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N° 9 - DÉCEMBRE 2012 VEILLE ET CURATION COMME OBJET D’APPRENTISSAGE COMPTES-RENDUS DE SÉQUENCES FEDERATION DES ENSEIGNANTS DOCUMENTALISTES DE L’EDUCATION NATIONALE 25, rue Claude Tillier - 75012 Paris - [email protected] www.fadben.asso.fr Enseigner la veille informationnelle... Volume 2

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N° 9 - DÉCEMBRE 2012

VEILLE ET CURATIONCOMME OBJET D’APPRENTISSAGE

COMPTES-RENDUS DE SÉQUENCES

FEDERATIONDES ENSEIGNANTS DOCUMENTALISTESDE L’EDUCATION NATIONALE25, rue Claude Tillier - 75012 Paris - [email protected] www.fadben.asso.fr

Enseigner

la veille

informationnelle...

Volume 2

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N° 9 ■ DÉCEMBRE 2012

Sommaire

COMPTES-RENDUS DE SÉQUENCES

Hélène Mulot. De l’éducation aux médias à la mise en place d’un système de veille informationnelle 7

Sophie Bon. Mettre en place une veille sur la presse dans le domaine santé/social 15

Florence Michaux-Colin. Un travail d'avant-veille. Initier des élèves de lycée

à une démarche de veille documentaire universitaire 17

Présidente : Martine ErnoultSuivi éditorial : Ivana Ballarini-SantonocitoCréation graphique : Kthy Drouadène - www.papillonnage.fr

Agnès LedemImprimerie Topgraphic - Angers

Abonnement servi aux adhérentsVente au numéro : 10 €

ISSN 1260-7649FEDERATIONDES ENSEIGNANTS DOCUMENTALISTESDE L’EDUCATION NATIONALE25, rue Claude Tillier - 75012 Paris - [email protected] www.fadben.asso.fr

VEILLE ET CURATION COMME OBJET D’APPRENTISSAGE

2 Olivier Le Deuff. Curation et logique documentaire. Pour des maîtres d’armes numériques

5 Richard Peirano. Veiller / Apprendre

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Poursuivant la réflexion sur la veille informa-tionnelle en tant qu’objet d’enseignement,ce numéro propose essentiellement descomptes-rendus de séquences menées

par les professeurs documentalistes. Celles-ci nesont pas à prendre comme des séquences typesmais plutôt comme des modèles exploratoires ou-verts, des expérimentations allant vers une didacti-sation de la notion de veille visant à la mettre à laportée des élèves du secondaire.

Nous souhaitons avant tout, dans cette réflexion di-dactique, mettre en garde contre une utilisation «gadget » des outils de veille ou de curation qui enviendrait à éloigner l’utilisateur de l’étude du docu-ment original lui-même ainsi que de son contenu in-formationnel. Tout en voulant opérer, dans lefoisonnement des publications en ligne, un tri parcentre d’intérêt de ressources fiables et pertinentesà destination d’une communauté d’affinité, le piègedes outils de veille actuels est d’en rester au simplesignalement qui, par sa facilité et son abondancepeut vite atteindre un niveau de saturation, voire setransformer en info-pollution. Ainsi, sur Twitter, untweet posté se perd vite sous l’effet avalanche lié àla quantité de tweets postés simultanément en l’es-pace d’une minute, faisant qu’un tweet posté laveille nécessite une telle remontée dans le temps etla liste qu’il perd toute visibilité et semble ne plus êtred’actualité.

Face à ce flot continu de signalements commentmettre de l’ordre et créer des repères ? Comment serecentrer sur l’utile dans un objectif précis face à latentation du potentiellement intéressant ? La notionde pertinence est ici à réinterroger. Si une bonneveille peut aider à résoudre les problèmes de fiabilitéde l’information, la question de la pertinence, ainsique celle de l’architecture de l’information et du sys-tème de veille lui-même deviennent cruciaux. Ap-prendre à mettre en place une veille intelligentedevient alors une compétence indispensable à ac-quérir par les élèves, avec son lot de connaissancesspécifiques.

Mais ce qu’il convient d’apprendre, notamment dansle cadre scolaire, ce n’est pas tant la maîtrise desoutils et des pratiques spécifiques qu’ils induisent,car de ce côté les élèves savent généralement faire,ou y arrivent très vite. Dès lors les apprentissagesscolaires sont plutôt à orienter du côté de la maîtriseintellectuelle de pratiques informationnelles qui,mises à la portée de tout le monde, démultipliées parune technique foisonnante et des intérêts commer-ciaux latents, se voient soumises à des effets demode jusqu’à en devenir anarchiques, polluantes et,surtout, vides de tout sens.

Il devient donc nécessaire d’entamer et de poursui-vre ce travail de didactisation, déjà amorcé sur le ter-rain par certains de nos collègues, de la notion deveille informationnelle et des notions qui lui sont as-sociées, afin que les pratiques de veille et leurs outilspuissent être appréhendés différemment par lesélèves, en dépassant le simple usage pour accéderà l’intelligibilité des outils et des pratiques. L’objectifpédagogique étant de dépasser la « bonne » métho-dologie (en admettant qu’elle existe !), afin de passerde l’usage à l’appropriation, en passant par la com-préhension et la créativité.

MEDIADOC FADBEN – N°9, DÉCEMBRE 2012 - 1

Édito...Édito...Par Ivana Ballarini-Santonocito

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La curation n’est pas une révolution. Elleconsiste dans la redécouverte du besoinde disposer d’une sélection de l’informa-tion organisée, thématisée avec la possibi-

lité d’inclure des résumés au moins indicatifs voiredes résumés critiques. La curation ne doit doncpas reposer sur la mise en place d’un simple outil,sans quoi il est tentant de partager l’analyse polé-mique et provocatrice de Frédéric Martinet1 quiexprime d’ailleurs de sérieuses réticences enversces outils. Ces dispositifs dits de curation nes’avèrent réellement opérationnels que s’ils confè-rent des moyens de compréhension facilitée, etdonc le moyen de produire de nouvelles idées.L’objectif est donc de considérer que les outilsvont nous permettre d’y voir plus clair dans unemasse d’informations, afin de pouvoir notammentprendre une décision réfléchie. L’ennemi de la cu-ration, en tant qu’écologie de l’esprit, est d’ailleursl’incurie, l’ordre du règne de la bêtise : « L’incurieest l’absence totale de soin. Tout soin requiert desinstruments, mais lorsque ces instruments ne sontplus entre nos mains, alors l’incurie guette. L’incu-rie désigne ainsi la délégation de sa responsabilitéà des techniques de soin que l’on ignore ».2

La définition précédente montre de suite la limitedes outils de curation, car ils peuvent être autantdes instruments de libération que des sourcesd’aliénation. Par conséquent, il s’agit égalementde porter une attention critique sur ces dispositifs.En premier lieu figure ce fameux risque de « négli-gences », le fait de ne pas lire des documents parmanque de temps, par fainéantise ou par et in-compétences. Et la curation ne l’évite pas, elle re-groupe, collecte, agrège tout autant qu’elle empiledans de jolies boîtes. Mais elle ne garantit pasqu’une lecture a été effectuée par le « curateur »,ni que celui qui tombera sur l’instrument de cura-tion ira découvrir par lui-même le document. Lerisque pédagogique est donc de faire utiliser cesoutils de collecte à des élèves qui n’auront par-couru aucun document sélectionné de manièreexhaustive. Le risque serait de privilégier une ap-proche simplement esthétique de la sélection del’information qui présenterait les apparences d’untravail de sélection sans réelle assimilation.

Il faut donc ressituer la curation dans l’optique dela culture de l’information, c’est-à-dire en prendrela réelle mesure et portée en demeurant dans ladouble majorité à la fois technique et intellec-tuelle. Les outils de la curation ne sauraient rem-placer une formation à l’information et peuventdonner l’illusion de maîtrise de compétences in-formationnelles car il ne suffit pas de collecter del’information pour la présenter de façon agréable.Paradoxalement, certaines utilisations, y comprisen classe, sont en fait bien éloignées d’une vérita-ble culture documentaire, tant la prise en main del’outil et la réalisation de l’aspect esthétique de lacollecte peuvent nuire au véritable travail d’étudesur les documents. Sans doute faut-il égalementenvisager de didactiser l’outil de curation en le re-plaçant dans une lignée plus longue et surtout ententant d’expliquer ses principes, ses présuppo-sés et ses limites. Il reste ensuite à ne pas différerle contact avec le document.

Et c’est là qu’apparait le besoin d’un retour à uneanalyse documentaire somme toute classiqueavec la production de résumés critiques et infor-matifs qui épargneront une lecture exhaustive aupublic visé par le dispositif de curation. On oublietrop souvent que la réalisation d’un dispositif decuration suppose la prise en compte du publicvisé. Les curateurs ne doivent pas être de simplespasseurs d’information mais davantage des mé-diateurs critiques. La capacité à sélectionner et àévaluer l’information requière un entrainement etde la pratique qui ne peuvent se réaliser que surdu long terme. Or les outils de curation peuventparfois conférer l’impression qu’elle s’apprend demanière spontanée. Par conséquent, les outils dunumérique requièrent des « maîtres d’armes », ca-pables de maitriser le caractère à double tran-chant des outils et d’en enseigner toutes les sub-tilités. Surtout, le maître d’arme saura rappelerque le plus important repose d’abord sur l’exer-cice de sa capacité de jugement et que cette ca-pacité s’exerce aussi sur les outils utilisés.

Curation et logiquedocumentaire Pour des maîtres d’armes numériques

Olivier Le DeuffMaître de conférences en sciences de lʼinformation et de la communicationUniversité de Bordeaux 3

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N°9, DÉCEMBRE 2012

Veille et curationcomme objetd’apprentissage

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MEDIADOC FADBEN – N°9, DÉCEMBRE 2012 - 3

Devenir des maîtres d’armesnumériques

Les « maîtres d’armes numériques » ne sont pasque de simples manieurs d’outils mais ceux quisavent les utiliser à bon escient et donc ne pas enabuser. Car l’art surpasse l’outil, si bien que lessavoirs et les connaissances gardent toute leurimportance sous peine de se contenter d’usagessimplistes. Or, ceux qui en restent à des usagesde base sont quelque peu dépossédés de savoirsqui ont été transférés dans les logiciels, ce quiconstitue une forme de dépossession3.

Tous les enseignants ne sont pas des maîtresd’armes numériques. On peut espérer qu’il enexiste tout de même, notamment parmi les pro-fesseurs documentalistes. Pourtant, le besoin deformation est crucial afin de conférer aux élèvesles moyens d’utiliser au mieux les outils qu’ils ontà disposition. Il en existe certes d’excellentscomme Diigo, plutôt orienté veille, ou bien encoreEvernote4, qui permet de gérer des notes di-verses, voire de réaliser des opérations de veilleen le couplant avec d’autres outils, notamment enutilisant un outil de circulation de l’informationentre applications comme Ifttt5. Mais les outils nesont que des instruments d’apparats si on ne saitpas réellement s’en servir. On n’a jamais jugé unchevalier seulement à la qualité ou à la seule es-thétique de son armure et de son épée mais da-vantage dans sa capacité à manier ses instru-ments avec dextérité. Hélas, la tentation est deprivilégier sans cesse cette approche par des ins-truments de flatterie individuels et collectifs dontle dernier avatar institutionnel est représenté parle projet de learning centre, symbole de cette in-curie grandissante. Le paradoxe de ces outils,parfois pratiques, est qu’ils renforcent la nécessitéd’une approche didactique, car en prétendant fa-ciliter les usages, ils ne font que dissimuler descomplexités que les enseignants se doivent dedécrypter et d’expliquer. C’est pourquoi, ce sontbien les savoirs durables qu’il faut préférer à latentation du bon usage ou du procédural afin defaire de nos élèves des hommes bien documentés(Le Deuff, 2012) plutôt que des individus bardésd’applications rapidement obsolètes dont ils nemaitrisent jamais les subtilités.

Les outils vont se perfectionner à expliciter, quece soit pour effectuer de la curation ou de la veille.Les possibilités de les faire s’interopérer entre euxsont évidemment importantes et requièrent un mi-nimum de curiosité et une culture technique, cequi permet d’améliorer son système personneld’informations et de connaissances. Mais cela nesuffit pas, tant il s’agit de savoir analyser, traiter etévaluer l’information. Ces capacités reposent sur

une maîtrise des littératies et de la capacité delecture et d’écriture. Nulle révolution ici, si ce n’estque ces capacités s’exercent sur une variété dedocuments de plus en plus importante. Les pro-ductions transmedia (qui mêlent divers types desources et de formes de documents) nécessitentla voie d’une translittératie6.

Mais, quel que soit le support, il s’agit toujoursd’analyser des documents et des textes (au sensde Jeanneret pour qui le texte est ce qui nécessiteune lecture, cela peut donc être également uneimage ou une vidéo). Il s’agit de faire preuve d’unesprit de synthèse qui puisse éventuellement dé-boucher sur une production démontrant ce travaild’analyse qui peut alors servir également au col-lectif.

Si bien que pédagogiquement, s’il ne devait yavoir qu’une seule voie pour la curation, c’est biencelle de l’analyse documentaire. Une analyse quis’observe par la production d’opérations trèsclassiques en documentation : la réalisation de ré-sumés et de produits d’indexation. S’il faut agré-ger des contenus dans un espace via un outil, ilapparait utile de faire produire aux élèves desformes élaborées, contenant des synthèses et desrésumés de ce qu’ils ont analysé. Une progres-sion est même envisageable en imaginant un pre-mier travail de repérage de l’information et de res-sources en utilisant un outil comme Diigo(indexation par tags). Ce dernier permet de pro-duire des notes et des résumés critiques sur desressources tout en conférant des mots-clés, cequi facilite une organisation de l’information via lesfolksonomies. Rien n’empêche ensuite d’imaginerdes formes plus interactives et conviviales per-mettant d’offrir des formes de notes de synthèsenumériques avec des outils comme Storify, parexemple.

Mais il apparait essentiel que toute production do-cumentaire soit aussi réalisée en fonction de des-tinataires potentiels. On rencontre trop de produitsde curation dont on ne sait exactement à qui ils

––––––––––1 Martinet, Frédéric. La curation, c’est de la merde [en ligne]. sur Ac-tulligence.com, 8 avril 2011,http://www.actulligence.com/2011/04/08/curation-egal-merde/

2 Définition du site Ars industrialis http://arsindustrialis.org/incurie3 Stiegler parle de prolétarisation.4 http://www.evernote.com5 http://www.ifttt.com6 La translittératie est définie comme « l’habileté à lire, écrire et in-teragir par le biais d’une variété de plateformes, d’outils et demoyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passantpar l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma,jusqu’aux réseaux sociaux ». La traduction en français a été trouvéesur le blog de François Guite : Guitef.http://www.opossum.ca/guitef/archives/003901.html.Citation originale : “ Transliteracy is the ability to read, write and in-teract across a range of platforms, tools and media from signing andorality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital socialnetworks. ”

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s’adressent. De plus, il n’est pas rare que les ou-tils finissent par devenir contre-productifs enconstituant des intermédiaires supplémentaires.Scoop.it peut s’avérer par moment un véritablepoison en augmentant la distance entre l’informa-tion et l’usager, en rajoutant des clics supplémen-taires pour accéder au texte originel qui contientl’information. Le comble est atteint lorsque l’outilde curation renvoie à un autre site qui lui-mêmerelaie une information contenue sur un autre site.La perte de temps est réelle et l’usager a l’impres-sion de passer par des péages. À l’instar des uni-vers netvibes, posés comme de simples cata-logues à peine organisés, la curation fait courir lerisque de simple signalement sans aucune valeurajoutée. Pire, elle perturbe l’écosystème du weben rajoutant des intermédiaires inutiles entre laressource pertinente et l’usager.

De l’importance du résuméet de la synthèse

Or, c’est une toute autre logique qui est requise,celle de la possibilité de s’arrêter et de prendreses distances face au sentiment d’infobésité et deflux continus.

La curation produit une sorte d’effet rétroactif ennous donnant la possibilité d’intervenir dans unelogique de flux pour y réintroduire une logique do-cumentaire avec, notamment, le fait de pouvoirexercer sa faculté de juger. C’est une opportunitéqu’il faut saisir. La bonne vieille analyse documen-taire n’est pas morte, c’est donc l’occasion de ladévelopper et de l’enseigner à nos élèves quinous est rendue possible par ces dispositifs. Ellenécessite une capacité de concentration et d’at-tention qui peut s’exercer en dehors des flux nu-mériques, tant la technique du résumé s’apprendsur des textes sur lesquels il faut maintenir son at-tention fort longtemps. Le résumé a peu à peudisparu de nos cursus. C’est une terrible erreur.Les outils de curation et de veille nous donnentl’occasion de remettre cette technique au goût dujour que ce soit sous ces formes informatives ouindicatives. La production de synthèses sous desformes nouvelles est aussi opportune. Un grandnombre de potentialités pédagogiques restent en-core à imaginer, mais l’essentiel est bien la possi-bilité d’orienter les séances pour effectuer des ar-rêts, pour prendre le temps d’analyser et destructurer l’information. On sait par expériencequ’il n’est pas toujours aisé de faire prendre cetemps aux élèves. On pourra s’appuyer aussi surune émission comme Arrêt sur images qui effec-tue justement cet exercice critique sur les médias.

La curation n’est donc pas une simple inscriptiondans une logique de flux mais, au contraire, uneextraction, car il s’agit de séparer le bon grain del’ivraie. L’enjeu est donc davantage celui du fil-trage qui est pleinement la question de l’évalua-tion de l’information (Serres, 2012). Dès lors, leprofesseur documentaliste qui souhaiterait fairetravailler ses élèves avec des outils de curationdoit bien avoir à l’esprit que son travail de forma-tion s’inscrit à la fois dans une démarche com-plexe d’évaluation de l’information ainsi que dansla perspective exigeante de l’analyse documen-taire.

Il reste sans doute encore à se départir d’une po-sition trop passive face à l’information, notam-ment pour les professionnels de l’informationcomme les professeurs documentalistes. Agrégerquelques flux ou quelques ressources sous unebannière commune n’est pas inutile, mais c’esttotalement insuffisant. Cette position de récep-tionniste de l’information est incomplète. La cura-tion implique une « prise de soin ». Cette prise desoin mérite que la documentation se soigne deses maux, notamment de cette tendance à la sou-mission et à la vassalisation. Or, il s’agit aussi deproduire de l’information et de la diffuser de façonraisonnée et critique ; de savoir s’appuyer sur lesbons documents pour prendre des décisions etde savoir protester quand certains, justement,n’en ont « cure » et exercent des abus de pou-voirs.

La curation, même si le terme est probablementimpropre, doit consister avant tout en une libéra-tion de nos capacités à juger et à réfléchir maisaussi à décider.

Bibliographie

Le Deuff, Olivier. « Curation, folksonomies et pra-tiques documentaires : quelle prise de soin face àl’incurie ? ». Documentaliste - Sciences de l’infor-mation, 2012, vol. 49, n°1 - p 51-52

Le Deuff, Olivier. Du tag au like. La pratique desfolksonomies pour améliorer ses méthodes d'or-ganisation de l'information. Fyp, 2012

Peirano, Richard . « La curation à l’école, vers uneculture de l’information ».Documentaliste - Sciences de l’information, 2012,vol. 49, n°1 – p36-37

Serres, Alexandre. Dans le labyrinthe : Évaluer l’in-formation sur internet. C&F Éditions, 2012.

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Qu'est-ce que veiller ? Très rapidement,c'est le fait d'apporter la bonne informa-tion, à la bonne personne, au bon mo-ment en vue de répondre à un besoin.

Un bon veilleur sera donc celui qui va anticiper desproblèmes qui n'existent pas encore mais qui sonten voie d'émergence !

Est-ce donc de la veille que nous faisons quandnous veillons, nous, les enseignants documenta-listes ?

Oui, effectivement quand nous signalons à un col-lègue ou à un élève, une ressource potentielle,pour une pratique scolaire ou pour un projet encours. Mais à combien, en pourcentage, cette dif-fusion d’information, réellement utile pour les per-sonnes à qui nous la diffusons, par rapport àl’ensemble de l’information que nous consom-mons tous les jours ? Peu de chose en vérité.

Et, très honnêtement, qui a besoin de nous,comme veilleur, dans nos établissements sco-laires ? Les enseignants qui construisent leurscours avec le manuel scolaire et maintenant inter-net ? Les élèves pour leur projets scolaires ou per-sonnels ? Les chefs d’établissements dont lesréseaux institutionnels ou informels sont plus effi-caces que nous ? Chacun de ses publics a sespropres circuits de diffusion dans lesquels nous nesommes pas, ou à la marge ! Le principal de ceque nous appelons la veille nous profite d’abord.Est-ce alors de la veille ?

Et les formations à la veille, que nous réduisonssouvent encore à de la recherche d’informations,que nous mettons aussi en place, à destination denos élèves sont-elles vraiment des formations surla veille ? Pour en faire des veilleurs profession-nels ? Tous ?

Le titre de cet article a déjà répondu à cette pro-blématique : nous ne veillons pas, nous appre-nons !

Nous ne formons pas à la veille mais à l'appren-dre ! Oui, nous sommes surtout des professionnelsde l’apprendre, comme nos collègues discipli-naires très certainement mais plus qu’eux, car cequi est au centre de notre pratique c’est l’accès àl’information, son acquisition et sa transformationen connaissance !

Entre veiller et apprendre, les processus sont si-milaires, et c’est là-dessus que nous nous posi-tionnons. Les finalités, évidemment, sontdifférentes.

Veiller/apprendre aujourd’hui, dans la réalité nu-mérique de notre monde, est un processus qui estouvert à tous. Pour autant, ce n’est pas un proces-sus démocratisé. Aujourd’hui, tout le monde peutfaire de la veille comme monsieur Jourdain faisaitde la prose. Pour autant, est-ce que cela faisait demonsieur Jourdain un gentilhomme ? Oui, tout estaccessible à tout le monde, l’information et les ou-tils pour la travailler. Mais le fait de pouvoir accéderest-il suffisant pour faire de nous, et particulière-ment de nos élèves, des honnêtes hommes appre-nants ?

Au centre du processus de veiller/apprendre, il y al’outil. Tout processus de veille/apprentissage doitêtre outillé. Un stylo est un outil, un livre est unoutil, un ordinateur est un outil, un agrégateur estun outil.

Regardons un peu les outils numériques d’au-jourd’hui et adaptons les à ce cycle de la veille/ap-prentissage : questionner, repérer des sources,analyser l’information recueillie, la transformer etla diffuser. On peut trouver pour chaque instant unoutil correspondant :

- Autour du questionnement, il y a la mise à jourde ce que je sais avec la carte heuristique, la re-cherche encyclopédique pour acquérir desconnaissances de base avec Wikipedia et la dis-cussion avec Facebook ou Twitter.

- Autour du repérage des sources, les moteurs derecherche divers et variés sur des bases de don-nées à identifier, généraliste ou par domaine, maisaussi les abonnements aux sources via les RSS...

- La logique de réseau, accessible par tout outilsocial aujourd’hui, qui nous fait naviguer, à partird’un expert identifié dans un domaine, vers d’au-tres experts. La cartographie heuristique, peutaussi être employée ici pour repérer les liens so-ciaux. Cette logique de réseau, on va aussi la re-trouver dans les veilles de veilles où des expertsd’un domaine mettent en commun leurs trou-vailles, à moins qu’il ne s’agisse de s’abonner à unoutil de folksonomie...

Veiller / Apprendre Richard Peirano Professeur documentaliste et formateur––––––––––

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- La logique communautaire, qui nous demanded’identifier d’abord les lieux de production deconnaissances dans un domaine, via les forums,les wikis, les blogs, etc.

- Autour de l’analyse et de l’évaluation, les outilsd’écriture pour gloser sur les informations recueil-lies, la conversation sur une ressource, le travail dedécryptage de la source et de ses intentions parla lecture du paratexte et par le travail sur le réseaud’acteurs dans lequel est inséré l’auteur...

- Enfin sur la diffusion, le couplage blog/Twitterpour écrire sa connaissance nouvelle, c’est à direla formaliser. J’écris pour rendre explicite, je publieet je donne à discuter. J’apprends dans la produc-tion de connaissances et dans le débat...

Qu’est-ce qui a changé fondamentalement avec letemps du non numérique ?

On voit bien, avec ce listing incomplet que les pre-miers outils sont fort ancien, la lecture, décryp-tage, charcutage, décorticage pour extraire lesens ; l’écriture, y compris l’écriture multimédia,pour construire à partir du matériau créé précé-demment ; le débat avec ces autres soi que sontles pairs ou la conversation déférente que l’élèvedoit à l’enseignant ou le compagnon au maître. Et,au centre, l’outil et celui qui le manipule : l’ouvrier.Veiller apprendre, passe aussi par la maîtrise del’outil, fonctionnellement mais aussi dans la com-préhension de ce qu’il est.

Nous autres veilleurs apprenants sommes doncaussi des ouvriers et nous devons maîtriser nosoutils. Surtout parce que les outils numériquesd’aujourd’hui sont particulièrement complexes. Cesont des outils mais ce sont aussi, tout à la fois,des plateformes sociales, des services en ligne,des modèles économiques demandant toute notreattention, des pieuvres industrielles gigantesques,des entreprises capitalistes.

Et l’élève dans tout cela, combien manipule-t-ild’outils ? Pas énormément si on se base sur laseule recherche d’informations ou un moteur-cou-teau-suisse suffit à toutes les peines. Mais c’estpourtant dans la manipulation de tous les outils,dans la maitrise de toutes les fonctionnalités quepeut passer la création et pas dans celle d’un seul.

Et l’élève dans tout cela, que sait-il de la com-plexité des outils qui se cache derrière l’apparentesimplicité ? Ne risque-t-il pas, ne risquons-nouspas, lui aussi, nous aussi, d’être dépossédés denos outils comme l’ont été les ouvriers fordistes ?Comprendre son outil de travail et pouvoir choisir

celui-ci plutôt qu’un autre, n’est-ce pas aussi unpas vers la liberté ?

Et l’élève dans tout cela, que sait-il de sa relationà l’outil ? Met-il à distance ce qu’il produit ? Réflé-chit-il au pourquoi du comment ?

Ces trois points définissent, à mon avis, ce quedoit être notre mission d’accompagnant de l’élèvevers le veiller/apprendre :

- manipuler des outils, beaucoup d’outils, fairejouer les différences, à toute occasion pour touteproduction de connaissances,

- prendre les outils comme objets d’apprentissage,les travailler dans toutes les dimensions possiblesafin de rendre l’élève, futur ouvrier, apprenti-acteurde son apprentissage, libre et non esclave deforces qu’il ne comprend pas.

- travailler sur l’élève lui-même dans son environ-nement numérique, dans sa relation à l’outil, auxoutils, à tous les outils.

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Avant d’aborder avec les élèves la notionde veille à proprement parler, il m’a sem-blé pertinent de m’appuyer sur l’éduca-tion aux médias. La question est

récurrente et en même temps transversale1 ; ellepeut être abordée par tous et sous différents an-gles. En tant que professeur documentaliste, nousl’abordons intuitivement en nous appuyant sur destextes. L’intérêt éducatif des médias a été identifiépar David Assouline dans son rapport d’informa-tion au Sénat2. Le socle commun, lui aussi, y faitréférence : intérêt pour la lecture de la presseécrite (pilier 1), apprendre à identifier, classer, hié-rarchiser, soumettre à critique l’information et lamettre à distance (pilier 6), être éduqué aux médiaset avoir conscience de leur place et de leur in-fluence dans la société (pilier 6).

Il est donc important de se re-poser la question :quelle place accorder à l’éducation aux médiasd’information au collège ?

L’accès à l’information en ligne :une séance d’éducationaux médias

Une séance pédagogique sur Google Actualités3

permet ici de mettre en lumière le pluralisme par-fois réduit (trop réduit !) sur certains sujets, y com-pris sur internet, et ce malgré les apparencescomme l’a démontré Nikos Smyrnaios (CongrèsFadben 2012). En regroupant les articles sur unemême thématique, cet agrégateur aide à mesurer« l’effet d’agenda » tout en permettant de dresserun diaporama des sites d’information.

En m’inspirant d’une séance « cartographier lesdifférents producteurs d’information » de Marie-Astrid Medevielle présentée lors du congrès Fad-ben4, j’ai demandé aux élèves de troisième decartographier les différents sites producteurs d’in-formation médiatique en ligne (autrement dit la

presse en ligne). L’objectif était de donner auxélèves dans un temps très court (1 heure) les cléspour s’informer à partir du medium qu’ils utilisentle plus et qui leur est facilement accessible : inter-net.

Nous sommes partis oralement des pratiques etdes usages des élèves (une approche toujours ac-crocheuse) en faisant le tour des applications« actu » qu’ils ont sur leur téléphone portable.Cette séance a permis d’amorcer tout un travail deréflexion sur les enjeux socio-économiques, maisaussi techniques de l’information : comment l’in-formation arrive jusqu’à eux ?

Collectivement, nous avons créé la carte au ta-bleau5, les élèves devant ensuite essayer de trou-ver des exemples de sites à partir de Googleactualités et des applications listées. Voici en illus-tration, les cartes proposées en correction6. Lesnoms de média cités correspondent aux médiasles plus connus de nos élèves et qui "sortent" leplus sur Google Actualités. Le choix est forcémentarbitraire et incomplet. La deuxième carte est unesimplification de la première et correspond à ce àquoi des élèves de troisième devraient arriver.

––––––––––1 http://www.clemi.org/fichier/plug_download/29980/download_fi-chier_fr_education.aux.medias.dans.les.programmes.septembre.2011.pdf - Lecture des programmes scolaires sous l’angle de l’Educa-tion aux médias (école primaire, collège, lycées techniques et d’en-seignement général, enseignement professionnel)Synthèse établie par la documentation du CLEMI en novembre 2003.Mise à jour le 19 septembre 2011 par Christophe Pacaud et BrunoRigotard.2 France. Sénat. Commission des affaires culturelles. Rapport d’in-formation sur l’impact des nouveaux médias sur la jeunesse. Sénat,Session ordinaire de 2008-2009, Commission des affaires culturelles; [rédigé] par David Assouline. Paris : Sénat, 2008 http://www.mis-sionfourgous-tice.fr/2nde-mission-apprendre-autrement-a3 Séance décrite sur http://odysseedln.overblog.com/4 En téléchargement sur http://fr.slideshare.net/DocRouen/marieas-trid-mdevielle-pratiques-pdagogiques-la-veille informationnelle-en-lyce5 Nouvellement équipée, j’aurais pu le faire au vidéo-projecteur viaFramindmap.org6 Réalisées à 6 mains par Mesdocsdedochttp://mesdocsdedoc.over-blog.com ),Aline (http://podcastspedago.blogspot.fr/) et moi-même.

Comptes-rendusde séquencesDe l’éducation aux médiasà la mise en placed’un système de veilleinformationnellePrésentation d’une progression en classe de troisième

Hélène Mulot Professeur documentaliste––––––––––

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Il a été intéressant de leur faire prendre consciencedes trois niveaux d’accès à l’information :

- Producteurs d’information (la source elle-même) :les agences de presse.- Producteurs d’information médiatique qui met-tent en scène l’information.- Outils permettant l’accès à cette information mé-diatique en ligne.

Ensuite, nous avons étudié ensemble la forme del’agrégateur : qu’est-ce que Google actualités ?Ses spécificités : géolocalisation, personnalisationde l’information, classement des articles les pluspopulaires, régionalisation « Toulouse » : quellepresse est privilégiée ?...

Ce travail a permis aussi d’aborder l’instantanéitéde l’information en ligne à travers les notions detemps (on retrouve la date et l’heure de la mise enligne), de course à l’information, de scoop (à cetitre il est intéressant de comparer le traitement del'information papier et en ligne, séance que jemène avec des 4e, en général lors de la semainede la presse et qui pourrait même être prolongéeavec une analyse des comptes Twitter de cesmêmes titres).

Quel bilan pour cette séance ?

En arrivant au collège les élèves ont du mal à dis-tinguer moteur de recherche et site (« j’ai trouvél’information sur Google »), il en a été de mêmepour différencier une information agrégée d’une in-formation originale. J’ai pu noter également leurmanque de culture générale sur la presse et laconnaissance des titres, ceci étant dû au peu detemps consacré en général à l’éducation aux mé-dias. Cependant, cette séance s’est avérée inté-ressante (et sera donc reconduite) car elle part despratiques des élèves et des outils qu’ils utilisent,ce qui a permis de les accrocher à la thématique.Elle a rendu possible l’acquisition de compétencesnumériques et info-documentaires telles que au-torité / media / valorisation de l’information / lienhypertexte / document primaire / document se-condaire. De nombreux prolongements sont envi-sageables pour cette séance.

Cette séance de cartographie des producteurs del’information médiatique en ligne peut servir debase et de levier pour toute une série d’autresséances destinées à développer la littératie média-tique.

Réaliser une revue de pressesur scoop.it7

Lors d’un forum santé organisé au collège (atelierstournants avec des interventions sur l’hygiènedentaire, le planning familial, les dangers dutabac…), j’ai proposé une séance permettant auxélèves de troisième de faire une revue de presseen ligne sur le thème de la santé. L'objectif étaitde rendre ainsi visible la pluralité et la diversité despoints de vue des sources d'information en lignesur un même sujet.

J'ai demandé aux élèves d'aller sur Google actua-lités et de faire une recherche sur "santé". Ils de-vaient ensuite repérer les différents thèmesabordés et par quel type de presse, à partir de lacarte mentale constituée précédemment ; puischoisir un article et le mettre sur un Scoop.it8 col-lectif accompagné de quelques lignes : "mon arti-cle parle de...." Les notions de source, de mediaont été mises en avant, ainsi que des compé-tences telles que : synthétiser une information,donner des arguments permettant de justifier sonchoix (B2i).

Vers la veille informationnelleà travers l’éducationà l’orientation

Une série de séances sur l’initiation aux outils deveille a également été mise en place. Au-delà del’outil, ce qui est important c’est de comprendrecomment une information prête à consommer,souvent recommandée (système « j’aime » de Fa-cebook ou applications préinstallées sur les télé-phones portables) arrive jusqu’à eux. Pour mesélèves de fin de collège, le besoin de veille restecertes limité mais les notions sous-jacentes meparaissent être un bagage essentiel pour en fairedes élèves et des citoyens critiques et formés : be-soin d’information / source / autorité / documentprimaire / document secondaire / media / écono-mie de l’information / valorisation de l’information.Modestement, je les ai amenés à se questionner

––––––––––7 Prolongements (proposé par Angèle Stadler)http://www.scoop.it/t/metiers-de-la-vente

- faire taguer les documents selon un protocole commun, pour endégager des mots clés afin d'élaborer un nuage, celui du vocabulaireemployé et comparer le nuage sémantique des amateurs avec celuides experts reconnus (autorité de contenu qui peut se dégager ainsi)

- rédiger un protocole commun de qualification des auteurs pourvoir ceux qui font autorité et en vertu de quoi (autorité de groupe).8 http://www.scoop.it/t/santestjean

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sur le type d’informations dont ils allaient avoir be-soin pour leur année de troisième sur le thème del’orientation. Nous avons construit une carte autableau (les filières après la 3e, les différents bacspro, la liste des lycées de la région, etc…) libre àchacun, ensuite, de la compléter et de la rendre vi-sible dans un Scoop.it, la plupart des élèves ayanteu un premier contact avec Scoop.it lors de laséance décrite ci-dessus. J’ai choisi d’utiliser cetoutil de curation pour faire le lien avec la séanceprécédente mais nous aurions pu ici utiliser unportail tel que Netvibes. Cependant, pour cet exer-cice très thématique, Scoop.it permet de regrou-per tous les sites sur une seule page.

La deuxième étape portera sur la veille collabora-tive à travers les fonctions de veille proposées parScoop.it (les fonctions « rescoop » et « suivre »).

Ces deux courtes séances9 m’ont amenée à re-penser l’éducation aux médias et à la relier auxséances sur les sources notamment lors desséances de SVT en 3e sur le dossier santé et envi-ronnement.

Le questionnementsur les sourcesen recherche documentaire

Cette année, en m’appuyant sur ces séances pré-cédentes, j’ai décidé de revoir également lesséances proposées lors des recherches documen-taires en lien avec mon collègue de SVT pour ledossier « santé et environnement » dont je ne dé-crirai pas ici l’ensemble de la séquence (quicompte cinq séances).

Les élèves ont dû chercher un article d’actualité(sur l’agrégateur Google actualités) afin d’avoir unepremière approche de leur thème. Mon collègueleur a donné des consignes précises qui leur ontpermis d’affiner leur recherche et de manipulerl’agrégateur : article récent (selon les thèmes,moins de six mois) et si possible local.

La deuxième étape de cette séquence est la réali-sation d’une sitographie en utilisant les ressourcessélectionnées sur PMB et/ou en utilisant un moteurde recherche. À partir de la cartographie dessources distribuée aux élèves10, nous leur avonsdemandé de créer un Scoop.it sur leur thème enessayant de comprendre la diversité des produc-teurs d’information. La prochaine séance permet-tra une analyse de ces sites et la réalisation d’undocument de collecte.

Il s’agit donc ici d’élargir la méthode à l’ensembledes producteurs d’information numérique pourfaire prendre conscience aux élèves qu’il est né-cessaire d’être attentifs aux sources lors d’une re-cherche documentaire, et plus généralement lorsd’une recherche d’information, pour en relever lafiabilité et la crédibilité11.

Littératie médiatique :quels apprentissages,quelles compétences ?

«La littératie médiatique peut être comprisecomme l’ensemble des compétences caractéri-sant l’individu capable d’évoluer de façon critiqueet créative, autonome et socialisée dans l’environ-nement médiatique contemporain12». Cette défini-tion donnée par Pierre Fastrez lors du séminairedu GRCDI en septembre 2012, correspond exac-tement aux objectifs que je m’étais fixés enconstruisant ces séances. Pierre Fastrez définitquatre formes d’activités au sein des pratiquesmédiatiques13, qui permettent de délimiter quatredomaines de compétence : la lecture, l’écriture, lanavigation et l’organisation.

––––––––––9 Ainsi que les travaux de Virginie Albe sur l’enseignement des ques-tions vives et des controverses (atelier lors des journées profession-nelles ANDEP en octobre 2012).10 Réalisée en collaboration avec Mesdocsdedocs http://mesdocs-dedoc.over-blog.com/article-elaborer-une-sitographie-en-svt-3eme-methode-de-la-cartographie-des-sources-110929822.html11 Crédibilité : notion développée par Alexandre Serres dans son ou-vrage Dans le labyrinthe : l’évaluation de l’information sur internet12 http://culturedel.info/grcdi/wp-content/uploads/2012/10/Semi-naire-GRCDI_2012_texte-P.Fastrez.pdf13 Repris par Thierry De Smedthttp://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel/les-e-dossiers-de-laudiovisuel/l%E2%80%99insertion-scolaire-des-com-peten

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Au regard de ces domaines et de l’analyse de Fas-trez14, comment situer l’activité sur l’agrégateur ?Sur quels types de tâches médiatiques s’appuie-t-elle ? Pierre Fastrez présente les médias à la foiscomme objets informationnels, techniques et so-ciaux, nécessitant des compétences prenant encompte ces trois dimensions. L’agrégateur Googleactualités est donc à la fois :

- Objet informationnel dans le sens où il présenteet agrège des informations produites par d’autresmédias.- Objet de production technique utilisant la tech-

nique du flux RSS (notion non abordée avec lesélèves) et les hyperliens.- Objet social dans le sens où il hiérarchise les in-formations par rapport à ses lecteurs (notammentpar la géolocalisation).

La réalisation de curation par les élèves, viaScoop.it, que ce soit pour la revue de presse surla santé, pour la veille sur l’orientation ou encorepour l’élaboration d’une sitographie en SVT, a mo-bilisé des compétences à la fois informationnelles,sociales et techniques comme listées dans le ta-bleau ci-dessous :

Quatre opérations médiatiques

Lire Transformer un média en pensée

Ecrire Transformer une pensée en média

Naviguer Traverser un paysage médiatique pour aboutir à une destination recherchée

Organiser Classer des médias selon des critères

––––––––––14 http://culturedel.info/grcdi/wp-content/uploads/2012/10/Seminaire-GRCDI_2012_texte-P.Fastrez.pdf

Informationnelle Technique Sociale

Lire

. Lire des sites d’informationmédiatique.

. Repérer qui a écrit :quelle est son autorité,

son expertise ?à qui s’adresse-t-il ?

. Repérer la diversité des services de Goo-gle

. Repérer les différences entre ces serviceset le moteur de recherche.

Ecrire. Résumer un article en une phrase.. Réaliser une cartographie des sites d’infor-mation médiatique.

Naviguer. MaîtriserScoop.it.

. Passer de Google actualités à Scoop.it.

Organiser. Catégoriser les sites de

presse. . Cartographier des sources.

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––––––––––15 http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002165/216531f.pdf

Conclusion

L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme15 stipule que « tout individu a droit à laliberté d’opinion et d’expression ; ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celuide chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées parquelque moyen d’expression que ce soit ». L’éducation aux médias et à l’information (EMI) développechez les futurs citoyens les compétences nécessaires pour chercher et profiter pleinement des avantagesde ce droit humain fondamental.

Apprendre aux élèves à construire leur propre système de veille informationnelle, en fonction de leur be-soin, voilà un objectif de formation qui permet d’allier, dans la culture de l’information, éducation aux mé-dias et formation à la veille.

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MEDIADOC FADBEN – N°9, DÉCEMBRE 2012 - 15

Cette séance s'intègre dans le cadre desTravaux Académiques Mutualisés endocumentation1 pour l'année 2011/2012,présentés dans le Médiadoc n°8 (juin 2012).

Quel contexte ?

Les élèves de la filière ST2S (Sciences et tech-niques sanitaires et sociales) font généralement dela veille sans le savoir à travers la réalisation de re-vues de presse régulières ou de dossiers sur lesprincipaux thèmes sanitaires et sociaux, en vuenotamment de la préparation aux concours (infir-mier(e), éducateur(trice) spécialisé, assistant(e) so-ciale).

L'objectif était donc de travailler avec une classede première afin de permettre aux élèves de mettreen place un outil qui automatise leur veille et dontl'utilisation puisse se poursuivre en classe de ter-minale, année de préparation des concours.

Ma collègue de ST2S avait choisi de faire travaillerles élèves autour d'un thème en particulier « lescauses de la clochardisation ». Les objectifs dis-ciplinaires de ST2S (en lien avec le programme de1ère) se rejoignaient avec mes objectifs documen-taires : questionner le sujet, évaluer et trier l'infor-mation, comprendre la notion de veille et organiserune veille autour d'un thème, restituer et commu-niquer l'information.

Quelles modalités ?

Le projet s'est déroulé sur deux mois et demi à rai-son de deux séances de trois heures pour aborderla notion de veille et la mise en place de l'outil. Uneséance d'une heure a ensuite permis de faire unpoint d'étape et deux heures ont été consacréesà l'évaluation, en présence des élèves.

La première séance de trois heures a permis de re-venir sur la notion de veille. Qu'est-ce que laveille ? Après une première approche à partir desreprésentations des élèves, une définition précise

a été donnée aux élèves et sa compréhension tes-tée grâce à l'utilisation (collective) d'un quiz sur laveille disponible sur le site SavoirsCdi2. Ce quizpermet notamment de revenir sur les objectifsd'une veille, sur les différents systèmes (pull, push)et les outils de veilles disponibles sur le web (socialbookmarking, agrégateurs de flux, alertes, plate-formes de curation).

Ce travail préalable effectué, la plateforme de cu-ration Scoop.it et ses fonctionnalités ont été pré-sentés en utilisant une page de démonstration. Lafin de cette première séance a été consacrée à lacréation d'un compte sur la plateforme. Les élèvesdisposaient pour cela d'un tutoriel et d'une fiched'activité. Sur la fiche d'activité, il était égalementdemandé aux élèves de lister les sources d'infor-mations qu'ils utilisent généralement pour réaliserleurs revues de presse (presse nationale et spécia-lisée) en vue de paramétrer leur compte lors de laséance suivante. Les notions d'évaluation et depertinence de la source ont été abordées à ce mo-ment-là.

La seconde séance a été consacrée au paramé-trage des sources d'informations des comptescréés par les élèves. Un tutoriel a été remis auxélèves afin de les guider. Il a aussi été utilisécomme support pour présenter ce travail. Deuxpoints y sont principalement abordés :

- Qu'est ce qu'un flux RSS ? Comment trouver leflux RSS d'un site ?

- Comment intégrer dans le paramétrage dessources de Scoop.it des recherches par mot-clésà l'intérieur d'un site d'actualités ? Scoop.it intègreen effet dans ses sources des recherches avecGoogle actualités. Cependant, le problème deGoogle actualités est qu'il propose des sourcesqui ne sont pas nécessairement pertinentes dansle contexte de ce travail (médias de qualité « dis-cutable », médias étrangers). Il était donc néces-saire de définir un paramétrage plus fin afin de nepas avoir trop de suggestions non pertinentes eten trop grand nombre.

Mettre en place une veille sur la pressedans le domaine santé/social Sophie Bon Professeur documentaliste––––––––––

––––––––––1 Traam Documentation : http://eduscol.education.fr/cdi/anim/ac-tions-mutuali/traam2011-20122 http://www.cndp.fr/savoirscdi/chercher/les-quiz/la-veille/on-y-va.html

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N°9, DÉCEMBRE 2012

Lors de cette séance, il a été précisé aux élèvesles attentes en terme de contenu : des sourcesvariées et fiables, des articles pertinents sélection-nés en lien avec le sujet, donnant lieu à un résuméclair et avec citation de la source. La grille d'éva-luation a été transmise aux élèves à cette occa-sion.

Après trois semaines, un point rapide d'une heureest fait avec les élèves afin de régler les problèmeséventuels tant sur le fonds que sur la forme (para-métrage des sources et sélection des articles) etprocéder à des réajustements.

L'évaluation s'est déroulée trois semaines plustard, sur deux heures. Elle s'est faite en présencede chaque groupe, à l'aide de la grille d'évaluationsuivante :

Quel retour d'expérience ?

Les élèves ont pris en main très aisément l'outil etils n'ont pas rencontré de difficultés particulièrespour effectuer le paramétrage de leur page. Ils ontd'ailleurs eu très rarement recours aux tutoriels quiétaient à leur disposition. La séance d'une heure,intervenue après un délai d'un mois, a permis derésoudre les problèmes techniques (peu nom-breux) et de répondre aux interrogations desélèves. Ces interrogations ont essentiellementporté sur le fond, c'est à dire sur l'adéquation de

leurs choix d'articles aux consignes (pertinence del'article et fiabilité de la source d'information).

Le résultat des évaluations permet de constaterque si le paramétrage des sources a été globale-ment correct, la pertinence et la fiabilité de lasource des articles publiés a encore parfois poséproblème aux élèves alors même que ces notionsavaient été abordées à plusieurs reprises au fil desséances. Même avec un paramétrage des sourcesassez fin, le bruit documentaire reste important, etun travail conséquent de tri et d'évaluation s'im-pose. C'est aussi tout l'intérêt de travailler sur cesplateformes de curation avec les élèves : cela per-met d'approfondir la notion de validation de l'in-formation et de travailler en profondeur sur le tri etla sélection.

Toutes les fonctionnalités de Scoop.it n'ont pasété utilisées lors de ces séances. Les fonctions departage n'ont pas paru indispensables dans cecontexte spécifique, d'autant plus que l'accès auxréseaux sociaux est bloqué dans l'établissement.L'indexation et le classement des articles à l'aidedes tags ne s'est pas avéré nécessaire non plusdans la mesure où les élèves travaillaient sur unseul thème. Pour une veille plus large, en vue desconcours de cette année, il serait intéressant derevenir avec les élèves sur cette fonctionnalité.

Il a été demandé aux élèves de citer leurs sourcesd'information dans le résumé de l'article publié.Pour autant, la question du respect du droit d'au-teur n'a pas été abordée plus avant lors de cesséances et dans l'évaluation, notamment concer-nant l'utilisation des images, ce qui, a posteriori,apparaît comme une lacune. Or, le respect du droitne va pas sans poser question dans l'usage desplateformes de curation comme l'explique MichèleBattisti, juriste spécialiste du droit de l'informationsur son blog Les Paralipomenes3.

Reste à mesurer quel réinvestissement les élèvesvont faire de cette plateforme de curation. Je vaispouvoir le faire cette année puisque la classe aveclaquelle j'ai travaillé reste composée pratiquementà l'identique cette année. Une séance dans lecadre des préparations aux concours sanitaires etsociaux est en projet et permettra une adéquationdes plateformes créées l'année dernière avec lesbesoins actuels des élèves.

Pour accéder à la séance complète :http://www.ac-reims.fr/editice/index.php?op-tion=com_k2&view=item&id=1880&Itemid=483

Critères Pts Total

Paramétrage de l’outil :- choix des sources :

. fiabilité

. diversité

. pertinence

112

/20

Mur :- pertinence des articles publiés- fiabilité de la source de l’article- diversité des articles publiés- résumé :

. orthographe

. expression

. contenu

322

214

Respect des consigneset implication dans le projet

2

Remarques

––––––––––3 Battisti, Michèle. Les Paralipomenes [en ligne]. http://paralipo-menes.net/wordpress/archives/8786

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Nous donnons ici un exemple de séquencepédagogique sur la veille informationnellemenée avec des élèves de terminale gé-nérale et technologique préparant l'entrée

à Science Po Paris dans un établissement zonesensible en convention avec l'école.

Pour se présenter à l'oral d'admission de SciencesPo Paris permettant aux élèves du lycée de pré-tendre à entrer dans l'école, ces derniers doiventréaliser un dossier de presse constitué d'unequinzaine d'articles parus sur une durée de six se-maines (de janvier à février), une note de synthèseet une note critique. Le thème du dossier est libre,mais doit être lié à l'actualité et être assez richepour permettre une collecte d'articles sur les sixsemaines. L'oral prend appui sur le dossier, puiss'ouvre sur un questionnement plus large.

Au lycée, l'“Atelier Sciences Po“ accueille lesélèves de terminale générale et STG volontaires. Ilse déroule à partir d'octobre, à raison de deuxheures hebdomadaires, et il est encadré par deuxenseignantes. D'autres professeurs interviennentde manière plus ponctuelle, dont les enseignantesdocumentalistes.

En début d'année, le travail est surtout axé sur desthèmes de culture générale et chaque élève doitprésenter au groupe en début de session unerevue de presse sur l'actualité de la semaine écou-lée.

Une première séance au CDI a pour objectif deprésenter aux élèves différentes sources d'infor-mations papier ou accessibles via le web et la mé-thodologie de la revue de presse.

Début décembre, afin de préparer la collecte d'ar-ticle pour le dossier de presse, une initiation à laveille documentaire leur est proposée. Les élèvescommencent à avoir une pratique de la lecture depresse, et ne jurent que par Google Actualité, bienpratique pour sélectionner les évènements dont ilsparleront dans leur revue de presse. Ils n'ont pasconscience de la redondance de l'informationamenée par les agrégateurs, et ne gardent au-cunes traces de leur déambulation sur le net. Leur

travail de sélection d'information est biaisépuisqu'il ne porte, le plus souvent, que sur les pre-miers titres de leur site d'actualité préféré, et doncles plus lus.

La séance se déroule sur les deux heures de l'ate-lier. Elle est assez dense, mais s'adresse à desélèves motivés. A travers une méthodologie deconstitution de dossier documentaire, elle poursuiten fait plusieurs objectifs.

Tout d'abord, une éducation aux médias, en mon-trant aux élèves que l'impression d'abondance del'information sur Internet est aussi une illusion. Quesouvent les grands médias d'actualité traitent lesmêmes sujets, avec les mêmes mots puisqu'avecles mêmes sources. Que les gros titres sont liés àla demande présumée des lecteurs et non pas for-cement à l'importance du fait en lui-même. Et qu'ilfaut pouvoir élargir un peu ses propres sourcesd'informations, pour avoir accès à des informa-tions plus confidentielles ou traitées avec un pointde vue différent (ce qui leur sera utile pour pouvoirprésenter plusieurs opinions dans le dossier et ali-menter leur note critique).

Comme dans toute séance menée par une desenseignantes documentalistes, nous visons éga-lement un enrichissement de leur culture informa-tionnelle, puisque les outils proposés leurdemanderont, pour être efficaces, une certainemaitrise des mots-clés et des opérateurs boo-léens. Il leur faudra aussi sélectionner à la fin deleur collecte les articles qui figureront dans leurdossier et en synthétiser le contenu.

Et puis surtout, en généralisant une pratique deveille, les élèves deviennent capables de s'infor-mer de façon régulière en utilisant différentesbases de données, de classer, de hiérarchiser etde partager leurs résultats, de se constituer uncorpus personnel ; ce qui leur sera bien utile l'an-née prochaine pour leurs premiers pas dans le su-périeur. Malheureusement, sur la vingtained'élèves qui fréquentent l'atelier, ils seront bienpeu d'élus à intégrer Sciences Po...

Un travail d'avant-veille

Initier des élèves de lycée à une démarchede veille documentaire universitaireFlorence Michaux-Colin Professeur documentaliste––––––––––

––––––––––1 NB : le calendrier est modifié depuis la rentrée 2012 suite au nou-veau calendrier d'admission de l'IEP Paris

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La séance se déroule en salle informatique. Elledébute par une définition de la veille documentaire,présentée comme une démarche permettant deréduire le temps de recherche, et même de fairevenir l'information à soi (le pull), plutôt que de de-voir aller la chercher (le push). A noter, pour l'anec-dote, ces deux angliscismes font toujours un peud'effet sur les élèves qui commencent alors àprendre tout cela plus au sérieux...

Tout d'abord, à l'aide d'un vidéo-projecteur etd'une connexion internet, sont présentés les outilsqui permettent aux élèves d'effectuer ce queMarie-Laure Malingre nomme une "veille cible" :c'est à dire pouvoir suivre l'actualité en dégageantles grandes tendances afin de déterminer sonthème de recherche.

Le premier site présenté est bien sûr Google Ac-tualité que les élèves utilisent déjà. La plupart neconnaissent d'ailleurs pas d'autres sites d'actua-lité. Il est intéressant de leur montrer que sur d'au-tres sites, ce ne sont pas les mêmes informationsqui sont placées en haut de la liste de résultats. Ilsse sentent un peu désarçonnés quand nous leurdemandons le fonctionnement de ce classement.Souvent, aucun d'entre eux ne peut expliquer l'or-dre de présentation des articles, une fois démontréque cela n'est pas lié à l'heure de diffusion du titred'information. Une discussion s'ensuit sur la per-tinence du critère de "fréquence de diffusion". Unefois conclu que les informations dont on parle leplus ne sont pas forcement les plus importantes,nous pouvons passer à de nouveaux outils.

C'est à travers la présentation du portail Netvibesdu CDI que nous abordons les flux RSS. Lesélèves sont libres de l'utiliser ou de créer leur pro-pre agrégateur. Les deux principalement choisis(Netvibes ou iGoogle) sont assez facile à prendreen main. Les élèves sont cependant invités à pas-ser au CDI ou à venir un peu plus tôt à la séancesuivante s'ils veulent une aide technique. Il leur estsurtout recommandé de sélectionner une dizainede sources maximum s'il veulent pouvoir faire unevraie lecture des flux. Le plus souvent, ce sont lestitres de la presse quotidienne généraliste qui sontchoisis, quelques quotidiens anglophones ou his-panophones, de la presse économique et des jour-naux perçus comme "contestataires", ou sontinclus les deux pureplayers Rue 89 et Médiapart.

L'exemple de Médiapart permet de faire le pointsur les archives de la presse en ligne, qui sontquelquefois payantes (au grand désarroi desélèves) et de leur présenter la base de presse enligne à laquelle le lycée est abonné.

Toujours dans l'optique de la veille, plusieurs fonc-

tions sont mises en avant :

- la fonction recherche, tout d'abord, avec le titrede l'article auquel ils n'ont pas pu accéder enligne, avec une utilisation de différents restric-teurs : le titre du périodique, la date.

- la fonction dossier, qui leur permet d'enregistrerl'article en format texte et qui peut générer une no-tice bibliographique.

- la fonction pdf qui permet de feuilleter le pério-dique dans son format papier ou de regarder lesunes des différents journaux.

En projection de leur future recherche, nous leurmontrons rapidement la fonction recherche avan-cée par mot-clé avec une utilisation d'opérateursbooléens, mais, par expérience, il est encore troptôt. Heureusement, une des deux professeures do-cumentalistes sera présente pendant toute laphase de recherche et pourra réactiver la procé-dure avec eux.

Il peut être intéressant sur une recherche-exempled'articles d'actualité récente de constater dans lesrésumés des résultats de différents périodiquesque les termes utilisés sont très proches et pro-viennent souvent d'une dépêche de l'AFP (égale-ment présent dans les résultats de recherche).

Pour finir, c'est la fonction "Alerte" qui leur est pré-sentée, ce qui leur permettra de recevoir réguliè-rement les articles parus qui correspondent à leursujet. Il leur est cependant précisé que cette fonc-tion n'est efficace que si la requête de rechercheest très précisément rédigée. La boucle est bou-clée par un parallèle avec la fonction "Alerte e-mail" de Google Actualité.

Pour terminer, et sensibiliser les élèves à la phased'archivage des données collectées, la présenta-tion de la fonction "Dossiers" de l'agrégateur depresse est prolongée par la découverte de l'exten-sion Read It Later (maintenant Pocket) qui permetune collecte d'articles de pages web dans un es-pace personnel. Ils peuvent être ensuite lus de ma-nière plus approfondie et sauvegardés (ou non)sans se perdre pendant le "butinage" dans lesliens hypertextes ou multiplier les onglets.

En conclusion de la séance, l'accent est mis sur lanécessaire gestion du temps inhérente à tout tra-vail de veille. Après avoir sélectionné leurssources, les élèves devront s'y référer de manièrerégulière pour surveiller leur thème de recherche,et rapidement organiser leur espace de stockage.

Tout ce temps de présentation est peu interactif,même s'il se déroule en salle informatique. Il reste

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MEDIADOC FADBEN – N°9, DÉCEMBRE 2012 - 19

habituellement une demi-heure pour que lesélèves commencent à tester quelques outils.

Finalement, les élèves auront été sensibilisés àplusieurs facettes de la veille documentaire :

- s'informer régulièrement de manière générale envariant ses sources (sites d'actualités, agrégateursde presse, agrégateurs de flux RSS),

- se créer sa propre base de données en sélection-nant des sources pertinentes (flux RSS, dossiersen cloud computing),

- effectuer une recherche sur un sujet précis etgérer ses alertes (Google, agrégateur de presse),

- Restituer ses résultats.

Bien sûr, tout n'est pas assimilé en deux heures.C'est par l'encadrement sur les six semaines àvenir, les explications en individuel, le rappel auxoutils que les apprentissages vont se construire.

La venue d'anciens élèves ayant intégré l'IEP Parisreste la meilleure justification du travail amorcé,puisqu'ils reconnaissent maintenant l'intérêt d'untravail de veille régulier, qui leur permet de se tenirinformés et surtout de pouvoir approfondir lescours par une collecte d'articles ciblés et, pour lesplus avancés, la possibilité de commencer à secréer leur propre base de donnée pour leur mé-moire de deuxième cycle.

Cette séance est toujours très agréable à menerpour le professeur documentaliste, qui peut(enfin?) se présenter comme un expert dans le do-maine de l'information. Les élèves voient peu àpeu l'intérêt de la démarche au fur et à mesure del'évolution de leur recherche, et c'est égalementtrès enrichissant de pouvoir les suivre sur untemps aussi long.

Un des inconvénients de cette séquence est biensûr son côté cours magistral indigeste. Il vient prin-cipalement du fait qu'il a été difficile de choisir lorsde la construction, dans quel ordre présenter lesoutils nécessaires à nos veilleurs en herbe. Pourl'année prochaine, nous pensons néanmoins, in-tégrer à la première séance sur la découverte destitres de presse, Google Actualité, l'agrégateur deflux du CDI et une première approche de la basede presse. Puis proposer une nouvelle séance au-tour d'outils de veille collaboratifs comme parexemple Pearltrees ou Evernote pour qu'une foisles thèmes de recherche esquissés chacun puisseaider ses camarades à se faire une idée plus pré-cise de son sujet en fonction des articles croiséslors de sa propre veille. Ce qui les aidera à maitri-ser le fonctionnement de nouveaux outils et à tra-

vailler en groupe, même à distance.

Ainsi, la séance présentée ici serait plus une expli-citation d'une démarche de veille documentairedéjà amorcée, avec une mise en perspective desoutils déjà utilisés, quitte à en présenter de nou-velles fonctionnalités (alertes, création de son pro-pre agrégateur de flux...) Nous aimerions ainsipouvoir intégrer la nécessité de garder trace deson travail de recherche notamment par la rédac-tion d'une bibliographie, peut-être par la prise enmain de Zotero.

Bibliographie

Malingre, Marie-Laure. Développer une veille per-sonnelle avec les alertes, les fils RSS et les pagespersonnalisables ?http://www.sites.univ-rennes2.fr/urfist/res-sources/developper-une-veille-personnelle-avec-les-fi ls-rss-et-la-syndication-de-contenus.[consulté le 20/05/2012]

Lehmans, Anne. « Du CDI à la bibliothèque univer-sitaire : Former les usagers à l’information » LesCahiers d’Esquisse, n°11. Université Montesquieu- Bordeaux IV IUFM d’Aquitaine n°1, janvier 2010

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C O M M U N I Q U É

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