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DOSSIER DE SENSIBILISATION ECOCITOYENNETE 1 LES ENJEUX PRECARITE/RICHESSE (besoins, envies, richesse matériel, accident de la vie, …) Sommaire En savoir + ............................................................................................................. 1 Idées de séances ................................................................................................ 13 En savoir + Sources : - Rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale 2007-2008 - Insee - Alternatives économiques, numéro 237, juin 2005 - Le Monde diplomatique, mai 2000 - - Pour une éducation au développement et à la solidarité internationale, CRDP Franche- Comté - FSU – Fédération Syndicale unitaire - CERC – Conseil de l’Emploi des Revenus et de la Cohésion Sociale Il y avait 86 000 personnes SDF en France, dont 16 000 enfants en 2002. (source : INSEE) En France, les Restos du Coeur ont distribué au cours de l’hiver 85/86 : 8,5 millions de repas, 91/92 : 29 millions de repas, 2002/2003 : 70 millions de repas (source : les Restos du Coeur) 19,5 millions de personnes sont sans emploi dans l’Union Européenne soit 9% des actifs. (Source : Union Européenne 2004) 20 millions de la population française vivent en situation précaire (soit 1/3 de la population). (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) En 2004, en France, le nombre de bénéficiaire du RMI a bondi de 8,5 % pour atteindre 1,2 millions de personnes. (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) Avec la montée des CDD, de l’intérim et aujourd’hui des CNE, on constate des situations de pauvreté même chez des personnes ayant travaillé tout au long de l’année. (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) En France, des millions d’impayés énergétiques. La demande d’aides aux Fond de Solidarité Energie serait de 70 à 150 millions d’euros. (source : ADEME 2006)

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LLEESS EENNJJEEUUXX

�������� PPRREECCAARRIITTEE//RRIICCHHEESSSSEE (besoins, envies, richesse matériel, accident de la vie, …)

Sommaire

En savoir +........................................ ..................................................................... 1 Idées de séances ................................... ............................................................. 13

En savoir + Sources :

- Rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale 2007-2008 - Insee

- Alternatives économiques, numéro 237, juin 2005 - Le Monde diplomatique, mai 2000

- - Pour une éducation au développement et à la solidarité internationale, CRDP Franche-Comté

- FSU – Fédération Syndicale unitaire - CERC – Conseil de l’Emploi des Revenus et de la Cohésion Sociale

� Il y avait 86 000 personnes SDF en France, dont 16 000 enfants en 2002. (source : INSEE)

� En France, les Restos du Cœur ont distribué au cours de l’hiver 85/86 : 8,5 millions de repas, 91/92 : 29 millions de repas, 2002/2003 : 70 millions de repas (source : les Restos du Cœur)

� 19,5 millions de personnes sont sans emploi dans l’Union Européenne soit 9% des actifs. (Source : Union Européenne 2004)

� 20 millions de la population française vivent en situation précaire (soit 1/3 de la population). (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale)

� En 2004, en France, le nombre de bénéficiaire du RMI a bondi de 8,5 % pour atteindre 1,2 millions de personnes. (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale)

� Avec la montée des CDD, de l’intérim et aujourd’hui des CNE, on constate des situations de pauvreté même chez des personnes ayant travaillé to ut au long de l’année . (source : ONPES, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale)

� En France, des millions d’impayés énergétiques. La demande d’aides aux Fond de Solidarité Energie serait de 70 à 150 millions d’euros . (source : ADEME 2006)

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récarité, exclusion, RSA, chômage, droit au logement, sans abri, SDF, restaus du cœur, solidarité… Quotidiennement, l’actualité rappelle à la société que des hommes, des femmes, des enfants, subissent la pauvreté, ce scandale de notre

pays riche et développé. La France comptait en 2006 entre 4,2 et 7,9 millions de personnes pauvres dont près de 2 millions d’enfants touchés. Des images viennent nous heurter la veille des fêtes de fin d’année, l’hiver lorsqu’un SDF meurt de froid dans la rue. Mais bon nombre de situations sont mal connues ou muettes. Combien sont-ils à se faire expulser de leur logement ? Combien sont-ils à ne pas avoir accès aux soins ? Combien sont-ils à ne pas avoir de logement décent ou à entretenir les marchands de sommeil ? Combien sont-ils à bénéficier des aides sociales, ou caritatives, à enfler les files d’attentes des Restaurants du cœur ? Nouveau « phénomène » : la France compte 1,8 million de working poor , ces personnes qui bien qu’actives vivent dans un ménage pauvre. Le travail ne met donc personne à l’abri… Pauvreté en France Comment peut-on définir la pauvreté ? Une définition adoptée au niveau européen considère comme pauvres «les personnes dont les ressources matérielles, culturelles et sociales sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État dans lequel elles vivent. » (Conseil des ministres de l’Union européenne, 19 décembre 1984.) Cette définition met l’accent sur trois caractères essentiels de la pauvreté. C’est un phénomène dont la définition est pour part ie conventionnelle , dans la mesure où le concept de pauvreté identifie les individus désignés comme pauvres en fonction de critères élaborés à cet effet. C’est un phénomène multidimensionnel , qui ne peut être appréhendé par le seul revenu monétaire, mais doit aussi prendre en compte les conditions de vie des ménages pauvres. Enfin, l’étude des phénomènes de pauvreté privilégie en Fra nce une approche relative , c’est-à-dire liant la définition de la pauvreté au niveau de vie propre à la société considérée (à la différence des approches «absolues» de la pauvreté, qui mettent l’accent sur le fait de disposer d’un certain nombre de ressources «fondamentales») : est pauvre, au sens monétaire, une personne dont le niveau de vie est inférieur à une certaine fraction du revenu médian de la population.

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Nombre et taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté selon leur âge

en 2006

Champ : personnes vivant en France métropolitaine dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.

Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2006.

Femmes Hommes

nombre de pauvres (milliers)

taux (en %) nombre de pauvres (milliers)

taux (en %)

seuil 60%

seuil 50%

seuil 60%

seuil 50%

seuil 60%

seuil 50%

seuil 60%

seuil 50%

moins de 18 ans

1 142 632 17,6 9,8 1 216 665 17,8 9,7

18 à 24 ans 551 319 23,2 13,4 454 290 18,9 12,0

25 à 34 ans 470 254 12,0 6,5 369 206 9,5 5,3

35 à 44 ans 577 312 13,2 7,1 474 254 11,2 6,0

45 à 54 ans 516 304 12,1 7,1 429 249 10,6 6,2

55 à 64 ans 359 197 9,9 5,4 344 197 10,0 5,7

65 à 74 ans 224 71 8,5 2,7 172 60 7,7 2,7

75 ans et plus

397 162 13,6 5,5 168 44 9,3 2,5

ensemble 4 236 2 251 13,9 7,4 3 626 1 965 12,5 6,8

Le rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale 2007-2008 constate que « si la proportion de personnes situées sous le seuil de pauvreté monétaire n’augmente pas dans la population française, on constate une augmentation de l’intensité de la pauvreté. Cela signifie que le revenu médian des personnes pauvres s’éloigne du seuil de pauvreté. En somme, la population pauvre n’augmente pas numériquement, mais sa situation financière relative se dégrade. Les données associatives semblent confirmer le double constat d’une stabilité du nombre de personnes qui ont fréquenté un accueil ou un hébergement et du «décrochage» de la situation des personnes les plus démunies. » Une pauvreté plus importante dans certains territoi res

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La pauvreté est inégalement répartie sur l’ensemble du territoire. Le rapport présente une carte de France par département des taux de pauvreté, calculés par rapport au niveau de vie médian national. Cette carte se superpose sensiblement à celle qui décrit la proportion d’allocataires de minima sociaux dans chaque département. La juxtaposition de ces deux figures permet de disposer d’une présentation de la pauvreté qui fait apparaître des territoires particulièrement défavorisés dans le nord et l’est, sur le pourtour méditerranéen et dans les départements d’outre-mer. Cette approche territoriale est complétée par l’analyse de la situation des zones urbaines sensibles (ZUS), qui s’appuie sur les travaux produits par l’Observatoire des ZUS. La pauvreté dans ces zones tend à augmenter, même si les moyennes masquent des évolutions très différenciées selon les territoires. Une plus grande fragilité des personnes isolées L’isolement est un facteur majeur d’entrée dans la pauvreté, quel que soit l’âge de la personne concernée. Les familles monoparentales, parmi lesquelles les femmes sont largement majoritaires en tant que chef de famille, sont particulièrement touchées: une personne sur quatre vivant dans une famille monoparentale est pauvre au sens monétaire. La pauvreté en conditions de vie est également surreprésentée chez les personnes isolées. Sur le long terme, on observe une tendance à la réduction du taux de pauvreté des personnes âgées, à l’exception toutefois des personnes âgées isolées dont le taux de pauvreté est au contraire croissant. En outre, le minimum vieillesse fait l’objet d’un «décrochage» par rapport au seuil de pauvreté. Le rôle déterminant de l’emploi dans les trajectoir es Dans un contexte où la baisse du nombre de demandeurs d’emploi enregistrés à l’ANPE s’accompagne d’un développement de l’emploi précaire, l’emploi joue un rôle déterminant dans l’entrée ou la sortie de la pauvreté. L’emploi à temps plein continue à protéger de la pauvreté. Le taux de pauvreté des actifs en emploi est très inférieur à celui des inactifs, sauf en ce qui concerne les retraités. Toutefois, l’analyse de la situation des travailleurs pauvres montre que 1,7 million de personnes, soit 7% des travailleurs, occupent un emploi mais sont malg ré tout dans un ménage dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté . Leur situation s’explique à la fois par les conditions de leur emploi – temps partiel subi, discontinuité des contrats de travail – et par la composition de leur ménage. Droit et pauvreté : une relation en évolution La dignité des personnes repose en particulier sur leur reconnaissance comme sujets de droit et leur capacité à accéder aux droits reconnus à tous. L’accès aux droits des personnes en situation de précarité implique qu’elles soient accompagnées, tant pour accéder aux dispositifs qui leur sont destinés que pour accéder, le cas échéant, au système juridique qui leur permettra de faire valoir ces droits. Or l’analyse des rapports entre droit et pauvreté montre que le traitement juridique de la pauvreté a connu une importante évolution au cours des deux derniers siècles. À l’heure actuelle, nombre de droits fondamentaux proclamés par des instruments juridiques nationaux ou internationaux ne sont pas encore réellement accessibles aux personnes pauvres. Dix ans après la mise en œuvre de la loi de lutte contre les exclusions de 1998, la réflexion conduite par le séminaire « Droit et pauvreté » de l’Observatoire révèle ainsi plusieurs tensions : – entre la proclamation de droits universels et la création de dispositifs spécifiques pour les personnes précarisées, qui comportent un risque de stigmatisation;

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– entre l’émergence de prestations conditionnelles, comme cela a pu être le cas lors de la mise en place du contrat d’insertion pour les allocataires du RMI, et le développement d’un accompagnement social ou juridique approprié aux personnes les plus en difficulté ; – entre l’affirmation d’une notion d’opposabilité et la difficulté à rendre effectifs certains droits fondamentaux, comme le droit au logement dans un contexte de pénurie et de coût élevé du parc locatif. Les définitions statistiques de la pauvreté ne corr espondent pas toujours à la pauvreté perçue par l’opinion publique et les perso nnes concernées Selon l’approche monétaire, sont définies comme «pauvres» les personnes vivant dans des ménages dont le niveau de vie est inférieur à un montant donné, dit « seuil de pauvreté ». Ce seuil est calculé par rapport à la médiane des niveaux de vie. En effet, l’Insee, comme l’Institut européen de la statistique (Eurostat) et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative : le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian. En France, la perception de la pauvreté dans l’opinion publique est associée à un ensemble de phénomènes plus larges que le seuil de pauvreté monétaire retenu pour les enquêtes statistiques. La pauvreté est rattachée à des situations concrètes, comme l’incapacité de louer seul un appartement, le bénéfice du RMI ou du minimum vieillesse, le chômage de longue durée, voire la précarité de l’emploi. Ainsi, les personnes en CDD ou en intérim sont considérées comme pauvres par presque la moitié des sondés. Selon l’enquête réalisée pour le Secours populaire, les personnes interrogées considèrent qu’une personne seule disposant de moins de 1016 euros par mois peut être considérée comme pauvre, alors que le seuil « officiel» à 60 % du revenu médian était de 817 euros en 2005. Par ailleurs, les revenus des personnes pauvres sont plutôt surestimés par l’opinion publique. Ainsi, toujours selon le Secours populaire, plus des trois quarts des personnes évaluaient en 2005 le montant mensuel moyen du RMI à environ 900 euros – contre un montant moyen réel de 447 euros mensuels pour une personne seule. Le décalage entre la pauvreté perçue et la pauvreté définie conventionnellement peut aussi concerner la manière de rendre compte des conditions de vie des personnes pauvres: par exemple, les items retenus pour définir la pauvreté en conditions de vie ne reflètent pas l’intégralité des difficultés ressenties par les personnes pauvres. Ces décalages doivent amener à s’interroger sur la possibilité d’enrichir les indicateurs de pauvreté en faisant appel à l’expérience des acteurs de terrain et des personnes pauvres. De façon générale, la construction des indicateurs soulève la question du lien à établir entre la légitimité de la connaissance scientifique des instituts statistiques et des administrations et la légitimité de la connaissance de terrain des acteurs et associations. Une seconde question est celle de la participation directe des personnes en situation de pauvreté à la construction de la connaissance. La connaissance associative des situations de pauvr eté Outre les services qu’elles proposent aux personnes en difficulté, une des missions premières des associations est en effet d’interpeller l’opinion et les pouvoirs publics sur les phénomènes de pauvreté. Pour affermir leurs interventions, certaines associations (Secours catholique, FNARS…) utilisent leurs données propres ou analysent les données produites par d’autres. Pour ce faire, elles peuvent être

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conduites à professionnaliser leur système d’observation. Médecins du monde a ainsi constitué un Observatoire européen de l’accès aux soins, présent dans douze pays d’Europe. Au cours de la période récente, les outils d’observation utilisés par les associations se sont diversifiés, avec notamment la commande de sondages sur la population générale ou auprès du public accueilli. À titre d’exemple, l’association Emmaüs a procédé en novembre 2007 à une consultation comportant un sondage en population générale ainsi qu’à une enquête auprès des personnes hébergées dans les centres d’hébergement d’urgence et les centres d’accueil de jour qu’elle gère. 47% des personnes interrogées parmi le grand public estimaient alors qu’elles pourraient se trouver un jour sans abri. La collecte d’informations peut aussi être l’occasion d’engager des démarches partenariales. C’est le cas par exemple du collectif Combattre la solitude des personnes âgées, constitué à partir de l’association les Petits Frères des pauvres : il a conduit de janvier à mars 2006 une enquête auprès de 5000 personnes de plus de 60 ans, afin de « mieux comprendre l’isolement et la solitude des personnes âgées, de contribuer à sa prévention […] et de préciser les adaptations nécessaires aux actions conduites par les réseaux associatifs ». Cette enquête quantitative a été prolongée par des entretiens approfondis avec les personnes. Les investigations menées confirment l’isolement des personnes âgées ainsi que leur sentiment de solitude, qui s’accroît avec l’âge12. L’analyse des statistiques associatives contribue de façon importante à la connaissance de la pauvreté. Elles apportent une information sur des catégories de personnes échappant aux enquêtes statistiques et renseignent souvent plus vite que les données administratives sur les évolutions de la population accueillie et des problèmes rencontrés. Mais elles n’échappent pas aux limites de toute statistique et sont loin d’épuiser le potentiel de connaissance qui se développe au sein des associations. L’Observatoire a formulé des recommandations pour renforcer la contribution des associations à la construction de la connaissance de la pauvreté : fonction de veille avancée et d’alerte portant sur les formes émergentes de la pauvreté ; identification des trajectoires au travers des phénomènes de récurrence d’accueil et de l’accompagnement dans la durée des personnes. Droit et pauvreté La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, adoptée en 2000, affirme dans son article 1er le caractère inviolable de la dignité humaine . Sur la base de ce principe sont affirmés les droits fondamentaux reconnus par la charte, parmi lesquels figurent les droits sociaux. Le préambule évoque le lien entre l’affirmation du droit et son effectivité en postulant que le fait de rendre des droits fondamentaux plus visibles renforcera leur protection. Force est cependant de constater que de nombreux droits fondamentaux ou spécifiques ont fait l’objet de proclamations solennelles sans devenir pour autant accessibles ou effectifs pour les plus pauvres. En préfaçant le Code des droits contre l’exclusion, Martin Hirsch, alors président d’Emmaüs, écrivait en septembre 2006: « Le droit est la seule arme du pauvre. Encore faut-il que ce droit lui soit accessible. » Or de multiples obstacles compliquent la relation entre les personnes qui vivent des situations de précarité ou d’exclusion et le droit. Ces obstacles peuvent être liés à la nature des droits, aux modalités de leur gestion institutionnelle, ou encore à la distance qui sépare la culture de ceux qui élaborent et pratiquent le droit de celle des personnes qui vivent la pauvreté. Certaines associations comme ATD Quart Monde, Droit d’urgence, fondée en 1995

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par un collectif de professionnels du droit, ou Voisins et citoyens qui effectue un travail de proximité dans le sud de la France dans des zones parfois qualifiées comme de «non-droit » se sont fixé pour objectif de franchir cette distance et d’œuvrer pour la cohésion et la justice sociale à travers le respect et l’effectivité de la règle de droit, ou plus simplement du droit. Cela implique, au préalable, que ce droit soit reconnu et défini. En 1998, la loi de lutte contre les exclusions a défini les domaines dans lesquels les droits sociaux fondamentaux sont reconnus: « La lutte contre les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l’ensemble des politiques publiques de la nation. Elle tend à garantir sur l’ensemble du territoire l’accès effectif de tous aux droits fondamentaux dans les domaines de l’emploi, du logement, de la protection de la santé, de la justice, de l’éducation, de la formation et de la culture, de la protection de la famille et de l’enfance. » Dix ans auparavant, en 1988, la loi créant le Revenu minimum d’insertion reconnaissait à toute personne de plus de 25 ans le droit à un revenu minimum. Après 1998, plusieurs étapes législatives importantes ont consacré d’autres droits fondamentaux: le droit à une couverture maladie (1999), le principe de l’égalité des droits et des chances pour les personnes handicapées (2005), le droit au logement opposable, pour n’en citer que quelques-unes. Cela implique que les définitions soient simples et claires pour que le droit soit égal pour tous. L’analyse de l’accès aux droits ne peut se faire sans une réflexion globale sur la manière dont le droit traite la question de la pauvreté. Aujourd’hui, la reconnaissance de droits s’accompagne souvent d’une référence à des notions peu précises sur le plan juridique, comme la compensation, la contrepartie ou les devoirs, le contrat, l’opposabilité. Leur clarification serait d’autant plus nécessaire que la décentralisation de certaines politiques sociales, en particulier en matière d’insertion, risque de mener à des interprétations différentes selon le territoire et d’accentuer les inégalités. Cela implique, enfin, de réconcilier les personnes et le système juridique dans lequel elles vivent. Bien souvent les trajectoires des personnes qui vivent la précarité, la pauvreté ou l’exclusion ont pour origine un événement qui avait une dimension juridique et dont les conséquences ont été vécues de manière dramatique : perte d’emploi, expulsion d’un logement, séparation, non-renouvellement à temps d’un titre de séjour, ou surendettement. La pauvreté à l’école La pauvreté à l’école revêt de multiples facettes. Les disparités et les inégalités de trajectoire se mesurent dès le début de la scolarité. C’est progressivement qu’elles s’installent dans le parcours scolaire des élèves. Des inégalités dès le premier contact avec l’école : Dès la maternelle, des inégalités sociales sont visibles, particulièrement marquées dans le domaine de la logique verbale : à 4-5 ans, l’écart entre enfants de cadres (supérieurs et moyens) et enfants d’ouvriers non qualifiés est important. Sur l’ensemble de la scolarité primaire, l’avantage initial dont bénéficient les enfants de milieu favorisé dès leur entrée en maternelle n’est pas entamé. Même si les écarts sociaux ne se creusent que discrètement, année par année, à l’école maternelle et à l’école primaire, une logique d’accumulation des difficultés est bien en place, préfigure et détermine très tôt le parcours scolaire des enfants pauvres.

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Des inégalités dans les choix scolaires : les élèves entrent donc en 6ème avec un niveau fort inégal : en mathématiques somme en français, les 10% d’élèves les plus forts réalisent des performances environ trois fois supérieures aux 10% les plus faibles, sachant que le milieu social est associé à cette disparité des niveaux scolaires, tout en étant loin de l’expliquer entièrement. A ces inégalités de réussite, viennent s’ajouter, à partir du collège, des inégalités tenant spécifiquement aux choix scolaires. Ces choix d’options ou d’établissement ne sont jamais sans rapport avec le milieu social de l’enfant. Pauvreté et difficultés scolaires sont étroitement liées :

- Les logements exigus qui ne permettent pas l’isolement pour travailler. - Les enfants pauvres sont plus souvent exposés à un certain nombre de

nuisances : bruit et insécurité. - La concentration par le biais de la carte scolaire des élèves en difficultés

dans les établissements implantés dans des quartiers défavorisés. - Les outils essentiels pour réussir à l’école ne sont pas à la disposition des

élèves. Un enfant qui vit dans une famille pauvre « bénéficie » a priori de conditions moins propices à la réussite scolaire. Ses parents n’ont pas la possibilité de lui offrit le matériel scolaire ou avoir sa propre chambre et autres moyens d’éveil, cours de soutien, sorties culturelles, etc.

De plus, un nombre important de parents étant faiblement diplômés, comme le démontrent de nombreux rapports, ils sont souvent moins aptes à accompagner leurs enfants dans les études. De ce fait, l’enfant pâtit d’un faisceau de facteurs environnementaux susceptibles d’entamer ses chances de réussite scolaire voire d’avenir professionnel. D’autres facteurs plus indirects : contacter que ses propres parents sont en difficultés peut amener l’enfant à penser que lui non plus ne peut pas y arriver ou produire à l’inverse un comportement autodestructeur en s’interdisant, dans certains cas, de faire mieux que ses propres parents. La pauvreté alimente l’échec scolaire : c’est une véritable mécanique qui se met en route :

- L’échec scolaire : le risque d’accumuler des retards scolaires est trois fois plus élevé pour les familles aux revenus plus modestes que pour les familles les plus aisées.

- Les sorties prématurées su système scolaire. - Accès plus difficiles au second cycle général et technologique. - Des vœux d’orientation moins ambitieux, très souvent par défaut, une

auto sélection opérée par les familles excluant les études longues. - Une sur représentation dans les redoublants.

La reproduction des inégalités et le cumul des difficultés font partie des

caractéristiques les plus injustes de la pauvreté : un enfant pauvre est plus susceptible qu’un autre

de devenir un adulte pauvre. (+ cf. � ENJEUX INIQUITE EDUCATION)

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La pauvreté dans le monde 1/3 de la planète vit dans l’extrême pauvreté . La pauvreté sévit partout dans le monde : 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim, 900 millions vivent dans les bidonvilles, 1 milliard ne savent ni lire ni écrire. 2 habitants sur 5 vivent avec moins de 2€ par jour et 1habitant sur 5 vit avec moins de 1€ par jour. (source : Banque Mondiale 2003)

CF carte suivante (monde diplomatique mai 2000)

Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, classés selon l’indicateur de développement humain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Malnutrition, pauvreté, illettrisme, situation sanitaire désastreuse... le continent est la première victime du creusement des inégalités dans le monde. Si de 1960 à 1980, les pays d’Afrique ont enregistré des progrès sensibles en matière de développement économique et social, ces progrès se sont ralentis, notamment du fait des effets désastreux des plans d’ajustement structurel menés par les institutions financières internationales.

Sources : World Resources Institute (WRI), Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Banque mondiale, Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

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250 millions d’enfants travaillent dans le monde (1 sur 4)

Différents degrés de pauvreté :

D’après le livre de Patrick Gilliard, « L’Extrême pauvreté au Niger : mendier ou mourir ».

FRUGALITE • Capital productif juste suffisant • Réseaux sociaux : importance des échanges qui font

disparaître le sentiment d’être pauvre • Allers-retours campagne/ville = commerce de

proximité

VULNERABILITE • Capital productif insuffisant (selon les sécheresses, la difficulté à réaliser la soudure)

DECAPITALISATION • Endettement • Isolement car les réseaux sociaux ne fonctionnent

que sur la base de la réciprocité = capacité à rendre

PRECARITE • A la merci du moindre aléa (SIDA, ruptures d’équilibre…)

GRANDE PAUVRETE

• Plus de terre à cultiver • Travail salarial rare

• Départ pour les villes dans les ceintures de pauvreté • Multiplication des mendiants

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Pour aller plus loin : Que doit-on entendre par pauvreté ? Ne pas pouvoir répondre à toutes nos envies ? ou ne pas pouvoir répondre à nos besoins essentiels ? précarité = absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. Le concept de "besoins" et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus g rande priorité. Doivent être considérés comme des droits fondamentaux :

- la sécurité et l'autonomie alimentaire, - le droit à l'emploi et au revenu dans des conditions décentes - les droits politiques et syndicaux - l'égalité entre les hommes et les femmes - les droits à la protection sociale - le droit à l'éducation et la culture - le droit à un environnement sain - l'accès aux biens publics mondiaux comme l'eau, l'air et les connaissances

scientifiques. Considérer ces besoins fondamentaux comme des droits signifie qu'ils résultent d'une construction sociale. Ces besoins et droits définissent des objectifs à atteindre pour l'humanité. (source : "Quel développement pour une économie solidaire et économe ?" Article ATTAC publié le 15/04/2004) + cf. chapitre ( ALTERNATIVES : le Développement)

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Idées de séances � Photo-langage Objectif pédagogique : dialoguer sur nos perceptions de l’iniquité précarité/richesse Cette activité permet d’amorcer une discussion et de changer nos préjugés et notre regard sur les populations pauvres. Choisir un thème : faim, éducation, santé… Préparer un certain nombre de photos (6 à 15) sur la thématique. En petit groupe (3 à 10 enfants) Affichez les photos sur un mur ou mette-les sur une table. Chaque enfant choisit rapidement une photo, une situation qui l’intéresse. A tour de rôle chacun décrit sa photo et justifie son choix. L’enseignant peut poser des questions pour aider les jeunes à mieux s’exprimer par rapport aux photos et favoriser un échange. En grand groupe, après un premier d’échange en petit groupe, un rapporteur du groupe donne les impressions de son groupe sur la photo. Un échange en grand groupe peut être alors amorcé/ Pour faire parler les enfants à partir d’une photo : Où la photo a-t-elle été prise ? Sur quel continent ? Dans quel pays ? A la campagne ? en ville ? Décris le lieu de la scène. Ce leu ressemble –t-il à ton pays, ta ville ? Qu’est-ce qui est différent ? Semblable ? que vois-tu sur la photo ? que font les personnes ? Imagine la vie des personnes.

Cette fiche a été réalisée par Cool’eurs du monde et le CREAQ

avec le concours financier de

avec le concours de