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Avenir - Optimisme EN 2017, SOYEZ "OPTIRÉALISTE" ! "LE PESSIMISTE SE PLAINT DU VENT, L'OPTIMISTE ESPÈRE QU'IL VA CHANGER, LE RÉALISTE AJUSTE SES VOILES", DISAIT WILLIAM ARTHUR WARD. ET VOUS, OÙ VOUS SITUEZ-VOUS ? Par Claire Sejournet I l y a ceux qui voient le verre à moitié plein, ceux qui le voient à moitié vide… et les autres. Mêlant l’enthou- siasme pour l’avenir des optimistes et le réalisme des pessimistes, les "optiréalistes" sont les plus heureux et les plus susceptibles de rencontrer le succès. C’est en tout cas ce qui ressort des travaux de Sophia Chou, chercheuse en psychologie organisationnelle à l'Université nationale de Taïwan. En se penchant sur le cas de 200 étudiants qui se disaient optimistes, elle a observé qu’ils se répartissent entre les idéalistes et les réalistes. Ces derniers s’appuient sur leur réalisme pour progresser et positiver sans s’embourber dans les vicissitudes du quotidien ni glisser vers la "pensée magique". Forts de leur self-control, les "optiréalistes" sont capables de rebondir, expliquait Sophia Chou lors de la présentation de ses travaux à la conférence de l’American Psychological Association, durant l’été 2013 : "Lorsqu’ils doivent affronter un problème ou un challenge, ils ne diront pas ‘Je n’ai pas le choix, c’est la seule chose que je peux faire’. Ils seront créatifs et auront un plan A, un plan B et même un plan C." Cet "optimisme intelligent", comme l’appelle Alain Braconnier, auteur de Optimiste (éd. Odile Jacob), est positif pour notre bien-être, car il induit bonheur, persévérance et accomplissement personnel. On ne nous dit pas tout… À la manière des complotistes, un "optiréaliste" pourrait s’écrier qu’on nous cache beaucoup d’informations. Sauf que, dans son cas, le message est positif : tout n’est pas aussi noir qu’on vous l’affirme. Pour Jacques Lecomte, auteur de Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez, la révélation a eu lieu en 2015 : "Tout le monde disait que 2015 était une année pourrie. Mais pendant l’été, l’ONU a publié un rapport qui dressait le bilan des FemininBio - Février - Mars 2017 1

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EN 2017, SOYEZ"OPTIRÉALISTE" !

"LE PESSIMISTE SE PLAINT DU VENT, L'OPTIMISTE ESPÈRE QU'IL VA CHANGER, LE RÉALISTEAJUSTE SES VOILES", DISAIT WILLIAM ARTHUR WARD. ET VOUS, OÙ VOUS SITUEZ-VOUS ?

Par Claire Sejournet

I l y a ceux qui voient le verre àmoitié plein, ceux qui levoient à moitié vide… et lesautres. Mêlant l’enthou-siasme pour l’avenir des

optimistes et le réalisme despessimistes, les "optiréalistes"sont les plus heureux et les plussusceptibles de rencontrer lesuccès.

C’est en tout cas ce qui ressortdes travaux de Sophia Chou,chercheuse en psychologieorganisationnelle à l'Universiténationale de Taïwan. En sepenchant sur le cas de200 étudiants qui se disaientoptimistes, elle a observé qu’ilsse répartissent entre lesidéalistes et les réalistes. Cesderniers s’appuient sur leur

réalisme pour progresser etpositiver sans s’embourber dansles vicissitudes du quotidien niglisser vers la "pensée magique".

Forts de leur self-control, les"optiréalistes" sont capables derebondir, expliquait SophiaChou lors de la présentation deses travaux à la conférence del’American PsychologicalAssociation, durant l’été 2013 :"Lorsqu’ils doivent affronter unproblème ou un challenge, ils nediront pas ‘Je n’ai pas le choix,c’est la seule chose que je peuxfaire’. Ils seront créatifs et aurontun plan A, un plan B et même unplan C."

Cet "optimisme intelligent",comme l’appelle Alain

Braconnier, auteur de Optimiste(éd. Odile Jacob), est positif pournotre bien-être, car il induitbonheur, persévérance etaccomplissement personnel.

On ne nous dit pas tout…À la manière des complotistes,un "optiréaliste" pourrait s’écrierqu’on nous cache beaucoupd’informations. Sauf que, dansson cas, le message est positif :tout n’est pas aussi noir qu’onvous l’affirme.Pour Jacques Lecomte, auteurde Le monde va beaucoup mieuxque vous ne le croyez, larévélation a eu lieu en 2015 :"Tout le monde disait que 2015était une année pourrie. Maispendant l’été, l’ONU a publié unrapport qui dressait le bilan des

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mactions du Programme dumillénaire. En le lisant, j’ai réaliséque le monde allait beaucoupmieux que quinze ansauparavant. Bien sûr que lesattentats qui ont frappé la Francesont une chose grave, mais ça neveut pas dire tout ! La Francen’est qu’une partie du monde et

2015 une partie du temps. Si onprend une vision plus large dutemps et de l’espace, le mondeva plutôt bien, mieux qu’avant."

Voici pêle-mêle quelques-unesdes bonnes nouvelles queJacques Lecomte relève :- près de deux milliards de

personnes ont été libéréesd’une probable sous-alimentation au cours des vingt-cinq dernières années ;- le nombre d’enfants nonscolarisés a été divisé par deuxen moins de vingt ans : 120millions en 1996 et 57 millions en2015 ;

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- la superficie des zonesprotégées dans le mondedouble tous les dix ans depuisun demi-siècle ;- aucune espèce marine n’adisparu ces trente dernièresannées ;- depuis les années 1970, lenombre de pays ayant aboli lapeine de mort augmenteconstamment : ils étaient 8 en1950, 102 en 2015.

Loin d’être exhaustive, cetteliste remonte le moral et

change du discours ambiant."Nous faisons face à une gravedisproportion entre l’informationnégative et celle positive, pointeJacques Lecomte. Il y a desjournalistes qui donnent desfausses informations, parfoisvolontairement, souventinvolontairement. Et il y a desjournalistes qui déformentl’information, qui ne donnent queles aspects négatifs sanscontrebalancer avec ce qui estpositif. L’information est partielleet donc partiale. C’est

dogmatique de ne vouloir parlerque de négatif !"

Du positif pour agirDans la logique "optiréaliste", ilne s’agit pas d’être béat et niaismais mesuré, c’est-à-dire savoirprésenter ce qui va comme cequi ne va pas, et surtout assurerun "droit de suite" sur les sujetsd’alerte.

Ainsi, Jacques Lecomtes’insurge sur le traitementmédiatique du trou dans la

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couche d’ozone : "Pendant desannées, on nous a alarmés surl’augmentation de la taille du troude la couche d’ozone, on nousmontrait des cartes sur lesquellesil ne cessait de s’agrandir. Maismaintenant qu’il se réduit,personne n’en parle !"

Il est pourtant crucial d’être aucourant des bonnes nouvelles."Mettre en avant la négativitédans les médias permet de fairepeur aux gens. Or, en faisant peuraux personnes, on les fige. Si vousregardez le journal télévisé, il y ades chances que vous avortiezvotre projet avant de l’avoircommencé en vous disant ‘Onn’est pas si malheureux que ça’.Mais le but d’une vie n’est pas dene pas être malheureux, c’estd’être heureux", assure CharlotteSavreux, journaliste et auteuredu livre L’année du déclic.

Jacques Lecomte ne dit pasautre chose lorsqu’il insiste sur ce qui donne envie d’agir :"Montrer des évolutions positivesdans la société, c’est présenterdes exemples qui donnent envied’agir. Si on ne présente que lenoir, on laisse les gens dans ledésespoir et l’immobilisme, car ona l’impression, en tant que ‘petit’citoyen, qu’on ne peut rien faire."

L’"optiréaliste" estfondamentalement optimiste. Ilest lucide sur le fait que lemeilleur et le pire peuventarriver. Et c’est pourquoi il doitrester actif, précise JacquesLecomte : "Nous n’avons pas

besoin d’un optimisme del’attente mais de l’action. On doitcroire à ce que l’on veut voirarriver. Sans être méchant, dire‘ce n’est pas possible, vous êtesun rêveur’, c’est laisser faire !"

Lancez-vous et tant mieux si çane marche pas"La génération des soixante-huitards laisse place à unenouvelle génération", introduitCharlotte Savreux. Pour lajournaliste, pas de doute : nousne traversons pas une crise,nous vivons un basculementvers de nouvelles valeurs."L’époque dans laquelle on vitdemande que l’on exprime desvaleurs très fortes : courage,persévérance, goût de l’effort,sens des responsabilités, del’audace. Ce n’est pas facile, maisc’est formidable d’être courageux,d’avoir de l’audace… les bonheursviennent aussi des effortssurmontés."

Pour se mettre en marche, ilfaut un déclic. "Le déclic, c’est lepas qu’on fait pour passer del’intention à l’action, pour sortir desa zone de confort, pour oser",explique l'auteure. C’est unmouvement que nous sommesles seuls à pouvoir amorcer. Elleajoute : "Un jour arrive où l’enviedevient plus forte que la peur. Çapeut nous prendre un matin ennous réveillant, après uneconversation, en lisant un article…"

En fait, le déclic, "c’est un ouiaprès de nombreux non", que cesoit des "non" que nous nous

sommes imposés ou que nousavons reçus. Ce qui veut direque, pour réussir, il fautéchouer.

Les 50 personnalités dontCharlotte Savreux dresse leportrait dans son livre sontautant d’exemples de cettecapacité à rebondir. De JamesDyson (inventeur des aspirateurssans sacs) à Malika Bellaribi(chanteuse d’opéra née dans lesbidonvilles de Nanterre), d’AlainDucasse (chef) à FlorenceServan-Schreiber (professeurede bonheur), toutes cespersonnes ont un pointcommun : "Pour elles, la notiond’échec n’existe pas. Ce sont desapprentissages, des épreuves,une expérience. Lorsque l’on n’apas quelque chose, d’autrespossibles s’ouvrent à nous."

Dans son essai intitulé Les vertusde l’échec, le philosophe CharlesPépin décortique l’échec pourmontrer le positif que l’on peuten tirer. Pour lui, aucun doute, l’échec a beaucoup à nousapprendre dès lors que l’onaccepte de s’y intéresser. Avoirraté n’est pas "être un raté", etmieux vaut questionner unéchec que se complaire dans unsuccès. Alors, cette année, osez ! ■

L'année du déclic, Charlotte Savreux,Balland, 2016.

Les vertus de l'échec, Charles Pépin,Allary Éditions, 2016.

Le monde va beaucoup mieux que vous ne lecroyez, Jacques Lecomte,

Les Arènes, février 2017.

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