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Septembre 2008 Bulletin de l’Association des Amis de Paul Feller - n° 6 D ans le dernier numéro de Transmettre, nous constations le redéploiement de l’apprentissage si cher à Paul Feller. En effet, les Conseils Régionaux ont reçu de l’Etat, la charge et la gestion de la formation par l’apprentissage. Pour les Régions, l’apprentissage compte pour près de la moitié de leur budget. L’administration destine donc aux organismes d’apprentissage des financements importants pour peu qu’ils recrutent. On a donc pu constater, en quelques années, un retournement de la situation quantitative de l’apprentissage. C’est aussi pour les Régions, une opportunité de reconnaissance et d’actions. De plus, l’idée d’apprendre un métier, pour un adolescent, n’est plus complètement saugrenue et dévalorisante. De là à penser que la bataille en faveur des métiers manuels est gagnée, là n’est pas notre propos. Nous ne sommes pas dupes. Tant de décennies de discriminations à l’égard des métiers ne pourront pas s’effacer en quelques années. Plusieurs générations seront nécessaires à restaurer la dignité des hommes de métier dits manuels. En effet, si l’apprentissage revient en force, les collectivités le destinent en priorité au niveau 3 (au delà du bac). C’est tout au moins leur objectif. Loin s’en faut de comprendre qu’un métier doit se pratiquer jeune; de ce fait, ne proposer l’apprentissage d’un métier sensible qu’à partir de 18 ans, c’est déjà poser un handicap à l’homme de métier en devenir. Nous l’avons déjà évoqué dans le Transmettre N° 4. Aujourd’hui nous souhaiterions aborder l’aspect du “Maître d’apprentissage”, autrement dit, envisager la qualité de l’apprentissage dans l’un de ses aspects essentiels, l’émetteur. Ce que nous voulons dire, c’est que la transmission est question d’émetteur, le “Maître d’apprentissage” et de récepteur, l’Apprenti. Or, il ne peut y avoir d’apprenti sans Maître d’apprentissage. Cette équation peut sembler évidente, tomber sous le sens, pourtant nombre d’entreprises qui pratiquent l’apprentissage ne la résolvent pas. Bien entendu, ces entreprises déclarent un tuteur qui devrait être chargé de la formation mais, très souvent, les contacts sont rares entre les deux protagonistes sinon totalement inexistants. Ces entreprises peuvent avoir signé la “charte d’apprentissage” et avoir engagé sur papier leur responsabilité, autrement dit “répondre de leur engagement”, cela ne va pas de soi. L’apprentissage à moyen ou long terme est difficilement assimilable pour le responsable d’un secteur, d’un atelier ou d’un chantier auquel l’entreprise a fixé des objectifs à court terme. Cette inadéquation pourrait être résolue en confiant l’apprentissage aux anciens de l’entreprise, à ceux qui sont généralement mis en préretraite ou au “placard” par manque de rendement ou inadaptation technologique. Pourtant ce sont eux qui ont la mémoire et la culture de l’entreprise et du métier. C’est en cela que les La Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière est pour moi un lieu où se résorbe l’accélération de la division entre Manuels et non-Manuels. La Maison de l’outil est le lieu le plus modeste qui soit et l’on doit en ressortir humble, voire humilié, du moins modeste. P. Feller > Editorial Sommaire Editorial p 1 Lettres et Textes de Paul Feller p 2-5 Un Institut de transmission p 6-8 Paul Feller et le livre p 9 -11 Journée Commémorative p 12 Bulletin d’adhésion p 12

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  • Septembre 2008Bulletin de l’Association des Amis de Paul Feller - n° 6

    Dans le dernier numéro de Transmettre, nous constations le redéploiement del’apprentissage si cher à Paul Feller. En effet, les Conseils Régionaux ontreçu de l’Etat, la charge et la gestion de la formation par l’apprentissage. Pourles Régions, l’apprentissage compte pour près de la moitié de leur budget.L’administration destine donc aux organismes d’apprentissage des financementsimportants pour peu qu’ils recrutent. On a donc pu constater, en quelques années, unretournement de la situation quantitative de l’apprentissage. C’est aussi pour lesRégions, une opportunité de reconnaissance et d’actions. De plus, l’idée d’apprendreun métier, pour un adolescent, n’est plus complètement saugrenue et dévalorisante.

    De là à penser que la bataille en faveur des métiers manuels est gagnée, là n’est pasnotre propos. Nous ne sommes pas dupes. Tant de décennies de discriminations àl’égard des métiers ne pourront pas s’effacer en quelques années. Plusieurs générations seront nécessaires à restaurer la dignité des hommes de métier ditsmanuels. En effet, si l’apprentissage revient en force, les collectivités le destinent enpriorité au niveau 3 (au delà du bac). C’est tout au moins leur objectif. Loin s’en fautde comprendre qu’un métier doit se pratiquer jeune ; de ce fait, ne proposerl’apprentissage d’un métier sensible qu’à partir de 18 ans, c’est déjà poser unhandicap à l’homme de métier en devenir. Nous l’avons déjà évoqué dans leTransmettre N° 4.

    Aujourd’hui nous souhaiterions aborder l’aspect du “Maître d’apprentissage”,autrement dit, envisager la qualité de l’apprentissage dans l’un de ses aspects essentiels, l’émetteur. Ce que nous voulons dire, c’est que la transmission est question d’émetteur, le “Maître d’apprentissage” et de récepteur, l’Apprenti. Or, il nepeut y avoir d’apprenti sans Maître d’apprentissage. Cette équation peut semblerévidente, tomber sous le sens, pourtant nombre d’entreprises qui pratiquent l’apprentissage ne la résolvent pas. Bien entendu, ces entreprises déclarent un tuteurqui devrait être chargé de la formation mais, très souvent, les contacts sont raresentre les deux protagonistes sinon totalement inexistants. Ces entreprises peuventavoir signé la “charte d’apprentissage” et avoir engagé sur papier leur responsabilité,autrement dit “répondre de leur engagement”, cela ne va pas de soi. L’apprentissageà moyen ou long terme est difficilement assimilable pour le responsable d’un secteur, d’un atelier ou d’un chantier auquel l’entreprise a fixé des objectifs à courtterme. Cette inadéquation pourrait être résolue en confiant l’apprentissage auxanciens de l’entreprise, à ceux qui sont généralement mis en préretraite ou au “placard” par manque de rendement ou inadaptation technologique. Pourtant ce sonteux qui ont la mémoire et la culture de l’entreprise et du métier. C’est en cela que les

    La Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière est pour moi un lieu où serésorbe l’accélération de la division entre Manuels et non-Manuels. La Maison del’outil est le lieu le plus modeste qui soit et l’on doit en ressortir humble, voirehumilié, du moins modeste.

    P. Feller

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    EditorialSommaire

    Editorial p 1Lettres et Textes de Paul Feller p 2-5Un Institut de transmission p 6-8 Paul Feller et le livre p 9 -11Journée Commémorative p 12Bulletin d’adhésion p 12

  • anciens pourraient retrouver cetenthousiasme qu’ils perdent à forced’être mis en défaut. Leur inadapta-tion à la technologie nouvelle n’estpas un défaut en matière d’apprentis-sage. Contrairement à la pensée académique, nous affirmons, à l’instar de Paul Feller, que la technique peut être apprise à tout âgemais pas le métier dans ses bases cul-turelles. La technique est une manièred’agir ; le métier, en tant que tel est,davantage, manière de vivre, manièred’être et de penser. L’ancien, plusque tout autre, livrera à l’apprenti saconnaissance intime des choses. Lesplus jeunes n’en prendront pas le risque, de crainte de se faire doublerpar celui même à qui ils ont transmis.C’est ce cynisme là qui fissure l’entreprise libérale. Pourtant, ne doutons pas que les plus pérennes ensont conscientes.Il est une autre catégorie deMaîtres d’apprentissage qui faitdéfaut : les artisans. Les artisansont une tradition multiséculaire à

    l’égard de l’apprentissage : unetradition viscérale. Pourtant l’indivi-dualisme latent semble déborder lesfrontières de l’artisanat et toutes lesexcuses sont bonnes pour faire taire ledevoir de nombreux artisans. Denombreux adolescents de qualité quichoisissent l’apprentissage d’unmétier et qui frappent aux portes desartisans s’exposent à une fin de nonrecevoir. Des artisans qui se désespèrent, au demeurant, de ne pastrouver suffisamment d’ouvriers qua-lifiés. Beaucoup comptent surl’Education Nationale qu’ils blâmentpour son manque de résultat. Or, lasolution responsable consiste à pren-dre son destin en main, à se sentir solidaire de son métier et de satradition, à former des apprentismême si, formés, ces derniers vontfrapper aux portes des collègues et concurrents.

    Alors comment réveiller les valeursqui ont permis et permettront encoreaux générations de participer aux

    charges et au progrès de l’humanité.Car c’est bien là où réside la gageurede « l’apprentissage des métiersmanuels » : permettre la métamor-phose d’un enfant grâce à la volontéconjuguée du matériau et du maîtred’apprentissage. Par ce rapport àl’univers et à la vie, former une génération d’hommes ou de femmesgénéreux et ouverts, portants en euxla connaissance profonde d’un mondeenfin civilisé. Parce que le métier permet à l’adolescent de retrouver sonunité, de résoudre ses conflits intérieurs, d’accéder à des dimensionshumaines élevées. C’est en cela queFeller avait imaginé la Maison del’Outil et de la Pensée Ouvrière : ilsouhaitait que ce lieu permette derésorber la division du monde. Toutau moins qu’elle en soit le symbole.Pour autant, faire appel aux maîtresde qualité sans lesquels, l’apprentis-sage est impossible.

    Dominique NaertPrésident de l’association

    des Amis de Paul Feller

    MAUROY – BibliothèqueLe 12 avril 1974

    Au service de l’apprentissage, laBibliothèque déborde le cadre desexigences officielles, au point qu’elleconstitue davantage un moyen de RECHERCHE pour uneRÉNOVATION des programmesactuels.Deux sections – HISTOIRE,

    FRANÇAIS – rendront à la PRE-MIERE FORMATION la saveur d’unenseignement réflexif, secondaire.Est-il besoin de rappeler l’absence del’histoire et la ridicule faiblesse duFrançais pour les Cap et EFAA ?Histoire des Métiers, des inventions,des corporations, des techniques ; etaussi biographies de Métier ; lesMétiers dans la littérature ; et surtout

    les écrits des paysans et des ouvriers ;bref tout ce qui montre commentdevenir un homme en devenantl’homme d’un métier.Ce n’est ni dans les livres ni sans euxque l’on apprend son métier.L’outillage français - XVIIIe-XIXe

    siècles - illustre l’ensemble de cettebibliothèque.

    Paul

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    La Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière est inaugurée le 15 juin 1974. Dès cet instant, PaulFeller a mis toute son énergie à la construction d’une bibliothèque attenante pour exposer et exploiterson importante «collection» de livres destinée aux Apprentis mais plus encore aux Maîtresd’Apprentissage. En effet, il pensait que la pédagogie de l’apprentissage devait évoluer ; il souhaitaitdonc que le fond bibliothèque de la Maison de l’Outil et de la Pensée ouvrière permette de mettre enplace un Centre de Recherche sur l’apprentissage et la transmission en général. Les lettres et textesqui suivent nous donnent des éclairages sur cette vision des choses.

    L’homme livre à l’Homme, par delà toute tradition des techniques manuelles, ce qui le constitue vivant, sa vision dumonde, sa manière d’être au monde ».

    Paul Feller.

    „„

    Lettres et textes de Paul Feller

  • 17 janvier 1978

    Qui on espère aider dans et par notreBibliothèque ?Qui on est tenu d’y recevoir et de renseigner ?La réponse à cette double questioncommande la mise en place de l’ensemble des locaux.

    Autre chose est la recherche métho-dique, autre chose la recherche occa-sionnelle. L’énergie à y consacrerdépend moins de la qualité de larecherche que du manque de qualitédu chercheur d’occasion. Tel amateurvous épuiserait en vous demandantdes renseignements ridicules en undomaine où il n’a aucune compétencemais qui l’amuse ; on imagine que desemployés de bibliothèque aimentassez avoir à s’occuper avec de telsclients, visiteurs et correspondants ; lefait est coutumier, de ces gens quivous font faire leur propre travail etqui ne joignent même pas d’enve-loppe réponse.

    Il faut beaucoup de réserve à l’égarddes amateurs. Notre bibliothèquen’est pas un salon de lecture pourretraités du troisième âge.Plutôt que d’accueillir, la biblio-thèque doit inviter les chercheurs.J’imagine la place prépondérante del’aide par correspondance.Autre chose est d’avoir une biblio-thèque et une hôtellerie –ce qui se faitpartout–. Autre chose est d’avoir unebibliothèque de recherche métho-dique sur l’apprentissage –avec ser-vice par correspondance–.

    Même sans hôtellerie, on peut imagi-ner d’avoir à recevoir des chercheurs,pour une durée plus ou moins longue,et qui se logeront en ville ; sans comp-ter qu’il faudra prévoir de leur indi-quer où loger etc. ; c’est ce qui s’estfait jusqu’à présent ; c’est une charge.Je vois fort bien, certainement pour cequi est des ouvriers écrivains, le service par correspondance.

    Du coup, cela suppose un laboratoirede photocopie.

    N’oublions pas que notre collectiondes écrits de et sur les Auteurs ayantdès l’adolescence gagné leur vie dutravail de leurs mains est unique en

    pays de langue française… c’est laseule section de la bibliothèque quisoit élaborée, par le fait de mon étudesur ce sujet depuis déjà vingt ans.Il est remarquable que c’est la seulesection qui m’ait amené habituelle-ment des demandes.

    La réédition, revue et considérable-ment augmentée de NécessitéAdolescence et Poésie (Lille, 1960)s’impose, de toute urgence. JeanRIERE est disposé à s’y employer ;c’est un labeur monumental que dedresser une notice bio-biblio-graphique des quelque 2 000 ouvriers écrivains sur lesquels j’ai un peu derenseignements (l’édition de 1960 encomptait seulement 850).

    Notre bibliothèque serait-elle fermée,si dedans nous nous attelions à cettetâche de publication de ce répertoiretant attendu, elle aurait produit sonpremier fruit.J’opte personnellement pour fermerla bibliothèque.Que la bibliothèque ne reçoive quesur dossier ; seul le bibliothécaire–Jérôme RADWAN– sous ma direction, peut décider d’un dossier etrépondre en conséquence au demandeur.

    L’élaboration de ces NOTICES d’ou-vriers écrivains implique la copiedans le laboratoire de photocopies.

    Cette section NAP (NécessitéAdolescence et Poésie) exige un localspécial. Notre bibliothèque est ainsiconstituée que c’est NAP autour dequoi s’articule la RECHERCHE cheznous, sur l’apprentissage.

    Ce lieu comporte deux parties, l’uneest réservée au personnel service,l’autre ouverte aux chercheurs.La partie service comporte, outre lemagasin à livres, un double meuble :d’un côté les originaux des copies de

    notices, textes choisis, etc.; de l’autreles paquets de tirages desdites copies.Il faut séparer dans le classement desdossiers ce qui est original et les(n+1) copies qu’on aura triées àl’usage des demandeurs.Ces deux locaux communiquent aisé-ment ; l’accès de la réserve est interdità toute personne étrangère au service.Cette réserve comporte un BUREAUde travail avec un FICHIER original,de recherche, à quoi, évidemment, ontaccès les seules personnes du service.La porte séparant la réserve service dela salle des chercheurs étrangersferme avec sûreté.C’est à proximité de cette réserve service que se situe le laboratoireCOPIE.

    Schéma NAPVoici un schéma du lieu NAPα pourrait être un guichet, une banqueδψ Á une glace

    Il y a un sens ABCDE :A c’est la collection NAP,E c’est le chercheur,qu’il se présente en personneou qu’il s’adresse à nous par corres-pondance.B c’est le LABO SERVICE, là où s’élabore le service et où s’engrangent les NOTICES etTEXTES CHOISIS originaux.C c’est le LABO COPIE,là où se recopient et s’engrangent les(n + 1) copies des ORIGINAUXengrangés en B.

    D c’est le guichet de l’accueil accueil-lant les chercheurs E…. puis FELLER

    Il faut en même temps, d’abord - regrouper tous les ouvrages de cettesection NAP,- commencer à travailler sur les PLA-QUETTES –ne tenant guère de place,on peut les travailler, dès maintenant,dans un local restreint.

    J’estime, eu égard à la pratique quej’ai et l’autorité aussi, que mis enplace, ce plan fonctionne très vite.Cela suppose évidemment que notrebibliothèque publie PRÉSENCE DEMAUROY;Ce modeste bulletin qu’il faut absolu-

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    ment se décider à éditer, si l’on veutque la Maison soit RAYONNANTEet pas seulement ACCUEILLANTE,ce qui la rendra de plus en plusaccueillante.Du reste, il faudra bien, un jour,reconnaître que la Maison rayonnedepuis 1953 : que de gens n’ai-je pasdepuis lors contactés ?

    18 janvier 197810 h 30

    BIBLIOTHEQUEJe vois ainsi la salle de lecture

    A1 … 6 : Box des chercheurs

    B1 … 4 : Bureaux des chercheursC : Meuble de consultation (ouvragesde référence)α : guichet

    glaces Nb les portes (glace) ferment à clé. 1 clé les ouvre toutes ; chaque pièce aune clé particulière.ω : accès au magasin à livres.

    Nb : la pièce est aménagée en AIRCONDITIONNÉ !Le sol est couvert de MOQUETTE(SILENCE !)Le plafond est effectivementINSONORISÉ.Le plafond est BLANC (il faut lalumière – on doit voir d’autant plusclair que le coin est sombre).MOBILIER des box – table + présen-toir pupitre capable de supporter un infolio ouvert (par exemple (cf A1) α :pupitre, β LAMPE avec flexible ; ψtable écritoire. Le pupitre permet de

    ranger les livres confiés au chercheur.NB : Tout cela n’est rien … : le cloi-sonnement, avantageux a bien despoints de vue ; la visibilité, l’autono-mie des services ; l’entrée E (E1, E2,E3) entrée unique des CHER-CHEURS et qui les oblige à se pointer au guichet α à l’entrée et à lasortie.PS. A vous autres de voir l’esprit quemoi j’y vois et de le réaliser au mieux.

    18 janvier 197811 h 20BIBLIOTHEQUESection OUTIL

    On le voit, si la première place estaccordée à NAP, Antoine GIARD,libr. à Lille, ne me disait-il pas quec’était la perle de ma bibliothèque, jedonne à l’OUTIL la place immédiate-ment suivante.On s’étonnera car les livres traitantdirectement de l’outil en tant que telsont très peu nombreux et nous n’enavons acquis que quelques-uns.

    Je maintiens : section N° 2 = l’OutilCette section est à faire sous forme deDOCUMENTATION. Il s’agit deconstituer, de toutes pièces, unENSEMBLE de dossiers OUTIL-LAGES.Il faut le VOIR et le CONCEVOIRglobalement et immédiatement, danssa vérité.Je m’en charge.Il me faut pour cela une salle consa-crée uniquement à l’OUTIL.Elle contiendra :

    DOCUMENTSLivressur l’outilOuvrages techniques : XVIIIe

    XIX RORETAntérieurs

    Dossiers classés par outils, métiers,matériaux et inversement.Dossiers non accessibles aux cher-cheurs.Des box de consultation, du genreNAP.Des bureaux du genre NAP.Un LABORATOIRE COPIE ; cescopies seront classées chacune dans ledossier correspondant.NB : à la demande des chercheurs,nous leur communiquons une COPIEde COPIE avec interdiction depublier.

    18 janvier 1978 à 11h35Feller à M. et Mme H. Fandre(extrait)

    Amis,

    Vous comprenez, je veux bien lecroire, que la mise en place –COMME IL FAUT – de cette biblio-thèque qui fut l’œuvre de ma vie, meprocure ce second souffle que j’espé-rais et que, déjà, je tiens puisqu’aussibien je vais DIRE –après un quart desiècle de mutisme volontaire- ce quej’ai FAIT.

    Si j’ai décidé début nov. 1977, àChantilly, d’écrire en vue de publier,c’est qu’il m’avait été donné ce quej’avais demandé à mes Amis : qu’ilséditent pour leur compte un bulletinoù je pourrais chercher à me faire cor-riger avant de publier pour de bon mavie en 2 tomes.Pour ce faire, j’avais besoin d’entrermoi le premier par E, la porte deschercheurs et d’y introduire avec moiet après moi d’autres chercheurs,jusqu’au jour où, moi mort, eux conti-nuent.

    19 janvier 1978 à 10 h 36à RADWAN

    Je dis DOCUMENTS. Je veux dire unensemble de dossiers où sont regrou-pés les fruits de nos recherches. Unensemble, non pas un tas d’éléments

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    hétéroclites mais une somme de renseignements piqués dans l’ensem-ble de notre documentation, mais toujours dans la perspective d’ensem-ble de notre recherche – pourquoi,comment, l’homme etc.Par exemple : dans les autobiogra-phies ouvriers, ouvrir un dossier OP –c’est ainsi que dans mes notes de lec-tures, j’ai signalé tout ce qui a traitpremièrement au choix du Métier,puis secondairement à la mobilitéprofessionnelle.Par exemple, toujours dans les auto-biographies et les autres écrits, undossier R, c’est le signe de tout ce quitouche à la Religion – Dieu sait si jecompte de telles notes !?

    Comment réaliser chaque dossier ?Ce dossier OP, par exemple, doitcomporter des dossiers personnels,autant de dossiers que d’auteurs.Laissant intact le dossier auteur telque vous le connaissez, nous en reti-rons momentanément la feuille delecture et la remettons à sa place aprèsen avoir placé la COPIE dans le dos-sier personnel OP.Et ainsi pour chacun des auteurs.Ce qui suppose un travail de relevé –sur fiches, une fiche par auteur, signa-lant telle feuille de lecture avec lesnuméros des pages du livre.Ce relevé est aisé : sur chaque feuillede lecture, se trouve inscrit à gauchela page du livre, ensuite un signe OP,R, etc. ; c’est lisible.

    Autre chose, il s’agit de repérer lespages dudit livre, d’y mettre dessignets avec le numéro des pages àphotocopier, d’ajouter la fiche dulivre fixée avec un trombone et defaire photocopie de la page.Ces copies serviront d’ORIGINAUX

    et qu’il faudra… tirer des copies à lademande.Le MAGASIN à LIVRES doit être

    sans fenêtres, mais très bien éclairé.Ses livres y doivent être rangés par formats et, dans chaque regroupe-ment par format, regroupés par SECTIONS; c’est l’économie de laplace qui commande.Dans l’allée centrale, on fait rouler unpetit chariot contenant les livresdemandés ; on le monte à l’étagesupérieur par un monte-charge α ; lepersonnel utilise l’escalier β.Entre les travées, il y a juste la placede passer (voir la bibliothèque LesFONTAINES, 60500 CHANTILLY,BP 205, télé (4) 457 24 60 – s’adres-ser de ma part au Père Jean DUMORTIER, s.j.).La hauteur de l’étage est juste convenable pour une personne degrande taille (NB compter avec l’accroissement actuel). Deux étagessuperposés s’imposent car nousferons des acquisitions.

    On peut prévoir une pièce où stockerdes arrivages en attendant qu’onprenne le temps de les inventorier.Cette pièce, séparée du BLOCBIBLIOTHEQUE, comporterait unesorte de magasin d’expédition et quiservirait à toutes les expéditions –Affiches, CPI, livres mis en vente,etc.

    Le magasin comportera en A (vers laTrinité) une sortie de secours, àchaque étage ; et aussi en B. L’idéalserait même d’avoir TROIS ETAGESde magasin à livres.Le corridor qui contourne le Bloc

    magasin, permet l’accès aux piècesLARIVEY, lesquelles pourraient êtreréservées à notre recherche person-nelle (relative à l’OUTIL d’abord,etc.).

    La richesse de notre Bibliothèqueserait minime si elle consistait uniquement dans la somme matérielledes livres déjà rassemblés. D’où vientpar exemple que la section NAP y soitla seule élaborée, conduite vers saperfection, si ce n’est du fait de meslectures, relations, correspondances,en ce domaine…Cette bibliothèque a donc déjà produit, en 1960, NAP. Et ce, à uneépoque où j’étais quasiment seul – jeveux dire sans l’appui d’aucune insti-tution chargée de cette bibliothèque…Dans la réédition de NAP, on peuttrès bien imaginer des TABLES – quipourraient constituer un Tome secondpar rapport à l’ensemble desNOTICES individuelles. Dans cestables, on livrerait les références decertains thèmes d’ordre capital,comme le CHOIX du métier, laRELIGION, et divers autres thèmesqui me sortent de la mémoire maisque j’ai signalés dans mes notes delecture.Je me permets d’insister : mes notesde lecture, en ce domaine de l’Écri-ture ouvrière, constituent un matériauqui demande à être élaboré. Je penseque, nulle part ailleurs, on ne disposede telles notes.Pas question d’un donner accès à personne.A nous autres d’en tirer un répertoireet de le publier sous forme de guidedu chercheur, toujours selon l’optiquede la Maison de l’Outil et de laPensée Ouvrière : Pourquoi, com-ment, l’homme devient Hommeetc.…Faute de produire nous-mêmes un telouvrage, nous passerions notre tempsà répondre à des demandes habi-tuelles ; la dernière lettre à quoi j’airépondu et que j’ai retrouvée je nesais comment, est une demande àvenir à notre bibliothèque –en oct.77– en vue de publier une Anthologiedes Écrivains Ouvriers. Qui a reçucette lettre ? Qui l’a lue ? Qui l’adéposée dans mon courrier ? La correspondance… un canular ?

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    Les Compagnons du Devoir ontcréé l’Institut de laTransmission. Il est localisé àTroyes à la Maison de l’Outil et de laPensée ouvrière. Le responsable del’Institut est devenu depuis cet été ledirecteur de la Maison de l’Outil. Enfait l’idée a germé longuement dansl’esprit des Compagnons du Devoir àpartir de la proposition de Paul Fellerqui souhaitait qu’un « Centre derecherche sur la transmission » com-plète et forme ainsi le triptyque ; ilétait déjà composé d’une expositionde 10000 outils de façonnage à mainet d’une imposante bibliothèque surles métiers, la formation profession-nelle et la transmission en général.Les Compagnons élaborent les conditions de cet Institut à l’intérieurmême de leur association. Ils souhai-tent répondre à un besoin qui leur est propre mais aussi, d’ouvrir sur lemonde, sans doute dans un secondtemps, les missions de cet institut.L’Association des Amis de PaulFeller a pour mission de divulguer lesécrits et les idées de l’instigateur de la« Maison ». A ce titre, nous devonsdonc apporter au dossier les idées dePaul Feller (nous l’avions fait préalablement dans un article du journal « Compagnon du Devoir » en

    novembre 2002). Les Compagnonsdu Devoir, qui sont les dépositaires ethéritiers des œuvres de Feller, saurontgérer cet Institut, forts de leur histoirequi n’est autre que celle, justement etpour faire court, de la Transmission.

    Paul Feller avait évoqué la créationd’un « Centre de recherche sur laTransmission » : « La vocation decette Maison est la Recherche scienti-fique des conditions de possibilitéd’un choix d’adolescence dans unApprentissage-Vrai. Pourquoi et comment l’homme devient homme endevenant l’homme d’un Métier ditmanuel, telle est la seule question quel’on s’y pose, en vue d’une solutiond’ordre pratique. Si l’on envisage,accepte, souhaite, désire et, finale-ment, veut, qu’entre dans unApprentissage-Vrai, un Adolescentextrêmement bien doué sur le plan del’intelligence, alors on comprendracomment et surtout pourquoi on a pu,comme on dit, rassembler tout cela ».Voici ainsi posée la finalité de l’œuvrepratique de P. F. qu’est la Maison del’Outil et de la Pensée Ouvrière. Ilétait conscient que sa démarcheouvrait une voie inexploitée. Car siquelques philosophes et pédagoguesde renom s’y étaient engagé(Bachelard, Simondon, Jousse,Montessori, Fessard…), aucun changement d’attitudes n’est vérita-blement envisageable concernant laformation par l’apprentissage d’unmétier manuel sans l’appui d’étudesscientifiques.

    Il ajoutait : « Depuis le début dumonde jusqu’à la fin du monde,l’homme devient homme en devenantl’homme d’un métier dit manuel, etl’homme est devenu « sapiens » àforce de s’être voulu « faber ». « Ainsichaque personne vit, dans sa proprevie individuelle, dans sa propre maturation, sa propre évolution,l’histoire de l’humanité tout entière ».La fulgurance de cette intuition est àla base de toute la pensée de Feller.Pour lui, la structuration d’un individu se réalise selon un processusontologique (selon un processus orga-

    nogénétique) qui correspond auxgrandes phases d’évolution de l’humanité. Ainsi l’homme est faber(fabriquant) avant d’être sapiens(savant). L’expérience prime sur lesavoir même s’il ne peut être envisagéde métier sans savoir. En fait, expérience et savoir se succèdentmais en commençant par l’expé-rience. Mais comment expérimentersans risque, sans savoir préalable ?En fait, s’il n’est pas d’entreprise sansrisque total, Feller répondait que c’esten se plaçant sous l’autorité d’un maître que l’apprenti expérimentedans les meilleures conditions : enl’observant, en le mimant, en s’appuyant sur lui… L’expérience dumaître devenue connaissance est ainsiintimement transmise. Il en est demême pour tous les apprentissages dela vie, et ceci, à tout âge. Tout jeuneenfant pétrit, patauge, moule, déchi-quette, avant d’écrire, lire ou compter(Montessori, Dolto, Bachelard…).Tout adolescent doit se projeter dansl’acte de « faire », tailler, marteler,raboter avant d’entamer sa vied’adulte, comme un rite de passagequi le fera s‘émanciper et éclore(C’est de cette idée qu’il faudradébattre, confirmer ou infirmer danscet Institut de recherche sur la transmission).

    C’est sur cette base que se fonde latradition. Une tradition qui permet àdes peuples, des ethnies, des groupesd’hommes et de femmes, depuis destemps immémoriaux par des rituelsuniversellement et sensiblement semblables de structurer individus etgroupes. Autrement dit de sociabiliserdes êtres fondamentalement égoïstes(ethnologues, éthologues, paléonto-logues, préhistoriens et historiens peuvent apporter science et témoignage). Paul Feller ne réponddonc pas religion, ni-même initiationsymbolique ; il affirme que l’apprentissage vrai au contact d’unmaître et d’un matériau répond vérita-blement à l’ontologie humaine. Aussidonne-t-il une perspective à l’idée« d’inconscient collectif » de Jung.L’apprentissage d’un métier sensible

    Un institut de la Transmission

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    permet à un adolescent de vivre laréalité et de retrouver une unité quel’enfance, puis l’adolescence et la viemoderne pleine de virtualité, defausses promesses et de veaux d’orfont exploser. Ainsi régler sa dualitéautrement que par des psys, des rites,des gourous, des sectes, des inté-grismes ou des substances. Parce quele matériau travaillé porte intrinsè-quement « l’unité-universelle ». Parceque le maître d’apprentissage trans-met sa connaissance intime de l’uni-vers et de l’humanité. L’adolescenttransforme alors sa violence inté-rieure en promesse de devenir, ce queBachelard traduit par le mot « dyna-mogenèse ».

    C’est en cela que Feller souhaitait quela Maison de l’outil participe à résor-ber la division du monde. Divisionentre les hommes de métiers et lescols blancs, soit ! Mais résorber sur-tout les divisions intérieures de toutadolescent qui tient une des clés del’avenir de l’humanité. Paul Fellerétait intimement persuadé que lecontact avec un matériau et un maîtred’apprentissage pendant l’adoles-cence permettait à l’apprenti derésoudre sa dualité, de résorber sesconflits intérieurs et le préparait à lavie d’adulte, serein, plus libre et plei-nement responsable, fusse-t-elle horsdes métiers. En effet Feller ne seposait pas comme l’agent recruteurdes métiers. Pour lui, l’apprentissaged’un métier pendant l’adolescence nedéterminait pas expressément unevoie professionnelle déterminée etfinale. Au contraire, il voulait démon-trer que tout homme, quelque soit sonavenir, a tout à gagner au plan

    psychologique, social, culturel ouintellectuel au contact d’un matériauet d’un Maître.

    « Or, tout se passe, explique Feller,comme si les intellectuels –fussent-ilsdu peuple– se rangeaient sur les berges du fleuve humanité, sous pré-texte d’accéder à l’autorité par unescolarité de plus en plus prolongée, sefrustrant du bonheur de commencer àdevenir homme ». Alors que « toutadulte vit de son adolescence, toutcomme tout adolescent veut deveniradulte ; tout homme veut et refusel’autorité et l’obéissance ». Adulte,adolescence, autorité, obéissance : decette « quadripolarité », Paul Felleraura l’intuition que seul le métier ditmanuel confère la seule vraie auto-rité ». Une autorité issue de la sou-mission à la matière en même tempsqu’au maître, qui s’exprime justementpar la « maîtrise » et qui confère àcelui qui l’a obtenue le devoir detransmettre. L’homme équilibré nepeut accepter que cette autorité là. Lasociologie, la psychanalyse et les neurosciences devraient être d’uneaide primordiale dans ce domaine.

    Poser les conditions du devoir de s’insérer, pour un homme de métier,dans la chaîne fraternelle danslaquelle, « d’alpha à oméga, disait-il,évolue l’Humanité ». Une valeur quipeut sembler désuète dans la sociétéoccidentale où l’avoir prime surl’être. Pourtant, elle est la conditionfondamentale de la survie de l’huma-nité. L’homo sapiens évoluera inéluc-tablement, voire même aboutira-t-il àl’éclosion d’une nouvelle espèce. Entout état de cause, elle devra être

    pleinement civilisée sous peined’anéantissement global. Sa caracté-ristique fondamentale devra dépasserla dimension duelle et conflictuelleactuelle. Non pas grâce à des disposi-tions intellectuelles et techniques quinous permettraient d’accomplir desprouesses technologiques, considé-rées encore aujourd’hui comme surhumaines, mais bien par l’intégra-tion généralisée de la dimension spiri-tuelle. L’institut de la transmission nepourra pas se passer de rechercher lesconditions et le processus de matura-tion humaine et l’apport de l’appren-tissage d’un métier pendant un tempset une période déterminée de la vie.

    Feller expliquait que « Mauroy (lenom de l’hôtel qui accueille les col-lections), c’est de l’histoire »… Nonpas parce qu’il avait rassemblé desoutils d’un passé révolu et obsolète

    Il n’y a pas à faire la preuve que le métier forme les hommes, cette preuve est faite. Mais il faut montrer qu'un garçon qui acquiert, dans son adolescence, la discipline d’unmétier, sous la coupe d’un maître (au sens plein du mot) peutaccéder à la stature d’homme complet et atteindre tous lesniveaux de culture.

    Paul Feller.

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    mais parce que toute la société occidentale a posé les conditionsd’une nouvelle vision du monde avecla mécanisation. La collection d’outils exposés ne sert à rien sinon àse poser la bonne question…Souvent, Feller renchérissait : « Lemonde marche sur la tête ! ». Le travail dit manuel, grâce à l’outildonne à la matière une valeur qu’ellen’avait pas auparavant. Il est donc uneactivité de valorisation. Le remplace-ment de l’outil par la machine ainversé le rapport entre l’homme et leproduit de son travail. Alors que dansle travail artisanal, l’homme travailleet les outils sont à son service, dans le système industriel, c’est la machinequi produit et les hommes sont au service de la production.

    En cela, le processus de production sesépare de l’activité humaine etdevient autonome. Ce système secaractérise ainsi par la séparationentre les hommes et les objets.L’économie industrielle ne se définitdonc pas comme la domination du colblanc sur le col bleu, mais plus essen-tiellement par la domination du système des objets sur la communautédes vivants. C’est pour cela qu’il rectifiait les questions de ses interlocuteurs. On lui demandait, « A quoi ça sert ? », pour lui labonne question, c’était, « A qui çasert ? »… Tout homme d’un métier,le plus mécanisé soit-il, doit commencer son apprentissage outilen main. Il maîtrisera plus certaine-ment les machines et il ne sera pasdupe du processus économique. MaisFeller va plus loin : tout adolescent,qui le souhaite, doit pouvoir ne pasêtre barré (parents, profs,…) s’ilentreprend un apprentissage vrai, aucontact d’un maître d’apprentissagede qualité, peu importe ensuite sonparcours. S’il détient les rennes d’uneinstitution ou d’une entreprise, il seposera la question : « Et l’hommedans tout cela ? ».

    Partout de nouveaux modes de pensées émergent qui nous sont étrangers. Il n’est qu’à observer lesjeunes enfants manipuler un matérielqui nous semble sophistiqué. A nousde comprendre et d’élaborer, pour cesgénérations du monde virtuel, lesconditions d’un rapport direct à la

    réalité. Or, la réalité consiste à prendre en compte autrui. Ce queFeller expliquait, dans le monde desmétiers par « la chaleureuse penséeouvrière ».

    Sur des nappes en papier, sur desmurs ou des établis, P. Feller traçaitune droite géométrique qui représen-tait ainsi l’histoire de l’humanité.C’est parce que, dans la formationd’un homme, on doit prendre encompte tous les niveaux de l’individuet non un seul, qu’il soulignait la faillite de la pédagogie du 20e siècle ;celle-ci, prétextant la formation àl’autonomie, avait prôné l’individua-lisme dépourvu de toute dimensionspirituelle. Cette dimension spiri-tuelle (sans lien nécessaire à une religion quelconque) est incontourna-ble de l’exercice d’un métier, toutcomme l’est la conscience de l’universel, au contact de la matière.

    Le message de Paul Feller n’a jamaisété autant d’actualité que dans lapériode où chaque parent s’inquiètepour son enfant, où chaque adolescents’interroge sur son avenir, où l’incer-titude gagne toutes les couches de lasociété, où la formation est remise enquestion, qu’elle soit générale outechnique ; la question du « Commentdevenir homme ?» n’a jamais été sifortement posée. « L’autorité » elle-même, si sûre d’elle jusqu’à la findu 20e siècle n’a jamais autant lorgnévers les métiers pour commencer àcomprendre l’intuition qu’avait euePaul Feller, cinquante ans auparavant.

    Les carnets d’atelier de Paul Feller etson importante correspondance, sesnotes de lecture doivent permettre auxchercheurs désireux « d’exploiter » lamine de réflexions quotidiennes dePaul Feller, de continuer l’élaborationd’une théorie pédagogique et philoso-phique sur la transmission. Nousdevons être conscients qu’il a ouvertdes voies qu’il faudra dépasser. AinsiMauroy doit permettre « aux adoles-cents de qualité, doués d’intelligenceet de cœur » de trouver, dans lesmétiers, le savoir auquel ils ont ledroit de prétendre. Il doit permettreaux hommes de métier, aux pédagogues, aux scientifiques, auxphilosophes, aux sociologues, auxpolitiques, etc… de réfléchir au« devenir homme », de s’interrogersur les conditions d’échanges entrel’apprenti et l’étudiant, entre les deuxpôles de la société. Il doit être un centre de recensement des parcoursprofessionnels, un centre de recherche et d’échanges où doivents’élaborer les meilleures conditionsd’évolution de l’Humanité.

    En tout état de cause, la Maison del’Outil et de la Pensée Ouvrièreaura participé, à sa mesure, à restitueraux métiers manuels toutes lesvaleurs dont ils avaient été dépossédés : l’Honneur, la Dignité etla Culture. Désormais, elle animeraun pôle de recherche sur la capacitéde transmission des valeurs et desqualités humaines que possède,intrinsèquement, l’apprentissage d’unmétier dit manuel.

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    On s’étonne parfois que PaulFeller ait recherché active-ment des ouvrages concer-nant les métiers manuels, alors qu’ilsemblait donner la priorité à l’outil, etque la Maison dont il a eu l’idéeporte, dans la pratique courante (etd’ailleurs incomplète), le nom de« Maison de l’Outil ».C’est que l’on ignore probablementqu’il a commencé par le Livre. Cecommencement fut d’ailleurs des plusmodestes. En 1953, il se consacre àl’apprentissage (celui qui mène auxmétiers manuels) : il prend contactaussi bien avec la direction desAteliers de la Chambre de Commercede Paris qu’avec des hommes demétiers et des apprentis. Et c’est pourdeux d’entre eux, qui lui paraissenttrès dépourvus, qu’il se met à recher-cher en même temps un livre sur lefaçonnage du carton, et un autre sur lafabrication des papiers peints. Ce sontdeux chefs d’entreprise qui les luifourniront. Par la suite, il amplifie sarecherche : entre Janvier 54 et Février61, il va rassembler 8000 volumes.C’est dire que cette bibliothèque aune histoire, et que la compréhensionde son contenu suppose que l’onconnaisse quelque peu cette histoire.

    Soucieux de tout ce qui peut aider à laformation des jeunes, il s’intéressed’abord à ce qui existe en matièred’enseignement technique : il s’in-forme sur le nombre et la répartitiondes apprentis selon les filières. Ilconsulte les programmes des C.A.P.,et il est navré de constater leur pauvreté en matière d’exigences deculture générale. Rien en histoire, etquelque chose de dérisoire en français. Il écrit en 1961(1) : «… alorsque toute la structure de l’enseigne-

    ment secondaire est fondée sur l’histoire (on fait du français, maisaussi du latin et du grec ; on jalonnele devenir d’une langue) l’histoire estici absente ». Et il conclut de toutecette enquête qu’il sera bien difficilede préparer les jeunes, formés pourles uns dans le secondaire et pour lesautres dans le « technique », à dialo-guer à l’intérieur de l’entreprise !

    Il se met alors à rechercher desouvrages sur les métiers de manièreplus méthodique, en fonction de troisobjectifs : d’abord, aider les adoles-cents qui n’ont reçu qu’une premièreformation médiocre – puis les initierau passé des grands hommes demétier et à l’histoire des techniquesanciennes, à la tradition des métiers –enfin les ouvrir à des disciplines différentes (il a saisi très vite le cloisonnement des métiers).La quête des livres se fait pour unepart, en ce qui concerne les plusrécents (manuel du serrurier, parexemple) chez les libraires, et pour leséditions anciennes, chez les bouqui-nistes. Il fait ici des trouvailles,comme ce Mathurin Jousse, le« Théatre de l’Art du Charpentier »,de 1627, au cours d’un passage àCaen. Mais il ne faudrait pas croirequ’il va au hasard. Au bout de quelques années, son projet s’estamplifié : « Il s’agit de créer la docu-mentation la plus complète possible,relative à chacun des métiers manuelsfaisant l’objet d’un apprentissageméthodique », et dès 1961, « de créerun réseau de personnes compétentessur tout ce qui a trait à la pédagogiede l’apprentissage… de créer un pôled’attraction à l’échelle la plus vastepossible pour y regrouper tous leschercheurs »(2).Sans attendre, il établit à Vanves un

    Centre auquel il donne pour raisonsociale « Technique et Culture »devenu très vite « Technique –Education – Culture ».Son travail se fait encore plus rigou-reux : il enquête, auprès du Directeurdes Ateliers de la Chambre deCommerce de Paris, par exemple,pour apprendre qu’il existe unouvrage sur la Lime. Il mettra 6 ans àle trouver. C’est le Frémont, « LaLime ». Il épluche le livre de sonconfrère François Russo, « Elémentsde bibliographie des Sciences et desTechniques » et souligne les titresqu’il veut acquérir. Il dépouille lescatalogues de bouquinistes, et il commande, dès qu’il a pu obtenir unchèque d’un ami. Il va un peu vite,mais c’est son style, se faisantenvoyer l’atlas d’un traité alors quemanque le texte, ou bien l’inverse.Il entreprend la lecture de quelquesmanuels récents, et sa déception va leconduire sur une voie de recherchecomplémentaire : « Les livres quej’avais rassemblés m’ont apparualors assez étrangers à la tournured’esprit de l’homme d’atelier. Ils sontécrits en général par des gens quin’ont pas pratiqué eux-mêmes cequ’ils décrivent »(3).Et il ajoute dans cette même page uneindication qui marque l’originalité desa recherche et son sérieux, car il lapoursuit tout en travaillant à la forgechaque matin : « Je m’efforce, durantmon travail d’atelier, de prendreconscience du cheminement de monidée de forge. Sans me contenterd’apprendre au mieux mon métier, jeveux connaître la marche de monesprit vers cette qualification profes-sionnelle. Et je note, sur un journal,ce que j’appelle la charge affective demon apprentissage ».

    Paul Feller et le Livre

    Jamais sans les livres.Paul Feller.

    „ „

  • On comprend ainsi pourquoi il se metà la recherche de gens qui auraientécrit après « avoir pratiqué eux-mêmes ce qu’ils décrivent ». Des bou-quinistes des quais lui font connaîtrel’ouvrage de Michel Ragon,« Histoire de la Littérature ouvrière ».Il découvre un monde qui le captive.Il dresse un répertoire de ces écri-vains, en prenant pour critère : « auteurs ayant, dès l’adolescence,gagné leur vie du travail de leursmains ». Chaque notice est « bio-bibliographique », c’est à dire qu’elleindique les métiers pratiqués, en vuede ressaisir la marque du métier surl’homme et sa culture. Et il en confiela publication à deux ouvriersmineurs des environs de Douai, lesfrères Berteloot, qui tireront le pros-pectus-maquette à 7 500 exemplairessur une presse à épreuves !Il fait connaissance avec HenriPoulaille : il avait deviné qu’il était« la cheville ouvrière » de cettesociété de culture originale, il prendpart aux Congrès de ce « Musée duSoir », et rapidement il ajoute à sabibliothèque un rayon considérablequi rassemble les écrits des écrivainsouvriers et paysans.Il faudrait dire le pittoresque de certaines rencontres avec ces auteurs,depuis un couple vénérable de vigne-rons en Anjou, jusqu’à un ouvrierécrivain travaillant dans le bruitassourdissant d’une clouterie…

    Cette présentation très brève de l’histoire de la collection de livrescouvre 25 ans de travail acharné dePaul Feller. On devine à quel point ila été requis par le souci de l’appren-tissage, ou plus exactement par celuides apprentis. Il redit sans cesse sonprojet sous diverses formes : « baliserles itinéraires professionnels »,« offrir aux jeunes le métier plus une

    culture générale, mais en cultivant lesvertus intellectuelles sur le tas »,« mettre en place un Institut derecherche, échelon arrière de l’éche-lon-arrière » (il veut dire que cetInstitut doit aider à se former le premier « échelon-arrière » queconstituent les maîtres d’apprentis-sage, par rapport aux apprentis eux-mêmes) ».Il aura fait ce qu’il appelle un « inter-minable détour », pour que l’apprentipuisse bénéficier d’une culture géné-rale authentique. En 1978, il rédigetrois pages pour justifier la création dela bibliothèque, et il les intitule « Passans livres »(4). Il avait écrit par ailleurs une sorte de dicton quiexprime tout son propos : « A l’étau,lime en mains, mais pas sans « LaLime » de Charles Frémont ». Cetaccès aux Livres, c’est pour lui lacondition d’un libre choix de l’adolescent qui a le goût d’un métier,et qui doit pouvoir y trouver lesmoyens de développer toute sadimension d’homme; ou, à défaut,c’est le moyen d’encourager le choixd’un jeune qui veut compléter sa formation secondaire par le passagedans un métier.

    Le fruit de cette recherche passion-née, c’est une collection de quelque25000 volumes.On peut en présenter sommairementle contenu en quatre sections :- naturellement, les ouvrages quiconcernent les métiers occupent laplus grande place : quelque deux centitinéraires professionnels sont ainsiappuyés par une tradition écrite.Celle-ci retrace pour chacun d’eux àla fois la mise en chantier desouvrages, le rassemblement desmoyens alors disponibles, les innova-tions réalisées à l’occasion d’un pro-gramme inédit, les obstacles tech-niques qui se sont présentés… Unrayon spécial est consacré aux inven-teurs, aux brevets d’invention, auxouvriers célèbres (c’est par exempleun mécanicien qui a mis au point ledifférentiel, ce sont encore des méca-niciens qui ont perfectionné desmétiers dans la bonneterie…). Unautre rayon rassemble des livres quitraitent des outils et des outillages, del’histoire d’une technique ou del’Histoire des Techniques en général.Et bien sûr, Paul Feller a trouvé un

    bon nombre d’ouvrages anciens,comme un Vitruve de 1572 (l’archi-tecte romain contemporain de l’em-pereur Auguste), mais aussi un exem-plaire de l’Encyclopédie de Diderot etd’ Alembert. C’est d’ailleurs à la vuede ses Planches qu’il a compris lanécessité d’une collection des « outilsde façonnage à main du XVIIIe siè-

    cle ». - la seconde section de la bibliothèquerassemble des ouvrages qui traitent del’histoire sociale, depuis l’organisa-tion des métiers en jurandesjusqu’aux syndicats et aux luttesmodernes. Certains visiteurs s’enétonnent ! Mais l’histoire des tech-niques est inséparable de celle desmétiers, de celle du Compagnonnage,de celle des législations et des idéolo-gies… comme le « potage SarahBernhardt » du cuisinier Urbain-Dubois est inséparable de la comé-dienne et du céramiste Lachenal qui apréparé un service pour l’occasion. - la troisième section est consacrée àla formation : le maître d’apprentis-sage a besoin des sciences exactes,mais aussi de psychologie de l’adolescent, de livres sur la valeuréducative du sport ou des Arts martiaux, d’ouvrages sur les grandesréalisations du métier (comme lamachine de Marly par exemple). PaulFeller a retenu également ce qui peutcontribuer à lancer une recherche surla Main, le Geste professionnel, lelangage, depuis les livres de Leroi-Gourhan (« Le geste et la parole »…)jusqu’à ceux de Marcel Jousse, puisdes ouvrages sur les parlers, les dictons, le folklore des métiers(5). Onpourrait dégager de ces ensembles desitinéraires culturels, qui correspon-draient aux itinéraires professionnels,car le métier et le matériau marquent

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  • leur homme. Un dicton traduit cela : « le charpen-tier gai, le charron fort, le menuisierjuste ». - Derniers rayons de cette biblio-thèque : trois cent dictionnaires, quisont utiles à la fois au formateur pourla maîtrise de la langue, et au docu-mentaliste qui doit mettre en place unoutil de recherche aussi maniable quepossible. Puis, un rayon « Beaux-Arts », pour favoriser l’éveil de l’artiste dans l’artisan. Ensuite, la collection des Ecrivains ouvriers etpaysans : ces hommes et ces femmes,comme Pierre Hamp ou HenriPoulaille, la couturière MargueriteAudoux, qui se sont formés d’aborddans l’ambiance d’un métier manuel,ont quelque chose à dire sur lamanière de se cultiver. Et enfin, quelques éléments de Philosophie desTechniques, des biographies desSaints Patrons des métiers…

    On devine l’ampleur du projet ! PaulFeller n’ambitionnait pas moins quede « réordonner la tradition écrite à latradition orale », c’est-à-dire d’enri-chir de plus en plus la relationAnciens-Jeunes de la richesse de cepatrimoine intellectuel « restitué ». Ilparlait en effet de « restitution », aussibien pour les livres que pour lesoutils, parce qu’il estimait que cesobjets faisaient partie aujourd’hui dupatrimoine commun, et cependantque beaucoup d’ouvriers et de pay-sans n’y avaient pas accès ; alors queleurs métiers avaient contribué à saformation. A la manière dont il enparle, d’ailleurs, on peut penser quece thème de la « restitution » a été undes moteurs de sa recherche.Encore faut-il exploiter cette richesse,dans l’intérêt des apprentis, comme ill’a redit tant de fois. Et il faut recon-naître que ce n’est pas facile. Le soucid’une éducation de « tout l’homme »a conduit Paul Feller à ouvrir desrayons de bibliothèque dans beau-coup de disciplines, et sur bien desaspects de l’éducation. D’où le carac-tère incomplet de plusieurs fonds, etla nécessité d’aller vers d’autres col-lections pour approfondir un thème.Du moins n’a-t’il rien négligé pourque ce qu’il appelle le « Devenirhomme » soit balisé. Et si l’on fréquente quelque peu cet ensemble,on comprend, comme il aimait à le

    dire, « que cela se tient ».Si l’on se souvient de l’histoire de sarecherche, de son manque total demoyens, des objections à ce travailconsidéré par beaucoup comme unesorte de fourvoiement dans le« dépassé », on ne s’étonnera pas deces manques.Par contre, on peut considérer quecette situation même de la collection -ses insuffisances - peut stimuler le travail qu’il a cherché à initier. Onpeut grâce à elle redécouvrir le carac-tère incomplet de toute recherche partielle, la nécessité de sonder lesenracinements de toute propositionpédagogique. Lui-même a découvertun jour à la forge, alors qu’il lisait,parallèlement à son travail, l’ouvragede Simondon, « Du mode d’existencedes objets techniques », la différenceentre l’outil et l’instrument ; il se saisissait à la fois actif et passif :«…se faisait et se défaisait sans cessece fragile et dynamique, cet instableet inchoatif équilibre entre masculinet féminin » (6).Ce que souhaitait Paul Feller, c’étaitde voir travailler ensemble des chercheurs en pédagogie des métierset des maîtres d’apprentissage, etmieux encore, il envisageait que desmaîtres d’apprentissage s’engagenteux-mêmes dans la recherche. Il écrivait en 1970 «…ce qui supposeque les anciens soient capables desatisfaire les exigences des jeunes, etsurtout des jeunes de qualité. Celaveut dire que parmi les anciens il y aità nouveau des hommes de qualité »(7).

    Programme ambitieux. Et ce n’est pasencore très bien reçu en France. C’esten utilisant cette bibliothèque quel’on perçoit certains obstacles propresà notre pays : pour l’identificationd’un outil, par exemple, une fois quel’on a épuisé les ressources desplanches de l’Encyclopédie, il fautpasser par des ouvrages ou des dic-tionnaires allemands, anglais, améri-cains ! (c’est très récemment qu’un diction-naire français des outils à main a étépublié, après quelques ouvrages plusspécialisés). Cela veut dire que lesmétiers manuels sont méconnus enFrance, et que les moyens pédago-giques ont été souvent maintenus auminimum nécessaire pour former un« travailleur », alors qu’aurait dû

    l’emporter le souci de former unhomme de métier cultivé. (Paul Felleravait entendu en 1960 un ingénieur luiparler d’une formation d’O.S. en troisheures, et il s’était emporté !).

    Cet immense projet de Bibliothèquen’a encore rendu que des serviceslimités. Il a fallu d’abord assurerl’achèvement du classement, déména-ger dans de nouveaux locaux, compléter les collections, développerune documentation en réponse auxquestions posées. Vint le temps del’informatisation, qui se poursuit.Pendant toute cette période, lesconsultations venaient davantage dechercheurs, de conservateurs demusées, d’étudiants, que d’hommesde métier. Le temps semble venud’amorcer la recherche fondamentale.

    G. Pierré s.j.

    (1). Paul Feller, « Au service de l’apprentis-sage », Cahiers Bleus, 1984. P. 15. (collectionde lettres et de notes de Paul Feller).(2). Id. p. 16. (lettre de 1961).(3). Id. p. 17.(4). Id. p. 69 à 71. (note de Janvier 1978).(5). Leroi-Gourhan écrivait, dans un article, en1977 : « si la technique est liée à la main, lelangage l’a certainement été aussi, dans lamimique verbale, probablement dans la danseet la musique. Les gestes ne se fossilisent pas,pourtant, dès les Archantropiens, la saveuresthétique de ce qui nous est parvenu (les outilsde pierre taillée) montre que quelque chose deplus que la pure technicité s’infiltrait dans legeste de l’homme ». A. Leroi-Gourhan, « laMain et la Pensée « in Revue » Médecine del’homme » novembre 1977.(6). Au service de l’apprentissage, p. 21 à 23(note d’Avril 1977).

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    Journée commémorativeLa journée commémorative DES 30 ANS DE LA MORT

    DE PAUL FELLERaura lieu le jeudi 24 janvier 2009

    • A partir de 11 h : Messe à la Basilique Saint Urbain de Troyes par Gérard Pierré sj.

    • 13 h : Repas à la Maison de l’Outil (sur réservation).• 14 h 30 : Conférence sur l’évolution de l’Apprentissage en France par Guy

    Métais (Créateur de l’agence de l’éducation permanente (ADEP).Directeur de l’ANPE en 1975 et de l’AFPA en 1979. En 1985, DRHd’ALCATEL CIT. De 1996 à 2001, Président des Olympiades desMétiers pour la France.

    • 17 h : Inauguration de l’exposition : “Paul Feller, la voix de l’apprentissage”.

    (Programme à confirmer)

    Directeur de la publication : Dominique NaertCrédit photos : Maison de l’Outil

    Imprimerie : NÉMONT SA - 10200 Bar sur Aube - Tél. 03 25 92 39 03 - Fax 03 25 92 39 04 - Dépot légal : 26 151/1Prix de vente : 2 € - Association des Amis de Paul Feller :

    7, rue de la Trinité - 10000 TROYES - Tél. 03 25 73 28 26 - Fax 03 25 73 90 47E-mail : [email protected] - www.paul-feller.org

    Bulletin d’adhésionMadame, Monsieur :

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    Profession :

    Adresse :

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    • Membre actif (cotisation de 16 euros)*

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    Hôtel Mauroy - 7, rue de la Trinité - 10000 TROYES

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    à l’Association des Amis de Paul Feller