es que ella se encuen-tra a tu lado y estabas a punto de decir algoque iba a resultarle hiriente.

Lauren apoyó una mano en su hombro.

—No d i scu tá i s . Los dos habé i st e n i d o u n d í a d u r o — d i j o e n u ntono apac iguador.

—Tienes razón. Continuemos.

—¿Tengo razón cuando no digo nada?—masculló Paul.

—Ve al garaje de tu padre —prosiguióArthur—. Yo pasaré a buscarte dentro dediez minutos. Voy a subir a buscar el restode las cosas.

Paul subió en la ambulancia y salió sindecir nada. Esta vez, la puerta del garaje sehabía abierto a la primera. En el cruce deUnion Street estaba el coche de policía ocu-pado por los agentes que se habían dirigidoantes a él, pero Paul no lo vio.

—Deja pasar un coche y síguelo —dijouno de ellos.

La ambulancia giró en Van Ness, se-guida de cerca por el vehículo 627 de lapolicía municipal. Cuando diez minutosmás tarde entró en el garaje, los policíasaminoraron la marcha y reanudaron suronda normal. Paul no supo nunca que lohabían seguido. Arthur llegó un cuartode hora más tarde. Paul salió a la calle ysubió al coche.

— ¿Has hecho una visita turística porSan Francisco?

— He conducido despacio por ella.

— ¿Has planeado llegar al amanecer?

—Exacto, y ahora relájate, Paul.Casi lo hemos logrado. Acabas de ha-cerme un favor inestimable, lo sé; loque no sé es cómo decírtelo. Y te hasarriesgado, también lo sé.

—Venga, conduce. No soporto los agra-decimientos.

El coche salió de la ciudad por la carre-tera 280 sur. Enseguida se desviaron haciaPacifica, antes de adentrarse en la carreteranúmero 1, la que bordea los acantilados, laque conduce a la bahía de Monterrey, aCarmel, la que debería haber tomado Laurenuna mañana de principios del verano ante-rior, al volante de su viejo Triumph.

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Le paysage était spectaculaire. Lesfalaises semblaient se découper dans la nuit,comme une dentelle noire. Une luneinachevée dessinait les contours de la route.Ils roulaient ainsi au son des harmonies duconcerto pour violon de Samuel Barber.

Arthur avait confié le volant à Paul, ilregardait par la fenêtre. Au bout de cevoyage l’attendait un autre réveil. Celui debien des souvenirs endormis pendant silongtemps...

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Arthur avait fait ses classesd’architecture à l’université de SanFrancisco. À vingt-cinq ans il avait revendule petit appartement que sa mère lui avaitlégué et partait en Europe, à Paris,pour suivre deux années d’études àl’école Camondo. Il s’installa dans unpetit studio rue Mazarine et vécutdeux années passionnantes. Il partitensuite poursuivre une année d’étudesà Florence avant de retourner dans saCalifornie natale.

Bardé de diplômes, il entra chezMiller, architecte designer réputé de laville, y fit ses deux années de stage,travailla à mi-temps au MOMA (1). C’estlà qu’il y retrouva Paul, son futur associé,avec lequel il créa deux ans plus tard unatelier d’architecture. Porté par ledéveloppement économique de la région,le cabinet acquit d’année en année unepetite notoriété, employant près de vingtpersonnes. Paul faisait « des affaires »,Arthur dessinait, meubles, immeubles,maisons et objets. Chacun son domaineet jamais d’ombre entre ces deux amis querien ni personne n’éloignait l’un de l’autreplus de quelques heures. Beaucoup depoints communs les réunissaient. Un senscommun de l’amitié, du goût de vivre etdes enfances chargées d’émotionscomparables. De manques identiques.Comme Paul, Arthur avait été élevé parsa mère. Si le père de Paul avaitabandonné sa famille quand il avait cinqans sans jamais reparaître, Arthur avaittrois ans quand son père était parti pour

El paisaje era espectacular. Los acanti-lados parecían recortarse en la oscuridadcomo un encaje negro. Una luna inacabadadibujaba los contornos de la carretera. Cir-culaban a los sones del concierto para vio-lín de Samuel Barber.

Arthur había dejado a Paul al volante ymiraba por la ventanilla. Al final de aquelviaje le esperaba otro despertar. El de mu-chos recuerdos dormidos durante muchotiempo.

10

Arthur había estudiado arquitectu-ra en la universidad de San Francis-co. A los veinticinco años había ven-dido el pequeño apartamento que ha-bía heredado de su madre y se había mar-chado a Europa, a París, para realizar doscursos en la escuela Camando. Se había ins-talado en un pequeño estudio de la calleMazarme y había vivido dos añosapasionantes. Después había hecho un cur-so de un año en Florencia antes de regresara su California natal.

Cargado de diplomas, entró en el estu-dio de Mülcr, arquitecto diseñador muy fa-moso en la ciudad, donde realizó los dosaños de prácticas mientras trabajaba a tiem-po parcial en el Museo de Arte Moderno.Allí fue donde conoció a Paul, su futurosocio, con el que dos años más tarde montóun estudio de arquitectura. Gracias al desa-rrollo económico de la región, el estudio fueadquiriendo poco a poco notoriedad y llegóa emplear a cerca de veinte personas. Paulhacía «negocios» y Arthur dibujaba: mue-bles, inmuebles, casas y objetos. Jamás huboninguna sombra entre esos dos amigos a losque nada ni nadie mantenía alejados uno deotro más de unas horas, tenían muchos pun-tos en común que los unían. Un sentido dela amistad similar, el placer de vivir y unainfancia cargada de emociones comparables.Las carencias también eran idénticas. Aligual que Paul, Arthur había sido criado porsu madre. £1 padre de Paul había abando-nado a su familia cuando el niño tenía cincoaños y no había vuelto a aparecer; Arthurtenía tres años cuando su padre se marchó a

1. MOMA : Musée d’art moderne.

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l’Europe. « Son avion est monté si hautdans le ciel qu’il en est resté accroché auxétoiles. »

Tous deux avaient grandi à la campagne.Tous deux avaient connu le pensionnat. Toutseuls ils étaient devenus des hommes.

Lilian avait attendu longtemps, puisavait fait son deuil, en apparence tout dumoins. Les dix premières années de sa vie,Arthur les passa hors de la ville, au bordde l’océan, près du délicieux village deCarmel, où Lili, c’était le surnom qu’ildonnait à sa mère, possédait une grandemaison. Tout en bois blanc, ellesurplombait la mer, perchée en haut d’unvaste jardin qui plongeait jusqu’à la plage.Antoine, un vieil ami de Lili, vivait dansune petite annexe de la propriété. Artisteéchoué là, Lili l’avait accueilli, « recueilli», disaient les voisins. Il entretenait avecelle le parc, les clôtures et les façades enbois repeintes presque chaque année, et delongues conversations le soir. Ami,complice, il était pour Arthur la présencemasculine qui avait disparu quelquesannées plus tôt de la vie de l’enfant. Arthurfit ses premières écoles à la communalede Monterey. Le matin, Antoine l’ydéposait, le soir vers seize heures sa mèrevenait l’y rechercher. Ces années-là furentprécieuses dans sa vie. Sa mère était aussisa meilleure amie. Lili lui apprit tout cequ’un coeur peut aimer. Elle le réveillaitparfois tôt le matin, simplement pour luiapprendre à regarder les levers du soleil,à écouter les bruits du début du jour. Ellelui enseigna les essences des fleurs. Au seuldessin d’une feuille elle lui faisaitreconnaître l’arbre qu’elle habillait. Dansle grand parc qui borde la maison deCarmel et qui se jette dans la mer, ellel’emmenait découvrir chaque détail d’unenature qu’elle «poliçait» par endroits,qu’elle laissait volontairement sauvage end’autres lieux. Aux deux saisons quemarquent le vert et l’ambre, elle lui faisaitréciter le nom des oiseaux qui venaientfaire halte sur les cimes des séquoiasdurant leur long voyage.

Au potager qu’Antoine entretenait avecrespect, elle lui faisait cueillir les légumespoussés comme par magie, « seulementceux qui étaient prêts ». Au bord de l’eau,elle lui faisait compter les vagues quivenaient certains jours caresser les rochers,comme pour tenter de se faire pardonnerleurs violences d’autres saisons, « pourprendre le souffle de la mer, sa tension, sonhumeur du jour ». « La mer porte le regard,la terre nos pieds », disait-elle. À l’intensitédu mariage qui unit les nuages aux vents,elle lui montrait comment deviner le temps

Europa . «Su av ión subió tan a r r i -ba que se quedó enganchado en lases t re l las .»

Los dos habían crecido en el cam-po. Los dos habían estado internos.Se habían hecho hombres solos.

Lilian había esperado mucho tiempo yfinalmente le había dicho adiós a su mari-do, al menos aparentemente. Los diez pri-meros años de su vida, Arthur los había pa-sado fuera de «la ciudad, a orillas del mar,cerca del delicioso pueblo de Carmel, don-de Lili —así era como él llamaba a su ma-dre— tenía una gran casa. Estaba construi-da en madera blanca y rodeada de un vastojardín que descendía hasta la playa. Antoine,un viejo amigo de Lili, vivía en un pequeñoanexo de la propiedad. Se trataba de un ar-tista que había ido a parar allí y a quien Lilihabía acogido, o «recogido», como decíanlos vecinos. Mantenía con ella el jardín, lascercas y las fachadas de madera, que pinta-ban casi todos los años, así como largasconversaciones por la noche. Amigo y cóm-plice, para Arthur era la presencia masculi-na que había desaparecido unos años antesde su vida. Arthur empezó a ir al colegiomunicipal de Monterrey. Por la mañana lollevaba Antoine, y por la tarde, hacia lascuatro, iba a buscarlo su madre. Aquellosaños de su vida fueron preciosos. Su madreera además su mejor amiga. Lili le enseñótodo lo que un corazón puede amar. A ve-ces lo despertaba temprano, simplementepara enseñarle a contemplar la salida del sol,a escuchar los ruidos del día que nace. Leenseñó a distinguir los perfumes de las flo-res. Por el simple borde de una hoja le ha-cía reconocer el árbol al que pertenecía. Lollevaba al gran jardín que rodeaba la casade Carmel y que descendía hasta el mar, paradescubrir todos los detalles de una natura-leza que ella «civilizaba» en algunas zonas,mientras que otras las dejaba deliberada-mente silvestres. En las dos estaciones mar-cadas por el verde y el ámbar, le hacía reci-tar el nombre de los pájaros que hacían unalto en las copas de las secuoyas en un pa-réntesis de su largo viaje.

En el huerto que Antoine cultivaba conveneración, le hacía recolectar las verdurasque crecían como por arte de magia, «sólolas que estaban a punto». A orillas del mar,le hacía contar las olas que algunos días ibana acariciar las rocas, como para tratar de quese les perdonara su violencia de otras esta-ciones, «para captar la respiración del mar,su tensión, su estado de ánimo». «El marsostiene la mirada; la tierra, nuestros pies»,decía. Por la intensidad del vínculo que unelas nubes a los vientos, le enseñaba cómoadivinar el tiempo que haría sin lugar a du-

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qui viendrait certainement, et rares étaientles fois où elle se trompait. Arthurconnaissait chaque parcelle de son jardin,il pouvait s’y déplacer les yeux clos, mêmeà reculons. Aucun recoin ne lui étaitétranger. Chaque terrier avait un nom, ettout animal qui décidait de s’y endormirpour toujours, sa sépulture. Mais plus quetout, elle lui avait appris à aimer et à taillerles roses. La roseraie était un lieu commeempreint de magie. Cent parfums s’ymélangeaient. Lili l’y emmenait pour luiraconter des histoires où les enfants rêventde devenir adultes et les adultes deredevenir enfants. De toutes les fleurs, ellesétaient ses préférées.

Une matinée du début de l’été, elle étaitentrée dans sa chambre à l’orée du jour,s’était assise sur le lit près de sa tête, etcaressait ses boucles.

- Debout, mon Arthur, lève-toi, jet’emmène.

Le petit garçon avait attrapé les doigtsde sa mère, les avait serrés dans sa petitemain et s’était retourné, la joue contre sapaume. Son visage s’était éclairé d’unsourire qui traduisait parfaitement latendresse du moment. La main de Lili avaitune odeur qui ne s’effacerait jamais de lamémoire olfactive d’Arthur. Mélange deplusieurs essences de parfum qu’ellecomposait assise à sa coiffeuse, et qu’ellepassait chaque matin sur son cou. Un deces souvenirs qui se lient à la mémoire desfragrances.

- Allez viens, mon chéri, nous avons unecourse contre le soleil à faire. Rejoins-moien bas dans la cuisine dans cinq minutes.

L’enfant avait enfilé un vieux pantalonde coton, mis un gros pull sur ses épauleset s’étirait en bâillant. Il s’était habillé ensilence, elle lui avait appris à respecter laquiétude de l’aube, avait chaussé ses bottesen caoutchouc, sachant très bien où tousdeux se rendraient après le petit déjeuner.Une fois prêt, il s’était rendu dans la grandecuisine.

- Ne fais pas de bruit, Antoine dortencore.

Elle lui apprit à aimer le café, son goût,mais surtout son arôme.

- Tu es bien, mon Arthur ?

- Oui.

- Alors ouvre tes yeux, et regarde

das, y raras eran las veces que se equivoca-ba. Arthur conocía el jardín como la palmade su mano, podía desplazarse por él conlos ojos cerrados, incluso andando haciaatrás. Ningún rincón le resultaba descono-cido. Cada madriguera tenía un nombre, ytodo animal que decidía dormirse allí parasiempre, su sepultura. Pero, por encima detodo, le había enseñado a amar y a podarlas rosas. La rosaleda era un lugar comoimpregnado de magia, donde se mezclabancientos de perfumes. Lili lo llevaba paracontarle cuentos en los que los niños sue-ñan con hacerse adultos y los adultos convolver a ser niños. De todas las flores, lasrosas eran sus preferidas.

Una mañana de principios de veranoentró en su habitación al despuntar el día,se sentó en la cama, junto a su cabeza, yempezó a acariciarle el pelo.

—Levántate, Arthur, vas a venir conmi-go.

El niño asió los dedos de su madre, losapretó con su manita y se volvió, con lamejilla contra la palma de su mano. Unasonrisa que expresaba perfectamente la ter-nura del momento iluminó su cara. La manode Lili tenía un olor que no se borraría nun-ca de la memoria olfativa de Arthur. Unamezcla de varias esencias de perfume queella preparaba sentada ante su tocador y quetodas las mañanas se aplicaba en el cuello.U n o d e e s o s r e c u e r d o s q u e v a nu n i d o s a l a m e m o r i a d e l a sf r a g a n c i a s .

—Venga, cariño, que tenemos que ha-cer una carrera con el sol. Te espero enla cocina dentro de cinco minutos.

El niño se puso unos pantalones vie-jos de algodón y un grueso jersey y sedesperezó bostezando. Se había vesti-do en silencio —ella le había enseñadoa respetar la quietud del alba— y se ha-bía calzado las botas de goma, pues sa-bía perfectamente adonde irían despuésde desayunar. Una vez a punto, fue a lagran cocina.

—No hagas ruido. Antoine todavía estádurmiendo.

Ella le había enseñado a apreciar el sa-bor del café, pero sobre todo su aroma.

— ¿Estás bien, Arthur?

__________

—Entonces abre los ojos y mira aten-

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bien autour de toi. Les bons souvenirsne doivent pas ê t re éphémères .Imprègne-toi des couleurs et des matières.Ce sera l ’or ig ine de tes goûts e t detes nos ta lg ies , lorsque tu seras unhomme.

- Mais je suis un homme !

- Je voulais dire un adulte.

- Nous sommes si différents, nous lesenfants ?

- Oui ! Nous les grands nous avonsdes angoisses que l’enfance ignore,des peurs si tu veux.

- Tu as peur de quoi ?

Elle lui expliqua que les adultes avaientpeur de toutes sortes de choses, peur devieillir, peur de mourir, peur de ce qu’ilsn’ont pas vécu, peur de la maladie, parfoismême du regard des enfants, peur qu’onles juge.

- Tu sais pourquoi nous nous entendonssi bien, toi et moi ? Parce que je ne te menspas, parce que je te parle comme à unadulte, parce que je n’ai pas peur. J’aiconfiance en toi. Les adultes ont peur parcequ’ils ne savent pas faire la part des choses.Moi c’est ce que je t’apprends. Nous vivonslà un bon moment, qui se compose d’unegrande variété de détails : nous deux, cettetable, notre conversation, mes mains quetu regardes depuis tout à l’heure, l’odeurde cette pièce, ce décor qui t’est familier,le calme du jour qui se lève.

Elle s’était levée, avait pris les bols etles avait déposés dans l’évier en émail. Elleavait ensuite passé une éponge sur la table,avait fait glisser le petit tas de miettesjusqu’au creux de sa main qu’elle avaitavancée. Près de la porte, un panier de pailletressée était plein de palangrottes. Dansun torchon roulé, posé sur le dessus il y avaitdu pain, du fromage, et du saucisson. Liliavait pris le panier sous son bras, et Arthurpar la main.

- Viens, mon chéri, nous allons être enretard.

Ils descendirent tous les deux le cheminqui menait au petit port.

- Regarde toutes ces petites barques, detoutes les couleurs, on dirait un bouquet defleurs de mer.

Comme d’habitude, Arthur marcha dansl’eau, décrocha l’embarcation de son

tamente a tu a l rededor. Los buenosrecuerdos no deben ser efímeros.Imprégnate de los colores y los materiales.A partir de ellos se desarrollarán los gus-tos y las nostalgias que tendrás cuando seasun hombre.

— ¡Pero si soy un hombre!

— Quería decir un adulto.

— ¿ Ta n d i f e r e n t e s s o m o s l o sn iños?

—Ya lo creo que sí. Los mayores tene-mos angustias que los niños desconocéis,miedos, podríamos decir.

— ¿De qué tienes miedo tú?

Ella le explicó que los adultos teníanmiedo de toda clase de cosas: miedo a en-vejecer, miedo a morir, miedo a lo que nohan vivido, a la enfermedad, en ocasionesincluso a la mirada de los niños, a que se lesjuzgue.

— ¿Sabes por qué tú y yo nos llevamostan bien? Porque yo no te miento, porque tehablo como le hablaría a un adulto, porqueno tengo miedo. Confío en ti. Los adultostienen miedo porque no saben tener en cuen-ta las cosas. Eso es lo que yo te enseño.Ahora estamos viviendo un buen momento,compuesto de una gran variedad de deta-lles: nosotros dos, esta mesa, nuestra con-versación, mis manos, que tú estás mirandodesde hace un rato, el olor de esta habita-ción, este decorado que te es familiar, lacalma del día que despunta.

Se levantó, tomó los tazones y losdejó en el fregadero de loza. Despuéspasó un trapo por la mesa, empujandoel montoncito de migas hasta el bordey recogiéndolo en el hueco de la mano.Junto a la puerta había un cesto de mimbrelleno de utensil ios de pesca . Enci-ma de todo, envuelto en un paño, ha-bía pan, queso y salchichón. Lili tomóel cesto con una mano y a Arthur conla otra.

—Ven, car iño, es tá haciéndosetarde.

Madre e hijo recorrieron el caminoque conducía al pequeño puerto.

—Mira esas barqui tas de todoslos co lo re s . Pa recen un r amo def lores mar inas .

Como de costumbre, Arthur se metió enel agua, liberó la embarcación de su atadu-

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anneau et la traîna jusqu’au rivage. Lili ydéposa le panier et embarqua.

- Allez, rame, mon chéri.

L’esquif s’éloigna du bord au fur et à mesureque le petit garçon peinait sur les avirons. Alorsque la côte se dessinait encore, il les rentraà l’intérieur du petit navire. Lili avait déjàsorti les palangrottes du panier et appâtéles hameçons. Comme à l’accoutumée, ellene lui préparerait que la première ligne ;pour les suivantes, il lui faudrait amorcer toutseul le petit annélide rouge qui se tortilleraitdans ses doigts, à son plus grand dégoût. Labobine de liège posée, calée entre ses piedsà même le sol de la barque, il passa le filde Nylon autour de son index et le jeta àl’eau, lesté de son plomb qui entraîneraità toute vitesse l’appât vers le fond. Si lecoin était bon, il remonterait très vite unpoisson de roche.

Ils étaient tous deux assis face à face,silencieux depuis quelques minutes, elle leregarda intensément et lui demanda d’unevoix inhabituelle :

« Ar thur, tu sa i s que j e ne sa i sp a s n a g e r , q u e f e r a i s - t u s i j etombais à l ’ eau ? » « Je v iendra i st e che rche r » , r épond i t l ’ en fan t .L i l i se mi t auss i tô t en co lè re : «C ’ e s t s t u p i d e c e q u e t u d i s ! »Ar thur res ta f igé pa r l a v io lencede l a r éponse .

- Essayer de ramer jusqu’à la terre, voilàce que tu ferais !

Lili criait.- Seule ta vie a de l’importance, ne

l’oublie jamais, et ne commets jamaisl’outrage de jouer avec ce cadeau unique,jure-le !

- Je le jure, avait répondu l’enfantapeuré.

- Tu vois, dit-elle en se radoucissant, quetu me laisserais me noyer.

Alors, le petit Arthur se mit à pleurer.Lili cueillit les larmes de son fils du reversde son index.

- Nous sommes parfois impuissants faceà nos désirs, à nos envies ou à nosimpulsions, et cela provoque un tourmentsouvent insoutenable. Ce sentimentt’accompagnera toute ta vie, parfois tul’oublieras, parfois ce sera comme uneobsession. Une partie de l’art de vivredépend de notre capacité à combattre notreimpuissance. C’est difficile, parce quel’impuissance engendre souvent la peur.

ra y la arrastró hasta la orilla. Lili depositódentro el cesto y embarcó.

—Vamos, rema, cariño.

El esquife iba alejándose a medidaque el niño movía los remos. Antes deque dejara de verse el perfil de la cos-ta, los metió en el interior de la barca.Lili ya había puesto el cebo en losanzuelos. Tal como acostumbraba a ha-cer, sólo le prepararía el primer sedal;después tendría que clavar solo la lom-briz roja, que se retorcería entre sus de-dos produciéndole un intenso asco. Conel carrete de corcho entre los pies, en elsuelo de la barca, se pasó el hilo denailon alrededor del dedo índice y loarrojó al agua, lastrado con el plomoque arrastraría a toda velocidad el cebohacía el fondo. Si el sitio era bueno, notardaría en sacar un pez de roca.

E s t a b a n s e n t a d o s f r e n t e af r e n t e , s i l e n c i o s o s d e s d e h a c í au n o s m i n u t o s . E l l a l o m i r ó i n -t e n s a m e n t e .

—Arthur, tú sabes que no sé nadar. ¿Quéharías si me cayera al agua? —le preguntócon una voz extraña.

—Iría a buscarte —respondió el niño.Lili montó en cólera inmediatamente.— ¡Eso es una estupidez!Arthur se quedó paralizado por la vio-

lencia de la réplica.

— ¡Remar has ta l l ega r a t i e r ra ,e s o e s l o q u e t e n d r í a s q u e h a c e r !— p r o s i g u i ó L i l i , g r i t a n d o — .Lo único que importa es tu vida, nolo olvides nunca, y no cometas jamásla ofensa de jugar con ese regalo úni-co. ¡Júralo!

— Lo juro —dijo el niño, atemo-rizado.

— ¿Lo ves? —dijo su madre, serenán-dose—. Dejarías que me ahogara.

Entonces el niño se echó a llorar. Lilienjugó las lágrimas de su hijo con el rever-so del dedo índice.

—A veces somos impotentes ante nues-tros deseos, nuestras inclinaciones o nues-tros impulsos, y eso produce un tormentocon frecuencia insoportable. Ese sentimien-to te acompañará toda la vida; unas veceslo olvidarás y otras será como una obsesión.Una parte del arte de vivir depende de lacapacidad de cada uno para combatir supropia impotencia. Es difícil, porque la im-potencia engendra a menudo miedo, y éste

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Elle annihile nos réactions, notreintelligence, notre bon sens, ouvrant la porteà la faiblesse. Tu connaîtras bien des peurs.Lutte contre elles, mais ne les remplace paspar des hésitations trop longues. Réfléchis,décide et agis ! N’aie pas de doutes,l’incapacité d’assumer ses propres choixengendre un certain mal de vivre. Chaquequestion peut devenir un jeu, chaquedécision prise pourra t’apprendre à teconnaître, à te comprendre.

Fais bouger le monde, ton monde !Regarde ce paysage qui s’offre à toi, admirecomme la côte est finement ciselée, oncroirait de la dentelle, tu vois comme lesoleil y fait vivre mille lumières toutesdifférentes. Chaque arbre oscille à sa vitessesous les caresses du vent. Tu crois que lanature a eu peur pour inventer autant dedétails, autant de densité. Mais la plus belledes choses que la terre nous a données, cequi fait de nous des êtres humains, c’est lebonheur de partager. Celui qui ne sait paspartager est infirme de ses émotions. Tuvois, Arthur, ce petit matin que nous passonsensemble se gravera dans ta mémoire. Plustard quand je ne serai plus là, tu yrepenseras, et ce souvenir sera d’unecertaine douceur, parce que nous avonspartagé cet instant. Si je tombais à l’eau, tune te jetterais pas pour me sauver, ce seraitune bêtise. Ce que tu ferais, c’est me tendrela main pour m’aider à remonter à bord, etsi tu échouais et que je me noyais, tu auraisl’esprit en paix. Tu aurais pris la bonnedécision de ne pas risquer de mouririnutilement, mais tu aurais tout tenté pourme sauver.

Tandis qu’il ramait vers le rivage, elleprit la tête du petit garçon dans ses mains,et l’embrassa tendrement sur le front.

- Je t’ai fait de la peine ?

- Oui, tu ne te noieras jamais si je suislà. Et je plongerai quand même dans l’eau,je suis bien assez fort pour te ramener.

Lili s’éteignit aussi élégammentqu’elle avait vécu. Au matin de sa mort,le petit garçon s’était approché du lit desa mère :

- Pourquoi ?

L’homme debout près du l i t nedit r ien, i l leva les yeux et regardal’enfant.

- On était si proches, pourquoi ne m’a-t-elle pas dit au revoir ? Je n’aurais jamaisfait une chose pareille, moi. Toi qui es

aniquila la capacidad de reaccionar, la inte-ligencia y el sentido común, abriéndole lapuerta a la debilidad. Experimentarás mu-chos miedos. Lucha contra ellos, pero nolos sustituyas por vacilaciones demasiadolargas. ¡Piensa, decide y actúa! No tengasdudas; la incapacidad para asumir las elec-ciones propias genera cierta dificultad paravivir. Cada pregunta puede convertirse enun fuego, cada decisión que tomes te podráenseñar a conocerte, a comprenderte.

«¡Haz que se mueva el mundo, tu mun-do! Mira este paisaje que se ofrece a tu vista,admira con qué delicadeza está cincelada lacosta, parece encaje, el sol hace vibrar enella miles de luces, todas ellas diferentes.Cada árbol se balancea a su velocidad,movido por las caricias del viento. ¿Túcrees que la naturaleza tuvo miedo a la horade inventar tantos detalles, tanta densidad?Pero lo más hermoso que nos ha dado 1atierra, lo que nos convierte en seres huma-nos, es la dicha de compartir. Quien no sabecompartir carece de emociones. Mira,Arthur, esta mañana que estamos pasandojuntos se grabará en tu memoria. Más ade-lante, cuando yo ya no esté aquí, pensarásen ella, y ese recuerdo te producirá bien-estar porque hemos compartido este ins-tante. Si yo cayera al agua, tú no te arroja-rías para salvarme; sería una tontería. Loque harías es tenderme la mano para ayu-darme a subir de nuevo a bordo, y si no loconsiguieras y yo me ahogara, tú tendríasla conciencia tranquila. Habrías tomado labuena decisión de no exponerte a moririnútilmente, pero lo habrías intentado todopara salvarme.

Mientras él remaba hacia la orilla,ella le tomó la cabeza entre sus manos ylo besó con ternura en la frente.

— ¿Te doy pena?

— Sí. Tú nunca te ahogarás si yo es-toy aquí. A pesar de todo me echaré al agua;tengo fuerza para subirte a la barca.

Lili se extinguió con la misma elegan-cia que había vivido, La mañana siguiente asu muerte, el niño se acercó a la cama de sumadre.

— ¿Por qué?

El hombre que estaba de pie junto a lacama no dijo nada. Bajó los ojos y miró alniño.

—Estábamos tan unidos..., ¿por quéno me ha dicho adiós? Yo nunca hubie-ra hecho una cosa así. Tú que eres ma-

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grand, tu sais pourquoi ? Dis-moi, il fautque je sache, tout le monde ment toujoursaux enfants, les adultes croient que noussommes naïfs ! Alors toi, si tu es courageux,dis-moi la vérité, pourquoi est-elle partiecomme cela pendant que je dormais ?

Il est parfois des regards d’enfant quivous entraînent si loin dans vos souvenirs,qu’il est impossible de rester sans réponseà la question posée.

Antoine posa ses mains sur sesépaules.

- Elle n’a pas pu faire autrement,on n’invite pas la mort, elle s’impose.Ta mère s’est réveillée au milieu dela nuit, la douleur était terrible, elle aattendu le lever du soleil, et malgrétoute sa volonté de rester éveillée, elles’est endormie doucement.

- C ’ e s t d e m a f a u t e a l o r s , j edo rma i s .

- Non, bien sûr que non, ce n’est pascomme ça que tu dois voir les choses, tuveux connaître la vraie raison de son départsans au revoir ?

- Oui.

- Ta maman était une grande dame, ettoutes les grandes dames savent s’en allerdignement, laissant à eux-mêmes ceuxqu’elles aiment.

Le jeune garçon vit clair dans les yeuxémus de l’homme, soupçonnant unecomplicité qu’il n’avait jusqu’alors quedevinée. Il suivit la larme qui glissait le longde sa joue, se faufilant à travers la barbenaissante. L’homme passa le dos de sa mainsur ses paupières.

- Tu me vois pleurer, dit-il, tu devraisen faire autant, les larmes entraînent leschagrins loin de la peine.

- Je pleurerai plus tard, dit le petithomme, ce chagrin-là me rattache encore àelle, je veux le conserver encore. Elle étaittoute ma vie.

- Non, mon bonhomme, ta vie est devanttoi, pas dans tes souvenirs, c’est là tout cequ’elle t’a enseigné, respecte cela, Arthur,n’oublie jamais ce qu’elle te disait hierencore : « Tous les rêves ont un prix. » Tupayes de sa mort le prix des rêves qu’ellet’a donnés.

- Ces rêves-là coûtent bien cher,Antoine, laisse-moi seul, dit l’enfant.

yor, ¿sabes por qué? ¡Dímelo! Tengoque saberlo, todo el mundo mientesiempre a los niños, los adultos creenque somos ingenuos. SÍ eres valiente,dime la verdad. ¿Por qué se ha marcha-do así, mientras yo dormía?

La mirada de un niño a veces te haceremontarte tanto en tus recuerdos que esimposible no dar una respuesta a la pre-gunta formulada.

Antoine apoyó las manos en sushombros.

—No ha podido hacer otra cosa; la muer-te no espera a que se la invite, se impone.Tu madre se ha despertado a media noche,con un dolor terrible, ha esperado que sa-liera el sol, y pese a toda su voluntad depermanecer despierta, se ha ido quedandodormida.

—Entonces la culpa la he tenido yo.Estaba durmiendo.

—No, c l a ro que no . No debesver las cosas as í . ¿Quieres saber larazón de que se haya ido s in des-ped i r se?

—Sí

—Tu madre era una gran dama, y to-das las grandes damas saben irse digna-mente, abandonando a sí mismos a losque quieren.

El niño leyó con claridad en los ojosemocionados del hombre, percibiendo unacomplicidad que hasta entonces sólo habíapresentido. Siguió la lágrima que corría porsu mejilla y se colaba a través de la inci-piente barba. El hombre le pasó el dorso dela mano por encima de los párpados.

—Estoy llorando —dijo—, y tú debe-rías hacer lo mismo. Las lágrimas arrastranlos sufrimientos lejos de la pena.

—Lloraré más tarde —dijo el mucha-cho—. Este sufrimiento todavía me une aella y quiero seguir conservándolo. Ella eratoda mi vida.

—No, jovencito, tu vida está ante ti, noen tus recuerdos. Eso es lo que ella te haenseñado. Respétalo, Arthur, no olvides ja-más lo que ella te decía ayer aún: «Todoslos sueños tienen un precio.» Tú pagas consu muerte el precio de los sueños que ella teha dado.

—Pues son muy caros esos sueños.Antoine, déjame solo _________ .

se faufiler 1. (introducirse con habilidad) colarse. 2.(abrirse paso) deslizarse

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- Mais tu es seul avec elle. Tu vas fermerles yeux et tu oublieras ma présence, c’estlà la force des émotions. Tu es seul avectoi-même, et c’est désormais une longueroute qui commence.

- Elle est belle, n’est-ce pas ? Je croyaisque la mort me ferait peur, mais je la trouvebelle. Il prit la main de sa mère, les veinesbleues qui se dessinaient sur sa peau sidouce et si claire, semblaient décrire lecours de sa vie, long, tumultueux, coloré.Il l’approcha de son visage et caressalentement sa joue, avant de déposer unbaiser au creux de la paume.

Quel baiser d’homme pourrait rivaliseravec tant d’amour ?

- Je t’aime, dit-il, je t’ai aimée commeaime un enfant, maintenant tu seras dans moncoeur d’homme, jusqu’au dernier jour.

- Arthur ? dit Antoine.

- Oui.

- Il y a cette lettre qu’elle a laissée pourtoi, je te laisse maintenant.

Une fois seul, Arthur huma l’enveloppeet respira le parfum dont elle s’étaitimprégnée, puis il la décacheta.

Mon grand Arthur,

Lorsque tu liras cette lettre, je sais quequelque part au fond de toi, tu seras trèsen colère contre moi de t’avoir joué ce saletour. Mon Arthur, ceci est ma dernière lettreet c’est aussi mon testament d’amour.

Mon âme s’envole portée par tout lebonheur que tu m’as donné. La vie estmerveilleuse, Arthur, c’est lorsqu’elle seretire sur la pointe des pieds que l’on s’enaperçoit, mais la vie se goûte à l’appétitde tous les jours.

À certains moments, elle nous faitdouter de tout, ne baisse jamais les bras,mon coeur. Depuis le jour où tu es né, j’aivu cette lumière dans tes yeux, qui fait detoi un petit garçon si différent des autres.Je t’ai vu tomber et te relever en serrantles dents, là où tout enfant aurait pleuré.Ce courage, c’est ta force mais aussi tafaiblesse. Prends garde à cela, les émotionssont faites pour être partagées, la force etle courage sont comme deux bâtons quipeuvent se retourner contre celui qui lesutilise mal. Les hommes aussi ont le droitde pleurer, Arthur, les hommes aussiconnaissent le chagrin.

—Pero si estás solo con ella. Cierralos ojos y olvidarás mi presencia; ésaes la fuerza de las emociones. Estássolo contigo mismo, y ahora empiezaun largo camino.

—Está guapa, ¿verdad? Yo creía quela muerte me daría miedo, pero la veo her-mosa. Tomó una mano de su madre; lasvenas azuladas que se dibujaban en la piel,muy suave y clara, parecían describir elcurso de su vida, largo, tumultuoso, colo-rido. Acercó la cara a ella y se acariciólentamente la mejilla antes de depositarun heno en la palma.

¿Qué beso de hombre podría rivalizarcon tanto amor?

—Te quiero —dijo—, te he querido comoquiere un niño, y ahora estarás en mi cora-zón de hombre hasta el último día.

—¿ Arthur? —dijo Antoine.

—Sí...

—Toma, es una carta suya para ti. Aho-ra te dejo solo.

Una vez solo, Arthur olió el sobre y as-piró el perfume que lo impregnaba. Luegolo abrió.

Querido Arthur:

Cuando leas esta carta, sé que en algunaparte, en el fondo de ti, estarás muy enfada-do conmigo por haberte gastado esta juga-rreta. Arthur, ésta es mi última carta y estambién mi testamento de amor.

Mi alma emprende el vuelo impul-sada por toda la felicidad que me hasproporcionado. La vida es maravillosa,Arthur; nos damos cuenta cuando se re-tira de puntillas, pero se saborea con elapetito de todos los días.

En determinados momentos nos hacedudar de todo, pero tú no te rindas nunca,mi vida. Desde el día que naciste he vistoen tus ojos esa luz que te convierte en unniño muy distinto de los demás. Te he vis-to caer y levantarte apretando los dientes,en circunstancias en las que cualquier otroniño habría llorado. Ese valor es lo que teda fuerza, pero también es tu punto débil.Ten cuidado; las emociones están hechaspara ser compartidas, la fuerza y el valorson como dos bastones que pueden vol-verse contra el que los utiliza mal. Loshombres también tienen derecho a llorar,Arthur, los hombres también sufren.

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À partir de maintenant, je ne serai pluslà pour répondre à tes questions d’enfant,c’est parce que le moment est venu pourtoi de devenir un petit homme.

Dans ce long périple qui t’attend neperds jamais de ton âme d’enfant, n’oubliejamais tes rêves, ils seront le moteur de tonexistence, ils formeront le goût et l’odeurde tes matins. Bientôt tu connaîtras uneautre forme d’amour que celui que tu meportes, ce jour venu, partage-le avec cellequi t’aimera ; les rêves vécus à deuxforment les souvenirs les plus beaux. Lasolitude est un jardin où l’âme se dessèche,les fleurs qui y poussent n’ont pas deparfum.

L’amour a un goût merveilleux,souviens-toi qu’il faut donner pour recevoir; souviens-toi qu’il faut être soi-même pourpouvoir aimer. Mon grand, fietoi à toninstinct, sois fidèle à ta conscience et à tesémotions, vis ta vie, tu n’en as qu’une. Tues désormais responsable de toi-même etde ceux que tu aimeras. Sois digne, aime,ne perds pas ce regard qui nous unissaittant lorsque nous partagions l’aube.Souviens-toi des heures que nous avonspassées à tailler les rosiers ensemble, àscruter la lune, à apprendre le parfum desfleurs, à écouter les bruits de la maisonpour les comprendre. Ce sont là des chosesbien simples, parfois désuètes, mais nelaisse pas les gens aigris, ou blasésdénaturer ces instants magiques pour celuiqui sait les vivre.

Ces moments-là portent un nom, Arthur,« l’émerveillement », et il ne tient qu’à toique ta vie soit un émerveillement. C’est laplus grande saveur de ce long voyage quit’attend.

Mon petit homme, je te laisse, accroche-toi à cette terre qui est si belle. Je t’aimemon grand, tu as été ma raison de vivre, jesais aussi combien tu m’aimes, je parsl’esprit tranquille, je suis fière de toi.

Ta maman

Le petit garçon plia la lettre et la mitdans sa poche. Il déposa un baiser sur lefront glacé de sa mère. Il longea labibliothèque, passant ses doigts sur lesreliures. « Une maman qui meurt, c’est unebibliothèque qui brûle », disait-elle. Il sortitde la pièce, marchant d’un pas ferme,comme elle le lui avait appris, « Un hommequi part ne doit jamais se retourner ».

Arthur se rendit dans le jardin, la roséedu matin versait une fraîcheur douce,l’enfant se rendit près des rosiers et

A partir de ahora ya no estaré ahí pararesponder a tus preguntas de niño, por-que ha llegado para ti el momento de con-vertirte en un hombrecito.

En el largo periplo que te espera, nopierdas nunca tu alma de niño, no olvidesnunca tus sueños; serán el motor de tuexistencia, formarán el sabor y el olor detus mañanas. Muy pronto conocerás unamor distinto del que sientes por mí. Cuan-do llegue ese día, compártelo con la per-sona que te quiera; los sueños vividos enpareja constituyen los recuerdos más her-mosos. La soledad es un jardín donde elalma se seca; las flores que crecen en élno tienen perfume.

El amor tiene un sabor maravilloso.Recuerda que, para recibir, hay que dar;recuerda que, para poder amar, hay queser uno mismo. Confía en tu instinto, hijo,se fiel a tu conciencia y a tus emociones,vive tu vida, sólo tienes una. Ahora eresresponsable de ti mismo y de aquellos alos que quieras. Sé digno, ama, no pier-das esa mirada que tamo nos unía cuan-do compartíamos el amanecer. Recuerdalas horas que hemos pasado juntos po-dando los rosales, contemplando la luna,identificando el perfume de las flores, es-cuchando los ruidos de la casa para com-prenderlos. Son cosas muy sencillas, enocasiones desusadas, pero no dejes quelas personas amargadas o hastiadas des-virtúen esos instantes mágicos para quiensabe vivirlos.

Esos momentos tienen un nombre,Arthur: fascinación. Y que tu vida seauna fascinación sólo depende de ti. Esel mayor deleite de ese largo viaje quete espera.

Hijo mío, te dejo. Aférrate a latierra, es muy hermosa. Te quiero,has s ido mi r azón de v iv i r, y s écuánto me quieres tú también. Mevoy tranquila, estoy orgullosa de t i ,mamá.

El niño dobló la carta y se la guardó enel bolsillo. Besó la frente helada de su ma-dre. Recorrió la biblioteca, pasando los de-dos por los lomos de los libros. «La muer-te de una madre es comparable al incendiode una biblioteca», decía ella. Salió de lahabitación caminando con paso decidido,como ella le había enseñado: «Cuando unhombre se va, nunca debe volverse.»

Arthur salió al jardín; el rocío dela mañana dispensaba un suave fres-cor. El niño se acercó a los rosales y

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s’agenouilla.

- Elle est partie, elle ne viendra plustailler vos branches, si vous saviez, dit-il,si seulement vous pouviez comprendre, j’ail’impression que mes bras sont si lourds.

Le vent fit répondre les fleurs d’unmouvement de pétales ; alors et seulementalors, il libéra ses larmes dans le jardin deroses. De la maison, debout sur le porche,Antoine regardait la scène.

- Ah Lili, tu es partie trop tôt pour lui,murmura- t-il, beaucoup trop tôt. Arthur estseul désormais, qui d’autre que toi savaitentrer dans son univers ? Si tu as quelquepouvoir de là où tu es maintenant, ouvre-lui les portes de notre monde à nous.

Dans le fond du jardin, un corbeaucroassa de toutes ses forces.

- Ah non, Lili, pas ça, dit Antoine, je nesuis pas son père.

Cette journée fut la plus longue queconnut Arthur ; tard dans la soirée, assissous le porche il respectait encore le silencede ce moment si lourd.

Antoine était assis à coté de lui, mais nil’un ni l’autre ne parlaient. Chacun d’euxécoutait les bruits de la nuit, plongé dans lamémoire de ces murs.

Tout doucement dans la tête du petithomme, les notes d’une musique ignoréejusque-là se mirent à danser, les crochesfaisaient tomber les mots, les blanches lesadverbes, les noires les verbes, et lessilences toutes les phrases qui ne voulaientplus rien dire.

- Antoine ?

- Oui, Arthur.

- Elle m’a donné sa musique.

Et puis l’enfant s’endormit dans les brasd’Antoine.

Antoine resta ainsi, immobile, tenantArthur sous son épaule, de peur de leréveiller, pendant de longues minutes. Quandil fut certain qu’il dormait d’un sommeilprofond, il le prit dans ses bras et rentra dansla maison. Lili n’était partie que depuisquelques heures, et déjà l’atmosphère s’étaitmodifiée. Une résonance indescriptible,certaines odeurs, certaines couleurssemblaient se voiler pour mieuxdisparaître.

se arrodilló.

—Se ha ido, ya no vendrá a podaros lasramas. Si supierais —dijo—, si pudieraiscomprender... Tengo la impresión de que losbrazos me pesan terriblemente.

El viento hizo responder a las floresmoviendo sus pétalos; sólo entonces libe-ró Arthur sus lágrimas, allí, en la rosaleda.Desde la casa, de pie en el porche, Antoinecontemplaba la escena.

—Lili, te has marchado demasiadopronto para él, demasiado pronto. Arthurse ha quedado solo. ¿Quién salvo tú sa-bía entrar en su universo? Si tienes al-gún poder allí donde estás ahora, ábrelelas puertas de nuestro mundo.

Un cuervo graznó al fondo del jar-dín con todas sus ganas.

—Ah, no, Lili, eso no —dijo Antoine—. Yo no soy su padre.

Aquel día fue el más largo que vivióArthur; muy entrada la noche, sentado enel porche, seguía respetando el silencio deaquel momento tan doloroso.

Antoine estaba sentado a su lado, peroninguno de los dos hablaba. Ambos escu-chaban los ruidos de la noche, sumergidosen la memoria de aquellas paredes.

Poco a poco, las notas de una músicadesconocida hasta entonces comenzaron adanzar en la cabeza del pequeño: las cor-cheas hacían caer los sustantivos, las blan-cas, los adverbios, las negras, los verbos, ylos silencios, todas las frases que ya no que-rían decir nada.

— ¿Antoine?

— Sí, Arthur...

—Me ha dado su música.

Y a continuación, el niño se durmió en-tre los brazos de Antoine.

Antoine permaneció inmóvil largorato, sujetando a Arthur por debajo delbrazo, por miedo a despertarlo. Cuandoestuvo seguro de que dormía profunda-mente, lo tomó en brazos y entró en lacasa. Sólo hacía unas horas que Lilise había ido y la atmósfera ya habíacambiado. Una resonancia indescripti-ble, ciertos olores y cienos colores pa-recían difuminarse para desaparecermejor.

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« Il faut graver nos mémoires, figer cesinstants », murmurait Antoine à voix basse,en montant l’escalier. Arrivé dans la chambred’Arthur, il déposa l’enfant sur son lit et lerecouvrit d’une couverture sans ledéshabiller. Antoine caressa la tête du petitgarçon, et s’en alla sur la pointe des pieds.

Avant de partir, Lili avait tout prévu.Quelques semaines après sa mort, Antoineferma la grande maison et n’en laissaouvertes que les deux pièces du bas où ils’installa pour vivre le reste de ses jours. Ilconduisit Arthur à la gare, à la portière d’untrain qui l’emmenait vers sa pension. Arthury grandit seul. La pension était douce àvivre, les enseignants respectés, parfoisaimés. Lili avait certainement choisi lemeilleur endroit pour lui. Rien dans cetunivers n’était triste en apparence. MaisArthur en y entrant emporta les souvenirsque lui avait laissés sa mère, et en emplit satête jusqu’à en occuper le moindre espace.Il apprit à ne rien vivre mal. Des dogmesde Lili, il fabriquait des attitudes, des gestes,des raisonnements à la logique toujoursimplacable. Arthur était un enfantserein, l’adolescent qui succéda conservala même logique de caractère,développant un sens de l’observation horsdu commun. Le jeune homme qu’il devintsemblait n’avoir jamais d’états d’âme. Ilfut un élève normal, ni génial ni mauvais,ses notes se situaient toujours légèrementau-dessus de la moyenne sauf en histoireoù il excellait et il franchit tranquillementchaque étape de fin d’année, jusqu’auBachelor of Administration (1) qu’ilremporta sans mention. À la fin de cesannées d’études il fut convoqué par ladirectrice de l’établissement, un soir de juin.Elle lui expliqua comment sa mère, sesachant atteinte de ce mal qui ne vous laisse,pour seul doute, que le temps de répit qu’ilvous accordera avant de vous emporter,était venue la voir deux ans avant samort. Elle avait passé de longues heuresà régler tous les détails de son éducation.Les études d’Arthur étaient payées bienau-delà de sa majorité. À son départ elleavait confié à Mme Senard, la directrice,plusieurs choses. Des clés, celles de lamaison de Carmel, où il avait grandi, etcelles d’un petit appartement en ville.L’appartement avait été loué jusqu’aum o i s d e r n i e r , m a i s l i b é r é ,conformément aux instructions, aujour de sa major i té . L’a rgent desloyers avait été porté sur un compteà son nom, ainsi que le reste de seséconomies qu’elle lui avait léguées.Une somme coquette qui lui permettraitde faire des études supérieures et mêmebeaucoup plus.

«Tenemos que grabar nuestros recuer-dos, congelar estos instantes», murmurabaAntoine mientras subía la escalera. Al lle-gar al dormitorio de Arthur dejó al niñoen la cama y lo tapó con una manta sindesnudarlo. Antoine acarició la cabe-za del chiquillo y salió de puntillas.

Lili, antes de irse, lo había previsto todo.Unas semanas después de su muerte, Antoinecerró la gran casa y sólo dejó abiertas las dosestancias de abajo, donde se instaló para vivirel resto de sus días. Llevó a Arthur a U esta-ción y lo acompañó hasta un tren que lo con-duciría a un internado. Allí, Arthur creció solo.La vida de interno era agradable; se respetabaa los profesores, y a algunos hasta se les que-ría. Sin lugar a dudas, Lili había escogido elmejor sitio para él. Aparentemente, en aqueluniverso no había nada triste. Pero al entraren él, Arthur se llevó los recuerdos que lehabía dejado su madre y llenó su cabeza conellos hasta que ocuparon todo el espaciodisponible. Aprendió a no vivir nada mal.Con los dogmas de Lili, elaboraba actitu-des, gestos, razonamientos de lógica siem-pre implacable. Arthur era un niñotranquilo; el adolescente que le sucedióconservó la misma lógica, además de de-sarrollar un sentido de la observaciónfuera de lo común. El joven en que se con-virtió parecía no tener nunca arrebatos. Fueun alumno normal, ni excelente ni malo;sus notas se situaban siempre ligeramen-te por encima de la media, salvo en his-toria, d o n d e d e s t a c a b a , y a p r o -b ó t r a n q u i l a m e n t e t o d o s l o sc u r s o s h a s t a a c a b a r l a e n s e ñ a n -z a s e c u n d a r i a . F inal izada es taetapa, fue convocado por la directo-ra del colegio una tarde de junio.Ésta le contó que su madre, enteradade que padecía esa enfermedad quesólo te deja la duda de cuánto tiem-po te concederá antes de llevársete,había ido a ver la dos años an tes demorir. Había pasado horas y horas dispo-niendo todos los detalles de su educación.Los estudios de Arthur estaban pagadoshasta bien pasada la mayoría de edad. Al irsehabía hecho depositaría a la señora Senard,la directora, de varias cosas. Las llaves de lacasa de Carmel, donde él había crecido, y lasde un pequeño apartamento en la ciudad.El apartamento había estado alquilado hasta elmes anterior, pero había sido desalojado, de con-formidad con las instrucciones dadas por su ma-dre, al llegar el a la mayoría de edad. El dine-ro del alquiler había sido ingresado enuna cuenta a su nombre, así como el res-to de los ahorros que le había legado.U n a b o n i t a suma que le permi t i -r ía cursar es tudios super iores e in-c luso mucho más .

1. Bachelor of Administration : diplôme américainéquivalant à notre baccalauréat.

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Arthur prit le trousseau que MmeSenard avait laissé sur le bureau. Leporte-clés était une petite boule d’argentrainurée en son milieu, et munie d’unminuscule fermoir. Arthur fit basculer lepeti t clapet , et la boule s’ouvrit ,découvrant sur chaque face deux photosminiatures. L’une était de lui lorsqu’ilavait sept ans, l’autre de Lili. Arthurreferma délicatement le porte-clés.

- Quelles études supérieures comptes-tu faire ? demanda-t-elle.

- Architecture, je veux devenirarchitecte.

- Tu n’iras pas à Carmel, retrouver cettemaison ?

- Non, pas encore, pas avant longtemps.

- Pourquoi cela ?

- Elle sait pourquoi, c’est un secret.

La directrice se leva et l’invita à en fairede même. Lorsqu’ils furent près de la portede son bureau elle le prit dans ses bras et leserra fort contre elle. Dans sa main elleglissa une enveloppe et replia les doigtsd’Arthur dessus.

- C’est d’elle, chuchota-t-elle à sonoreille, c’est pour toi, elle m’avait demandéde te la remettre à ce moment précis.

D è s q u ’ e l l e o u v r i t l e s d e u xbattants de la porte, Arthur sortit ets’engouffra dans le couloir, sans seretourner, serrant les longues et lourdes clésdans une main, la lettre dans l’autre. Iltourna dans le grand escalier, elle refermaalors sur elle les deux grandes portes de sonbureau.

Arthur tomó el manojo de llavesque la señora Senard había dejado so-bre la mesa. El llavero era una bolitade plata con una ranura en medio yun minúsculo cierre. Arthur lo levantó_________ _____ y l a b o l a s ea b r i ó , m o s t r a n d o u n ap e q u e ñ í s i m a foto en cada lado. U n a e r a d eé l c u a n d o ten ía s ie te años ; l a o t ra , de Li li.Arthur cerró con delicadeza el llavero.

— ¿Qué estudios superiores piensas cur-sar? —le preguntó la directora.

—Arqu i t ec tu ra . Qu ie ro se r a r-qu i t ec to .

— ¿ N o i r á s a C a r m e l , a e s ac a s a ?

—No, todavía no, más adelante.

—¿Porqué?

—Ella sabe por qué. Es un secreto.

L a d i r e c t o r a s e l e v a n t ó y é lh i zo lo p rop io . Cuando l l ega ron al a pue r t a de l despacho , l o ab razóc o n t u e r z a . E n t o n c e s p u s o e n l amano de Ar thu r un sobre y ce r rósus dedos sob re é l .

— E s d e e l l a — l e s u s u r r ó a loído—. Es para ti. Me pidió que te laentregara justo en este momento.

En cuanto la señora Senard abriólos dos batientes de la puerta, Arthurse adentró en el pasillo sin volverse,con las largas y pesadas llaves en unamano y la carta en la ot ra . Dobló a ll l egar a la g ran esca le ra , y enton-ces ella cerró las dos grandes puertas desu despacho.

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

CLAPET 1. Soupape en forme de couvercle à charnière.2. (1907, boîte à clapet). Fam. Bouche (qui parle).chapaleta, tapón, válvula, pico,

tapa deslizante como en algunos móviles que cu-bre los números

X

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La voiture parcourait les dernièresminutes de cette longue nuit, les phareséclairaient les bandes orange et blanc quise succédaient entre chaque virage taillé aucreux des falaises et chaque ligne droiteencadrée d’un marécage et d’une plagedéserte. Lauren s’était assoupie, Paulconduisait silencieux, concentré sur laroute et plongé dans ses pensées. Arthurprofita de ce moment paisible poursortir discrètement de sa poche la lettrequ’il y avait glissée en prenant letrousseau de longues et grandes clés dansle secrétaire de son appartement.

Lorsqu’il décacheta le pli, une odeurchargée de souvenirs s’en échappa,mélange des deux essences que sa mèrecomposait dans un grand carafon decristal jaune, au cabochon en argentdépoli. L’arôme évadé de son enveloppe libérale souvenir qu’il avait d’elle. Il retira la lettre del’enveloppe et la déplia avec précaution.

Mon grand Arthur,

Si tu lis ces mots c’est que tu t’es enfindécidé à prendre le chemin de Carmel. Jesuis bien curieuse de savoir l’âge que tu asmaintenant.

Tu as dans les mains les clés de lamaison où nous avons passé ensemble desi belles années. Je savais que tu ne t’yrendrais pas tout de suite, que tu attendraisde te sentir prêt à la réveiller.

Mon Arthur, tu vas bientôt franchir cetteporte dont le bruit m’est si familier. Tuparcourras chaque pièce emplie d’unecertaine nostalgie. Tu ouvriras peu à peules volets, faisant entrer la lumière du soleilqui va tant me manquer. Il faudra que turetournes à la roseraie, approche-toidoucement des roses. Pendant tout ce tempselles seront forcément redevenuessauvages.

Tu descendras aussi dans mon bureau,tu t’y installeras. Dans le placard tutrouveras une petite valise noire, ouvre-lasi tu en as l’envie, la force. Elle contientdes cahiers remplis des pages que je t’aiécrites chaque jour de ton enfance.

Ta vie est devant toi ; tu en es le seulmaître. Sois digne « de tout ce que j’aiaimé ».

Je t’aime d’en haut, et je veille sur toi.

Ta Maman Lili

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El coche recorría los últimos minutosde aquella larga noche; los faros ilumina-ban las franjas naranja y blanco que alter-naban entre cada curva trazada al bordede los acantilados y cada línea rectaenmarcada por un pantano y una playa de-sierta. Lauren se había adormilado; Paulconducía en silencio, concentrado en lacarretera y sumido en sus pensamientos.Arthur aprovechó ese momento para sa-car discretamente del bolsillo la cartaque había guardado allí cuando tomóel manojo de largas y grandes llaves delsecreter de su casa.

Cuando abrió el sobre, un olor car-gado de recuerdos salió de su interior,mezcla de dos esencias que su madrepreparaba en una gran botella de cris-tal amarillo con el tapón de platamate. El aroma escapado de su envoltorio liberóel recuerdo que Arthur tenía de ella. Sacó la cartadel sobre y la desdobló con cuidado.

Querido Arthur:

Si Ices esta carta es porque al final tehas decidido a emprender el camino haciaCarmel. Me encantaría saber qué edad tie-nes ahora.

Tienes en las manos las llaves de lacasa donde pasamos juntos unos añospreciosos. Sabía que no volverías en-seguida, que esperarías hasta sentirtepreparado para despertarla.

Querido Arthur, dentro de nada cruza-rás esa puerta cuyo ruido me es muy fa-miliar. Recorrerás las habitaciones im-pregnadas de cierta nostalgia. Abriráspoco a poco los postigos para dejar en-trar la luz del sol, que tanto voy a echarde menos. Volverás a la rosaleda y pocoa poco te irás acercando a las rosas. Du-rante todo este tiempo, forzosamente sehabrán vuelto salvajes.

También entrarás en mi despacho y teinstalarás en él. En el armario encontrarásuna pequeña maleta negra; ábrela si tienesganas y fuerzas. Contiene cuadernos llenosde páginas que te escribí todos los días a lolargo de tu infancia.

Tienes la vida ante ti; tú eres su únicodueño. Sé digno «de todo lo que yo he ama-do».

Te quiero desde allí arriba y velo por ti.

Tu madre, Lili .

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Lorsqu’ils arrivèrent dans la baie deMonterey, l’aube pointait . Le ciels’étoffait d’une soie rose pâle, tressée enlongs rubans ondulants, qui parfoissemblaient joindre la mer à l’horizon.Arthur indiqua le chemin. Des annéess’étaient écoulées, il n’avait jamais faitcette route assis à l’avant, et pourtantchaque kilomètre lui semblait familier,chaque clôture, chaque portail dépassés’ouvrait sur sa mémoire d’enfant. Il fitun signe de la main lorsqu’il fallut quitterla route principale. Après le prochainvirage on devinerait les bordures de lapropriété. Paul suivit ses indications ; ilsarrivèrent sur un chemin de terre battuepar les pluies d’hiver et asséchée par leschaleurs d’été. Au détour d’une courbe,le portique en fer forgé vert se dressa faceà eux.

- Nous y sommes, dit Arthur.

- Tu as les clés ?

- Je va i s l ’ouvr i r, va jusqu’à l amaison et a t tends-moi , je descendsà p ied .

- Elle vient avec toi ou elle reste dansla voiture ?

Arthur se pencha à la fenêtre et d’unevoix posée répondit à son ami :

- Mais parle-lui directement !

- Non, je n’aime mieux pas.

- Je te laisse seul, je crois que c’estmieux pour l’instant, enchaîna Lauren àl’attention d’Arthur.

Ce dernier sourit et dit à Paul :- Elle reste avec toi, veinard !

La voiture s’éloigna, soulevant derrièreelle une traîne de poussière. Resté seul, ilcontempla le paysage qui l’entourait. Delarges bandes de terres ocre, plantées dequelques pins parasols ou argentés, deséquoias, de grenadiers et de caroubiers,semblaient couler jusqu’à l’océan. Le solétait jonché d’épines roussies par le soleil.Il emprunta le petit escalier de pierre quibordait le chemin. À mi-course, il devinales restes de la roseraie sur sa droite.Le parc était à l’abandon, une multitudede parfums mêlés provoquaien t àchaque pas une farandole incontrôlablede souvenirs olfactifs.

À son passage, les cigales se turent uninstant avant de reprendre leur chant deplus belle. Les grands arbres se

Cuando llegaron a la bahía deMonterrey despuntaba el día. El cielo es-taba cubierto de una seda rosa claro, tren-zada en largas cintas ondulantes que en al-gunos puntos parecían unirse con el maren el horizonte. Arthur indicó el camino.Habían pasado años. El nunca había reco-rrido aquella carretera sentado delante,pero cada kilómetro le resultaba familiar,cada cercado y cada puerta que dejabanatrás surgían de su memoria infantil. Hizouna señal con la mano cuando hubo quedejar la carretera principal. Después de lasiguiente curva, se vislumbrarían los lími-tes de la finca. Paul siguió sus indicacio-nes; llegaron a un camino de tierra azota-da por las lluvias invernales y secada porlos calores del estío. Al doblar una curva,la puerta de hierro forjado verde se alzóante ellos.

—Ya hemos llegado —dijo Arthur.

— ¿Tienes las llaves?

— Sí, voy a abrir. —Bajó del coche—. Tú ve hasta la casa y espérame allí; yoiré a pie.

— ¿Va contigo ella o se queda en el co-che?

Arthur se inclinó hasta la altura de laventanilla y le dijo a su amigo:

—Pregúntaselo tú directamente.

—No, prefiero no hacerlo.

—Te dejo solo. Creo que de momentoes mejor así —intervino Lauren, dirigién-dose a Arthur.

— ¡Vaya suerte! ¡Se queda contigo! —le dijo Arthur a Paul, sonriendo.

El coche se alejó, levantando a su pasouna nube de polvo. Al quedarse solo,Arthur contempló el paisaje que lo rodea-ba. Anchas franjas de tierra ocre, con al-gunos pinos piñoneros y albares,secuoyas, granados y algarrobos, parecíanextenderse hasta el mar. El suelo estabasembrado de agujas enrojecidas por el sol.Tomó la pequeña escalera de piedra quebordeaba el camino. Hacia la mitad del re-corrido, vislumbró los restos de la rosaledaa su derecha. El jardín estaba abandonado;una multitud de perfumes entremezcladosprovocaban a cada paso una danza incon-trolable de recuerdos olfativos.

A su paso, las cigarras callaron un ins-tante antes de reanudar su canto con ímpeturenovado. Los altos árboles se inclinaban,

veinard adj fam suertudo(a); tu es v. t ie-nes potra

JONCHER v. tr. 1. Parsemer* le sol de (un lieu) debranchages, de feuillages, de fleurs... 2. (Le sujetdésigne les choses éparses). - Couvrir. Feuilles quijonchent la terre. Fleurs qui jonchent les marchesd'un autel. esparcir, diseminar, desperdigar

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courbaient aux vents légers du matin.L’océan brisait quelques vagues sur lesrochers. Face à lui, il vit la maisonendormie, telle qu’il l’avait laissée dansses rêves. Elle lui semblait plus petite, lafaçade avait subi quelques dommagesmais la toiture était intacte. Les voletsétaient clos. Paul garé devant le porchel’attendait à l’extérieur de la voiture.

- Tu en as mis du temps pour descendre!

- Plus de vingt ans !

- Qu’est-ce qu’on fait ?

Ils installeraient le corps de Laurendans le bureau au rez-de-chaussée. Il mitla clef dans la serrure et sans aucunehésitation la fit tourner à l’envers, commeil le fallait. La mémoire contient desfractions de souvenirs qu’elle sait, sans quel’on sache pourquoi, faire rejaillir à toutinstant. Même le son du pêne lui semblaimmédiat. Il entra dans le couloir, ouvrit laporte du bureau à gauche de l’entrée,traversa la pièce et ouvrit les persiennes.Volontairement, il ne prêta aucune attentionà tout ce qui l’entourait, le temps deredécouvrir ce lieu viendrait plus tard, et ilavait décidé de vivre pleinement cesinstants-là. Très rapidement les caisses furentdéchargées, le corps installé sur le lit-canapé,la perfusion remise en place. Arthur refermales volets à l’espagnolette. Puis il saisit lepetit carton marron, et invita Paul à le suivredans la cuisine : « Je vais nous faire du café,ouvre le carton, je fais chauffer l’eau. »

Il ouvrit le placard au-dessus del’évier, en sortit un objet en métal, auxformes singulières, composé de deux partiessymétriques et opposées. Il commença à ledévisser en faisant tourner chaque moitiéen sens inverse.

- Qu’est-ce que c’est que ça ? demandaPaul.

- C’est une cafetière italienne, ça !

- Une cafetière italienne ?

Arthur lui en expliqua lefonctionnement, l’intérêt premier étant qu’ilne fallait pas de filtre en papier et qu’ainsil’arôme était bien mieux restitué. On versaitdeux à trois bonnes cuillères de café dansun petit entonnoir qui se plaçait entre lapartie basse, que l’on remplissait d’eau, etla partie haute. On vissait entre eux les deuxcompartiments et on faisait chauffer le toutsur le feu. L’eau en bouillant remontait,traversait le café contenu dans le petitentonnoir percé, et passait dans la partie

mecidos por el ligero viento de la mañana.Algunas olas rompían contra las rocas.Frente a el, vio la casa dormida, talcomo la había dejado en sus sueños. Leparecía más pequeña; la fachada habíasufrido algunos desperfectos, pero el te-jado se hallaba intacto. Los postigosestaban cerrados. Paul había aparcado ante elporche y lo esperaba fuera del vehículo.

— ¡Has tardado mucho en llegar!

— ¡Más de veinte años!

— ¿Qué hacemos?

Instalarían el cuerpo de Lauren en el des-pacho, en la planta baja. Arthur introdujo lallave en la cerradura y, sin vacilar, la hizogirar al revés, exactamente como debía ha-cerlo para abrir. La memoria contiene frag-mentos de recuerdos que puede sacar a noteen cualquier momento sin que sepamos porqué. Hasta el ruido del pestillo le parecióinmediato. Entró en el pasillo, abrió lapuerta del despacho, a la izquierda de laentrada, cruzó la estancia y abrió los pos-tigos. Deliberadamente, no prestó ningunaatención a lo que le rodeaba; el momentode redescubrir aquel lugar vendría más tar-de, y había decidido vivir plenamente esosinstantes. Con gran rapidez descargaron lascajas, instalaron el cuerpo en la camasofáy aplicaron de nuevo la perfusión. Arthurentornó los postigos y pasó la falleba. Des-pués tomó un paquete marrón e invitó aPaul a que lo acompañara a la cocina.

—Voy a hacer café. Abre el paquete.

Del armario que quedaba encima delfregadero sacó un objeto metálico de for-ma singular, compuesto de dos piezas si-métricas y opuestas. Comenzó a separar-las haciendo girar cada una de las mitadesen sentido inverso.

— ¿ Q u é e s e s o ? — p r e g u n t óPaul .

— Es una cafetera italiana.

— ¿Una cafetera italiana?

Arthur le explicó cómo funcionaba. Lomás interesante era que no requería filtrode papel, y así el aroma se conservaba mu-cho mejor. Se ponían dos o tres cuchara-das colmadas de café en un pequeño de-pósito que se colocaba entre la parte deabajo, después de llenarla de agua, y lade arriba. Se enroscaban entre sí las dospiezas y se ponía el artilugio sobre el fue-go. AI hervir, el agua subía, atravesaba elcafé almacenado en el pequeño depósitoagujereado y llegaba a la parte superior,

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supérieure, filtrée seulement par une finegrille en métal. La seule astuce consistait àretirer à temps la cafetière du feu, pour quel’eau n’entre pas en ébullition dans la partiehaute, car ce n’était plus de l’eau mais ducafé et « café bouillu, café foutu ! ». Quandil eut fini son explication Paul siffla :

- Dis-moi, il faut être ingénieur bilinguepour faire du café dans cette maison ?

- Il faut beaucoup plus que ça, mon ami,il faut du talent, c’est tout un cérémonial !

Paul, faisant une moue dubitative enréponse à la dernière réplique de sonami, lui tendit le paquet de café. Arthurse baissa et ouvrit la bouteille de gazsous l’évier. Puis il tourna le robinet àgauche de la cuisinière, et enfin lebouton du brûleur.

- Tu crois qu’il y a encore du gaz ?demanda Paul.

- Antoine n’aurait jamais laissé lamaison avec une bonbonne vide dans lacuisine, et je te parie qu’il y en a au moinsdeux autres pleines dans le garage.

Machinalement, Paul se leva versl’interrupteur près de la porte et le bascula.Une lumière jaune envahit la pièce.

- Comment as-tu fait pour qu’il y ait ducourant dans cette maison ?

- J’ai téléphoné avant-hier à lacompagnie pour qu’ils le rétablissent, idempour l’eau si ça t’inquiète, mais éteins, ilfaut dépoussiérer les ampoules ou elles vontéclater dès qu’elles seront chaudes.

- Tu as appris ça où, à faire le café italienet à dépoussiérer les ampoules pour qu’ellesn’éclatent pas ?

- Ici, mon pote, dans cette pièce, et biend’autres choses encore.

- Et ce café, il vient ?

Arthur posa deux tasses sur la table enbois. Il y fit couler le breuvage brûlant.

- Attends pour le boire, dit-il.

- Pourquoi ?

- Parce que tu vas te brûler, et puis parcequ’il faut d’abord que tu le respires. Laissel’arôme pénétrer tes narines.

- Tu me fais chier avec ton café,m o n v i e u x , r i e n n e p é n è t r e m e s

filtrada simple mente por una fina rejillametálica. El único truco consistía en reti-rar a tiempo la cafetera del fuego para queel agua no hirviera en la parte de arriba,pues ya no era agua sino café, y el caféhervido es una bazofia. Cuando hubo aca-bado la explicación, Paul comentó:

—Oye, ¿se tiene que ser ingeniero bi-lingüe para hacer café en esta casa?

— ¡Lo que hace falta es talento, porquees todo un ceremonial!

Haciendo un mohín dubitativo en res-puesta a la última réplica de su amigo, Paulle tendió el paquete de café. Arthur abrióla bombona de gas, que estaba debajo delfregadero. Después hizo girar la llave si-tuada a la izquierda de la cocina y, final-mente, el mando del quemador.

— ¿Crees que todav ía queda rágas? ___________

—Antoine nunca habría dejado lacasa con una bombona vacía en la co-cina, y seguro que hay por lo menosotras dos llenas en el garaje.

Paul se acercó maquinalmente al inte-rruptor, junto a la puerta, y lo pulsó. Unaluz amarillenta invadió la estancia.

— ¿Cómo te las has arreglado para quehaya corriente en esta casa?

—Telefoneé anteayer a la compañíapara que la restablecieran, y a la del aguatambién, no te preocupes. Pero apaga. Hayque quitarles el polvo a las bombillas paraque no exploten cuando se calienten.

—¿Dónde has aprendido todo esto dehacer café italiano y desempolvar las bom-billas para que no exploten?

—Pues aquí, hombre, en esta habita-ción, esas cosas y muchas más.

— ¿Y ese café? ¿Viene o no viene?

Arthur puso dos tazas sobre la mesa demadera y sirvió la bebida ardiente.

—Espera un poco antes de beber —dijo.

—¿Por qué?

—Porque si no esperas te quemarás y,además, porque primero tienes que olerlo.Deja que el aroma penetre en tu nariz.

— ¡Estás jorobándome con este rollo delcafé, y en mi nariz no penetra nada! Estoy

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narines ! Non mais je rêve. Laissel’arôme pénétrer tes narines, maisoù tu vas les chercher ?

Il porta ses lèvres à sa tasse,recrachant immédiatement le peu deliquide brûlant qu’il avait ingurgité.Lauren se mit derrière Arthur et le prit dansses bras. Elle posa sa tête sur son épauleet lui murmura à l’oreille :

- J’aime ce lieu, je m’y sens bien, c’estapaisant.

- Où étais-tu ?

- J’ai fait le tour du propriétaire pendantque vous philosophiez sur le café.

- Et alors ?

- Tu lui parles à elle, là ? interrompitPaul d’un ton exaspéré.

Sans prêter la moindre attention à laquestion de Paul, Arthur s’adressa àLauren :

- Tu aimes ?

- I l f a u d r a i t ê t r e d i f f i c i l e ,répondit-elle, mais tu as des secretsà me confier, ce lieu en est plein, jepeux les sentir dans chaque mur, danschaque meuble.

- Si je te fais chier, tu n’as qu’à fairecomme si je n’étais pas là ! reprit sonacolyte. Lauren ne voulait pas être ingratemais lui souffla qu’elle adorerait être seuleavec lui. Elle était impatiente qu’il lui fassevisiter les lieux. Elle ajouta qu’elle avaittrès envie qu’ils parlent. Il voulut savoir dequoi, elle répondit : « D ’ i c i ,d ’ h i e r . »

Paul attendait qu’Arthur daigne enfins’adresser à lui, mais ce dernier semblaitêtre à nouveau en conversation avec soninvisible compagne, il se décida à lesinterrompre.

- Bon, est-ce que tu as encore besoinde moi, parce que sinon je vais rentrerà San Francisco, il y a du boulot aubureau, et puis tes conversations avecFantômas me mettent mal à l’aise.

- N ’ a i e p a s l ’ e s p r i t s i f e r m é ,veux- tu ?

- Pardon ? Je n’ai pas dû bienentendre. Tu viens de dire au typequi t’a aidé à piquer un corps dansun hosto un dimanche s o i r , a v e c

soñando: «Deja que el aroma penetre en tunariz.» Pero ¿se puede saber de dónde sa-cas esas frases?

Paul se llevó la taza a los labios, dioun sorbo y escupió inmediatamente elpoco líquido ardiente que había toma-do. Lauren se colocó detrás de Arthury lo abrazó. Apoyó la cabeza en suhombro y le susurró al oído.

—Me gusta este sitio, me siento bienaquí, es relajante.

— ¿Dónde estabas?

— Recorriendo la casa mientras voso-tros filosofabais sobre el café.

— ¿Y qué?

— ¿Estás hablando con ella? —intervi-no Paul en tono exasperado.

Sin prestar la más mínima atención ala pregunta de Paul, Arthur se dirigió aLauren:

— ¿Te gusta?

—Tendría que ser muy exigente para queno me gustara—contestó ella—. Pero tie-nes que contarme algunos secretos, este lu-gar está lleno de ellos; los percibo en lasparedes y en los muebles.

— ¡Si te molesto, no tienes más que ha-cer como si no estuviera! —insistió su socio.Lauren no quería ser ingrata, pero le susurróa Arthur que le encantaría estar a solas conél. Estaba impaciente por que le mostrara todala propiedad. Y añadió que ardía en deseosde que hablaran. Él preguntó sobre qué:

— Sobre esto, sobre el pasado —con-testó ella.

Paul esperaba que Arthur se dignaradirigirse finalmente a él, pero éste pa-recía seguir conversando con su invisi-ble compañera, así que se decidió a in-terrumpirlos.

—Bueno, ¿me necesitas todavía?Porque, si no, me vuelvo a San Fran-cisco. Hay trabajo en el despacho, yademás t u s conve r sac iones conFantomas me ponen nervioso.

—Podrías tener una mente menos cerra-da, ¿no?

— ¿Cómo dices? Creo que no he oídobien. ¿Acabas de decirle al tipo que te haayudado a mangar un cuerpo de un hospi-tal un domingo por la noche, con una am-

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u n e a m b u l a n c e v o l é e , e t q u i b o i tu n c a f é i t a l i e n , à q u a t r e h e u r e sd e c h e z l u i, sans avoir dormi de lanuit, de ne pas avoir l’esprit si fermé ?Tu es gonflé à l’hélium, toi !

- Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Paul ne savai t pas ce qu’ i l avai tvoulu di re mais i l préféra i t ren t r e ra v a n t q u ’ i l s n e s ’ e n g u e u l e n t«parce que ça pourrai t venir, vois-tu , e t ce se ra i t dommage , vu l e sefforts accomplis jusque-là».

Ar thur s ’ inqu ié ta de savo i r s ison ami n’était pas trop fatigué pourreprendre la route. Il le rassura , avecle café italien (il insista ironiquementsur le terme) qu’il venait de boire ildisposait d’au moins vingt heuresd’autonomie avant que la fatigue n’osese poser sur ses paupières. Arthur nereleva pas le sarcasme. Paul, quant à lui,s’inquiétait de laisser son ami sans voituredans cette maison abandonnée.

- Il y a le break Ford dans le garage.

- Il a roulé quand la dernière fois, tonbreak Ford?

- Longtemps !

- Et il va démarrer, le break Ford ?

- Sûrement, je vais charger la batterie,et il va redémarrer.

- Sûrement ! Et puis après tout ,s i t u e s e n r a d e i c i t u t edémerderas , j ’a i assez donné pource t te nui t .

Arthur accompagna Paul jusqu’à lavoiture.

- Ne te fais plus de souci pour moi, tuen as déjà fait beaucoup.

- Mais bien sûr que je m’inquiète pourtoi. En temps normal je te laisserais seuldans cette maison et je serais terrorisé àl’idée des fantômes, mais toi, en plus tuapportes le tien !

- File !

Paul mit le moteur en marche, il baissala vitre avant de partir.

- Tu es sûr que ça va aller ?

- J’en suis sûr.

bulancia robada, y que se toma un café ita-liano a cuatro horas de distancia de su casasin haber dormido en toda la noche, quepodría tener una mente menos cerrada?¡Tú estás pirado!

— N o q u e r í a d e c i r e s o .

Pau l no sab ía qué hab ía que r i -do dec i r, pe ro p re fe r í a i r s e an t e sde que tuvieran una enganchada .

—Porque podría ocurrir, ¿sabes?, y se-ría una lástima, teniendo en cuenta todoslos esfuerzos hechos hasta ahora.

Arthur, preocupado, le preguntó a suamigo si no estaba demasiado cansado paraemprender el camino de vuelta. Lo tranqui-lizo con el café italiano (insistió irónicamen-te en el término) que acababa de tomarse,disponía al menos de veinticuatro horas deautonomía antes de que el cansancio se atre-viera a posarse sobre sus párpados. Arthurno hizo caso del sarcasmo. A Paul, por suparte, le preocupaba dejar a su amigo sincoche en aquella casa abandonada.

— Está el viejo Ford en el garaje.

— ¿Cuándo circuló por última vez esecacharro?

— ¡Hace mucho!

— ¿Y arrancará _____?

— Seguramente. Cargaré la batería yarrancará.

— ¡Seguramente! Además, después detodo, si te quedas en la estacada aquí yaespabilarás. Yo ya he hecho bastante poresta noche.

Arthur acompañó a Paul hasta elcoche.

—No te preocupes más por mí, ya hashecho mucho.

—Pues claro que me preocupo por ti.En circunstancias normales te dejaría soloen esta casa, angustiado con la idea de quepodría haber fantasmas. ¡Pero es que tú tetraes el tuyo!

— ¡Lárgate!

Paul puso el motor en marcha. Antesde irse, bajó el cristal de la ventanilla.

— ¿Estás seguro de que todo va a ir bien?

— Sin duda.

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- Bon, alors j’y vais.

- Paul ?

- Quoi ?

- Merci pour tout ce que tu as fait.

- Ce n’est rien.

- Si, c’est beaucoup, tu as pris tellementde risques pour moi, sans tout comprendre,rien que par loyauté et amitié, et c’estbeaucoup, et je le sais.

- Je sais que tu sais. Allez, je m’en vais,on va se jeter une larmichette sinon. Prendssoin de toi et donne-moi des nouvelles aubureau.

P romesse s f u r en t f a i t e s , e t l aSaab disparut rapidement derr ièrel a c o l l i n e . L a u r e n s o r t i t s u r l eperron .

- Alors, dit-elle, on le fait ce tour dupropriétaire ?

- I n t é r i e u r o u e x t é r i e u rd ’ a b o r d ?

- Avant tout, où sommes-nous ?

- Tu es dans la maison de Lili.

- Qui est Lili ?

- Lili était ma mère, c’est ici que j’aigrandi la moitié de mon enfance.

- Il y a longtemps qu’elle est partie ?

- Très longtemps.

- Et tu n’es jamais revenu ici ?

- Jamais.

- Pourquoi ?

- Entre ! On en parlera plus tard, aprèsla visite.

- Pourquoi ? insista-t-elle.

- J ’ a i o u b l i é q u e t u é t a i s l ar é i n c a r n a t i o n d ’ u n e m u l e . P a r c eq u e !

- C’est moi qui t’ai fait rouvrir ce lieu ?

- Tu n’es pas le seul fantôme de mavie, dit-il d’une voix douce.

- Ça te coûte d’être ici.

—Bueno, pues entonces me voy.

—Paul...

¿Qué?

— Gracias por todo lo que has hecho.

—No ha sido nada.

— Sí, ha sido mucho. Te has arries-gado por mí sin entender nada, sim-plemente por lealtad y amistad. Eso esmucho, y yo lo sé.

—Ya sé que lo sabes. Bueno, me voy,si no, todavía soltaremos una lagrimita.Cuídate y llámame al despacho para con-tarme cómo va todo.

Arthur se lo prometió y el automóvilse perdió rápidamente detrás de la coli-na. Lauren apareció en la escalera de laentrada.

—Bien —dijo—, ¿me enseñas lapropiedad?

— ¿Por dónde empezamos, por dentroo por fuera?

—Antes de nada, ¿dónde estamos?

— Estás en la casa de Lili.

— ¿Quién es Lili?

— Lili era mi madre. Aquí es donde yopasé la mitad de mi infancia.

— ¿Hace mucho que murió?

— Sí, mucho.

— ¿Y no habías vuelto nunca aquí?

—Nunca.

— ¿Porqué?

— Entra. Hablaremos de eso más tarde,después de la visita.

— ¿Por qué? —insistió Lauren.

—Había olvidado que eres la reencar-nación de una muía. ¿Por qué esto, por quélo otro?...

—¿He sido yo quien te ha hecho venir?

—Tú no eres el único fantasma de mivida —dijo Arthur en voz baja.

—Se te hace difícil estar aquí.

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- Ce n’est pas le terme, disons que c’estimportant pour moi.

- Et tu as fais ça pour moi ?

- J’ai fait cela parce que le moment étaitvenu d’essayer.

- D’essayer quoi ?

- D’ouvrir la petite valise noire.

- Tu veux bien m’expliquer la petitevalise noire ?

- Des souvenirs.

- Tu en as beaucoup ici ?

- Presque tous. C’était ma maison.

- Et après ici ?

- Après j’ai fait en sorte que cela passetrès vite, après j’ai beaucoup grandi toutseul.

- Ta mère est morte brutalement ?

- Non, elle est morte d’un cancer, ellele savait, c’est pour moi que cela a été trèsvite. Suis-moi, je vais te faire visiter lejardin.

Ils sortirent tous les deux sur le perron,et Arthur emmena Lauren jusqu’à l’océanqui bordait le jardin. Ils s’assirent à lalisière des rochers.

- Si tu savais le nombre d’heures quej’ai passées assis là avec elle, je comptaisles crêtes des vagues en faisant des paris.On venait souvent regarder le soleil secoucher. Beaucoup de gens ici se retrouventle soir sur les plages, pendant unedemiheure, pour assister au spectacle. C’enest un différent tous les jours. À cause de latempérature de l’océan, de l’air, de pleinde choses, les couleurs du ciel ne sontjamais pareilles. Comme dans les villes lesgens rentrent regarder à heure fixe le journaltélévisé, ici les gens sortent pour regarderle coucher du soleil, c’est un rituel.

- Tu as vécu longtemps ici ?

- J’étais un petit garçon, j’avais dix anslorsqu’elle est partie.

- Ce soir tu me montreras le coucher dusoleil !

- C’est une obligation ici, dit-il ensouriant.

—Difícil no es la palabra. Digamos másbien que es importante para mí.

—¿Y lo has hecho por mí?

—Lo he hecho porque había llegado elmomento de intentarlo.

—¿De intentar qué?

—Abrir la maleta negra.

— ¿Te importa decirme que hay en esamaleta negra?

— Recuerdos.

— ¿Tienes muchos aquí?

— Casi todos. Era mi casa.

— ¿Y después de aquí?

—Después me las arreglé para que eltiempo pasara muy deprisa. Crecí comple-tamente solo.

— ¿Tu madre murió de repente?

—No, murió de cáncer. Ella lo sa-bía, pero para mí sí que fue muy re-pentino. Acompáñame, voy a enseñar-te el jardín.

Sa l ie ron los dos __________ yArthur llevó a Lauren hasta el mar,que bordeaba el jardín. Se sentaronal borde de las rocas.

— Si supieras cuántas horas he pasa-do sentado aquí con ella... Contaba lascrestas de las olas, haciendo apuestas.Veníamos con frecuencia a ver la puestade sol. Mucha gente de por aquí se pasauna media hora en la playa para presen-ciar el espectáculo. Cada día es distinto.Debido a la temperatura del mar, al aire,a montones de cosas, los colores del cie-lo nunca son iguales. De la misma formaque en las ciudades la gente vuelve a casaa una hora determinada para ver eltelenoticias, aquí la gente sale para verla puesta de sol. Es un ritual.

— ¿Viviste mucho tiempo aquí?

— Cuando ella murió era un niño,sólo tenía diez años.

— ¡Esta tarde me traerás a ver la pues-ta de sol!

—Aquí es obligatorio —dijo él son-riendo.

X

lisière 1. (límite) linde, lindero. 2. Cost orilla. 3. Loc:tenir en l. tutelar, mantener a raya

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Derrière eux la maison commençait àbriller dans les lumières du matin. Lespatines de la façade étaient dégradéescôté mer, mais la maison avait dansl’ensemble bien résisté aux années. Del’extérieur, personne n’aurait pu croirequ’elle dormait depuis si longtemps.

- El le a b ien tenu le coup, d i tLauren.

- Antoine était un maniaque del’entretien. Jardinier, bricoleur, pêcheur,nounou, gardien de la maison, c’était unécrivain échoué là que Maman avaitrecueilli. Il habitait dans la petite annexe.Avant l’accident d’avion de papa, c’était unami de mes parents. Je crois qu’il a toujoursété amoureux de maman, même quand papaétait encore là. Je soupçonne qu’ils ont finipar être amants, mais bien plus tard. Ellel’a porté dans sa vie, il l’a portée dans sondeuil. Ils parlaient peu tous les deux, en toutcas tant que j’étais réveillé, mais ils étaientterriblement complices. Ils se comprenaientdu regard. Ils ont soigné dans leurs silencescommuns toutes les violences de leur vie.Il régnait un calme entre ces deux êtres quiétait déroutant. Comme si chacun s’étaitfait religion de ne plus jamais connaître lacolère ou la révolte.

- Qu’est-ce qu’il est devenu ?

Replié dans le bureau, là où ils avaientinstallé le corps de Lauren, il avait survécudix ans à Lili. Antoine avait passé la finde sa vie à entretenir la maison. Lilli luiavait laissé de l’argent, c’était son style detout prévoir, même l’imprévisible. En celaAntoine lui ressemblait. Il décéda àl’hôpital au début d’un hiver. Un matinensoleillé et frais, il s’était réveillé fatigué.En graissant les gonds du portail, unedouleur sourde s’était insinuée dans sapoitrine. Il avait marché entre les arbrespour chercher l’air qui lui manquait tout àcoup. Le vieux pin sous lequel il faisaitses siestes de printemps et d’été l’avaitaccueilli sous ses branches quand il étaittombé sans pouvoir se retenir. Terrassé parla douleur, il avait rampé jusqu’à la maisonet appelé des voisins au secours. Conduitaux urgences médicales de Monterey, il s’yétait éteint le lundi suivant. On aurait pucroire qu’il avait préparé son départ. À sondécès, le notaire de famille avait contactéArthur pour lui demander ce qu’il fallaitfaire de la maison.

- Il m’a dit qu’il avait été sidéréen s’y rendant . Antoine avait toutrangé, comme s’il partait en voyagele jour de son malaise.

Detrás de ellos, la casa comenzaba abrillar, iluminada por la claridad de la ma-ñana. La fachada que daba al mar estabadeteriorada, pero la construcción en su con-junto había resistido bien el paso de los años.Desde el exterior, nadie hubiera creído quellevaba tanto tiempo durmiendo.

—Ha aguantando bien —comentóLauren.

—Antoine era un maniático del mante-nimiento. Jardinero, maestro del bricolaje,pescador, niñera, guarda de la casa... Eraun escritor que había venido a parar aquí yal que mamá había dado albergue. Vivía enel pequeño anexo. Antes de que papá su-friera el accidente de avión, era amigo demis padres. Yo creo que siempre estuvo ena-morado de mamá, incluso cuando papá aúnestaba aquí. Y sospecho que acabaron porser amantes, pero mucho más tarde. Los doshablaban poco, al menos mientras yo esta-ba despierto, pero entre ellos había una grancomplicidad. Se comprendían con la mira-da. Curaron en sus silencios comunes todala violencia de sus respectivas vidas. Rei-naba entre ellos un sosiego que resultabadesconcertante, como si se hubieran im-puesto el deber de no experimentar nuncamás rabia o rebeldía.

— ¿Qué ha sido de él?

Refugiado en el despacho, la estanciadonde habían instalado el cuerpo de Lauren,había sobrevivido diez años a Lili. Antoinese había pasado el final de su vida mante-niendo la casa. Lili le había dejado dinero;su estilo era preverlo todo, incluso lo im-previsible. Antoine se le parecía en eso.Murió en el hospital a principios de un in-vierno. Una mañana soleada y fresca, sehabía despertado cansado. Mientras engra-saba los goznes de la puerta de entrada, ha-bía sentido un dolor sordo en el pecho. Ha-bía avanzado entre los árboles buscando elaire que le faltaba. El viejo pino bajo en elque dormía la siesta en primavera y veranolo había acogido bajo sus ramas, incapazde sostenerse, acabó por caer. Atenazado porel dolor, se había arrastrado hasta la calle yhabía pedido auxilio a unos vecinos. Habíasitio trasladado al hospital de Monterrey,donde falleció el lunes siguiente. Se hubie-ra dicho que había preparado su partida.Tras su muerte, el notario se había puestoen contacto con Arthur para preguntarle quéhabía que hacer con la casa.

—Me dijo que se había quedado de piedracuando vino aquí. Antoine lo había deja-do todo en orden, como si fuera a irse deviaje el día que se encontró mal.

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- C’est peut-être ce qu’il avait en tête ?

- Antoine, partir en voyage ? Non, déjàpour le faire se rendre à Carmel faire descourses c’était une négociation qu’il fallaitentreprendre plusieurs jours à l’avance.Non, je pense qu’il a eu cet instinct du vieiléléphant, il a senti venir son heure ou bienpeut-être en avait-il assez et s’est-ilabandonné.

Pour expliquer son point de vue ilrapporta la réponse de sa mère à unequestion qu’il lui avait un jour posée sur lamort. Il avait voulu savoir si les grandespersonnes en avaient peur, elle lui avaitformulée cette réponse dont il se souvenaitpar coeur, elle avait dit : « Lorsque tu aspassé une bonne journée, que tu t’es levétôt le matin pour m’accompagner à lapêche, que tu as couru, travaillé aux rosiersavec Antoine, tu es épuisé le soir, etfinalement, toi qui détestes aller te coucher,tu es heureux de plonger dans tes drapspour trouver le sommeil. Ces soirs-là tun’as pas peur de t’endormir.

La vie est un peu comme une de cesjournées. Lorsqu’elle a commencé tôt onéprouve une certaine tranquillité à se direqu’un jour on se reposera. P e u t -être parce que avec le temps nos corps nousimposent les choses avec moins de facilité.Tout devient plus difficile et fatigant, alorsl’idée de s’endormir pour toujours ne faitplus peur comme avant. »

- Maman était déjà malade, et je pensequ’elle savait de quoi elle parlait.

- Qu’est-ce que tu lui as répondu ?

- Je me suis accroché à son bras et jelui ai demandé si elle était fatiguée. Ellea souri. Bref, tout ça pour dire que je necrois pas qu’Antoine était fatigué devivre au sens dépressif, je crois qu’ilavait atteint une forme de sagesse.

- Comme les éléphants, reprit Laurenà voix basse.

Ils marchèrent vers la maison, etArthur bifurqua, se sentant prêt àentrer dans la roseraie.

- Là, nous allons vers le coeur duroyaume, le jardin de roses !

- Pourquoi le coeur du royaume ?

C’était le Lieu ! Lili était dingue de sesroses. C’était le seul sujet où il l’avait vueavoir des prises de bec avec Antoine.

—Tal vez pensaba hacerlo.

— ¿Antoine, irse de viaje? No, quéva... SÍ para conseguir que fuera aCarmel de compras había que empezara negociar con él varios días antes...No, yo creo que tuvo el instinto de loselefantes viejos, que presintió que lellegaba la hora; o quizá ya había teni-do bastante y se abandonó.

Para explicar su punto de vista, se remi-tió a la respuesta de su madre a una pregun-ta que un día él le había hecho sobre la muer-te. Arthur quería saber si las personas ma-yores tenían miedo de morir, y ella le habíadado la siguiente respuesta, que tenía muyfresca en la memoria: «Cuando has pasadoun buen día, te has levantado temprano paraacompañarme a pescar, has corrido y hastrabajado en los rosales con Antoine, al lle-gar la noche estás cansado y, aunque habi-tualmente no te gusta nada irte a la cama, tesientes feliz de meterte entre las sábanaspara conciliar el sueño. Esas noches no tie-nes miedo de dormirte.

«Pues bien, la vida es en cierto modocomo uno de esos días. Al principio ex-perimentamos cierta tranquilidad dicién-donos que un día descansaremos. Quizáporque, con el tiempo, el cuerpo nos im-pone las cosas con menos facilidad. Todose vuelve más difícil y fatigoso, así que laidea de dormirte para siempre* ya no damiedo como antes.»

—Mamá ya estaba enferma y creo quesabía de lo que hablaba.

— ¿Qué le dijiste tú?

—Me agarré a su brazo y le pregunté siestaba «cansada». Ella sonrió. En fin, lo quequería decir con todo esto es que no creoque Antoine estuviera cansado de vivir, enel sentido depresivo; yo creo que había ad-quirido una forma de sabiduría.

— Como los elefantes —dijo Laurenen voz baja.

Se encaminaron hacia la casa, peroArthur, sintiéndose preparado para entrar enla rosaleda, se desvió.

—Por aquí vamos al corazón del reino,la rosaleda...

— ¿Por qué es el corazón del reino?

¡Era el Lugar! A Lili le entusiasma-ban las rosas. Era el único tema sobreel que había discutido con Antoine.

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« Maman connaissait chaque fleur, tu nepouvais pas imaginer d’en couper une seulesans qu’elle s’en rende compte. » Il y avaitune quantité de variétés inimaginable. Ellecommandait des boutures sur catalogue, etse faisait une gloire de cultiver des espècesdu monde entier, surtout si la noticespécifiait des conditions climatiquesnécessaires à l’épanouissement de la plantetrès différentes d’ici. Cela devenait un paride faire mentir les horticulteurs et de réussirà développer des boutures.

- Il y en avait tant que ça ?

Il en avait compté jusqu’à cent trente-cinq. Lors d’une pluie torrentielle, sa mèreet Antoine s’étaient levés en plein milieude la nuit, ils avaient couru jusqu’augarage, et pris une bâche qui devait fairefacilement dix mètres de large sur trentemètres de long. En toute hâte, Antoineavait planté la bâche par trois de ses côtéssur des grands piquets, et par le dernier,ils l’avaient tous les deux tenue à bout debras, perchés l’un sur un escabeau, l’autresur la chaise d’arbitre du tennis. Ils avaientainsi passé une partie de la nuit à secouerce parapluie géant, dès qu’il devenait troplourd, rempli de trop de pluie. Latempête avait duré plus de trois heures.« Il y aurait eu le feu dans la maison,je suis sûr qu’ils auraient été moinsexcités. Tu les aurais vus le lendemain,on aurait dit deux épaves. » Mais laroseraie avait été sauvée.

- Regarde, dit Lauren en entrant dans lejardin, il y en a encore plein !

- Oui, ce sont des roses sauvages, celles-là ne craignent ni le soleil ni les pluies, ettu as intérêt à porter des gants si tu veux lescouper, elles ont beaucoup d’épines.

Ils passèrent une bonne partie de lajournée à découvrir, et redécouvrir le grandparc qui bordait la maison. Arthur montrales arbres, les griffures qu’il avait laisséesdans certaines écorces. Au détour d’un pinparasol, il lui indiqua l’endroit où il s’étaitcassé la clavicule.

- Comment as-tu fait ?

- J’étais mûr, je suis tombé de l’arbre!

Et la journée passa sans qu’ils s’enaperçoivent. À l’heure dite, ils se rendirentde nouveau au bord de l’océan, s’assirentsur les rochers et contemplèrent ce spectacleque les gens viennent voir du monde entier.Lauren ouvrit grands ses bras et s’exclama: « Michel-Ange est en forme ce soir ! »

—Mamá conocía absolutamente todaslas flores. No podías cortar ni una solasin que ella se diera cuenta. Había unacantidad inimaginable de variedades. Ellapedía esquejes por catálogo y disfrutabacultivando especies del mundo entero,sobre todo si en la descripción se espe-cificaba que el desarrollo de la planta re-quería unas condiciones climáticas muydistintas de las de a l l í . E ra u n retodesmentir a los floricultores y lograr queesos esquejes prosperaran.

— ¿Tantas había?

Él había contado hasta ciento treinta ycinco. Durante una lluvia torrencial, sumadre y Antoine se habían levantado amedia noche, habían ido corriendo al ga-raje y agarrado una lona que debía demedir diez metros de ancho por treinta delargo. Antoine había enganchado tres delas puntas de la lona en lo alto de unospalos, y la última la habían sostenido losdos con las manos, subidos uno en untaburete y el otro en una silla de arbitrode tenis. Habían pasado así parte de la no-che, sacudiendo aquel paraguas gigantecuando resultaba demasiado pesado porla cantidad de agua acumulada. La tor-menta había durado más de tres horas.

— Si hubiera habido un incendio den-tro de la casa, estoy seguro de que no ha-brían estado tan excitados. Si los hubiesesvisto al día siguiente... Estaban destrozados.Pero, eso sí, la rosaleda se había salvado.

— ¡Mira! —dijo Lauren al entrar en eljardín—. ¡Todavía hay muchísimas!

— Sí, son rosas silvestres, Esas nole temen ni al sol ni a la lluvia, y con-viene ponerse guantes para cortarlasporque están repletas de espinas.

Pasaron buena parte del día descubrien-do y redescubriendo el inmenso jardín querodeaba la casa. Arthur le enseñó a Laurenlos árboles, las inscripciones que había he-cho en la corteza de algunos. Pasado unpino piñonero, le señaló el lugar donde sehabía roto la clavícula.

—¿Cómo fue?

—Estaba maduro y caí del árbol.

Y el día transcurrió sin que se dierancuenta. A la hora prevista, fueron de nue-vo a la orilla del mar, se sentaron en lasrocas y contemplaron ese espectáculoque gente de todo el mundo va a ver.Lauren abrió los brazos y exclamó:

— ¡Miguel Ángel está en forma esta tarde!

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Arthur la regarda et sourit. La nuittomba très vite. Ils se réfugièrent dans lamaison. Arthur fit « les soins du corps »de Lauren. Puis il alluma un feu dans lacheminée du petit salon où ilss’installèrent tous deux après qu’il eutdîné légèrement.

- E t c e t t e v a l i s e n o i r e , c ’ e s tq u o i ?

- Rien ne t’échappe !

- Non, j’écoute, c’est tout.

- C’est une valise qui appartenait àMaman, elle y rangeait toutes ses lettres,tous ses souvenirs. En fait, je crois que cettevalise contient l’essentiel de sa vie.

- Comment cela, « tu crois » ?

C e t t e v a l i s e é t a i t u n g r a n dmys tè re . Tou te l a ma i son é t a i t àlu i , s au f l e p l aca rd où e l l e é t a i tr a n g é e . I n t e r d i t f o r m e l d ’ a c c è s .« Et je t ’assure que je n’aura is paspr is le r i sque ! »

- Où est-elle ?

- Dans le bureau à côté.

- Et tu n’es jamais revenu pourl’ouvrir ? Je ne peux pas le croire !Elle devait contenir toute la vie de sam è r e , i l n ’ a v a i t j a m a i s v o u l uprécipiter ce moment, il s’était ditqu’il devait être adulte et réellementprêt à prendre le risque de l’ouvrirpour comprendre . Devant lesplissements de front sceptiques deLauren, il avoua : « Bon, la vérité c’estque j’ai toujours eu la trouille. »

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas, peur que cela changel’image que j’ai gardée d’elle, peur d’êtreenvahi par le chagrin.

- Va la chercher !

Arthur ne bougea pas. Elle insistapour qu’il aille la chercher, il n’avait pasà avoir peur. Si Lili avait mis toute savie dans une valise, c’est pour qu’un jourson fils sache qui elle était. Elle nel’avait pas aimé pour qu’il vive avec lesouvenir d’une image :

« Le risque d’aimer, c’est d’aimer autantles défauts que les qualités, ils sontindissociables. Tu as peur de quoi, de jugerta mère ? Tu n’as pas l’âme d’un juge. Tu

Arthur la miró sonriendo. La nochecayó muy deprisa. Se refugiaron en lacasa. Arthur se ocupó de «los cuidadosdel cuerpo» de Lauren. Luego encendióla chimenea del saloncito, donde se ins-talaron ambos después de que él hubieratomado una cena ligera.

—Y esa maleta negra que has mencio-nado antes, ¿qué es?

— ¡No se te escapa nada!

—Presto atención, simplemente.

—Es una maleta que pertenecía amamá. Ahí guardaba todas sus cartas ytodos sus recuerdos. Creo que esa ma-leta contiene lo esencial de su vida.

—¿Por qué lo crees?

Esa maleta era un gran misterio.Él podía disponer de toda la casa,salvo del armario donde estaba guarda-da. Prohibición expresa de acercarse.

— ¡Y te aseguro que no me hubieraarriesgado a hacerlo!

— ¿Dónde está?

—Ahí al lado, en el despacho.

— ¿Y no has venido nunca paraabrirla? ¡No puedo creerlo! Debía decontener toda la vida de su madre, y nohabía querido precipitar ese momento;se había dicho que tenía que ser adultoy estar dispuesto de verdad a exponer-se a abrirla para comprender.

—Bueno, la verdad es que siem-pre me ha dado mucho miedo —con-fesó finalmente al observar la expre-sión escéptica de Lauren.

— ¿Porqué?

—No sé..., miedo de que cambie la ima-gen que he conservado de ella, miedo deque me invada la tristeza.

— ¡Ve a buscarla!

Arthur no se movió; Ella insistió en quefuera a buscarla, diciéndole que no tenía porqué tener miedo. Si Lili había metido todasu vida en una maleta, sin duda era para queun día su hijo supiese quién había sido. Ellano lo había querido para que viviera con elrecuerdo de una imagen.

— El riesgo de amar es amar tanto tosdefectos como las cualidades, porque sonindisociables, ¿Di qué tienes miedo? ¿Dejuzgar a tu madre? No tienes alma de juez.

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ne peux pas ignorer ce qu’elle contient, tuenfreins sa loi... Elle te l’a laissée pour quetu saches tout d’elle, pour prolonger ce quele temps ne lui a pas laissé faire, pour quetu la connaisses vraiment, pas seulement entant qu’enfant, mais avec tes yeux et toncoeur d’homme ! »

Arthur réfléchit quelques instants à cequ’elle venait de lui dire. Tout en laregardant il se leva, se rendit dans le bureauet ouvrit le fameux placard. Il contempla lapetite valise noire posée face à lui surl’étagère, en saisit la poignée usée etemmena tout ce passé vers le présent.Revenu dans le petit salon, il s’assit entailleur à côté de Lauren, ils se regardèrentcomme deux enfants qui viendraient detrouver la cassette de Barbe-Rouge. Aprèsavoir pris sa respiration, il fit glisser lesdeux loquets, et le couvercle s’ouvrit. Lavalise débordait d’enveloppes de toutestailles, elles contenaient des lettres, desphotos, quelques petits objets, un petit avionen pâte à sel qu’Arthur avait fait pour uneFête des Mères, un cendrier en pâte àmodeler, c’était pour un Noël celui-là, uncollier en coquillages, sans origine, lacuillère en argent et ses chaussons de bébé.Une véritable caverne d’Ali Baba. Sur ledessus de la valise, il y avait une lettre pliéescellée par une agrafe. Lili avait écritARTHUR en gros. Il la prit et la décacheta.

Mon Arthur,

Te voilà donc dans ta maison. Le tempsferme toutes les blessures, même s’il nenous épargne pas quelques cicatrices. Danscette valise tu trouveras tous mes souvenirs,ceux que j’ai de toi, ceux d’avant toi, tousceux que je n’ai pas pu te raconter, parceque tu étais encore un enfant. Tudécouvriras ta mère avec un autre regard,tu apprendras beaucoup de choses, j’ai ététa maman, et j’ai été une femme, avec mescraintes, mes doutes, mes échecs, mesregrets et mes victoires. Pour te donner tousles conseils que je te prodiguais, il a falluaussi que je me trompe, et cela m’est arrivésouvent. Les parents sont des montagnesque l’on passe sa vie à essayer d’escalader,en ignorant qu’un jour c’est nous quitiendrons leur rôle.

Tu sais, rien n’est plus complexe qued’élever un enfant. On passe sa vie entièreà donner tout ce que l’on croit être juste,tout en sachant que l’on ne cesse de setromper. Mais pour la plupart des parents,tout n’est qu’amour, même si l’on ne peutpas s’empêcher parfois de quelqueégoïsme. La vie n’est pas non plus unsacerdoce. Le jour où j’ai refermé cette

No puedes fingir que el contenido de lamaleta no existe, estás infringiendo su ley...¡Te lo dejó para que lo sepas todo sobre ella,para prolongar lo que el tiempo no le dejóhacer, para que la conozcas de verdad, nosólo como niño, sino con tus ojos y tu cora-zón de hombre!

Arthur reflexionó unos instantes en loque Lauren acababa de decirle. Se levantósin dejar de mirarla, fue al despacho y abrióel famoso armario. Contempló la pequeñamaleta negra que había ante él, sobre unestante, la agarró de la gastada asa y arras-tró todo aquel pasado hacia el presente. Devuelta en el saloncito, se sentó en el suelojunto a Lauren y los dos se miraron comodos niños que acabaran de encontrar el te-soro de Barbarroja. Tras haber recobradoel aliento, empujó los dos pestillos y la tapase abrió. La maleta rebosaba de sobres detodos los tamaños llenos de cartas y fotos;también había pequeños objetos: un avion-cito de pasta de sal que Arthur había he-cho un año para el Día de la Madre, uncenicero de arcilla con motivo de una Na-vidad, un collar de conchas de origen des-conocido, su cuchara de plata y suszapatitos de bebé. Una auténtica cueva deAlí Baba. En el interior de la tapa habíauna carta doblada y cerrada con una gra-pa. Lili había escrito el nombre de Arthuren grandes letras. El la abrió.

Querido Arthur:

Por fin estás en tu casa. El tiempo curatodas las heridas, aunque nos deje algu-nas cicatrices. En esta maleta encontra-rás indos mis recuerdos, los que tengode ti y los de antes de que nacieras, to-dos los que no pude contarte porque to-davía eras pequeño. Descubrirás a tumadre con otra mirada, te enterarás demuchas cosas; porque, además de ser tumadre, he sido una mujer, con mis mie-dos, mis dudas, mis fracasos, mis pesa-res y mis victorias. Para darte todos losconsejos que te prodigaba, fue precisotambién que me equivocara, cosa que mesucedió con frecuencia. Los padres sonmontañas que uno se pasa la vida esca-lando, sin saber que un día nosotros re-presentaremos su papel.

No hay nada más complejo que edu-car a un hijo. Te pasas la vida enteradando todo lo que crees que es justo ysabiendo al mismo tiempo que estásconstantemente equivocándote. Pero,para la mayoría de los padres, todo esamor, aun cuando a veces no se puedeevitar cierto egoísmo. La vida no es unsacerdocio. El día que cerré esta peque-

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petite valise, j’ai craint de te décevoir.

Moi, je ne t’ai pas laissé le temps desjugements de l’adolescence. Je ne sais pasquel âge tu auras lorsque tu liras cettelettre. Je t’imagine un beau jeune hommede trente ans, peut-être un peu plus. Dieuque j’aurais voulu vivre toutes ces annéesà tes côtés. Si tu savais à quel point l’idéede ne plus te voir le matin quand tu ouvrestes yeux, de ne plus entendre le son de tavoix lorsque tu m’appelles, me laisse vide.Cette idée me fait plus mal que le mal quim’emporte si loin de toi.

J’ai toujours aimé Antoine d’amour,mais je n’ai pas vécu cet amour. Parce quej’ai eu peur, peur de ton père, peur de luifaire du mal, peur de détruire ce que j’avaisconstruit, peur de m’avouer que je m’étaistrompée. J’ai eu peur de l’ordre établi, peurde recommencer, peur que cela ne marchepas, peur que tout cela ne soit qu’un rêve.Ne pas le vivre fut un cauchemar. Nuit etjour je pensais à lui, et je me l’interdisais.Lorsque ton père est mort, la peur acontinué, peur de trahir, peur pour toi.

Tout ça fut un immense mensonge.Antoine m’a aimée comme toute femmerêverait d’être aimée au moins une foisdans sa vie. Et je n’ai pas su le lui rendre,à cause d’une lâcheté inouïe. Je m’excusaisde mes faiblesses, me complaisais dans cemélodrame à quatre sous, et j’ignorais quema vie passait à toute vitesse et que moi jepassais à côté. Ton père était un hommebien, mais Antoine était un homme uniqueà mes yeux, personne ne me regardaitcomme lui, personne ne me parlait commelui ; à ses côtés rien ne pouvait m’arriver,je me sentais protégée de tout. Il comprenaitchacune de mes envies, chacun de mesdésirs et n’avait de cesse de les satisfaire.Toute sa vie était fondée sur l’harmonie, ladouceur, le savoir-donner là où moi jecherchais des batailles comme raisond’exister, et ignorais le savoir-recevoir.J’avais la trouille, je me forçais à croireque ce bonheur était impossible, que la viene pouvait pas être aussi douce. Nous avonsfait l’amour une nuit, tu avais cinq ans. J’aiporté un enfant, et je ne l’ai pas gardé, jene le lui ai jamais dit, et pourtant je suissûre qu’il l’a su.

Il devinait tout de moi.

Aujourd’hui c’est peut-être mieux, àcause de ce qui m’arrive, mais je penseaussi que cette maladie ne se serait peut-être pas développée si j’avais été en paixavec moi-même. Nous avons vécu toutes cesannées à l’ombre de mes mensonges, j’aiété hypocrite avec la vie et elle ne me l’a

ña maleta, temí decepcionarte.

No te dejé tiempo de emitir juiciosde adolescente. No sé qué edad tendráscuando leas esta carta. Te imagino unapuesto joven de treinta años, tal vez unpoco mayor. ¡Cómo me hubiera gustadovivir todos esos años a tu lado! Si supie-ras lo vacía que me deja la idea dé novolver a verte por la mañana cuandoabras los ojos, de no volver a oír el soni-do de tu voz cuando me llames... Pensar-lo me hace más daño que la enfermedadque me lleva tan lejos de ti.

Siempre he estado enamorada deAntoine, pero no he vivido ese amorpor miedo. Miedo de tu padre, miedode hacerle daño, miedo de destruir loque había construido, miedo de con-fesarme que me había equivocado.Tuve miedo del orden establecido,miedo de volver a empezar, miedo deque no funcionara, miedo de que todofuese un sueño. No vivirlo fue unapeladilla. Pensaba en el día y noche,y me lo prohibía.

Tras la muerte de tu padre, el miedocontinuó: miedo de traicionar, miedo porti. Todo aquello fue una inmensa mentira.Antoine me ha amado como toda mujer de-searía ser amada al menos una vez en lavida. Y yo no he sabido corresponderé porculpa de una increíble cobardía. Yo discul-paba mis debilidades, me complacía en esemelodrama barato, y me negaba a ver quemi vida pasaba a toda velocidad y que yopasaba por su lado. Tu padre era un hom-bre admirable, pero Antoine era para míun hombre único; nadie me miraba comoél, nadie me hablaba como él. A su lado,nada podía pasarme, me sentía protegidade todo. Él comprendía todos mis deseosy no cejaba hasta satisfacerlos. Toda su vidaestaba basada en la armonía, la delicade-za, el saber dar, mientras que yo buscababatallas como razón de existir y lo ignora-ba todo del saber recibir. Estaba aterrori-zada, me obligaba a creer que esa felici-dad era imposible, que la vida no podía sertan agradable. Una noche, cuando tú teníascinco años, hicimos el amor. Concebí unhijo y no lo conservé. Nunca se lo dije, peroestoy segura de que lo supo.

Lo adivinaba todo de mí.

Quizás haya sido mejor así debido a loque ahora me pasa, pero también creo quetal vez esta enfermedad no se habría desa-rrollado si hubiese estado en paz conmigomisma. Hemos vivido todos estos años ala sombra de mis mentiras, he sido hipó-crita con la vida y ella no me lo ha perdo-

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pas pardonné. Tu en sais déjà plus sur tamaman, j’ai hésité à te dire tout cela, eupeur encore une fois de ton jugement, maisne t’ai-je pas enseigné que le piremensonge est de se mentir à soi-même ? Ily a beaucoup de choses que j’aurais voulupartager avec toi, mais nous n’avons paseu le temps. Antoine ne t’a pas élevé à causede moi, de toutes mes ignorances.

Lorsque j’ai su que j’étais malade ilétait trop tard pour faire marche arrière.Tu trouveras plein de choses dans tout cebazar que je te laisse, des photos de toi, demoi, d’Antoine, ses lettres, ne les lis pas,elles m’appartiennent, elles sont ici car jen’ai jamais pu me résoudre à m’en séparer.Tu te demanderas pourquoi il n’y a pas dephotos de ton père, j’ai tout déchiré unenuit de colère et de frustration, j’étais encolère contre moi...

J’ai fait de mon mieux, mon amour,du mieux que pouvait cette femme, avecses qualités et ses défauts, mais sacheque tu as été toute ma vie, toute maraison de vivre, ce qui m’est arrivé deplus beau et de plus fort. Je prie pourque tu connaisses un jour le ressentirunique qu’est celui d’avoir un enfant,tu comprendras bien des choses.

Ma plus grande fierté aura été d’êtreta Maman, pour toujours.

Je t’aime.

Lili

Il replia la lettre et la remit sur laval ise . Lauren le vi t pleurer, e l les’approcha de lui et cueillit les larmesdu revers de son index. Surpris, il relevales yeux, et toute sa peine fut lavée parla tendresse de son regard. Puis son doigtglissa vers le menton d’un mouvementde balancier. A son tour il posa sa mainsur sa joue, puis autour de sa nuque,rapprocha son visage du sien. Lorsqueleurs lèvres se frôlèrent, elle recula.

- Pourquoi fais-tu cela pour moi, Arthur?

- Parce que je vous aime et ça ne vousregarde pas.

Il la prit par la main et la conduisit àl’extérieur de la maison.

- Où va-t-on ? demanda-t-elle.

- À l’océan.

- Non, ici, dit-elle, maintenant. Elle se

nado. Ya sabes más cosas de tu madre. Hedudado en contarte todo esto, he tenidomiedo una vez más de que me juzgaras,pero ¿no te he enseñado que la peor menti-ra es mentirse a uno mismo? Hay muchascosas que hubiera querido compartir con-tigo, pero no hemos tenido tiempo. Antoineno te ha criado por mí culpa, por culpa demi ignorancia.

Cuando supe que estaba enferma, yaera demasiado tarde para dar marcha atrás.Encontrarás muchas cosas en este batibu-rrillo que te dejo: fotos tuyas, mías, deAntoine, sus cartas... No las leas, me per-tenecen; están aquí porque nunca he sidocapaz de deshacerme de ellas. Te pregun-tarás por qué no hay fotos de tu padre.Las rompí todas una noche que me dejéllevar por la cólera y la frustración. Esta-ba furiosa conmigo misma.

He hecho las cosas lo mejor que he po-dido, cariño, lo mejor que ha podido estamujer, con sus cualidades y sus defectos,pero debes saber que tú has sido toda mivida, toda mi razón de vivir, lo más hermo-so y lo más extraordinario que me ha suce-dido. Rezo para que experimentes un día lasensación única de tener un hijo, porqueentonces comprenderás muchas cosas.

Mi mayor orgullo es ser cu madre y se-guir siéndolo siempre.

Te quiero.

Lili

Arthur dobló la carta y volvió a dejarlaen la maleta. Lauren lo vio llorar, se acercóa él y enjugó sus lágrimas con el reverso delíndice. Él alzó los ojos, sorprendido, y toda su pena quedó borrada por la ternura dela mirada de ella, cuyo dedo comenzó a des-lizarse hacia la barbilla con un movimientooscilante. Arthur posó una mano en sumejilla, después alrededor de su nuca,y acercó la cara a la suya. Cuando suslabios se rozaron, ella retrocedió.

— ¿Por qué hacen esto por mí, Arthur?

— P o r q u e t e q u i e r o , y e s o e scosa mía .

La tomó de la mano y la condujo alexterior de la casa.

— ¿Adonde vamos? —preguntó Lauren.

—Al mar.

—No, aquí, ahora —dijo ella, situán-

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dressa face à lui et déboutonna sachemise.

- Mais comment fais-tu, tu ne pouvais...

- Ne pose pas de questions, je ne saispas.

Elle fit tomber la chemise le long de sesépaules, passant ses mains sur son dos. Luise sentit désemparé, comment déshabillait-on un fantôme ? Elle sourit, ferma les yeuxet fut instantanément nue.

- I l suff isai t que je pense à unmodèle de robe pour l’avoir sur moiimmédiatement, si tu savais commej’en ai profité...

Sous le porche de la maison, elles’enroula autour de lui, et l’embrassa.

L’âme de Lauren fut pénétrée par soncorps d’homme, et entra à son tour dansle corps d’Arthur, le temps d’uneétreinte, comme dans la magie d’uneéclipse... La valise était ouverte.

12

L’inspecteur Pilguez se présenta àl’hôpital à onze heures. La principale degarde avait appelé le commissariat dès laprise de son service à six heures du matin.Une patiente dans le coma avait disparu del’hôpital, il s’agissait d’un enlèvement.

Pilguez avait trouvé la note sur sonbureau en arrivant et avait haussé les épaulesen se demandant pourquoi ce type d’affaireslui tombait toujours dessus. Il avait tempêtéet maugréé auprès de Nathalia quidispatchait les appels au Central.

- Je t’ai fait quelque chose, ma belle,pour que tu me donnes des affaires pareillesun lundi matin ?

- Tu aurais pu te raser mieux que celaen début de semaine, avait-elle réponduavec un large sourire coupable.

- C’est intéressant comme réponse,j’espère que tu aimes ta chaise pivotante,

dose frente a él y des abrochándole la ca-misa.

—Pero ¿cómo lo haces? Si no podías...

— N o h a g a s p r e g u n t a s . N o l os é .

Le quitó la camisa y le pasó las manospor la espalda. Arthur se sintió desconcer-tado. ¿Cómo se desnudaba a un fantasma?Ella sonrió, cerró los ojos y se quedó ins-tantáneamente desnuda.

—Basta que piense en una prenda devestir para que aparezca sobre mi cuerpoinmediatamente. Si supieras cómo he apro-vechado esa capacidad...

Allí mismo, en el porche de la casa, en-lazó a Arthur y lo besó.

El alma de Lauren fue penetrada por sucuerpo de hombre y entró a su vez en elcuerpo de Arthur, invadiéndolo mientrasduró el abrazo, como en la magia de uneclipse... La maleta estaba abierta.

12

El inspector Pilguez se presentó en elhospital a las once. La enfermera jefe de guar-dia había llamado a la comisaría nada másempezar su turno, a las seis de la mañana.Una paciente en coma había desaparecido delhospital; se trataba de un secuestro.

Pílguez había encontrado la nota sobre sumesa al llegar y se había encogido de hombros,preguntándose por que siempre le tocaban a élesa clase de asuntos. Había ________despotricado ante Nathalia, la encargadade repartir los casos en la Central.

—Oye, guapa, ¿te he hecho yo algo paraque me asignes semejantes casos un lunespor la mañana?

—Habrías podido afeitarte mejor paraempezar la semana —había contestado ellacon una amplia sonrisa culpable.

—Una respuesta interesante. ¡Esperoque le tengas cariño a tu silla giratoria, por-

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parce que je ne te sens pas la quitter avantlongtemps, celle-là !

- Tu es une statue dédiée à l’amabilité,George !

- Oui, c’est tout à fait ça, et ça me donnejustement le droit de choisir les pigeons quivont me chier dessus !

Et il avait tourné les talons. Mauvaisesemaine qui commençait, de toute façon elleenchaînait sur une mauvaise semaine quis’était terminée deux jours plus tôt.

Pour Pilguez une bonne semaine seraitfaite de jours où les flics ne seraient appelésque pour régler des affaires de voisinageou de respect du Code civil. L’existence dela Criminelle était un non-sens, puisque celasignifiait qu’il y avait assez de tordus danscette ville pour tuer, violer, voler etmaintenant enlever des gens dans le comaà l’hôpital. Parfois il se prenait à penserqu’au bout de trente ans de carrière il auraitdû tout avoir vu mais chaque semainerepoussait les limites de la démencehumaine.

- Nathalia ! hurla-t-il depuis son bureau.

- Oui, George ? répondit la responsabledu dispatching. On a passé un mauvaisweek-end ?

- Tu ne veux pas aller me chercher desbeignets en bas ?

Les yeux rivés sur la main courantedu commissariat, mâchant son stylo,elle fit non d’un mouvement de la tête.« Nathalia ! » hurla-t-il encore. Ellereportait les références des rapportsde la nuit dans la marge réservée àcet effet. Parce que les cases étaientt rop pet i tes , parce que le chef duseptième «Precinct», son supérieur,comme elle l’appelait ironiquement,était maniaque, elle s’appliquait à écriredes lettres minuscules, sans déborder.Sans même relever la tête elle luirépondit : « Oui, George, dis-m o i q u et u p r e n d s t a r e t r a i t e c e s o i r .» I l s e l e v a d ’ u n b o n d e t s ep o s t a f a c e à e l l e .

- C’est méchant ça !

- Tu ne veux pas t’acheter un truc surlequel tu passerais tes humeurs ?

- Non, c’est sur toi que je passe meshumeurs, ça représente cinquante pour centde la justification de ton salaire.

que presiento que va a pasar mucho tiempoantes de que la dejes!

— ¡Eres un monumento a la amabilidad,George!

— ¡Sí, exacto, y eso me da derecho aelegir los palomos que se me van a cagarencima!

Y había dado media vuelta. Empezabauna mala semana; aunque, para ser exac-tos, empalmaba con otra mala semana quehabía acabado dos días antes.

Para Pilguez, una buena semana estaríacompuesta de días en los que sólo llamarana los polis para resolver problemas de ve-cindad o de respeto al Código Civil. La exis-tencia de la Brigada Criminal era un des-propósito, pues significaba que en aquellaciudad había bastantes perturbados paramatar, violar, robar y, ahora, secuestrar apersonas en coma que estaban en el hospi-tal. A veces pensaba que después de treintaaños de profesión debería haberlo visto todo,pero cada semana ampliaba los límites dela demencia humana.

— ¡Nathalia! —gritó desde su despacho.

— ¿Sí, George? —dijo la encarga-da del reparto—. ¿No ha ido bien elfin de semana?

— ¿Podrías bajar a buscarme unosdonuts?

Ella, con los ojos clavados en la barandillade la comisaría mientras mordisqueaba el bolí-grafo, hizo un gesto negativo con la cabeza.

— ¡Nathalia! —volvió a gritar el inspector.Ella estaba copiando las referencias

de los informes de la noche en el espa-cio reservado a tal efecto. En parte por-que las casillas eran demasiado peque-ñas y en parte porque el jefe del distritoséptimo, su superior, como ella lo llama-ba irónicamente, era un maniático, seesforzaba en hacer una letra minúsculapara no salirse de los recuadros.

— Sí, George, dime que te jubilas estanoche —contestó sin levantar siquiera lacabeza. Pilguez se levantó de un salto y seplantó delante de ella.

— ¡Eso es una crueldad!

— ¿Por qué no le compras algocon lo que desahogarte?

—Porque para desahogarme tetengo a t i . Eso just i f ica el c incuen-ta por c iento de tu sueldo.

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- C’est sur ta figure que je vais teles coller tes beignets, tu sais ça, moncanard ?

- On est des poulets, pas des canards !

- Pas toi, toi tu es un affreux canardmême pas foutu de voler, tu marches commeun canard. Allez, va bosser et laisse-moi.

- Tu es très belle, Nathalia.

- Mais oui, et toi tu es aussi beau quetu es bien luné.

- Allez, mets le gilet de ta grand-mère,je t’emmène boire un café en bas.

- Et le dispatching, qui le fait ?

- Attends, ne bouge pas, je vais temontrer.

Il se retourna et marcha d’un pas pressévers le jeune stagiaire qui classait desdossiers à l’autre bout de la pièce. Il le saisitpar le bras et lui fit traverser la grande sallejusqu’au bureau à l’entrée.

- Voilà, mon grand, tu te visses sur cettechaise à roulettes avec accoudoirs, parceque madame a eu une promotion : deuxaccoudoirs en tissu. T’as le droit de tournerdessus mais pas plus de deux tours completsdans le même sens, tu décroches letéléphone quand ça fait un bruit, tu dis : «Bonjour, commissariat principal, laCriminelle, j’écoute », tu écoutes, tu notestout sur ces papiers, et tu ne vas pas pisseravant qu’on revienne. Et si quelqu’un tedemande où est Nathalia, tu dis qu’elle asubitement eu ses trucs de bonne femme etqu’elle est partie en courant à la pharmacie.Ça te paraît dans tes moyens ?

- Pour ne pas aller prendre ce café avecvous, je pourrais même nettoyer lestoilettes, inspecteur !

George ne releva pas, saisit à son tourNathalia par le bras et l’entraîna dansl’escalier.

- Ça devait bien lui aller à ta grand-mère,ce gilet ! lui dit-il en souriant.

- Qu’est-ce que je vais m’emmerderdans ce boulot quand ils vont te mettre à laretraite, George !

À l’angle de la rue, une enseigne en néonrouge, datant des années cinquante,grésillait. Les lettres lumineuses quiindiquaient « The Finzy Bar » déversaientun halo de lumière pâle sur la vitrine du

— Oye, los donuts esos te los voya poner de sombrero. Venga, no seasganso.

— ¿Ganso yo?

— Sí, tú. Eres un ganso horrible que nisiquiera sabe volar, andas como un ganso.Venga, vete a currar y déj ame en paz.

— Eres preciosa, Nathalia.

— Claro, claro..., y tu belleza es com-parable a tu simpatía.

—Venga, ponte la rebeca de tu abuelaque voy a llevarte a tomar un café.

—¿Y quién hace el reparto?

—Espera , no te muevas , voy aenseñártelo.

Se volvió y se acercó a paso rápido aljoven en prácticas que clasificaba expe-dientes en el otro extremo de la habitación.Lo agarró del brazo y le hizo cruzar la gransala hasta la mesa de la entrada.

—Bueno, amigo, ahora te sientas en esasilla de ruedas con brazos porque a la seño-ra le ha correspondido un ascenso: un parde brazos mullidos. Tienes permiso paragirar, pero sin dar más de dos vueltas com-pletas en el mismo sentido. Descuelgas elteléfono cuando suene, dices: «Buenos días.Comisaría Central, Brigada Criminal, díga-me...», escuchas lo que te digan, lo anotastodo en estos papeles y no vas a mear hastaque volvamos. Y sí alguien te pregunta dón-de está Nathalia, le dices que ha tenido derepente una indisposición propia de su sexoy que se ha ido corriendo a la farmacia.¿Crees que serás capaz de hacerlo?

— ¡Con tal de no tomar café con usted,sería capaz hasta de limpiar los lavabos, ins-pector!

George hizo oídos sordos, agarró aNathalia del brazo y la arrastró por la esca-lera.

— ¡Esa rebeca debía de sentarle bien atu abuela! —le dijo sonriendo.

— ¡ C ó m o v o y a a b u r r i r m ee n e s t e c u r r o c u a n d o t e j u b i -l e n , G e o r g e !

En la esquina de la calle parpadeabaun rótulo de neón rojo de los años cin-cuenta. Las letras luminosas que forma-ban el nombre, The Finzy Bar, enviabanun pálido resplandor al ventanal del viejo

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vieux bistrot. Finzy avait connu ses heuresde gloire. Il ne restait de cet endroit désuetqu’un décor aux murs et aux plafondsjaunis, aux allèges de bois patinées par letemps, aux parquets vieillis usés des milliersde pas ivres et des piétinements derencontres d’un soir. Du trottoir d’en face,le lieu ressemblait à une toile de Hooper.Ils traversèrent la rue, s’attablèrent au vieuxcomptoir en bois et commandèrent deuxcafés allongés.

- Tu as passé un si mauvais dimancheque ça, mon gros ours ?

- Je m’ennuie le week-end, ma belle, situ savais ! Je tourne en rond.

- C’est parce que je n’ai pas pub runche r avec t o i d imanche ? I lacquiesça d’un signe de tête.

- Mais va au musée, sors un peu !

- Si je vais au musée, je repère en deuxsecondes les pickpockets et je me retrouveau bureau tout de suite.

- Va au cinéma.

- Je m’endors dans le noir.

- Va te promener alors !

- Bien, c’est une idée, j’irai mepromener, comme ça je n’aurai pas l’aird’un con à déambuler sur les trottoirs.Qu’est-ce que tu fais ? Rien, je me promène! Tu parles d’un week-end. Ça marche avecton nouveau Jules ?

- R ien de fo rmidab le , mais çaoccupe .

- Tu sais quel est le défaut deshommes ? demanda George.

- Non, lesquels ?

- Ils ne devraient pas s’ennuyer pourtantles hommes, avec une fille comme toi ; sij’avais eu quinze années de moins, je meserais inscrit sur ton carnet de bal !

- Mais tu as quinze ans de moins que ceque tu crois, George.

- Je prends ça comme une avance ?

- Comme un compliment, c’est déjà pasmal. Allez, moi je vais travailler et toi tu vasà l’hôpital, ils avaient l’air paniqué.

George rencontra l’infirmière en chefJarkowizski. Elle dévisagea l’homme mal

establecimiento. Finzy había tenido susmomentos gloriosos. Ahora sólo quedabade aquel lugar anticuado una decoraciónde paredes y techos amarillentos,alféizares de madera envejecidos por eltiempo, parqué gastado por los miles depasos ebrios y las pisadas de encuentrosde una noche. Desde la acera de enfrente,parecía un cuadro de Hooper. Cruzaronla calle, se sentaron ante la vieja barra demadera y pidieron dos cafés largos.

— ¿Tan malo ha sido el domingo, gran-dullón?

—No puedes ni imaginarte lo que meaburro los fines de semana, preciosa.

— ¿ L o d i c e s p o r q u e n o p u d ea l m o r z a r c o n t i g o e l d o m i n g o ?— E l a s i n t i ó c o n l a c a b e z a —.Pero ve a algún museo, sal un poco...

— Si voy a un museo, al cabo dedos segundos veo a un carterista ytengo que acabar en el despacho.

—Pues vete al cine.

—Me duermo en la oscuridad.

— ¡Pues entonces vete a pasear!

—Ésa es una buena idea. Iré a pasear,así no tendré pinta de gil ipollasdeambulando por las calles. ¿Qué haces?¡Nada, estoy pascando! Estamos hablan-do de todo un fin de semana, ¿Qué talcon tu nuevo novio?

—Nada del otro mundo, pero estoy en-tretenida.

— ¿Sabes cuál es «el» defecto de loshombres? —preguntó George.

—No. ¿«Cuáles»?

—Los hombres no deberían abu-rrirse con una chica como tú. Si yot u v i e r a q u i n c e a ñ o s m e n o s , m eapuntaría en tu carné de baile.

—Pero si tienes quince años menosde los que crees, George.

— ¿Lo interpreto como un adelanto?

— Como un cumplido, y no está nadamal. Venga, yo me voy a trabajar y tú te vasal hospital. Parecían espantados.

George se encontró con la enferme-ra jefe Jarkowizski. Esta miró al hom-DÉVISAGER I. Endommager le visage de (qqn). II.

(De 2. dé-; 1803, Boiste). Regarder (qqn) avecattention, avec insistance.

Mirar con insistencia

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rasé, aux formes rondes, mais qui avait del’élégance.

- C’est terrifiant, dit-elle, jamais pareillechose n’est arrivée.

Sur le même ton, elle ajouta que leprésident du conseil était dans tous ses états,et voulait le recevoir dans l’après-midi. Ildevrait référer du problème à sesadministrateurs en début de soirée. « Vousallez nous la retrouver, inspecteur ? »

- Si vous commenciez par me racontertout depuis le début peut-être.

Jarkowizski raconta que l’enlèvements’était très certainement produit auchangement de service. L’infirmière desoirée n’avait pu encore être contactée,mais celle du service de nuit avait confirméque la place était vide lors de sa ronde versdeux heures. Elle avait cru que la patienteétait morte et la couche non encorepourvue, selon le rituel qui consiste àtoujours laisser un lit inoccupé pendantvingt-quatre heures quand un patientdécède. C’est en faisant sa première rondeque Jarkowizski avait immédiatementréalisé le drame et donné l’alerte.

- Peut-être qu’elle s’est réveillée de soncoma et qu’elle en a eu marre de cet hôtel,elle est allée se balader, c’est légitime sielle est allongée depuis longtemps.

- J’aime beaucoup votre humour, vousdevriez en faire profiter sa mère, elle estdans le bureau de l’un de nos responsablesde service, elle va arriver d’une minute àl’autre.

- Oui, bien sûr, enchaîna Pilguez touten regardant ses chaussures. Quel estl’intérêt si c’est un enlèvement ?

- Qu’est-ce que cela peut faire ?répondit-elle d’un ton agacé, comme si onétait en train de perdre du temps.

- Vous savez, dit-il en appuyant sonregard, aussi étrange que cela puisseparaître, quatre-vingtdix- neuf pour cent descrimes ont un mobile. C’est que, enprincipe, on ne vient pas piquer un maladedans le coma un dimanche soir, si c’est justepour rigoler. À ce propos, vous êtes sûrequ’elle n’a pas pu être transportée dans unautre service ?

- J’en suis sûre, il y a des bons detransfert à l’accueil, elle a été évacuée enambulance.

- Quelle compagnie ? demanda-t-il en

bre mal afeitado, de formas redondas,pero elegante.

—Es terrible —dijo—. Nunca habíapasado una cosa así.

Y en el mismo tono añadió que elpresidente del consejo estaba furiosoy quería verlo por la tarde. Tendría queexponer el asunto ante los administra-dores a primera hora de la noche.

— ¿La encontrará, inspector?

— Si empezara por contármelo tododesde el principio, podría ser.

Jarkowizski le explicó que el secuestrose había producido con toda seguridad enel cambio de servicio. No habían podidolocalizar todavía a la enfermera del turnode tarde, pero la del turno de noche habíaconfirmado que la cama estaba vacía cuan-do hizo la ronda hacia las dos. Creyó que lapaciente había muerto y que la cama aún nose había asignado a otro enfermo, según elritual consistente en dejar libre durante vein-ticuatro horas una cama en la que ha falle-cido alguien. Pero al hacer su primera ron-da, Jarkowizski se había percatado del dra-ma y había dado la voz de alarma.,

— Q u i z á d e s p e r t ó d e l c o m a y,h a r t a d e e s t a r e n e s t e h o t e l , s ef u e a p a s e a r. E s l e g í t i m o , s i ¡ l e -v a b a t a n t o t i e m p o a c o s t a d a .

—Me encanta su sentido del humor, de-bería hacer partícipe de él a la madre de lachica. Está en el despacho de uno de nues-tros encargados de servicio y llegará de unmomento a otro.

— Sí, claro —dijo Pilguez, mirándoselos zapatos—, Y si se tratara de un secues-tro, ¿cuál sería su finalidad?

— ¡Eso qué más da! —respondió la en-fermera en un tono irritado, como si estu-vieran perdiendo el tiempo.

—Pues, verá —dijo él sosteniendo sumirada—, por raro que parezca, el no-venta y nueve por ciento de los crímenestienen un móvil. Y resulta que, en prin-cipio, a nadie se le ocurre birlar un en-fermo en coma un domingo por la nochesimplemente para divertirse. Por cierto,¿está segura de que no la han trasladadoa otra planta?

— Sí, lo estoy. En recepción hay unosvolantes de traslado a otro hospital. Se lallevaron en ambulancia.

— ¿De qué compañía? —preguntó el

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sortant son crayon.

- Aucune.

En arrivant ce matin, elle n’avaitpas du tout pensé à un enlèvement.Prévenue qu’un l i t à la 505 é ta i tl i b é r é , e l l e s ’ é t a i t t o u t d e s u i t er e n d u e à l ’ a c c u e i l , « j e t r o u v a i sinadmissible qu’un transfert se soitfa i t sans qu’on m’en eût aver t ie ,mais vous savez de nos jours , l erespec t des supér ieurs , enf in , c en ’ e s t p a s l e p r o b l è m e » .La réceptionniste lui avait remis lesdocuments, et el le avait « tout desuite vu » que quelque chose étaitlouche. Il manquait un formulaire, etle bleu n’était pas bien rempli. « Jeme demande comment cette crétine s’estlaissé abuser... »

Pilguez voulut connaître l’identité dela « crétine ». Elle s’appelait Emmanuelleet était de permanence hier à l’entrée...« C’est elle qui a laissé faire. » Georgeétait déjà saoulé des paroles de laprincipale, et comme elle était absenteau moment des faits, il prit note descoordonnées de tout le personnel enservice la veille et la salua. De sa voitureil téléphona à Nathalia et lui demandad’inviter toutes ces personnes à passer parle commissariat avant de se rendre à leurtravail. À la fin de la journée il avait entendutout le monde et savait, que dans la nuit dedimanche à lundi, un faux docteur munid’une blouse dérobée à un vrai médecin,fort désagréable d’ailleurs, s’était présentéà l’hôpital en compagnie d’un ambulancier,muni de faux bons de transfert. Les deuxcomparses avaient sans aucune difficultéen l e v é l e c o r p s d e M l l e L a u r e nKline, patiente en coma dépassé. Letémoignage tardif d’un externe lui fitamender son rapport : le faux docteurpouvait être un vrai médecin, il avait étéappelé à la rescousse par l’externe enquestion, et lui avait prêté mainforte. Audire de l’infirmière qui participait à cet acteimprévu, la précision avec laquelle il avaitréalisé la pose d’une voie centrale lui laissaità penser qu’il devait être chirurgien ou toutdu moins travailler dans un serviced’urgences. Pilguez avait demandé si unsimple infirmier avait pu poser cette voiecentrale, il s’était entendu répondre qu’êtreinfirmier ou infirmière formait à ce genrede manipulations, mais qu’en tout état decause, les choix pris, les indicationsdonnées à l’étudiant et la dextérité du gestetémoignaient plutôt en faveur de sonappartenance au corps médical.

inspector, sacando un bolígrafo.

— De ninguna.

Al llegar por la mañana, ni se le ha-bía pasado por la cabeza la idea de unsecuestro. Cuando le informaron que enla 505 había quedado una cama libre,enseguida había ido a recepción.

—Me parecía inadmisible que se hu-biera hecho un traslado sin que me lo hu-biesen comunicado, pero ya sabe lo quepasa hoy en día..., la falta de respeto a lossuperiores..., en fin, ésa no es la cuestión.

La recepcionista le había entregadolos documentos y ella «había visto en-seguida» que había algo sospechoso.Faltaba un impreso, y el azul no estababien cumplimentado. —Me preguntocómo es posible que esa cretina se de-jara engañar.

Pilguez quiso conocer la identidad de la«cretina». Se llamaba Emmanuelle y estabade guardia el día anterior en admisión.

—Fue ella quien lo permitió. George yase había hartado de oír a la enfermera jefe, ycomo ella no se hallaba presente en el mo-mento de producirse los hechos, tomó nota delos datos de todo el personal que estaba deguardia el día anterior y se despidió. Desde elcoche telefoneó a Nathalia y le pidió que invi-tara a todas aquellas personas a pasar por lacomisaría antes de ir al trabajo. Al final deldía había escuchado a todo el mundo y sabíaque, en la noche del domingo al lunes, un fal-so doctor con una bata robada a un médicoauténtico, y muy desagradable por cierto, sehabía presentado en el hospital en compañíade un conductor de ambulancia y provistode unos volantes de traslado falsificados.Los dos compinches se habían llevado sin nin-guna dificultad el cuerpo de la señorita LaurenKline, paciente en coma profundo. Ladeclaración tardía de un externo le hizocorregir su informe: el falso doctor po-día ser un verdadero médico, pues habíasacado de un buen apuro al externo encuestión al pedirle éste ayuda. Según laenfermera presente en aquel incidenteimprevisto, la precisión con la que ha-bía aplicado una vía central hacía pen-sar en un cirujano o, al menos, en al-guien que trabajaba en un servicio deurgencias. Pilguez había preguntado si unsimple enfermero hubiera podido aplicaresa vía central, a lo que se le había res-pondido que enfermeros y enfermeras reci-bían ese tipo de formación, pero que, de to-das formas, las decisiones tomadas, las indi-caciones dadas al estudiante y la habilidaden la realización hacían pensar más bien quepertenecía al cuerpo médico.

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- Alors tu as quoi sur cette affaire ?demanda Nathalia prête à s’en aller.

- Un truc qui ne tourne pas rond.Un toubib, qui serait venu enlever unefemme dans le coma à l’hôpital. Unt rava i l de p ro , ambulance b idon ,papiers administratifs falsifiés.

- Tu penses à quoi ?

- Peut-être à un trafic d’organes. Ilsvolent le corps, le transportent dans unlaboratoire secret, opèrent, prélèvent lesparties qui les intéressent, foie, reins, coeur,poumon, et le tout est revendu pour unefortune à des cliniques peu scrupuleuses,mais ayant besoin d’argent.

Il lui demanda d’essayer de lui obtenirla liste de tous les établissements privés quidisposaient d’un bloc de chirurgie digne dece nom et qui auraient des difficultésfinancières.

- Il est vingt et une heures, mongros, et j’aimerais bien rentrer, ça peutattendre demain, elles ne vont pasdéposer le bilan pendant la nuit, tescliniques ?

- Tu vois comme tu es versatile, cematin tu m’inscrivais sur ton carnet debal et ce soir tu te refuses déjà àpasser une soirée géniale avec moi.J’ai besoin de toi, Nathalia, donne-moi uncoup de main, tu veux bien ?

- Tu e s un man ipu la t eu r, monGeorge , parce que le mat in tu n’aspas l a même vo ix .

- Oui mais là , c’es t le soi r, tum ’ a i d e s ? E n l è v e l e g i l e t d e t agrand-mère et viens m’aider.

- Tu vois, demandé avec autant decharme, c’est irrésistible. Passe unebonne soirée.

- Nathalia ?

- Oui, George !

- Tu es merveilleuse !

- George, mon coeur n’est pas àprendre.

- Je ne visais pas si haut, ma chère !

- C’est de toi, ça ?

- Non!

—Bueno, ¿qué tienes de ese caso? —preguntó Nathalia, preparada para irse.

—Una historia que no acaba de conven-cerme. Un médico que al parecer fue al hos-pital a secuestrar a una mujer en coma. Untrabajo de profesional, una ambulancia fan-tasma, papeles administrativos falsificados...

— ¿De qué crees que se trata?

— Tal vez de tráfico de órganos. Robanel cuerpo, lo llevan a un laboratorio secre-to, operan, extraen las partes que les intere-san..., hígado, riñones, corazón, pulmonesy demás, y lo venden por una fortuna a clí-nicas poco escrupulosas y necesitadas dedinero.

Le pidió que intentara obtener la lis-ta de todos los establecimientos priva-dos que disponían de un quirófano dig-no de tal nombre y que tenían dificulta-des económicas.

— Son las nueve, encanto, y me gusta-ría irme a casa. Eso puede esperar hastamañana. No creo que las clínicas que te in-teresan vayan a declararse en quiebra du-rante la noche.

— ¿ Ve s c o m o e r e s v o l u b l e ?E s t a m a ñ a n a m e a n o t a b a s e n t uca rné de ba i l e y e sa noche ya t eniegas a pasar una velada genial conm i g o .Te neces i to , Natha l ia , échame unamano, prec iosa .

— Eres un manipulador, queridoGeorge, porque por las mañanas no utilizasel mismo tono de voz.

— Sí, vale, pero ahora es de noche.¿Qué? ¿Me ayudas? Vamos, quítate la re-beca de tu abuela y ayúdame.

— ¿Te das cuenta? Una petición hechacon tanta delicadeza es irresistible. Que pa-ses una buena noche.

— ¿Nathalia?

— Sí, George...

— ¡Eres maravillosa!

— George, mi corazón no está disponi-ble.

— ¡Yo no apuntaba tan alto, cielo!

— ¿Es tuyo eso?

—No.

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- Je me disais aussi.

- Bon allez, rentre chez toi, je medébrouillerai.

Nathalia s’avança vers la porte, seretourna :

- Tu es sûr que ça va aller ?

- Mais oui, va t’occuper de ton chat !

- Je suis allergique aux chats.

- Alors, reste m’aider.

- Bonne nuit, George.

Elle dévala l’escalier en faisant glissersa main sur le garde-corps.

Resté seul à l’étage, l’équipe de nuitprenait ses quartiers au rez-de-chaussée ducommissariat, il alluma l’écran de sonordinateur et se connecta au fichier central.Sur le clavier il pianota le mot clinique etalluma une cigarette en attendant que leserveur effectue sa recherche. Quelquesminutes plus tard l’imprimante commençaità cracher quelque soixante feuilles de papierimprimé. L’homme, bourru, alla ramasserla pile qu’il rapporta à son bureau. « Ehbien, il n’y a plus qu’à ! Et pour déterminercelles qui pourraient être dans la mouise, iln’y a plus qu’à contacter une centaine debanques régionales pour leur demander laliste des établissements privés qui ontsollicité des prêts bancaires au cours desdix derniers mois. » Il avait parlé à voixhaute, et dans la pénombre de l’entrée, ilentendit la voix de Nathalia lui demander :

- Pourquoi les dix derniers mois ?

- Parce que c’est ça l’instinct policier.Pourquoi es-tu revenue ?

- Parce que c ’es t ça l ’ ins t inc tféminin.

- C’est gentil de ta part.

- Tout dépendra de l’endroit où tum’emmèneras dîner ensuite. Tu penses quetu tiens une piste ?

Elle lui semblait trop facile, la piste enquestion. I l souhai ta que Nathal iaappel le la sa l le de régulat ion despatrouilles municipales et leur demandesi une main courante ne conserverait pastrace d’un rapport dans la nuit dedimanche soir sur une ambulance.

—Ya me extrañaba.

—Bueno, vete a casa, ya me las arregla-ré.

Nathalia se dirigió a la puerta, y al lle-gar se volvió.

— ¿Estás seguro de que podrás?

—Pues claro. ¡Vete a cuidar el gato!

— Soy alérgica a los gatos.

— Entonces, quédate a ayudarme.

—Buenas noches, George.

Nathalia bajó la escalera deslizando lamano por la barandilla.

Una vez solo en aquel piso, pues el equi-po que se quedaba de guardia por la nochese instalaba en la planta baja de la comisaría,Pilguez encendió la pantalla del ordenador yse conectó con el fichero central. Despuéstecleó la palabra «clínica» y encendió un ci-garrillo mientras esperaba que el servidorefectuara la búsqueda, Unos minutos mástarde, la impresora empezó a vomitar unassesenta hojas de papel impreso. El inspector,ceñudo, se llevó el montón a su despacho.

— ¡Bueno, no es para tanto! Total, paraaveriguar cuáles podrían estar en la ruina,no hay más que ponerse en contacto conun centenar de bancos regionales y pedir-les la lista de los establecimientos priva-dos que han solicitado prestamos banca-rios durante los diez últimos meses.

Había hablado en voz alta, y en la penum-bra de la entrada oyó la voz de Nathalia:

— ¿Por qué los diez últimos meses?

—Porque es lo que dice el instinto poli-cial. ¿Por qué has vuelto?

—Porque es lo que dice el instinto fe-menino.

— «Muy amable por tu parte.

— Todo dependerá del sitio a donde melleves a cenar después. ¿Crees que tienesuna pista?

La pista en cuestión le parecía demasia-do fácil. Le pidió a Nathalia que llamara ala sala de coordinación de las patrullas mu-nicipales y preguntara si por casualidad ha-bía algún rastro de un informe sobre unaambulancia que hiciera referencia a la no-che del domingo.

dévaler I vtr bajar; d. l’escalier bajar la escalera. II vibajar rodando

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« On n’est jamais à l’abri d’unc o u p d e b o l » , d i t - i l . N a t h a l i adécrocha le téléphone. À l’autre boutde la ligne le policier de garde fit unerecherche sur son te rmina l , maisaucun rappor t n ’ava i t é t é é t ab l i .Nathal ia lui demanda d’élargir sar e c h e r c h e à l a r é g i o n , m a i s l àencore les écrans restèrent muets. Lep o l i c i e r d e f a ction était désolé, maisaucun véhicule de secours n’avait fait l’objetd’une infraction ou d’un contrôle dans la nuitde dimanche à lundi. Elle raccrocha en luidemandant de lui signaler toute informationnouvelle sur ce type de sujet.

- Désolée, ils n’ont rien.

- Eh bien alors, je t’emmène dînerparce que les banques ne nousapprendront rien ce soir. Ils se rendirentchez Perry’s et prirent place dans la sallequi donnait sur la rue.

George écoutait Nathalia d’une oreilledistraite, laissant flotter son regard autravers de la vitrine.

- Depuis combien de temps nousconnaissonsnous, George ?

- C’est le genre de question à ne jamaisposer, ma belle.

- Pourquoi ça ?

- Quand on aime, on ne compte pas !

- Combien ?

- Suffisamment pour que tu me tolères,pas suffisamment pour que tu ne mesupportes plus !

- Non, ça fait beaucoup plus longtempsque cela !

- Ça ne colle pas, les cliniques. Je butesur le mobile, quel est l’intérêt ?

- Tu as vu la mère ?

- Non, demain matin.

- C’est peut-être elle, elle en a assezd’aller à l’hôpital.

- Ne dis pas de bêtises, pas une mère,c’est trop risqué.

- Je veux dire qu’elle voulait peut-êtreen finir. Aller voir son enfant tous les joursdans cet état. Parfois tu dois préférer quecela cesse, accepter l’idée de la mort.

— ¡Un golpe de suerte puede tenerlocualquiera! —dijo. Nathalia descolgó el te-léfono. En el otro extremo de la línea, elpolicía de guardia efectuó una búsqueda ensu terminal, pero no se había presentadoningún informe de esas características.Nathalia le pidió que ampliara la búsquedaa la región, pero también en este caso laspantallas permanecieron en blanco. El poli-cía _ ________ lo sentía mucho, pero nin-guna ambulancia había cometido una infrac-ción o había sido objeto de un control en lanoche del domingo al lunes. Nathalia colgótras pedirle que se le informara de cualquiernovedad al respecto.

— Lo siento, no tienen nada.

— B u e n o , e n t o n c e s t e l l e v o ac e n a r , p o r q u e l o s b a n c o s n o n o sd i r á n n a d a e s t a n o c h e . F u e r o n a lP e r r y ’s y t o m a r o n a s i e n t o e n l as a l a q u e d a b a a l a c a l l e .

George escuchaba a Nathalia dis-t raído, dejando f lotar la mirada através de la cristalera.

— ¿Cuánto tiempo hace que nos cono-cemos, George?

—Es una de esas preguntas que no hayque hacerse nunca, preciosa.

—¿Porqué?

— ¡Cuando se ama no se cuenta!

— ¿Cuánto?

— L o s u f i c i e n t e p a r a q u e m eaguantes y no lo bastan te para queya no me soportes .

— ¡ N o , h a c e m u c h o m á st i e m p o !

—Lo de las clínicas no encaja. No veoclaro el móvil. ¿Para qué?

—¿Has hablado con la madre?

—No. Lo haré mañana por la mañana.

— Quizás haya sido ella porque estáharta de ir al hospital.

—No digas tonterías. Una madre no loharía, es demasiado arriesgado.

— Quiero decir que tal vez quería aca-bar con el asunto. Ir a ver a su hija todos losdías en ese estado... A veces se debe de aca-bar aceptando la idea de la muerte.

faction 1. (grupo) facción. 2. Mil guardia; être enou de estar de guardia

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- Et tu vois une mère monter un couppareil pour tuer sa propre fille ?

- Non, tu as ra ison , c ’es t t roptordu.

- Sans le mobile on ne trouvera pas.

- Il y a toujours ta piste des cliniques.

- Je pense que c’est une impasse, je nela sens pas.

- Pourquoi dis-tu ça ? Tu voulais que jereste travailler avec toi ce soir !

- Je voulais que tu dînes avec moice soir ! Parce que c’est trop visible.Ils ne pourront pas recommencer, leshôpitaux du comté vont tous être trèsvigilants, et je ne pense pas que le prixd’un seul corps vaille le risque, ça vautcombien un rein ?

- Deux reins, un foie, une rate, uncoeur, ça peut fa ire dans les centcinquante mille dollars.

- C’est plus cher que chez le boucher,dis donc !

- Tu es immonde.

- Tu vois ça ne tient pas la route nonplus, pour une clinique qui serait dans lamouise, cent cinquante mille dollars nechangeraient rien. Ce n’est pas une histoired’argent.

- C’est peut-être une histoire dedisponibilité.

Elle disserta son idée : quelqu’unpouvait vivre ou mourir en fonction de ladisponibilité et de la compatibilité d’unorgane. Des gens mouraient faute d’avoirpu obtenir dans le temps le rein ou le foiedont ils avaient besoin. Quelqu’undisposant de moyens financiers suffisantspouvait avoir commandité l’enlèvementd’une personne en coma irréversible poursauver un de ses enfants ou lui-même.Pilguez trouvait cette piste complexe maiscrédible. Nathalia ne voyait pas en quoi sathéorie était compliquée. Elle l’était pourPilguez. Une telle piste élargissaitconsidérablement l’éventail des suspects,on ne rechercherait plus nécessairement uncriminel. Pour survivre ou pour sauver unde ses enfants, bien des individus pouvaientêtre tentés de supprimer quelqu’un déjàreconnu cliniquement mort. L’auteur pouvaitse sentir dédouané de la notion de meurtre,compte tenu de la finalité de son acte.

— ¿Y te imaginas a una madre organizan-do una cosa así para matar a su propia hija?

—No, tienes razón, es demasiadoretorcido.

— Sin el móvil, no lo encontraremos.

— Sigue estando tu pista de las clínicas.

— Creo que es un callejón .sin salida,no la veo clara.

— ¿Por qué dices eso ahora? Querías queme quedara a trabajar contigo esta noche.

— ¡Lo que yo quería era que cenasesconmigo! Porque es demasiado evidente. Nopodrán volver a hacerlo. Todos los hospita-les del condado van a estar muy atentos, yno creo que valga la pena arriesgarse por eldinero que pueda obtenerse de un solo cuer-po. ¿Cuánto vale un riñón?

— Dos riñones, un hígado, un bazo y uncorazón pueden valer fácilmente ciento cin-cuenta mil dólares.

— ¡Caramba, es más caro que en lacarnicería!

— Eres repugnante.

— ¿Lo ves? No se sostiene. Parauna clínica que estuviera .en la rui-na, ciento cincuenta mil dólares nocambiarían nada. No es una cuestiónde dinero.

— Quizá sea una cuestión de dispo-nibilidad.

Nathalia expuso su teoría: alguien po-día vivir o morir en función de la disponibi-lidad y la compatibilidad de un órgano. Al-gunas personas morían por no haber podi-do conseguir a tiempo el riñón o el hígadoque necesitaban. Alguien que dispusiera demedios económicos suficientes podría ha-ber encargado secuestrar a una persona encoma irreversible para salvar a un hijo suyoo salvarse a sí mismo. A Pilguez, esa pistale parecía compleja pero creíble. Nathaliano veía en absoluto que su teoría fuera com-plicada. Para Pilguez si lo era. Una pistacomo ésa ampliaba considerablemente elabanico de sospechosos; no habría que bus-car forzosamente a un criminal. Para sobre-vivir o para salvar a un hijo, muchos indivi-duos podían sentirse tentados de suprimir aalguien que ya hubiera sido declaradoclínicamente muerto. El autor, teniendo encuenta la finalidad de su acto, podía consi-derarse ajeno a la noción de crimen.

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- Tu penses qu’il faut faire toutes lescliniques pour identifier un patientfinancièrement aisé en attente d’un dond’organe ? demanda-t-elle.

- Je n’espère pas parce que c’est untravail de fourmi en terrain sensible.

Le portable de Nathalia sonna, elledécrocha en s’excusant, écoutaattentivement, prit des notes sur la nappe,et remercia plusieurs fois soninterlocuteur.

- Qui était-ce ?

- Le type de permanence à la régulation,celui que j’ai appelé tout à l’heure.

- Et alors ?

Le régulateur avait eu l’idée depasser un message aux patrouilles denuit, juste pour vérifier qu’une équipen’avait rien vu de suspect au sujet d’uneambulance, sans pour autant remplir unemain courante.

- Alors ?

- Eh bien il a eu une très bonne idée,parce qu’une patrouille a intercepté et filéune ambulance datant de l’après-guerre quitournait en rond dans le bloc Green Street,Filbert, Union Street hier soir.

- Ça sent bon, qu’est-ce qu’ils ont dit ?

- Qu’ils ont suivi le type au volant decette ambulance, il a raconté qu’elle partaità la retraite au bout de dix ans de bons etloyaux services. Ils ont pensé quel’ambulancier était attaché à sa voiture etqu’il traînait avant de la ramener unedernière fois au garage.

- C’était quoi le modèle ?

- Une Ford 71.

Pilguez fit un rapide calcul mental. Sila Ford mise au rebut la veille au soir aprèsdix années de fonctionnement était desoixante et onze, cela voulait donc direqu’elle aurait été gardée sous Cellophanependant seize ans avant d’être mise enservice. Le chauffeur avait baratiné lespoliciers. Il tenait une piste.

- J ’a i encore mieux , a jou ta sacollègue.

- Quoi ?

- Ils l’ont suivie jusqu’au garage où ill’a ramenée. Et ils ont l’adresse.

— ¿Crees que hay que visitar todas lasclínicas para identificar a un paciente econó-micamente acomodado en espera de una do-nación de órganos? —preguntó Nathalia.

— Espero que no, porque es un trabajode chinos y en un terreno resbaladizo.

Cuando sonó el teléfono móvil,Nathalia contestó la llamada, escuchó aten-tamente, tomando notas en el mantel, y led io var ias veces las g rac ias a suin ter locutor.

— ¿Quién era?

— El tipo que está de guardia en coor-dinación, con el que he hablado antes.

____________

Al coordinador se le había ocurridotransmitir un mensaje a las patrullas de no-che, simplemente para comprobar si algúnequipo había visto algo sospechoso de unaambulancia pero no había informado del in-cidente.

— ¿Y qué?

—Pues que ha sido una idea estupenda,porque una patrulla interceptó y siguió ano-che a una ambulancia de la posguerra quedaba vueltas alrededor de la manzana deGreen Street, Filbert y Union Street.

— Esto huele bien. ¿Y qué han dicho?

— Que hicieron parar al tipo que iba alvolante de la ambulancia y les contó quejubilaban al vehículo después de diez añosde buenos y leales servicios. Pensaron queel conductor estaba encariñado con ella yno acababa de decidirse a llevarla por últi-ma vez al garaje.

— ¿Qué modelo era?

—Un Ford del setenta y uno.

Pilguez, hizo un rápido cálculo mental.Si la ambulancia Ford retirada U noche an-terior tras diez años de funcionamiento eradel setenta y uno, eso significaba que habíaestado envuelta en papel de celofán dieci-séis años antes de ser puesta en servicio. Elconductor se la había pegado a los poli-cías. Tenía una pista.

—Y hay algo todavía mejor —añadiósu compañera.

¿Qué?

— Lo siguieron hasta el garaje adondela llevó. Y tienen la dirección.

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- Tu sais, Nathalia, c’est bien que l’onne soit pas ensemble, toi et moi.

- Pourquoi dis-tu ça maintenant ?

- Parce que là, j’aurais eu la preuveque j’étais cocu.

- Tu sais quoi, George ? Tu es un vraicon . Tu vas voulo i r y a l le r dèsmaintenant ?

- Non, demain matin, le garage doitêtre fermé et sans mandat je ne pourrairien faire. En plus je préfère y aller sansattirer l’attention. Je ne cherche pas àcoincer l’ambulance mais les types quis’en sont servie. Mieux vaut y aller entouriste plutôt que de faire courir leslièvres dans leur terrier.

Pilguez paya la note et ils sortirent tousles deux sur le trottoir. Le lieu oùl’ambulance avait été contrôlée se situait àun carrefour de l’endroit où ils venaient dese restaurer, et George regarda le coin de larue comme en quête d’une image.

- Tu sais ce qui me ferait plaisir ? ditNathalia.

- Non, mais tu vas me le dire.

- Que tu viennes dormir à la maison, jen’ai pas envie de dormir seule ce soir.

- Tu as une brosse à dents ?

- J’ai la tienne !

- J’aime bien te taquiner, il n’y aqu’avec toi que je m’amuse. Viens, on y va,moi aussi je voulais rester avec toi ce soir.Ça fait longtemps.

- Jeudi dernier.

- C’est ce que je dis.

Lorsqu’ils éteignirent la lumière uneheure et demie plus tard, George avaitacquis la conviction qu’il résoudraitcet te énigme, et ses convict ionstombaient juste une fois sur deux. Lajournée de mardi fut fructueuse. Aprèsavoir rencontré Mme Kline, il écartatoute suspicion à son égard, il avaitappris que les médecins avaient eux-mêmes proposé d’en finir. La loi fermaitles yeux depuis deux ans dans des cassimilaires. La mère avait été coopérative,el le étai t indiscutablement t rèsbouleversée, et Pilguez savait distinguerles gens sincères de ceux qui simulaient

— ¿Sabes una cosa, Nathalia? Es mejorque tú y yo no estemos juncos.

— ¿Por qué dices eso ahora?

—Porque justo ahora hubiera tenido laprueba de que era un cornudo.

— ¿Sabes qué, George? Eres unauténtico gilipollas. ¿Vas a ir ahoraal garaje?

—No, mañana por la mañana. El garajedebe de estar cerrado y sin una orden nopodría hacer nada. Además, prefiero ir sinatraer la atención. No quiero encontrar laambulancia, sino pillar a los tipos que lautilizaron. Vale más hacerse pasar por unturista que provocar la huida de las liebresde su madriguera.

Pilguez pagó la cuenta y salieron ala calle. El lugar donde había sido vistala ambulancia estaba un cruce más alládel sitio donde acababan de cenar, yGeorge miró la esquina de la calle comobuscando una imagen.

— ¿Sabes qué me gustaría? —dijoNathalia.

—No, pero vas a decírmelo.

— Que vinieras a dormir a casa. No ten-go ganas de dormir sola esta noche.

— ¿Tienes un cepillo de dientes?

— ¡Tengo el tuyo!

—Me gusta provocarte; sólo me divier-to contigo. Venga, vamos, yo también que-ría quedarme contigo esta noche. Hace mu-cho tiempo.

—El jueves pasado.

—Justo lo que yo digo.

Cuando apagaron la luz, una hora ymedia más tarde, George había llegado ala convicción de que resolvería aquelenigma, y sus convicciones resultabanacertadas una de cada dos veces. La jor-nada del martes fue fructífera. Tras ha-ber hablado con la señora Kline descar-tó toda sospecha relacionada con ella,pues se enteró de que los propios médi-cos le habían propuesto poner fin a. aque-lla situación. Desde hacía dos años, la leycerraba los ojos en casos similares. Lamadre había colaborado; indudablementeestaba muy afectada, y Pilguez sabía dis-tinguir a las personas sinceras de los que

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la douleur morale. Elle ne collait pas dutout à la peau d’un personnage capabled’organiser une telle opération. Augarage, il avait repéré le véhiculeincriminé. En y entrant, il avait étésurpris ; l’établissement était spécialisédans la réparation des véhicules desecours. Cet atelier de carrosserie necontenai t que des ambulances enrévision, il était impossible d’y jouer autouriste. Quarante ouvriers mécanicienset une dizaine d’administrat i fs ytravaillaient. En tout, près de cinquantepersonnes potentiellement suspectes. Lepatron, dubitatif, avait écouté le récit del’inspecteur, s’interrogeant sur ce quiavait pu pousser les auteurs du crime àramener sagement le véhicule au lieu dele faire disparaître. Pilguez répondit quele vol aurait alerté les services de police,qui auraient fait le lien. Un employé dugarage était probablement dans la combineet avai t espéré que « l ’emprunt »passerait incognito.

Restai t à t rouver lequel é tai timpliqué. Aucun d’après le directeur, laserrure ne présentai t pas de t raced’effraction et personne n’avait la clé dugarage pour y pénétrer la nui t . I linterrogea le chef d’atelier sur ce quiavait pu inciter les «emprunteurs » àchoisir ce vieux modèle, ce dernier luiexpliqua que c’était le seul qui seconduisait comme une voiture. Pilguezy vit un indice de plus pour qu’unmembre du personnel soit complice dans« son affaire ». À la question : était-ilpossible que quelqu’un subtilise la clée t e n f a s s e u n d o u b l e d u r a n t l ajournée, il répo n d i t p o s i t i v e m e n t :« C’est envisageable, à midi lorsqu’onferme la porte principale.» Tout le mondeétait donc suspect. Pilguez se fit remettreles dossiers du personnel, et mit sur le hautde la pile ceux des employés qui avaientquitté le garage au cours des deux dernièresannées. Il retourna au commissariat versquatorze heures. Nathalia n’était pasrevenue de sa pause déjeuner, il se plongeadans l’analyse approfondie des cinquante-sept pochettes marron qu’il avait poséessur son bureau. Elle arriva vers quinzeheures, parée d’une nouvelle coiffure etprête à assumer les sarcasmes de soncompagnon de travail.

- Tais-toi, George, tu vas dire uneconnerie, ditelle en entrant, avant mêmed’avoir posé son sac.

Il leva les yeux de ses papiers, la scrutaet esquissa un sourire. Avant qu’il ne disequoi que ce soit, elle s’était rapprochée delui et posa son index sur sa bouche

simulaban el dolor mora!. No encajaba enabsoluto en el perfil de un personaje capazde organizar semejante operación. En elgaraje había visto el vehículo empleadopara el secuestro. Al entrar, se había queda-do desconcertado, pues el taller estaba espe-cializado en la reparación de ambulancias,coches de bomberos y demás vehículos de esetipo. En aquel taller de carrocería sólo habíavehículos así, de modo que era imposible ha-cerse pasar por un turista. Unos cuarentamecánicos y aproximadamente una decena deadministrativos trabajaban allí. En total, unascincuenta personas potencialmente sospecho-sas. El dueño había escuchado el relato delinspector y expresado su extrañeza de que losautores del crimen hubieran devuelto el ve-hículo en lugar de hacerlo desaparecer.Pilguez había respondido que el robo habríaalertado a los servicios de policía, los cualeshabrían relacionado los casos. Probab le -mente es ta r ía implicado un empleado delgaraje, quien confiaría en que el «préstamo»pasara inadvertido.

Faltaba descubrir quien era el implica-do. Según el director ninguno, pues U ce-rradura no presentaba señales de haber sidoforzada y nadie tenía lave del garaje parapoder entrar en él durante la noche. Pilguezinterrogó al jefe de taller sobre qué habríapodido incitar a los «prestatarios» a elegiraquel modelo antiguo, y éste le dijo que erael único que se conducía igual que un turis-mo. El inspector interpretó aquello como unindicio más de que un miembro del perso-nal era cómplice en el asunto. A la preguntade si era posible que alguien hubiera toma-do a escondidas la llave para hacer una co-pia durante la jornada laboral, el hombrecontestó afirmativamente.

—Es posible —dijo—. A mediodía,cuando se cierra la puerta principal.

Así pues, todo el mundo era sospecho-so. Pilguez pidió los expedientes del perso-nal y colocó arriba de todo los de los em-pleados que se habían marchado del garajedurante los dos últimos años. Regresó a lacomisaría hacia las dos de la tarde. Nathaliano había vuelto de comer, de modo que sesumergió en el análisis profundo de las cin-cuenta y siete carpetas marrones que habíadejado sobre su mesa. Llegó hacia las trescon un nuevo corte de pelo y dispuesta aaguantar los sarcasmos de su compañero detrabajo.

— Cállate, George, vas a decir unagilipollez —le espetó nada más entrar, an-tes incluso de haber dejado el bolso.

Él alzó la mirada de los papeles, la es-crutó con una sonrisa burlona. Antes de quedijera algo, ella se había acercado a él y lehabía puesto el índice sobre los labios para

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pour qu’i l ne prononce aucun mot :« Il y a un truc qui va t’intéresserbeaucoup plus que ma coiffure, et jene te le dis que si tu te dispenses detout commentaire, on est d’accord ? »Il fit mine d’être bâillonné et émit ungrognement synonyme de son acceptationdes conditions du marché. Elle ôta sondoigt.

- La mère de la petite a téléphoné, elles’est souvenue d’un détail important pourton enquête et elle veut que tu la rappelles.Elle est chez elle et attend ton appel.

- Mais j’adore ta coiffure, ça te vatrès bien.

Nathalia souri t et retourna à sonbureau. Au téléphone, Mme Klinef i t par t à P i lguez de son é t ranged i scuss ion avec ce j eune hommerencontré par hasard à la Marina,celui qui l’avait tant sermonnée surl’euthanasie. Elle lui raconta dansle détai l l ’épisode de sa rencontreavec cet architecte qui aurait connuL a u r e n a u x u r g e n c e s , à l a s u i t ed’une coupure au cu t t e r. I l ava i tprétendu déjeuner souvent avec safi l le . Bien que la chienne semblâtl ’avoir reconnue, i l lu i para issa i timprobable que sa fi l le n’ait jamaisparlé de lui , surtout s i comme i l ledisait la rencontre remontait à deuxans . Ce dernier dé ta i l fac i l i te ra i tsûrement l’enquête. « Ben tiens », avaitmurmuré le policier à cet instant. « En gros,avait-il conclu, vous me demandez derechercher un architecte qui se serait coupéil y a deux ans, qui aurait été soigné parvotre fille, et que nous devrions suspecter,parce que au cours d’une rencontre fortuite,il vous a manifesté son opposition àl’euthanasie ?

- Cela ne vous semble pas une pistesérieuse ? avait-elle questionné.

- N o n , p a s v r a i m e n t » , e t i lr a c c r o c h a .

- Alors c’étai t quoi ? demandaNathalia.

- C’était quand même pas mal tescheveux milongs.

- D’accord, c’était une fausse joie !

I l replongea dans ses dossiers ,mais aucun d’entre eux ne parlait .Énervé, il se saisit du téléphone qu’ilcala entre son oreille et son menton,et composa le numéro du standard de

que guardara silencio.—Hay una cosa que va a interesarte

mucho más que mi corte de pelo, y sólo tela diré si renuncias a hacer cualquier comen-tario, ¿de acuerdo?

George fingió estar amordazado y emi-tió un gruñido para expresar que aceptabalas condiciones del trato. Nathalia retiró eldedo.

—La madre de la chica ha telefoneado.Ha recordado un detalle importante para lainvestigación y está en su casa esperando tullamada.

—Me encanta tu corte de pelo. Te sien-ta muy bien.

Nathalia sonrió y volvió a su mesa. Laseñora Kline informó a Pilguez por teléfo-no de su extraña conversación con aqueljoven con el que se había encontrado porcasualidad en La Marina, y el que le habíasoltado un buen sermón sobre la eutanasia.Le contó detalladamente el episodio de suencuentro con es e arquitecto que supuesta-mente había conocido a Lauren en urgen-cias, adonde había ido para que le curaranun corte que se había hecho con un cúter.Había afirmado que comía a menudo consu hija. A pesar de que la perra parecióhaberlo reconocido, a ella le extrañaba mu-cho que su hija no lo hubiera mencionadonunca, sobre todo si, como decía él, se ha-bían conocido hacía dos años. Seguramenteeste último detalle facilitaría la investigación.

—Vaya, vaya... —había murmurado elpolicía en ese instante—. En resumen, ¿mepide que busque a un arquitecto que su-puestamente se cortó con un cúter haceun par de años, a quien supuestamenteatendió su hija en el hospital y del quedeberíamos sospechar porque durante unencuentro fortuito le manifestó a usted suoposición a la eutanasia?

— ¿No le parece una pista importante?—había preguntado la señora Kline.

—No, la verdad es que no —había con-testado el policía antes de colgar.

—Bueno, ¿de qué se trataba? —pregun-tó Nathalia.

—No estaba nada mal la media melenaque llevabas.

—Vale..., era un entusiasmo infundado.

George volvió a concentrarse en los ex-pedientes, pero ninguno sugería nada. Exas-perado, agarró el auricular del teléfono, selo acercó a la cara, entre la oreja y la barbi-lla, y marcó el número de la centralita del

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l’hôpital. L’opératrice répondit à laneuvième sonnerie.

- Eh bien il vaut mieux ne pas mouriravec vous !

- Non, pour ça vous appelez lamorgue directement, répondit l’hôtessed’accueil du tac au tac. Pilguez seprésenta, et lui demanda si son systèmeinformatique lui permettait de faire unerecherche sur les admissions auxurgences, par métier et par type deblessure. « Ça dépend de la période surlaquelle vous recherchez », avait-ellerépondu. Puis elle précisa que le secretmédical lui interdirait de toute façon decommuniquer une information, surtout partéléphone. Il lui raccrocha au nez, prit sonimperméable, et marcha vers la porte.Dévalant l’escalier il sortit sur le parking,et se dirigea d’un pas vif vers sa voiture. Iltraversa la ville, gyrophare sur le toit etsirène hurlante en ne cessant d’invectiver.Il arriva au Mémorial Hospital à peine dixminutes plus tard et se planta devant labanque d’accueil.

- Vous m’avez demandé de retrouverune jeune femme dans le coma qui vous aété empruntée dans la nuit de dimanche àlundi, soit on m’aide ici, et on nem’emmerde pas avec vos secrets de toubibsà la noix, soit je passe à autre chose.

- Que puis-je faire pour vous ? demandaJarkowizski, qui venait d’apparaître dansl’angle de la porte.

- Me dire si vos ordinateurs peuventretrouver un architecte qui se serait blesséet aurait été admis par votre disparue.

- Sur quelle période ?

- Disons deux ans.

Elle se pencha sur l’ordinateur et tapotaquelques touches sur le clavier.

- On va regarder les entrées, etrechercher un architecte, dit-elle. Cela vaprendre quelques minutes.

- J’attends.

L’écran rendit son verdict en sixminutes. Aucun architecte n’avait été soignépour ce type de lésion au cours des deuxdernières années.

- Vous êtes sûre ?

Elle étai t formelle , la case«profession» était obligatoirement

hospital. La operadora respondió a la nove-na señal.

— ¡ Va l e m á s n o m o r i r s e c o nu s t e d e s !

—No, para eso llame al depósito di-rectamente —replicó la mujer sin cortar-se un pelo. Después de presentarse,Pilguez le preguntó si su sistemainformático le permitía efectuar una bús-queda sobre las admisiones en urgenciaspor profesión y por tipo de herida.

—Depende del período en el que bus-que —había contestado ella.

A continuación precisó que, de todasformas, el secreto médico le impediría darinformación, y menos aún por teléfono.

El inspector le colgó en las narices, sepuso la gabardina y se encaminó a la puer-ta. Bajó ______ la escalera hasta el aparca-miento y se dirigió a buen paso hacia sucoche. Cruzó la ciudad con el faro giratorioen el techo y la sirena conectada, sin pararde maldecir. Llegó al Memorial Hospitalapenas diez minutos después y se plantó anteel mostrador de admisión.

—Me han pedido que encuentre a unachica en coma que les quitaron durante lanoche de! domingo al lunes, así que o meayudan ustedes y no me incordian con sussecretos de matasanos burócratas, o paso aotro asunto y listos.

— ¿Qué puedo hacer por usted? —pre-guntó Jarkowizski, que acababa de apare-cer en el hueco de la puerta.

— Decirme si sus ordenadores puedenlocalizar a un arquitecto que al parecer sehirió y fue atendido por la desaparecida.

— ¿Cuándo ocurrió eso?

— Hace unos dos años.

La enfermera se inclinó sobre el orde-nador y pulsó unas teclas.

—Miraremos las entradas y buscaremosun arquitecto —dijo—. La respuesta tarda-rá unos minutos.

— Esperaré.

La pantalla emitió su veredicto seis mi-nutos después. Ningún arquitecto había sidoatendido de una lesión de este tipo en elcurso de los dos últimos años.

— ¿Está segura?

La enfermera se mostró categórica. Lacasilla «profesión» había que cumplimen-

dévaler I vtr bajar; d. l’escalier bajar la escalera. II vibajar a toda mecha, rodando

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documentée, à cause des assurances etdes statistiques sur les accidents dutravail. Pilguez l’avait remerciée etrentra aussitôt au commissariat. Enroute, cette histoire commença à letracasser. Le genre de tracas qui pouvaiten un rien de temps mobiliser toute saconcentration et lui faire oublier toutesles autres pistes possibles, dès lors qu’ilsentait tenir un vrai maillon de la chaînede son enquête. Il prit son portable etcomposa le numéro de Nathalia.

- Recherche-moi si un architecte habitedans le pâté de maisons où l’ambulance aété repérée. Je reste en ligne.

- C’était Union, Filbert et Green ?

- Et Webster, mais pousse la rechercheaux deux rues adjacentes.

- Je te rappelle, lui dit-elle, et elleraccrocha.

Trois cabinets d’architecture et ledomicile d’un architecte correspondaient àla requête, seul le domicile de l’architecteétait dans le premier périmètre étudié. Lescabinets se situaient pour l’un d’entre euxdans la première rue voisine, et pour lesdeux autres à deux rues de là. De retour àson bureau il contacta les trois cabinets pourfaire le compte des employés qui ytravaillaient. Vingt-sept personnes en tout.En résumé, à dix-huit heures trente il avaitprès de quatre-vingts suspects, dont l’und’entre eux était peut-être en attente d’undon d’organe ou avait l’un des siens dansla même situation. Il réfléchit quelquesinstants et s’adressa à Nathalia.

- O n a u n s tag ia i re e n t r o p c e sj o u r s - c i ?

- Nous n’avons jamais de personnel entrop ! Sinon je rentrerais chez moi à desheures décentes, et je ne vivrais pas commeune vieille fille.

- Tu te fais du mal, ma chérie, envoie-m’en un en planque devant le domicile decelui qui habite dans le carré, qu’il essaiede me prendre une photo quand il va rentrerchez lui.

L e l e n d e m a i n m a t i n P i l g u e za p p r i t q u e l e s t a g i a i r e a v a i t f a i tc h o u b l a n c , l ’ h o m m e n ’ é t a i t p a sr e n t r é d e l a n u i t .

- Bingo, avait-il dit au jeune élèveinspecteur, tu me donnes tout sur cetype pour ce soir, son âge, s’il est pédé,

tarla obligatoriamente, debido a los segu-ros y a las estadísticas sobre los accidentesde trabajo. Pilguez le dio las gracias e in-mediatamente regresó a la comisaría. Por elcamino, aquella historia empezó a causarlecierta inquietud. El tipo de inquietud que,en un abrir y cerrar de o]os, podía acaparartoda su concentración y hacerle olvidar to-das las demás pistas posibles en cuanto pre-sentía que había encontrado un eslabón per-dido de la cadena de su investigación. Tomóel móvil y marcó el número de Nathalia.

— Búscame si vive algún arquitecto enla manzana de casas donde fue vista la am-bulancia. No cuelgo.

— Era Union, Filbert y Green, ¿verdad?

—Y Webster, pero amplía la búsquedaa las dos calles adyacentes.

— T e l l a m o — l e d i j o , yc o l g ó .

Tres estudios de arquitectura y el do-micilio de un arquitecto se encontrabanen dicha zona, aunque en el primer perí-metro únicamente figuraba el domiciliodel arquitecto. Uno de los estudios se ha-llaba justo en la calle contigua, y los otrosdos, dos calles más allá. De regreso en sudespacho, llamó a los tres estudios paraaveriguar cuántas personas trabajaban allí.Veintisiete en total. En resumen, a las die-ciocho horas y treinta minutos tenía cercade ochenta sospechosos, uno de los cua-les quizás esperaba la donación de un ór-gano o tenía a algún allegado en esa si-tuación. Reflexionó unos instantes y sedirigió a Nathalia.

— ¿Tenemos estos días a algún joven-zuelo en prácticas de sobra?

— ¡Nunca tenemos personal desobra! Si fuera así, me iría a mi casaa una hora decente y no viviría comouna solterona.

—No te atormentes, cielo. Manda a unoa que se apueste disimuladamente frenteal domicilio del que vive en esa manzana yque intente hacerle una foto cuando vaya aentrar en casa.

A la mañana siguiente, Pilguez se ente-ró de que el joven en prácticas había fraca-sado en su intento, ya que el hombre no ha-bía vuelto a casa en toda la noche.

— ¡Bingo! —le había dicho al alumnoinspector—. Tenme preparado todo sobreese tipo para esta noche: su edad, si es man-

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s’il se came, où il travaille, s’il a unchien, un chat, un perroquet, où il esten ce moment, ses études, s’il a faitl’armée, toutes ses manies. Tu appellesl’armée, le FBI, je m’en fous, mais jeveux tout savoir.

- Moi, je suis pédé, inspecteur ! avaitrétorqué le stagiaire avec une certaine fierté,mais ça ne m’empêchera pas de faire letravail que vous me demandez.

L’inspecteur, renfrogné, passa le restede sa journée à établir la synthèse des pistesqu’il avait, et rien ne lui permettait d’êtreoptimiste. Si l’ambulance avait étéidentifiée grâce à un clin d’oeil de la chance,aucun des dossiers du personnel du garagene désignait un suspect présumé, ce quilaissait envisager un nombre importantd’interrogatoires, à terrain découvert. Plusde soixante architectes devraient êtrequestionnés pour avoir travaillé aux abordsou habiter au centre du pâté de maisons oùl’ambulance tournait en rond le soir dukidnapping.

L’un d’entre eux serait peut-êtresuspecté pour avoir caressé le chien de lamère de la victime, et déclaré être hostileà l’euthanasie, ce que Pilguez s’avouait àlui-même, ne définissait pas à proprementdire un mobile d’enlèvement. Une « vraieenquête de merde » , pour le c i terdans le texte .

Ce mercredi matin, le soleil s’éleva surCarmel à peine voilé par les brumes. Laurens’était éveillée tôt. Elle était sortie de lachambre pour ne pas réveiller Arthur etfulminait de son incapacité à lui préparerne serait-ce qu’un simple petit déjeuner.Puis finalement, à choisir, elle s’avouareconnaissante qu’au coeur de cet imbrogliod’aberrations il ait pu la toucher, la ressentir,et l’aimer comme une femme en pleinepossession de sa vie. Il y avait toute unesérie de phénomènes, qu’elle necomprendrait jamais et qu’elle nechercherait plus à comprendre. Elle sesouvint de ce que son père lui avait dit unjour :

« Rien n’est impossible, seules leslimites de nos esprits définissent certaineschoses comme inconcevables. Il fautsouvent résoudre plusieurs équations pouradmettre un nouveau raisonnement. C’estune question de temps et des limites de noscerveaux. Greffer un coeur, faire voler unavion de trois cent cinquante tonnes,marcher sur la Lune a dû demanderbeaucoup de travail, mais surtout del’imagination. Alors quand nos savants si

ca, si se droga, dónde trabaja, si tiene pe-rro, gato, periquito, dónde está en estosmomentos, qué estudios tiene, si ha estadoen el ejército, todas sus manías... Llama alejército, al FBI, a donde se te ocurra, peroquiero saberlo todo.

—Yo soy marica, inspector —ha-bía replicado el joven con cierto or-gullo—, pero eso no me impedirá ha-cer el trabajo que me pide.

El inspector, hosco, se pasó el restodel día haciendo balance de las pistas quetenía, y nada le permitía ser optimista.Aunque la ambulancia había sido identi-ficada gracias a un golpe de suerte, nin-guno de los expedientes del personal delgaraje señalaba a un presunto sospecho-so, lo que hacía prever un buen númerode interrogatorios a ciegas. Habría que in-terrogar a más de sesenta arquitectos porel simple hecho de trabajar o vivir en lasinmediaciones de la manzana de casasdonde la ambulancia daba vueltas la no-che del secuestro.

Uno de ellos quizá fuera sospechoso porhaber acariciado al perro de la madre de lavíctima y haberse declarado en contra de laeutanasia, cosa que, tal como Pilguez seconfesaba a sí mismo, no constituía desdeluego un móvil de secuestro. Una «auténti-ca investigación de mierda», digna de figu-rar en los manuales.

La mañana de ese miércoles, el sol sa-lió en Carmel apenas cubierto por la bru-ma. Lauren se había despertado temprano.Había salido de la habitación para no des-pertar a Arthur y estaba furiosa por su in-capacidad para prepararle un simple desa-yuno. Finalmente, puestos a elegir, reco-noció que se sentía agradecida porque enmedio de todo aquel embrollo de situacio-nes y hechos absurdos él hubiera podidotocarla, sentirla y amarla como a una mu-jer en plena posesión de su vida. Estabanproduciéndose una serie de fenómenos queella no entendería ni intentaría entenderjamás. Recordó lo que su padre le habíadicho un día:

No hay nada imposible; tan sólo los lí-mites de nuestra mente definen determina-das cosas como inconcebibles. Mucha» ve-ces es preciso resolver varias ecuacionespara admitir un razonamiento nuevo. Esuna cuestión de tiempo y de los límites denuestro cerebro. Realizar un trasplante decorazón, hacer volar un avión de trescien-tas cincuenta toneladas y caminar por laLuna ha exigido mucho trabajo, y más ima-ginación aún. Así que cuando los sabios

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savants déclarent impossible de greffer uncerveau, de voyager à la vitesse de lalumière, de cloner un être humain, je medis que finalement ils n’ont rien appris deleurs propres limites, celles d’envisager quetout est possible et que c’est une questionde temps, le temps de comprendre commentc’est possible.»

Tout ce qu’elle vivait et expérimentaitétait illogique, inexplicable, contraire àtoutes les bases de sa culture scientifique,mais cela était. Et depuis deux jours, ellefaisait l’amour avec un homme en ressentantdes émotions et des sensations ignoréesd’elle, même lorsqu’elle était vivante,quand corps et âme ne faisaient alors qu’un.Ce qui comptait le plus pour elle, alorsqu’elle regardait cette sublime boule de feuse dresser au-dessus de l’horizon, c’étaitque cela dure.

Il se leva peu de temps après elle, lachercha dans le lit, enfila un peignoir etsortit sur le perron. Arthur avait lescheveux en bataille et passa sa maindedans pour calmer les troupes. Il larejoignit sur les rochers et l’enlaça sansqu’elle l’ait vu venir.

- C’est impressionnant, dit-il.

- Tu sais, je pense qu’à défaut de pouvoirconcevoir le futur, nous pourrions refermerla valise et vivre dans le présent. Tu veuxprendre un café ?

- Je crois que c’est indispensable. Etpuis, je t’emmènerai voir les otaries qui sebaignent à la pointe du rocher.

- Des vraies otaries ?

- Et des phoques, et des pélicans, et...tu n’étais jamais venue jusqu’ici avant ?

- J’ai essayé une fois mais ça ne m’apas réussi.

- C’est relatif, cela dépend sous quelangle tu considères la chose. Et puis, jecroyais que nous devions refermer lesvalises et vivre au présent ?

Le même mercredi, le stagiaire déposa,non sans bruit, l’épais dossier qu’il avaitconstitué sur le bureau de Pilguez.

- Ça donne quoi ? demanda celui-ciavant même de le parcourir.

- Vo u s a l l e z ê t r e d é ç u e t e nm ê m e t e m p s r a v i .

Pour signifier son impatience qui

más sabios afirman que es imposible tras-plantar un cerebro, viajar a la velocidad dela luz o clonar a un ser humano, yo me digoque en definitiva no han aprendido nadade sus propios límites, los de considerarque todo es posible y que se trata de unacuestión de tiempo, el tiempo de compren-der cómo es posible.»

Todo lo que ella vivía y experimenta-ba era ilógico, inexplicable, contrario atodas las bases de su cultura científica,pero estaba sucediendo. Y los dos últimosdías había hecho el amor con un hombre,experimentando emociones y sensacionesdesconocidas para ella, incluso cuandoestaba viva, cuando cuerpo y alma eranuno solo. Lo más importante para ella,mientras veía alzarse aquella sublime bolade fuego sobre el horizonte, era que aque-llo durase.

Arthur se levantó poco después,la buscó en la cama, se puso un al-bornoz y salió a la escalinata. Te-n ía e l pe lo revue l to y se pasó lamano por encima para aplanarlo. Fuehasta donde ella estaba, en las rocas, yla abrazó por sorpresa.

— Es impresionante—dijo.

— Creo que en vista de que no pode-mos imaginar el futuro, deberíamos ce-rrar la maleta y vivir el presente. ¿Quie-res tomar un café?

—Yo diría que es imprescindible. Y lue-go te llevaré a ver los leones marinos quese bañan al final de las rocas.

— ¿Leones marinos auténticos?

—Y focas, y pelícanos, y... ¿No habíasvenido nunca aquí?

— Lo intenté una vez, pero las cosasse torcieron.

— Eso es relativo; todo depende del pun-to de vista desde el que lo mires. Además,me había parecido oír que debíamos cerrarlas maletas y vivir el presente.

El mismo miércoles, el policía en prácticasdejó caer el abultado expediente que había pre-parado sobre la mesa de Pilguez.

— ¿Cuál es el resultado? —preguntóéste antes incluso de abrirlo.

— Va a sentirse decepcionado y encan-tado al mismo tiempo.

Para expresar su impaciencia, que roza-

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frisait les limites de l’exaspération,Pilguez tapota sur le noeud de sa cravate: « Un deux, un deux, c’est bon mon grand,mon micro fonctionne, je t’écoute ! » Lestagiaire lut ses notes : Son architecten’avait rien de suspect. C’était un typetout ce qu’il y avait de normal, il ne sedroguait pas, entretenait de bonnesrelations avec son voisinage, n’avait pasde casier bien sûr. Il avait fait ses étudesen Californie, avait habité quelque tempsen Europe avant de revenir s’installerdans sa ville natale. Il n’appartenait àaucun parti politique, n’était membred’aucune secte, ne militait pour aucunecause. Il payait ses impôts, ses amendeset n’avait même pas été arrêté en étatd’ivresse ou pour excès de vitesse. « Unmec ennuyeux en deux mots. »

- Et pourquoi vais-je être ravi ?

- Il n’est même pas pédé !

- Mais je n’ai rien contre les pédés,bordel, arrête avec ça ! Qu’est-ce qu’il y ad’autre dans ton rapport ?

- Son ancienne adresse, sa photo, un peuancienne, je l’ai eue au Service desimmatriculations, elle date d’il y a quatreans, il doit renouveler son permis à la finde l’année ; un article qu’il a publié dansArchitectural Digest, ses copies dediplômes, et la liste de ses avoirs bancaireset titres de propriétés.

- C o m m e n t a s - t u f a i t p o u ra v o i r ç a ?

- J’ai un copain qui travaille au fisc. Votrearchitecte est orphelin, et il a hérité d’unemaison dans la baie de Monterey.

- Tu crois qu’il est là-bas en vacances ?

- Il est là-bas, et le seul truc qui va vousexciter, c’est justement cette baraque.

- Pourquoi ?

- Parce qu’il n’a pas le téléphone là-bas,ce que j’ai trouvé bizarre pour une maisonisolée, il est coupé depuis plus de dix anset n’a jamais été remis en service. Enrevanche, il a fait rétablir le courantvendredi dernier, l’eau aussi. Il est retournédans cette maison pour la première foisdepuis très longtemps à la fin du week-enddernier. Mais ce n’est pas un crime.

- Eh bien, tu vois, c’est cette dernièreinformation qui me fait plaisir !

- Comme quoi !

ba los límites de la exasperación, Pilguez diounos golpecitos en el nudo de su corbata.

—Uno, dos..., uno, dos..., ¡adelante,amigo, mi micro funciona, te escucho!

El joven leyó sus notas. El arquitecto encuestión no tenía nada de sospechoso. Eraun tipo de lo más normal; no se drogaba,mantenía buenas relaciones con el vecinda-rio y, por supuesto, no tenía antecedentespenales. Había estudiado en California yvivido algún tiempo en Europa. Despuéshabía regresado para instalarse en su ciu-dad natal. No pertenecía a ningún partidopolítico, no era miembro de ninguna secta yno militaba a favor de ninguna causa. Paga-ba los impuestos y las multas y ni siquieralo habían detenido en estado de embriaguez,o por exceso de velocidad. En pocas pala-bras, un tipo aburrido.

— ¿Y por qué voy a estar encantado?

— ¡Porque ni siquiera es marica!

— ¡Pero sí yo no tengo nada en con-tra de los maricas, joder! ¿Qué más hayen tu informe?

— Su antigua dirección, su foto, aun-que un poco antigua..., la he conseguidoen el Servicio de Matrículas, es de hacecuatro años, tiene que renovar el permisoa fines de éste; un artículo que publicó enArchitectural Digest, copias de sus diplo-mas y una lista de sus saldos bancarios ytítulos de propiedades.

— ¿Cómo te las has arreglado para con-seguir eso?

—Tengo un amigo que trabaja en Ha-cienda. El arquitecto es huérfano y heredóuna casa en la bahía de Monterrey.

— ¿Crees que está allí de vacaciones?

— Está allí, y lo único que va a excitar-le es precisamente esa cabaña.

— ¿Porqué?

—Porque no hay teléfono, cosa que meparece extraña en una casa aislada; la lí-nea está cortada desde hace más de diezaños y nunca ha vuelto a ser puesta en ser-vicio. En cambio, el viernes pasado pidióque conectaran la corriente eléctrica y elagua. El domingo regresó a esa casa porprimera vez desde hace mucho tiempo.Pero eso no es un crimen.

—Pues, mira tú por dónde, ese últimodato es el que me hace feliz.

— ¡Vaya por Dios!

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- Tu as fait un bon boulot, tu ferassûrement un bon flic si tu as l’esprit aussitordu.

- Venant de vous, je suis sûr que je doisprendre ça comme un compliment.

- Tu peux ! enchaîna Nathalia.

- Va voir la mère Kline avec la photo, etdemande-lui si c’est le type de la Marinaqui n’aime pas l’euthanasie, si ellel’identifie, alors on tient une piste sérieuse.Le stagiaire quitta le commissariat etGeorge Pilguez se plongea dans le dossierd’Arthur. La matinée de jeudi fut fructueuse.Aux premières heures, le stagiaire luirapporta que Mme Kline avait identifiéformellement l’individu sur la photo. Maisla véritable nouvelle lui apparut justeavant d’emmener Nathalia déjeuner.E l l e é t a i t sous ses yeux depu i slongtemps mais il n’avait pas fait lerapprochement. L’adresse de la jeunefemme enlevée était la même que celledu j eune a rch i t ec te . Ce la f a i sa i tbeaucoup trop d’indices pour qu’il soitétranger à cette affaire.

- Tu devrais être heureux, ton enquête al’air de progresser ? Pourquoi fais-tu cettetête ? demanda Nathalia, en sirotant sonCoca light.

- Parce que je ne vois pas son intérêt.Ce type n’a pas le profil d’un détraqué. Tune vas pas piquer un corps dans le coma àl’hôpital juste comme ça pour faire marrertes copains. Il te faut une vraie raison. Etpuis au dire des gens de l’hosto il fallaitune certaine expérience pour poser ce pontcentral.

- C’est une voie centrale, pas un pont.Est-ce que c’était son petit ami ?

Mme Kline l’avait assuré du contraire,et elle avait été très affirmative sur ce point.Elle était presque certaine qu’ils ne seconnaissaient pas.

- Un rapport avec l’appartement ? ajoutaNathalia.

Non plus, enchaîna l’inspecteur, il étaitlocataire et d’après l’agence immobilièrec’était un pur hasard qu’il échoue là. Il étaitsur le point d’en signer un autre sur Filbert,et c’est un employé zélé de l’agence quiavait tenu absolument à lui montrer celui-ci « qui venait de rentrer dans leur stock»... juste avant qu’il ne signe. « Tu sais le

—Has hecho un buen trabajo. Con unamente tan retorcida como la que tienes, se-guramente serás un buen poli.

—Viniendo de usted, tendré que tomar-me eso como un cumplido.

— ¡Sin duda! —intervino Nathalia.

—Ve a ver a la señora Kline con la fotoy pregúntale si es el tipo de La Marina alque no le gusta la eutanasia. Si lo identi-fica, entonces tenemos una buena pista.Cuando el policía se hubo ido, GeorgePilguez se sumergió en el expediente deArthur. La mañana del jueves fue fructí-fera. A primera hora, el joven en prácti-cas le informó que la señora Kline habíaidentificado al individuo sin vacilar. Peroel verdadero descubrimiento lo hizo jus-to antes de llevar a Nathalia a comer.

Aunque tenía ese dato delante de lasnarices desde hacía tiempo, no había esta-blecido la relación. El domicilio de la jo-ven secuestrada era el mismo que el del ar-quitecto. Con aquello, ya eran demasiadosindicios para que el sujeto en cuestión fue-se ajeno al asunto.

— ¿Por qué pones esa cara? Deberíasestar contento, la investigación parece queavanza —dijo Nathalia mientras se tomabauna CocaCola light.

—Porque no veo el móvil. Ese tipo nopresenta el perfil de un perturbado. Y na-die va a un hospital a robar un cuerpo encoma por las buenas, para divertir a losamigos. Se necesita una verdadera razón.Y además, según los del hospital, se requie-re cierta experiencia para poner ese puen-te central.

—Es una vía central, no un puen-te. ¿No será su novio?

La señora Kline le había asegu-rado que no, y había sido tajante enese punto. Estaba casi segura de queno se conocían.

— ¿Alguna relación con el apartamen-to? —preguntó Nathalia.

Tampoco, respondió el inspector. Era in-quilino y, según la agencia inmobiliaria, habíaido a parar allí por pura casualidad. Estaba apunto de firmar un contrato para otro aparta-mento en Filbert, pero un empleado diligentede la agencia se había empeñado en enseñar-le ése, «que acababa de entrar en su stock»justo antes de que firmara.__ __ __ _ __ __

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genre zazou un peu coquette qui veut mettreses clients en confiance, en s’investissantvraiment. »

- D o n c a u c u n e p r é m é d i t a t i o na v e c l ’ a d r e s s e .

- Non, c’est une vraie coïncidence.

- Alors est-ce que c’est vraiment lui ?

« Non, on ne peut pas dire », dit-i l l a c o n i q u e , a u c u n d e sé l é m en t s p r i s s é p a r é m e n t n ej u s t i f i a i t q u ’ i l s o i t i m p l i q u é .M a i s l ’ i m b r i c a tion des pièces dupuzzle était troublante. Cela étant dit,sans mobile, Pilguez ne pourrait rienfaire. « On ne peut pas inculper un typeparce qu’il loue depuis quelques moisl’appartement d’une femme qui s’est faitenlever en début de semaine. Enfin je vaisavoir du mal à trouver un procureur qui mesuive. » Elle lui soumit l’idée de l’interrogeret de le faire craquer « sous une lampe ».Le vieux flic ricana.

- J’imagine bien le début de moninterrogatoire : Monsieur, vous louezl’appartement d’une jeune femme dans lecoma qui a été enlevée dans la nuit dedimanche à lundi. Vous avez rétabli l’eauet l’électricité dans votre maison decampagne le vendredi qui précédait lecrime. Pourquoi ? Et là, le type te braquedroit dans les yeux et te dit qu’il n’est pastout à fait sûr d’avoir compris le sens de taquestion. Tu n’as plus qu’à lui direfranchement qu’il est ta seule piste, et queça t’arrangerait drôlement qu’il ait fait lecoup.

- Prends deux jours et file-le !

- Sans une requête du procureur, tout ceque je ramènerai sera nul et non avenu.

- Pas si tu ramènes le corps et qu’il estencore en vie !

- Tu crois que c’est lui ?

- Je crois à ton flair, je crois aux indices,et je crois que quand tu fais cette tête-là,c’est que tu sais que tu as ton coupable maisque tu ne sais pas encore commentl’attraper. George, le plus important c’estde retrouver la fille, même dans le comac’est un otage, paie la note et va à lacampagne !

Pilguez se leva, embrassa Nathalia surle front, déposa deux billets sur la table etsortit dans la rue d’un pas pressé.

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— O sea que no hay ninguna premedi-tación en lo del domicilio.

—No, es una verdadera coincidencia.

—Entonces, ¿es él o no es él?

— N o p o d e m o s a f i r m a r l o —d i j o G e o r g e l a c ó n i c a m e n t e .

Ninguno de los elementos, tomados porseparado, justificaba que estuviese implica-do. Sin embargo, las piezas del puzzle en-cajaban de forma sorprendente. Dicho esto,sin móvil, Pilguez no podría hacer nada.

—No se puede acusar a un tipo porquetenga alquilado desde hace unos meses elapartamento de una mujer a la que secues-traron a principios de semana. En fin, va acostarme encontrar a un fiscal que me apo-ye. Nathalia le sugirió que lo interrogara ylo hiciera derrumbarse «bajo un foco». Elviejo poli se echó a reír.

—Ya me imagino el principio del in-terrogatorio: Señor, usted vive en el apar-tamento de una mujer en coma que fue se-cuestrada en la noche del domingo al lu-nes. Pidió que conectaran el agua y la elec-tricidad en su casa de campo el viernesanterior al crimen. ¿Por qué? Y al llegarahí, el tipo te mira fijamente a los ojos yte dice que no está muy seguro de habercomprendido el significado de la pregun-ta. Entonces tú no tienes más que decirlefrancamente que él es tu única pista y quete iría de coña que fuese el autor del se-cuestro.

— ¡Tómate dos días y ve a verlo!

— Sin una orden del fiscal, todo loque traiga no servirá para nada.

—A menos que traigas el cuerpo ysiga con vida.

— ¿Crees que es él?

—Yo creo en tu olfato, creo en los in-dicios y creo que cuando pones esa caraes que sabes que tienes al culpable peroaún no sabes cómo atraparlo. George, lomás importante es encontrar a la chica;aunque esté en coma, se trata de un se-cuestro. ¡Venga, paga la cuenta y vete alcampo!

Pilguez se levantó, besó a Nathalia enla frente, dejó dos billetes en la mesa y sa-lió a la calle apresuradamente.

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Durant les trois heures trente qui leconduisirent à Carmel, il ne cessa dechercher un mobile, puis de réfléchir à lafaçon dont il approcherait sa proie, sansl’effrayer, sans éveiller son attention.

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Petit à petit la maison reprenait vie.Comme ces dessins que les enfants mettenten couleurs en s’efforçant de ne pasdépasser les traits, Arthur et Laurenentraient dans chaque pièce, en ouvraientles volets, ôtaient les housses quirecouvraient les meubles, dépoussiéraient,astiquaient, et ouvraient placard aprèsplacard. Et petit à petit les souvenirs de lamaison se muaient en instants présents. Lavie reprenait ses droits. Ce jeudi le ciel étaitcouvert et l’océan semblait vouloir briserles rochers qui lui barraient la route en basdu jardin. À la fin de la journée Laurens’installa sous la véranda et contempla lespectacle. L’eau était devenue grise,charriant des amas d’algues mariées à desentrelacs d’épines. Le ciel avait viré aumauve, puis au noir. Elle était heureuse, elleaimait quand la nature se décidait à piquerune colère. Arthur avait fini de mettre del’ordre dans le petit salon, dans labibliothèque, et dans le bureau de sa mère.Demain, ils attaqueraient l’étage et ses troischambres.

Il s’assit sur les coussins quirecouvraient le rebord de la baie vitrée etregarda Lauren.

- Tu sais que cela fait neuf fois que tuchanges de tenue depuis l’heure dudéjeuner.

- Je sais, c’est à cause de ce magazineque tu as acheté, je n’arrive pas à medécider, je trouve tout superbe.

- Ta façon de faire des courses feraitrêver toutes les femmes de la terre.

Durante las tres horas y media quetardó en llegar a Carmel, no paró debuscar un móvil y de pensar en la ma-nera de acercarse a su presa sin asus-tarla, sin atraer su atención.

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Poco a poco, la casa recobraba vida.Como esos niños que colorean dibujosprocurando no salirse de los límites mar-cados, Arthur y Lauren entraban en lashabitaciones, abrían las ventanas, reti-raban las sábanas que cubrían los mue-bles, desempolvaban, sacudían y abríanlos armarios. Y, poco a poco, los recuer-dos de la casa se transformaban en instan-tes presentes. La vida volvía a imponerse.Aquel jueves, el cielo estaba encapotado yparecía como si el mar quisiera romper lasrocas que le cerraban el paso en la parteinferior del jardín. Al final del día, Laurense instaló en la galería y contempló el es-pectáculo. El agua se había tornado gris;arrastraba amasijos de algas con ramas deespinos. El cielo se había teñido de malvay luego de negro. Estaba contenta, le gus-taba cuando la naturaleza decidía enfure-cerse. Arthur había acabado de orde-nar el saloncito, la biblioteca y el des-pacho de su madre. Al día siguientepasarían al piso superior, con sus tresdormitorios.

Se sen tó sobre los co j ines quec u b r í a n e l b o r d e d e l v e n t a n a l ymiró a Lauren .

— ¿Sabes que es la novena vezque t e cambias de ropa desde l ahora de comer?

— Sí. La culpa la t iene esa re-vista que compraste. No consigo de-cidirme, es todo precioso.

— Tu manera de comprar sería la envi-dia de todas las mujeres de la tierra.

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- A t t e n d s , t u n ’ a s p a s v ul ’ e n c a r t c e n t r a l !

- Que dit l’encart central ?

- Il ne dit rien, c’est un spéciallingerie féminine.

Arthur assista au défilé le plus sensuelqui soit offert à un homme. Plus tard, dansla tendresse d’un amour accompli, le corpset l’âme apaisés, ils restèrent blottis dansl’obscurité à regarder l’océan. Ilss’endormirent enfin, bercés par le ressac.Pilguez était arrivé à la tombée de la nuit.Il descendit au Carmel Valley Inn. Laréceptionniste lui remit les clés d’unegrande chambre qui faisait face à la mer.Elle se situait dans un bungalow, tout enhaut du parc qui domine la baie, et il dutreprendre sa voiture pour s’y rendre. Il étaità peine en train de défaire son sac lorsqueles premiers éclairs déchirèrent le ciel ; ilréalisa qu’il habitait à trois heures et demiede route et ne s’était jamais donné le tempsde venir voir cela. À cet instant précis, ileut envie d’appeler Nathalia, pour partagerce moment, ne pas le vivre seul, il décrochale combiné, inspira et le reposa doucement,sans avoir composé le numéro.

Il commanda un plateau, s’installadevant un film et fut saisi par le sommeil,bien avant vingt-deux heures.

Aux premières heures du matin le soleilavait réussi à briller suffisamment en seréveillant pour terroriser tous les nuages,partis sans demander leur reste. Une aubehumide naissait autour de la maison.Arthur se réveilla allongé dans la véranda.Lauren dormait à poings fermés. Dormirétait nouveau pour elle. Des mois durantelle n’avait pu le faire, ce qui rendait sesjournées terriblement longues. En hautdu jardin, caché derrière le talus quiborde le portail, George espionnait, arméd’une paire de jumelles longues focales,offertes pour ses vingt ans de service.Vers onze heures, il vit Arthur remonterle parc dans sa direction. Son suspectbifurqua au droit de la roseraie et ouvritla porte du garage.

Lorsqu’il y entra, Arthur se trouva faceà une housse couverte de poussière. Il lasouleva, dévoilant les formes d’un vieuxbreak Ford 1961. Sous sa bâche, il avaitdes allures de véhicule de collection. Arthursourit en pensant aux manies d’Antoine. Ilcontourna la voiture et ouvrit la portièrearrière gauche. L’odeur de vieux cuir emplitses narines. Il s’installa sur la banquette,ferma la porte, puis ses yeux, et se souvint

—Pues espera, que no has visto el cua-dernillo central.

— ¿Qué dice el cuadernillo central?

—No dice nada, está dedicado a la ropainterior femenina.

Arthur presenció el desfile de modelosmás sensual que haya visto un hombre. Mástarde, envueltos en la ternura de un amorsatisfecho, el cuerpo y el alma sosegados,permanecieron acurrucados en la oscuridadmirando el mar. Finalmente se durmieron,acunados por el ruido de las olas. Pilguezhabía llegado al anochecer. Se dirigió alCarmel Valley Inn. La recepcionista le diolas llaves de una gran habitación con vistasal mar. Estaba en un bungaló, en la partealta del parque que domina la bahía, y tuvoque tomar el coche para ir hasta allí. Acaba-ba de empezar a deshacer la bolsa de viajecuando los primeros relámpagos rasgaronel cielo; tomó conciencia de que vivía a treshoras y media de camino y nunca había idoa ver aquello. En ese preciso instante sintiódeseos de llamar a Nathalia para compartiraquel momento, para no vivirlo solo. Des-colgó el teléfono, respiró hondo y volvió acolgar sin haber marcado el número.

Pidió algo de comer, se instaló delantede la tele y lo asaltó el sueño mucho antesde las diez.

A primera hora de la mañana, el solbrillaba tanto al despertar que las nubeshabían huido aterrorizadas, sin rechistar.Un alba húmeda nacía alrededor de lacasa. Arthur se despertó tumbado en lagalería. Lauren dormía profundamente.Dormir era nuevo para ella. Durante me-ses no había podido hacerlo, por lo quelos días le resultaban terriblemente largos.En la parte alta del jardín, escondido trasel desnivel de la entrada, George espiabacon unos prismáticos de largo alcance quehabía recibido como regalo por sus vein-te años de servicio. Hacia las once, vioque Arthur cruzaba el jardín en direcciónhacia donde él estaba. El sospechoso giróa la derecha de la rosaleda y abrió la puer-ta del garaje.

Al entrar, Arthur se encontró delante deuna funda cubierta de polvo. La levantó,dejando al descubierto las formas de un vie-jo Ford de 1961 con aspecto de vehículode colección. Arthur sonrió pensando enlas manías de Antoine. Dio la vuelta al co-che y abrió la portezuela trasera izquierda.El olor a piel vieja le inundó las fosasnasales. Se sentó en el asiento, cerró lapuerta, luego los ojos, y recordó una tarde

combiné I adj combinado(a). II combiné m 1. (deteléfono) auricular. 2. (ropa interior) combinación

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d’un soir d’hiver, devant Macy’s à UnionSquare. Il vit l’homme à l’imperméable,celui qu’il avait failli abattre d’un coup defusil intergalactique et qui fut sauvé inextremis par la tendre naïveté de sa mère :elle s’était interposée dans son axe de tir.Le désintégrateur atomique maquillé enallume-cigare devait certainement êtreencore chargé. Il eut une pensée pour cepère Noël de 1965, coincé avec son trainélectrique dans les tuyaux du chauffagecentral.

Il lui semblait entendre le bruit dumoteur ronronner, il ouvrit la fenêtre, ypassa la tête et sentit ses cheveux partir enarrière soulevés par le vent qui soufflaitdans ses souvenirs, il mit sa main audehors,bras à moitié tendu, et joua avec ellepuisqu’elle était devenue un avion, ill’inclina pour modifier sa prise à l’air, lasentant tantôt s’élever vers le toit du garage,tantôt faire un piqué. Lorsqu’il rouvrit lesyeux il vit un petit mot accroché sur levolant.

«Arthur, si tu veux la faire démarrer,tu trouveras un chargeur de batterie surl’étagère de droite. Donne deux coupsd’accélérateur avant de mettre lecontact pour faire venir l’essence. Net’étonne pas si elle part au quart de tour,c’est une Ford 1961, et c’est normal.Pour regonfler les pneus, le compresseurest dans sa boîte, sous le chargeur.Je t’embrasse. Antoine. »

Il sortit de la voiture, referma la portièreet se dirigea vers l’étagère, c’est là dans uncoin du garage qu’il vit la barque. Il s’enapprocha, la caressa du bout des doigts. Sousla banquette en bois il trouva une palangrotte,la sienne, le fil vert embobiné autour de laplaque de liège qui se terminait par unhameçon rouillé. L’émotion le saisit et il dutse plier sur ses genoux. Il se redressa, prit lechargeur, ouvrit le capot de la vieille Ford,brancha les cosses et mit la batterie en charge.En quittant le garage il ouvrit en grand lesportes coulissantes.

George avait ouvert son carnet et prenaitdes notes. Il ne quittait pas son suspect desyeux. Il le vit préparer la table sous latonnelle, s’installer, déjeuner, puisdébarrasser son couvert. Il fit une pausesandwich lorsque Arthur s’assoupit sur lescoussins, à l’ombre du patio. Il le suivitlorsqu’il se rendit de nouveau au garage,entendit le bruit du compresseur et plusnettement celui du V6 se mettre en marcheaprès deux toussotements. Il salua du regardla voiture lorsqu’elle descendit près duporche, décida de rompre sa veille et serendit au village glaner quelques

de invierno delante de Macy’s, en UnionSquare. Vio al hombre de la gabardina queél había estado a punto de derribar de undisparo con su fusil intergaláctico y que enel último momento fue salvado por la tier-na ingenuidad de su madre, que se habíainterpuesto en su línea de tiro. Eldesintegrador atómico con forma de encen-dedor debía de estar aún cargado. Pensóen aquel Papá Noel de 1965, atascado consu tren eléctrico en las tuberías de la cale-facción central.

Le parecía oír ronronear el motor.Abrió la ventanilla, asomó la cabeza ynotó que el pelo se le iba hacia atrás, mo-vido por el viento que soplaba en sus re-cuerdos. Sacó una mano, con el brazomedio estirado, y jugó con ella, pues sehabía convertido en un avión; la inclinópara modificar el ángulo de vuelo, y ob-servó que tan pronto se elevaba hacia eltecho del garaje como bajaba en picado.Cuando abrió los ojos, vio una nota en-cima del volante.

Arthur, si quieres ponerlo en marchaencontrarás un cargador de batería en laestantería de la derecha. Pisa un par deveces el acelerador antes de dar el con-tacto para que circule la gasolina. No teextrañes si arranca enseguida; es normal,tratándose de un Ford del sesenta y uno.El compresor para hinchar las ruedas estáen su caja, debajo del cargador.

Besos. Antoine.

Salió del vehículo, cerró la portezuela yse dirigió a la estantería. Allí, en un rincóndel garaje, vio la barca. Se acercó y la aca-rició con la yema de los dedos. Debajo delasiento de madera encontró un arte de pes-ca: un sedal verde enrollado alrededor deun carrete de corcho y con un anzuelo oxi-dado en el extremo. Se sintió embargado porla emoción. Por fin tomó el cargador, abrióel capó del viejo Ford y conectó los termi-nales para que la batería se fuera cargando.Al salir del garaje, abrió de par en par laspuertas correderas.

George tomaba notas en su cuader-no, sin quitarle ojo de encima al sospe-choso. Lo vio poner la mesa en el cena-dor, sentarse, comer y luego quitar lamesa. Hizo una pausa para dar un boca-do cuando Arthur se adormiló sobre loscojines, a la sombra del patio. Lo siguiócuando fue de nuevo al garaje, oyó elruido del compresor y más claramenteel del V6 al ponerse en marcha tras unpar de carraspeos. Saludó con la mira-da al coche cuando pasó junto a la gale-ría, decidió interrumpir la vigilancia yse fue al pueblo en busca de alguna in-

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informations sur cet étrange personnage.Vers vingt heures il rejoignit sa chambre ettéléphona à Nathalia.

- A l o r s , d i t - e l l e , o ù e n e s -t u ?

- Nulle part. Rien d’anormal. Enfinpresque. Il est seul, il fait des tas de trucstoute la journée, il astique, il bricole, il faitdes pauses déjeuner et dîner. J’ai interrogéles commerçants. La maison appartenait àsa mère, décédée depuis des années. Labaraque a été habitée par le jardinier jusqu’àsa mort. Tu vois, ça ne me fait pas vraimentavancer. Il a le droit de rouvrir la maisonde sa mère quand ça lui chante.

- Alors pourquoi presque ?

- Parce qu’il a des attitudes bizarres, ilparle tout seul, il se comporte à table commes’ils étaient deux, parfois il reste face à lamer avec le bras en l’air pendant dixminutes. Hier soir il s’est enlacé tout seulsous le patio.

- Comment ça ?

- Comme s’il roulait une pellelangoureuse à une nana, sauf qu’il était toutseul !

- Il revit peut-être ses souvenirs à safaçon ?

- Il y a beaucoup de peut-être chez moncandidat !

- Tu y crois toujours à cette piste ?

- Je ne sais pas, ma belle, mais en toutcas il y a quelque chose d’étrange dans soncomportement.

- Quoi donc ?

- Il est incroyablement calme pour uncoupable.

- Donc, tu y crois toujours.

- Je me donne encore deux jours et jerentre.

Demain je vais faire une incursion àterrain découvert.

- Fais attention à toi !Il raccrocha, songeur.

Arthur caressait le clavier du longpiano du bout des doigts. Bien quel’instrument n’eût plus ses harmonies

formación sobre aquel extraño persona-je. Hacia las ocho regresó a su habita-ción y telefoneó a Nathalia.

—Bien—dijo ella—, ¿a qué conclusiónhas llegado?

—A ninguna. No hay nada anormal.Bueno, casi nada. Está solo, no para en todoel día, limpia, repara cosas, hace descansospara comer y cenar. He preguntado a loscomerciantes. La casa pertenecía a su ma-dre, que murió hace años. El jardinero si-guió viviendo allí hasta su muerte. Comoves, todo esto no lleva a ninguna parte. Tie-ne derecho a abrir la casa de su madre cuan-do le venga en gana.

—Entonces, ¿por qué dices casi?

—Porque hace cosas extrañas. Hablasolo, se comporta en la mesa como si fue-ran dos, a veces permanece frente al marcon un brazo levantado en horizontal du-rante diez minutos. Anoche se abrazó él soloen el patio.

— ¿Cómo lo hizo?

— Como si besara apasionadamente auna chica, con la diferencia de que estabasolo.

— Quizá sea su forma particular de re-vivir los recuerdos.

— ¡Hay muchos «quizá» en mi candi-dato!

— ¿Sigues creyendo en esa pista?

—No lo sé, preciosa, pero en cual-quier caso hay algo extraño en su com-portamiento.

—¿Qué hay de extraño?

—Está increíblemente tranquilo para serculpable.

—Entonces, ¿ya no crees en ella?

—Voy a darme dos días más y vuel-vo.

Mañana haré una incursión a cara des-cubierta.

— ¡Ten cuidado!George colgó, pensativo.

Arthur acariciaba el teclado del largopiano con la yema de los dedos. Aunque elinstrumento no conservaba sus armonías de

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d’antan, il s’était mis à retravailler le clairde lune de Werther, évitant quelques notesdevenues trop discordantes. C’était lemorceau préféré de Lili. Tout en jouant ils’adressa à Lauren qui s’était assise sur lerebord de la fenêtre, comme elle aimait àle faire : une jambe allongée sur le rebord,l’autre repliée au-dedans, le dos collécontre le mur.

- Demain j’irai faire des courses en ville,je fermerai la maison avant. Nous n’avonspresque plus rien.

- Arthur, tu comptes renoncer à toute tavie pendant combien de temps ?

- C’est obligatoire d’avoir cettediscussion maintenant ?

- Je vais rester dans cet état pendantpeut-être des années et je me demande si turéalises dans quoi tu t’es engagé. Tu as tontravail, tes amis, des responsabilités, tonmonde.

- C’est quoi mon monde ? Moi je suisde tous les villages. Je n’ai pas de monde,Lauren, nous sommes là depuis moins d’unesemaine et je n’ai pas pris de vacancesdepuis deux ans, alors donnemoi un peu detemps.

Il la prit dans ses bras et fit mine devouloir s’endormir.

- Si, tu as un monde. Nous avons tousnotre univers. Pour que deux êtres viventl’un de l’autre, il ne suffit pas qu’ilss’aiment, il faut qu’ils soient compatibles,il faut qu’ils se rencontrent au bon moment.Et pour nous ce n’est pas véritablement lecas.

- Je t’ai dit que je t’aimais ? reprit-ild’un ton timide.

- Tu m’as donné des preuves d’amour,dit-elle, c’est beaucoup mieux. Elle necroyait pas au hasard. Pourquoi était-il laseule personne sur cette planète avec quielle puisse parler, communiquer ? Pourquois’étàient-ils entendus comme cela, pourquoiavait-elle cette sensation qu’il devinait toutd’elle ?

- Pourquoi me donnes-tu le meilleur detoi, en recevant si peu de moi ?

- Parce que si vite et si soudainement tues là, tu existes, parce qu’un moment de toic’est déjà immense. Hier est passé, demainn’existe pas encore, c’est aujourd’hui quicompte, c’est le présent.

antaño, se había puesto a tocar el «Claro deluna» de Werther, evitando algunas notasdemasiado discordantes. Era la pieza pre-ferida de Lili. Mientras tocaba, se dirigió aLauren, que se había sentado en el alféizarde la ventana, tal como le gustaba hacer:una pierna estirada sobre el alféizar, la otradoblada por dentro, y la espalda apoyadaen la pared.

—Mañana cerraré la casa para ir al pue-blo a hacer unas compras. Ya no nos quedacasi nada.

—Arthur, ¿durante cuánto tiempo pien-sas renunciar a toda tu vida?

— ¿Es obligatorio tener esa conversa-ción ahora?

— Quizá siga años en este esta-do, y me pregunto si te das cuentade dónde te has metido. Tienes untrabajo, amigos, responsabilidades,tu mundo.

— ¿Qué es mi mundo? Yo soy de to-dos los pueblos. No tengo mundo,Lauren. Llevamos aquí menos de unasemana y no me tomaba unas vacacionesdesde hacía dos años, así que dame unpoco de tiempo.

La abrazó e hizo como que quería dor-mirse.

— Sí, tienes un mundo. Todos tene-mos nuestro universo. Para que dos seresvivan el uno del otro, no basta con que sequieran; es preciso que sean compatibles,es preciso que se encuentren en el momen-to oportuno. Y no es ése precisamentenuestro caso.

— ¿Te he dicho yo que te quiero? —preguntó él con aire tímido.

—Me has dado pruebas de que meamas —respondió Lauren—, que es mu-cho mejor. Ella no creía en el azar. ¿ Porqué era él la única persona del planetacon la que podía hablar, comunicarse?¿Por qué se habían entendido tan bien?¿Por qué tenía la sensación de que él selo adivinaba todo?

— ¿ Se puede saber por qué me das lo mejorde ti, cuando recibes tan poco de mí?

—Porque de repente es tás aquí ,ex is tes , porque un momento tuyoes inmenso. Ayer es pasado, maña-na todavía no ex is te ; lo que cuen-ta es hoy, e l p resen te .

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Il ajouta qu’il n’avait plus d’autre choixque de tout faire pour ne pas la laissermourir...

Mais justement, Lauren avait peur de «ce qui n’existait pas encore ». Arthur pourla rassurer lui dit que le jour suivant seraità l’image de ce qu’elle voudrait en faire.Elle vivrait au gré de ce qu’elle donneraitd’elle et de tout ce qu’elle accepterait derecevoir. « Demain est un mystère, pour toutle monde, et ce mystère doit provoquer lerire et l’envie, pas la peur ou le refus. » Ilposa un baiser sur ses paupières, prit samain dans la sienne, se colla contre son dos.La nuit profonde se leva sur eux.

Il était en train de ranger le coffre de lavieille Ford lorsqu’il aperçut les traînées depoussière en haut du parc. Pilguezdescendait le chemin sans ménagement, ilarrêta sa voiture devant le porche.

Arthur l’accueillit les bras chargés.

- Bonjour, je peux faire quelque chosepour vous ? demanda Arthur.

- Je viens de Monterey, l’agenceimmobilière m’a indiqué cette maisoncomme inoccupée, je cherche à acheter dansle coin, alors je suis venu voir, maisapparemment elle a déjà été revendue, jesuis arrivé trop tard.

Arthur répliqua qu’elle n’avait été niachetée ni à vendre, c’était la maison desa mère, il venait de la rouvrir. Accablépar la chaleur i l lui proposa unelimonade que le vieux flic déclina, il nevoulait pas le retenir. Arthur insista etlui proposa de prendre place sous lavéranda, il revenait dans cinq minutes.Il referma le hayon du break, se rendità l’intérieur de la maison et revint avecu n p l a t e a u , d e u x v e r r e s e t u n egrande bouteille de citronnade.

- C’est une belle maison, enchaînaPilguez, il ne doit pas y en avoir beaucoupcomme ça dans la région ?

- Je ne sais pas, je ne suis pas revenudepuis des années.

- Qu’est-ce qui vous a fait revenir tout àcoup ?

- Le temps était venu, je crois,j’avais grandi ici, et depuis la mortde maman, je n’avais jamais trouvéla force de revenir, et puis tout à coupcela s’est imposé.

Arthur añadió que no tenía otra opciónque hacer todo lo posible para no dejarlamorir...

Pero Lauren tenía miedo precisa-mente de «lo que aún no existía». Paratranquilizarla, Arthur le dijo que eldía siguiente sería tal como ella qui-siera. Viviría según lo que diera de símisma y lo que aceptara recibir.

—El mañana es un misterio para todo elmundo, y ese misterio debe provocar risa ydeseo, no miedo ni rechazo.

Le besó los párpados, le tomó una manoentre las suyas, se pegó a su espalda. Lanoche profunda se alzó sobre ellos.

Estaba arreglando el interior delmaletero del viejo Ford cuando violevantarse polvo en la parte alta deljardín. Pilguez bajó por el camino ydetuvo el vehículo delante del porche.

____________________________

—Buenos días, ¿puedo hacer algo porusted? —preguntó Arthur.

—Vengo de Monterrey. La agenciainmobiliaria me dijo que esta casa es-taba desocupada, y como estoy bus-cando algo para comprar en esta zona,he venido a ver, pero parece que hellegado demasiado tarde.

Arthur contestó que ni había sidocomprada ni estaba en venta. Era la caía desu madre y acababa de abrirla de nuevo.Agobiado por el calor, le ofreció un refres-co, pero el poli declinó la invitación dicien-do que no quería entretenerlo. Arthur insis-tió y le propuso que tomara asientoen la galería; é l v o l v e r í a e n s e -g u i d a . Cerró el maletero __________,se metió e n l a c a s a y r e g r e -s ó c o n u n a bandeja en la que había dosvasos y una gran botella de limonada.

—Es una casa muy bonita —comentóPilguez—. Supongo que no debe de habermuchas como ésta en la zona.

— N o l o s é . L l e v a b a a ñ o s s i nv e n i r .

— ¿Qué le ha hecho volver derepente?

— Creo que había llegado el momen-to. Me críe aquí, y después de la muerte demi madre nunca me había sentido con fuer-zas para volver, pero de pronto se convir-tió en una necesidad.

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- Comme ça, sans raison particulière?

Arthur était mal à l’aise, cet hommeinconnu lui posait des questions bien troppersonnelles, comme s’il savait quelquechose qu’il ne voulût pas dévoiler. Il s’enressentit manipulé. Il ne fit pas la liaisonavec Lauren, et pensa avoir plutôt affaire àun de ces promoteurs qui tentent de créerdes liens avec leurs futures victimes.

- En tout cas, enchaîna-t-il, je ne m’enséparerai jamais !

- Vous avez bien raison, une maison defamille cela ne se vend pas, je considèremême que c’est un sacrilège. Arthur eutquelques soupçons, et Pilguez sentit qu’ilétait temps de faire marche arrière. Il allaitle laisser aller faire ses courses, d’ailleurslui aussi devait se rendre au village « pourchercher une autre maison ». Il le remerciachaleureusement pour son accueil et lacollation. Ils se levèrent tous les deux,Pilguez monta dans sa voiture, mit le moteuren marche, salua de la main et disparut.

- Qu’est-ce qu’il voulait ? demandaLauren qui venait d’apparaître sous leporche.

- Acheter cette maison, à l’entendre.

- Je n’aime pas ça.

- Moi non plus, mais je ne sais paspourquoi.

- Tu crois que c’est un flic ?

- Non, je crois que nous sommesparanoïaques, je ne vois pas comment onaurait retrouvé notre trace. Je pense quec’est juste un promoteur ou un agentimmobilier qui tâtait le terrain. Ne t’inquiètepas, tu restes ou tu viens ?

- Je viens ! dit-elle.

Vingt minutes après qu’ils furent partis,Pilguez redescendit le jardin à pied.

De retour devant la maison, il vérifiaque la porte d’entrée était verrouillée, etentreprit de faire le tour du rez-de-chaussée.Aucune fenêtre n’était ouverte mais seul unvolet était clos. Une seule pièce fermée,c’était suffisant pour que le vieux policieren tire des conclusions. Il ne s’attarda pasplus longtemps sur les lieux, et retournapromptement à sa voiture. Il décrocha sonportable et composa le numéro de Nathalia.La conversation fut fournie, Pilguez luiexpliqua qu’il n’avait toujours ni preuve ni

— ¿Así, sin más?

Arthur empezó a encontrarse incómo-do. Aquel desconocido le hacía unas pre-guntas demasiado personales, como si su-piera algo que no quería revelar. Se sintiómanipulado. No lo relacionó con Lauren,sino que pensó que se trataba de uno deesos promotores que intentan establecervínculos con sus futuras víctimas.

—En cualquier caso —respondió—,nunca me desprenderé de ella.

— Hace bien. La casa famil iarno debe venderse; a mí me pareceun sacr i leg io . Ar thur empezaba asospechar a lgo , y P i lguez in tuyóque había l legado e l momento dedar marcha atrás. Iba a dejarlo paraque fuera a hacer sus compras; ade-más, él también tenía que ir a l pue-blo «para buscar otra casa». Le diolas gracias por e l recibimiento y labebida, se despidió efusivamente yse a le jó en su coche.

— ¿ Q u e q u e r í a ? — p r e g u n t óLauren, que acababa de aparecer enel porche.

— Según él, comprar esta casa.

—No me gusta esto.

—A mí tampoco, pero no sé porqué.

— ¿Crees que es un poli?

—No. Me parece que estamos paranoi-cos, porque no sé cómo hubieran podido en-contrar nuestro paradero. Me inclino másbien a pensar que es un promotor o un agen-te inmobiliario que quería tantear el terreno.No te preocupes, ¿te quedas o te vienes?

—Voy contigo —contestó ella.

Veinte minutos después de que se hubie-ran marchado, Pilguez bajó de nuevo a pie.

Una vez delante de la casa, comprobóque la puerta de entrada estaba cerrada conllave y comenzó a dar la vuelta a la edifi-cación. Aunque no había ninguna ventanaabierta, sólo estaban cerrados los postigosde un cuarto. Una sola habitación cerradaera suficiente para que el viejo policía sa-cara conclusiones. No se entretuvo mástiempo allí y volvió rápidamente al coche.Marcó el número de Nathalia en el móvil.La conversación fue larga. Pilguez le con-tó que seguía sin tener ni pruebas ni indi-

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indice, mais que d’instinct il savait Arthurcoupable. Nathalia ne douta pas de saperspicacité, seulement Pilguez ne jouissaitpas d’une autorisation d’enquête luipermettant de harceler un homme sans unmobile crédible. Il était sûr que la clé deson énigme résidait dans le motif. Et cedernier devait être important pour qu’unhomme en apparence équilibré, sans besoind’argent particulier, prenne un risque decette envergure. Mais Pilguez ne trouvaitpas le chemin d’accès à la solution. Tousles motifs classiques avaient été envisagés,aucun d’entre eux ne tenait la route. Lui vintalors l’idée d’un bluff : prêcher le fauxpour découvrir le vrai, prendre son suspectde vitesse et tenter de surprendre uneréaction, une attitude qui confirmerait ouinfirmerait ses doutes. Il mit son moteuren marche, entra dans la propriété et vintse garer devant le porche.

Arthur et Lauren arrivèrent une heureplus tard. Lorsqu’il sortit de la Ford, il fixaPilguez droit dans les yeux, ce dernier sedirigea vers lui.

- Deux choses ! d i t Ar thur, l apremière, elle n’est pas et ne sera pasà vendre , l a seconde , c ’es t unepropriété privée !

- Je le sa is , e t je me fouscomplètement qu’elle soit à vendre oupas, il est temps que je me présente.Tout en parlant, il exhiba son insigne. Ils’approcha d’Arthur, et plaquant sonvisage tout près du sien il enchaîna :

- J’ai besoin de vous parler.

- Je crois que c’est ce que vous êtes entrain de faire !

- Longuement.

- J’ai le temps !

- On peut entrer ?

- Non, pas sans mandat !

- Vous avez tort de la jouer comme ça !

- Vo u s a v e z e u t o r t d e m em e n t i r , j e v o u s a i a c c u e i l l i e ts e r v i à b o i r e !

- Peut-on au moins s’asseoir sous leporche ?

- On le peut, passez devant !

Ils s’assirent tous les deux sur la balancelle.

Debout devant les marches Lauren était

cios, pero que su instinto le decía queArthur era culpable. Nathalia no puso enduda su perspicacia; el problema era quePilguez no disponía de una orden judicialque le permitiera hostigar a un hombre sinun móvil verosímil. Estaba seguro de quela clave del enigma residía en el motivo, Ydebía di’ ser muy importante para que unhombre aparentemente equilibrado, sinnecesidad especial de dinero, se expusierade esa forma. Pero Pilguez no encontrabala clave de la solución. Había consideradotodos los motivos clásicos, pero ningunode ellos se sostenía. Entonces se le ocurrióla idea del farol: proclamar una mentirapara descubrir la verdad, pillar despreve-nido al sospechoso y tratar de sorprenderuna reacción o una actitud que corrobora-ra o desmintiera sus dudas. Puso el motoren marcha, entró en la propiedad y aparcódelante del porche.

Arthur y Lauren llegaron una hora mástarde. Cuando el primero salió del Ford,miró a Pilguez directamente a los ojos y éstese dirigió hacia él.

— ¡Dos cosas! —dijo Arthur—. ¡La pri-mera, que esta casa no está ni estará en ven-ta! ¡La segunda, que es una propiedad pri-vada!

— Lo sé , y me da absolu tamen-te lo mismo que es té en venta o nolo es té . Ya es hora de que me pre-s e n t e . — L e m o s t r ó l a p l a c a__________________________________________________ _________ y añadió—:Tengo que hablar con usted.

— ¡Creo que e so e s l o que e s t áhac iendo!

— Tranquilamente.

— Tengo tiempo.

— ¿Podemos entrar?

— ¡Sin una orden, no!

— Hace mal en adoptar esa actitud.

—Usted ha hecho mal en mentirme. Yole he recibido en mi casa y le he invitado abeber.

— ¿Podemos al menos sentarnos en elporche?

—Podemos. Pase delante.

Se sentaron en el balancín.

Lauren, de pie ante la escalinata, estaba

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terrorisée. Arthur lui fit un signe de l’oeilpour la rassurer, lui faire comprendre qu’ilmaîtrisait la situation, et qu’il ne fallait pass’inquiéter.

- Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il au policier.

- M’expliquer votre motif, c’est là-dessus que je bloque.

- Mon motif de quoi ?

- Je vais être très franc avec vous, jesais que c’est vous.

- Au risque de vous paraître un peusimple, c’est vrai, c’est moi, je suis moidepuis ma naissance, je n’ai jamais souffertde schizophrénie. De quoi parlez-vous ?

Il voulait lui parler du corps deLauren Kline, qu’il l’accusa d’avoirdérobé avec l’aide d’un complice etd’une vieille ambulance au MémorialHospital dans la nuit de dimanche àlundi. Il lui fit savoir que l’ambulanceavait été retrouvée chez un carrossier.Poursuivant sa tactique, il prétendait êtreconvaincu que le corps était ici, danscet te maison, plus précisément àl’intérieur de la seule pièce au volet fermé.« Ce que je ne comprends pas, c’es tp o u r q u o i e t c e l a m e t r a v a i l l e . »Il était près de sa retraite et estimait ne pasmériter d’achever sa carrière sur uneénigme. Il voulait découvrir les tenants etles aboutissants de cette affaire. La seulechose qui l’intéressait, c’était decomprendre ce qui avait motivé Arthur.« Je me moque foutrement de vous mettrederrière des barreaux. J’ai fait cela toutema vie de mettre des gens en taule, pourqu’ils en ressortent quelques années plustard, et recommencent. Pour un délitpareil vous auriez cinq ans au plus, alors jem’en cogne, mais je veux comprendre. »Arthur fit mine de ne pas saisir un mot dece que le policier racontait.

- C’est quoi cette histoire de corps etd’ambulance ?

- Je vais essayer de vous prendre lemoins de temps possible, acceptez-vous deme faire visiter la pièce aux volets fermés,sans mandat de perquisition ?

- Non!

- Et pourquoi, si vous n’avez rien àcacher ?

- Parce que cette pièce, comme vousdites, était la chambre et le bureau de ma

aterrorizada. Arthur le hizo un guiño paratranquilizarla y darle a entender que con-trolaba la situación y que no había que pre-ocuparse.

— ¿Qué puedo hacer por usted? —lepreguntó al policía.

— Explicarme su motivo. Ahí es dondeme quedo bloqueado.

— ¿Mi motivo para qué?

—Voy a ser muy franco. Sé que es us-ted.

—Aun a riesgo de parecerle un pocotonto, le diré que, efectivamente, soy yo. Yosoy yo desde que nací; nunca he padecidoesquizofrenia. ¿De que demonios habla?

Quería hablarle del cuerpo de LaurenKline, que él había robado del MemorialHospital durante la noche del domingo allunes con ayuda de un cómplice y utilizan-do una vieja ambulancia. Le informó que laambulancia había sido encontrada en un ta-ller de reparación de carrocerías. Siguien-do con su táctica, afirmaba estar convenci-do de que el cuerpo estaba allí, en aquellacasa, más concretamente en la única habi-tación con los postigos cerrados.

— Lo que no entiendo es por qué, yno puedo parar de darle vueltas.

Le faltaba poco para jubilarse y loque menos le apetecía era acabar sucarrera con un enigma sin resolver.Quería descubrir los pormenores deaquel caso. Lo único que le interesa-ba era saber por qué lo había hecho.

— M e i m p o r t a u n c a r a j o m e -t e r l o e n t r e r e j a s . L l e v o t o d a l av i d a enchironando a la gente, total, paraque salgan al cabo de unos años y vuelvan aempezar. Por un delito así le caerán cinco añoscomo máximo, así que no voy ni a moles-tarme, pero quiero conocer el motivo.

Arthur fingió no comprender una solapalabra de lo que decía el policía.

— ¿Qué es toda esa historia de cuerposy ambulancias?

— Intentaré robarle el menos tiem-po posible. ¿Acepta dejarme entrar enla habitación de los postigos cerradossin una orden de registro?

— ¡No!

— ¿Y por qué, si no tiene nada queocultar?

—Porque esa habitación, como usteddice, era el dormitorio y el despacho de mi

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mère, et que depuis sa mort elle estverrouillée. C’est l’unique endroit que jen’ai pas eu la force de rouvrir, et c’estpour cela que les volets y sont clos. Celafait plus de vingt ans que ce lieu est fermé,et je ne franchirai le seuil de cette porteque seul et lorsque je serai prêt, même pourvous éviter d’imaginer une solution à votrehistoire rocambolesque. J’espère que j’aiété clair.

- Cela se tient, je n’ai plus qu’à vouslaisser.

- Eh bien, c’est cela, laissez-moi, il fautque je vide mon coffre.

Pilguez se leva et se dirigea vers savoiture, en ouvrant la portière il seretourna et fixa Arthur droit dans lesyeux, il hésita un instant et décida debluffer jusqu’au bout.

- Si vous voulez visiter ce lieu dans laplus stricte intimité, ce que je comprends,faites-le ce soir. Parce que je suis têtu,demain je reviendrai en fin de journéeavec un mandat, et vous ne pourrez plusêtre seul. Bien sûr vous pouvez déciderde déplacer le corps pendant la nuit, maisau jeu du chat et de la souris je serai plusfort que vous, j’ai trente ans de carrière,et votre vie deviendrait un cauchemar. Jepose ma carte sur la balustrade, avec lenuméro de mon portable, juste au cas oùvous ayez quelque chose à me dire.

- Vous n’aurez pas de mandat !

- À chacun son mé t i e r, bonnesoirée.

Et il quitta les lieux en trombe. Arthurresta ainsi quelques minutes, les mainssur les hanches, le coeur battant lachamade . Lauren ne tarda pas àl’interrompre dans ses pensées.

madre y está cerrada desde que ella murió.»Es el único sitio donde no he tenido valorpara entrar, y por eso están cerrados lospostigos. Hace más de veinte años que esaestancia está cerrada, y no cruzaré el um-bral de esa puerta si no estoy solo y prepa-rado para hacerlo, ni siquiera para evitar queusted imagine una solución para surocambolesca historia. Espero haber sidoclaro.

— Su explicación es lógica. En fin, mevoy a marchar...

— Exacto, váyase, tengo que vaciar elmaletero.

Pilguez se dirigió hacia su coche. Mien-tras abría la portezuela, se volvió y miró aArthur directamente a los ojos, vaciló uninstante y decidió llevar hasta el final el fa-rol que se había marcado.

— Si quiere visitar esa estancia enla más estricta intimidad, cosa que com-prendo, hágalo esta noche. Porque yosoy testarudo y volveré mañana a últi-ma hora con una orden, y entonces yano podrá estar solo. Puede intentar tras-ladar el cuerpo por la noche, por supues-to, pero en el juego del gato y el ratónyo tengo más experiencia, llevo treintaaños en el oficio, y su vida se converti-ría en una pesadilla. Dejo mi tarjeta so-bre la balaustrada con el número delmóvil por si tiene algo que decirme.

— ¡No tendrá ninguna orden!

— Cada oficio tiene sus trucos. Buenasnoches.

Pilguez se alejó deprisa. Arthur se que-dó inmóvil unos minutos, con los brazos enjarras y el corazón latiéndole acelerada-mente. Lauren no tardó en interrumpir elhilo de sus pensamientos.

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- Il faut lui avouer la vérité et négocieravec lui!

- Il faut que l’on se dépêche de planquerton corps ailleurs.

- Non, je ne veux pas, ça suffit commeça ! Il doit être en planque quelque part, ilte prendra en flagrant délit. Arrête, Arthur,c’est ta vie ; tu l’as entendu, tu risques cinqans de prison !

Il le sentait , le f l ic bluffait , i ln’avait rien, il n’aurait jamais sonmandat. Arthur expliqua son plan desauvetage : à la tombée de la nuit, ilssortiraient par le devant de la maison,et mettraient le corps dans la barque.« Nous longerons la côte et on te cacheradans une grotte, pour deux ou trois jours.»Si l e po l ic ie r perqu is i t ionna i t , i lferait chou blanc , s’excuserait etserait obligé de laisser tomber.

- Il te suivra, parce que c’est un policier,et qu’il est têtu, rétorqua-t-elle. Tu asencore une chance de te sortir de cettehistoire si tu lui fais gagner du temps dansson enquête, si tu négocies la clé de sonénigme contre un arrangement. Fais-lemaintenant, après il sera trop tard.

- C’est ta vie qui est enjeu, alors on vadéplacer ton corps cette nuit.

- Arthur, tu dois être raisonnable,c’est une fuite en avant, et c’est tropdangereux.

Arthur lui tourna le dos, en répétant : «Nous prendrons la mer ce soir. » Puis ildéchargea le coffre du break. Le reste de lajournée fut pesant. Ils se parlèrent peu,échangèrent à peine quelques regards. En find’après-midi, elle se posta devant lui et leprit dans ses bras. Il l’embrassa avec douceur: « J e n e p e u x p a s l e s l a i s s e rt ’ e n l e v e r , t u c o m p r e n d s ? »E l l e comprenait mais ne pouvait serésoudre à le laisser compromettre sa vie.

Il attendit que la nuit tombe pour sortirpar la porte-fenêtre qui donnait vers lebas du jardin. Il marcha jusqu’aux rochers,et constata que la mer s’était opposée àson projet. De grosses vagues déferlaientsur l a cô te , r endan t imposs ib lel’exécution de son plan. La barque sefracasserait au premier ressac. L’océanétait déchaîné, et le vent s’était levé,amplifiant la danse des vagues. Ils’accroupit et mit sa tête entre ses mains.

Elle s’était approchée de lui sans bruit,

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— ¡Hay que confesarle la verdad y ne-gociar con él!

—Tengo que darme prisa en sacar tucuerpo de aquí.

— ¡No, no quiero! ¡Ya basta! Seguro queestará escondido por ahí y te pillará en fla-grante delito. Para, Arthur, es tu vida. Ya lohas oído, te arriesgas a que te caigan cincoaños de prisión.

Arthur presentía que el poli estaba marcándose unfarol, que no tenía nada, que no consegui-ría una orden judicial, y expuso su plande salvamento: al caer la noche, sal-drían por la parte de delante de la casay meterían el cuerpo en la barca.—Bordearemos la costa y te esconderemosen una gruta durante dos o tres días.

S i e l p o l i c í a i n d a g a b a ,se quedaría con un palmo de narices y _____no tendría más remedio que abandonar.

—Te seguirá, porque es policía y por-que es testarudo —replicó ella—. Todavíatienes una posibilidad de salir de este fío sile haces ganar tiempo en la investigación,si le ofreces la clave del enigma a cambiode un arreglo. Hazlo ahora; después serádemasiado tarde.

—Está en juego tu vida, así que estanoche trasladaremos tu cuerpo.

—Arthur, tienes que ser razonable. Estoes una huida hacia delante, y es demasiadopeligroso.

—Esta noche nos haremos a la mar —repitió Arthur, dándole la espalda.

Luego vació el maletero del coche. El restodel día se hizo largo. Se hablaron poco y ape-nas cruzaron unas miradas. Al final de la tar-de, ella se plantó delante de él y lo estrechóentre sus brazos. Él la besó con dulzura.

—No puedo dejar que se te lleven, ¿loentiendes? —dijo Arthur.

Ella lo entendía, pero le resultaba muydifícil permitir que comprometiera su vida.

Arthur esperó a que cayera la noche parasalir por la puertaventana que daba a laparte de abajo del jardín. Anduvo hasta lasrocas y comprobó que el mar se oponía a suproyecto. Grandes olas rompían contra lacosta, imposibilitando la ejecución del planque había trazado. La barca se estrellaría alprimer golpe de mar. Y empezaba a soplarun viento que todavía empeoraba la situa-ción. Se puso en cuclillas, con la cabezaentre las manos.

Lauren, que se había acercado a él sin

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elle passa sa main sur ses épaules ets’agenouilla à son tour.

- Rentrons, lui dit-elle, tu vas attraperfroid.

- Je...

- Ne dis rien, prends cela comme unsigne, nous allons passer cette nuit sans noustourmenter, tu trouveras quelque chosedemain, et puis peut-être que le temps secalmera à l’aube.

Mais Arthur savait que le vent du largeannonçait le début d’une tempête quidurerait au moins trois jours. La mer encolère ne s’était jamais calmée en une nuit.Ils dînèrent dans la cuisine et firent un feudans la cheminée du salon. Ils parlaient peu.Arthur réfléchissait, aucune autre idée nelui venait à l’esprit. Dehors le vent avaitredoublé de force pliant les arbres à serompre, la pluie faisait résonner les carreauxdes fenêtres et l’océan avait lancé uneattaque sans merci contre les remparts derochers.

- Avant j’adorais lorsque la nature sedéchaînait comme cela, ce soir on dirait labande-annonce de Twister (1).

- Ce soir on dirait que tu es bien triste,mon Arthur, mais tu ne devrais pas. Nousne sommes pas en train de nous quitter. Tume dis tout le temps de ne pas penser àdemain, profitons de ce moment qui estencore à nous.

- Mais là, je n’y arrive pas, je ne saisplus vivre le moment sans penser à celuiqui suit. Comment fais-tu ?

- Je pense à ces minutes présentes, ellessont éternelles.

À son tour elle se décida à lui raconterune histoire, un jeu pour le distraire dit-elle.Elle lui demanda d’imaginer qu’il avaitgagné un concours dont le prix serait lesuivant. Chaque matin une banque luiouvrirait un compte créditeur de 86 400dollars. Mais tout jeu ayant ses règles celui-ci en aurait deux :

- La première règle est que tout ce que tun’as pas dépensé dans la journée t’est enlevéle soir, tu ne peux pas tricher, tu ne peux pasvirer cet argent sur un autre compte, tu ne peuxque le dépenser, mais chaque matin au réveil,la banque te rouvre un nouveau compte, avecde nouveau 86 400 dollars, pour la journée.Deuxième règle : la banque peutinterrompre ce petit jeu sans préavis ; àn’importe quel moment elle peut te dire que

hacer ruido, se arrodilló a su lado y le pasóun brazo por los hombros.

—Volvamos —le dijo—, vas a quedar-te frío.

—Yo...

—No digas nada, interpreta esto comouna señal. Pasaremos esta noche sin ator-mentarnos y ya verás como mañana se teocurre algo; además, a lo mejor el vientoamaina al amanecer.

Pero Arthur sabía que el viento de altamar anunciaba una tormenta que duraríapor lo menos tres días. Cuando el mar seenfurecía nunca se calmaba en una noche.Cenaron en la cocina y encendieron la chi-menea del salón. Hablaban poco. Arthurno paraba de pensar, pero no se le ocurríanada. Fuera, el viento soplaba con másfuerza, doblando los árboles hasta casipartirlos, la lluvia azotaba los cristales delas ventanas y el mar había iniciado unataque sin cuartel contra la muralla derocas.

—Antes me encantaba cuando la natu-raleza se desmandaba así. Esta noche pare-ce la banda sonora de Tornado.

— Te veo muy triste, Arthur, perono deberías estarlo. No estamos despi-diéndonos. No paras de decirme que nopíense en el mañana, así que aprove-chemos este momento que todavía nospertenece.

—No lo consigo. Ya no sé vivir el mo-mento sin pensar en el que le seguirá.¿Cómo lo consigues tú?

—Pienso en los minutos presentes;son eternos.

Lauren decidió contarle una histo-ria, un juego para distraerlo. Le pidióque imaginara que había ganado unconcurso cuyo premio sería el siguien-te: todas las mañanas, un banco leabriría una cuenta con 86.400 dólares.Pero como todo juego tiene sus reglas,éste tendría dos.

— La primera regla es que todo lo queno te has gastado a lo largo del día, se teretira por la noche. No puedes hacer tram-pas, no puedes traspasar ese dinero a otracuenta, sólo puedes gastarlo. Pero a la ma-ñana siguiente, al despertar, el banco te abreotra cuenta con 86.400 dólares para ese día.

»La segunda regla es que el bancopuede interrumpir este juego sin previoaviso. En cualquier momento puede de-

1. Titre d’un film sur les tornades.

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c’est fini, qu’elle ferme le compte et qu’iln’y en aura pas d’autre. Qu’est ce que tuferais ?

Il ne comprenait pas bien.

- C’est pourtant simple, c’est un jeu,tous les matins au réveil on te donne 86400 dollars, avec pour seule contraintede les dépenser dans la journée, le soldenon utilisé étant repris quand tu vas tecoucher, mais ce don du ciel ou ce jeupeut s’arrêter à tout moment , tucomprends ? Alors la question est : queferais-tu si un tel don t’arrivait ?

Il répondit spontanément qu’ildépenserait chaque dollar à se faire plaisir,et à offrir quantité de cadeaux aux gens qu’ilaimait. Il ferait en sorte d’utiliser chaquequarter (1) offert par cette « banquemagique » pour apporter du bonheur danssa vie et dans celle de ceux quil’entouraient, « même auprès de ceux queje ne connais pas d’ailleurs, parce que jene crois pas que je pourrais dépenser pourmoi et pour mes proches 86 400 dollars parjour, mais où veux-tu en venir ? » Ellerépondit : « Cet te banque magiquenous l’avons tous, c’est le temps !La corne d’abondance des secondesqui s’égrènent ! »

Chaque matin, au réveil, nous sommescrédités de 86 400 secondes de vie pour lajournée, et lorsque nous nous endormonsle soir il n’y a pas de report à nouveau, cequi n’a pas été vécu dans la journée estperdu, hier vient de passer. Chaque matincette magie recommence, nous sommesrecrédités de 86 400 secondes de vie, etnous jouons avec cette règle incontournable: la banque peut fermer notre compte àn’importe quel moment, sans aucun 1. Lequarter équivaut à préavis : à tout moment,la vie peut s’arrêter. Alors qu’en faisons-nous de nos 86 400 secondes quotidiennes? « Cela n’est-il pas plus important que desdollars, des secondes de vie ? »

Depuis son accident elle comprenait chaquejour combien bien peu de gens réalisaientcomment le temps se compte et s’apprécie. Ellelui expliqua les conclusions de son histoire :« Tu veux comprendre ce qu’est une annéede vie : pose la question à un étudiant quivient de rater son examen de fin d’année.Un mois de vie : parles-en à une mère quivient de mettre au monde un enfantprématuré et qui attend qu’il sorte de sacouveuse pour serrer son bébé dans sesbras, sain et sauf. Une semaine : interrogeun homme qui travaille dans une usine ou

cirte que se ha acabado, que cancela lacuenta y ya no te abre ninguna más. ¿Quéharías?

Arthur no acababa de entenderlo.

—Pero si es muy sencillo, hombre, es unjuego. Todas las mañanas, al despertar, te dan86.400 dólares con la única condición de quelos gastes durante ese día, pues el saldo noutilizado se te retirará cuando te vayas adormir. Pero ese don del cielo o ese juegopuede acabar en cualquier momento, ¿com-prendes? Y la pregunta es: ¿qué harías si teencontraras en esa situación?

El respondió espontáneamente quese lo gastaría todo en lo que le apete-ciera y en hacer multitud de regalos alas personas que quería. Emplearía has-ta el último céntimo que le diera ese«banco mágico» en llevar la felicidad asu vida y a la de los que lo rodeaban.

— Inc lu so a l a de gen t e que noc o n o z c o , p o r q u e n o c r e o q u e p u -d i e r a g a s t a r e n m í y e n m i s a l l e -g a d o s 8 6 . 4 0 0 d ó l a r e s a l d í a . P e r o¿ a d o n d e q u i e r e s i r a p a r a r ?

— Ese banco mágico lo tenemos to-dos —contestó ella—:. Es el tiempo. Elcuerno de la abundancia de los segun-dos que pasan.

«Todas las mañanas, al despertar, senos abonan 86.400 segundos de vida ennuestra cuenta para ese día, y cuandonos dormimos por la noche no hay sumay sigue; lo que no se ha vivido en eldía se ha perdido, ayer acaba de pasar.Todas las mañanas se repite ese prodi-gio, se nos abonan 86.400 segundos devida, pero jugamos con esa regla inevi-table: el banco puede cancelarnos lacuenta en cualquier momento sin pre-vio aviso; en cualquier momento, lavida puede acabar. ¿Qué hacemos,pues, con nuestros 86.400 segundosdiarios? ¿No son más importantes unossegundos de vida que unos dólares?

Desde el accidente, comprobaba a diarioque muy pocas personas se percataban de loque se cuenta y se aprecia el tiempo. Le expu-so entonces las conclusiones de su historia:

— ¿Quieres entender qué es un año devida? Pregúntaselo a un estudiante que aca-ba de suspender el examen de fin de curso.¿Un mes de vida? Díselo a una mujer queacaba de traer al mundo a un niño prematu-ro y espera que salga de la incubadora paraestrecharlo entre sus brazos, sano y salvo.¿Una semana? Que te lo cuente un hombreque trabaja en una fábrica o en una mina

1 F français environ.

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dans une mine pour nourrir sa famille. Unjour : demande à deux amoureux transisqui attendent de se retrouver. Une heure :questionne un claustrophobe, coincé dansun ascenseur en panne. Une seconde :regarde l’expression d’un homme quivient d’échapper à un accident de voiture,et un millième de seconde : demande àl’athlète qui vient de gagner la médailled’argent aux jeux Olympiques, et non lamédaille d’or pour laquelle il s’étaitentraîné toute sa vie. La vie est magique,Arthur, et je t’en parle en connaissancede cause, parce que depuis mon accidentje goûte le prix de chaque instant. Alorsje t’en prie, profitons de toutes cessecondes qui nous restent. »

Arthur la prit dans ses bras et luimurmura dans l’oreille : « Chaque secondeavec toi compte plus que toute autreseconde. » Ils passèrent ainsi le reste de lanuit, enlacés devant l’âtre. Le sommeil lessurprit au petit matin, la tempête ne s’étaitpas calmée, bien au contraire. La sonneriede son portable les réveilla vers dix heures,c’était Pilguez, il demandait à Arthur de lerecevoir, il avait à lui parler et s’excusa deson comportement de la veille. Arthurhésita, ne sachant si l’homme tentait de lemanipuler ou s’il était sincère. Il pensa à lapluie torrentielle qui ne leur permettrait pasde rester dehors, et envisagea que Pilguezuserait de cet argument pour pénétrer dansla maison. Sans qu’il y réfléchisse, il l’invitaà déjeuner dans sa cuisine. Peut-être pourêtre plus fort que lui, plus déroutant.Lauren ne fit aucun commentaire, elleesquissa un sourire mélancolique,qu’Arthur ne vit pas.

L’inspecteur de police se présenta deuxheures plus tard. Lorsque Arthur lui ouvritla porte, une violente bourrasque de vents’engouffra dans le couloir et Pilguez dutmême l’aider à repousser le battant.

- C’est un ouragan ! s’exclama-t-il.

- Je suis sûr que vous n’êtes pas venupour parler de météorologie.

Lauren les suivit dans la cuisine. Pilguezfit tomber son trench-coat sur une chaise ets’assit à la table. Deux couverts étaient mis,une salade Caesar au poulet grillé, suivied’une omelette aux champignonscomposeraient leur déjeuner. Le tout étaitaccompagné d’un cabernet de la NapaValley.

- C’est très gentil à vous de me recevoirainsi, je ne voulais pas vous donner tout cemal.

para mantener ala familia. ¿Un día? Háblales del asunto a dos que están locamenteenamorados uno de otro y esperan el mo-mento de volver a estar juntos. ¿Una hora?Pregúntale a una persona claustrofóbicaencerrada en un ascensor averiado. ¿Un se-gundo? Mira la expresión de un hombre queacaba de salvarse de un accidente de coche.¿Y una milésima de segundo? Pregúntale alatleta que acaba de ganar la medalla de pla-ta en los Juegos Olímpicos, en vez de lamedalla de oro para la que lleva toda su vidaentrenándose. La vida es mágica, Arthur, yhablo con conocimiento de causa, porquedesde que sufrí el accidente saboreo el pre-mio que es cada instante. Así que, por fa-vor, aprovechemos todos estos segundos quenos quedan. Arthur la tomó entre sus brazosy le susurró al oído: —Cada segundo contigocuenta más que cualquier otro segundo.

Pasaron así el resto de la noche, abra-zados ante el hogar. El sueño los invadióal amanecer. La tormenta no había amai-nado, sino todo lo contrario. El timbre delmóvil los despertó hacia las diez. EraPilguez. Le pedía a Arthur que lo recibie-ra, tenía que hablar con él, y también lepedía disculpas por su comportamientodel día anterior. Arthur vaciló; no sabía siaquel hombre intentaba manipularlo o erasincero. Pensó en la lluvia torrencial, queno les permitiría quedarse fuera, y en quePilguez utilizaría ese argumento para en-trar en la casa. Sin apenas reflexionar, loinvitó a comer en la cocina. Tal vez paraser más fuerte que él, más desconcertan-te. Lauren no hizo ningún comentario;esbozó una sonrisa melancólica que aArthur le pasó inadvertida.

El inspector de policía se presentó doshoras más tarde. Cuando Arthur abrió lapuerta, una violenta ráfaga de vien-to se coló en el pasillo y Pilguez tuvoque ayudarle a cerrar el batiente.

—¡Esto es un huracán! —exclamó.

—Estoy seguro de que no ha venido parahablar de meteorología.

Lauren los siguió hasta la cocina.Pilguez dejó la gabardina en una sillay se sentó a la mesa. Había dos cubier-tos. Una ensalada César con pollo asa-do y una tortilla de champiñones cons-tituirían la comida. Todo ello acom-pañado de un cabernet del NappaValley.

—Le agradezco mucho su amabi-l idad. Yo no quería causarle tantotrastorno.

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

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- Ce qui me donne du mal, inspecteur,c’est que vous vous acharniez àm’emmerder avec vos histoiresabracadabrantes.

- Si elles sont aussi abracadabrantes quevous le dites, je ne vous emmerderai paslongtemps. Alors comme ça, vous êtesarchitecte ?

- Vous le savez déjà !

- Quel type d’architecture ?

- Je me suis passionné pour larestauration du patrimoine.

- C’est-à-dire ?

- Redonner une vie à des bâtimentsanciens, conserver la pierre, en larestructurant pour qu’elle soit adaptée à lavie d’aujourd’hui.

Pilguez avait tapé juste, il entraînaitArthur sur un terrain qui le captivait,mais ce que Pilguez découvrit c’estqu’il était aussi passionnant, et le vieilinspecteur tomba dans son propre piège; lui qui avait voulu créer un intérêt dela par t d’Ar thur, une voie pourcommuniquer, se fit prendre par le récitde son suspect.

Arthur lui fit un véritable coursd’histoire de la pierre, de l’architectureancienne à l’architecture traditionnelle, enabordant l’architecture moderne etcontemporaine. Le vieux flic était envoûté,il enchaînait ses questions les unes auxautres et Arthur y apportait des réponses.La conversation dura ainsi plus de deuxheures sans que jamais le temps ne leursemblât long. Pilguez apprit comment sapropre ville avait été reconstruite après legrand tremblement de terre, l’histoire desbâtiments qu’il voyait tous les jours, touteune série d’anecdotes, celles qui racontentcomment naissent les villes et les rues quenous habitons. Les cafés se succédaient etLauren stupéfaite assistait impassiblementà l’étrange complicité qui s’installait entreArthur et l’inspecteur. Au détour d’un récitsur la genèse du Golden Gâte, Pilguezl’interrompit, posant sa main sur la sienneil changea brusquement de sujet. Il voulaitlui parler d’homme à homme et sans sonbadge. Il avait besoin de comprendre, il sedécrivit comme un vieux policier que soninstinct n’avait jamais trompé. Il sentait etsavait que le corps de cette femme étaitcaché dans cette pièce fermée au bout ducouloir. Pourtant il ne comprenait pas lesmotivations de cet enlèvement. Arthur étaitpour lui le type d’homme qu’un père

— L o q u e m e t r a s t o r n a ,i n s p e c t o r , e s q u e s e e m p e ñ ee n d a r m e l a t a b a r r a c o n s u sd i s p a r a t a d a s h i s t o r i a s .

— S i s o n t a n d i s p a r a t a d a sc o m o d i c e , n o l e d a r é l a t a b a -r r a m u c h o t i e m p o . . . U s t e d e sa r q u i t e c t o , ¿ v e r d a d ?

—Lo sabe de sobra.

— ¿Qué tipo de arquitectura?

—Me he especializado en la restaura-ción del patrimonio.

— Que consiste...

— E n r e h a b i l i t a r e d i f i c i o sa n t i g u o s ; c o n s e r v a r l a p i e d r a ,r e e s t r u c t u r á n d o l a p a r a a d a p t a r -l a a l a v i d a a c t u a l .

Pilguez había dado en el clavo; estaballevando a Arthur a un terreno que le cauti-vaba. Pero lo que Pilguez descubrió es quea él también le apasionaba, de modo que elviejo inspector cayó en su propia trampa.Él, que había querido suscitar el interés enArthur, abrir un camino a través del cualcomunicarse, se dejó atrapar por el relatodel sospechoso.

Arthur le dio una auténtica clase de his-toria de la piedra, desde la arquitectura an-tigua hasta la arquitectura tradicional,adentrándose en la arquitectura moderna ycontemporánea. El viejo poli estaba fasci-nado, encadenaba unas preguntas con otrasy Arthur respondía a todas ellas. La conver-sación se prolongó más de dos horas sin queen ningún momento les resultara pesada.Pilguez se enteró de cómo había sido re-construida su propia ciudad después del granterremoto, de la historia de los grandes edi-ficios que j,,, veía todos los días, de un mon-tón de anécdotas sobre cómo nacen las ciu-dades y las calles donde vivimos. Los cafésse iban sucediendo, y Lauren asistía estu-pefacta e impasible a la extraña complici-dad que iba tejiéndose entre los dos hom-bres. Cuando Arthur estaba contando cómofue concebido el Golden Gate, Pilguez lointerrumpió poniendo una ^ mano sobre lasuya y cambió bruscamente de tema. Que-ría hablarle de hombre a hombre, prescin-diendo de su placa. Necesitaba comprender.Se describió como un viejo policía al quesu instinto jamás había engañado. Intuía ysabía que el cuerpo de esa mujer estaba es-condido en la habitación cerrada del fondodel pasillo. Sin embargo, no comprendíalas motivaciones del secuestro. Arthur erapara él el tipo de hombre que un padre

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voudrait avoir pour fils, il le trouvait sain,cultivé, passionnant, alors pourquoi allait-il prendre le risque de tout foutre en l’airen allant piquer le corps d’une femme dansle coma ?

- C’est dommage, je croyais que noussympathisions vraiment, dit Arthur en selevant.

- Mais c’est le cas, ça n’a rien à voir ouau contraire ça a tout à voir. Je suis sûr quevous avez de vraies bonnes raisons et jevous propose de vous aider.

Il serait honnête avec lui jusqu’au boutdes doigts et commença par lui confier qu’iln’aurait pas son mandat ce soir, il n’avaitpas de preuves suffisantes. Il faudrait qu’ilaille voir le juge à San Francisco, qu’ilnégocie et le convainque, mais il yarriverait. Cela lui prendrait trois ou quatrejours, assez de temps pour qu’Arthurdéplace le corps, mais il l’assura qu’unetelle entreprise serait une erreur. Il neconnaissait pas ses motifs, mais il allaitgâcher sa vie. Il pouvait encore l’aider etle lui proposait, si Arthur acceptait de luiparler et de lui expliquer les clés de cemystère. La repartie d’Arthur fut teintéed’une certaine ironie. Il était sensible à ladémarche généreuse de l’inspecteur et à sabienveillance, surpris toutefois d’êtredevenu si proche de lui en deux heures deconversation. Mais lui aussi plaida ne pascomprendre son invité. Il débarquait chezlui, Arthur l’accueillait, le restaurait, et luis’entêtait à l’accuser sans preuve ni motifd’un forfait absurde.

- Non, c’est vous qui vous entêtez,rétorqua Pilguez.

- Alors quelles sont vos raisons dem’aider, si je suis votre coupable, à part derésoudre une énigme de plus ?

Le vieux flic fut sincère dans sa réponse,il avait brassé dans son métier pas mald’affaires, avec des centaines de motifsabsurdes, de crimes sordides, mais il y avaittoujours eu un point commun entre tous lescoupables, celui d’être des criminels, destordus, des maniaques, des nuisibles, maischez Arthur ça ne semblait pas être le cas.Alors après avoir passé toute sa vie à mettredes cinglés derrière des barreaux, s’ilpouvait éviter à un type bien de s’yretrouver, parce qu’il s’était impliqué dansune situation impossible, «j’aurais au moinsle sentiment d’avoir été une fois du bon côtédes choses », conclut-il.

- C’est très gentil à vous, je le pense enle disant, j’ai apprécié ce déjeuner avec

querría tener por hijo; le parecía una per-sona sana, culta, apasionante. Entonces,¿por qué iba a exponerse a echarlo todo arodar robando el cuerpo de una mujer encoma?

—Es una lástima, yo creía que simpa-tizábamos de verdad —dijo Arthur, levan-tándose. fin????

—¡Y así es! Esto no tiene nada quever... o, mejor dicho, lo tiene todo quever. Estoy seguro de que tiene buenasrazones y le propongo ayudarlo.

Sería totalmente honrado con él, yempezó por confesarle que no conse-guiría la orden para esa noche por-que le faltaban pruebas. Tendría queir a San Francisco a ver al juez, dis-cutir con él, convencerlo, pero lo lo-graría. Tardaría tres o cuatro días, elt iempo suficiente para que Arthurtrasladara el cuerpo, pero le aseguróque semejante maniobra sería un error.El desconocía sus motivos, pero iba aarruinar su vida. Todavía podía ayudarlo,y se ofrecía a hacerlo si Arthur aceptaba ha-blar con él y explicarle las claves de aquelmisterio. La réplica de Arthur estuvo teñidade cierta ironía. Le conmovía la generosapropuesta del inspector y su benevolencia,y al mismo tiempo le sorprendía haber co-nectado tanto con él en dos horas de con-versación. Pero también se quejó de nocomprender a su invitado. Se presentaba ensu casa, lo recibía, lo agasajaba, y él se obs-tinaba en acusarlo sin pruebas ni motivosde un delito absurdo.

—No, es usted quien se obstina —repli-có Pilguez.

—Y sí soy su culpable, ¿qué razo-nes tiene usted para ayudarme, aparte deresolver un enigma más?

El viejo poli respondió con sinceridad.A lo largo de su carrera se había enfrentado amuchos casos con centenares de motivosabsurdos, a crímenes sórdidos, pero todoslos culpables habían tenido un punto encomún, el de ser criminales, mentes re-torcidas, maníacos, malhechores, y noparecía que ése fuera el caso de Arthur.De modo que, después de haberse pa-sado la vida metiendo a chiflados en-tre rejas, si podía evitar que un buentipo fuera a parar allí por haberse me-tido en un lío, «al menos tendría la sensa-ción de haber estado una vez del lado bue-no de las cosas», concluyó.

— Es muy amable por su parte, soysincero al decirlo, y he disfrutado de esta

brasser 1 (battre les cartes) v shuffle (mixing cards)2 (mélanger) v mix

brasse (nage) nf breast strokebrasse (nautique) nf fathom (unit)brasse papillon nf butterfly strokebrassé (remué) pp adj shuffledfait (brassé) à la maison homebrewbrasser (préparer le moût) v brew

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vous, mais je ne suis pas impliqué dans lasituation que vous décrivez. Je ne vouscongédie pas mais j’ai du travail, nousaurons peut-être l’occasion de nous revoir.

Pilguez acquiesça d’un hochementdésolé de la tête et se leva en saisissant sonimperméable. Lauren, qui durant toute laconversation des deux hommes s’était assisesur le buffet, sauta sur ses jambes et les suivitlorsqu’ils s’engouffrèrent dans le couloir quimenait à l’entrée de la maison.

Devant la porte du bureau Pilguezs’immobilisa, regardant la poignée.

- Alors vous l’avez ouverte, votre boîteà souvenirs ?

- Non, pas encore, répondit Arthur.

- C’est dur parfois de replonger dans lepassé, il faut beaucoup de force, beaucoupde courage.

- Oui, je sais, c’est ce que j’essaie detrouver.

- Je sais que je ne me trompe pas,jeune homme, mon instinct ne m’ajamais abusé.

Alors qu’Arthur allait l’inviter à partir,la poignée de la porte se mit à tourner,comme si quelqu’un l’actionnait del’intérieur, et la porte s’ouvrit. Arthur seretourna stupéfait. Il vit Lauren dansl’embrasure du chambranle, elle luisouriait avec tristesse.

- Pourquoi as-tu fait ça ? murmura-t-il,le souffle coupé.

- Parce que je t’aime.

De l’endroit où il était, Pilguez vitinstantanément le corps qui reposait sur lelit, avec sa perfusion. « Dieu merci, elleest en vie. » Il entra dans la pièce, laissantArthur à l’entrée, s’approcha et s’agenouillaprès du corps. Lauren prit Arthur dans sesbras. Elle l’embrassa sur sa joue,tendrement.

- Tu n’aurais pas pu, je ne veux pas quetu gâches le reste de ta vie pour moi, jeveux que tu vives libre, je veux ton bonheur.

- Mais c’est toi, mon bonheur.

Elle posa un doigt sur ses lèvres.

- Non, pas comme ça, pas dans de tellescirconstances.

comida con usted, pero no me encuentro enla situación que describe. No le echo, perotengo trabajo. Quizá tengamos ocasión devolver a vernos.

Pilguez asintió con un gesto apesadum-brado de cabeza, y se levantó y se puso lagabardina. Lauren, que durante toda la con-versación de los dos hombres había estadosentada sobre el aparador, bajó de un salto ylos siguió cuando se adentraron en el pasilloque conducía a la entrada de la casa.

Pilguez se detuvo frente a la puerta deldespacho y se quedó mirando el pomo.

— ¿Ha abierto ya el baúl de los recuer-dos?

—No, todavía no —respondió Arthur.

—A veces es duro zambullirse enel pasado. Hace falta mucha fuerza,mucho valor.

— Sí, José. Eso es lo que trato de en-contrar.

— Estoy convencido de que no meequivoco, joven. Mi instinto no me haengañado jamás.

Cuando Arthur se disponía a invi-tarlo a irse, el pomo comenzó a girar,como si alguien lo accionara desde elinterior, y la puerta se abrió. Arthurse volvió, estupefacto. Vio a Laurenen el hueco de la puerta , sonriéndo-le con tristeza.

— ¿Por qué has hecho eso? —murmu-ró, con la respiración entrecortada.

—Porque te quiero.

Desde donde estaba, Pilguez vio inme-diatamente el cuerpo que reposaba sobre lacama, con la perfusión. «Gracias a Dios,está con vida», pensó. Entró en la habita-ción, dejando a Arthur en la entrada, se acer-có y se arrodilló junto al cuerpo. Lauren es-trechó a Arthur entre sus brazos y la besótiernamente en la mejilla.

—No hubieras podido, y no quiero quearruines el resto de tu vida por mí. Quieroque vivas libre, quiero que seas feliz.

—Pero mi felicidad eres tú.

Ella le puso un dedo sobre los labios.

—No, as í no . En es tas c i rcuns-tanc ias , no .

engouffrer vtr 1. (fortuna) gastar, dilapidar. 2. fam(engullir) devorar.

v.intr. 1 precipitarse, entrar con violencia (viento) 2.precipitarse, meterse (metro)

ENGOUFFRER 1. (Av. 1525). Littér. Jeter, entraîner dansun gouffre. 2. Fam. Avaler, manger avidement et engrande quantité.“- 3. (1694). Fig. Engloutir.

S'ENGOUFFRER v. pron. 1. (1538). Se perdre, êtreentraîné dans un gouffre. 2. (1541). Par ext. Seprécipiter avec violence dans une ouverture, unpassage. 3. (Sujet n. de personne). Entrerprécipitamment (en un lieu profond, sombre...).

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- À qui parlez-vous ? demanda le vieuxpolicier d’une voix très amicale.

- À elle.

- Il faut que vous m’expliquiez,maintenant, si vous voulez que je vous aide.

Arthur regarda Lauren, les yeux pleinsde désespoir.

- Il faut que tu lui racontes toute lavérité, il te croira ou pas, mais restes-enà la vérité.

- Venez, dit-il s’adressant à Pilguez,allons dans le salon, je vais tout vousexpliquer.

Les deux hommes s’assirent sur le grandcanapé et Arthur raconta toute l’histoire,depuis ce premier soir où dans sonappartement une femme inconnue, cachéedans le placard de sa salle de bains, lui avaitdit : « Ce que je vais vous dire n’est pasfacile à entendre, impossible à admettre,mais si vous voulez bien écouter monhistoire, si vous voulez bien me faireconfiance alors peut-être que vous finirezpar me croire et c’est très important carvous êtes, sans le savoir, la seule personneau monde avec qui je puisse partager cesecret. »

Et Pilguez l’écouta, sans jamaisl’interrompre. Beaucoup plus tard dansla soirée, lorsque Arthur eut fini son récit,il se leva du fauteuil et toisa soninterlocuteur.

- Vous voyez, avec une telle histoire,cela fait un fou de plus dans votrecollection, inspecteur !

- Elle est là, près de nous ? demandaPilguez.

- Assise sur le fauteuil qui vous fait face,et elle vous regarde.

Pilguez frotta sa barbe courte en hochantla tête.

- Bien sûr, dit-il, bien sûr.

- Qu’allez-vous faire maintenant ?demanda Arthur.

Il allait le croire ! Et si Arthur sedemandait pourquoi, c’était simple. Parceque pour inventer une histoire pareille aupoint de prendre les risques qu’il avaitpris, il ne fallait pas être fou, il fallait êtrecomplètement dément. Et l’homme qui luiavait parlé à table de l’histoire de la ville

— ¿Con quién habla? —preguntó el vie-jo policía en tono amistoso.

— Con ella.

—Ahora debe contármelo todo si quie-re que lo ayude.

Arthur dirigió a Lauren una mirada lle-na de desesperación.

— Tienes que contarle toda la verdad.Quizá te crea o quizá no, pero atente a laverdad.

—Venga —dijo Arthur dirigiéndose aPilguez—, vamos al salón. Voy a contárse-lo todo.

Los dos hombres se sentaron en elgran sofá y Arthur contó toda la histo-ria, desde aquella primera noche en suapartamento, cuando una desconocidaque estaba escondida en el armario lehabía dicho: «Lo que voy a decirle cues-ta de entender y resulta imposible deadmitir, pero si tiene la bondad de es-cuchar mi historia, si tiene la bondad deconfiar en mí, entonces quizás acabecreyéndome, y es muy importante, por-que usted es, sin saberlo, la única per-sona del mundo con quien puedo com-partir este secreto.»

Pilguez lo escuchó sin interrumpir-lo ni una sola vez. Mucho más tarde,cuando hubo acabado su relato, Arthurse levantó del sillón y observó a suinterlocutor.

—Ya ve, inspector, con semejan-te historia va a tener que añadir otroloco a su colección.

— ¿Está aquí, con nosotros? —pregun-tó Pilguez.

— Sentada en el sillón que se encuentrafrente a usted, y está mirándolo.

Pílguez se frotó la corta barba menean-do la cabeza.

— Claro —dijo—, claro.

— ¿Qué va a hacer ahora? —preguntóArthur.

¡Iba a creerlo! Y si Arthur se pregunta-ba por qué, la respuesta era muy simple.Porque para inventarse semejante historiay correr los riesgos que él había corrido, nohabía que estar chiflado, había que estarcompletamente demente. Y el hombre quele había hablado en la mesa de la historia de

TOISER - 1. Vx. Mesurer (une longueur) en se servantde la toise comme unité.“- 2. [a] Vx. Examinerattentivement qqn «pour apprécier son mérite»(Littré).“[b] Mod. Regarder avec défi (- Mesurer* duregard), ou, plus souvent, avec dédain*, mépris (cf.Regarder de haut).“

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qu’il servait depuis plus de trente ansn’avait rien d’un dément.

« Il faut que votre histoire soitrudement vraie pour que vous ayezentrepris tout cela. Je ne crois pasbeaucoup en Dieu, mais je crois à l’âmehumaine, et puis, je suis en fin de carrièreet j’ai surtout envie de vous croire. »

- Alors qu’allez-vous faire ?

- Puis-je la ramener à l’hôpital dans mavoiture, sans danger pour elle ?

- Oui, vous le pouvez, dit Arthur, la voixpleine de détresse.

Alors, comme il l’avait promis, iltiendrait son engagement. Il allait le sortirde ce mauvais pas.

- Mais je ne veux pas être séparéd’elle, je ne veux pas qu’ils l’euthanasient! Ç a , c ’ é t a i t u n e a u t r e b a t a i l l e ,« j e ne peux pas tout faire, mon vieux !».I l a l l a i t d é j à p r e n d r e l e r i s q u ed e r a m e n e r c e c o r p s e t n ’ a v a i tq u e l a n u i t e t t r o i s h e u r e s d er o u t e p o u r t r o u v e r u n e b o n n er a i s o n d ’ a v o i r r e t r o u v é l av i c t i m e s a n s a v o i r i d e n t i f i é s o nr a v i s s e u r . C o m m e e l l e é t a i t e nv i e e t n ’ a v a i t s u b i a u c u n s é v i c e ,i l p e n s a i t p o u v o i r f a i r e e n s o r t eq u e l e d o s s i e r p a s s e d a n s l et i r o i r d e s a f f a i r e s c l a s s é e s .

Pour le reste, il ne pouvait rien faire deplus, « mais c’est déjà beaucoup non ? ».

- Je sais ! remercia Arthur.

- Je vais vous laisser la nuit à tous lesdeux, je passerai demain matin vers huitheures, faites en sorte que tout soit prêt pourle départ.

- Pourquoi faites-vous ça ?

- Je vous l’ai dit, parce que vous m’êtessympathique, j’ai de l’estime pour vous.Je ne saurai jamais si votre histoire estréelle ou si vous l’avez rêvée. Mais danstous les cas, dans la logique de votreraisonnement, vous avez agi dans sonintérêt, on pourrait presque se laisserconvaincre que c’était de la légitimedéfense, d’autres diront assistance àpersonne en danger, moi je m’en fiche. Lecourage appartient à ceux qui agissent pourle bien ou pour le mieux, et au moment oùil faut agir, sans calcul des conséquencesqu’ils encourent. Allez, assez bavardé,profitez du temps qui vous reste.

la ciudad a la que él servía desde hacía másde treinta años no tenía nada de demente.

— Su historia tiene que ser ciertade cabo a rabo para que haya montadotodo esto. Yo no creo mucho en Dios,pero sí creo en el alma humana; ade-más, estoy al final de mi carrera y so-bre todo tengo ganas de creerle.

— Entonces, ¿qué va a hacer?

— ¿Puedo llevarla al hospital en mi co-che sin que corra ningún peligro?

— S í — d i j o A r t h u r c o n v o za n g u s t i a d a .

E n t o n c e s , t a l c o m o l e h a b í ap r o m e t i d o , l o s a c a r í a d e a q u e la p u r o .

— ¡Pero yo no quiero separarmede ella! ¡No quiero que le apliquenla eutanasia! Esa era otra batalla.

—Yo no puedo hacerlo todo, amigo.Ya iba a exponerse devolviendo el

cuerpo, y sólo tenía la noche y tres ho-ras de carretera para que se le ocurrie-se una razón convincente que explica-ra el hecho de haber encontrado a lavíctima sin haber identificado al se-cuestrador. Como la chica estaba conv ida y no hab í a su f r i do n ingunasevicia, creía que podría arreglárselaspara que el expediente fuera a pararal cajón de los casos archivados.

Era lo único que podía hacer.—Pero ya en mucho, ¿no?

— Sí, lo sé —dijo Arthur, agradecido.

—Les de ja ré la noche para losdos y pasaré mañana por la maña-na , hac ia las ocho . Prepáre lo todopara e l v ia je .

— ¿Porqué hace esto?

—Ya se lo he dicho porque usted mecae bien. Nunca sabré si su historia esreal o si la ha soñado. Pero, en cual-quier caso, siguiendo la lógica de su ra-zonamiento, ha actuado en interés deella. Casi podría afirmarse que era le-gítima defensa, aunque otros lo llama-rían asistencia a persona en peligro; amí me da igual. El valor es patrimoniode quienes actúan bien o lo mejor po-sible en el momento en que hay que ac-tuar, sin calcular las consecuencias quede ello se puedan derivar. Bueno, yaestá bien de charla, aproveche el tiem-po que le queda.

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Le policier se leva, Arthur et Lauren lesuivirent. Une violente bourrasque lesaccueillit lorsqu’ils ouvrirent la porte de lamaison.

- À demain, dit-il.

- À demain, répondit Arthur, les mainsdans les poches.

Pilguez disparut dans la tempête.

Arthur ne dormit pas, et au petit matinse rendit dans le bureau. Il prépara le corpsde Lauren, puis monta dans sa chambrefaire sa valise, ferma les volets de lamaison, coupa le gaz et l’électricité. Il leurfallait à tous deux rejoindre l’appartementde San Francisco. Lauren ne pouvait resterloin de son corps longtemps sans ressentirune extrême fatigue. Ils en avaient discutédurant la nuit et étaient convenus qu’il enserait ainsi. Lorsque Pilguez auraitembarqué le corps, ils prendraient aussi laroute pour rentrer.

L’inspecteur se présenta à l’heure dite.En un quart d’heure Lauren futemmitouflée dans des couvertures etinstallée sur la banquette arrière de lavoiture du policier. À neuf heures, la maisonétait fermée, vide de tout occupant et lesdeux équipages rentraient vers la ville.Pilguez arriva à l’hôpital vers midi, Arthuret Lauren rejoignirent l’appartement à peuprès à la même heure.

15

Pilguez tint sa promesse. Il déposa sapassagère inerte au service des urgences.En moins d’une heure le corps de Laurenfut rendu à la chambre d’où il avait étéenlevé. L’inspecteur rentra au commissariatde police et se rendit directement dans lebureau du principal. Personne ne connutjamais le contenu de la conversation entreles deux hommes, elle dura deux longuesheures, mais lorsqu’il ressortit de la pièce,l’inspecteur se dirigea, un gros dossier sousle bras, vers Nathalia. Il laissa tomber le

El policía se levantó, y Arthur yLauren lo siguieron. Un violento ven-daval los acogió cuando abrieron lapuerta de la casa.

—Hasta mañana —dijo Pilguez.

—Hasta mañana —contestó Arthur conlas manos en los bolsillos.

El inspector desapareció en la tormenta.

Arthur no durmió, y al amanecer fue aldespacho. Preparó el cuerpo de Lauren,luego subió a su habitación a hacer la ma-leta, cerró los postigos de toda la casa y labombona de gas y cortó la electricidad.Tenían que volver al apartamento de SanFrancisco. Lauren no podía permanecerlejos de su cuerpo mucho tiempo sin sentirun gran cansancio. Habían hablado delasunto durante la noche y estaban conven-cidos de que sería así. Cuando Pilguez sehubiera llevado el cuerpo, emprenderíatambién el regreso.

Pilguez se presentó a la hora acor-dada. En un cuarto de hora, Lauren fueenvuelta en mantas e instalada en elasiento trasero del coche del policía. Alas nueve, la casa estaba cerrada, sinningún ocupante, y los dos vehículosiban camino de la ciudad. El inspectorllegó al hospital hacia mediodía; Arthury Lauren entraron en el apartamento máso menos a la misma hora.

15

Pílguez cumplió su promesa. Dejó a supasajera inerte en el servicio de urgencias.Menos de una hora más tarde, el cuerpo deLauren se hallaba instalado en la habitaciónde donde había sido secuestrado. El inspec-tor fue a la comisaría y se dirigió directa-mente al despacho del director. Nadie supojamás el contenido de la conversación quemantuvieron los dos hombres, que duró doslargas horas, pero al salir de la estancia, elinspector fue a ver a Nathalia con un gruesoexpediente bajo el brazo, dejó caer la car-

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classeur sur son bureau et la regardant droitdans les yeux lui ordonna de ranger cesd o c u m e n t s d a n s l e t i r o i r a u xoubliettes, et sans délai.

Arthur et Lauren s’installèrent dansl’appartement de Green Street, ilspassèrent l’après-midi à la Marina,marchant le long de la mer. Un espoirnaquit du fait que rien n’indiquait que laprocédure d’euthanasie suivrait son cours.Après tous ces événements, la mère deLauren reviendrait peut-être sur ses intentions.Ils dînèrent chez Perry’s et rentrèrent vers vingt-deux heures pour regarder un film à la télé.

La vie reprit son cours normalement,tant et si bien que chaque jour passant, ilsen venaient à oublier de plus en plus souventdans la journée la situation qui lespréoccupait tant.

Arthur passait de temps à autre à sonbureau, y faisant quelques apparitions poursigner des papiers. Le reste de la journée,ils le passaient ensemble, allant au cinéma,marchant de longues heures dans les alléesdu Golden Gâte Park. Un week-end ilspartirent à Tiburon, dans la maison qu’unami lui prêtait lors de ses déplacements enAsie. Ils consacrèrent la première partied’une autre semaine à faire du voilier dansla baie, cabotant de crique en crique.

Ils enchaînèrent les spectacles en ville,musichall, ballets, concerts et théâtre. Lesheures étaient semblables à de longuesvacances paresseuses où rien ne se refusait.Vivre dans l’instant présent, au moins unefois sans projeter, en occultant demain.Sans penser à rien d’autre qu’à ce qui sepasse. La théorie des secondes, comme ilsle disaient. Les gens qui les croisaientprenaient Arthur pour un fou, à le voir ainsiparler tout seul ou marcher le bras en l’air.Dans les restaurants qu’ils fréquentaient,les serveurs étaient habitués à cet hommequi seul à table se penchait tout à coup,mimant de saisir une main qu’il embrassaitet qui était invisible aux yeux de tous,parlant seul d’une voix douce ou feignantde se reculer au seuil d’une porte pourlaisser passer une personne qui n’existaitpas. Les uns pensaient qu’il avait perdu laraison, les autres l’imaginaient veuf, vivantdans l’ombre de sa femme disparue. Arthurn’y prenait plus garde, il goûtait chacun deces instants qui tissaient les mailles de leuramour. En quelques semaines, ils étaientdevenus complices, amants et compagnonsde vie. Paul ne s’inquiétait plus, il s’étaitfait une raison de la crise que traversait sonami. Rassuré que l’enlèvement n’ait pasplus de suites, il assurait la gestion del’agence, convaincu que son associé

peta sobre su mesa y, mirándola fijamentea los ojos, le ordenó que guardaseinmediatamente aquellos documentos en elcajón de los «casos dormidos».

Arthur y Lauren se instalaron en el apar-tamento de Green Street. Pasaron la tarde enLa Marina, paseando por la orilla del mar. Elhecho de que nada indicara que el procedi-miento de eutanasia seguiría su curso les hizoconcebir cierta esperanza. Después de todosaquellos acontecimientos, quizá la madre deLauren se replanteara su decisión. Cena-ron en el Perry’s y regresaron hacia las diezpara ver una película en la tele.

La vida recuperó su normalidad,y a medida que pasaban los días ,cada vez recordaban con menos fre-cuencia la s i tuación que tanto lespreocupaba.

Arthur aparecía de vez en cuandopor su despacho para firmar papeles.El resto del día lo pasaban juntos,yendo al cine, paseando durante ho-ras por las alamedas del Golden GatePark. Un fin de semana fueron a Ti-burón, a la casa que un amigo deArthur le prestaba cuando se iba aAsia. La primera parte de otra sema-na la dedicaron a hacer vela en la ba-hía, navegando de una cala a otra.

Asistían a multitud de espectáculos en laciudad: music hall, ballet, conciertos y tea-tro. Las horas transcurrían como en unas lar-gas vacaciones en las que todos los capri-chos están permitidos. Vivir el instante pre-sente, al menos por una vez sin planear, ocul-tando el mañana. Sin pensar en nada más queen lo que sucede. La teoría de los segundos,como ellos decían. La gente tomaba a Arthurpor loco al verlo hablar solo o caminar conun brazo levantado en horizontal. En los res-taurantes que frecuentaban, los camarerosestaban acostumbrados a la presencia deaquel hombre que, sentado solo a la mesa,de pronto hacía el gesto de asir una manoinvisible para todos y besarla, hablabasolo en voz baja y se hacía a un ladoen el umbral de la puerta para dejarpaso a una persona inexistente. Unospensaban que había perdido la razón;otros, que imaginaba estar con su es-posa fallecida, Arthur ya no intentabadisimular; saboreaba cada uno de esosinstantes que tejían la red de su amor.En el espacio de unas semanas se habían con-vertido en cómplices y amantes y compar-tían su vida. Paul ya no se preocupaba; habíaaceptado que su amigo estaba atravesandouna crisis. Tranquilizado por el hecho de queel secuestro no huera tenido consecuencias,so ocupaba de la gestión del estudio conven-

oubliette mazmorra; tomber dans les oubliettes fig &fam caer en el olvido

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retrouverait un jour ses esprits, et que leschoses reprendraient leur cours normal. Iln’était pas pressé. L’important étant quecelui qu’il appelait son frère aille mieux ouaille bien tout court, quel que soit le mondedans lequel il vivait.

Trois mois s’écoulèrent ainsi sans querien ne vienne troubler leur intimité. Celase produisit un mardi soir. Ils s’étaientcouchés tous deux après une soirée paisiblepassée dans l’appartement. Après leursétreintes complices, ils avaient partagé lesdernières lignes d’un roman qu’ils lisaientensemble, puisqu’il devait lui tourner lespages. Ils s’étaient endormis tard dans lanuit, dans les bras l’un de l’autre.

Vers six heures du matin Lauren sedressa d’un bond dans le lit et cria le nomd’Arthur. Il se réveilla en sursautant etouvrit grands les yeux. Elle était assise entailleur, son visage était pâle et cristallin.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-ild’une voix pleine d’inquiétude.

- Prends-moi vite dans tes bras, je t’ensupplie.

Il s’exécuta sur-le-champ et sansqu’il eut à renouveler sa question elleposa sa main sur sa joue ombrée par labarbe naissante, elle le caressa, glissantvers son menton, entourant sa nuqueavec une infinie tendresse. Ses yeux segonflèrent de larmes et elle lui parla.

- C’est le moment, mon amour, ilsm ’ e n l è v e n t , j e s u i s e n t r a i n d edisparaître.

- Non ! dit-il en la serrant encoreplus fort.

- Bon Dieu, comme je ne veux pas tequitter, j’aurais voulu que cette vie avec toine cesse jamais, avant même qu’elle necommence.

- Tu ne peux pas partir, il ne faut pas,résisteleur, je t’en supplie !

- Ne dis rien, écoute-moi, je sens quej’ai peu de temps. Tu m’as donné ce que jene soupçonnais pas ; je n’imaginais pasavant de vivre par toi que l’amour puisseapporter tant de choses aussi simples. Riende ce que j’ai vécu avant toi ne valait uneseule des secondes que nous avons passéesensemble. Je veux que tu saches pourtoujours à quel point je t’aurai aimé ; je nesais pas vers quelles rives je pars, mais s’ilexiste un ailleurs, je continuerai à t’y aimer

cido de que antes o después su socio se recu-peraría y las aguas volverían a su cauce. Notenía prisa. Lo importante era que aquel aquien llamaba hermano mejorara o se resta-bleciera por completo, cualquiera que fueseel mundo en el que vivía.

Transcurrieron así tres meses sinque nada fuera a turbar su intimidad.Aquello sucedió un martes por la no-che. Se habían acostado tras pasar unavelada apacible en casa. Después delos abrazos cómplices, habían com-partido las últimas líneas de una no-vela que leían juntos, pues él tenía quepasarle las páginas. Se habían dormi-do tarde, uno en brazos de otro.

Hacia las seis de la mañana, Laurense incorporó de un salto y llamó a Arthurgritando. Éste se despertó sobresaltadoy le sorprendió verla sentada con las pier-nas cruzadas, la tez pálida y cristalina.

— ¿Qué pasa?—preguntó con lavoz llena de inquietud.

— A b r á z a m e , p o r f a v o r , d e -p r i s a .

Él lo hizo inmediatamente y ella, antesde que le repitiera la pregunta, acercó unamano a su mejilla oscurecida por la barbaincipiente y la acarició, deslizando luegolos dedos hacia su barbilla y rodeándole lanuca con una ternura infinita. Los ojos sele llenaron de lágrimas.

—Ha llegado el momento, amor mío,se me llevan, estoy desapareciendo —ledijo Lauren.

— ¡No! —se rebeló él, estrechándolatodavía con más fuerza.

— ¡Dios mío, no quiero dejarte!Antes de que empezara es ta v idacontigo, ya estaba deseando que noacabara jamás.

— ¡No puedes irte, no debes, resístete,te lo suplico!

—No digas nada y escúchame, pre-siento que tengo poco tiempo. Me hasdado algo que yo ni sospechaba que exis-tiera; antes de vivir a través de ti no ima-ginaba que el amor pudiera aportar tantascosas sencillas. Nada de lo que viví antesde conocerte valía uno solo de los segun-dos que hemos pasado juntos. Quiero quesiempre sepas hasta qué punto te he ama-do; no sé hacia qué tierras parto, pero siexiste un más allá, seguiré amándote con

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avec toute cette force et toute cette joie donttu as rempli ma vie.

- Je ne veux pas que tu partes !

- Chut, ne dis rien, écoute-moi.

Et tandis qu’elle parlait son apparencese faisait transparente. Sa peau devenaitclaire comme de l’eau. Déjà au creux deses bras, son étreinte se resserrai t suru n v i d e q u i s ’ i n s t a l l a i t p e t i tà p e t i t . I l l u i s e m b l a i t q u ’ e l l ed e v e n a i t é v a n e s c e n t e .

- J’ai la couleur de tes sourires dans mesyeux, reprit-elle. Merci de tous ces rires,de toute cette tendresse. Je veux que tuvives, que tu reprennes le cours de ta viequand je ne serai plus là.

- Je ne pourrai plus sans toi.

- Non, ce que tu portes en toi, ne le gardepas pour toi, tu devras le donner à une autre,ce serait trop de gâchis.

- Ne pars pas, je t’en supplie. Lutte.

- Je ne peux pas, c’est plus fort quemoi. Je n’ai pas mal, tu sais, j’ai justel’impression que tu t’éloignes, jet’entends comme dans du coton, jecommence à te voir trouble. J’ai si peur,Arthur. J’ai si peur sans toi. Retiens-moiencore un peu.

- Je te serre, tu ne me sens plus ?

- Plus très bien, mon Arthur.

Ainsi pleuraient-ils tous les deux,pudiquement, silencieusement ; ilscomprenaient mieux encore le sens d’uneseconde de vie, la valeur d’un instant,l’importance d’un seul mot. Ilss’étreignirent. En quelques minutes d’unbaiser inachevé, elle finit de disparaître. Lesbras d’Arthur se refermèrent sur eux-mêmes; il se recroquevilla de douleur et semit à pleurer en hurlant.

Tout son corps tremblait. Sa têtese ba lança i t su r l e s cô tés , en unmouvement incontrôlé . Ses doigtsé ta ient serrés s i for tement que lapaume de ses mains en était grifféejusqu’au sang.

Le « Non » qu’il hurla en une plainteanimale résonna dans la pièce à en fairevibrer les vitres. Il essaya de se relever maisvacilla et tomba à même le sol, ses brasrestaient enserrés autour de son torse. Ilperdit connaissance pendant plusieurs

toda esta fuerza y esta alegría con las quehas llenado mi vida.

— ¡No quiero que te vayas!

— Chisss..., no digas nada, escúchame.

Y mientras hablaba, su figura adqui-ría transparencia. Su piel se tornaba claracomo el agua. ____________ Losbrazos de Arthur _____ se cerraban so-bre un vacío que poco a poco ibacreándose. Le daba la sensación deque Lauren se volvía evanescente.

—Tengo el color de tus sonrisas en misojos —prosiguió—. Gracias por todas esasrisas, por toda esa ternura. Quiero que vi-vas, que reanudes el curso de tu vida cuan-do yo ya no esté aquí.

—No podré hacerlo sin ti.

—No te guardes lo que llevas den-tro, debes dárselo a otra; si no, seríaun desperdicio enorme.

—No te vayas, por favor. Lucha.

—No puedo, es más fuerte que yo. Nosiento dolor, simplemente tengo la impre-sión de que te alejas, te oigo como si estu-viera envuelta en algodón, empiezo a ver-te borroso. Tengo mucho miedo, Arthur.Sin ti, tengo mucho miedo. Retenme unpoco más.

—Estoy abrazándote, ¿no lo notas?

—No muy bien, amor mío.

Así lloraban los dos, púdica y si-lenciosamente; comprendían toda-vía mejor e l sent ido de un segundode vida, e l valor de un instante , l aimpor t anc ia de una so l a pa l ab ra .Se abrazaron. En unos minutos de unbeso inacabado, ella desapareció deltodo. Los brazos de Arthur se cerraronsobre sí mismos; se retorció de dolor yrompió a llorar a gritos.

Le temblaba todo el cuerpo. Su cabezase balanceaba de uno a otro lado en un mo-vimiento que escapaba a su control. Apre-taba los dedos con tanta fuerza que las uñasse le clavaban en las palmas de las manoshasta hacerlas sangrar.

El «no» que profirió en un bramidoanimal hizo retumbar la habitación y vi-brar los cristales. Intentó levantarse, perose tambaleó y cayó al suelo; seguía te-niendo los brazos cerrados alrededor delcuerpo. Estuvo inconsciente varias horas

griffer arañar

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heures. Il ne reprit ses esprits que bien plustard. Son teint était pâle. Il se sentait sans force.Il se traîna jusqu’au rebord de la fenêtre, lào ù e l l e a i m a i t t a n t s e p o s e r , e ts ’y laissa choir, le regard sans vie.

Arthur plongea dans le monde del’absence, avec son drôle de goûtlorsqu’elle résonne dans la tête. Ellepénétra sourdement dans ses veines,infiltrant son coeur qui se mit à battrechaque jour à un rythme différent decelui de la veille.

Aux premiers jours elle suscita en luila colère, le doute, la jalousie ; pas desautres mais des moments volés, du tempsqui passait. L’absence sournoise, ens’infiltrant, modifiait ses émotions, lesaiguisait, les affûtait, les rendant plustranchantes. Au début on l’aurait cru faitepour le blesser, mais bien loin de là,l’émotion prenait son profil le plus fin pourmieux raisonner en lui. Il ressentait lemanque, celui de l’autre, de l’amour jusquedans sa chair, de l’envie du corps, du nezqui cherche une odeur, de la main quicherche le ventre pour y poser une caresse,de l’oeil qui au travers de ses larmes nevoit plus que des souvenirs, de la peau quicherche la peau, de l’autre main qui sereferme sur le vide, de chaque phalangese recroquevillant méthodiquement aurythme qu’elle impose, du pied qui tombeet se balance dans le vide.

Il resta ainsi prostré chez lui de longuesjournées et de tout aussi longues nuits. Ilallait de sa table d’architecte où il écrivaitdes lettres à un fantôme, à son lit où ilcontemplait le plafond sans même le voir.Son téléphone était décroché, renversé surle côté et ce depuis longtemps, sans qu’il yprête attention. Cela lui était égal, iln’attendait désormais plus aucun appel.Rien n’avait plus d’importance.

Il sortit à la fin d’une journée étouffante,essayant de chercher de l’air. Il pleuvait cesoir-là, il enfila une gabardine et trouvasimplement la force de traverser la rue pourse poster sur le trottoir d’en face.

La ruelle était en noir et blanc, Arthurs’assit sur un muret d’enceinte. Au boutde ce long corridor que formait cetteesquisse de rue, la maison victoriennereposait sur son petit jardin.

Seule une fenêtre versait encore un raide lumière, au cours de cette nuit sans lune,celle de son salon. La pluie avait cessé detomber, mais lui n’était pas sec pour autant.

y no volvió en sí hasta mucho más tarde.Estaba pálido. Se sentía sin fuerzas. Searrastró hasta el alféizar de la ventana,donde a ella tanto le gustaba sentarse, yse dejó caer, con la mirada perdida.

Arthur se sumergió en el mundo de laausencia, con el singular sabor que éstatiene cuando resuena dentro de la cabeza.La ausencia penetró sordamente en susvenas y se filtró en su corazón, que cadadía palpitaba a un ritmo distinto del de lavíspera.

Los primeros días le provocó cólera,dudas, celos; no de los demás, sino delos momentos robados, del tiempo quepasaba. La solapada ausencia, infiltrán-dose, modificaba sus emociones, lasagudizaba, las afilaba, haciéndolas máscortantes. Al principio se hubiera dichoque su misión era herirlo, pero, lejos deeso, la emoción mostraba su cara másrefinada para razonar mejor dentro de el.Arthur sentía la carencia del otro, delamor, incluso en la carne, del deseo delcuerpo, de la nariz que persigue un olor,de la mano que busca el vientre para aca-riciarlo, del ojo que a través de las lágri-mas ya sólo ve recuerdos, de la piel quebusca la piel, de la otra mano que se cie-rra en el vacío, de cada falange replegán-dose metódicamente al ritmo que aqué-lla le impone, del pie que cae y se balan-cea en el vacío.

Permaneció así , postrado en sucasa, días y noches interminables. Ibade la mesa de trabajo, donde le escri-bía cartas a un fantasma, a la cama,donde contemplaba el techo sin ni si-quiera verlo. El teléfono llevaba bas-tante tiempo descolgado sin que él sehubiera dado cuenta. Le daba igual; noesperaba ninguna llamada. Nada teníaimportancia ya.

Sal ió aquel la noche en busca dea i r e , después de un d í a so focan-t e . Se puso la gabardina para protegersede la lluvia. Sólo tuvo fuerzas para cruzarla calle hasta la acera de enfrente.

La calleja se veía en blanco y negro;Arthur se sentó sobre una tapia baja. Al fi-nal del largo pasillo que formaba aquel es-bozo de calle, la casa victoriana descansa-ba sobre su j ardincillo.

Tan sólo la ventana del salón ver-tía aún un rayo de luz sobre aquellanoche sin luna. Aunque había cesadola lluvia, él no estaba seco. Seguía

choir vi 1. culto caer. 2. fig & fam fracasar, abandonar,olvidar. Verbo irregular

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Derrière les carreaux, il devinait encoreLauren, ses gestes souples.

Elle s’était retirée sur la pointe du coeur.

Sur l’ombre du pavé il croyait voirencore l’onde délicate de son corpsdisparaître au coin de la rue. Comme àl’accoutumée, dans ces moments où il sesentait fragile, il avait plongé ses mains dansles poches de son imperméable, avaitcourbé sa silhouette et s’était mis enmarche.

Le long des murs en gris et blanc, il avaitemboîté les pas de Lauren, suffisammentlentement pour ne jamais la rejoindre. Àl’entrée de la ruelle il avait hésité, puis,poussé par une pluie fine, et gagné parl’engourdissement du froid, il s’étaitapproché.

Assis sur un parapet, il revivaitchaque minute de cette vie achevéetrop brutalement.

« Arthur, le doute et le choix quil’accompagnent sont les deux forces quifont vibrer les cordes de nos émotions.Souviens-toi que seule l’harmonie de cettevibration compte. »

La voix et le souvenir de sa mère avaientsurgi du fond de lui. Arthur se souleva alorsde toute sa masse, il jeta un dernier regardet s’en retourna avec le sentiment coupabled’avoir échoué.

Le ciel blanchissant annonçait lelever d’un jour sans couleur. Tousles pe t i t s mat ins sont s i lenc ieux,mais seu l s ce r ta ins s i l ences son tsynonymes d’absence, d’autres sontparfois riches de complicité. C’està c e u x - l à q u ’ A r t h u r p e n s a i t e nrentrant.

I l é ta i t a l longé sur le tapis dusalon, semblant parler aux oiseauxquand on tambourina violemment à saporte. Il ne se leva pas.

- Arthur, tu es là ? Je sais que tu es àl’intérieur.Ouvre-moi, bon sang. Ouvre !hurlait Paul. Ouvre ou je la défonce !

Le chambranle vibra au premiercoup d’épaule.

- Putain, je me suis fait mal, je me suisdéboîté la clavicule, tu l’ouvres !

Arthur se leva et se rendit à la porte, ilfit tourner le verrou et retourna sans attendrese vautrer dans le canapé. Lorsque Paul

v i s lumbrando t ras los c r i s t a les aLauren, sus movimientos ágiles.

La joven se había retirado de puntillas.

A Arthur le parecía ver aún el delica-do balanceo de su cuerpo que desapare-cía en la sombra del pavimento al volverla esquina. Como de costumbre en esosmomentos en que se sentía frágil, habíahundido las manos en los bolsillos de lagabardina y había echado a andar, algoencorvado.

Había seguido los pasos de Lauren a lolargo de las paredes grises y blancas, con lasuficiente lentitud para no darle nunca al-cance. Se había detenido vacilante en laentrada de la callejuela; luego, empujado poruna lluvia fina y entumecido por el frío, sehabía ido acercando.

Sentado sobre un parapeto, revivía cadaminuto de aquella vida que había acabadodemasiado bruscamente.

«Arthur, la duda y la elección que laacompaña son las dos fuerzas que hacenvibrar las cuerdas de nuestras emociones.Recuerda que sólo cuenta la armonía deesa vibración.»

La voz y el recuerdo de su madre ha-bían surgido del fondo de él. EntoncesArthur se levantó con decisión, echó un úl-timo vistazo y regresó con la sensación cul-pable de haber fracasado.

El cielo, que empezaba a clarear, anun-ciaba el comienzo de un día sin color. To-dos los amaneceres son silenciosos, perotan sólo determinados silencios son sinó-nimo de ausencia, mientras que otros es-tán cargados a veces de complicidad. Enestos últimos era en los que Arthur pensa-ba mientras volvía.

Se había tumbado sobre la alfombra delsalón, y parecía como si estuviera hablán-doles a los pájaros, cuando llamaron vio-lentamente a la puerta. No se levantó.

— ¿Arthur? ¿Estás ahí? Sé que estás ahídentro. Ábreme, cabezota, ¡Abre! —grita-ba Paul—. ¡Abre o tiro la puerta abajo!

E l m a r c o v i b r ó a l p r i m e re m p e l l ó n .

— ¡Mierda, me he hecho daño! ¡Me hedislocado la clavícula! ¡Abre!

Arthur se levantó y se dirigió a la puer-ta; la abrió y, sin esperar un segundo, fue atumbarse al sofá. Al entrar en el salón, Paul

empellón 1. m. Empujón recio que se da con elcuerpo para sacar de su lugar o asiento a unapersona o cosa.

a empellones. 1. loc. adv. fig. y fam. Con vio-lencia, bruscamente.

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entra dans le salon, il fut saisi par ledésordre qui y régnait. Des dizaines defeuilles de papier jonchaient le sol, toutesmanuscrites de la main de son ami. Dans lacuisine des boîtes de conserve éparsesrecouvraient les plans de travail. L’évierdébordait de vaisselle sale.

- Bon, il y a eu la guerre ici, et tu asperdu ?

Arthur ne répondit pas.

- O.K., ils t’ont torturé, ils t’ont coupéles cordes vocales. Ho, dis, tu es sourd, c’estmoi, ton associé ! Tu es en catalepsie ou tut’es tellement bourré la gueule que tu n’aspas encore dessoûlé ?

Paul vit qu’Arthur s’était mis àsangloter. Il s’assit à côté de lui et le pritpar l’épaule.

- Arthur, que se passe-t-il ?

- Elle est morte, il y a dix jours. Elle estpartie comme ça, un matin. Ils l’ont tuée.Je n’arrive pas à le surmonter, Paul, je n’yarrive pas !

- Je vois ça.

Il le serra dans ses bras.

- Pleure, mon vieux, pleure autant quetu le peux. Il paraît que cela nettoie leschagrins.

- Je ne fais que ça, pleurer !

- E h b i e n , c o n t i n u e , t u a se n c o r e d u s t o c k , c e n ’ e s t p a se n c o r e v i d é .

Paul regarda le téléphone et se levapour le raccrocher.

- J’ai fait ton numéro deux cents fois,ça t’aurait dérangé de le raccrocher !

- Je n’ai pas fait attention.

- Tu ne reçois pas un appel pendant dixjours et tu ne fais pas attention ?

- Je m’en fous du téléphone, Paul !

- Il faut que tu arrêtes ça, mon vieux.Toute cette aventure ça me dépassait, maismaintenant c’est toi que ça dépasse. Tu asrêvé, Arthur, tu es parti en vrille dans unehistoire de dingues. Tu dois reprendre piedavec la réalité, tu es en train de bousiller tavie. Tu ne travailles plus, tu as l’air d’unSDF un soir de grande forme, tu es maigre

se quedó sorprendido por el desorden quereinaba en él. Decenas de hojas de papel,todas escritas por la mano de su amigo,alfombraban el suelo. En la cocina habíalatas de conserva esparcidas sobre las su-perficies de trabajo. El fregadero rebo-saba de vajilla sucia.

— ¿ Qué pasa? Ha habido aquí unaguerra y tú has perdido?

Arthur no contestó.

—Vale, te han torturado, te han cortadolas cuerdas vocales. Oye, pero ¿estás sordoo qué? ¡Soy yo, tu socio! ¿Estás catalépticoo has empinado tanto el codo que siguesbajo los efectos de la borrachera?

Paul vio que Arthur se había echado allorar. Se sentó a su lado y le pasó un brazopor los hombros.

—Arthur, ¿qué pasa?

— M u r i ó h a c e d i e z d í a s . U n amañana se fue sin más. La mataron.¡Y no cons igo superar lo , Paul , nolo cons igo!

—Ya lo veo.

Lo estrechó entre sus brazos.

— L l o r a , a m i g o , l l o r a t o d o l oq u e p u e d a s . D i c e n q u e ’ e s o b o r r al a s p e n a s .

—¡Es lo único que hago, llorar!

—Bueno, pues sigue. Está claro que aúnte quedan lágrimas, que el depósito no seha vaciado.

Paul miró el teléfono y se levantó paracolgarlo.

—Te he llamado doscientas veces. ¿Quéte hubiera costado colgarlo?

—No me había dado cuenta.

— ¿No recibes ninguna llamada en diezdías y no te das cuenta de que pasa algo?

— ¡A la mierda el teléfono!

—Tienes que poner freno a esto,amigo. Toda esta aventura me supe-raba, pero a quien ahora está superan-do es a ti. Has soñado, Arthur, hascaído en picado en una historia de-mencia!. Debes restablecer el contac-to con la realidad, porque estás des-trozando tu vida. Has dejado de tra-

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comme un clou, tu as une mine dedocumentaire d’avantguerre.

On ne t’a pas vu au bureau depuis dessemaines, les gens se demandent si tu existesencore. Tu es tombé amoureux d’une femmedans le coma, tu t’es inventé une histoirehallucinante, tu as piqué son corps etmaintenant tu es en deuil d’un fantôme. Maistu te rends compte qu’il y a dans cette ville unpsy qui est millionnaire et qui ne le sait pasencore. Tu as besoin de te faire soigner, monvieux. Tu n’as pas le choix, je ne peux pas telaisser dans cet état. Tout ça n’a été qu’un rêvequi vire au cauchemar.

Il fut interrompu par la sonnerie dutéléphone, qu’il alla décrocher. Il tenditle combiné à Arthur.

- C’est le flic, il est en pétard. Lui aussiil essaie d’appeler depuis dix jours, il veutte parler tout de suite.

- Je n’ai rien à lui dire.

Paul avait posé sa main sur le combiné: « Tu lui parles ou je te fais boufferl’appareil. » Il lui colla l’écouteur surl’oreille. Arthur écouta et se leva d’un bond.Il remercia son interlocuteur et se mit àchercher frénétiquement ses clés dans lecapharnaüm qui régnait.

- Je peux savoir ce qui se passe ?demanda son associé.

- Pas le temps, il faut que je trouve mesclés.

- Ils viennent t’arrêter ?

- Mais non ! Aide-moi au lieu de diredes conneries.

- Il va mieux, il recommence àm’engueuler.

Arthur retrouva son trousseau , ils’excusa auprès de Paul, lui dit qu’iln’avait pas le temps de lui expliquer, quele temps pressait mais qu’il le rappelleraitce soir. Ce dernier resta les yeux grandsécarquillés.

- Je ne sais pas où tu vas, mais si c’estdans un lieu public je te conseille vivementde changer de fringues et de te passer ungant sur le visage.

Arthur hésita puis jeta un oeil sur sonreflet dans le miroir du salon, courut versla salle de bains, détourna ses yeux de lapenderie, il y a des lieux qui ravivent lamémoire de façon douloureuse. En

bajar, tienes cara de ñipado y estásmás flaco que un palillo.

Hace semanas que no se te ve el pelopor el estudio; la gente se pregunta si to-davía existes. Te enamoraste de una mu-jer en coma, te inventaste una historiaalucinante, robaste su cuerpo y ahoraestás llorando a un fantasma. En esta ciu-dad hay un psiquiatra que va a hacersemillonario y que aún no lo sabe. Necesi-tas tratamiento, amigo. No tienes elec-ción; yo no puedo dejarte en este esta-do. Todo esto ha sido un sueño queestá convirtiéndose en pesadilla.

Paul fue interrumpido por el timbre delteléfono. Tras descolgarlo y escuchar unmomento, se lo tendió a Arthur.

—Es el poli, y está que trina. Él tam-bién lleva diez días llamándote. Quiere ha-blar contigo.

—No tengo nada que decirle.

Paul había tapado el micrófono con la mano.— O hablas con él, o te hago tragar el

aparato —di)O. Le pegó el auricular a laoreja. Arthur escuchó y se levantó de unsalto. Le dio las gracias a su interlocutor yse puso a buscar frenéticamente las llavesen el caos general.

— ¿Se puede saber qué pasa?—pregun-tó su socio.

—Ahora no puedo perder tiempo. Ten-go que encontrar las llaves,

— ¿Vienen a detenerte?

— ¡No, hombre, no! Ayúdame en vezde decir tonterías.

— Está mejor..., empieza otra vez ameterse conmigo.

Arthur encontró las ______ llaves.___________Dijo a su socio que en ese mo-mento no tenía tiempo de explicarle nada, queel tiempo apremiaba, pero que lo llamaría esamisma noche. Su amigo lo miró ___ ____con asombro.

— N o s é a d o n d e v a s , p e r o s ie s a u n l u g a r p ú b l i c o t e a c o n -s e j o q u e t e l a v e s l a c a r a y t e cambies de ropa.

Tras una breve vacilación, Arthur echóun vistazo a su reflejo en el espejo del sa-lón y corrió al cuarto de baño. Apartó lavista del armario; hay lugares que reavivanla memoria de una forma dolorosa. Unos

PENDERIE I. Exécution capitale par pendaison. II. 1.Lieu où l'on pend quelque chose. 2. (1802). Han-gar où l'on sèche les peaux 3. (1893). Mod. Petitepièce, cabinet, placard, meuble, etc., spécialementaménagé pour y suspendre des vêtements.

combiné I adj combinado(a). II combiné m 1. (deteléfono) auricular. 2. (ropa interior) combinación

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quelques minutes, il fut lavé, rasé et changé,il ressortit en trombe et sans même dire aur e v o i r d é v a l a l e s m a r c h e s d el ’ escalier jusqu’au garage.

La voiture traversa la ville à touteallure jusqu’à ce qu’il se gare sur leparking du San Francisco MémorialHospital. Il ne prit pas le temps de fermersa portière à clé, et courut jusque dansle hal l d’accuei l . Lorsqu’i l arr ivaessoufflé, Pilguez l’attendait déjà, assisdans un fauteuil de la salle d’attente.L’inspecteur se leva et le pri t parl’épaule, l’invitant à se calmer. La mèrede Lauren était dans l’hôpital. Comptetenu des circonstances Pilguez lui avaittout expliqué, enfin presque tout. Ellel’attendait au cinquième étage, dans lecouloir.

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La mère de Lauren était assise sur unechaise, à l’entrée d’une salle de réanimation.Quand elle le vit, elle se leva et se dirigeavers lui. Elle le prit dans ses bras etl’embrassa sur la joue.

- Je ne vous connais pas, nous ne noussommes croisés qu’une seule fois, vousvous souvenez, c’était à la Marina. Lachienne vous avait reconnu, elle ! Je ne saispas pourquoi, je ne comprends pas tout maisje vous dois tant que je ne saurai jamaiscomment vous dire merci.

Puis elle lui expliqua la situation.Lauren était sortie du coma depuis dixjours, pour une raison que tout le mondeignorait. Un petit matin, son électro-encéphalogramme, plat depuis tant demois, s’était agité, manifestant une activitéélectrique intense. C’est une infirmière degarde qui avait perçu le signal. Elle avaitalerté immédiatement l’interne de service,et en quelques heures la chambre s’étaittransformée en une ruche de médecins quise succédaient les uns les autres pourdonner leur avis ou simplement pour voirla patiente qui était sortie d’un comaprofond. Les premiers jours elle étaitrestée inconsciente. Puis, progressivement,

minutos más tarde estaba lavado, afeitadoy cambiado. Salió en tromba y, sin deciradiós siquiera, bajó precipitadamente laescalera hasta el garaje.

Atravesó la ciudad en automóvil atoda velocidad hasta llegar al aparca-miento del San Francisco MemorialHospital. Sin perder el tiempo en cerrarla puerta con llave, se dirigió corriendoa recepción. Cuando llegó, sin aliento,Pilguez ya lo esperaba sentado en un si-llón de la sala de espera. El inspectorse levantó y le pasó un brazo por loshombros, invitándolo a calmarse. Lamadre de Lauren estaba en el hospital.Dadas las circunstancias, Pilguez se lohabía contado todo; bueno, casi todo.Estaba esperándolo en la quinta planta,en el pasillo.

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La madre de Lauren estaba sentada enuna silla, ante la puerta de una de las salasde reanimación. Al verlo, se levantó y sedirigió hacia él. Lo estrechó entre sus bra-zos y lo besó en la mejilla.

— N o l e c o n o z c o , s ó l o n o s h e -m o s v i s t o u n a v e z , n o s é s i a c o r -d a r á . . . , f u e e n L a M a r i n a . L a p e -r r a l o r e c o n o c i ó . N o s é p o r q u e ,n o e n t i e n d o n a d a , p e r o l e d e b ot a n t o q u e n u n c a s a b r é c ó m o d a r -l e l a s g r a c i a s .

Después le explicó la situación. Laurenhabía salido del coma hacía diez días, poralguna razón que nadie sabía explicarse.Una mañana, el electroencefalograma, pla-no desde hacía meses, había comenzado amoverse, manifestando una actividad eléc-trica intensa. La enfermera de guardia ha-bía sido la primera en darse cuenta e inme-diatamente había avisado al interno de ser-vicio. Unas horas después, la habitación sehabía convertido en un panal de médicosal que todos acudían para dar su opinióno, simplemente, para ver a la paciente quehabía salido de un coma profundo. Los pri-meros días, Lauren había permanecido in-consciente. Luego, poco a poco, había em-

dévaler I vtr bajar; d. l’escalier bajar la escalera. II vibajar a toda mecha, rodando

ruche hormiguero, enjambre

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elle avait commencé à bouger ses doigtset ses mains. Depuis hier elle ouvrait sesyeux pendant de longues heures, scrutanttout ce qui se passait autour d’elle maisencore incapable de parler ou d’émettreun son quelconque. Certains professeurspensaient qu’il faudrait peut-être luiréapprendre la parole, d’autres étaientcertains que cela reviendrait, comme lereste, à un moment donné ! Hier soir, elleavait répondu à une question par unclignement des yeux. Elle était très faible,et soulever son bras semblait lui demanderun effort important. Les docteursexpliquaient ceci par l’atrophie desmuscles due à la position allongée et à soninertie pendant si longtemps. Cela aussi,avec du temps et de la rééducation, serétablirait. Enfin les diagnostics des IRMet scanners pratiqués sur le cerveau étaientoptimistes, le temps confirmerait cetoptimisme.

Arthur n’écouta pas la fin du compterendu et entra dans la pièce. Lecardiographe émettait un bip régulier etrassurant. Lauren dormait, les paupièresfermées. Son teint était pâle mais sa beautéintacte. En la voyant, il fut saisi parl’émotion. Il s’assit au bord de son lit etprit sa main dans la sienne, y déposant unbaiser au creux de la paume. Il s’installasur une chaise et resta ainsi de longuesheures à la regarder.

Au début de la soirée elle ouvrit lesyeux, le regarda fixement, et lui sourit.

- Tout va bien, je suis là, lui dit-il àvoix basse . Ne te fa t igue pas , tuparleras bientôt.

Elle fronça les sourcils, hésita etlu i sour i t à nouveau, puis e l le serendormit.

Arthur vint tous les jours à l’hôpital. Ils’asseyait face à elle et attendait qu’elles’éveille. Chaque fois il lui parlait, luiracontait ce qui se passait au-dehors. Ellene pouvait pas parler mais elle le regardaittoujours fixement quand il s’adressait à elleet puis se rendormait.

Dix autres jours passèrent ainsi. Lamère de Lauren et lui alternaient les toursde garde. Deux semaines plus tard, alorsqu’il arrivait dans le couloir, elle sortitsur le palier pour lui annoncer que depuisla veille au soir, Lauren avait retrouvél’usage de la parole. Elle avait prononcéquelques mots d’une voix éraillée etengourdie. Arthur entra dans la chambreet s’assit tout près d’elle. Elle dormait, il

pezado a mover los dedos y las manos.Desde el día anterior pasaba horas con losojos abiertos, mirando todo lo que suce-día a su alrededor pero todavía incapazde hablar o de emitir cualquier sonido.Algunos doctores pensaban que quizáshubiera que enseñarle de nuevo a hablar;otros estaban seguros de que, como entodo lo demás, llegado el momento recu-peraría esa capacidad. La noche anteriorhabía respondido a una pregunta con unparpadeo. Estaba muy débil; levantar unbrazo parecía exigirle un esfuerzo consi-derable. Los médicos lo achacaban a unaatrofia de los músculos debida a la posi-ción horizontal y a su inercia durante tan-to tiempo. Con tiempo y rehabilitación,también eso volvería a la normalidad. Losresultados de los escáneres y de las de-más pruebas practicadas permitían ser op-timistas. El tiempo confirmaría ese opti-mismo.

Arthur, sin escuchar el final del rela-to, entró en la habitación. El cardiógrafoemitía una señal regular y tranquilizadora.Lauren tenía los ojos cerrados; estaba dor-mida. Tenía la tez pálida, pero su bellezapermanecía intacta. Al verla, lo embargóla emoción. Se sentó en el borde de lacama, tomó una de sus manos entre lassuyas y le dio un beso en la palma. Luegose instaló en una silla y se quedó largashoras mirándola.

A primera hora de la noche, Lauren abriólos ojos, lo miró fijamente y le sonrió.

—Todo va bien, estoy aquí —le dijo élen voz baja—. No te esfuerces, muy prontopodrás hablar.

Ella frunció el entrecejo, vaciló un ins-tante y le sonrió de nuevo. Luego volvió adormirse.

Arthur iba todos los días al hospital. Sesentaba frente a ella y esperaba a que sedespertara. Cada vez que lo hacía, le habla-ba, le contaba lo que sucedía fuera. Ella nopodía hablar, pero siempre lo miraba fija-mente cuando se dirigía a ella y despuésvolvía a dormirse.

Pasaron así diez días más. La ma-dre de Lauren y él se turnaban paraacompañarla. Dos semanas más tarde,cuando Arthur llegó, la señora Klinesalió al pasillo para anunciarle que lanoche anterior Lauren había recupe-rado el uso de la palabra. Había pro-nunciado unas palabras muy despa-cio y con voz ronca. Arthur entró en lahabitación y se sentó Junto a ella. Esta-

érailler vtr 1. Text deshilachar. 2. (la voz) enronque-cer, cascar

engourdi adj 1.(miembro) entumecido. 2.(ánimo)aletargado

engourdir vtr 1. (miembro) entumecer. 2.fig (ánimo)aletargar.

scruter = escrutar. 1. tr. Indagar, examinar cuidado-samente, explorar. 2. Reconocer y computar losvotos que para elecciones u otros actos análo-gos se han dado secretamente por medio debolas, papeletas o en otra forma.

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passa sa main dans ses cheveux et luicaressa doucement le front.

- Le son de ta voix m’a tellementmanqué, lui dit-il.

Elle ouvrit les yeux, prit sa main dansla sienne, le fixa d’un regard incertain etlui demanda :

- Mais qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous là tous les jours ?

Arthur comprit immédiatement. Soncoeur se pinça, il sourit avec beaucoup detendresse et d’amour et lui répondit :

- Ce que je vais vous dire n’est pasfaci le à e n t e n d r e , i m p o s s i b l e àadmet t re , mais si vous voulez bienécouter notre histoire, si vous voulez bienme faire confiance, alors peut-être que vousfinirez par me croire et c’est très importantcar vous êtes, sans le savoir, la seulepersonne au monde avec qui je puissepartager ce secret.

Merci à :

Nathalie André, Paul Boujenah, Bernard Fixot,Philippe Guez, Rébecca Hayat, Raymond et DanièleLevy, Lorraine Levy, Rérni Mangin, Coco Miller,Julie du Page, Anne-Marie Périer, Jean-Marie Périer,Manon Sbaïz et Aline Souliersetà Bernard Barrault et Susanna Lea.

ba dormida. El le pasó una mano por elpelo y le acarició suavemente la frente.

—Echaba tanto de menos el sonido detu voz... —dijo.

E l l a a b r i ó l o s o j o s , l e d i -r i g i ó u n a m i r a d a v a c i l a n t e yp r e g u n t ó :

— ¿Quién es usted? ¿Por qué viene to-dos los días?

Arthur comprendió enseguida lo que ocu-rría. Con el corazón encogido, le dedicó unasonrisa llena de ternura y amor y respondió:

—Lo que voy a decirle cuesta deentender y resulta imposible de admitir,pero si tiene la b o n d a d d e e s c u c h a rm i h i s t o r i a , s i t i e n e l a b o n d a d d econfiar en mí, entonces quizás acabecreyéndome, y es muy importante, porqueusted es, sin saberlo, la única persona delmundo con quien puedo compartir estesecreto.

encogido 1. de encoger. 2. adj. fig. Corto de ánimo, apo-cado, estrecho de ánimo. [ se sobrecogió, se so-bresaltó, se oprimió , quedó oprimido]

«encogido atrae hacia sí una emoción no su-puesta en el original»

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entendre vtr 1. (percibir) oír;e. parler de qqch oír hablarde algo; ce qu’il faut entendre! fam ¡lo que hayqueoír!;donner à ou laisser e. que dar a entenderque; entendre raison atender a razones. 2. (apro-bar) aceptar, consentir. 3. pretender, esperar; ilentend que sa sœur lui fasse le travail pretende quele haga el trabajo su hermana. 4. (desear) preferir,gustar; tu peux y aller comme tu entends puedes ircomo prefieras. 5. culto (entender) interpretar; je nesais pas comment e. sa conduite no sé como inter-pretar su conducta.

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