8/8/2019 Especes_envahissantes

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Des plantes qui ne tiennent pas en place !

Griffes de sorcire, mimosas, eucalyptus

Ces espces possdent dindniables qualits ornementales ou olfactives.

Elles semblent aussi faire partie intgrante de la flore mditerranenne.

Et pourtant, derrire ces apparences, la ralit est toute autre :

ce sont de vritables flaux

Des flaux ?

Les quelques dfinitions qui suivent vous proposent un aperu, par la progression qui sen dgage, de la

problmatique lie ces espces, de leur introduction jusqu la colonisation complte.

Ce sont des espces exotiques, cest dire des plantes que lon trouve en dehors de leurs contres

dorigine, dans des milieux o elles ont t amenes, volontairement ou non, par les activits humaines, le

plus souvent, pour leurs qualits ornementales

ces espces se sont ensuite naturalises : elles ont en effet tabli, de manire naturelle, de nouvelles

populations, se dveloppant ainsi durablement

jusqu devenir envahissantes: ces plantes se sont ensuite propages et dissmines dans le milieunaturel, y compris dans des lieux o elles ntaient pas dsires. Elles stendent aujourdhui sur de

grandes surfaces et entranent des effets ngatifs, directs ou indirects, sur lenvironnement.

Dans la plupart des cas, les plantes introduites sur notre territoire nont aucune incidence sur

lenvironnement. Ce nest seulement que dans quelques cas et, souvent aprs plusieurs annes de prsence

sans se faire remarquer, que certaines dentre elles vont prolifrer de manire incontrle dans le milieu

naturel en y provoquant de graves dsordres.

Ces plantes venues dailleurs

Les griffes de sorcire (Carpobrotus spp.)

Plantes grasses originaires dAfrique du Sud, elles se dveloppent sur le littoral, les falaises et les dunes.On les reconnat leurs feuilles charnues en forme de griffes, leurs fleurs jaunes (C. edulis) ou roses(C. acinaciformis) et leurs fruits charnus, les figues des Hottentots .

Le mimosa (Acacia dealbata)

Cet arbre feuillage persistant vient du Sud-Est de lAustralie et de

Tasmanie. On le rencontre dans des milieux trs divers tels que forts,

bords de ruisseaux, dunes, milieux perturbs par lhomme. Il est

caractris par des feuilles composes et par des fleurs jaune citron,

parfumes, regroupes en ttes sphriques qui spanouissent prcocement

en fin dhiver.

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Leucalyptus (Eucalyptus globulus)

Cet arbre feuillage persistant est lui aussi originaire dAustralie. Dans le

milieu naturel, il se dveloppe principalement dans des zones chaudes,

parfois inondables. Ses feuilles linaires dun vert opaque et son corcecaduque sont caractristiques. Mais ce sont surtout son odeur typique et

son port vigoureux qui le rendent si populaire.

Mais aussi :

La prsentation de ces 3 espces nest quun chantillon de la diversit des exotiques que lon peut

rencontrer sur les les. A Porquerolles, par exemple, on peut aujourdhui en dnombrer environ une

centaine, ce qui reprsente tout de mme environ 10% de la totalit des espces vgtales prsentes !

Outre ces 3 espces, celles qui posent le plus de problmes sont : certains autres acacias (A. retinoides,A.longifolia et A. cyanophylla), loxalis du Cap (Oxalis pes-caprae), le faux-kapok (Araujia sericifera) et

lherbe de la pampa (Cortaderia selloana).On peut galement citer le muguet de la Pampa (Salpichroa origanifolia), le chvrefeuille du Japon(Lonicera japonica), lailanthe (Ailanthus altissima).A noter galement que lon trouve de plus en plus despces exotiques en lisire des champs, introduites

par le biais des cultures. Ces espces sont trs souvent des gramines, espces gnralement discrtes, que

lon repre donc beaucoup moins facilement. Leur extension est de ce fait beaucoup plus insidieuse.

Une stratgie commune ces espces

Toutes ces espces envahissantes sont caractrises par une croissance rapide,

des modes de reproduction trs actifs, une trs grande comptitivit et une grande

rsistance.

Lexemple des griffes de sorcire est ce titre trs parlant. En effet, leurs fruitscontiennent de nombreuses graines (jusqu 1800 graines/fruit) et leur

consommation par les animaux, les rats notamment, en permet la dissmination

de grandes distances.

Cette forte capacit est augmente par une croissance rapide des stolons* et une

grande facilit senraciner, ce qui permet aux peuplements de stendre trs

rapidement.

* Stolon : tige arienne rampante, termine par un bourgeon qui, de place en place, produit des racines adventives,point de dpart de nouveaux pieds.

Un risque pour la flore locale

Les invasions biologiques sont considres, au niveau mondial, comme la seconde cause dextinction

despces et dappauvrissement de la diversit biologique, aprs la destruction des habitats.

En effet, les plantes envahissantes entrent en comptition avec les espces locales. Parfois, elles modifient

la composition, la structure ou le fonctionnement des cosystmes dans lesquels elles se propagent. On

assiste ainsi localement la chute des effectifs des populations indignes, voire des extinctions

despces. Si la diversit biologique est ainsi mise en danger, lidentit paysagre locale est aussi menace

par le risque de banalisation et duniformisation du territoire.

Par exemple, les mimosas forment des peuplements denses qui empchent la lumire de pntrer jusquau

sol. De plus, ils mettent des substances toxiques qui limitent la germination et la croissance racinaire des

espces locales. Ainsi, aucune vgtation basse ne se dveloppe en sous-bois dun peuplement de

mimosas.

Autre exemple : les griffes de sorcire entrent en comptition pour la lumire et leau avec la florelittorale et modifient le milieu. Ainsi, elles forment rapidement de grands tapis uniformes o elles ne sont

bientt plus que les seules prsentes.

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Les risques ne concernent pas seulement le domaine de lenvironnement ! Ces plantes peuvent galement

gnrer dautres nuisances, notamment sur la sant (problmes dallergies) ou encore sur la scurit

(dangers dincendies accentus par la prsence de mimosas qui sont trs inflammables ou des eucalyptus

lcorce trs combustible).

La lutte contre ces espces

Dans ce contexte, notamment dartificialisation et de banalisation du milieu, tant sur laspect biologiqueque paysager, il est capital dengager des actions de destruction.

Selon lespce considre, diverses techniques sont utilises :

ole contrle manuel ou mcanique : arrachage, coupe ,

o le contrle chimique : utilisation raisonne dherbicides (en complment dune des mthodes

prcdentes ou en dernier recours ),

ole contrle biologique : plantation despces qui limiteront leur croissance.

La combinaison de plusieurs de ces techniques se montre souvent la plus efficace. Par exemple, le

mimosa et leucalyptus ont la facult de produire des rejets de souche, notamment en tat de stress, suite

une taille ou une coupe, par exemple. Il est donc ncessaire de badigeonner leurs souches dherbicides

tout de suite aprs la coupe et de surveiller par la suite les sites traits pendant plusieurs annes pour faireface toute reprise.

La lutte est donc une action long terme qui ncessite une mobilisation permanente.

De plus, il est compltement illusoire de vouloir radiquer ces plantes sur un lieu donn, tout juste

peut-on de contrler leur extension

Le problme existe aussi en mer

Elles possdent une grande capacit dadaptation, puisquelles se dveloppent sur tous types de fond, et

une croissance trs rapide (1cm/jour). Elles concurrencent lherbier de posidonie, ainsi que dautres

cosystmes et entranent banalisation des fonds, homognisation des paysages sous-marins et baisse de

la biodiversit vgtale et animale. Vous reconnaissez ces caractristiques : ce sont celles de plantesenvahissantes. Cette fois-ci, dans le domaine marin.

Caulerpes (Caulerpa taxifolia et C. racemosa) :Ces noms sont maintenant familiers Il sagit de 2 algues tropicales qui ont fait leur apparition, depuis

1984, en Mditerrane.

Lalgue Caulerpataxifolia connat une progression rapide et rgulireen Mditerrane, et, plus localement, dans les eaux de la rade

dHyres. Cette progression est accentue par les activits humaines

(bouturage et transport des Caulerpes par les ancres et les filets de

pche). Elle est ainsi galement arrive dans les eaux de Porquerolles

et de Port-Cros, o elle fait lobjet de campagnes de localisation et

darrachage (arrachage manuel ou utilisation de tapis imprgns ausulfate de cuivre).

Lalgue Caulerpa racemosa, plus insidieuse car moins facilementreprable, fait galement son apparition a et . A ce jour, il nexiste pas

de mthode de lutte contre cette espce qui se dveloppe encore plus

vite que C. taxifolia.

Vous laurez compris, il faut rester trs vigilant devant lintroduction ou la propagation de

nouvelles espces vgtales, sur terre comme en mer

De plus, souvent, cette invasion a pour source nos jardins et se propage la faveur de nos

comportements. Ainsi, de notre conscience et de notre vigilance tous dpendent la qualit et la

richesse de notre environnement

Texte :C. Deltort - Illustrations : G. Azemard Avec la participation de : N. Jensen, F. Boillot, N. Grardin, P. Vandenbrouck,

N.Crouzet, M.Colombey, A. Aboucaya 2003