Essonne autrefois

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Geneviève A VERSO - . EDITIONS ORVAT

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Essonne autrefois

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Geneviève A VERSO

• - .

EDITIONS

ORVAT

CESSONNE AUTREFOIS

c (~., )

Geneviève AVERSO

CESSONNE

AUTREFOIS

Collection : Vie quotidienne autrefois

HORVATH

r

Je tenais à remercier tout particulièrement :

Mon mari , qui m 'a conseillé dans la rédaction de cet ouvrage.

Jean-Michel Véchambre, sans qui je n'aurais pas connu les édi­tions Horvath .

L a Direction et tout le p ersonnel des Archives Départementales de Corbeil. Je leur dois également l 'ensemble des car tes postales.

L es instituteurs en poste en 1899. Leurs monographies m 'ont permis de rendre vivant ce livre.

A mon père,

qui m'a insufflé la passion de la

grande comme de la petite histoire .

Couverture : Conception Alain BOULDOUYRE

- 1993 -

Copyright Editions du Parc - Editions H ORVATH

104, rue Tronchet - 69006 LYON

ISBN : 2-7171 -0589-1

()

UN PEU D'HISTOIRE .. .

rEssonne : un des départements les plus jeunes de France ! Economiquement et socialement parlan t bien sûr, mais son his­toire , elle , remonte à des temps reculés.

Pour preuve, ses menhirs et dolmens . Aujourd ' hui , il n'en sub­siste qu 'une quinzaine , l' urbanisation galopante de cette fin de XXe siècle en ayant fait disparaître la plupart. Leur existence est de toute façon attestée par des toponymes , tels que : "Le Long Grès", "La Pierre au Lard", etc.

A l'époque de la pierre polie , ces terres sont occupées par les Ligures, à la civilisation essentiellement rurale. A ce peuple, succè­dent les Celtes Parisii , qui s 'établissen t dans la région du Hurepoix vers 500 av J.C.. Civilisation rurale plus évoluée que celle des Ligures, elle maîtrise déjà les charrues pour la culture. Elle possède des camps (oppida) où se réfugier en cas de danger.

MILL Y - La Roche feuil[etée

A Milly-la-Forêt, témoignage de l'occupation ancienne (Coll. pers.).

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Ce danger se produit en 57 av. J.C .. Jules César envahit la Gaule. Une occupation romaine qui fut d'ailleurs bénéfique pour la région : avec la pax romana, routes, fermes et ponts se multi­p lièrent. La vie s'organise a utour des villages et grands do maines fonciers. Des fouilles entreprises en 1885 à Souzy-la-Briche ont permis de découvrir les vestiges (dont une mosaïque) de l' une de ces importantes uillae.

Cette civilisation florissante prend fin avec l' invasion barbare de la fin du lllème siècle. Les campagnes sont pillées et ruinées. La population se réfugie dans les rares villes fortifiées et tend une oreille attentive à la prédication des évangélisateurs : disciple de saint De nis, saint Yon prêche à Châtres (Arpajon) et y subit le mar­tyre ; saint Spire, évêque de Bayeux, dont les re liques furent trans­portées à Corbeil en 943 ; sans oublier saint Sulpice en souvenir de qui fut fondé le pélerinage de Saint-Sulpice-de-Favières.

Avec la conversion de Clovis , en 496, la christianisation prend un nouvel essor. A l'exemple de Paris, de grandes abbayes sont fondées: Dourdan , Etampes, Epinay-sous-Sénart en 637.

Le mouvement s'amplifie durant l'époque carolingienne. Selon les chroniques, Dagobert aurait été sacré au Château-Forêt, près de Milly. Le roi octroie le fief à Fulbert. Son fils , né à Milly en 635, seigneur de Mi lly jusqu'en 687, devient ensuite évêque de Sens et est canonisé sous le nom de Wulfran ( + 720).

Ma is voici qu ' un no uveau danger menace la con trée : les Normands remon tent les fleuves et s' installent à la fin du !Xe siècle à Rouen. Ils p illent, incendient tout sur leur passage. I..: insécurité oblige les populations à se mettre sous la protection de grands chefs plus expérimentés qui, en échange de leur aide, s 'approprient leurs terres et leur imposent des services : la féodalité est née ...

Etampes, Corbeil, Dourdan , Arpajon e t Montlhéry devie nnent au Xe siècle les comtés de notre département. Plusieurs châteaux forts et donjons sont édifiés. Chacun suivant une position straté­gique, sur l'axe royal Paris-Orléans. Ainsi le château de Montlhéry posera un problème au roi : le comte Guy, sut rapidement profiter de sa situation pour rançonner les voyageurs qui empruntaient la future route nationale 20. Philippe 1 dut alors marier son fils natu­rel , Philippe de Melun, à la fille de Guy, pour que cessât cette manœ uvre frauduleuse. Mais Guy reprit très vite son activité , obli­geant le roi Louis VI à fa ire intervenir son a rmée pour le réduire à l' impuissance.

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Origine du Chit1enu d e DOUl\ DAN

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Gmlille. - l'Al' Fr.tUÇ(IiJ l" a la Ourhu !!e d'Etan •prl - _ 1 :t r Ill' un Il '""' Gui!e - SaCC::tR~ par lee llu~ucnnls • u t:•Gl. - l'tl iut Je ii q t'<rt ~~~ l a tin,., Hl

d'Auuc:au ~~~ IMSl. · lt l!rotqn,. utent tl~f·•111111 eu 1, l"'tiii.Ut t 22 JOUr!, 1•ar ' " ~t•i t :ah ·e J"t quu, COlli n te ~la• éch•l•le Uir11n. a ~~~'!'·-Douaire da Marie de 11fdl ds. - 1 et !.1 Ant·r d·Auldc.hf!l_ - 1 d~ fl ,.uard

Hugues Capet voit le jour à Dourdan, vers 941 (Archives départementales).

Tandis que les Capétiens luttent pour asseoir leur autorité , des moines se regroupent pour bâtir des établissements monastiques. Parmi les p lus cé lèbres : l' abbaye bénéd ictine de la Trinité à Morigny, fondée en 1095. En 1138, Maurice de Su lly, évêque de Paris , crée une abbaye de femmes. Il ne reste malheureusement rien de ces constructions.

Les églises. e lles, ont mieux résisté. On peut encore admirer, malgré de nombreuses restaurations, d ' importants chefs-d'œuvres de l'art roman et gothique. Sans vouloir énumérer tous ces édi­fices , il faut tout de même attribuer une mention spéciale à la basi­lique Notre-Dame-de-Bonne-Garde de Longpont, éd ifiée à partir de 1031 , e t, à "la plus belle église du village de France", disai t-on déjà au XVIIIe siècle , Saint-Sulpice-de-Favières, aux surprenantes dimensions de cathédrale.

Les règnes de Louis VII et Philippe-Auguste connaîtront de nou­veaux affronte ments. Ainsi ce de rnier, déterminé à posséder de solides fortifi cations, rempare Corbeil et Etampes. Au lendemain de son mariage , il ira même jusqu'à enfermer sa femme Ingeburge dans la tour Guinette d 'Etampes.

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Sous Louis IX, c'est le grand retour de l'acalmie. Une période de prospérité économique que ce XIII • sièc le, qui sera dans l'Essonne le siècle des moulins à eau. Essentiellement à Corbeil. Grâce à sa situation, la ville recueille le blé récolté en Beauce.

Soixante-quinze ans de paix balayés par la Guerre de Cent Ans. Province dont le chef-lieu est la capitale du royaume, l' Ile-de­France paie cher sa position géo-politique.

Les partisans d 'Etienne Marcel (prévôt des marchands de Paris) fomentent de nombreux troubles dans la région parisienne. En 1358, Charles II de Navarre (Charles le Mauvais) , a ll ié des Angla is, chassé par les Parisiens, brûle Châtres en fu yant sur Melun. Deux ans plus tard , le roi d 'Angleterre tient le s iège devant la vi lle et dévaste la région entre la Seine et Etampes. Son armée s'empare également de Montlhéry, point stratégique énormément convoité.

Autre enjeu des combats : les égl ises. Converties se lo n les ordres de Charles V en places fortes , elles accueillent les garnisons françaises. I..:arrivée de l'ennemi est annoncée par des guetteurs postés sur les clochers. La tactique des Anglais consiste donc à détruire de préférence ces églises. C'est une époque dramatique

3 . ~l<>l'il!n y- Clwm pi~ny tS.-o t-0.). - I.'Egliso. t-\ncacnne Chôlpcllc des B.!nédlctins, a é té ériC'"""~.! :lU X'Il" si ècle sous l'in'-'ocJiion

c.lc ln Sn in le Trinilé ... 1.~.: Pu nt sur l 01 ri VI~rc. 101 Juine ( 1 y 11) ·

La fondation de l'abbaye de la Sainte Trinité remonte au IX• siècle, sous l'impulsio n des moines de Saint-Germer-de-Fly (Arch ives départementales) .

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pour les populations, d 'autant plus que l'épidémie de peste noire de 1348 aggrave les pertes humaines et agricoles. A la guerre étrangère s ' ajoute la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs. Les Bourguignons investissent Dourdan , Etampes, Paris puis Corbeil , qui avait pourtant bien résisté.

La dévastation de notre département durant ces années d 'occu­pation est terrible. Les cultures sont détruites , les villages pillés ; l' insécurité des campagnes est totale. Les villageois en sont réduits à abandonner leurs biens et à se réfugier dans les villes à l'abri des murailles.

Il faut attendre 1441 pour que s 'achève la reconquête par le roi Charles VII : Etampes est délivrée en 1435, Corbeil en 1436 et Montlhéry en 1439.

Après les désastres de la Guerre de Cent Ans, Montlhéry subit en 1465 un nouveau conflit : Louis XI , en lutte contre les vassaux rebelles rassemblés dans la Ligue du Bien Public , dirigée par Charles le Téméraire , duc de Bourgogne.

La bataille eut lieu le 16 juillet entre Montlhéry et Longpont. Ce fut un affrontement sévère ; plus de trois mille combattants péri­rent. On les inhuma sur place , sur cette partie du terroir de Montlhéry, appelé depuis "Champtier du Champ de Bataille". Une fois encore les paysans déplorent la destruction de leurs récoltes.

Les caisses royales étant vides , Louis XII est contraint de vendre ses comtés de Corbeil et Dourdan. Quant à celui d 'Etampes, il demeure dans le domaine royal. François Ier l'offre à sa favorite Anne de Pisseleu, qui dès 1538 s'y fait construire un hôtel particu­lier. A la mort du roi , Anne est bannie de la cour et doit restituer les domaines qui lui avaient été offerts. Le comté , dont le sort semble être lié à celui des favorites , passe entre les mains de Diane de Poitiers.

Alors que la misère sévit dans les campagnes, les guerres de religions débutent, dévastant à nouveau villes et villages. En 1562, l' armée huguenote conduite par le Prince de Condé envahit Etampes. Peu scrupuleux envers les édifices religieux, les soldats font camper leurs chevaux dans les églises. Les statues du portail Notre-Dame sont brisées.

Michel de l'Hospital tente de ramener la paix : "Otons ces mots diaboliques , noms de partis , factions et séditions , Hugenots , papistes. Conservons le nom de chrétien. "

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ÉTAAflES.- Maison de Diane de Poiti er'&. ].{usée. - Caisse d'Épargne.

Diane de Poitiers fut duchesse d 'Etampes, comme /'auait é té la fauorite de François[" (Archiues départementales) .

Malgré ses efforts, il devra capituler en 1568 et se retirer dans son château du Vignay, paroisse de Champmotteux. Il y meurt en 1573, en rappelant que " la tolérance est la première vertu qui doit être pratiquée entre tous les hommes.··

La signature d 'une trêve le 23 mars 1568 à Longjumeau n'y fait rien . La guerre civi le s' intensifie en 1590 et 1591 , quand les Ligueurs, à la suite de l' assassinat de Henri III , refusent de recon­naître Henri de Navarre comme successeur. La ville de Paris , aux mains de la Ligue, ferme ses portes au Huguenot. Celui-ci tente alors de s'emparer de la ville qui assure le ravitaillement en pain de la capitale : Corbeil est assiégée par les troupes du capitaine Rigault. Paris fait appel aux soldats de Philippe II d'Espagne qui reprend la ville après vingt-trois jours de siège.

Mais la lutte autour de la capitale se poursuit. Carmée hugue­note, commandée par le maréchal de Biron , conquiert la place forte de Dourdan . Il ne doit sa v icto ire qu'à l 'utilisation d 'un sou­terrain , dont l'existence lui est signalée par un maçon ayant parti­cipé à la restauration du château.

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A ces luttes et ces destructions s' ajoutent la baisse de la produc­tion agricole et l' endettement des exploitants. Et dès 1625 les épi­démies de peste réapparaissent.

Pire : un a utre fl éau surgit. .. La Fronde ! En 1651 , Condé, méconte nt du gouve rnemen t d e Mazarin ,

fomente une guerre civile . Il décide de marcher sur Paris. Turenne, lui , insta lle des troupes de l'armée royale sur la route d 'Orléans à Paris, à Châtres et déploie ses hommes sur les hauteurs voisines, notamme nt à Montlhéry. Pendant ce temps, les troupes du prince de Condé investissent Etampes par surprise le 23 avril 1652. Cette armée appre nd que la Grand e Mademoiselle doit les rejo indre , de puis Orléans, po ur marcher sur Paris. Turenne profite a lors d ' une répétition de revue en l' honneur de Mll e de Montpensier pour reprendre Etampes : le château, refuge des frondeurs, tombe a près des bombardements qui détruisent une partie du donjon.

Les révoltés , e n fuite, son t poursuivis par l' armée royale qui met à sac la campagne. Le pays bénéficie de la soli citude de Saint Vincent de Paul , fondateur des Petites Sœurs des Pauvres : il crée , avec l'aide d 'An ne d 'Autriche , l'œ uvre des "Petites Marmites" qui distribuent soupe et vivres.

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C'est à Madame de Montespan que l'on doit les embellissements autour du château : Le Nôtre en dessine les jardins, La Quintinie en plante les potagers (Archives départementales).

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Pendant le règne de Louis XIV, l'Essonne vivra à l'heure ver­saillaise. Les routes de Fontainebleau, Chambord et Orléans tra­versent le département. La cour suit le roi et en profite pour élever ici et là de belles demeures où se retrouvent les célébrités littéraires : à Bâville , Boileau , Racine et Madame de S évigné ; Charles Perrault possède un domaine à Viry-Châtillon, etc .

En 1670, Louis XIV fait don du château de Petit-Bourg à Evry à Madame de Montespan. Après la mort de la favorite , son fils le duc d 'Antin en hérite et y accueille le roi et Mme de Maintenon. En 1707, lors d 'un séjour à Petit-Bourg, Louis XIV avait critiqué une a llée d ' arbres qui masquait la vue sur la Seine. Le duc la fit tailler durant la nuit, et le lendemain, à son signal, tous les arbres tombè­rent comme par enchantement.

Le roi aime chasser en forêt de Sénart. C'est pour cela que sont e ntrepris des chantiers de drainage et d 'asséche ment, ainsi qu~ l'entretien des chemins. En 1699, Colbert fi xe les directives des grands aménagements forestiers. Mais ces travaux coûtent cher. On décide alors d 'établir un système de payage et de location de concessions à des particuliers.

La vogue des jardins et parcs mettant en scène une nature "libre" s'affirme au XVIIIe siècle. Le paysage ainsi créé est destiné à valoriser de petites constructions pittoresques appelées "fabriq ues" . En 1784, le banquier Jean-Joseph de Laborde réalise un tel projet à Méréville , grâce à la collaboration du peintre Hubert Robert, de l'architecte Bélanger et du sculpteur Pajou. Le cours de la Juine , dont la source est toute proche, est corrigé et une partie de ses eaux drainée en sous-sol pour alimenter plans d 'eau et cas­cades. Laborde meurt sur l'échafaud en 1794 ; en 1819 sa veuve est contrainte de vendre le domaine dans lequel les "fabriques", à l'abandon, menacent de disparaître. Elles sont achetées en 1891 par le propriéta ire du château de Jeurre dont e ll es ornent aujourd' hui le parc.

En 1741 , Jeanne-Antoinette Poisson épouse M.Le Normant d 'Etiolles et s' installe au château de son mari . Lors d 'une chasse en forêt de Sénart, elle rencontre Louis XV. Quelques années plus tard , elle devient sa maîtresse. Et c'est en compagnie de Voltaire, qu 'elle apprendra que sa condition a changé. Désormais elle est la Marquise de Pompadour.

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<,. PAl...\lSl~ ,\U. - Statue é lt!vé e it lêl ntC.tuoirc de JosCJlh Rt:u·n, hunh~u • · cie ta Ré puhliCftH! , tué ~ Chokt '"' 1 79~. Celle œuv.·e, é •·ii:éc en 188 1, .:st d u e Al bc..t J.cfc u

Refusant de crier "vive le roi" devant les Vendéens, ce héros de 14 ans fut tué d 'un coup de sabre (Arch ives départementa les).

Le charme et la douceur de vivre de ces demeures ne doivent pas faire oublier la crise économ ique et financ ière que subit le royaume sous Louis XVI. La surpopulation et la paupérisation réapparaissent vers 1775. Pour exemple : les indigents représen­tent environ 18 % de la population de Corbeil.

Louis XVI , contra int par les événements, convoque les Etats Généraux pour rédiger les Cahiers de Doléances. Les gens des campagnes souha itent des réformes matérielles : ceux d 'Auvernaux réclament qu 'o n garantisse leurs terres des dégâts provoqués par le gibier, qu 'o n reconstruise leur route devenue impraticable, qu 'on supprime les droits sur les boissons "car c'est un abus de ne pas donner à un aubergiste , à un cabaretier, sa boisson franche comme à tous a utres particuliers", qu 'on supprime l'impôt sur le sel ; et ils terminent ainsi : ils sont prêts "à se saigner pour le roi qu ' ils adorent" .

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Les populations des campagnes restent dans l'ensemble fonda­mentalement attachées à la monarchie. Au début de l'année 1790, intervie nt une réforme administrative a ux conséquences impor­tantes pour notre région : le découpage de la France e n départe­ments et la naissance de la Seine-et-Oise avec Versailles pour chef­lieu.

Avec le XIX• siècle, l'aspect économique du département ne se modifie guère. Comme l'écrit Georges Poisson : " ~ Ile-de-France de Louis Philippe ressemble comme une sœur à celle de Louis XVI : transports ra res et le nts , grandes propriétés a ux moyens de culture rudimentaires , nombreux châ teaux, vie provincia le dévote et tradi­tionnelle, même dans les villes les plus rapprochées de la capitale".

Tout change à partir de 1840. Le 17 septembre la ligne de Corbeil à Paris est inaugurée. Trois ans plus tard , c est au tour de la ligne Paris-Orléans. Désormais , les industries se multiplient le long de la Seine et transforment le mode de vie comme l'environ­nement.

Enfin , la loi du 10 jui ll et 1964, porta nt réorganisation de la région parisienne, crée le nouveau département de l'Essonne. Une réforme rendue ind ispensable par l'explosion démographique de l'ancienne Seine-et-Oise.

JOJ. Ewuiro111 Ïl 'flnmpes JEURRE, par ÊJ.Ucby - Le Graud Temple

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Une fabriqu e à Méréuille (Arch ives départementa les).

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TERRE DE PRÉDILECTION DE I..:AGRICULTURE

CEssonne d 'aujourd 'hui se divise en quatre régions naturelles : le Hurepoix, la Brie-França ise , la Beauce et le Gâtinais. Son sous­sol est de même composition que celui de l'ensemble de l' Ile-de­France. A l' époque tertiaire , le calcaire et l'argile recouvraient le sable de Fontainebleau. Ce qui permettra la formation d 'une terre riche et féconde.

Sa p hysionomie diversifiée (buttes , p laines , p lateaux ve r­doyants, forêts et un grand nombre de cours d 'eau) ainsi que la nature de son sous-sol fo nt de l'Essonne un département très agri­cole. Les progrès techniques du XIX• siècle s'étendent aussi à ce domaine.

Un machinisme agricole très varié a été créé ; plusieurs procé­dés agronomiques sont mis au point. A la suite des recherches du chimiste a llemand Liebig , l'efficacité des engra is ch imiques pour améliorer les sols et augmenter les rendements a été expérimenta­lement démontrée.

L'agriculture, richesse des abbayes sous l'Ancien Régime {Archives départementales).

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Chumrcueil tS.-el -0.1 - Forme des ~l onlcclrl•\/. > . ., '1

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A Champcueil, la "grande culture" domine (Archives départementales).

La diffusion des techniques modernes s 'est cependant révélée moins rapide et généralisée que dans l' industrie. I.:utilisation des nouveaux tracteurs reste limitée à un nombre assez réduit d 'exploi­tations ; beaucoup de champs se cultivent encore avec des che­vaux ou des boeufs. Une des raisons principales de ce défaut d 'adaptation semble être le tempérament conservateur du paysan français.

Decauville : un pionner

Armand Decauville , propriétaire de la ferme du Bois-Briard à Courcouronnes, est l'un des pionners en matière d 'amélioration des procédés de culture. Il réalise , sur son domaine de 700 hec­tares, le premier labourage à vapeur.

Son fils Paul poursuit les mêmes efforts. En 1875, a lors que sa récolte de betteraves est menacée par le mauvais temps qui ava it rendu impossible le passage de lourds charrois, il imagine de fabri­quer des voies ferrées de 40 cm d 'écartement entre rail , avec tra­verse en bois sur laquelle il fait circuler de petits wagons portant chacun un panier de betteraves. Ces wagons , tractés par de petites machines à vapeur, transportent les récoltes à la distillerie.

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Paul Decauville venait d ' inventer le chemin d e fe r portatif à pose instantannée : Le Decauville. Ce procédé connait un grand succès. Cexposition universelle de 1889 consacre sa renommée en donnant à Paul Deca uville l'occasion d' installer un petit train qui , de La Concorde à la tour Eiffel , transporta en six mois plus de six millions de passagers, et sans le moindre incident.

La vigne délaissée

A la fin du XIX• siècle , les récoltes essonniennes dépassent toutes les prévisions. Voici le tableau de rendement des céréales pour l'année 1898 , e t pour comparaiso n , les rendem e nts de l'année 1850111 :

La culture maraîchère en Hurepoix (A rchives départem entales) .

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Céréales

Blé

Seigle

Avoine

Nbre d 'ha enseme ncés

1850 1898

270

22 170

320 60

320

Rendement total (en hl)

1850 1898

5.670

352 4.620

9.600

1.560

16.000

Conséquence de cette course aux rendements : la disparition de la culture viticole au profit d'autres cultures , plus rentables.

Née de l' initiative des abbayes d e Saint -Denis , de Saint­Germain-des-Près et du Chapitre de Notre -Dame, la vigne se ré pand très tôt dans la région parisienne. Principalement au nord et à l'ouest. Le fruit de cette culture , d estiné à l'o rigine à la célé­bration de la messe, est vite considéré comme un remontant, un fort ifiant et se popularise pour devenir un véritable aliment.

Autrefois pays de vigne comme l'ensemble de l' Ile-de-France, la te rre produisa it le vin "français" . Mais e n ce tte fin de siècle , la vigne périclite sous les attaques de maladies cryptogamiques puis sous l'invasio n du phylloxéra. En 1886, à Arpajon , pour la pre­mière fo is, le professeur départemental d'agriculture découvre la présence de ce fléau en Seine-et-Oise. Les nombre uses vignes sont arrachées et remplacées par des cultures maraîchères, tomates, haricots, poireaux, etc.

En 1893, le conseil général décrète l' introduction de cépages a méricains. "Quinze hectares de terre impropres à la culture d es céréales ont été plantés en vignes : le terrain , dé foncé à la charrue à vapeur, à une profondeur de 6 0 cm a reçu des cépages d e Tourai ne greffés sur plan t a méricain. Il promet aujourd ' hui une récolte abondante d ' un vin déjà apprécié [ ... ]" (2) .

Cette décision n'entrave pas pour autant la disparition progres­sive de la viticulture. "Le vin de Viry est vert, à peu de force alcoo­lique et doit être consommé immédiatement car il ne se conserve pas longtemps [ ... ]" 131

• "La vigne est encore un peu cultivée sur le côteau logeant le cours, rive gauche de l'Yerres. Ma is ici, comme a ille urs dans toute cette région, les produits qu 'on en ose espérer compensent très fa iblement les dépenses faites, ne faisant arriver trop souvent qu 'à un p iteux résulta t . Le Picolo, cru de Quincy, devient donc de plus en plus rare [ .. . ]" 141 •

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)6 Bt~eux S ct•O - /,,,. ,., '·· '• 1- "'' :, , ,, , •••• , •, '" ,,,

Cour de ferme en Hurepoix (Archives départementales).

Quatre régions spécialisées

Une autre tendance de cette nouvelle agriculture : la formation progressive de régions agricoles spécialisées.

En Beauce, le limon repose sur un calcaire meuliérisé relative­ment imperméable , di t de "Beauce". D'où un pays sec, sans véri­tab le forêt, ma lgré quelques bois conservés. La vocation d e la Beauce est essentiell ement céréaliè re : "grenier d 'abondance" de la capita le.

"A Etampes, la grande culture domine, c'est à dire la culture des céréales : blé , avoine , seigle , orge , escourgeon, [ ... ]. Les princi­pales fermes où l'on fait la grande culture sont ce lles de Guinette , de Bois-Renaud, de Villesauvage , de Lhumery, de la Malmaison , de G uigneville , de Montanchaux, de Chesnay, de Chandou [ ... ]. La culture des céréa les occupe un tiers du territoire [ ... ]" 151 • "Dans la plaine, on cultive toutes les céréales et particulièrement le blé sur une étendue d 'environ 400 hectares, l'avoine (600 hectares) , le se igle (40 hectares), l'orge (30 hectares) [ ... ]" 161 •

C'est ici la grande propriété qui domine. "Il y a de gra ndes pro­priétés dans la commune. Huit propriétaires terriens [ ... ] possèdent plus de la moitié du terri to ire [ ... ]" 161 •

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'Tassolement quadriennal est généralement suivi de la façon suivante :

1ère année .. ..... ..... . plantes sarchées 2ème année ..... .. ... . blé 3ème année ..... ...... avoine avec semis de fourrage 4ème année ... . .... . .. plantes fourragères " 121

"[emploi des engrais chi miques, longtemps cri tiqué , est défini ti­vement e ntré dans les moeurs. Il en résul te que les rendements sont de beaucoup supérieurs à ceux d ' il y a vingt ans , en ce qui concerne le blé principalement, et que les cultivateurs retrouvent, dans la qualité de leurs produits, la perte subie par l'extrème bon marché de cette céréale [ .. . ]'" 7

' .

·'Un syndicat ex iste ici pour 1' achat de ces engrais . Les mach ines agrico les sont partout em ployées : semeuses , fau­cheuses, moissonneuses , voire lieuses, batteuses, etc. [ ... ]" 151

Les produ its céréa liers trouvent ache te u rs sur les marchés d'Etampes où le commerce de la meulerie ést des plus considé­rables : on y vend presque tous les blés de plus de 6 lieues à la ronde . Mais d'autres types de cultures prédominent dans certaines exploitations. Les betteraves à sucre prennent en particulier une importance grandissante, au détriment de la culture viticole.

RIS- ORANGIS- Maison CHARTIER - HOtel d e l ' Écu de Franc e - Inté rieur de l a Cour

Une exploitation importante en Hurepoix (Archiues départementales).

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"Depuis quelques années, la cu lture de la betterave à sucre a pris un développement assez considérable, à tel point que plu­sieurs sucreries se sont établies dans la région : à Morigny, près Et ' M . ' ,.. t [ l " 12) ampes, a a1sse , a 10ury, e c . .. .

Quant à l'é levage, il est tout d 'abord représenté par quelques vaches normandes , destinées esse ntiellement à satisfa ire les besoins de la ferme et du village en lait.

"Chaque ferme possède des vaches dont le nombre est en rap­port avec l'étendue du sol exploité. Le lait est transformé en beurre qui se vend surtout sur le marché d 'Etampes, e t le petit-la it sert à l'élevage du porc pour les besoins de la ferme. La viande de porc est en effet la base de l'alimentation du personnel dans toutes les fermes de la Beauce [ ... ]" 181 • "Outre l' é norme quantité de lait q u ' elles produisent , les vaches donnent des veaux q ui sont consommés dans la région ou vendus aux abattoirs de Paris [ ... ]" f2l .

En revanche le mouton est beaucoup plus important. "On peut évaluer à 3.000 le nombre des moutons actuellement

existants dans la commune [ ... ]" 161 • "Certains fermiers s ' en vont ache ter des moutons du Berry, les engra issen t et les vendent ensuite pour la boucherie. Les moutons sont diri gés p rincipale­ment sur Paris [ ... ]" (2) .

Sav i !:n y-snr-OJ·~e <S .·el-0.) - La Laiterie de l' '' Oasis " - . 53à ··

Une laiterie " moderne " à Savigny-sur-Orge (Archives départementales).

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r

[élevage de basse-cour, lui , atteint des sommets. Beaucoup de fermières utilisent des couveuses mécaniques pour la reproduction. Les cultiva teurs des environs trouvent sur le marché d 'Etampes un lieu d'écoulement facile pour ces divers produits : poules , poulets, oies, canards, etc. "La volaille , très nombreuse , est écoulée sur le marché d 'Angerville même ; elle consiste en poules, oies, canards qu 'on achète tous jeunes à Méréville et qu 'on engraisse pour la vente, peu de dindons et de pintades, des pigeons en assez grande

t' t , [ l " '21 quan 1 e ... .

Une mention particul ière pour quelques apiculteurs que l'on rencontre à Châlo-Saint-Mars car l'abeille trouve dans cette vallée la fraîcheur et les fleurs nécessaires à la confection de son miel qui est consommé à peu près complètement sur place . On peut éva­luer à 300 le nombre de ruches placées sur le territoire de la com­mune.

Le Hurepoix est un pays accidenté , boisé , coupé de vallées aux terres humides où la culture principale est celle des produits maraîchers : vall ées de l'Yvette, de la Bièvres et de l'Essonne.

De tout temps cette région fut vouée à l'approvisionnement de Paris ; on rencontrait très souvent "l'arpajonnais ", petit train emportant les productions vers les halles principales.

"La propriété est très morcellée sur les pentes et dans la vallée . La plupart des petits propriétaires se livrent à la culture maraî­chère. A force de soins et d 'engrais, ils obtiennent sur le même ter­rain jusqu'à trois récoltes pa r an. [ ... ] Les principales cultures de Palaiseau consistent en légumes : artichauts , asperges, carottes , choux, épinards, haricots, navets, o ignons, oseille , poireaux, petits pois , pomme de terre, potirons, salades, tomates ; fru its : abricots, cerises, groseilles, pêches, poires, pommes, prunes, raisins , [ ... ]" '91.

"Une dizaine de cultivateurs maraîchers pratiquent ces cultures et occupent pendant toute la belle saison les femmes de l'endroit, des Bretonnes et des Normandes qui n' hésitent pas à quitter leur clo­cher pour trouver aux env irons de la capitale un gain rémunéra­teur [ ... ]" '101

Certaines comm.unes possèdent leurs spécia lités. Ains i à Brétigny, la culture du haricot "chevrier" : "ces haricots sont d 'une espèce particulière trouvée par un cultivateur de Brétigny décédé il y a quelques années, M. Chevrier.( .. . ] Ils ont la propriété de rester constamment verts [ ... ]" ; à Mo ntlhéry, celle des tomates, dont des milli ers de kilos sont récoltés chaque a nnée et envoyés à Paris ou

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'

14. TIGERY (S .-&-0.} - Ferme de la Tou•

Une ferme en Brie fran çaise (Archives départementales).

même en Grande-Bretagne ; à Palaiseau "surtout la fraise : cette culture a pris une grande extension dans toute la région. Les pro­duits qui en proviennent sont communément désignés sous le nom de Fraises de Palaiseau [ ... ]" 1221

On retrouve la fraise à Marcoussis que l'on cultive en primeur pour la capitale. Elle est expédiée la nuit par le chemin de fer et arrive aux halles principales vers deux heures du matin. I..:excédent est vendu aux marchés de Montlhéry. "La cueillette des fraises qui se fait en juin et en juillet attire à Marcoussis un grand nombre d 'ouvriers (300 environ) étrangers au canton. Presque tous vien­nent de Paris . La plupart d 'entre eux sont des jeunes gens sans ressources , qui ne manquent pas de causer du désordre, ce qui exige ici , à cette époque, la présence d e plusieurs policiers . Aux heures de repas, ces ouvriers s' install ent autour de longues tables dressées devant l'étal des bouchers qui leur servent, pour quelques sous, du bouillon et un morceau de viande [ ... ]" oiJ .

Autre spéciali té : Brétigny et ses graines d 'élite "Clause". C'est en effet dans cette commune que Lucien Clause , originaire de Moselle , décide de s' installer en 1899 , apportant prospérité et renom pour la ville. Il eut bientôt l' idée de proposer des catalogues

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très documentés e t illustrés à sa clientèle, ce qui l'assura dès 1924, d'une activité sans cesse cro issante et bientôt mondiale.

Bi en que la grande culture ne so it p as un e tra dition e n Hurepoix, il convient de citer le cas de la propriété de la famille Decauville. la ferme du Bois-Briard. ·' [ ... ] depuis de longues années [on y fait] une culture intensive, à laquelle sont appliqués les découvertes et les progrès les plus récents de la chimie végétale appliquée à l'agriculture. [ ... ] La grande culture domine, et s i on voit que lques cham ps d ' aspe rges , de haricots , c' est une ra re exceptio n. On cultive le blé , l' avoine, les fourrages et surtout la betterave à a lcool et à sucre. Cette dernière est livrée par les récol­tants à la sucrerie de Mennecy, tandis que la betterave à a lcool est distillée par M. Decauville dans sa distillerie de Bois-Briard. I.:ins­tallation de la distillerie date de 1857. Avant cette époque, les bet­teraves étaient vendues à une sucreri e [ ... r 1121

Toutes les fermes ont leurs vaches laitières. A Viry-Châ tillon , les cultivateurs nourrissent quelques vaches dont le la it est vendu dans la commune e t les environs. Les fromages dits de Viry, très renom­més autrefois , ne sont plus beaucoup fabriqués en raison de la

Scène des champs en Brie française (A rchives départementales).

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vente avantageuse du lait. A Saint-Chéron , les vaches prolifèrent. Les cultivateurs ont fondé entre eux en 1875 une "associatio n contre la mortalité des bestiaux appelée l' Economie de Saint­Chéron. Cette assurance mutuelle est régie par l' instituteur de la commune. Chaque fois qu 'un décès se produit, les propriétaires assurés se cotisent et versent une certaine prime calculée d 'après la valeur personnelle assurée et aussi d 'après le prix d'estimation de l'animal [ ... ]".

I.:élevage de basse cour, important dans la plupart des fermes , semble être une constante en Essonne, toutes régions confondues. Et cela en ra ison de la faci lité d 'écoulement sur les différents mar­chés et foires.

La Brie Française est une région humide ; elle pratique cepen­dant les mêmes spéculations végétales qu 'en Beauce, l'orge cédant le plus souvent la place à l'avoine.

" Le territoire est peu d ivisé , c' est la grande propriété qui domine , elle en occupe les 9/10, répartis entre 4 propriétaires seu­lement [ .. . ]. La culture principale est cell e des céréales [ ... ]" 1131•

"Le sol est presque entièrement dépendant du château ; [ ... ] Il pro­duit principalement des céréales récoltées avec l'aide d 'ouvriers

!J., , • • Ao'l:• Mennecy - 1 ntérleur da Fer rna

Cour de ferme à Mennecy (Archives départementales).

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C'

be lges [ .. . ]" 1141• "C'est la pe tite propriété qui do mine e ncore ; cepe nda nt quelques propriétés te nd ent à absorber une notable partie du terra in.[ .. . ] Le mode d 'exploitation des terres est très per­fectionné et le re ndemen t poussé à l' extrême par l'emplo i des engrais chimiques et l'a bandon à peu près complet des jachères [ ... ]" ( l).

"Plus des 9/10 du territoi re d e la commune appartienne nt au même proprié taire [ ... ]. Les terres cultivables sont lo uées à deux fermiers. Tous les deux s'appliquent à la culture in te nsive, l'un sur­tout semble reche rcher le travail à bas prix ayant recours aux étrangers et aux vagabo nds des gra nds chemins. Il e n résulte po ur les ouvriers habitant la commune un malaise généra l [ .. . ]" 1291

Autre culture primord iale , de même qu'en Beauce : les bette­raves à sucre. Elles sont livrées aux d ifférentes sucreries et disti lle­ries. A Tigery, une disti llerie fonctionne da ns le châ teau apparte­nant au neveu d e M. Da rblay, industri el à Corbe il. "Que lques hectares sont consacrés chaque a nnée à la culture des betteraves à sucre vendues à la sucrerie de Mennecy [ ... ]" <n.

Mais la grande explo itation de la Brie reste l' horti culture : "Les arbres frui tiers , sur tout les pommiers à cidre et les cerisiers sont assez nombreux. Les cerises sont encore aujourd' hui mais moins qu 'autrefois. l' objet d' un commerce d' une ce rtaine importance [ ... ]" 0 1. "La terre est très recherchée des petits exploita nts qui e n tirent des produits plus rému néra teurs que la culture des céréa les. Chacun veut y posséder son pe tit morceau , ce qu i a mène la d ivi­sion infinie de cette partie du territoire [ ... ]" 1321

A Brunoy, la cul ture du rosier, sur 2 hectares, a remplacé celle de la vigne. ·'Un horticulteur, ou plutôt un arboriculteur vient de créer de toutes pièces un étab lissement considéra ble pour la cul ­ture des a rbres fruitiers et faire a insi une véritable école d 'horticul ­ture [ ... ].

Un a utre horticulteur a fa it é ta blir des serres pour la culture des o rch idées dont il che rche et o btie nt d es vari é tés nouve lles d e gra nde valeur. So n fi ls, en vérita ble a rtiste , se charge de les fa ire connaître en illustrant ses catalogues[ ... ]" 1171 •

I.:élevage du mouton y est conduit comme en Beauce, ma is de façon moins généralisée. En revanche l'élevage bovin en vue de la production du la it est assez répa ndu. Des laitiers-nourrisseurs nom­bre ux vive nt de cette seule spécula tion . "On élève une centa ine d e vaches pour avoir leur lait. On estime qu'e lles produisent enviro n

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LA FERTË- AI.A IS (S.·e<·O . ). - l ndustr;es du P•)S . les Cressonn;~res/~

Le cresson, richesse du Gâtinais (A rchives départementales).

1.800 hl de lait vend u 30 francs l'hectolitre". On réalise sur place le beurre et surtout le fromage blanc. "Quatre é leveurs s'occupent de cette industrie et sont loin de suffire a ux besoins de la consom­ma tion [ ... ]" n71

• "Il y a chez les cultivateurs environ 18 0 vaches soumises au régime de la stabulation. Presque tout le lait produit est envoyé à Paris ; le beurre et le fromage fabriqués sont loin de suffire à la consommation du pays [ ... ]" 11l.

Le Gâtinais occupe une toute petite partie du d épartement, l'extrémité orientale de la Beauce. C 'est un plateau vallonné au sol très humide. La principale source de richesse de la région est le cresson. Le département se hisse au premier rang des producteurs de cresson. Les cressonnières sont localisées dans les vallées d e l'Essonne, de la Juine et de l'Ecole , pays très humide et parfois même marécageux, comme à Maisse ou Mérévile.

A Milly-la-Forêt, le cresson se cultive dans des bassins spéciaux a lime ntés pa r les eaux de l' Ecole. La proximité du marché parisien a assuré une certaine prospérité jusqu 'à ces dernières années, mais le coût élevé de la main d 'oeuvre pèse graveme nt sur cette activité agricole. "Une espèce de culture , qui a pris beaucoup d 'extension à Méréville depuis cinq à six ans , est celle du cresson. Il y a actuel-

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lement trois cressonnières en plein rapport qui peuvent produire en moyenne par an , 3.000 paniers de chacun 20 douzaines de bottes de cresson qui sont expédiées à Paris par la ligne d 'Orléans (gare d 'Angerville) , et vendues aux halles sur le pied de 60 cen­times la douzaine de bottes en moyenne. Ces trois cressonnières occupent une superficie de 3 ,5 hectares, sur lesquels ont été creu­sés environ 10.000 mètres de fossés. C'est une culture avanta­geuse qui donne évidemment d 'assez beaux bénéfices , mais qui représente un trava il très pénible, principalement pendant la mau­vaise sa ison. Il n' y a guère que cinq ans que cette culture a été introdu ite dans la commune, et déjà de grands espaces de terrains bourbeux, pour ainsi dire improductifs, sont devenus de véritables pactoles. Il y a tout lieu de supposer que cette culture ne fera qu'augmenter ; par suite de l'établissement de la ligne de chemin de fer de Beaune-la-Rolande à Etampes, [ ... ) qui mettra Méréville en communication directe avec Paris [ ... )" 171 •

Une étude des spécificités de la Brie serait incomplète sans évo­quer la culture des plantes médicinales à Milly-la-Forêt " [ ... ) dont les récoltes sont expédiées dans toutes les villes de France. Il y a un siècle , des chercheurs de plantes sauvages et médicinales de

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Une cressonnière en 1900 (Archives départementales) .

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Milly portaient leurs produits à Paris où ils étaient très recherchés à cause de leur arôme particulièrement pénétrant. Ne pouvant suffire aux demandes , ils eurent l' idée de cultiver ces mêmes plantes . C'est ainsi qu'est née la culture des plantes médicinales à Milly. Cette culture exige de vastes emplacements pour le séchage des plantes. On voit à la Madeleine un séchoir de cent mètres de long sur qua tre mètres de la rge.

Dans une fa mill e , tous les membres , petits et grands travaillent à préparer les précieuses pla ntes destinées à la guérison des mala­dies . Au mari revient la culture propreme nt d ite : le bêchage, la plantation , les binages, la récolte. Le sarclage est fait avec l'aide de la femm e, ainsi d 'ailleurs que le séchage. Puis celle-ci tient le prin­cipal rôle de l'émondage auquel concourent les enfants à l'époque des vacances. Les produits a ussitôt vendus sont mis en balles à l'aide de la presse et expédiés aux pharmaciens, herboristes, distil ­lateurs.

Cette culture qui occupe 25 à 30 familles s'étend sur une sur­face de 40 hectares [ ... ]. Au concours agricole de 1892 qui s'est tenu à Milly Monsieur Planchon , d irecteur de l ' Eco le de Pharmacie de Paris , a visité les champs des cultivateurs herboristes et a été émerve illé des résultats obtenus dans de petites terres, comme il disait[ ... ]" os,_

Parmi ces plantes, o n peu t citer la menthe, la mélisse, la pensée sauvage, la gra nde et petite absinthe, le basili c, la bélad one , la sauge , la gu imauve, l'angélique , etc.

Quant à l'élevage, il demeure essentiellement bovin. "[ .. . ] plus de 200 vaches produisant annuellement 5.000 hectolitres de lait et constituant une des principales ressources du pays. Le lait est emporté deux fois par jours aux dépôts de Boigneville et expédié sur Paris [ ... ]" 09, .

Quelques fermiers font l'élevage et le commerce des moutons. Mais tous les particuliers é lèvent de nombreuses volailles pour les besoins de la ferme et le commerce des oeufs.

Notes : Monographies d ' instituteurs : (1) Champcueil, (2) Angerv ille, (3) Viry­Châti llon , (4) Quincy-sous-Sénart , (5) Etampes , (6) Chalô-Sain t-Mars, (7) Mérévi lle, (8) Chalou-Moulineux, (9) Palaiseau , (10) Bièvres, (11) Marcoussis, (12) Courcouronnes, (13) Coudray-Monceau, (14) T igery, (15) Auvernaux, (16) La varennes-Jarcy, (17) Brunoy, ( 18) Milly-la-Forêt, ( 19) Champmotteux

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LES FOIRES ET MARCHÉS, CŒUR DU VILLAGE

Le commerce tient une place prépondérante dans la prospérité d ' un département. Comme à la fin du XX• sièc le , on rencontre dans les villes et les villages , de nombreux marchés sur lesquels se vendent ou même se troquent les productions locales. A côté de ces marchés , les foires : nées sur des lieux de passage, souvent car­refours routiers ou à proximité des lignes de chemin de fer, elles permettent l'approvisionnement de tout le département, et surtout de la capita le.

Le cœur de ces foires est sans conteste la halle : construction qui apparaît dans l'Essonne dès le XII' siècle , e lle représente dès l'origine un centre économique, politique et social au même titre que le château et l'église . Souvent de dimension immense, elle témoigne de la richesse et de la puissance de la ville.

C'est le roi qui accorde le privilège d'édifier une halle et d'y tenir un marché. Il accorde par là même un droit au seigneur pour le dédommager des frais de construction et d 'entretien. Cette taxe sera abolie par la Révolution.

DOURDAN (S.-&·0.) Lu Hollcs

La halle, cœur de la cité (A rchives départementales).

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Un jeudi à Limours (Archives départementales).

Dans l'Essonne, la plus vieille ha lle est ce lle de Dourdan bâtie en 1228 sous le règne de Saint-Louis, puis agrandie et remaniée au XIXe siècle. Pour certains histo riens , cette date n' est qu 'une date de reconstruction : la halle aura it existé depuis le règne de Louis VI le Gros, un siècle plus tôt.

On peut également encore admirer celles d 'Arpajon (XV• siècle) , de Mi lly- la-Forêt (XV• s iècle) et de Méréville (XVI• siècle). Toutes trois répondent au style arch itectural de l'Hurepoix et du Gâtinais : constructions de chêne , rectangulaires , ouvertes, composées d 'une nef centrale et de bas-côtés et surmontées d ' immenses toitures de tuiles descendant très près du sol.

Principaux marchés et foires

C'est une autorisation du roi Louis XII qui permettra la création d' un marché à Limours, qui se ti ent tous les jeudis.

Outre les denrées alimentaires courantes , on y déniche des pro­duits locaux : le haricot "chevrier" que l'o n trouve en octobre et novembre. Il se vend en gros (sacs de 150 litres) à des négociants parisiens qui l' exportent vers l'Angleterre et les Etats-Unis ;

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M oNTLHé R Y !S.·rt-0.) La P l.1cC un .Juur de 1\1 arché

Le marché de Montlh éry (Archives départementales).

le gros marron "de Lyon", également vendu en gros pour l'ali ­mentation de la capitale. Ce marché sert a ussi de transit aux fro­mages de la vallée de l'Orge, direction Paris et Versailles.

Un marché hebdomadaire important se tien t sur la place de la mairie le lundi à Monthléry. Les produits locaux, surtout maraî­chers s'y vendent : la tomate , les haricots, la pomme de terre, le choux de Bruxelles ... On y rencontre également les beurriers de la vallée de la Loire qui proposent les beurres et fromages , dont les petits fromages blanc égouttés dits "fromages de Monthléry" qui connaissent une grande ferveur auprès des consommateurs pari­sie ns.

Monthléry possède aussi sa foire : une foire à la tomate qui se tient durant un week-end au mois de septembre. Chaque année, des milliers de tonnes sont récoltées et envoyées à Paris e t en Angleterre.

La Ferté-Alais est le cas typique d'une vill e à l'agriculture négligeable, mais au commerce florissant ; et cela grâce à la proxi­mité des moyens de transports qu i fai t d'elle une plaque tournante dans ce domaine. La Ferté-Ala is est en effet traversée par :

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- la ligne de chemin de fer Paris-Montargis - le route nationale Corbeil-Rambouillet - les chemins de communications entre Arpajon. Malesherbes et

Melun. De là sont expédiés sur la capitale les produits agricoles de la

région (cresson , blé, pommes de terre ... ), la farine (l'Essonne pos­sède de nombreux moulins) ainsi que des matières premières de construction (grès , tourbe , paille ... ). On achète également au mar­ché du vin , des tissus , des articles de ménage, etc.

E ta mpes a ses deux marchés par semaine. Le premie r, le mer­cred i. Plutôt local, il sert uniquement à l'a li menta tion de la ville en fruits , légumes, viandes et volailles.

Le plus important est le marché du samedi : il occupe trois places : place Notre-Dame pour les volai lles, le beurre , les œufs , les légumes et fruits . A peu près un tiers des cultures maraîchères vendues sont expédiées sur Paris. Une mention particuliè re est donnée au commerce des truffes qui connaît sur la capitale un suc­cès croissant. Place de l'Hôte l-de-Ville pour les boutiques volantes des merciers , bonnetiers, les bazars et marchands de jouets. Enfin , place Saint-G illes. le marché dominant : celui des grains.

I"T.O fl'ES. - l'iart Nolrt -Dame - Le Mar tbi

Etampes, le marché du samedi, place Notre-Dame par exemple

(Archives départementales).

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Depuis toujours, Etampes doit l' importance de ce commerce à sa situation géographique : la cité se situe en effet entre la Beauce où le b lé est réco lté, et Corbe il , li e u principal de meunerie. "Presque to us les blés à plus de six lieues à la ronde sont ve ndus à Etampes [ ... ]. On peut estimer à 15.000 hectolitres la quantité de blé vendu sur le marché, chaque semaine , par 3000 ou 4000 culti­vateurs. Le blé n' est pas amené sur le marché, mais vendu en poches, c'est-à-dire sur échantillon, et généralement livré dans la semaine. Le prix en est soldé le jour du marché suivant". (r institu­teur du quartier Saint-Martin d'Etampes en 1899).

Après avoir choisi ses échantillo ns de grains, l'acheteur peut, à quelques mètres de là , choisir les différentes machines employées dans la culture du blé.

Le premier samedi de chaq ue mois se tie nt, sur ce tte même place , un "marché franc" : il s'agit d 'un marché de bétail appelé ainsi car il fallait payer un dro it d ' entrée pour chaque tête de bétail. Enfin se déroule la grande foire d 'Etampes, à partir du 29 septembre et pour une durée de huit jours, place du Port : c'est la fo ire de Saint-Michel dont la création remonte au XVI• siècle. On y rencontre des marchands de toutes sortes : drap iers, merciers, mar­chands de jouets, orfèvres , confiseurs et marchands de pains d 'épices ... c'est l'occasion d 'une grande fête populaire avec saltim­banques, théâtres fora ins , etc.

Sur a uto risation de Lo uis XI, en 1449, le se igneur de Milly, Lo uis Mallet de Grav ille , fa it construire la ha lle de chêne où s'abrite, chaque jeudi, le marché de Milly-la-Forêt.

Le vœu du roi, par cette autorisation , était de relancer le com­merce après les désastres de la guerre de Cent Ans. En plus des de nrées alimentaires habituelles, on y trouve des articles d' hab ille­ment, ainsi que de nombreux articles d'outillage. Mais, comme la plupart des marchés de cette partie de l'Essonne, la denrée la plus monnayée est le blé. Les acquéreurs principaux sont les meuniers de la région , et essentie llement ceux de Corbeil.

Tro is fo ires également à Milly : celles de Saint-Vincent, de Mai et de Saint-Simon. Il s'agit pri ncipalement de fo ires aux bestiaux. Mais e lles perdent de leur importance a u profi t d u marché franc d'Etampes et des fo ires de Fonta inebleau. "Toutefois [ ... ] l'affluence est grande néanmoins au profit des camelots. Le motif de fête et de réunion a survécu , à preuve , ce jours-là, un tiers seu­lement de notre popu lat ion sco lai re fréq u ente l ' école " . (Monographie d 'instituteur).

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5 . ARPAJON - Place du Marché 1 ~

Des maraîchers sur le marché d 'Arpajon (Archives départementales) .

Arpajon propose deux marchés pa r semaine : celui du mercredi est avant tout un marché aux bestiaux où se rendent bouchers et charcutiers. Le marché du vendredi est plus important : denrées alimentaires tout d 'abord , fruits, légumes, vola illes,etc. Autres articles : de la vaissell e , des fl eurs et des "articles de Paris". Vient ensuite le marché de grains et légumes secs.

Arpajon aussi possède trois grosses foires. La p lus ancienne remonte au XVème siècle : c ' est en 1470 que Jean Mallet de Graville , seigneur d 'Arpajon , obtient du roi le dro it de tenir une foire annuelle. Ce qui fut l'occasion de construire la ha lle : elle ser­vira de cadre à la fameuse foire a ux haricots , créée en 1922.

Quant aux autres, elles existaient déjà au siècle précédent. Elles ne durent qu 'un jour et sont essentiellement des foires aux bes­tiaux.

Comme Arpajon et Milly, Méréville possède sa gra nde halle de chêne . Sa fondation remonte à 15 11 : par lettre pa tente adressée au seigneur de Méréville , le sieur de Reilhac, le ro i Louis XII auto­rise l'établissement "de foires e t marchés en ce lieu" .

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Le principal marché se tie nt sous la ha lle chaque mardi : il s'agit surtout d'un marché de produits maraîchers et en particulier de cresson, cu lture locale. Les volailles s'y vendent en grandes quanti­tés : on élève chaque année à Méréville 4.000 poulets et autant de canards. Ils sont vendus soit à des particuliers, soit à des reven­deurs qui les écoulent au marché d 'Etampes ou chez des graine­tiers de Paris pour être engra issés . A côté des vola illes, le gibier est a bondan t sur le territoire. A noter, dura nt les s ix premières semaines d 'automne, la vente d'alouettes, dont la chasse au fil e t est autorisée. Le gibier est en général acheté par des marchands qui le revendent à la halle de Paris.

Et les céréales ? "La culture des céréales tient la plus grande place avec l'assolement triennal. [ ... ] Ces produits ne donnent pas li eu à une industrie locale proprement dite. Les blés, seigles , etc. , son t vendus aux meuniers et aux marchands de la contrée, sur les marchés d 'Etampes et d 'Angerville. Toutefois, il est fortement ques­tion. en ce moment, de créer un marché aux blés à Méréville. Ce marché se tiendra le mardi après celui des denrées. [ouverture en est fixée au 12 septembre prochain. Une tentative , dans ce sens, a déjà été faite il y a que lques a nnées, mais les organisateurs échouè­rent dans leur entreprise. Tout porte à cro ire que l' essai tenté aujourd' hui aura un plein succès". (Monographie d 'instituteur).

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La halle, architecture caractéristique de notre région (Archives départementales).

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Les foires possèdent à juste titre un impact économique consi­dérable. mais sont également pour les villageois une occasion de réjouissance : on ne compte plus les stands de tirs , saltimbanques, acroba tes, jongleurs, manèges de chevaux de bois, diseuses de bonne aventure . etc. Un petit détour par Arpajon le tro isième week-end de septembre vous permettra encore de retrouver cette ambiance "fête fora ine" .

Pour le plaisir des enfants comme des p lus grands, les polichi ­ne lles dressent leurs théâtres de marionnettes, à proximité du tré­teau de l'escamoteur e t de ses tours de passe-passe. C'est égale­me nt pour le cha rlatan l'occasion de vendre toutes sortes de drogues. La foire aux haricots d 'Arpajon est l'occasion pour les habitants d ' aller une fois par an chez ... le dentiste ! Accompagné de sa femme qui vend les incontournables potions anti-douleur, il officie au son de la fanfare, indispensable pour étouffer les hurle­ments des patients !

Essonnes et son marché en 1900 (Archives départementa les).

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CEXPLOSION INDUSTRIELLE

Dans l 'Essonne, comme partout ailleurs, lïndustrie prend son envol en cette fin de siècle. Un développement fulgurant. Peu à peu les entreprises familiales s'agrandissent. Certaines emploient même plus d'une centaine de salariés.

La cordonnerie d'Arpajon

Arpajon est une v ille essentie llement industrielle et commer­çante. Sa principale industrie est la cordonnerie . Une grande partie de la population ouvrière vit de la fabrication de la chaussure qui se fait dans deux grandes usines importantes : la Grande et la Petite Fabriques.

"Cette usine est fondée en 1859 par les frères Mantin , origi­naires de Limoges. dans les vastes bâtiments connus sous le nom de "La Limoge" où l 'on cantonnait au passage les troupeaux de bœufs qui se rendaient au marché de Sceaux pour servir à l 'ali­mentation parisienne. Ces bâtim ents étaient sans affectation

Essonnes - Entré<! principale des P~pctcncs

A Essonnes, la papeterie de M. D01·blay (Archives départementales) .

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depuis la construction de la voie ferrée de Paris à Orléans. En venant installer leur usine dans un pays essentiellement commer­çant, les frères Mantin durent, pour faire fonctionner leur fabrique faire appel à tous les ouvriers de cette industrie qui accepteraient de se déplacer. Limoges, Paris , Liancourt, La Bavière, le Grand Duché de Bade fournirent le premier contingent d ' ouvriers et d 'ouvrières qu i furent assez mal accueillis par la population arpa­jonnaise.

Cependant, les ouvriers du pays s'embauchaient peu à peu, et cinq ans à peine après sa fondation , la manufacture de chaussures ne comptait dans son sein , à que lques exceptions près, que des ouvriers de la ville et des communes lim itro ph es. Quant aux ouvriers exotiques, ils avaient quitté le pays. A cette époque , presque tout le montage se faisait en dehors de l'usine , les ouvriers emportaient le cuir tout découpé et travaillaient à domicile. En 1870, la production moyenne de la fabrique des frères Mantin était de cent-cinquante douzaines de paires par jour. I.:usine fut fermée pendant toute la durée de la guerre. A sa réouverture , la fabrique prit une extension considérable . Une succursale fut fondée à Liancourt (Oise) et l'usine d'Arpajon fournissait du travail aux pri­sonniers de Bicêtre. Pendant une douzaine d 'années la production moyenne journalière [ ... ] fut de 400 douzaines de paires.

Mais peu à peu l'outillage mécanique remplaça les procédés ord inaires de fabrication et à partir de 1887 , [ ... ] toutes les machines nouvelles, américaines ou françaises furent introduites dans l'usine. I.:abaissement des sala ires et des chômages partiels occasionnés par la surproduction furent les résultats de cette inno­vation. En même temps, la mode avec ses exigences toujours croissantes apportait dans le mouvement de la production une irrégularité préjudiciable à l'industriel et à ses employés. I.:usine passa de main en main et tomba en celles d ' un sieur Moulin , ancien négociant en liquides. Ce nouveau chef de l' usine adminis­trait si mal qu'après quinze jours de direction il déposait son bilan le 6 janvier 1898.

La manufacture de chaussures fermée , ce fut la misère noire pour la classe ouvrière ; bien des familles durent quitter le pays pour aller chercher du travail. En même temps le commerce local souffrai t de cet état de choses. En août 1898, l'usine était réou­verte par les soins de MM. Weismann, Kahn et Cie qui au 1er jan­vier 1899 avaient fait appe l à toutes les forces ouvrières dispo­nibles d 'Arpajon et des environs immédiats .

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Essonnes - P"peterie. Anciennes Cités

Quelques ouvriers ... (Archives départementales).

Actuellement toute la fabrication se fait exclusivement à l' inté­rieur de l'usine et en grande partie a u moye n des machines. Elle occupe 300 hommes, 150 femmes et 50 enfan ts. Les mach ines sont mises en mouvement par deux moteurs à vapeur ayant une force combinée à 60 chevaux. L.:usine est entièrement éclairée à l'électricité. Cette électricité est produite par deux dynamos ayant une force combinée de 160 ampères.

La fabrication des chaussures à la Grande Fabrique d'Arpajon comprend cinq parties principales : la coupe, le piquage, le mon­tage , le finissage et le figno lage. Dans l'atelier de coupe o n découpe les cuirs souples et les étoffes qui seront e mployés comme empeignes , quartiers , doub lures , etc. Les matières premières à découper sont pli ées en 2 , 4, 8 , etc. , se lon leur épaisseur. L.:ouvrier pose un patron en tôle ou en zinc sur la matière à découper et fait glisser un tranchet d ' une forme spéciale le long du bord du patron. Une scie circulaire à vapeur est aussi employée à ce travail. Les diverses parties ainsi découpées sont assemblées dans l'atelier de piquage.

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Dans une autre partie de l'usine se découpent , au moyen d ' emporte-pièces. les semelles et les talons : cette opération s'appelle la broche. Les matières premières employées dans cet atelier sont le carton et le cuir de bœuf. Les semelles et les talons de carton sont découpés par les machines. Les semelles et les talons de cuir le sont à la main au moyen de la mailloche [ ... ].

Les pièces provenant du piquage et de la broche sont portées à l'atelier de montage où elles sont cousues ensemble[ ... ]. Il ne reste plus qu 'à gratter la semelle et le talon, les fra iser, c'est-à-dire les dégager de la partie supérieure de la cha ussure, les passer au papier de verre pu is les lisser et les noircir à l'a ide d' un fer chaud. Ces opérations constituent le finissage [ ... ] .

Les chaussures sont ensuite mises en boites et livrées au com­merce. La Grande Fabrique d 'Arpajon produit actuellement 1.500 paires en moyenne par jour. Beaucoup sont destinées à l' exporta­tion : la manufacture fabrique , pour ce genre de commerce, princi­palement des chaussures pour les forçats des bottines pour l' Egypte et qu 'aucun pied français ne saura it chausser. " (Mono­graph ie d ' instituteur: Arpajon).

Une industrie florissante : Decauuille (Archives départeme ntales).

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Le 1er mars 1896, la Petite Fabrique est fond ée par deux anciens employés de la Grande : MM. Danquigny, Pfeiffer et Müller. Elle employait environ 200 ouvriers, avec une production journalière moyenne de 60 douzaines de paires. Mais les proprié­taires déposent le bilan le 15 décembre 1898. Les ouvriers licen­ciés sont a lors réembauchés à la Grande Fabrique. Lors de sa réouverture le 13 avr il 1899 , par MM. Coïon et De marest, elle employera 70 à 80 ouvriers.

Les industries de construction

Les industries de construction représentent un secteur flori ssant en Essonne, dû à la présence de nombreuses carrières de pierres meulières, qui servent à la construction des maisons et à l'entretien des routes. 'Tindustrie la plus importante es t celle des pierres meulières. Depuis plus de 50 ans on a retiré et on retire encore des quantités cons idérables de pierres meulières. On se contentait autrefo is d 'extra ire s up e rfi ciellement ce tte meulière , ma is aujourd'hui , grâce à la dynamite et aux perfectionnements appor­tés à cette industrie , on extrait cette pierre à de plus grandes pro­fondeurs.

L ' industrie d 'extraction : la richesse de notre département (Archives départementales).

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S. ll.\"T-CIJI~·IW.Y. (S. & O. 1 Voie: (en·:e t!eL_ <?.1_1'rièr~s

Le Decauville sera le bienvenu (Archives départementales).

Pour o uvrir les carrières, on procède d 'abord à des sondages ; quand ceux-ci ont donné de bons résultats , on ouvre la carrière ; des ouvriers enlèvent tout d 'abord la couche arable , puis creusent des trous de place e n place. Ils extraient la p ie rre à l'aide de pinces, pioches , coins de fer, etc. Lorsque la masse est trop forte pour être transportée , ils creusent des trous de mine dans cette pierre et la font éclater soit avec de la poudre de mine, soit avec de la dynamite. On extrait de cette manière 10 à 15.000 mètres cubes de pierre par hectare.

On sort cette pierre à l'aide de brouettes à clairevoies et on la met en tas réguliers. C'était là !"ancien procédé [ . .. ] qui est encore employé aujourd'hui. Mais dans l'exploitation de MM. Bouton et Pketty, on emplo ie une autre façon de procéder. On ouvre d 'abord une tranchée d ' accès afin de permettre à un petit chemin de fer de circuler pour le chargement des wagons ; puis cette tranchée ouverte , on retire la pierre en allant dans le sens de la veine des pierres" (Monographie d' instituteur : Viry-Châtillon).

Cette innovation est l'œ uvre de M. Paul Decauville qui , déve­loppant l'exploitation de la pierre meulière sur le plateau de Petit­Bourg, imagina de fabriquer dès 1865, un chemin de fer à voie

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étroite (1 mètre}. Le transport se faisait au début suivant l'usage du pays pa r tombereaux, moyennant le prix de 2 francs par mè tre cube payé aux voituriers. Il pensa que ce prix pouvait être diminué en installant son chemin de fer.

Les carrières se situent à 500 mètres de la Seine, avec une diffé­rence de niveau de 50 mètres. Decauville installe dans un coin du parc de Petit-Bourg un plan incliné automoteur qu i remontait les wagons vides en descendant les pleins. 500 tonnes de meulières sont extraites par jour et ache minées du port , en contrebas, jusqu' à Paris.

"Par ce procédé les frais d 'extraction sont diminués d 'autant plus qu ' il n'y a pas de mise en tas avant l'enlèvement ; les wagons étaient toisés une fois pour toutes. On obtient avec cette manière de procéder un grand rendement, leque l peut être évalué au qua­druple de celui obtenu par l'ancien procédé, c' est-à-dire à 40.000 mètres cubes de pierres par hectare.

Les carriers exercent un métier très pénible ; ce sont habitue lle­ment des étrangers , des Italiens en majorité qui se livrent à ce tra­vail ; ils reçoivent pour salaire une somme de 1 , 75 fra ncs par mètre cube de pierre extraite et peuvent en retirer par jour deux à

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Carrière de pierres meulières à Orsay (Archives Municipa/es 0.

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trois mètres cubes. [ .. . ] Il y a aussi l'extraction par forage. Dans cette manière d 'opérer, le propriétaire du sol cède l'exploitation de son terrain à des tâcherons qui lui paient à titre de redevance une somme variable : 0 , 75 francs à 1 franc environ par mètre cube de pierre extraite.

Lors de la fin de l'exploitation , le carrier est tenu de remblayer les trous en remettant la couche végétale à la surface. Cette pierre est ensuite transportée par voiture ou par chemin de fer à vo ie étroite des carrières au port de Châtillon , où elles sont embarquées au fu r et à mesure des besoins de la construction [ ... ]. Les ouvriers appelés bardeurs, composés en grande partie d ' Italiens transpor­tent la meulière dans les péniches amarrées au bord à l'aide de brouettes qu ' ils chargent et déverse nt ensuite dans les bateaux" (Monographie d ' instituteur: Viry-Châtillon).

Les carrières de Viry

On recense également dans la commune de Viry-Châtillon des carrières importantes de sables "surtout celle de M. Legay, actuel­lement adjoint au maire de la commune [ ... ]. Le sable est recou­vert par une légère couche de sol arable variant de 30 à 80 cm environ suivant les endroits. I..:épaisseur de la couche sableuse est d 'environ 5 à 6 mètres.

Pour obtenir le sable lavé , on se sert d 'extracteurs à main ou à vapeur. I..:eau ne tarde pas à envah ir ces sablières qui sont au niveau de la Seine. Ces sables proviennent d 'alluvions déposées par les eaux douces à l'époque quaternaire [ ... ].

Cet industriel [M. Legay] a également remplacé la traction ani­male par la traction à vapeur. Un petit chemin de fer Decauville transporte des sab lières à un embranchement de la ligne Paris­Lyon-Méditerranée les matériaux extraits : sable , cailloux, mignon­nette, etc. [ ... ]" (Monographie d ' instituteur: Viry-Châtillon).

Sable et grès sont les roches dominantes dans la commune de Saint-Chéron. "Le travail de bon nombre d 'ouvriers est assuré par d ' importantes carrières situées sur les collines de Mirgaudon , au sud du territoire . Quatre exploitants de Paris y ont ouvert des exploitations très riches en grès et sable. I..:une de ces exploitations n'occupe pas moins de 300 ouvriers. Le principal exploitant, M. Marre, a installé une petite voie ferrée système Decauville . Le tram est composé de plusieurs wagonnets p le ins de pavés. Il descend li brement du haut de la colline et arrive en gare où les matériaux sont transbordés dans les wagons de la Compagnie d 'Orléans.

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LA FERTÊ ALAJS (S. -t~-0.). · la S•bhc re

Autre richesse : le sable à La Ferté-A/ais (Archives départementales).

Il est inutile de recourir à aucune traction mécanique ou ani­male , la déclivité du sol, le poids du chargement étant des facteurs suffisants pour assurer l'arrivée à la gare d~ marchandises. La seu le précaution pr ise est ce ll e-ci : en avant et e n arr ière du convoi, deux hommes sont installés aux freins et suffisent pour modérer une allure que de prime abord on pourrait croire devenir vite vertigineuse. De plus, par un câble passant sur une poulie au haut de la colline, les wagons vides d ' un précédent convoi sont remontés à la carrière. De cette façon , il s'établit un va-et-vient qui assure le débit régu lier de l'exploitation, tout en réduisant le plus possible la dépense du transport. " (Monographie d ' instituteur).

Cimprimerie Crété à Corbeil

"[ ... ] en 1829, par l'achat du brevet d 'une dame veuve Gelé, M. Louis Crété devenait propriétaire , rue de la Poterie , à Corbeil , d 'une imprimerie de très modestes ressources. Quelques cases de caractères e t deux presses en bois sur lesquelles l' encrage des formes se faisait à l'a ide de balles, tel était l' outillage primitif, mais suffisant a lors , dont il di sposait pour l' impress ion du journal d'annonces juàiciaires [ ... ]. Entre les mains du nouveau posses­seur, ce modeste établissement ne tarda pas à se développer.

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Quittant en 1831 la rue de la Poterie , M. Crété transportait impasse Notre-Dame, sur les bords même de la Se ine , un matériel déjà entièrement renouvelé . Désireux de perfectionner toujours de plus en plus son outillage, en 1839, il faisait l'achat de sa première presse mécanique, qui fut bientôt su ivie d ' une seconde ; en 1842, exproprié de l'impasse Notre-Dame, il transportait encore une fois son matériel, et fondait une nouvelle imprimerie , rue des Petites­Bordes.

La disposition des lieux permit alors de s'agrandi r progressive­m en t, su ivant en ce la l' a ugme ntation toujours croissan te des affaires. Aujourd 'hui l' imprimerie occupe un emplacement d'envi­ron 8.000 mètres. Des mains de M. Louis Crété , la direction passe aux mains de M. Jules Crété, l' un de ses fils , qui lui même en 1887, l'abandonna à son fils , M. Edouard Crété , le propriétaire actuel. Sous l' active impulsion de ce dernier, l'imprimerie de Corbeil continua à se développer avec une vigueur nouvelle, et toujours à l' affût des plus récents perfectionnements, en arriva bientôt à être un établissement modèle dans son genre et le type même de ce que peut être à notre époque une maison d ' imprime­rie bien organisée.

Un e imprimerie florissante sous l'impulsion de M. Edouard Crété {A rch ives départementales).

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Elle comprend de nombreux ateliers de composition , une cli­cherie, une galvanoplastie , un atelier de photogravure, un atelier de brochure et de façonnage , etc ., et occupe un personnel de 500 employés ou ouvriers. Une force motrice de 200 chevaux actionne les presses et les machines-outils des d ifférents services et fournit la lumière que distribuent plus de 600 lampes é lectriques. Grâce à ses nombreuses presses mécaniques e t à ses machines rotatives imprimant jusqu'à 6 couleurs à la fois , l' imprimerie Crété peut exé­cuter les travaux d'impression typographiques qui lui sont confiés , quelles que soient l' importance et la difficulté.

De ses presses sortent tout ensemble les publications du plus grand luxe , les journaux et les revues, les classiques français et étrangers, les prospectus , les circulaires, les cartes géographiques, les méthodes d'écriture , les catalogues des magasins de nouveau­tés en noir et en couleur, e tc.

Pour ces derniers notamment, e lle atteint, grâce à ses rotatives à illustration, à un bon marché et à un fini d 'exécution qu 'aucune maison concurrente ne peut atteindre aujourd ' hui [ ... ] Ainsi n'y a­t-il pas lieu de s'étonner du nombre considérable de récompenses et de distinctions qui ont été remportées par cette maison dans presque toutes les exploitations : rappelons seulement les médailles de bronze ob te nue à Paris e n 1844 e t 1848 ; le Prize Medal , décerné à Lo ndres en 1862 ; la médaille d 'or reçue à Paris e n 1867, avec la cro ix de la Légion d ' Honneur ; la médaille du Progrès à Vienne en 1879 ; [ .. . ] enfin à l'Exposition de Chicago en 1893, la maison Edoua rd Crété a été classée hors-concours [ ... ]". (Monographie d' instituteur} .

Les sucreries et moulins

I.:essor considérable pris par la culture de la betterave à sucre ces dernières années a nécessité la création de sucreries, proches des zones d'exploitations. Parmi les plus importantes, il faut citer celles de Mennecy e t de Morigny-Champigny. "[ ... ] une fabrique de sucre établie depu is 1872 par une société anonyme et qui aujourd ' hui est explo itée par MM. Rabier, Tiroin e t Cie , proprié ­taires-agriculteurs qui , pour trouver un fac ile débouché à leurs récoltes de betteraves, se sont rendus acquéreurs de l'usine après que la société primitive eût fait de mauvaises a ffaires.

Cette industrie , bien dirigée et bien conduite , est prospère et fac ilite beaucoup les cu ltivate urs de la région e n même temps qu 'elle fournit du travail à un certain nombre de bras [ ... ]". (Monographie dïnstituteur : Mennecy} .

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MEN t. ECY S,-et-0. - Sucrerie

La sucrerie de Mennecy (Archives départementales).

" [ ... ] L a sucrerie, qui a été construite en 1892. a fonctionné la même année . Elle traite en moyennne treize millions de k ilo­grammes de betteraves qui lui sont fournis par environ 500 hec­tares de terre. La production moyenne est de 1.500.000 kilo ­grammes de sucre brut, 450 .000 kilogramm es de mélasses et 6.000.000 de pulpe, il faut ajouter 2.000.000 de résidus employés dans l'agriculture.

Elle occupe en moyenne 180 ouvriers pendant trois mois, et 20 toute l ' ann ée [ . . . ] " (Monograp hi e d ' instituteur : Morigny­Champigny).

L.:abondance des rivières et lïmportance de la culture du blé dans notre département explique qu ' il fut la région d 'élection des moulins, installés partout où le courant suffisant permettait de faire tourner la grande roue à aubes actionnant meules et broyeurs.

Et pourtant leur nombre avait sensiblement diminué au cours des siècles : en 1852, on dénombrait 49 moulins sur !"Yvette et ses affluents; en 1900 il n'en reste que deux. D'autres se transforment, abandonnant le grain pour l a fabr ication du papier, suivant d 'ailleurs une tradition ancienne puisque les premiers moulins à papier étaient apparus, sur l'Essonne, au XIVe siècle.

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S93· - ÉTAMJ>J:S. - ù• Sucrcm

La grande sucrerie d 'Etampes, sis à Morigny-Champigny (Archives départementales).

"Le moulin de Brunehaut sis sur la Chalouette, affluent de la Juine, a une force motrice d 'environ trente-deux chevaux vapeurs. Il écrase environ 110 quintaux de blé par jour, ce qui produit une moyenne de 77 quintaux de farine et 30 quintaux d ' issus. Son chiffre d'affaires annuel est d'environ 950.000 francs.

On arrive à ce moulin par le chemin vicinal n° 4, di t d 'Etampes à Morigny. Cette fabrique, d'un très grand effet, a l 'avantage de réunir l' utile à l 'agréable. La roue et le moteur à gaz qui le mettent en mouvement sont d 'un assez bon produit, et forment avec la masse des bâtiments qui composent l 'établissement, un ensemble très pittoresque. Il o cc upe en mo ye nne dix ouvri er s" . (Monographie d' instituteur : Morigny-Champigny).

"Etampes, par sa situation entre la Beauce et le Gâtinais, et aussi par les nombreux cours d 'eau qui l'arrosent, devait recueillir et mettre en œuvre dans ses nombreux moulins les blés de ces pays fertiles. La meunerie a donc ici depuis longtemps une impor­tance considérable qui n' a pas décru malgré la diminution du nombre des moulins en activité.

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Sur une trentaine au moins qui existaient il y a 50 a ns , il n'en reste plus guère qu 'une vingtaine. Mais ces dern ie rs sont mieux montés et emploient des forces motrices plus importa ntes. De sorte que , malgré la concurrence fa ite à nos meuniers par les maisons de Corbeil et du Hâvre , la production de la farine à Etampes n'a pas diminué" (Monographie d ' instituteur: Etampes).

Mais c ' est Corbeil qu i offre l'exemple le plus caractéristique d 'industria lisation dans ce domaine.

Les Grands Moulins de Corbeil

"La société des Grands Moul ins de Corbeil a été fo ndée e n 1881, e n vue de l'acquis ition des moulins par MM . Darblay e t Béranger, sis à Corbeil. Ces moulins, dont l'origine remonte au XIII" siècle, après avoir porté le nom de Moulins du Roi et avoir appartenu ensuite aux Hospices de Paris, passèrent dans les mains de la fam ille de Noailles, qui les donna en location, vers 1830, à MM. Da rblay. Ceux-ci s'en rendirent acquéreurs en 1864 et les cédèrent e n 1881 à la société actuelle . [ ... ]

I.:usine de Corbeil se divise en de ux parties distinctes : d ' un côté les moulins et magasins à farin e , de l' a utre les magasins à blé.

r. · CORUI!IL. · Vue p• noromique et les Grands Moulins . H . S.

L 'industrie de Corbeil: les Grands Moulins {Archives départementales) .

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Vue géné rale des moulins de Corbeil sur la Seine (Coll. pers.)

C'est dans les magasins à blé qu 'a écla té , le 30 ma i 1892 , un incendie [ .. . ) Grâce à la divisio n de l' usine de Corbe il en deux pa r­ties, ce sinistre n' a pas atteint le moulin proprement dit, dont le fonctionnement a pu continuer pendant les travaux de reconstruc­tion [ .. . ) Les moulins sis à Corbeil travaillent, à eux seuls, 3 .200 quintaux de blé par 24 heures, ce qui explique l' importance des magasins qui y sont annexés [ .. . )"

Après le sinistre de 1892, la mun icipali té décide la reconstruc­tion des silos, élévateurs et magasins à gra ins avec l'applica ti on des plus récents perfectionnements . Pour ce fa ire , le d irecteur de la socié té M. La iney, part en voyage en Angleterre, accompagné de l'architecte , a fin de vis ite r les docks de Lo ndres, Li ve rpoo l et Cardiff. Dès le mois d 'août 18 92 , M. La iney p ropose son pro­gramme de reconstruction, et les travaux commencent le 1er sep-tembre 1892 . ·

"Avant la fin de l'année 1893 , les silos éta ien t remplis de gra ins et l' us ine fo nctio nnaÜ régulièrement" . "Le gra in a rrive so it par chemin de fer, so it par pa r bateau . Par chemin, il est amené au qua i qui longe le bâ timent des silos. Il est déchargé [ .. . ) dans le sol des magasins d u rez-de-chaussée du bâ timent des silos, puis versé

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dans un transporteur qui le porte dans le sous-sol de la tour. Puis le blé est mis dans l'élévateur, jusqu'aux combles du bâtiment des silos au moyen de chariots automatiques et mobiles, le grain est emmagasiné dans les s ilos [ ... ]" (Monograph ie d ' instituteur : Corbeil).

En 1867, Aymé-Stanislas Darblay, dit Darblay Jeune , proprié­taire des Grands Moulins, acquiert tous les bâtiments de la papete­rie d 'Essonnes fondée au XIV• siècle . Son fils , Paul Darblay, étend la fabrique sur Moulin-Galant, Villabé , les Tarterêts, Echarcon. Les Papeteries Darblay deviennent a lors les premières de France.

"Cette race puissante des Darblay se trouve associée par la farine et le papier à deux des innovations du XIX• siècle : le pain blanc et le journal pour tous".

Le grain est emmagasiné dans les silos (Archives départementales).

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LES PETITS MÉTIERS TOUJOURS VIVANTS

~industria lisation de la fin du XIX• siècle est, dans notre dépar­tement, complète. La moindre v ille possède sa petite usine ... Athis­M ons a son " laborato ire" de produits p harm ace utiqu es ; Longjumeau, ses tanneries ; Arpajon, sa petite fabrique de colliers de chiens et articles de chasse ; Mennecy, son unité de fleurs artifi­cielles où un certain nombre de j eunes filles trouvent à s'employer.

A Angervil le, "une fabrique de parapluies fondée en 1884 par M .Falcim aigne et dont l ' entrepôt se trouve à Par is, emploie soixante ouvriers environ : hommes, femmes et enfan ts ; elle exporte beaucoup de ses produits" (Monographie d ' instituteur).

. A Morigny-Champigny, la "manufacture de cuirs, pour chapelle­rie occupe environ cinquante ouvriers ou ouvrières. Son ouverture remonte au 15 septembre 1897. Elle reçoit ses matières premières de la Belgique, et elle adresse ses produits fabriqués dans toute la France. La fabrication consiste en cuirs pour chapellerie : casquet­terie , équipements militaires. peaux pour rel ieurs et peaux pour articles de voyage et ammeublement" (Monographie d ' instituteur).

Le Petit MENNECY (S.-ot-0. ) - Fabrique de Fleurs

Les jeunes employées de /'usine de f leurs (Archives départementales).

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~us i ne à gaz de Viry-Châtillon "produi t le gaz nécessaire à l 'éclairage public et particulier de la commune ainsi que celles de Juv isy, Savigny, Ris-Orangis, Grigny, Draveil, Athis-Mons. Cette usine appar tient à une société franco-belge dirigée actuellement par M . Robert L esage. Elle livre le gaz destiné à l'éclairage munici­pal à raison de 20 centimes le m3 et celui des rues à raison de 3 centimes par bec et par heure. Le m3 de gaz est payé 30 centimes actuellement par les particu liers" (Monographie d' instituteur).

Certaines entreprises artisanales sont également issues du déve­loppement considérable de l ' industrie d' extraction. Ainsi Saint­Chéron possède une manufacture de mèches de dynamite et Viry­Châtillon sa fonderie de fer où l'on confectionne des pièces pour Decauville.

Commerçants et artisans

Le commerce, lui aussi , est en plein essor. La ville est pour tous le lieu idéal où sont regroupés les principaux corps de métiers. Parfois protégés par un octroi , ils sont essentiellement de deux sortes : le commerçant, le plus souvent polyvalent, et l 'artisan, spé­cialisé.

Quelques commerces de la Ferté-Alais (Archives départementales) .

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A Méréville par exemple : deux serruriers mécan1c1ens, trois maréchaux-ferrants , deux charrons-forgerons , trois entrepreneurs de charpentes, deux entrepreneurs de peinture , deux bourreliers, quatre cordonniers, un fabricant de chaussures en bois (sabots et galoches) , deux tourneurs en bois , un vannier, deux ton neliers, deux menuisiers-ébén istes, deux chaudronniers-plombiers , un hor­loger-bijoutier, un chapelier, cinq couturières. Un des maréchaux­ferrants tient également un dépôt de bicyclettes.

Côté commerce, se trouvent dans la même commune : deux marchands de vins et liqueurs en gros, trois boulangers, un patis­sier-cuisinier, un boucher, deux charcutiers, onze épiciers au détail, douze débitants de vins, trois aubergistes-restaurants , quatre mar­chands tailleurs et de nouveautés, trois marchands de chaussures , trois lingères, deux modistes , trois marcha nds de charbons et de coke, un marchand de bois , un libraire, un photographe-dessina­teur, deux coiffeurs, un pharmacien. deux quincailliers, un crémier, deux fruitiers .

~épicerie, supermarché de l'époque

C'est le secteur le plus représenté . On y trouve de l'alimenta­tion. de la mercerie. des jouets. des tissus, des faïences. de ralcool

Un "supermarché" en 1900 (Archives départementales) .

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"Ici, location de barques à la journée" {Archives départementales).

à brûler, du pétrole , de l'eau de Javel, des bonbons, etc. La farine , le sel, le riz, les pâtes, entreposés en gros sacs de vingt-cinq kilos, s'y débitent au détail ; comme l' huile ou le vinaigre tirés au litre ; le sucre s'y vend en pain.

Un peu plus tard on commencera à dénicher chez l'épicier de l' essence pour automobile en bidons de cinq litres. C'est le plus souvent ici que les colporteurs s'approvisionnent avant de parcou­rir la campagne à la recherche de clients. Les débitants de vins se fournissent dans les distilleries et brasseries locales. La brasserie d 'Angerville "fournit la région en bières saines et très agréables" (Monographie d ' instituteur : Viry-Châtillon) .

A Brunoy existe une "importante maison de distillerie avanta­geusement connue dans toute la région. [ ... ] Les limonades gazeuses, les liqueurs de toutes sortes qui y sont préparées, a li ­mentent bien des restaurants , des cafés, des marchands de vins des environs de Brunoy d 'une quantité regrettable d 'alcool" .

On relève à Viry-Châtillon trois blanchisseuses qui travaille nt exclusivement pour les classes aisées où la maîtresse de maison ne fréquen te pas le lavoir. Leur clientèle est essentiellement pari-

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sienne. Il en coûte 50 cts pour une chemise d ' homme, 30 à 40 cts pour un jupon de percale , 5 cts pour un mouchoir.

La construction des villas de plaisance, la naissance de lotisse­ments provoque l' apparition de marchands de biens et agences de location. A Ris-Orangis "l'Agence Centrale de Ventes et Locations de Propriétés et Pavillons meublés ou non meublés" , s' installe rue du Pont, à la descente du train.

Espèce nouvelle née du chemin de fer, le touriste est alléché par nombre d'auberges, guingettes, voire des boutiques de cartes pos­tales situées systématiqueme nt face à la gare. Il rencontre le long des rivières des loueurs de barques. A Ris-Orangis, le constructeur de bâteaux s'est implanté à proximité de la baraque du passeur. Enfin , une activité spécifique du sud de Paris : les nourrices. On en recense vingt-et-une à Athis-Mons en 1841. En 1859, son conseil municipal constate : "La situation du village en bordure de côteau qu i domine la vallée de la Seine est tellement appréciée et sa répu­tation de salubrité si bien établie , qu 'un grand nombre de nourris­sons y sont envoyés chaque année sur l'indication des médecins de Paris. "

Une blanchisserie sur les bords de /'Yerres (Archives départementales) .

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~ENFANT, ESCLAVE DU TRAVAIL

Le recours à la main d 'œ uvre enfantine avait été chose cou­rante sous l'Ancien Régime : petits domestiques , paysans ou apprentis. Mais il s 'agit là d'un phénomène différent. ~enfant est arraché à son mi lieu rura l pour être envoyé dans les mines et manufactures. Apparaissent les problèmes d ' horaires excessifs, les tâches épuisantes , la malnutrition , l'absence d ' hygiène et les nom­breux accidents. Le législateur ne se soucia que tardivement de corriger les abus.

La lo i du 22 mars 1841 "relative au travai l d es e nfants employés dans les manufactures , usines ou ateliers à moteur méca­nique ou à feu continu employant plus de vingt ouvriers" stipule entre autre que les enfants ne peuvent être embauchés avant huit ans ; que tout e nfant admis doit, jusqu'à douze ans suivre l'école. Mais son appli cation est loin d 'être immédia te et généra le. Il faut attendre la Troisième République pour que soient votées de nou­velles lois (1874 , 1882, 1892).

Certains artisans profitent également du travail des e nfants (Archives départementales) .

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Le pourcentage d ' e nfants employés se révéle jusqu ' en 1880 particuli è re me nt imp ortan t. Surtout dans les é ta blisse me nts textiles : 46 % du personnel de la fila ture de laine de Bruyères-le­Châtel en 1846 ; 3 1,5 % à la fil ature de lin de Corbeil en 1855. Il atte indra des records sous le Second Empire. A l' imprimerie Crété de Corbeil , le nombre d 'enfants passe de sept en 1846 à quarante­hu it e n 1867. Le chiffre fl échit enfin dans les années 1880. Dans l'arrondissement de Corbe il, les enfants représentent seulement 8 ,5 % de la population salariée. Une baisse à rapprocher de la mise en place de la nouvelle législation scola ire.

Voués à des taches répétitives

Il subsiste cependant peu de documents sur la nature des tra­vaux confi és aux enfants. Mais il semble que la majorité d 'entre­eux étaient voués à des taches répétitives, n'exigeant aucune quali­fi ca t ion. La s itu at io n de l' imprimerie Crété es t à ce titre exceptionnelle : entre 1854 et 1880, elle recrute, parmi les enfants, vingt imprimeurs , soixante-quatorze typographes et tre nte-neuf compositeurs.

Issus de familles ouvrières, les enfants travaillaient da ns la même usine que leurs parents (Archives dép artementales).

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Rattacheurs , aides-tisserants , aides-imprimeurs , gamins de machines, journaliers, ils assistent le p lus souvent leurs parents qui leur confient eux-mêmes les besognes. En 1837, dans la papeterie d 'Essonnes , les enfants sont chargés du triage du chiffon et du papier fabriqué , à la mise en carton du papier à satiner. Ces opé­rations, exigeant une certaine dextérité , n'étaient pas pour a uta nt fatiguantes.

M. Turgan fournit en 1889 de nombreuses précisions sur le tra­vail de "près de cent fillettes occupées [ ... ] dans les salles de triage et de façonnage [ ... ] à introduire les feui lles de papier entre les feui lles de zinc et à les en retirer [ ... ]. Besognant par équipe de trois, elles devaient opérer très vite mais avec soin". Dans le même atelier, un "gamin" veillait, auprès des machines à régler, à ce que l'air n' éparpille les feuilles.

Une main-d'œuvre bon marché

Les patrons ne sont pas à court d ' arguments pour lég itimer cette exploitation : éviter l' oisiveté , le vagabondage ou la mendi­cité , etc. Selon les propos de M. Gratiot, directeur de la papeterie

Un recrutement exceptionnel à l ' imprimerie Crété (Archives départementales).

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r

d'Essonnes, ce travai l perme t de "préserver l'enfance de toute exploitation funeste pour elle et de préparer à la Patrie une généra­tion dont le travail modéré aura graduellement développé les forces et dont une instruction suffisante aura accru l' intelligence."

Autre justification patronale : devenir les plus compétitifs, essen­tiellement dans le secteur des filatures. Le sous-pré fet de Corbeil , dans un rapport adressé le 20 février 1865 au préfet de Seine-et­Oise consta te qu ' "il est bien certain que la loi sur le travail des enfants dans les manufactures n' est pas exécutée partout dans toute sa rigueur. .. les manufacturiers prétendent plus que jamais qu 'elle n'est pas exécutable à cause du trai té de commerce qui les met dans la nécessité d 'y contrevenir pour qu ' ils soient à même de soutenir la concurrence avec nos voisins d 'Outre-Mer. " A côté de ces "bonnes raisons" , il en est une que personne n'ose avancer : la recherche du profit. C'est elle qui justifie réellement l'emplo i de cette main-d 'œuvre infantile, sous-payée à l'extrême.

En 1837, les enfants de la filature de Saclas perçoivent, à leur début, huit sols (quarante centimes) pour douze heures de travail. A titre de compara ison , un adulte gagne tre nte à quarante sols pour la même besogne. La plupart du temps ces enfants exploités sont issus de familles ouvrières depuis au moins une génération. Les parents, de condition modeste, les poussent à se mettre au tra­vail très tôt. Un salaire d 'appoint est toujours le bienvenu dans le fo ye r. Le recrutement, contrairement à celui du milieu rural , ne s 'effectue pas systématiquement dans la commune.

Sur les 120 enfants embauchés par l'imprimerie Crété entre 1855 et 1865, 40 % sont originaires de la région de Corbeil, 28 % de la Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne , près de 11 % du Loiret, de l'Eure-et-Loire et de l'Oise, et le reste de divers départements (Mose lle , Haute -Vienne , Creuse , Loire , Ille -et­Vila ine , Finistère , etc.)

Manufacturiers e t artisans emploient à la fois fill es et garçons. Mais les effectifs féminins sont sensiblement inférieurs. Sur 661 livrets délivrés par la mairie de Corbeil entre 1849 et 1878, 434 concernent des garçons, 227 des fill es.

Quant à la durée du trava il , pendant la période de 1835 à 1870, une présence de 13 à 14 heures pa r jour est la règle com­mune ; assiduité qui se décompose en 12 heures de travail effectif et deux pa uses d 'une heure chacune. Cet horaire était également appliqué aux moins de douze ans, la loi de 1841 étant à cet égard

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'

L 'éloignement de l 'école impose aux rares scolarisés de longs trajets Je soir (Archives départementales) .

fréquemment violée : entre 8 et 12 ans les enfants ne pouvaient être employés que hu it heures par jour.

Mais dès 1865, le sous-préfet d 'Etampes soutient que dans son arrond issement "les heures de travail n'excèdent pas ce lles régle­mentaires." A cette date il semble en effet que le temps de travail a it été réduit à 10-11 heures.

Céducation en prend un coup

[instruction primaire assurée, en partie , sur le lieu de travail , s'effectue dans des conditions qui laissent vraiment à désirer. "Il n'y a aucune amélioration sous le rapport de l' instruction primaire qui , dans plusieurs établissements est même plus faible que préce­demment ; on semble négliger presque entièrement cette partie importante" {Rapport de M. Jozon {4-09-1855) su r les filatures d'Essonnes et de Ballancourt et la papeterie d 'Echarcon).

"D'après toutes les inspections que nous avons faites depuis plusieurs années, nous sommes en droit de dire que les chefs des établissements soumis à notre inspection ne s'occupent nullement de l' instruc ti on primaire des enfants qu ' ils prennent pour un

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nombre d ' heures nécessaires à leurs travaux. Ils ne cherchent pas à continuer les commencements d 'une instruction très faib le à 8 ans et pour beaucoup inconnue à 16 ans ... Un très petit nombre sui­vent les écoles le soir à le ur rentrée dans la commune" (Rapport de M. Romagnie (16-10-1857) sur les manufactures de l'a rrondis­sement de Corbeil).

Dans les communes de l'arrondissement d 'Etampes, les cours sont pris sur les heures de repas ou de repos. Ils s' organisent le plus souvent le so ir, après une longue journée de travail, unique­ment deux fo is par semaine. Dans certaines entreprises , les besoins en main-d'œuvre saisonnières ont des répercussions sensibles sur la fréquentation scolaire. Ainsi les enfants employés dans les fila­tures hydrauliques de Saclas ne peuvent poursuivre leur instruction que du 1er mai a u 1er septembre, période de cessation de travail.

"Les gamins de machines à la papeterie d'Essonnes travaillent 12 heures effectives par 24 heures" (Archives départementales).

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I..:ana lphabétisation est très répandue. Un rapport de 1848 dresse le tableau du désastre : sur 572 enfants de 8 à 16 ans employés dans les entreprises de l'arrondissement de Corbeil, 350 ne savent pas lire. I..: instruction est dispensée tantôt par l' instituteur de la commune , tantôt par un employé de l' étab lissement. En 1855, des re ligieuses enseigneront dans la fi lature de laine de Bruyères-le-Chatel. La scolarisation effective des enfants au travail se généra lise à partir des années 1880. Les inspecteurs s'appli­quent avec ardeur à faire respecter la loi de 1882.

SI MONTLHÉRY {S.·cl 0 .1- Erolo Commun~lo chlfi Gnr·çons, J• l,,,•.• .t,. t.~ ' u'J.'I' ·, ''•la,l nll\•' ,.,, i;"~(.ÎII, l'·'r \1 . I .•H••·h,• p··~ ·· · ,,, ,.h,(•·•·t .•

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(Pl'''"' n ,. ~l.t ir.•. t:l:H.)

"Les enfants âgés de plus de 12 ans seront dispensés de suivre une école lorsqu'un certificat attestera qu'ils ont reçu l'instruction primaire élémentaire".

Loi de 1841 , article 5 (Archives départementales).

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~INSTRUCTION A PETITS PAS

En 1833, la loi Guizot fixe la m ise en p lace solide de l 'enseigne­ment primaire héri té de la Révolution . Cette lo i obl ige chaque commune à ouvrir et entretenir une école gratui te , détermine le traitement m inimum de l ' insti tu teur, prolonge cet enseignement par un secondaire et pr imaire , et organ ise le concours de recrute­ment dans les Ecoles Normales.

Sous l'Ancien Régime, l ' instituteur était agréé par le curé du v il­lage. Pour gagner sa vie , il se voyait forcé d 'avoir un autre métier : souvent laboureur, cabaretier, cordonn ier. .. , et presque toujours chantre à l 'église, sacristain , sonneur d 'angélus, greffier de mairie.

"Jusqu' à la loi prescrivant la nomination des instituteurs par les préfets , les maîtres [ ... ] furent choisis par le conseil municipal avec l'avis du Comité local d 'Instruction Primaire. Quand le poste deve­nait vaccant, [ ... ] deux , tro is, quatre ou même cinq candidats se présentaient pour l'obtenir. Ils exposaient leur ti tre, leurs recom ­mandat ions et le conseil municipal , après avoir délibéré, faisait un choix parmi eux" (Monographie d ' insti tuteur: Savigny-sur-Orge).

"Après Je pain, l'instruction est Je premier besoin du peuple " Danton (Arch ives départementa les).

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Men ~ccy - Les Ecoles - Vue de la cour

i 1 1

"M. le maire donne la liste des enfants à admettre gratuitement aux écoles de Mennecy " : 43 garçons et 39 filles. Conseil municipal du 16 nov. 1874

(Archives départementales).

"La loi de 1833 donna à toutes les écoles de France leur véri­table caractère et à partir de ce moment, la plupart des maîtres de Se ine-et-Oise seront formés à l'Ecole Normale d e Ve rsa illes. D'a bord choisis par les municipalités , ils seront bie ntôt proposés par le recteur, d 'après un tableau d ' avancement. La loi impose à la commune le traitement fi xe de 2 00 francs pour l' instituteur. La municipalité vota ce traitement à condition que, comme dans le passé , le même nombre d ' indigents sera ient admis gratuite me nt à l' école" (Monographie d ' instituteur : Palaiseau).

A Savigny-sur-Orge , la ré tribution de l' instituteur se compose d ' un traiteme nt voté par le conse il municipal , a uque l s ' ajoute la rétribution scola ire payée par de rares e nfants , l' instruction étant gratuite pour les familles les plus démunies.

Le rodage de 1 'enseignement

Jusqu 'au début du XIX• siècle , les matières enseignées étaient le catéch isme , l' évangile , l' Histo ire Sainte, la lecture , l' écriture , quelques notions d 'orthographe et de calcul, ainsi que les réponses

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MONTGERON ,S ·et·Û.) - Ecole MatcPnelle

L 'école maternelle ou "salle d'asile" de Montgeron (Archives départementales).

de la messe aux plus grands que le curé désignait comme enfants de chœur. Mais "il n'était pas rare de rencontrer des instituteurs qui savaient à pe ine lire et écrire. [ ... ] l'école n'é tait surtout qu ' une salle d 'asile où l'on gardait les e nfants sans s'inquiéter de les ins­truire" (Monograph ie d ' instituteur: Savigny-sur-Orge).

Avec la loi Guizot, s'ajoutent la composition française et le sys­tème métrique. Dans les communes importantes on enseigne éga­lement le dessin , l'histoire de France, la géographie , la musique , la gymnastique. Le 26 juille t 1894, l'organ isation pédagogique es t adoptée par le Conseil départemental de l'Ense ignement Primaire, et applicable dans toutes les écoles publ iques du département à compter du 1er octobre de la même année. Selon les d irectives, l'enseignement comporte : l' instruction morale et civique , la lec­ture , l'écriture, la langue française , l'arithmétique et le système métrique, l' histoire et la géograph ie , les sciences physiques et naturelles, la géométrie, le dessin , les travaux manuels, le chant, la gymnastique. Dans certaines communes, un enseignement agricole s'ajoute à cette liste.

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27 CORBETL. - L'feale de Garfom. - LL.

A Corbeil, l 'enseignement est dispensé par un directeur et 6 adjoints (Arch ives départementales).

A Savigny-sur-Orge , un jardin a ttenant à l'école est planté d ' a rb res fruitiers et de légumes ; il permet à l' instituteur ses démonstrations pratiques. Pour son enseignement scientifique, l'instituteur d'Arpajon possède un "musée scolaire", contenant de nombreux échantillons de pierres, métaux, bois , céramique , tissus , verre , etc.

"Le maître a un registre ayant pour titre : comptabilité morale.

Chaq ue samedi, à la fin de la classe du so ir, a lieu un petit exa­men de conscience. [instituteur passe en revue les principaux faits de la semaine ; il distribue aux uns les éloges qu ' ils ont mérités, aux autres les blâmes qu ' ils ont encourus.[ ... ] Une note spéciale , pour travail et bonne conduite , est a lors inscrite à l'actif de chaque élève [ ... ] Voici quelques-uns de ces faits pris au hasard :

- le jeune B ... a trouvé un porte-monna ie contenant environ 25 francs ; il s ' est empressé de le rendre a u propriétaire qui l'avait perdu. Le samedi soir, e n présence de tous ses camarades, ce jeune enfant a été fé li cité pour son acte de probité [ ... ]. - Les jeunes C ... et B ... , très bons élèves du reste , ont manqué l'éco le pour aller à la noce ; ils ont oublié d ' informer leur maitre de leur absence prévue. Le samedi soir, observations du maître à ce sujet.

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J lf.E.TW~Y. - Ecole des Gar<:ons .... ,..:,; ,, "'• '

L 'uniformité vestimentaire est sensée réduire les inégalités sociales (Archives départementales).

J 'ai la conviction que ces faits authentiques , bons ou mauvais , passés dans un milieu connu, re levés chaque samedi, approuvés ou blâmés par le maître en présence de tous , peuvent contribuer puissamment à l'éducation morale des e nfants" (Monographie d 'instituteur).

Nombreuses sont les communes qui créent, en cette fin de s iècle , des cours destinés a ux ad ultes. Il s sont généralement ouverts, en so irée , de novembre à mars. "Une moyenne d e 17 jeunes filles et de 22 jeunes gens la fréquentent" (Monographie d ' instituteur : Athis-Mons).

"Revoir au point de vue pratique, intéresser, a ugmenter les conna issances générales , moraliser, tel a été le but poursuivi par le maître. A chaque séance, lectures variées : mora le - instruction civique - science - agriculture - langue fra nçaise : orthographe et rédaction - arithmétique, système métrique et géometries pratiques -arpentage , cubage - his toire de France : temps modernes et Révolution - géographie" (Monographie d ' instituteur : Savigny-sur­Orge).

Des conférences, organisées régulièreme nt, viennent de surcroit intéresser le cours et en rompre la monotonie.

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Des écoles sous-équipées

Jusqu'au milieu du XIX• siècle , les communes se soucient guère des locaux scolaires . "Cécole est misérablement installée dans une dépendance de l'église , quelquefois dans une grange ou une écu­rie , le plus souvent dans une maison cléricale , généralement com­posée d 'une pièce un ique , basse et humide , éclairée par de rares ouvertures et qu i servait en même temps de lieu de réunion pour les écoliers et de logement pour le clerc et sa famille. Le mobilier consistait e n quelques planches mob iles posées sur des tréteaux. Les é lèves écriva ient debout , les plus jeunes seulement éta ient assis sur des bancs".

La loi Guizot donne six ans aux communes pour deven ir pro­priétaires de locaux scolaires dignes de ce nom. Les frais de mobi­li er et de matériel ne seront plus à la charge des paroissiens , mais de la municipalité. Mais les locaux resteront encore longtemps incommodes.

"Le 5 février 1844, M. le prés ident communique au Comité local une lettre de l' instituteur communal, dans laquelle cet institu­teur se plaint de l' insalubrité de sa classe. [ ... ] Le comité est d 'avis

Quatre heures par jour, une personne de service est ici chargée des soins matériels (Archives départementales).

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JUVISY (S.-&-0.) - L'

. . ole d~s Garçons - La Sortie

r

de visiter le bâtiment de l'école. Après une visite minutueuse , les faits suivants ont été constatés :

- la classe est mathématiquement trop petite

- la salle de classe est au-dessous du sol , et par suite très humide

- les murs sont salpêtrés

- elle est située près des écuries du château, et à deux mètres d 'un égoût où vont se perdre des eaux infectes ( ... )

-elle n'a que trois fenêtres de petites dimensions et mal percées

- l' hiver, à trois heures de l'après-midi, on n'y voit plus clair

- l' instituteur atteste qu'après dix minutes de classe , il éprouve des étourdissements ( ... ). C'est à ce vice de l'air qu' il attribue le dépérissement de sa santé très visible depuis un an.

( ... ) Le comité déclare la salle de classe insalubre et dangereuse pour la santé du maître et des élèves" (Monographie d ' instituteur) .

Le mobilier, lui aussi , laisse à désirer. Dans cette école commu­nale , accueillant entre soixante et soixante-dix élèves, on ne trouve que quatre tables, douze bancs sans dossier, un tableau noir, un poêle , un bureau et trois tablettes servant à placer les livres des écoliers. Les tables dont il est question ne peuvent recevoir que six élèves. Enfin dans les a nnées 1880, de nombreuses écoles sont reconstruites suivant les normes définies par les lois de 1881 et 1882.

"Voisine d'un grand parc, l'air y est pur et salubre , e t l' école réunit toutes les conditions hygiéniques désirables. ( .. . ) Les classes sont vastes et bien aérées ( ... ). Le sol est parqueté , ce qui contri­bue à les rendre moins humides et moins froides. Un calorifère , établi au sous-sol , donne en hiver une chaleur douce et uniforme. Toutes les classes sont éclairées au gaz ( ... )" (Monographie d ' insti­tuteur).

Le mobilier est entièrement renouvellé et augmenté. La table bi­place, avec sièges mobiles et pupitres inclinés s' impose. Elle per­met une circulation plus aisée entre les rangs ... et une meilleure surveillance ! [école communale de garçons de Savigny-sur-Orge possède dès la fin du siècle : 4 7 de ces tables ; 8 bancs ; 11 tableaux noirs ; 2 bibliothèques-armoires ; un compendium métrique ; deux tableaux de poids et mesures du système métrique ; seize cartes murales ; vingt-quatre tableaux d 'histoire nature lle ; un globe ter­restre ; un petit musée avec d ifférents échantillons ; deux bustes de

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'

la République ; deux bureaux de maîtres, quatre tableaux de lec­ture ; une bibliothèque scolaire comprenant 148 volumes ; etc.

Ces années marquent la création de cantines scolaires dans plu­sieurs communes. Créée en 1892, celle d 'Athis-Mons ne fonction­nait à l'origine "que durant quatre mois enviro n de la mauva ise saison : novembre , décembre , janv ier, févrie r. Depuis le 1e r oc to bre 1897, e lle fonctio nne toute l'an née scola ire. Pour la période des deux années 1897-1898 et 1898-1899, la moyenne annuelle des repas servis est de 14.058. Chaque jour une soupe et un plat chaud de viande est ajouté à l'ord ina ire" (Mo nogra phie d' instituteur).

C itons enfin la Caisse des Ecoles , créée à Corbeil en 1882. "Son but est de faciliter aux é lèves ind igents ou peu aisés la fré­quentation des écoles communales au moyen de secours en livres, fournitures de classe , vêtements , chaussures et a liments chauds pendant l'hiver" (Monographie d 'instituteur).

Avec les di rectives de la Lo i G uizot, naît la bien connue mairie-école (Archives départementales).

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POUR CORBEIL ... EN VOITURE

En ple ine époque de l'apparition du chemin de fer en France, l' Essonne bénéficiera de la créa tion de la quatrième ligne à partir de Paris. Ce sera la ligne Paris - Corbe il , inaugurée le 17 sep­tembre 1840, juste après :

- Pa ris - le Pecq, le 26 août 1837

- Pa ris - Versaill es Rive droite , le 2 août 1839

- Pa ris - Versailles rive gauche, le 10 septembre 1840.

Dans ce domain e auss i la pos ition stratégique de Corbeil (approvisionnement de Paris en céréales) a joué un rôle primor­dial. Conséquence : le 16 avril 1834 , deux négociants en grains, Messieurs Lemoyne et Delchet, déposent un projet de chemin de fer de Paris à Orléans passant par la vallée de l'Essonne. Cette ligne devait traverser Juvisy, Corbeil , Malesherbes et Pithiviers.

Réactions des maîtres de postes : "la mach ine éclatera, les souterrains s'effondreront. Aux vitesses fabuleuses annoncées, les voyageurs suffoqueront et

n 'arriveront pas vivants" (Archives départementales).

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Le 23 novembre , une proposition identique est fa ite par M.Desfontaines , ingénieur des Ponts et Chaussées. Le 4 févr ier 1835, c'est au tour d'un autre ingénieur, M. Fèvre , de proposer trois projets do nt un passait par la vallée de l'Essonne. Mais MM. Delchet et Lemoyne reviennent à la charge , insistant auprès du préfe t d e Seine-et-Oise, qui déc id e finalement d ' ouvrir des enquêtes locales. Le 1er novembre 1835, le projet est présenté aux maires de Malesherbes, Pithiviers et la Ferté-Ala is. Rebondissement le 18 mai 1836 : le Conse il des Pon ts et Chaussées rejette le projet. Le Conseil municipal de Corbeil réplique en se prononçant pour le tracé de la vallée de l'Essonne. Décision appuyée par deux ban­quiers , MM . Gai llard et Rampin , qui , pour ass urer la position financière , déposent la demande de concession à leurs noms.

Enfin , le 7 jui ll et 1838, une loi autorise la construction d"un chemin de fer de Paris à Orléans par Etampes, avec cependa nt des embranchements sur Corbe il , Arpajon et Pithiviers. Ma lgré les d if­férentes pétitions et les interventions des maires concernés, les projets de chemin de fer pa r la vallée de l'Essonne sont e n grande partie abandonnés. La ligne est concédée à Casimir Lecomte, pré-

Arrîvén de train e n Go ro do CORBEIL-ESSON:-IE

Et le 17 septembre 1840 ... (Archives départementales) .

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Jo. RI S-OH.:,:-.:GJS- Gnre de R1s-Oran g:s C. L. f

"Le luxe d 'une civilisation avancée" Thiers (Archives départementa les) .

sident d'un important groupe financier : 8 banques souscrivent les trois-quarts des actions de la société. Un mois plus tard la "Société a n o nyme de la Compagn ie des Chemins de fer de Paris à Orléans", reconnue par ordonnance royale , se constitue.

Mais la Compagnie avait sous estimé le coût de l'opération. La première estima tion de 20 millions est doublée dès le début des travaux. Inespéré ! Par une loi du 1er août 1839, elle est autorisée à ne construire tout d 'abord que la ligne de Paris à Corbeil. Cette décision était d 'autant plus importante qu 'elle permettait d ' enlever à la voie d ' eau à partir de Corbeil , son monopole des trafics sur la capitale.

Enfin le chantier peut commencer. De corbeil à Juvisy, le tracé originel est finalement modifié. Pour éviter la construction de ponts, la ligne s' établit sur la rive gauche de la Seine. Un change­ment de tracé qui provoque de nombreuses expropriations dont la plus célèbre reste celle de M. Aguado. Cet habitant avait en tière­ment restauré son château de Petit-Bourg, à Evry, lieu de récep­tions illustres. Voyant son domaine complètement défiguré , il dut, malgré des combats incessants , se résoudre à vendre. Craignant de ne plus trouver en France de domaine sans chemin de fer, il décida de rentrer dans s"on pays natal , l'Espagne !

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CORBEIL - Ln Gare C. l . c .

.. . -·-

L 'ouvrage d 'art de Corbe il (Archives départementales).

Mais les expropriations n'ont jamais compromis l'avancement des travaux. En revanche, sur le terrain , il fa lla it compter avec les intempéri es. Les pluies continuelles de l' hiver 1839-1840, ainsi qu 'un glisseme nt de terrain à Ablon qui provoqua un éboulement dans la tranchée, ont considérablement retardé le chantier.

Le premier train

La ligne en tre tout de même en service de Paris à Cho isy dès le mois de septembre 1839, et au printemps 1840 , les deux gares de Paris et Corbe il sont achevées. Celle de la capitale , située à l'emplacement de la cour d ' arrivée actuelle de la gare d 'Austerlitz, était, à son ina uguration, la plus grande gare de France. Un peu plus loin , sur la commune d ' Ivry, les atel iers de construction d u matérie l roulant sont installés.

Qua nt à celle de Corbeil , son ina uguratio n se déroule enfin le 17 septembre. Parmi les personnali tés présentes : les ministres de la Justice , du Commerce et des Travaux Publics . Le premier train officiel les transportera de Paris à Corbeil e n 45 minutes. De ux jours p lu s ta rd , la mu ni cipa li té o ffre un grand d îne r dan s l'ancienne ha lle aux blés. Le repas, comma ndé à Paris , est a mené

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par train spécial où des cuis imers réchauffent les plats sur de grands fourneaux. Puis , le même train emmènera les convives prendre le café à Paris. Et dès le lendemain, le dimanche 20 sep­tembre , le premier train accessible au public est mis en service.

A partir de cette date , l'exploita tion de la ligne fut un ple in suc­cès pour la Compagnie : en moyenne 540 000 voyageurs annuels, avec un record de 866 000 pour 1841. Dès l'ouverture de la ligne, six trains environ assurent le trajet quotidien dans les deux sens, et en 1842, huit trains, qui gagnent Paris en une heure.

Les omnibus , quatre en 1844, passent au nombre de sept en 10 ans. Au jour de l' inauguration, les stations sur la ligne sont encore peu nombreuses. Seulement six : Ablon , Mons (Athis-Mons) , Viry­Châtillon, Ris et Evry. Celle de Viry-Châtillon servait de terminus aux diligences et co uco u s venant de Montlhéry, Arpajon , Longjumeau et Juvisy. Cette dernière commune recevra sa station en 1843. Suivront ce ll es de Villeneuve-Saint-Georges en 1853 , Vitry en 1860, Vi lleneuve-le-Roi en 1884, et enfin Ivry en 1900.

La signalisation, quant à elle, fonctionne encore manuellement. Les signaux fixes étaient manœuvrés par des gardes-voies postés

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U:-.:A!i Ln GrnnclcPiace AtTi,•!ic de 1 Omnibus du Chcnti11 de fc1·

Un coucou, navette entre Montlhéry et Viry-Châtillon (Archives départementales).

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LONGJUME.&U. - L~ GARE DE GR ANDE C EINTURE.

r.llll,.r.linr Bou!hier. - Lcm1/umeau.

La locomotive à vapeur, partie intégrante du paysage urbain en 1900 (Archives départementales).

tous les kilomètres . Ils sont remplacés en 1843 par des "arbres à signaux", placés environ à 200 m en avant de chaque station : il s ' agissait de tro is disques de couleurs différentes , blanc, ve rt et rouge , fixés sur un mât, actionnés par un système d 'engrenage . La nuit, ils étaient remplacés par des lanternes de mêmes couleurs.

La difficile naissance du Paris-Orléans

La ligne Paris-Corbei l est à peine ouverte que la Compagnie d'Orléans se préocupe déjà de son prolongement. Avec la loi du 11 juin 1842, elle ne visait pas moins que la concession de la ligne de Lyon ! Résultat : dès le 14 juin 1842, la Compagnie adresse demande sur demande au gouvernement. Mais ce lu i-ci refuse d 'accorder à une compagnie déjà constituée des concessions nou­velles ; le 29 décembre 1845 la Compagnie de Lyon est créée. Refusant d ' utiliser pour cette nouvelle ligne la section existante de Paris à Corbeil , considérée comme trop fréquentée , le gouverne­ment décide d 'établ ir la nouve lle ligne sur la rive droite de la Seine, par Villeneuve-Saint-Georges, Melun , Fontainebleau et Montereau . Le projet de la vallée de l'Essonne refait surface.

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Après les vissicitudes engendrées par la Révolution de 1848 et le coup d'Etat du 2 décembre. les études sont relancées. Un ancien ministre de la Monarchie de Juillet , le comte de Montalivet , contacte un groupe de propriéta ires et d'industriels de la région afin de déterrer le fameux projet. On assiste a lors à la formation d'un comité d'études présidé par le député de Corbeil , M. Darblay ·~eune " et composé d 'élus locaux. La création d ' une société finan­cière qui prend le nom de "Compagnie Darblay" est décidée. Un ingénieur des Ponts e t Chaussées, M. Bazaine , se voit confier les d ifférentes études. et au printemps 1853. le tracé est déposé à la Préfecture. Il passe par Mennecy, La Ferté-Alais, Malesherbes et va jusqu· à Montargis. Mais une fois rendu public. le dossier ne fait pas l'unanimité. Il se heurte surtout à la désaprobation des locali­tés non desservies. Bazaine est donc à nouveau chargé d'étudier de nouvelles directions . Elles seront au nombre de cinq :

- deux par Mennecy, La Ferté-Alais. Malesherbes jusqu ' à Montargis

- une par Auvernaux, Moigny, Courances, Milly et le sud de Nemours

- une par le haut Mennecy, Milly et le sud de Nemours

.W 1567. • MONTGI!RON. - l o1erieur de la Gare .. Un quai de gare ... (Archives départementales).

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- une par le bas Me nnecy, la fer té-Alais, e t le sud de Nemours.

Coup de théâtre : une nouvelle candidature apparaît. Ce lle de la Compagnie du Grand-Central, appuyée par le duc de Morny, demi -frère de Na poléon Ill. C 'est e ll e , qui , après de nombreux pourparlers avec le gouvernement, re mporte la concess ion à la seule condition que l' exécution de la ligne so it confiée aux trois Compagnies du Paris-Lyon , du Paris-Orléans et du Grand-Central. Le chemin de fer partirait de Corbeil pour se diriger sur Roanne. La nouvelle soc iété exp loitée par les trois compagnies pre nd le nom de "Compagnie des chemins de fer du Bourbonnais" .

Et le 2 février 1855, la Compagnie du Bourbonnais signe une conve ntion avec les m inistères des Trava u x Publi cs, de l'Agriculture et du Commerce. Co nvention approuvée deux mois plus tard pa r l' Empereur. Le tracé définitif retenu ? Celui de la val­lée de l' Essonne : La Fe rté-Alai s , Mal eshe rbes, Puiseau x et Mo nta rgis. L.:ingénieur en che f désigné est M.Baza ine qui , d ès 1853, avait é tudié ce tracé. Les premières parties mises en chantier sont cell es de Montargis à More t dès le printemps 1858. Elles sont achevées le 14 août 1860.

39. BRÉTIGNY-Bu ll-ORGE (S.-et-0.) • L a Gare - E m b1·anchem e n t d e la lig n e d e V endom e

La gare, nouuelle architecture au sein de la uil/e (Archiues départementales).

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A partir de 1864, la Compagnie s·attaque à la section Corbeil­Montargis dont les travaux s'organisent en deux temps. Tout d 'abord la section de Corbe il à Maisse, ouverte le 5 janvier 1865, puis celle de Maisse à Montargis dont les travaux prendront deux ans en raison des nombreuses expropriations. Cette section est livrée à l'exploitation le 5 mai 1867. A l' ouverture de la section Corbeil-Maisse, sept omnibus assuraient le trajet de Paris à Corbeil. Quatre circulations seront prolongées dans les deux sens sur la sec­tion entière , pour le simple motif que la ligne Corbeil-Maisse est jusqu'en 1882 à voie unique. Le trajet dure à l'époque 2 h 30.

Puis ce sera l'ouverture de la ligne Maisse-Montargis, à voie unique également jusqu'en 1883. Les trois omnibus reliant Paris à Montargis effectuent le trajet en un peu plus de 4 heures. En 1878 les premiers trains semi-directs sont mis en circulation. Il faudra attendre 1891 pour qu'apparaissent les premiers trains express. Le rapide de 1ère classe mettait 2 h 3 1 en marquant trois arrêts.

Dures, dures, les conditions de voyage . ..

La lenteur du trafic est dûe en grande partie à un matériel rou ­lant rudimentaire. En fait , les premières voitures mises en service s ' inspiraient des véh icules routiers. Il en exista it trois types :

- les voitures de première classe ou "berlines" : trois comparti­ments exigüs. Elles rappela ient les di ligences pa r leur forme gal­bée . Basses de plafond , sans chauffage l' hiver ni écla irage la nuit. Ce n'est qu 'à partir de 1848 que l'on installe dans les comparti­ments des lampes à huile végétale. Banque ttes rembo urrées de foin et plancher recouvert de tapis en peaux de moutons. Selon un prospectus de l'époque, elles étaient réservées "à l'opulence qui remplit les chaises de poste , les malles et les coupés ". Prix des places de Paris à Corbeil : 2 ,50 F

- les voitures de deuxième classe ou "diligences" : également tro is compartiments. Ni chauffées, ni éclairées ; comme pour les premières classes, il faut attendre 1848 pour trouver une lampe à huile végétale , dans deux compartime nts. Les banquettes ne seront rembourrées qu'en 1843. Elles étaient réservées "à la médiocrité qui voyage dans les intérieurs , rotondes et bas-côtés des diligences". La toiture en zinc était aménagée pour recevoir les bagages. Prix des places : 1,50 F

- les voitures de troisième classe ou "chars à bancs" : comme leur nom l' indique , e lles n'é ta ient que de vulgaires chars équipés

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Savi~ny-sur-Or~e - Lo Gnre

La gare de Sauigny-sur-Orge (Archiues départementales) .

pour roule r sur vo ie ferrée. To utes découvertes et, malgré une pos­sibilité accrue de contempler le paysage, plus d 'un voyageur paya de sa santé l'économie réalisée en voyageant l'hiver dans de telles conditions. Réservées "aux travailleurs manuels et aux soldats qu i vont à pied et qui visent à l'économie". Cette tro isième classe fut créée un peu plus tard que les précédentes. Son prix fixé à 1,50 F, provoqua une augmentation des prix de première et seconde classes.

Très impopulaires , elles suscitaient de nombreuses réclamations auprès de la Compagnie. Sans véritable résultat. Ce sera seule­ment pendant la Révolution de 1848 que disparaîtront à tout jamais ces trop célèbres "tombereaux " . Les nouvelles 3èmes classes, elles, seront fermées . Peut-être un peu trop ! Les ban­quettes restent de simples p lanches , le chauffage et l' éclairage inexistant. En fait, les 2èmes les plus endommagées devenaient systématiquement des 3ème classes.

A partir de 1863 , la Compagnie du Bourbonnais prend le rela is. Elle fait construire à son compte environ 150 voi tures à voyageurs. Mais pendant encore vingt ans, l' inconfort demeure le même, et le matériel de la Compagnie d'Orléans sert toujours.

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Enfin , survient l' époque des améliora ti ons. En 1875 , des conventions stipulent que le chauffage est obligatoire dans toutes les classes. On commence à expér im enter l ' utilisation de bouillottes, sortes de tubes de forme oblongue, de la même lon­gueur qu ' un compartiment. Dans les plus grandes gares de la ligne , une chaufferie spéciale porte les bouillottes à une tempéra­ture convenable. Elles étaient ensu ite disposées dans les comparti­ments par des agents de la Compagnie qui ne manquaient pas d 'avertir les voyageurs par de grands "attention aux pieds !" . Ce n'est qu'avec la rigueur de l' hiver 1890 que le système se généra­lise.

En 1880, la lampe à huile végétale de 1848 est remplacée par la lampe à huile minérale. Avantages : elle ne gèle pas en hiver. Ce nouveau mode d 'éclairage était réglé et a limenté par un lampiste qui se déplaçait sur le toit des voitures lors des arrêts. A ce type d 'éclairage succède, dans les années 1900, l' éclairage au gaz. Mais le 5 octobre 1921 , dans le tunnel des Batignolles, deux trains de la ligne Paris-Orléans se télescopent et prennent feu . [éclairage au gaz est interdit au profit de l'électricité .

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I n té i:iCUI' d e la ga1:c lign e d'Od éun:-;. ~-

Queiques voitures de seconde classe (Archives départementales) .

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ESSONNE, ILS ÉCRIVENT TON NOM

Ce siècle fut véritablement ce lui des innovations industrielles et techniques. Mais l'Essonne n'en restait pas moins un département de prédilection pour de nombreux gens de lettres. La proximité de Paris, la beauté des sites, l'agrément des bois attirent depuis plu­sieurs années les écrivains.

C'est à Bièvres en 1833, que Victor Hugo installe sa maîtresse , l' actrice Juliette Drouet. . . , tandis qu ' il réside avec sa famille à quelques kilomètres de là , au Hameau de Mets , commune de Jouy-en-Josas. Il évoquera, dans les Feuilles d 'Automne, la beauté de ce paysage, collines dominant la vallée ,

"Une rivière au fond , des bois sur les pentes Et pour tout couronnement de ces collines vertes Les profondeurs du ciel toutes grandes ouvertes ."

Le charme poétique de la vallée de l'Yvette séduisit dès 1899, Charles Péguy. Quittant sa demeure parisienne, il s'i nstalle dans une petite maison à Saint-Clair, commune de Gometz- le-Châtel, située à une trentaine de kilomètres de Paris, et proche de la gare d'Orsay d 'où il regagnait la capitale.

Chateau des Artistes lyr•iques

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Col1ection Hobcn

Une retraite priv ilégiée pour artistes lyriques {Arch ives départementales).

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Péguy sous le charme

"Mais , écrit Marcel Péguy, mon père ne devait pas rester long­temps à Saint-Clair, les communications avec Paris étaient trop mal commodes. En 1901 , il s' installa à Orsay, toujours sur cette ligne dont le terminus est à la gare du Luxembourg [ ... ]. En 1906, mon père se rapprocha encore un peu de Paris et vint habiter à Lozère , petit hameau presqu ' uniquement peuplé à cette époque de quelques cultivateurs [ ... ]. La Villa des Pins où il vient habiter est située en face de la gare [ ... ]" (Marcel Péguy, Lettres et entretiens).

La plupart de ses œuvres furent écrites à la "Vi lla des Pins", dont, en 1910, Le Mystère de la Charité de Jeanne d 'Arc, Notre Jeunesse , Victor Marie Hugo. En 1911 , Le Nouveau Théologien , Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu. En 1912, Le Mystère des Saints Innocents , La Tapisserie de Sainte -Geneviève et de Jeanne d'Arc. En 1913 , tArgent , La Tapisserie de Notre-Dame.

En 1913, Charles Péguy quitte Lozère. "Le temps éta it venu, écrit son fils , de me faire donner un enseignement p lus régulier, et cela n'était guère possible à Lozère. Mon père se décida donc de se rapprocher franchement de Paris , et vint à Bourg-la-Reine [ ... ]".

Léon Tolstoï à Forges-les-Bains (Archives départementales).

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Dans les années trente , Roger Ferdinand , dramaturge , vint habi­ter à Lozère la "Villa des Pins". C'est lui qui eut l'heureuse initia­tive de faire apposer une p laque commémorant la présence de Charles Péguy dans cette demeure de 1906 à 1913. C'est égale­ment au cours de cette cérémonie que le vieux chemin de Lozère à Pala iseau prit le nom de Cha rles Péguy.

En 1910, Armand Mé nard , di t Dranem , chanteur de café­concert acquiert le château de Ris-Orangis pour le compte de la Société de Secours Mutuel des artistes lyriques, fondée en 1881. Cette dernière y installe une maison de retraite qui accue ille main­tenant cinquante pensionnaires environ , venus du monde artis­tique et du spectacle . Maurice Chevalier contribua à cette œuvre et fut élu président d ' honneur de la fondation qui porte actuellement son nom .

Et la ronde continue ...

On peut citer la présence de Tolstoï, faisant une cure à Forges­les-Bains, dont les sources avaient une certaine réputation. "Dans cette localité , il y a plusieurs sources minérales froides. Ces sources d'une limpidité parfaite , contiennent [ .. . ] des carbonates terreux, des su lfates de chaux et de soude , du ch lorure de ca lcium , de magnésium et sodium, des traces de fe r, quelques silicates et une substance organique assez abondante [ ... ] . Trop de témoignages déposent aujourd ' hui en faveur de ces eaux pour qu 'on puisse révoquer en doute leur efficacité dans les maladies diathésiques ou humorales [ ... ]" (Monographie d ' instituteur: Forges-les-Bains).

De mai à août 1911, Lénine séjourne à Longjumeau au 91 Grande Rue . Il crée au n° 17 la première école clandestine du parti , où enseignèrent Zimoviev et Kamenev. De là, Lénine alla it souvent visiter ses enfants à Draveil , 108 avenue Henri-Barbuse.

La beauté de ces contrées ne ma nqua pas non plus de charmer les peintres. Passage obligé vers Fonta inebleau et Barbizon , l ' Essonne accue illa de nombreux impress ion istes. Eugène Delacroix possédait un atelier à Champrosay ; Ferdinand Léger, le sien à Gif-sur-Yvette. Il y meurt en 1955 et l'on peut encore admi­rer sa tombe , que l'artiste lui-même avait décoré de mosaïques, peu avant sa mort.

Draveil à 1 'heure de la bohème

C'est dans les années 1880 que Félix Tournachon , dit "Nadar", achète à Draveil l' Ermitage de Sénart. Dans les environs , il y retrouve des amis : Edouard Drumond à Soisy, Frédéric Villot à

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2 1. COI18EIL - Cns \ ei-Jolt- Propruilè \Vul<l~t·k-Housoeuu

Nadar et Waldeck-Rousseau, défenseurs de la cause Dreyfus (Archives départementales) .

Champrosay, et surtout Alphonse Daudet, son vieux "Da uduche", son ancien compagnon de bohème.

"Nous allons voir Nadar à l'Ermitage. Dans le jardin , Nadar et un vie il ami, tous deux en vie illes vareuses rouges, en repêcheurs de macchabées, sont assis à une table devant une bouteille d 'eau­de-vie d 'épicier [ ... ]. La maison est joliment enveloppée de plantes grimpantes ; mais le pittoresque de l'habitation forestière est tué par la présence de ces deux hommes, qui semblent y mettre la vieillesse sordide de la bohème. Nadar nous fait visiter la maison , où l'on trouve au rez-de-chaussée une grande pièce à haute che­minée , avec d es murs ta pissés d 'assiettes de village , avec des glaces , dont les fê lu res sont cachées par des to mbés de fleurs peintes, et meublée de quelques ferroneries , de quelques biblots enfantins, de souches d 'arbres ressemblant à des pieds desséchés : une salle présentant un caractère flamand rustique , qui n'est pas sans charme" (Edmond et Jules de Goncourt, Journal).

Lors d 'un voyage en Italie , sa femme frappée d ' hémiplégie, est vo uée à l' immobilité. Nadar se retire définitivement à l'Ermitage en compagnie de la malade pour laque lle il construit une sorte d ' ascenseur afin de lui faciliter l'accès du premier étage. En 1895, âgé de 75 ans, il quitte cette demeure pour Marseille.

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Chateaubriand à Savigny

Le succès d'Atala , l'ayant déterminé à recommencer le Génie du Christianisme, dont il y avait déjà deux volumes imprimés, Chateaubriand s' installe le 22 mai 1801 da ns la maison louée par Madame de Beaumont à Savigny-su r-Orge, et y passe six mois à refondre l'œuvre. "La maison était située à l'entrée du vi llage , du côté de Paris, près d ' un vieux grand chemin qu'on appelle dans le pays Le Chemin de Henri IV ; elle était adossée à un côteau de vigne et avait en face le parc de Savigny, terminé par un rideau de bois et traversé par la petite rivière de l'Orge. Sur la gauche s'éten­dait la plaine de Viry, jusqu'aux Fontaines de Juvisy. Tout autour de ce pays , on trouve des vallées , où nous allions le so ir à la découverte de quelques promenades nouvelles.

Le matin , nous déjeunions ensemble ; après déjeuner, je me retirais à mon travail ; Madame de Beaumont avait la bonté de copier les citations que je lui indiquais. Cette noble femme m 'a offert un asile lorsque je n'en avais pas : sans la paix qu 'elle m 'a donnée , je n'aurais peut-être jamais fini un ouvrage que je n' avais pu achever pendant mes malheurs" (Chateaubri and, Mémoires d 'Outre-Tombe).

h.S.\0,\'NES - Aurit·" '"' Ri.;id,·llrr tlt: Bo·utndiu ,/,· St~iu l Pi,-rtt•

_, , . (C'est d.1ns ('('lie 1'illa fill e 1"11IU6tre auteur icrh·it /,:7"-.--/.~ ,~f'~L.,._ ·:_ _ :··2./:1:_ 1on œu,re s1 uwchanle de l'aul • t r u a •n•l!·!

Bernardin de Saint-Pierre, remarquable précurseur de Chateaubriand dont il a annoncé les thèmes romantiques (Archives départementales).

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CHAMPROSA Y fS.-et·O.). - 1'11/a .4/phonse Daudet.

Le "coin " de Daudet en lisière de forêt (Coll. pers.).

Daudet à Champrosay

En 1867 , Alph o nse Da udet é po use Julia All a rd e t fa it la connaissance de la commune de Champrosay. Ses beaux-parents y possèdent en effet une résidence secondaire où le couple séjourne à plusieurs reprises jusqu· en 1887. A cette date. Daudet achète , dans le voisinage de la "Maison Allard··. une grande demeure bourgeoise bâtie sous Louis Philippe. avec un domaine de six hec­tares : le parc descendait jusqu'à la Seine : on y avait aménagé des terrasses . un jardin d'hiver, un pavillon exagonal qui jouxtait la maison , où l'écrivain disposait de son .. coin''. "Bien avant le jour, j'étais installé à ma table en bois blanc, à deux pas de mon lit dans le cabinet de toilette . J ' écrivais à la lampe, sous une fenêtre à tabatière , froide de rosée , qui me rappelait les années de misère du début. "

A l'en croire , c'est a lors que jaill issait le me illeur sous sa plume : "Les meilleures pages s'écrivent encore à Champrosay. A la cam­pagne l'espace est vaste, l'air libre, le temps long e t, disposant à son gré de sa personne et de ses heures, on a sur tout la sécurité de cette indépendance. " Champrosay et la forêt de Sénart seront

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pour lui un sujet d ' inspiration. En 1872 il publie Robert Helmont, roman insp iré de la guerre de 1870, dont certains événements se déroulent à l'Ermitage ; en 1875, Jack, dont le héros est le double romanesque d 'un certain Raoul Dubief, son voisin à Champrosay ; en 1895 , La Pet ite Paroisse , d é nomm ée , dans la com m une "Paroisse des cocus" depuis la publication du récit.

C'est ici que Daude t receva it ses a mis. Ses voisins Nadar et Drumont, Zola , qu i lui rendait souvent l' invita tion à Medan , etc. Et surtout Edmond de Goncourt, qui descendait toujours à la gare de Ris-Orangis, les bras chargés de gâ teries.

"Le jeune Hugo vient très a imablement me chercher pour nous rendre avec sa mère chez Daudet [ ... ]. C'est bon un toit affectueux et une chambre où on sent la vigilance amie de la maîtresse de maison" (Edmond et Jules de Goncourt- Journal).

Champrosay, qui souvent avait été pour les deux amis un havre de béatitude , devient le tombeau d 'Edmond. En juillet 1896, une pneumonie se déclare brusquement et, malgré l' intervention du médecin emporte Goncourt en quelques heures.

Après le départ de ses amis, qui apportaient un peu de Paris, Daudet était envahi par la nostalgie de la capitale. Malade, il révait de Champrosay, refuge douillet, site soli taire qui épargnait l'humi­liation de la compassion. Mais une fois la crise passée , le goût de vivre prenait le dessus, et il découvrait mi lle et un prétextes pour répondre à l'appel de Paris , des éditeurs, des réceptions, e tc.

Sand à Palaiseau

Le 8 ja nvier 1864, George Sand, accompagnée de son ami Alexandre Manceau, quitte Nohant, souhaitant dénicher dans la région parisienne une retraite favorable à son travail. Le 7 février, elle note dans son agenda : "Nous sommes à midi en route pour Palaiseau , à 1 h. 1/2 à la maisonnette. Tout bien vu et considéré, nous nous décidons. [ ... ] Nous apprenons avec plaisir que la popu­la tion n'est pas dévôte, et avec moins de plaisir, que le loueur de vo itures manque de voitures ! La maison est charmante , le pays délicieux, et un calme, un silence admirable ."

Le 12 juin elle écrit à son fils :

"Me voilà installée à Palaiseau, après avoir bien dîné et contem­plé la maisonnette qu i est ravissante de propreté et de confortable [ .. . ]. Le ja rdinet est charmant quoiqu 'en dise Manceau, c 'est une assiette de verdure avec un petit diamant d 'eau au milieu, le tout

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"La maison est charmante, le pays délicieux et un calme, un silence admirables" . (Correspondance) (Archives départementales).

placé dans un paysage admirable, un vrai Ruysdaël." Elle trouve à Palaiseau l'isolement complet. propice au travail. qui lui fait penser à sa propriété de Gargilesse : '·Rien d' intéressant à vous dire de Palaiseau où nous vivons en ermites ; on y est bien pour tra­vailler··. Un an après leur arrivée dans le village. l'état de santé de Manceau s'aggrave. Malgré les soins dévoués de Sand, '·mon pauvre ami a cessé de souffrir. Je remercie Dieu, au milieu de ma douleur, de lui avoir épargné les horreurs de l'agonie" .

Le surlendemain Manceau est inhumé au vieux cimetière situé autour de l'église. Maurice , qui assistait aux obsèques, ramène sa mère pour quelques temps à Nohant. "Ma fille. tout est fin i . Je pars d imanche pour Nohant avec Maurice qui est venu m 'aider à l'ensevelir et m 'emmener" . De retour à Palaiseau , elle écrit plu­sieurs ouvrages dont M onsieur Sylvestre . L e village et sa maison serviront de cadre au roman. "Ce vi llage n'a qu'une rue, mais d 'une demi-lieue de long. Il suit à mi-côte une colline qui fait face à celle dont j 'ai la vue ...

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Mais en 1869 Georges Sand décide de vendre la maison de Palaiseau ... Il est vrai que je me suis décidée à vendre une toute petite maison que j'avais achetée à Pala iseau [ ... ].Je ne vends pas mon Ermitage par détresse , mais par économie afin de n'avoir pas deux domiciles, deux mobiliers et deux domestiques. Simplifier sa vie à mesure qu 'on a moins de besoins dans la vie est une chose simple et facile à la portée de tout le monde [ ... ]. Un ami bien cher m'a quitté pour un monde meilleur. Mes enfants qu i avaient cher­ché à s'établi r dans mon voisinage, ont é té rappelés en Berry par des intérêts bien entendus . La vie est trop courte pour qu 'on la passe à changer de domicile et c'est vers celui de mes enfants que j ' irai le plus souvenf'.

Cocteau reste à Milly

Le 19 mars 1955. Jean Cocteau est fait citoyen d'honneur de la ville de Milly-la-Forêt. A cette occasion. M. Darbonne. maire, pro­nonce son discours : .. Nous ne pouvions rester insensibles au pres­tige universel qui en jaillirait sur nous. Nos enfants sont heureux de savoir qu 'il existe maintenant à côté du Milly de Lamartine, un Milly de J ean Cocteau. J 'espère que vous ne nous quitterez pas!"

12. Milly (.'i,-1'1-0.) - C:llll /11 '111' Si- 11/(lise

Un "cadre" pour l 'éternité (Archives départementales).

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Ce à quoi Cocteau répond par cette phrase prophét ique : "Vous m 'a urez pour l'éternité ." Décédé dans la commune le 11 octobre 1963, J ean Cocteau repose actuellement da ns le sol de la chapelle Sain t-B la ise-des-Simples , sous une da ll e qu i porte son nom et ses mots : "Je reste avec vous. " Cet édifice a ppartenait à une maladrerie détruite a u XVIII• siècle. Seule demeura la cha­pelle , vide et oubliée.

En 1959 le conseil municipal demande alors à Cocteau de la décorer, comme il l' avait fait pour la chape ll e des Pêcheurs de Vi llefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Le maître choisit le thème des S impl es, plantes m éd ic in a les du pays . C'est auto ur de soixante-dix espèces que Cocteau est tout d 'abord inhumé dans le jardin de la chapelle. Son corps sera transféré à l'intérieur le 23 avril 1964 sur requête de la famill e. "C'est à Milly que j 'ai décou­vert la chose la plus rare au monde : un cadre. "

2318 . Vallée de Ch<:"Vveuse- GIF- Le Couve nt Pr.opt,iét é de Madame A d am. J:.. M.

Un salon littéraire et politique influent sous la. Troisième République (Arch ives départementales).

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" IL ÉTAIT BEAU" LE POSTILLON DE LONGJUMEAU

Il é ta it une fois un postillon nommé Cha pe lou qui disparait de Longjumeau le so ir de ses noces. Sa femme Madela ine , servante à l'a uberge du re la is, ne le retrouvera q ue di x a ns plus tard et le ramènera da ns leur foyer .. . Tout cela pa rce "qu' il éta it beau le pos­tillo n de Longjumeau"!

Nous sommes en 1836. Adolphe Adam a trente-trois a ns.

Compositeur reconnu depuis déjà quelques a nnées , il s ' installe a u château de Mont-Huchet à Saulx-les-Chartreux. C'est depuis ce domaine qu ' il compose la musique du "Postillon de Longjumeau", re nda nt ainsi célèbre le nom de cette ville .

LONGJU MEAU (S .. et-0.) Cour du Musée d'Hi stoire Natu r elle dan s l 'ancien Hôtel du Dauphin

c Fonda t·ion llo ct eur t 'at /tPlt?H

r ·est dans cr/le mai.,on, dite de /.'t'péc ?'oyale, IJIW /1tt signée le 23 mars L5ü8 la pa1a; de l.ongjwn ea1t, rtite /Jotteuse ou. mal assise

qui mit fin à la seconde guerre de ·religron entre les CathoLiques et les t•·rotestants

L 'hôte l du Dauphin, re/ais de poste de Longjumeau, voit sa fe rmeture avec l'arrivée du chemin de fe r (A rchives départe me ntales).

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Mes amis écoutez l'histoire D'un jeune et galant postillon C'est vérid ique. on peut m'en croire Et connu dans tout le canton . Quand il passait dans le vi llage Tout le beau sexe était ravi Et le cœur de la plus sauvage Galopait en croupe avec lui .

Mainte dame de haut parage En l'absence de son mari Exprès se mettait en voyage Pour être conduite par lui, Aux procédés toujours fidèle On savait qu ·adroit postillon S'il versait parfois une belle Ce n'était pas sur le gazon.

Mais pour conduire un équipage Voilà qu'un soir il est parti Depuis ce temps dans le village On n'entend plus parler de lui . Mais ne déplorez pas sa perte Car de l 'Hymen suivant la lo i La reine d 'une ile déserte De ses sujets l'a nommé roi

Oh! Oh! Oh! Oh! qu' il était beau Le postillon de Longjumeau ; Oh! Oh! Oh! Oh! qu'il était beau Qu' il était beau. Le postillon de Longjumeau, Le postillon de Longjumeau, Ah! qu' il est beau, qu ' il est beau, Qu ' il est beau, Le posti llon de Longjumeau Ah! qu' il est beau, qu ' il est beau, Qu ' il est beau, Le postillon de Longjumeau.

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Le postillon pose pour la postérité (Archives départementales) .

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Peu après sa créat ion , cet opéra com iqu e de Leuven et Brunswick sur la musique d'Adolphe Adam, est représenté pour la première fois à Paris au théatre de l'Opéra Comique.

"Sur la place de l'Hôtel de Ville, en bordure de la Grande Rue , s'élève le monument d 'Adolphe Adam . [ ... ] Le buste en bronze du composite ur surmonte une haute stè le où s'appuie le postillon légendaire , de fort be lle a ll ure " (Monographie d 'i nstituteur : Longjumeau).

Ce monument é levé le 23 mai 1897 après une souscription nationale ouverte par la ville de Longjumeau sur l'initiative de son maire M. Robelin. est l'œuvre du sculpteur Paul Fournier. Le dimanche 17 mai 1936 eurent lieu les festivités du centenaire de la création de l'opéra. Présents à cette manifestation. deux artistes célèbres de l'Opéra, Miguel Villabella et Yvonne Brothier.

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UN PUITS DE SCIENCES

La vocation scientifique du département est très ancienne. Dès le XVIIe siècle, en 1665, l'Académie des Scienc'es décide d 'entre­prendre la mesure précise de la longueur d ' un méridien terrestre par la méthode de triangulation. Labbé J ean Picard , astronome , est chargé de ce travail en 1670. Il mesure alors la longueur de la route royale reliant Villejuif à Juvisy, parfaitement droite sur cette distance .

Sur le même parcours, la méridienne de France est de nouveau mesurée en 1740 par deux astronomes, MM. Cassini et Lacaille . Cette mesure permit d 'établir la premiè re carte de France dite Carte de Cass ini , achevée sous Louis XVI. Commémorant ces deux événements, l'Académie des Sciences lance l' édification de la Pyramide de Juvisy, monume nt bien connu des automobilistes qui la croisent journellement sur la route nationale 7 .

En 1738, la tour de Montlhéry servit à effectuer des expériences sur la mesure du vent. En juill e t 1772, le chanoine Desforges , per-

1;~- JUVI SY fS. ·rl·Û.)- l .a p_,.,.a,ude - E lle Jêtcnninc un point géodésique; propriété de l'A cM~mic cles Scitncc~. A u1rcfu1s, on y lisait cell e devise: u Oidu, le ltoi, les Dames. u

.- .... ~-·a .

. A. MAUQUIOXO!'i1 i nÙ!· ."É-,Ih . lJ

La pyramide, "ex trémité sud de la base géodésique de Villejuif à Juuisy" (Archives départementales) .

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sonnage original , tenta de s'envoler du haut de la tour Guinette d ' Etamp es. Il av a it confec tionn é , te l Icare, un e " gondole aérienne" . Mais la tentative se révéla malheureuse et le chano ine en fut quitte pour quelques contusions. Deux ans plus tard , il écri ­vait un " Essai sur l 'art du vol aérien" !

L a tour de Montlhéry sera util isée à nouveau en 1822 p ar Fresnel pour mesurer cette fois la vitesse du son .

Le télégraphe arrive

Un télégraph e Chappe sera installé trois ans après à son som­m et : il s'agit là d ' un systèm e pra t ique conçu par l ' ingénieur Claude Chappe et permettant de transmettre des messages. Ce scientifique avait mis au point un dispositif composé de trois règles en bois placées au sommet d 'un mât et manœuvrées grâce à des cordes. Ces règles formai ent des signaux codés perceptib les à l'aide d 'une lunette par un observateur posté à une distance de plusieurs lieues. L es signaux reçus étaient retransmis de station en station .

L a convention décida en 1793 la construction de la première ligne du télégraphe Chappe reliant Paris à Lille ; elle fonctionna le 1er septembre 1794.

Le réseau français atteignit 5.000 kms en 1844. Il permettait à vingt-neuf v illes de correspondre avec Paris par l ' intermédiaire de 534 stations.

Camille Flammarion et 1 'observatoire de Juvisy

Trois ans après la publication de l'Astronomie Populaire (1879) , Camille Flammarion s' installe dans notre département. Ancienne auberge "A la Cour de France" , la demeure de Juvisy est achetée en 1856 par M . Meret. Amateur d'astronomie, il y pose une lunette et réalise quelques observations. En 1870, il se retire à Bourdeaux et, grand amateur de Camille Flammarion , lui offre sa propriété. Ce dernier emménage en 1882 et fait transformer les bâtiments. Il confectionne une coupole d 'observation de cinq mètres de dia­mètre, qui remplace une par tie du toit. On pénètre dans l'observa­toire par un portail monumental por tant l ' inscription "A d ueritatem per scientiam " : à la vérité par la science.

L a propriété primitive se compose d 'un te rrain supérieur qui semble fortifié par une muraille ancienne. En 1894, Flammari on achète la partie inférieure du parc aboutissant à la grille Louis XIV

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"Ad Veritatem per Scientiam" (Archives départementa les) .

face à l'égli se. Ce si te devient a lors un cham p d 'expériences consacrées aux é tudes agronomiques. Les savants les plus illustres rendront visite à notre astronome, et feront, chez lui , d ' importantes trouvai lles : M. Quen isset , chargé d e service a stro nomique , découvre la comète principale de l'année 1893. M. Antonialdi prend en 1902 la photo de l' auréole spéciale de l'Etoile de Persée. M. Benoit photographie les principaux amas d 'étoiles de Messier. M. Matthieu expéri mente l' influence de l'électricité sur la végé ta­tion.

En 1894, Camille Flammarion annexe à l'observatoire une sta­tion de climatologie agricole afin d 'étudier l'action de la lumière sur les végétaux. Dans la partie inférieure du parc, jouxtant les écoles municipa les, il fonde un établissement secondaire d ' horti­culture dont les candidats se recrutent dans les écoles primaires.

Camille Flammario n travaill era à Juv isy jusqu'à sa mort en 1925. Avec le décès de sa femme en 1962, l'observatoire est légué à la Société Astronomique de France qu 'il avait créé en 1887.

(l 'Astronomie Populaire , introduction) .

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C'EST LA FÊTE AU VILLAGE !

Nous ne citerons ici que quelques fêtes patronales et tradition­nelles:

La Saint-Vincent (patron des vignerons)

"Autrefois dans cette paroisse [Saulx-les-Chartreux], le fête du grand Saint Vincent était célébrée le jour de son incidence [22 jan­vier]. C'était une fête carillonnée qui mettait toute la population en joie. Chacun mettait ses plus beaux habits. La Sainte Messe et les Vêpres étaient chantées à grand orchestre et à lutrin complet ; il aurait fallu être bien malade pour manquer d 'assister aux offices. Le pain bénit était solennellement rendu par la corporation des v ignerons et ce jour là, pour honorer saint Vincent, second patron de la paroisse, tout le monde se disait v igneron , même M. le curé" . (Abbé Chaudé, Histoire de Saulx-les-Chartreux)

ColL Poul Allorge ~tontlhéry .. Sérle

(Archives départementales).

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Deux idées maîtresses dans ce culte populaire : la bénédiction du pain , et la distribution gratuite de vin. Mais selon les com­munes, le culte revêt des formes différentes :

A Epinay-sur-Orge , un énorme pain est porté en procession à travers le village par deux hommes, jusqu 'à l'église. De ce pain , sort un jet de vin. Après la bénédiction, il est d istribué aux vigne­rons. La messe terminée , la procession reprend avec à sa tête de jeunes gens portant une branche de sapin , à laquelle sont suspen­dues des grappes de raisin et des oranges. Comme pour toute fête , la journée se termine par un grand bal.

Etréchy : on retrouve la même cérémonie de bénédiction du pain . Après la messe , une procession se rend au grand puits du vil­lage surmonté d ' une statue de saint Vincent, qu i est a lors fleurie.

Grigny : la journée commence par l'élection de la "fille de Saint Vincent". Après la cérémonie religieuse , celle-ci prend la tête d 'un cortège promenant à travers le village un gros bouquet de fleurs , vers le lieu du banquet qui réunit tous les vignerons.

(Archives départementales).

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Leuville-sur-Orge : deux enfants de la commune apportent en procession à l'église , une statue du saint recouverte d ' un voile. Celui-ci est retiré lors de la cérémonie pour la bénédiction, puis ressort pour être promené dans la vi lle. Le soir après le bal, ceux qui sont un peu trop gais , vont arroser la statue du saint. On trouve devant la ferme de chaque vigneron une barrique de vin dans laquelle chacun peut puiser à volonté. Certaines années, la statue du saint est une brioche confectionnée par le boulanger.

Longpont : chaque année , des jeunes gens confectionnent une hotte en pâte imperméable dans laque lle on verse du vin. Après la messe , un vigneron place cette hotte sur ses épaules et fa it le tour du vi llage en donnant à boire à qui veut. La hotte vide , le vigne­ron va rendre visite à ses confrères qui la remplissent à nouveau.

Montlhéry : après la messe, les jeunes gens munis de seaux se rendent chez les vignerons qui leur donnent du vin. Tout ce vin est ensuite rassemblé chez un marchand qui le distribue gratuitement à ceux qui viennent en chercher. On appelle cela les "aubades".

Palaiseau : les vignerons se rendent à la messe vêtus de leur blouse et la coiffure garnie de feui lles de vignes sèches. Ils empor­tent également avec eux des gâteaux que le curé bénit. La cérémo­nie est suivie d ' un grand banquet. Puis les vignerons endossent leur "bachou", un petit tonneau , et en cortège derrière les violon­neux, défilent dans le village proposant aux habitants de goûter le vin nouveau.

Verrière- le-Buisson : un mois avant la Saint-Vincent , chaque vigneron donne à des quêteurs un certain nombre de litres de vin , proportionnel à la récolte de l'année. Ce vin est ensuite d istribué lors du grand banquet de la Saint-Vincent.

Wissoux : après la messe , un vigneron désigné chaque année va à travers les rues , tenant d ' une main un pot d e vin appe lé Bacchus, et de l'autre un verre. Il verse à boire à qui lui demande. Le pot vidé, l'homme entre chez le premier vigneron qu ' il ren­contre et le fait remplir, puis continue sa tournée jusqu'au soir.

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A l'occasion des différents banquets, les convives entonnent la chanson de la Saint-Vincent. Il en existe plusieurs selon les com­munes. Nous citerons celle de Leuville-sur-Orge :

Grand Saint Vincent vous qui avez fait naître Sur votre nom l'espoir du vigneron Nous chanterons à jamais votre fête

Nous chanterons à jamais votre nom.

Une chanson à table nous réveille Amis buvons , chantons comme le doit un buveur

Est-ce possible que l'on cesse d 'en boire Puisqu'on ne peut cesser de le chanter.

S i votre femme vous jette un coup d 'a ile Si vous avez quelques sombres chagrins

Ah croyez-moi, videz une bouteille

Le Carnaval

Et le souci se noiera dans le vin .

De Saint Vincent célébrons tous la fête Célébrons le vin , les rires et les amours

Nous célébrerons en ce jour de fête Nous chanterons à jamais votre nom.

"Le 14 courant [mardi], jour du Mardi-Gras, su ivant une très ancienne tradition, la place du marché était en effervescence. Un bûcher se dressait sur lequel fût brûlé le trop galant Bineau, amené en grande pompe vers 18 h 30. Sans doute pour atténuer la dou­leur du supplicié , à moins que ce ne fut pour lui faire davantage regretter la vie, un pick-up jouait des airs entraînants pendant le supplice. La victime ne poussa pas un cri, par contre il y eut des choses curieuses, qui emmervei llèrent les grandes personnes et encore plus les enfants , car Bineau possédait, dans son abdomen, des pétards et des feux de bengale du plus bon effet. Quand il ne restait plus que des cendres , la foule se dispersa gaiement" .

(La gazette de Seine-et-Marne du 15 fév rier 1934)

La tradition de cette fête du Mardi-Gras est le mannequin de paille promené dans la commune avant d 'être brûlé sur un bûcher. En règle générale , au moment de l'exécution le mannequin est

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(Archives départementales).

entouré de villageois déguisés. Contrairement à la fête de la Sa int­Jean , le bûche r n'est pas un e construction spécifique , sur un e mpl ace ment déterminé par la coutume. La se ul e exception semble être Arpajon : les enfants du village faisaient une quête de fagots auprès des habitants, et, lors d 'une cérémonie tout à fai t solennelle, on construisait le bûcher sur la place du marché, lieu déterminé par la tradition .

Selon les communes, le mannequin était brûlé so it le Mardi ­Gras , soit le Mercredi des Cendres. Quelques exceptions cepen­dant : à Pecqueuse et au Val -Saint-Germai n , on brûlait le bon­homm e le " Dim a nc h e d es Brandons ", dimanche qu i s u it Mardi-Gras. Dans la majeure pa rtie du département, le mannequin porte le nom de "Mardi-Gras" :

- à Longjumeau : Mardi-Gras était promené dans la commune, suivi d ' un défil é de gens déguisés , et le soi r le bonhomme éta it brûlé pendant que la fanfare jouait des a irs de circonstance. Les habita nts dansaient autour du foyer en chantant : "Mard i-Gras , t'en vas pas , on fera des crèpes et t'en mangeras"

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- à Champlan , à La Ferté-Ala is : on dansait autour du bûcher en criant "brûlons Carème-Prenant".

Un nom particulier se rencontre dans certaines communes de la région d 'Arpajon : on le nomme "Bi neau" ou "Binât" . Citons Brétigny, Bruyères-le-Châtel , Linas, Leuville, Marcoussis , Marolles­en-Hurepoix, Saint-Chéron ,

Saint-Sulpice-de-Favières : Bineau était alors promené dans tout le village , hué , et traîné devant un simulacre de tribunal public . Condamné à mort "pour ses crimes", il était brûlé sur le bûcher.

A l'origine de cette tradition , plusieurs hypothèses :

Dans la région de Marcoussis, on raconte qu 'elle perpétue la triste renommée d ' un satyre qui se cachait dans les bois , fut pris et brûlé vif à Arpajon. Dans la région de Saint-Sulpice , la tradition veut qu'i l s'agisse de l' évocation d ' un fort méchant seigneur de l'ancien temps.

Variantes de la coutume

- Itteville : le mannequin de paille é tait promené dans la com­mune avant d ' être brûlé. Il y en avait toujours un deuxième, tout petit, qui n'était pas brûlé car c'était le Mardi-Gras de l'année su i­vante. Il avait tout l'année pour grandir et subir le même sort que son prédécesseur.

- Mennecy : il s 'agit là d 'un cas unique dans le Hurepoix, en vogue jusqu'en 1934: le dimanche précédent se déroule un défilé de chars à grand renfort de musique pour annoncer la fête du mardi. Le mardi : les chars sont remis en mouvement, remorquant une grande croix de paille. Son symbole n'est pas connu , mais il ne faut pas y voir un plagiat de la crucifixion. Pendant le défilé , les musiciens et chanteurs qu i accompagnent les chars entonnent une célèbre complainte :

Mardi Gras est mort, Dieu quel sort (b is) Bacchus n'a-t-il pas grand tort D'y avoir fracassé la mâchoire A force , à force de le faire boire (bis)

~intendant du Mardi Gras qu i était là (bis) S i saoûl qu ' il n'en pouvait pas Dit à son ami Grégo ire Verse-moi une coupe à boire (bis)

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Mais le carême lui dit : Gros Mardi (bis) Il te faut sortir d ' ici Je te vais, je te vais, livrer la guerre Si tu ne sors pas de ces terres (bis)

Mais il était bien vaillant et puissant (bis) D'plus cinq cents millions d ' harengs. Chasse au loin ta vaniture (bis) Ton poisson, ton poisson n' est qu 'pourriture

Le Gros Mardi bien plus hardi (bis) Se défendit avec sa broche à rôti Poêle à frire et casserole (bis) Le combat, le combat fût assez drôle.

Mes chers amis , portons le deuil (bis) Par malheur Mardi Gras est au cercueil De sa noble sépulture Pâques en vé .. . Pâques en verra l'ouverture (bis).

Des quêteurs sollicitent la générosité des spectateurs, une canti­nière ayant un petit baril de vin en sautoir offre des rasades moyennant finance. Des arrêts sont prescrits , notamment sur la place de la Mairie et devant des cabarets où on rempli t le baril des cantinières. A la nuit tombée : rassemblement sur un terrain situé à bonne distance des habitations. On dresse la croix, on y met le feu et la complainte est chantée une dernière fois.

Les feux de la Saint-Jean

Contrairement au bûcher de Carnaval , celui de la Saint-Jean est une construction déterminée par une tradition. Il s 'agit d 'un agencement particulier de fagots en forme de meule avec un mât central appelé "Mai".

A Gometz-la-Ville , on choisissait l'arbre qui prendra sa place au centre du bûcher. Avant de le couper, chaque famille attache aux branches des bouquets de fleurs des champs. Puis les jeunes gens du village coupent l'arbre. Les enfants vont ensuite chercher chez les habitants des fagots ou des bottes de paille, appelés "bourrés", que l'on amoncelle autour de l'arbre bien scellé en terre.

Avant d 'y mettre le feu , Mai est vendu aux enchères.

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(Archives départementales).

Ce Mai de la Saint-Jean avait sans aucun doute un caractère plus ou moins sacré , puisque dans la plupart des communes de notre département, il était béni par le curé du village avant qu 'il ne l' embrase. A Gometz-la-Ville, on indique qu ' un remplaçant est possible. Il s'agit dans ce cas là du plus vieil homme du village.

Au sommet de ce Mai étaient placées des plantes ou fleurs appelées "herbes de la Saint-Jean". Laisser brûler ce bouquet aug­mentait la valeur symbolique du feu. Dans plusieurs cas , pour évi ­ter leur destruction par le feu , on pouvait avoir recours à deux solutions :

A Boullay-les-Troux par exemple, on les descendait à coup de fusil , ou bien on faisait grimper au sommet du mât les plus adroits des jeunes gens. Un fragment de ce bouquet portait bonheur à celui qui le rapportait, et assurait même un prochain mariage.

Dans plusieurs communes, on sautait le feu pour ne pas être malade et avoir du bonheur. A Gif-sur-Yvette , au Val -Saint­Germain, on ramassait les tisons le lendemain pour préserver sa maison de la foudre. A Gometz-le-Châtel : on récupérait les char­dons pour se préserver des puces.

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1 -t ~ ~ CORBElL .. - Les Granâs Moulius

Décnarg~ment des 8ateaux de Blé .. A. R.

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Une autre coutume dans la région de Limours : les cendres et tisons étaient le lendemain soigneusement ramassés et mis dans des marmites d 'eau. Cette eau servait à "vitrioler" le blé , opération qui consiste à mouiller le blé avec du vitriol dilué dans cette eau avant de le semer pour éviter qu 'il ne devienne noir.

Jeux populaires

Toutes ces réjouissances sont bien entendu accompagnées de jeux : "Cri bou boulette , un deux trois" : c'est un jeu d' Evry-Petit­Bourg. Il s 'agit de sauter sur le dos de quatre joueurs baissés comme à saute-mouton. Celui qui saute le plus loin a gagné.

"La Godiche" : jeu d'Evry-Petit-Bourg ; on pose sur une pierre un morceau de tuile. Le joueur, à l' aide d 'un autre morceau de tuile, doit la faire tomber.

"La Tapette" (la grande et la Petite) :jeu d 'Evry-Petit-bourg ; La Grande Tapette : on place devant une planche légèrement inclinée un tas de billes. Le joueur doit laisser tomber sur la planche une bille qui ira choquer le tas . Le gagnant est celui qui aura fait tom­ber le plus de billes.

La Petite Tapette : on retrouve la même planche inclinée. Mais là, le joueur doit essayer d 'envoyer sa bille le plus loin possible , toujours en la faisant tomber sur la planche.

A Longjumeau, les enfants jouaient avec une grande perche à laquelle pendaient des pruneaux. Les joueurs cherchaient à les attraper avec les dents sans y mettre les mains. Celui qui les y met­tait recevait un coup de trique.

Le jeu "d 'Esse" ou de "Clefs" : jeu de la région d'Etampes ; on utilise une grande table au bout de laquelle se trouve une fiche de fer. La table est enduite de savon. Les joueurs utilisent une pièce de fer appe lée "Esse" à cause de sa forme ressemblant à un S. Elle pèse près d 'un kg et mesure 4 cm de long sur 2 cm de large. Le joueur lance alors le S vers la fiche en le faisant glisser sur la table. Il faut s 'approcher le plus possible de la fiche.

Il y eut de nombreuses blessures parmi les assistants, ce qui pro­voqua deux arrêts d ' interdiction : le 16 juin 1779 et le 4 juillet 1781. Après la guerre de 1870, ce jeu se répand dans la région de Dourdan.

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20 Lon~pont <S.-et-0.)- L'Eglis~.-

-. ~:- -· _ .. :; ~ .u.:: . -:--=- .- - - ,_.....,..... -Vestige d; la fam~use Abbaye des Bénédi~n~ fo~·-d;' .... e_ a_u_· ~x-ro~Sïèclè par

Guy Trousselle, comte de Montlhéry et sa femme Hodienne. But de pèlerinage attirant une foule considérable le Dimanche, le lundi, et le

mardi de la Pentecôte, ainsi que dans les premiers jours de septembre. L'Église renferme un riche trésor (reliquaire).

Cet édifice devint très vite un haut lieu de pèlerinage, le miracle n'étant pas étranger à sa renommée (Coll. pers.).

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IL ÉTAIT UNE FOIS ...

A La Ville-du-Bois :

Un jour, les habitan ts de la Ville-du -Bois , conduits pa r le curé, s'en alla ie nt en processio n à Lo ngpont pour y chercher de l'eau . Comme ils passaient devant un vieux paysan , assis sur le pas de sa porte, celui-ci demanda au curé :

- Vous allez chercher de l'eau à Longpont, c 'est bien , mais où mettrez-vous cette eau puisque vous n'avez rien ?

Alors le curé sourit et lui répondit :

-T'en fait pas mon brave , j 'ai toutes les cruches derrière moi .. .

A Villebon:

Un curé voula nt traverser une rivière de la régio n, de manda à une lavandière , qui se trouva it no n lo in de là, de le porter sur son dos. Celle-ci accepta, mit le curé sur ses épaules et s'engagea dans la rivière qui éta it peu profo nde à cet e ndroit. Arrivée au milieu du cours d 'eau, la lavandière lui cria :

-Ca t ' fa it rie n d'être s' l' dos d ' une femme?

Le prêtre , estomaqué d 'une telle fa miliarité, resta bouche bée.

- Non, répondi t- il quand il lui fut possible de parler.

A ce mot, la femme le la issa tomber dans l'eau en lui disant :

- Coquin , puisque ça t' fa is rien d 'être su 'l'dos d' une femme, tu s' ras bie n mieux da ns l' eau.

A Longpont, la légende de la comtesse Hodierne :

La légende raconte que cette pie use femme portant des seaux (elle aida it à la construction de l'église ) s'arrê ta pour reprendre ha le ine deva nt le seuil d 'un forgero n, e t lui d emander comme nt elle pourrait fa ire pour porter son fardeau avec moins de fatigue. Cet homme brutal et inhuma in lui mo ntra une barre de fer qu ' il ava it fai t ro ugir a u fe u et qu ' il poussa à ses p ieds. La pieuse femme la ramassa sans le moindre inconvénient, et y suspendit ses deux seaux, a u grand éba hisseme nt du forgeron e t de sa femme qui ne pouva ie nt en croire leurs yeux e t la suiva ient du rega rd . La jeune comtesse continua sa route , ma is au retour, repassant devant la forge , e lle maud it les deux im pies, ce que fa isaie nt a utrefois les

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prophètes pour punir les méchants , e t le u r annonça leur mort avant l'a nnée révolue.

"Ainsi, dit-elle , en sera-t-il désormais de tous ceux qui viendront s'établir ici" .

Et de fait, les choses se passèrent comme elle ava it dit : pendant des s iècles, on ne vit aucun serrur ier ou forgeron s ' établi r à Longpont. Ce n' est qu 'à la fin du XIX• siècle , qu'un forgeron vint se fi xer dans la commune, après avoir fait bénir sa demeure . On conserve toujours la barre de fer à gauche du portail principal de l'église. De même à l' intérieur, au niveau de la nef, on peut admi­rer de supe rbes culs-de-lampes sculptés : la tradition veut qu ' ils représentent la comtesse, le forgeron et le d iable.

llU.XO-IlO NZ>:EVAUX (S.·Ct·O .) . • Retour ,Jo h I'•Nc'5ion le jour du Pèlcrm•ge

(A rchives dép artementales).

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A Cheptainville, la légende de Jean Collot

Un fermier, Jean Collot, ayant tué et caché le cadavre de son domestique qu' il ne pouvait payer, fut condamné à mort. Cexécu­tion eut lieu à Arpajon. On raconte que !orque le couperet de la guillotine fut tombé , Jean Collot pris sa tête entre ses mains et alla la reco ller sur son cou à la fontaine de Saint-Yon. Dans les bois situés au sud de Cheptainvi lle, un chemin est appelé "allée de Jean Collot" . Ce serait le chemin emprunté par Collot pour a ller enterrer sa victime.

Il s ' agit là d ' une transformation de la légende de saint Yon, compagnon de saint Denis, qui aurait été décapité sur la butte de la commune de Saint-Yon après avoir fait de nombreuses conver­sions dans la vallée de l'Orge.

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QUELQUES FAITS DIVERS ...

!:Abeille de Seine-et-Oise Dimanche 19 juin 1887

Nouvelles régionales Corbeil :

Mardi soir, au train venant de Paris et arrivant à Corbeil à 7 h 54, un Bavarois se trouvait dans un compartiment de troisième classe avec plusieurs habitants de Corbe il et d'Essonnes.

Sans y avoir été excité , notre Teuton se mit à traiter les Français de lâches et les femmes d 'épithètes du plus pur argot faubourien.

Un jeune homme d' Essonnes - dont nous regrettons de ne pas savoir le nom - releva ces grossièretés comme elles le méritaient. Le Prussien, furieux d 'être mis à sa place, n'en continua pas moins ses invectives et alla même jusqu'à menacer son contradicteur.

Notre concitoyen, très adroit à la boxe et au chausson, se crut en état de légitime défense et envoya au Teuton un maître coup de pied qui lui endommagea fortement son appendice nasal. Il voulut riposter, mal lui en prit : malgré sa taille et sa force, il reçut une correction dont il a du garder un cuisant souvenir.

Ce n'est pas tout. Arrivé à la gare de Corbeil, le Bavarois des­cendit et chercha à s'esquiver. Comme il n' avait pas de billet, l'employé l'empêcha de passer. Nouvelles insolences du Teuton. Pour le réduire à la raison , le chef ·de gare envoya chercher les gendarmes . La vue du tricorne calma cet énergumène qui finit par payer sa place. Comme sa position paraissait louche, le représen­tant de l' autorité le conduisit au poste où , après l'avoir fouill é consciencieusement, on constata qu 'il avait sur lui 4 .000 francs et un livret militaire prussien.

Après douze heures de claustration, on a rendu à la liberté ce fils de la blonde Allemagne.

Nous nous demandons si ce Tudesq ue, au gousset s i b ien fourni , ne serait pas quelque espion ; la chose n'a rien d ' impro­bable, car le même jour, vers 10 heures du soir, un deuxième Prussien est venu supplier le chef de gare de l'autoriser à prendre gratis le train , offrant de lui laisser son livret en gage.

C'était encore un livret militaire prussien .

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I.:Abeille de Seine-et-Oise Dimanche 19 juin 1887

Nouvelles régionales Corbeil :

Suivant l'habitude qu ' ils ont pris , messieurs les charcutiers continuent à se livrer à leur petit empoisonnement du fleuve.

C'est ainsi que ces soirs derniers , ayant dirigé notre promenade vers le quai de l' Instruction , nous avons vu un des garçons qui sont à leur service se disposer à jeter dans la Seine un seau rempli de détritus .

Dérangé par notre apparition , le garçon charcuti er a remis à une heure plus avancée de la so irée la besogne dont il était chargé.

Ma foi , messieurs, un bon conseil ; notre nouveau commissaire de police ne nous paraît pas du tout disposé à vous laisser infecter les habitants du quartier, ainsi donc , prenez garde.

I.:Abeille de Seine-et-Oise Dimanche 19 juin 1887

Nouvelles régionales Corbeil :

Il a été perdu, le 14 courant, un porte-monnaie contenant une certaine somme.

Prière de déposer l'objet trouvé au bureau du commissaire.

I.:Abeille de Seine-et-Oise Dimanche 19 juin 1887

Nouvelles régionales Soisy-sur-Ecole :

Au sujet du concours musical qui doit avoir lieu dans cette loca­lité , il nous revient de divers côtés que plusieurs fanfa res de l'arrondissement de Corbeil n ' ont pas reçu le programm e. Pourquoi?

Nous ne pouvons pas croire les dires de certains correspondants qui affirment que le comité a voulu ten ir à l'écart certaines sociétés dont la fanfare de Soisy avait eu jadis à se plaindre.

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(Archives départementales).

crue d e Janv:e•· 1 9 1 o .

{Archives départementales) .

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Nous pensons plutôt qu ' il y a là un simple oubli de la part des organisateurs , oubli qu 'ils se hâteront de réparer s' il en est temps encore.

I.:Abeille de Se ine-et-Oise Dimanche 8 juillet 1888

Nouvelles régionales Ormoy :

Acte de probité. Dern ièrement les frères Guerry, d 'Ormoy, ont trouvé sur la route une boîte contenant une douzaine de petites cuillers en argent qu' ils se sont empressés de déposer à la mairie et qui n'ont pas encore été réclamées.

Quelques jours p lus tard, les mêmes enfants on t éga lement trouvé un portefeuille qu' ils portèrent aussitôt à M. le Maire. Celui­ci , en compulsant les papiers contenus dans le portefeuille, n'eut pas de peine à en découvrir le propriétaire qui fu t tout heureux de rentrer en possession de son bien.

Nous envoyons aux frères Guerry nos cordiales fé licitations pour les de ux actes de probité qu ' ils ont accomp li s. Ces deux enfan ts font vraiment honneur à leurs parents qui ont sû leur insp i­rer de pare ils sentiments.

Le réveil d'Etampes Samedi 14 mars 1891

[électricité est, paraît-il , appelée à remplacer l'eau de javel.

M. Eugène Hermite vient de trouver un moyen de blanchir le linge par un procédé électrique , et cela sans le déteriorer en rien, sans brûler les fibres comme avec les épouvantables acides dont se servent nos blanchisseuses.

I.:Abeille de Seine-et-Oise Dimanche 15 juillet 1891

Nouvelles régionales Savigny-sur-orge :

Dans la nuit du 18 a u 19 juin des malfaite urs ont pénétré da ns la propriété de M. Roret , de Paris. En escaladant la muraille, celle­ci a cédé sous leur poids et s'est écroulée.

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(Archives départementales) .

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(Archives départementales).

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Le 30 juin, nouvelle visite des maraudeurs qui ont pillé entière­ment un cerisier.

La justice informe.

!:Abeille de Seine-et-Oise Jeudi 17 décembre 1896

Nouvelles régionales Draveil :

Le 11 courant, M. Gatineau, cultivateur à Mainville, s"aperçut qu 'on lui avait dérobé 4 mètres cubes de terre ou d 'une valeur de 25 francs. Il suivit la piste tracée par le voleur et arriva devant le jardin de la femme X ...

Interrogée par le garde-champêtre. celle-ci répondit qu ' un nommé Z ... avait apporté le terreau sans lui indiquer sa prove­nance. Elle ne l 'aurait pas accepté si elle avait su que c'était le produit d 'un larcin.

Procès-verbal pour vol n·en a pas moins été dressé contreZ ... et la femme X ... comme receleuse.

Le Réveil d 'Etampes Samedi 28 mai 1898

Chronique cantonale Guigneville :

La dame Macé Victorine-Appoline. femme Dassy, cultivatrice à Guigneville. canton de la Ferté-Alais, était poursuivie mercredi der­nier, devant le tribunal correctionnel d"Etampes pour mise en vente de lait falsifié.

Elle a déjà sub i une condamnation pour le même délit.

Le 26 avril 1898, le préposé de la laiterie cen trale à Vayres constatait que son lait était écrémé à 3 1 pour 100.

Depuis un mois déjà ce manège durait.

Plainte était donc déposée à la gendarmerie. Le tribunal correc­tionnel a condamné la femme Dassy à six jours de prison, 50 frs. d 'amende, à l ' insertion dans les deux journaux d"Etampes, à l'affi ­chage au nombre de vingt exemplaires, et aux dépens.

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(Archives départementales).

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Le Réveil d'Etampes Samedi 9 juin 1900

Chronique cantonale La Ferté-Alais :

Depuis longtemps, le ménage des époux X ... vit en mésintelli­gence ; il ne se passe pas de jour qu 'une querelle ne surgisse ; elle se traduit presque toujours par des violences. La jalousie de la femme en est la cause principale.

Le lundi 4 courant, à 11 heures du matin , une nouvelle scène, mais plus grave encore , puisque la femme s'était saisie d 'une cara­bine avec laquelle elle poursuivit son mari jusque dans la chambre à coucher où ce dernier s 'enferma.

Quelques minutes après le départ de la femme , un coup de revolver retentit dans cette chambre. Il est probable que le mari , ainsi qu' il l'a déclaré , aura , dans un moment de vive surexcitation , pris son revolver pour s'en servir contre lui-même et qu ' un des coups est parti par suite de maladresse. La balle a été retrouvée dans une cloison.

La gendarmerie a procédé à une enquête et dressé procès-ver­bal.

!:Abeille de Seine-et-Oise Jeudi 16 janvier 1902

Nouvelles régionales Villemoisson-sur-Orge :

Ces jours derniers, M. Chédeville, maître carrier, porta plainte contre le sieur X. , son ouvrier, qui avait emporté une fourche d ' une valeur de 3 francs.

Interrogé sur ce fait, X. avoua qu ' il avait pris l'outil , mais uni­quement pour se couvrir de ce que lu i devait son patron , la modique somme de 3 frs. 75. D'après X. , ce dernier avait refusé de lui solder son compte.

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Ruines de la Tour de Montlhér:

Un haut lieu scientifique (Coll. pers.).

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

BANNOUR (W.) , Alphonse Daudet, Bohème et Bourgeois , Perin , Paris 1990

BERTHEAU (G .) , Vieux métiers et pratiques oubliées à Paris, R égion Parisienne et ailleurs , Horvath.

CHALON (J .) , Chère Georges Sand , Grandes Biographies Flammarion, 1991.

CHATEAUBRIAND, Mémoires d 'Outre-Tombe, Livre de Poche, Paris 1981.

FLAMMARION (C.) , I..:Astronomie Populaire , C. Marjou et E. Flammarion Editeurs, Paris 1880.

FLAUBERT (G.) - SAND (G .), Correspondance, Flammarion , Paris 1981.

GONCOURT (E et J) , Journal, Mémoires de la Vie Littéraire , Robert Laffont, Paris 1989.

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MURRAY KENDALL (P) , Louis XI , Livre de Poche, Paris 1980.

POISSON (G.) , I..:Essonne dans la Seine-et-Oise d 'Autrefois , Horvath.

SAND (G.) , Correspondance , Classiques Garnier, Paris 1984.

SEIGNOLLE (C. et J.) , Le Folklore du Hurepoix : traditions populaires, J.P Maisonneuve et Larose , Paris 1939.

Monographies

Chaque commune du département a fait l'objet d ' une mono­graphie manuscrite , rédigée en 1899 par des instituteurs. Elles sont conservées aux Archives des Yvelines à Versailles , avec reproduc­tions aux Archives de l'Essonne à Corbeil.

BOURGERON (J.P) , GRUNBERG (E. ), Le Hurepoix , Evry, Ris­Orangis, Bondoufle, Courcouronnes, Lisses, Regards sur la carte postale , 1980

128

n

CAILLARD (M.) , Le travail salarié des Enfants et des Ado lescents en Essonne au XIX" siècle (Arrondissements de Corbeil et Etampes) , Centre Dé partemental de Documentation Pédagogique de l'Essonne, C.D.D.P, 1980.

COUBARD (G.) , Boussy-Saint-Antoine du Passé au Présent , Paris 1975.

DAUPHIN (G .), Palaiseau d'Hier et d'Aujourd'hui , 1970.

FUCHS (H.), Si Draveil m ' était conté , Vi ll efranch e-de­Rouergue , 1973.

Guide de la chapelle Saint-Blaise-Des-Simples de Milly -la-Forêt , Association des Amis de la chapelle , 1987.

JOUANEN (A.) , Histoire de Montlhéry , Syndicat d ' Initiative.

JUDITH (J.) , Mennecy, son histoire, sa vie , 1972.

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MICHEL (G.) , Corbeil et Essonnes des origines à la fusion , Libération-Presse "le Républicain", 1976.

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ROYER (P) , Draveil, un ancien raconte , 1991.

WIEST (L.) , Le Postillon de Longjumeau , Association Renaissance et Culture de Longjumeau, Paris 1985.

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Une construction miraculeuse au Xl• siècle (Archives départementales).

LES .\IOUUNS Dl~· FRANCE

Moulins de Brunehaut à .\1()/·irruy. près Etampes (S.-ct-0.) 1 C:t. Poisson propriétaire). 1 u. c. - o.

Par sa situation géographique, la région d 'Etampes accueillait de nombreux moulins (Arch ives départementales).

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t . • i ~ .,· . ·~ ... ....- · ., ·~~--~':t l'l '

H ôtel de la Duchesse d"Etampes (Arch ives départementales).

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26 - 1>1ontlhé.q• <S.-et-0.> - Restes d'une ToUJ· d'enceinte de l'ancien Châlcau-Forl

F.dil..J . El<<rtoouillon• .

La forteresse de Mont-le-Héry, construite par le comte Thibault e ntre 991 et 1015 (Archiues départe me ntales).

Tour Penc.hft (X \'1• sitclt) Foudfe par Cio via ; une dea ph~s nnctennu d'Bitt.mpu i reconslr Bu Xl• •l~c.le ; remarquable morcu u d'r. rchilecturc tJu stJie do TransUioo. J.e clocher, dpArl l'dgllse , tai unfquo ~u Franc~.

Un exemple des constructions religie uses du XII- siècle (Archiues départementales).

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1~. lii!ORÉV I LL~ S <! -0

En Gâtinais, comme dans les autres régions, l 'élevage ovin se montre important (Archives départementales).

La culture locale de Mérévil/e : le cresson (Archives départementales).

133

Ollninvtllo (S.-e1-0 .)- s ,bliere do I'Orr.o

La Brie française et l ' industrie meunière (Archives départementales).

26 - · BRUNOY.'•- LE MOUlUt

Ollainville et sa sablière sur l 'Orge (Archives départementales).

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TABLE DES MATIÈRES

Un peu d'histoire .......................... .. .... ..... ..... .................... ...... .. 5 Terre de prédilection de l'agriculture .... ..... ........... ................... 15

Decauville: un pionnier .................. ... .. .. ........ ....... ....... ..... 16 La vigne délaissée ..... .............. ....... ... . .. ... ... ...... ...... .... ....... 17 Q ~ ' . ' . 1" ' 19 uau·e regions specia 1sees ... .. ............... ......... ......... ...... ... .

Les foires et marchés, cœur du village .................................... 30 [explosion industrielle ............ ................................................ 38

Les industries de construction .. .. ........................................ 42 Les carrières de Viry ...... ............ .......... ..... ........... ...... ........ 45 [imprimerie Cr été à Corbeil ...... ... ........ ..... ..... .. .......... ....... 46 Les sucreries et moulins ....... ........................................ ...... 48 Les grands moulins de Corbeil ... ..... .................................. 51

Les petits métiers toujours vivants ... ... .. ......... ...... ................... 54 Commerçants et artisans .................. ..... .. .... ...................... 55 [ épicerie, supermarché de l'époque .......... ... .. .... ..... .......... 56

[ enfant, exclave du travail ..... ............... .............................. .. . 59 Voués à des taches répétitives ........................ ..... .... ... ... .. ... 60 Une main-d'œuvre bon marché ........... ..... ..... .................... 61 [ éducation en prend un coup ............. ........... ...... ...... ....... 63

[instruction à petits pas .......................................................... 66 Le rodage de !"enseignement ..... .... ............ ...... .............. .... 67 Des écoles sous-équipées ..... .. .. ............ ....... .... ........... ...... . 71

Pour Corbeil. .. en voiture ................. ..... ..... ..... ..... .. .... ...... ...... 76 Le premier train ... ............................. .... ..... ....... ........ ...... ... 79 La difficile naissance du Paris-Orléans ......... .. .................... 81 Dures, dures, les conditions de voyage .............................. 84

Essonne, ils écrivent ton nom .. ............................... ...... ..... .. ... 87 "Il était beau" le postillon de Longjumeau .... ..... ..... ....... ......... 97 Un puits de sciences ............................................................. 101 C'est la fête au village ... .......... ........................ ...... ....... ........ 104 Il était une fois .......... ..... .. .... ..... .. ..... ... .. ..... ........... .. ... ... ....... . 116 Quelques faits divers ....... ..... .......... .. .......... .. ... ... ....... ......... .. 119 Bibliographie .. ...... ..... .. ............. .... ... ......... .... .. ..... .. .... .... ...... 128 Table des matières .. ..... ................................ ......................... 135

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Achevé d ' imprimer en Octobre 1993 sur les presses de

REBOUL IMPRIMERIE à Saint-Etienne

Dépôt légal : 4mc trimestre 1993 N° d ' imprimeur: 767

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CESSONNE AUTREFOIS Images retrouvées de la vie quotidienne

[ESSONNE AUTREFOIS, ouvrage à lire aussi bien qu'à feuille­ter, est le fruit d ' une patiente collecte de photographies amassées au fil de nombreuses recherches. Le pari était délicat certes, mais il prouve qu' il était po~sible , à partir de cette seule catégorie de documents, d'établir un tableau vivant de cette région au début du siècle. Grâce à cette moisson de clichés anciens, Geneviève AVERSO fait revivre ces années charnières, alors que la société se préparait à l'économie dè marché , a lors que les mentalités même étaient bouleversées par des mutations profondes. Un ouvrage pour toutes les bibliothèques !

1 Il Ill 9 782717 105896

l• o/1;.~ de Uuurm.~•· - OHSA Y (S . tl 0 .) - Le Lac.

REBOUL IMPRIMERIE • SAINT·ËTIENNE

P.V.P. : 130 F ISBN: 2-7171-0589-1