Élément Terre n°2

4
Au large des îles d' Hyères, dans le Var, il aurait offert des perspec- tives offshore. Le futur centre d’expertise et d’essai en mer profonde dédié à l’industrie pétro- lière et minière est suspendu. Ségolène Royal, ministre de l’écolo- gie, entend sauvegarder le sanctuaire des mammifères marins Pélagos, et le Parc National adjacent de Port-Cros. "J'ai demandé au Conseil général de l'environnement et du déve- loppement durable d'étudier un autre lieu d’implanta- tion.(…) Je de- mande de ne pas poursuivre la procédure d'autorisation"», écrit la ministre. Elle intervient après la contes- tation des élus, des écologistes et du personnel du Parc National. ELEMENT TERRE “Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence” Elie Wiesel [email protected] Ségolène Royal suspend le projet Abyssea, un plan d'implan- tation de plates-formes d'essai au fond de la mer Îles de Hyères où devait s’im- planter Abyssea La crevette thaïlandaise n'est pas chère. Parce qu’elle est nourrie grâce aux poissons pêchés par des migrants esclaves. CP Foods s’auto-surnomme « la cuisine du monde »: c'est la plus importante ferme de crevettes. 24,8 milliards d’euros de bénéfice par an. « La crevette de la honte » Des hommes sont enchaînés, battus ou tués sur des bateaux de pêche afin de fournir en crevettes les groupes des supermarchés Walmart, Tesco, Costo et Carrefour. La plupart sont des migrants birmans ou cambod- giens. Venus pour travailler sur des sites de construction, ils sont sou- vent embarqués de force sur ces navires. Parfois, ils sont drogués. "”Si vous achetez des crevettes de Thaïlande, vous ache- tez le produit de l'esclavage" AFP/NICOLAS ASFOURI N°2

description

 

Transcript of Élément Terre n°2

Page 1: Élément Terre n°2

Au large des îles d' Hyères, dans leVar, il aurait offert des perspec-tives offshore. Le futurcentre d’expertise etd’essai en merprofonde dédié àl’industrie pétro-lière et minièreest suspendu.Ségolène Royal,ministre de l’écolo-gie, entend sauvegarderle sanctuaire des mammifèresmarins Pélagos, et le Parc Nationaladjacent de Port-Cros.

"J'ai demandé au Conseil généralde l'environnement et du déve-

loppement durabled'étudier un autre

lieu d’implanta-tion.(…) Je de-mande de nepas poursuivrela procédure

d'autorisation"»,écrit la ministre.

Elle intervient après la contes-tation des élus, des écologistes etdu personnel du Parc National.

ELEMENT TERRE“Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence” Elie Wiesel

revu

epre

sseg

lnic

e@g

mai

l.co

m

Ségolène Royal suspend le projet Abyssea, un plan d'implan-tation de plates-formes d'essai au fond de la mer

Îles de Hyères où devait s’im-planter Abyssea

La crevette thaïlandaise n'est paschère. Parce qu’elle est nourriegrâce aux poissons pêchés par desmigrants esclaves. CP Foodss’auto-surnomme « la cuisine dumonde »: c'est la plus importanteferme de crevettes. 24,8 milliardsd’euros de bénéfice par an.

« La crevette de la honte » Deshommes sont enchaînés, battus outués sur des bateaux de pêche afinde fournir en crevettes les groupesdes supermarchés Walmart, Tesco,Costo et Carrefour. La plupart sont

des migrants birmans ou cambod-giens. Venus pour travailler sur dessites de construction, ils sont sou-vent embarqués de force sur cesnavires. Parfois, ils sont drogués.

"”Si vous achetez des crevettes de Thaïlande, vous ache-tez le produit de l'esclavage"

AFP/NICOLAS ASFOURI

N°2

Page 2: Élément Terre n°2

Dans les années quatre-vingts,vingt-deux pneus usagés ont étéjetés dans une zone Natura 2000 duGolf Juan. Le but: offrir un hectared’habitat artificiel aux poissons.Entre 2013 et 2015, 1,2 millions sontdemandés au contribuable pour ex-traire les pneus. Finalement, ils abi-ment la biodiversité marine, plusqu’ils ne l’aident.

Les scientifiques l’appellent « Ladécharge. » Métaux lourds, nylon,acier, hydrocarbures se déposentdans le fond marin. Les courantsforts dispersent les pneus: les câblesen acier ont rouillé, des sangles ontcédé, et des milliers de pneus sontéparpillés sur cinq hectares.

Troubles d’« Habitats d’intérêtcommunautaire » Natura 2000Des plantes aquatiques sont recou

vertes par les pneus. Certaines d’en-tre elles, comme l’herbier de Posido-nie, sont considérées comme un« Habitats d’intérêt communautaire »de poissons par Natura 2000 (ré-seau gouvernemental pour la protec-tion de l’environnement).

Des pneus immergés au nom del’écologie partout en France etdans le monde. À Arcachon, 25 voi-tures sont ensevelies. À Port-la-Nou-velle, Concarneau (1973),Palavas-les-flots (1968-1969) ou à laLangrune-sur-mer (1975), ce sontles pneus. Les États-Unis, en l’Aus-tralie, la Nouvelle-Zélande et la Ma-laisie sont aussi partisans de cesrécifs artificiels.L’instigateur du mouvement? Lafirme pneumatiques Goodyear enFloride aux États-Unis, depuis 1972.

MER

Opération retrait de pneus usagés immergés dans une zoneNatura 2000

Un projet d’extension de port pé-trolier dans un habitat de béluga àété stoppé grâce à une interven-tion citoyenne. Le but: protégercette espèce en voie d’extinction.

Québec n’autorise plus. A Ca-couna, l’entreprise TransCanada bé-néficiait d’une autorisation pouragrandir le port pétrolier dans lefleuve du Saint-Laurent.Depuis le 30 novembredernier, Québec à refuséde prolonger cette autori-sation. Ce refus intervientsuite à une demande d’in-jonction citoyenne.

« TransCanada n’a jamaisété en mesure de repren-dre ses forages dans l’ha-bitat du béluga (…).Malgré des tentatives ré-pétées, elle a fait face àun refus catégorique deQuébec », ajoute Chris-tian Simard, directeur gé-néral de Nature Québec.

À cause du bruit, « ce projet repré-sentait la plus sérieuse menacepour l’espèce. » En septembre, desmesures de bruit ont été faites pen

dant les forages. Elles démontrent que le seuil maximal était atteint dansun rayon cinq fois plus grand quecelui originalement permis. SelonPierre Béland, « en 32 ans de re-cherches et d’efforts pour préserverle béluga, ce projet représentait laplus sérieuse menace pour l’es-pèce.»

Bélugas en voie de disparition

Cette victoire intervient au momentmême où le Comité sur la situationdes espèces en péril (COSEPAC) achangé la classification du béluga demenacé, à en voie de disparition.

Québec: Victoire des bélugas contre un port pétrolier

Page 3: Élément Terre n°2

Cela fait vingt ans. Vingt ansque la science commence à dé-couvrir les requins, vieux de 400millions d’années. Vingt ans que« la pêche industrielle, la pollu-tion et l’aménagement de la zonelittorale » les raréfient.

Ce constat, c’est celui de BernardSeret, chercheur à l’Institut de Re-cherchepour leDévelop-pementet pion-nier enrequino-logie.

« 16 % des espèces de requinsont été découvertes ces vingtdernières années. On connait labiologie d’une trentaine d’espèces

de requin seulement. Pour les 470 autres espèces référencées, onsait juste qu’elles existent», s’ex-clame Bernard Seret. « On n’a ja-mais vu un accouplement de requinblanc, de requin baleine… En fait,on a vu que cinq espèces se repro-duire. On a beaucoup de choses àapprendre.»

« Un tiers des espèces de re-quins sont menacées »Selon le rapport de l’Union Interna-tionale pour la Conservation de laNature, un tiers des 500 espècesde requins sont menacées. Parmielles, 22 sont en danger critiqued’extinction, 40 sont en danger et100, vulnérables.Bernard Seret rappelle que ceschiffres sont critiquables: « Dansles zones de forte pêche, nousn’avons pas accès aux donnéesnécessaires pour faire une évalua-tion des espèces menacées.» Etpourtant, c’est particulièrementdans ces zones que les espècestarissent.

« On n’a jamais vu un accouplement de requin blanc »

70 000 tonnes : c’est le poid de la consommationde thon annuelle des Français. Problème: en consommant certaines boîtes dethon, le consommateur avalise le travail jour etnuit de milliers de petites mains. Elles essayentde produire du poisson pas cher à des milliers dekilomètres. Acheter cette boîte, c’est aussi cau-tionner son transport polluant jusqu’en France.

Comment s'y retrouver dans ce marché mondialisé ? Toutes les es-pèces se valent-elles ? Peut-on encore manger du thon sans risquepour la planète ou pour la santé ?

Pour 1,8 milliard d’euros, AREVA a acquisune coquille vide. Pascal Henry, journa-liste, enquête sur l'affaire Uramin.Sept ans après le rachat de la société Ura-min, le site est abandonné et la mine n’estpas ouverte. Sur place, le gardien confirme :

"Elle va démarrer peut-être en 2017 [...]. Y'a personne ici."L’État français, actionnaire à 87%. En validant l’achat, il asubi lespertes financières.

NUCLÉAIRE

Les résidents luxembourgeois ontreçu un courrier les invitant à allerchercher une boîte de comprimés d'io-dure de potassium en pharmacie afinde pallier un éventuel accident de lacentrale de Cattenom.Le principe: l’iode neutralise l’iode nu-cléaire.

Est-ce bien utile? « Les comprimésd'iode vont protéger la thyroïde, oui,mais il y a beaucoup d'autres pro-blèmes qui se posent et, en cas d'ac-cident majeur, l'iode est le moindredes problèmes. Il ne faut pas se faired’illusion si un grave accident arrive àCattenom… », s’est exprimé le DrClaude Schummer, secrétaire généralde l'Association des médecins et mé-decins-dentistes.

Qu’en dit le gouvernement? Cetteannée, le gouvernement a décidé demettre les comprimés à disposition de

toute la population de Cattenom. Avant disponible dans un rayon de 25km autour de la centrale, la multiplica-tion des points de vente a du bon pourle ministère de l’Intérieur: "La pre-mière démarche à suivre en cas d'ac-cident est de se mettre à l'abri. C'étaitdonc un peu contradictoire de mettreles comprimés d'iode à disposition àl'extérieur, dans les communes où ilfaut se déplacer".

Des comprimés d'iodure de potassium en prévention d’unaccident nucléaire

Simulation du parcours des radia-tions en cas d'accident à Catte-

nom.

À voir: « Quand le thon nous met enboîte » - ICI -

À voir: : "Trekkopje, gouffre financierd'Areva, ne fonctionne toujours pas »

-ICI -

Bernard Seret

Page 4: Élément Terre n°2

Mesures de sécurité: et si on avion s’écrasait sur une cen-trale? ACTU RÉGION

Et si un avion militaire s’écrasaitsur une centrale française?« De-puis les années soixante-dix, ellessont conçues pour résister sansdommages à l’impact », racontel’ASN (Autorité de Sûreté du Nu-cléaire) sur son site. Quelles sont les mesures de sû-reté? « Les centrales nucléaires of-friraient une bonne capacité derésistance grâce notamment à leursenceintes de confinement en bétonarmé. » Ces enceintes contiennent

les produits radioactifs. « Les mesures ont été renforcéesdans le cadre du plan VIGIPIRATE,contre le terrorisme. »Et si un avion civil s’écrasait ?« Elles ne sont pas construites pourrésister sans dommages à l'impactd'autres avions, dont les probabilitésde chute accidentelle sont extrême-ment faibles. »Comment cela se passe ailleurs?« En la matière, les règles françaisesne diffèrent pas de la pratique inter-nationale. »

Les lézards Ocellés des Alpes-Maritimes sont concentrés sur lacommune du Broc. C’est là quesera construite une scierie in-dustrielle. Les entrepreneurs:Coulomps et Jauffret. Un projetpartenaire à l’Opération d’IntérêtNational « Eco-Vallée ».

Mesures de protectionUn Plan National d’Action (PNA) aété lancé. L’association GREEN,association environnementale, af-firme que le lézard est présent surle site du chantier. Une étude doitêtre menée avant le commence-ment des travaux. Une pétition a

été lancée par GREEN. Ellesera remise au préfet desAlpes-Maritimes.

Espèce menacée d’extinc-tion: priorité nationaledans la politique pour labiodiversité. Le lézard Ocellé figure sur laliste rouge mondiale del’UICN (Union Internationalepour la Conservation de laNature). Le Bec de l’Esteronet le Lac du Broc font partiedes rares endroits où l’es-pèce subsiste. Entre routedépartementales et falaises,ce noyau de population restetrès isolé. Il fait partie dessept lézards menacés deFrance.

Scierie industrielle construite sur le territoire d’un reptile menacé d’extinction