Esprit de Picardie

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46 47 Tout objet de beauté est une joie éternelle : Le charme en croît sans cesse ; jamais Il ne glissera dans le néant, mais sera toujours Pour nous un paisible abri, un sommeil Habité de doux songes, de santé, et de paisibles respirs. John Keats, Endymion © CRT Picardie/AS Flament beau des artistes au pour Rencontrer souvrir

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Tout objet de beauté est une joie éternelle :Le charme en croît sans cesse ; jamaisIl ne glissera dans le néant, mais sera toujoursPour nous un paisible abri, un sommeilHabité de doux songes, de santé, et de paisibles respirs.

John Keats, Endymion © CR

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Mary se présente comme peintre de la lumière. Elle joue de couleurs exubérantes, dans des tableaux qui frappent par leur simplicité apparente. “Je suis mes émotions, mon plaisir de goûter aux belles 

choses, aux beaux moments,” explique cet être pétillant, virevoltant, attentif à tout ce qui se passe autour.Mary est passée du figuratif à l’abstraction en un instant, dans la chapelle du Bois de Cise sur la Côte picarde : “j’ai eu un coup 

entre copines

pour aller pluS loin

} Atelier de Mary Chaplin3 rue du petit rond à WaillyTél. : 06 24 72 49 16www.mary-chaplin.comVisite de l’atelier sur demandeStage en matinée ou à la journée de 5 à 7 personnes, en atelier ou au jardin. a partir de 40 e par personne (dessin, pastel, acrylique, huile, aquarelle).} CArte : B2

} exposition d’œuvres de Mary au sein du collectif « partage » lors des invitations d’artistes, en octobre au Château de Thoix (avec les artistes rosella Fida et anne-Sophie Masse)www.invitationsdartistes.picardie.fr

} Où dormir avec les copines ? Chambres d’hôtes et gîte de charme pour artistes nées : « Couleur et Jardin » à la Faloise (C3).Tél. : 06 86 86 86 80http://couleuretjardin.com65 e la nuit pour 2 (jusqu’à12 personnes). Gîte la Sellerie à Sentelie (B3). résa au 03 22 71 22 70 ou surwww.gites-de-france-somme.com300 e du lundi au vendredi pour 4. le Moulin aux Moines à Croissy-sur-Celle (B3).Tél. : 03 44 15 73 13www.moulinauxmoines.fr62 e la nuit pour 2 (jusqu’à 7 personnes) ou week-ends tout prêts à partir de 104 e par personne sur www.weekends-picardie.com

} Pour manger et ramener des trucs à la maison le Moulin des ecrevisses à ailly-sur-noye (20 km de Wailly) (C2). esprit vieux moulin à farine qui fabrique maintenant sa propre huile avec terrasse au bord de l’eau. Menu à partir de 15 eTél. : 03 22 90 25 69

« Saveurs d'escargots » à Sentelie. Tapenade,

croquilles… aux escargots pour surprendre vos amis à l’apéro ! Tél. : 03 22 55 02 92www.saveursdescargots.fr le marché dans la ruche de namps-Maisnil (B2) : volailles, viandes, fruits et légumes, produits laitiers, miel, confiture… locaux. C’est tous les jeudis de 18h à 20h.www.laruchequiditoui.fr

} Insolite : balade en roulotte attelée à un cheval de trait, à réserver pour une heure ou un après-midi (ou plusieurs jours, c’est selon !) au Val de Selle à Conty (B3). Tél. : 03 22 95 58 34 www.valdeselle.com

inFoS praTiQueS

S'ouvrir au beau S'ouvrir au beau

de foudre pour les reflets des vitraux sur le sol et j’ai alors compris que la lumière est un univers sans frontière et un chemin vers quelque chose de supérieur, de sacré.” Comme Mary est instinctive et que la chapelle reste ouverte grâce à la gentillesse des bénévoles du village, elle trouve là « son » repère propice à la méditation et son style. Passionnée, vive et enthousiaste : Mary est magnétique. Apprendre d’elle est une expérience qui fait grandir :

“les stagiaires interprètent à leur guise, ils apportent leur histoire dans l’œuvre. Je ne contrains pas, ils apprennent à (s)’exprimer”.

Des lieux qui font du bienMary s’attache aux reflets du soleil sur une rivière, aux cristaux de neige, les nuages l’émerveillent, les vitraux l’inspirent toujours, comme « le rayon vert », l’instant où le soleil se couche à Saint-Emilion... Avec elle, au jardin, on s’attache à « peindre l’âme des fleurs. » Elle travaille souvent sur le patrimoine, les ombres qui l’habitent, l’empreinte des propriétaires qu’elle aime rencontrer et avec qui elle prend le temps de découvrir les lieux, à fond. Elle prend des photos, les regarde, revient sur place, jusqu’à ce que le déclic se produise. “Certains lieux m’inspirent car ils font du bien !”Le miracle « Mary » réside dans les transparences obtenues par une succession de couches d’acrylique, subtiles, minutieuses,

posées avec un minuscule pinceau en poils de martre sur une toile de coton très fine et très blanche. A l’audace des couleurs vives répond l’illusion des noirs qui sont le reflet d’un mélange de tons sombres. Le jeu des nuances est si complexe que la technique est invisible “comme la rivière dont on n’aperçoit que la surface”. A la fin du stage, on a quelques clés du paradis de Mary.

} Toute l’actu, les adresses des artisans d’art, leur portrait en vidéo sur www.metiersdart.picardie.fr

parenthèsegaieetcolorée

La maison de Mary est une maison blanche en balcon au-dessus de la vallée quadrillée de peupliers et d’étangs. De son atelier orienté au sud, elle frôle la cime des arbres. “Ici je me sens en phase avec la nature. J’ai eu un coup de foudre pour ce village, c’est magique, je m’y sens inspirée comme Le Sidaner à Gerberoy (on en parle pages 54-55) !” raconte Mary qui croit aux signes du destin. Et quel signe : en fait elle a été choisie par l’ancien propriétaire, un peintre qui voulait que sa maison reste celle d’un artiste. Question de lumière et d’ambiance.“A Wailly, je me sens près de la terre. C’est un bon endroit pour accueillir des élèves, partager le plaisir que j’éprouve à 

rendre la lumière et à révéler le talent qui sommeille en chacun d’eux.  Je cherche juste à les déclencher, à allumer une étincelle dans leur regard quand ils réussissent un geste, un dessin, explique-t-elle. Je reçois énormément de mes élèves, grands et petits, certains reviennent me voir après des années...”Les stages s’adressent à tous les publics car Mary aime transmettre sa passion ; elle se souvient avoir été « révélée » à l’adolescence par un bon pédagogue et considère qu’il est temps de passer le flambeau, d’être elle-même une fenêtre ouverte sur l’art, un passeur. Même auprès des tout petits. “Même si tous ne sont pas doués, s’ils sont sincères, ils arriveront à dessiner !”

on s'initie à l'art des couleurs chez Mary

Dans son atelier, Mary Chaplin partage avec qui veut s’initier à son art, son bonheur de peindre et les subtilités de ses techniques pour capter lumière et joie de vivre. A Wailly au sud d’Amiens, ses stages d’initiation sont faits de belles rencontres, de découvertes et de fous rires.

Le stage, c’est apprendre ensemble, rire ensemble

de ses premiers essais ratés, ça rapproche !

Mary Chaplin, « Voyage dans les bleus de l'inconscient » Mary Chaplin, « Matin de juillet »

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Un stage de bonne humeur, aussi !

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Vimeu. La notoriété de ce petit bout de Picardie dépasse largement nos frontières. Entre les falaises d’Ault et le bocage normand, la très dynamique fonderie Polyméto est une belle découverte. De ses moules sortent chaque jour des chefs-d’œuvre de précision : poignées de portes innovantes, boutons de meubles stylisés, objets de laiton finement ciselés, robinets de luxe, luminaires de créateurs, guéridons et meubles en bronze façonnés et polis à la main.

Posé au milieu des champs, le village de Bourseville est le fief des Zedde, une famille d’irréductibles fondeurs qui a naturellement élu domicile dans le berceau de la robinetterie et de la serrurerie : le Vimeu. On

le sait peu, mais cette petite région qui hébergeait déjà au XVIe siècle et jusqu’à la Révolution des centaines d’ateliers serruriers et faisait vivre des milliers d’artisans venus de toute la France assure aujourd’hui 70 % de la fabrication française des serrures et 80 % de celle des robinets !

Héritiers d’un savoir-faire quasi génétique, les huit employés de talent de Polyméto ont décidé de revenir aux sources de la fonderie artisanale : jouant avec le feu depuis deux décennies, les Zedde réapprennent à la sueur de leurs fronts l’art de la fonderie au sable, une technique ancestrale en voie d’extinction, une valeur sûre ! A l’abri des regards, leurs moules renferment des futurs trésors, esquissés dans du sable naturel, qui prendront forme et relief au contact du métal en fusion… La petite équipe d’experts réalise ainsi en toute discrétion des luminaires aux pieds de bronze graciles, des boutons de portes délicats en laiton et des merveilles de statues, remarquables par la finesse de leur conception.

At-ten-tion !Si la technique semble être la même depuis des siècles, elle reste extrêmement complexe et n’est plus pratiquée que par une poignée d’initiés. Le premier travail demande une grande application : il faut créer un moule parfait… à usage unique ! Chez Polyméto, ce travail est confié à Yohann. Avec minutie, à l’aide d’une plaque modèle ou d’un père modèle, il réalise d’abord dans le sable naturel les deux faces d’une empreinte à mouler. Ces demi-empreintes reçoivent alors une « couche » qui permet de figer sa surface. Après un passage à l’étuve pour évacuer l’humidité, les demi-châssis sont ensuite assemblés pour former le moule. Armés de gants et de masques de protection, les fondeurs entrent en action. Après avoir chauffé le métal à plus de 1 000°C, ils coulent le bronze ou le laiton en fusion. Manœuvre délicate ! “Il faut un vrai coup de main pour maîtriser le débit idéal de la matière en fusion”, explique Gérard, qui a lancé l’entreprise en 1993. “Il n’y a pas de secret : cette technique ne s’acquiert qu’avec l’expérience 

et une bonne dose de sang froid”. Il faudra encore laisser refroidir le moule pour que l’artisan puisse, enfin, en libérer la pièce créée et s’attaquer à la finition. Cette étape, l’usinage, est déterminante : c’est là que l’artisan découvre son œuvre et lui donne, le plus souvent à la main, sa touche finale. “Notre profession, c’est une vraie passion. Pour pourvoir l’exercer, nous devons appliquer une somme de méthodes précises qui demandent beaucoup de temps, de l’énergie et une attention de tous les instants”. •••

pour aller pluS loin

} Fonderie Polyméto556 rue de Belloy à BoursevilleTél. : 03 22 30 30 39 www.zbronze.fr la découverte de la fonderie se fait sur rendez-vous. renseignez-vous avant de planifier votre visite, le must étant de venir un jour où les fondeurs sont en action !

} CArte : A1

} Pour manger dans le coinlaure et Gérard Zedde, super connaisseurs : a la Taverne Ches Troes piots Coechons à Woignarue : une adresse où l’on est sûr de ne plus avoir faim en sortant de table. attention, il faut réserver ! 34 place de l’abbé HollevilleTél. : 03 22 60 54 84www.ches3piotscoechons.fr a l’auberge picarde à Chépy, au cœur du Vimeu industriel. ici on peut goûter des produits du terroir (les moules de la baie ou la ficelle picarde !)rue de la GareTél. : 03 22 26 20 78 www.aubergepicarde-baiesomme.fr

inFoS praTiQueS

Nos créations sillonnent les quatre coins du globe :Grande-Bretagne, Russie, Allemagne, Etats-Unis, Emirats.

Nos clients trouvent ici un style et surtout un soucidu détail qu’ils ne trouvent pas ailleurs

d’orfèvre !

découvrir une industrie…

pas ordinaire du tout

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La famille Zedde au complet

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avec les conseils de pierre et ValérieAutour de Bourseville, c’est un pays de bocage (que la Normandie nous copie ) : routes sinueuses, pâtures à pommiers, et chemins creux qui vont jusqu’à… la mer ! A Ault, bourg perché sur les falaises, Pierre et Valérie Bégot ouvrent les portes de leur maison 1930 : la Villa Zéphyr. Le couple a aménagé trois chambres d’hôtes dans les étages supérieurs. Des chambres avec vue, on s’en doute… De là-haut – c’est justement le nom d’une des chambres – la vue sur les toits de la cité balnéaire et sur les couleurs changeantes de la mer est superbe. Rez-de-chaussée : à deux pas de la bibliothèque, Pierre a déjà enfilé son tablier et s’affaire en cuisine pour vous. Il mitonne des plats maison inspirés du marché et des arrivages du jour. Des recettes goûteuses qu’il agrémente d’herbes, de plantes sauvages ou encore de légumes frais. Normal : Valérie, passionnée d’ethnobotanique, cultive un potager en contrebas de la villa. “Le matin, je ne sais jamais ce que je préparerai à manger pour mes convives du soir”, révèle Pierre. “C’est tous les jours la surprise !”. Oui tiens, bonne idée : on va se laisser surprendre !

} Villa Zéphyr23 rue du 11 novembre à ault – Tél. : 06 74 69 75 68

www.chambres-d-hotes-baie-somme.coma partir de 118 e par personne 3 jours / 2 nuits avec les petits-déjeuners et le dîner à la table d'hôtes sur www.weekends-picardie.com

} Belles choses tout autour la balade préférée de pierre : de la Villa Zéphyr, descendre vers la plage, puis grimper sur la falaise. le sentier du littoral vous emmène jusqu’au bois de Cise. romantique ! Belle balade de 3h si l’on veut pousser jusqu’aux villas Belle-epoque de Mers-les-Bains plus au sud. Valérie, très branchée jardins, propose souvent à ses hôtes de se rendre à l’herbarium dans la vieille ville de Saint-Valery qui surplombe la Baie de Somme. “C’est un véritable écrin de verdure, au cœur de cité médiévale. C’est très reposant”, avoue pierre (36 rue Brandt – Tél. : 03 22 26 69 37). a Bourseville même, pierre propose de voir un autre jardin : le potager anti-crise. Son propriétaire rodolphe n’ouvre les portes que sur rendez-vous, renseignez-vous. “Mais franchement, ça vaut le coup” insiste pierre.(240 rue de Friaucourt – Tél. : 03 22 61 48 04).} Bonne chose à ramener à la maison un gâteau battu ! Celui de Francis Fréville est une institution.impossible de manquer sa boulangerie à Quesnoy-le-Montant

(entre la Baie de Somme et abbeville, ndlr) : le gâteau à la forme si caractéristique de toque haute, est représenté sur l’enseigne qui donne dans la rue de l’eglise ! autre indice pour trouver : à chaque fournée, c’est l’affluence devant la boutique. impressionnant pour un si petit village. Conseil d’ami : on le choisit bien lourd, brun doré

à l’extérieur, jaune d’or à l’intérieur (il faut dire : il y a vraiment beaucoup d’œufs). Goût beurré et parfum de levain inimitables. Courez-y vite ! odeur apéritive garantie dans la voiture ; le plus dur sera de le ramener entier à la maison…11 rue de l’Église – Tél. : 03 22 24 13 43

pour aller pluS loin

••• Le geste maîtrisé fait toujours paraître l’art facile pour le novice. Ce n’est qu’une impression. A Bourseville, on le mesure bien… y compris en degrés Celsius !

Des perles de designersLe résultat du travail si particulier des Zedde est exceptionnel : les petits bijoux d’élégance et de précision sortis des moules sont pris d’assaut par les cabinets d’architecture les plus prestigieux. Leurs décorations de meubles – mélanges de bronze brossé brut et de laiton patiné ou nickelé – et leurs luminaires – qui allient style rétro et couleurs contemporaines – font la joie des décorateurs exigeants et branchés. Leurs tringles à rideaux, de la gamme Louis XV à la série Regency, occupent les plus beaux appartements parisiens. Les Monuments Historiques, ardents défenseurs de la belle ouvrage font appel à l’expertise

de Polyméto. Des designers célèbres, aussi, comme Christian Liaigre, ou des artistes contemporains locaux, notamment Rémi Damiens, confient régulièrement aux artistes de l’entreprise picarde la mise en œuvre de leurs créations. “Nos créations sillonnent les quatre coins du globe : Grande-Bretagne, Russie, Allemagne, Etats-Unis, Emirats, Maghreb…”, explique fièrement Pierre. “Pour chaque client, nous réalisons des moules et des pièces uniques. Ceux qui font appel à notre expertise trouvent ici un style et surtout un souci du détail, une excellence et une élégance qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs”.

Il y a une gardienne de la beauté, tout va bienA la tête de la fonderie pendant deux décennies, Gérard a toujours été conscient qu’il devait transmettre

pour découvrir un autre artisan au travail, direction les falaises d’ault (la Côte picarde est à quelques minutes !) pour rencontrer le tapissier Vincent Grimaud dans son atelier.3 boulevard Michel Couillet Tél. : 03 22 30 13 95www.vincent-grimaud.com passion, savoir-faire d’excellence et les clés de ses fours

à la génération Zedde qui suit. Pierre, le fils aîné, est l’autodidacte maison. Il se charge de la partie technique et de la mise en pratique des souhaits de ses clients. “Il a tout appris en observant patiemment les pros et en expérimentant. Bien lui en a pris… Pierre est aujourd’hui notre meilleur fondeur, et de loin”. La seconde, Aline, diplômée d’école de commerce, est en charge de la partie gestion administrative et commerciale alors que François l’ingénieur, se lance tout juste dans l’aventure. Gérard continue, lui, à donner ses conseils avisés tout en profitant – un peu – d’une retraite méritée.

Enfin, Laure, la styliste-modéliste de formation, fait figure de gardienne de la précision et de la beauté des pièces réalisées. Dans son atelier, elle s’occupe également de la conception de pièces pleines et plus complexes, comme des poignées de porte ou des éléments très précis de serrurerie ou de robinetterie. Pour arriver à ses fins, la dernière de la famille utilise elle aussi une technique artisanale, bien connue, celle-là, des sculpteurs et des bijoutiers : la cire perdue. A la main, Laure exécute des œuvres d’art. Elle aussi perpétue la tradition paternelle et incarne la philosophie de la fonderie familiale : défendre un savoir-faire ancestral et un goût certain de l’excellence.

Le geste maîtrisé fait toujours paraître l’art facile. Mais on sait qu’il cache des années de pratique. Des générations,

même. Alors on regarde… en se mordant un peu la lèvre inférieure, comme on fait lorsqu’on est impressionné

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un week-end pour découvrir le pays !} Bons plans week-end : le musée des industries du Vimeu : la plus impressionnante des collections de verrous, serrures, cadenas et coffres ! reconstitution d’un atelier de serrurerie et de fabrication de clés. Visite toute l’année sur réservation au 03 22 60 21 60 (place Gilson à Friville escarbotin entre Bourseville et ault)

ombelliscience – voir page 73.

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Francis Fréville

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Comme toute histoire d’amour, l’idylle commence par un coup de foudre… A l’aube du XXe siècle, le peintre s’installe d’abord à Beauvais, dans une maison que lui prête son ami Auguste Rodin.

Trouvant la ville trop bruyante à son goût, il suit finalement les conseils de son ami céramiste Auguste Delaherche – originaire de La Chapelle-aux-Pots. Quand il pose toiles et pinceaux à Gerberoy, la cité médiévale, perchée sur sa colline hautement convoitée pendant la Guerre de Cent Ans, a tout d’une belle endormie.

Plus beau village de France Henri Le Sidaner tombe sous le charme, visite le 3 mars 1901 une coquette maison dans la ruelle Saint-Amand qu’il achètera

par la suite. Le membre de la Société nationale des Beaux-Arts trouve en Gerberoy une source d’inspiration infinie et exécute dans l’intimité de son atelier nombre de ses chefs-d’œuvre. Particulièrement sensible aux richesses de la nature, le peintre magnifie également les ruelles de son village, faisant planter des centaines de rosiers “Mon grand-père les chérissait”, raconte son petit-fils Etienne Le Sidaner, et réalise des merveilles : ses jardins sur les ruines du château médiéval… Son titre de Plus beau village de France, Gerberoy le doit en grande partie à Le Sidaner.

Pénétrer dans un jardin-tableauC’est Etienne qui a ouvert au public en 2011 l’atelier de l’artiste – où l’on découvre aussi de nombreux souvenirs de famille – et ses jardins privés. “La finesse des choix de fleurs, les jeux de lumières, 

Le peintre avait beaucoup voyagé avant de trouver Gerberoy, son havre. C’est là que son art a été le plus fertile : plus de cent toiles qui exhalent une incomparable douceur de vivre. Regardez bien : à Gerberoy, Le Sidaner a réussi à saisir, en accords chromatiques subtils, la sensation du temps qui s’arrête.

pour aller pluS loin

} Jardins Henri Le Sidaner18 rue du logis du roy à Gerberoy – Tél. : 03 44 82 36 63 ou 06 08 00 16 50www.lesjardinshenrilesidaner.frJardins ouverts de mai à septembre. Tarif : 5 eatelier ouvert pendant les Journées du patrimoine en septembre ou sur rendez-vous pour les groupes.} CArte : B3

} Conseils d’ami : assis sur le banc de la petite colline accessible depuis la promenade des remparts, savourez la vue sur les jardins en terrasses. et pour profiter vraiment de la balade, évitez les talons trop hauts : Gerberoy est toute en ruelles pavées interdites à la circulation.

etienne le Sidaner conseille :} Pour manger l’atelier gourmand de Sarah, tout nouvellement installé à côte de la maison du peintre. Cuisine maison selon l’inspiration de Sarah. 1 ruelle Saint-amandTél. : 06 73 19 02 06} Pour prendre un pot au soleil, « la Terrasse ». 27 rue logis du roy – Tél. : 03 44 82 68 65

} Pour tout un week-end en amoureux au cœur du village de Gerberoy, chez Cécile et olivier le logis de GerberoyTél. : 03 44 82 36 80http://lelogisdegerberoy.free.fr a partir de 65 e la nuit pour 2. a 13 km de Gerberoy, chez Jacques et Marie-Jeanne. Dans un parc de 2 500 m², fleuri et même décoré, une maison coquette qui inspire… le bonheur !le Jardin de Marie-Jeanne à achyTél. : 03 44 46 35 26 ou 06 24 38 28 42www.lejardin-de-mariejeanne.fra partir de 68 e la nuit pour 2.

et s’il y a des enfants, Marie-Jeanne met à votre disposition tout le matériel nécessaire.

} A rapporter à la maison : le fromage de chèvre de la ferme de la Badrouille à Buicourt Tél. : 03 44 82 28 80 ou 06 81 84 30 87 la Tomme au foin de la ferme de la Chapelle Saint-Jean à Grémévillers et son fromage à la rose « le petit Gerberoy »Tél. : 03 44 82 41 47 le boudin (médaillé d’or !!) de la Charcuterie la renommée à Songeons. Tél. : 03 44 82 30 67

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A gerberoy

comprendre l’intimed’

} a 2 pinceaux de la maison d’Henri le Sidaner, rencontre avec rené Heveraet dans sa galerie-atelier. Tél. : 03 44 46 73 55 / 06 16 61 76 03. Gerberoy inspire toujours les artistes !www.heveraet.com. ouvert tous les week-ends ou sur rdv.

pour aller pluS loin

les couleurs… tout a été mis en scène et conçu de sa main, selon un potentiel esthétique et théâtral qui aurait comme toile de fond la collégiale Saint-Pierre”. Dans une harmonie de couleurs et de senteurs, une mosaïque d’espaces fleuris se déroule dans un ordonnancement qui reproduit savamment la libre fantaisie du naturel. En contrebas de la collégiale, derrière la maison de l’artiste, le Jardin Blanc déploie des massifs de fleurs immaculées, des rosiers iceberg et des œillets mignardises… “Mon grand-père me disait toujours : « Dans le Jardin Blanc, pose ta main sur le tronc du thuya, tu gagneras une semaine de vie… »” confie Etienne.Au sommet d’une volée de marches longeant des jardins aménagés en escaliers et terrasses, une pergola de charmilles précède le pavillon d’été du peintre et une roseraie magnifique. Derrière le spectacle d’aujourd’hui, cinq longues années ont été nécessaires pour restaurer les lieux “Nous avons respecté à la lettre les inspirations de l’artiste, dans ses moindres détails”, explique Odile Hennebert, à l’origine avec Jean-Pierre His de la renaissance de ces lieux. “Quantité de rosiers et d’arbustes ont été plantés par Henri Le Sidaner lui-même. A l’aide de ses tableaux et de documents d’archives, nous avons pu fidèlement faire revivre son œuvre”.Marcher ici, c’est flâner dans une œuvre vivante.

Longer les rempartsA deux pas du Jardin Jaune et Bleu, une réplique du Temple de l’Amour – l’original se trouve dans le parc du Château de Versailles – trône sur le Belvédère. La vue sur le pays de Bray et sur la promenade des remparts est vertigineuse… Enfin, vous voilà à proximité du Jardin Sauvage. Au bout de l’allée menant à la collégiale, les décrochements compliqués des toits de Gerberoy enchevêtrent leurs ardoises brunes. Coup de cœur du peintre, ce panorama est uniquement accessible par les jardins…

Le Sidaner a réussi à saisir, en accords chromatiques

subtils, la sensation du temps qui s’arrête

} Vous êtes à 20 minutes de Beauvais. le soir, rendez-vous près de la cathédrale au coeur le plus haut du monde pour un autre moment de magie (cf page 60)

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Gerberoy partagé par Morio surMerci Morio !

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Ambiance. Les maisons de pierre cachent derrière de hauts murs un havre de sérénité feuillue et engazonnée. Comme le musée d’art et d’archéologie, entre la cathédrale et un jardin de buis : le parcourir est un

bonheur en soi, avec ses statues médiévales, le sous-sol plongé dans la pénombre où surgissent des têtes en pierre, l’intrusion dans la tour gallo-romaine, le face-à-face avec l’énorme muraille… L’atelier de Thomas Couture qui avait posé ses pinceaux face à la cathédrale, est un joyau. A côté, l’exubérance des bouquets

Serrée dans ses remparts, la ville se déguste à pied, en bottes ou ballerines à talon plat. Le long des ruelles pavées, rien ne semble avoir changé depuis que nos rois vivaient là. Rien ? Pas si sûr ! Des Sulbanectes à Gilbert Dufois en passant par Séraphine : la cité raconte 2 000 ans de création artistique.

pour aller pluS loin

} Galerie Gilbert Dufois8 place Henri iV à SenlisTél. : 03 44 60 03 48ou 06 85 54 92 36http://galeriegilbertdufois.comouvert du mardi au samedi et le dimanche matin (ou sur rendez-vous).

} Fondation Cziffra1 place Saint-Frambourg à SenlisTél. : 03 44 53 39 99Festival « Senliszt » les 8, 9 et 10 novembre 2013 : grande fête musicale autour de l’anniversaire de Georges Cziffra.le 7 novembre, assistez aux auditions publiques des candidats au titre de lauréat Cziffra en présence du Comité artistique de la Fondation, présidé par le pianiste et compositeur Yves Henry - www.yveshenry.comTout le programme sur www.fondation-cziffra.com

} Musée d’art et d’archéologie (03 44 24 86 72), musée de la Vènerie (03 44 26 15 50), visites guidées sur réservation « Sur les lieux du tournage de Séraphine », le dernier samedi du mois, « patrimoine gallo-romain », le premier dimanche du mois, « les monstres de pierre », le 20 octobre à 15h… Tous les conseils de l’office de tourisme, face à la cathédrale au 03 44 53 06 40 et sur www.senlis-tourisme.fr} CArte : C4

inFoS praTiQueS

} Adresses sympas pour bruncher : place Henri iV, jetez un œil à la librairie et filez au Jardin des thés, face à la galerie. une vraie maison avec jardin reconvertie en resto-galerie, un accueil gentil avant une série de plats inventifs, une carte des vins sérieuse, des plats à emporter. la véranda a beaucoup de charme, comme la cour plein sud. Brunch le week-end et goûter à 16h.Tél. : 03 44 28 11 95

on mange aussi très bien à toute heure et au calme au Comptoir, 2 impasse de la chaufferette, un peu plus bas dans la rue principale. esprit club, adopté par les Senlisiens. la cour offre une vision furtive de Saint-Frambourg, la cave est profonde. Soirée spectacle chaque mois.Tél. : 03 44 60 62 02

} Gourmandise à rapporter à la maison :le gâteau « le Vieux Senlis » de la pâtisserie richet : farine de châtaigne, hydromel et écorces d’oranges confites… hum !13 place Henri iVTél. : 03 44 53 50 47

L'Auberge du Jeu de Paume à Chantilly. Une adresse toute neuve ! Dans le hall, premier sourire, des livres sont à disposition et le patio calme, blanc et vert. “Chaque client est unique, assure Pascal Groëll, directeur général, on va chercher nos hôtes à 

Paris pour qu’ils s’extasient dans un lieu magnifique et vivent une parenthèse extraordinaire”. Le décor est digne de Chantilly, les suites donnent sur le parc, bercées par le clapotis des cascades. Le bar est aussi feutré qu’un club anglais ; un restaurant longe le

Séraphine, la femme de ménage artiste que le film aux 7 Césars a rappelé au souvenir du monde, éclabousse les murs. Un circuit de promenade lui est consacré en ville. Senlis évoque la silhouette du comte de Montecristo, la reine Margot, les héros de cape et d’épée au galop, un simple porche s’entr’ouvre et c’est l’aventure !

Galerie Dufois : irruption contemporaine !Place Henri IV, la porte de la galerie d’art est ouverte ;

Gilbert et Nathalie Dufois sourient “J’ai démarré comme encadreur, à servir de grands noms et des collectionneurs avertis ; au fil des années mon œil s’est aguerri et j’ai tissé mon réseau,”

explique Gilbert. Ainsi est née la galerie : “je sélectionne les artistes dont le travail sur la matière nous transporte, nous fait basculer dans le rêve et l’émotion.” Avant de s’engager, Gilbert les ausculte ; il se rend à l’atelier jusqu’à s’imprégner de leur art “pour faire un bout de chemin avec un artiste, il faut une vraie rencontre”. Les élus, le couple les accompagne, aide à les révéler, facilite leurs expositions. Du coup quand ils rayonnent

en Suisse et aux Etats-Unis, ils ont plaisir à revenir à Senlis, comme Pierre-Marie Brisson cet été.

Liszt et Miró à Saint-FrambourgQuand Georges Cziffra, le concertiste hongrois l’achète en 1973, la chapelle Saint-Frambourg est un garage. Mais l’acoustique est merveilleuse ! Le « pianiste aux cinquante doigts » se régale. Il triomphe en interprétant Liszt et enseigne. Pour faire face au coût des travaux de restauration, il multiplie les concerts. Le chantier avance ou plutôt il s’enfonce. En creusant, les ouvriers mettent au jour une salle, puis deux, puis la muraille gallo-romaine. Sous Saint-Frambourg se cachent une chapelle carolingienne et la chapelle privée offerte par la reine Adélaïde à son époux Hugues Capet !

explorationsartistiques

À senLis

Saint-Frambourg est un lieu troublant, qui porte à la spiritualité. Il a inspiré au peintre Juan Miró un jeu de verrières qui transfigurent les murs, grâce à un subtil dégradé de bleus, “mes oiseaux sont un envol vers le ciel, dans ce lieu austère je me sens libre,” disait-il.

pour se dépAyser L’esprit

S'ouvrir au beau

jardin d’hiver ; l’Auberge fait écho aux œuvres d’art du château, arbore des porcelaines d’époque ; la piscine et le spa prennent un air mauresque et l’on a créé une gamme de soins à base de crème Chantilly ! Fidèle à l’esprit cosmopolite de son commanditaire, son Altesse l’Aga Khan, le personnel représente ici 30 nations et parle une dizaine de langues. Le contact est facile, l’ambiance sereine. La preuve ? La brigade n’est pas stressée, on la voit préparer les plats à travers la cuisine vitrée. Et le jeune chef Arnaud Faÿe a déjà son étoile ! A l’automne, champignons et gibier sont à l’honneur mais… secret sur les surprises de fin d’année !

} Auberge du Jeu de Paume4, rue du Connétable à ChantillyTél. : 03 44 65 50 00

une dizaine de week-ends tout prêts à Chantilly sur www.weekends-picardie.com} Une autre bonne adresse : les chambres d’hôtes Côté Jardin, un ancien hôtel particulier du 17ème siècle en pierres blanches dans le vieux Senlis avec cour intérieure pavée pour les petits-déjeuners d’été et piscine chauffée (Tél. : 03 44 53 69 04 – www.cotejardin-senlis.com).} retrouvez tous les autres hébergements sur www.picardietourisme.com

Découvertes belles, belles, belles à prolonger

« Je sélectionne les artistes dont le travail sur la matière nous transporte dans le rêve

et l’émotion » Gilbert Dufois

Gilbertet Nathalie Dufois

La chapelle Saint-Frambourg par Morio sur

Marie-Pierre Brisson, détail de « Genèse »

Tony Soulié,détail de « San Francisco »

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