Emmanuel Dongala

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/ 37 6 es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net Emmanuel Dongala Congo / États-Unis Emmanuel Dongala est né en 1941 en République centrafricaine. Il est titulaire d’un Master of Sciences de la Rutgers University (États-Unis) et est Docteur ès Sciences de l’Université de Montpellier. Il a enseigné la chimie à la faculté des sciences de Brazzaville jusqu’à la guerre civile qui a ravagé le Congo en 1997. Il vit aujourd’hui aux États-Unis où il est professeur de chimie au Simon’s Rock College, dans le Massachusetts, et professeur de littérature africaine francophone au Bard College (New York). A Brazaville, il avait fondé en 1981 le Théâtre de l’Éclair, compagnie avec laquelle il avait monté plusieurs pièces d’auteurs congolais ou étrangers. Il avait également présidé l’Association nationale des écrivains du Congo. Emmanuel Dongala est lauréat du Prix Fonlon-Nichols d’excellence littéraire 2003. La Bourse de Beaumarchais lui avait été attribuée en 1992. Son œuvre est traduite dans une douzaine de langues et son roman Johnny chien méchant (Le Serpent à plumes, 2002) a été adapté au cinéma par Jean-Stéphane Sauvaire sous le titre Johnny Mad Dog. Depuis son exil new-yorkais, il s’inscrit dans le renouveau d’une littérature africaine en pleine mutation, trouvant son inspiration dans un monde bouleversé et essayant de déchiffrer ce qui se cache derrière l’apparence des choses. L’auteur Zoom D.R. Photo de groupe au bord du fleuve (Actes Sud, 2010) (333 p.) Prix Virilo 2010 Corruption et violence politique Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l’attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain. Elles viennent d’apprendre que la construction d’un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu’elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation. L’enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille... Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l’oppression au travail et dans la famille, les « casseuses de cailloux » découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c’est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde. Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s’inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l’humour en plus. La presse « Ce très grand auteur – Philip Roth est un supporter inconditionnel – a écrit ce roman magnifique, qu’on ne lâche pas. Pas d’exotisme chez Dongala mais de l’info, du réel, de l’humour, pour dresser le portrait admiratif de femmes exceptionnelles. » Vogue « Au plus près des femmes, dont il dénonce l’exploitation au travail comme à la maison, Emmanuel Dongala manie à merveille l’humour, cette politesse des désabusés. Agité de mouvements d’épaules et de regards complices, même au plus noir de l’adversité, son livre est un bel hymne à la solidarité. » Télérama La presse (suite) « C’est de fierté qu’il s’agit, de dignité, de refus de toutes les formes de domination (sexuelle, familiale, religieuse, etc.). Tantôt tragique, tantôt drôle mais toujours admirablement écrit (quelle maîtrise de la deuxième personne !), Photo de groupe au bord du fleuve repose non seulement sur son inoubliable galerie de personnages féminins (Méré, Iyissou, Batatou, Bileko, Laurentine et les autres), mais aussi sur son portrait féroce d’une Afrique gangrenée par les abus de pouvoir. » L’Express

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/ 376es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

Emmanuel DongalaCongo / États-Unis

Emmanuel Dongala est né en 1941 en République centrafricaine. Il est titulaire d’un Master of Sciences de la Rutgers University (États-Unis) et est Docteur ès Sciences de l’Université de Montpellier. Il a enseigné la chimie à la faculté des sciences de Brazzaville jusqu’à la guerre civile qui a ravagé le Congo en 1997. Il vit aujourd’hui aux États-Unis où il est professeur de chimie au Simon’s Rock College, dans le Massachusetts, et professeur de littérature africaine francophone au Bard College (New York). A Brazaville, il avait fondé en 1981 le Théâtre de l’Éclair, compagnie avec laquelle il avait monté plusieurs pièces d’auteurs congolais ou étrangers. Il avait également présidé l’Association nationale des écrivains du Congo. Emmanuel Dongala est lauréat du Prix Fonlon-Nichols d’excellence littéraire 2003. La Bourse de Beaumarchais lui avait été attribuée en 1992. Son œuvre est traduite dans une douzaine de langues et son roman Johnny chien méchant (Le Serpent à plumes, 2002) a été adapté au cinéma par Jean-Stéphane Sauvaire sous le titre Johnny Mad Dog. Depuis son exil new-yorkais, il s’inscrit dans le renouveau d’une littérature africaine en pleine mutation, trouvant son inspiration dans un monde bouleversé et essayant de déchiffrer ce qui se cache derrière l’apparence des choses.

L’auteur Zoom

D.R.

Photo de groupe au bord du fleuve (Actes Sud, 2010) (333 p.) Prix Virilo 2010

Corruption et violence politique

Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l’attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain. Elles viennent d’apprendre que la construction d’un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu’elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que

Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation. L’enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille... Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l’oppression au travail et dans la famille, les « casseuses de cailloux » découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c’est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde. Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s’inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l’humour en plus.

La presse

« Ce très grand auteur – Philip Roth est un supporter inconditionnel – a écrit ce roman magnifique, qu’on ne lâche pas. Pas d’exotisme chez Dongala mais de l’info, du réel, de l’humour, pour dresser le portrait admiratif de femmes exceptionnelles. »

Vogue

« Au plus près des femmes, dont il dénonce l’exploitation au travail comme à la maison, Emmanuel Dongala manie à merveille l’humour, cette politesse des désabusés. Agité de mouvements d’épaules et de regards complices, même au plus noir de l’adversité, son livre est un bel hymne à la solidarité. »

Télérama

La presse (suite)

« C’est de fierté qu’il s’agit, de dignité, de refus de toutes les formes de domination (sexuelle, familiale, religieuse, etc.). Tantôt tragique, tantôt drôle mais toujours admirablement écrit (quelle maîtrise de la deuxième personne !), Photo de groupe au bord du fleuve repose non seulement sur son inoubliable galerie de personnages féminins (Méré, Iyissou, Batatou, Bileko, Laurentine et les autres), mais aussi sur son portrait féroce d’une Afrique gangrenée par les abus de pouvoir. »

L’Express

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/ 386es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

L’œuvre

Photo de groupe au bord du fleuve (Actes Sud, 2010) (333 p.) Prix Virilo 2010Johnny chien méchant / Johnny mad dog (Serpent à Plumes, 2002 - 2008) (456 p.)Les Petits Garçons naissent aussi des étoiles (Serpent à plumes, 1998 – 2000 INDISPONIBLE) (317 p.)Jazz et vin de palme, nouvelles (Serpent à plumes, 1992 - 1999 ; Hatier, 2002) (206 p.)Le Feu des origines (Albin Michel, 1987 ÉPUISÉ ; Serpent à Plumes, 2004) (325 p.) Grand Prix littéraire d’Afrique NoireUn Fusil dans la main, un poème dans la poche (Albin Michel, 1974 ÉPUISÉ ; Serpent à Plumes, 2003) (395 p.)

Congo, en ce moment même. Johnny, seize ans, vêtu de son treillis et de son tee-shirt in-crusté de bris de verre, armé jusqu’aux dents, habité par le chien méchant qu’il veut de-venir, vole, viole, pille et abat tout ce qui croise sa route. Laokolé, seize ans, poussant sa mère aux jambes frac-

turées dans une brouette branlante, tâchant de s’inventer l’avenir radieux que sa scolarité brillante lui promettait, fuit sa ville livrée aux milices d’enfants soldats. Sous les fenêtres des ambassades, des ONG, du Haut-Comissariat pour les réfugiés, et sous les yeux des télévi-sions occidentales, des adolescents abreuvés d’imageries hollywoodiennes et d’informations mensongères jouent à la guerre : les milices combattent des ennemis baptisés «Tchét-chènes», les chefs de guerre, très à cheval sur leurs codes d’honneur, se font appeler Rambo ou Giap et s’entretuent pour un poste de radio, une corbeille de fruits ou une parole de travers. Dans ce roman qui met en scène des adoles-cents à l’enfance abrégée, Dongala montre avec force comment, dans une Afrique ravagée par des guerres absurdes, un peuple tente malgré tout de survivre et de sauvegarder sa part d’hu-manité.

Johnny chien méchant / Johnny mad dog (Serpent à Plumes, 2002 - 2008) (456 p.)

À travers le regard de Mata-bari, le cadet des triplés de l’instituteur du village, Emma-nuel Dongala retrace l’histoire politique et sociale d’un pays plus ou moins imaginaire, qui pourrait être le Congo, depuis l’indépendance. Gouverne-ment de tutelle colonialiste, coup d’État militaire, « dé-

mocratie populaire » marxiste..., les régimes se succèdent mais les hommes ne changent guère et le narrateur observe, avec une admi-ration d’enfant et au grand dam de son père, humaniste incorruptible, l’ascension de son Tonton Boula-Boula, opportuniste séduisant et hâbleur, qui se taillera une place jusqu’à la tête du gouvernement. Dongala, avec la malice et la fausse candeur qu’il manie si bien, brosse un tableau plein d’ironie et de couleurs, mais aussi d’inquiétude et de colère, de l’état de la démo-cratie et de la situation économique et sociale des pays d’Afrique centrale. Un roman grinçant et plein d’humour, sur une réalité africaine en-core largement actuelle.

Les Petits Garçons naissent aussi des étoiles (Serpent à plumes, 1998 – 2000 INDISPONIBLE) (317 p.)

Jazz et vin de palme, nouvelles (Serpent à plumes, 1992 - 1999 ; Hatier, 2002) (206 p.)

Emmanuel Dongala a dix-sept ans en 1958, quand le Congo devient une répu-blique indépendante. Dans huit longues nouvelles au rythme balancé et à l’hu-mour corrosif, il fait re-vivre la Révolution rouge de Brazzaville, qu’il consi-dère avec un profond pessi-

misme, et promène son blues dans les boîtes de jazz de New York , où il se repaît des sonori-tés inspirées de John Coltrane. Sous la naïveté burlesque des sujets, tels ces extraterrestres prenant possession de la planète et que seul l’enivrant vin de palme peut adoucir, nous sont livrées quelques-unes des plus belles pages sur la défaite du rêve des jeunes états africains, évoquée comme en écho par la tragédie d’un saxophoniste de génie en quête de l’absolu.

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/ 396es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

Véritable saga au cœur de la colonisation, Le Feu des origines se propage de la brousse à la ville, sur les traces d’un héros en révolte, Mandala Mankunku. De sa naissance merveilleuse à ses dernières années, la vie de Mandala raconte l’histoire de son pays, le Congo, et de son

continent, l’Afrique. La sanglante construction du chemin de fer congolais, la mise en coupe du pays, et jusqu’à l’utilisation massive des hommes lors de la guerre de 1940, où le Tchad, le Cameroun, la Centrafrique et le Congo constitueront les bases de « la France Libre ». Alors, balayé par le pouvoir colonial, usé par les luttes politiques puis la guerre, vieilli aux yeux même de ces enfants partis chercher la moder-nité en Occident, il restera à Mandala Mankun-ku à retrouver le feu des origines.

Le Feu des origines (Albin Michel, 1987 ÉPUISÉ ; Serpent à Plumes, 2004) (325 p.)Grand Prix littéraire d’Afrique Noire

Premier roman d’Emma-nuel Dongala, Un fusil dans la main, un poème dans la poche est le récit des Indé-pendances de l’Afrique, à tra-vers le personnage de Mayéla dia Mayéla. De la lutte intel-lectuelle puis armée dans les maquis d’Afrique australe, jusqu’au sommet du pouvoir,

Mayéla incarne oh combien ce rêve porté par les Fanon, Cabral et Lumumba. Ce rêve aura été celui d’un continent libéré du colonialisme mais qui, en réalité, n’aura fait que changer de maître, remplaçant le colon blanc par le despote noir. Un roman magnifique, emblème d’une génération perdue.

Un Fusil dans la main, un poème dans la poche (Albin Michel, 1974 ÉPUISÉ ; Serpent à Plumes, 2003) (395 p.)