Effets dentaires et squelettiques du disjoncteur et du ...

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Orthod Fr 2008;79:173–182 Disponible en ligne sur : c EDP Sciences, SFODF, 2008 www.orthodfr.org DOI: 10.1051/orthodfr:2008014 Recherche clinique Effets dentaires et squelettiques du disjoncteur et du Quad hélix : étude comparative d’un échantillon de 41 patients* Javier Gir ´ on de Velasco Sada** Azalea 1, Edificio F, 28 109 Madrid, Espagne RÉSUMÉ – Le but de cette étude est d’analyser les effets cliniques des techniques les plus utilisées pour la correc- tion des anomalies transversales du maxillaire. À cet effet, 41 patients âgés de 7 à 10 ans qui avaient besoin d’un traitement par expansion du maxillaire ont bénéficié d’une étude clinique randomisée. Chaque patient a été assigné au hasard à l’un de ces trois groupes : (1) expansion avec Quad hélix ; (2) expansion avec disjoncteur sur gouttière résine ; (3) expansion avec disjoncteur, mais avec compression préalable de la molaire avec un Quad hélix . Les dif- férences entre l’expansion osseuse, l’expansion dentaire, l’inclinaison vestibulaire des molaires (torque) et l’influence de l’expansion sur la position antéro-postérieure et verticale de la mandibule sont analysées. Les résultats montrent que dans le groupe d’expansion avec Quad hélix il se produit une expansion et une égression de la molaire su- périeure plus importantes. Dans le groupe d’expansion avec disjoncteur, il y a une plus grande version vestibulaire des molaires. Et dans le groupe d’expansion avec disjoncteur préalablement compressée avec Quad hélix , l’ex- pansion osseuse est plus grande et on constate une intrusion et un redressement de torque radiculo-vestibulaire de la molaire supérieure. MOTS CLÉS – Expansion rapide du maxillaire / Expansion lente du maxillaire / Décompensation des molaires / Inversion d’articulé postérieur ABSTRACT – The aim of this study is to analyze the differences between three common ways of maxillary expan- sion. For that purpose, 41 patients between 7 and 10 years old, have been studied in a randomized way with different expansion techniques. They were assigned into one of the three following groups: (1) expansion with a Quad helix appliance; (2) rapid palatal expansion with an acrylic bonded appliance; (3) rapid palatal expansion after uprighting the upper molars with a Quad helix appliance. The following changes were compared: skeletal expansion, dental ex- pansion, axial inclination of the upper first molars and the influence in the vertical and sagital position of the mandible. Results concluded that there is more dental expansion and more molar extrusion in the Quad helix appliance group; that is more axial inclination of the upper molars in the rapid palatal expansion group; and that there is more skeletal expansion, more molar intrusion and negative molar torque in the rapid palatal expansion after uprighting the upper molars group. KEYWORDS – Rapid palatal expansion / Slow maxillary expansion / Molars uprighting / Posterior crossbite 1. Introduction Bien que les techniques d’expansion soient pro- bablement les plus anciennes en orthodontie, une grande diversité de concepts, d’opinions et d’appli- * Traduction de l’article original intitulé « Cambiosó seos y den- tarios con disyunción y Quad hélix : estudio comparativo de una mustra de 41 pacientes », paru dans Ortodoncia Espagnola 2005 ;45(2) :64–73. Avec l’autorisation de la Sociedad Española de Ortodoncia et nos remerciements. ** Auteur pour correspondance : [email protected] cations thérapeutiques subsiste. À cet égard, Haas [4] et Wertz [17, 18] nous rappellent à juste titre que c’est en 1860 qu’Angell propose pour la première fois l’expansion du maxillaire par l’intermédiaire de vis appliquées à des éléments dentaires, et que ceci suscitait déjà la controverse ; dans un article, Mac Quillen mettait en doute leurs effets orthopédiques en raison des relations anatomiques du maxillaire avec le reste des structures osseuses [4]. Article published by EDP Sciences

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Orthod Fr 2008;79:173–182 Disponible en ligne sur :c© EDP Sciences, SFODF, 2008 www.orthodfr.orgDOI: 10.1051/orthodfr:2008014

Recherche clinique

Effets dentaires et squelettiques du disjoncteuret du Quad hélix� : étude comparative d’un échantillonde 41 patients*

Javier Giron de Velasco Sada**

Azalea 1, Edificio F, 28 109 Madrid, Espagne

RÉSUMÉ – Le but de cette étude est d’analyser les effets cliniques des techniques les plus utilisées pour la correc-tion des anomalies transversales du maxillaire. À cet effet, 41 patients âgés de 7 à 10 ans qui avaient besoin d’untraitement par expansion du maxillaire ont bénéficié d’une étude clinique randomisée. Chaque patient a été assignéau hasard à l’un de ces trois groupes : (1) expansion avec Quad hélix� ; (2) expansion avec disjoncteur sur gouttièrerésine ; (3) expansion avec disjoncteur, mais avec compression préalable de la molaire avec un Quad hélix�. Les dif-férences entre l’expansion osseuse, l’expansion dentaire, l’inclinaison vestibulaire des molaires (torque) et l’influencede l’expansion sur la position antéro-postérieure et verticale de la mandibule sont analysées. Les résultats montrentque dans le groupe d’expansion avec Quad hélix� il se produit une expansion et une égression de la molaire su-périeure plus importantes. Dans le groupe d’expansion avec disjoncteur, il y a une plus grande version vestibulairedes molaires. Et dans le groupe d’expansion avec disjoncteur préalablement compressée avec Quad hélix�, l’ex-pansion osseuse est plus grande et on constate une intrusion et un redressement de torque radiculo-vestibulaire dela molaire supérieure.

MOTS CLÉS – Expansion rapide du maxillaire / Expansion lente du maxillaire / Décompensation des molaires /Inversion d’articulé postérieur

ABSTRACT – The aim of this study is to analyze the differences between three common ways of maxillary expan-sion. For that purpose, 41 patients between 7 and 10 years old, have been studied in a randomized way with differentexpansion techniques. They were assigned into one of the three following groups: (1) expansion with a Quad helix�

appliance; (2) rapid palatal expansion with an acrylic bonded appliance; (3) rapid palatal expansion after uprightingthe upper molars with a Quad helix appliance. The following changes were compared: skeletal expansion, dental ex-pansion, axial inclination of the upper first molars and the influence in the vertical and sagital position of the mandible.Results concluded that there is more dental expansion and more molar extrusion in the Quad helix appliance group;that is more axial inclination of the upper molars in the rapid palatal expansion group; and that there is more skeletalexpansion, more molar intrusion and negative molar torque in the rapid palatal expansion after uprighting the uppermolars group.

KEYWORDS – Rapid palatal expansion / Slow maxillary expansion / Molars uprighting / Posterior crossbite

1. Introduction

Bien que les techniques d’expansion soient pro-bablement les plus anciennes en orthodontie, unegrande diversité de concepts, d’opinions et d’appli-

* Traduction de l’article original intitulé « Cambiosó seos y den-tarios con disyunción y Quad hélix� : estudio comparativo deuna mustra de 41 pacientes », paru dans Ortodoncia Espagnola2005 ;45(2) :64–73. Avec l’autorisation de la Sociedad Españolade Ortodoncia et nos remerciements.** Auteur pour correspondance : [email protected]

cations thérapeutiques subsiste. À cet égard, Haas [4]et Wertz [17, 18] nous rappellent à juste titre quec’est en 1860 qu’Angell propose pour la premièrefois l’expansion du maxillaire par l’intermédiaire devis appliquées à des éléments dentaires, et que cecisuscitait déjà la controverse ; dans un article, MacQuillen mettait en doute leurs effets orthopédiquesen raison des relations anatomiques du maxillaireavec le reste des structures osseuses [4].

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Au début du siècle passé, les oto-rhino-laryngologistes encouragent l’expansion palatinepour augmenter la perméabilité nasale (en raison del’effet produit par la disjonction sur la cavité nasale).En 1938, à l’Université de l’Illinois, on affirme queces thérapeutiques ne produisent des changementsque dans les procès alvéolaires. L’expansion palatinetombe dans l’oubli.

Haas [4], en 1961, reprend l’expansion rapide dupalais. Il réalise deux études parallèles, sur des ani-maux et sur des patients de son cabinet privé, véri-fiant non seulement les effets du disjoncteur sur lemaxillaire, mais aussi sur la cavité nasale et sur lamandibule. Wertz [17], en 1968, mesure les change-ments osseux et dentaires du disjoncteur ainsi que sastabilité.

En 1975, Ricketts [13] met au point leQuad hélix� afin d’obtenir une expansion dentaireplus douce et avec des activations plus longues.Cotton [3] et aussi Hicks [6] le comparent avec ledisjoncteur et montrent que l’effet orthopédique estmoindre. Mossaz-Joëlson et Mossaz [12] dessinenten 1989 un appareil d’expansion lent avec une ac-tivation toutes les deux semaines ; les résultats sonttrès semblables à ceux de l’expansion rapide.

Thilander, et al. [15] étudient en 1984 l’évolutionde 28 enfants en dentition temporaire avec un arti-culé inversé. Ils constatent que pour six de ces cascette occlusion inversée se corrige de façon sponta-née et qu’elle s’améliore sensiblement pour quatorzeautres patients.

Burstone et Marcotte [1] soulignent l’intérêt dela décompensation de l’inclinaison axiale des mo-laires dans quelques cas d’endognathie maxillaire.Lorente [11] présente une analyse exhaustive desmalocclusions transversales, dans laquelle il exposela problématique des compensations dentaires, etdonne les clefs pour leur traitement.

De ce qui précède on peut déduire que le nombrede patients qui présentent une dysharmonie trans-versale de la base du maxillaire serait plus élevé queles 16 % relevés par Thilander, et al. [15] ou que les22 % de Kurol et Berglund [8] dont l’unique critèrede sélection a été la présence ou non d’un articulépostérieur inversé.

Cette étude se propose de comparer les effets surl’os et sur les dents produits par trois techniquesd’expansion :

– l’expansion avec disjoncteur (RPE),

– l’expansion avec Quad hélix� (QH),– l’expansion avec disjoncteur après avoir dé-

compensé l’inclinaison axiale des molaires(QH + RPE).

2. Matériel et méthode

2.1. Matériel

Quarante et un jeunes patients du service d’or-thodontie de l’Hôpital San Rafael à Madrid ont étésélectionnés.

Les critères d’appartenance à ce groupe ont étél’âge, devant être compris entre 7 et 10 ans, et la pré-sence d’endognathie maxillaire avec ou sans occlu-sion postérieure inversée.

Ont étés exclus les patients présentant des syn-dromes ou des pathologies qui auraient conditionnél’évolution normale du traitement (par exemple, unefente faciale) et également ceux qui auraient portéou auraient eu à porter, durant cette phase de trai-tement, un autre appareil associé (par exemple, unmasque de Delaire).

Ces 41 patients ont été répartis de façon totale-ment aléatoire dans les trois groupes thérapeutiques.

Le premier groupe a bénéficié d’une expansiondu maxillaire avec un Quad hélix� 0,9" Elgiloy. Cegroupe était composé de 14 patients (5 filles et 9 gar-çons), avec une moyenne d’âge de 8,4 ans.

Le deuxième groupe a bénéficié d’une expansiondu maxillaire avec un disjoncteur sur gouttière enrésine acrylique de type McNamara. Ce groupe étaitcomposé de 16 patients (8 filles et 8 garçons), avecune moyenne d’âge de 8,5 ans.

Les patients du troisième groupe ont bénéficiéd’une décompensation de l’inclinaison des molairesavec un Quad hélix� en 0,9" Elgiloy comprimé. Ona ensuite procédé à une expansion avec un disjonc-teur sur gouttière résine, selon la méthode décritepar Lorente [11], ainsi que par Burstone et Mar-cotte [1]. Ce groupe était composé de 11 patients(6 filles et 5 garçons), avec une moyenne d’âge de8,4 ans.

2.2. Examens complémentaires

En commençant le traitement, les examens sui-vants ont été réalisés :

– photographies extra- et intra-orales,– modèles montés en articulateur,

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Recherche cliniqueFigure 1

Sur le tracé de la téléradiographie latérale du crâne, nousavons mesuré les paramètres SNA (1) et SNB (2) ; laconvexité (3) ; la profondeur faciale (4) ; l’axe facial (5) ; l’angleentre le plan occlusal et le plan palatin (6) ; extrusion de lapremière molaire supérieure (longitude de la perpendiculairedu plan palatin jusqu’à la cuspide mésiale de la première mo-laire supérieure) (7).

– orthopantomographie (panoramique),– téléradiographie du crâne de profil,– téléradiographie en incidence frontale.

Nous avons refait ces examens une fois réalisée la dé-compensation des molaires dans le troisième groupe,et encore une autre fois après avoir retiré les appa-reils d’expansion des trois groupes. De plus, des ra-diographies occlusales successives ont été réaliséesdurant les phases actives d’expansion pour validerl’efficacité de l’expansion. Toutes les radiographiesont été prises avec le même appareil.

Téléradiographie latérale du crâne

Sur la téléradiographie de profil, nous avonsmesuré les paramètres SNA, SNB, la convexité etla profondeur faciale en tant que mesures antéro-postérieures, la rotation du plan occlusal (fonction-nel), en mesurant son angle avec le plan palatin, l’ex-trusion de la molaire supérieure en rapport au planbispinal (en mesurant la longitude de la perpendi-culaire du plan palatin jusqu’à la cuspide mésiale de

Figure 2

Modèle supérieur avec le silicone haute viscosité et le filElgiloy 0.018 × 0.025, destiné à mesurer la variation detorque des molaires à chaque examen.

la première molaire supérieure) et l’axe en tant quemesure verticale (Fig. 1).

Modèles d’articulateur

Sur les modèles, nous avons enregistré la positiondes premières molaires supérieures avec du siliconehaute viscosité. Nous y avons introduit un bout defil Elgiloy 0.018 × 0.025, de façon à pouvoir trans-poser cette clé en silicone sur les modèles du mêmepatient dans les différentes phases de l’étude. Ce sys-tème nous a permis de mesurer la variation d’incli-naison axiale des molaires à chaque examen (Fig. 2).

Téléradiographie frontale du crâne

Sur la téléradiographie frontale du crâne (Fig. 3),nous avons pris trois mesures osseuses :

– la largeur nasale : distance maximale du contourradio-opaque de la cavité nasale,

– la largeur maxillaire : distance entre JL (point ju-gal gauche) et JR (point jugal droit),

– la largeur mandibulaire : distance entre AG(point antegonial gauche) et GA (point antego-nial droit) ;

et deux mesures dentaires :

– la distance inter-molaire supérieure : distancemaximale entre les cuspides des premières mo-laires supérieures,

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Sur le tracé de la téléradiographie frontale du crâne, nousavons pris trois mesures osseuses : la largeur nasale maxi-male (1), la largeur maxillaire (JL-JR) (2) et la largeur man-dibulaire (3), et deux mesures dentaires : la distance inter-molaire supérieure (vestibulaire de 16 à vestibulaire de 26)(4) et la distance inter-molaire inférieure (vestibulaire de 36à vestibulaire de 46) (5).

– la distance inter-molaire inférieure : distancemaximale entre les cuspides des premières mo-laires inférieures.

2.3. Méthode

2.3.1. Groupe 1 : expansion avec Quad hélix�

(QH)

Activation initiale avec expansion duQuad hélix� de la largeur d’une molaire, enlaissant les bras du Quad hélix� parallèles pour larotation et un torque de 0˚ dans l’appareil.

Nous avons réactivé tous les deux mois. Dansce groupe, une radiographie occlusale a été prise audeuxième et quatrième mois. Le Quad hélix� a étédéposé au sixième mois. Un bilan de fin de traite-ment a alors été effectué (Fig. 4).

2.3.2. Groupe 2 : expansion avec disjoncteur(RPE)

Dans le groupe d’expansion avec disjoncteur, l’ac-tivation a été d’un quart de millimètre par jour jus-qu’à ce que les cuspides palatines des molaires maxil-laires soient à la hauteur des cuspides vestibulaires

des molaires mandibulaires. À ce stade, nous arrê-tons l’activation et nous effectuons un cliché occlu-sal au maxillaire pour vérifier l’ouverture de la su-ture palatine médiane. Pour gagner en précision dansl’évaluation de la sur-correction, nous avons mar-qué au feutre les cuspides palatines supérieures dansla face interne de la gouttière résine du disjoncteuravant qu’il ne soit scellé.

Le disjoncteur est maintenu en place pendantsix mois de manière passive et nous effectuons unedernière série d’examens au moment de le retirer(Fig. 5).

2.3.3. Groupe 3 : expansion avec disjoncteuret compression préalable (QH + RPE)

La première activation a été une expansion de1 cm des bras du Quad hélix�, avec un léger torquecorono-lingual (laissant le bras 0,5 cm en dessous duslot opposé) et la rotation passive pour cette étude(Fig. 6).

Trois mois après cette activation, nous avons re-tiré le Quad hélix� et nous avons pris des em-preintes à l’alginate pour fabriquer le disjoncteur aulaboratoire ; nous avons remis le Quad hélix� pouréviter des changements puis posé le disjoncteur surgouttière résine acrylique dans la même semaine,suivant le protocole établi auparavant pour le groupede disjonction (Fig. 7 et 8).

3. Résultats

Pour analyser les données, nous avons utilisé letest statistique de Kruskal-Wallis pour comparer plusde deux groupes, avec le programme informatiqueSPSS 11.5.0.

3.1. Téléradiographie latérale du crâne :changements antéro-postérieurs

Dans le plan sagittal, nous avons observé quedans le groupe Quad hélix�, la profondeur facialea diminué, mais de manière statistique non signifi-cative (moyenne = –0,14 ; écart type = 1,6). L’angleSNA a augmenté seulement dans le groupe d’expan-sion avec compression préalable (moyenne = 0,52 ;écart type = 1,3), de même que la convexité. L’angleSNB a diminué seulement dans le groupe d’expan-sion avec Quad hélix� (moyenne = –0,8 ; écart type= 1,9). Aucun de ces résultats n’a présenté une signi-fication statistique supérieure à 0,05 (Tab. 1).

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a b c

Figure 4

Séquence d’expansion avec Quad hélix� . (a) : Au début. (b) : Au troisième mois. (c) : Au sixième mois.

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Figure 5

Séquence d’expansion avec disjoncteur sur gouttière en résine acrylique. (a) : Au début. (b) : Pendant l’expansion. (c) : Unesemaine après avoir déposé le disjoncteur.

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Figure 6

Suivi mensuel de la décompensation des molaires.

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Figure 7

Séquence d’expansion avec disjoncteur. À noter qu’à partir de d, nous continuons l’expansion avec un nouveau disjoncteur.

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Figure 8

Différentes phases du procédé d’expansion avec disjoncteur et compression préalable avec Quad hélix� sur un même patient.(a) : Au début du traitement. (b) : Réalisation de la décompensation axiale des molaires avec Quad hélix� . (c) : Second disjoncteursur gouttière en acrylique. On peut constater à quel point la forme de l’arcade varie.

Tableau 1

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueSNA –0,5 1,4 –0,5 1 0,52 1,3SNB –0,8 1,9 0,3 1,3 0,4 1,4

Profondeur –0,14 1,6 0,6 1 1,1 1,2faciale

Convexité –0,4 1 –0,5 0,8 0,1 0,6

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Recherche clinique

Tableau 2

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiquePO-PP –0,7 1,5 –0,8 2,2 1,7 2,1

Tableau 3

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueAxe facial 0,93 1 0,5 1,2 0,5 1,4

Tableau 4

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueExtrusion de la molaire 0,86 1,16 0,6 0,8 –0,3 0,9

supérieure

3.2. Téléradiographie latérale du crâne :changements verticaux

Dans le groupe d’expansion avec compressionpréalable avec Quad hélix�, le plan occlusal a pré-senté une rotation dans le sens horaire en rapportavec le plan palatin (moyenne = 1,7 ; écart type =2,1), alors que dans les deux autres groupes la rota-tion a été antihoraire. Ces résultats furent statistique-ment parlant non significatifs (Tab. 2).

L’axe facial s’est ouvert dans les trois groupes,s’ouvrant plus dans le groupe d’expansion avecQuad hélix� (moyenne = 0,93 ; écart type = 1) etétant le même dans les deux autres groupes (p >0,05) (Tab. 3). On observe une égression molairestatistiquement significative (p = 0,01) uniquementdans le groupe d’expansion avec compression préa-lable avec Quad hélix� (moyenne = –0,3 ; écart type= 0,9). Le groupe avec la plus grande extrusion dela molaire supérieure a été celui de l’expansion avecQuad hélix� (moyenne = 0,86 ; écart type = 1,16)(Tab. 4).

3.3. Analyse des modèles :changements transversaux

La modification du torque de la molaire supé-rieure est statistiquement significative (p = 0,02).Elle diminue de façon drastique dans le grouped’expansion avec compression préalable (moyenne

= –19,75 ; écart type = 14) et augmente dans lesdeux autres, mais de façon plus notoire dans legroupe d’expansion avec disjoncteur (moyenne =6,16 ; écart type = 6,1) (Tab. 5).

3.4. Téléradiographie du crâne :changements transversaux

Dans le plan frontal, nous sommes parvenus àune plus grande expansion au niveau des molairesmaxillaires dans le groupe Quad hélix� (p = 0,004 ;moyenne = 8,14 ; écart type = 1,6). Le groupe avecl’expansion la plus réduite est le groupe d’expan-sion avec compression préalable (moyenne = 3 ; écarttype = 2,3) (Tab. 6). En revanche, du point de vueosseux, c’est dans ce dernier groupe que nous avonsatteint la plus grande expansion, aussi bien nasale(moyenne = 3,75 ; écart type = 1,9), que maxillaire(moyenne = 4 ; écart type = 2) (p = 0,01) et c’est dansle groupe de Quad hélix� que l’expansion osseuse aété la plus faible (Tab. 7).

Aucun changement significatif n’a été observé auniveau de l’arcade mandibulaire.

4. Discussion

Comme nous l’avons déjà signalé dans l’introduc-tion, la connaissance des phénomènes d’expansiondu maxillaire est passée par différentes étapes. Après

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Tableau 5

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueTorsion 2,4 11 6,16 6,1 –19,75 14

Tableau 6

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueExpansion de la molaire 8,14 1,6 7,2 3,7 3 2,3

supérieure

Tableau 7

Groupe QH Groupe RPE Groupe QH + RPEMoyenne Déviation Moyenne Déviation Moyenne Déviation

typique typique typiqueExpansion 0,9 0,6 2,5 1,1 3,75 1,9

nasaleExpansion 1,6 1,5 3,6 1,6 4 2maxillaire

une première phase de controverses où les modifi-cations basales n’étaient pas du tout acceptées, noussommes passés, à partir de 1960, à une phase oùl’effet orthopédique des appareils d’expansion est ap-paru comme évident ; l’expansion lente est alors pro-posée, le Quad hélix� de Ricketts [13] en étant l’ex-pression la plus emblématique.

À cette époque, différentes classifications de lamalocclusion transversale ont été proposées, tou-jours en rapport avec la présence ou non d’un ar-ticulé inversé, sans tenir compte des compensationsdento-alvéolaires. Pour Lorente [11], il existe diffé-rents types de malocclusions transversales, avec desétiologies diverses et le traitement, aussi souvent quepossible, doit être orienté vers la correction de lacause du problème. Dans ce cadre, notre étude sefixe pour objectif de démontrer qu’on obtient desmouvements dentaires et squelettiques distincts se-lon la combinaison et le type d’appareil utilisé.

Dans notre étude, nous n’avons pas rencontré dedifférences statistiquement significatives en ce quiconcerne les changements antéro-postérieurs entreles différents groupes. Peut-être ces modificationssont-elles trop petites pour pouvoir observer desdifférences sur un échantillon de 41 patients etque nous aurions eu besoin d’un échantillon pluslarge. La littérature nous fournit tout de même plu-tôt matière à controverse sur cet aspect. Notre étude

tend à montrer que plus grande est l’expansionmaxillaire, plus grande est la probabilité d’avancéedu point A. Cependant, dans le premier et le se-cond groupe, SNA diminue, ce qui coïncide avecl’étude de Chang, et al. [2]. SNA augmente seule-ment de 0,5˚ en moyenne dans le troisième groupe.On est loin des 2,5˚ d’avancée observés par Haasavec son disjoncteur. Dans le groupe d’expansionavec Quad hélix�, nous rencontrons une diminu-tion de SNA de presque 1˚ de moyenne, ce qui estégalement très loin de l’avancée du maxillaire ob-servée par Hicks [6] dans son étude d’expansionlente (activation hebdomadaire) sur cinq patients,ou de Mossaz-Joëlson et Mossaz [12] qui observentune augmentation de 1˚ de SNA. Contrairement ànotre étude, Da Silva, et al. [14] observent égalementque le maxillaire se projette vers l’avant ; cependant,Wertz [18] a très rarement l’occasion de rencontrercette projection et Linder-Aronson et Lingren [10] nerelèvent aucune modification de l’angle ANB avec ledisjoncteur.

La même chose se passe avec la convexité, et lestrois groupes étudiés sont très loin de l’augmentationde 8 mm rapportée par Haas [4] en 1961.

Verticalement, nous ne rencontrons pas non plusde différences statistiques significatives dans l’ouver-ture de l’axe facial. L’axe facial s’ouvre dans les troisgroupes étudiés mais avec une moyenne presque

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Recherche clinique

deux fois plus élevée pour le premier groupe (QH)par rapport aux deux autres pour lesquels la me-sure est identique. Ceci peut être mis en rapport avecles résultats des études consultées, qui parlent d’unelégère descente du maxillaire, tant dans l’expansionlente que dans l’expansion rapide. Chang, et al. [2]observent une ouverture du plan mandibulaire avecla disjonction rapide et Hicks [6] avec la disjonctionlente.

Ce qui diffère de manière statistiquement signifi-cative concerne le mouvement vertical des molairessupérieures : dans le premier groupe (QH) et le se-cond (RPE), on observe une égression des molaireset, dans le troisième (QH + RPE), il y a une ingres-sion. C’est une donnée importante : dans le groupeQuad hélix�, l’égression molaire est plus impor-tante. Ceci explique que c’est dans ce groupe quel’axe facial s’ouvre le plus. Nous n’avons pas ren-contré de différences d’ouverture entre le second etle troisième groupe. Nous attribuons ce résultat à laprésence systématique des molaires temporaires à ladépose du disjoncteur, qui maintenaient la dimen-sion verticale.

Nous attribuons également l’ingression de la mo-laire supérieure au fait que c’est dans le groupe d’ex-pansion avec compression préalable que la rotationdu plan occlusal s’est produite dans le sens horaire.De toutes manières, les différences dans la rotationdu plan occlusal n’ont pas été statistiquement signi-ficatives.

À cause de l’ingression de la molaire supérieureavec le Quad hélix� comprimé, nous avons rencon-tré la seule complication qui se soit produite toutau long de l’étude : pour trois patients du troisièmegroupe, le Quad hélix� s’est partiellement impacté.Une pliure de chaque côté pour baisser la partie su-périeure du Quad hélix� peut être utile pour évitercette complication.

Une des motivations fondamentales de cetteétude était de mettre l’accent sur l’inclination de troi-sième ordre des molaires. Cotton [3], dans son étuded’expansion lente avec des singes Macaca mulatta,observe une variation de 3,5 à 11˚ dans le torque.Hicks [6], avec son appareil d’expansion lente, pré-sente jusqu’à 24˚ dans un de ses cas. Dans notreétude, les résultats sont bien différents. Le groupeavec la plus grande version vestibulaire des mo-laires est celui du disjoncteur avec une moyennede 6,16˚. Ceci contraste avec l’inclinaison minimale

du Quad hélix� (3,95˚) ; le fait que celui-ci soit unappareil d’expansion qui permette de contrôler letorque le différencie beaucoup des appareils d’ex-pansion lente utilisés par les auteurs consultés.

Dans le groupe d’expansion avec compressionpréalable (QH + RPE), le changement d’inclinaisonde troisième ordre des molaires a été opposé auxdeux groupes préalablement analysés. Dans tous lescas du groupe en question, les molaires ont perdu dutorque, en moyenne 20˚.

Transversalement, nous avons aussi rencontré degrandes différences entre les trois groupes. Dansle premier groupe (QH), l’expansion obtenue a étéd’origine essentiellement dentaire (avec seulement20 % de cause osseuse), atteignant les 8 mm d’ex-pansion. Cela coïncide totalement avec l’étude deHicks [6], mais pas du tout avec les études deMossaz-Joëlson et Mossaz [12] et Cotton [3], quimontrent que l’expansion qui se produit avec un ap-pareil d’expansion lente ou rapide est similaire. Dansle premier groupe (QH), l’expansion nasale n’atteintpas les 1 mm de moyenne.

Dans le groupe disjoncteur, la part d’expansionsquelettique constitue quasiment 50 % du totalde l’expansion recherchée. Elle est en moyenne de6,5 mm. Ces résultats coïncident pleinement avecles études de Krebs [7] avec implants métalliques, deLinder-Aronson et Lindgren [10] et Thörne [16], etdonnent des résultats légèrement supérieurs à ceuxde Da Silva, et al. [14]. Quant à l’expansion na-sale obtenue avec disjoncteur, elle atteint dans notreétude seulement 2,7 mm en moyenne, légèrementsupérieure aux 1,9 mm observés par Wertz [18] maistrès inférieure aux 5,5 mm de Haas [5]. Tout cecicoïncide avec la comparaison faite par Ladner etMuhl [9] entre le Quad hélix� et le disjoncteur : ilsaffirment que ce dernier produit un effet plus ortho-pédique.

Cependant, dans le groupe d’expansion aveccompression préalable, l’expansion osseuse est de130 %, l’expansion nasale étant même plus grandeque l’expansion dentaire. Tout ce qui précède ne de-vrait cependant pas bouleverser les schémas concep-tuels qui figurent dans la bibliographie sur le thème(Fig. 9).

5. Conclusions

Les conclusions d’intérêt clinique que nous pou-vons tirer de ce travail sont :

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182 Orthod Fr 2008;79:173–182

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Figure 9

Modifications de la largeur du maxillaire et des dimensions transversales de l’arcade dentaire. (a) : Expansion avec Quad hélix�.(b) : Expansion avec disjoncteur en acrylique. (c) : Expansion avec disjoncteur, avec compression préalable avec le Quad hélix�.

1. Dans le groupe d’expansion avec disjoncteur etcompression préalable avec Quad hélix�, on ob-serve :– une plus grande expansion basale,– un contrôle vertical meilleur,– aucune version vestibulaire des molaires,– un traitement plus long.

2. Pour obtenir une expansion basale maximale,nous conseillons un redressement préalable desmolaires par compression.

3. Si nous voulons seulement réussir l’expansiondentaire, le Quad hélix� est l’appareil le plus ap-proprié.

Il s’agit d’une première étude, qui ouvre une voie derecherche sur l’environnement parodontal et la stabi-lité des résultats pour chaque groupe thérapeutique.

En aucun cas ces résultats ne prétendent imposerune méthode ; il s’agit de mettre en relation des faitspour que le spécialiste décide comment agir pourchaque cas.

Remerciements

Je veux exprimer ma gratitude aux Drs EnriqueBejarano et Fe Serrano pour leurs idées, apports etsupervision. Sans leur aide, ce travail n’aurait pas étépossible. Je veux aussi remercier mon frère, Victor,pour son aide appréciable pour les illustrations.

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