entrevoi... spécial 50e

28
entrevoi... Numéro spécial Les 50ans d’Altéo Le magazine d’Altéo asbl mouvement social de personnes malades, valides et handicapées www.alteoasbl.be N°24 mai octobre 2011 Éditeur responsable : Ph.Bodart - Altéo asbl - Chaussée de Haecht, 579 - BP 40 -1031 Bruxelles

description

l'entrevoi... spécial pour célébrer les 50 ans d'Altéo asbl

Transcript of entrevoi... spécial 50e

Page 1: entrevoi... spécial 50e

04

entrevoi...

Numéro spécial

Les 50ans d’Altéo

Le magazine d’Altéo asblmouvement social de personnes malades, valides et handicapées

www.alteoasbl.be

N°24 mai octobre 2011

Édite

ur re

spon

sabl

e : P

h.Bo

dart

- Alté

o as

bl -

Cha

ussé

e de

Hae

cht,

579

- BP

40 -

1031

Bru

xelle

s

Page 2: entrevoi... spécial 50e

EDITO

Edition et diffusion :Altéo asblChaussée de Haecht, 579 - BP 401031 BruxellesT : 02 246 42 26 - F : 02 246 49 [email protected] - www. alteoasbl.be

Le 14 mai nous fêterons les 50 ans d’Altéo dans le cadre d’une grande journée festive

et militante qui se déroulera à Ciney Expo. L’occasion de regarder dans le rétroviseur

mais aussi de se projeter dans l’avenir et de présenter les orientations futures de notre

mouvement.A cette occasion nous avons réalisé un numéro spécial

d’entrevoi qui mélange histoire, actualité, avenir, tout ce qui a fait de notre mouvement pendant 50 ans et qui le fera pour les

50 années à venir. Nous vous en souhaitons bonne lecture.

50 ans de combat pour l’intégration des personnes malades et handicapées

Quand, en 1961, la Mutualité chrétienne décide de créer un mouvement de personnes handicapées, c’est que les difficultés vécues par elles étaient très importantes : isolement

social, solitude, revenus insuffisants, pas d’accès à l’emploi, inaccessibilité des transports et des infrastructures, etc…

Partant de ces constats alarmants, l’ACIH (association chrétienne des invalides et handicapés) s’est organisée avec la volonté que les personnes handicapées elles-mêmes soient actrices à part entière des combats à mener. Les débuts ne furent pas évidents, mais le mouvement s’est construit progressivement avec pour mission essentielle de permettre à la personne handicapée d’être une citoyenne à part entière avec les mêmes droits que tout un chacun.50 ans plus tard, les choses ont bien changé. Des avancées ont vu le jour. Une des plus importantes est le regard posé par la société sur la personne handicapée. Celui-ci a bien évolué, on ne se retourne plus sur une personne handicapée dans la rue. La peur de la différence a reculé, c’est indéniable. Dans différents domaines touchant directement la personne handicapée des progrès ont été engrangés : citons les revenus de remplacement, l’accès à l’emploi, l’accessibilité des transports publics et des infrastructures, la participation à la vie économique, culturelle et politique. Cela ne s’est pas fait tout seul, c’est grâce au combat de mouvements comme le nôtre, de ses militants, de ses membres que cela a été possible. Sensibilisations, manifestations, campagnes de communication, mobilisation , formations furent et sont toujours des outils qu’Altéo a mis en place pour faire bouger les choses.

Heureux anniversaire à Altéo

Rédacteur en chef : Sebastián FrancoEditeur responsable : Philippe BodartOnt collaboré à ce numéro : André Reyland, Philippe Bodart, Alda Greoli, Nancy De Fauw, Emilie De Smet, Jean-Pierre Yernaux, Antoinette Palermo, Christian Van Rompaey, Cécile Histas, David Lefèbvre, Sylvie Petit, Sebastián Franco / Relecture et corrections : Daniel Antoine,

Philippe Bodart, Paloma Urbina, Cécile HistasPhotos et illustrations : Marina Cox, Marine Losa, Aude Glise, Gabriel Charles, SerduMise en page : Buro Fluoentrevoi est imprimé sur papier recyclé

Page 3: entrevoi... spécial 50e

04

En 2011 où en sommes-nous ?Tout n’est évidemment pas parfait et des combats importants restent à mener. En effet, les discriminations subies par les personnes handicapées sont encore nombreuses, nous recevons de nombreux témoignages de nos membres à cet égard. Dans une société dans laquelle la perfection, la beauté, la jeunesse, le clinquant sont érigés en religion, nous avons encore énormément à faire contre les préjugés et pour tout ce qui peut concourir au respect des différences et la citoyenneté active des personnes handicapées.

Et du côté de l’Aide aux malades ?A côté de la création de l’Acih, la Mutualité chrétienne a mis sur pied des initiatives à la fin des années 50 pour les personnes malades et handicapées : l’organisation de vacances pour ce public qui comme tout un chacun a droit à des vacances . L’organisation en fut confiée au service AAM : les pèlerinages à Lourdes furent la première offre proposée. Très rapidement, l’éventail s’élargit à des séjours en Belgique, à la mer, dans les Ardennes et ensuite à l’étranger.L’offre proposée aujourd’hui est diversifiée, adaptée, elle permet à plus de 2000 personnes malades et handicapées de partir en séjour dans des conditions d’encadrement et d’accessibilité optimales. Cela est possible grâce aux volontaires qui depuis plus de 50 ans encadrent avec beaucoup de compétence et d’idéal nos séjours de vacances.Le service Aide aux Malades a aussi développé dès la fin des années quatre vingt le secteur des solidarités

locales. Grâce aux volontaires, l’accompagnement transports des personnes, l’aide bénévole à domicile, complètent l’offre de services à destination des publics fragilisés. En 2004, le service Aide aux Malades fusionne avec l’ACIH pour devenir Altéo, mouvement social de personnes malades et handicapées que nous connaissons aujourd’hui.

Quels défis pour Altéo ?Jeune cinquantenaire plein de projets, Alteo est face à des défis importants qu’il compte relever dans les prochaines années. Pour ce faire, comme vous le verrez dans ce numéro, le mouvement travaille à l’élaboration d’un plan stratégique. Quelles priorités se donner ? Quel est le rôle d’un mouvement comme le nôtre dans la société d’aujourd’hui ? Quelle place pour les personnes malades et handicapées ? Comment participer avec la Mutualité chrétienne à la défense d’une sécurité sociale fédérale forte et accessible au plus grand nombre ? Des questions essentielles auxquelles nous allons nous atteler.

Encore heureux anniversaire à Altéo, à ses membres, ses volontaires, ses militants, son personnel. Un grand merci à tous pour votre engagement et rendez-vous à tous à Ciney le 14 mai pour fêter cela ensemble.

Philippe BodartSecrétaire général

SOMMAIRELe mouvement De l’ACIH à Altéo, un parcours de 50 ans riche en solidarités Page 4 Le Service Aide aux Malades Page 7 La Mutualités chrétienne, partenaire privilégiée d’Altéo Page 8 L’ancrage local d’Altéo, base de sa dynamique Page 10

Les combats d’aujourd’hui Une Convention pour l’action politique Page 12 L’enseignement spécialisé…une deuxième jeunesse très ordinaire Page 14 L’accessibilité, un cheval de bataille pour Altéo Page 16 Peut-on être handicapé et heureux ? Page 17 Campagne Solidarité Mondiale « La santé, un droit pour tous ! » Page 19

Altéo fête 50 ans d’action Page 20

Les enjeux d’avenir La formation et la communication, deux outils pour l’action Page 23 Le plan stratégique d’Altéo, une balise pour l’avenir Page 25 L’amélioration du sport adapté : une réflexion d’actualité Page 26

Page 4: entrevoi... spécial 50e

04

Comment s’est construit et développé notre mouvement ? Pour le comprendre, il nous faut faire un « pèlerinage aux sources » et parcourir à grands traits l’histoire de son passé.

Les originesLes origines de l’ACIH ne se perdent pas dans la nuit des temps mais se situent à l’aube des années 60, les fameuses « golden sixties ». C’est-à-dire dans un contexte socio-économique de prospérité croissante et de plein emploi dont émerge la préoccupation de promouvoir la mise ou remise au travail des personnes confrontées à la maladie et au handicap au moyen de premiers dispositifs sociaux tels que notamment la formation et la réadaptation professionnelle.

Selon les archives disponibles, c’est au sein du Mouvement Ouvrier Chrétien ( MOC) que s’engage un débat sur l’opportunité de créer des « groupements d’invalides » qui arriveraient à prendre en mains la défense de leurs intérêts. Il existait à l’époque quelques associations dont l’Amicale Belge des Paralysés (ABP), Auxilia (cours par correspondance) et des fraternités de malades mais celles-ci ne s’intéressaient pas aux invalides de mutuelle. Du côté flamand et proche de la mutualité, la très florissante KVG voulait compter sur le soutien d’une organisation homologue francophone.

PARMI LES INITIATEURS FIGURENT CLAIREMENT DES MUTUALISTES :

Oscar Behogne, vice - président de la Mutualité chrétienne, Jean Hallet membre du Bureau journalier et André Spineux, inspecteur. S’y joignent aussi des syndicalistes tels que Guillaume Sauvage, actif au Fonds des Estropiés et Mutilés et Gaston Deleux qui deviendra conseiller au Fonds National de Reclassement Social des Handicapés (FNRSH) créé par la loi du 16.04.63.La C.S.C. estime, pour sa part, que cette mission revient à la mutualité, laquelle confie les travaux préparatoires à sa Commission Nationale de Propagande, dirigée par Emile Seron. Réunie le 27 Septembre 1961, elle élabore une note ciblant les invalides de mutuelle comme public prioritaire et propose un premier plan d’action.

L’ASSEMBLÉE CONSTITUTIVE DE L’ACIH SE TIENT ... EN FLANDRE !

Une lettre signée par L. Van Helshoecht, Secrétaire Général de l’Alliance, invite les secrétaires fédéraux des mutualités wallonnes et bruxelloise à participer à la réunion constitutive de l’ACIH , accompagnés de leur propagandiste et d’un membre de leur futur comité régional. Celle-ci se tient le 21 Décembre 1961 à Ter Nood, centre de formation et de congrès de la C.S.C. à Overijse.

Lors de cette assemblée, un Comité national provisoire est constitué et le premier président élu : il s’agit d’Auguste Olieslaeger, originaire de Grivegnée, membre de la Chambre des Représentants et lui-même confronté au handicap.Dans son allocution, André Spineux décrit sa vision de la vie associative : « ... entre eux, les invalides reprendront mieux conscience que leur sortie du circuit économique ne les empêche pas de garder la totalité de leur dignité humaine, avec ce que cela comporte de droits. » Il rend hommage aux membres de la Fraternelle Joseph Cuypers créée dès 1955, laquelle compte déjà de nombreux bénévoles et préfigure l’arrivée prochaine du service Aide aux Malades.

LE PREMIER COMITÉ NATIONAL

Ancêtre de notre actuel Conseil d’administration, le Comité national provisoire se réunit dès le 25 Janvier 1962. On y débat des objectifs à atteindre, d’un plan de développement, du montant minimal de la cotisation ( 10 francs par an), du bulletin d’affiliation qui sera diffusé par la revue « Vous et Nous ». L’ association obtiendra plus tard sa reconnaissance juridique et le statut d’asbl par son assemblée générale du 13 septembre 1963 qui en approuve les statuts et désigne son Conseil d’administration.

LE SERVICE SOCIAL MUTUALISTE SE LANCE DANS L’AVENTURE ASSOCIATIVE

L’ACIH est créée. Encore faut-il qu’elle se dote d’un solide ancrage régional et local pour former des groupes de base où s’exprimeront les réalités vécues par les personnes invalides ou handicapées. Sous l’impulsion de sa responsable nationale Lucienne Gillet, le service social mutualiste relève un défi de taille : partir à la rencontre de personnes le plus souvent isolées et inactives, les convaincre de sortir de chez elles et de participer aux premières réunions.

De l’ACIH à ALTEO ... un parcours de 50 ans riche en solidarités

Page 5: entrevoi... spécial 50e

05

Comme le rapporte Andrée Maes, longtemps secrétaire générale du mouvement, « Lucienne avait été responsable à l’ACRF ( Association Catholique Rurale des Femmes) et à l’âge de 30 ans, elle avait fait des études d’assistante sociale. Son expérience antérieure lui avait fait acquérir les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui l’éducation permanente : impliquer les personnes dans un mouvement pour qu’elles s’ y expriment et s’ y impliquent progressivement jusqu’à la prise de responsabilités ». L’ assistante sociale de secteur a multiplié visites à domicile et activités diverses en s’improvisant tour à tour conductrice, secrétaire, perceptrice de cotisations, animatrice de cours de chant, d’atelier d’artisanat,... Le service social se retirera au fur et à mesure que les groupes peuvent et veulent prendre eux-mêmes leur gestion et animation en mains. Parallèlement, l’ACIH est reconnue sur base du décret sur l’éducation permanente et peut engager des permanents dans le cadre du Fonds Budgétaire Interdépartemental pour l’Emploi (FBIE).L’ action du service social a été déterminante : elle a permis à l’ACIH de jeter les bases d’ un réseau de groupes qui deviendra impressionnant : 15 comités régionaux, 145 sections locales, près de 80 centres de rencontre et d’expression.

L’action socio-éducative du mouvement au fil de quelques temps forts.La dynamique d’action de l’ACIH est marquée par une trentaine de grands rassemblements que furent les congrès, tables rondes, journées de l’accessibilité et colloques. Chacune de ces manifestations se veut en prise directe avec les préoccupations exprimées par nos membres de sorte que l’on peut aisément suivre l’évolution des réalités vécues en parcourant les différentes thématiques abordées.

Mais il serait injuste de passer sous silence d’autres formes de mobilisation, tantôt discrètes, tantôt médiatisées, que furent les journées d’étude, sessions de formation, commissions de travail, contacts politiques, communiqués et articles de presse, rédaction d’un mémorandum à chaque échéance électorale... Pardonnez-nous donc de ne pouvoir rendre intégralement compte de cet immense travail réalisé dans une culture de débat que bien des associations du secteur nous envient. Epinglons toutefois quelques moments qui illustrent de manière significative la volonté du mouvement d’identifier les difficultés vécues pour les traduire en propositions porteuses d’un mieux-être et d’un mieux-vivre ensemble.

UNE AVANCÉE DÉCISIVE EN 1965 : L’OCTROI D’UNE INDEMNITÉ MINIMALE D’INVALIDITÉ

Dès sa première réunion, le comité national de l’ACIH avait fixé, parmi ses objectifs, le relèvement des indemnités d’invalidité de l’assurance maladie, et ce en particulier pour les travailleurs à salaire faible et dont la situation était proprement indécente au moment où ils devenaient incapables de travailler. Une avancée importante est obtenue par l’adoption d’une proposition de loi déposée

par le député Auguste Olieslaeger, président de l’ACIH, fixant un montant minimum à l’indemnité.

BRISER L’ISOLEMENT. NAMUR EN 1967

Un slogan bien connu dans notre mouvement. Le thème de l’intégration sociale et professionnelle est introduit par notre nouveau président André Spineux.C’est l’époque où, subsidiés par le Fonds National de Reclassement Social des Handicapés (FNRSH), les premiers ateliers protégés se créent : l’ACIH soutient une quinzaine de projets qui s’étaleront de 1966 (l’entraide par le travail à Namur) à 1974.On y débat de nos centres de rencontre et d’occupation mais aussi déjà du tourisme social spécialisé. Car la vie sociale ne peut se réduire au domaine de l’emploi.

L’HÉBERGEMENT. LIÈGE EN 1973.

Créé par l’Arrêté Royal du 10 Novembre 1967, le Fonds 81 a accéléré le développement de centres d’hébergement. Lors de ce congrès, l’ACIH réclame une politique planifiée et cohérente de centres résidentiels où une réelle qualité de vie puisse être garantie au moyen de chambres de type « studio ». Chaque arrondissement devrait disposer au moins d’un home pour personnes handicapées mentales dont certaines sont encore accueillies de manière injustifiée dans des institutions psychiatriques.On y aborde aussi les questions que suscite le logement individuel destiné aux personnes à mobilité réduite : promoteurs de logement, urbanistes et architectes doivent être formés aux bonnes pratiques en matière d’accès et d’aménagement intérieur. Dans sa communication, Andrée Maes relève les progrès réalisés en matière de rééducation fonctionnelle et propose une meilleure répartition des centres entre toutes les régions et pour les différentes catégories d’âge ou de handicap. La rééducation fonctionnelle fera l’objet du prochain congrès de 1976 à Louvain-La-Neuve. L’ANNÉE INTERNATIONALE DES PERSONNES HANDICAPÉES EN 1981.

Sous la présidence de Marcel Plasman, l’ACIH fête ses 20 ans d’existence lors d’une fête rassemblant quelques 6.000 personnes à Heer/sur/Meuse.Sous le thème « pleine participation et égalité », l’année internationale donne lieu à la publication d’un livre blanc : l’ACIH est la seule organisation dont la capacité lui permet de s’investir dans les 10 groupes de travail mis en place à cette occasion.

UN 25ÈME ANNIVERSAIRE CÉLÉBRÉ À MONS EN 1987

Il se veut en phase avec une actualité qui place le mouvement devant deux défis d’envergure : l’ouverture à l’Europe et aux nouvelles technologies de l’information. L’ACIH multipliera dans les années 90 les cycles de formation à l’informatique, s’investira dans des programmes européens et des initiatives novatrices tels que les centres de télétravail en coopération avec des partenaires ( Entra et La Sarte).

Page 6: entrevoi... spécial 50e

06

LE CONGRÈS EUROPÉEN DU 30ÈME ANNIVERSAIRE À WORRIKEN-BUTGENBACH EN 1992

Le président Gérard Wats donne le coup d’envoi d’un congrès de deux jours qui a pour thème la prise de responsabilité. Son ambition est de mettre en valeur les exigences qui conditionnent l’épanouissement des capacités de l’homme à devenir acteur de sa vie et à jouer un rôle de citoyen responsable dans sa communauté. Deux axes de réflexions servent de fil conducteur aux travaux : l’emploi ( l’adaptation des structures de travail, les clés d’accès à la vie en société) et l’accessibilité (logements modulables, accessibilité de l’espace public). L’événement brille d’un éclat particulier grâce à la diversité du public, constitué notamment de délégations étrangères venues d’Allemagne, d’Italie et de France et par la qualité des animations s’intercalant entre exposés et débats : théâtre-forum, danses folkloriques et ... un défilé de mode de personnes en chaise roulante : il faut soigner son look !

LES EXALTANTES JOURNÉES DE L’ACCESSIBILITÉ (1996 À 2003)

Du solstice d’hiver au solstice d’été, un pas reste à franchir pour conforter la visibilité de nos actions et passer de la lointaine obscurité d’un 21 décembre où l’ACIH s’est créée... à la claire lumière du jour le plus long.Pourquoi le 21 Juin ? C’est celui où les gens sortent dans les rues et sur les places pour goûter aux plaisirs de la fête de la musique. Les personnes à mobilité réduite ont le droit d’y participer, comme tout un chacun. Et l’ACIH choisit cette date symbolique pour rassembler ses forces vives et manifester publiquement sa détermination à voir les espaces publics rendus accessibles. L’imagination est au pouvoir et sous la présidence de Josée De Fays, plus de 500 personnes défilent à Namur pour décerner des brevets de qualité, de médiocrité... ou de nullité aux bâtiments publics.Après La Louvière ( plaquette de sensibilisation pour une accessibilité dans les communes) et Libramont, c’est à Tournai qu’il revient de nous accueillir pour diffuser les fameux autocollants « chat passe, chat passe pas » dessinés par Philippe Geluck.Dinant emboîte le pas l’année suivante et tous les groupes se retrouvent à la citadelle après un périple dans des communes de l’entité. A Bruxelles, nous investissons le centre-ville et l’atrium du centre de la Communauté Française dans le cadre de l’action « 2001, Odyssée de l’espace accessible à tous ». En 2003, le projet se poursuivra à Charleroi sur le thème de l’accessibilité au sport, en collaboration avec l’Essor, notre Fédération de Sports Adaptés (Fédération sportive d’Altéo).

FÊTE DE L’INTÉGRATION À NAMUR EN 2002

Le mouvement fête ses 40 ans le samedi 22 Juin et le Palais des Expositions se métamorphose en un « village de l’intégration ». Ses 10 quartiers aux noms évocateurs forment un véritable kaléidoscope des domaines-clé qui mobilisent l’ACIH dans son combat pour l’intégration : Mont des arts, Europ Access Boulevard, Place des Technologies et des Médias sans oublier le sport à la Place ... du Jeu de Balle !

VIVENT LES MARIÉS DE L’AN 2004 !

Le 1er janvier 2004, l’ACIH et le service de l’Aide aux Malades de la mutualité chrétienne unissent leur destinée pour ne faire qu’un seul et même mouvement : l’ACIH-AAM, dont Philippe Detienne deviendra président.Un mariage de raison ? En partie oui , car la fusion va permettre de mettre en commun des ressources humaines, matérielles et financières jusqu’ici dispersées.Mais comme l’écrit son nouveau secrétaire général Philippe Bodart, qui succède à Christian Javaux, des collaborations de terrain existaient en région depuis longtemps entre volontaires du service mutualiste et militants de l’ACIH. La principale motivation est de faire interagir toutes ces forces disponibles pour « créer un mouvement plus fort, plus ouvert, plus solidaire entre personnes handicapées, invalides, malades et valides. » Première réalisation concrète du nouveau mouvement : son magazine « entrevoi ». Mais d’autres chantiers d’importance nous mobilisent aussitôt : les élections fédérales se profilent à l’horizon et sous la coordination d’Andrée Maes, secrétaire politique, l’ACIH-AAM confectionne un mémorandum reprenant les principaux thèmes pour lesquels des améliorations sont impératives : citoyenneté et participation, soins de santé, revenus décents et accessibilité.La même année, la Communauté Française promulgue un nouveau décret sur l’Education Permanente auquel il va falloir nous conformer en adaptant nos pratiques : élaborer un plan d’action pluri-annuel fondé sur un choix de 5 thématiques d’action et développer des programmes d’études et de grandes campagnes de communication.Pour corser le tout, 2003 est encore l’année européenne de la personne handicapée et l’ACIH-AAM décide de rencontrer dans ce cadre un public assez méconnu jusqu’ici : les personnes accidentées, lesquelles formeront le sujet d’un colloque.

L’ACIH-AAM DEVIENT ALTÉO EN 2007Après moultes consultations organisées de la base au sommet en passant par le recours à une agence-conseil, le mouvement décide de changer de nom, tout en restant fidèle aux valeurs fondamentales qui ont mobilisé ses pionniers et leurs successeurs durant 50 ans : le souci de l’autre, de son mieux-être et de son inclusion sociale... le mot désormais à la mode. Après l’intérim exercé par Michel Lesne, Jean-Pierre Yernaux accède à la présidence. Le nouveau sigle et son logo font référence à l’altérité : une question d’attitude inter-personnelle... et d’altitude à travers une action collective qui a permis et continuera à permettre aux personnes les plus fragiles sur le plan de la santé d’atteindre une qualité de vie épanouissante.

André Reyland Militant Altéo

Nos vifs remerciements s’adressent à :Madame Andrée Maes pour les précieuses informations fournies lors de son interview.Le Centre d’Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire (CARHOP) pour la mise à disposition de ses archives.

Page 7: entrevoi... spécial 50e

07

C’est en Août 1955 et de manière bien informelle qu’est née La fraternelle Joseph Cuypers, c’est à dire quelques jours à peine après le décès de celui dont elle portera le nom. Une vingtaine de bénévoles ( « brancardiers » ,« aidantes » et infirmières), parmi ceux et celles qu’il avait recruté pour constituer ses groupes d’accompagnement de malades lors des pèlerinages à Lourdes se retrouvent lors d’une messe en hommage à son action. Il leur vint l’idée d’entretenir et de développer le magnifique esprit d’équipe impulsé par Joseph Cuypers en jetant les bases d’ un mouvement de bénévoles.

QUI ÉTAIT JOSEPH CUYPERS ?

Au moment de son décès, il assumait depuis un an la fonction de Directeur administratif du Journal « La Cité » qu’il avait contribué à créer.

Son parcours au sein des organisations sociales chrétiennes est fertile en engagements : à l’âge de 16 ans, il participe avec Mgr. Cardijn au lancement de la J.O.C.. Par la suite, il entre à l’Alliance Nationale des Mutualités Chrétiennes où il deviendra responsable du service presse et propagande jusqu’en 1954. On peut le considérer comme le créateur du journal En Marche. Il prend aussi l’initiative de créer la revue illustrée « Vous et Nous » rédigée avec la collaboration de personnes malades. Cette revue deviendra en 1962 le tout premier bulletin de liaison de l’ACIH.

Revenons quelques années en arrière : les organisations ouvrières chrétiennes regroupées au sein du M.O.C. organisent un pèlerinage à Lourdes sous l’appellation FPL ( Familles Populaires à Lourdes). Soucieuse d’y faire participer les personnes malades et handicapées, la mutualité chrétienne mobilise des permanents de son secrétariat national pour recruter une équipe de bénévoles chargés de leur fournir l’aide nécessaire.Joseph Cuypers apparaît d’emblée comme la cheville ouvrière de cette initiative : il multiplie les contacts avec les fédérations mutualistes régionales pour former des équipes dont il assure la coordination. Au fil des années, le nombre de participants se met à croître de telle sorte qu’en 1954, ce sont quelques 300 personnes malades ou handicapées qui partent en pèlerinage.

LA FRATERNELLE S’ORGANISE ET SE DÉVELOPPE.

Fondée par une trentaine de bénévoles en 1955, la fraternelle compte 118 membres fin 1957. Parmi ceux-ci figurent Victor Michel, dirigeant national du MOC, Fernand Schils, futur permanent du service Aide aux Malades, André Spineux, futur fondateur de l’ACIH et l’abbé Brebois qui assume la fonction d’aumônier.

Le premier numéro du bulletin de liaison de la Fraternelle date d’Octobre 1958 et son rédacteur est Emile Seron, responsable du service de la Propagande. Ce dernier jouera aussi un rôle déterminant en assurant le secrétariat

de la « Commission de Propagande » au sein de laquelle surgira l’idée de créer des « groupements d’invalides ». Idée qui sera à la base de l’ACIH.

Durant ces premières années, l’activité de la fraternelle se focalise sur l’organisation des pèlerinages : il s’agit de recruter de nouveaux bénévoles et de visiter, au niveau local ou paroissial, les malades rencontrés à Lourdes ou susceptibles de rejoindre les groupes de pèlerins.Les visiteurs se chargent de récolter de petites sommes d’argent épargnées par les malades eux-mêmes pour les placer sur un compte COB dont les intérêts sont affectés à l’octroi d’une réduction de prix aux « malades nécessiteux ».

Au fil des années, des sections régionales de la fraternelle se constituent au sein des fédérations mutualistes. Une des plus dynamiques est sans conteste la régionale de Charleroi qui se dote d’un périodique dénommé « feu vert ».

En 1966, la fraternelle compte 850 membres. Les initiatives se multiplient et se diversifient : le nombre de pèlerinages passe à 3 séjours rassemblant chacun quelques 250 personnes et on assiste au lancement des premiers séjours de vacances grâce à la mise à disposition de homes à la mer, à Beauraing et à Mechelen/s/Meuse. Très rapidement le nombre de séjours proposés à augmenté et s’est diversifié : en Belgique, à l’étranger, à la mer, à la montagne. Aujourd’hui ce sont plus de 2000 vacanciers qui partent encadrés par 800 volontaires.

A côté du besoin de partir en vacances, les personnes malades et handicapées souhaitent pouvoir rester chez elles le plus longtemps possible. Partant de ce constat, la Mutualité chrétienne a confié à son service Aide aux Malades la mission de développer les solidarités de proximité en mettant en place des équipes de volontaires chargés de rendre visite aux personnes malades et handicapées à domicile, de leur rendre de petits services et de les accompagner à une visite médicale, faire des courses ou à des activités de loisirs.

Ce dernier aspect a pris au fil des ans beaucoup d’importance. Ce sont actuellement chaque année des millions de kilomètres parcourus par des centaines de volontaires au service des personnes malades et handicapées, contribuant ainsi à côté des professionnels à leur maintien à domicile.

Depuis 2004 les services de l’Aide aux malades ont rejoint et renforcé le mouvement avec la complicité de tous ses volontaires.

André Reyland & Philippe Bodart

Le Service Aide aux Malades

Page 8: entrevoi... spécial 50e

08

50 ans de combats communs !Le temps passe vite quand on vit dans un projet commun et qu’on poursuit ensemble des objectifs convergents dans le respect des particularités.Cela fait 50 ans qu’au sein de la mutualité chrétienne a été semée, a germé et a fructifié l’idée de permettre aux personnes porteuses d’un handicap, aux malades chroniques ou aux invalides de s’associer par l’intermédiaire d’un grand mouvement d’éducation permanente en développant une action spécifique. Tous les jours, nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir permis cette dynamique tellement importante pour les combats que nous portons ensemble.

POURQUOI UN ENGAGEMENT FORT DE LA MUTUALITÉ CHRÉTIENNE ?

Nous avons l’habitude de dire que les personnes les plus fragilisées sont nos VIP (Very Important Person). Nous mettons en pratique cette volonté de les soutenir au travers des services de remboursement et des positions défendues à l’INAMI dans le cadre de l’assurance obligatoire et dans notre assurance complémentaire (renforcement des remboursements en AO, Hospisolidaire, aides et soins à domicile, …) mais aussi sur le plan des structures (mouvements, réflexions politiques, …) et dans les offres de services de loisirs (sports, séjours, groupes de paroles, …). Nous savons que c’est sur ce public que reposent les plus grandes charges et coûts de soins de santé. Nous constatons tous les jours que c’est parmi ces personnes que les difficultés de l’accès à une vie de qualité, aux

soins de santé, à la question de l’insertion sociale se font les plus complexes. Mais l’utilité d’un tel mouvement ne se limite pas aux soins de santé de qualité et à leur accès. La Mutualité chrétienne est aussi partenaire des revendications aux côtés, précédemment de l’ACIH, de l’Aide aux malades, et aujourd’hui d’Alteo. Les questions qui sont portées par le mouvement dépassent la question de la santé pour aussi s’interroger, revendiquer, militer et convaincre sur les questions des politiques sociales globalement, de l’enseignement, du logement, de l’emploi, de l’autonomie de vie et des sentiments, sur tous ces enjeux qui permettent à tous les individus de se sentir appartenir à une société démocratique et ouverte aux autres.Nous sommes persuadés qu’il faut non seulement porter des messages et des revendications politiques mais aussi permettre de s’associer, de se rencontrer, de se parler, de pratiquer une activité sportive ou de vivre un temps de vacances dans des conditions adaptées.

LA NÉCESSITÉ D’UN MOUVEMENT FORT ET AUTONOME !

Les personnes porteuses d’un handicap, malades chroniques ou invalides sont de véritables acteurs de la société, de manière pleine et entière, et à ce titre nous devons promouvoir une organisation de la société qui permette leur participation active et indépendante.Le mouvement Altéo occupe une place importante dans la maison « mutualité chrétienne ». Il veille au quotidien à interpeller les structures de la mutualité sur les spécificités d’approche des problèmes rencontrés par les personnes qui le composent. C’est alors côte à côte que nous pouvons faire pression sur le monde politique, dialoguer avec l’administration ou faire avancer des couvertures au sein

La Mutualité chrétienne, partenaire privilégié d’Altéo

Page 9: entrevoi... spécial 50e

09

même des services rendus par les mutualités chrétiennes.Plus fondamentalement encore, Altéo poursuit son propre chemin. C’est sans doute une des grandes caractéristiques des mouvements et associations du monde chrétien et des associations proches de la mutualité, chacun a droit à s’exprimer et a sa liberté de projets et de développements, dans un stricte respect de ses spécificités et de ses dynamiques propres.Cette richesse essentielle est sans doute ce qui permet un tel épanouissement des mouvements tels qu’Altéo et leur identification dans le champ des mouvements sociaux et d’éducation permanente.

Cette association reconnue dans l’ensemble des secteurs qu’elle traverse par sa participation aux structures de gestion de l’AWIPH, au conseil supérieur des personnes handicapées, aux structures de concertation, … est aussi et sans aucun doute la plus grande association de patients en Belgique.Association de patients plurielle et donc avec un très large éventail d’approches. Elle permet par ses membres touchés par toutes les catégories de maladies, d’handicap ainsi que par ceux qui sont invalides d’aborder les questions avec une vue panoramique et globale des questions. Elle tend donc à faire en son sein le consensus des intérêts et est ainsi porteuse de réponses véritables et pratiques pour l’organisation de notre société. Ses nombreux partenariats et ceux de la mutualité avec d’autres associations de patients sont aussi la preuve qu’Altéo agit

comme fédérateur d’opinions et de revendications mais aussi d’actions et de réalisations.

MERCI PAR MILLIERS !

Les milliers d’individus qui ont fait et font le mouvement au quotidien depuis 50 ans, par leur investissement, par les heures et jours offerts pour son organisation tant de services comme les séjours, les groupes de paroles, les conseils d’administrations et les assemblées générales, bref les milliers de bénévoles qui font ce mouvement doivent être remerciés 50, 500 ou 5000 fois.Les centaines de travailleurs qui s’investissent tous les jours à leur côté dans les groupes de travail, dans les vacances, dans les revendications politiques et sociales, tous ces hommes et ces femmes sont aussi des bâtisseurs de solidarité.A tous, au nom de la Mutualité chrétienne, bon anniversaire, longue vie et marchons ensemble encore pour au moins 50 ans !

Alda Greoli

Secrétaire nationale de l’Alliance nationale des Mutualités chrétiennes

Page 10: entrevoi... spécial 50e

10

Si Altéo se définit comme mouvement social ce n’est pas par hasard. Dans son sens premier, « mouvement » signifie « le fait d’être en action ». Nous sommes bien d’accord. Mais ce terme se rapporte également à « un groupe de personnes aspirant à un changement » ou à « un groupe organisé dans un but défini »… Voilà qui est beaucoup plus intéressant. Ne touchons-nous pas là, à l’essence même d’Altéo, à ce qui lui donne toute sa force et sa valeur, à sa mission première ? A savoir : permettre à un groupe de personnes - en l’occurrence les personnes fragilisées par une maladie ou un handicap - de changer la société en y apportant les améliorations nécessaires à une meilleure intégration ?

DU CONSTAT À L’ACTION : LES PREMIERS GROUPES LOCAUX…

Qui dit groupe, dit rassemblement, rencontre, échange, débat, réflexion, analyse, action! Action collective visant un changement avec comme moyen pour amener les changements : l’éducation permanente. Le mot est lâché. L’éducation permanente fonde l’action du mouvement depuis sa création ; c’est elle qui a motivé les fondateurs du mouvement il y a 50 ans. Partant d’un constat

préoccupant : les personnes handicapées sont isolées ; elles vivent chez elle en vase clos, sortent rarement, ne participent pas ou très peu à la vie sociale, politique et /ou culturelle, ils ont créé avec force et obstination les premiers groupes locaux ; ils ont agi pour un mieux-être collectif.A l’époque, l’objectif premier de leur démarche était de briser l’isolement des personnes handicapées, de les faire sortir de chez elle, de leur permettre de rencontrer d’autres personnes, de se rassembler une fois par semaine, une fois par mois pour discuter, échanger, partager son expérience et ses difficultés en toute convivialité.

L’ART : UN MOYEN DE S’EXPRIMER ET DE S’INTÉGRER…

Ainsi, de rencontres en rencontres, des liens se tissent, des amitiés naissent et les groupes finissent par se structurer pour mieux fonctionner : certaines personnes prennent des responsabilités, deviennent président(e), trésorie(re) ou secrétaire. Des comités se créent pour organiser les rencontres et les activités. C’est ainsi que naissent les premiers Centres de Rencontre et d’Expression, encore actifs aujourd’hui…. « Pour échapper à l’isolement, nous avons un jour contacté Altéo où nous avons rencontré un groupe de personnes différentes qui sont très vite devenues de véritables ami-e-s. Ensemble, nous nous

L’ancrage local d’Altéo,base de sa dynamique

Page 11: entrevoi... spécial 50e

1111

aidons dans des activités diverses qui nous permettent de garder le goût de la créativité. Dans un monde de plus en plus matérialiste, notre association est pour nous une source de joie et d’amitié » nous confie une participante. Véritable ateliers de création, ces centres permettent en effet à tout un chacun d’exprimer son côté artistique à travers diverses techniques : peinture, aquarelle, sculpture, poterie …. Inscrite dans le projet social d’Altéo, l’expression culturelle prend une place de plus en plus grande dans le mouvement. En 2006, l’exposition itinérante « Art&Moi, Art émoi » lui reconnaît toute sa valeur en montrant à un large public ce que le mouvement fait de mieux en matière artistique. Les œuvres présentées témoignent du talent de leur créateur ; elles sont un moyen d’expression personnelle, de valorisation et d’ouverture au monde extérieur ; elles révèlent les capacités créatrices et les compétences artistiques des personnes malades et handicapées.

LES GROUPES DE BASE : DE LA CONVIVIALITÉ AUX REVENDICATIONS POLITIQUES…

En parallèle à ces ateliers créatifs se développent d’autres groupes axés non seulement sur la rencontre et la convivialité mais aussi sur l’organisation d’activités diverses comme des conférences, des repas festifs, des excursions, des visites culturelles, des débats sur des sujets touchant au handicap ou à la maladie… Certains groupes s’engagent davantage dans un travail plus politique avec les communes, mènent des actions de revendications auprès de certains pouvoirs locaux ou régionaux, réagissent à l’actualité, font entendre leur voix dans des débats publics… Véritable lieux d’épanouissement, d’autonomie et d’ouverture aux autres, ces groupes de base permettent à ceux qui le veulent de se forger une expérience, de pendre de l’assurance, d’exprimer une opinion, de défendre des intérêts communs. Ils sont souvent un passage « obligé » vers la prise de plus grandes responsabilités dans le mouvement. C’est en effet dans un groupe de base - un groupe jeunes plus précisément - que tout à commencé pour Antoinette Palermo. « J’avais 16 ans à l’époque de mon entrée dans le groupe Jeunes de Charleroi et quelques années plus tard, je me suis retrouvée, un peu malgré moi, seule à organiser le réveillon de fin d’année au Coq à la mer du Nord pour une petite trentaine de personnes ». Contrainte à prendre ses responsabilités, Antoinette a parfaitement assumé son rôle et ne s’est plus arrêtée en si bon chemin. Après avoir été représentante des jeunes au Comité Régional de Charleroi de 85 à 86 ; elle milite ensuite pour une meilleure accessibilité de la ville aux personnes handicapées en faisant partie de la Commission Accessibilité. « Des progrès sont constatés dans certaines communes comme à Jumet qui a fini par rendre accessible une rue entière en veillant à abaisser les trottoirs » nous confie t-elle non sans fierté. De responsabilités en responsabilités, elle finira par devenir vice-présidente nationale. Son combat de militante, Antoinette ne l’abandonnera jamais tant il reste des choses à faire pour améliorer l’intégration de tous dans la société. Elle continuera à la

mener tant au niveau local, régional ou national dans les différents groupes qui réclameront son expérience et son expertise.

L’ANCRAGE LOCAL ET RÉGIONAL : LA GARANTIE DE PÉRENNITÉ DU MOUVEMENT !

Aujourd’hui, Altéo compte plus de 120 groupes locaux et régionaux répartis sur l’ensemble de la Wallonie et à Bruxelles : groupes Jeunes, groupes de malades chroniques, groupes Invalides, centres de Rencontre et d’expression, comités régionaux, commissions et/ou groupes de travail à thèmes… Ces groupes sont la force vive du mouvement, des lieux où se discutent les difficultés de vie, où s’échangent des pratiques, des expériences, où se créent des revendications, où se forment les militants de demain… Ces groupes sont à la base même de la formation de notre mouvement. Ils sont aussi les garants de sa pérennité. Sachons-nous en souvenir à l’aube de ses 50 ans !

Nancy De FauwAnimatrice région du Hainaut Oriental

Page 12: entrevoi... spécial 50e

12

Altéo fête ses 50 ans. 50 ans d’actions pour que les personnes handicapées ou en invalidité et les personnes malades (depuis la fusion entre l’ACIH et l’AAM) jouissent des mêmes droits que l’ensemble des citoyens et pour que leur qualité de vie soit améliorée.

En 50 ans, la société, les mentalités et les dispositifs légaux ont évolué. Toutefois il nous reste encore de nombreuses étapes à franchir avant que les discriminations et les difficultés que connaissent les personnes handicapées ou malades soient levées. C’est pourquoi nous avons décidé d’aborder dans ce numéro spécial d’Entrevoi quelques changements politiques récents et les enjeux qu’ils soulèvent.

DROIT DES PERSONNES HANDICAPÉES

Qui aurait imaginé en 1961 que l’Organisation des Nations Unies (ONU) ratifierait un jour une Convention relative aux droits des personnes handicapées ?Et pourtant… Le 2 mai 2008, l’ONU a adopté la Convention relative aux droits des personnes handica-pées. Ce texte international rappelle les droits communs à tous les Hommes, et qui s’appliquent donc aussi aux personnes handicapées. En outre, ce texte prend égale-ment en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées.Les Etats sont libres de ratifier cette convention. Cepen-dant, dès qu’ils le font, ils sont obligés de rendre réguliè-rement des comptes sur la mise en œuvre de ces droits dans leur Etat. Cette convention constitue donc un ar-gument de poids pour les personnes handicapées, vu

Une Convention pour l’action politique

Page 13: entrevoi... spécial 50e

13

l’importance des Nations unies et des Droits de l’Homme dans notre société.La Belgique, encouragée par toutes les associations de personnes handicapées du pays, a ratifié le 2 juillet 2009 cette Convention.Véritable moteur de changement des mentalités des citoyens et en particulier des décideurs politiques, la mise en œuvre de la Convention en Belgique renforce l’obligation des différentes entités fédérées d’inclure les personnes handicapées dans la société, de penser le handicap de manière transversale, de renforcer leurs dispositifs de non discrimination, de respecter et garantir l’autonomie et les choix de vie des personnes handica-pées et leur participation dans les processus de décision.Altéo suivra cette convention de près car les obligations qui viennent d’être citées sont réfléchies et débattues au sein de notre Mouvement afin de déterminer les priorités de nos membres. Ces priorités sont ensuite portées vers les pouvoirs publics par le biais d’actions politique et par la participation d’Altéo à différentes instances décision-nelles ou consultatives (de la commune jusqu’au niveau fédéral).A titre d’exemple, Altéo se penche depuis plusieurs mois sur l’emploi des personnes handicapées. Une journée d’étude sur les pièges à l’emploi des personnes handi-capées sera organisée ce 14 mai 2011 à Ciney dans le cadre du 50e anniversaire d’Altéo. Cette journée est une étape essentielle d’un travail de longue haleine pour augmenter les possibilités d’emploi des personnes han-dicapées.

CHANGEMENTS POUR LES PERSONNES MALADES OU EN INVALIDITÉ

Depuis quelques années, nous observons une prise de conscience par les pouvoir politique des difficultés, notamment financières, que connaissent les personnes malades et en particulier des malades chroniques, en raison de leur maladie.Altéo n’est pas étranger à cette prise de conscience. Par ses actions et notamment sa participation aux remar-quables études de la Mutualité chrétienne sur les besoins

des malades chroniques et les coûts de la maladie, Altéo a contribué à ce que certaines dépenses de santé soient mieux remboursées par la sécurité sociale et à ce que les décideurs politiques prennent en considération les malades chroniques.En 2009, la Mutualité chrétienne, Ziekenzorg et Altéo ont récolté plus de 175.000 signatures pour le droit à une vie décente des personnes en invalidité. Là aussi, des changements positifs s’amorcent.Malgré ces évolutions positives, Altéo doit rester vigilant. La situation politique de la Belgique et les coupes bud-gétaires assombrissent l’avenir de la sécurité sociale et, par conséquent, des personnes malades ou en invalidité mais aussi de nombreux autres citoyens. Car rappelons-le, sans la sécurité sociale, 40% des Belges vivrait sous le seuil de pauvreté.

ALTÉO, ACTEUR POLITIQUE ?

Sur base du vécu et de l’expérience de ses membres, Altéo est un acteur de la politique sociale et de santé et ce, par différents moyens :Sensibilisation, information et relais vers le grand public, les administrations et les pouvoirs publics des difficultés et attentes des personnes malades, invalides ou handi-capées ;Organisation de campagnes de communication et d’in-formation en vue d’un changement des mentalités et de lutte contre les préjugés ; Veille et militance pour des changements positifs dans les politiques et législations ; Vigilance vis-à-vis des évolutions de la société qui peu-vent engendrer de nouvelles discriminations.En conclusion, Altéo exerce un réel rôle en matière po-litique (le mot « politique » étant pris au sens large de « tout ce qui concerne une société organisée »).

Emilie De Smet

Secrétariat politique Altéo

Page 14: entrevoi... spécial 50e

14

L’enseignement spécialisé a 40 ans. Cet anni-versaire est l’occasion de reconnaître le che-min parcouru depuis sa création, mais aussi de lui permettre de coller au mieux aux attentes des bénéficiaires et de leur famille, de s’adap-ter aux connaissances actuelles et surtout de construire l’avenir.

Cela ne peut se faire qu’en sachant que toute réponse ou proposition devra associer des réalités individuelles, toutes différentes, car chaque personne est « unique », à des choix et organisations qui seront immanquable-ment construits sur un mode collectif. Et donc sujet à des limites et frustrations.

Le domaine du handicap est riche en diversité. Les ré-ponses apportées seront souvent très différenciées. Il y a 40 ans l’objectif était de permettre à chacun, quelles que soient ses difficultés, de bénéficier un enseignement ap-proprié à sa problématique. L’objectif était de récupérer tous ceux et celles qui quittaient ou n’entraient même pas dans l’enseignement dit ordinaire. Si une partie impor-tante de l’objectif a été atteint, il a aussi eu ses effets per-vers. Isoler l’enseignement spécialisé de l’enseignement ordinaire a créé parfois une impression de ghetto ou de possibilité pour l’Enseignement ordinaire de se débarras-ser des « enfants dits à problèmes ».

Oui, tout enfant à droit à sa place dans notre système d’enseignement. Mais il nous faut nous écarter de la vision uniquement d’apprentissage cognitif débou-chant uniquement sur un emploi « traditionnel ». Dans ce cadre, les parents, acteurs prioritaires, doivent être soutenus et accompagnés afin de croire à un avenir différencié pour leur enfant. C’est l’accompagnement à la construction d’un sujet à part entière, d’un citoyen reconnu. Aujourd’hui nous ne pouvons plus parler « d’inscolarisable ». L’enfant polyhandicapé, lourde-ment handicapé, a aussi droit à sa place à l’école. Il a droit à des soutiens spécifiques dans un environnement approprié qui lui permettront d’être un sujet à part en-tière, et pouvant s’intégrer avec ses moyens propres dans notre société.

TRANSVERSALITÉ, ADAPTABILITÉ, DIVERSITÉ … SONT LES MOTEURS DU CHANGEMENT.

Pourquoi ne pas inverser notre regard ? Partir de chaque enfant en envisageant son parcours de vie de manière non linéaire, parcours évoluant au gré des changements au niveau santé, familial, capacités…, et nécessitant une réponse à des besoins spécifiques en évolution. Dans ce cadre, réfléchissons en terme de passerelle entre structures complémentaires (dans les deux sens). Cela concerne des enjeux géographiques,

L’enseignement spécialisé... une deuxième jeunesse très ordinaire !

Page 15: entrevoi... spécial 50e

15

de formation et de rencontre des professionnels, de dé-cloisonnement des secteurs, de répartition des moyens. Cela nécessite de trouver un équilibre entre la stabi-lité indispensable d’une partie des intervenants et le nécessaire apport spécifique à chacun, en fonction de sa problématique et de l’évolution des connaissances. Dans ce cadre, faire évoluer l’encadrement centré sur des types très déterminés est indispensable.

Terminons par un rêve. Rapprocher géographique-ment les écoles d’enseignement spécialisé d’un groupe d’écoles d’enseignement ordinaire. Prévoir des zones de rencontre communes comme cours de récréation, réfectoire, activités culturelles ou sportives… Permettre le passage entre les deux structures en fonction des be-soins et de l’évolution de l’enfant et de ses besoins. Ce passage étant vécu positivement dans les deux sens, car non synonyme de recul, régression, stigmatisation, punition, mais valorisé par un réel apport à des besoins spécifiques.

C’est dans l’enfance que s’installe naturellement, avec le soutien et le regard positif des adultes, l’acceptation de la différence, la prise de distance par rapport à ses peurs …. Pourquoi ne pas avoir en début de vie sco-laire, en première maternelle, en classe d’accueil, des classes « mixtes » avec un personnel diversifié, ouvertes

à tous les enfants. C’est un moment où les apprentis-sages spécifiques et cognitifs « traditionnels » ne sont pas encore dominants. Transformons la formation des « maîtres » en évitant de présenter le passage 2 fois 15 jours dans l’enseignement spécialisé comme quelque chose de particulier, « spécial ». Croisons les expé-riences, ouvrons les portes des classes et des écoles. Quittons les « chasses gardées », construisons une vraie transversalité et non le choix entre l’un ou l’autre des deux enseignements. Mais pour cela il faut une volonté politique, des moyens adaptés et surtout un état d’esprit différent.

Ce n’est pas la révolution scolaire, mais la révolution intérieure, en chacun des acteurs de l’enseignement : enfants, parents, enseignants, PMS, services sociaux, politiques …

Jean-Pierre Yernaux Président d’Altéo Formateur d’adultes au CESA

(Centre d’Enseignement Supérieur pour Adultes)

Page 16: entrevoi... spécial 50e

16

L’accessibilité, un cheval de bataille pour AltéoPour Altéo, l’accessibilité physique et architec-turale a toujours été un enjeu important dans sa démarche pour l’intégration de la personne handicapée. Et cela qu’il s’agisse de bâtiments publics : - lieux culturels, infrastructures admi-nistratives ou financières, bâtiments scolaires, etc… Un peu d’histoire.

Auparavant, et de manière générale, les gens ne se déplaçaient pas beaucoup, sortaient très peu ou pas du tout de chez eux. Tout se passait (festivités, événe-ments,..) ou se trouvait à proximité de ou dans leur village.Quant à la personne handicapée, au début des an-nées 60, elle ne sort pas, ou peu de chez elle; elle vit « cachée ». Elle sort principalement pour des rendez-vous médicaux, paramédicaux, ou pour rejoindre (et quitter) l‘institution qui l’héberge.

Les premières activités de l’ACIH sont des activités lo-cales, de proximité. Les réunions ont lieu dans les salles paroissiales ou autres. Les déplacements sont peu nom-breux. Le slogan du deuxième congrès de notre mou-vement sera comme une avant-garde, des prémices de l’enjeu qui nous préoccupe : « Briser l’isolement ». En effet, dans les thèmes abordés, apparaît déjà une idée de sortir, de ne plus rester chez soi. Dans le même temps, naissent des groupes « ciblés » (tels les groupes « jeunes »). Il est demandé à chacun d’organiser, dans la mesure du possible, ses déplacements. Les covoitu-rages sont les solutions de dernier recours.

Mais, dans la société en général, la mobilité évolue, s’accroît. On voyage de plus en plus, et de plus en plus loin. Les besoins et les demandes des personnes han-dicapées évoluent aussi. Elles souhaitent s’intégrer de plus en plus, être citoyens à part entière ; que ce soit par le biais de la scolarité, en fréquentant les établisse-ments scolaires de leur choix, et non plus en fonction de leur accessibilité ; de l’emploi, de la culture, des loisirs, etc…. De ce fait, la demande en transports, adaptés ou non, augmente… Les mutualités chrétiennes y répon-dront - partiellement - par la mise sur pied d’une struc-ture S.E.S. « Services – Entraide – Solidarités ». Dans les régions, des équipes de volontaires sont organisées. au sein desquelles des « chauffeurs » véhiculent les per-sonnes malades ou handicapées qui doivent se rendre à des rendez-vous médicaux ou paramédicaux, qui veu-lent aller faire leurs courses, ou qui veulent participer à une activité culturelle ou sociale (réunions,…). Certes, cette structure est déjà une avancée considérable pour les personnes à mobilité réduite. Pour Altéo, la mobi-lité des personnes handicapées, a toujours été de pair avec son intégration dont il était question plus haut. Certes, toute forme de transport, quelle qu’elle soit, doit

être considérée à des fins d’adaptations possibles , tels les transports en commun (TEC, SCNB, etc…).

Toutefois, et compte tenu des difficultés rencontrés dans l’utilisation de ceux-ci, le développement d’un système de « porte à porte », mis sur pied à l’initiative du sec-teur associatif a toujours été un thème intéressant pour la Commission nationale «Accessibilité et Mobilité» de notre mouvement. La démarche est intéressante pour diverses raisons.

En effet, en ce qui concerne les transports en commun, toutes les infrastructures existantes, aussi bien adaptées soient-elles, resteront toujours inaccessibles à des per-sonnes ayant certains types de handicaps. Il leur serait toujours impossible de les utiliser seules, d’être tout à fait autonomes par rapport à ceux-ci. (pour sortir de chez elles, se rendre au lieu d’embarquement, monter et descendre seules des véhicules). Le système « porte à porte » semble, dès lors, être le plus adéquat pour un plus large public. Cependant, afin que ce système ne soit ni restrictif, ni discriminatoire, il doit être «assorti » de divers aménagements : on pense à l’accessibilité fi-nancière, la souplesse dans l’utilisation (réservation,…).

Vivre pleinement son autonomie aujourd’hui, que l’on soit personne à mobilité réduite ou pas, passe nécessai-rement par une vie tournée vers l’extérieur, me semble-t-il. Dès lors, faire en sorte que l’accès à la mobilité et à des moyens de transport adaptés corresponde vraiment aux besoins d’un plus grand nombre… Utopie ou gageure ? Et si ce pari, nous le gagnions pour les (50 ??) prochaines années ?

Antoinette PalermoMilitante Altéo

Page 17: entrevoi... spécial 50e

17

Peut-on être handicapé et heureux ?

ETHIQUE ET HANDICAP

Quand les valides parlent des personnes han-dicapées, il est le plus souvent question de pro-blèmes, de souffrances, de prise en charge, et finalement de rejet ou… de compassion au point de se poser la question : cette vie, « vaut-elle la peine d’être vécue ? » Oui, bien sûr, répondent la majorité des personnes handicapées.

La vie d’une personne handicapée, même si ce han-dicap est sévère, ne s’arrête pas au handicap. Mais les valides sont aveugles (!) comme le résume si bien Charles Gardou, professeur à Lyon (1). « Le handicap, écrit-il, est une situation de privation de liberté, variable selon le degré de gravité de la déficience …» mais aus-si une situation liée « aux entraves d’un environnement colonisé par les « bien portants ». Il ne touche donc pas uniquement le corps ou l’esprit : il affecte la liberté de la personne. Etre handicapé, c’est encourir la menace d’être déterminé par sa seule blessure et soumis, par celle-ci et par le comportement des autres, à des formes de captivité et d’asservissement. »

Bien sûr, quand le corps vous trahit et ne répond pas à votre envie de se mettre en marche, de prendre un ob-jet ou de s’exprimer, il y a bien des raisons de perdre confiance en soi. Surtout dans la société actuelle où la réussite individuelle comme l’idéal de perfection physique sont les conditions d’une bonne intégration

sociale. Il est donc important de se déculpabiliser par rapport à ses propres défaillances, d’autant plus que ce sont bien souvent « les autres », les valides, qui contribuent à accroître ce sentiment d’une vie difficile. « Quand je suis seule dans mon appartement, quand je ne suis pas mis en compétition avec des valides, je me sens très bien », affirme une invalide. Paradoxalement, « tout en étant dans la société, on a du mal à trouver notre place » explique une personne handicapée.

LA COMMISSION ÉTHIQUE D’ALTÉO

C’est un fait, la majorité des personnes handicapées ressentent douloureusement les stratégies d’évitement, l’indifférence, la réprobation, le placement dans des lieux dits « spécialisés ». Voilà pourquoi la commission éthique mise en place il y a deux ans par la direction d’Altéo a consacré pas mal de temps aux questions posées par les développements du diagnostic prénatal. Le fait que la majorité des fœtus portant un handicap, parfois simplement probable ou sans grande gravité, soient de plus en plus souvent éliminés, ne contribue-t-il pas à développer une image négative du handicap et de la personne handicapée ? Et dans quelques an-nées, qu’en sera-t-il des personnes de plus en plus nom-breuses, handicapées à la suite d’un accident ?

Page 18: entrevoi... spécial 50e

18

De nombreux témoignages le confirment : la personne handicapée est heureuse si on lui donne les moyens de s’épanouir dans la société et non simplement dans des espaces réservés. Depuis trop longtemps les personnes handicapées ont dû s’adapter à la société. Aujourd’hui, c’est à la société de s’adapter pour leur permettre de mener une vie de citoyen. La personne handicapée de-mande à être davantage reconnue qu’aimée ou assis-tée.

Autre test de vérité. Aux yeux des personnes valides, conjuguer vie affective, sexuelle et handicap, reste un pari impossible, voire hasardeux. Par ailleurs, l’image contemporaine du corps parfait s’accommode mal du handicap physique. Et pourtant, l’épanouissement af-fectif et sexuel constitue bien un droit pour les personnes handicapées. Mais ces questions restent « tabou » et il est bien difficile d’en parler.

Voilà donc trois thèmes de fond sur lesquels la commis-sion éthique a travaillé depuis janvier 2009 : « Naître ou ne pas naître ? » ou les progrès et les dérives pos-sibles du diagnostic prénatal, « Bonheur et handicap, mission impossible ? » et « Amour et handicap, est-ce bien raisonnable ? ». Un premier « Cahier pédago-gique » consacré à l’accueil de l’enfant handicapé est en voie d’achèvement.

La commission éthique s’interroge aussi sur des ques-tions que nous apporte l’actualité sociale : le dépla-cement d’une personne handicapée d’une institution vers une autre, contre son consentement, les violences subies par un employé communal handicapé de la part

de ses collègues, le témoignage (video) d’Alexandre Jollien, écrivain et philosophe suisse atteint d’athétose1, sur le thème du bonheur, le jugement rendu en sep-tembre dernier dans une affaire relative à un enfant né handicapé après un diagnostic anténatal erroné… Elle devrait prochainement réfléchir à ce qu’on a malen-contreusement appelé « l’enfant-médicament », mis au monde pour sauver un membre de la famille ainsi qu’à la protection des handicapés mentaux majeurs contre le développements des technologies biomédicales, no-tamment le prélèvement d’organes.Comme on le voit, il y a du pain sur la planche. La com-mission souhaite maintenant faire connaître son travail, entendre aussi les questions suggérées par les membres afin de développer au sein d’Alteo une pensée critique, individuelle et collective, c’est-à-dire proposer une aide à la décision, selon des critères éthiques, dans des si-tuations complexes et contribuer à un positionnement d’Altéo sur ces grandes questions.

Christian Van RompaeyPrésident de la commission éthique

Sous la direction de Charles Gardou, « Le handicap par ceux qui le vivent ». Ed Eres 2009.1 L’athétose se caractérise par des mouvements involontaires, lents, irré-guliers, de petites amplitudes, ininterrompus, affectant tout particulière-ment la tête, les membres et le cou. Ils participent à un trouble neurolo-gique dû à une lésion des noyaux gris centraux (îlots de substance grise noyés dans la substance blanche, à l’intérieur du cerveau). Les noyaux gris centraux participent au contrôle des mouvements.

Page 19: entrevoi... spécial 50e

19

Durant deux ans, l’ONG du Mouvement Ou-vrier Chrétien « Solidarité Mondiale » mènera une campagne commune avec la Mutualité chrétienne sur l’accès aux soins de santé pour tous et partout dans le monde. Altéo est parte-naire de cette action de solidarité et de sensi-bilisation non seulement aux enjeux Nord-Sud mais, plus largement, aux droits fondamen-taux encore bafoués ici…et là-bas !

Devinette : quel est le point commun entre une tra-vailleuse bengalie du textile et un membre Altéo « lambda » ? Aucun, me direz-vous… Cherchez bien ! Ok, vous pouvez arguer sur la couleur de peau, la re-ligion, le régime alimentaire, les us et coutumes, etc. Mais un fait est certain : cette travailleuse comme le membre Altéo mène un combat quotidien. Un combat de plein droit(s) afin de défendre son intégrité physique et morale, son indépendance financière et culturelle, son autonomie de vision et d’action. Bref, son identité ! A l’heure où la différence et le droit à être « différent » est porté au rang de quasi culte, il serait dommage de passer outre des enjeux collectifs versus les enjeux in-dividuels. Car le monde est en mouvement et Altéo, en tant que mouvement, ne dois pas rater le coche !

VOIR-JUGER-AGIR

Tel est en résumé la méthodologie de l’éducation per-manente. Terme presque barbare mais qui remet en avant la nécessité d’œuvrer à une pleine participation citoyenne. C’est cette même philosophie qui traverse l’ensemble de nos mouvements. Primo, « ils » ont vu. Le « ils » reprend la douzaine de personnes (MOC, Mu-tualité chrétienne, partenaires africains car le Sud-Sud existe !) qui ont réalisé le voyage d’immersion de Soli-darité Mondiale en novembre dernier au Bengladesh. Côté pile : la mobilisation des acteurs de la société civile bengalie qui compense l’absence de volonté po-

litique (sommes-nous si éloignés d’eux ?) dans les ré-ponses à apporter aux enjeux socio-économiques et de santé. Côté face : les disparités en termes d’accès aux soins de santé allant du droit à mourir, en passant par le droit à survivre, si vivre est une quelconque valeur…Secundo, « ils » ont jugé. Non pas jugé dans le sens d’émettre un jugement « sur » mais analysé les enjeux communs entre le Sud et le Nord, l’Ouest et l’Est, le « eux » et le « nous ». Le « ils » désigne non seulement l’équipe de Solidarité Mondiale mais l’ensemble des animateurs et volontaires de nos mouvements (UCP, J&S, Altéo, MOC) qui participent à l’élaboration de la campagne depuis presqu’un an. De concert, ces forces vives émettent le souhait de dépasser les clivages Nord-Sud, jeunes et vieux, valides ou non valides, malades ou non malades afin d’œuvrer pour une justice sociale respectueuse des identités plurielles qui font la richesse de nos mouvements.Enfin : agir ! C’est cela que nous vous demandons par cet appel dans notre publication. En secondant vos ré-gionales pour mener des actions de sensibilisation sur le droit à la santé, à une sécurité sociale forte et soli-daire. Il ne s’agit pas simplement de porter le bracelet vert de Solidarité Mondiale mais d’oser interpeller le tout-venant, l’informer, le sensibiliser et l’encourager à signer la pétition « La santé, un droit pour tous ! ». Car le pont à construire entre deux rives, c’est par chez soi qu’il faut l’entamer…

EN SAVOIR PLUS :Le site de la campagne : www.solmond.beLe blog du voyage au Bengladesh : www.solmond.be/-Blog-

Cécile Histas

Responsable formation Altéo

La santé : un pont entre deux rives

CAMPAGNE SOLIDARITÉ MONDIALE « LA SANTÉ, UN DROIT POUR TOUS ! »

Page 20: entrevoi... spécial 50e

Le 14 mai 2011, venez découvrir 10 espaces présentant près de 100 activités (Sport – Artisanat – Théâtre – Expos – Concerts – Danse – Cirque…)De nombreuses associations (Oxfam, Croix-Rouge, Centre pour l’Egalité des chances…), des espaces conseils et d’information.

AU PROGRAMME :

9h30 – 16h00 : Journée d’étude « Emploi des personnes malades et handicapées »Avec la participation du Secrétaire d’Etat à la personne handicapée, Jean-Marc Delizée ainsi que d’autres ministres et des représentants patro-naux, syndicaux et associatifs.

11h30 – 13h30 : Célébration officielle du 50ème « Altéo : 50 ans d’action »Prise de parole de Jean-Pierre Yernaux, Président d’Altéo, Alda Greoli, Secrétaire nationale de l’Alliance des mutualités chrétiennes, Philippe Bodart, Secrétaire général d’AltéoPrésentation du film Altéo : « Ligne(s) de Vie »Drink du 50ème

14h00 – 16h00 : Débat « Enseignement et handicap »Interventions de Jean-Michel Longneau, Philosophe aux FUNDP et Ghislain Magerotte, Professeur émérite à l’Université de Mons.

16h30 – 17h00 : Chorégraphie de cyclodanse

17h00 : Concert de Marka

Restauration variée sur place, bars.

Entrée gratuite

LA DIFFERENCEN’EST PAS ROSE

OSONS lui DONNERdes COULEURS

LE PROGRAMME DU 50 ème

Le 50ème en région

26 mars Brabant wallon

3 avril Liège

24 septembreHainaut oriental

24 septembre Luxembourg

20

Page 21: entrevoi... spécial 50e

21

Communiqué de presse pour le 50ème anniversaire d’AltéoLe 14 mai 2011, Altéo - Mouvement social de personnes malades, valides et handicapées - fête 50 ans d’action à Ciney Expo. Placée sous le slogan « La différence n’est pas rose, osons lui donner des couleurs », cette journée festive et politique sera l’occasion pour le Mouvement de poser ses exigences et revendications pour les années à venir. On débattra de l’accès des personnes malades et handicapées au marché du travail lors d’une journée d’étude.

Si en 50 ans, de nombreuses avancées ont été obtenues pour les personnes malades et handicapées –grâce au travail des membres, des professionnels et des milliers de volontaires du Mouvement - il reste encore beau-coup à accomplir pour qu’elles soient réellement inté-grées dans notre société.

C’est notamment le cas dans l’accès au marché du tra-vail, où les obstacles sont encore considérables.

• Dans l’Union Européenne, un tiers des personnes malades et handicapées n’ont pas de diminution de leur capacité de travail et peuvent donc être employées normalement.1

• Dans l’Union Européenne, le taux d’emploi des per-sonnes malades et handicapées est beaucoup plus faible que celui des valides: 20% contre 60% pour les moins qualifiés ; 48% contre 85% pour les plus quali-fiés (chiffres 2007).2

• En Belgique, le taux d’emploi des personnes malades et handicapées est bien en-dessous de la moyenne OCDE: 35% contre 43%.3

• En Belgique, les personnes malades et handicapées sont souvent cantonnées dans des emplois en entreprise de travail adapté (80% contre un peu plus de 20% en Allemagne).4

Ces chiffres prouvent que les personnes malades et han-dicapées sont discriminées sur le marché du travail et que leurs capacités ne sont encore pas assez reconnues.C’est pourquoi, Altéo demande• Que l’Union Européenne, pour atteindre l’objectif de 75% de taux d’emploi qu’elle s’est fixée pour sa popu-lation active, fasse un effort particulier pour inclure les personnes malades et handicapées dans sa stratégie, comme l’exigent la Confédération Européenne des Syn-dicats et le Forum Européen des Personnes Handicapées.• Que la Belgique soit particulièrement attentive à per-mettre aux personnes malades et handicapées un accès au marché du travail, et plus particulièrement aux em-plois « ordinaires » par : - Le respect des quotas là où ils sont prévus - La mise en place des dispositifs anti-crise spéci-fiques aux personnes handicapées - La lutte contre les pièges à l’emploi inscrits dans les dispositifs d’allocations et de prestations sociales

La problématique de la discrimination à l’emploi ainsi que les moyens pour la combattre, feront l’objet de dé-bats dans le cadre de la journée d’étude, « Emploi des personnes malades et handicapées » organisée dans le cadre du 50ème anniversaire d’Altéo le 14 mai à Ciney Expo. Cette journée d’étude verra l’intervention de différents ministres et de représentants patronaux, syndicaux et associatifs.

1 The labour market situation of disabled people in European countries and implementation of employment policies: a sum-mary of evidence from country reports and research, Academic Network of European Disability experts (ANED) by Professor Bent Greve (University of Roskilde, Denmark), April 20092 Ibidem.3 Maladie, invalidité et travail, OCDE, 20094 The Labour Market Situation of People with Disabilities in EU25, European Center for Social Welfare, 2008.

LES PARTENAIRES DU 50 ème

Page 22: entrevoi... spécial 50e
Page 23: entrevoi... spécial 50e

23

Dans une société qui va toujours plus vite et qui valorise l’image plus que toute autre chose, la formation et la communication sont deux en-jeux essentiels dans le travail de toute associa-tion. Pourtant, il ne s’agit pas de copier ce qui se fait ailleurs et de se laisser entraîner dans la surenchère. Comprendre la réalité de notre mouvement est le point de départ et la condi-tion d’une formation et d’une communication adaptée et efficace.

LA FORMATION : UN MOTEUR POUR L’ACTION

Depuis sa création, Altéo a toujours mis la formation au cœur de ses actions collectives. Séjours, sensibilisa-tion dans les écoles et grand public, formation continue de ses cadres et animateurs permanents : la formation n’est pas qu’accessoire chez Altéo ! D’un côté, la qualité de la formation de base des vo-lontaires permet de développer des projets porteurs de sens et soucieux du respect de la personne avec sa(ses) différence(s). A travers les quatre modules obli-gatoires (mouvement, écoute active, communication et manutention/nursing), le cursus initial outille les cadres du mouvement afin d’accompagner la personne handi-capée ou malade dans son projet de vie, d’insertion, de citoyenneté active. En outre, Altéo défend la notion d’un rapport aidant/aidé basé sur les capacités et res-ponsabilités de chacun.

De l’autre, les 70 collaborateurs du mouvement sont invités annuellement à poursuivre des modules de for-mation continue à travers, notamment, un séminaire ré-sidentiel de deux jours (un pour les responsables régio-naux, un second pour tous les animateurs). De concert avec les instances mutuellistes nationales et régionales, les programmes et contenus proposés varient au gré des besoins en formation. Leadership, gestion de pro-jets d’éducation permanente, techniques d’animation : autant de thématiques essentielles pour avancer dans une même vision.

LA SOLIDARITÉ INTER-RÉSEAUX : UN DÉFI POUR ALTÉOAltéo n’évolue pas dans un vase clos ! A la fois instance de la Mutualité chrétienne et, plus largement, du Mou-vement Ouvrier Chrétien, Altéo se doit de s’ouvrir aux réseaux tant internes (ex : UCP, J&S, Service Social, Inforsanté) qu’externes. La complémentarité doit primer la concurrence quand il s’agit d’acquisition de savoir-faire et savoir-être. A ce titre, l’un des défis majeurs

du mouvement est de s’ouvrir à d’autres thématiques que le handicap et la maladie même si ces derniers constituent l’objet social d’Altéo. L’écologie politique, l’interculturalité, la défense d’une sécurité sociale forte et solidaire : autant de chevaux de bataille à ne pas louper au risque de passer à côté d’un développement soutenable par tous et pour tous !

La cellule formation qui se tient 3 à 4 fois l’an permet aux animateurs en charge de cette thématique d’assurer cohérence et consistance non seulement à la formation de base mais aussi aux modules plus spé-cifiques demandés par les membres et/ou volontaires. N’hésitez pas à prendre contact avec votre régionale pour partager attentes et suggestions !

La formation et la communication, deux outils pour l’action

Page 24: entrevoi... spécial 50e

24

LE RÔLE DE LA COMMUNICATION CHEZ ALTÉO

La communication a un rôle important à jouer tant à l’interne qu’à l’externe de l’association. Elle est un ou-til pour « souder » ainsi que pour rendre visibles et compréhensibles les points de vue portés par le Mou-vement.

COHÉSION INTERNEA l’interne, la communication doit favoriser le renforce-ment mutuel et les liens entre les activités de base des groupe Altéo et la politique générale du mouvement portée par les instances. Les activités des groupes nour-rissent et apportent du contenu à la politique générale de l’association ; cette politique renforce les capacités des groupes, la cohésion entre eux et leur donne un cadre général d’action.

Dès lors, le rôle de la communication est de rendre cette politique accessible, de l’expliquer, de la faire circuler afin qu’elle soit comprise, discutée et que le mouvement dans son entier se l’approprie.

VISIBILITÉA l’externe, la communication doit adapter les mes-sages, les prises de positions et les informations issus du mouvement aux différents publics. Elle doit trier entre les informations pertinentes ou non. Il est impor-tant de rendre visible 1) les points de vues politiques, 2) les activités « innovantes », 3) les débats qui agitent le Mouvement.

RENFORCEMENT DE LA CAPACITÉ DE COMMUNICATION DU MOUVEMENTUn enjeu majeur de la communication est le renforce-ment de la capacité des groupes de base d’Altéo à

créer leur propre communication. Cette démarche est importante pour donner une voix propre à celles et ceux qui font le mouvement. C’est donc un démarche de formation via un processus participatif et démocra-tique. Elle fournira du matériau pour la communication générale, au niveau local, régional comme national.

Plus concrètement, il s’agira de fournir un appui théo-rique et pratique aux groupes qui souhaitent mettre sur pied une telle démarche (faire de la communication), leur fournir des outils d’analyse de la communication et de coordonner les initiatives prises en ce sens. Car trop d’informations et de communication, risquerait de rendre flou et inintelligible le message porté par Altéo.

DES MOYENS, NON DES BUTS

Un mouvement qui forme de manière adéquate ses membres et son personnel et qui se dote d’une commu-nication propre à sa structure et à ses valeurs a entre ses mains une partie de son destin. Sur cette base, le mouvement pourra se positionner parmi les différents acteurs de son domaine d’activité et renforcera son ex-pertise et la visibilité de ses points de vue.

Se maintenir au courant des évolutions et des tech-niques, chercher à comprendre les évolutions de la so-ciété et des besoins des personnes sont des éléments es-sentiels. Mais connaître ses besoins et les dynamiques internes permet d’adapter la communication et la for-mation à la réalité de notre terrain, véritable force de notre mouvement.

Cécile HistasSebastián Franco

Page 25: entrevoi... spécial 50e

25

Un anniversaire, c’est l’occasion de regarder dans le rétroviseur et de se rappeler les bons moments (mais aussi les moins bons) du che-min parcouru ! La route est longue et sinueuse vers une meilleure prise en compte des attentes et une qualité de vie plus grande des personnes malades et handicapées… mais le paysage en vaut vraiment la peine !

Fêter 50 ans, c’est donc aussi se projeter vers l’avenir en choisissant, ensemble, la route à emprunter ! Altéo a profité de l’horizon de cet anniversaire pour mener un large travail de consultation interne sur les enjeux et priorités futures que souhaite se donner le mouvement. C’était un travail de fond et de grande haleine, qui a mobilisé les forces vives à tous les niveaux de l’associa-tion (national, régional et local).

UN PROCESSUS CONGRÈS… UNE FENÊTRE SUR L’AVENIR !

A la fin de l’année 2009 et durant toute l’année 2010, Altéo s’est mis en chantier, en réflexions. Les diffé-rents secteurs d’action du mouvement ont été sondés. Chacun(e), d’où il est impliqué, a eu l’occasion de s’ex-primer sur les enjeux futurs d’Altéo et sur les priorités à donner dans ce cadre. Plusieurs axes ont été travaillés en parallèle, chacun correspondant à un secteur d’action d’Altéo : sections locales, séjours, accompagnement de personnes ma-lades (transport et solidarités locales), groupes jeunes, cyber-centres, sensibilisations dans les écoles, groupes à thèmes (éducation permanente) et le sport. Ce dernier axe a fait l’objet d’un travail de réflexion spécifique au sein de l’ESSOR (fédération sportive d’Altéo).Pour chacun des secteurs, des enjeux ont été identifiés et des questions renvoyées aux différents niveaux du mouvement. Chaque régionale a pu se réapproprier l’ensemble des réflexions pour préparer un moment im-portant fin 2010 : une Assemblée Générale extraordi-naire le 10 décembre !

UNE AG EXTRAORDINAIRE LE 10 DÉCEMBRE 2010 : VERS LA « ROUE DES MOTS QUI FONT SENS »

Lors de cette journée importante, le mouvement a eu à se prononcer sur les « mots qui font sens » proposés pour chacun des secteurs. Par les « mot qui font sens », il faut entendre des notions, des idées, des valeurs qui font et donnent sens à Altéo et son action. Cette « roue des mots qui font et donnent sens » a une grande importance pour Altéo : elle doit nous accom-pagner pour avancer sur le chemin ! L’inscription de

cette roue dans un cadre en traits discontinus marque le fait qu’Altéo n’est pas un mouvement renfermé sur lui-même. Il est ouvert aux autres, et influencé par de nom-breux éléments extérieurs. Par son action quotidienne, Altéo tente de faire évoluer notre société contemporaine vers une plus grande intégration de ses membres, dont il assure la défense et la promotion sociale.

EN 2011 : EN ROUTE VERS UN PLAN STRATÉGIQUE

Comme point de départ à ce travail, Altéo a pu se repencher sur sa vision (un idéal à atteindre dans le futur) et sa mission (la raison d’être de l’organisation, sa colonne vertébrale). Ainsi redéfinies, « vision » et « mission » peuvent s’entendre comme suit :La vision d’Altéo : Agir pour le « vivre ensemble » et la participation de tousLa mission d’Altéo : « Altéo a pour mission de mobili-ser ses membres et la société sur des enjeux liés à la maladie et au handicap dans un esprit de solidarité, d’ouverture et de respect de la différence. En soutenant l’action volontaire, Altéo entend lutter collectivement contre l’isolement et les discriminations par l’action po-litique et le développement d’activités d’entraide et de loisirs ».Sur base de ces deux balises et de l’important travail qui est ressorti du processus Congrès, le mouvement est entré dans la construction d’un plan stratégique pour les prochaines années. Ce travail poursuit un quadruple objectif :Mieux baliser l’action d’Altéo dans chacun des secteurs d’activités, en lien avec le cadre général défini à l’AG (la « roue des mots qui font sens ») ;Mieux comprendre ce qu’on poursuit dans chaque sec-teur d’activités d’Altéo et comment on envisage de tra-vailler pour atteindre ces objectifs ;Mieux pouvoir évaluer nos actions, en lien avec des ob-jectifs clairs et des indicateurs préalablement construitsMieux pouvoir communiquer sur qui on est et sur ce qu’on fait. Si le 50ème anniversaire est quelque part l’aboutisse-ment d’un important travail de préparation, c’est aussi, et surtout, un tremplin pour l’avenir qui doit donner à Altéo le souffle pour poursuivre encore plus loin son action ! Bon anniversaire à toutes et tous !

David LefèbvreSecrétaire politique d’Altéo

Le plan stratégique d’Altéo, une balise pour l’avenir

Page 26: entrevoi... spécial 50e

26

Notre société devient sédentaire, les nouveaux médias et nouvelles technologies nous permet-tent d’avoir ce que l’on veut à portée de main sans se fatiguer, nous bougeons de moins en moins. Pour pallier à ce problème, les orga-nismes de la santé sensibilisent le grand public: bouger pour sa santé, le sport c’est la santé, maigrissez en pratiquant du sport, pratiquez 30 minutes d’activité physique par jour… sont des formules que nous entendons régulière-ment. Aujourd’hui, l’activité physique est au centre de nos préoccupations. Le sport adapté n’échappe pas à cette réalité.

Le sport est aussi important pour une personne handi-capée que pour une personne valide. C’est pourquoi Altéo, par le biais de l’ESSOR (fédération sportive d’Al-téo) propose une série de sports adaptés, accessibles à tous dans le cadre de cercles sportifs actifs dans l’en-semble de la communauté française.

DE NOMBREUX DÉFIS EN PERSPECTIVE…

A l’heure actuelle, si les bienfaits du sport adapté ne sont plus à prouver, il reste beaucoup de défis à relever. Le colloque sur les enjeux du sport adapté organisé en novembre dernier à l’occasion des 10 ans de la FéMA (fédération sportive pour personnes handicapées) l’a mis en évidence.La route est encore longue pour que la majorité des sports soient accessibles à tous. La réflexion sur de nou-velles adaptations est une priorité pour la fédération dans de nombreux domaines, dont celui des personnes handicapées vieillissantes.Nos capacités physiques changent avec l’âge. Une personne de 20 ans ne pratique pas du sport comme une personne de 60 ans. Cette réalité doit être prise en compte dans l’adaptation des sports. La notion de plai-sir doit primer sur la notion de performance, la sociali-sation et l’importance de ne pas stopper toute activité avec l’âge doivent être mises en évidence pour motiver la personne âgée.

L’intégration est aussi un défi de taille pour l’ESSOR . La plupart des activités sont accessibles à tous, et la diver-sité apporte une richesse à l’activité. La collaboration avec les fédérations sportives pour personnes valides est développée le plus possible.

UN RÔLE DE SOUTIEN…

Le soutien aux cercles sportifs est un rôle important de l’ESSOR, à améliorer sans cesse. Les clubs sont en demande d’informations et d’outils pédagogiques, en recherche de moniteurs pour encadrer les activités, d’aide pour adapter les différents sports aux capacités des pratiquants, l’envoi d’information sur les différentes activités sportives existantes. La formation des encadrants, permettant aux sportifs de pratiquer une activité physique en toute sécurité et leur assurant une adaptation optimale des différents sports doit encore être développée. La collaboration avec dif-férentes écoles, de nouvelles offres de formations, des échanges entre moniteurs sont quelques pistes déjà amorcées.L’ESSOR est une plaque tournante entre ces différents acteurs, permettant la cohésion et la diffusion des infor-mations en matière de sport adapté.

…MAIS AUSSI DE FINANCEMENT.

L’expression populaire « L’argent est le nerf de la guerre » prend ici tout son sens. Pour fonctionner, les cercles ont besoin de subventions. Rémunération de moniteurs, location de locaux sportifs, coût des moyens techniques d’adaptations, achat de matériel sportif re-présentent un budget important pour les clubs sportifs. L’ESSOR octroie aux clubs une série de subsides, et ne cesse d’interpeller les politiques pour les sensibiliser au problème complexe du sport adapté.

Sylvie Petit conseillère technique ESSOR

Le sport adapté permet l’amélioration des capacités physiques, de la santé, de l’auto-nomie, de la concentration, du contrôle de son corps et de ses émotions.Il permet aussi de goûter à l’effort, de re-trouver une confiance en soi et d’accéder à l’intégration sociale.

L’amélioration du sport adapté : une réflexion d’actualité

Page 27: entrevoi... spécial 50e

Altéo est une association ouverte à toutes et à tous, quel que soit le handicap ou la maladie. Les personnes valides souhaitant prendre une part active dans un réseau de solidarité sont également bienvenues.

Missions d’Altéo :, l’intégration grâce à des nombreuses activités de loisirs : sports, séjours de vacances, activités culturelles…, l’action collective pour la défense des intérêts et des droits des personnes malades et handicapées , l’entraide de proximité par l’accompagnement et le transport de personnes malades ou handicapées

Altéo est reconnue comme association d’éducation perma-nente par la Communauté française.

Avec le soutien financier du Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des Chances de la Région wallonne.Avec le soutien de la Communauté française.

Altéo asblChaussée de Haecht, 579 – BP 401031 BruxellesTél : 02 246 42 26Email : [email protected]

Les sections régionales d’Altéo

Altéo Brabant Wallon Boulevard des Archers, 54 - 1400 Nivelles Tél : 067 89 36 80

Altéo Bruxelles Boulevard Anspach, 111-115 - 1000 Bruxelles Tél : 02 501 58 16

Altéo Centre, Charleroi et ThudinieRue du Douaire, 40 - 6150 Anderlues Tél : 071 54 84 33

Altéo Dinant Avenue des Combattants, 16 - 5500 Dinant Tél : 082 21 36 69

Altéo Eupen Klosterstrasse, 74 - 4700 Eupen Tél : 087 59 61 36

Altéo Liège Place du XX août, 38 - 4000 Liège Tél : 04 221 74 33

Altéo Luxembourg Rue de la Moselle, 7 - 6700 Arlon Tél : 063 21 17 38

Altéo Mons Rue des Canonniers, 3 - 7000 Mons Tél : 065 40 26 38

Altéo Mouscron Rue St Joseph, 8 - 7700 Mouscron Tél : 056 39 15 21

Altéo Namur Rue des Tanneries, 55 - 5000 Namur Tél : 081 24 48 16

Altéo Tournai Rue Saint Brice, 44 - 7500 Tournai Tél : 069 25 62 66

Altéo Verviers Rue Laoureux, 36 - 4800 Verviers Tél : 087 30 51 61

Altéo Walcourt Rue Notre-Dame, 1 - 5650 Walcourt Tél : 071 66 06 73

est envoyé gratuitement aux membres d’Altéo asbl. Pour s’affilier, contactez la régionale la plus proche de chez vous.

Tout don de 40 euros bénéficie d’une déduction fiscale. Compte d’Altéo asbl : CCP : 000-1523811-38

entrevoi...

Page 28: entrevoi... spécial 50e