Envers et contre tous - storage.googleapis.com · Moi qui suis plutôt du genre à n’avoir peur...

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TITAN TANIA BOULET ENVERS ET CONTRE TOUS 1 Extrait de la publication

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  • TITAN

    Tania bouleT

    EnvErs Et contrE tous

    1

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  • TITANJ E U N E S S E

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  • De la même auteure chez Québec Amérique

    Jeunesse

    Les Naufrages d’Isabelle, coll. Titan, 2002.

    • Palmarès Communication-Jeunesse 2002-2003

    Les Fausses notes, coll. Titan+, 1999.

    Chanson pour Frédéric, coll. Titan, 1996. • Prix Livromanie de Communication-Jeunesse 1997-1998

    série clara et julie

    Sur la pointe des pieds, coll. Titan, 2007.

    Sur les pas de Julie, coll. Titan, 2006.

    • Palmarès Communication-Jeunesse 2006-2007

    En plein cœur, coll. Titan, 2005.

    • Palmarès Communication-Jeunesse 2006-2007

    Envers et contre tous, coll. Titan, 2004.

    • Palmarès Communication-Jeunesse 2005-2006

    Adulte

    Danser dans la poussière, coll. Tous Continents, 2009.

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  • ENVERS ETCONTRE TOUS

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  • Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’in dus trie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

    Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Boulet, TaniaEnvers et contre tous(Titan : 61)ISBN 978-2-7644-0375-4 (version imprimée)ISBN 978-2-7644-2374-5 (PDF)ISBN 978-2-7644-2379-0 (EPUB)I. Titre. II. Collection : Titan jeunesse ; 61.PS8553.O844E85 2004 jC843’.54 C2004-941502-6PS9553.O844E85 2004

    Québec Amérique329, rue de la Commune Ouest, 3e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

    Dépôt légal : 3e trimestre 2004Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

    Révision linguistique : Andrée LapriseMise en pages : Andréa Joseph [PageXpress]Réimpression : décembre 2009

    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

    © 2004 Éditions Québec Amérique inc.www.quebec-amerique.com

    Imprimé au Canada

  • TANIA BOULET

    ENVERS ETCONTRE TOUS

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  • À Mireille Pelletier,Myriam Desbiens,

    Jane-Anne Cormieret Vanessa Noël,

    parce qu’elles sont restées.

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  • Moi qui suis plutôt du genre à n’avoir peurde rien, je n’aurais jamais cru qu’une simplerentrée scolaire pourrait me rendre aussi ner -veuse. J’ai la bouche sèche, le cœur quipalpite, les mains moites… Les mêmes symp -tômes que lorsqu’on tombe amoureux, maispour une raison bien différente !

    J’aurais envie de m’enfuir, de courir àtoutes jambes le plus loin possible de cettenou velle école. Elle me semble froide ethostile, tellement différente de celle que j’aidû laisser… Pourtant, je n’ai pas le choix, jedevrai y venir pour les deux prochainesannées. À cette pensée, ma gorge se serre. Cequi m’a fait le plus de peine, quand j’ai su que

    Chapitre 1

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  • nous allions déménager, c’était de savoir que jen’irais pas à mon bal de finissants avec les amisque j’ai toujours eus. Ça, et Simon, bien sûr.

    Bon, ça y est, j’ai les yeux pleins d’eau.C’est ma faute, aussi ! Je sais bien que je nedois pas penser à Simon quand je me sens lecœur fragile. Il me semble si loin, presquedans une autre vie. Comment vais-je survivresans lui, alors qu’il partage toutes mes jour -nées depuis un an et demi ? Simon, ce n’estpas seulement un gars extraordinaire, unathlète exceptionnel et le plus actif des élèvesde mon ancienne école, c’est aussi le chumidéal. Malgré toutes ses activités, il trouvaittoujours du temps pour moi. Mainte nant, ildevra se contenter de me voir en pensée. Etpuis, j’ai beau avoir entiè rement confianceen lui, savoir que les plus belles filles del’école vont lui tourner autour, ça me donnela chair de poule !

    Bon, je ne passerai pas toute la journée àm’apitoyer sur mon sort. Simon n’est quandmême pas mort, je le verrai la fin de semainede l’Action de Grâces. Je peux survivre à sixsemaines d’attente. Et pour ce qui est du balde finissants, j’ai deux ans pour m’y faire etme fondre dans le reste de la gang…

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  • Comme si j’avais déjà réussi à me fondrequelque part ! Quand on a des cheveux aussiroux que les miens, passer inaperçue relèvedu tour de force. Et comme je déteste perdremon temps, je les laisse pousser. J’ai trop àfaire pour aller m’asseoir dans un salon decoiffure toutes les six semaines, comme le faitClaudia, ma meilleure amie, qui porte lescheveux courts et qui perd un temps fou à secoiffer tous les matins. Moi, je les attache enqueue de cheval : une brosse, un élastique etje suis prête en trente secondes ! Claudia m’arépété mille fois que je devrais faire un effort,qu’avec sa tendance naturelle à friser, machevelure pourrait me donner un look d’en -fer. Désolée mais, sans vouloir faire de jeu demots, je n’ai pas envie de me casser la têtepour si peu. Je m’accommode parfaitementde ma queue de cheval, et ceux qui n’aimentpas n’ont qu’à regarder ailleurs.

    Aujourd’hui, pourtant, je regrette de nepas m’être fait raser le crâne avant de com -men cer l’école. Je n’ai même pas encore misle pied à l’intérieur et tout le monde me dévi -sage. C’est un des désavantages d’habiter unvillage : la plupart des élèves se connaissentdepuis la pouponnière, ou presque. Les

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  • nouveaux sont vite étiquetés « étrangers »,quand ce n’est pas «extraterrestres»… Et jecrois que je fais plutôt partie de la deuxièmecatégorie! Je demande intérieurement par donà tous ceux que j’ai jugés à mes pré cé dentesrentrées, moi qui ai toujours vécu dans lemême village. Je prends une grande ins pi -ration… et je plonge.

    Finalement, ça ne s’est pas trop mal passé.Je suis allée chercher mon horaire et j’ai visitél’école avec les autres nouveaux. Pas dechance, je suis la seule nouvelle en quatrièmesecondaire. J’aurais aimé qu’il y ait au moinsune autre personne de mon âge dans la mêmesituation ; on aurait pu se serrer les coudes…Tant pis ! J’aime tant jouer à l’in dé pendante,je suis servie.

    Hier, c’était l’inscription ; aujourd’hui,l’école commence pour vrai. Je me rends àmon local en affichant l’air d’une fille qui saitparfaitement où elle va. En réalité, je me sensun peu perdue et pas très sûre de moi. Je suisl’une des premières arrivées et j’en profitepour choisir un pupitre au fond de la classe.De cette place privilégiée, j’observe les élèvesqui entrent. Je me rends bientôt compte que

  • je ne serai pas la seule à avoir une apparenceun peu marginale.

    S’il n’avait pas porté un vieux chandaildeux fois trop grand pour lui, je ne l’auraispeut-être pas remarqué. Je sais que la modeest aux vêtements amples, mais il y a grand etgrand… En plus, s’habiller avec de la grosselaine à cette période de l’année, alors quel’été n’est pas encore vraiment fini, il faut lefaire… Déjà, avec sa queue de cheval, iltranche sur les autres ; ajoutez un chandailqui a l’air d’avoir trente ans et ça fait toutune combinaison ! À première vue, je diraisque ce gars-là est un artiste. Non, je n’ai pasde don de voyante, mais il a exactement l’airdes artistes qu’on voit dans les films, au pointd’en être presque caricatural.

    À ma grande surprise, il prend place àl’avant de la classe. Quand il s’assoit, j’ai lechoc de ma vie ! D’accord, j’exagère un peu,mais à peine : je croyais qu’il s’effondrerait surune chaise, comme le font tous les gars denotre âge, mais non, il se tient bien droit, lesépaules en arrière et les deux pieds à plat surle sol. Du coup, il devient un peu suspect. Ildoit être un de ces bollés qui ne pensent qu’àleurs livres et à leurs notes… Je soupire.

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  • L’aura de mystère qui planait autour de cetinconnu vient de s’effondrer.

    Pourtant, quand le prof commence àprendre les présences, je ne peux m’empêcherde guetter sa réaction. Je me demande com -ment il s’appelle. Il doit avoir un nom rare,exotique même… Je me concentre tellementsur lui que j’en oublie presque de lever la mainen entendant « Clara Dubé ! ». Tous lesregards se tournent vers moi, y compris celuide « l’artiste ». Je me sens rougir jusqu’à laracine des cheveux. Je l’ai dit, je n’ai pas peurde grand-chose et je n’ai pas de problème engénéral quand les gens me dévisagent, maislà, toute une classe qui se demande qui jepeux bien être, d’où je viens et tout le tralala,c’est un peu trop. Pour cou ron ner le tout, monteint de rousse ne me fait pas de cadeau quandune occasion embar rassante se présente…

    «Pascal Dumont!» Occupée que je suis àrougir, j’ai failli manquer le discret signe de lamain que l’artiste a envoyé au prof, presqueavec l’air de dire : « Je suis là, on n’en fera pastoute une histoire.» Pascal Dumont! Pour cequi est du nom exotique, on repassera ! Mal -gré tout, il continue de m’intriguer, je n’ypeux rien. Non, je ne suis pas en train de

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  • tomber amoureuse de lui. Il est loin d’êtreaussi beau que Simon et, franchement, lesintellectuels ne sont pas mon genre. C’estjuste que les gens différents m’attirent, peut-être parce que je suis moi-même un peudifférente, avec ma crinière de clown!

    Les jours s’écoulent lentement, touspareils ou presque. Je trouve un peu difficilede m’adapter à ma nouvelle école et à manou velle vie. Je m’y attendais. Dans lespetites écoles comme celle-ci, c’est plutôtdifficile de développer de nouvelles amitiés.Les clans sont déjà formés, les liens bienétablis… Je sais tout ça, je viens moi-mêmed’une petite école et je n’ai jamais été enclineà intégrer les nouveaux dans ma gang. Si jepouvais revenir en arrière, je les accueilleraisà bras ouverts.

    L’absence de Simon n’arrange pas leschoses. Je savais qu’il me manquerait, maispas à ce point ! Pas un jour ne passe sansqu’un événement, un mot ou une chansonme rappellent nos moments ensemble.Chaque fois, je me sens si seule que je seraisprête à parler de n’importe quoi avec n’im -porte qui. Comme nos parents ont res treint

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  • l’utilisation du téléphone à deux soirs parsemaine (c’est inhumain!), je me découvre destalents d’écrivaine, moi qui ai toujours détestéles productions écrites. Je noircis des pages etdes pages, j’écris tout ce qui me passe par latête, et les mots « Je t’aime » et « Tu memanques» reviennent toutes les deux lignes.Je parie que Simon n’a jamais reçu autant decourrier et qu’il n’en recevra jamais davan -tage dans toute sa vie. En plus, j’écris unelettre à Claudia chaque semaine. Elle aussi, jesuis autorisée à lui parler de temps en temps,mais pas assez souvent à mon goût. Alors jelui raconte tout ce qui se passe dans meslettres. Je n’ai jamais autant déploré l’absenced’ordinateur dans notre maison. Si je pouvaiscommuniquer avec mon amour et mon amiepar courriel, il me semble que tout serait plusfacile… J’imagine la réaction de mes parentssi je leur demandais de nous brancher,comme tout le monde : « Voyons, Clara, tupasserais ton temps devant l’écran!» Alors,je me tais et j’écris, parfois jusqu’à avoir descrampes dans les doigts.

    Aujourd’hui, ô joie ! ô bonheur! j’ai droità un coup de fil à Simon. Trente minuteschronométrées. Mes parents sont de vrais

  • bourreaux. Ils ne limitent pas nos appels parsouci d’économie, mais parce qu’ils ont peurque je passe mes soirées au téléphone et quema vie sociale et mes études en souffrent. Entout cas, c’est ce qu’ils disent. Franchement !Du temps où nous habitions le même village,Simon et moi, mes notes n’ont jamais baissé.Au contraire. J’étais tellement heureuse etpleine d’énergie que même étudier et fairemes devoirs étaient un plaisir. L’amour nerend pas seulement aveugle, il rend fou, aussi.Pour ce qui est de ma vie sociale, aucunproblème non plus. Simon et moi n’avionspas l’habitude de nous terrer dans notre coinpour être seuls. La plupart du temps, nousnous retrouvions avec le reste de la gang. Jedonnerais cher pour retourner à cette époque.

    Mes doigts tremblent alors que je com -pose le numéro. Il répond à la premièresonnerie.

    — Clara ?— Salut, Simon.Allons, bon, ma voix tremble. Je m’étais

    pourtant juré que je ne pleurerais pas. Ladernière fois, Simon n’a probablement riencompris de ce que je lui disais tellement jesanglotais.

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  • La conversation se déroule dans uneespèce de brume. J’écoute la voix de Simonplu tôt que les mots qu’il prononce. L’en -tendre me fait du bien, mais me brise le cœuren même temps. Tout le monde me dit quenous aurions mieux fait de nous séparerquand j’ai déménagé. Simon et moi en avonsmême parlé. Oui, tout aurait été plus facile,oui, j’aurais pu repartir sur des bases complè -te ment nouvelles, mais ce n’est pas dans meshabitudes de chercher la facilité. Et qui vou -drait des bases nouvelles quand celles déjàétablies sont parfaites ? Qui sait si je n’ai pastrouvé l’homme de ma vie? Je me vois encoreavec Simon dans dix, vingt, cent ans…

    Simon me parle de ses trois derniers joursen détail. Raconté par quelqu’un d’autre, untel récit serait ennuyeux à mourir, mais je boisses paroles. Je dois me retenir pour ne pas luidemander ce qu’il a mangé pour déjeuner. Ilessaie de me faire parler, me pose des ques -tions, s’intéresse à mes réponses, mais j’ai lagorge tellement serrée que les mots nepassent pas. Finalement, je ne lui raconte pasgrand-chose… et surtout pas mon premiercours de ballet-jazz.

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  • Commencer l’année dans une nouvelle école n’est jamais facile. Laisser derrière soi le garçon idéal n’arrange pas les choses… Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Clara refuse de se laisser abattre. Bien sûr, elle s’ennuie de ses amis, et surtout de Simon, son amoureux, mais elle survivra… Fonceuse, décidée, elle s’inscrit au projet de comédie musicale que monte Pascal, un garçon un peu bizarre. En voyant les participants abandonner l’un après l’autre, elle sent sa détermination grimper en flèche. La rage au cœur, elle jure de rester jusqu’à la fin, même si elle devait faire le spectacle seule avec Pascal. Et Simon dans tout ça?

    L’auteure de Chanson pour Frédéric, Les Fausses Notes et Les Naufrages d’Isabelle aborde ici avec justesse des thèmes riches en émotions :

    l’adaptation à une nouvelle école, les rup-tures amoureuses, les difficultés rencontrées dans un projet de spectacle, la toxicomanie et les joies et mystères d’une relation amoureuse naissante…

    Tania bouleTIllustratIon : stéphane poulIn

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