Espèces exotiques envahissantes

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Environnement Espèces exotiques envahissantes Action de l’Union européenne

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Historique, actions, détection éradication, tout ce qu'il faut savoir sur les espèces exotiques envahissantes en Europe

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Page 1: Espèces exotiques envahissantes

Environnement

Espèces exotiques

envahissantesAction de l’Union européenne

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Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2014

ISBN 978-92-79-40774-1

doi:10.2779/3212

© Union européenne, 2014Réutilisation autorisée. Droits d’auteur pour les photos: Kerstin Sundseth, Ecosystems LTD, Bruxelles, sous le contrat de service nº 0307/2012/633322/SER/B3 Coordinateurs de la Commission: Susanne Wegefelt et Myriam Dumortier, Commission européenne, DG ENV, unités B.2 et B.3, - B-1049 BruxellesL’autorisation aux fins de la reproduction ou de l’utilisation de ces photos doit être demandée directement.

Printed in BelgiumImprimé sur papier recyclé ayant reçu l’écolabel européen pour le papier graphique (www.ecolabel.eu)Photo de couverture: Caulerpa taxifolia © http://www.misa.net.au

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Table des matières

Espèces exotiques envahissantes, de quoi s’agit-il? .....................................................................................................5

Comment les EEE arrivent-elles dans l’UE? ......................................................................................................................7

En quoi les espèces exotiques envahissantes posent-elles problème? ............................................................9

Le coût des espèces exotiques envahissantes pour la société...........................................................................11

Une action européenne ................................................................................................................................................................15

Adopter une nouvelle législation européenne sur les EEE .....................................................................................16

Espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union .......................................................................17

Réglementation du commerce ................................................................................................................................................19

Lutter contre les «passagers clandestins» et les contaminants .......................................................................21

Détection précoce et éradication rapide ...........................................................................................................................22

Gestion des EEE déjà établies dans l’UE .......................................................................................................................... 23

Annexe. Récapitulatif de l’impact des EEE .......................................................................................................................25

Ressources utiles .............................................................................................................................................................................26

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Berce du Caucase envahissante, Heracleum mantegazzianum.

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Les espèces exotiques sont des espèces transportées par l’action de l’homme en dehors de leur aire de répartition naturelle.

La grande majorité de ces espèces ne sont pas capables de survivre dans un environnement non familier sans intervention humaine et finissent par mourir. Certaines d’entre elles parviennent toutefois à s’adapter à leur nouvel environ-nement et, à terme, à s’installer dans la nature, où elles peuvent être à l’origine d’importants dégâts sur le plan écologique et économique.

Il s’agit des espèces exotiques envahissantes (EEE). Les EEE sont définies comme des espèces dont l’introduction et la propagation en dehors de leur aire de réparti-tion naturelle constituent une réelle menace pour la biodiversité et l’économie.

Selon les estimations, plus de 12 000 espèces exotiques seraient déjà présentes en Europe et 10 % à 15 % d’entre elles seraient envahissantes. Elles se retrouvent dans tous les grands groupes taxonomiques, qu’il s’agisse des mammifères, des amphibiens, des reptiles, des poissons, des invertébrés ou encore des plantes, des champignons, des bactéries et d’autres microorganismes.

Elles sont également présentes dans tous les types d’habitats, tant sur terre que dans les mers environnantes. Tous les États membres de l’UE sont, dans une cer-taine mesure, confrontés à des problèmes dus aux EEE sur leur territoire.

Espèces exotiques envahissantes, de quoi s’agit-il?

Les différents types d’EEE

En 2008, un projet de recherche financé par l’UE, le projet DAISIE, a permis de créer le premier inventaire paneuropéen des espèces exotiques envahissantes. Cet inventaire comprend environ 12 000 espèces exotiques recensées en Europe.

Les plantes terrestres sont de loin les espèces les plus communes et représentent plus de la moitié de l’ensemble des espèces présentes en Europe (plus de 6 500 espèces). Elles sont suivies des invertébrés terrestres (plus de 2 700 espèces). Les espèces aquatiques marines sont elles aussi relativement nombreuses, avec près de 1 000 espèces exotiques. Les vertébrés terrestres sont quant à eux bien moins représentés avec seulement quelques centaines d’espèces dans l’UE.

Source: Daisie 2009

Nombre estimé d’espèces exotiques en Europe par groupe taxonomique.

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Trachémyde écrite, Trachemys scripta, d’Amérique.

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EXEMPLES D’ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES EN EUROPE

La ficoïde glaciale, Carpobrotus edulis, est une plante succulente aux fleurs écla-tantes qui forme de larges tapis denses. Originaire de la région du Cap en Afrique du Sud, elle a été introduite en Europe en tant que plante ornementale. Elle s’est répandue dans la nature et est désormais présente en nombre le long des côtes méridionales et occidentales de l’Europe et de la Méditerranée.

Limace espagnole, Arion vulgaris. Cer-taines espèces exotiques sont originaires de l’UE; la limace espagnole, par exemple, vient de l’ouest de la France et du nord de l’Espagne, mais elle a été involontairement introduite ailleurs en Europe par le biais de plantes horticoles, d’emballages et de déchets. Elle est désormais présente dans la plupart des pays de l’UE, où elle est devenue l’une des principales espèces nuisibles.

La grenouille-taureau, Lithobates catesbeianus, est la plus grosse grenouille d’Amérique du Nord. Des grenouilles en cap-tivité se sont échappées dans la nature et ont colonisé différents types d’habitats, où elles se nourrissent d’un large éventail de proies: amphibiens, poissons, petits oiseaux, mollusques, crustacés et insectes. Cette espèce représente par conséquent une grave menace pour les espèces indigènes européennes.

Coccinelle asiatique, Harmonia axyridis. Originaire d’Asie, cette coccinelle a été introduite en Europe comme biopesticide contre les pucerons. Depuis, elle s’est également involontairement propagée dans les plantes horticoles/ornementales. Il s’agit d’un prédateur vorace qui évince les coccinelles indigènes et les autres insectes non nuisibles, ce qui entraîne une réduction de la biodiversité autochtone.

La perruche à collier, Psittacula krameri, est originaire d’Afrique et d’Asie du Sud. À l’origine importée en Europe comme animal domestique, cette espèce s’est échappée dans la nature et est désormais présente dans près de la moitié des États membres de l’UE. Son impact n’est pas encore connu, mais elle peut se disputer les sites de reproduction avec certains oiseaux indigènes lorsque les cavités propices à la nidification se font rares.

Chien viverrin, Nyctereutes procyonoides. Les chiens viverrins ont été importés d’Asie en Europe pour leur fourrure dans les années 1950 et ils se sont depuis répandus dans le nord et l’est de l’Europe. Il s’agit d’omnivores opportunistes en mesure d’entraîner une diminution locale du nombre d’espèces proies. Ils trans-portent également plusieurs parasites et maladies importants, tels que la rage.

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La prolifération des espèces exotiques envahissantes en Europe

Des espèces exotiques sont introduites en Europe depuis des siècles, mais leur nombre a augmenté de façon exponentielle au cours des cinquante dernières années, principalement en raison du développement des activités commerciales et des voyages.

Selon plusieurs études, le nombre d’EEE en Europe aurait augmenté de 76 % depuis les années 1970. Elles risquent de continuer à se propager si aucune mesure n’est prise pour lutter contre cette invasion.

Comment les EEE arrivent-elles dans l’UE?

Les espèces exotiques envahissantes pénètrent dans l’UE de différentes façons. Certaines sont introduites volontairement dans le cadre d’activités d’agriculture, de sylviculture, d’aquaculture, d’horticulture ou à des fins récréatives, voire en tant qu’animaux domestiques, plantes de jardin ou biopesticides (la coccinelle asiatique, par exemple).

D’autres sont introduites involontairement; il s’agit de contaminants présents dans des marchandises (par exemple, des graines d’ambroisie à feuilles d’armoise dans des mélanges de nourriture pour oiseaux) ou de «passagers clandestins» à bord de navires ou dans du matériel.

Les modes d’introduction dans l’environnement peuvent considérablement varier selon le groupe d’espèces et le milieu environnant. Les espèces végétales exotiques sont pour la plupart issues de la culture (de jardins ou d’exploitations agricoles, par exemple), tandis que les espèces exotiques d’eau douce sont souvent intentionnellement propagées dans le cadre de l’aquaculture ou de la pêche sportive. Dans le milieu marin, la plupart des espèces exotiques arrivent en Europe comme passagers clandestins.

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Nombre cumulatif d’espèces végétales exotiques introduites en Europe au fil du temps.Source: Lambdon et al. 2008

Les EEE arrivent dans l’UE sur les coques des navires, dans des pneus usagés et comme conta-minants dans des mélanges de graines.

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ES IMPACTS ÉCOLOGIQUES

À l’origine, l’écrevisse de Louisiane, Procambarus clarkii, a été importée d’Amérique du Nord en Europe pour être utilisée dans le cadre de l’aquaculture. Après s’être échappée dans des cours d’eau douce, cette espèce agressive s’est propagée dans plusieurs pays de l’UE en colonisant activement de nouveaux territoires au détriment d’écrevisses indigènes plus rares, telles que l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) qui est reprise dans la directive «Habitats». En plus de causer l’extinction d’espèces indi-gènes, l’écrevisse de Louisiane transporte un organisme similaire à un champignon qui décime des populations entières d’écrevisses européennes. Cette maladie représenterait à elle seule un coût de 53 millions d’euros par an.

Le frelon à pattes jaunes, Vespa velutina est originaire d’Asie du Sud-Est et a probablement été introduit par erreur dans le cadre d’activités commerciales horticoles en 2005. Il s’est depuis rapidement propagé en France, en Espagne, au Portugal et en Belgique. Ce frelon asiatique est un prédateur redoutable pour les abeilles mellifères, les guêpes communes et d’autres pollinisateurs importants, tels que les syrphes. En raison de la taille énorme de leurs colonies (un nid pouvant contenir jusqu’à 10 000 frelons par saison), ils sont en mesure d’entraîner la disparition d’un nombre significatif de ruches (selon certaines observations en France, 14 000 abeilles mellifères par ruche disparaîtraient chaque mois). Cette espèce pourrait par ailleurs avoir une incidence importante sur la biodiversité locale des insectes indigènes et sur les activités de pollinisation en général.

L’algue tueuse, Caulerpa taxifolia, est originaire de l’océan Indien et est communément utilisée comme plante ornementale dans les aquariums tropicaux. Après avoir été libérée dans la nature, cette espèce s’est rapidement propagée dans la mer Méditerra-née, où elle a envahi ou évincé des plantes marines indigènes et des habitats précieux, tels que les herbiers de posidonies. Sa présence a entraîné une réduction massive de la biodiversité marine dans ces zones, mais elle a également affecté leur capa-cité à remplir des fonctions (telles que la remise en suspension des sédiments) et des services (tels que la protection contre l’érosion du fond marin) essentiels de l’écosystème.

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En quoi les espèces exotiques envahissantes posent-elles problème?

Les espèces exotiques envahissantes ont de nombreuses incidences sur l’écologie, l’économie et la santé humaine.

Elles constituent avant tout une grave menace pour la biodiversité européenne et elles peuvent entraîner l’extinction locale d’espèces indigènes, notamment via la concurrence pour des ressources limitées telles que la nourriture et les habitats, les croisements d’espèces ou la propagation de maladies exotiques. L’impact des EEE peut parfois être tel qu’elles peuvent altérer la structure et le fonctionnement d’écosys-tèmes entiers, compromettant ainsi leur capacité à exercer des fonctions essentielles, telles que la pollinisation, la régularisation des cours d’eau ou le contrôle des crues.

Les EEE ont également des impacts économiques significatifs, dans la mesure où elles engendrent une diminution des revenus de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche. Elles peuvent endommager des infrastructures, entraver les transports ou raréfier l’eau disponible en bloquant les voies navigables ou en encrassant les canali-sations industrielles. Les EEE peuvent également détruire des paysages et des masses d’eaux, entraînant la disparition de sites récréatifs ou de patrimoine culturel de valeur.

Les EEE peuvent par ailleurs représenter un problème majeur pour la santé humaine, dans la mesure où elles peuvent être à l’origine de graves allergies et de problèmes de peau. Elles peuvent également transporter de dangereux pathogènes et maladies.

Des écosystèmes sains, notre patrimoine naturel

Des écosystèmes en bon état, dont le fonctionnement repose sur leur biodiversité, offrent à la société une multitude de biens et services à valeur économique importante, comme de l’eau et de l’air propres, un stockage du carbone, la pollinisation, etc. Ils jouent également un rôle central dans la lutte contre les conséquences néfastes du changement climatique en nous protégeant contre les inondations et d’autres catastrophes naturelles.

Si ces centrales d’énergie naturelles sont endommagées, ce n’est pas seulement la biodiversité qui en pâtit, mais également l’ensemble de la société. En Europe, environ 4,4 millions d’emplois et 405 milliards d’euros de chiffre d’affaires dépendent directe-ment du bon fonctionnement des écosystèmes.

Les EEE, telles que l’Elodea canadensis, peuvent entraver le fonctionnement d’écosystèmes entiers. Un écosystème forestier sain.

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La lutte contre les espèces exotiques envahissantes est une activité coûteuse.

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Le coût des espèces exotiques envahissantes pour la société

Les EEE auraient coûté au moins 12 milliards d’euros par an à l’UE au cours des vingt dernières années et ce chiffre ne fait qu’augmenter. Lorsqu’une EEE s’échappe ou est volontairement libérée de son environnement confiné, des ressources humaines et financières substantielles sont nécessaires pour réparer les dégâts causés et prendre des mesures pour les éradiquer ou du moins interrompre sa propagation.

Il convient néanmoins de rappeler que toutes les espèces exotiques ne sont pas pro-blématiques ou envahissantes. Certaines de ces espèces permettent en effet de géné-rer d’importants gains économiques et ont été introduites dans l’UE pour cette raison.

Les coûts associés aux EEE augmentent de façon exponentielle si les espèces en question ne sont pas éradiquées immédiatement. Sans une intervention rapide, elles auront l’occasion de se propager et de causer encore plus de dégâts. Naturellement, plus tôt le problème est traité, moins l’intervention s’avérera coûteuse pour les acteurs concernés.

Les coûts et les avantages des EEE sont par ailleurs souvent différents pour les uns et les autres. Ceux qui tirent parti de l’introduction d’EEE dans l’UE ne voient généralement pas (ou peu) l’intérêt de minimiser les risques liés à ces EEE, tandis que les coûts liés aux dégâts et à la gestion des EEE sont généralement assu-més par une partie bien plus importante de la population, dont les producteurs primaires, les autorités publiques et la société.

Il faut éradiquer les EEE dès que possible

Plus l’attente est longue avant d’éradiquer une EEE, plus cette intervention coûte cher. Dans le delta de l’Èbre, l’invasion des moules zébrées aurait pu être interrompue de manière relativement peu coûteuse si des mesures avaient été prises assez tôt.

Huit ans plus tard, le coût de cette intervention a augmenté de façon exponentielle. Plus de 4 millions d’euros sont dépensés chaque année pour réparer les dégâts causés par cette espèce et pour éviter sa propagation. Il n’est désormais plus possible d’éradiquer totalement l’espèce de cette zone, car les coûts d’une telle intervention sont devenus exorbitants.

Moules zébrées, Dreissena polymorpha.

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Évolution des coûts de l’invasion de la moule zébrée dans le delta de l’Èbre en Espagne de 2001 à 2009.

Source: Perez y Perez et Chica Moreu, 2009

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IMPACTS SUR LA SANTÉ HUMAINE

Le moustique-tigre, Aedes albopictus, est originaire d’Asie du Sud-Est. Il a été introduit en Europe par accident sous la forme d’œufs en dormance sur des pneus usagés ou de l’équipement lourd. Des œufs et des larves en dormance sont aussi souvent re-trouvés sur des bambous porte-bonheur en provenance de Chine. Ce moustique est connu pour transporter plus de vingt agents pathogènes humains très dangereux, dont la dengue, la fièvre jaune et le chikungunya. Au cours des vingt dernières années, ces moustiques sont régulièrement apparus dans l’ouest et le sud de l’Europe, où ils représentent de sérieux risques pour la santé.

À l’origine l’ambroisie à feuilles d’armoise, Ambrosia artemisiifolia, a été introduite par le biais de graines et de semences contaminées pour la culture et l’alimentation des oiseaux. Elle est aujourd’hui présente dans la plupart des pays de l’UE. Souvent observée dans les champs de culture et le long des routes ou des remblais de chemin de fer, il s’agit de l’une des espèces végétales les plus allergènes au monde. Elle peut causer de graves rhumes des foins, de l’asthme et des dermatites. Cette espèce est également nocive pour l’agriculture, avec des pertes de rendement dans les cultures arables pouvant grimper jusqu’à 50 %. Au total, elle coûterait environ 4,5 milliards d’euros par an en raison de ses incidences sur l’agriculture et la santé humaine.

La berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum, a été intro-duite en Europe comme plante ornementale. Sa toxicité élevée peut causer de graves brûlures et dermatites au contact de la peau si celle-ci est exposée à la lumière et elle peut même causer la cécité au contact des yeux. Selon les estimations, le coût économique de l’éradication de cette plante et des traitements médicaux qu’elle nécessite oscille entre 6 et 21 millions d’euros par an. Dans la mesure où elle forme des peuplements denses et impénétrables, elle a également un impact important sur la biodiversité avec une diminution de la composition et de la diver-sité des espèces végétales indigènes pouvant atteindre 90 %. En outre, ces peuplements monodominants réduisent significative-ment la valeur récréative et l’accessibilité des zones infectées.

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IMPACTS ÉCONOMIQUES

Le cténophore nord-américain, Mnemiopsis leidyi, a été introduit acci-dentellement dans la mer Noire via le délestage d’eaux de ballast au début des années 1980. Sa population explose, dans la mesure où il n’est menacé par aucun prédateur naturel. Il a entraîné la disparition de populations de poissons pélagiques et causé une perturbation majeure de l’écosystème marin. Cette méduse s’est imposée dans la chaîne alimentaire en dévorant d’autres espèces. Il est désormais reconnu que la présence en masse de Mnemiopsis a contribué à une importante diminution de pas moins de vingt-six stocks halieutiques commerciaux de la mer Noire, dont des stocks d’anchois et de maquereau espagnol. Le coût économique attribué à l’effondrement des secteurs de la pêche et du tourisme dans la mer Noire est estimé à 100 millions d’euros.

La jacinthe d’eau, Eichhornia crassipes, est une plante aquatique flottante originaire du bassin de l’Amazone. Elle a été introduite en Europe comme plante ornementale utilisée dans les étangs de jardin et les parcs publics. À forte densité, elle crée de grands tapis flottants qui modifient radicalement l’habitat et la diversité de la vie aquatique. En modifiant la structure de la chaîne alimentaire et le flux énergétique des écosystèmes aquatiques, elle peut entraîner la quasi-élimina-tion de la végétation naturelle. Ces tapis épais bloquent éga-lement les canalisations, les voies de navigation et peuvent perturber les activités récréatives. Entre 2005 et 2008, il aura fallu plus de 14 millions d’euros pour éliminer quelque 200 000 tonnes de jacinthe d’eau le long de 75 km du fleuve Guadiana à la frontière entre le Portugal et l’Espagne.

La moule zébrée, Dreissena polymorpha, est originaire des bassins hydrogra-phiques de la mer Noire, de la mer Caspienne et de la mer d’Aral. Elle a accidentel-lement été introduite dans d’autres régions d’Europe le long des voies de navigation intérieure en se détachant des coques des navires ou en étant rejetée dans leurs eaux de ballast. Une fois installée, elle se reproduit rapidement et forme des grappes denses sur n’importe quelle surface solide. Ces incrustations endommagent gravement les infrastructures en bouchant la prise/l’approvisionnement d’eau des centrales hydrauliques industrielles et de production d’eau potable. La moule zébrée envahit également les bateaux récréatifs, les digues, les filets de pêche et les cages d’aquaculture. Il convient toutefois de noter que cette espèce est un puissant filtre à eau en mesure de jouer un rôle positif dans la purification et l’amélioration de la qualité de l’eau dans certains systèmes aquatiques.

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Éviter la propagation des EEE.

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Une action européenne

Les espèces exotiques envahissantes constituent un problème majeur qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans l’ensemble des États membres de l’UE. Une fois qu’une EEE est établie dans un pays, elle peut aisément se propager dans les pays voisins. Il s’avère dès lors logique d’aborder ce problème à l’échelle de l’UE.

Certains aspects du problème des EEE ont déjà été traités dans différentes lois européennes, notamment la législation relative à la santé des végétaux et aux maladies des animaux, au commerce des espèces sauvages (CITES) ou à l’utilisa-tion d’espèces exotiques et localement absentes dans l’aquaculture. Ces textes de loi sont toutefois loin d’être suffisants pour aborder ce problème de manière glo-bale. Plusieurs États membres ont également pris des mesures pour lutter contre les EEE sur leur territoire, mais il s’agit principalement de mesures réactives visant à minimiser les dégâts déjà causés, plutôt qu’à prévenir le problème.

Il est par conséquent urgent de réagir de manière coordonnée au niveau de l’UE pour lutter contre les EEE. Une approche adoptée à l’échelle de l’UE permettra de s’assurer que les mesures prises dans un pays ne seront pas entravées par l’ab-sence de telles mesures dans un pays voisin, mais également d’améliorer l’efficacité globale des mesures prises pour lutter contre les EEE. Ces initiatives devraient à leur tour permettre d’importantes économies d’échelle et la réduction des coûts.

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Les EEE en Europe.

Les EEE en Europe

Les EEE sont présentes sur le territoire de tous les États membres, mais à des degrés d’intensité différents. La carte ci-dessous à gauche illustre le nombre estimé des EEE les plus nuisibles par pays, ainsi que leur densité relative.

Des pays tels que la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Estonie enregistrent une densité particulièrement élevée d’EEE sur leur territoire par rapport à l’Espagne et à la France, bien que le nombre réel d’EEE dans chaque pays soit relativement similaire.

Rat musqué, Ondatra zibethicus.

< 0,100,10–0,250,25–0,70,7–3,0En dehors de la couverture du rapport

Nombre d’espèces par 1000 km2

Source: EEA-SEBI 2010

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Adopter une nouvelle législation européenne sur les EEE

En novembre 2014, l’Union européenne a publié un nouveau règlement sur les espèces exotiques envahissantes, conformément à l’objectif 5 de la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2020. Ce règlement établit un cadre d’action coordonné à l’échelle de l’UE visant à prévenir, réduire au minimum et atténuer les incidences négatives des EEE sur la biodiversité et les services écosystémiques, et à limiter leurs effets dommageables sur l’économie et la santé humaine.

Le règlement prévoit trois types de mesures reposant sur une approche hiérar-chique approuvée à l’échelle internationale pour la lutte contre les EEE:

• Prévention: plusieurs mesures rigoureuses sont prévues pour éviter que de nou-velles EEE pénètrent dans l’UE, que ce soit de manière intentionnelle ou accidentelle.

• Détection précoce et éradication rapide: les États membres doivent mettre en place un mécanisme d’alerte rapide, afin de détecter la présence d’EEE dès que possible et de prendre rapidement des mesures pour éviter leur établissement.

• Gestion des espèces exotiques envahissantes déjà établies: certaines EEE sont déjà bien établies sur le territoire de l’UE et une action concertée s’avère nécessaire, afin d’éviter leur propagation sur d’autres territoires et de réduire au minimum les dégâts causés.

Une priorité dans le cadre de la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2020

• Objectif 5: Lutter contre les espèces exotiques envahissantes: «D’ici à 2020, les espèces exotiques envahissantes et leurs voies d’accès seront répertoriées et traitées en priorité, les principales espèces seront endiguées ou éradiquées et les voies d’accès seront contrôlées pour éviter l’introduction et l’installation de nouvelles espèces.»

• Action 15: Renforcer les régimes phytosanitaires et zoosanitaires de l’UE. D’ici à 2012, la Commission intégrera des questions de biodiversité supplémentaires dans les régimes phyto- et zoosanitaires.

• Action 16: Mettre en place un instrument spécifique pour les espèces exotiques envahissantes. La Commission comblera les lacunes politiques dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes en élaborant, d’ici à 2012, un instrument législatif ad hoc.

L’écureuil roux indigène est menacé par l’écureuil gris d’Amérique.

Il est nécessaire de procéder régulièrement à l’entretien et au nettoyage des navires pour éviter la propagation des EEE.

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Espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union

Le nouveau règlement européen dresse la liste des espèces envahissantes préoc-cupantes pour l’Union. Cette liste comprendra un sous-ensemble d’EEE considé-rées comme «les plus nuisibles» parmi les 1000 à 1800 EEE présentes en Europe.

L’UE pourra ainsi concentrer son action sur les EEE qui causent le plus de dégâts et qui nécessitent clairement l’adoption de mesures ciblées au niveau de l’UE. Dans la mesure où il s’agit d’un nouveau domaine politique, il s’avère particulière-ment important d’adopter une approche organisée par priorités afin de permettre une évolution progressive du système et de donner à la Commission et aux États membres l’occasion de tirer des enseignements de leur expérience.

Les espèces qui seront considérées comme EEE préoccupantes pour l’Union seront choisies à l’issue d’évaluations des risques étayées par des faits. Ces évaluations devront être réalisées selon des critères définis, afin que les résultats soient valides dans l’ensemble de l’UE et qu’elles ne doivent être réalisées qu’une seule fois.

Un Comité permanent d’experts nommés par les États membres et la Commis-sion analysera ensuite les évaluations des risques et décidera si les espèces en question devront être incluses ou non dans la liste d’espèces préoccupantes pour l’Union. Les espèces reprises dans cette liste seront interdites et les États membres devront prendre des mesures pour s’assurer qu’elles ne sont pas intro-duites, commercialisées, conservées, cultivées ou libérées dans l’UE.

Qu’en est-il des espèces qui ne sont pas reprises dans la liste de l’UE?

Il relève de la responsabilité de chaque pays de lutter contre les EEE présentes sur son territoire, mais non reprises dans la liste des espèces préoccupantes pour l’Union. Des mesures intermédiaires sont toutefois prévues pour les États membres qui s’inquiéteraient de la présence, ou du risque d’introduction sur leur territoire, d’espèces qui ne figureraient pas encore dans la liste des espèces préoccupantes pour l’Union, mais qui sembleraient très envahissantes.

Dans ce cas précis, les États membres peuvent prendre des mesures d’urgence pour aborder ou interrompre l’introduc-tion de l’espèce en question pendant la réalisation de l’évaluation. L’État membre concerné doit, auquel cas, en informer la Commission et les autres pays concernés, afin qu’ils puissent prendre leurs dispositions.

Renouée du Japon, Fallopia japonica. Ouette d’Égypte, Alopochen aegyptiacus.

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Les lacs de Plitvice en Croatie envahis par le chevesne non indigène, Squalius cephalus.

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Réglementation du commerce

En reconnaissant qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir, une démarche qui s’avère également moins coûteuse, le premier train de mesures proposées dans le nouveau règlement européen vise à empêcher les EEE préoccupantes pour l’Union de pénétrer sur le territoire de l’UE.

Il deviendra donc illégal d’introduire intentionnellement dans l’UE toute espèce reprise dans la liste des espèces préoccupantes pour l’Union. La reproduction, le transport, la vente, l’utilisation, la possession ou la libération de ces espèces dans l’environnement seront également interdits. Les autorités douanières seront chargées de réaliser des contrôles à toutes les frontières de l’Union et elles auront le pouvoir de saisir toute cargaison non conforme.

Des exceptions demeureront possibles pour des raisons dûment justifiées, mais seulement si les autorités compétentes des États membres concernés ont délivré un permis à cette fin et si certaines conditions sont respectées, telles que le confinement des spécimens.

Dans la mesure où il n’est pas toujours aisé d’identifier les EEE, il est prévu de publier des orientations et d’organiser des formations de niveau approprié pour aider les autorités douanières à mieux détecter les EEE.

Des fonds européens pour lutter contre les EEE

Plusieurs programmes de financement européens peuvent être utilisés par les États membres pour éradiquer ou gérer les EEE sur leur territoire, dont le programme de développement rural, INTERREG et le fonds européen LIFE.

Jusqu’à présent, le fonds LIFE-Nature de l’UE a soutenu plus de 180 projets visant à lutter contre les EEE sur les sites de Natura 2000, pour un coût total de quelque 44 millions d’euros.

Les inspections aux frontières s’intensifieront pour éviter l’introduction d’EEE préoccupantes pour l’Union.

Écureuil gris de l’Est.

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LANCER DES CAMPAGNES DE SENSIBILISATION

Travailler avec des bénévoles: la forêt de Soignes est une grande forêt semi-naturelle située aux abords de Bruxelles en Belgique. Plus de 2000 hectares ont été inclus dans le réseau européen Natura 2000 en raison de leur biodiversité rare et de leurs habitats forestiers uniques. Comme bon nombre de fo-rêts, la forêt de Soignes est toutefois constamment menacée par des espèces exotiques envahissantes. Afin de lutter contre ce problème, des événements sont régulièrement organisés pour recruter des bénévoles disposés à éliminer des espèces envahissantes, telles que le cerisier tardif et l’érable à feuilles de vigne. Leur aide est précieuse pour contenir la propagation des EEE dans la forêt de Soignes.

Dans le cadre d’un projet financé par le programme LIFE sur le contrôle de la propagation de la Caulerpa taxifolia dans la mer Méditerranée, une campagne d’information majeure a été lancée pour informer les gouvernements et les par-ties prenantes (les pêcheurs, les plongeurs et l’équipage des bateaux de plaisance) de la nécessité de mettre un terme à la propagation de la caulerpe. Une vidéo, des brochures et des affiches en plusieurs langues ont été distribuées dans huit pays méditerranéens. Cette campagne s’est révélée d’une efficacité remarquable: les touristes et les résidents ont contribué à la découverte de nouvelles colonies de caulerpe qui ont ensuite pu être éliminées. La propagation de cette «algue» tueuse a ainsi pu être ralentie dans la mer Méditerranée.

La campagne «Be Plant Wise» a été lancée par les autorités bri-tanniques en 2010. Elle a pour objectif de réduire la propagation des espèces non indigènes envahissantes dans les cours d’eau britan-niques en éduquant les principaux publics concernés, tels que les jar-diniers et les détaillants, quant aux menaces que peuvent représenter ces végétaux pour l’environnement et en les encourageant à changer de comportement pour contribuer à la réduction de cette menace. Le slogan de la campagne est le suivant: «Soyez conscients de ce que vous cultivez, compostez soigneusement et arrêtez la propagation». En plus de sensibiliser la population, cette campagne prodigue de nombreux conseils pratiques sur la manière de gérer et d’éliminer les plantes aquatiques non indigènes envahissantes.

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Lutter contre les EEE aquatiques nuisibles

Les parties à la Convention internatio-nale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires ont décidé de prévenir, de réduire au minimum et, en dernier ressort, d’éliminer le transfert d’organismes aquatiques nuisibles et d’agents pathogènes grâce au contrôle et à la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires.

L’Organisation maritime internationale (OMI) facilite par ailleurs l’élaboration et l’application de lignes directrices sur la formation de salissures par ces organismes sur les coques des navires.

Lutter contre les «passagers clandestins» et les contaminants

L’introduction involontaire d’EEE constitue évidemment un problème bien plus difficile à régler. À cet égard, le nouveau règlement invite les États membres à réaliser une analyse globale des voies d’accès ou de propagation des EEE sur leur territoire. L’objectif est d’identifier les voies d’accès nécessitant une action prioritaire en raison du volume d’espèces les utilisant ou des dégâts causés par les espèces pénétrant sur le territoire de l’UE par ce biais.

Une fois les voies d’accès prioritaires identifiées, les États membres sont censés préparer et mettre en œuvre un plan d’action pour limiter ces voies d’achemine-ment. Si certaines mesures seront sans doute de nature réglementaire (ex.: inspec-tions adéquates, mesures pour minimiser la contamination, etc.), il sera tout aussi important de lancer de grandes campagnes de sensibilisation de la population.

En raison du grand nombre d’EEE différentes et des nombreuses voies d’accès qu’elles peuvent emprunter, il convient que tous les secteurs liés d’une manière ou d’une autre à ce problème prennent pleinement conscience du phénomène et jouent un rôle dans la limitation de l’introduction ou de la propagation de ces espèces. Plusieurs secteurs ont déjà adopté des codes de conduite et des lignes directrices visant à aborder les risques posés par les EEE. Le code de conduite européen sur les EEE pour les jardins botaniques et le code de conduite européen sur la chasse et les EEE peuvent être cités à titre d’exemple.

Les eaux de ballast des navires constituent une importante voie d’accès à l’UE pour les EEE.Styla clava attachée à la quille d’un bateau.

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Détection précoce et éradication rapide

Le deuxième volet du nouveau règlement porte sur la détection précoce et l’éradication rapide. Les États membres devront mettre en place un système de surveillance officiel, afin de recueillir et de consigner des données clés sur les EEE préoccupantes pour l’Union sur leur territoire.

Ces systèmes de surveillance doivent permettre aux États membres d’avertir la Commission et les États membres dès qu’une EEE préoccupante pour l’Union est détectée sur leur territoire. Ils devraient également permettre d’assurer la prise de mesures immédiates pour éradiquer les EEE en question de manière précoce, avant qu’elles n’aient l’occasion de se propager et de causer des dégâts importants.

Grâce à ces systèmes de surveillance, les pays devraient par ailleurs être en mesure d’évaluer l’efficacité des différentes techniques de gestion élaborées pour l’éradication ou la gestion des différentes EEE.

Un réseau européen d’information sur les espèces exotiques (EASIN)

Une base de connaissances solide est essentielle pour étayer la prise de décisions efficaces et justifiées sur le plan scientifique. Afin d’aider les États membres dans leurs tâches, le Centre commun de recherche de la Commission européenne a mis en place un réseau européen d’information sur les espèces exotiques, l’EASIN, une interface unique pour une quarantaine de bases de données existantes sur les EEE en Europe.

Un éventail d’outils et de publications en ligne sont disponibles pour informer les utilisateurs sur chaque espèce et notamment sur leur répartition en Europe, leurs voies d’accès et leur impact. De nouveaux outils en ligne seront ajoutés en temps voulu.http://easin.jrc.ec.europa.eu

Surveillance et recherche de têtes-de-boule, Pimephales promelas. © NNSS

Ragondin, Myocastor coypus.

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Lutter contre les EEE dans les régions ultrapériphériques de l’UE

Les régions ultrapériphériques de l’UE sont d’importants hauts lieux de la biodiversité, mais elles sont également menacées par les EEE, en particulier sur les îles. Dans la mesure où ces régions font partie de l’UE, le nouveau règlement relatif aux EEE prévoit des dispositions spécifiques à leur égard.

En conséquence, si une espèce considérée comme une espèce préoccupante pour l’Union est originaire d’une région ultrapériphérique, les dispositions relatives à la liste ne s’appliqueront pas à cette espèce dans cette région. De plus, les États membres dotés de régions ultrapériphé-riques seront tenus d’identifier les espèces exotiques envahissantes problématiques dans ces régions. Ces espèces seront ensuite traitées comme des EEE préoccu-pantes pour l’Union dans ces régions.

Gestion des EEE déjà établies dans l’UE

Le dernier volet du nouveau règlement porte sur la gestion des EEE préoccu-pantes pour l’Union déjà bien établies dans un ou plusieurs États membres. L’objectif est de réduire au minimum leurs incidences sur la biodiversité et les services écosystémiques, ainsi que sur la santé humaine et l’économie. Chaque pays devra prendre une série de mesures afin de contrôler ou de contenir les populations d’EEE préoccupantes pour l’Union, voire les éradiquer complètement de leur territoire si cela s’avère toujours possible. Lorsque ces mesures portent sur des animaux envahissants, toute douleur, détresse ou souffrance évitable devra être épargnée aux animaux par les États membres.

Les États membres sont encouragés à coordonner leurs programmes de ges-tion à travers les frontières lorsqu’il existe un risque significatif qu’une espèce exotique envahissante se propage dans des pays voisins ou lorsqu’une action conjointe donnerait lieu à un résultat plus efficace du point de vue des coûts. En outre, des mesures adéquates devraient être prises pour restaurer les habitats endommagés ou détruits par les EEE, afin de contribuer à leur rétablissement et éviter toute nouvelle invasion.

Élimination de rhododendrons envahissants dans le parc national de Snowdonia au Royaume-Uni.

Le longose, Hedychium gardnerianum: une EEE importante à Madère.

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PROJETS DE LUTTE CONTRE LES EEE FINANCÉS PAR L’UE

Plusieurs projets LIFE visaient à éradiquer l’érismature rousse (Oxyura jamaicensis) introduite en Europe avec une collection privée d’oiseaux sauvages dans les années 1940. Après s’être échappée dans la nature, cette espèce d’oiseau s’est propagée dans plus de vingt pays européens, où elle a commencé à se reproduire avec son cousin indigène bien plus rare, l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala). Plusieurs programmes d’éradication ambitieux ont été lancés dans le cadre du programme LIFE pour réduire la présence de l’espèce. Elle n’est désormais présente que dans quatre pays de l’UE et l’objectif est d’éradiquer tous les oiseaux restants d’ici 2015.

Les Hébrides extérieures d’Écosse hébergent certains des sites les plus importants pour les oiseaux nichant au sol en Europe. Le vison d’Amérique (Mustela vison) entraîne toutefois la disparition de ces oiseaux et porte atteinte à l’aquaculture, aux micro-exploitations (crofting) et au tourisme. Les fonds du programme LIFE ont permis de lancer un projet visant à éradiquer la population de vison de l’extrémité sud de l’archi-pel. Grâce à son approche scientifique rigoureuse, ce projet a également contribué de façon considérable à la compréhen-sion des conditions nécessaires à une mise en œuvre la plus efficace et la moins coûteuse possible de tels programmes d’éradication.

RINSE (réduire l’impact des espèces exotiques en Europe) est un projet européen de 2,5 millions d’euros réalisé dans le cadre du programme Interreg IVA 2 mers. Il réunit neuf partenaires originaires de France, d’Angleterre, de Belgique et des Pays-Bas, dont l’objectif est de partager de bonnes pratiques, de sensibili-ser la population et d’adopter des approches stratégiques pour lutter contre les menaces posées par les espèces exotiques envahissantes dans ces quatre pays. Il s’agit d’un projet de grande envergure dans son approche. Il examinera les EEE à travers différents groupes d’espèces, dont des plantes aqua-tiques, des invertébrés aquatiques, des oiseaux, des poissons et des mammifères terrestres, ainsi que plusieurs habitats.

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Sur la BIODIVERSITÉ

• Concurrence pour la nourriture et les habitats• Prédation• Vecteurs de maladies• Hybridation• Modification des conditions d’habitat

Sur les SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES

• Interférence avec les services de soutien (ex.: recyclage des éléments nutritifs, formation du sol)

• Interférence avec les services d’approvisionnement (ex.: production de bois d’œuvre)

• Interférence avec les services de régulation (ex.: régularisation des cours d’eau, contrôle de l’érosion, pollinisation)

• Interférence avec les services culturels (ex.: valeur des paysages et valeurs esthétiques)

Sur l’ÉCONOMIE et les INFRA-STRUCTURES

• Endommagement des cultures commerciales donnant lieu à d’importantes baisses de rendement (ex.: agriculture, sylviculture, aquaculture)

• Endommagement des infrastructures (encombrement des voies navigables, érosion des barrages, des ponts, des berges des rivières, encrassement des coques des navires et des autres équipements, etc.)

• Perturbation des activités récréatives (blocage des voies navigables, endommagement des filets de pêche, endommagement des paysages donnant lieu à une baisse du tourisme)

Sur la SANTÉ HUMAINE

• Vecteurs de maladies• Source d’allergies et à l’origine d’asthme• À l’origine de dermatites et d’abrasions cutanées

Annexe. Récapitulatif de l’impact des EEE

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Ressources utilesInformations sur les EEE en Europe et réponse de l’UE Les informations suivantes sont disponibles sur le site Internet de la DG ENV dédié aux EEE: http://ec.europa.eu/environment/nature/invasivealien/index_en.htm

Principaux documents sur les EEE• Règlement (UE) du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation

des espèces exotiques envahissantes• Communiqué de presse sur le nouveau règlement• Fiche d’information de quatre pages sur les EEE en Europe (mai 2009, dans toutes les langues)• Vidéo sur les EEE en Europe • Proposition de la Commission du 9 septembre 2013 en faveur d’un règlement relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction

et de la propagation des espèces exotiques envahissantes – Com 2 013 620 Final + analyse d’impact – SWD (2013) 322 final• Stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2020 adoptée le 3 mai 2011 – Com (2011) 244 final• Communication de la Commission du 3 décembre 2008: Vers une stratégie de l’Union européenne relative aux espèces exotiques

envahissantes – Com 2008 789 final

Système d’information sur les EEE• Réseau européen d’information sur les espèces exotiques: http://easin.jrc.ec.europa.eu

Études financées par l’UE• Espèces exotiques envahissantes: cadre pour l’identification des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union,

septembre 2014• Évaluation et contrôle de la propagation et des effets de l’ambroisie à feuilles d’armoise en Europe, octobre 2012• Évaluation visant à étayer l’élaboration continue d’une stratégie européenne de lutte contre les espèces exotiques envahis-

santes, novembre 2010• Recommandations relatives aux options politiques visant à minimiser les incidences négatives des espèces exotiques envahissantes

sur la biodiversité en Europe et dans l’UE, rapport récapitulatif final, septembre 2009• Évaluation des incidences des espèces exotiques envahissantes en Europe et dans l’UE, septembre 2009

Programme et projets européens LIFE (http://ec.europa.eu/environment/life/)• LIFE et les espèces exotiques envahissantes (2014)• Brochure LIFE Focus sur les espèces exotiques et la conservation de la nature dans l’UE, le rôle du programme LIFE (2004)• Base de données des projets LIFE http://ec.europa.eu/environment/life/project/Projects/index.cfm

Rapports de l’Agence européenne pour l’environnement sur les EEE• Les incidences des espèces exotiques envahissantes en Europe (2012), rapport technique nº 16/2012• Indicateurs relatifs aux espèces exotiques envahissantes en Europe, examen de l’intégration de l’indicateur de biodiversité européen

de 2010, rapport technique nº 15/2013, décembre 2012

Autres • Réseau européen des espèces exotiques envahissantes en Europe septentrionale et centrale (NOBANIS): http://www.nobanis.org• Campagne «Be Plant Wise», Royaume-Uni: http://www.nonnativespecies.org/beplantwise/• Projet Interreg IVA RINSE: http://www.rinse-europe.eu/

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Commission européenneESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES: action de l’Union européenneLuxembourg: Office des publications de l’Union européenne2014 — 28 pp. — 21 x 21 cmISBN: 978-92-79-40774-1doi:10.2779/3212

Crédits photos

Couverture: Caulerpa taxifolia © misa.net.auPage 4: berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum © iStock.com Page 5: trachémyde écrite, Trachemys scripta © Shutterstock.comPage 6: ficoïde glaciale, Carpobrotus edulis © iStock.com; limace espagnole, Arion vulgaris © Thinkstock.com; grenouille-taureau, Lithobates catesbeianus © iStock.com; coccinelle asiatique, Harmonia axyridis © Shutterstock.com; perruche à collier, Psittacula krameri © NNSS; chien viverrin, Nyctereutes procyonoides © iStock.comPage 7: salissures marines, pneus usagés, grains de blé © iStock.comPage 8: écrevisse de Louisiane, Procambarus clarkii © Trevor Renals/NNSS; frelon à pattes jaunes, Vespa velutina © Jean Hexaire/NNSS; algue, Caulerpa taxifolia © Roberto Rinaldi/naturepl.comPage 9: Elodia canadensis © www.monde-de-lupa.fr; forêt d’automne © iStock.comPage 10: élimination de la balsamine de l’Himalaya © NNSSPage 11: moule zébrée, Dreissena polymorpha © NOAAPage 12: ambroisie à feuilles d’armoise, Ambrosia artemisiifolia © iStock.com; moustique-tigre, Aedes albopictus © Shutterstock.com; berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum © Tom Richards/Wye and Usk FoundationPage 13: cténophore nord-américain, Mnemiopsis leidyi © David Shale Naturepl.com; jacinthe d’eau, Eichhornia crassipes © iStock.com; moule zébrée, Dreissena polymorpha © NOAAPage 14: éviter la propagation des EEE © Matt Brazier/Environment AgencyPage 15: rat musqué, , Ondatra zibethicus © iStock.comPage 16: écureuil roux © Mark Boulton/4nature.com; les EEE endommagent les coques des navires © Marine ScotlandPage 17: renouée du Japon, Falopia japonica © iStock.com; ouette d’Égypte, Alopochen aegyptiacus © Shutterstock.comPage 18: lacs de Plitvice © Shutterstock.comPage 19: contrôles aux frontières © R. Risberg/Associated Press; écureuil gris de l’Est © iStock.com;Page 20: campagnes de sensibilisation © NNSS; Caulerpa taxifolia © Roberto Rinaldi/naturepl.com; bénévoles © www.sonianforest.bePage 21: eaux de ballast des navires © iStock.com; Sytla clava © NNSSPage 22: ragondin, Myocastor coypus © Shutterstock.com; projet de recherche © NNSSPage 23: élimination des rhododendrons © Snowdonia National Park, UK; longose, Hedychium gardnerianum © wikipediaPage 24: érismature rousse, Oxyura jamaicensis © Shutterstock.com; piège à vison © Pete Cairns/nature.pl.com; hémérocalle © grannybuttons.comPage 25: bernaches du Canada © iStock.com; ombles de fontaine © iStock; voies navigables encombrées © NNSS; ampoules causées par l’ambroisie à feuilles d’armoise © King County Noxious Weed Control Program, USA

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