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Eric Brottier Ingénieur des Arts et Métiers Technicien-Conseil pour le Ministère de la Culture, 09, Rue de Louvois 51150 BOUZY 03 26 58 45 60 [email protected] Région : Picardie Département : 80 Localité : Amiens Edifice : Cathédrale Notre-Dame Orgue de tribune protégé au titre des MH Identification : Buffet de l'orgue de tribune (15 e s.) Partie instrumentale non protégée Date protection BU : 11/05/1907 Nature protection : CLMH N° fiche BU : 1507 Orgue de chœur non protégé Nature de l’opération : Examen des orgues Rapport de visite du 27 mai 2014 Personnes présentes : M. Loisemant, organiste titulaire, Vincent Thuillier, assistant d’Eric Brottier, Eric Brottier, technicien-conseil territorial. 1- Examen du grand orgue de tribune. Rappel historique : La construction de l’orgue actuel remonte à 1431, date de son achèvement. Il comportait alors 46 notes, et faisait parler 2 500 tuyaux. On sait également qu'à l'époque cet orgue était le plus grand instrument du royaume de France. Il en subsiste aujourd’hui une partie du soubassement et les montants supérieurs du buffet ainsi que la tribune. Des traces du buffet gothique primitif sont toujours visibles à l'intérieur du meuble. En 1549, l'orgue, en très mauvais état, est injouable. C'est à ce moment qu'un inventaire est dressé au mois de novembre par Caignard. Il rapporte que l'orgue était un vaste Blockwerck de 90 rangs dans les dessus.Une reconstruction est effectuée en 1620 par Pierre Pescheur, qui ajouta à cette occasion un positif de dos. L’ensemble a été expertisé et inauguré par Jehan Titelouze. En 1661 des travaux sont effectués par Louis de Burcourt facteur à Amiens puis par la suite en 1703 par Antoine Picard. A cette époque le chapitre semble vouloir traiter avec Clicquot, mais ses devis paraissent trop onéreux, les projets sont donc abandonnés. Dans le courant du 18 e siècle des réparations sont effectués par le sieur Dallery facteur à Amiens. En 1769 Charles Dallery revient pour agrandir l'orgue.Au N° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.

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Eric Brottier

Ingénieur des Arts et MétiersTechnicien-Conseilpour le Ministère de la Culture,

09, Rue de Louvois51150 BOUZY 03 26 58 45 [email protected]

Région : PicardieDépartement : 80Localité : AmiensEdifice : Cathédrale Notre-DameOrgue de tribune protégé au titre des MHIdentification : Buffet de l'orgue de tribune (15e s.)

Partie instrumentale non protégéeDate protection BU : 11/05/1907Nature protection : CLMHN° fiche BU : 1507

Orgue de chœur non protégéNature de l’opération : Examen des orgues

Rapport de visite du 27 mai 2014

Personnes présentes :

M. Loisemant, organiste titulaire,

Vincent Thuillier, assistant d’Eric Brottier,

Eric Brottier, technicien-conseil territorial.

1- Examen du grand orgue de tribune.

Rappel historique :

La construction de l’orgue actuel remonte à 1431, date de son achèvement. Il comportait alors 46

notes, et faisait parler 2 500 tuyaux. On sait également qu'à l'époque cet orgue était le plus grand instrument du

royaume de France. Il en subsiste aujourd’hui une partie du soubassement et les montants supérieurs du buffet

ainsi que la tribune. Des traces du buffet gothique primitif sont toujours visibles à l'intérieur du meuble.

En 1549, l'orgue, en très mauvais état, est injouable. C'est à ce moment qu'un inventaire est dressé

au mois de novembre par Caignard. Il rapporte que l'orgue était un vaste Blockwerck de 90 rangs dans les

dessus.Une reconstruction est effectuée en 1620 par Pierre Pescheur, qui ajouta à cette occasion un positif de

dos. L’ensemble a été expertisé et inauguré par Jehan Titelouze.

En 1661 des travaux sont effectués par Louis de Burcourt facteur à Amiens puis par la suite en

1703 par Antoine Picard. A cette époque le chapitre semble vouloir traiter avec Clicquot, mais ses devis

paraissent trop onéreux, les projets sont donc abandonnés. Dans le courant du 18e siècle des réparations sont

effectués par le sieur Dallery facteur à Amiens. En 1769 Charles Dallery revient pour agrandir l'orgue.AuN° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B

Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.

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moment de la Révolution, le chapitre avait l'intention de confier la construction d'un nouvel orgue par le

facteur François-Henri Clicquot. Mais ce projet resta sans suite.

De 1832 à 1834, l'orgue est modifié par John Abbey sous la direction de Hamel. C’est

probablement durant cette intervention que les tuyaux de façade sont reconstruits, en réemployant

partiellement la façade existante.

A la fin du 19e siècle, un nouveau projet de restauration est envisagé compte tenu du mauvais état

de l’orgue. Plusieurs facteurs sont consultés parmi lesquels les frères Abbey, Schyven et Stoltz.C'est

finalement Aristide Cavaillé-Coll qui reconstruit l'orgue de 1887 à 1889, avec pour harmoniste Glock.

L'inauguration est assurée par Alexandre Guilmant.

En 1914, face à l’imminence des bombardements, le ministre des Beaux-Arts ordonne le

démontage de l'orgue. L’ensemble fut rapidement démonté par les pompiers de Paris aidés de Félix Van Den

Brande, facteur à Amiens, et fut emporté au château d'Eu avec une partie du mobilier.

L'orgue fut remonté seulement en 1936 par la maison Roethinger, qui transforma profondément

l’instrument. Ainsi, certains jeux de Cavaillé-Coll ayant disparu furent remplacés par des jeux d'esthétique

néoclassique, l’alimentation modifiée avec baisse des pressions, la mécanique des notes et de jeux

reconstruite. Un relevage avec de nouvelles transformations de jeux furent effectués en 1965 par Charles

Acker pour le compte de Roethinger. La Contrebombarde 32 en cuivre de 1936, qui à elle seule couvrait le

reste de l'orgue, et dégradée par les pigeons, est alors déposée.

L’orgue n’a plus fait l’objet de travaux depuis cette date. Il est actuellement entretenu par la

Maison Pascal, de Lille. Il comporte aujourd’hui 56 jeux répartis sur trois claviers de 56 notes et un pédalier

de 32 notes.

Composition actuelle :

Positif de dos Grand-orgue Récit expressif Pédale

Montre 8 Montre 16 Quintaton 16 Bourdon 32Bourdon 8 Bourdon 16 Diapason-Flûte 8 Principal 16Flûte à fuseau 8 Montre 8 Cor de nuit 8 Soubasse 16Prestant 4 Diapason 8 Viole de gambe 8 Contrebasse 16Flûte douce 4 Bourdon 8 Voix céleste 8 Principal 8Nasard 2 2/3 Flûte harmonique 8 Prestant 4 Flûte 8Doublette 2 Salicional 8 Flûte 4 Prestant 4Tierce 1 3/5 Prestant 4 Octavin 2 Flûte 4Fourniture IV Flûte 4 Cornet V Fourniture IV Trompette 8 Nasard 2 2/3 Bombarde 16 Bombarde 32 (supprimée en 1965)

Cromorne 8 Doublette 2 Trompette harmonique 8 Bombarde 16Clairon 4 Cornet V Basson-Hautbois 8 Trompette 8

Fourniture VI Voix humaine 8 Clairon 4Cymbale IV Clairon harmonique 4Bombarde 16Trompette 8

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Clairon 4Tirasses Pos, GO, Récit. Accouplements : GO, Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif à l'unisson,

Positif/GO et Récit/GO à l'octave grave. Appel mixtures Positif, GO, Récit. Appels anches Positif, GO, Récit,

Pédale. Appel tutti (tous les appels mixtures et anches). Trémolo Positif et Récit.

Etat actuel de l’instrument.

L’orgue de tribune est aujourd’hui dans un état de fonctionnement précaire : usure importante des

mécanisme, mauvais état des peaux des soufflets, tuyauterie très empoussiérée, attaque des xylophages. En

dépit de cet état, s’agissant d’un des rares instruments en état de jeu à Amiens, il est utilisé régulièrement pour

les offices ainsi que pour des concerts qui prennent place soit dans le cadre d’auditions ou de récitals dans le

cadre d’un festival annuel.

Notons enfin, que l’orgue fait l’objet de visites d’entretien courant assurées par Antoine Pascal,

mais ces visites qui sont limitées à l’accord périodique des jeux d’anches et quelques réglages mécaniques ne

permettent pas de remédier à des désordres importants.

Principaux problèmes rencontrés.

Une visite de deux heures ne peut être en mesure de permettre de réaliser un diagnostic complet et

détaillé d’un grand orgue de 56 jeux. Cependant, cet examen a permis de faire un rapide constat de l’état

sanitaire de l’instrument, détaillé ci-après par sous-ensembles avec description succincte :

Alimentation :

La soufflerie primaire est située dans les combles Sud attenantes à la tour, et constituée de 4

réservoirs et leurs pompes manuelles au pied. Cet ensemble est de

Cavaillé-Coll. Les 2 réservoirs à un pli reliés directement aux

pompes sont aujourd’hui condamnés. Les 2 réservoirs supérieurs (à

un pli rentrant, l’autre à deux plis compensés) sont directement

alimentés par une turbine électrique ancienne mais en bon état

apparent. La prise d’air s’effectue dans l’édifice par un grand

conduit flexible en aluminium installé par Antoine Pascal.

Le local des réservoirs primaires, orienté plein Sud, a

été isolé récemment afin de limiter les températures élevées

générées par l’exposition au soleil et notamment l’été. Cela a eu

pour conséquence de provoquer une mise en dépression de la pièce

en raison de l’aspiration d’air de la turbine. Le double avantage de

la prise d’air installée depuis est de limiter cette mise en dépression

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et de capter l’air ambiant dans la cathédrale, donc dans les mêmes conditions dans lesquelles se trouve l’orgue.

Un vaste réseau de portevents en bois et en tôle distribue l’air vers les sommiers et les machines

pneumatiques.

Quatre réservoirs sont situés en soubassement

du buffet (deux à 2 plis compensés, (photo ci-contre),

deux à un pli rentrant) alimentant le Positif, la grande

Pédale et les machines pneumatiques ; deux réservoirs à

deux plis compensés sont situés sous le sommier de Récit.

Enfin, deux grands réservoirs sont disposés

sous les sommiers de Grand-orgue.

Etat de l’alimentation :

Précaire. L’ensemble de l’alimentation est à

restaurer en profondeur.

Hormis les gosiers des réservoirs primaires qui semblent en bon

état, l’ensemble de la peausserie de l’alimentation est en fin de vie. Des

colmatages localisés par bandes de peaux sur les réservoirs ont déjà été

effectués (photo ci-contre), mais l’ensemble de la peausserie est à reprendre.

Un devis a été établi en avril 2013 par Pascal pour un surpeaussage extérieur

provisoire des réservoirs primaires en renforcement des bandes locales

existantes et ceci « en attendant une restauration complète ».

Il n’a cependant pas été constaté de fuites importantes, mais des

essais consistant à plaquer des accords sur le tutti de l’orgue ont montré que

les réservoirs tombent pratiquement à plat. Selon Gérard Loisemant organiste

titulaire, la carence d’alimentation des tuyaux dans ce cas de figure est notamment perceptible au Positif.

Sommiers :

Les sommiers, à registres, sont de Cavaillé-Coll dans

l’ensemble. Une partie des jeux de Pédale (Contrebasse, Soubasse) est sur

sommiers annexes pneumatiques répartis derrière l’orgue dans la galerie du

triforium et concerne les jeux en extension. A noter que le sommier de

Positif (photo ci-contre) est disposé pratiquement à mi-hauteur dans son

buffet, permettant de loger l’abrégé sous celui-ci. Les tuyaux de façade du

grand buffet et une grande partie des tuyaux intérieurs postés sont sur

moteurs pneumatiques.

Etat des sommiers :

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Précaire. L’enchappage est défectueux, avec de nombreuses soufflures audibles pour l’ensemble

des sommiers à registres. N’ayant probablement pas fait

l’objet de réparations depuis leur construction par Cavaillé-

Coll, leur restauration complète est à prévoir. Des fuites d’air

sont audibles au niveau des passe-fils en nylon qui

remplacent les boursettes d’origine, ce qui a été relevé au

récit. Sur ce même plan, des ventres mobiles de Cavaillé-Coll

ont été modifiés (ressorts à lames supprimés). On peut

supposer que des modifications similaires ont été faites sur

les autres sommiers.

Mécanique des notes et des jeux :

Tirage des notes mécanique à balanciers et renvois

d’équerres, avec machines Barker en soubassement pour le

grand-orgue et le Récit, et relais pneumatiques pour les jeux de

Pédale empruntés ou en extension. L’ensemble a été reconstruit

par Roethinger, mais en conservant les abrégés de Cavaillé-

Coll pour les plans manuels.

Tirage des jeux en grande partie

mécanique à sabres, partiellement de Cavaillé-Coll

et modifié par Roethinger. Les jeux de

combinaisons (anches et mixtures) sont à

commandes pneumatiques à relais, de Roethinger,

avec moteurs à double effet à proximité des règles

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de registre. La photo ci-contre montre le tirage des jeux du Récit, à sabres de Cavaillé-Coll pour les jeux de

fonds, à machine pneumatique (à gauche) pour les jeux de combinaisons. On note que les supports d’axes

inutilisés ont été conservés.

Etat de la mécanique des notes et des jeux :

Précaire. L’ensemble de la mécanique présente une usure généralisée. L’essentiel des fuites

audibles dans l’instrument semble provenir des

machines pneumatiques. Celles-ci, très

gourmandes en vent, souffrent d’une

alimentation déficiente compte tenu de l’ampleur

des fuites et « décrochent » lorsque l’on joue de

gros accords aux claviers. (Photo ci-contre :

boite-relais des commandes pneumatiques en

soubassement, et son réseau de tubes de

postages). Outre la restauration complète à

prévoir, il serait envisageable de mener une

réflexion sur une évolution éventuelle de la

technologie du tirage de jeux dans le cadre d’un projet de restauration complète de l’orgue.

Console :

Console en fenêtre, de Cavaillé-Coll modifiée par Roethinger, notamment les tirants de jeux et les

commandes au pied. Le tirant de Bombarde 32 est toujours en place, hors service. Fronton des claviers et

plaque d’adresse de Roethinger.

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Etat de la console :

Correct, mais avec une usure prononcée des éléments. Les touches des claviers présentent un jeu

important au niveau des axes et les garnitures sont à renouveler. L’ensemble est à restaurer intégralement.

Tuyauterie :

Photo ci-dessus : tuyauterie de grand-orgue.

Tuyaux majoritairement de Cavaillé-Coll et Roethinger, avec

présence de tuyaux plus anciens réemployés. Les tuyaux de façade ont été

reconstruits par Abbey, mais en réemployant une partie de la façade

ancienne, pouvant remonter à l’instrument d’origine : des traces

d’aplatissages sont visible sur le haut de certains corps qui ont été inversés

(photo ci-contre).

Les jeux de Cavaillé-Coll sont en étain, ceux de Roethinger en étain

ou en cuivre, notamment dans les jeux d’anches, en spotted pour les

jeux modifiés en 1965.

Ci-contre : pavillons des jeux d’anches de Pédale en cuivre, de

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Roethinger.

L’harmonie est à dominante symphonique, y compris pour les jeux de Roethinger et laisse

seulement entrevoir un beau potentiel sonore compte tenu de l’état actuel de l’instrument. Les techniques

d’embouchage (pavillonnage, dents sur les biseaux) des années 1930 chez Roethinger étant proches de celles

de Cavaillé-Coll dans les années 1890, il est difficile de déterminer le niveau d’intervention sur l’harmonie des

tuyaux antérieurs à 1936 sans une étude approfondie.

Etat de la tuyauterie :

Correct, mais l’ensemble est particulièrement empoussiéré et a souffert du dépôt de fientes de

pigeons au point que certain tuyaux, d’anches notamment, sont devenus pratiquement inaccordables. Un

nettoyage général approfondi avec réparations ponctuelles est à prévoir. En général, l’accord de l’ensemble des

jeux de l’orgue est très défectueux, ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où après presque 50 années de

fonctionnement, l’instrument est empoussiéré et n’a bénéficié d’aucun accord général depuis cette date, ce qui

dépasse de loin la moyenne normale qui se pratique dans ce type d’instrument (20 ans). Cet empoussièrement

général de la tuyauterie, non nettoyée depuis 1965, est très préjudiciable pour l’accord général de l’instrument,

notamment pour les jeux aigus (mixtures, mutations) qui en deviennent inutilisables.

Photos ci-dessous : à gauche : tuyaux de Pédale en bois, de Cavaillé-Coll, sur sommiers

pneumatiques de Roethinger, dans la galerie du triforium derrière le buffet. A droite : tuyauterie du Récit, en

grande partie de Cavaillé-Coll.

Buffets, charpentes :

Tribune et grand buffet du 15e siècle remaniés au siècle suivant, notamment pour les décors.

Buffet de Positif de 1620 agrandi de deux tourelles latérales en 1769 par Dallery.

L’ensemble a été repeint au 19e siècle. Les panneaux latéraux masquent l’escalier d’accès à gauche

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et la Bombarde de 32 (aujourd’hui déposée, mais les croissants de soutien sont toujours en place) à droite. Les

panneaux du soubassement du grand buffet ont été refaits par Roethinger.

Charpentes intérieures et boite expressive de Cavaillé-Coll, assez peu modifiées par Roethinger.

Etat des buffets et charpentes :

Correct pour l’ensemble, mais les

buffets présentent un état de saleté

considérable, de par son empoussièrement et

les multiples déjections d’oiseaux. Cela n’est

visible que de près, le rendu visuel depuis la

nef faisant illusion.

Des bâches polyanes (photos ci-dessous) ont été installées sur les parties hautes du buffet et ont

partiellement rempli leur rôle de protection de la tuyauterie et des passerelles, mais sont à remplacer à court

terme tellement la couche de déjection qui s’y est déposée est importante, ce que propose Pascal dans son

devis du 6 avril 2013.

Enfin, de nombreux éléments en bois tendre (hêtre) sont attaqués par les xylophages. Antoine

Pascal signale qu’une dizaine de foyers ont été détectés dans l’instrument, notamment sur les échelles

intérieures, les supports de sabre du tirage des jeux et les réservoirs en soubassement. Lors de notre visite,

nous avons pu constater effectivement une attaque importante et avancée des collets des portevents situés sous

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les réservoirs du soubassement, ainsi que sur les supports de sabre du tirage du Récit.

Un traitement à court termes des parties les plus attaquées est souhaitable, traitement qu’il faudra généraliser à

l’ensemble de l’instrument lors de sa restauration.

Conclusion (orgue de tribune)

L’orgue de tribune de la cathédrale

d’Amiens a été reconstruit en 1936 par la maison

Roethinger à partir d’un fonds de Cavaillé-Coll

datant de 1889. Le résultat sonore est très

symphonique dans l’esprit et la conception

mécanique, et l’orgue mériterait d’être préservé

dans son intégrité actuelle.

Hormis des transformations minimes

en 1965, il n’a pas fait l’objet de travaux de

relevage depuis 1936. Il est aujourd’hui dans un

état de fonctionnement précaire de par l’usure

avances des mécanismes après plus de 70 ans de

service et est très empoussiéré. Le

fonctionnement aléatoire des transmissions

risque de compromettre à tout moment la saison

culturelle musicale de la cathédrale.

Il faut saluer ici la volonté de

l’organiste titulaire à animer musicalement la

cathédrale par des concerts réguliers en dépit de l’état actuel de l’orgue, volonté d’autant plus affirmée qu’il

s’agit pratiquement du seul instrument encore en état de pouvoir assurer une animation culturelle organistique

à Amiens.

Une restauration approfondie de cet instrument dans toutes ses parties nous apparaît indispensable.

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Ces travaux de grande ampleur nécessitent un examen approfondi de la partie instrumentale sortant du cadre

de la présente visite. Les préconisations à prévoir à cette fin ne pourraient être validées qu’à l’issue d’une

étude préalable circonstanciée sur l’instrument, permettant d’établir un diagnostic détaillé avec des relevés

dans l’instrument. Cette étude est d’autant plus justifiée que l’instrument nécessite véritablement des travaux

dans un avenir proche.

Parallèlement à la restauration générale à prévoir, des travaux d’urgence sont néanmoins à réaliser

à court terme. Ceux-ci correspondent aux prestations indiquées dans le devis d’Antoine Pascal en date du 6

avril 2013 :

- Traitement contre les xylophages sur les parties les plus attaquées (chiffré à 3 773,06 € HT par A.

Pascal),

- Remplacement des bâches polyane protectrices des déjections d’oiseaux et nettoyage partiel de la

tuyauterie (chiffré à 4 759,74 € HT par A. Pascal),

- Surpeaussage partiel des réservoirs primaires (chiffré à 5 307,03 € HT par A. Pascal).

Ces trois interventions peuvent être réalisées de façon indépendante.

2- Examen de l’orgue de chœur.

L’orgue de chœur a été construit par la maison Ducroquet/Barker en 1851 et placé dans les stalles,

sur l'initiative de Mgr de Salinis.

En 1889, Cavaillé-Coll effectua quelques travaux, notamment la mise au ton moderne.

Pendant la guerre, les sacs de terre protégeant les stalles engendrèrent de l'humidité, abimant le

mécanisme et la tuyauterie.

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C'est en 1963 seulement que l'instrument fut restauré par Roethinger, sans doute par Acker, qui

compléta en autres la première octave du Récit tout en remplaçant le sommier, remplaça la Voix céleste par

une Doublette et une Sesquialtera et électrifia le pédalier.

Composition actuelle :

Grand-Orgue Récit expressif Pédale

Bourdon 16 Flûte 8 Soubasse 16Flûte 8 Gambe 8 Basse 8Bourdon 8 Flûte 4Kéraulophone 8 Doublette 2Prestant 4 Sesquialtera IIPlein-Jeu IV Hautbois 8Trompette 8Clairon 4

Tirasses GO et Récit, accouplement Réc/GO,

Trémolo Récit.

Claviers de 54 notes, Pédalier de 30 notes.

Le fonctionnement général de l’instrument est plutôt correct. Les peaux du grand réservoir à 4 plis

compensés (ci-dessous, à gauche) semblent en bon état et ne présentent pas de fuites audibles. L’usure de la

mécanique des notes et des jeux est normale après 50 de fonctionnement (ci-dessous, à droite, mécanique des

notes et abrégé du Récit).

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Le fonctionnement de la pédale électrique est cependant aléatoire, ce

que nous a indiqué M. Loisemant, bien qu’aucun disfonctionnement

notable n’ait été détecté lors de la visite. Ci-contre : électro-aimants du

tirage électrique des notes de Pédale.

L’étanchéité des sommiers reste à vérifier, le jour de la visite les soufflures à l’enchappage étaient

peu nombreuses.

La tuyauterie est en bon état général et ne semble avoir été que peu modifiée par Roethinger. Elle

est néanmoins très empoussiérée. Ci-dessous, à gauche : tuyauterie du grand-orgue, à droite : tuyauterie du

Récit.

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En conclusion, cet orgue de chœur requiert au minimum un dépoussiérage et un accord général,

dans l’idéal un relevage plus approfondi.

C’est en ce sens qu’a été établi un devis par Antoine Pascal, daté du 12 avril 2013 (montant HT 37

230,00 € HT), en charge de l’entretien, avec nettoyage de la tuyauterie et réfection des sommiers auxiliaires.

En plus de ces interventions qui nous semblent justifiées, une vérification de l’enchappage des

sommiers serait également à effectuer.

Pour la Pédale, une évolution des transmissions électrique de pédale, aujourd’hui obsolètes, peut

être envisagée. A. Pascal propose de la remplacer par des sommiers pneumatiques de même technologie que

les sommiers auxiliaires existants.

3- Conclusion générale.

De toute évidence les deux orgues de la cathédrale d’Amiens méritent une restauration. Ces deux

instruments ont connu un grave déficit d’entretien depuis 50 ans. L’entretien courant qui est assuré par

Antoine Pascal ne peut en effet suffire pour conserver en bon état de jeu deux instruments de cette importance,

qui nécessitent d’être dépoussiérés, faire l’objet d’accord généraux et d’interventions sur toutes les pièces

d’usure.

Aujourd’hui c’est donc une véritable restauration dont chacun de ces instruments ont besoin.

Le grand orgue de la cathédrale d’Amiens est incontestablement un orgue de premier plan à

l’échelon national. Tout d’abord son buffet est exceptionnel, le grand corps médiéval est pratiquement le seul

de ce genre qui puisse être à ce jour admiré en France. Ce buffet mériterait d’être mieux valorisé. Même s’il

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fait encore de l’effet vu de la nef, le constat à la tribune est moins glorieux, les surface peintes sont

complètement encrassées, jonchées de toiles d’araignées, déjections, etc.

La partie instrumentale est globalement bien construite, et la part de matériel de Cavaillé-Coll est

encore significative. L’évolution stylistique et technique de cette partie instrumentale entre l’état Cavaillé-Coll

et celui conçu par Roethinger est plutôt convaincante dans l’ensemble.

De toute évidence ce grand orgue mérite une restauration, c’est la voix musicale d’une cathédrale

de première importance et classée à l’UNESCO. Un tel instrument mérite de bénéficier d’une attention de

même niveau que celui porté à l’édifice.

Il serait souhaitable d’engager une réflexion sur la restauration qui s’impose maintenant à cet

instrument si l’on veut qu’il puisse continuer à fonctionner et que le festival d’orgue annuel puisse se

poursuivre. L’amorce de cette réflexion pourrait être une étude préalable à la restauration de cet instrument.

En ce qui concerne l’orgue de chœur, une restauration s’impose également. Néanmoins une

intervention plus limitée pourrait être envisagée dans la mesure où il semble évident que la priorité doit être

réservée à l’orgue de tribune ; néanmoins le dépoussiérage et l’accord qui relèvent du gros entretien restent

indispensables et légitimes pour l’orgue de chœur. Les propositions établies par Antoine Pascal vont dans ce

sens. Le programme proposé ne va pas jusqu’au stade d’une complète restauration mais l’ampleur financière

de cette proposition reste somme toute limitée et permettra à l’instrument d’être maintenu dans une état de jeu

convenable pour les années à venir.

Eric Brottier

Diffusion (par courrier électronique) :

M.C.C. : Direction du Patrimoine / BPMI / M. Prévot

DRAC : CRMH Mme Oger-Leurent.

M. le Curé affectataire de la Cathédrale.

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