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On me demande souvent : « L’éducation pour le développement durable (EDD), qu’est-ce que c’est au juste ? » Question facile, en apparence du moins. En tant qu’éducateurs, nous contribuons par l’éducation à bâtir un monde meilleur pour nous-mêmes et pour les générations futures. Ou, comme le résume à merveille la formule de Brent Sclafani, enseignant à la Cham- plain Elementary School dans ma ville natale de Burlington (Vermont, Etats-Unis) : « J’essaie simplement d’expliquer aux enfants que le sort de la planète est entre leurs mains et qu’ils ont vraiment un rôle à jouer. » Mais c’est aussi une question éminemment complexe qui demande à être abordée sous l’angle économique, social, civil et culturel. Et c’est là qu’intervient la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (DEDD), lancée en 2005. En tant que chef de file de cette Décennie, l’UNESCO aide les pays et les régions à éla- borer des plans d’action et des stratégies adaptés à leur réalité et à leurs préoccupa- tions propres. Comme l’explique le dossier de ce numéro de L’éducation aujourd’hui, dans le domaine de l’éducation pour le développement durable, la solution unique n’existe pas, il faut fonctionner selon le mode de « l’apprentissage par la pratique ». La DEDD est pour nous tous une chance d’agir ensemble et d’apprendre les uns des autres. J’ai confiance en la Décennie et en l’impact qu’elle aura sur l’avenir. L’ardeur et la pas- sion avec lesquelles les Etats membres ont abordé la question du développement durable pendant la Conférence générale de l’UNESCO, en octobre dernier, m’ont conforté dans mon optimisme. C’est pour moi la preuve que l’éducation pour le déve- loppement durable est et sera bien plus qu’un simple slogan. La machine est en marche et prend de la vitesse, mue par notre conviction à tous qu’il n’existe pas d’autre solu- tion si nous voulons préserver le monde de demain. Pour conclure, je vous laisse méditer ces paroles, prononcées voici près d’un demi-siècle par Martin Luther King : « Vous n’avez pas encore terminé votre petit-déjeuner du matin que déjà vous avez besoin de plus de la moitié du monde. C’est ainsi qu’est struc- turé notre univers. Tant que nous n’aurons pas accepté cette vérité essentielle que toute réalité est structurellement interdépendante, la paix ne règnera pas sur terre. » n° 16 Février mai 2006 EDITO AU SOMMAIRE Peter Smith Sous-Directeur général pour l’éducation S U O T R U O P N O I T A C U D E F E R B N E S E G A S S I T N E R P P A R E I S S O D Associer les religions à l’action en faveur de la santé reproductive, p. 10 L’alphabétisation en chansons, p. 3 L’éducation pour le développement durable, p. 4 Les chiffres sont-ils fiables ?, p. 8 EDUQUER POUR LE MONDE DE DEMAIN Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Comment faire passer ce message dans l’enseignement ? Quatre pages pour en savoir plus. Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Le bulletin d’information du Secteur de l’éducation de l’UNESCO

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On me demande souvent : « L’éducation pour ledéveloppement durable (EDD), qu’est-ce que c’estau juste ? » Question facile, en apparence du

moins. En tant qu’éducateurs, nous contribuons par l’éducation àbâtir un monde meilleur pour nous-mêmes et pour les générations futures.

Ou, comme le résume à merveille la formule de Brent Sclafani, enseignant à la Cham-plain Elementary School dans ma ville natale de Burlington (Vermont, Etats-Unis) :« J’essaie simplement d’expliquer aux enfants que le sort de la planète est entre leursmains et qu’ils ont vraiment un rôle à jouer. »

Mais c’est aussi une question éminemment complexe qui demande à être abordée sousl’angle économique, social, civil et culturel. Et c’est là qu’intervient la Décennie desNations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (DEDD), lancée en 2005.

En tant que chef de file de cette Décennie, l’UNESCO aide les pays et les régions à éla-borer des plans d’action et des stratégies adaptés à leur réalité et à leurs préoccupa-tions propres. Comme l’explique le dossier de ce numéro de L’éducation aujourd’hui,dans le domaine de l’éducation pour le développement durable, la solution uniquen’existe pas, il faut fonctionner selon le mode de « l’apprentissage par la pratique ». LaDEDD est pour nous tous une chance d’agir ensemble et d’apprendre les uns des autres.

J’ai confiance en la Décennie et en l’impact qu’elle aura sur l’avenir. L’ardeur et la pas-sion avec lesquelles les Etats membres ont abordé la question du développementdurable pendant la Conférence générale de l’UNESCO, en octobre dernier, m’ontconforté dans mon optimisme. C’est pour moi la preuve que l’éducation pour le déve-loppement durable est et sera bien plus qu’un simple slogan. La machine est en marcheet prend de la vitesse, mue par notre conviction à tous qu’il n’existe pas d’autre solu-tion si nous voulons préserver le monde de demain.

Pour conclure, je vous laisse méditer ces paroles, prononcées voici près d’un demi-sièclepar Martin Luther King : « Vous n’avez pas encore terminé votre petit-déjeuner dumatin que déjà vous avez besoin de plus de la moitié du monde. C’est ainsi qu’est struc-turé notre univers. Tant que nous n’aurons pas accepté cette vérité essentielle quetoute réalité est structurellement interdépendante, la paix ne règnera pas sur terre. »

n° 16Février – mai 2006

EDITO

AU SOMMAIRE

Peter SmithSous-Directeur général pour l’éducation

SSUOTRUOPNOITACU D E

FFERBNE

SSEGASSITNERPP A

RREISSOD

Associer les religions à l’action enfaveur de la santé reproductive, p. 10

L’alphabétisation en chansons, p. 3

L’éducation pour le développement durable, p. 4

Les chiffres sont-ils fiables ?, p. 8

EDUQUER POUR LE MONDE DE DEMAINLe développement durable répond aux besoins du présentsans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Comment faire passer ce message dans l’enseignement ? Quatre pages pour en savoir plus.

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Le bulletin d’information du Secteur de l’éducation

de l’UNESCO

Par son action, l’UNESCO cherche à promou-voir la tolérance au sein des deux commu-nautés. Carrizal, comme cinq autres éta-blissements de la région, participe au pro-jet de l’UNESCO intitulé « Les enfants et leconflit armé en Haïti : garantir leur droit àl’éducation, à la non-discrimination et à laparticipation en République dominicaine ».Doté d’un budget de 200 000 dollars EU, ceprojet de deux ans est piloté par le Bureaurégional de l’UNESCO pour l’éducation àSantiago du Chili.

Le projet est financé par le Programmeextrabudgétaire pour l’éducation desenfants en détresse qui, depuis 1992, a réuni29 millions de dollars EU et soutenu 292 pro-jets sur les droits de l’homme dans 85 pays.

Si proches… et si différentsLe projet, lancé en 2004, a commencé parrecenser les problèmes rencontrés par lesjeunes Haïtiens. La première étape aconsisté à envoyer un assistant techniquedans chaque école afin d’y mettre en placedes équipes composées des chefs d’établis-

sement, d’enseignants, de parentsd’élèves et de représentants duquartier en mesure d’établir undiagnostic de la situation dans lesétablissements. Les membres deséquipes ont bénéficié des conseilsd’un guide de bonnes pratiquesprovenant d’écoles intégratricesdu monde entier.

A partir d’un premier diagnostic,des activités ont été engagées danschacune des six écoles partici-pantes. « Parents et enseignantsrencontrent régulièrement lesmembres de l’équipe technique »,explique Yuki Takemoto du Bureaude l’UNESCO à Kingston. « Dans cetenvironnement, les parents se sen-tent libres de parler de ce qui lespréoccupe. » Ces rencontres, ainsique les activités de renforcementdes capacités, ont produit desrésultats tangibles. Des ateliers ontégalement été organisés pour per-mettre aux participants de se fami-liariser avec le concept « respect dela diversité et développement desécoles intégratrices ».

L’UNESCO est aussi intervenue sur le planpratique en fonction des besoins. Selon lesétablissements, il a fallu améliorer les infra-structures ou fournir des manuels scolaires et des équipements récréatifs.Dans l’une des écoles, des activités visant aurenforcement des capacités des femmesrurales ont été organisées à la demande des parents. Ailleurs, c’est un programmed’alphabétisation pour adultes qui a été mis en place.

« Le projet fonctionne bien grâce aux rela-tions personnelles qui se sont nouées »,constate Françoise Pinzon-Gil, coordina-trice du Programme pour l’éducation desenfants en détresse. Et d’ajouter, « la coopé-ration des pouvoirs publics locaux a égale-ment été décisive ».

Pour que personne ne reste sur la toucheDans sa conception initiale, le projet devaitessentiellement bénéficier aux enfants haï-tiens. Il est toutefois très vite apparu que lamultitude de facteurs en présence dans lesdeux communautés exigeait une approcheplus globale. Le projet a donc été repensé entenant compte des droits de tous lesenfants. « Les enfants haïtiens, bien sûr,mais aussi les enfants souffrant d’un handi-cap mental ou physique », précise Takemoto.

L’UNESCO s’efforce de sensibiliser les ensei-gnants et l’ensemble de la communauté àl’importance de l’intégration dans l’éduca-tion. « Adopter des approches intégratricesdans l’éducation implique de réformer lesystème scolaire – et cela concerne le per-sonnel administratif, le corps enseignant, lesparents et les élèves – afin de répondre auxbesoins de tous les apprenants », déclareRoselyn Wabuge-Mwangi depuis le Siège del’UNESCO à Paris. « Nous devons admettreque le fait de dispenser une éducation àtous les enfants, quelle que soit leur diffé-rence, n’est plus une simple question de cha-rité mais bien de faire respecter leursdroits », poursuit-elle. En République domi-nicaine, la première étape consiste à veillerà l’intégration de chaque enfant, à l’abri detoute discrimination.

Contact : Françoise Pinzon-Gil, UNESCO ParisE-mail : [email protected]

L’éducation AUJOURD’HUI n° 162

APPRENTISSAGES

Une île, deux pays

Haïti et la République dominicaine se partagent l’îled’Hispaniola. Mais tandis que la République dominicaineest un Etat à revenu intermédiaire, Haïti est l’un despays les plus pauvres du monde (80 % de la populationvit sous le seuil de pauvreté absolue équivalant à150 dollars par an).

Républiquedominicaine Haïti

Population totale 8,6 millions 8,2 millions

Espérance de vie à la naissance 67 50

Taux d’alphabétisme chez les adultes 88 % 52 %

Taux d’alphabétisme chez les jeunes 94 % 66 %

A l’école de l’autre côté de la frontièreUn projet UNESCO lutte contre l’exclusion des enfants haïtiens dans les écoles dominicaines

L’école Carrizal, en République domi-nicaine, est située à quelques cen-taines de mètres seulement de la

frontière avec Haïti. Qu’ils soient réfugiésou qu’ils franchissent la frontière chaquejour pour se rendre à l’école, 70 % desélèves sont d’origine haïtienne.

Beaucoup d’entre eux souffrent des consé-quences des taux de chômage, d’analphabé-tisme et de malnutrition élevés mais aussides discriminations qui stigmatisent les Haïtiens installés en République dominicaine.

A l’école, les différences linguistiques et cul-turelles entre Haïtiens et Dominicains sontsources de frictions. Francophones, de nom-breux enfants haïtiens ne maîtrisent pasbien l’espagnol, la langue officielle de laRépublique dominicaine et donc la langue del’enseignement. Les parents d’élèves domi-nicains ne font pas toujours preuve d’unegrande tolérance envers eux, comme cettemère qui se désole : « Mes enfants vont àl’école et voilà que quand ils rentrent, ilsparlent comme des Haïtiens. »

L’éducation AUJOURD’HUI n° 16 3

C’est aussi grâce à l’alphabétisation, ditTere, que la vie de sa petite fille de six anss’est améliorée. « Ici, les gens ne jouent pasavec les enfants. Résultat, tout le monde esttimide », explique-t-elle.

Tere s’est mise à lire des livres à sa fille. « Audébut, elle ne savait pas ce qu’était une his-toire », poursuit-elle. « Maintenant, nouslisons tous les jours. » Sa fille suit les adultesaux réunions du cercle d’alphabétisation etse familiarise ainsi avec l’alphabétisme.« C’est comme cela que les enfants appren-nent », ajoute-t-elle.

A 29 ans seulement, Teresa Beltrán est une jeune femme dynamique et pleine devie que l’alphabétisation a métamorphosée.Aujourd’hui, sa vie prend un nouveau tour-nant : devenue militante internationale,Teresa chante pour les 771 millions de per-sonnes du monde entier qui n’ont toujourspas accès à l’alphabétisation.

Contact : Florence Migeon, UNESCO ParisE-mail : [email protected] : www.unesco.com/education/literacy

C’était un vendredi de février, en fin d’après-midi ; la SalvadorienneTeresa Beltrán monte sur scène et

s’approche du micro. « Allez ! Tout le mondetape dans ses mains pour chanter avec moila chanson de l’alphabétisation ! » La foulevenue du Bangladesh, de France, du Mali, duMaroc, du Pérou et d’ailleurs se lève etaccompagne la voix cristalline de Beltránqui monte dans l’auditorium. Ce vendredi-là,cette femme de 29 ans nouvellement alpha-bétisée qui, il y a six ans seulement, ne savaitni lire ni écrire, venait de prononcer un discours qu’elle avait elle-même rédigé.

« Je m’appelle Teresa mais tout le mondem’appelle Tere », dit-elle en guise d’intro-duction. « Je viens de Tamanique, dans ledépartement de Libertad, au Salvador. »Puis, le visage illuminé par un grand sourire,les mouvements de ses mains animant sondiscours, elle raconte au public commentl’alphabétisation a changé sa vie.

Une enfance difficile« Mes parents étaient pauvres », continueTere, « Pour nous, ce n’était pas facile d’allerà l’école. » Mais si Tere et ses huit frères etsœurs ne sont pas allés à l’école, ce n’est passeulement à cause de la pauvreté. Ouvrieragricole, son père avait pourtant réussi àmettre un peu d’argent de côté pour payerdes études d’infirmière aux deux sœursaînées de Teresa. A dix ans, Teresa a elleaussi été inscrite à l’école pendant unecourte période mais on ne lui a jamaisappris à lire ou à écrire.

Une voix pour l’alphabétisationGrâce à l’alphabétisation, une Salvadorienne retrouve confiance en elle et met sa vie en chansons

Deux événements lui ont barré l’accès àl’éducation formelle. Tout d’abord, ses deuxsœurs ont abandonné leurs études pour semarier. « Mon père était furieux », raconte-t-elle. « Si c’était pour que nous nousmariions, il ne voyait pas l’intérêt de nouspayer des études. » Et puis sa mère esttombée malade, et il a fallu que Teresa s’oc-cupe d’elle.

« Chez nous, les filles font le ménage et lesgarçons travaillent aux champs », explique-t-elle. « Ce n’est pas dans les habitudes desparents d’envoyer les enfants à l’école. »Sans grandes compétences, difficile de trou-ver du travail. Teresa finit par s’installer àSan Salvador, la capitale, où elle est embau-chée dans une usine textile. L’argent n’estpas son seul problème, elle manque deconfiance en elle. « J’étais timide, je me sen-tais honteuse », dit-elle au public.

Le cercle d’alphabétisationLa vie de Tere prend un nouveau départlorsque, poussée par son mari, elle s’inscritdans un cercle d’alphabétisation animé parIntervida El Salvador, qui fait partie d’uneONG partenaire de l’UNESCO, IntervidaWorld Alliance. Les 24 personnes du groupeont appris à lire ensemble, elles ont acquisdes compétences nécessaires dans la viecourante ainsi que des connaissances enmatière de santé et de nutrition.

Grâce au cercle d’alphabétisation, Tere a puacquérir les compétences en communica-tion et en gestion qui lui ont permis de par-ticiper activement à la vie de sa commu-nauté. Elle rayonne de bonheur en décrivantavec fierté l’un de ses plus grandstriomphes : grâce à la lettre écrite à Inter-vida par son cercle d’alphabétisation pourréclamer une aide médicale en faveur desenfants du quartier, 55 enfants gravementmalades ont pu être soignés. « Avant »,ajoute-t-elle, « jamais nous n’aurions pufaire une chose pareille. »

Des livres à la maisonEncouragés par les succès de Tere, son marifréquente à présent le cercle d’alphabéti-sation, de même que ses deux jeunes frères,encore adolescents. Son père lui-même a finipar se laisser convaincre de l’importance de l’éducation.

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Teresa Beltrán plaide en faveur de l’alphabétisation

Les apprenants témoignent« A l’UNESCO », déclare Ann Therese NdongJatta, directrice de la Division de l’éducation de base à l’UNESCO, « on parle souvent de l’im-portance de l’alphabétisation, mais cela restetrès abstrait. Il est tellement plus convaincantd’écouter le témoignage d’une personne qui estelle-même passée par les difficultés qu’entraînel’alphabétisation à l’âge adulte. »

Teresa Beltrán est intervenue lors d’une tableronde sur « L’alphabétisation des femmes en vue du développement durable » organiséeconjointement par l’UNESCO et l’ONG IntervidaWorld Alliance (INWA) au Siège de l’UNESCO le24 février dernier. Alphabétiseurs, représen-tants de ministères et apprenants ont pu par-tager leurs expériences et faire ressortir lesliens entre alphabétisation, apprentissage toutau long de la vie et mode d’existence viable.

« Cette journée avait pour but de davantage sensibiliser et de mettre en exergue les expériences réussies », indique Florence Migeon depuis le Siège de l’UNESCO à Paris.« Et l’exemple de Teresa Beltrán est éloquent. »

L’éducation AUJOURD’HUI n° 164

Tapez “développement durable” etlancez votre recherche sur Internet,vous obtiendrez plus de 100 millionsde résultats, ou près de 60 millions

si vous recherchez « éducation pour le déve-loppement durable ».

De toute évidence, le développementdurable inspire une multitude d’interpréta-tions. Le concept n’est pas facile à définir, etl’opinion publique mondiale n’a pas réussi àse retrouver autour d’un thème fédérateurou d’une perspective régionale commune.

Bien au contraire, la liste des problèmes àtraiter ne cesse de s’allonger : les change-ments climatiques, la gestion des ressourcesen eau, les inégalités entre les sexes, la bio-diversité, la détérioration des villes, laconsommation durable, la réduction de lapauvreté et les aliments génétiquementmodifiés, pour n’en citer que quelques-uns.En outre, les problèmes et les défis des paysen développement ou à revenus intermé-diaires n’ont rien à voir avec ceux queconnaissent les pays développés. Et si noussommes nombreux à reconnaître que notre

DOSSIER

L’éducation pour le développement durable, c’est : enseigner à tous les rudiments de la lecture,de l’écriture et du calcul ? Convaincre qu’il est nécessaire de ne pas polluer ? Développer lesconnaissances, les compétences et les programmes qui mettront fin à la pauvreté pour de bon ?Ou apprendre comment prendre des décisions qui bénéficieront à toute la communauté ?Réponse : tout à la fois.

Eduquer pour le monde

Dessin de l’artiste colombien Alberto Mesa Malagon récompensé lors du 10e concours international du dessin humoristique de Haïfa, Israël, 2004.

ligne de conduite actuelle n’est pas viable,les avis divergent sur la marche à suivre.

Ce qui n’est pas pour faciliter la tâche del’éducation en vue du développementdurable. « Nous sommes obligés de nousdébattre avec les valeurs, avec nos propressystèmes de valeurs », résume Mary JoyPigozzi, directrice de la Division de la pro-motion de la qualité de l’éducation àl’UNESCO, organisation chef de file de laDécennie des Nations Unies pour l’éducationen vue du développement durable (DEDD).

rale, il détermine pourquoi, comment, quandet où les nombreux partenaires, venus d’ho-rizons extrêmement variés, pourrontapporter leur contribution.

Parallèlement à cela, et ce malgré la diffi-culté de l’entreprise, des liens commencentà s’établir entre les activités menées dans lecadre de la Décennie et d’autres initiativesde l’ONU telles que les Objectifs du Millé-naire pour le développement, la Décenniepour l’alphabétisation et l’Education pourtous, sans oublier les agences de l’ONU.Citons au nombre des réalisations concrètesun projet conjoint PNUE-UNESCO piloté à lafois par le Bureau de l’UNESCO à Nairobi(pour développer la recherche et la forma-tion en matière d’environnement dans lesuniversités africaines) et par le Bureau du

L’éducation AUJOURD’HUI n° 16 5

affirme Natarajan Ishwaran, directeur de laDivision des sciences écologiques et de laterre à l’UNESCO. « Les individus n’ont pastous la même conception du développementdurable, de la connaissance et de l’éduca-tion. » Ishwaran est responsable du pro-gramme L’Homme et la Biosphère (Man andthe Biosphere, MAB), qui s’efforce d’amenerdes spécialistes de diverses disciplines à col-laborer, en partant de l’hypothèse que lacoopération interdisciplinaire est essentielleà la réalisation des objectifs de la DEDD.

Ishwaran espère qu’à l’avenir les réserves debiosphère de l’UNESCO, gérées par le pro-gramme MAB, deviendront pour la Décenniedes « laboratoires d’apprentissage », ajou-tant qu’il était particulièrement importantde faire de l’apprentissage fondé sur la réa-lité un outil pédagogique, et des études decas spécifiques à des contextes particuliersdes matériels d’enseignement.

Plans d’action et stratégiesDes partenariats se nouent entre ensei-gnants, ONG, associations locales et respon-sables politiques, le corpus de connaissancess’étend pour ancrer la notion abstraited’EDD dans la réalité : la plus grande pro-messe que porte en elle la Décennieconcerne la création d’un nouveau modèled’éducation pour le développement durable.

« La Décennie nous invite à nous réjouir dessuccès accomplis », ajoute pour sa partWynn Calder, directeur adjoint de UniversityLeaders for a Sustainable Future, une orga-nisation basée aux Etats-Unis. « Elle nousappelle à faire un saut de dix ans dans letemps, à imaginer ce que nous espérons réa-liser et à définir la stratégie qui nous yconduira. »

Un an s’est écoulé depuis le lancement de laDEDD. Cette première année a été marquéepar des discussions aux niveaux internatio-nal, régional et national en vue de la formu-lation de plans d’action et de stratégies.

Dans sa version finale, le plan internationalde mise en œuvre, approuvé en septembredernier par le Conseil exécutif de l’UNESCO,définit un cadre élargi permettant à tous lespartenaires d’apporter leur contribution àla Décennie. En fixant une orientation géné-

de demain

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Un processus de changementcomplexe« Le développement durable doit être plusqu’un simple slogan », martèle le Directeurgénéral de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura. Ildoit pouvoir « se concrétiser dans nos déci-sions et nos actes quotidiens à tous, indivi-dus, organisations, gouvernements ».

Lancée internationalement le 1er mars 2005,la DEDD privilégie une approche très largeafin que le concept de développementdurable soit élaboré comme un processuscomplexe de changements étroitement liésau contexte, aux besoins et aux priorités auniveau local. Le concept sur lequel s’appuiela Décennie est apparu pour la première foisdans Notre avenir à tous, un rapport del’ONU publié en 1987 : « Le développementdurable répond aux besoins du présent sanscompromettre la capacité des générationsfutures de répondre aux leurs. »

Ainsi envisagée, l’éducation en vue du déve-loppement durable (EDD) dépasse largementle cadre de l’éducation environnementalepour englober l’éducation aux droits del’homme et à la résolution des conflits, à labonne gouvernance et à l’économie, sansoublier ni les arts ni la culture. Elle consti-tue une approche multidisciplinaire et dyna-mique de la réforme de l’éducation afin que,à tout âge et dans tous les contextes d’ap-prentissage – éducation formelle ou non for-melle – chacun puisse acquérir les modes devie et les valeurs qui lui permettront dejouir d’un avenir viable.

« L’EDD doit transcender les barrièresqu’ont élevées les pratiques actuelles enmatière d’enseignement et d’apprentis-sage », déclare Aline Bory-Adams depuis leSiège de l’UNESCO à Paris. Avant d’ajouter,« L’un des défis majeurs de la Décennieconsistera à inscrire cette vision complexedans les manuels scolaires, les programmes,les méthodes d’enseignement et d’appren-tissage, ainsi que dans les politiques natio-nales en matière d’éducation. »

Vers un apprentissage d’un type nouveau« On se trouve devant un grand nombre depostulats, dans des disciplines très variées,c’est de là que vient toute la difficulté »,

La stratégiede l’UNESCOLa Décennie pour l’éducation en vue dudéveloppement durable s’attache à créer dessynergies entre une éducation de qualité pourtous et l’objectif du développement durable.A cette fin, les Etats membres de l’UNESCO et les autres partenaires mènent une action de sensibilisation et construisent une visioncommune ; leurs efforts portent également surl’amélioration de la qualité de l’éducation debase, la réorientation des plans et programmesd’éducation au niveau national, la constitutionde réseaux, la sensibilisation du public et lerenforcement des capacités en matière deformation et de recherche.

Pour soutenir ces efforts, l’UNESCO s’emploie à :

susciter de nouveaux partenariats avec le secteur privé, la jeunesse et les groupes de médias ;

favoriser un programme de recherche surl’éducation pour le développement durable(EDD), et encourager le suivi et l’évaluation ;

servir de plate-forme de rencontre entre les acteurs clefs de la Décennie tels que lesmultinationales, les institutions religieuses,les associations de jeunes, les populationsautochtones, etc. ;

partager les bonnes pratiques en matièred’EDD ;

enfin, favoriser les liens entre les Etatsmembres qui ont élaboré des programmes,des politiques ou des programmes derecherche sur l’EDD et les Etats qui ont besoind’aide.

« Ces pays nous aident beaucoup dans notreaction de sensibilisation », déclare-t-il.

La prise de conscience aide également à lacollecte de fonds. Calder, qui vient d’écrireun rapport d’étape détaillé sur les initia-tives prises dans le monde entier en faveurde la DEDD, déclare que la Décennie contri-bue à canaliser des ressources supplémen-taires vers l’EDD, et ce de façon très nette.« C’est en partie ce qui fait sa force »,ajoute-t-il. Et cela est d’autant plus impor-tant que l’ONU ne finance quasiment pasd’activités relatives à la DEDD.

Comme le constate Calder, l’Allemagne estsans doute le pays qui est allé le plus loin, encréant et en finançant un comité nationalpour la Décennie afin de favoriser une coopé-ration transversale entre spécialistes et ins-titutions, notamment les ministères de l’Edu-cation, du Développement et de l’Environne-ment, les parlementaires et les Länder, lesONG, les médias et les entreprises du secteurprivé. « Ceux qui font avancer les choses enAllemagne manifestent un grand intérêt. Lademande vient du plus haut niveau », dit-il.Il reste que pour promouvoir la DEDD, ladémarche adoptée par certains pays commele Japon ou les Etats-Unis est beaucoup pluscourante. Elle consiste à passer le relais à desorganisations privées qui fonctionnent enréseau et agissent sur leur propre initiative.

Réorienter les programmesA l’instar de la Chine, les pays sont de plus enplus nombreux à développer des pro-grammes d’enseignement de l’environne-ment et à lancer des projets pilotes dans ledomaine de l’EDD. Le programme chinoisd’enseignement sur l’environnement, lapopulation et le développement durable aété inauguré en 1998 dans le but d’offrir auxadolescents un enseignement interdis-

La tendance qui se dessine est très nette :alors que les pays de la région ont tous plusou moins intégré l’éducation environnemen-tale (EE) dans leurs programmes, l’EDD, quiest un concept nouveau, est à peine compris,et encore moins appliqué. Dans le Pacifique,en Asie du Sud et en Asie centrale, l’enquêtefait apparaître que de nombreux profession-nels, notamment ceux qui n’interviennentpas dans le domaine de l’environnement,estiment à tort qu’EE et EDD sont destermes synonymes et interchangeables.Quant aux pays du Sud-Est asiatique, à l’ins-tar du Viet Nam, ils considèrent l’EDD commele défi majeur du XXIe siècle et se sont mis enquête de solutions inventives pour intégrerces pratiques à leurs systèmes d’enseigne-ment, formel et non formel.

Institutionnaliser les engagementsTout cela montre à quel point la compréhen-sion et le leadership sont nécessaires parmiles gouvernements et l’ensemble des minis-tères – les ministères de l’Environnement nesont en effet pas les seuls concernés. SelonDerek Elias, qui coordonne les activités del’UNESCO en faveur de l’EDD dans la régionAsie-Pacifique, l’Iran, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Viet Nam sont dans le pelotonde tête des pays qui font de l’EDD une ques-tion d’importance nationale. L’Iran, parexemple, a élaboré une charte sur le déve-loppement durable de la ville de Bam, qui aété dévastée par un tremblement de terre.

PNUE à Tongji (pour augmenter le nombre dediplômes de 3e cycle et de bourses dans lesuniversités chinoises).

Pour une approche localeLes réactions variées suscitées par la DEDDont été particulièrement perceptibles auxniveaux régional et national, dans la quasi-totalité des régions et dans les 40 pays où la Décennie a été officiellement lancée.

La région Europe et Amérique du Nord a étéla première à adopter une stratégie, peuaprès le lancement de la Décennie par l’ONUen mars 2005. Cette région s’attache à pré-sent à mettre au point des indicateurs afinde mesurer l’efficacité de la mise en œuvrede sa stratégie d’ici à la fin 2006. On consi-dère qu’il s’agit-là d’un élément capital de laréussite générale de la DEDD. Il est à espérerque cette initiative, parallèlement auxefforts que mènent les autres régions pourélaborer leurs propres instruments d’éva-luation, jettera les bases d’une nouvelleréflexion sur l’EDD.

La région Asie-Pacifique a elle aussi large-ment contribué au démarrage de la Décen-nie grâce à son analyse détaillée des effortsengagés par chaque pays et sous-région enfaveur de l’EDD. Situational Analysis, publiépar UNESCO Bangkok, donne ainsi une idéetrès précise des défis et des opportunitésdans cette partie du monde.

L’éducation AUJOURD’HUI n° 166

Mascottes du monde

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Eduquer pour le monde de demain

Rashid est le héros animéd’un livre d’activités etd’un CD-Rom destinés à

apprendre auxenfants du Qatar à

recycler les ordureset à produire moins dedéchets. Internet :www.unesco.org/education

“La migration des Ibanes” est lapremière d’une série de bandesdessinées éditées en anglais, enfrançais, en allemand et en italien.Elle retrace l’histoire de deuxjeunes enfants placés devant les conséquencescatastrophiques des changements climatiques.Internet : www.educapoles.org

P’tit Mab,mascotte de la Réservede biosphèredes Vosges du Nord/Pfälzerwald, en France et en Allemagne, aide les enfants à découvrir en quoi consiste la préservation de la biosphère.Internet :www.unesco.org/mab/little.htm#

Ozzy Ozone, défenseur de la planète,a pour mission de promouvoir le programme éducatif sur l’ozone du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).Internet : www.ozzyozone.org

R e p è r e s : l e s d a t e s� 1968La biosphère est l’undes thèmes abordéslors de la premièreconférence intergouver-nementale de l’UNESCOsur l’« utilisation ration-nelle des ressources »

� 22 avril 1970Le premier Jour de la terre réunit20 millions depersonnes pour unvaste séminaireplanétaire

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Iles Galapagos, Equateur, © Erich Heidenbauer /UNESCO

Le sénateur Gaylord Nelson(Etats-Unis), fondateur du Jour de la Terre© University of WisconsinGreen Bay

Coiffé d’un chapeau à la Robin des Bois, lechantre du mouvement pour la protection

de l’environnement aux Etats-UnisWoodsy the Owl (Woody-la-Chouette)

répète sans se lasser le même slogan depuis1970 : « Give a Hoot, Don’t Pollute »(Soyez

chouette, arrêtez de polluer !) Internet :www.fs.fed.us/spf/woodsy/

© National Symbols Program, USA

ciplinaire et une éducation morale. Ce pro-gramme, dont bénéficient actuellement3 000 écoles et plus d’un million d’élèves,est actuellement étendu aux élèves du pri-maire. Constatant que la réussite du projetpilote modifiait le regard porté par les édu-cateurs sur l’EDD, les organisateurs décla-rent que ce projet pourrait servir de réfé-rence dans la perspective d’une refonte desprogrammes à l’échelle nationale.

L’Initiative “Sandwatch” illustre elle aussi defaçon très intéressante comment l’ensei-gnement environnemental peut êtrerestructuré et dynamisé pour s’adapter auxnouvelles priorités. Ce programme, quiconcernait initialement les Caraïbes, a étémis en œuvre afin que les donnéesrecueillies sur les menaces pesant sur lesmilieux côtiers et les habitats marins fra-giles puissent être intégrées aux matièresclassiques. Cette initiative est actuellementadaptée à d’autres Etats insulaires du Paci-fique et de l’océan Indien.

Enseigner des valeursLa Décennie, et c’est peut-être là que résidel’essentiel, est une source d’inspiration pourl’action locale, base dont dépendra l’avenirdu mouvement. « Il s’agit de favoriser aumaximum l’appropriation de l’EDD, de faireen sorte que nos contributions se renfor-cent mutuellement », explique Derek Elias,qui ne perd pas une occasion de rappeleraux militants de sa région qu’« ils formentune lame de fond, qu’ils ne sont pas seuls ».

En dernière analyse, ce qui fera de la Décen-nie une réussite, c’est le sens que lui donne-ront les individus, chacun à sa manière.« L’éducation pour le développementdurable, ce n’est pas un idéal de plus, aussiélevé qu’irréalisable », observe Pigozzi.« C’est une nécessité. »

DOSSIER

Y A l’écoute des traditions autochtones« Réfléchissons ensemble et voyons quelle existence nous transmettrons à nos enfants »

Takanta Iotanka, chef Sioux,alias Sitting Bull

Le concept de développement durable fait partie intégrantedu patrimoine culturel des Amérindiens. Il y a plusieurs sièclesdéjà, la Confédération iroquoise des cinq nations exigeait deses chefs qu’ils évaluent les conséquences de leurs décisionssur la septième génération, soit leurs arrière-arrière-arrière-arrière-arrière petits-enfants.

Ce principe a été réactualisé par le projet White Earth LandRecovery, lancé par Winona LaDuke pour venir en aide auxmembres de sa tribu, les Ojibwe. Ce projet comprend desinitiatives sur les énergies de substitution, un programmed’assistance nutritionnelle et alimentaire qui prévoit la

distribution d’aliments traditionnels, la préservation des traditions spirituelles etculturelles, la restauration des pratiques traditionnelles de gestion raisonnée de la terre,le réapprentissage de la langue autochtone et le développement de la communauté.

La préservation des modes de vie traditionnelssuscite un regain d’intérêt dans le mondeentier ; partout on reconnaît la valeurinestimable de la sagesse traditionnelleautochtone. Ainsi, lors du Forum des jeunes qui a eu lieu juste avant la Conférence généralede l’UNESCO en 2005, ce thème alimentait lesconversations des jeunes délégués.

« Contrairement aux idées reçues », indique un jeune participant venu de Jamaïque,« les jeunes savent reconnaître la valeur de la culture autochtone qui est la leur. Pour eux,il est important d’amener les autres pays à l’apprécier et de redonner vie aux aspectsmoribonds de ces cultures. »

Le plan de mise en œuvre de la DEDD considèreles peuples autochtones comme des partenaires clés parce qu’ils savent au plus profondd’eux-mêmes comment exploiter leur environnement de façon viable et parce qu’ils sontparticulièrement vulnérables au développement non durable. Le plan accorde également une grande importance à l’intégration d’apprentissages culturellement variés à tous lesniveaux des programmes d’enseignement.

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Sources : ONUSIDA, UNESCO et la Campagne mondiale pour l’éducation. Pour une chronologie interactive plus complète ainsi qu’un fichier PDF téléchargeable, consulter http://sdgateway.net/introsd/timeline.htm

� 1972La Conférence desNations Unies surl’environnement humain à Stockholmaboutit à la créationdu Programme desNations Unies pourl’environnement(PNUE)

� 1987Notre avenir à tous, le rapportde la CommissionBrundtland,vulgarisel’expression« développementdurable »

� 1992L’Agenda 21adopté au Som-met de la Terre de Rio de Janeiro,sert de référencepour mesurer lesprogrès accom-plis en faveur dudéveloppementdurable

� 1999Création de l’indicemondial dedéveloppe-ment durable,qui suit lespratiques desentreprises

� 2000La Déclaration du Millénaire adoptée par l’Assemblée générale del’ONU définit le « respectde la nature » commeune valeur fondamentaleet s’engage à « intégrerles principes du dévelop-pement durable dans lespolitiques nationales »

� 2002Le Sommet mondialsur le développementdurable deJohannesburg affirmeque la protection del’environnement et le développementsocio-économique sont interdépendantset se renforcentmutuellement

� 2005Lancement de la Décenniedes Nations Unies pourl’éducation en vue dudéveloppement durable(DEDD) afin de favoriserl’acquisition tout au longde la vie des connais-sances, des compétenceset des valeurs indispen-sables à une transfor-mation sociale durable

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L’éducation AUJOURD’HUI n° 16 7

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P rès d’un cinquième de la populationadulte mondiale, soit 771 millionsd’individus, ne possèdent pas les

compétences de base en alphabétisme quileur permettraient d’améliorer leur mode devie, indique le Rapport mondial de suivi del’EPT paru en novembre 2005. Mais d’où vientce chiffre ? Englobe-t-il les travailleursmigrants, les nomades, les réfugiés ? Dansquelle mesure est-il exact ?

A partir des données recueillies par l’Institutde statistique de l’UNESCO (ISU), le Rapportétablit des comparaisons internationales surl’alphabétisme. Dans les deux tiers des cas environ, les statistiques par pays proviennent des données fournies par les pays eux-mêmesà partir des recensements et des enquêtesmenés à l’échelle nationale. Pour les pays restants, l’ISU établit des estimations à partir de modèles statistiques. « Ces méthodes nesont certes pas parfaites », concède AaronBenavot, de l’équipe du Rapport, « mais nous n’en n’avons pas d’autres à notre disposition. »

Les comparaisons statistiques internatio-nales sont difficiles à établir dans la mesureoù la définition de l’alphabétisme et la façondont les données sont recueillies varient d’unpays à l’autre (voir encadré).

D’autre part, la plupart des pays utilisent des méthodes classiques de collecte desdonnées et non des tests d’alphabétisme, cequi n’est pas sans incidence sur l’exactitude

EDUCATION POUR TOUS

Les chiffres sont-ils fiables ?Le Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2006 révèle les difficultés que pose l’évaluation de l’alphabétisme

des chiffres. L’une des méthodes les pluscourantes consiste à demander aux enquêtésd’indiquer eux-mêmes leur niveau d’alphabé-tisme. Il arrive également que ce soit lenombre d’années de scolarité qui déterminesi une personne est alphabète ou non.

Depuis une vingtaine d’années, les testsd’alphabétisme menés directement auprès des personnes sont donc vivement encouragés.C’est aujourd’hui la méthode que préconisentla plupart des spécialistes.« Les tests montrentque les méthodes d’évaluation classiques onttendance à élever les niveaux d’alphabétismede façon erronée », ajoute Benavot. Selon le Rapport, lors d’une évaluation conduite au Maroc au moyen de méthodes classiques,45 % des enquêtés ont estimé qu’ils étaientalphabètes, alors que seuls 33 % d’entre euxont réussi un simple test de lecture.

Cependant, il n’est pas envisageable à l’heureactuelle de mesurer l’alphabétisme auxniveaux régional ou mondial au moyen desseuls tests. En effet, les tests de l’alpha-bétisme fonctionnel n’ont pas encore étéstandardisés et requièrent parfois un impor-tant investissement en temps. Point positif,un nombre grandissant de pays tels que leBotswana, le Brésil, la Chine, l’Ethiopie, leGhana, le Nicaragua et la RDP Lao ont mis au point des méthodes d’évaluation del’alphabétisme qui donnent des résultats

plus conformes à la réalité. Par ailleurs,l’ISU est en train d’élaborer un nouvel outilde collecte des données intitulé Programmed’évaluation et de suivi de l’alphabétisation(LAMP, Literacy assessment and monitoringprogramme), qui vise à fournir des estima-tions sur l’alphabétisme comparables auniveau mondial et de plus grande qualité. Cesestimations sont basées sur le principe queles compétences en alphabétisme forment un continuum, rompant ainsi avec l’approchedichotomique traditionnelle qui tend àranger les individus en deux catégories :« alphabètes » ou « analphabètes ».

« Pour élaborer des programmes éducatifsefficaces et plaider pour des niveaux d’inves-tissement adéquats, il est essentiel de pouvoirdisposer de données valables, fiables et compa-rables sur les compétences en alphabétismeau sein de la population adulte », affirmeMichael Millward, directeur par intérim del’ISU. « Il est plus que nécessaire d’améliorernos méthodes d’évaluation de l’alphabétisme.Les programmes tels que LAMP sont un pasdans la bonne direction », conclut-il.

Pour consulter le Rapport en ligne :www.efareport.unesco.org

ISU : www.uis.unesco.orgPortail de l’alphabétisation de l’UNESCO :

www.unesco.org/education/literacy

Pour en savoir plus :

En 1957, annéeoù l’UNESCO publiait

sa toute première évaluation“mondiale” de l’alphabétisme,

on estimait que le nombre d’adultesqui ne possédaient pas les compétences

minimales en alphabétisme était comprisentre 690 et 720 millions. S’il ne semble pas

très éloigné en apparence des estimations de2005, il faut bien voir que vers 1950 ce chiffre

représentait 44 % de la population adulte mondiale,contre 18 % aujourd’hui. La répartition géographique

de l’alphabétisme s’est elle aussi modifiée. A l’époque,74 % de la population mondiale analphabète était

concentrée en Asie, le reste étant réparti entre l’Afrique (15 %), les Amériques (7 %) et l’Europe,l’Océanie et l’ex-Union soviétique (4 %).

L’alphabétisme il y a 50 ans

L’éducation AUJOURD’HUI n° 168

Faut-il comparerl’incomparable ?Selon les pays, une personnealphabète, c’est…

Au Brésil : Une personne capable au moins de lire et d’écrire un simpleénoncé dans une langue qu’elle connaît.

Au Cameroun : L’alphabétisme est la capacité des personnes âgées de15 ans ou plus de lire et d’écrire en français ou en anglais.

En Chine : Une personne est considérée comme alphabète si elleconnaît 2 000 caractères (1 500 si elle réside en zone rurale).

Au Mali : Une personne qui n’est jamais allée à l’école est considéréecomme étant analphabète, même si elle est capable de lire et d’écrire.

Dans la République islamique d’Iran : Est alphabète toute personnecapable de lire et d’écrire une phrase simple en farsi ou dans toutautre langue.

Source : GMR 2006 Metatable

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www.unesco.org/education/efa/fr L’éducation AUJOURD’HUI n° 16 9

« Il est clair [également] que la qualité de l’éducation debase reste médiocre et ne conduira pas à des résultatsd’apprentissage significatifs en l’absence d’une reprise enmain vigoureuse », déclarait le Directeur général del’UNESCO, Koïchiro Matsuura, lors de la 5e réunion duGroupe de haut niveau sur l’Education pour tous à Beijing(Chine, novembre 2005). Si on peut se réjouir des progrèssignificatifs accomplis en vue de la réalisation des sixobjectifs de l’EPT d’ici à 2015, les défis à relever restent detaille, a-t-il précisé.

La réunion a notamment exprimé sa profonde préoccupa-tion devant le fait que l’objectif fixé pour 2005, la paritéentre les sexes, n’a pas été réalisé et que, si les tendancesactuelles se maintiennent, 86 pays risquent de ne pasatteindre cet objectif d’ici à 2015. L’humeur générale quirégnait à Beijing était toutefois caractérisée par un opti-misme prudent. « Les défis liés à l’EPT ne sont pas insur-montables », a ainsi déclaré Nicholas Burnett, directeur duRapport mondial de suivi sur l’EPT.

« Dans certains des pays les plus éloignés de l’objectif, deréels progrès ont été accomplis et les filles sont de plus enplus nombreuses à rejoindre le primaire ; les dépensespubliques et le montant de l’aide augmentent, tandis quel’on constate un recul marqué de l’analphabétisme, notam-ment en Chine », a expliqué Burnett, et d’ajouter, « Ce quimanque, avant tout, c’est un engagement politique enfaveur de l’alphabétisation des adultes et de la mise enplace d’environnements alphabètes. »

Le Groupe de haut niveau réunit chaque année lesministres de l’Education, les bailleurs de fonds et d’autresorganisations afin d’évaluer les progrès accomplis en direc-tion des objectifs de l’EPT. Cette année, la réunion, placéesous le thème de l’objectif de la réduction de moitié dutaux d’analphabétisme des adultes d’ici à 2015, a grande-ment bénéficié de l’éclairage du Rapport mondial de suivisur l’EPT 2006, L’alphabétisation, un enjeu vital. Parmi lesautres thèmes abordés figuraient notamment l’éducationdans les zones rurales, un plan d’action mondial visant àcoordonner le mouvement en faveur de l’EPT et la mobili-sation des ressources.

Internet : www.unesco.org/education/efa

Pour recevoir une éducation de qualité, lesenfants ont besoin de bons enseignants. Cetteannée, la Campagne mondiale pour l’éducationprend pour thème : « Chaque enfant a besoind’un enseignant ». Des manifestations aurontlieu dans le monde entier pendant la semaine du24 au 30 avril. En 2005, plus de cinq millions depersonnes avaient participé à la campagne« Envoyez mon ami(e) à l’école ». Cette année, lesorganisateurs tablent sur une mobilisation encoreplus importante. Pour sa part, l’UNESCO mobilise lessoutiens à cette Semaine auprès des Etats membres, des autresagences de l’ONU, du Réseau du Système des Ecoles associées del’UNESCO, des bailleurs de fonds et des ONG partenaires.

Internet : www.campaignforeducation.org

La semaine de l’Educationpour tous 2006

Le nombre d’adultes analphabètes en e

Chine a diminué de plus de 140 millions en25 ans. Quelle est la recette d’un tel succès ?Depuis 1978 nous avançons à grands pas, à telpoint que l’analphabétisme en Chine recule aurythme de 2 millions de personnes par an. Notrerecette est très simple. Notre gouvernementdonne la priorité à deux objectifs : éliminerl’analphabétisme et dispenser neuf années d’en-seignement obligatoire à tous. Il aide la popula-tion à percevoir les bienfaits de l’alphabétisationen soulignant les liens qui existent entre l’alpha-bétisme et la vie de la famille, la production agri-cole, le développement économique et les tradi-tions des populations autochtones. Nous mettonségalement l’accent sur l’alphabétisation desfemmes car, dès lors qu’une femme est alphabéti-sée, c’est toute sa famille qui en bénéficie.

Lors de sa 5e réunion, en novembre dernier,le Groupe de haut niveau sur l’Education

pour tous a accordé une grande attention àl’éducation rurale. Pourquoi ce thème revêt-ilune si grande importance en Chine ?Dans les régions rurales de l’Ouest de la Chine,on est bien loin de Paris, Shanghai ou Beijing, lesconditions naturelles sont extrêmement rudes.Entre la chaîne de l’Himalaya et les plaines, lesrégions occidentales de notre pays sont vastes et faiblement peuplées, ce qui signifie qu’à résultat égal, les efforts et les investissementssont multipliés par deux. La solution dépendavant tout de la volonté politique. Nous avonscréé un mécanisme coordonné au sein duquel les responsabilités, dont l’obligation de rendre des comptes, ont été réparties entre le gouver-nement central, la préfecture de province, la

municipalité et le comté, en fonction du poidse

de chaque ministère ou agence.

Quelle est votre priorité en tant que président du Conseil exécutif de l’UNESCO ?

Nous devons nous concentrer sur les points fortsde l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, dela science et de la culture. Le Soixantième anni-versaire de l’UNESCO fera date. Nous devons,conformément au mandat de l’Organisation,contribuer à atteindre les objectifs de paix et de prospérité. Mais nous avons aussi de nouveauxdéfis à relever, comme le VIH et le sida, le SRAS,le développement durable ou le terrorisme.J’ai la chance d’avoir un Conseil de grande qualité,de par son expérience, sa diversité, ses connais-sances et sa volonté d’agir. La réalisation de nosobjectifs sera le fruit d’un effort collectif.

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En direct de Beijing

questions à Xinsheng ZhangPrésident du Conseil exécutif de l’UNESCO, vice-ministre de l’Education de la Républiquepopulaire de Chine et président de la Fondation nationale de bourses d’études de Chine

L’éducation AUJOURD’HUI n° 1610

EN BREF

à Khartoum (Soudan) les 23 et 24 janvier ont placé l’éducation et la culture au cœurde leurs débats. Les ministres africains de l’Education et de la Culture se sontnotamment engagés au cours de cetterencontre à accélérer la mise en œuvre d’une éducation de qualité pour tous, enaffectant au moins 20 % de leurs budgetsnationaux à ce secteur.

A l’occasion de ce sommet, le Directeurgénéral de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, etM. Konaré ont signé un accord qui ouvrira lavoie à une meilleure coopération entre lesdeux organisations. M. Matsuura a égalementinauguré une exposition consacrée à lacoopération entre les deux organisations :« L’UNESCO et l’Afrique : mémoire, libération et développement des ressources humaines ».

Internet : www.africa-union.org

A la rescousse des universitéspalestiniennesLe Comité saoudien d’aide au peuple pales-tinien (Saudi Committee for the Relief ofPalestinian People) a accordé un don de15 millions de dollars à un programme del’UNESCO en faveur de l’enseignementsupérieur palestinien, « Parfaite illustra-tion », a indiqué le Directeur général del’Organisation, Koïchiro Matsuura, « de la solidarité internationale et de la co-opération Sud-Sud ».

Ce programme apportera une aide financièreà 11 universités palestiniennes et permettraà 20 000 étudiants d’obtenir une bourse.Le ministère palestinien de l’Education et de l’Enseignement supérieur affectera éga-lement une partie de cette somme à la mise en place d’un système unifié de gestion de l’aide – qu’il s’agisse de financementsoctroyés par l’UNESCO ou des prêts de la Banque mondiale – qui sera chargé del’assistance aux étudiants. L’atelier de deuxjours consacré à l’évaluation des revenus des familles des élèves en Palestine qui s’esttenu les 31 janvier et 1er février constituaitla première étape de cette activité derenforcement des capacités.

« Pour des raisons politiques et à cause del’aggravation de la pauvreté et du chômagede masse, le développement social dans lesTerritoires palestiniens se heurte à denombreux obstacles », souligne KoïchiroMatsuura. « Voilà pourquoi il est vitald’investir dans l’éducation », poursuit-il.Malgré ces difficultés, les Palestiniens ontd’ores et déjà accompli des progrès remar-quables. Dans les universités palestiniennes,les effectifs ont plus que triplé entre 1995 et 2003. En 2003, 136 000 étudiants étaientrépartis entre 11 universités, quatre classespréparatoires et 24 collèges communautaireset techniques, représentant un taux descolarisation de 25 %, supérieur au tauxmoyen de 15 % dans la région arabe.

Contact : Bechir Lamine, UNESCO RamallahE-mail : [email protected]

L’UNESCO au Sommetde l’Union africaineUne deuxième « Décennie de l’Education en Afrique » sera lancée en 2006 pour pro-mouvoir le mouvement en faveur de l’EPT à travers le continent. « J’espère que cetteDécennie nous permettra de faire desprogrès considérables dans l'éducation,notamment dans l’éducation panafrica-niste », a déclaré Alpha Oumar Konaré, prési-dent de la Commission de l’Union africaine.

En guise de coup d’envoi à cette Décennie,les chefs d’Etat africains qui assistaient au sixième Sommet de l’Union africaine

Dans un certain nombre de religions et decultures, ce qui a trait à la santé reproduc-tive et sexuelle est souvent « tabou ».L’UNESCO associe de plus en plus les groupesreligieux à ses initiatives dans le domaine.Le Bureau de l’UNESCO àBangkok élabore ainsi actuel-lement un nouveau kit deformation, “Faith-based Advo-cacy for Adolescent: Repro-ductive and Sexual Health inAsia and the Pacific”, afind’aborder ce thème dans lecontexte des trois grandesreligions d’Asie que sontl’islam, le catholicisme et le bouddhisme.

« C’est la première foisqu’un kit de formation estspécialement conçu pourrépondre aux besoins desjeunes musulmans, catho-liques et bouddhistes », indique FranciscoRoque du Bureau de l’UNESCO à Bangkok.« Dès lors que les partenaires culturels et les organisations religieuses sont associés àce genre d’initiatives, les pouvoirs publicslocaux commencent à s’intéresser aux droitsreproductifs et à l’accès aux services concer-nés », dit-il. « Les sujets autrefois tabouspassent ainsi dans la sphère publique, ils sont abordés ouvertement », ajoute-t-il.

Ce kit de formation fait partie du projetAdvocacy and Educational Support to Ado-lescent Reproductive Health (promotion etsupport pédagogique pour la santé repro-ductive des adolescents), dont les actions

d’information ciblent les éducateurs quiinterviennent auprès des adolescents et

des jeunes de la région.Le kit, qui a déjà étésoumis à l’examen d’ex-perts des trois religions,est actuellement produiten nombre limité.

« Au cours des prochainsmois, il sera traduit enbahasa Indonésie, enphilippin et en thaï afin

de procéder à des pré-tests »,explique Roque. La prochaineétape consistera à tester lekit auprès d’adolescentsvivant en Indonésie, auxPhilippines et en Thaïlande.Au final, le produit sera conçu

comme un manuel de formation régionalpouvant être adapté aux besoins spécifiquesde chacun des pays d’Asie.

Contact : Francisco Roque, UNESCO BangkokE-mail : [email protected] : www.unescobkk.org/arsh

Religion et santé reproductive

L’éducation AUJOURD’HUI n° 16 11

L’éducation auForum social mondialA l’occasion du Forum social mondialpolycentrique qui s’est tenu à Bamako (Mali)en janvier dernier, l’UNESCO et plusieurs ONGpartenaires ont organisé deux séminaires surle thème de l’éducation.

Le premier atelier était consacré aux lienssolides qui existent entre l’alphabétisation,l’éducation à la prévention du VIH et l’auto-nomisation des femmes. Les perspectives dela société civile sur l’Education pour tousformaient le thème du second atelier.

Les participants ont souligné que la sociétécivile avait un rôle à jouer et des respon-sabilités à assumer pour que les engage-ments gouvernementaux en matière d’accèsde tous à l’éducation soient respectés. Ils ont également reconnu que le Rapportmondial de suivi sur l’Education pour tousétait un outil utile bien qu’insuffisammentexploité. Toutefois, ils ont également notéque les politiques et les budgets en matièred’éducation devaient être envisagés dans lecontexte élargi des difficultés que faisaientpeser sur les décisions gouvernementales leproblème de la dette, les accords de l’OMC,l’absence de clarté entourant les priorités en matière de développement et enfin lespressions exercées par les institutionsfinancières internationales.

« Ce dialogue est essentiel, il donne tout son sens au partenariat entre l’UNESCO et la société civile », indique Sabine Detzeldepuis le Siège de l’UNESCO à Paris. « Nouspouvons ainsi engager des dialogues trèsenrichissants sur les priorités de l’Orga-nisation, telles que l’Education pour tous,et découvrir quelles sont les expériencesréussies de nos partenaires, leurs possibi-lités et leurs contraintes. »

Pour sa sixième édition, le Forum socialmondial était polycentrique, ou décentralisé.Il avait lieu à Bamako, à Caracas (Venezuela)et à Karachi (Pakistan). Le Forum de Bamakoa réuni quelque 15 000 personnes, dont10 000 étaient venues d’un pays autre que le Mali. L’année prochaine, le Forum socialmondial aura lieu à Nairobi, au Kenya.

Contact : Sabine Detzel, UNESCO ParisE-mail : [email protected]

L’école dela sérénitéA l’Institución Educativa Concejo Municipald’Itagüí, une école située dans le départe-ment d’Antioquia (Colombie), une conceptionnovatrice de la discipline scolaire fait lapreuve de son succès. Avec 7 900 autresécoles, cet établissement constitue le Réseaudes écoles associées de l’UNESCO (RéSEAU).

Ernesto Corrales Gutierrez, coordinateur duRéSEAU au sein de l’établissement, expliqueque l’école a fait sien le concept psycholo-gique de “Disciplina con amor”, ou disciplinepositive.

La première phase, qui a duré trois ans,ciblait les élèves âgés de 9 à 14 ans et leursenseignants. « Nous avons contesté lesmodèles traditionnels de l’autorité basés surla punition, la culpabilité et l’exclusion »,précise Gutierrez. Enseignants et élèves sesont retrouvés régulièrement au cours de

Agenda 20066e réunion ministérielle de l’E-9 • 13-15 février • Monterrey, Mexique. Le Président du Mexique, Vincente Fox Quesada, a inauguré la 6e réunion ministérielle de l’E-9 consacrée aux “Politiques et systèmes d’évaluation de la qualité de l’éducation”.Etaient présents les ministres de l’Education des neuf pays les plus peuplés du monde(Bangladesh, Brésil, Chine, Egypte, Inde, Indonésie, Mexique, Nigeria, Pakistan).

Semaine de l’Education pour tous 2006 : Chaque enfant a besoin d’un enseignant • 24-30 avril • La semaine de l’Education pour tous rappelle aux gouvernements et à la communauté internationale les engagements pris en vue de la réalisation de l’Education pour tous d’ici à 2015. Cette année, la semaine de l’EPT met l’accent sur l’importance des enseignants.

7e réunion du Groupe de travail sur l’EPT • 19-21 juillet • Paris, France. Le Groupe de travail se réunit annuellement afin de guider le mouvement de l’EPT. Plate-formed’échange et de discussion sur les initiatives en matière d’EPT menées aux niveauxnational, régional et international, cette rencontre favorise la constitution et lerenforcement des partenariats.

6e réunion du Groupe de haut niveau sur l’EPT • 14-16 novembre • Le Caire, Egypte.Cette réunion annuelle rassemble des chefs d’Etat, des ministres, des hauts responsablesd’agences de développement et des représentants de la société civile. Elle s’inspirera des données et des conclusions du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2007, qui seraconsacré à l’éducation et à la protection de la petite enfance.

Contact : Abhimanyu Singh, UNESCO ParisE-mail : [email protected] : www.unesco.org/education/efa

réunions de classe pour des discussions sur le thème de l’éthique et du comportement.Les élèves ont ainsi appris à écouter, à res-pecter les autres points de vue, à résoudreles problèmes et à assumer la responsabilitéde leurs actes. Ils ont alors été invités àévaluer eux-mêmes leur comportement.L’école a également organisé des séances deformation à l’intention des parents d’élèves,afin de les associer à cette initiative.

Les résultats font apparaître une diminutionde 80 % des cas déclarés de manquement à la discipline. En outre, un grave conflit qui opposait le directeur aux élèves decinquième année a pu être résolu. Le projet a alors été étendu aux 1 400 élèves del’établissement, âgés de 9 à 17 ans.

« C’est grâce à ce genre de projets que l’onprépare les enfants et les jeunes à relever les défis du monde d’aujourd’hui », conclutSigrid Niedermayer, coordinatriceinternationale du RéSEAU.

Contact : Sigrid Niedermayer, UNESCO ParisE-mail : [email protected] : www.unesco.org/education/asp

KIOSQUE

L’éducation aujourd’hui est un bulletin d’information trimestriel consacré aux évolutions actuelles de l’enseignement, aux projetsentrepris dans le monde en faveur de l’éducation pour tous et aux activités éducatives de l’UNESCO. Il est publié par le Secteur del’éducation de l’UNESCO en anglais, arabe, chinois, espagnol, français, portugais et russe. Les articles ne sont pas soumis à la législationsur le droit d’auteur et peuvent être librement reproduits, à condition de mentionner qu’ils proviennent de L’éducation aujourd’hui.Rédaction : Anne Müller et Edna Yahil. A collaboré à ce numéro : Elizabeth Elliott, pp. 4-7 • Assistante de rédaction : Martine Kayser Version française : Béatrice Laroche et Patricia Toïgo • Conception graphique : Pilote Corporate • Maquette : Sylvaine Baeyens Crédits photographiques (couverture) : Berthold Egner ; UNESCO/ASPnet/Karin Hunziker ; UNESCO/Brendan O’Malley ;UNESCO/Georges Malempré ; UNESCO/Spier-Donati. ISSN 1814-3970

L’éducation aujourd’hui, Bureau exécutif, Secteur de l’éducation, UNESCO •7, place de Fontenoy •75352 Paris 07 SP •FranceTél. : 33 1 45 68 21 27 • Fax : 33 1 45 68 56 26-27 • E-mail : [email protected]

Pour en savoir plus : www.unesco.org/education/frOrganisation des Nations Unies pour

l’éducation, la science et la culture

Children in Abject Poverty in Uganda: A Study of Criteria and Status of Those in and out of School in Selected Districts in Uganda. Cette publication est consacrée aux enfants pauvresd’Ouganda, scolarisés ou non. Ces enfants n’étant pas considéréscomme formant une catégorie sociale à part entière par lesprogrammes de lutte pour l’élimination de la pauvreté, leur prise en compte dans les initiatives en faveur de l’EPT relève souvent du quitte ou double. E-mail : [email protected]

Developing Learning Communities: Beyond empowerment.Ce deuxième volume de la série « Développement de communautésd'apprentissage » s’intéresse à une initiative visant à repenserl’éducation et l’autonomisation qui a été mise en œuvre à Mussoorie(Inde). Cette publication illustre comment la recherche sur lescommunautés d’apprentissage met en cause un certain nombred’opinions sur l’éducation, le développement, le progrès etl’autonomisation. E-mail : [email protected]

Educating for Creativity: Bringing the Artsand Culture into Asian Education. Ce rapportest l’aboutissement de deux conférences :Rencontres régionales d’Asie sur l’éducationartistique : mesurer l’impact de l’art dansl’éducation, Hong Kong/RAS de Chine (9-11 janvier2004) et Transmissions et transformations :l’apprentissage par l’art en Asie, New Delhi (Inde,21-24 mars 2005). Le rapport rassemble desarticles écrits par des artistes, des enseignants,des responsables politiques et des spécialistes del’art et de la culture de l’ensemble du continent

asiatique. E-mail : [email protected]

The Evaluation of UNESCO Brazil’s Contribution to the BrazilianAIDS Programme par Elliot Stern. Cette publication évalue l’impactdu vaste programme de l’UNESCO contre le VIH/sida au Brésil. Ellemet l’accent sur les leçons qui ont été tirées de l’expérience del’UNESCO au Brésil et qui pourront être reproduites dans denouveaux projets, au Brésil et dans le monde entier.

Girls, Educational Equity and Mother Tongue-based Teaching,par Carol Benson. Cette publication affirme que la langue, etnotamment la langue utilisée dans l’enseignement, est l’un desprincipaux mécanismes par lesquels l’inégalité à l’école subsiste.Elle démontre comment la langue maternelle de l’apprenant est la clé de l’intégration pour tous les groupes défavorisés, et plusparticulièrement les femmes et les filles.

Lifelong Learning and Distance Higher Education. Ce volumetraite des systèmes d’enseignement supérieur à distance,notamment lorsqu’ils sont élaborés dans le cadre de l’apprentissagetout au long de la vie, dans le contexte des changements quiaccompagnent la mondialisation. E-mail : [email protected]

Décentralisation en éducation : politiques et pratiques nationales. Il s’agit là duseptième volume de la collection « Politiqueset stratégies d’éducation ». En s’appuyant surl’analyse des expériences menées dans dixpays, cette étude rend compte de l’énormecomplexité de la réforme de l’enseignement et de la décentralisation dans le domaine del’éducation dans le monde. E-mail : [email protected]

Une bibliothèque virtuelle interagences pour l’enseignementsecondaire. Ce CD-Rom consacré à l’Afrique réunit un ensemble de publications sur les problèmes cruciaux qui se posent dansl’enseignement secondaire. Grâce à sa fonction d’auto-reproductionqui permet d’éditer de nombreux exemplaires sans surcoût excessif,ce CD-Rom pourra être diffusé dans les pays en développement.E-mail : [email protected] Internet : www.humaninfo.org/collections/secedu/

Islands of Education: Schooling, Civil War and the SouthernSudanese (1983-2004). Cet ouvrage de Marc Summers analyse lasituation du Sud Soudan en matière d’éducation dans trois différentscontextes : au sein même du Sud Soudan, dans les pays d’asile desréfugiés et à Khartoum, la capitale soudanaise. Il met en exergue lesconséquences désastreuses du sous-investissement dans l’éducationpendant le conflit. Prix : 12 ¤.Internet : www.unesco.org/iiep/PDF/pubs/sudan.pdf

‘Scaling up’ Good Practices in Girls’ Education. Cette publicationdécrit les stratégies qui permettraient de généraliser, aux niveauxinternational et national, l’accès des filles à une éducation de qualité,leur maintien dans le système éducatif et le fait qu’elles suiventl’enseignement jusqu’à son terme. Il s’agit notamment de s’inspirerdes expériences réussies et d’adopter certaines composantespouvant être reproduites. Email : [email protected]

The UNESCO-AGFUND Cooperation:A Joint Force Serving Human Development.Cette publication décrit la coopérationUNESCO-AGFUND (Programme du Golfe arabepour les organisations de développement desNations Unies). En 25 ans, l’AGFUND a permis àl’UNESCO de concevoir et de mettre en œuvre69 projets, dont la plupart dans le domaine de l’éducation. 85 pays ont bénéficié descontributions de l’AGFUND, qui s’élèvent à 24 millions de dollars.E-mail : [email protected]

Winning People’s Will for Girl Child Education. Cette publicationdécrit le déroulement, les résultats et les enseignements tirés d’unprojet mis en œuvre par l’UNESCO en faveur de l’éducation des fillesdans deux communautés de la vallée de Katmandou au Népal.E-mail : [email protected]

Sauf indication contraire, toutes les publications sont disponibles en ligne à unesdoc.unesco.org