enquête Sur L'insertion Professionnelle Des...

94

Transcript of enquête Sur L'insertion Professionnelle Des...

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans sans qualification :

la Région Parisienne, France

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans sans qualification :

la Région Parisienne, France

Muriel Poisson

Paris 1996 U N E S C O : Institut International de Planification de l'Education

Les appellations employées dans ce volume et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de l ' U N E S C O ou de Г11РЕ aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant à leurs frontières ou limites.

L a publication de ce document a été financée grâce à la subvention de l ' U N E S C O et aux contributions de plusieurs Etats membres de l ' U N E S C O dont la liste figure à la fin de ce document.

Le texte de document a été composé en utilisant les micro-ordinateurs de Г11РЕ ; l'impression et le brochage ont été assurés

par l'atelier de reproduction de Г П Р Е .

Institut international de planification de l'éducation 7 - 9 rue Eugène-Delacroix, 75116 Paris

Maquette de couverture : Blandine Cliquet © U N E S C O avril 1996 iiPE/ph

Table des matières

Note explicative

Introduction

Partie I :

Dispositif 1

Dispositif 2 Dispositif 3 Dispositif 4 Dispositif 5 Dispositif 6 Dispositif 7 Dispositif 8 Dispositif 9

Dispositif 10

Dispositif 11

Dispositif 12 Dispositif 13 Dispositif 14

Description des dispositifs

Association éducation Amérique latine -Vida y educación Association jeunesse action recherche Association solidarité jeunesse Association Vagabondages Association Yvetot-Bourzanga Caisse des dépôts et consignations Centre E D F - G D F de Pantin Foyer Etape Fondation pour la solidarité entre générations -Droit de cité Institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle Mission banlieue de médecins du monde à Gennevilliers Office H . L . M . d'Argenteuil - Bezons Régie de quartier de Clichy Service insertion de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine

vu

1

3

5 8

12 14 18 22 25 29

33

36

40 44 48

52

v

Table des matières

Partie П : Analyse des dispositifs 57

Chapitre I : U n public aux caractéristiques spécifiques 59

1. U n public identifié 59 2. Rapport complexe aux dispositifs sociaux 62

Chapitre П : U n e nouvelle approche de l'insertion 65

1. D 'une logique d'insertion professionnelle à une logique d'insertion sociale 65

2 . Notion de préformation ou de « sas » 68

Chapitre Ш : D e nouveaux acteurs m u s par de nouveaux principes 71

1. D e nouvelles motivations 71

2 . D e nouvelles méthodes dans l'insertion 76

Chapitre IV : Une exigence de résultats différente 79

1. Une efficacité limitée des dispositifs en matière d'insertion professionnelle 79

2 . Conclusion : qu'est-ce qu'un « parcours d'insertion abouti ? » 83

Conclusion 86

Bibliographie 87

vi

Note explicative

Dans le cadre de son nouveau Plan à M o y e n Terme (1996-2001), l'Institut International de Planification de l'Education (ПРЕ) consacre un de ses programmes de recherche à l'étude des « stratégies d'éducation et de formation pour les groupes défavorisés ».

Sachant qu'environ 140 à 150 millions d'enfants sont exclus de la scolarité de base, il apparaît en effet qu 'un des défis majeurs auxquels les planificateurs et les décideurs doivent faire face aujourd'hui, consiste à s'attaquer aux besoins d'éducation et de formation de « ceux qui n'ont pas été servis ».

L'enquête présentée ci-après a été réalisée en France, en Région Parisienne. Elle a pour objet d'analyser divers dispositifs d'insertion de jeunes sans qualification. Il s'agit de micro-dispositifs, qui s'inscrivent dans une logique de développement local. Dans leurs aspects innovants, mais aussi dans leurs insuffisances, ils peuvent constituer le point de départ d'une réflexion plus large, portant sur les stratégies à mettre en oeuvre pour lutter efficacement contre le phénomène de l'exclusion.

vu

Introduction

Cette enquête réalisée en France, en Région Parisienne, pour le compte de l'Institut International de Planification de l'Education, a pour objet d'étudier l'insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans sans qualification.

Le choix de ce sujet est motivé en premier lieu par l'évidente actualité du problème de l'insertion des jeunes. E n effet, dans les zones urbaines sensibles, le nombre de jeunes déconnectés des circuits habituels de la vie économique et sociale augmente rapidement. Selon le rapport du Commissariat général du Plan français datant du mois de mars 1994, un quart des jeunes ne sont pas dans une situation très favorable vis-à-vis de l'insertion, et parmi eux entre 5 et 10 % sont m ê m e dans une situation de détresse sociale. Ceci est lié à une crise de l'intégration sociale par le travail. Ainsi, depuis 1992, la situation des jeunes sortis du système scolaire s'est fortement dégradée à l'image de la situation économique et du marché du travail. L a part des jeunes au chômage est passée pendant cette période de 20,1 % à 24,1 %. Cette progression du chômage est particulièrement forte pour les jeunes sans qualification, puisque leur taux de chômage dépasse 30 %.

E n second heu, il apparaît utile d'étudier les modifications importantes des actions qui sont menées sur le terrain en faveur de l'insertion professionnelle. O n constate de fait une multiplication des structures d'insertion utilisant des méthodes innovantes dans les quartiers en difficulté. Chacune de ces structures cherche à s'adapter au mieux aux besoins spécifiques des jeunes marginalisés, afin de leur donner une seconde chance.

1

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Cette enquête tente de présenter les différents aspects de cette évolution. Elle a été réalisée à l'aide d'interviews auprès d'organisateurs de dispositifs d'insertion appartenant à des structures diverses : associations, organismes de formation, entreprises d'insertion, entreprises publiques ou privées. L e choix de ces dispositifs vise à rendre compte de cette grande diversité. A u total, quatorze dispositifs ont été retenus, us sont présentés dans la première partie de cette étude.

L'analyse de chacun de ces dispositifs permet de dresser un bilan général qui fait apparaître les éléments suivants : identification assez précise d 'un public en difficulté aux caractéristiques et aux exigences spécifiques, brouillage de la notion classique de l'insertion professionnelle, intervention de nouveaux acteurs qui utilisent de nouveaux outils pour l'insertion, attente de résultats différents. Ces différents points seront développés au cours de la seconde partie de l'étude.

2

Partie I Description des dispositifs

Dispositif 1 Association éducation Amérique Latine -

Vida y educación

L'association française éducation Amérique latine, et l'association uruguayenne vida y educación se préoccupent toutes les deux de l'insertion de jeunes en difficulté. Elles ont décidé d'unir leurs compétences, et de permettre à des jeunes des deux continents de se rencontrer, lors d'échanges inter culturels.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit d'amener les jeunes à réfléchir aux notions d'échange, d'accueil, de dialogue, de communication ou encore de solidarité. Ils doivent prendre du recul vis-à-vis de leur propre expérience, par la confrontation avec d'autres jeunes, appartenant à une culture différente, mais qui rencontrent également d'importantes difficultés d'insertion. L a directrice de l'association éducation Amérique latine indique ainsi :

« Nous recherchons par ce séjour-découverte une réassurance identitaire ; nos expériences passées nous ont donné la certitude que la rencontre avec l'inconnu, la confrontation à d'autres cultures, l'échange d'expériences et de vécu sont essentiels pour la construction de chaque individu ».

Public visé : sont concernés par cet échange de jeunes français et uruguayens, caractérisés par leurs difficultés scolaires, psychologiques ou familiales. Certains français connaissent également d'importants problèmes

5

Enquête sur V insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

d'identité, liés parfois à leur situation d'immigré.

Príncipe : l'échange inter culturel est basé sur la coopération entre deux associations :

• l'association éducation Amérique latine, dont la directrice, une éducatrice, a eu l'occasion d'exercer son métier pendant plusieurs années dans différents pays d'Amérique du Sud, notamment en Uruguay, dans le cadre de l'association vida y educación ;

• l'association vida y educación, créée en 1990, qui anime un foyer de dix-huit adolescents, la Frontera, et gère une ferme, la Chacra, qui accueille des fratries de jeunes en situation d'abandon familial.

Le voyage des Français en Uruguay aura lieu en février 1996, et celui des Uruguayens en France en juin juillet 1996. L a durée du séjour sera de trois semaines dans chaque cas.

L'association vida y educación ne pouvant assurer le coût du voyage des jeunes uruguayens en France se repose sur l'association éducation Amérique latine. Par contre, elle prendra à sa charge l'accueil et le transport des français en Uruguay.

Description d u dispositif

Recrutement : du côté français, deux jeunes ont été recrutés auprès de l'internat spécialisé la providence de Pontivy, un auprès de l'aide sociale à l'enfance du Morbihan, et deux autres auprès du service d'éducation spécialisée de l'association vers la vie et l'éducation des jeunes, de Paris. D u côté uruguayen, cinq jeunes de l'association vida y educación ont été désignés pour participer au dispositif ; ce sont des enfants de la rue, sans famille, et vivant en foyer.

Mise en relation des correspondants : chaque français est mis en relation avec un uruguayen et réciproquement, de manière à personnaliser l'échange. E n effet, chaque jeune sera amené à accueillir un jeune étranger dans son propre pays ; il en aura la responsabilité et sera chargé de lui faire découvrir son quotidien. Les jeunes apprennent à se connaître avant l'échange par courrier ainsi que par des cassettes vidéos qui les mettent en scène, et qu'ils ont réalisé eux-mêmes .

6

Dispositif 1 : Association éducation Amérique latine -Vida y educación

Préparation : les jeunes sont sensibilisés à la culture du pays d'échange. Les Français réalisent ainsi des dossiers sur l'Uruguay et le Brésil, et ils suivent une initiation à la langue espagnole. Ils sont conduits à prendre en charge eux m ê m e l'échange, en élaborant collectivement le programme d'accueil de leurs correspondants, mais aussi en cherchant à collecter des fonds pour aider au financement du projet (jobs d'été, vente de cartes postales, etc).

Séjour en Uruguay (3 semaines) : les cinq jeunes français, encadrés par trois adultes, séjourneront en Uruguay pendant trois semaines. As partageront la vie quotidienne des pensionnaires du foyer la frontera à Montevideo. Ils seront associés à leur travail, formation, et loisirs. Us participeront également aux activités éducatives et productives organisées en milieu rural par la chacra : laiterie, élevage de porcs, culture de l'osier, etc. us feront un séjour dans le sud du Brésil au centre Luiz Itamar situé à Porte Alegre. Il s'agit d 'un centre d'animation et d'éducation pour les enfants de la rue. Enfin, ils assisteront au carnaval.

Restitution de l'expérience : des diapositives, un film vidéo, et un journal seront réalisés sur place par les jeunes, us seront exploités au retour.

Séjour en France (3 semaines) : quatre mois plus tard, les jeunes uruguayens viendront à leur tour en France. Es résideront deux semaines en Bretagne, puis une semaine à Paris. E n Bretagne, ils partageront la vie quotidienne de l'internat de Pontivy. us visiteront les écoles de Pontivy. Ils iront à la découverte du littoral, « l'autre côté de leur océan ». Enfin, ils pourront pratiquer diverses activités de loisirs (vélo, voile, musique, etc). A Paris, hormis la visite de la capitale, ils partageront la vie quotidienne d 'un foyer de l'association vers la vie et l'éducation des jeunes, us rencontreront également d'autres jeunes d'origine étrangère, résidant à Paris.

Bilan d u dispositif

L'échange n'ayant pas encore eu lieu, aucun bilan n'est possible dans l'immédiat.

7

Dispositif 2 Association jeunesse action recherche

L'association jeunesse action recherche, créée en 1981, est un organisme de formation qui cherche à mettre en oeuvre différentes « innovations pédagogiques, particulièrement adaptées à des publics en difficulté ». Elle a participé entre 1992 et 1994 au programme de préparation active à la qualification et à l'emploi.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de permettre aux jeunes de se former dans le cadre d 'un centre de formation d'apprentis multimétiers. A l'aide de plusieurs stages réalisés en entreprise et consacrés à la découverte active de plusieurs métiers, ils doivent parvenir à élaborer le projet professionnel qui leur convient le mieux. E n conséquence, à l'issue du dispositif, ils doivent s'orienter et trouver un contrat de qualification eux -mêmes .

Public visé : les jeunes concernés sont âgés de 16 à 20 ans, ont un niveau scolaire V-Vbis , et rencontrent des difficultés d'ordre cognitif, psychologique ou de socialisation.

Principe : l'association jeunesse action recherche considère que « c'est à la formation de s'adapter à l'entreprise, et non l'inverse ». C'est pourquoi, elle travaille en partenariat avec les entreprises ; elle définit avec leur aide des objectifs professionnels particuliers, et elle adapte en conséquence le contenu de sa formation.

8

Dispositif 2 : Association jeunesse action recherche

Description d u dispositif

Recrutement : les permanences d'accueil, d'information et d'orientation, et les missions locales adressent à l'association jeunesse action recherche des jeunes motivés, qui « manifestent le désir de s'insérer ». Ces jeunes subissent un entretien avec un des formateurs de l'association, qui les juge aussi sur leur motivation.

Accueil-positionnement (24 heures) : dans la phase « accueil », le formateur explique le fonctionnement de l'association jeunesse action recherche, et présente l'équipe pédagogique. Lors de la phase « positionnement », les jeunes sont évalués afin qu'ils prennent conscience précisément de leurs acquis et de leurs lacunes. L'évaluation porte sur leurs connaissances générales de base, mais aussi sur leur motivation, leur mobilité, leurs connaissances liées aux métiers, leur aptitude à se projeter à court terme, et leur capacité à faire des choix.

Mobilisation (45 heures) : ce module s'effectue lors d'un c a m p sportif encadré par les organismes Biorythme et Sporting-club. П doit permettre de travailler différents objectifs tels qu'apprendre à se mobiliser autour d 'un projet collectif, développer ses capacités d'anticipation, de planification et d'organisation, mais aussi son aptitude à accepter des contraintes telles que ponctualité, assiduité, règles, respect des lieux, du matériel, et d'autrui, accroître son sens de la solidarité et d'esprit de groupe ou encore son goût de l'effort et de la motivation.

Communication-comportement (110 heures) : ce module est animé par un professionnel de la communication. Différentes activités sont imaginées pour « permettre aux jeunes d'adapter leur comportement individuel au contexte du m o n d e du travail ». us sont ainsi amenés à travailler les méthodes de communication : ils s'exercent à dialoguer, argumenter, écouter, mémoriser. Leur attention est portée sur l'importance du débit et du ton de la voix, sur le langage du corps. C e travail s'effectue par le biais d'activités culturelles, notamment de théâtre. Les jeunes sont chargés par ailleurs de réaliser eux -mêmes une enquête pour le compte du journal de l'association jeunesse action recherche, us suivent également des « cours psychophysiques », qui permettent de simuler des situations de la vie quotidienne, us analysent différents types de comportements (passif,

9

Enquête sur V insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

agressif, affirmatif), et doivent maîtriser en conséquence leur propre attitude. L e responsable du module insiste enfin sur l'importance de l'apparence générale : habillement, etc.

Environnement socio-économique (30 heures) : les jeunes doivent réussir à mieux appréhender leur environnement. Pour cela, ils apprennent à identifier et à utiliser les lieux administratifs, culturels, sociaux, et économiques, mais aussi à se déplacer géographiquement de façon organisée et efficace. Us sont sensibilisés aux mesures pour l'emploi. Enfin, ils acquièrent les notions de base en matière de législation du travail.

Raisonnement logique (30 heures) : il s'agit c o m m e dans le module communication-comportement de travailler sur le comportement des jeunes, en insistant cette fois sur leurs capacités de raisonnement et de compréhension. Cela doit les aider à résoudre rapidement toute difficulté rencontrée dans le cadre de leur futur travail.

Remise à niveau (60 heures) : le formateur de l'association jeunesse action recherche conçoit un programme de cours adapté au savoir de base des jeunes, évalué en début de période. Les jeunes suivent ainsi des cours de français et de mathématiques sur quatorze semaines. L a remise à niveau se déroule en fait sur deux périodes de sept semaines, entre lesquelles s'intercale un stage de deux semaines en entreprise.

Elaboration d'un projet professionnel (70 heures) : les jeunes se familiarisent avec le m o n d e du travail, us visionnent ainsi des cassettes vidéos mettant en scène quarante métiers, us réalisent un travail personnel de recherches et d'investigations au sein d 'un secteur professionnel. Ils visitent des entreprises, us doivent ensuite confronter leurs aptitudes propres aux capacités requises pour l'exercice de telle ou telle profession.

Stages en entreprise (195 heures) : les jeunes démarchent eux m ê m e les entreprises susceptibles de les accueillir c o m m e stagiaires. Ils doivent effectuer quatre stages de deux semaines dans différentes entreprises, leur permettant de mesurer les compétences et les exigences liées à la tenue d'un poste de travail. A l'issue de chaque période, un bilan est réalisé et exploité en groupe, puis lors d'entretiens personnalisés avec le formateur réfèrent et le tuteur en entreprise.

10

Dispositif 2 : Association jeunesse action recherche

D'éventuels réajustements des objectifs de formation sont alors déterminés.

Club-emploi (105 heures) : ce module est organisé par le club-emploi de l'organisation francilienne de formation professionnelle. Les jeunes s'auto-évaluent. Us rédigent leur curriculum vitae, envoient des lettres de motivation, et s'entraînent à subir des entretiens d'embauché fictifs, us démarchent eux -mêmes les entreprises et les organismes de formation qui leur permettront de suivre une formation en alternance débouchant sur un certificat d'aptitude professionnelle. Ils trouvent ainsi un contrat de qualification à leur propre initiative. Toutefois, si leurs démarches se révèlent infructueuses, le formateur les aide dans leurs recherches.

Entrée en apprentissage : la formation a lieu en deux ans. Elle est au total de huit cents heures. Les quatre cinquièmes du temps se déroulent en entreprise, et le cinquième restant dans un organisme de formation. U n maître d'apprentissage assure la responsabilité de la formation de l'apprenti.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : sur les quinze jeunes recrutés, cinq sont entrés en apprentissage dans la branche souhaitée ; quatre sont entrés dans des organismes de formation préparant un diplôme ; trois ont refusé le contrat d'apprentissage qui leur était proposé ; un n 'a rien trouvé à l'issue de son séjour à l'association jeunesse action recherche ; deux ont quitté le dispositif avant son terme : le premier a quitté l'association volontairement, et le deuxième a été renvoyé.

Perfectibilité du dispositif: la durée du séjour en centre de formation est trop courte. Elle devrait être étalée sur douze mois. Par ailleurs, les activités dites de « socialisation » ne sont pas assez variées. Il faudrait associer davantage d'intervenants extérieurs, du domaine sportif (initiation à la varappe), de l'environnement (organisation de raids verts), etc.

11

Dispositif 3 Association solidarité jeunesse

Cotravaux (coordination pour le travail volontaire des jeunes) a été créée en 1959 dans le but de promouvoir le développement du travail volontaire associatif. Elle coordonne aujourd'hui l'action de plusieurs associations, dont l'association solidarité jeunesse. Cette dernière organise des chantiers découvertes, à l'intention de jeunes en difficulté.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de former des jeunes en difficulté à différentes techniques utilisées sur les chantiers. Par ailleurs, les chantiers participant à « un développement local soucieux de l'individu, de l'environnement, et du patrimoine culturel », les jeunes doivent se sentir reconnus et valorisés par leur activité. Enfin, leur participation aux chantiers doit être l'occasion de reprendre confiance dans leur capacité à établir des liens sociaux ; ils sont ainsi mis en contact avec d'autres jeunes d'horizons variés : français ou étrangers, de régions rurales ou urbaines, etc.

Public visé : participent aux chantiers des jeunes en difficulté, âgés de 15 à 25 ans, issus de milieux défavorisés, et connaissant des difficultés d'intégration sociale et professionnelle.

Principe : les jeunes participent bénévolement à la réalisation d 'un chantier de découverte, visant à réhabiliter le patrimoine bâti ou à entretenir des sites naturels. Les travaux n'exigent aucune compétence particulière. Ces chantiers découvertes sont organisés dans le cadre d'une concertation régionale, impliquant les directions régionales de la jeunesse et des sports,

12

Dispositif 3 : Association solidarité jeunesse

des affaires culturelles, de l'environnement, des affaires sociales, mais aussi les collectivités territoriales, et les associations organisatrices de ces chantiers.

Description d u dispositif

Recrutement : l'association solidarité jeunesse recrute en moyenne douze jeunes pour une durée de cinq mois.

Temps d'activité de chantier : les jeunes sont présents sur les chantiers 30 heures par semaine en moyenne . Ús sont placés sous la responsabilité d'encadrants techniques appartenant à l'association. L'objet du chantier est variable : il peut s'agir de réhabiliter des logements pour familles démunies ou personnes âgées, d'aménager des locaux liés à l'exercice d'une activité sociale (locaux associatifs, équipements de proximité, etc), d'entretenir des espaces extérieurs, en particulier dans des quartiers d'habitat social dégradé, de rénover le patrimoine architectural ou culturel d'une région, de nettoyer des sites naturels en milieu rural ou montagnard, etc. Par principe, le fonctionnement du chantier est collectif : toutes les tâches sont partagées, de la vaisselle à la prise de responsabilités dans l'organisation des travaux.

Stages de formation professionnelle : quand la possibilité se présente, les jeunes participent en alternance à leur activité sur le chantier à des stages de formation d'animateurs, qui leur permettent de préparer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animation ou le brevet d'état d'animateur technique de l'éducation populaire.

Temps de découverte : les jeunes visitent la région dans laquelle se déroule le chantier. Ils sont sensibilisés à la notion de préservation de l'environnement et du patrimoine culturel, us participent également à des actions d'éveil artistique.

Temps de détente et d'activités sportives.

13

Dispositif 4 Association Vagabondages

L'association Vagabondages a été créée en 1986. Elle permet à des jeunes en difficulté de quitter leur environnement quotidien, et de partir à la découverte de nouveaux pays, d'autres peuples, pendant une durée égale au m i n i m u m à un an.

Présentation d u dispositif

Objectifs : le directeur de Vagabondages s'est adressé en ces termes aux jeunes participant à l'expédition 1995 :

« Ce voyage doit être pour vous l'occasion d'explorer d'autres profondeurs et d'autres abysses, peuplées de peurs, de démons et d'idées fausses sur soi et sur le monde qui vous entoure (...) ; l'essentiel de votre voyage et de votre découverte est là, à l'intérieur de vous-même » (Bulletin de l'association, avril 1995).

П fait référence ainsi à une véritable « pédagogie de la rupture », qui postule qu'un jeune extrait de son environnement quotidien est conduit à refabriquer ses repères, à se resituer par rapport à lui-même, et par rapport au groupe.

Public visé : les jeunes concernés sont tous en situation grave de rupture familiale et scolaire. Ceux qui partent pour la première fois ont entre 12 et loans.

14

Dispositif 4 : Association Vagabondages

Principe : l'association Vagabondages est basée aux îles Kerkennah, au large de la Tunisie. Les jeunes partent au m i n i m u m pour un an, et au m a x i m u m pour trois ans. Les deux-tiers de leur séjour se déroulent à la base, dans une maison de pêcheurs. Le tiers restant est consacré à un voyage itinérant sur deux bateaux à voile : la Maria-Gilberte, et la Salvia. П est à noter que l'association ne bénéficie d'aucune reconnaissance administrative, m ê m e si elle a cherché à l'obtenir au départ. C e sont les institutions où sont placés les jeunes qui l'aident financièrement, en payant un prix à la journée pour chaque jeune pris en charge.

Description d u dispositif

Recrutement : les jeunes sont adressés à Vagabondages par différents services sociaux. Es sont en effet tous déjà pris en charge par des institutions spécialisées, dans la mesure où ils ont souvent fait l'objet d'une décision de justice. L'expédition 1995 concerne sept jeunes.

Séjour aux îles Kerkennah : les jeunes sont encadrés en permanence par le fondateur de l'association, et trois à quatre autres personnes qui se relaient au fil du temps. O n compte ainsi actuellement parmi l'équipe encadrante un infirmier psychiatrique et un licencié en psychologie. Mais ils se définissent eux-mêmes non pas par leur formation, mais par leur motivation. Cette équipe encadrante est chargée de maintenir la cohésion du groupe tout au long du séjour. П faut amener les jeunes à accepter les règles de la communauté, alors m ê m e que « réussir à vivre avec » est souvent un de leurs problèmes majeurs.

Travaux quotidiens : les jeunes participent sur la base à l'installation d'un nouveau générateur, d'un compresseur, d 'un nouvel éclairage, etc. Ils s'occupent également du gréement des deux bateaux sur lesquels ils seront amenés à s'embarquer. Ils refont à bord les vernis, les peintures, les aménagements internes, etc.

Remise à niveau : les jeunes suivent à la base une remise à niveau sur logiciels pédagogiques (Mackintosh), sur un m o d e ludique. Ils utilisent notamment le logiciel A D I , qui va jusqu'au niveau de troisième. Ils suivent par ailleurs différentes initiations, notamment à l'informatique, à l'anglais ou encore au dessin.

15

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Voyage itinérant : les jeunes passent nécessairement au moins le tiers de leur temps sur la Maria-Gilberte ou sur la Salvia. C e temps du voyage est considéré par les organisateurs c o m m e un véritable parcours initiatique. H permet aux jeunes de se retrouver seuls, confrontés à l'élément liquide, et à leur passé. П les conduit à établir un itinéraire : lorsque le bateau quitte la base, le trajet du voyage n'est pas fixé, les jeunes devront l'établir eux-m ê m e s . П leur fait prendre conscience de leur propre évolution au cours du temps : il s'agit d 'un voyage en boucle, les jeunes reviendront forcément à leur point de départ. E n 1995, les jeunes vont ainsi partir pour Madagascar, en passant par Djibouti, Aden , l'Erythrée, et le Soudan. Ils iront à la rencontre des populations, et ils seront c o m m e leurs prédécesseurs reçus et logés par les habitants.

Communication : les jeunes restituent leur expérience à travers un journal, qu'ils écrivent régulièrement, qu'ils mettent en page, et qui est publié à Paris dans le bulletin de l'association. Par ailleurs, ils écrivent à leur famille, ils reçoivent des lettres ; c'est souvent pour eux le m o y e n de découvrir sous un jour nouveau les connaissances qu'ils ont laissées à Paris.

Faire le point : après un an de séjour avec Vagabondages, les jeunes retournent en France pour une quinzaine de jours, us se mettent de nouveau en rapport avec l'aide sociale à l'enfance, leur éducateur, leur famille, etc. Ils se retrouvent ainsi dans leur environnement familier, qui s'inscrit en rupture avec tout ce qu'ils ont vécu pendant l'année écoulée, us font le point, avant de repartir généralement au m i n i m u m pour un an.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : au retour, le comportement des jeunes a profondément évolué. Ils sont prêts à s'engager dans une formation professionnelle, us sont alors aidés dans leurs démarches par les missions locales.

16

Dispositif 4 : Association Vagabondages

Perfectibilité du dispositif: certains jeunes ne participent pas au voyage itinérant : ils sont obligés de rester sur la base, dans la mesure où leur comportement risquerait de mettre en danger la cohésion du groupe. Par ailleurs, trois ans est une durée trop longue pour des jeunes qui ont atteint leur majorité ; l'équipe encadrante a en effet beaucoup de mal à conserver un ascendant sur eux, une fois qu'« ils ont pris leurs habitudes ».

17

Dispositif 5 Association Yvetot-Bourzanga

Depuis 1991, le ministère de la coopération organise des opérations prévention été solidarité internationale en collaboration avec différentes associations, dont l'association Yvetot-Bourzanga.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de :

« Permettre aux jeunes de participer à des formes nouvelles de coopération avec le tiers monde, car de telles expériences sont le plus souvent d'une extrême richesse sociale, éducative et culturelle : en les faisant réfléchir sur leurs modes de vie, elles peuvent déclencher des changements d'attitude qu'aucune autre formation ne pourra jamais développer ». (Extrait du rapport Schwartz au Premier Ministre : U insertion professionnelle et sociale des jeunes, 1981).

Mais l'objectif poursuivi est aussi de leur permettre d'acquérir des compétences techniques susceptibles de trouver une valorisation au retour, soit directement dans un emploi, soit en intégrant un parcours de formation qualifiante. Enfin, l'association Yvetot-Bourzanga souhaite participer au développement de Bourzanga, département du Burkina Faso.

Public visé : sont concernés par ce dispositif des jeunes pour lesquels une démarche d'insertion parallèle à l'action de formation est nécessaire.

18

Dispositif 5 : Association Yvetot-Bourzanga

Principe : dans le cadre des opérations prévention été solidarité internationale, un centre d'accueil social et familial a été construit à Bourzanga, au Burkina Faso, par un groupe de jeunes en difficulté de la c o m m u n e d'Yvetot. L a réussite de ce projet est liée à la coopération de trois partenaires : le centre de formation A F A C , spécialisé dans les métiers du bâtiment, le centre Jim Vaillant, qui possède une expérience de formation avec des personnes originaires d'Afrique, et enfin l'association Yvetot-Bourzanga, qui a pour objectif d'aider la population de Bourzanga. Chaque projet est initié à la demande de l'association pour le développement du département de Bourzanga, relais de l'association Yvetot-Bourzanga en Afrique, et qui prend en charge la logistique du séjour au Burkina Faso des jeunes français. Sur place, les jeunes sont accueillis dans les locaux collectifs de la mission catholique de Bourzanga.

Description d u dispositif

Recrutement : les jeunes sont identifiés par les missions locales. Es sont sélectionnés selon « leurs aptitudes morales et leur capacité à s'investir dans le projet ». us sont évalués au cours d 'un séjour d'une semaine en internat, dans un centre d'hébergement. Huit garçons et quatre filles ont été ainsi recrutés au titre du projet 1994.

Sensibilisation au développement : plusieurs modules sont programmés. Certains portent sur des connaissances géographiques, historiques, culturelles (danse, artisanat, environnement, agriculture, élevage), et sur l'action humanitaire. D'autres sont consacrés à des compétences d'ordre pratique (santé, hygiène, modes de vie) ou encore à des rencontres hebdomadaires d'une journée avec les personnels africains de l'association Jim Vaillant.

Formation théorique : la formation est de cent cinq heures. Trois techniciens en assurent le déroulement. Les huit garçons suivent une formation bâtiment dans le cadre de l ' A F A C . Les apprentissages sont ceux des métiers du bâtiment (couverture, maçonnerie, menuiserie), us alternent avec des cours de technologie, de dessin, et des exercices en atelier. Par ailleurs, un chantier école de construction permettant d'utiliser les techniques traditionnelles de la région de Bourzanga, est organisé en collaboration avec des adultes sénégalais. Les quatre filles suivent une

19

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

formation sanitaire et sociale dans le cadre de l'association Jim Vaillant. Cette formation est dispensée par des femmes africaines. L'objectif est de développer les savoir-faire de base relatifs aux métiers d'aide à domicile : notions de cuisine, entretien de locaux et du linge. L'organisme de formation concerné valide les acquis techniques tout au long de la formation, à travers des exercices individuels et collectifs.

Réalisation d'un chantier de construction (trois semaines) : l'édification d 'un centre social et familial est réalisée à Bourzanga. Les travaux sont effectués en collaboration avec les jeunes du village. A u total, vingt-cinq jeunes participent au chantier. Ds sont encadrés par quatre adultes : un responsable pédagogique, deux formateurs, et un conseiller technique. Les jeunes filles sont associées aux actions sanitaires, et elles peuvent participer aux travaux du dispensaire de la pharmacie populaire. Le formateur responsable du stage évalue les travaux effectués.

Découverte de la région : chaque après-midi est consacré à la découverte de la région, avec la visite d'une montagne aurifère, d'une réserve naturelle, et de la ville de Ouagadougou. Les déplacements s'effectuent par les transports locaux.

Restitution de l'expérience : les jeunes doivent restituer au retour leur expérience, à l'occasion de rencontres avec d'autres jeunes, de conférences données dans des établissements scolaires, d'expositions. Par ailleurs, ils doivent produire des documents de synthèse (écrits, photos, vidéo) à l'attention des partenaires et des financiers de l'opération, ainsi que des médias.

Exploitation de l'action : il s'agit de profiter de la dynamique créée par l'action de coopération pour aider les jeunes à élaborer un projet professionnel. L a concrétisation de ce projet peut passer par l'orientation vers une formation qualifiante, liée ou non aux compétences qui ont été approchées au cours du dispositif.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : à l'issue du dispositif, trois filles désirent acquérir le certificat d'aptitude professionnel petite enfance, et une quatrième suivre

20

Dispositifs : Association Yvetot-Bourzanga

une remise à niveau. Quatre garçons s'orientent vers une filière préqualifiante dans le secteur du bâtiment, deux autres entrent dans des actions d'animation, et les deux derniers suivent une formation qualifiante de conducteurs routiers. Par ailleurs, quatre de ces jeunes ont décidé de s'investir dans l'association Yvetot -Bourzanga.

Perfectibilité du dispositif: l'opération met en cause un grand nombre de partenaires dont la sensibilisation au projet n'est pas homogène, ce qui en complique la mise en oeuvre.

Conditions de reproductibilité : les actions de mobilisation avant le départ doivent être renforcées, afin de mieux souder un groupe hétérogène.

21

Dispositif 6 Caisse des dépôts et consignations

L a Caisse des dépôts et consignations a décidé de participer à la lutte contre l'exclusion en créant en 1987 une mission jeune, chargée de l'accueil et de la formation de personnes en difficulté d'insertion.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de permettre à des jeunes sans qualification d'obtenir le titre homologué d'« employé des services administratifs et commerciaux » (Journal Officiel du 21 août 1980), puis de les conduire à intégrer volontairement un circuit de formation qualifiant. Parallèlement, la Caisse des dépôts espère bénéficier de leur regard neuf sur son organisation, et sa logique de production.

Public visé : les jeunes retenus sont placés en situation d'exclusion par rapport aux critères d'accès au marché du travail. Ils n'ont ni qualification, ni projet professionnel.

Principe : la Caisse des dépôts accueille chaque année des jeunes en difficulté. L a mission jeune a pour fonction d'organiser au mieux leur séjour. Pour cela, elle prospecte des postes de travail favorisant une insertion progressive. Elle mobilise des équipes d'accueil, et elle identifie des tuteurs motivés. Enfin, elle définit les tâches évolutives que devront remplir les jeunes dans le cadre d 'un contrat de qualification de douze mois, permettant d'alterner sur la semaine trois jours à la Caisse des dépôts, et deux jours dans un organisme de formation, l ' A C E R E P .

22

Dispositif 6 : Caisse des dépôts et consignations

Description d u dispositif

Recrutement : la mission jeune a essentiellement recours au réseau des missions locales et des permanences d'accueil, d'information et d'orientation, mais elle reçoit également des candidatures spontanées en nombre croissant. Elle organise des entretiens de recrutement qui visent à déceler la motivation du jeune « à s'en sortir », sa capacité à s'adapter, à s'intégrer dans une entreprise, et son désir d'apprendre. Dix à vingt jeunes sont ainsi sélectionnés chaque année.

Accueil au sein de l'entreprise : il s'agit de permettre aux jeunes de se repérer dans l'entreprise, de découvrir son activité et son organisation, et de s'intégrer dans une équipe de travail.

Elaboration d'un projet professionnel : chaque jeune doit rédiger un projet d'orientation d'une quinzaine de pages, qui sera validé à mi-année. Pour y parvenir, il a la possibilité d'évaluer ses compétences avec l'aide de son tuteur. Par ailleurs, des rencontres régulières sont programmées sur l'année avec son responsable pédagogique A C E R E P , et son responsable insertion à la Caisse des dépôts. Enfin, le jeune peut mener une enquête auprès de professionnels, afin de se familiariser avec le m o n d e de l'entreprise.

Remise à niveau : une convention de formation est passée avec l ' A C E R E P , organisme spécialisé dans l'accueil de personnes rencontrant des difficultés d'insertion. Des petits groupes de dix jeunes m a x i m u m sont constitués. Les jeunes suivent à raison de deux jours par semaine des modules de remise à niveau en français, en mathématiques et en anglais, ainsi qu 'un « programme d'enrichissement instrumental » qui permet de développer leurs capacités à résoudre un problème et à exprimer la stratégie utilisée.

Formation au sein d'une unité administrative : les jeunes occupent au sein de la Caisse des dépôts et de sa filiale assurance vie, la Caisse nationale de prévoyance, des postes d'accueil, de secrétariat, de comptabilité ou de gestion. Avec l'aide de leur tuteur, les activités qui leur sont confiées se diversifient au fur et à mesure de leur progression.

23

Enquête sur Г insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Orientation vers une formation qualifiante : si le projet professionnel choisi par le jeune l'oriente vers un métier exercé à la Caisse des dépôts, un contrat de qualification de deux ans peut lui être proposé. Par contre, si le projet professionnel choisi ne correspond pas aux métiers exercés à la Caisse des dépôts, le réseau constitué par la Caisse des dépôts, l ' A C E R E P et les missions locales, se mobilise pour aider le jeune à trouver l'entreprise et l'organisme de formation où il pourra se préparer à réaliser le projet professionnel qu'il a élaboré.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : depuis 1991, soixante jeunes environ ont bénéficié de ce dispositif préqualifiant. A u terme de 1994-1995, tous les jeunes qui se sont orientés vers un organisme de formation ont passé avec succès les tests d'entrée.

Perfectibilité du dispositif: on note une tendance des jeunes à s'orienter plutôt vers les métiers exercés à la Caisse des dépôts. L e travail d'élaboration du projet professionnel n'est donc pas suffisant. Б faut amener les jeunes à s'orienter davantage en fonction de leurs goûts et aptitudes propres.

Conditions de reproductibilité : le bon fonctionnement du dispositif exige que les jeunes soient rassemblés dans de petits groupes, et qu'ils soient encadrés par des personnes motivées, ayant une connaissance réelle du public en difficulté.

24

Dispositif 7 Centre E D F - G D F de Pantin

L e centre Electricité de France - G a z de France de Pantin a mis en place depuis 1993 un dispositif d'emploi-solidarité destiné aux jeunes en difficulté vivant dans des zones sensibles. C e type d'action a été conçu en premier lieu par le centre E D F - G D F de Vaux-en-Velin. C'est pourquoi, elle est qualifiée d'« action type Vaux-en-Velin ».

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit dans un premier temps de révéler des emplois latents, puis de préqualifier des jeunes en difficulté en fonction de ces emplois. Mais l'objectif poursuivi est également de renvoyer une image positive de l'entreprise : le guide méthodologique publié par E D F - G D F Services en 1993 stipule ainsi que :

« En site urbain difficile, on peut en attendre un meilleur respect du matériel (compteurs, véhicules...), souvent victimes du vandalisme ».

Public visé : les jeunes concernés n'ont aucune qualification, et sont à la recherche d'un emploi, us cumulent éventuellement d'autres problèmes, d'ordre familial ou psychologique.

Principe : le centre E D F - G D F de Pantin recrute pendant six mois des jeunes rencontrant des problèmes d'insertion. Les jeunes disposent d 'un contrat d'orientation, qui leur permet de travailler à mi-temps à E D F , l'autre mi-temps étant partagé entre une formation théorique dans un centre de

25

Enquête sur Г insertion professionnelle des jeunes sans qualification — la Région Parisienne

formation, et un stage pratique dans une entreprise prête à embaucher le jeune par la suite. U n chef de projet appartenant au centre E D F - G D F est responsable du pilotage de l'ensemble de l'opération.

Description d u dispositif

Recrutement : le centre E D F - G D F fait appel aux permanences d'accueil, d'information, et d'orientation, aux missions locales, aux mairies, aux travailleurs sociaux ou encore aux associations. Elle prévoit quelques critères de sélection, tels que l'éloignement géographique, la motivation, un niveau m i n i m u m de culture générale, etc. Dix à douze jeunes sont ainsi choisis par le centre tous les six mois.

Immersion dans une unité EDF-GDF (mi-temps) : le jeune signe avec le centre E D F - G D F un contrat d'orientation d'une durée de six mois. Il s'agit d'une phase de « socialisation », durant laquelle le jeune doit travailler son comportement, sa confiance en lui, sa motivation. Parallèlement, il découvre l'entreprise, ses structures, son fonctionnement. Il est en effet intégré dans une équipe de travail. П occupe un poste « nécessairement utile à l'entreprise » ; le jeune peut avoir ainsi pour fonction de relever les compteurs. Chaque jeune a un tuteur au sein du centre. Les tuteurs sont volontaires, et reçoivent une formation adaptée à leur nouvelle fonction. Ils sont chargés d'évaluer la qualité et la quantité de travail fourni par le jeune.

Stage pratique dans l'entreprise prête à embaucher le jeune (quart-temps) : le chef de projet démarche lui-même les futurs employeurs des jeunes. L e recours à l'agence nationale pour l'emploi et aux organisations professionnelles se révèle en effet souvent infructueux ou tout au moins insuffisant. U n e vingtaine d'entreprises au total sont associées aujourd'hui au dispositif mis en oeuvre par le centre E D F - G D F de Pantin ; il s'agit essentiellement :

e de petites entreprises artisanales ou de petites ou moyennes entreprises de tous secteurs professionnels, mal à l'aise dans le maniement des services de l'emploi et des mesures emploi, et qui hésitent en conséquence à embaucher ;

26

Dispositif 7 : Centre EDF-GDF de Pantin

• de petites et moyennes entreprises intervenant dans des secteurs professionnels localement porteurs, mais qui ont du mal à recruter des jeunes : bâtiment et travaux publics, mécanique, fonderie, transports routiers, hôtellerie-restauration ;

• d'entreprises intervenant c o m m e sous-traitants ou prestataires pour le centre E D F - G D F ;

• ou encore d'entreprises partenaires des métiers de base exercés à E D F - G D F , c o m m e les installateurs, les plombiers, les électriciens, etc.

L'entreprise retenue s'engage à accueillir le jeune, à l'encadrer dans de bonnes conditions, et à lui apprendre un métier, le tout dans la perspective de l'embaucher. Elle lui trouve ainsi une tâche qualifiante, s'assure de sa progression professionnelle, et organise son tutorat.

Formation théorique dans un centre de formation (quart-temps) : le centre E D F - G D F travaille en relation avec plusieurs groupements d'établissements de l'Education Nationale. Les jeunes reçoivent une formation centrée sur l'écoute, l'expression, la communication, et le « savoir-être ». Mais la formation dispensée par ces groupements d'établissements se révélant parfois trop scolaire pour des jeunes en rupture avec le milieu éducatif, le centre fait appel à des associations spécialisées, comme l'AFP 93.

Qualification dans l'entreprise : le jeune signe un contrat de qualification avec l'entreprise qui s'est engagée à l'embaucher. L a durée du contrat peut varier de douze à dix-huit mois selon les cas. П s'agit d'une formation en alternance, c'est-à-dire que le jeune doit passer au moins 25 % de son temps en organisme de formation. A u terme de cette formation, il acquiert un certificat d'aptitude professionnelle ou un brevet d'études professionnelles. Le chef de projet E D F - G D F continue à suivre la formation du jeune pendant cette phase externe au centre. П s'engage à régler tous les problèmes juridiques, administratifs ou sociaux qui peuvent se poser.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : le dispositif mis en oeuvre par le centre E D F - G D F de Pantin étant relativement récent, il est difficile d'évaluer précisément son

27

Enquête sur ï insertion professionnelle des jeunes sans qualification — la Région Parisienne

efficacité. Par ailleurs, la durée du contrat de qualification en entreprise durant un an à un an et demi, le chef de projet perd le plus souvent le contact avec les jeunes, et ignore donc l'issue de leur parcours.

Perfectibilité du dispositif : premièrement, le centre E D F - G D F souhaiterait recruter les jeunes susceptibles d'intégrer son dispositif auprès d'entreprises d'insertion ou d'associations intermédiaires. Cela permettrait aux jeunes les plus en difficulté de se réinsérer en trois étapes : entreprise d'insertion, sas E D F - G D F , entreprise d'accueil. Deuxièmement, le centre désire mettre en oeuvre un partenariat plus efficace avec les entreprises associées à son dispositif. E n effet, il a du mal à les amener à coopérer à son action, ainsi qu'à remplir leurs engagements, c'est-à-dire embaucher les jeunes en bout de parcours. E D F - G D F réfléchit en conséquence à inclure une clause d'insertion dans les contrats qu'elle conclut avec des entreprises lors de marchés de travaux, à l'image de ce qui est fait par les organismes H . L . M . Troisièmement, le centre suggère de créer un « club d'insertion local », regroupant différentes entreprises travaillant sur un m ê m e bassin d'emploi, c o m m e les unités locales de France Télécom ou encore de la Poste, afin d'impulser une réelle dynamique d'insertion.

Conditions de reproductibilité : une dizaine de centres E D F - G D F mènent actuellement des actions locales. Développées à l'échelle nationale dans l'ensemble des centres E D F - G D F , ces expériences pourraient permettre de remettre sur le chemin de l'emploi un nombre significatif de personnes.

28

Dispositif 8 Foyer Etape

L e foyer Étape est un centre d'hébergement qui accueille des personnes délinquantes d'âge variable. П a pour particularité de concevoir des actions innovantes en matière d'insertion. П organise ainsi depuis 1990 des chantiers écoles au Népal.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de permettre à des personnes en rupture grave avec la société de quitter momentanément leur environnement, et de trouver de nouveaux repères. Ainsi, selon le rapport d'activité 1991 du foyer :

« L'élaboration d'un patrimoine positif de substitution favorise l'insertion du délinquant ».

Mais l'objectif est aussi de les amener à s'investir dans un travail valorisant, considéré c o m m e ayant une «utilité sociale». Selon le m ê m e rapport que ci-dessus :

« En matière d'insertion, le travail ne peut pas être investi que dans sa seule entité travail. Il faut un jumelage entre travail et utilité ou reconnaissance humaine ».

Public visé : il s'agit de personnes en situation de rupture sociale grave, essentiellement des délinquants, placés sous contrôle judiciaire ou sortant de prison.

29

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Principe : en 1992, le foyer Étape a organisé deux missions humanitaires au Népal, dans le cadre d'une convention tri-annuelle en recherche action conclue avec le fonds social européen. Ces missions ont eu pour objet de construire une école dans le village de Bode , à proximité de Katmandou. Sept personnes en grande difficulté d'insertion ont accepté de participer à ces missions, et de se former en conséquence avant leur départ dans des chantiers écoles.

Description d u dispositif

Recrutement : le foyer est régulièrement sollicité par les centrales de détention, les clubs de prévention ou les travailleurs sociaux. E n fonction de ces différentes sollicitations et des pensionnaires du foyer, sept volontaires ont été retenus au titre d'une des deux missions organisées en 1992. Il s'agit de deux chômeurs de longue durée, et de cinq jeunes âgés de moins^de 25 ans.

Préparation au départ (2 mois) : les participants au dispositif assistent à des cours de rattrapage scolaire dispensés à raison de quatre heures par semaine, à des cours d'anglais, ainsi qu'à des cours de secourisme. D e plus, ils participent à des séances de formation sur le thème de l'hygiène, afin de pouvoir dispenser sur place une formation de base aux populations locales. Par ailleurs, ils s'entretiennent individuellement ou collectivement avec une psychologue, particulièrement à l'approche du départ, lorsque leurs doutes et angoisses émergent. Enfin, ils doivent impérativement définir un projet individuel avant de partir, qui peut consister en une entrée en formation qualifiante, une mise en appartement définitive, etc.

Chantier de préqualification aux métiers du bâtiment : les postulants au départ font l'apprentissage de techniques spécifiques de maçonnerie dans le cadre d'un chantier école qui dure les deux mois de la phase de préparation, us participent ainsi notamment à la rénovation du foyer. C'est l'occasion pour eux de se confronter aux notions d'effort, de rythme de travail, et de travail en équipe, ainsi que de tester leurs capacités techniques professionnelles, de développer leur sens de la responsabilité, et leur autonomie au travail. Des bilans mensuels sont effectués sur le chantier en présence de l'éducateur réfèrent.

30

Dispositif 8 : Foyer Etape

Construction d'une école au Népal (4 mois) : les participants sont encadrés par le chef de mission, qui a la responsabilité administrative et pédagogique de leur séjour, par un éducateur technique, chargé d'organiser les travaux, et par un bénévole, qui a pour fonction de négocier avec les autorités. L'objectif de la mission est de construire une école sur trois niveaux, permettant de scolariser cinq cents enfants. П a été élaboré et proposé par les femmes népalaises d'une organisation non gouvernementale locale. U n e partie de la population locale féminine s'est d'ailleurs investie pleinement dans les travaux. Chaque participant est hébergé dans une famille, et est ainsi amené à partager les rythmes et rituels de la vie népalaise. U n journal de bord est tenu tout au long du séjour.

Evaluation de l'évolution des participants : l'équipe encadrante remplit tout au long du séjour une grille d'observation qui permet d'évaluer l'évolution du comportement des participants. Elle est chargée de leur rappeler régulièrement que la mission doit être avant tout un m o y e n de progresser ; elle ne doit pas être vécue c o m m e une parenthèse.

Espace temps «trekking » (3 semaines) : en clôture du séjour, le groupe effectue une marche en montagne. L e trekking est considéré c o m m e un révélateur des capacités d'endurance et d'adaptation de chacun. C'est un temps de « galère » où les individus sont confrontés à eux-mêmes avant de retrouver leur quotidien.

« Sas retour » : les personnes désireuses à leur retour de bénéficier d'un logement et d 'un accompagnement social à proximité du foyer sont accueillies le temps que s'organise le projet individuel qu'elles ont défini avant de partir.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : pendant le séjour, les participants se sont intégrés très rapidement à leur nouvel environnement. Us ont prouvé qu'ils pouvaient s'investir dans des activités qui les intéressent. A u retour, ils apparaissent davantage en mesure de communiquer, de verbaliser leur joie ou leur inquiétude. Le personnel du foyer a noté ainsi une baisse sensible de leur violence verbale ou physique. fls s'ouvrent également plus largement sur l'extérieur. Ils quittent ainsi plus fréquemment le foyer pendant le week-

31

Enquête sur V insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

end ; ils s'investissent dans des activités de loisirs. O n note aussi dans le temps une baisse statistique de leur taux de récidive, et une stabilisation de leur comportement lors de phases d'emploi ou de formation.

Perfectibilité du dispositif : les personnes dépendantes d 'un produit (alcool, drogue, médicaments) doivent nécessairement avoir résolu avant le départ leurs problèmes de dépendance. C'est le seul m o y e n d'éviter des rapatriements forcés.

Conditions de reproductibilité : la durée du séjour ne doit pas dépasser trois mois. Au-delà, le bénéfice de la mission décroît, en particulier du fait que les participants perdent de vue l'échéance du retour.

Nota-bene : les informations présentées ici sont « de seconde main » ; c'est en effet une éducatrice n'appartenant pas au foyer Étape, mais à l'association Aquasso qui en a rendu compte. Après tentative de prise de contact, il s'est avéré que le foyer Étape n'existait plus depuis l'été 1995.

32

Dispositif 9 Fondation pour la solidarité

entre générations - Droit de cité

L'association Droit de cité, créée à la mi-octobre 1992, a pris pour partenaire la fondation pour la solidarité entre générations, afin d'élaborer un programme c o m m u n permettant à des jeunes en difficulté d'assister des personnes âgées.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit d'amener des jeunes en difficulté à prendre en charge des personnes âgées et souvent dépendantes, et de les placer ainsi en situation d'acteurs responsables. Mais le dispositif a aussi pour objectif de permettre à des personnes âgées de se « rebrancher sur la vie », par un échange avec des jeunes.

Public visé : sont concernés par ce dispositif des jeunes sans qualification et sans projet professionnel, âgés de 17 à 22 ans.

Príncipe : trois associations faisant partie de l'association Droit de cité ont accepté de participer à ce programme de solidarité intergénérationnelle. П s'agit premièrement de l'association Action jeune de Colombes, qui a pris pour partenaire l'hôpital Louis Mûrier, deuxièmement de l'association A J A C d'Angers, qui a décidé de collaborer avec une maison de retraite, et troisièmement de l'association Étape de Nancy, qui a contacté des personnes âgées habitant dans la « tour printemps automne » des offices H . L . M . de la ville.

33

Enquête sur l'insertion professionnelle des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Description d u dispositif

Recrutement: les jeunes sont recrutés directement par les associations concernées. Ils sont sélectionnés à l'aide de tests de motivation. Trois équipes de dix jeunes, placées sous la responsabilité d 'un chef d'équipe, ont été ainsi constituées.

Mobilisation autour d'un projet : les jeunes déposent au préalable un projet. Celui-ci peut concerner des domaines variés : il peut être en relation avec la formation scolaire des jeunes, mais il peut être aussi un m o y e n d'acquérir plus d'autonomie : le jeune peut ainsi désirer obtenir son permis de conduire, etc. Si les jeunes remplissent leur contrat, ils reçoivent à l'issue du dispositif un chèque de la part de la fondation pour la solidarité entre générations, qui leur permet de réaliser leur projet.

Dispositif mis en place à Colombes : les jeunes de Colombes participent à l'animation de l'hôpital Louis Mûrier. Ils sont encadrés par une aide soignante qui est m e m b r e de l'association Action jeune. Ils organisent des goûters, font la conversation aux patients. Ils travaillent particulièrement le mercredi et le samedi, ainsi que durant les vacances scolaires, lorsque les personnes âgées se retrouvent les plus seules.

Dispositif mis en place à Angers : les jeunes d'Angers s'occupent de personnes âgées placées en maison de retraite. Ils organisent des spectacles culturels, notamment de théâtre, ainsi que des sorties de groupe.

Dispositif mis en place à Nancy : les jeunes de Nancy aident des personnes âgées isolées en H . L . M . à faire leurs courses, à remplir leurs papiers administratifs, etc. Ils organisent également des sorties collectives, notamment au musée.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : une expérience pilote de l'opération a été montée au mois d'août dernier à Colombes. Elle s'est révélée positive.

34

Dispositif 9 : Fondation pour la solidarité entre générations - Droit de cité

Les jeunes se sont tous investis dans cette expérience, à l'issue de laquelle ils ont reçu un diplôme attestant de leur action, et un chèque. U n des jeunes peut ainsi désormais financer son permis de conduire, un autre le stage d'informatique nécessaire à sa formation, le dernier (le chef d'équipe, d'origine ivoirienne) emmener sa tonne et demie de matériel scolaire en Côte-d'Ivoire.

D e plus, selon les membres de l'association Action jeune qui ont suivi l'opération, cette expérience a véritablement « retourné la cervelle » des jeunes qui y ont participé. Cela a modifié leur grille de lecture des choses. Ils ont découvert en eux de nouvelles ressources et se sont sentis enfin acteurs.

35

Dispositif 10 Institut de recherche pour la formation

et l'orientation professionnelle

L a circulaire interministérielle du 16 mai 1989 a créé le crédit formation insertion, qui vise une approche individualisée de la formation. L'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle est un des nombreux organismes de formation qui participe à sa mise en oeuvre.

Présentation d u dispositif

Objectifs : selon la loi du 4 juillet 1990, relative au crédit formation insertion :

« Tout travailleur engagé dans la vie active ou toute personne qui s'y engage, a droit à la qualification professionnelle, et doit pouvoir suivre à son initiative une formation lui permettant, quel que soit son statut, d'acquérir une telle qualification ».

Public visé : il s'agit de « jeunes demandeurs d'emploi, sortis de formation initiale depuis plus d 'un an, sans avoir obtenu le certificat d'aptitude professionnelle ou le brevet d'études professionnelles ». Cela correspond à des jeunes âgés de 16 à 25 ans, ne maîtrisant pas les acquis de base, et connaissant le plus souvent des difficultés d'ordre social ou comportemental.

Principe : le crédit formation insertion est une nouvelle logique et non un nouvel outil de formation. A partir d 'un bilan des connaissances et des capacités, il permet au jeune de conclure un contrat fixant le parcours devant

36

Dispositif 10 : Institut de recherche pour la formation et V orientation professionnelle

le conduire à une qualification de Niveau V (certificat d'aptitude professionnelle, brevet d'études professionnelles). U n correspondant aide le jeune durant ce parcours, en utilisant de façon individualisée différentes mesures déjà existantes, c o m m e les stages, la formation en alternance, les contrats emploi solidarité, etc.

Description d u dispositif

Recrutement : les missions locales et les permanences d'accueil, d'information et d'orientation sont chargées de recruter les jeunes, mais aussi de les suivre et de les orienter tout au long de leur parcours de formation.

Bilan de compétences : dans un premier temps, le jeune est évalué sur ses acquis, en français et en mathématiques notamment. Dans un second temps, il élabore avec l'aide de son correspondant à la permanence d'accueil, d'information et d'orientation ou à la mission locale, un projet professionnel et un parcours individualisé de formation correspondant. Enfin, dans un troisième temps, il conclut un engagement crédit formation. Celui-ci peut être modifié en fonction de l'avancement de son parcours.

Remise à niveau : chaque jeune suit une remise à niveau en français, en mathématiques, et en langue étrangère selon une pédagogie différenciée qui respecte ses rythmes d'apprentissage. Les jeunes progressent en français par la rencontre avec le théâtre. Ils le visitent, rencontrent les différentes personnes qui y travaillent (costumiers, acteurs, auteurs), puis sont amenés à découvrir des textes. U n accord avec le théâtre national de l'Odéon permet la lecture publique de pièces par les auteurs. L a découverte du m o n d e scientifique se fait avec l'aide d'ateliers organisés à la Villette, qui permettent d'appréhender sur un m o d e ludique les nouvelles technologies.

Qualification : le coordinateur emploi formation de l'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle est chargé d'assurer la cohérence de la politique de formation de l'organisme. Pour cela, il définit une offre de formation au plus près du bassin d'emploi. П travaille sur un fichier d'entreprises réactualisé tous les six mois, et qui comprend en particulier des entreprises d'insertion. Les jeunes bénéficient de contrats variables, tels que des contrats à durée déterminée, des contrats

37

Enquête sur Г insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

emploi solidarité, des contrats d'orientation, de qualification ou encore d'apprentissage, us peuvent être également stagiaires de la formation professionnelle. Chaque parcours d'insertion peut mobiliser l'enchaînement de plusieurs de ces contrats.

Validation des acquis : elle doit porter sur les compétences acquises tout au long du parcours de formation, ce qui se traduit par le refus de la limiter à un seul module, et par la reconnaissance de parcours non achevés (validation partielle). L a validation peut s'effectuer par le biais de titres et diplômes homologués ou encore de qualifications reconnues par les partenaires sociaux.

Bilan d u dispositif

L'étude du parcours des jeunes au sein du crédit formation insertion a été analysée à l'échelle nationale, par l'Ecole Nationale d'Administration en 1995. C e sont les résultats de cette étude qui sont présentés dans le bilan qui suit.

Résultats obtenus : cette étude révèle de nombreux abandons : 49 % des jeunes bénéficiant du crédit formation insertion ne conduisent pas leur parcours à son terme. Ces abandons sont particulièrement importants dans les phases initiales (32 % dans les quatre premiers mois). Par ailleurs, seuls 51 % des jeunes accèdent à une phase qualifiante hors abandon. Enfin, six mois après la sortie du crédit formation insertion, le taux d'emploi n'est que de 28,3 %, non compris les contrats aidés qui concernent 21,3 % des jeunes. Pour 5 4 % des jeunes, l'emploi obtenu est un emploi précaire à durée déterminée. L e taux de chômage est de 38,8 %, et le taux d'inactivité de 11,4%.

Perfectibilité du dispositif: le principe d'individualisation qui est à la base du crédit formation insertion n'est pas toujours respecté. Ainsi, en 1992, seuls deux jeunes sur trois se sont vus prescrire un bilan, et celui-ci n 'a été effectivement réalisé que dans 60 % des cas. D e plus, ces bilans sont souvent longs et scolaires, et s'appuient rarement sur une évaluation des capacités des jeunes en situation de travail. Ils apparaissent de ce fait inadaptés au public le plus en difficulté, qu'ils placent de nouveau en situation d'échec. L a formation elle-même présente une individualisation

38

Dispositif 10 : Institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle

limitée. Par ailleurs, depuis 1990, le niveau scolaire des jeunes à l'entrée du dispositif s'élève et accroît la sélectivité dans l'accès aux parcours qualifiants. D e ce fait, le groupe des plus défavorisés en reste souvent éloigné. Enfin, le débouché sur l'emploi demeure insuffisant. Cela s'explique par une qualification souvent inadaptée au marché du travail. Ainsi, l'ensemble des diplômes obtenus témoigne d'une forte prédominance du secteur tertiaire, alors que les offres d'emploi de Niveau V sont majoritairement le fait du secteur secondaire et du bâtiment et des travaux publics.

Conditions de reproductibilité : au cours de ses trois premières années de fonctionnement, le crédit formation insertion a bénéficié à 420.000 jeunes environ. U n total de 2.500 organismes de formation travaillent actuellement à sa mise en oeuvre.

39

Dispositif 11 Mission banlieue de Médecins

du monde à Gennevilliers

L a création de la mission banlieue de Médecins du m o n d e en septembre 1991 à Gennevilliers a permis de mettre en place une formation expérimentale d'assistant logisticien dont peuvent bénéficier des jeunes en difficulté.

Présentation d u dispositif

Objectifs : il s'agit de permettre à des jeunes sans qualification d'acquérir des compétences et un savoir-faire dans le domaine de la logistique, afin d'accéder à des emplois ou une formation qualifiante de logisticien.

Public visé : les jeunes concernés ont moins de 25 ans. Ils sont en situation d'échec scolaire, et sont dépourvus de qualification.

Principe : Médecins du m o n d e propose avec le concours de l'école Bioforce Aquitaine située à Bordeaux une formation théorique pluridisciplinaire correspondant aux nécessités matérielles, organisationnelles et gestionnaires pour la mise en place d'une mission humanitaire.

Description d u dispositif

Recrutement : vingt-deux jeunes se sont portés candidats, après avoir été informés par les missions locales, les permanences d'accueil, d'information et d'orientation, les centres d'information jeunesse et le club

40

Dispositif 11 : Mission banlieue de Médecins du monde à Gennevilliers

de prévention du département des Hauts-de-Seine. A la suite de réunions d'information, d'entretiens individuels ou en groupe, huit jeunes ont été choisis.

Séances de préparation au départ (deux mois) : les jeunes retenus suivent des réunions hebdomadaires en groupe, sous la direction d 'un des membres de l'équipe de la mission banlieue de Médecins du m o n d e . Ces réunions ont pour fonction de les familiariser avec l'action humanitaire. Es visionnent ainsi des vidéos, participent à des débats, reçoivent une information sur le travail d'assistant logisticien. us réalisent également un dossier de presse sur l'actualité des interventions des organisations non gouvernementales dans le monde . Par ailleurs, ils suivent des entretiens avec un psychiatre, afin de prendre du recul par rapport à leurs échecs, et de mieux vivre leur formation future c o m m e un engagement renforçant l'estime qu'ils ont d ' eux-mêmes .

Formation théorique à l'école Bioforce Aquitaine (trois mois) : cette formation pluridisciplinaire est organisée en modules dispensés par l'école Bioforce à Bordeaux. Elle est de 456 heures, et elle se déroule sur soixante-cinq jours. Elle comprend :

une approche du tiers m o n d e : les jeunes réalisent un dossier sur deux pays choisis ; ils doivent le rédiger, le mettre en page, le taper sur micro-ordinateur, et enfin le présenter à l'oral ;

• un panorama sur les acteurs du développement : les jeunes constituent un recueil individuel présentant des organisations non gouvernementales, des entreprises et organisations internationales ;

» une présentation des politiques du développement ; • une présentation des principes de base de la logistique, concernant

notamment le transit, le transport, les douanes, la gestion des stocks, etc.

Par ailleurs, les jeunes apprennent à manipuler une radio. Es suivent une initiation à la mécanique automobile. Es pratiquent des activités sportives. Enfin, ils passent le permis de conduire.

Préparation et affectation des stages : il s'agit d'une phase de transition entre la formation théorique et le départ en stage à l'étranger. Les jeunes sont associés à différentes activités dans les services du siège de Médecins

41

Enquête sur Гinsertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

du monde , us se documentent sur les missions humanitaires dans lesquelles ils vont partir. Ils suivent également un perfectionnement en langue étrangère.

Stage en mission humanitaire à l'étranger dans une O N G (six mois) : il se déroule dans le cadre d'une mission humanitaire organisée par une organisation non gouvernementale. Les huit stagiaires reçoivent une affectation sur le terrain. Certains ont quelques responsabilités par rapport à la mission. Les autres observent le fonctionnement général de la mission.

Formation théorique complémentaire à l'école Bioforce : pendant un mois, les jeunes ont la possibilité de compléter leur formation théorique initiale à l'école Bioforce Aquitaine, us acquièrent ainsi des connaissances dont les applications sont transposables dans d'autres secteurs que celui de l'aide humanitaire. C'est l'exemple de cours d'informatique, de la rédaction d'un curriculum vitae, d'enseignements portant sur les soins médicaux, etc.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : selon le rapport établi par Médecins du m o n d e pour la session 1992-1993:

« Les jeunes ont à l'issue de cette formation changé d'état d'esprit, acquis des connaissances générales et spécifiques, réappris la ponctualité et l'endurance au travail. Ils ont davantage confiance en eux. Ils commencent à exister réellement et ont des perspectives de «carrière »grâce à l'acquisition de repères sur eux-mêmes, sur le monde du travail en général, et celui de l'humanitaire en particulier ».

A l'issue du dispositif, cinq stagiaires ont manifesté leur désir de continuer dans le métier de logisticien : trois ont été affectés à des postes de logisticiens en mission de Médecins du m o n d e , et les deux autres occupent des postes de logisticien en France. Ces cinq stagiaires ont l'opportunité de se présenter au prochain examen d'entrée de l'école Bioforce Rhône-Alpes, qui offre une formation de trois ans sanctionnée par un diplôme d'« agent de développement international », niveau baccalauréat plus deux. Cette

42

Dispositif 11 : Mission banlieue de Médecins du monde à Gennevilliers

formation permettra d'élargir leurs possibilités d'embauché dans le cadre de la coopération internationale ou d'accéder à une formation classique d'un bon niveau. E n ce qui concerne les trois autres stagiaires, le plus jeune est incorporable au service national, le second est à la recherche d'une activité d'animation sur le lieu de son domicile, et le troisième aspire à quelque chose d'encore indéterminé. Par ailleurs, les huit jeunes ont proposé de participer à l'accueil et au suivi des futures sessions d'assistants logisticiens.

Perfectibilité du dispositif : l'accueil sur les lieux de stage doit être amélioré par une meilleure information des coordinateurs de la mission, et une meilleure préparation de leur équipe, afin de mieux soutenir et accompagner les jeunes stagiaires.

Conditions de reproductibilité : Pharmaciens sans frontières et Médecins sans frontières souhaitent participer à cette formation, en accueillant des jeunes en stage pratique dans leurs missions.

43

Dispositif 12 L'Office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons

L'Office d'Habitat à Loyer Modéré ( H . L . M . ) d'Argenteuil-Bezons est le gérant d 'un patrimoine de 12 000 logements, mais il est également le promoteur d'un dispositif d'insertion de jeunes en difficulté. Б compte ainsi un chargé de mission insertion par l'économique, qui joue un rôle d'interface entre les acteurs sociaux locaux et les entreprises titulaires de marchés auprès de l'office H . L . M .

Présentation du dispositif

Objectifs : il s'agit de participer à la vie collective en permettant à des jeunes en voie d'exclusion de s'insérer dans des entreprises du bâtiment et des travaux publics, sachant à titre d'exemple que le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est de 30 % dans la cité Joliot-Curie d'Argenteuil. Mais l'objectif est également de maintenir « la paix sociale » par une meilleure intégration de ces jeunes dans des quartiers où l'habitat H . L . M . est majoritaire. Enfin, les offices H . L . M . souhaitent améliorer un patrimoine foncier en mauvais état à l'aide de chantiers employant ces jeunes au sein m ê m e des cités H . L . M . , afin de revitaliser les quartiers, et de stabiliser certains locataires.

Public visé : sont concernés des garçons âgés de 16 à 23 ans, sans qualification ni expérience professionnelle, habitant la c o m m u n e .

Principe : les organismes H . L . M . disposent d 'un levier efficace pour favoriser l'insertion de jeunes en difficulté. E n effet, en tant que maîtres d'ouvrage, ils ont recours à diverses entreprises pour restaurer l'habitat

44

Dispositif 12 : L'Office H.L.M. d'Argenteuil - Bezons

ancien ou construire des logements nouveaux. Ainsi, lors d 'un appel d'offres, ils peuvent faire figurer une clause d'insertion sur le contrat. Selon l'article un de la charte régionale d'insertion par l'économique d 'Ee de France :

« L'entreprise soumissionnaire alors retenue s'engage à consacrer environ 10 % de son temps (temps atelier plus temps de chantier) de l'opération à l'insertion par l'économique au bénéfice des populations des quartiers d'habitat social ».

Le chargé de mission insertion par l'économique intervient alors pour mettre en place un parcours d'insertion adapté. П a pour fonction de recruter, et surtout de former des jeunes sans qualification afin qu'ils répondent au mieux à l'offre d'emploi de l'entreprise titulaire d 'un marché auprès de l'Office H . L . M .

Description d u dispositif

Recrutement : le dispositif d'insertion mis en oeuvre dans le cadre de l'Office H . L . M . d'Argenteuil s'adresse aux jeunes les plus en difficulté vis-à-vis de l'insertion. Ils ne fréquentent pas forcément la permanence d'accueil, d'information et d'orientation d'Argenteuil, c'est pourquoi le chargé de mission insertion par l'économique cherche également à les contacter par l'intermédiaire d'associations de jeunes c o m m e Ascva, Jsb, U s park ou Sport ensemble, auxquelles l'Office H . L . M . apporte un soutien logistique. П met ainsi à leur disposition des locaux, des équipements sportifs, etc. Il s'adresse également à des associations intermédiaires c o m m e Axemploi créée en 1992 ou encore à des travailleurs sociaux.

Mobilisation autour d'un projet : la permanence d'accueil, d'information et d'orientation élabore avec le jeune un parcours d'insertion qui doit aboutir à un des emplois proposés par les entreprises titulaires de marchés auprès de l'Office H . L . M . Si le jeune est prêt à l'emploi, elle négocie un contrat à durée indéterminée ou déterminée ou un contrat d'adaptation directement avec ces entreprises. Par contre, si le jeune n'est pas aussitôt prêt à l'emploi, elle l'oriente vers un organisme de formation.

45

Enquête sur Г insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Préformation dans un organisme spécialisé : l'Office H . L . M . d'Argenteuil fait appel à des organismes de formation spécialisés dans les métiers du bâtiment (gros oeuvre, peinture, etc), notamment Formabat, A F I , et la Fraternité Saint-Jean. Ces organismes fonctionnent c o m m e des « sas » avant l'insertion des jeunes en entreprise, us ont ainsi pour fonction de leur inculquer à la fois un « savoir-être » sur leur lieu de travail, à savoir ponctualité, discipline, aptitude à travailler en groupe, et un « savoir-faire » : en fonction des emplois offerts par les entreprises titulaires de marchés auprès de l'Office H . L . M . , ils proposent des chantiers d'application adaptés. Chaque chantier d'application concerne une dizaine de jeunes. Il est organisé sur le patrimoine de l'Office H . L . M . pour une durée de trois mois. Il est préparé et suivi par un appelé du service national, et par un professionnel du bâtiment. L e matériel nécessaire est fourni par l'Office H . L . M .

Mise à l'épreuve au sein d'une entreprise titulaire de marché auprès de l'office H.L.M. : à l'issue de la période de preformation, le comportement du jeune au travail est évalué. Si le jeune a donné satisfaction, il est immergé dans l'entreprise pendant une période d 'un mois, dans le cadre du crédit formation insertion. Si l'entreprise juge qu'il a donné satisfaction pendant cette période, elle s'engage à lui fournir un contrat de travail, du type contrat à durée indéterminée ou déterminée. Si le jeune n 'a pas donné pleinement satisfaction, il entreprend un contrat de qualification sur dix-huit mois. П alterne trois semaines au sein d'une entreprise titulaire de marchés, et une semaine en stage dans un organisme de formation. L'objectif est qu'il obtienne un certificat d'aptitude professionnelle, et qu'il soit engagé à terme par l'entreprise, au titre d'un contrat à durée mdéterminée ou déterminée ou d'un contrat d'adaptation.

Bilan du dispositif

Résultats obtenus : l'Office H . L . M . réussit à remettre « dans le circuit du travail » une cinquantaine de personnes chaque année. A titre d'exemple, au cours de la réhabilitation des 663 logements du Val-Sud en 1993, vingt-quatre jeunes sans qualification ont suivi le dispositif d'insertion mis en place par l'office H . L . M . Cela a donné lieu à douze contrats à durée indéterminée, un contrat à durée déterminée de trois mois, et un autre de six mois.

46

Dispositif 12 : L'Office H.L.M. d'Argenteuil - Bezons

Perfectibilité du dispositif: en 1993, 43 % des jeunes embauchés par des entreprises titulaires de marchés ont abandonné ou se sont fait remercier dans les trois premiers mois. Ceci est lié au fait que les jeunes n'ont pas toujours atteint « une employabilité suffisante », selon les termes des entrepreneurs. П faut donc réussir à mieux former en amont les jeunes les plus en adéquation avec l'offre des entreprises. Mais il faut également que le tutorat en entreprise soit amélioré. E n effet, le tuteur choisi connaît souvent mal les difficultés rencontrées par les jeunes qui lui sont confiés, et il ne parvient pas à les encadrer efficacement.

Conditions de reproductibilité : l'action de l'office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons en faveur de l'insertion s'inscrit dans la politique générale menée par l'association des organismes H . L . M . de la région Ile de France. C e type d'expérience est ainsi m e n é par soixante-quatre autres organismes H . L . M . dans les m ê m e s conditions. Dans tous les cas, le bon fonctionnement du dispositif est conditionné par le dynamisme du chargé de mission insertion par l'économique, et par son implication dans le tissu socio-économique local.

47

Dispositif 13 Régie de quartier de Clichy

L a première régie de quartier de France, « Г Aima-gare », a été fondée en 1980 à Roubaix conformément à l'idée que :

«Les habitants peuvent eux-mêmes effectuer des tâches sur les quartiers, dans une démarche collective et citoyenne ».

Cette idée a été reprise dans d'autres villes à partir de 1985, et en octobre 1988 le comité national de liaison des régies de quartier a été créé. П rassemble aujourd'hui cent trois régies situées dans toute la France. L a régie de Clichy, constituée en 1992, en fait partie.

Présentation d u dispositif

Objectifs : une régie se définit à la fois c o m m e une entreprise d'insertion, et une « entreprise de citoyenneté ». E n effet, elle offre la possibilité aux habitants les plus en difficulté d 'un quartier d'exercer un travail rémunéré. A ce titre, elle a une fonction de « sas », qui vise à ramener vers l'entreprise traditionnelle des publics en rupture d'insertion sociale et professionnelle. Son activité est alors semblable à celle d'autres structures d'insertion, c o m m e les entreprises d'insertion ou les associations intermédiaires. Mais elle permet aussi à certaines personnes de participer à l'exécution de services de proximité, situés en lisière du c h a m p de la production marchande. Il s'agit de services qui répondent aux attentes des habitants du quartier, et qui participent à la restauration d'un lien civil entre eux.

48

Dispositif 13 : Régie de quartier de Clichy

Dans ce cadre :

« Le travail acquiert un sens public fondé sur la réciprocité ; il y a une certaine logique de don qui se construit ».

Public visé : il s'agit exclusivement des habitants du quartier de Clichy, la régie étant une structure territorialisée. Par ailleurs, la régie s'adresse aux publics les plus en difficulté : jeunes sans qualification, mais aussi bénéficiaires du revenu m i n i m u m d'insertion, chômeurs de longue durée, femmes isolées, etc. Ainsi, les salariés employés par la régie de Clichy au titre de l'année 1994 étaient pour 48 % des jeunes de moins de 25 ans, pour 29 % des adultes de 26 à 39 ans, le reste étant constitué de personnes de plus de 40 ans.

Principe : la régie recrute dans le cadre de contrats de droit c o m m u n des personnes en rupture d'insertion. Elle leur permet de travailler sur des marchés qu'elle a négocié avec les différents acteurs de la vie du quartier, notamment la mairie de Clichy, les bailleurs des logements sociaux, les entreprises et artisans locaux. Conjointement, elle leur donne la possibilité de participer à son activité de services de proximité, « S . O . S . mini-travaux ». Cela constitue pour eux à la fois un complément de salaire, et le m o y e n de s'investir dans la vie du quartier.

Description d u dispositif

Recrutement : la régie de Clichy gère un stock de quatre cent candidatures. Celles-ci lui sont adressées par les services sociaux, la mission locale ou la protection judiciaire de la jeunesse. Mais il s'agit aussi en grand nombre de candidatures spontanées.

Assistance sociale : les problèmes de budget, de logement ou de justice des salariés sont pris en charge par la régie pendant toute la durée de leur séjour, et souvent au-delà.

Emplois rémunérés : L a régie emploie en permanence une vingtaine de salariés. Ceux-ci travaillent neuf mois en moyenne à la régie, le plus souvent à mi-temps. Les plus jeunes sont embauchés sur des contrats courts,

49

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

dépassant rarement un mois ou deux, mais qui sont renouvelés régulièrement ; c'est le m o y e n de les garder mobilisés. Par contre, les plus âgés, qui ont besoin d'une assurance de stabilité professionnelle et financière, disposent de contrats plus longs. Sur ces vingt salariés :

• seize travaillent sur des marchés négociés par la régie : quinze participent à des chantiers de peinture obtenus auprès d'entreprises de bâtiment second oeuvre, et un occupe un poste obtenu auprès de la mairie de Clichy (il s'agit d'une f e m m e , qui est chargée de livrer des plateaux repas pour personnes âgées),

• et quatre travaillent directement pour la régie ; parmi ces derniers, deux sont employés c o m m e secrétaires par la régie, et deux autres sont chargés d'entretenir les locaux de la régie, mais aussi d'autres associations, le parc municipal, etc.

Le travail de chaque salarié est suivi régulièrement, notamment grâce à des réunions internes à la régie, associant le directeur, le salarié, et son encadrant technique.

S.O.S. mini-travaux : la régie propose aux habitants du quartier des services de proximité pour un prix inférieur au coût réel. Les salariés de la régie ont par ce biais la possibilité de réaliser à domicile des petits travaux d'électricité, de plomberie, etc. Ils pratiquent en moyenne six à sept interventions par semaine. C e sont essentiellement les personnes âgées qui font appel à eux. Elles les paient dix à vingt-cinq francs de l'heure, et leur caisse de retraite complète le reste. D'autres personnes pourraient à l'avenir être concernées par S O S mini-travaux, notamment des personnes handicapées, des femmes isolées, des bénéficiaires du revenu m i n i m u m d'insertion, etc. Pour cela, il faut réussir à organiser un partenariat entre la régie et les institutions qui prennent en charge ces personnes, afin qu'elles soutiennent financièrement l'opération.

Stage en entreprise : la régie cherche à négocier des stages en entreprise pour ses salariés, us ne durent généralement qu'une semaine ou deux, mais c'est l'occasion pour le salarié d'accroître son expérience professionnelle.

Tour de France des régies : le manque de mobilité observé chez les personnes en difficulté peut se révéler un obstacle majeur à leur insertion professionnelle.

50

Dispositif 13 : Régie de quartier de Clichy

C'est pourquoi la régie de Clichy participe au « Tour de France des régies », qui permet aux salariés d'aller travailler pendant une durée de temps définie dans une autre régie.

Recherche d'emploi : pendant toute la durée de leur séjour à la régie, les salariés sont encouragés à rechercher un emploi activement. Ils consultent les annonces à la régie, sont en lien avec la mission locale ou l'agence nationale pour l'emploi. Es envoient des candidatures spontanées. L a souplesse du fonctionnement de la régie permet de faire coïncider la fin de leur contrat avec le m o m e n t où ils trouvent un emploi.

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : statistiquement, cinq mois après leur départ de la régie, la moitié des salariés ont trouvé un travail.

Perfectibilité du dispositif: la régie souhaiterait orienter davantage ses salariés vers des formations qualifiantes. Mais elle constate que des personnes touchant un salaire m i n i m u m pendant plusieurs mois refusent souvent de suivre ensuite une formation faiblement rémunérée. Par ailleurs, la régie éprouve de graves difficultés à trouver des marchés lui permettant d'embaucher de nouveaux salariés. C'est pourquoi, elle tente actuellement de négocier avec de grandes entreprises du bâtiment c o m m e D u m e z ou avec les bailleurs des logements sociaux. Enfin, la régie désirerait associer davantage ses salariés à ses actions bénévoles centrées sur la vie du quartier, à savoir sa bourse d'échanges, son journal de quartier ou encore sa permanence d'écrivains publics.

Conditions de reproductibilité : le système des régies est en plein développement. Ainsi, au mois d'octobre 1995, quatre mille personnes se sont réunies à Strasbourg dans le cadre des deuxièmes rencontres européennes des régies de quartiers, sur le thème de « quartiers solidaires, citoyens ordinaires ».

51

Dispositif 14 Service insertion de la protection

judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine

L a protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine, qui est placée sous la tutelle du ministère de la justice, comprend un service d'insertion, qui a pour fonction de permettre à des jeunes en grande difficulté de suivre une formation en atelier ou de travailler dans une entreprise d'insertion.

Présentation du dispositif

Objectifs : il s'agit de permettre à des jeunes sans qualification d'acquérir une formation dans le cadre de l'un des quatre centres de jour que compte le département ou encore de favoriser leur accès au m o n d e du travail, en les orientant vers des entreprises d'insertion.

Public visé : l'ensemble des jeunes âgés de 16 à 18 ans faisant l'objet d'une décision de justice sont adressés à la protection judiciaire de la jeunesse. Mais on constate un élargissement progressif de la tranche d'âge concernée. Ainsi, le service insertion de la protection judiciaire des Hauts-de-Seine s'occupe également déjeunes de moins de 16 ans, notamment dans le cadre des centres de jours, ainsi que de jeunes de plus de 18 ans qui ont sollicité une aide éducative, et qui sont plus principalement intéressés par l'orientation vers une entreprise d'insertion.

Principe : le service insertion de la protection judiciaire des Hauts-de-Seine dispose de deux instruments pour aider les jeunes. Il s'agit tout d'abord de quatre centres de jour, qui regroupent des ateliers orientés vers des formations traditionnelles telles que la menuiserie, la plomberie ou la peinture, us permettent de donner aux jeunes une formation susceptible de

52

Dispositif 14 : Service insertion de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine

les amener au certificat d'aptitude professionnelle. Mais il s'agit aussi des entreprises d'insertion du département, auxquelles la protection judiciaire s'adresse pour trouver des emplois rémunérés.

Description d u dispositif

Recrutement : les jeunes qui acceptent de suivre une formation sont orientés vers les centres de jour. Par contre, ceux qui bien que non qualifiés refusent de suivre toute formation sont orientés directement vers une entreprise d'insertion.

Formation en centre de jour : les quatre centres de jour sont situés à Villeneuve, Levallois, Malakoff, et Bagneux.

L e centre de Villeneuve est spécialisé dans la formation en électricité. Il délivre une préformation, car la démarche qualifiante se révèle souvent difficile. Dix-huit jeunes sont attachés à ce centre :

• neuf d'entre eux travaillent à l'atelier électricité. Ils bénéficient d'une remise à niveau, us utilisent l'outil informatique. Ils suivent également des activités sportives. Es reçoivent enfin une information dans le domaine de la santé, ainsi que de la prévention routière.

e les neuf autres sont en phase d'orientation. Trois d'entre eux suivent une préqualification dans le cadre du crédit formation insertion. U n module particulier vise à les mobiliser, à leur rendre confiance, à leur donner envie de faire quelque chose, et à leur permettre de se déplacer plus facilement. Plusieurs jeunes se sont ainsi rendus en Irlande, où ils sont restés huit jours. D'autres sont partis à la montagne travailler sur un chantier. Enfin, certains ont bénéficié des échanges entre régies de quartier.

L e centre de Levallois est spécialisé dans la métallerie et la menuiserie. Il compte également une section d'accueil et d'orientation. H accueille seize jeunes, qui sont encadrés par trois éducateurs.

L e centre de Malakoff accueille lui seize jeunes, qui sont encadrés par deux professeurs techniques et deux éducateurs. Dix d'entre eux sont stagiaires de la formation professionnelle et suivent une formation en

53

Enquête sur Г insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

alternance : d'une part ils assistent à des cours de remise à niveau, et d'autre part, ils travaillent dans un restaurant d'application, « le Phare ». Par ailleurs, diverses activités sont organisées au sein de ce centre, visant à faire participer les jeunes à des manifestations sportives ou culturelles. C'est ainsi que quelques jeunes ont assisté au Printemps de Bourges, où ils étaient chargés de la restauration. Ils ont également été associés à des manifestations de l'Opéra Bleu, à travers la fabrication de costumes et de décors. Enfin, ils réalisent actuellement un film.

Les entreprises d'insertion : le service insertion de la protection judiciaire des Hauts-de-Seine travaille régulièrement en collaboration avec plusieurs entreprises d'insertion, notamment :

• la société Etrier Bâtiment, spécialisée dans le second oeuvre. U n ouvrier de cette société possède ses propres chantiers où il fait travailler quatre jeunes de la protection judiciaire à raison de trente heures par semaine, sur contrats à durée déterminée ou sur contrats de qualification ;

• l'entreprise K l e m de Montrouge, qui travaille également dans le bâtiment second oeuvre. Elle accueille quatre jeunes, dans le cadre de stages, de contrat à durée déterminée ou indéterminée ou encore du certificat d'aptitude professionnelle ;

e la régie de quartier de Clichy, qui offre des contrats à durée déterminée de six mois ;

• la société Dialogue partenaires services, qui s'occupe du nettoyage des bus. Elle s'est engagée à prendre en charge au moins un jeune par an. Elle en a déjà formé six, qu'elle emploie en contrat à durée déterminée à mi-temps ;

e la Table de Cana, restaurant traiteur, qui engage des jeunes sur des contrats emploi solidarité. Des filles ont été ainsi engagées dans le secteur de la bureautique pour un an. D e s garçons travaillent à la cuisine ou sont chargés de l'emballage ;

e enfin, les ateliers de la Garenne, destinés à des prostituées âgées de 16 à 30 ans. Elles sont employées sur contrat à durée déterminée, et travaillent dans le domaine du cartonnage façonnage.

54

Dispositif 14 : Service insertion de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine

Bilan d u dispositif

Résultats obtenus : en ce qui concerne les centres de jour, l'objectif était à l'origine de donner aux jeunes une formation professionnelle susceptible de les amener au certificat d'aptitude professionnelle. Mais on observe que cet objectif est rarement atteint aujourd'hui. E n effet, ces ateliers organisés selon une pédagogie de type scolaire ne répondent plus aux besoins des jeunes. C'est pourquoi ils sont de plus en plus remplacés par les entreprises d'insertion et un contact direct avec le m o n d e du travail. E n ce qui concerne les entreprises d'insertion, si on fait le bilan des cinquante-quatre jeunes qui ont été adressés au service insertion de la protection judiciaire pour la période allant de septembre 1994 à juin 1995 :

e treize jeunes ne se sont jamais présentés ; » dix-neuf n'ont trouvé aucune solution d'insertion. Quatorze d'entre

eux ne se sont pas investis dans le dispositif : certains ne sont venus qu'une seule fois à la protection judiciaire et ne se sont plus manifestés, d'autres ne se sont pas présentés à l'employeur ou ont été renvoyés, et un a été incarcéré. Mais les cinq autres n'ont pas trouvé de débouchés parce que l'entreprise vers laquelle ils avaient été orientés n ' a pas embauché faute de marché ou a déposé son bilan ;

» et vingt-deux ont effectivement bénéficié d'une mesure d'insertion sous forme de stage ou de contrat à durée déterminée. Mais parmi eux dix ont abandonné avant son issue.

55

Partie II Analyse des dispositifs

Chapitre I U n public aux caractéristiques

spécifiques

1. U n public identifié

(a) Profils proches

• A u niveau de l'âge

Aucun des dispositifs étudiés ne cible exclusivement la tranche des 16-18 ans. Mais ils sont tous destinés à un public jeune, essentiellement la tranche des 16-25 ans. Certains dispositifs englobent des personnes beaucoup plus jeunes ; c'est le cas de l'association Vagabondages qui prend en charge des jeunes qui peuvent avoir moins de 14 ans, mais c'est l'exception. Rares sont les dispositifs qui s'adressent à des adultes en m ê m e temps qu'à des jeunes. C'est pourtant le cas à la régie de quartier de Clichy, dont les salariés au titre de l'année 1994 étaient pour 48 % des jeunes de moins de 25 ans, pour 29 % des adultes de 26 à 39 ans, le reste étant constitué de personnes de plus de 40 ans.

e A u niveau de l'appartenance géographique

O n observe que les jeunes qui participent à un m ê m e dispositif d'insertion sont souvent issus d'une m ê m e zone géographique ou d'un m ê m e bassin d'emploi. Ceci peut s'expliquer de deux manières.

D ' u n e part, les jeunes sont le plus souvent recrutés par des structures d'accueil territorialisées, c o m m e les permanences d'accueil, d'information et d'orientation ou les missions locales.

59

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

Mais d'autre part, il faut noter que plusieurs dispositifs d'insertion visent une action géographiquement limitée, qui ne s'adresse qu'aux habitants d 'un m ê m e quartier. Ainsi, la régie de Clichy s'efforce de revitaliser le quartier où elle est implantée. Elle ne recrute en conséquence que des habitants de ce quartier. L e centre E D F - G D F de Pantin, lui, met c o m m e condition de recrutement la proximité géographique du jeune. Il s'adresse ainsi à des bénéficiaires de ses services. D e m ê m e , l'office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons fait appel à des jeunes qui sont locataires des offices H . L . M . , directement ou par le biais de leurs parents.

(b) E n rupture

» Avec le m o n d e scolaire

Les jeunes faisant partie des dispositifs se caractérisent tous par leur faible niveau scolaire ou m ê m e leur absence de qualification. Ils sont la plupart du temps de Niveau V ou V bis. Selon la nomenclature des niveaux de formation, le Niveau V bis correspond à des sorties du premier cycle du second degré (sixième à quatrième, classes préparatoires à l'apprentissage, classes préprofessionnelles de niveau) ou bien de troisième et des classes du second cycle professionnel court avant l'année terminale. Le Niveau V correspond lui à des sorties de l'année terminale des cycles courts professionnels ou à des abandons de scolarité du second cycle long avant la classe terminale.

C e sont le plus souvent des demandeurs d'emploi, qui sont sortis de formation depuis plusieurs mois.

Mais leur rapport au m o n d e scolaire se caractérise aussi par leur rejet c o m m u n de celui-ci. L'école évoque pour eux l'échec. Cela explique en partie leur aversion profonde à l'égard de toute formation « de type scolaire ». us préfèrent souvent avoir accès directement au monde du travail, ce qui est difficile dans la mesure où ils ne sont pas qualifiés.

e Avec leur environnement socio-familial

Les jeunes pris en charge dans les dispositifs sont le plus souvent décrits à travers leurs difficultés familiales, et plus largement sociales. Ils

60

Un public aux caractéristiques spécifiques

cumulent à côté de leurs difficultés d'insertion professionnelle beaucoup d'autres problèmes. C'est pourquoi leur insertion professionnelle est souvent conditionnée par la résolution de problèmes autres, tels que des difficultés financières, des problèmes de santé, de la délinquance ou de l'illettrisme. Les structures d'insertion professionnelle sont donc obligées d'inclure un volet social dans leurs dispositifs. C'est le cas de la régie de quartier de Clichy qui emploie des jeunes au titre de structure d'insertion, mais traite également tous leurs problèmes de budget, de logement ou encore de justice.

• Avec les repères spatio-temporels

Beaucoup de jeunes manquent de mobilité. Bs franchissent rarement les frontières invisibles de leur quartier. Cela peut poser des problèmes lors de l'obtention d 'un emploi. Ainsi plusieurs jeunes orientés par le service d'insertion de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine sur des chantiers un peu éloignés ont refusé de s'y rendre, et de quitter leur périmètre familier. C'est pourquoi l'organisme de formation association jeunesse action recherche a conçu un module de trente heures intitulé « environnement socio-économique », qui doit permettre aux jeunes de mieux appréhender leur environnement ; il leur apprend à se déplacer géographiquement de façon organisée et efficace, à identifier et à utiliser les lieux administratifs, culturels, sociaux, et économiques. D e m ê m e , la régie de quartier de Clichy cherche à accroître les capacités de mobilité des jeunes à travers le « tour de France » des régies, qui permet aux salariés de la régie d'aller travailler pendant une durée de temps définie dans une autre régie.

Enfin, on retrouve aussi cette absence de repères dans le domaine temporel. E n effet, beaucoup de ces jeunes vivent dans le présent, et ont du mal à se projeter dans l'avenir. Us rencontrent en conséquence les plus grandes difficultés à élaborer un projet professionnel. C'est pourquoi chaque dispositif fait une place à une phase d'élaboration d 'un projet professionnel. Mais ils ont aussi souvent du mal à rester mobilisés longtemps sur un projet. C'est pourquoi la régie de quartier de Clichy évite d'employer des jeunes sur des contrats de plus d 'un mois ou deux. Elle préfère les embaucher sur des contrats courts qu'elle renouvelle régulièrement.

61

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisiew

2. Rapport complexe aux dispositifs sociaux

(a) Multiplicité ou absence des structures de prise en charge ?

L a prise en charge des jeunes en difficulté revêt des caractères contradictoires. E n effet, alors que certains jeunes sont pris en charge par une multitude d'acteurs sociaux, d'autres ne sont plus pris en charge par personne.

Les jeunes des dispositifs sont recrutés par les institutions qui les prennent en charge, ce qui permet de voir que l'éventail de prise en charge en matière sociale est particulièrement large. Dans la majeure partie des cas, les jeunes sont recrutés auprès des missions locales ou des permanences d'accueil, d'information et d'orientation, qui jouent ainsi leur rôle de structures d'accueil, des centres d'information jeunesse, des clubs de prévention ou encore des travailleurs sociaux. Mais dans d'autres cas, ils sont recrutés auprès d'autres institutions spécialisées. Ainsi, dans l'exemple de l'association éducation Amérique latine, parmi les cinq adolescents qui ont bénéficié du partenariat avec l'association uruguayenne vida y educación, deux ont été recrutés auprès de l'internat spécialisé la Providence de Pontivy, un auprès de l'aide sociale à l'enfance du Morbihan, et deux autres auprès du service d'éducation spécialisée de l'association vers la vie et l'éducation des jeunes de Paris. Les jeunes les plus en difficulté, qui ont eu affaire aux services de la justice, sont eux pris en charge par encore d'autres institutions. L e foyer Etape est ainsi un centre d'hébergement pour jeunes délinquants placés sous contrôle judiciaire ou sortant de prison. L a protection judiciaire des Hauts-de-Seine, elle, prend en charge les jeunes « quand les conditions de leur éducation, de leur santé physique ou mentale sont gravement compromises, ou quand il y a eu faits de délinquance ».

N o n seulement les institutions de prise en charge sont multiples, mais elles interviennent simultanément. Les jeunes sont souvent suivis à la fois par une structure d'accueil, type mission locale ou permanence d'accueil, d'information et d'orientation, un éducateur, un psychologue, etc. Les jeunes ont alors parfois tendance à utiliser la multiplicité des acteurs à leur profit, « en tirant plusieurs sonnettes à la fois », et en jouant sur la concurrence qui existe entre les différents acteurs sociaux.

62

Un public aux caractéristiques spécifiques

Mais en dépit de cette multiplicité d'acteurs sociaux et de structures d'accueil, il apparaît que certains jeunes ne fréquentent aucune de ces structures. Le chargé de mission insertion par l'économique de l'Office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons a ainsi constaté que les jeunes les plus en difficulté ne fréquentaient pas forcément la permanence d'accueil, d'information et d'orientation d'Argenteuil. C'est pourquoi il cherche à les contacter auprès d'associations de jeunes auxquelles l'Office H . L . M . apporte un soutien logistique (mise à disposition de locaux, d'équipements sportifs, etc) ou encore d'associations intermédiaires c o m m e Axemploi. Cette absence de fréquentation des structures d'accueil est liée à plusieurs facteurs. D ' u n e part, les jeunes méconnaissent parfois ce type de structure faute d'information ; mais parfois aussi ils ne s'y adressent pas sciemment, considérant que « cela ne sert à rien ».

(b) Exclusion des structures d'insertion

e Exclusion vis-à-vis des plus âgés

Les jeunes de 16 à 18 ans sont exclus de différents dispositifs, dont il n'est pas fait état ici en conséquence. O n peut néanmoins mentionner le fait que beaucoup de métiers dits « métiers d'insertion » sont réservés aux chômeurs de longue durée ou bien aux bénéficiaires du revenu m i n i m u m d'insertion. Beaucoup utilisent ainsi le contrat emploi solidarité, auquel n'ont pas accès les moins de 18 ans. L'entreprise d'insertion Envie, qui travaille en sous-traitance avec Darty ou encore l'agence de l'eau, offrent des emplois d'insertion, mais seulement pour les plus de 18 ans en théorie, et pour les plus de 20 ans, voire 25 ans en pratique.

Par ailleurs, certaines structures considèrent que les jeunes ne doivent pas être une cible prioritaire des dispositifs d'insertion. Pour elles, en effet, la situation de personnes plus âgées est davantage préoccupante, d'autant que beaucoup de dispositifs visent exclusivement les jeunes. C'est le cas du ministère de l'environnement, dont les emplois verts ne s'adressent pas aux moins de 20 ans.

63

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

• Exclusion des dispositifs qui leur sont destinés

Les dispositifs étudiés ne concernent qu 'un nombre très limité de personnes. Ainsi, aucun dispositif ne recrute plus de vingt personnes à la fois. L a moyenne tourne plutôt autour de dix, ce qui implique une sélection parmi les jeunes. O n observe ainsi que certains dispositifs excluent d'emblée les filles. Les raisons invoquées sont doubles. D ' u n e part, certains métiers sont exclusivement masculins, notamment les métiers du bâtiment. Cela explique qu'aucune fille ne participe par exemple à l'expédition organisée par le foyer Étape, et qui consiste à construire une école. D'autre part les filles ne sont pas forcément considérées prioritaires dans le domaine de l'insertion ; le risque de marginalisation est considéré c o m m e moindre dans leur cas.

O n note également que les jeunes sont recrutés dans les dispositifs selon certains critères de sélection. L a motivation est un critère récurrent. Ainsi la Caisse des dépôts et consignations organise des entretiens de recrutement qui visent à « déceler la motivation du candidat à s'en sortir, sa capacité à s'adapter, à s'intégrer dans une entreprise, et son désir d'apprendre ». L'association Yvetot-Bourzanga prend-elle essentiellement en compte les capacités de socialisation des jeunes. Elle évalue ainsi leur comportement au cours d 'un séjour d'une semaine en internat, dans un centre d'hébergement. Quant au centre E D F - G D F de Pantin, il utilise plusieurs critères de sélection, c o m m e l'éloignement du lieu de travail, mais surtout il pose le critère de « m i n i m u m de culture générale ». Peut-on encore alors considérer qu'il s'adresse aux jeunes les plus en difficulté ?

L e problème est finalement de savoir quels sont les jeunes que l'on veut privilégier par ces parcours innovants. Les organisateurs des dispositifs d'insertion semblent considérer qu'il vaut mieux aider des jeunes un peu moins en difficulté que d'autres, les chances de succès étant alors plus grandes.

64

Chapitre II U n e nouvelle approche de l'insertion

Les différents dispositifs étudiés tendent à valoriser la socialisation des individus, selon une logique de « préformation ». Us s'inscrivent ainsi davantage dans un processus de lutte contre l'exclusion que de réelle insertion.

1. D ' u n e logique d'insertion professionnelle à une logique d'insertion sociale

(a) Acquisition de « compétences sociales »

L a notion de « compétences sociales » prend une place de plus en plus grande dans les parcours d'insertion. Ainsi, l'association jeunesse action recherche, qui met en oeuvre une formation en alternance, consacre 30 % du temps des jeunes à l'acquisition de telles compétences. C o m m e il s'agit d'un programme particulièrement complet, on peut en rendre compte dans sa globalité, pour illustrer en quoi consiste exactement « l'acquisition de compétences sociales ». C e programme est ainsi constitué des trois modules suivants :

• Mobilisation (45 heures)

C e module s'effectue lors d 'un camp sportif encadré par les organismes Biorythme et Sporting club. Les différentes activités sportives effectuées pendant ce séjour permettent de travailler différents objectifs de mobilisation, tels qu'apprendre à se mobiliser autour d 'un projet collectif, développer ses capacités d'anticipation, de planification et d'organisation, mais aussi son aptitude à accepter des contraintes telles que ponctualité,

65

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification — la Région Parisienne

assiduité, règles, respect des lieux et du matériel et d'autrui, accroître son sens de la solidarité et d'esprit de groupe ou encore développer son goût de l'effort et sa motivation.

• Communication - comportement (110 heures)

C e module est animé par un professionnel de la communication. Différentes activités sont imaginées pour « permettre aux jeunes d'adapter leur comportement individuel au contexte du m o n d e du travail ». Us sont ainsi amenés à travailler les méthodes de communication : ils s'exercent à dialoguer, argumenter, écouter, mémoriser. Leur attention est portée sur l'importance du débit et du ton de la voix, sur le langage du corps. C e travail s'effectue par le biais d'activités culturelles, notamment de théâtre ; les jeunes sont chargés par ailleurs de réaliser eux-mêmes une enquête pour le compte du journal de l'association jeunesse action recherche, us suivent également des « cours psycho-physiques », qui permettent de simuler des situations de la vie quotidienne. Ils analysent différents types de comportements (passif, agressif, affirmatif), et doivent maîtriser en conséquence leur propre attitude. Le responsable du module insiste enfin sur l'importance de l'apparence générale : habillement, etc.

<• Environnement socio-économique (30 heures)

Les jeunes doivent réussir à mieux appréhender leur environnement. Pour cela, ils apprennent à identifier et à utiliser les lieux administratifs, culturels, sociaux, et économiques, mais aussi à se déplacer géographiquement de façon organisée et efficace. Ils sont sensibilisés aux mesures pour l'emploi. Enfin, ils acquièrent les notions de base en matière de législation du travail.

(b) Valorisation des emplois d'« utilité sociale », participant au développement local

Selon le rapport Schwartz adressé au Premier Ministre, et intitulé L'insertion professionnelle et sociale des jeunes (1981) :

66

Une nouvelle approche de l'insertion

«En matière d'insertion, le travail ne peut pas être investi que dans sa seule entité travail. Il faut un jumelage entre travail et utilité ou reconnaissance humaine ».

• Développement des actions de proximité, dans le cadre d 'un territoire donné

L a régie de quartier de Clichy permet à ses salariés de participer à l'exécution de services de proximité. П s'agit de services qui répondent aux attentes des habitants, et qui doivent participer à la restauration d 'un lien civil entre eux. Es consistent en la réalisation à domicile de petits travaux d'électricité, de plomberie, etc, essentiellement auprès de personnes âgées. Selon le numéro spécial de Territoires d'octobre 1995, consacré aux régies de quartier :

« Le travail acquiert alors un sens public fondé sur la réciprocité ; il y a une certaine logique de don qui se construit ».

Les chantiers de restauration du patrimoine ou de préservation de la nature, organisés par l'association solidarité jeunesse ont eux pour objectif assigné de permettre aux jeunes d'« être reconnus et valorisés ». Les chantiers sont considérés en effet c o m m e participant à « un développement local soucieux de l'individu, de l'environnement, et du patrimoine culturel ». L e partenariat établi entre Droit de cité et la fondation pour la solidarité entre générations repose lui sur l'idée d'associer des jeunes à une action de solidarité intergénérationnelle. Les organisateurs espèrent là aussi que la dimension positive du dispositif permettra de mieux mobiliser les jeunes.

3 Engouement pour les missions humanitaires

Dès 1981, Bertrand Schwartz, dans son rapport Insertion professionnelle et sociale des jeunes, soulignait l'intérêt de dispositifs d'insertion s'inscrivant dans une démarche de coopération et de développement. Il écrivait ainsi :

67

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

« Il faut permettre aux jeunes de participer à des formes nouvelles de coopération avec le tiers-monde, car de telles expériences sont le plus souvent d'une extrême richesse sociale, éducative et culturelle : en les faisant réfléchir sur leur mode de vie, elles peuvent déclencher des changements d'attitude qu'aucune autre formation ne pourra jamais développer ».

Parmi les dispositifs étudiés, plusieurs suivent cette logique. Ainsi, en 1992, le foyer Etape a organisé deux missions humanitaires au Népal, qui ont eu pour objet de construire une école dans le village de Bode, à proximité de Katmandou. L a mission banlieue de Médecins du m o n d e permet, elle, à des jeunes de se former au métier de logisticien, en participant à des expéditions humanitaires à travers le monde entier. Enfin, l'association Yvetot-Bourzanga envoie des jeunes réaliser des chantiers en Afrique dans le cadre des opérations prévention été solidarité internationale.

2 . Notion de préformation ou de « sas »

(a) U n e formation théorique spécialisée, externe à la formation scolaire traditionnelle

• U n e formation prise en charge par des structures spécialisées

Dans la majorité des dispositifs étudiés, les jeunes suivent une remise à niveau dans des organismes de formation spécialisés dans l'accueil de publics rencontrant des difficultés d'insertion. C'est l'exemple de l'association jeunesse action recherche, de l'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle, de l ' A F A C (association Yvetot-Bourzanga), de l ' A C E R E P (Caisse des dépôts et consignations) ou encore de l ' A F P 93 (centre E D F - G D F de Pantin). Les organismes rattachés à l'éducation nationale c o m m e les groupements d'établissements sont en effet jugés souvent « trop scolaires » et mal adaptés à des jeunes en difficulté.

Les jeunes sont rassemblés en petits groupes de dix au m a x i m u m , et ils sont suivis par un formateur particulier. П s'agit ensuite de concevoir un programme de cours adapté à leur savoir de base, évalué en début de période. Le processus de formation doit être le plus individualisé possible.

68

Une nouvelle approche de l'insertion

• Des méthodes adaptées

Les organismes de formation dispensent tous un savoir en français, en mathématiques ou encore parfois en langue étrangère, mais souvent sur un m o d e inédit. Dans l'exemple de l'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle, les jeunes progressent en français par la rencontre avec le théâtre ; ils le visitent, rencontrent les différentes personnes qui y travaillent (costumiers, acteurs, auteurs), puis sont amenés à découvrir des textes. L a découverte du m o n d e scientifique se fait avec l'aide d'ateliers qui permettent d'appréhender sur un m o d e ludique les nouvelles technologies et de les utiliser.

Les organismes insistent également souvent sur le raisonnement logique des jeunes. Cela constitue un module de trente heures dispensé par l'association jeunesse action recherche, mais que l'on retrouve dans les différentes formations, c o m m e le « programme d'enrichissement instrumental » de l ' A C E R E P (Caisse des dépôts et consignations), qui permet de développer les capacités de raisonnement et de compréhension des jeunes.

Enfin, les jeunes suivent dans certains dispositifs un apprentissage particulier, qui vise à l'acquisition de quelques savoir-faire de base qui pourront être réutilisés aussitôt dans le cadre d 'un chantier précis. Par exemple, dans le dispositif Yvetot-Bourzanga, les jeunes garçons suivent une formation bâtiment dans le cadre de l ' A F A C avant de partir réaliser un chantier en Afrique. Les jeunes alternent des cours de technologie, de dessin, et des exercices en atelier. Les jeunes filles suivent, elles, une formation sanitaire et sociale avec l'association Jim Vaillant.

(b) U n e formation pratique également aménagée, mais rarement qualifiante

» Familiarisation et immersion dans le m o n d e de l'entreprise

Certains dispositifs incluent des stages en entreprise qui peuvent être relativement courts, et qui ont pour objectif de familiariser le jeune avec l'entreprise. Dans le dispositif de l'association jeunesse action recherche, les jeunes démarchent eux-mêmes les entreprises susceptibles de les accueillir

69

Enquête sur Г insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

c o m m e stagiaires. Us doivent effectuer quatre stages de deux semaines dans différentes entreprises. L'objectif est de leur permettre d'avoir une première approche du m o n d e professionnel. Ils doivent mesurer les compétences et les exigences liées à la tenue d 'un poste de travail. L a régie de Clichy cherche elle aussi à négocier des stages en entreprise pour ses salariés ; ils ne durent généralement qu'une semaine ou deux, mais c'est l'occasion pour le salarié d'accroître son expérience professionnelle.

D'autres dispositifs visent davantage à immerger le jeune dans l'entreprise, et à lui inculquer un savoir-faire, tourné vers le m o n d e professionnel. C'est l'exemple de l'immersion dans le centre E D F - G D F de Pantin pendant six mois. Il s'agit d'une phase de « socialisation », durant laquelle le jeune doit améliorer son comportement, sa confiance en lui, sa motivation.

e Mise en situation et système de « sas »

Les dispositifs étudiés ne délivrent souvent que des préformations, qui pourront sous réserve d'être réussies, mener à une formation qualifiante. Ils constituent des préalables, qui doivent permettre d'intégrer d'autres filières d'insertion, lesquelles sans cela ne sont pas accessibles.

Ainsi, à la Caisse des dépôts et consignations, les jeunes occupent des postes d'accueil, de secrétariat, de comptabilité ou de gestion. A l'issue de cette formation, ils sont orientés vers une formation qualifiante, à la Caisse des dépôts ou ailleurs, dans le cadre d 'un contrat de qualification. D e m ê m e , le centre E D F - G D F de Pantin permet aux jeunes d'effectuer un stage dans l'entreprise qui les embauchera par la suite. L'entreprise en question s'engage à les accueillir, à les encadrer dans de bonnes conditions, et à leur apprendre un métier. A l'issue de cette première phase, le jeune signe un contrat de qualification avec l'entreprise. Enfin, l'office H . L . M . d'Argenteuil pratique également cette politique de « sas ». Il fait ainsi appel à des organismes de formation spécialisés dans les métiers du bâtiment (gros oeuvre, peinture, etc), qui fonctionnent c o m m e des filtres avant l'insertion des jeunes en entreprise. C e n'est qu 'à l'issue de la période de préformation que le jeune pourra être orienté vers une entreprise ou vers une formation qualifiante.

70

Chapitre III D e nouveaux acteurs mus par

de nouveaux principes

L a prise en charge de l'insertion des jeunes dans les dispositifs étudiés s'effectue en dehors du système traditionnel de formation. Ainsi, les organisateurs de ces dispositifs sont tout autant des organismes de formation que des associations, des entreprises d'insertion, des entreprises publiques ou privées ou encore des bailleurs sociaux. E n conséquence, leurs motivations et les méthodes qu'ils emploient obéissent à des logiques particulières.

1. D e nouvelles motivations

(a) Lutte contre l'exclusion : nécessité, obligation

« Solidarité, citoyenneté ou vocation de service public : nécessité de participer à la lutte contre l'exclusion

L'activité de la régie de Clichy est basée sur la notion de solidarité : les habitants d 'un m ê m e quartier doivent s'entraider pour mieux vivre ensemble. Cela se note à travers ses actions bénévoles, centrées sur la vie du quartier, à savoir sa bourse d'échanges, son journal de quartier ou encore sa permanence d'écrivains publics. Les services de proximité qu'elle organise pour un prix inférieur au coût réel en est également l'exemple. Les salariés de la régie ont ainsi la possibilité de réaliser à domicile des petits travaux d'électricité, de plomberie, particulièrement chez des personnes âgées, pour un prix modique.

Les organismes H . L . M . mettent en avant le thème de l'entreprise citoyenne, selon lequel une entreprise confrontée à un environnement socio-

71

Enquête sur V insertin professionale des jeunes sans qualification — la Région Parisienne

économique difficile doit faire face à certaines questions. Ils sont en effet confrontés quotidiennement à la crise, dans la mesure où ils rassemblent souvent les quartiers aux dysfonctionnements inquiétants. L'Office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons note que le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est de 30 % sur la cité Joliot-Curie d'Argenteuil. D e là naît le sentiment de devoir agir :

« Les responsables et les agents H.L.M. constituent aussi un corps social qui a vocation à être partie prenante aux débats et à la construction de la société ; ceci exige de leur part (...) une volonté de proposer et de participer au règlement des problèmes de société qui apparaissent dans leur patrimoine ». (Insertion et développement écon­omique: un défi pour les organismes H . L . M . et leurs partenaires, 1995).

E D F - G D F , elle, préfère souligner sa mission de service public :

« Entreprises de service public, EDF et GDF ne peuvent fonctionner en vase clos, continuer à entretenir un statut privilégié sans s'intéresser aux problèmes de la société ». (Comment organiser vous-même une opération d'insertion des jeunes, E D F - G D F Services, 1993).

« Pression externe ou interne : l'insertion c o m m e obligation

L a pression externe est multiple. Elle provient de la société tout entière, des habitants, des médias ou encore des pouvoirs publics. Elle est plus ou moins formalisée. L a pression de la société est diluée, mais bien présente. E D F - G D F note ainsi :

« Pour que les agents n'aient pas le sentiment d'être dans une forteresse assiégée, il faut s'ouvrir sur l'extérieur et participer à la vie collective, être solidaire». (Comment organiser vous-même une opération d'insertion des jeunes, E D F - G D F Services, 1993).

72

De nouveaux acteurs mus par de nouveaux principes

L a pression des pouvoirs publics est la plus formalisée. C'est pourquoi les offices H . L . M . notent qu'il faut commencer à agir de leur propre initiative, « sans attendre qu 'on le leur impose ».

L e guide méthodologique d ' E D F - G D F Services stipule-lui que :

«La pression des pouvoirs publics nationaux et locaux ne peut que s'accentuer, notamment auprès de cibles toutes trouvées : les grandes entreprises nationales(...) ».

Cette pression est subie, mais elle peut se retourner à l'avantage de l'entreprise qui :

« En attend pour des raisons purement commerciales et d'image des retombées positives vis-à-vis des pouvoirs politiques nationaux ou encore vis-à-vis des élus locaux sollicités en permanence par leurs électeurs sur les questions d'emploi ». (Comment organiser vous-même une opération d'insertion des jeunes, E D F - G D F Services, 1993).

Mais cette pression n'est pas seulement externe à l'entreprise, elle est aussi liée à la nécessité d'assurer le bon fonctionnement de son activité. Les organismes H . L . M . , du fait de leur caractère d'habitat social, sont particulièrement présents dans les quartiers difficiles. L a dégradation des relations entre locataires est de plus en plus patente. Agir dans les quartiers est donc nécessaire pour maintenir « la paix sociale ». Il s'agit également, en revitalisant les quartiers, de stabiliser certains locataires. D e m ê m e , E D F -G D F présent partout en tant que service public, subit régulièrement une dégradation de son matériel dans ce type de quartier, principalement de ses compteurs et de ses véhicules. C'est pourquoi le dispositif d'insertion mis en place par le centre de Pantin vise à réduire les phénomènes d'exclusion qui perturbent le bon fonctionnement de l'entreprise. D e plus, le centre compte sur la valorisation de l'image de l'entreprise pour restaurer de bonnes relations avec ses usagers :

73

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification — la Région Parisienne

« Vis-à-vis des clients particuliers, insérer dix à vingt jeunes dans un quartier sensible, c'est en fait toucher beaucoup d'autres jeunes et de familles, renvoyant là une image positive de Г entreprise. En site urbain difficile, on peut également en attendre un meilleur respect du matériel, souvent victime du vandalisme ». ( C o m m e n t organiser v o u s - m ê m e une opération d'insertion des jeunes, E D F -G D F Services, 1993).

(b) Bénéfices de l'insertion

• Incitations économiques

Les entreprises qui jouissent du statut d'entreprises d'insertion bénéficient d'avantages particuliers. C'est le cas des entreprises auxquelles fait appel le service insertion de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine ou encore la régie de quartier de Clichy, qui est conventionnée entreprise d'insertion. Elles reçoivent en effet des aides de l'Etat pour compenser l'effort qu'elles fournissent en embauchant des personnes en difficulté. Ces surcoûts sont liés à la rotation et à la faible productivité de ce public, à leur encadrement et accompagnement social. Par ailleurs, l'ensemble des dispositifs d'insertion utilise des contrats aidés, principalement les contrats d'apprentissage, d'orientation, d'adaptation, et de qualification.

L'aide accordée par l'Etat consiste principalement dans : • la rémunération : si on prend l'exemple du contrat d'apprentissage,

les jeunes de 16 à 17 ans qui travaillent dans l'entreprise touchent la première année 25 % du S . M . I . C . , et 37 % la deuxième année ;

e les exonérations des cotisations : pour reprendre l'exemple du contrat d'apprentissage, les entreprises artisanales sont exonérées de l'ensemble des cotisations obligatoires et des taxes fiscales ; les autres sont exonérées des cotisations patronales de sécurité sociale ;

° d'autres aides : aide forfaitaire à l'embauche, possibilité de déduire de la taxe d'apprentissage due par l'entreprise certaines dépenses (dont une partie du salaire des apprentis, des frais d'encadrement, etc).

74

De nouveaux acteurs mus par de nouveaux principes

U n e logique d'intérêt réciproque

L'aide à la formation des jeunes s'inscrit dans un cadre d'échange. L a structure d'insertion doit trouver un intérêt particulier à l'embauche d 'un jeune. Il doit effectuer un travail qui est utile pour elle. Son rapport avec le jeune doit donc être basé sur une réciprocité d'intérêt. Ainsi, dans le centre E D F - G D F de Pantin, chaque jeune doit occuper un poste « nécessairement utile à l'entreprise » ; il peut avoir ainsi pour fonction de relever les compteurs. D e m ê m e , le « sas » de retour à l'emploi mis en place par l'Office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons, consiste en des chantiers d'application organisés sur le patrimoine de l'office H . L . M . , qui contribuent à la réhabilitation du patrimoine de celui-ci.

D e façon similaire, l'ensemble des dispositifs visant la mise en oeuvre de chantiers impliquent que les jeunes accomplissent un travail précis. Dans l'exemple des chantiers organisés par l'association solidarité jeunesse, l'objet du chantier peut être ainsi de réhabiliter des logements pour familles démunies ou personnes âgées, d'aménager des locaux liés à l'exercice d'une activité sociale (locaux associatifs, équipements de proximité, etc), d'entretenir des espaces extérieurs, en particulier dans des quartiers d'habitat social dégradé, de rénover le patrimoine architectural ou culturel d'une région, de nettoyer des sites naturels en milieu rural ou montagnard, etc. Les chantiers de coopération développement doivent conduire à la réalisation d'une tâche précise au sein d'une mission. Ainsi, les opérations organisées par l'association Yvetot-Bourzanga, par le foyer Étape ou encore par la mission banlieue Médecins du m o n d e à Gennevilliers, ont toutes pour but d'associer des jeunes en difficulté à la réalisation d'une action de solidarité internationale.

Dans tous les cas cités, cette logique de réciprocité apparaît essentielle, au coeur du bon fonctionnement du dispositif. Cette réciprocité est tout à fait salutaire dans la mesure où les auteurs des dispositifs d'insertion y trouvant leur intérêt, ils s'investissent probablement davantage dans l'action. D e l'autre côté, les jeunes ont l'impression de répondre à un besoin. Ils ne sont donc pas placés en situation d'assistés, mais d'acteurs.

75

Enquête sur V insertin professionale des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

2. D e nouvelles méthodes dans l'insertion

(a) Forcer l'accès au m o n d e du travail

Le poids financier de grandes structures c o m m e la Caisse des dépôts et consignations, les organismes H . L . M . ou encore l'entreprise E D F - G D F , permet de peser sur le marché de l'emploi, et de pallier au défaut premier de tous les dispositifs d'insertion : la difficulté extrême à permettre aux jeunes d'accéder à un m o n d e du travail qui ne se cantonne pas aux diverses structures d'insertion.

• Révéler des emplois latents

L e chef de projet du centre E D F - G D F de Pantin révèle des emplois latents dans la mesure où il prospecte les entreprises susceptibles d'embaucher les jeunes. Il a recours à trois arguments clés pour les intéresser.

Il s'engage à faire bénéficier l'entreprise des meilleures conditions d'aide ou d'exonération de charges ; il s'occupe ainsi de toute l'ingénierie et du montage des conventions et contrats, des relations avec les administrations, des documents à rassembler et à remplir, etc. D e plus, il finance et organise la formation et le tutorat sur toute la période. C e type de service est susceptible d'intéresser les petites entreprises artisanales ou les petites ou moyennes entreprises qui hésitent à embaucher alors que le marché existe, parce qu'elles sont mal à l'aise dans le maniement des services de l'emploi, les procédures étant nombreuses et complexes.

Ensuite, il s'engage à recruter, préparer et former le jeune durant la phase préalable au sein du centre, puis à le suivre tout au long de son séjour en entreprise. Les entreprises intéressées peuvent être là des petites et moyennes entreprises qui recrutent via l'intérim en particulier des personnes proches de celles visées par le dispositif d'insertion du centre, mais qui n'ont subi aucune préparation à l'emploi préalable.

Enfin, le chef de projet s'adresse aux entreprises intervenant c o m m e sous-traitants ou prestataires pour le centre, et qui voient un intérêt direct à participer au dispositif en termes de relations et de marchés futurs.

76

De nouveaux acteurs mus par de nouveaux principes

• Etablissement d'une clause d'insertion

Les organismes H . L . M . disposent d 'un levier plus efficace q u ' E D F -G D F pour favoriser l'insertion des jeunes en difficulté. Ils ont en effet décidé d'utiliser des moyens de contrainte plus importants sur les entreprises, pour les amener à jouer pleinement leur rôle d'accès au monde du travail : ils ont placé une clause d'insertion dans certains des contrats qui les lient aux entreprises auxquelles ils font appel en tant que maîtres d'ouvrage, pour restaurer l'habitat ancien ou construire des logements nouveaux. Ainsi, selon Г article un de la charte régionale d'insertion par l'économique d'Ile de France :

« Uentreprise soumissionnaire alors retenue s'engage à consacrer environ 10 % de son temps (temps atelier plus temps de chantier) de l'opération à l'insertion par l'économique au bénéfice des populations des quartiers d'habitat social ».

L'entreprise s'engage donc contractuellement à embaucher les jeunes après qu'ils aient été formés au sein des marchés d'application organisés par les offices H . L . M .

(b) Ressourcer le m o n d e professionnel

e Par la création de nouvelles formations

L a mission banlieue de Médecins du m o n d e de Gennevilliers permet aux jeunes qui suivent son dispositif d'insertion d'acquérir le titre d'assistant logisticien. Ils suivent pendant trois mois environ une formation pluridisciplinaire qui leur permet d'acquérir des compétences et un savoir-faire dans le domaine de la logistique. L a formation pratique est constituée d 'un stage en mission humanitaire à l'étranger dans une organisation non gouvernementale. L a Caisse des dépôts et consignations permet également aux jeunes sans qualification qui suivent sa formation d'acquérir un titre particulier. Il s'agit de celui d'« employé des services administratifs et commerciaux ». П est obtenu à l'issue d'une formation qui dure douze mois, et qui consiste en une remise à niveau dans un organisme de formation spécialisée, et un stage à la Caisse des dépôts.

77

Enquête sur l'insertin professionale des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

• Par la création de nouveaux emplois

L a régie de Clichy a créé le service « S . O . S . mini-travaux », qui permet de réaliser au domicile de personnes âgées des petits travaux d'électricité, de plomberie, etc. Celles-ci les paient dix à vingt-cinq francs de l'heure ; leur caisse de retraite complète le reste. L a régie souhaite que d'autres personnes bénéficient de ce type de services, notamment des personnes handicapées, des femmes isolées, des bénéficiaires du revenu m i n i m u m d'insertion. Pour cela, elle doit réussir à organiser un partenariat avec les institutions qui prennent en charge ces personnes, afin qu'elles soutiennent financièrement l'opération. Toutefois, la régie considère que ces emplois sociaux qu'elle contribue à créer doivent rester des « marchepieds vers de véritables emplois ». O r elle observe qu'ils sont de plus en plus considérés c o m m e des emplois stables.

78

Chapitre IV U n e exigence de résultats différente

1. U n e efficacité limitée des dispositifs en matière d'insertion professionnelle

(a) Evaluation des résultats des dispositifs en fonction de l'accès à l'emploi

• Peu de dispositifs mènent à l'emploi

Si l'on juge l'efficacité de ces actions d'après le nombre de jeunes qui ont accès à un emploi durable à l'issue d 'un dispositif, les résultats risquent d'apparaître décevants. Sur les quatorze dispositifs étudiés, peu mènent les jeunes jusqu'à l'emploi :

Quatre dispositifs incluent un accès à l'emploi : ils sont tous organisés dans le cadre d'une entreprise. Il s'agit :

• d'entreprises d'insertion : elles permettent forcément un accès à l'emploi, puisqu'elles consistent à salarier des jeunes. L a mesure de leur efficacité réside donc dans la proportion de jeunes auxquels elles permettent de trouver un emploi en dehors d'une structure d'insertion. E n effet, les emplois proposés par les entreprises d'insertion ont nécessairement une durée inférieure à deux ans. Or , lorsque le passage de la structure d'insertion à une entreprise « normale » n'est pas aménagé, il s'avère que les résultats sont limités. C'est le cas des entreprises d'insertion qui travaillent en partenariat avec la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine, et qui sont censées chercher elles-mêmes des débouchés ultérieurs aux jeunes. Les résultats sont rarement positifs. L a régie

79

Enquête sur l'insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

de quartier de Clichy, elle, encourage ses salariés à rechercher un emploi activement. fis consultent les annonces à la régie, sont en lien avec la mission locale ou l'agence nationale pour l'emploi ; ils envoient des candidatures spontanées. L a souplesse du fonctionnement de la régie permet de faire coïncider la fin de leur contrat, avec le m o m e n t où ils trouvent un emploi.

d'entreprises « normales » : à l'issue du dispositif du centre E D F -G D F de Pantin, le jeune signe un contrat de qualification avec l'entreprise qui s'est engagée à l'embaucher. L a durée du contrat peut varier de 12 à 18 mois. A u terme de cette formation, il acquiert un certificat d'aptitude professionnel ou un brevet d'études professionnelles. D e m ê m e , à l'issue du dispositif d'insertion de l'office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons, l'entreprise titulaire de marché s'engage à fournir un contrat de travail au jeune, ou tout au moins elle l'engage sur un contrat de qualification de dix-huit mois.

Quatre dispositifs sont des préalables à l'emploi : ils délivrent une formation qualifiante, qui devra être complétée ; c'est le cas :

e des organismes de formation : l'association jeunesse action recherche, tout c o m m e l'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle, débouche sur une entrée en apprentissage. Dans le cas de l'association jeunesse action recherche, les jeunes démarchent eux-mêmes les entreprises et les organismes de formation qui leur permettront de suivre une formation en alternance débouchant sur un certificat d'aptitude professionnelle. Es trouvent ainsi un contrat de qualification à leur propre initiative qui dure deux ans.

° de la Caisse des dépôts et consignations : au terme de leur formation, les jeunes s'orientent vers un contrat de qualification de deux ans,

e et de la mission banlieue de Médecins du m o n d e de Gennevilliers : à l'issue du dispositif, les stagiaires ont la possibilité de se présenter à l'examen d'entrée de l'école Bioforce Rhône-Alpes, qui offre une formation de trois ans sanctionnée par un diplôme

80

Une exigence de résultats différente

d'« agent de développement international », niveau baccalauréat plus deux. Cette formation leur permettra d'élargir leurs possibilités d'embauché dans le cadre de la coopération internationale ou d'accéder à une formation classique d 'un bon niveau.

Trois dispositifs sont des dispositifs de préformation : Ils doivent permettre aux jeunes d'accéder à une formation qualifiante. Ainsi, l'association solidarité jeunesse donne la possibilité aux jeunes de participer en alternance avec leur activité sur le chantier à des stages de formation d'animateurs, qui leur permettent de préparer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animation ou le brevet d'état d'animateur technique de l'éducation populaire. L e foyer Étape, c o m m e l'association Yvetot-Bourzanga, profitent de la dynamique créée par l'action de coopération pour aider les jeunes à élaborer un projet professionnel. L a concrétisation de ce projet peut passer par l'orientation vers une formation qualifiante, liée ou non aux compétences qui ont été approchées au cours de l'action.

Trois dispositifs visent la mobilisation des jeunes sur un projet professionnel ou de formation qui reste à définir : les différents dispositifs mis en place dans le cadre des associations éducation Amérique latine, Vagabondages, et Droit de cité, se situent en amont de l'insertion professionnelle. Es visent essentiellement à mobiliser les jeunes sur un projet. Es les orientent ensuite vers d'autres structures qui leur permettront de le réaliser.

• Les dispositifs basés sur l'accès à l'emploi ont des résultats limités dans le temps

Trois exemples pris parmi les dispositifs qui mènent à l'emploi l'illustrent :

Dans l'exemple de l'institut de recherche pour la formation et l'orientation professionnelle, six mois après la sortie du crédit formation insertion, le taux d'emploi des jeunes n'est que de 28,3 %, non compris les contrats aidés, qui concernent 21,3 % des cas. D e plus, pour plus d 'un jeune sur deux (54 % ) , l'emploi obtenu est un emploi précaire à durée déterminée. Enfin, le taux de chômage est de 38,8 %, et le taux d'inactivité de 11,4 %.

81

Enquête sur V insertin professionnele des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

A l'issue du dispositif mis en place par l'office H . L . M . d'Argenteuil-Bezons en 1993,43 % des jeunes embauchés par les entreprises titulaires de marché auprès de l'office H . L . M . ont abandonné ou se sont fait remercier dans les trois premiers mois.

Enfin, dans le cas de la régie de quartier de Clichy, statistiquement, cinq mois après leur départ de la régie, la moitié des salariés seulement ont trouvé un travail stable.

(b) Raisons de Г inaccessibilité du m o n d e du travail

• L'impréparation des acteurs

Elle est double : il s'agit à la fois de celle des jeunes qui ne sont pas toujours prêts à affronter le m o n d e du travail, mais aussi de celle des acteurs du m o n d e professionnel qui ne sont pas toujours disposés à accueillir les jeunes.

Les jeunes en difficulté manifestent pour certains des comportements qui les excluent rapidement du m o n d e du travail. Ainsi, si on se réfère au bilan des cinquante-quatre jeunes qui ont été adressés à la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine pour la période allant de septembre 1994 à juin 1995, on constate qu'au moins la moitié d'entre eux n'ont pas trouvé de solutions à leur problème d'insertion faute de persévérance (dix jeunes ayant bénéficié d'une mesure d'insertion sous forme de stage ou de contrat à durée déterminée, ont ainsi abandonné avant son issue), ou du fait de leur comportement (absentéisme, refus de la discipline, etc), qui a entraîné leur renvoi. D e m ê m e , à l'issue du dispositif de l'Office H . L . M . d'Argenteuil, 43 % des jeunes employés par les entreprises titulaires de marchés ont abandonné ou se sont fait remercier dans les trois premiers mois. Ceci est lié au fait qu'ils n'ont pas toujours atteint « une employabilité suffisante », selon les termes des entrepreneurs.

Mais le problème de ces jeunes réside surtout dans le fait que m ê m e à l'issue des dispositifs, ils restent faiblement qualifiés. Ils n'ont accès en conséquence qu'à des emplois mal payés, et à des tâches peu mobilisantes, dont ils se désintéressent rapidement.

82

Une exigence de résultats différente

D e plus la formation suivie au sein des dispositifs se révèle souvent inadaptée au marché du travail. Ainsi, si on analyse l'ensemble des diplômes obtenus dans le cadre du crédit formation insertion (Dispositif 10), on note une forte prédominance du secteur tertiaire, alors que les offres d'emploi de Niveau V sont majoritairement le fait du secteur secondaire et du bâtiment et des travaux publics.

Mais le m o n d e du travail de son côté se montre souvent réticent à leur égard. Les jeunes subissent parfois des réactions de rejet. Pourtant, ils sont souvent suivis en entreprise par un tuteur particulier. Mais celui-ci n'est pas toujours suffisamment motivé ou tout au moins formé. C'est pourquoi la « professionnalisation du tutorat » est nécessaire. Les tuteurs doivent être des volontaires. Ils doivent être formés à la tâche qui les attend, et ils doivent éventuellement recevoir une rémunération en contrepartie.

• U n e conjoncture économique difficile pour les jeunes, particulièrement les non qualifiés

L e chômage des jeunes est un phénomène général, mais qui frappe particulièrement les moins qualifiés. Ainsi, dans plusieurs des dispositifs décrits, notamment celui de la protection judiciaire de la jeunesse des Hauts-de-Seine, les jeunes n'ont pas pu intégrer l'entreprise c o m m e prévu, parce qu'elle n'embauchait pas, n'ayant pas de chantiers nouveaux dans le contexte d'une conjoncture difficile, ou parce qu'elle fermait ses portes.

2 . Conclusion : qu'est-ce q u ' u n « parcours d'insertion abouti ? »

L a variété des situations à la fin des dispositifs invite à réfléchir sur ce qu'est un parcours abouti ou un jeune inséré.

(a) Critères professionnels, critères sociaux : comment hiérarchiser les critères d'insertion ?

9 Dans la sphère professionnelle

Traditionnellement, le taux de chômage et le lien entre formation et emploi constituaient les deux indicateurs permettant de mesurer l'insertion

83

Enquête sur V insertin professionnel des jeunes sans qualification - la Région Parisienne

des jeunes à la sortie du système scolaire.

Mais ces indicateurs s'avèrent aujourd'hui insuffisants pour rendre compte de la complexité des processus d'insertion.

E n effet, la notion m ê m e d'emploi recouvre une grande variété de situations, du contrat à durée mdéterminée aux emplois précaires, en passant par les contrats à durée déterminée, et les emplois aidés. Néanmoins, selon une échelle de valeurs c o m m u n é m e n t admise, l'aboutissement le plus satisfaisant est l'obtention d 'un contrat à durée indéterminée et, dans une moindre mesure, à durée déterminée. Les formations en alternance sont également valorisées, surtout celles qui s'accompagnent d 'un contrat de travail. E n revanche, les contrats emplois solidarité ou les stages de formation ne semblent être que des étapes.

Mais cette échelle ne peut être considérée c o m m e ayant une valeur absolue, et on peut discuter pour savoir si une activité intérimaire traduit un degré d'insertion plus élevé dans l'échelle que la poursuite d 'un stage de qualification, si une formation en entreprise intermédiaire est plus valorisante qu'une formation suivie dans un foyer ou un établissement de la protection judiciaire de la jeunesse, etc.

e Dans la sphère sociale

L a hiérarchisation des critères d'insertion dans la sphère sociale est encore plus difficile à opérer, et est empreinte d'une subjectivité plus grande encore. E n effet, l'aspect pluridimensionnel de l'insertion sociale rend toute hiérarchisation extrêmement périlleuse.

e Difficulté à combiner ces deux sphères

A u x indicateurs économiques, il faut nécessairement associer des facteurs d'intégration sociale. E n effet, sans cela, aucune classification significative n'est possible, tant les logiques sociales et économiques sont en interaction. Mais la définition d'indicateurs économiques et sociaux se révélant déjà délicate, la combinaison des deux apparaît pour le moins problématique.

84

Une exigence de résultats différente

(b) Non-linéarité des parcours, absence de parcours standard

Tout trajet d'insertion est semé d'embûches, d'obstacles, qui peuvent nécessiter des retours en arrière, l'emprunt de voies de traverses susceptibles de retarder le processus ou au contraire de l'accélérer.

E n conséquence, et c o m m e le montre l'étude du C R E D O C portant sur Les parcours d'insertion des jeunes en difficulté, il n'existe pas de modèle type d'insertion pouvant servir de référence :

« Entre chaque étape du parcours standard, viennent se greffer des étapes périphériques, comme peuvent l'être l'aide financière ou le suivi social. De plus, certains parcours ne suivent pas un parcours standard. Il se peut qu'après une expérience professionnelle, certains jeunes définissent un nouveau projet professionnel ».

D e ce fait, il devient très difficile d'évaluer la réussite ou non d 'un parcours d'insertion. Ainsi, on constate que les jeunes qui cumulent au départ un plus grand nombre de handicaps, connaissent des parcours d'insertion plus longs et plus complexes que les autres, et qu'en particulier, ils sont plus nombreux que la moyenne à se retrouver en stage en fin de parcours. Peut-on considérer pour autant que leur parcours n 'a pas abouti ? O n peut penser au contraire, que le fait que ces jeunes soient en stage correspond à une avancée significative vers l'insertion.

Il est clair que la question posée est complexe, et qu'elle ne saurait s'accommoder d'une évaluation standard. D ' u n e manière générale, l'insertion ne peut être appréhendée à partir des cadres d'analyse traditionnels : elle pose des problèmes inédits, qui exigent une approche novatrice, et des réponses imaginatives.

85

Conclusion

Cette étude montre que si les schémas traditionnels d'éducation se révèlent inadaptés pour aider les jeunes en rupture d'insertion, des dispositifs spécifiques peuvent dans certains cas leur apporter des solutions.

L a plupart des dispositifs présentés dans cette étude sont organisés par des associations ou des entreprises de nature privée ou semi-privée, ce qui s'explique par le fait que la capacité innovante s'est beaucoup développée sur le terrain.

Dans ce cadre, le rôle des autorités centrales pourrait être de favoriser l'extension de ce type d'expérience à une plus large échelle, d'une part en apportant une aide financière plus importante aux structures porteuses de projets innovants, d'autre part en encourageant la création de projets similaires là où le besoin s'en fait sentir.

Par ailleurs, l'Etat peut répondre aux problèmes d'intégration de ces jeunes par une adaptation du système éducatif formel.

Enfin, lui seul a la possibilité de créer de véritables synergies entre les différents acteurs sociaux, appartenant aussi bien au domaine public que privé, à des structures d'éducation formelle ou non formelle. E n effet, seule une convergence des efforts à tous les niveaux permettra d'aborder efficacement le problème de l'insertion.

86

Bibliographie

Schwartz, Bertrand. 1981. L'insertion professionnelle et sociale des jeunes : rapport au premier ministre. La Documentation française.

Commissariat général du Plan. Février 1993. L'insertion des adolescents en difficulté. Comité interministériel de l'évaluation des politiques

publiques, Rapport d'évaluation. La Documentation Française.

Nicole-Drancourt, Chantai. 1991. Le Labyrinthe de l'insertion. La Documentation Française.

Baudouin Valérie ; Aucouturier Anne-Lise. 1993. Parcours d'insertion de jeunes en difficulté. C R E D O C . Cahier de recherche N o 66.

Ecole Nationale d'Administration. 1994. Politique de lutte contre le chômage et l'exclusion et mutation de l'action sociale : rapport de ÏENA E N A-Recherche.

Le M o n d e Perspectives. Décembre 1994. L'exclusion sans réponse. N o 227.

U N F O H . L . M . . 1995. Insertion et développement économique : un défi pour les organismes H.L.M. et leurs partenaire. Mission du développement urbain et social.

Territoires. Octobre 1995. Le Journal des régies de quartier, numéro spécial publié en collaboration avec le Comité national de liaison des régies de quartier.

E D F - G D F Services. 1993. Comment organiser vous-même une opération d'insertion des jeunes. Guide méthodologique à destination des unités E D F et G D F , Document interne.

87

Publications et documents de Г П Р Е

Plus de 750 ouvrages sur la planification de l'éducation ont été publiés par l'Institut international de planification de l'éducation. Es figurent dans un catalogue détaillé qui comprend rapports de recherches, études de cas, documents de séminaires, matériels didactiques, cahiers de Г П Р Е et ouvrages de référence traitant des sujets suivants :

L'économie de l'éducation, coûts et financement.

Main-d'oeuvre et emploi.

Etudes démographiques.

La carte scolaire, planification sous-nationale.

Administration et gestion.

Elaboration et évaluation des programmes scolaires.

Technologies éducatives.

Enseignement primaire, secondaire et supérieur.

Formation professionnelle et enseignement technique.

Enseignement non formel et extrascolaire : enseignement des adultes et enseignement rural.

Pour obtenir le catalogue, s'adresser à l'Unité des publications de Г П Р Е .

L'Institut international de planification de l'éducation

L'Institut international de planification de l'éducation (UPE) est un centre international, créé par l ' U N E S C O en 1963, pour la formation et la recherche dans le domaine de la planification de l'éducation. Le financement de l'Institut est assuré par l ' U N E S C O et les contributions volontaires des Etats membres. A u cours des dernières années, l'Institut a reçu des contributions volontaires des Etats membres suivants : Belgique, Canada,Danemark, Finlande, Inde, Irlande, Islande, Norvège, Suède, Suisse et Venezuela.

L'Institut a pour but de contribuer au développement de l'éducation à travers le monde par l'accroissement aussi bien des connaissances que du nombre d'experts compétents en matière de planification de l'éducation. Pour atteindre ce but, l'Institut apporte sa collaboration aux organisations dans les Etats membres qui s'intéressent à cet aspect de la formation et de la recherche. Le Conseil d'administration de Г П Р Е , qui donne son accord au programme et au budget de l'Institut, se compose d'un m a x i m u m de huit membres élus et de quatre membres désignés par l'Organisation des Nations Unies et par certains de ses institutions et instituts spécialisés.

Président : Lennart Wohlgemuth (Suède), Directeur, Institut nordique d'Afrique, Uppsala.

Membres désignés : David de Ferranti, Directeur, Département de développement humain ( D D H ) , la Banque mondiale. Harka Gurung, Directeur, Centre de développement de l'Asie et du Pacifique, Kuala

Lumpur. Cristian Ossa, Secrétaire général adjoint, Nations Unies, Responsable de mission des

Nations Unies à Haïti et Représentant-résident du P N U D , Haïti. Tito Egargo Contado, Chef du service de la vulgarisation et de l'éducation agricoles,

Division de la recherche, de la vulgarisation et de la formation, Département du développement durable, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ( F А О ) .

Membres élus : Dato'Asiah bt. Abu Samah (Malaisie), Conseiller de société, Lang Education, Land and

General Berhad, Kuala Lumpur. Mohamed Dowidar (Egypte), Professeur et Président du Département d'économie,

Faculté de droit, Université d'Alexandrie, Alexandrie. Kabiru Kinyanjui (Kenya), Spécialiste principal du programme, Division de la recherche, Centre de recherche pour le développement international, Nairobi. Klaus Hufner (Allemagne), Professeur, Université Libre de Berlin, Berlin. Tamas Kozjna (Hongrie), Directeur général, Institut hongrois pour la recherche en

éducation, Budapest. Yolanda M . Rojas (Costa Rica),Vice-Recteur d'Académie, Université de Costa Rica,

San José. Michel Vernières (France), Professeur de sciences économiques, Université de Paris I,

Panthéon-Sorbonne, Paris.

Pour obtenir des renseignements sur l'Institut s'adresser à : Secrétariat du Directeur, Institut international de planification de l'éducation, 7-9 rue Eugène-Delacroix, 75116 Paris, France.

L'ouvrage

La difficulté des jeunes sans qualification à s'insérer constitue u n

problème majeur, particulièrement difficile à résoudre. Aussi, toute

démarche qui tente d'y apporter des solutions innovantes mérite d'être

prise en compte avec attention.

A travers l'analyse de diverses initiatives de ce type, l'étude présentée

dans cet ouvrage examine différents mécanismes d'insertion professionnelle

de jeunes sans qualification.

La première partie de l'ouvrage est consacrée à la description de

plusieurs structures d'insertion (associations, organismes de formation,

entreprises d'insertion, entreprises publiques ou privées), toutes situées en

Région Parisienne, en France. Elle rassemble les informations recueillies

lors d'entretiens réalisés auprès de leurs organisateurs.

La seconde partie dresse u n bilan qui fait apparaître les éléments

suivants : identification assez précise d ' un public en difficulté aux

caractéristiques et aux exigences spécifiques, brouillage de la notion

classique d'insertion professionnelle, intervention de nouveaux acteurs qui

utilisent de nouveaux outils pour l'insertion, attente de résultats différente.

L'auteur

Muriel Poisson, jeune chercheur attachée au bureau du Directeur de

Г И Р Е , a m e n é l'enquête qui a fait l'objet de ce rapport, au cours d 'un stage

à l'Institut International de Planification de l'Education (IIPE) en 1995.