Enfants du Mékong magazine 169

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Enfants du Mékong AIDE À L’ENFANCE DU SUD-EST ASIATIQUE N°169 SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 2,40 MAGAZINE www.enfantsdumekong.com THAÏLANDE Le tourisme pour les Karens Webdocumentaire Au cœur du Au cœur du mal-logemen mal-logement philippin philippin

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Philippines : Manila-Moneyla, au cœur du mal-logement philippin Thaïlande : Une Thaksin chasse l’autre Thaïlande : « Les touristes de Mae Sot seront reçus par les habitants de Mae Sot » Vietnam : Heurs et malheurs des Hauts-Plateaux Perspectives : François, Christine et les autres Chronique d’Asie : Mariage en pays khmer Enfants du Mékong magazine est la publication de l'ONG du même nom. Magazine d'information sur l'Asie du Sud-Est (Laos, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Philippine, Yunnan), il permet également aux parrains, donateurs et amis de l'association de se tenir informé et de recevoir des nouvelles des filleuls et des bénéficiaires de l'aide d'Enfants du Mékong

Transcript of Enfants du Mékong magazine 169

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Enfantsdu MékongA I D E À L ’ E N F A N C E D U S U D - E S T A S I A T I Q U E

N°169SEPTEMBRE -

OCTOBRE 20112,40 €

MAGAZ INE

www.enfantsdumekong.com

THAÏLANDELe tourisme

pour les Karens

Webdocumentaire

Au cœur duAu cœur dumal-logemenmal-logementtphilippinphilippin

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Passage de flambeau 3

Philippines Manila Moneyla : au cœur du

mal-logement philippin 4

Thaïlande : Une Thaksin chasse l’autre 8

Asie du Sud-Est En bref 9

Thaïlande : « Les touristes de Mae Sot

seront reçus par les habitants de Mae Sot » 10

Vietnam : Heurs et malheurs

des Hauts-Plateaux 13

En direct 14

PerspectivesFrançois, Christine et les autres… 15

Notre actionComment nous aider ? 16

Nos délégations Agenda,

échos, annonces 18

Courrier 19

Chronique d’Asie Mariage en

pays khmer 20

Livres 22

Points chauds

Éditorial

Regards sur l’Asie

Découvrir

Agir

Rédaction MAGAZINE5, rue de la Comète 92600 Asnières-sur-Seine • Tél. : 01 47 91 00 84 • Fax : 01 47 33 40 44 • Fondateur René Péchard (†) • Directrice de la publicationChristine Lortholary-Nguyen • Rédacteur en chef Geoffroy Caillet • Rédacteur Jean-Matthieu Gautier • Couverture Dans le bidonville de Navotas© Jean-Matthieu Gautier • Maquette Florence Vandermarlière • Impression Éditions C.L.D. 91, rue du Maréchal-Juin 49000 Angers •Tél. : 02 47 28 20 68 • I.S.S.N. : 0222-6375 • Commission Paritaire n° 1111G80989 • Dépôt légal n° 910514 • Tirage du n°169 : 24 000 exemplairesPublication bimestrielle éditée par l’association Enfants du Mékong • Présidente Christine Lortholary-Nguyen • Présidents d’honneurFrançoise Texier, François Foucart • Directeur général Yves Meaudre • Abonnement (1 an, 5 numéros) : 12 euros

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> Sommaire n°169

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> Éditorial

A près avoir assumé pendant dix ans la présidence d’Enfants du Mékong,François Foucart me passe le flambeau. Je tiens à le remercier pour la gran-

de liberté d’expression qu’il nous a laissée au sein du conseil d’administration.Il restera présent parmi nous en m’assistant en tant que président d’honneur.

Bien sûr, notre action demeurera la même : l’aide aux enfants les plusdémunis du Sud-Est asiatique. Notre but est de les aider, par l’éducation, à

trouver une place décente dans la société. Comme nos propres enfants, nous les guidons aussiloin que leurs capacités le leur permettent : école primaire, secondaire, supérieure, formationprofessionnelle. À travers nos foyers, nous leur léguons des valeurs morales qu’ils ont parfoisdu mal à trouver dans des pays où la corruption est omniprésente.

Œuvrant contre la pauvreté, nous ne pouvons ignorer l’énorme problème des bidonvilles. Ceux-cicroissent à une vitesse vertigineuse. D’ici 2025, leur population aura doublé à travers le mondepour atteindre 1,5 milliard. Pour mieux comprendre le phénomène et les motivations qui poussentces populations rurales à aller s’entasser dans des mégalopoles, nous avons envoyé en 2010 unvolontaire, Jean-Marc Oswald, aux Philippines. Il y a vécu plusieurs mois, est entré en contactavec d’autres ONG locales. Il est revenu avec un énorme dossier à partir duquel nous travaillons.Un webdocumentaire qui s’appuie sur cette enquête vient d’être réalisé par Jean-MatthieuGautier (cf. p. 4-7). Je ne peux que vous encourager à le visionner sur internet.

Plus nous avançons dans notre action et dans la connaissance des populations que nousaidons, plus nous nous rendons compte de l’immensité des besoins. Dans ces pays dits émer-gents, les écarts de pauvreté ne font que s’accroître. Plus que jamais, nous avons besoin de votreaide pour nous faire connaître et nous aider financièrement. Guillaume d’Aboville vous détaille(p. 16-17) plusieurs manières de nous soutenir selon les moyens et la sensibilité de chacun.Nous ne pouvons agir que grâce à vous. Nous essayons de gérer le mieux possible les dons quevous nous confiez. Preuve en est le label IDEAS que nous venons d’obtenir cette année. Il recon-naît la bonne gestion financière et le suivi de l’efficacité de notre action.

Merci à tous, parrains, amis, bienfaiteurs !

Christine Lortholary-NguyenPrésidente d’Enfants du Mékong

Passage de flambeau

MAGAZINE N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 � 3

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À découvrir à partir du 14 octobresur www.lavie.fr

Un webdocumentaire réalisé par Jean-Matthieu Gautier pour Enfants du Mékong

Enfants du Mékongprésente

en partenariat avec

La Vie.fr

MANILAMONEYLA

aucœur du mal-logement philippin

ENTRER

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Webdocumentaire réalisé en partenariat avec lavie.fr, Manila Moneyla est une enquête interactive au cœur dumal-logement philippin.À travers des diaporamas photos commentés et agrémentés de sons d’ambiance, l’internauteest invité à visiter différents quartiers de Manille où vivent des familles victimes du mal-logement. Il peut alorsdécider de rencontrer les habitants ou de poursuivre sa route vers d’autres situations et d’autres quartiers.

Par le biais d’un simple clic, une carte lui permet de toujours savoir où il se trouve dans la ville et de revenir visi-ter un quartier où il serait passé rapidement. Il peut aussi décider d’en savoir davantage sur une situation particu-lière grâce à de petits « focus » disséminés dans chaque séquence.

Tournéaumoisde février2011,cewebdocumentaire s’appuie suruneenquête réaliséeen2010par Jean-MarcOswald,volontaire envoyé par Enfants duMékong, sur les causes et les conséquences de l’exode rural aux Philippines.

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Avec près de 20 millionsd’habitants, Manille est l’unedes mégalopoles les plus peuplées

d’Asie. Pourtant, près de la moitiéd’entre eux vivent dans desbidonvilles. Ils ont quitté leurprovince pour fuir une misère

qu’ils retrouvent finalement en ville.Texte et photos : Jean-Matthieu Gautier

200 Km

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Manille

PHILIPPINES

Manila Moneyla :au cœur du mal-logement philippin

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Points chauds > Philippines

Manila Moneyla : c’est ainsi quel’on désigne Manille dans les

campagnes depuis les années 60. Enquarante ans, la capitale des Philip-pines s’est forgé une réputation deville lumière où l’argent coulerait àflot, une ville « qui brillerait aux yeuxdes plus pauvres », selon le souhait duprésident dictateur Marcos… Engrande partie détruite pendant laSeconde Guerre mondiale lors des com-bats qui opposèrent soldats américainset japonais, la ville a dû faire appel àune main-d’œuvre essentiellement pro-vinciale pour se reconstruire. Maçons,charpentiers, peintres… une généra-tion entière de petites mains non spé-cialisées mais attirées par le travail estvenue en foule à Manille.

Certains sont restés, d’autres sontrepartis. C’est par ceux-ci que s’est pro-pagée la nouvelle : Manille est uneville de l’argent facile, une ville oùn’importe qui peut trouver du travail.Une demi-vérité, car avec un taux dechômage récemment évalué à 27,2%pour l’ensemble du pays et à près de

50% dans les bidonvilles, la réalité estautrement plus complexe. Surtout, ceschiffres ne rendent pas compte d’unecaractéristique des bidonvilles : lenombre d’habitants qui exercent untravail régulier y est très faible. La plu-part d’entre eux doivent se contenterde petits jobs à l’heure ou à la jour-née. Naturellement sous-payés.

Déloger les squatteursQuoi qu’il en soit, le mal est fait :Manille est la ville de l’argent facile etc’est là-bas qu’il faut être. Quand lesfamilles arrivent, elles s’installentd’abord sur un bout de trottoir, puisdisposent quelques cartons, quelquespalettes de bois, improvisent un toit…Elles troquent leur dialecte local contrele tagalog, la langue parlée à Manille,se mettent en quête d’un travail. Elless’arrangent. Puis d’autres familles arri-vent à leur tour. S’installent à côtéd’elles, s’étalent. C’est un bidonville.La municipalité ne sait pas quoi faire :toute cette misère pollue le paysage.Si un riche investisseur coréen passait

dans le quartier, que penserait-il ? Dureste, l’emplacement où les famillesont élu domicile et qu’elles suppo-saient – à tort – libre est appelé àaccueillir un centre commercial flam-bant neuf. Il faut déloger les squat-teurs, comme sont désignés les habi-tants des bidonvilles. Pour cela, deuxsolutions : payer un groupe de petitsmalfrats qui iront mettre le feu aubidonville en catimini ou déloger leshabitants en leur proposant d’allers’installer à l’extérieur de Manille, dansdes centres de relogement.

Échapper au mal-logementLa plupart du temps, le relogement estbancal. Les relogés sont livrés à eux-mêmes sur un terrain où ils disposentde maisonnettes certes plus confor-tables, mais où aucune structure n’estprévue pour leur permettre de trou-ver du travail. Les gens ont un toitmais rien dans leur assiette. Beaucoupdécident alors de retourner à Manille.Et recommence alors le cycle du mal-logement : bout de trottoir, bout decarton, amorce de bidonville, expul-sion, relogement.

Pourtant, le problème n’est pas inso-luble. Grâce à l’action de certaines ONGet de mouvements d’Église, plusieursbidonvilles ont réussi depuis quelquesannées le pari d’échapper au cycle dumal-logement et de vivre dans desendroits plus sains. C’est aussi cettepossibilité de s’en sortir que l’ondécouvre dans le webdocumentaireManila Moneyla. �

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� Capture d’écran de la séquence CIMETIÈRE-BIDONVILLE DE NAVOTAS/La vie au milieu des morts. L’internaute est invité à se

promener entre les allées du cimetière municipal de Navotas, peu à peu transformé en bidonville par les habitants.

� Capture d’écran du menu « Rencontre » de la séquence CALAUAN-LAGUNA/Centre de relogement poubelle. Après s’être pro-

mené dans les ruelles tirées au cordeau de ce centre construit pour reloger d’anciens habitants de Manille expulsés de leur bidon-

ville, l’internaute a la possibilité de rencontrer certains d’entre eux.

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Regards sur l’Asie > Thaïlande

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Thaïlande : uneThaksin chasse l’autreLes élections législatives de juillet ont permis leretour au pouvoir du clan Shinawatra, par le biaisde la sœur de l’ancien Premier ministre Thaksin.Par Geoffroy Caillet

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l’image d’une poupée manipulée, qui nesatisfait ni les observateurs politiquesni les membres d’organisations fémi-nistes thaïlandaises.

Vers la réconciliation ?Posture politique ou pas, c’est en prô-nant l’unité et la réconciliation que Yin-gluck Shinawatra a fait ses premiers pasde chef de gouvernement. Un préludeindispensable dans un pays divisé,depuis la chute de son frère en 2006,entre « chemises rouges », partisans deThaksin et d’un électorat populaire, et« chemises jaunes », fidèles aux élitestraditionnelles représentées par lepalais royal, les hauts fonctionnaires,l’armée et le monde urbain. Leursaffrontements avaient fait près de 100morts en plein Bangkok en avril et mai2010 (cf. EdM n°163). Une prudence deprincipe a ainsi présidé à la composi-tion de son gouvernement : il necompte aucun leader des chemisesrouges, qui ont pourtant contribué à savictoire du 3 juillet.

Conséquence mécanique du retourau pouvoir d’un membre du clan Shi-nawatra, la nomination de Yingluck aeu un effet immédiat d’apaisement surles relations avec le Cambodge, dontle Premier ministre Hun Sen est restéun grand ami de Thaksin : l’offre qu’illui avait faite d’un poste de conseilleréconomique du gouvernement cam-bodgien avait, en son temps, fait grin-cer des dents le prédécesseur de Yin-

gluck, Abhisit Vejjajiva, aujourd’huirelégué dans l’opposition. Un rappro-chement qui fait espérer que lesaffrontements autour de la zone fron-talière de Preah Vihear, objet de litigeentre les deux pays, ne devraient pasrecommencer de sitôt. Pour le reste,Yingluck Shinawatra est, sans surprise,attendue au tournant.�

L e sentiment que les scénaristesdu feuilleton politique thaïlan-

dais sont en panne d’inspiration estmonté d’un cran cet été avec la victoiredu Puea Thai, la coalition menée parYingluck Shinawatra aux élections légis-latives de juillet, suivie de l’accessionde cette femme d’affaires de 44 ans auposte de Premier ministre. Affaires :c’est bien le mot qui vient à l’esprit àl’évocation du plus célèbre patronymede Thaïlande. Celles dont s’occupait Yin-gluck, présidente du groupe immobilierSC Asset Corp., une pièce du florissantempire familial, jusqu’à son élection.Mais surtout celles attachées à sonfrère, le milliardaire Thaksin Shinawa-tra, chef de gouvernement déchu etexilé à Dubaï depuis son inculpationpour malversations financières.

En présentant sa sœur cadette commeson « clone », Thaksin a préparé l’écra-

sante victoire de cette diplômée desciences politiques mais novice en lamatière, entrée dans la campagne deuxmois à peine avant le scrutin. Elle-même a exploité ouvertement le lienfamilial vis-à-vis de l’électorat rural de

son frère à coups de : « Si vous l’aimez,vous m’aimez »…Mais, ce faisant, Thak-sin n’a laissé aucun doute sur son inten-tion de continuer à mener, à travers elle,la politique thaïlandaise depuis son exil.Le physique avantageux de Yingluck Shi-nawatra, très largement commenté pen-dant la campagne, achève de donner dunouveau Premier ministre thaïlandais

En présentant sa sœur cadette comme son« clone »,Thaksin a favorisé l’écrasantevictoire de cette novice en politique.

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MAGAZINE N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 � 9

Le second procès des Khmersrouges se heurte à une nouvelle

difficulté : l’âge avancé des accusés, qui fait craindreun report du procès. Par Geoffroy Caillet

L es accusés avaient eux-mêmes lar-gement exploité cet argument dès

l’ouverture de leur procès, fin juin : leurgrand âge, qui faisait déjà craindrel’impossibilité de leur comparutiondevant le tribunal de Phnom Penh, où ilssont jugés pour génocide, crimes deguerre et crimes contre l’humanité.

Khieu Samphan, ancien président duKampuchéa démocratique, Nuon Chea,théoriciendu régimedePol Pot, IengSary,

Excepté une parenthèse lors del’occupation de l’aéroport de Bang-

kok par des milliers de manifestants fin2008, l’incertitude politique qui agite laThaïlande depuis cinq ans n’a pas entaméla fréquentation touristique du pays. Onpourrait même croire à un effet dopant,comme le montrent les chiffres d’uneenquête gouvernementale citée par leBangkok Post. De 16,5 millions en 2010,le nombre des touristes pourrait passer à19,5 millions d’ici la fin de l’année.

Le sentiment tenace du touriste français d’y croiser nombre de compatriotesnationaux ou européens est pourtant à corriger. C’est auprès de ses voisins d’Asie– Malaisie, Chine, Japon, Corée – que la Thaïlande enregistre ses taux de fréquen-tation les plus élevés. En nette progression, Russes et Indiens ne sont pas enreste, devant des Européens représentés d’abord par les Britanniques. SuiventLaotiens, Australiens et Américains. C’est seulement ensuite qu’on trouve d’autrespays européens comme la France ou l’Italie.

Avec 20% d’augmentation sur un an, le tourisme conforte son rôle moteur dansl’industrie d’un pays qui pourrait s’enrichir cette année grâce à lui de près de 770milliards de bahts, soit 18 milliards d’euros. Un encouragement mais aussi un défipour le nouveau gouvernement (cf. p. 8), qui sait que la stabilité politique reste,malgré ces résultats encourageants, le meilleur gage de croissance du secteur. � G.C.

de « démence de type Alzheimer » quiaffaiblit ses qualités cognitives et pour-rait compromettre l’équité de son pro-cès. Des examens complémentaires ontaussitôt été demandés par le tribunal.Un nouveau délai qui rend surtoutl’issue de ce procès-fleuve un peu plusincertaine aux familles des victimes.�

Khmers rouges :limite d’âge ?

Mékong-ExpressCHINE : PAS D’ÉCOLE POURLES MIGRANTSC’est une conséquence attendue del’afflux massif des mingong, cespaysans chinois qui migrent versles villes depuis des années pourfuir des conditions de vie misé-rables. À la rentrée, des centainesd’enfants scolarisés dans une tren-taine d’« écoles pour migrants »ont trouvé porte close dans plu-sieurs districts de Pékin. L’absenced’habilitation ou les problèmes desécurité avancés par les autoritéscachent mal leur volonté de limiterainsi le nombre des migrants enville. Détenteurs de permis de rési-dence temporaire ou sans-papiers,ils seraient, d’après les autoritésmunicipales, presque aussi nom-breux aujourd’hui que les Pékinois.La mesure vise particulièrementles familles qui n’occupent pasd’emploi régulier et qui, faute depouvoir scolariser leurs enfants,seront contraintes de regagner lesprovinces rurales.

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Regards sur l’Asie > Asie du Sud-Est

Thaïlande : le tourismea le vent en poupe

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Thaïlande

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Phnom Penh

100 Km

l’ancien ministre des Affaires étrangères,et son épouse Ieng Thirith, ancienneministre desAffaires sociales, ont en effettous aujourd’hui de 79 à 85 ans. À 68 ans,Douch, l’ancien chef du centre de tortureS-21 condamné l’année dernière à 35 ansde réclusion, faisait figure de benjamin.

Les tests médicaux et psychiatriquesauxquels un gériatre néozélandais, JohnCampbell, a soumis Ieng Thirith, lui ontpermis de conclure fin août à un état

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Regards sur l’Asie > Thaïlande

10 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

« Les touristes de MaeSot seront reçus par leshabitants de Mae Sot »

AnciennevolontaireBambou,Isaured’Allardcoordonneune école

hôtelière qui vientd’ouvrir ses portes

à Mae Sot, dans lenord de la Thaïlande.Son but : permettre à desjeunes de la minoritékaren de s’approprierles bases d’un tourismeresponsable. Interview et

photos : Jean-Matthieu Gautier

Phnom Penh

Vientiane

Golfe deThaïlande

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CAMBODGE

LAOS200 Km

Golfe deThaïlande

Mékong

Bangkok

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Mae Sot

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Quel constata amené àla création decette écolehôtelière ?Tout est parti dupère Alain Bour-dery, un prêtre

des Missions étrangères de Paris qui atravaillé avec de nombreuses structurespour soutenir les communautés mon-tagnardes, parmi lesquelles Enfants duMékong et l’IECD (Institut européende coopération et de développement).Pendant ses 10 ans de présence ici, ila vu la région évoluer à une vitessefolle – notamment au point de vuetouristique.

Omniprésent dans le nord de la Thaï-lande, le tourisme commence à seheurter aux limites de son modèle : lestouristes sont sans cesse à la recherchede lieux authentiques, d’une certaineidée d’un retour aux sources, et sontanimés par un besoin de découvertede cultures originelles. Mae Sot portece potentiel et les touristes sont prêtsà y affluer. Mais comment éviter lesstigmates du développement brutal dûà cette fréquentation ? Une solution :les touristes de Mae Sot seront reçuspar les habitants de Mae Sot.

En quoi consiste la formationdes futurs diplômés et quelsdébouchés s’offrent à eux ?Elle entend avant tout répondre auxstandards de l’hôtellerie internationale,c’est-à-dire aux besoins des profession-nels de Bangkok et de Chiang Mai, lesdeux plates-formes touristiques dupays. Pour cela, notre comité de for-mation est constitué de représentantsdes villages de la région de Mae Sot,de professionnels de l’hôtellerie et dela restauration, mais également deréférents de l’Éducation nationale.Nous souhaitons en effet doter lesélèves d’un bagage généraliste.

Pendant deux ans, ils suivent uneformation principalement axée sur lapratique et se retrouvent en stage pourdeux périodes de quatre mois. En sor-tant de l’école, les étudiants devrontconnaître l’ensemble des gestes de laprofession. C’est pourquoi notre centrecomprend un restaurant et une cuisined’application, ainsi qu’un hôtel de cinq

chambres. Mais ils auront aussi profitéde cours d’informatique, d’anglais etégalement de karen, pour leur per-mettre de se réapproprier leur langued’origine et les bases de leur culture.Tous les jeunes sont pensionnaires denotre établissement, ce qui leur per-met de renouer avec une ambiancefamiliale.

Quel est le profil des élèvesqui forment la première pro-motion de l’école hôtelière ?Nous accueillons des élèves de l’ethniekaren, la plupart issus de famillesmodestes, qui vivent dans des villages

montagnards et dont le niveau scolairecorrespond à celui de la troisième enFrance. Il nous semblait en effet judi-cieux de travailler avec un groupe dejeunes qui ont les mêmes repères etles mêmes références culturelles, afind’organiser les activités et de définirla politique de l’ensemble du centre deformation.

Cette formation pourra enfin donnerune alternative aux Karens.

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12 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

UUNN PPRROOJJEETT ÀÀ TTRROOIISSPPoorrttéé ppaarr uunnee OONNGG llooccaallee,, TTBBCCAAFF ((TTaakkBBoorrddeerr CChhiilldd AAssssiissttaannccee FFoouunnddaattiioonn)),, ccee pprroojjeett eesstt ééggaalleemmeenntt ssoouutteennuu ppaarrEEnnffaannttss dduu MMéékkoonngg eett ll’’IIEECCDD..

Les Karens et les minoritésethniques semblent peu repré-sentés dans l’industrie touris-tique thaïlandaise…Ils sont en réalité fortement présents,surtout à Chiang Mai. Mais ils y occupentmalheureusement des postes peu qua-lifiés. En effet, la formation techniqueest très faible en Thaïlande. Les employésdu secteur y sont majoritairement for-més en interne, mais les professionnelssouffrent de ce système car il entraîneun turnover très important : les per-sonnes formées sont débauchées par lesétablissements concurrents, qui veulentune main-d’œuvre prête à travailler,même si cela implique une rémunérationplus élevée. Découragés par ce système,les professionnels du secteur ont prisl’habitude de faire appel à une main-d’œuvre très bon marché et la font tra-vailler sur le tas. C’est le cas de nombreuxKarens, à qui nous souhaitons donnerune alternative en leur proposant uneformation professionnalisante.

Comment avez-vous été amenéeà diriger ce centre de formation ?Je ne le dirige pas exactement. Malheu-reusement peut-être, car nous sommestoujours frustrés de ne pouvoir organi-ser les choses comme nous le souhai-tons. Heureusement aussi, car les cri-tères de management ne sont pas lesmêmes et particulièrement compliquésdans cette « culture du sourire ». Je suisdonc coordinatrice, chargée de la com-munication entre TBCAF (cf. encadré)et l’IECD pour la mise en œuvre du pro-jet. J’avais passé trois ans dans larégion en tant que coordinatrice de pro-grammes de parrainage d’Enfants duMékong. Cette belle expérience, cou-plée à une formation en gestion dudéveloppement, me donnait quelquesarmes pour répondre à ce poste. �

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Regards sur l’Asie > Vietnam

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Heurs et malheurs des Hauts-PlateauxConvoités pour leurs ressources naturelles, lesHauts-Plateaux du Vietnam abritent aujourd’huides populations désemparées. Par Anh Duong

les moyens. Dans son village, la plupartdes enfants arrêtent l’école en fin decollège, faute de ressources. Les parentsde Tuyen sont sur liste d’attente pourobtenir une « maison d’affection » : unepetite maison en dur financée par uneœuvre charitable ou, partiellement, parles autorités locales. Réservée auxfamilles les plus pauvres, cette aide viseà répondre à l’objectif fixé par le gou-vernement de faire disparaître lespaillotes.

Derrière l’incapacité ou le manque devolonté de développer des projets delong terme, se tapit aussi une forme desinisation des Hauts-Plateaux. À 20 kmde Bao Loc, en direction de Dalat, uneville 100% chinoise a éclos. Si les

mariages mixtes favorisent la sinisationrégionale, de plus en plus de Vietna-miens voisins de la ville chinoise démé-nagent, mal à l’aise avec une classeouvrière arrogante et largement com-posée d’anciens repris de justice, d’aprèsce qui se raconte autour de Bao Loc.Pour les populations locales, le béné-fice est nul. Dans ce contexte, difficilede ne pas voir dans les Hauts-Plateauxle parent pauvre d’un Vietnam de lacroissance vanté partout à cor et à cri. �

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D a Teh est proche de l’une des« nouvelles zones économiques »

du Vietnam. Une création qui visait àdésenclaver les populations réfugiéesdans le Sud Vietnam après la guerre, enles envoyant sur des terrains exploi-tables où ils puissent développer uneactivité économique. Aujourd’hui, beau-coup subissent encore les conséquencesdésastreuses de ces déplacements. Lescadres se sont souvent octroyé lesmeilleurs terrains, laissant aux paysansles parcelles stériles. Aucune mesureconcrète n’a été mise en place pour per-mettre aux villageois de retrouver uneactivité économique viable.

Pourquoi un tel marasme économiquedans une province où la terre semble siriche, où les plants de thé et de cafécouronnent chaque colline ? Ici, les pay-sans perdent peu à peu le droit d’usagedes meilleures terres. Le père de NguyenThi Tuyen et sa famille ont été déplacéssur une terre sèche et rocailleuse de lanouvelle zone économique. Les terrainsy ont été redistribués de manière abu-sive alors que le projet initial deman-dait aux provinces d’offrir aux réfugiésrizières ou terres en friche. Même lemanioc n’y pousse pas. « En 20 ans,aucun progrès n’a été fait », constate cetagriculteur désabusé.

À quelques kilomètres de là, les pou-voirs locaux ont récupéré un terrainboisé en interdisant son exploitation auxautochtones. Le projet devait leur béné-ficier par ricochet : il s’agissait de plan-

ter des hévéas et d’y faire travailler lesvillageois. Mais une fois le bois défriché,ceux-ci n’en ont plus jamais entendu par-ler. En réalité, la forêt a été exploitéepour le bois de construction, alors mêmeque l’on interdit sa coupe aux petits pay-sans au nom des conséquences écolo-giques. Pourtant, l’exploitation indus-trielle qui en a été faite aux termes d’unaccord dissimulé entre le gouvernementlocal et ses clients est bien plus dange-reuse pour l’environnement que la coupeindividuelle.

Sinisation rampanteLe grand-père de Tuyen vit des res-sources forestières depuis des années.Malgré son grand âge, il doit aller deplus en plus loin pour couper le boisde petits arbres et de bambous, la coupedes gros arbres lui étant interdite. Tuyenest en lop 9 (la troisième). L’année pro-chaine, il lui faudra aller au lycée, à 10km de chez elle, et suivre des cours sup-plémentaires indispensables à ce niveaud’étude. Mais aujourd’hui, elle n’en a pas

Les paysans perdent peu à peule droit d’usage desmeilleures terres.

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Agir > En direct

LE MOT DU PARRAINAGE

Motivée par l’envie de connaîtrevotre filleul, sa rencontre sur-

vient parfois après des années de cour-riers échangés. Mais il faut vous rappe-ler que l’univers de cette famille pauvreest limité à un village, un quartier, uneécole. Votre filleul n’est jamais « parti »en vacances et ne connaît, dans la plu-part des cas, pas même le village voi-sin. Aussi peut-il y avoir un décalageentre l’image d’une rencontre, spontanéeet chaleureuse, et celle, souvent plus réa-liste, empreinte de réserve et de timidité.

La simplicité reste le gage d’une visiteréussie. Pour cette visite, un volontaireBambou ou un responsable de pro-gramme vous accompagnera. Chacunsera ravi de vous faire découvrir le pro-

gramme de parrainage de votre filleul.Mais ces bénévoles ont des emplois dutemps chargés. Leur travail ne leur per-met malheureusement pas de prévoirplus d’une demi-journée de visite.

Pour des raisons de responsabilité, larencontre avec un filleul ne peut se fairesans la présence permanente d’unadulte : les parents de l’enfant, le res-ponsable du programme ou un volon-taire. Enfin, toute visite en Asie doitfaire l’objet d’une autorisation préalablepar l’association. Votre chargée de par-rainage à Asnières vous donnera lescoordonnées du responsable local àcontacter pour vous aider à organiservotre visite, si possible deux mois àl’avance. �

Une visite réussie

ARTHUR, VOLONTAIRE BAMBOU AUX PHILIPPINES« Laisse-toi saisir par le toutautre » : voilà le précieux conseild’un homme que j’ai eu la chancede croiser lors de la semaine deformation des volontairesBambous, le Père Riton. Depuis unmois que je foule cette terre phi-lippine, sa recommandation necesse de prendre du sens à mesyeux. Car ici, tout est

« découverte » dans ce pays si contrasté : la culture, la langue, les uset coutumes, le climat, la population… et bien évidemment cetteincroyable mission. Nous sommes deux Bambous au service d’uneassociation locale de Manille nommée ACAY (Association CompassionAsian Youth). Au sein d’ACAY, le « projet Marcel Van » où nousœuvrons oriente ses actions vers de jeunes prisonniers philippins de17 à 23 ans à la sortie de leur période carcérale. L’objectif : redonnerde la confiance à des jeunes en conflit avec la loi et avec eux-mêmeset les aider à construire leur propre avenir.Alors même si cette nouvelle vie est déstabilisante, parfois oppres-

sante ou encore épuisante, un profond sentiment de bonheur m’habite.Celui de vivre simplement avec des jeunes en reconstruction qui, mal-gré les nombreux obstacles, découvrent petit à petit le volume qu’ilspeuvent donner à leur vie. Et cela, c’est un sentiment incroyable !Suivez la mission d’Arthur sur : http://prisonniersphilippins.blog.youphil.com

Sens des affaires et sens de l’autre

VOLONTAIRES BAMBOUS

PARTENARIATS

© D.R.

Àpeine neuf mois d’existenceet voilà que notre jeune

partenaire, la société Bébé Achat,couvre déjà 15% du budget annuelde sept haltes-garderies de ladécharge de Cebu aux Philippines,qui accueillent 70 enfants issus de familles démunies.

Dès ses premières ventes, et sans avoir attendu d’avoir lescaisses pleines, son jeune fonda-teur, Alexandre Marlien, a décidéde venir en aide aux enfants de la décharge en leur consacrant un euro par produit vendu. Bebeachat.com est un site devente qui propose des produits de qualité pour bébés à des prixdégriffés. La société remporteaujourd’hui une adhésion si fortede la part des consommateursqu’elle prévoit, d’ici fin 2012, deprendre à sa charge la totalité dubudget des haltes-garderies, soit23 000 € par an.

Voilà un bel exemple qui prouve qu’il est possible, en France,d’entreprendre et d’être généreux à la fois, sans pénaliser ni la santé de l’entreprise, ni la satisfaction du client. Bébé Achat a montrél’exemple, Patrick Saint-Michel de Micropuces (cf. EdM n°168) lui a emboîté le pas avec le mêmeprincipe et le même succès. Pour le plus grand bénéfice des enfantspauvres.

Merci à ces jeunes entreprises et entrepreneurs qui savent alliersens des affaires et sens de l’autre.Vous voulez en faire de même ?Contactez Christille de Soultrait �

[email protected].

14 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

Page 15: Enfants du Mékong magazine 169

Vietnamienne par son père, lui-même engagé dans les pro-

grammes d’Enfants du Mékong dans lesud du Vietnam, française par sa mère,Christine a hérité de cette double cul-ture. Son élection est comme un clind’œil du fondateur, qui avait fondé sonœuvre pour les enfants eurasiens. Aveccelle qui fut Bambou pendant deux ansdans les camps de réfugiés auxquels« Tonton » avait consacré avec tant decourage les dernières années de sa vie,c’est le couronnement de générationsde volontaires Bambous.

Médecin des très pauvres dans lesquartiers les plus difficiles de Paris, puismédecin généraliste dans les Yvelines,cette mère de cinq enfants sait ce quereprésentent les soucis quotidiens d’unefamille très nombreuse. Administratricedepuis 1993, secrétaire générale adjointeen 2001 puis secrétaire générale depuis2009, elle connaît parfaitement le fonc-tionnement de l’association et sonconseil. Très impliquée dans la problé-matique de l’explosion des bidonvilles,elle l’est aussi dans la mobilisation desétudiants pour le volontariat, depuisses premiers engagements auprès desPères Ceyrac et Lang avec Inde Espoir.Avec son mari Olivier Lortholary, pro-fesseur de médecine et président duCentre Laennec, elle a habité deux ansBangkok. L’un et l’autre connaissent lepotentiel intellectuel de l’Asie et ses dif-ficultés.

En proposant au conseil d’administra-tion la personne la plus habilitée à sasuccession, François Foucart, l’homme depresse (ancien rédacteur en chef adjointde France Inter), passe la main au méde-cin des pauvres. Habitués depuis les pre-miers jours à ses très sages avis, les admi-

Notre fondateur avait toujours rêvé que son successeur soit unAsiatique. Qui mieux que le docteur Christine Lortholary-Nguyenpouvait réunir les qualités qu’il aurait souhaitées au quatrièmeprésident d’Enfants du Mékong ? Par Yves Meaudre, Directeur général

François, Christine et les autres…> Perspectives

MAGAZINE N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 � 15

professionnelle. Ce professionnalismen’émeut pas François : son premier soucia été de garder à cette œuvre le rayon-nement humain et familial qui en faitune des œuvres pour la jeunesse les plusattirantes. Ce rayonnement a été parti-culièrement spectaculaire lors de la fêtede nos 50 ans à l’Unesco en 2008. Il restebien entendu au conseil pour soutenirla toute nouvelle présidente.

L’Asie incarnée, une connaissanceintime du terrain, la pratique de lalangue, l’exercice d’une vie donnée àl’homme souffrant assurent la légitimitéde cette nouvelle présidence. Enfin lafamille des Bambous et la communautéasiatique se voient confier cette œuvrenée dans les tragédies de l’Asie du Sud-Est. Bambou et eurasienne, le choix deChristine Lortholary-Nguyen s’avère pro-metteur.

Merci Christine et merci François pource passage de relais en famille carEnfants du Mékong est avant tout unefamille, une famille où l’on s’aime, oùl’on s’entraide dans l’humilité de nosrôles respectifs et la confiance des unsdans les autres. Ce sont les conditionsindispensables pour que les enfantspauvres, vers qui tendent tous nosefforts, soient aimés et éduqués dans letemps et la fidélité. �

nistrateurs l’ont suivi pour retenir una-nimement la candidature de Christine. Ontient à le remercier chaleureusement pourses dix ans de présidence. S’il y a des donsparticuliers que nous lui reconnaissonstous, c’est son autorité ferme et bien-veillante, soutenue par son discernementsur les hommes et les situations.

Passage de relais « en famille »Sous sa présidence, les résultats ont étéau rendez-vous. L’association est passéede 13 063 à 21 650 parrains, de 4 à 10millions d’euros, de 399 à 660 pro-grammes de développement et de parrai-nage, de 15 à 49 Bambous, de 3 à 72foyers et centres scolaires, de 5 à 7 paysd’action. Il a soutenu l’audacieux défi deses équipes qui voulaient répondre ausouhait du fondateur René Péchard :remonter jusqu’aux sources du Mékonget implanter l’ONG jusqu’en Chine, dansla province du Yunnan, au pied du Tibet.Il a accepté que soit lancé EdM-Entre-prendre, connu par sa première réalisa-tion, Soieries du Mékong.

Il a permis qu’Enfants du Mékongatteigne le niveau d’une ONG réputée ©

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16 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

Agir > Notre action

Le « Bambou » est un volontaire qui donne un ande sa vie au service des enfants pauvres d’Asie duSud-Est. C’est un étudiant ou un jeune professionnelchargé d’animer, de coordonner et de soutenir lesactions des responsables locaux d’Enfants du Mékong.Relais indispensables de l’association en Asie, lesBambous sont ses « yeux » et ses « oreilles » : ilspermettent une proximité et un pragmatisme qui fontla particularité d’Enfants du Mékong.

Cette année, ce sont 50 Bambous qui sontenvoyés en Asie ! Le budget moyen d’une missionBambou : 7 500 € pour un an, tout compris. Vouspouvez parrainer un Bambou pendant un an (19 €par mois) ou soutenir sa mission ponctuellement*.Vous serez informé grâce à ses lettres d’informationtrimestrielles.

Vous souhaitez soutenir les missions Bambous ourecevoir plus d’informations? Contactez Guillaumed’Aboville : [email protected](*) Vous êtes un particulier imposable en France : réductiond’impôts de 75% de votre don, dans la limite de 521 € par an.Au-delà, réduction d’impôt de 66% par mois. Ex. du parrainaged’un enfant : 24 € par mois vous coûte réellement 6 € par mois.

Extrait de la Newsletter de Constance, coordinatrice deparrainage au Cambodge, 2010-2011« J’ai mis en place des programmes de développementcomme la construction de toilettes, des rénovationsde maisons, l’installation de bibliothèques dans plu-sieurs villages. Souvent, les familles me remerciaientavec tant d’émotion que je souhaitais que les parrainset donateurs voient toute cette gratitude ! J’ai visitédans l’année plus de 200 familles pour élaborer lesenquêtes sociales, mais aussi remotiver un enfant quivoulait arrêter l’école, visiter une mère mourante, faireun devis pour un toit qui s’effondrait. Bien sûr, les ren-contres sont parfois brèves et donc un peu frustrantes.Mais toutes sont riches et uniques.»

Comment nous aider ? (1/5)Vous êtes nombreux à nous demander quels sont les différents moyens desoutenir notre action. Vous les trouverez résumés ci-dessous. N’hésitez pas ànous faire connaître et à nous solliciter si vous voulez davantage d’informations !

Vous souhaitez… Notre réponse… permettre à un enfantd’aller à l’école pour 24 €ou 39 € par mois

… soutenir les missions de nos 50 Bambous envoyés sur le terrain (19 € par mois)

… faire un don ponctuel ou récurrent

… transmettre par testamentune partie ou la totalité de vos biens

… donner tout ou partie debiens reçus en héritage

… souscrire un contratd’épargne pour verser un capital au(x) bénéficiaire(s)

Parrainage

ParrainageBambou

ParrainageBambou

Don I.R. ou I.S.F.

Legs

Donation sursuccession

Assurancevie

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MAGAZINE N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 � 17

Nouveau : juin 2011Enfants du Mékong est labellisé IDEAS IDEAS, qu’est-ce et pourquoi ?Le label IDEAS reconnaît la qualité de la gouvernance, de la gestion financière et du suivide l’efficacité de l’action : il apporte sécurité et efficacité.

Quel est l’objectif d’IDEAS ?Faire se rencontrer les attentes des donateurs et les besoins de financement des associa-tions et fondations.

Quel lien avec des donateurs potentiels ?IDEAS propose à des philanthropes de financer des projets. Découvrez les projets d’Enfantsdu Mékong soutenus par IDEAS sur http://ideas.asso.fr/

Merci de votre aide pour soutenir les enfants !

Pour en savoir plus, téléchargez notre rapport financier sur :

www.enfantsdumekong.com

Pour donner sereinement,

il faut être informé et avoir confiance.

Répartition desdépenses

Enfants du Mékong est une association de bienfaisance régie par la loi de 1901, habilitée à recevoir des dons et deslegs. Enfants du Mékong a reçu le prix des Droits de l’Homme de la République Française.

>>>>>>> >>>>>>Mais où va votre argent ?

84%de taux de missions sociales

84% des dépenses sont utilisées pour notre action auprèsdes enfants parmi les plus pauvres en Asie du Sud-Est.

Le reste est affecté aux frais de recherche de fonds etde fonctionnement de l’association. Nos ressources pro-viennent presque exclusivement de dons privés.

Si vous êtes imposable en France :un don de 100 € vous coûte en réalité 25 €.83,7 € sont utilisés en missions sociales.

Page 18: Enfants du Mékong magazine 169

AMIENS (80)

Samedi 8 octobre à 19h

RENCONTRE DEPARRAINS ET AMISSalle St Roch – 14, rue Allou

Dégustez un repas asiatiqueet partagez le témoignaged’un Bambou de retour demission. Insc. souhaitée.Contact : Daniel QuiévreuxTél. : 06 70 19 80 [email protected]

RENNES (35)

Mardi 11 oct. 10h-17h30

JOURNÉE PORTESOUVERTESMaison des associations –6, cours des Alliés

Venez nombreux avec familleet amis ! Nous recherchonségalement des intervenantsen écoles. Le but : sensibiliserles enfants aux conditions devie de nos filleuls pourengager une action au profitd’Enfants du Mékong.Contact : M.-A. et H.-P. RoisnéTél. : 02 99 54 48 [email protected]

CAEN (14)

Jeudi 13 octobre à 19h30

DÎNER ENFANTS DUMÉKONGRestaurant du Golf, D60 de Caen à Biéville-BeuvillePrésentation des missionsEnfants du Mékong (projec-tion d’un court-métrage),rencontres et échanges entreparrains, point sur les actionsentreprises et celles à venir.Amis bienvenus. Repas :15 €. Règlement sur place,confirmation souhaitée.Contact : Odile Brochard Tél. : 06 74 29 46 [email protected]

PERPIGNAN (66)

Vendredi 14 octobre à partir de 20h

SOIRÉE RENCONTRESalle des Libertés – 3,rue Bartissol, park. WilsonUne soirée conviviale etsolidaire ! Film et témoi-gnages vous feront connaîtremieux le principe du parrai-nage, propre à éviter lamarginalisation d’un trèsgrand nombre d’enfants.Venez nombreux avec familleet amis ! Entrée libre.Contact : Philippe LandauTél. : 06 07 30 18 [email protected]

BOURG-EN-BRESSE (01)

Samedi 15 oct. à 19h30

DÎNER DEPARRAINS ET AMISRestaurant La Route deChine – 28, rue duQuatre-Septembre

Au programme : témoignageet entretien avec Constance,Bambou qui revient d’un anau Cambodge et projectiond’un petit film qui présentel’association. Menu : 20 €(boissons comprises).Contact : Thaddée MathonTél. : 04 74 25 22 [email protected]

BOIS-COLOMBES (92)

Samedi 5 nov. à 19h30

3E FÊTE DE LA SOUPECentre 72 – 72, rue V. Hugo

La délégation sera présenteavec sa marmite asiatique.Nous y présenterons Enfantsdu Mékong. Au programme :dégustations, foire auxrecettes, animation.Contact : Audrey GuerreroTél. : 06 63 62 40 72 [email protected]

MOUVAUX (59)

Vendredi 11 et samedi 12novembre de 10h à 18h

15E VENTED’ARTISANAT ET DE CRÉATIONSCentre spirituel duHautmont, salle des confé-rences – 31, rue Mirabeau

Découvrez la nouvelle collec-tion des Soieries du Mékong,l’artisanat du commerceéquitable, des produitsrégionaux et gastronomiques,les « coups de cœur » duchâteau Montdoyen… Film etéchanges avec les volontairesBambous du Nord. Bénéficesaffectés aux garderiesd’enfants sur la décharge deCebu aux Philippines.Contact : J.-P. et T. DelobetteTél. : 03 20 79 32 [email protected]

MONTPELLIER (34)

Samedi 12 novembre

22E QUINZAINEDES TIERS-MONDESET DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALEPlace de la Comédie

Une vente de soieries etd’artisanat sera organisée au

profit d’Enfants du Mékong.Contact : M.-S. et J.-F. AchardTél. : 04 67 59 40 [email protected]

LE MESNIL-BACLEY (14)

Mardi 15 nov. 10h-19h

VENTE DE SOIERIESDU MÉKONGChez Francine Leboucher-Bisson à La Harderie

Contact : F. Leboucher-BissonTél. : 06 86 86 26 [email protected]

MONTPELLIER (34)

Mercredi 16 novembre

22E QUINZAINEDES TIERS-MONDESET DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALEEspace Martin Luther King

Soirée sur le thème« Éducation, développementet droits des jeunes », quiaura lieu avec la participa-tion de Didier Rochard,délégué d’Île-de-France.Contact : M.-S. et J.-F. AchardTél. : 04 67 59 40 [email protected]

RENNES (35)

Samedi 19 novembre

REPAS DEPARRAINS ET AMISLieu à définir

Venez avec famille et amispour une soirée conviviale,animée par une loterie quiparticipera à la constructiond’un collège au Laos. Contact : M.-A. et H.-P. RoisnéTél. : 02 99 54 48 [email protected]

BIHOREL (76)

Samedi 19 et dimanche 20novembre de 10h à 18h

MARCHÉ DE NOËLSOLIDAIREFoyer municipal, rueCarnot (près de l’église)

Présentation des dernièresnouveautés des Soieries duMékong : une excellenteoccasion de faire voscadeaux de Noël.Contact : P.-Y. et L. FerrandTél. : 02 35 59 72 [email protected]

MONTPELLIER (34)

Dimanche 20 novembre

22E QUINZAINEDES TIERS-MONDESET DE LA SOLIDARITÉ

INTERNATIONALEPlace de la Comédie

La délégation de l’Héraultsera présente à la Journéedes Droits de l’enfant. Auprogramme : théâtre etanimations.Contact : M.-S. et J.-F. AchardTél. : 04 67 59 40 [email protected]

PARIS (7e)

Mercredi 23 nov. 19h-21h

RÉUNIOND’INFORMATIONPARRAINAGEMaison des Associations– 4, rue Amélie

Nous vous attendonsnombreux pour une réunionde présentation d’Enfants duMékong et d’information surle parrainage en Asie.Contact : Agnès RonzetTél. : 06 81 34 30 [email protected]

MONTPELLIER (34)

Du 25 nov. au 25 déc.

MARCHÉS DE NOËLPlace de la Comédie

La délégation sera présentedans les différents villages deNoël de l’agglomération deMontpellier, dans descomités d’entreprise et dansles manifestations de Noël.Contact : M.-S. et J.-F. AchardTél. : 04 67 59 40 [email protected]

RANVILLE (14)

Samedi 3 déc. 10h-19h etdimanche 4 déc. 9h-19h

VENTE DE SOIERIESDU MÉKONGSalle des fêtesContact : François CousinTél. : 02 31 78 77 [email protected]

BONDUES (59)

Dimanche 4 déc. 10h-18h

MARCHÉ DE NOËLSalle Lefebvre

MARCQ-EN-BARŒUL (59)

Samedi 17 déc. 14h-19h

MARCHÉ DE NOËLASSOCIATIFHall des paris del’hippodrome

Vente d’artisanat au profitd’Enfants du Mékong.Contact : J.-P. et T. DelobetteTél. : 03 20 79 32 [email protected]

Mardi 13 déc. à 20h30

CONCERT Salle Ravel – 33, rue G. Péri, Levallois (92)

Au profit d'Enfants duMékong : Richard Wagner(Les Maîtres Chanteurs deNuremberg / Ouverture),Edvard Grieg (Concerto pourpiano et orchestre en lamineur), Ludwig vanBeethoven (Symphonie n°5 /Extraits). Piano : ClaudioChaiquin. Jeune OrchestreSymphonique Maurice-Ravel.Direction : Vincent Renaud.Entrée libre. Rés : 01 47 1576 76. Places à retirer.

ÉCHODélégué d’Enfants du Mékongpour le Loir-et-Cher depuis delongues années, JacquesChiron a été fait chevalier del’Ordre national du Mérite.Une décoration qui lui a étéremise le 11 mars dernier parle président François Foucartet vient récompenser plus devingt ans d’aide aux popula-tions d’Asie du Sud-Est. Ladélégation de Loir-et-Chercompte aujourd’hui 112parrains. Toute la familleEnfants du Mékong adresseses chaleureux remerciementsà Jacques Chiron pour sonaction à l’occasion de cettedistinction.

ANNONCEDimanche 16 oct. à 16h

CONCERT ROMAN-TIQUE VIOLON ETPIANO : LISZT,GRIEG, FRANKAu Cloître ouvert222, rue du FaubourgSaint-Honoré, Paris 8e

Avec Nguyen Huu Nguyen,violon, troisième soliste del’Orchestre National deFrance, David Saudubray,piano, concertiste, professeurau Conservatoire deBoulogne-Billancourt. Prix :20 €. Rés. : 06 28 20 77 81 -Chèque à Marie Desjars, 130,av. de Clichy 75017 Paris.

AGENDA

Agir > Nos délégations

18 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

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Page 19: Enfants du Mékong magazine 169

> Courrier

Vous pouvez nous adresser vos courriers au 5, rue de la Comète 92600 Asnières, enmentionnant «Courrier des lecteurs», ou par e-mail : [email protected]

POURQUOI JE SUIS DEVENUEMARRAINE…

Aujourd’hui, j’accompa-gne ma si fragile Siriratet ma pétillante Sutjitra,de Thaïlande. Je suisdevenue mee upatham(« mère qui aide ») parceque ces enfants ontréveillé la part d’huma-nité qui sommeillait en

moi, parce que le monde est beaucoup plus joli avec eux et queje suis déjà plus riche de tout ce qu’ils m’ont apporté. Bien sûr,ils ne nous ont pas attendus pour survivre, mais sans nous ils n’ontpas d’autre choix ou d’autre modèle que de labourer les champs,payés à la journée un salaire de misère. Nous seuls pouvons lesaider à construire un lien avec l’école et à lui donner du sens.Parrains, ils ont besoin de savoir qui nous sommes, pourquoinous les avons choisis et pourquoi ils comptent tout à coup pournous, eux que nous sommes parfois les seuls à appeler par leurprénom ! Alors écrivez-leur !Mes petites filles de cœur, je ne vous laisserai pas à la portede ma vie, entrez sans frapper, je ne suis plus si loin que je nepuisse veiller sur vous. Le chemin est long, à l’image de la vie,mais la route si belle avec vous...Paroles de mon fils Théo, 10 ans, après avoir visité nos deuxfilleules : « Maintenant, je sais pourquoi j’ai envie de parrai-ner : ça leur donne le sourire, elles se sentent aimées. » �

Soledad, marraine de Sirirat, 12 ans, et de Sutjitra, 9 ans

AIDER ELIZA ?À la lecture de l’émouvant

témoignage d’Yves Aillerie (EdM n°166et 167), plusieurs abonnés ontgénéreusement proposé d’aider Eliza etsa famille. Bonne nouvelle : aujourd’huidiplômée, Eliza a trouvé du travail àBangkok comme institutrice. Un postequi lui permet de vivre et d’aider safamille à Cebu. Un très grand mercipour votre générosité ! �

VIETNAM DU 7 AU 21 FÉVRIER 2012 - DU 7 AU 21 MARS 2012 CAMBODGE DU 15 AU 28 NOV. 2011 - DU 14 AU 26 FÉVRIER 2012THAÏLANDE DU 31 JANVIER AU 14 FÉVRIER 2012 LAOS DU 31 JANVIER AU 14 FÉVRIER 2012 PHILIPPINES DU 25 FÉVRIER AU 11 MARS 2012

MAGAZINE N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 � 19

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Découvrir > Chronique d’Asie

J amais le garage de monsieur Rongn’aura été aussi richement décoré et

jamais, pour autant, il n’aura paru aussitriste. C’est que monsieur Rong mariesa fille, Sotha. Sotha épouse Sambo,qu’elle n’a rencontré qu’une fois. Deuxfois ? Disons trois fois et n’en parlonsplus. Sur le visage lisse et épaissi parles crèmes de beauté de Sotha se lit unecertaine forme d’indifférence ou de rési-gnation propre à l’Asie de toujours.

Soap opera et traditionsComme beaucoup de jeunes filles de sagénération, Sotha aurait pu préférer « faireun mariage d’amour », selon l’expressionen vigueur depuis quelques années : ren-contrer un jeune homme de sa condition,voire d’une condition sociale légèrementsupérieure à la sienne. Un type à motoavec les cheveux coupés courts commedans les sirupeux mélodrames coréens quipassent en boucle à la télévision, avec une

Au Cambodge, le mariage est avant tout une histoire de « face », qui nous emmène bien loin de la visionromantique portée par l’Occident sur cette institution.

Texte et photos : Jean-Matthieu Gautier

Mariageen payskhmer

20 � N°169 � SEPTEMBRE - OCTOBRE 2011 MAGAZINE

LLEESS MMAARRIIAAGGEESS AARRRRAANNGGÉÉSS AAVVEECC DDEESS ÉÉTTRRAANNGGEERRSS

DDeeppuuiiss mmaarrss 22001111,, lleess ééttrraannggeerrss ddee pplluuss ddee 5500 aannss oouu nnee ppoouuvvaanntt ppaass jjuussttiiffiieerr dd’’uunn ssaallaaiirreemmeennssuueell ééqquuiivvaallaanntt àà aauu mmooiinnss 11 770000 eeuurrooss nnee ppeeuuvveenntt pplluuss ssee mmaarriieerr aavveecc ddeess ffeemmmmeess ccaamm--bbooddggiieennnneess.. CCeettttee mmeessuurree vviissee eenn pprriioorriittéé àà lliimmiitteerr lleess mmaarriiaaggeess aarrrraannggééss aavveecc ddeess ééttrraannggeerrss,,nnoottaammmmeenntt ssuudd--ccoorrééeennss,, ttaaïïwwaannaaiiss eett cchhiinnooiiss.. LL’’AAssiiee dduu SSuudd--EEsstt ttoouutt eennttiièèrree ss’’eesstt ttrraannssffoorr--mmééee eenn qquueellqquueess aannnnééeess eenn vvéérriittaabbllee «« vviivviieerr àà jjeeuunneess ffeemmmmeess »» ppoouurr lleess ppaayyss qquuii,, ppaarr ssuuiitteeddee ppoolliittiiqquueess ddee nnaaiissssaanncceess nnéégglliiggeenntteess eett llaarrggeemmeenntt ddééffaavvoorraabblleess aauuxx ffeemmmmeess,, ssee rreettrroouu--vveenntt ddaannss ddeess ssiittuuaattiioonnss ddee «« ppéénnuurriiee ddee ffeemmmmeess »»..

situation respectable, doux et honnête,peut-être un brin rêveur… Un sangsa ensomme, un ami de cœur comme certainesde ses amies en ont rencontré et qued’autres, beaucoup plus rares, ont réussià épouser grâce au soutien de famillescompréhensives. Mais non, Sambo n’estrien de tout cela, à part peut-être timide.Quant à son côté rêveur, il le doit avanttout à une certaine forme d’absence qu’ilmanifeste presque malgré lui et qui se litdans son regard, également résigné. Dans le Cambodge des années 2000, lemariage est encore et toujours, avanttout autre chose, une affaire de traditionet d’arrangement entre deux familles.

Dans ce Cambodge où 40% des femmesdécouvrent le visage de leur mari le jourde leurs noces, le mariage forcé estpourtant interdit par la Constitution :

Bangkok

THAÏLANDE LAOS

CAMBODGE

VIETNAMGolfede

Thaïlande

Mék

ong

©idé

Phnom Penh

100 Km

Page 21: Enfants du Mékong magazine 169

qui relie Phnom Penh à l’autre rive du TonléSap – le font à la suite d’un pacte amou-reux. Interrogée par l’agence de presseSyfia, Ly, une jeune femme qui vit près dupont et assiste souvent, de chez elle, à cesmacabres scènes, dit qu’elle se souviendratoute sa vie de ce jeune couple « qui asauté du pont, leurs mains symboliquemententrelacées pour vivre dans la mort uneunion qui leur était interdite ».

Sotha et Sambo formeront quant à euxun couple harmonieux selon la modekhmère ancestrale : Sotha suivra son des-tin de srèy krop léa, de « fille dotée demarques favorables », c’est-à-dire unefemme qui respectera toujours la traditionet saura développer des qualités depatience et de fidélité, de respect enversson mari et d’organisation pour la vie desa maison. Sambo sera un mari khmer. Ilpourra, s’il le souhaite, fréquenter d’autresfemmes, rentrer ivre chez lui… Il pourraégalement être un homme normal, douxet honnête, droit. Cela non plus ne lui serapas interdit. À ce stade, la notion de

« Tout homme âgé de plus de 20 ans ettoute femme ayant plus de 18 ans ou pluspeuvent choisir de se marier sans le consen-tement de leurs parents. » Mais dans lesfaits, la prééminence de la notion de« face » en Asie – et particulièrement auCambodge – fait que des enfants peuventdifficilement refuser à leurs parents lechoix de tel ou tel fiancé sans leur faireperdre la face. La face, c’est l’image que

l’on veut donner de soi-même, sa dignité.Faire perdre la face à quelqu’un, fouler aupied sa dignité, constitue l’insultesuprême. Une sorte de mort sociale.

Suicides amoureuxDans ce Cambodge où les traditions sontde plus en plus en butte au courant moder-niste, cette situation mène régulièrementcertains jeunes à des décisions irréver-sibles. La vague de suicides qui a coursdepuis quelques années à Phnom Penh enatteste. On estime ainsi que la moitié desquatre à cinq jeunes qui se jettent chaquemois du haut du Pont japonais – ce pont

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40% des femmes cambodgiennes découvrentle visage de leur mari le jour de leurs noces.

mariage s’efface, et il n’est plus questionque de règles de vie. Dans la plupart descas de mariages arrangés, les familles fonttout de même en sorte de choisir une per-sonne respectable pour leur époux. Et sil’amour est rarement au rendez-vous, cer-taines formes de respect mutuel teintéd’affection très forte naissent souvent demariages sur lesquels nul n’aurait parié. �

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à lire on a aimé à ne pas manquer

Sanctuaire du cœurDuong Thu HuongÉd. Sabine Wespieser, 800 p., 29 €

Malgré une enfance heureuse, Thanh a fui sans explica-tion la maison de ses parents à l’âge de seize ans. On le retrouve, qua-torze ans plus tard, l’amant d’une femme d’affaires de Vung Tau, ren-contrée dans une maison close de Saigon où il se prostituait. Au fil deses souvenirs, la révélation d’un passé déchirant lié à son père émergelentement de la prose odorante et chatoyante de Duong Thu Huong,auteur remarqué de Terre des oublis (cf. EdM n°145), d’Itinéraire d’enfance(EdM n°149) et d’Au Zénith (EdM n°156). Bâti comme une enquête ser-rée parfaitement rendue par l’enchâssement maîtrisé de multiples récits,Sanctuaire du cœur n’est pas seulement l’histoire de la dérive d’un hommeblessé. Il est aussi une parabole inattendue sur le Vietnam moderne etune humanité asservis par le sexe, l’argent et les rapports de force.

L’Année du lièvre - Tome 1 : Au revoir Phnom PenhTianÉd. Gallimard / Collection Bayou, 128 p., 17 €

Dans cette superbe bande dessinée qui débute au jour del’arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh, Tian nous fait vivre le débutde l’horreur du régime de Pol Pot sur un mode jubilatoire, parfait pen-dant de l’immense malentendu suscité par le déferlement des hommesen noir dans la capitale cambodgienne endormie. Une famille bour-geoise décide de fuir la ville, mais sans suivre le mouvement d’évacuationgénérale. Cap au nord, direction Battambang, où une partie de la famillepourrait les aider avec les moyens du bord. Mais la famille qui sedépouille peu à peu de ses derniers biens en cours de route n’est pasau bout de ses peines… Captivant.

Les Senteurs des forêts de Cà MauSon NamÉd. de La Frémillerie, 324 p., 20 €

Dix-neuf nouvelles réparties en « Destins de vieillards », « Des-tins de femmes », « Destins d’hommes » et « Leçons de vie » forment lamatière de cet ouvrage de Son Nam, figure emblématique de la « litté-rature du Sud », décédé en 2008. Parmi elles, celle qui inspira le film Gar-dien de buffles (2005). « De ces récits se dégagent des traits caractéris-tiques qui permettent d’esquisser une typologie de l’homme du Sud telque Son Nam l’a décrit », nous prévient le traducteur, Nguyên Duc, dontla préface cerne fidèlement l’univers de l’auteur. Au fil de ces récits toutsimples, le lecteur fait naturellement sienne l’impression de Nguyên Duc :« Il faut imaginer l’homme du Sud heureux. »

Hanoï, regardsJean-Claude Pomonti - Photos de Nicolas CornetÉd. de La Frémillerie, 134 p., 18 €

Qui d’autre que Jean-Claude Pomonti, correspondant duMonde en Asie du Sud-Est de 1968 à 1974 et lauréat du prix Albert-Londres,pouvait proposer de la capitale vietnamienne un portrait mieux à mêmede saisir son évolution sidérante des dernières décennies ? Six courts cha-pitres suivis d’un recueil de photos de Nicolas Cornet lui suffisent pourfixer la Hanoi de la modernité avec ses habitants, ses quartiers, ses com-merces, en rappelant sans cesse ce qu’elle était il n’y a pas si longtemps.Un contraste spectaculaire qui justifie l’opinion de l’écrivain Bao Ninh,cité par l’auteur : « L’image de Hanoi est actuellement brouillée et il fau-dra peut-être attendre des dizaines d’années pour voir ce qu’elle devient. »

Trois autres ThaïlandeÉtienne RosseÉd. Gope, 212 p., 13,85 €

Trois autres Thaïlande est un recueil de nouvelles qui se passentpresque toutes à Phuket, lieu que leur auteur connaît bien pour y avoirvécu sept ans. Ces histoires font parfois rire ou sourire, mais plus sûre-ment encore grincer des dents. Certaines encore nous permettent sansdoute d’apprendre des faits nouveaux sur une Thaïlande a priori mécon-nue. Mais l’enthousiasme qu’elles suscitent s’essouffle bien trop vitepour être convaincant. On trouve alors dommage que ce petit livre nevaille d’être lu que pour son seul aspect documentaire.

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Vivre avec les VietnamiensPhilippe Papin, Laurent PassicoussetÉd. de l’Archipel, 372 p., 20 €

Chacun de nous se fait une idée approxima-tive du Vietnam car on ne parvient jamais à mettre la mainsur l’information exacte. À partir de l’actualité officielle,d’un journal dissident, d’une multitude de témoignages surle terrain, on tient tout à la fois quelques morceaux dupuzzle et des pièces qui brouillent les pistes. Qui dit lavérité ? Telle qu’elle m’a été rapportée, faut-il la modérerou, au contraire, la gonfler pour avoir une idée juste de cequi se passe réellement dans le pays ? Face à la censure,l’histoire réelle vivote par tradition orale, elle arrive auxoreilles tantôt affadie, tantôt extrapolée.

Voilà enfin publié un ouvrage totalement accessiblesur les arcanes de la société vietnamienne, qui se dévo-re comme un bon roman. Vivre avec les Vietnamiensbalaye toutes les incohérences du régime (il est, bienentendu, censuré au Vietnam) : le drame de l’écolepublique qui absorbe 40% du budget des ménages,celui des entreprises d’État privatisées de l’intérieur, unlibéralisme toléré mais sans reconnaissance officielledonc exempt de cadre juridique, un secteur public quine fonctionne que par le système de pots-de-vin, nepratique pas la redistribution et ne règle ainsi jamais laquestion des inégalités, etc. Tohu-bohu dans lequel lasociété vietnamienne vient se mouler, telle un corpsliquide, pour tirer parti du cadre imposé ou, tout sim-plement, pour survivre.

Il fallait bien que nos deux auteurs parlent vietnamienpour parvenir à un tel degré d’information, pourrecueillir des témoignages aussi précis à tous les éche-lons de la société. Il fallait aussi qu’ils se soient établisau Vietnam et y aient mené de longues années derecherches pour arriver à un tel recul sur son histoirerécente. Nous avons là un livre d’investigation etd’entretiens, donc un récit plein de vie. Certes critique,mais jamais cynique car écrit par deux amoureux dupays. L’introduction annonce : « Quand on ne fait quepasser, on ne voit pas grand-chose, quand on y réside,on en voit trop. » Philippe Papin et Laurent Passicousseten ont certainement trop vu et trop entendu. Ils peuventà présent s’honorer d’avoir relevé le défi lancé par l’unede leurs amies vietnamiennes angoissée par l’ancrageabyssal de la corruption : « Si ce n’est pas vous qui ledites, ce sera qui ? » � Anh Duong

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