Elias Et Le Romanticisme

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 ELIAS ET LE ROMANTISME ÉDUCATIF SUR LES TENSIONS DANS L'ÉDUCATION CONTEMPORAINE Author(s): Francois de Singly Source: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 99, NORBERT ELIAS : UNE LECTURE PLURIELLE (Juillet-Décembre 1995), pp. 279-291 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40690642  . Accessed: 05/01/2015 21:24 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at  . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp  . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].  . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org

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  • ELIAS ET LE ROMANTISME DUCATIF SUR LES TENSIONS DANS L'DUCATIONCONTEMPORAINEAuthor(s): Francois de SinglySource: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SRIE, Vol. 99, NORBERT ELIAS : UNELECTURE PLURIELLE (Juillet-Dcembre 1995), pp. 279-291Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40690642 .Accessed: 05/01/2015 21:24

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  • ELIAS ET LE ROMANTISME DUCATIF SUR LES TENSIONS

    DANS L'DUCATION CONTEMPORAINE par Franois de Singly

    RSUM

    Pour Norbert Elias, certaines priodes, lorsque les contraintes civilisatrices (qui s'expriment dans l'autocontrl) augmentent, naissent des mouvements de refus. Les romantiques rvent d'une nature accueillante au sein de laquelle les individus peu- vent viter les trop fortes contraintes. On se demande si l'existence des coles nou- velles, soucieuses de l'panouissement de l'enfant, ne peut pas tre considre comme une des formes de ce romantisme, en raction contre les excs de la concurrence scolaire dans les tablissements d'excellence. Une enqute mene auprs de parents dont les enfants frquentent ces deux types d'coles permet d'approcher l'arbitrage que les parents partisans des coles nouvelles font entre exigence de la russite scolaire et idal de l'panouissement. L'ducation qu'ils donnent leurs enfants et les raisons qui leur font choisir ce type d'tablissement conduisent approfondir les conditions contempo- raines d'apparition de cette forme de romantisme - permettant ainsi d'enrichir la pers- pective ouverte par Norbert Elias.

    Mots cls : Elias, Famille, ducation.

    SUMMARY

    According to Norbert Lhas, movements oj dental arise during certain periods when civilizing constraints (manifested through self-control) increase. The romantics dream of a friendly nature where individuals can avoid excessive constraints. Can the new schools concerned about children's personal development be taken to be a form of this romanticism - in reaction to the intense competition prevailing in schools of excellence ? A survey conducted among parents of children attending these two types of schools sheds light on the distinction that parents in favour of new schools make bet- ween an emphasis on their children's academic success and the idea of personal deve- lopment. The education these parents give to their children and their reasons for choo- sing this type of establishment provide clues for understanding the conditions for the emergence of this form of romanticism in today's world - this deepens the perspective developed by Norbert Elias.

    Key words : Elias, Family, Education.

    Cahiers internationaux de Sociologie, Vol. 99 [279-291], 1995

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    Pour un sociologue soucieux de comprendre la famille contem- poraine, les perspectives ouvertes par Norbert Elias sont prcieuses (elles stimulent sans enfermer dans un systme). Cet auteur donne une place plus importante que la sociologie classique - songeons Durkheim notamment - aux relations d'interpntration et aux interdpendances humaines : Les sociologues ont coutume de considrer les liens entre les hommes du point de vue du ils ... Or on ne rend pas justice au problme des interdpendances sociales si Ton se borne aux interdpendances relativement impersonnelles. Il faut intgrer la thorie sociologique les interdpendances person- nelles, et surtout les liaisons motionnelles des hommes comme fac- teur de liaison sociale (1981, p. 166-167). Les changements de para- digme en France n'ont pas suffi dstabiliser la hirarchie des objets sociaux et sociologiques : la politique, les relations dans la sphre publique l'emportent aisment sur le domestique, les relations dans la sphre prive. En d'autres termes, et dans une perspective fministe, Carol Gilligan (1986) dnonce aussi ce primat de la sphre publique, du point de vue abstrait (la hauteur de vue propre aux ils ) comme une des formes de la domination masculine. Et elle tente de rhabili- ter un point de vue particulariste, plus fminin, plus sensible aux fac- teurs, comme la personnalit et les circonstances avant de porter un jugement. Le je et le tu constituent des lments aussi dcisifs que le ils , le nous et le on pour apprhender le fonctionne- ment d'une socit. George H. Mead (1963) en diffrenciant autrui gnralis et autrui significatif propose une thorie qui peut tre aussi lue dans cette perspective selon laquelle la vie commune (Todo- rov, 1995) rsulte tout autant du travail sur les relations interperson- nelles, notamment le care, que des institutions. L'incompltude cons- titutive des humains les pousse nouer des liens de dpendance.

    La dualit de V individualisme contemporain

    Une telle vision du monde social permet de rompre avec les discours sur l'individualisme contemporain qui rendrait les hommes et les femmes, les adultes et les jeunes renferms dans leur gosme, la poursuite de leurs seules satisfactions narcissiques, ou exclusivement centrs sur la conqute des meilleures places, la recherche de l'excellence. Il s'agit d'un des versants de l'individua- lisme, le second est trs diffrent. Les individus veulent dmontrer leur humanit en affichant leur capacit tablir des liens person- nels et dsintresss (de Singly, 1990). Les discordes entre utilita- risme et anti-utilitarisme sont souvent absurdes, elles partagent un point commun, celui de prner une conception unidimensionnelle des relations humaines. Or c'est celui-ci qui est contestable : les

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    relations sont la fois utilitaires et dsintresses, le don coexiste avec l'intrt, sans qu'aucun des deux ne puisse tre rabattu sur l'autre axe (ce que Pierre Bourdieu (1994) ralise en codant en der- nire instance tout comportement selon la logique de l'intrt). Ces deux dimensions participent l'accumulation des ressources, la construction des identits personnelles et sociales, la formation des liens de coopration et de concurrence dans le cadre d'une cer- taine spcialisation des sphres, fixant des dominantes chacune : plutt l'intrt pour la sphre publique, plutt le don pour la sphre prive1. L'importance que les individus accordent leur vie prive, le repli domestique (Kaufmann, 1988) forment l'envers de la lutte de tous contre tous. L'amour, l'affection permettent pour une part, comme le laisse entendre Norbert Elias propos de la naissance de l'amour conjugal, d'chapper aux contraintes de civilisation. Mais ils constituent aussi le support pour l'apprentis- sage des liens d'interdpendance aussi bien dans les rapports entre gnrations que dans les rapports entre genres.

    Les socits contemporaines exigent que leurs membres utili- sent, le plus frquemment, des logiques argumentaires qui font rfrence l'individu. Derrire ce terme unique se cachent, on vient de l'esquisser, deux formes de l'individualit : celle de l'indi- vidu qui s'est fait par son mrite, par son travail et ses talents ; celle de l'individu qui est lui-mme grce aux liens qu'il noue avec des proches, grce l'amour ou l'affection qu'il reoit et qu'il donne. Le modle normatif de l'ducation qui a t intrioris en France partir des annes 60, avec d'une part l'extension d'une longue sco- larisation tous les milieux sociaux (et aux filles) et d'autre part la diffusion des ides psychologiques sur le dveloppement de l'en- fant et sur la critique de l'ducation traditionnelle (avec la phase aprs 1968 de l'ducation anti-autoritaire), fournit aux parents deux injonctions : Votre enfant doit russir , votre enfant doit tre panoui . Schmatiquement, ces deux principes renvoient des formes de relation avec autrui opposes - la concurrence et la coopration -, des justifications divergentes - tre le meilleur, tre heureux -, des types de rgulation diffrents - la rfrence soit l'extriorit du savoir et des comptences mesurables, soit l'intriorit d'une nature aimable qui ne demande qu' tre rvle. Il y a donc dualit des attentes sociales vis--vis de l'enfance, ren- voyant la complexit de la dfinition de l'individu contempo-

    1. La dmarche de Fortune et infortune de la femme marie (1987) n'a pas toujours t comprise. Il ne s'agissait pas d'affirmer que les conjoints n'agissaient qu'en fonc- tion de leur intrt, il s'agissait de voir jusqu'o la logique de l'intrt permettait de rendre compte du fonctionnement de la vie conjugale.

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    rain. Et cette dualit traverse la famille qui n'a pas pour fonction unique d'assurer un cadre permettant le meilleur panouissement personnel, cette famille doit aussi prparer les jeunes supporter la concurrence scolaire afin d'tre le mieux dots en capital scolaire.

    Les parents ont conscience de cette double attente. Ainsi les hommes et les femmes qui ont un enfant de trois dix-huit ans hi- rarchisent leurs priorits pour lui : 62 % classent en premier le fait qu'il soit bien dans sa peau , 36 % retiennent le fait qu'il russisse bien l'cole (sondage csa/ Famille magazine, septembre 1995). A la question suivante sur ce qu'il leur ferait le plus de plaisir, les mmes parents inversent l'ordre ; ils rpondent d'abord que leur enfant rus- sisse l'cole (48 %). Les pres et les mres voudraient une ducation selon laquelle l'enfant doit devenir lui-mme tout en sachant respec- ter les obligations scolaires. Lorsqu'une mre dcrit son enfant, elle utilise les deux registres. Ecoutons une femme (tudes suprieures, bnvole dans des associations, marie un banquier) qui parle de son fils, Paulo : II est sympa. Je le trouve assez quilibr. Il marche bien l'cole, je n'ai pas le tanner pour le travail. Il est bordlique, mais je trouve que ce n'est pas grave. Je prfre qu'il travaille l'cole et qu'il ne soit pas ordonn. Elle cite vite dans la mise en scne la dimension scolaire, mais la question suivante sur ce qui lui fait le plus plaisir par rapport son enfant, la place de l'cole rtrograde : C'est de le voir heureux, de le voir bien dans sa peau. Toujours en train de rire, toujours en train de plaisanter. Pour nous c'est trs important. Qu'il travaille bien l'cole aussi, je suis contente. C'est un plus, mais je trouve que le plus important, c'est qu'il soit bien dans sa peau et bien dans sa tte.

    Obir des dieux dont les demandes ne concident pas oblige les jeunes et leurs parents rsoudre en permanence des contradic- tions. Les premiers, avec l'aide des seconds, doivent honorer la nature psychologique qui dort en eux tout en acceptant de se sou- mettre la culture scolaire. Ils y parviennent plus ou moins selon les capitaux dont dispose la famille, les stratgies que celle-ci met en uvre, l'histoire personnelle de chacun, la logique de fonction- nement des interactions au quotidien. Tant de facteurs intervien- nent dans la formation du projet ducatif, de sa mise en uvre que chacun peut avoir l'impression de disposer de la libert de culte. Cela n'exclut pas certaines rgularits dans la construction d'qui- libre entre les deux principes ducatifs. Des familles privilgient la dimension scolaire, d'autres la dimension personnelle (sans exclure l'autre ple). Et leurs choix s'inscrivent dans des institutions, les premires reprent au sein de l'espace des coles publiques - celles qui proposent les meilleures garanties de russite (la demande est telle qu'en dpit des positions initiales dfavorables du ministre de

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    l'ducation nationale, ce dernier publie dsormais les rsultats des lyces afin de rpondre la demande des consommateurs d'cole) -, les secondes ont particip la cration des coles nou- velles. Afin de connatre les profils des parents qui retiennent l'une ou l'autre option (sans oublier que bon nombre d'entre eux pren- nent l'cole du quartier, mme ordinaire), leurs manires de faire ducatives, on a ralis une enqute par questionnaire auprs d'un chantillon de parents de milieux moyen ou suprieur dont les enfants sont soit dans des collges considrs comme excellents du point de vue de la russite scolaire, soit dans des coles dites nou- velles dont la ligne officielle est l'panouissement de l'enfant1.

    Deux rsolutions de la tension

    Les parents qui ont tout fait pour mettre leur enfant dans un collge d'excellence (qui ne dpendait pas de leur secteur) sont cohrents avec leur choix. Ils ont une plus grande ambition : prs d'un quart visent les grandes coles, contre 6 % pour les parents d'coles nouvelles ! Les premiers ont dj prvu l'tape suivante en slectionnant le Lyce alors que les parents d'coles nouvelles refu- sent plus d'indiquer le niveau souhait, ils ne veulent pas prendre la place de leur enfant. Ils rpondent que leur fils ou leur fille ira selon son rythme et jusqu'o il veut (dans trois quarts des cas, contre la moiti pour l'autre groupe de parents), alors que la moi- ti des parents des collges d'excellence veulent que cela soit le plus loin possible. Autonomie et russite qualifient les deux ples. Les parents d'coles nouvelles ont une conception divergente de l'en- fance ; pour eux, le dvoilement de la nature de l'enfant ne peut pas tre forc. Rien ne sert de courir. Sans doute est-ce pour cette raison que l'ge de matrise de la lecture est nettement plus tardif : un tiers des enfants de ce groupe et un cinquime des enfants des collges d'excellence ont appris lire aprs six ans. Et la question sur d'ventuelles ressources en sommeil, la justification par les contraintes de l'ge est avance plus souvent que la raison du tra- vail insuffisant. Les primeurs ne sont pas aussi apprcies, la prco- cit tant surtout utile dans la logique de la concurrence scolaire.

    Prolongeant le clivage russite/autonomie, un second point dis- tingue les deux options ducatives : l'une insiste sur la rgulation

    1 . Les presents rsultats sont tires d une enqute par questionnaire menee auprs de 512 mres qui ont un enfant de douze ans soit dans un collge considr socialement comme d'excellence, soit dans une cole nouvelle de la rgion pari- sienne. Cette enqute a t ralise en 1992, avec Philippe Cibois, dans le cadre de l'enseignement sur les mthodes quantitatives l'Universit de Paris V. Christelle Oiry a particip l'exploitation des donnes.

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    interne et sur l'autonomie et l'autre sur la rgulation externe et sur l'obissance. Trois fois plus de mres qui ont choisi les collges d'excellence que de mres en faveur des coles nouvelles retiennent dans une liste de qualits la politesse ; les autres mres choisissent l'autonomie. La valeur respect fait, elle, consensus, car elle est ambigu, renvoyant aussi bien au respect de l'autorit qu'au res- pect de soi, ou des autres. Comment fonctionne le couple russite et obissance ? La seconde valeur n'est-elle qu'une condition de la premire, ou sert-elle aussi de rvlateur d'un rapport strict aux institutions et donc aux contraintes externes ? Ce qui est certain c'est leur renforcement rciproque. Les parents les plus sensibles la russite introduisent dans leur discours ducatif la ncessit pour l'enfant d'apprendre aussi vivre avec les contraintes. Ils peroi- vent le monde, la socit comme un monde difficile et estiment que l'enfant doit s'y prparer. Le rapport l'enfance est donc objet simultanment de consensus et de dissensus. Pour les uns, l'enfance est un temps pendant lequel l'enfant a pour mission de se dcou- vrir, avec l'aide des proches, et dans des conditions spcifiques cet ge. Pour les autres, au contraire, l'enfant doit se prparer tre adulte le plus tt possible, en apprenant dvelopper les ressources compatibles avec la demande sociale. La concurrence scolaire, mme tempre, est vcue sur un mode ngatif, ou positif, prpa- rant doublement Tage adulte par la formation d'un bon capital scolaire et par le respect d'un jeu sous contraintes. Il n'y a pas de temps perdre pour les parents de collges d'excellence. Sans doute est-ce pour cela qu'ils prfrent Trivial Pursuit Pictionnary alors que pour les parents d'coles nouvelles, c'est l'inverse. Les checs sont prfrs au jeu de dames, pour les mmes raisons, les premiers font travailler davantage l'intelligence et la logique. S'il est possible pendant les loisirs d'apprendre quelque chose, c'est mieux. Se dtendre, rire ensemble, sont des activits inutiles. Ces parents sont moins nombreux dclarer que leur enfant aime ne rien faire . Le souci du dveloppement de l'enfant pourrait deve- nir obsessionnel.

    Le rve d'une adquation parfaite entre talents de l'enfant et exigences sociales, scolaires, familiales, caractrise les parents de collges d'excellence. Il se rfracte dans la manire dont ces derniers dfinissent leur rle. Il y a peu de diffrence entre les profils des mres selon le type d'coles, juste un peu plus d'aide intellectuelle d'un ct, et de comprhension, de complicit de l'autre. En revanche, l'image du pre diffre. Le qualificatif fermet comme attitude paternelle est cit deux fois plus souvent par les parents des collges d'excellence que par ceux des coles nouvelles (41 % et 22 %). Cette attitude qui obtient le meilleur score dans le

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    premier groupe n'est classe dans le second groupe qu'aprs la complicit, l'aide intellectuelle, la comprhension, la protection. Les parents des coles nouvelles rejettent un terme trop connot la manifestation de l'autorit, de la rgle externe, trop contradic- toire avec l'autonomie de l'enfant. Les reprsentations paternelle et maternelle sont assez similaires chez les partisans d'coles nouvelles, comme s'il y avait un certain alignement des deux parents sur les valeurs fminines. Le costume de gendarme - de personne charge de surveiller l'ordre et la discipline - est rang au placard (avec les autres valeurs traditionnelles de la gnration prcdente : le pro- verbe Qui aime bien, chtie bien est jug dmod et faux davantage par ces parents que par les autres. Le pre et la mre, moins diffrencis sexuellement, peuvent devenir des partenaires de l'enfant, principe complmentaire de l'enfant partenaire . Cela est perceptible par le fait que les enfants levs dans de telles conditions sont, selon leurs parents, plus au courant de la vie pro- fessionnelle, des problmes de sant, des opinions politiques, voire mme des problmes sentimentaux de leur pre, de leur mre. La centration sur la communication familiale comme procd de dvoilement de la nature enfantine implique une modification des rgles de la conversation (plus d'ailleurs qu'un changement d'in- tensit, les conversations entre parent et enfant ne sont pas plus fr- quentes dans ce groupe). Chacun doit avoir la parole, chacun doit pouvoir s'exprimer, aussi bien les petits que les grands. Pour que cela soit possible, une trop grande dnivellation de statut est reje- te. L'enfant sera alors estim en fonction moins de son degr d'obissance que de son ouverture d'esprit et de sa capacit d'ex- pression.

    Les partisans du romantisme ducatif

    Trois facteurs interviennent dans le choix de l'une ou l'autre dominante : le systme de valeurs des parents, le sexe de l'enfant, son pass scolaire. Le niveau scolaire du pre ou de la mre ne constitue pas un lment discriminant. On aurait pu penser que les parents les mieux dots scolairement soient plus favorables aux coles dites d'excellence, ce n'est pas le cas. La proportion de pres ayant t dans les grandes coles, par exemple, est identique dans les deux groupes. Les diffrences de position professionnelle sont, elles aussi, peu sensibles au sein des classes moyennes et suprieures. En revanche, les rfrences politiques divergent. Les hommes et femmes de droite ou du centre sont beaucoup plus nombreux (du simple au double) chez les parents d'lves dans les collges d'ex- cellence. Les parents d'lves des coles nouvelles se recrutent plus

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    gauche et surtout dans les rangs des personnes de sensibilit co- logique. Ce qui domine parmi les partisans des coles nouvelles c'est une vision du monde o les humains et la nature se rencon- trent, o les premiers respectent aussi bien leur nature intrieure que la nature extrieure. Les femmes qui ont mis leur enfant l'cole nouvelle ressentent leur mtier comme impos, comme n'tant pas celui qu'elles auraient voulu faire. Elles souhaitent qu' la gnration suivante une plus grande attention aux dsirs de leur enfant soit dveloppe. Elles sont beaucoup plus nombreuses vouloir donner une ducation diffrente de celle qu'elles ont reue de leurs parents.

    Le souhait des parents d'coles nouvelles peut tre rapproch du dsir d'Urf dans VAstre : Vivre plus doucement et sans contrainte. Selon Norbert Elias (1974), la naissance ou la renais- sance de tels rves renvoie une augmentation des contraintes civi- lisatrices, c'est--dire de l'autocontrl, et une position spcifique dans les rapports sociaux, celle des couches deux fronts (ni suprieure-suprieure, ni populaire). Ces couches aimeraient se dbarrasser des contraintes autoritaires et civilisatrices qui leur psent, tout en maintenant celles qu'elles considrent comme la marque distinctive de leur appartenance une lite, de leur posi- tion sociale . C'est ainsi que dans L'Astre, les bergers d'Urf veulent chapper aux contraintes de la socit aristocratique et de la cour sans perdre les privilges et les traits distingus qui les spa- rent, du fait de leur civilit d'aristocrates, des gens non civiliss sentant le mouton et la chvre, des vrais paysans et des vrais ber- gers (Elias, p. 301). Les parents favorables aux coles nouvelles veulent viter les trop fortes contraintes de la concurrence des lyces d'excellence sans pour autant souhaiter que leurs enfants vivent dans des coles ordinaires. Les loisirs qu'ils proposent leurs enfants, la musique par exemple, dmontrent aussi le maintien d'un projet culturel fort. L'invention d'une institution sociale qui respecte mieux la nature de l'enfant constitue une forme de retraite dans des enclaves o la vie sociale est plus simple . En ne frquentant ni les lves trop centrs sur la russite, ni les jeunes pas assez cultivs , en restant entre soi, ce repli scolaire limine les contradictions sociales et scolaires.

    Romantisme ducatif et rsistances aux contraintes extrieures

    Par rapport au schma de Norbert Elias, deux lments du romantisme ducatif posent question. Premirement, le fait que les parents romantiques ne refusent pas l'accroissement des autocon- traintes civilisatrices . Us soutiennent, au contraire, compltement

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    le projet de la psychologisation de l'enfance et des relations sociales. Ce qu'ils refusent, c'est un autre type de contrainte : l'al- liance, qui leur parat contre nature, entre ces autocontraintes et les contraintes extrieures de la russite. Ils aimeraient croire que le capital relationnel, ncessaire pour les distinguer des enfants origi- naires de milieux moins favoriss, a dtrn le capital scolaire. Les parents qui mettent leur enfant l'abri relatif de la concurrence scolaire, qui se mfient des coles ordinaires, inutiles ou des coles d'excellence, trop autoritaires, croient davantage que leur enfant parviendra devenir lui-mme sans l'inculcation haute dose des savoirs aussitt oublis une fois appris, sans l'imposition d'une dis- cipline qui contraint les lves rester assis pendant des heures, pas- sifs couter (plus ou moins) des cours magistraux. Mais comme on l'a dj soulign, leur logique argumentaire repose sur celle dploye par les psychologues (Franoise Dolto a t un person- nage central), avant-garde d'un mode de rgulation par autocon- trainte civilisatrice. A ce niveau, le romantisme ducatif devrait tre considr comme une espce part de romantisme, selon la dfinition d'Elias.

    Mais peut-tre faut-il reconsidrer la thse de cet auteur. Ainsi, pour prendre le cas trs important de l'amour, l'histoire nous apprend que les promoteurs de ce type de relations l'ont oppos au mariage d'intrt, et donc une imposition par des autorits extrieures (l'intrt des lignes familiales, de la commu- naut villageoise) de la formation des groupes conjugaux. Pour marquer cette rupture, l'amour se rapproche de la nature, ce n'est pas un hasard si les romans d'amour se droulent souvent hors des villes, que l'on songe aux amours de Tristan et Yseult, ou de Paul et Virginie. Lorsque amour et mariage se sont allis trs progressivement partir du milieu du xvme sicle, le dsordre social ne s'est pas install pour autant. Le choix du conjoint s'est effectu et continue de s'effectuer selon les indications non plus drivant directement des contraintes parentales, mais fournies par les autocontraintes civilisatrices vcues sous le besoin du senti- ment d'tre reconnu en tant que personne. Il faudrait tudier sys- tmatiquement les figures du romantisme pour savoir si les rsis- tances sociales suscitant de tels mouvements ne proviennent pas davantage d'une perception d'un excs de contraintes externes et d'une valorisation des autocontraintes qui prennent dans la cons- cience les apparences, beaucoup plus sduisantes, de l'exaltation du moi. Ainsi revu et corrig, le sens du romantisme serait davantage une forme d'avant-garde ractionnaire, un mouve- ment qui combat certaines dimensions du monde social, ce qui peut sembler excs de contraintes - notamment avec l'accroisse-

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    ment des pressions du march du travail et du march scolaire -, au nom de la dfense des droits de l'individu.

    Deuximement, les parents des coles nouvelles se caractrisent assez peu par une position originale dans l'espace social. Ils ne for- ment pas un groupe part. Bien des hommes et des femmes qui ont mis un enfant dans une cole nouvelle en ont un autre dans le circuit normal de la scolarit. Ils sont sans doute plus sensibles l'arbitraire, voire aux injustices des effets de la concurrence scolaire et sociale (des rcits de vie seraient ncessaires pour dtecter les accidents de trajectoire des parents ou de leurs propres parents, pour connatre les fondements culturels de cette sensibilit, facteurs difficilement perceptibles dans l'analyse quantitative). Et ils y sont d'autant plus enclins que la conjoncture familiale s'y prte. Les familles des deux groupes se distinguent plutt davantage selon les traits des enfants concerns que selon des caractristiques gnrales du groupe (position et diplme des parents). Le repli scolaire affecte plus les filles que les garons (60 % des lves des coles nouvelles et 50 % de ceux des collges d'excellence sont des filles), plus les collgiens qui ont eu un pass difficile que les bons lves (un tiers des lves des coles nouvelles et un quart des lves des collges d'excellence ont eu des difficults scolaires). Ces deux l- ments expriment une anticipation spcifique de l'avenir des enfants. Pour les filles, cela traduit une moindre proccupation de la russite professionnelle. Elles peuvent, voire mme doivent, avoir une activit professionnelle sans que celle-ci soit la priorit. Elles n'ont pas dvelopper des comptences identiques celles des fils. Les unes auront mettre en uvre dans la vie prive ou pro- fessionnelle des relations de coopration et des qualits d'attention, les autres seront soumis aux relations de concurrence et devront faire la preuve de leurs capacits intellectuelles et scientifiques. Les parents des coles nouvelles (les mres tant peut-tre davantage aussi dans le secteur mdico-social) pensent que leurs filles sont plus doues pour le soin et l'attention autrui. La tension entre les deux principes ducatifs diffre selon les sexes dans la mesure o l'un et l'autre principes ont des proximits ingales aux dfinitions sociales des genres. Les garons doivent se bagarrer dans la classe et sur la cour pour tre les premiers. Comptition sportive et comptition scolaire ont des points communs : 41 % des lves qui frquentent les collges d'excellence et 16% de ceux qui sont dans des coles nouvelles pratiquent la comptition sportive ! L'univers des coles nouvelles est davantage fminin que masculin . Les parents qui mettent leurs enfants dans ce type d'cole n'insistent-ils pas plus sur la sensibilit, les autres misant plus sur l'intelligence et la curio- sit ? Le monde des vivants, des personnes s'oppose au monde des

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    choses, le cur la raison. On ne peut pas rduire pour autant ces oppositions la reproduction des genres traditionnels, car les parents des coles nouvelles dclarent avoir choisi cet environne- ment parce qu'il favorise l'apprentissage de l'autonomie. Cette valeur n'est pas historiquement associe au groupe des femmes, ce sont les hommes qui ont bnfici les premiers de l'autonomie per- sonnelle dans la vie prive et dans l'espace public. Pour la diffren- ciation selon le pass scolaire, ce n'est pas un clivage du mme ordre, mme si cela aboutit une dcision identique. Pour les filles, il s'agit de constituer une structure de capital diffrente de celle des garons, avec un poids plus grand du capital relationnel, de la per- sonnalit. Pour les moins bons lves, il s'agit d'une stratgie de rattrapage, avec l'espoir qu'aprs une tape, l'enfant reviendra dans le circuit ordinaire reprendre sa vraie place (notamment pour les garons), parce que les parents estiment qu'il vaut mieux dvelop- per si possible d'autres types de richesses, ou qu'ils pensent que l'enfant, dfaut d'tre le meilleur, sera le plus heureux possible.

    Romantisme ducatif et domination du capital scolaire

    Le clivage entre coles d'excellence et coles nouvelles renvoie moins une opposition entre classes qu' une diffrenciation selon le sexe et selon le degr de russite de l'enfant l'intrieur des cou- ches moyennes et suprieures. Ce phnomne traduit, nous semble-t-il, une modification des rapports sociaux, eu gard ceux dcrits par Norbert Elias dans son uvre. Le dveloppement de la scolarisation, le passage du capital conomique au capital scolaire comme capital de rfrence changent les formes des luttes de classe. Si les familles les mieux dotes ont toujours plus de chances de gagner, elles doivent nanmoins se soumettre l'instance centrale de certification qu'est l'cole. Or celle-ci contribue la reproduc- tion sociale dans sa logique propre. Elle ne garantit pas tous les enfants de cadres suprieurs de devenir cadres suprieurs, ces enfants doivent dmontrer leur valeur scolaire. Les parents contr- lent moins le processus de dsignation des hritiers ou des ayants droit. Cette incertitude croissante, Pierre Bourdieu la nomme mode de reproduction statistique (1989), la relation entre l'ori- gine et la destine, globalement forte, tolrant des exceptions. L'in- trt pour les coles nouvelles ne viendrait-il pas d'une solution de rechange pour les enfants qui auraient eu des ennuis l'cole dans leurs premires annes ? Ou pour les filles dans la mesure o, si l'cole est devenue un bien commun, elle conserve nanmoins un sens diffrent selon les destines de genre. Dans cette optique, le romantisme scolaire rsulterait de stratgies mises en place, moins

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  • 290 Franois de Singly

    par des groupes domins (et anciennement dominants, comme c'tait le cas pour Fauteur de L'Astre) que par des catgories sup- rieures cherchant protger a priori ou a posteriori certains des leurs des risques de l'cole, catgories rencontrant aussi l'intrt de groupes professionnels dont les thories sont psychologiques. Mieux vaut un enfant bien dot de capital relationnel, faiblement dot de capital scolaire, qu'un enfant pourvu au mieux de capital social, d'autant que le capital relationnel occupe une place impor- tante, mme si elle est secondaire dans la structure des capitaux dans les socits contemporaines.

    Le rve de vivre doucement et sans contrainte l'cole a sur- tout pour fonction la cration de ce filet de protection pour les moins bons lments ou pour certains entrants (les jeunes filles). Les coles nouvelles sont tolres la marge parce qu'elles accep- tent les individus les moins arms pour la comptition scolaire (de nombreux essais de pdagogie antiautoritaire taient destins aux lves en grande difficult) ou les moins tents par de telles rivalits au sein des couches moyennes et suprieures. Leur place secondaire au sein des circuits complexes de l'cole rvle combien la division du travail entre les institutions tolre assez peu les carts : autant la famille est charge avant tout de rendre heureux et panouis les enfants, autant l'cole est charge de diffuser des savoirs et de hi- rarchiser les lves. La critique que les parents d'aujourd'hui font de l'exprience de Summerhill (Neill, 1970)1 montre aussi nette- ment l'acceptation de cette rpartition des tches. L'cole n'a pas jouer en priorit la carte de l'panouissement personnel et la famille ne doit pas devenir une annexe de l'cole (notamment par le respect parental de zones de libert, non scolarises, au sein de la vie des lycens ; Dubet, 1991). Le romantisme ducatif sous sa forme extrme - celle unissant famille et cole dans le mme rve d'chapper aux contraintes - a, semble-t-il, peu d'avenir, servant surtout de rvlateur de l'existence de contradictions, non rsolues, entre les deux principes normatifs, et plus profondment entre les contraintes et les autocontraintes.

    Professeur de sociologie, Facult de Sciences sociales et humaines, Universit de Paris V - Sorbonne, 2, rue Cujas, 75230 Paris Cedex 05.

    1. C'tait une des questions poses au cours des entretiens auprs de mres de collgiens, centrs sur l'ducation familiale et sur les jugements ports par ces mres sur leur fils ou leur fille. Le corpus a t recueilli par les tudiants de Deug de l'Universit de Paris V (anne 1992).

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  • Elias et le romantisme ducatif 291

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    Issue Table of ContentsCahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SRIE, Vol. 99, NORBERT ELIAS : UNE LECTURE PLURIELLE (Juillet-Dcembre 1995), pp. 211-429Front MatterL'UVRE DE NORBERT ELIAS, SON CONTENU, SA RCEPTION [pp. 213-235]SUR LE CONCEPT DE VIE QUOTIDIENNE [pp. 237-246]ELMENTS POUR UNE ANTHROPOLOGIE POLITIQUE DES POSITIONS ET DES PRSANCES. (TYPES D'CONOMIES PSYCHIQUES ET SYSTMES POLITIQUES CHEZ NORBERT ELIAS ET LE DUC DE SAINT-SIMON) [pp. 247-263]L'IDE DE SOCIT CHEZ GEORG SIMMEL ET NORBERT ELIAS [pp. 265-278]ELIAS ET LE ROMANTISME DUCATIF SUR LES TENSIONS DANS L'DUCATION CONTEMPORAINE [pp. 279-291]SUR LE CONCEPT DE CONFIGURATION : QUELQUES FAILLES DANS LA SOCIOLOGIE DE NORBERT ELIAS [pp. 293-313]LE PATRONAT LATINO-AMRICAIN A L'PREUVE DU LIBRALISME. ENQUTE SUR LA SITUATION DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES D'UNE PROVINCE ARGENTINE [pp. 315-341]LES BASES SOCIALES DU MODLE EXPORTATEUR CHILIEN [pp. 343-368]LA PARTICIPATION DIRECTE EN ENTREPRISE : DE LA RSISTANCE CLANDESTINE A LA MOBILISATION MANAGRIALE [pp. 369-400]ENTRE TRAVAIL ET TEMPS LIBRE : L'MERGENCE D'UN SECTEUR QUATERNAIRE [pp. 401-415]COMPTES RENDUSReview: untitled [pp. 417-420]Review: untitled [pp. 420-422]Review: untitled [pp. 422-423]Review: untitled [pp. 423-424]Review: untitled [pp. 425-425]

    LIVRES REUS [pp. 427-429]Back Matter