Edition 7+8 juillet-août 2011

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Juillet–Août 2011 | Numéro 7–8 Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich Production végétale Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Page 304 Société Potentiel de développement du Care Farming Page 342 Economie agricole Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique Page 354

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Edition 7+8 juillet-août 2011

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Production végétale Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Page 304

Société Potentiel de développement du Care Farming Page 342

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Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Department of agricultural and foodscience

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou

[email protected]

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

La plupart des plantes cultivées et sauvages sont associées à un grand nombre de champignons mycorhiziens arbuscu-laires. Ces espèces de champignons réagissent beaucoup à l’intensité, au mode d’exploitation et/ou aux propriétés du sol. Ils conviennent donc bien comme bioindicateurs, comme le montre une étude d‘ART. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

SommaireJuillet – Août 2011 | Numéro 7 – 8303 Editorial

Production végétale

304 Champignons mycorhiziens arbusculaires,

bioindicateurs dans les sols agricoles suisses

Fritz Oehl, Jan Jansa, Kurt Ineichen, Paul Mäder et

Marcel van der Heijden

Production végétale

312 La certification des semences en Suisse (2005–2010)

Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen

Production végétale

320 Essais variétaux de fétuque rouge et de

crételle des prés

Daniel Suter, Rainer Frick et Hans-Ulrich Hirschi

Production végétale

328 Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche

de solutions

Esther Bravin, Mirjam Blunschi, Markus Leumann,

Ueli Straub, Timo Hirrle, Johannes Hanhart, Richard

Hollenstein et Bea Steinemann

Production végétale

334 Production de pommes: évaluation de la durabilité

de stratégies phytosanitaires

Andreas Naef, Patrik Mouron et Heinrich Höhn

Société

342 Potentiel de développement du Care Farming

Sara Widmer et Hans Wydler

Economie agricole

348 Economie forestière suisse: les facteurs de succès

des coopérations

Barbara Stöckli et Bernhard Pauli

Economie agricole

354 Projet «Quelle vache pour la pâture?»:

Évaluation économique

Christian Gazzarin et Valérie Piccand

Production animale

360 Conservation du foin humide avec des

agents conservateurs

Ueli Wyss

366 Portrait

367 Actualités

371 Manifestations

Listes variétales

Encart Liste recommandée des variétés de céréales

pour la récolte 2012

Lilia Levy Häner, Jean-François Collaud, Ruedi Schwärzel, Mario Bertossa, Jürg Hiltbrunner,

Martin Anders, Peter Stoll, Thomas Weisflog, Pascal Toffel, André Chassot et Jonas Zürcher

Page 3: Edition 7+8 juillet-août 2011

Editorial

303Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 303, 2011

Willy Kessler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Chère lectrice, cher lecteur,

Les acteurs du système scientifique agricole s’engagent, avec leurs connais-

sances actuelles et leurs infrastructures, à fournir un maximum d’éléments

pour favoriser le développement de l’agriculture et de l’espace rural.

Rapport à la pratique, excellence, réseaux internationaux

La recherche agricole s’efforce d’être toujours plus utile à l’agriculture et à

l’industrie agroalimentaire en dépit de la restriction de ses moyens. Pour y

parvenir, il est nécessaire de mettre la recherche en réseau sous forme de

communautés d’intérêts issues de réflexions scientifiques et stratégiques. Les

chercheurs modernes travaillent en équipe et orientent leurs recherches vers

les besoins actuels et futurs. Ils s’efforcent d’obtenir des résultats applicables et

des effets mesurables. La clientèle attend de la recherche à la fois une forte

orientation vers la pratique et une reconnaissance élevée de la communauté

scientifique internationale. La recherche agricole suisse est en train de faire

de cette dualité sa force. Mais aucune chercheuse, aucun chercheur ne peut

y arriver seul. Par conséquent, il est indispensable d’établir des réseaux par-

delà les frontières, de manière ciblée et habile. Les plateformes peuvent y

contribuer.

Mise en réseau de la production fourragère

En Suisse, l’Association pour le développement de la culture fourragère ADCF

existe depuis 1934. Son objectif est de favoriser une collaboration plus étroite

de toutes les associations, les institutions, les chefs d‘exploitation et les cher-

cheurs intéressés par une utilisation durable des herbages. L’ADCF entretient

un rapport permanent avec la pratique grâce à des organes spécialement pré-

vus à cet effet, comme les commissions techniques et les comités spécialisés.

Les résultats scientifiques mis à disposition sur la plateforme ADCF pro-

viennent essentiellement des stations de recherche d‘Agroscope, de l‘EPF

Zurich et de la Haute école suisse d‘agriculture HESA, qui, de son côté, s’en-

gage aussi au niveau international par exemple dans la Fédération euro-

péenne des herbages (European Grassland Federation EGF). Ces efforts

favorisent le développement et la naissance de réseaux de collaboration

internationale au service de la recherche.

Si l’ADCF et l‘EGF n’existaient pas aujourd’hui, il faudrait les inventer!

Plateforme pour les grandes cultures

Depuis 2008, la Suisse dispose de la plateforme «Ackerbau – Grandes cultu-

res» (PAG-CH). Comme l’ADCF, la PAG-CH est une plaque tournante

d’informations moderne et précieuse pour l’échange de connaissances et

de questions dans le domaine des grandes cultures, entre les organismes de

recherche et la pratique. C’est aussi un groupe de spécialistes pour

l’élaboration et l’acquisition de connaissances. Ce numéro de Recherche

Agronomique Suisse propose différents articles qui transmettent des infor-

mations relatives aux grandes cultures. Il est, chère lectrice, cher lecteur, à

votre disposition.

Mettre la recherche en réseau

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304 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suissesFritz Oehl1, Jan Jansa2 , Kurt Ineichen3, Paul Mäder4 et Marcel van der Heijden1

1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Ecole polytechnique fédérale EPF Zurich, Institut d’agronomie, 8315 Lindau 3Zurich-Bâle Plant Science Center PSC, Institut botanique de l’Université de Bâle, 4056 Bâle4Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick

Renseignements: Fritz Oehl, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 73 21

meromycota, champignons glomérulaires ou arbuscu-

laires), d’après le nom de genre Glomus, le plus fréquent

dans cette division et le premier découvert. Un autre

groupe connu de champignons mycorhiziens sont les

ectomycorhizes (cèpes, basidiomycètes, etc.), qui vivent

par exemple en symbiose très spécifique avec les arbres

des forêts d’Europe centrale.

Les champignons MA occupent de nombreuses fonc-

tions dans les écosystèmes. D’une part, ils jouent un rôle

central en absorbant les éléments nutritifs et en les

retransmettant ensuite aux plantes, notamment le

phosphore (P); (Jansa et al. 2005; Tchabi et al. 2010), mais

aussi d’autres éléments nutritifs (N, K, Zn, etc.). En cas de

I n t r o d u c t i o n

Les effets positifs des champignons mycorhiziens arbus-

culaires (champignons MA) pour la croissance des végé-

taux ont été découverts dès le XIXe siècle. Aujourd’hui,

on considère qu’ils constituent la symbiose efficace la

plus répandue: plus de 80 % des plantes terrestres peu-

vent vivre en symbiose avec ces champignons. A ce jour,

environ 230 espèces de champignons MA ont été recen-

sées dans le monde.

La plupart des plantes de prairies et de terres culti-

vées sont associées à un grand nombre de champignons

MA. Ces derniers font partie des gloméromycètes (Glo­

Figure 1 | La symbiose des mycorhizes arbusculaires entraîne souvent une meilleure absorption des éléments nutritifs, une meilleure croissance et une floraison plus précoce des plantes. A gauche: trèfle violet sans champignons MA dans les racines et leurs environs. A droite: sol inoculé avec des champignons MA en même temps que le semis. (Photo: ART)

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Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale

305

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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

La plupart des plantes cultivées et sauvages

vivent en symbiose avec un groupe bien

spécifique de champignons, les champignons

mycorhiziens arbusculaires (champignons

MA). Ces derniers occupent des fonctions

importantes dans tous les écosystèmes

colonisés par les végétaux. Ils forment un

réseau très développé de filaments mycéliens

dans le sol et transmettent aux plantes les

éléments nutritifs essentiels. Ils protègent

ainsi les végétaux du stress et de la séche-

resse et réduisent les pertes d’éléments

nutritifs du sol. Ils peuvent limiter l’érosion

grâce à leur structure vivante et ainsi

augmenter la stabilité des écosystèmes. Les

champignons MA semblent particulièrement

bien convenir comme bioindicateurs, car ce

groupe de champignons, avec 230 espèces

connues, reste relativement petit et com-

prend à la fois des espèces courantes et des

espèces rares. En Suisse, plus de 100 champi-

gnons MA ont été recensés à ce jour, dont

plusieurs espèces particulières qui réagissent

fortement à l’intensité et au mode d’exploi-

tation des terres et/ou aux caractéristiques

du sol (par exemple Glomus sinuosum et

Acaulospora paulinae). Ces espèces convien-

nent dès lors très bien comme bioindicateurs.

D’autres espèces existent dans presque tous

les types de sol et peuvent être qualifiées de

généralistes (par exemple Gl. fasciculatum et

Archaeospora trappei).

carence en azote, Mäder et al. (2000) ont estimé la quan-

tité d’azote absorbée par les hyphes de champignons

MA à près de 40 %. Lors d’une carence en phosphore, les

plantes peuvent absorber près de 90 % du phosphore

dont elles ont besoin grâce aux champignons MA. Les

espèces de trèfles notamment, qui ont des besoins

importants en phosphore, profitent beaucoup des

champignons MA (fig. 1). Par ailleurs, ces champignons

contribuent à réduire l’infestation des plantes par les

agents pathogènes et les ravageurs, surtout au niveau

des racines. Les plantes à mycorhizes sont souvent mieux

approvisionnées en eau (surtout pendant et après les

brèves périodes de sécheresse; Neumann et George

2004). Grâce à un réseau vivant, elles stimulent la struc-

turation du sol, ce qui induit généralement une meilleure

protection contre l’érosion, une infiltration et un stoc-

kage de l’eau meilleurs, et enfin une meilleure levée des

plantes (Rillig et Mummey 2006; Schmid et al. 2008). Le

réseau serré de filaments mycéliens dans le sol permet

également d’empêcher le lessivage des éléments nutri-

tifs (van der Heijden 2010). La diversité de ces champi-

gnons peut apporter une contribution capitale à la bio-

diversité et à la productivité des associations végétales

des prairies (van der Heijden et al. 1998).

Les principales fonctions écologiques et agrono-

miques de nombreux champignons MA dans les sols ont

été peu étudiées jusqu’ici. On suppose que leurs perfor-

mances diffèrent beaucoup en fonction de leur parte-

naire de symbiose, de l’écosystème et du site concernés.

Cet article résume les études effectuées au cours des

douze dernières années sur la biodiversité des champi-

gnons MA et vérifie si ces champignons pourraient éven-

tuellement servir de bioindicateurs dans les écosystèmes

agricoles. Les bioindicateurs, également appelés espèces

indicatrices, sont des organismes vivants qui réagissent

aux influences de l’homme en modifiant leurs fonctions

vitales ou leur présence/absence (p. ex. plantes indica-

trices, ou certaines espèces de lichen, utilisées comme

indicateurs de la contamination de l’air). Les champi-

gnons MA semblent particulièrement bien convenir

comme indicateurs biologiques des sols et de l’exploita-

tion des terres, car ce groupe de champignons, relative-

ment restreint, comprend à la fois des espèces rares et

répandues, et occupe des fonctions essentielles dans

tous les écosystèmes colonisés par les végétaux.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

De 1999 à 2011, une série d’études a été effectuée en

Suisse pour évaluer la biodiversité des champignons MA

dans les sols agricoles des Alpes, du Plateau et du Jura.

La première étude a analysé les répercussions de l’inten-

sité du travail du sol dans les terres assolées sur les com-

munautés de champignons dans un sol parabrun sur

moraine, sur le site de la station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART en Thurgovie (Jansa et al. 2002,

2003). Une deuxième étude a été consacrée aux réper-

cussions des cultures biologiques et conventionnelles sur

les communautés de champignons MA dans un sol para-

brun sur loess, dans l’essai DOC à Therwil, Bâle-Cam-

pagne (Oehl et al. 2004). Parallèlement, des prairies

extensives et des parcelles de maïs intensives sans assole-

ment situées dans les environs de l’essai DOC ont été

intégrées à l’étude, afin de couvrir l’échelle la plus vaste

possible dans l’intensité d’exploitation d’un même type

de sol (Oehl et al. 2003, 2009). La répartition verticale

des champignons MA dans ce type de terrain (Oehl et al.

2005b) a également fait l’objet d’une étude, qui a été

étendue à plusieurs types de sol et plusieurs niveaux de

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Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses

306 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

profondeur (Oehl et al. 2010a), afin de mieux estimer

l’influence du sol sur les communautés de champignons

MA. Les résultats des différentes études seront présentés

et discutés plus loin.

Les études s’appuient généralement sur les défini-

tions morphologiques des populations de spores (Oehl

et al. 2003 et 2010a), mais aussi sur des analyses de bio-

logie moléculaire pratiquées directement sur l’ADN des

champignons MA extrait des racines de plantes (Jansa et

al. 2003). Des champignons encore inconnus ont été

caractérisés le plus précisément possible à l’aide

d’analyses combinées (Jansa et al. 2002; Oehl et al. 2005a,

2006, 2010 et 2011).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Diffusion des champignons MA en Suisse

Au total, plus de 100 des quelque 230 champignons MA

répertoriés dans le monde ont été identifiés dans les

sols agricoles suisses. Plusieurs de ces espèces sont

encore considérées comme inconnues, tandis que plus

de dix nouvelles espèces ont été décrites ces dix der-

nières années (Oehl et Sieverding 2004; Gamper et al.

2009; Oehl et al. 2005a, 2006, 2010b et 2011). Les don-

nées relatives à la diffusion géographique de plusieurs

des espèces ont été collectées en Suisse. Les spores de

certaines espèces de champignons MA sélectionnées

sont présentées à la figure 2.

L’exploitation intensive diminue la diversité des CMA

Plusieurs études ont montré que l’intensité d’exploita-

tion et le système cultural influencent beaucoup la

diversité et les communautés des champignons MA

(fig. 3; Oehl et al. 2003). Une grande biodiversité a été

observée dans les prairies et les pâturages, tandis que

les terres assolées intensives contiennent souvent nette-

ment moins d’espèces. Sur le site de Tänikon, les sys-

tèmes avec travail minimal du sol et surtout les systèmes

sans labour présentent une autre population de cham-

pignons MA que les systèmes avec labour annuel (Jansa

et al. 2002 et 2003). Les espèces Gigaspora, Scutello­

spora, Racocetra et Cetraspora notamment semblent

souffrir d’un travail du sol fréquent, car elles ne parvien-

nent que difficilement à raccorder les filaments mycé-

liens rompus (de la Providenzia et al. 2005). Sur une ren-

dzine calcaire dans le canton de Bâle-Campagne soumise

à un travail du sol réduit, on a en revanche trouvé un

nombre d’espèces et un potentiel de mycorhization

aussi élevés que dans les prairies à fromental et à brome

voisines (Oehl et al. 2010a).

Figure 2 | Spores de certains champignons MA sélectionnés: Ac. alpina est très répandu dans les prés de l’étage subalpin et alpin avec un pH < 7,0. Pa. robigina est un représentant typique des éboulis calcaires de l’étage nival, tandis que Pa. franciscana avec un pH > 6,5 peut éventuel-lement être trouvé à des altitudes plus basses jusque dans les zones subalpines. Gl. sinuosum se trouve dans les sols avec un pH > 6,5 des zones de plaine jusque dans l’étage montagnard, tandis Gl. rubiforme est présent jusque dans les régions de haute montagne. Ces deux espèces sont également connues dans les climats chauds. En Europe, la diffusion de Gl. badium est simi-laire à celle de Gl. sinuosum. Celui-ci est égale-ment très fréquent dans les champs où le travail du sol est minimal et semble se limiter aux zones climatiques plus fraîches. Gl. aureum est un des champignons les plus répandus dans les prairies permanentes européennes en dessous de la li-mite de la forêt. Ce champignon ne disparaît des parcelles que lorsque le mode d’exploitation est unilatéral et le travail du sol fréquent. Par contre, Gl. mosseae est un représentant typique des terres cultivées avec un pH > 6,0, mais il fait partie des généralistes, puisqu’on le trouve éga-

lement dans les prairies et qu’il est présent dans le monde entier. Toutefois, il semble être totalement absent de la zone alpine. Gi. margari-ta est un représentant des climats chauds. Mais cette espèce existe aussi chez nous, de préférence dans les sols acides, dans les prairies à fromental et systèmes de grandes cultures durables avec couverture presque permanente du sol. Ra. castanea réagit de manière sensible à un travail du sol intensif. (Photos ART)

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Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale

307Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

L’agriculture biologique stimule la diversité des CMA

Avec une rotation de sept ans dans les deux cas, l’essai

DOC de longue durée dans les conditions de l’agriculture

biologique à Therwil a permis de recenser une diversité

d’espèces légèrement plus importante que dans la

culture conventionnelle selon les directives PI (Oehl et al.

2004). Les différences dans les communautés de champi-

gnons MA s’expliquent par la fumure plus réduite avec le

procédé biologique, mais peuvent également être liées à

la proportion et à la diversité plus importantes des ad-

ventices dans les parcelles bio (tabl. 1). A ce niveau, les

espèces non Glomus ont réagi de manière plus sensible

au mode d’exploitation que les espèces Glomus (tabl. 1;

fig. 4). Il est intéressant de constater que le taux de diver-

sité des champignons MA n’était que légèrement infé-

rieur dans tous les procédés biologiques et PI par rapport

à celui des prairies permanentes voisines (Oehl et al. 2003

et 2004). Dans l’étude suisse comme dans une étude hol-

landaise (Verbruggen et al. 2010), les communautés de

champignons MA des prairies et des cultures biologiques

étaient nettement plus semblables que celles des prairies

et des cultures conventionnelles (Oehl et al. 2003, Ver-

bruggen et al. 2010, fig. 5). Nous considérons qu’une

25

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Prairies permanentes

extensives

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RotationBIO PI

Monocultures de maïs

Figure 3 | Richesse des espèces de champignons MA sur neuf sites de la région de Bâle. Le nombre des espèces de champignons MA décroit dans l’ordre suivant: prairies permanentes extensives (W, V, G), Bio-Suisse (Bioland; procédé organique biologique de l’essai DOC Therwil, BL; rotation sur 7 ans; O), IP-Suisse (rotation sur 7 ans; L) et monocultures de maïs (sites F, S, R; Oehl et al. 2003). Les moyennes et les écarts-types de quatre répétitions par site ainsi que les différences statistiques entre les procédés sont indiqués par différentes lettres au-dessus des colonnes selon l’analyse de variance et le test Fisher’s-LSD (P < 0,05).

Tableau 1 | Régressions linéaires entre des paramètres de sol sélectionnés et les densités de spores des espèces de champignons MA trou-vées dans l’essai DOC (Therwil, BL ; Oehl et al. 2004). *Indique les relations significatives entre un paramètre de sol et la densité de spores de tel champignon; les données sont basées sur les résultats de cinq procédés culturaux, avec quatre répétitions par procédé.

Espèces de champignons MA

pH (H2O) Teneur en humusTeneur en P disponible

Teneur en K disponible

Nombre d'espèces d'adventices

Espèces Glomus

Glomus diaphanum –0,26 –0,48* 0,51* 0,42 0,26

G. caledonium –0,36 –0,21 0,56* 0,63* –0,36

G. etunicatum 0,19 0,09 –0,33 –0,36 0,34

G. fasciculatum 0,06 0,09 –0,16 –0,14 0,19

G. mosseae 0,28 0,08 –0,05 –0,1 0,06

Glomus sp. isolate BR9 0,1 0,26 –0,14 –0,09 0,2

G. geosporum 0 0,08 –0,09 0,16 –0,4

G. albidum & P. occultum 0,29 –0,19 –0,27 0,46 –0,25

G. constrictum 0,37 0,31 0,08 0,03 –0,03

G. invermaium 0,19 –0,03 –0,2 –0,3 –0,37

Espèces non Glomus

Pacispora dominikii 0,62* 0,21 –0,51* –0,2 0,61*

Scutellospora calospora 0,1 0,24 –0,48* –0,55* 0,32

Cetraspora pellucida –0,27 –0,28 –0,48* –0,58* 0,48*

Acaulospora paulinae 0,09 –0,14 –0,62* –0,67* 0,4

A. thomii 0,13 –0,24 –0,49* –0,55* 0,43

A. laevis 0,04 –0,15 –0,53* –0,57* 0,38

A. longula 0,23 0,26 –0,70* –0,58* 0,56*

A. scrobiculata 0,21 –0,42 –0,66* –0,57* 0,39

Page 8: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses

308 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

grande diversité de champignons MA, avec beaucoup de

champignons MA actifs au printemps, à l’automne et

toute l’année (Oehl et al. 2009), accroît la fonction de

tampon biologique et la fertilité biologique des sols de

ces systèmes culturaux. Cela correspond donc tout à fait

aux objectifs premiers de l’agriculture écologique, à sa-

voir améliorer la durabilité en stimulant la structure vi-

vante des sols.

Propriétés du sol et diversité des espèces de CMA

Les études effectuées dans la région de Bâle ont montré

que différents sols d’un même paysage peuvent certes

présenter une diversité élevée de champignons MA, mais

que les communautés de champignons MA des différents

sols se distinguent considérablement les unes des autres

(Oehl et al. 2010a). Les sols sous les prairies affichent gé-

néralement une diversité de genres nettement plus im-

portante que les sols calcaires (Oehl et al. 2003, 2005b et

2010a; Sýkorová et al. 2007a). Il était frappant de consta-

ter l’absence – ou la présence extrêmement limitée – des

espèces Acaulospora, Scutellospora, Gigaspora et Cetra­

spora dans les sols calcaires, qui comptaient de nom-

breuses espèces Glomus, ainsi qu’une présence nette-

Figure 4 | Exemples d’espèces de champignons MA (présentées ici avec leurs spores perma-nents), qui ont réagi de manière particulièrement sensibles à des labours fréquents (Scutello-spora calospora, Cetraspora pellucida et Acaulospora paulinae; Jansa et al. 2002) ou à des apports d’engrais élevés par rapport aux procédés organique biologique et biologique dyna-mique de l’essai DOC (toutes les espèces représentées; Oehl et al. 2004). (Photos ART)

W1

W3

W4 0,2Prairies permanentes extensives

G1

G4W pH  8,0G pH

6,9

V 7,7

O2

V3V4V1O3

Bio-ORG

pH

L3 L4O1

O4

IP-SuisseL pH 6,9

O pH 6,4 

S4F4

L1

L2

Monocultures de maïs

R3

F pH 5,6S pH 6,8

S2

R2R pH 8,3

V2

F3

S3R1

R4S1F1

G2G3

W2

F2

Figure 5 | L’analyse hiérarchique par partitionnement des données sur les points communs des communautés de champignons MA dans les sols agricoles sur loess dans la région de Bâle montre un net regroupement en fonction de l’intensité d’exploitation. Les neufs sites sont expliqués à la figure 3. Des échantillons ont été prélevés et étu-diés sur quatre parcelles (1−4) de chacun des sites (Oehl et al. 2003).

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Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale

309Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

ment plus élevée de Pacispora dominikii. Sur les 61 cham-

pignons MA trouvés dans la région, seul environ un quart

(14 espèces) ont été classés dans la catégorie «généra-

listes». Ils ont été recensés dans tous les sols avec des den-

sités de spores plus ou moins similaires. La majorité des

espèces (32) était plutôt des «spécialistes», qui peuvent

être qualifiés d’espèces caractéristiques pour certaines

intensités d’exploitation et/ou formes de sol (Oehl et al.

2010a). Neuf espèces ont été déterminées comme spéci-

fiques au sol, et neuf comme spécifiques au mode d’ex-

ploitation. Pour 14 autres espèces une interaction a été

constatée entre le sol et le mode d’exploitation. Des

exemples de «spécialistes» sont présentés dans la figure

6. Tandis que Gl. caledonium se trouve presque exclusive-

ment dans les parcelles acides et semble même réagir de

façon plutôt positive à des apports élevés en phosphore

(tabl. 1), Gl. sinuosum n’a été trouvé que dans des prai-

ries avec des sols à pH élevé (fig. 6). En revanche, Cetras­

pora armeniaca est caractéristique des prairies acides.

Enfin, Acaulospora paulinae (fig. 7) n’apparaît lui aussi

que dans les sols acides. Il est partiellement stimulé par

des rotations longues et une fumure réduite, mais est to-

talement absent des sols comparables où sont pratiquées

des monocultures intensives de maïs sans couverture du

sol pendant toute l’année.

Influence de l’altitude sur les communautés de CMAUne étude réalisée dans cinq régions des Alpes suisses a

montré que les communautés de champignons MA va-

rient également avec l’altitude. Tandis que les espèces Pa­

cispora se trouvent surtout sur les éboulis calcaires de

l’étage nival et alpin (Oehl et Sieverding 2004), les espèces

Ambispora ont essentiellement été recensées dans les pe-

louses de haute montagne (Spain et al. 2006). La présence

des espèces Acaulospora et Diversispora augmente elle

aussi avec l’altitude (Oehl et al. 2006, Sýkorová et al.

2007b). Au contraire, des espèces de Scutellospora, Cetras­

pora, Racocetra et Gigaspora n’ont que rarement, voire

jamais, été recensées au-delà de la limite de la forêt.

Les CMA: de bons indicateurs biologiques et pédolo-

giques

Nos études nous ont permis de conclure que les sols agri-

coles pouvaient être caractérisés par leurs communautés

de champignons MA. La présence ou l’absence d’espèces

caractéristiques de champignons MA peuvent servir d’in-

dicateurs biologiques et pédologiques (Oehl et al. 2010a).

Ceci est valable surtout pour les écosystèmes des zones à

climat modéré et froid (Palenzuela et al. 2010), mais

aussi pour les zones à climat chaud (Tchabi et al. 2008 et

2009; Goto et al. 2011). Les champs à exploitation inten-

sive et unilatérale, et surtout les surfaces de cultures

Figure 6 | Spécialistes: Glomus caledonium, Gl. sinuosum, Cetraspo-ra armeniaca et Acaulospora paulinae peuvent servir d’indicateurs biologiques pour les sols et/ou le mode d’exploitation. Suivant le système d’exploitation (herbage permanent G, parcelles avec rota-tions longues F, et monoculture de maïs M) et le sol, ils ont été re-censés en grand nombre, rarement ou pas du tout (Oehl et al. 2010a). Les densités des spores sont représentées sous forme de moyennes de quatre répétitions par site avec erreur type.

Dens

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es p

ores

(100

g-¹)

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5

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Dens

ité d

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(100

g-¹)

0

5

10

15

20

25

30

35

Glomus caledonium

Acaulospora paulinae

Cetraspora armeniaca

Glomus sinuosum

GG G MG F G M FF G F G FGGSols bruns Fluvisol Rendzine

Grès Granit/Gneiss Calcaire

Page 10: Edition 7+8 juillet-août 2011

310

Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

maraîchères avec plusieurs cultures par an s’avèreront

sans doute déficitaires avec le temps en ce qui concerne

la diversité des champignons MA et la formation de

mycorhizes. Sur de tels sites, des groupes écologiques de

champignons MA peuvent disparaître, comme cela a été

observé dans les monocultures de maïs et les pépinières

viticoles (Oehl et al. 2003, 2005b et 2009). Pour réintro-

duire les espèces typiques de ces sites, des mesures doi-

vent être prises, telles que la réduction de l’intensité de

travail du sol ainsi que la conversion à l’agriculture éco-

logique et à des systèmes culturaux avec fertilisation

limitée et rotation diversifiée.

C o n c l u s i o n s

Avec environ 230 espèces recensées dans le monde et plus

de 100 en Suisse, les champignons MA sont un groupe

relativement petit de champignons du sol. Plusieurs de

ces champignons sont répartis partout dans le monde,

d’autres sont spécifiques aux sols et aux écosystèmes ou

réagissent de manière sensible au mode et à l’intensité

d’exploitation. Les champignons spécifiques peuvent

devenir de très bons indicateurs des propriétés du sol ou

de l’intensité d’exploitation. Des mesures ciblées pour-

raient permettre de stimuler les champignons typiques

d’un site ou particulièrement efficaces. Une agriculture

biologique et intégrée avec des rotations longues et un

travail du sol réduit favorise la diversité des champignons

MA. Il manque encore des connaissances détaillées pour

pouvoir mieux exploiter le potentiel écologique de ces

champignons, par exemple pour la nutrition des plantes

et la structuration du sol. n

Bibliographie b De la Providencia I. E., de Souza F. A., Fernández F., Delmas N. S. & Dec-lerck S., 2005. Arbuscular mycorrhizal fungi reveal distinct patterns of anastomosis and hyphal healing mechanisms between different phyloge-nic groups. New Phytologist 165, 261–271.

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Page 11: Edition 7+8 juillet-août 2011

311

Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale

Ria

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Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011

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Funghi micorrizici arbuscolari quali indicatori

biologici nei terreni agricoli svizzeri

La maggior parte delle piante coltivate e

selvatiche cresce in simbiosi con un gruppo

speciale di funghi, i funghi micorrizici

arbuscolari (funghi MA). I funghi MA svol-

gono funzioni importanti in tutti gli ecosi-

stemi popolati da vegetali. Per mezzo delle

ife miceliali si estendono nel terreno e

trasferiscono alle piante i nutrienti vitali ivi

presenti, proteggendole da stress e siccità.

Riducono le perdite di sostanze nutritive dal

terreno e possono limitare l'erosione attra-

verso l'inverdimento, accrescendo la stabilità

degli ecosistemi. I funghi MA sembrano

particolarmente adatti anche come bioindica-

tori dato che questo gruppo di funghi, che

conta attualmente 230 specie, è relativa-

mente piccolo e contiene specie sia comuni

che rare. In Svizzera ne sono state finora

rilevate oltre 100 specie. Molti di questi

funghi reagiscono in maniera considerevole

all'intensità della lavorazione del terreno, alla

forma di coltivazione e/o alle proprietà del

suolo (p.es. Glomus sinuosum e Acaulospora

paulinae). Queste specie di funghi MA

specializzate sono quindi molto adatte per

essere impiegate come indicatori biologici.

Altre specie sono presenti in quasi tutti i

terreni e possono essere indicate come specie

generiche (p.es. Gl. fasciculatum e Archaeo-

spora trappei). Dai nostri studi è emerso che

una moltitudine di funghi MA si addicono a

essere utilizzate quali indicatori biologici nei

terreni usufruiti a scopo agricolo.

Arbuscular mycorrhizal fungi as bio-indicators

in Swiss agricultural soils

The majority of agricultural crops as well as

wild plants form a symbiotic relationship with a

special group of soil fungi, the arbuscular

mycorrhizal fungi (AM fungi). AM fungi

perform important functions in all ecological

systems colonised by plants. They form a dense

network of fungal hyphal mycelia in the soil

and transmit vital nutrients from the soil to the

plants and protect them against stress and

drought. AM fungi have the ability to reduce

nutrient loss from the soil and they can,

through biological stabilisation of the soil

structure, reduce erosion and thus contribute to

ecosystem stability. AM fungi would appear to

be particular suitable as bioindicators because

this group of fungi is small enough to be

manageable and includes both common and

rare species. To date more than 100 AM fungi

have been identified in Switzerland. Many of

these fungi respond specifically to land use

intensity, cultivation practices and/or soil type

(e.g. Glomus sinuosum and Acaulospora

paulinae). These specialised AM fungi are

therefore highly suitable as bioindicators. Other

species occur in almost every kind of soil and

may be described as generalists (e.g. Gl.

fasciculatum and Archaeospora trappei). Our

studies show that a large number of AM fungi

are suitable as bioindicators in agricultural soils.

Key words: arbuscular mycorrhizal fungi,

biodiversity, bioindicators, sustainable agricul-

ture, organic farming, conservation tillage.

Page 12: Edition 7+8 juillet-août 2011

312 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

I n t r o d u c t i o n

Selon les indications de l’Office fédéral de la statistique

OFS, en 2009, les agricultrices et les agriculteurs ont

dépensé 238 millions de francs pour couvrir leurs besoins

en semences. Ces dépenses sont légèrement en dessous

de celles destinées aux engrais, et presque le double de

celles consacrées à la protection des plantes. Grâce à la

production indigène élevée de semences pour céréales et

de plants de pommes de terre, la filière suisse des semences

génère une part essentielle de ce chiffre d’affaires.

L’agriculture suisse doit pouvoir disposer de variétés de

plantes cultivées adaptées aux conditions climatiques et

culturales du pays, ainsi qu’à la transformation ulté-

rieure. Une quantité suffisante de semences de qualité

irréprochable doit être garantie pour les variétés recom-

mandées, sélectionnées par les représentants de la

filière à la suite des résultats obtenus lors des tests. La

Fédération suisse de production de semences et de

plants swisssem se charge, avec onze établissements

multiplicateurs (EM), de planifier et d’organiser la multi-

plication sous contrat avec les producteurs et les produc-

Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen, station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Renseignements: Thomas Hebeisen, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 71 11

La certification des semences en Suisse (2005–2010)

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Comptage de germes de ray-grass normalement développés. (Photo: ART)

Page 13: Edition 7+8 juillet-août 2011

La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale

313

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

trices. Les conditions cadres de la production de

semences sont définies dans l’Ordonnance sur les

semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédé-

ral de l’économie DFE. Pour les plantes cultivées men-

tionnées dans l’ordonnance, seules des semences certi-

fiées des espèces officiellement autorisées peuvent être

commercialisées. Les exigences minimales relatives aux

cultures et à la récolte sont définies dans l’ordonnance

pour chaque espèce. L’Office fédéral de l’agriculture

OFAG a mandaté la station de recherche Agroscope Rec-

kenholz-Tänikon ART pour l’exécution de ces tâches

dans le domaine des semences. ART occupe dès lors une

position centrale dans le contrôle de la production indi-

gène de semences. Les plants sont traités par la station

de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et

ne sont pas pris en compte dans cet article.

Cet article présente l’évolution et la qualité de la

production de semences indigènes au cours des cinq

dernières campagnes (2005–2010).

M a t é r i e l e t m é t h o d e

Evaluation des cultures destinées à la production de

semences

Conformément à l’Ordonnance sur les semences et

plants, les acteurs impliqués dans la production de

semences (tabl. 1) doivent être agréés et disposer de

connaissances administratives, professionnelles et tech-

niques. C’est pourquoi des cours sont régulièrement

proposés pour former les producteurs, les experts char-

gés des visites de culture et les «préleveurs» d’échan-

tillons.

L’EM conclut un contrat de multiplication avec ses

producteurs. Les multiplications sont saisies dans une

base de données centrale avec les indications exigées

(p. ex. variété, lots-pères, précédents culturaux). Les

cultures destinées à la production de semences sont

évaluées par des experts et doivent remplir les exigences

minimales de l’ordonnance. Les multiplications de

semences de base et de pré-base reçoivent la visite des

collaborateurs des stations de recherche. Par contre, les

cultures destinées à la production de semences certi-

fiées de multiplication (SM) reçoivent la visite d’experts

agréés. On distingue les semences certifiées de 1ère et 2e

génération. Seules les semences de 1ère génération peu-

vent être multipliées une nouvelle fois, tandis que

la semence certifiée de 2e génération est considérée

comme semence commerciale. Lors de la visite des

cultures, l’expert vérifie, sur la base de critères morpho-

logiques propres aux différentes variétés, s’il s’agit de la

variété annoncée. Pour le blé, les critères évalués sont

par exemple.la largeur de la toncature ou la longueur

du bec de la glume. Ces critères ont été décrits lors du

test officiel de la distinction, de l’homogénéité et de la

stabilité, sur la base des directives de l’UPOV (Union

internationale pour la protection des obtentions végé-

tales, propriété intellectuelle). Ce test s’effectue exclusi-

vement à l’étranger. La visite des parcelles est également

l’occasion de contrôler le développement des cultures.

EM SP PS VC PE

Nombre 11 25 1064 91 40

Tableau 1 | Nombre d’établissements de multiplication (EM), de services de purification (SP), de producteurs de semences (PS), de visiteurs de cultures (VC) et de personnes chargées du prélèvement des échantillons (PE) en Suisse (selon CertiPRO, état avril 2011)

Entre 2005 et 2010, la Suisse a produit en

moyenne plus de 50 000 tonnes de semences

et de plants par an. La certification des

semences et le laboratoire d’essais de

semences de la station de recherche Agros-

cope Reckenholz-Tänikon ART contribuent à

garantir la qualité irréprochable des semences

produites en Suisse et à préserver les proprié-

tés spécifiques des variétés tout au long des

phases de multiplication jusqu’à leur utilisa-

tion finale. En moyenne, pour les campagnes

2005 à 2010, 7620 hectares ont été admis

pour la production de semences suite aux

visites de cultures (sans les plants de pommes

de terre). Le professionnalisme et la fiabilité

des producteurs se reflètent dans le taux

élevé d’admission lors des visites de cultures

(95 % pour les céréales). Les analyses du

laboratoire d’essais de semences montrent

que la qualité des récoltes est elle aussi

élevée – notamment pour les céréales – avec

un taux d’admission de 95,6 %. La collabora-

tion de tous les acteurs, basée sur des

compétences techniques et l’auto-responsabi-

lisation, ainsi que sur des processus efficaces

et transparents sont indispensable pour

conserver un taux élevé de renouvellement

des semences. De cette façon, la production

suisse de semences restera de première

qualité à l’avenir également.

Page 14: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)

314 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

Pour obtenir la meilleure note, la culture doit être équi-

librée et exempte d’adventices, elle ne doit pas être

sujette à la verse et l’infestation par les ravageurs et les

maladies doit être limitée. Enfin, l’expert évalue la pré-

sence de plantes ne correspondant pas à la variété et la

présence d’autres espèces végétales et de maladies par

unité de surface. Par ailleurs, la parcelle doit être suffi-

samment isolée pour éviter la fécondation croisée et la

diffusion d’impuretés depuis les parcelles voisines. Ces

paramètres sont consignés dans un rapport de visite et

l’expert décide si la parcelle remplit les exigences mini-

males de l’ordonnance et peut donc être admise pour la

production de semences. L’admission lors des visites de

culture est indispensable pour bénéficier des contribu-

tions à la surface pour la multiplication de plantes four-

ragères et de maïs. Les autres cultures n’ont droit à

aucune contribution fédérale pour la production de

semences.

Evaluation de la qualité des semences

Un échantillon de la récolte est prélevé pour les cultures

admises lors des visites et sa qualité est ensuite testée

par le laboratoire d’essais de semences d’ART. Ces ana-

lyses sont effectuées selon les directives de l’Association

internationale d’essais de semences (ISTA). Des dévia-

tions par rapport à la méthode de contrôle sont autori-

sées pour les céréales, en accord avec l’organe directeur

(OFAG) et les clients, et se limitent aux points répertoriés

dans le tableau 2. Dans le cas des Poaceae (graminées),

l’unité de multiplication est un caryopse nu ou enve-

loppé par la glume. Pour simplifier, le terme de

«semences» sera également utilisé pour désigner les

caryopses dans cet article.

Le poids maximal des lots, le poids minimal des

échantillons soumis et les tests sont définis dans l’ordon-

nance. Après enregistrement de l’échantillon par le ser-

vice de certification d’ART, son contenu est homogé-

néisé dans le laboratoire d’essais de semences à l’aide

d’un diviseur à rifles qui permet de constituer les sous-

échantillons destinés à l’examen. L’évaluation du taux

de semences pures pour déterminer la pureté technique

et le dénombrement des graines d’espèces étrangères

s’effectue selon les critères définis dans les directives de

l’ISTA (ISTA 2011) et dans son manuel «Définition des

semences pures» (ISTA 2010). Pour le blé, le triticale et le

seigle, les semences entières (c’est-à-dire les caryopses)

ainsi que les fragments de semences d’une taille supé-

rieure à la moitié de la taille originale sont considérées

comme des semences pures (ISTA 2011). Lorsqu’une

semence d’une autre espèce végétale est trouvée dans

l’échantillon, cette semence n’est enregistrée dans la

catégorie espèces étrangères que si elle répond à la défi-

nition d’une semence pure de sa catégorie. Si tel n’est

pas le cas, elle sera ajoutée à la fraction de matières

inertes. Le test de faculté germinative consiste à tester

des semences pures dans des conditions (eau, tempéra-

ture, lumière) optimales et contrôlées. Les échantillons

de variétés céréalières sans glumes et de production non

biologique sont soumis à un traitement chimique pour

tester la faculté germinative. Les semences d’origine

biologique sont testées en cas de faculté germinative

insuffisante ou à la demande du client, après un traite-

ment avec Cerall (produit contenant la bactérie Pseudo­

monas chlorophoris). Après une réfrigération prélimi-

naire de cinq jours à 10 °C et une période de trois jours à

20 °C, les germes et les semences non germées sont éva-

lués selon les critères des directives de l’ISTA (ISTA 2011)

et de son manuel pour l’évaluation des germes (ISTA

2009). Les germes sont classés en deux catégories: nor-

maux et anormaux, et les semences non germées en

trois catégories: mortes, dures ou fraîches. Contraire-

ment aux germes anormalement développés, les germes

Poids de l’échantillon étudié pour Méthode de faculté germinative

pureté technique teneur en semences

étrangères nombre de semences

testées préréfrigération durée de test (20 °C)

désinfection en laboratoire

ISTA 120 g 1000 g 400 (4*100) recommandée 8d non

CertLes analyses sont effectuées sur un

échantillon de 500 g 200 (2×100) 10 °C, 5d 3d

N: ouiB: non

Tableau 2 | Méthode d‘analyse ISTA comparée à la méthode appliquée dans le cadre de la certification des semences (Cert) pour les varié-tés de céréales nues (N); (blé, seigle, triticale) et à grains vêtus (B); (orge, avoine, épeautre)

Page 15: Edition 7+8 juillet-août 2011

La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale

315Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

besoins du laboratoire d’essais de semences (SPL) et l’a

développé en conséquence. CertiPRO est un module

complémentaire, intégré à LISA et profitant d’une navi-

gation web. Il a été conçu sous l’égide de swisssem, en

collaboration avec Agroscope et T&P. CertiPRO a été mis

en service pour la campagne 2010 et remplace l’ancienne

base de données Info-EM. Depuis 2010, toutes les

espèces certifiables en Suisse sont ainsi représentées

dans le système CertiPro, sauf le maïs. La production est

gérée par CertiPRO de l’inscription jusqu’à l’admission.

Les travaux administratifs se répartissent entre l’EM et le

service de certification d’ART, car les données inhérentes

à la production sont enregistrées par l’EM et mises à dis-

position d’ART.

Cet article repose sur l’analyse des cinq dernières

campagnes de production de semences. Une campagne

de semences débute le 1er juillet et s’achève le 30 juin de

l’année suivante. Les différentes campagnes sont dési-

gnées par 05/06, 06/07, 07/08, 08/09 et 09/10. Le premier

chiffre se réfère à l’année du début de la campagne et le

deuxième à l’année de fin de la campagne. En règle

générale, les lots de semences sont soumis au contrôle

de qualité au cours de leur année de production.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Surfaces de production de semences en Suisse

La surface des parcelles admises par les experts chargés

de la visite des cultures est en moyenne de 7620 ha

(fig. 1); pour les semences de céréales par exemple, cela

représente 95 % de la surface inscrite. Le taux élevé

d’admission lors de la visite des cultures montre que les

producteurs accordent un soin particulier à la prépara-

tion des lits de semences dans ces parcelles et qu’ils

consacrent le temps nécessaire à l’épuration des cultures.

Un taux élevé d’admission à la visite des cultures est

important pour pouvoir planifier la production en fonc-

tion des besoins.

Lors de la campagne 09/10, la surface de production

de semences était en recul de 4,5 % par rapport à 05/06.

Ceci est dû au recul de 6,3 % de la surface de céréales,

qui représente en moyenne la plus grande part de la sur-

face totale de production de semences avec un pourcen-

tage de plus de 92 %. Par rapport à la surface admise en

99/00 (données non publiées), la surface de céréales a

reculé de 19 % en 09/10. L’essentiel des besoins en

semences de céréales a néanmoins pu être couvert par la

production indigène de semences, car les surfaces de

cultures céréalières et en particulier de céréales fourra-

gères étaient également en recul. Au cours des cinq der-

nières années, la surface de cultures céréalières a baissé

de 9,5 % et celle de céréales fourragères de 24,7 %, pour

normalement développés peuvent donner naissance à

une plante de croissance vigoureuse. Sur les germes nor-

maux, les organes sont parfaitement développés et bien

proportionnés les uns par rapport aux autres ou ne pré-

sentent que des défauts minimes. En cas de croissance

ralentie, la durée de l’essai peut se prolonger de la moi-

tié de la durée initialement prévue pour les tests. En

principe, les germes qui sont en retard mais ne présen-

tent aucun défaut sont considérés comme normaux

(ISTA 2011). Les semences fraîches sont des semences qui

ont gonflé mais qui ne présentent aucun signe de crois-

sance germinative. Les semences se situent dans la

période de dormance. Lorsque la part de semences

fraîches est supérieure à 5 %, leur viabilité est contrôlée

à l’aide d’un test au tétrazolium. Si elles sont viables,

elles sont classées comme fraîches. Sinon, elles sont clas-

sées comme mortes. Les semences dures sont celles qui

n’ont pas absorbé d’eau dans les conditions appliquées.

Cette catégorie est observée notamment chez les légu-

mineuses. Un pourcentage maximal de semences dures

est défini dans l’ordonnance et peut être additionné

aux germes normaux (par exemple 20 % pour le trèfle

violet).

Base de données

Les surfaces de production de semences sont réperto-

riées dans la base de données Info-EM et CertiPRO, logi-

ciel de gestion de la certification des semences. Les

résultats de qualité des échantillons proviennent du sys-

tème de gestion de laboratoire (LIMS). LIMS est basé sur

le logiciel standard LISA (Triestram et Partner T&P), qui

est utilisé pour la partie administrative de l’enregistre-

ment des échantillons jusqu’à l’établissement des attes-

tations de certification. ART a adapté le logiciel aux

05/0606/07

07/0808/09

09/10

Surfa

ce a

dmise

(ha)

100

200

300

6500

7000

7500

céréalesmaïstrèfle violetgraminéesplantes protéagineuses

Figure 1 | Surfaces de production de semences reconnues pour la campagne 05/06 à 09/10 de céréales, maïs, trèfle violet, variétés de graminées et plantes protéiques.

Page 16: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)

316 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

atteindre 46  650 ha. Par conséquent, la demande de

semences de céréales a baissé et a entraîné la réduction

de la surface consacrée à la production de semences de

céréales. Le nouveau système de paiements directs de la

Confédération a pour but de contrer cette tendance en

renforçant les grandes cultures de manière ciblée. Dans

les conditions actuelles, cela aurait indirectement des

répercussions positives sur la production de semences.

Heureusement, les surfaces de production de

semences d’espèces de plantes fourragères ont pu être

étendues à 385 ha de 05/06 à 09/10 (+ 29 %). Cette évolu-

tion positive est due notamment au changement des

conditions cadres. Depuis la récolte 2009, la production

de semences de plantes fourragères est soutenue par la

Confédération à raison de mille francs par hectare, ce

qui rend la branche de production plus compétitive. En

dépit d’importantes fluctuations de rendement (notam-

ment pour le trèfle violet), qui demande une prise de

risque plus élevée de la part des producteurs, cette pro-

duction reste une activité de niche intéressante qui

couvre pour l’instant 8 % des besoins nationaux (presque

100 % pour le trèfle violet). De plus, la gamme des

espèces pour lesquelles on produit des semences en

Suisse a pu être étendue à 27 (campagne 09/10). Depuis

peu, des semences de phacélie, de colza bio, de dactyle

aggloméré et de lotier corniculé sont également pro-

duites, en quantités très limitées.

Evolution du nombre d’échantillons certifiés

Le nombre d’échantillons certifiés de lots de semences

triées et non triées sur les cinq dernières campagnes

représentait en moyenne 47 % du total des échantillons

(6250) analysés par le laboratoire d’essais de semences

ART (SPL). En moyenne, près de 2700 lots triés par cam-

pagne ont été soumis à la certification (tabl. 3). Parallè-

lement à l’évolution des surfaces, le nombre d’échan-

Campagne 05/06 06/07 07/08 08/09 09/10 Moyenne Pourcentage

[n] [n] [n] [n] [n] [n] [%]

Espèces de céréales

Nombre d'échantillons triés 2494 2608 2400 2531 2248 2456

Nombre total d'échantillons non admis 99 159 147 91 49 109 4,4

à cause d'une faculté germinative insuffisante 56 103 97 45 23 65 2,6

à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces céréalières 37 53 45 41 23 40 1,6

à cause d'une proportion trop élevée d'espèces autres que des céréales 6 3 5 5 3 4 0,2

Soja & pois protéagineux

Nombre d'échantillons triés 59 47 32 51 42 46

Nombre d'échantillons non admis 5 3 8 3 2 4 9,1

à cause d'une faculté germinative insuffisante 3 3 8 2 2 4 7,8

à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces 2 0 0 1 0 1 1,3

Espèces de graminées

Nombre d'échantillons triés 97 99 107 93 87 97

Nombre d'échantillons non admis 15 20 11 7 3 11 11,6

à cause d'une faculté germinative insuffisante 11 20 8 4 2 9 9,3

à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères 4 0 3 2 1 2 2,1

à cause d'une pureté technique trop faible 0 0 0 1 0 0 0,2

Espèces de trèfles

Nombre d'échantillons triés 75 85 94 85 113 90

Nombre d'échantillons non admis 16 18 28 28 19 22 24,1

à cause d'une faculté germinative insuffisante 10 6 12 5 14 9 10,4

à cause d'un pourcentage trop élevé de semences dures 0 6 4 8 2 4 4,4

à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères 3 1 5 4 1 3 3,1

à cause d'une pureté technique trop faible 3 5 7 11 2 6 6,2

Autres espèces

Nombre d'échantillons triés 0 0 0 3 5 2

Tableau 3 | Nombre d'échantillons certifiés de lots de semences triées en cinq campagnes

Page 17: Edition 7+8 juillet-août 2011

La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale

317Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

envoyés pour la certification ont satisfait les exigences

de l’ordonnance. Le taux d’admission variait suivant le

groupe d’espèces de 96,6 % pour les céréales à 75,9 %

pour les espèces de trèfles (tabl. 3). Les travaux d’entre-

tien dans les cultures ainsi que les dispositifs et processus

de triage contribuent directement à satisfaire les exi-

gences de «pureté technique» et de «pourcentage d’es-

pèces étrangères». En moyenne, 40 lots de céréales

n’ont pas été admis à cause d’une proportion trop éle-

vée d’autres espèces de céréales. Ce phénomène est sans

doute dû au précédent cultural. Lorsqu’une multiplica-

tion de blé est suivie d’une production d’orge ou de tri-

ticale, on observe souvent des épis de blé dans les

cultures ultérieures, car le déchaumage n’est pas tou-

jours suffisamment efficace. Le potentiel de germina-

tion de ces céréales étrangères est considérable (75 %)

comme l’a montré un essai du laboratoire d’essais de

semences SPL (données non publiées). Durant la der-

nière campagne, les semences de céréales étrangères

(n = 57) trouvées dans les échantillons envoyés a été éga-

lement testée sur sa faculté germinative. Seul un quart

des semences n’a pas germé. Les semences de blé, trou-

vées dans les échantillons d’orge ou de triticale, ger-

maient bien. Comme le nombre de semences testées

(n = 57) était très faible, cette question sera traitée de

manière plus approfondie dans la nouvelle campagne.

Pour la production indigène de semences d’espèces

de trèfles et de graminées, swisssem a convenu avec ART

d’appliquer des exigences de qualité plus strictes que

celles prévues par l’ordonnance en ce qui concerne les

semences de rumex, de cuscute et de folle avoine. Les

normes de Swiss-Seed (normes VESKOF) et les poids

d’analyse prescrits servent de référence. Par conséquent,

le groupe de travail «Semences fourragères» de swiss-

sem a également adapté les normes pour les visites de

tillons des plantes fourragères a augmenté et celui des

espèces céréalières a diminué. Le plus faible nombre

d’échantillons de certification a été enregistré pendant

la campagne 09/10.

La dernière révision de l’ordonnance (juillet 2010) a

abrogé l’obligation de soumettre les semences stockées

à recertification et a étendu le poids des lots de 25 à 30

tonnes pour les céréales, ce qui a entraîné une nouvelle

baisse du nombre d’échantillons. Cela s’est déjà mani-

festé lors de la campagne 10/11. Un quart des échan-

tillons de céréales provenait de lots dont le poids était

supérieur à 25 t. Les EM semblent profiter activement de

cette plus grande marge de manœuvre pour optimiser

leur production. Il n’est pas encore possible d’estimer les

conséquences de la suppression de la recertification, car

la qualité des semences stockées doit continuer à être

contrôlée. Le groupe de coordination de swisssem s’y

engage (communication d’Andreas Rüegger, directeur

de swisssem). Swisssem mettra en place avec ART un sys-

tème d’assurance qualité pour les céréales stockées,

avantageux pour toutes les parties impliquées, et le pro-

posera à sa clientèle. Par rapport à la campagne 05/06,

on a constaté en 09/10 une baisse de 60 % des échan-

tillons en provenance de lots non purifiés (données non

publiées). Les échantillons certifiés non triés permet-

taient aux centrales de triage d’estimer la qualité de

leurs semences avant le conditionnement. Après le

triage, un nouvel échantillon doit être prélevé sur le lot

et envoyé afin d’obtenir l’admission définitive. Pour des

questions économiques, les EM considèrent qu’il est bon

de restreindre ce double échantillonnage uniquement

aux lots à risques.

Dans la période considérée, le nombre d’échantillons

certifiés de trèfles et de graminées a augmenté de 16 %,

atteignant le niveau record de 200 unités pour la cam-

pagne 09/10. Etant donné les petites unités de produc-

tion et les fluctuations de rendement de ces variétés, les

lots d’une espèce sont mélangés pour former des lots

composés et tirer parti des poids maximaux autorisés.

C’est pourquoi le nombre d’échantillons n’a pas aug-

menté dans les mêmes proportions que les surfaces de

production de semences. Le recul des lots de céréales est

loin de pouvoir être compensé. Les contrôles de qualité

des échantillons de semences de trèfle et de graminées

exigent des connaissances spécialisées approfondies et

demandent beaucoup plus de temps pour la prépara-

tion. Un échantillon de trèfle violet demande trois fois

plus de temps qu’un échantillon de céréales.

Qualité des échantillons de certification

La qualité des semences est très élevée. En moyenne des

cinq dernières campagnes, 94,6 % des échantillons

graminées

Nom

bre

d'éc

hant

illon

s

0

50

100

150

200

250

300

sans rumexprésence de rumex en dessous de la norme VESKOF présence de rumex dépassant la norme VESKOF

trèfles

Figure 2 | Présence de semences de variétés de rumex à feuilles larges dans les semences usuelles de variétés de trèfles et de gra-minées produites en Suisse.

Page 18: Edition 7+8 juillet-août 2011

318

Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

culture. Ce renforcement des directives a permis d’éviter

la présence de semence de cuscute et de folle avoine

dans les semences de trèfles et de graminées destinées à

la commercialisation. Grâce aux normes plus strictes

pour les visites de cultures, des semences de rumex n’ont

été observées que dans quelques échantillons. Ainsi,

98,9 % des échantillons de graminées et 83,3 % des

échantillons de trèfles étaient exempts de semences de

rumex (fig. 2). Aucun échantillon certifié de graminées

et seuls 4,4 % d’échantillons de trèfles ont dépassé la

norme VESKOF pour la proportion de rumex. Pour jugu-

ler le développement des rumex, il vaut la peine d’élimi-

ner les inflorescences avant la récolte.

Pour toutes les espèces culturales, le refus des lots a

été motivé principalement par une faculté germinative

insuffisante. Ce paramètre présente des fluctuations

annuelles marquées; en fonction des conditions météo-

rologiques ou de la récolte, la part de germes normale-

ment développés peut chuter à cause d’une infestation

par les champignons, d’une germination sur pied ou

d’une détérioration mécanique des grains. Pour les

céréales, une faculté germinative insuffisante était res-

ponsable du refus des lots dans 59 % des cas en moyenne,

sachant que les fluctuations annuelles étaient marquées,

avec une valeur maximale de 66 % (07/08) et une valeur

minimale de 47 % (09/10). Durant la campagne 09/10, le

trèfle violet avait des problèmes massifs de faculté ger-

minative. Dans les lots de semences affichant une faculté

germinative trop basse, un très fort pourcentage de

germes anormaux a été constaté. L’anomalie portait

essentiellement sur la rupture des hypocotyles et en par-

tie sur l’absence de racines principales. Ces problèmes

pourraient être dûs à des dommages d’origine méca-

nique. De tels dommages ne peuvent que rarement être

identifiés à l’œil nu sur les semences (Hill et al. 1998) et il

est difficile de trouver l’origine du problème. En collabo-

ration avec swisssem et les EM concernés, ART analyse la

qualité des semences à divers stades: prélèvement

manuel au champ, après battage, après triage. Ces

analyses détaillées devraient contribuer à comprendre

quand s’est produit l’impact mécanique.

Semences de céréales de production biologique

En moyenne, la surface de production de semences bio

représente 5 % de la surface totale. Depuis 1995, le labo-

ratoire SPL en collaboration avec le groupe de recherche

ART «Protection écologique des plantes» étudie égale-

ment l’état sanitaire des échantillons bio. Sur la base de

l’infestation par les principales maladies transmises par

les semences, ART indique au client si ses semences sont

admises et si un semis non traité peut être recommandé.

Depuis 2008, ART offre à ses clients la possibilité de faire

tester la faculté germinative des échantillons bio de

semences traitées avec Cerall (matière active: bactérie

Pseudomonas chlororaphis). Ce produit de traitement

des semences, autorisé pour l’agriculture biologique, est

efficace contre la carie ordinaire et partiellement effi-

cace contre la moisissure des neiges.

C o n c l u s i o n s

La certification des semences et le laboratoire d’essais

de semences contribuent à garantir la qualité irrépro-

chable des semences produites en Suisse et à préserver

la plus-value spécifique des variétés tout au long des

phases de multiplication, jusqu’à l’utilisation finale des

semences. Le fait que le service de certification et le

laboratoire d’essais de semences forment une unité

organisationnelle au sein de la station de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART favorise les syner-

gies et apporte des avantages certains pour la clientèle.

Un laboratoire indépendant traitant un gros volume

d’échantillons et une large gamme d’espèces est néces-

saire. C’est la seule façon d’acquérir les connaissances

spécifiques qui sont ensuite mises à disposition de la

production indigène de semences, du commerce des

semences ainsi que des programmes de sélection et du

contrôle des variétés d’Agroscope. Le laboratoire d’essai

des semences peut également contribuer à déterminer

si et dans quelles proportions des plantes indésirables (p.

ex. ambroisie, abutilon d’Avicenne) risquent d’être dis-

sémnées par le biais des semences commercialisées dans

le pays. Les contrôles de qualité montrent que le sys-

tème de certification actuel est efficace et d’une qualité

irréprochable. Ces avantages sont transmis à la base

grâce notamment au marketing attrayant pratiqué par

swisssem (semences Z). Ces aspects et la collaboration

pragmatique de tous les acteurs impliqués font que le

taux de renouvellement des semences en Suisse est très

élevé (plus de 90 %). n

Page 19: Edition 7+8 juillet-août 2011

319

La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Seed certification in Switzerland

(2005 – 2010)

An annual average of over 50,000 tons of

seed and propagation material was

produced in Switzerland between 2005

and 2010. Seed certification and the seed

testing laboratory at Agroscope Recken-

holz-Tänikon ART Research Station help

ensure that the quality of the seed

produced in Switzerland is flawless and

that variety-specific characteristics are

retained throughout the propagation

stages until seed usage. During the crop

seasons of 2005 to 2010, an average of

7620 hectares were successfully tested for

seed production (excluding seed pota-

toes). The high success rate of 95 % for

cereals reflects the professionalism and

reliability of producers. Seed testing

laboratory analysis shows that crop

quality is also excellent – particularly for

cereals, with an acceptance rate of 95,6 %.

A continuing high seed replacement rate is

contingent upon all players collaborating

on the basis of technical expertise and

individual responsibility, and upon

transparent and efficient processes. Thus

the future domestic seed production will

also remain of high quality.

Key words: seed certification, field

inspection, seed testing, quality insurance.

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011

Bibliographie: b Ordonnance sur les semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédéral de l’économie (DFE). Accès: http://www.admin.ch/ch/d/sr/9/916.151.1.de.pdf. [1er juillet 2010].

b ISTA‚ 2011. International Rules for Seed Testing, édition 2011. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf

b ISTA‚ 2010. ISTA Handbook on Pure Seed Definitions, 3e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf

b ISTA‚ 2009. ISTA Handbook on Seedling Evaluation, 3e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf

b Hill M.J., Hampton J. G. & Hill K. A., 1998. Seed Quality of Grasses and Legumes. In: Forage Seed Production (Ed. D.T. Fairey & J. G. Hampton). CAB INTERNATIONAL, Oxon, UK, 219–242.

La certificazione delle sementi in Svizzera

(2005 – 2010)

Dal 2005 al 2010, in Svizzera sono state

prodotte, in media, più di 50 000 tonnel-

late di sementi e tuberi-seme all'anno. La

certificazione delle sementi e il laboratorio

d'analisi per le sementi della Stazione di

ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

fanno in modo che la produzione indigena

sia di qualità ineccepibile e che le peculia-

rità specifiche delle diverse varietà restino

intatte dalla fase di moltiplicazione fino al

loro impiego. Durante le campagne dal

2005 al 2010 sono stati riconosciuti, in

media, 7620 ettari di terreno per la

produzione di sementi (tuberi-seme

esclusi). Per i cereali, la professionalità e

l'affidabilità dei produttori è dimostrata

dall'elevata quota di riconoscimento dei

terreni campi annunciati, che è del 95 per

cento. Dalle verifiche del laboratorio di

analisi delle sementi emerge che anche la

qualità del raccolto è elevata, in partico-

lare per i cereali, la cui percentuale di

riconoscimento è del 95,6 per cento. Una

collaborazione basata su competenze

specialistiche e senso di responsabilità di

tutti i partecipanti, nonché processi

trasparenti ed efficienti costituiscono un

presupposto per tenere alta la quota

d’aggiornamento delle sementi. In

questo modo la produzione di sementi

indigena manterrà la propria qualità anche

in futuro.

Page 20: Edition 7+8 juillet-août 2011

320 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

I n t r o d u c t i o n

Fétuque rouge

Dans les pâturages et prairies où on ne trouve plus de ray-

grass anglais à cause des conditions environnementales

(régions trop sèches ou climat rude), la fétuque rouge (fig. 1)

est une espèce gazonnante importante. La population de

la fétuque rouge (Festuca rubra aggr.), aux formes variées,

comprend un grand nombre de sous-espèces. Dans la pro-

duction fourragère, deux groupes morphologiques sont

importants:

– la fétuque rouge alpestre ou fétuque rouge gazonnante

(F. nigrescens Lam.), qui forme des touffes épaisses et qui,

comme son nom l’indique, se trouve plutôt en altitude;

Daniel Suter1, Rainer Frick2 et Hans-Ulrich Hirschi1

1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1

Renseignements: Daniel Suter, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 79

Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Fétuque rouge (à gauche) et crételle des prés (à droite). Dessins tirés du manuel «Wiesengräser» de Walter Dietl et al., Landw. Lehrmittelzentrale, Zollikofen, 1998. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)

Page 21: Edition 7+8 juillet-août 2011

Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale

321

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

Entre 2008 et 2010, les stations de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et

Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont

examiné des nouvelles obtentions et des

variétés recommandées de fétuque rouge et

de crételle des prés. Les caractéristiques

suivantes ont été évaluées sur la base de

relevés systématiques: rendement, aspect

général, vitesse d’installation, force de

concurrence, persistance, tolérance aux

conditions hivernales, résistance aux maladies

foliaires et adaptation aux altitudes élevées.

Pour la crételle des prés, la matière organique

digestible a aussi été évaluée.

Pour les deux espèces, aucune nouvelle

obtention n’a atteint des résultats suffisants

pour une recommandation. Malgré tout, la

nouvelle obtention de fétuque rouge FR 0315

possède des caractéristiques particulières qui

pourraient être utilisées avantageusement

dans certains cas et ainsi justifier une recom-

mandation. Malheureusement, la FR 0315 ne

remplit pas encore toutes les exigences légales

pour une mise en circulation et ne peut donc

pas être recommandée pour l’instant. Toutes

les variétés déjà recommandées ont été

maintenues dans la Liste des variétés recom-

mandées de plantes fourragères.

– la véritable fétuque rouge (F. rubra L. s.str.), avec ses

rhizomes souvent souterrains, également connue sous

le nom de fétuque rouge traçante.

La fétuque rouge traçante est la plus intéressante

pour la production fourragère, car sa capacité d’enga-

zonnement permet de combler les lacunes du peuple-

ment végétal. Dans les mélanges, elle remplit la fonction

de «garantie»: elle sert à combler le peuplement en cas

de défaillance d’un des partenaires du mélange (fig. 2)

et assure ainsi un rendement minimal (Mosimann et al.

2008). C’est pourquoi il est souhaitable que les variétés

de fétuque sélectionnées aient un bon potentiel d’enga-

zonnement et une force de concurrence élevée.

En général, la fétuque rouge se développe mieux dans

les prairies et pâturages moyennement maigres à

moyennement riches en éléments nutritifs, dans des

conditions d’exploitation peu à mi-intensives. Elle est

favorisée par une hauteur de coupe pas trop basse et

peut également supporter un régime d’exploitation

intensif. La fétuque rouge est peu exigeante en tempé-

rature et en humidité.

Crételle des prés

La crételle des prés (Cynosurus cristatus L.; fig. 1) se

trouve dans les prairies et, surtout, dans les pâturages

humides et frais. Plus l’altitude augmente, plus elle

reprend la fonction qui est celle du ray-grass anglais

Figure 2 | Fétuque rouge dans le cadre d’essais à Oensingen: la fétuque rouge forme des peuplements très denses. A premier plan, les variétés Pran-Solas (à gauche) et Bargaret (à droite). (Photo: ART)

Page 22: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés

322 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

(Lolium perenne L.) sur le Plateau. Toutefois, la crételle

des prés n’atteint pas le rendement du ray-grass anglais.

Comme elle ne pousse pas très haut, son utilisation est

limitée aux pâturages. Elle est par exemple employée

dans les mélanges pour pâture comme espèce complé-

mentaire afin de mieux préserver le peuplement des

influences environnementales (Mosimann et al. 2008).

Cette fonction stabilisante est particulièrement impor-

tante en altitude.

Après le semis, la crételle des prés se développe plus

lentement que le ray-grass anglais. Elle forme de petites

touffes et souvent de courts rhizomes souterrains. Ces

rhizomes ne suffisent généralement pas au maintien de

l’espèce dans la composition botanique. C’est pourquoi il

est important que les plantes puissent produire des graines,

bien que les tiges rugueuses chargées d’épis soient refu-

sées par le bétail. Les feuilles en revanche ont une bonne

valeur fourragère et sont appréciées des animaux. Pour

l’observateur il est souvent difficile de distinguer la cré-

telle des prés du ray-grass anglais, car les feuilles de ces

deux espèces se ressemblent beaucoup au premier abord.

La crételle des prés n’est pas une plante exigeante,

mais elle résiste mal à la sécheresse. Elle supporte bien

les conditions hivernales, à l’exception des périodes de

gel sévère.

M a t é r i e l e t m é t h o d e

Tests sur trois ans

Entre 2008 et 2010, les stations de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW

ont testé huit variétés de fétuque et cinq variétés de cré-

telle des prés, dont deux nouvelles sélections pour

chaque espèce. Les sites expérimentaux (sept pour la

fétuque rouge et six pour la crételle des prés) étaient

répartis entre 430 m et 1850 m d’altitude, la majorité sur

le Plateau.

Les variétés ont été semées en cultures pures afin

d’évaluer leurs principales propriétés agronomiques. De

plus, chaque variété a été semée dans des mélanges

contenant du trèfle rouge et du trèfle blanc pour esti-

mer la force de concurrence. La part de rendement de la

variété testée dans ces mélanges permettait en effet de

déduire sa force de concurrence. Les données relatives à

la situation géographique des essais et au semis sont

répertoriées dans le tableau 1.

A chaque pousse, les cultures pures ont reçu un

apport de 40 à 50 kg d’azote par hectare, sous la forme

de nitrate d’ammoniaque. Des quantités réduites (25 à

30 kg d’azote/ha) ont été appliquées sur les mélanges,

car le trèfle fournit déjà une certaine quantité d’azote.

Fétuque rouge Crételle des prés

Nombre de répétitions

Nombre decoupes pesées

Nombre de répétitions

Nombre decoupes pesées

Lieu (canton)Altitude

(m)Date de semis Culture pure1 Mélange2 2009 2010 Culture pure3 Mélange4 2009 2010

Changins, VD 430 07/05/2008 3 – 5 4 3 – 1 3

Reckenholz, ZH 440 08/05/2008 4 3 4 4 – – – –

Reckenholz, ZH 440 15/04/2009 (resemé) – – – – 4 3 – 4

Oensingen, SO 460 09/05/2008 4 3 4 4 4 3 4 3

Ellighausen, TG 520 14/05/2008 4 3 4 4 4 3 4 4

Goumoëns, VD 630 14/05/2008 3 3 5 4 – – – –

La Frêtaz, VD 1200 01/07/2008 4 – – – 4 2 – –

Maran, GR 1850 06/06/2009 2 – – 1 2 – – 1

Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés 2008 – 2010

1culture pure: 240 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «echo»).

2mélange : 180 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «echo») + 10 g/are trèfle violet «mont calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»

3culture pure: 200 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «cresta»).

4mélange: 150 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «cresta»)

+ 10 g/are trèfle violet «mont calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»

Page 23: Edition 7+8 juillet-août 2011

Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale

323Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

cas de différence positive et de 6 en cas de différence

négative. Si l’écart représente deux tiers de la ppds (5 %),

la note est de 3 en cas de différence positive et de 7 en

cas de différence négative. Pour un écart équivalent à la

totalité de la ppds (5 %), la note est de 2 (différence posi-

tive) et de 8 (négative). Une note de 1, respectivement 9,

est attribuée lorsqu’il y a une différence d’au moins une

ppds entière au niveau de 1 %.

Lors des trois premières coupes de la première année

d’exploitation principale, des échantillons ont été préle-

vés dans les cultures pures de crételle des prés sur le site

d’Oensingen afin de déterminer la teneur en matière

organique digestible (MOD). Les analyses de laboratoire

ont été effectuées par spectrophotométrie à infrarouge

(Norris et al. 1976.). La digestibilité a été exprimée en g

de matière organique digestible par kg de matière

sèche. Les valeurs obtenues ont été calibrées en utilisant

du jus de panse, d’après la méthode de Tilley et Terry

(1963). Les valeurs mesurées ont ensuite été converties

en notes à l’aide de la même méthode qu'avec le rende-

ment.

Pour intégrer plus facilement les caractéristiques exami-

nées dans l’indice global, toutes les observations ont été

notées sur une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note

et 9 la plus mauvaise.

Les différents critères (densité et vigueur des plantes –

inclus dans l’aspect général –, vitesse d’installation,

résistance aux maladies foliaires et tolérance aux condi-

tions hivernales) ont été observés à plusieurs reprises et

évalués selon l’échelle ci-dessus. La persistance corres-

pond aux notes d’aspect général de la dernière coupe

durant la deuxième année d’exploitation principale. Les

notes de l’aspect général des variétés testées à plus de

1000 m permettent d’évaluer l’adaptation aux condi-

tions d’altitude (fig. 3).

Les rendements en matière sèche mesurés au champ

ont été convertis en notes à l’aide de méthodes statis-

tiques, pour les intégrer dans le calcul d’un indice global:

le rendement moyen annuel d’une variété est comparé

avec la moyenne de l’essai. S’il s’écarte d’un tiers de la

plus petite différence significative (ppds) à 5 % par rap-

port à la moyenne de l’essai, il obtient une note de 4 en

Figure 3 | Crételle des prés à 1850 m d’altitude en première pousse. Au premier plan, la variété Rožnovská. (Photo: ART)

Page 24: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés

324 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

La note de la force de concurrence se calcule à partir

de la part de la variété à tester dans le rendement total

du mélange, selon la formule:

Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement

L’évaluation globale d’une variété permet d’obtenir un

indice global pondéré à partir de tous les critères relevés.

Pour la fétuque rouge, le rendement, l’aspect général, la

force de concurrence, la persistance, la digestibilité et

l’adaptation aux conditions d’altitude comptaient

double dans ce calcul. Pour la crételle des prés, la résis-

tance aux conditions hivernales et la digestibilité comp-

taient elles aussi double.

Une variété peut être admise dans la «Liste des variétés

recommandées de plantes fourragères» (Frick et al. 2010)

lorsque son indice se situe au moins 0,20 points en dessous

(valeur inférieure = meilleure) de la moyenne des variétés

recommandées jusqu’ici (variétés témoins). Une variété

peut également être recommandée si elle présente des

propriétés particulièrement précieuses, même si elle n’at-

teint pas tout à fait l’indice nécessaire à la recommandation.

En revanche, une ancienne variété recommandée est

radiée de la liste lorsque son indice dépasse de plus de

N° VariétéRende-ment1*

Aspect général*

Vitessed'intallation

Force de concurrence*

Persistance*

Résistance/tolérance auxAdaptation à

l'altitude* Indiceconditions hivernales

Maladies foliaires

1 Echo 3,8 3,4 3,6 4,3 3,6 4,7 2,4 4,5 3,83

2 Roland 21 5,0 3,5 4,1 3,9 4,2 4,4 2,4 3,5 3,94

3 Reverent 4,6 3,8 4,6 3,5 3,1 5,6 2,4 4,7 4,00

4 Bargaret 4,3 3,9 4,6 4,2 4,1 5,1 2,9 4,5 4,19

5 Tagera 5,4 3,9 4,3 3,5 4,5 5,5 2,2 4,3 4,27

6 Pran-Solas 5,7 4,0 3,6 3,8 4,5 5,4 2,4 4,1 4,28

Moyenne des témoins 4,8 3,8 4,1 3,9 4,0 5,1 2,5 4,2 4,08

7 FR 0315 5,0 3,7 3,2 3,2 4,0 5,3 3,0 4,0 3,94

8 FRR 04206 6,0 3,8 2,9 3,6 4,3 5,4 2,0 3,5 4,05

Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de fétuque rouge 2008 – 2010

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins).notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais.1notes de rendement de 5 lieux avec 4 à 5 coupes pesées en 2009 et de 6 lieux avec 1 à 4 coupes pesées en 2010.*caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.

N° Variété Requérant, pays Indice de précocité1 Classement2

1 Echo DLF-Trifolium, DK 51b 1

2 Roland 21 SZ Steinach, D 51b 1

3 Reverent SZ Steinach, D 51b 1

4 Bargaret Barenbrug, NL 52a 1

5 Tagera Tagro, CZ 51a 1

6 Pran-Solas Schweizer, CH 52a 1

7 FR 0315 DSP/ART, CH 51b 3

8 FRR 04206 EURO GRASS, D 51b 3

Tableau 2 | Essais variétaux de fétuque rouge: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.

1indice de précocité : période à laquelle débute l'épiaison à changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). exemple : 52a = 11 – 15 mai.

2classement (sur la base des résultats des essais): classe 1: variété recommandée en Suisse. classe 3: variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes.

Page 25: Edition 7+8 juillet-août 2011

Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale

325Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

Dépassant toutes les autres, la variété Echo a une fois

encore obtenu de très bons résultats, notamment grâce

à de bonnes notes pour le rendement, l’aspect général

et la persistance. Tagera et Pran-Solas, qui présentaient

des faiblesses pour ces mêmes propriétés importantes,

ont maintenu de justesse leur inscription sur la liste

recommandée, en dépit de très bons résultats pour la

force de concurrence. Tagera a par exemple obtenu une

note de rendement de seulement 5,4, et Pran-Solas de

5,7 (tabl. 3). La différence est considérable par rapport à

la note de 3,8 obtenue par Echo. Pour l’aspect général et

la persistance, les différences étaient moins marquées.

0,20 point l’indice standard (valeur supérieure = résultat

plus mauvais). En outre, une variété ne peut pas être

recommandée si elle dépasse de 1,50 points ou plus la

moyenne du standard sur un des critères importants.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Fétuque rouge: situation difficile

Toutes les variétés déjà recommandées ont atteint un

indice permettant de maintenir leur recommandation

(tabl. 2), même si le classement a quelque peu varié par

rapport aux derniers tests (Suter et al. 2004).

N0 Variété Requérant, pays Indice de précocité1 Classement2

1 Rožnovská Tagro, CZ 53a 1

2 Lena HBLFA, AT 53b 1

3 Cresta DSP/ART, CH 53a 1

4 CC 0405 DSP/ART, CH 53b 4

5 CC 0105 DSP/ART, CH 53b 4

Tableau 4 | Essais variétaux de crételle des prés: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1indice de précocité: période à laquelle débute l'épiaison à changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). exemple : 53b = 26 – 31 mai.2classement (sur la base des résultats des essais): classe 1: variété recommandée en Suisse. classe 4: variété ne convenant pas à la culture en Suisse.

No VariétéRende-ment1*

Aspect géné-ral*

Vitessed'intallation

Force de concurrence*

Persis-tance*

Résistance/tolérance aux

MOD2* Adaptation àl'altitude*

IndiceConditions hivernales

Maladies foliaires

1 Rožnovská 1,8 3,5 5,4 5,1 4,3 4,5 3,3 5,0 4,0 4,06

2 Lena 4,5 3,6 4,7 5,5 4,1 4,2 3,8 5,7 3,0 4,34

3 Cresta 6,3 4,4 5,4 5,6 5,3 4,9 4,3 4,3 3,7 4,92

Moyenne des témoins 4,2 3,8 5,2 5,4 4,6 4,6 3,8 5,0 3,6 4,44

4 CC 0405 6,8 4,4 4,5 6,2 5,4 4,4 4,3 5,0 3,4 4,97

5 CC 0105 7,3 5,5 6,4 6,5 6,2 5,8 3,9 5,3 4,3 5,73

Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de crételle des prés 2008 – 2010

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins).notes : 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais1notes de rendement de 3 lieux en 2009 et de 5 lieux en 2010 avec 1 à 4 coupes pesées.2moD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2009 à oensingen.*caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.

Page 26: Edition 7+8 juillet-août 2011

326

Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

Echo a obtenu une note de 3,4 pour l’aspect général et

s’est classée à la deuxième place pour la persistance avec

une note de 3,6. Parmi les nouvelles sélections, FR 0315

n’a pas totalement atteint l’indice standard, avec une

note de 5,0 pour le rendement, mais était tout à fait au

niveau de l’indice standard pour l’aspect général et la

persistance. Pour la force de concurrence, la FR 0315 a

obtenu la meilleure note de la série d’essai et est arrivée

en deuxième position pour l’adaptation à la haute alti-

tude. Par conséquent, FR  0315 a obtenu le deuxième

meilleur indice global de la série d’essai, ce qui n’a néan-

moins pas suffi pour obtenir une recommandation. Dans

ce cas précis, il serait bon de se demander si cette variété

ne pourrait pas remplir une fonction importante en

dépit de certaines faiblesses: la FR  0315 est issue de

matériaux réunis en Suisse, ce qui est particulièrement

positif pour la fétuque rouge. Cette variété pourrait être

employée notamment dans les prairies mises en place à

partir de mélanges de graminées et de trèfle blanc lon-

gue durée, afin d’être transférée ultérieurement dans

des peuplements pérennes. Pour une question de pro-

tection des ressources génétiques de la fétuque rouge, il

est préférable d’utiliser du matériel indigène à cette fin

plutôt que des variétés de fétuque rouge d’origine

inconnue. Au moment d'imprimer cet article, les condi-

tions n’étaient pas encore réunies pour inscrire la variété

FR 0315 dans le catalogue officiel des variétés. C’est la

raison pour laquelle cette variété ne peut pas encore

être recommandée en dépit de ses propriétés de grande

valeur.

Crételle des prés: la base reste maigre

Avec seulement trois variétés de crételle des prés recom-

mandées, l’approvisionnement en semences de variétés

sélectionnées est tout juste assuré pour cette espèce

(tabl. 4). Parmi les trois variétés recommandées,

Rožnovská et Lena se démarquent nettement de Cresta.

Pour le rendement, l’aspect général et la persistance,

Rožnovská et Lena occupent les deux premières places

des cinq variétés testées (tabl. 5).

Hélas, les deux nouvelles sélections CC  0105 et

CC 0405 n’ont pas été convaincantes. Elles ont obtenu

des notes moins bonnes que l’indice standard pour

presque tous les paramètres – surtout pour la force de

concurrence et le rendement – et ne seront donc pas

recommandées. Elles ne peuvent donc pas remplacer la

variété Cresta, qui n’a pas atteint l’indice global néces-

saire au maintien de la recommandation et qui, avec une

note de rendement de 6,3 a obtenu un résultat plus

mauvais que l’indice standard (+ 1,5 points). Cette

variété a été initialement admise dans la liste des varié-

tés recommandées pour garantir la disponibilité de

variétés sélectionnées. Pour cette même raison et en

dépit de ses faiblesses, la variété Cresta est maintenue

dans la Liste des variétés recommandées de plantes

fourragères.

C o n c l u s i o n s

Les rares nouvelles sélections inscrites aux tests pour les

deux espèces considérées semblent confirmer la ten-

dance à abandonner, ou tout au moins à restreindre, en

raison de leurs coûts élevés, les programmes de sélec-

tion des «petites espèces», c’est-à-dire des espèces où la

demande internationale de semences est faible.

Sans compter le petit nombre de nouvelles sélections

disponibles, la qualité moyenne des variétés de ces

espèces augmentera sans doute moins rapidement que

celui des espèces plus importantes pour l’agriculture. n

Page 27: Edition 7+8 juillet-août 2011

327

Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Risultati dei test varietali su festuca

rossa e coda di cane

Dal 2008 al 2010, le stazioni di ricerca

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e

Agroscope Changins-Wädenswil ACW

hanno esaminato l'idoneità alla coltiva-

zione di novità varietali e varietà racco-

mandate di festuca rossa e coda di

cane. Per valutare le varietà sono state

prese sistematicamente in considera-

zione le seguenti caratteristiche: resa,

aspetto generale, precocità, forza di

concorrenza, persistenza, idoneità allo

svernamento, resistenza a malattie

fogliari e idoneità alla coltivazione ad

alta quota. Nel caso della coda di cane

è stata determinata anche la digeribi-

lità della sostanza organica. In

entrambi i casi nessuna delle novità

varietali ha ottenuto i risultati neces-

sari per una raccomandazione. Ciono-

nostante, la novità varietale di festuca

rossa FR 0315 possiede particolari

proprietà che, in determinati casi,

potrebbero essere utilizzate in modo

più vantaggioso, giustificando così una

raccomandazione. Purtroppo FR 0315

non adempie ancora tutte le condizioni

legali per l'immissione in commercio in

Svizzera. Ciò impedisce una raccoman-

dazione al momento. Le varietà già

raccomandate saranno mantenute

nella Lista delle varietà raccomandate

di piante foraggiere.

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011

Bibliographie b Frick R. , Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2010. Liste 2011– 2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agrono-mique Suisse 1 (10), 1–16.

b Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère: Révision 2009–2012. Revue suisse Agric. 40 (5), 1–12.

b Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting fo-rage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Sci-ence 43, 889–897.

b Suter D., Briner H. U., Mosimann E. & Stévenin L., 2004. Sortenversuche mit Wiesenschwingel und Rotschwingel. Agrarforschung 11 (7), 274–279.

b Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.

Results of red fescue and crested

dogstail variety trials

From 2008 to 2010, the Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART and Agro-

scope Changins-Wädenswil ACW

research stations tested new breeds

and recommended varieties of red

fescue and crested dogstail. The

evaluation of the varieties was based

on systematic observations of yield,

vigour, juvenile development, competi-

tive ability, winter hardiness, resistance

to leaf diseases and the ability for

cultivation at higher altitudes. In

addition, the digestible organic matter

of crested dogstail was evaluated. No

new breed attained results allowing

for recommendation. Nevertheless, the

particular characteristics of the new

breed of red fescue FR 0315 may

provide a benefit in certain cases and

thus justify recommendation. Unfortu-

nately, FR 0315 does not meet all legal

requirements for trade yet and thus

cannot be recommended at this time.

All the varieties recommended so far

are still recommended.

Key words: Festuca rubra, Cynosurus

cristatus, red fescue, crested dogstail,

variety testing, yield, digestibility,

persistence.

Page 28: Edition 7+8 juillet-août 2011

328 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

Visite d’un verger de pommiers, Allemagne du Sud. (Photo: Johannes Hanhart, AGRIDEA)

Esther Bravin1, Mirjam Blunschi1, Markus Leumann2, Ueli Straub3, Timo Hirrle4, Johannes Hanhart3,

Richard Hollenstein5 et Bea Steinemann3

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Service de l’agriculture du canton de Schaffhouse, Charlottenfels, 8212 Neuhausen am Rheinfall3Agridea, Eschikon 28, 8315 Lindau4Centre de compétences d’Obstbau-Bodensee, Schuhmacherhof, D-88213 Ravensburg5Canton de St-Gall, Landwirtschaftliches Zentrum SG, 9230 Flawil

Renseignements: Esther Bravin, e-mail: [email protected], tél. + 41 44 783 62 44

I n t r o d u c t i o n

Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» a

été lancé en 2009 dans le cadre du programme Interreg

IV. Son but: développer les capacités de gestion d’exploi-

tation dans l’arboriculture fruitière professionnelle dans

la région du Lac de Constance. Il est mené conjointe-

ment par huit partenaires des cantons de Thurgovie, de

St-Gall et de Zurich ainsi que de la région du Bade-Wur-

temberg en Allemagne du Sud. La recherche (Agroscope

Changins Wädenswil ACW et le Centre de compétences

d’Obstbau-Bodensee KOB) y est impliquée au même

titre que la vulgarisation (Centrale de vulgarisation agri-

cole AGRIDEA et les services de vulgarisation des cantons

de Thurgovie et de St-Gall) et des institutions privées de

conseil fiscal (Agrotreuhand Thurgau, Steuerbüro Wag-

gershauser et Steuerberatungsgesellschaft Schneken-

burger). Cette hétérogénéité comporte des avantages.

Les conseillers fiscaux et les conseillers en arboriculture

cantonaux sont en contact direct avec la pratique. Ils

peuvent motiver les arboriculteurs à prendre une part

active au projet. Ils savent où ceux-ci connaissent des dif-

Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 29: Edition 7+8 juillet-août 2011

Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale

329

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

Dans le cadre du programme Interreg

«Gestion d’exploitation dans l’arboriculture»

visant à promouvoir les compétences en la

matière des arboriculteurs fruitiers de la

région du Lac de Constance, 90 arboriculteurs

d’Allemagne et de Suisse ont eu l’occasion

d’identifier les enjeux du futur. Ces enjeux

ont été abordés à l’aide de la méthode

«recherche-action», par la formation de

cercles de travail permettant des échanges

entre les acteurs de part et d’autre de la

frontière. Les informations obtenues permet-

tront d’élaborer un guide pratique à l’usage

des arboriculteurs fruitiers de la région du Lac

de Constance, à des fins de vulgarisation et

de formation.

ficultés et comment un projet dans le domaine de la ges-

tion d’exploitation peut leur apporter un soutien utile.

La vulgarisation peut quant à elle transmettre à la pra-

tique les résultats du projet en vue de leur mise en

œuvre. La recherche assume enfin un rôle important de

mise à disposition des informations, de développement

de sujets et de publication des résultats.

Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboricul-

ture» est né de la collaboration au sein du projet Inter-

reg-III Bogo – Bodensee Gemüse und Obst (projet

concernant les cultures maraîchères et fruitières dans la

région du Lac de Constance) et de la collaboration exis-

tant depuis 2004 entre recherche, vulgarisation et pra-

tique dans le cadre du projet «Support Obst Arbo» (SOA).

Lors d’une première rencontre du projet sur terri-

toire suisse et allemand de part et d’autre du Lac de

Constance, les partenaires ont commencé par formuler

des buts communs pour le projet global «Gestion d’ex-

ploitation dans l’arboriculture». Ces buts devront être

atteints via quatre projets partiels dans lesquels les par-

tenaires s’engagent avec leurs compétences propres,

mais avec un budget temps variable. Étant donné que

près de 50 % des fonds nécessaires sont fournis par les

partenaires et 50 % par Interreg, les buts du projet

devraient coïncider avec les domaines dans lesquels les

partenaires travaillent. Le projet a été formulé autant

que possible dans une perspective à long terme, ce qui

signifie qu’à l’avenir, quelques projets partiels seront

reconduits sans le financement d’Interreg. De plus, dès

la phase de planification, un fort accent a été mis sur le

transfert de connaissances à la pratique.

Figure 1 | Régions concernées par le projet et partenaires du projet.

Les quatre projets partiels ou volets du projet

global figurent ci-après.

•• 1er volet ⇒ Comptabilité & gestion de

parcelles

•• 2e volet ⇒ Outil de controlling

•• 3e volet ⇒ Conseil & instruction

•• 4e volet ⇒ Service de documentation &

organisation administrative

Le présent rapport est consacré au 3e volet

«Conseil et instruction».

Centre professionnelet de formation BBZ

Centre agricole LZSGSt.-Gall

Fiduciaire Sàrl Dr. Schekenburger, Ravensburg

Fiduciaire Waggershauser, Überlingen

ForschungsanstaltAgroscope Changins-Wädenswil ACW

Allemagne

AutricheSuisse

Station de recherche

Page 30: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions

330 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

Compétences des arboriculteurs

Demain comme aujourd’hui, pour réussir en arboricul-

ture fruitière, les producteurs devraient disposer de com-

pétences dans les domaines suivants:

•• Technique de production: la culture de nouvelles

variétés, par exemple, exige de bonnes techniques

culturales; les produits phytosanitaires sont à utiliser

après une évaluation compétente de la situation

climatique, de la pression des maladies et du risque de

développement de résistances; pour la régulation de

la charge, il faut tenir compte de l’influence du climat

et des spécificités de chaque variété.

•• Organisation: 60 % de l’ensemble des travaux à

effectuer dans les vergers fruitiers (Arbokost 2010) se

font entre août et octobre. L’importante charge de

travail est assumée principalement par du personnel

externe, ce qui engendre des frais salariaux. L’organi-

sation est très importante si l’on veut éviter le travail à

vide et les temps morts, réaliser de bonnes récoltes et

atteindre un bon rendement du travail.

•• Stratégie: la production fruitière se planifie sur 15 à

20 ans. Les décisions doivent être prises selon une

vision à long terme, elles doivent être cohérentes et

conserver leur validité dans le futur.

•• Finances/gestion d’exploitation: les investissements

dans l’arboriculture fruitière se situent entre

60 000 CHF/ha (pommes) et 130 000 CHF/ha (cerises)

(total des fonds investis à fin de la 3e année de

plantation, Arbokost 2010). Ces investissements

conséquents supposent donc de bonnes compétences

en matière de finances et de gestion d’entreprise. Les

arboriculteurs sont par ailleurs confrontés à un défi

supplémentaire: ils ne reçoivent l’argent de leur

production que lorsque les fruits sortent de l’entrepôt.

Autrement dit, 10 mois peuvent s’écouler entre la

récolte et le moment où ils seront rétribués. Ils doivent

surmonter cette période et engager leurs fonds de

manière judicieuse pour disposer entre-temps des

liquidités nécessaires à couvrir au moins leurs

dépenses à court terme, mais essentielles (p. ex.

main-d’œuvre).

Les arboriculteurs sont par ailleurs sans cesse confrontés

à de nouveaux défis, par exemple, en Suisse, à l’éventua-

lité d’un libre échange agro-alimentaire avec l’UE, ou à

des maladies encore relativement nouvelles (feu bacté-

rien, sharka, etc.). La libre circulation des travailleurs à

partir du mois de mai 2011 entre 8 pays de l’UE pourrait

causer des problèmes à l’agriculture allemande (Huber

2011). Or, sans l’implication des producteurs, la recherche

et la vulgarisation ne peuvent ni l’une ni l’autre définir

avec précision les besoins les plus urgents des arboricul-

teurs et le soutien dont ils ont besoin pour pouvoir conti-

nuer à produire des fruits de manière rentable. Dans le

but d’identifier les principaux de ces défis et de dévelop-

per des solutions qui soient également applicables par

les producteurs, on a opté dans le projet Interreg-IV

«Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» pour l’ap-

proche de la recherche-action, une méthode déjà appli-

quée dans le projet «Lait de montagne» (Durgiai et al.

2008). La «recherche-action» selon Moser (1997) a été

décrite par Stähli et Egli-Schaft (2008) comme étant

basée sur un modèle cyclique qui comporte les quatre

éléments suivants:

•• Collecte d’informations: inventaire des informations

venant du groupe et du savoir théorique portant sur

le sujet considéré.

•• Discussion: le groupe analyse et remet en question les

informations en se référant à ses propres expériences.

Le groupe est accompagné par des chercheurs/experts

qui peuvent fournir des recommandations et proposer

des alternatives quand il s’agit de prendre des

décisions.

•• Orientation de l’action: pour l’action sur le terrain, on

détermine un consensus minimal avec certaines règles.

•• Action: concrétisation des résolutions prises.

•• La concrétisation devrait donner de nouvelles impul-

sions pour les cycles futurs.

Workshop daysPour identifier les principaux défis auxquels l’arboricul-

ture fruitière de la région du Lac de Constance sera

confrontée ces cinq prochaines années, les producteurs

ont été invités dans un premier temps à participer à des

journées de travail (ateliers ou workshop days): celles-ci

se sont déroulées fin 2009 et ont permis de recueillir de

premières informations auprès des producteurs.

90 producteurs de fruits, dont 67 du côté suisse et 23

du côté allemand du lac de Constance, ont participé à

cinq ateliers (voir figure ci-dessous). Les 90 producteurs

en question représentent presque le 20 % de tous les

producteurs de fruits sur le territoire helvétique du pro-

jet (les cantons de Zurich, de Thurgovie et de St-Gall

totalisent 472 exploitations arboricoles de plus de 1 ha

de cultures fruitières; OFAG 2011). Du côté allemand du

Lac de Constance, on compte 1759 producteurs de fruits,

ce qui fait que le taux de représentativité de la région

allemande était d’environ 1 % (MLR 2011).

Au cours des ateliers, les producteurs ont pu répondre

aux questions suivantes:

•• Selon vous, à quels défis serez-vous confronté ces cinq

prochaines années?

Page 31: Edition 7+8 juillet-août 2011

Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale

331Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

Mettre l’accent sur les groupes de travail

Les défis identifiés par les producteurs ont été regroupés

par thèmes, ce qui a permis de définir les domaines de

travail suivants:

•• Planification de l’exploitation, gestion du temps et

collaboration.

•• Rationalisation, mécanisation, efficience dans le

travail.

•• Conduite du personnel, coût de la main d’œuvre,

recrutement du personnel.

•• Choix des variétés et des porte-greffes, systèmes de

culture.

•• Prévisions d’avenir, reprise, qualité de vie.

Au début de l’année 2010, les producteurs de fruits de

Suisse et d’Allemagne ont pu s’inscrire pour participer

aux groupes de travail.

De 2010 à 2011, les cinq groupes ont travaillé en

parallèle, selon des méthodes analogues. Pour chaque

groupe, 4 à 5 rencontres étaient prévues. Lors de la pre-

mière rencontre, les participants ont pu encore une fois

cibler et pondérer certains domaines thématiques. Des

thèmes concrets ont été définis à partir des domaines

thématiques généraux des ateliers. Des règles de colla-

boration ont été fixées dans chaque groupe de travail:

•• Comment entendez-vous y réagir ?

•• De quel type de conseils avez-vous besoin à cet effet ?

Les producteurs pouvaient identifier d’abord en groupe

des défis importants. À la fin de l’atelier, chaque partici-

pant pouvait déclarer deux thèmes prioritaires. Les

thèmes priorisés sont représentés à la figure 2. Les résul-

tats révèlent ici quelques différences entre les exploita-

tions suisses et allemandes:

Les résultats obtenus aux ateliers de St-Gall, de Thur-

govie et de Zurich montrent que les producteurs sondés

considèrent l’aménagement du territoire et la crois-

sance des exploitations ainsi que la gestion du person-

nel et la productivité du travail comme leurs principaux

défis des années à venir.

Les résultats des ateliers allemands montrent que

l’équilibre personnel travail / vie privée ainsi que la pro-

ductivité, la pression sur les prix et la conduite du per-

sonnel sont considérés comme les plus grands défis de

ces prochaines années.

La question variétale semble être particulièrement

importante pour les producteurs de fruits du canton de

Thurgovie et de la région de Bodman (D). La commercia-

lisation et l’écoulement sont des thèmes importants

pour les producteurs du canton de Zurich.

17%

14%

32%

6%

5% 3%

6%

11%

6%

Thurgovie (CH)n = 37

8% 8%

17%

17%

50%

Bade-Wurtemberg - Bodman (D)n = 8

16%

4%

20%

4% 28%

4%

24%

Bade-Wurtemberg - Bavendorf (D)n = 15

Aménagement du territoire et croissance des exploitations Gestion du personnel

Productivité et productivité du travail Organisation et collaboration

Équilibre personnel

Commercialisation et écoulement

Pression / chute des prix

Reprise

Variétés

21%

18%

4% 14%

14%

25%

4%

Zurich (CH)n = 14

30%

37%

15%

6%

12%

St-Gall (CH)n = 16

Autres

Figure 2 | Résultats des ateliers (workshop days).

Page 32: Edition 7+8 juillet-août 2011

332

Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

confidentialité des entretiens, établissement d’un

«pv-photo» et obligation de participer. Jusqu’au prin-

temps 2011, 18 rencontres ont eu lieu dans le cadre des

groupes de travail. Le nombre des participants variait

entre 5 et 15 personnes, selon le cercle et les ateliers.

Déroulement des discussions dans les groupes de travail

Les groupes de travail étaient conduits par des collabo-

rateurs des partenaires du projet. Autrement dit par

AGRIDEA, le KOB, les services de vulgarisation des can-

tons de St-Gall et de Thurgovie, par AT-Thurgau ou par

ACW. Une équipe mixte de deux à trois personnes était

responsable de chaque groupe.

Les groupes de travail ont été conçus de manière à ce

que les arboriculteurs déterminent à chaque rencontre

le thème de la prochaine rencontre. Ils pouvaient en

outre se donner eux-mêmes des «devoirs» concernant

leur propre situation dans le verger sur le thème abordé.

La récolte est un exemple de thème traité dans le groupe

de travail «Rationalisation, mécanisation, efficience

dans le travail». Les producteurs ont fait des photos de

leur propre récolte, et lors de la prochaine rencontre, les

avantages et inconvénients des différentes stratégies de

récolte ont été discutés sur la base des clichés. Les ren-

contres des groupes de travail avaient lieu sur les exploi-

tations des participants, en Allemagne ou en Suisse.

Toutes les rencontres des groupes de travail se dérou-

laient à peu près comme suit:1. Accueil

2. Prise de température (p. ex. «ce qui me préoccupe

actuellement, c’est…»)

3. Partie informative: contributions sous forme d’expo-

sés présentés par des experts et/ou présentation

d’expériences/de connaissances par les arboriculteurs

4. Discussion et échange sur les contenus de la partie

informative

5. Consolidation de l’acquis qui émerge de la discussion

(p. ex. «contributions à retenir»)

6. Tour du verger

7. Réactions destinées à l’hôte (chef de l’exploitation),

avec focalisation sur le thème du jour

8. Discussion finale

9. Choix des thèmes de la prochaine rencontre

10. Tour de table: chaque producteur résume la rencontre

en une phrase (p. ex. les idées à retenir, ce qu’il/elle va

utiliser pour son exploitation…)

Les participants reçoivent le de l’atelier. Celui-ci leur sert

d’aide-mémoire contenant les informations générales

discutées et le savoir consolidé. Les groupes de travail se

sont en outre penchés sur les questions de la mise en

œuvre et des liens avec la pratique. L’arboriculteur

devrait être ainsi en mesure de transposer dans son tra-

vail les expériences et le savoir acquis dans le cadre du

groupe de travail. De plus, les producteurs de fruits se

sont imposé eux-mêmes des «devoirs» collectifs dans le

cadre des groupes de travail, afin de se motiver à agir sur

leur propre exploitation.

Guide pratique

Les informations définies par les arboriculteurs et saisies

dans les procès-verbaux permettront d’élaborer un

guide pratique à l’usage des praticiens en arboriculture

fruitière dans la région du Lac de Constance, en Alle-

magne et en Suisse. Ce guide doit servir d’aperçu des

thèmes d’actualité importants pour la pratique. Comme

il contient des ébauches de solution pour les défis de la

branche fruitière, il devrait accompagner tout arboricul-

teur actif. Celui-ci devrait pouvoir y trouver des informa-

tions importantes sur des thèmes spécifiques comme

l’aménagement du territoire, la récolte, les variétés, la

collaboration, etc.

Le guide structuré par thèmes résumés en quelques mots

selon le plan suivant:

➢ Pourquoi ce thème est-il important?

➢ Défi pour le chef d’exploitation

➢ Situation: Allemagne et Suisse

➢ Quels sont les arguments pour?

➢ Quels sont les arguments contre?

➢ Check-list de décision

➢ Remarques sur les informations disponibles

C o n c l u s i o n s

Les producteurs qui ont participé aux rencontres des

groupes de travail ont fort apprécié l’échange transfron-

talier avec des collègues de la profession. Ils ont pu

constater des similitudes et des différences, et ils en ont

tiré des enseignements. De nombreux arboriculteurs ont

apprécié le fait que les rencontres des groupes de travail

aient lieu sur des exploitations d’autres producteurs. La

présentation et la gestion des vergers et des exploita-

tions de leurs collègues leur ont permis d’élargir leur

savoir de manière appréciable. Une partie des arboricul-

teurs ayant participé aux cercles de travail souhaitent

pouvoir continuer de travailler ensemble sur des thèmes

spécifiques dans le cadre d’ateliers. Les thèmes proposés

par les producteurs étaient souvent très spécifiques. La

mise à disposition des informations probantes et utiles

présentées dans les exposés a été un véritable défi. Vu la

diversité des thèmes, l’élaboration d’un guide pratique

s’avère difficile. On peut dire que dans le projet Inter-

reg-IV «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture», la

méthode de la recherche-action a fait ses preuves. n

Page 33: Edition 7+8 juillet-août 2011

333

Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale

Ria

ssu

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Sum

mar

y

Action research: Fruit growers search

for solutions

The objective of the Interreg project

«Fruit management» is to improve the

management competences of fruit

growers in the lake Constance region.

90 Swiss and German fruit growers

identified their future challenges. By

using the action research, fruit growers

identified theses challenges and

searched for solutions in working

groups. These informations will be

collected and published in a handbook

which will be used for extension and

instruction purposes.

Key words: action research, fruit

growers.

Ricerca mirata: frutticoltori alla ricerca

di soluzioni

Nell’ambito del progetto Interreg

«gestione frutticoltura» a sostegno del

miglioramento delle competenze di

gestione nella frutticoltura professio-

nale nella regione del lago di Costanza,

90 frutticoltori tedeschi e svizzeri

hanno potuto focalizzare le loro future

sfide. Con il sostegno di attività legate

ad una ricerca mirata, è stato possibile

elaborare a livello transfrontaliero

queste sfide mediante la formazione di

gruppi di lavoro. Le informazioni

elaborate hanno permesso di definire

delle linee guida per i frutticoltori della

regione del lago di Costanza, linee

guida le quali saranno utili anche per

la consulenza e la formazione.

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011

Bibliographie b Arbokost 2010. Betriebswirtschaftliches Simulationsprogramm, Agroscope Changins Wädenswil. Accès: www.arbokost.info-acw.ch /[14.4.2011]

b Durgiai B., Blätter T., Etter L. & Hug-Sutter M., 2008. Strategie-Instru-mente für Bauern und Käsereibetriebe. Agrarforschung 15 (1), 7–12

b Huber F., 2011. Saisonarbeitskräfte 2011 – nur begrenzte Erleichterung. Das Landwirtschaftliche Wochenblatt (LW) Hessen – Rheinland-Pfalz. Accès: http://www.lw-heute.de/saisonarbeitskraefte-2011-begrenzte- erleichterung? [14.4.2011]

b Ministerium für Ländlichen Raum (MLR), Ernährung und Verbraucher-schutz Baden- Württemberg, 2011. Generelle Statistik Obstbaubetriebe 2011, Stuttgart.

b Moser H., 1997. Praxis der Aktionsforschung. Kösel, München. 119 p. b Office fédéral de l'Agriculture OFAG, 2011. Statistik der Obstkulturen – Betriebsgrössenstruktur global. Accès: www.blw.admin.ch [14.4.2011]

b Stähli R. & Egli-Schaft W., 2008. Aktionsforschung, eine Forschungsme-thode auch für die Landwirtschaft. Agrarforschung 15 (1), 4–6.

Page 34: Edition 7+8 juillet-août 2011

334

Le recours à des variétés de pommes résistantes à la tavelure et à une stratégie judicieuse de protection des plantes permet de réduire l’application de produits phytosanitaires et leurs effets sur l’environnement. (Photo: ACW)

I n t r o d u c t i o n

Avec sa nouvelle directive 2009/128/CE, l’UE veut assurer

une utilisation raisonnée des produits phytosanitaires et

diminuer la dépendance de ces produits (CE 2009). Des

programmes nationaux sont censés encourager la pro-

tection phytosanitaire intégrée ainsi que les méthodes et

techniques alternatives. Les stratégies phytosanitaires

devront respecter l’environnement tout en étant effi-

caces et rentables. Il n’existait pas jusqu’à présent de

méthode transparente d’évaluation des aspects écono-

miques et écologiques de la durabilité. Les méthodes

établies ne traitent que d’aspects partiels tels les effets

sur la santé humaine ou sur l’environnement. Dans le

cadre du projet ENDURE de l’Union européenne et en

collaboration avec d’autres instituts européens (Bigler et

al. 2011), les stations de recherche ACW et ART ont mis

au point une méthode permettant de comparer la dura-

bilité de diverses stratégies phytosanitaires. Cette

méthode est appelée «SustainOS» («Sustain» pour dura-

Andreas Naef1, Patrik Mouron2 et Heinrich Höhn1

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Renseignements: Andreas Naef, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 57

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Page 35: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale

335

Rés

um

é

bilité et «OS» pour Orchard Systems). La méthode

Sustain OS comprend une description du système, une

analyse quantitative des aspects partiels de la durabilité

et une agrégation en vue d’établir la durabilité globale.

Dans le cadre d’une étude de cas, SustainOS a été utilisé

pour comparer quatre stratégies phytosanitaires dans

cinq régions d’Europe productrices de pommes. Le but

principal de cette étude de cas était d’élaborer des stra-

tégies phytosanitaires novatrices à écotoxicité réduite.

L’étude a aussi pris en compte d’autres critères de dura-

bilité et l’application des directives nationales de la pro-

tection phytosanitaire intégrée. Nous présentons ici les

résultats de cette étude pour la production de pommes

en Suisse à l’exemple de la région du lac de Constance.

M é t h o d e S u s t a i n O S

La nouvelle méthode comprend plusieurs étapes et les

travaux correspondants sont effectués par un groupe

d’experts. La fig. 1 présente schématiquement le dérou-

lement des opérations. L’évaluation est basée sur une

description des divers systèmes de production (fig. 1a).

Ces descriptions comprennent les données qui seront uti-

lisées pour le calcul des critères de durabilité à l’aide de

méthodes quantitatives telles qu’écobilan, calcul du

risque environnemental et comptabilité analytique (fig.

1b). Les critères de durabilité sont ensuite évalués selon

un système de référence spécifique à la région considé-

rée (fig. 1c). Pour ce faire, nous avons utilisé une échelle

Les stratégies phytosanitaires du futur

devront être efficaces et économiques tout

en ménageant l’environnement. La méthode

SustainOS permet d’évaluer la durabilité des

stratégies phytosanitaires dans la production

de pommes. Elle comprend une description

du système de culture considéré, le calcul des

critères partiels de durabilité ainsi que leur

agrégation pour obtenir une valeur de la

durabilité globale. Dans une étude de cas,

la méthode a été utilisée pour l’analyse

comparative de quatre stratégies phytosani-

taires dans la région du Lac de Constance.

Ces stratégies allaient d’un système dépen-

dant fortement de l’application de produits

phytosanitaires à un système novateur, dans

lequel les produits phytosanitaires sont en

grande partie remplacés par des mesures

alternatives de protection des plantes. Il

ressort de l’étude que les mesures phytosani-

taires alternatives disponibles permettent de

réduire l’écotoxicité et d’autres effets de la

protection phytosanitaire sur l’environne-

ment. Ce progrès écologique s’accomplit

toutefois au prix de désavantages écono-

miques. Le résultat économique pourrait être

à l’avenir amélioré par des stratégies

phytosanitaires novatrices ainsi qu’avec de

nouvelles variétés résistantes censées assurer

des rendements plus élevés et plus stables.

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Description de plusieurs systèmes de culture de pommesDéfinition par des experts des conditions cadres régionales, des objectifs et des mesures phytosanitaires

Méthodes d’analyse quantitatives Écobilan, risques environnementaux des produits phytosanitaires, comptabilité analytique

Durabilité globale

Agrégation des critères de base

Critères de base de la durabilitéRésultats d’analyse évalués selon un système de référence régional

c

a

b

d

Estim

atio

n de

s ex

pert

s po

ur l‘

influ

ence

sur

au

xilia

ires

Dendrogramme hiérarchisé des critères (fig. 2)

Figure 1 | Les étapes de la méthode SustainOS récemment développée pour évaluer et optimiser la durabi-lité de divers systèmes de culture.

Page 36: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires

336

d’évaluation allant de 1 (nettement inférieur) à 5 (nette-

ment meilleur). Les critères évalués de la sorte ont

ensuite été reportés à la base d’un dendrogramme hié-

rarchique des critères (fig. 2). À partir des moyennes

pondérées de deux axes, l’un écologique et l’autre éco-

nomique, nous avons obtenu des critères agrégés qui

nous ont permis finalement de calculer une valeur de

durabilité globale (fig. 1d). Une description détaillée de

la méthode de travail est disponible sur Internet; elle

comprend également les données bibliographiques

correspondantes et peut être téléchargée sous:

http://www.agroscope.admin.ch/obstbau/00878/index.

html?lang=fr, rubrique «Infos complémentaires».

R é s u l t a t s d e l ’ é t u d e d e c a s « P r o d u c t i o n d e p o m m e s e n S u i s s e »

Système «Baseline»

Comme il s’agissait de mettre en évidence le potentiel

d’amélioration de chaque région, toutes les évaluations

ont été faites par rapport à un système de référence

pour la région en question. Du fait des importantes dis-

parités entre les diverses exploitations, il s’est révélé dif-

ficile de définir un système de culture représentatif. Par

ailleurs, il n’est pas judicieux de recourir à un système

basé sur les moyennes des applications saisonnières de

produits phytosanitaires, car les risques pour l’homme et

l’environnement ne peuvent être évalués que sur la base

des quantités réelles de substance active. Par conséquent,

pour la partie de la région du Lac de Constance située en

Suisse, des experts en culture fruitière ont défini comme

système de référence une stratégie phytosanitaire

concrète satisfaisant aux prescriptions de la protection

phytosanitaire intégrée (SAIO 2009) et aux recomman-

dations phytosanitaires d’Agroscope ACW (Linder et al.

2009) de 2009 (tabl. 1). Pour une variété commerciale

sensible à la tavelure, on a tablé sur une cible de rende-

ment de 35 t/ha et une part de 75 % de fruits de classe 1,

ce qui correspond aux valeurs généralement observées

en protection phytosanitaire intégrée dans des vergers

conduits dans les conditions d’hygiène usuelles dans la

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Tableau 1 | Stratégies phytosanitaires de quatre systèmes de culture de pommes

Système de culture

BaselineGAP 2009«Chimique»

Advanced 1GAP 2009Mesures alternatives

Advanced 2Mesures alternatives & réduction des résidus

Innovative Axes de recherche actuels

Description des mesures phytosa-nitaires

• Variétés sensibles à la tavelure • Mesures phytosanitaires recom-

mandées par ACW en 2009• Gestion des résistances • Sans mesures phytosanitaires

alternatives • Mesures d’hygiène

• Variétés résistantes à la tavelure • Produits phytosanitaires à faible

écotoxicité • Filets anti-grêle • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Engazonnement des rangées

d’arbres dès l’été • Mesures d’hygiène

• Variétés résistantes à la tavelure • Fongicides biologiques après

floraison • Traitement à l’eau chaude après

la récolte • Isolement total par filets • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Lutte mécanique contre les

adventices • Mesures d’hygiène

• Variétés à résistances multigéniques

• Isolement total par filets • Protection contre la pluie • Nématodes entomopa-

thogènes • Captures en masses • Push & pull• Attract & kill• Lutte mécanique contre

les adventices • Pesticides sans effets

secondaires• Mesures d’hygiène

Nombre d’applications de substances diverses et nombre de passages (entre parenthèses)

Lutte contre les ravageurs

7 (2) 4 (1) 3 (1) 5 (4)

Lutte contre les maladies

25 (13) 16 (9) 21 (10) 3 (3)

Lutte contre les adventices

7 (3) 4 (2) 0 0

Page 37: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale

337

teur de résistances. Les divers insecticides et acaricides

n’ont été utilisés qu’une fois par an et on a changé de

groupe de substances actives d’année en année, avec

une rotation sur quatre ans. Pour l’évaluation de la

dérive, on a tablé sur la présence de filets anti-grêle sur

40 % et de haies sur 10 % des surfaces.

Système «Advanced 1»

Outre le système de référence, les experts en culture

fruitière ont décrit pour la région du lac de Constance un

système de protection phytosanitaire moderne, à éco-

toxicité optimisée. Le système nommé Advanced 1 a uti-

lisé plusieurs mesures phytosanitaires alternatives dispo-

nibles (tabl. 1). L’utilisation de variétés résistantes à la

tavelure a permis de réduire le nombre de traitements

fongicides de 12 à 7. Les traitements restants étaient

indispensables pour maintenir la résistance à la tavelure

et le contrôle sur d’autres pathogènes. Deux traitements

contre le feu bactérien ont été conduits à l’aide de bac-

téries antagonistes, de manière à remplacer la strepto-

mycine du système Baseline. Le recours à la lutte par

pratique. En vue d’une utilisation appropriée des pro-

duits phytosanitaires, il a été recouru aux services

d’alerte et fait usage des seuils de tolérance existants. La

maladie prédominante de la région étant la tavelure, on

a tablé sur 12 traitements fongicides par saison pour

l’éviter. Dans la mesure du possible, ces traitements ont

été combinés avec les traitements fongicides contre

d’autres maladies telles l’oïdium et les maladies d’entre-

posage, ainsi que des traitements insecticides contre le

carpocapse des pommes et les pucerons. On s’est basé en

outre sur six pulvérisations distinctes d’herbicides, d’in-

secticides et de bactéricides (feu bactérien). Dans le

cadre de cette stratégie, il y a donc eu 18 passages par

saison, avec application de 39 substances différentes. Le

choix des substances s’est fait en veillant à assurer une

bonne efficacité, à ménager les auxiliaires et à gérer les

résistances de manière durable. Les groupes de fongi-

cides à haut risque de développement de résistances

(anilinopyrimidines, strobilurines et inhibiteurs de la syn-

thèse des stérols) n’ont été utilisés que deux fois par sai-

son et ont été combinés avec du captane, faible induc-

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Durabilité écologique/économique

Durabilité écologique Durabilité économique

Consommationde ressources

Qualité de l’environnement Toxicité humaine

Énergie Terre EauRessource minières

Écoto-xicité

Influencesur

auxi-liaires

Pot.effet

de serre

Potentield’eutro-phisation

Qualité des écosystèmes terrestres

Qualité des écosystèmes aquatiques

Écotoxicité terrestre

Risque terrestre

Risque aquatique

Écotoxitiéaquatique

RisquechroniqueRisque aiguRisque aigu Risque

chronique

Rentabilité Risque à la production

Autonomie

Revenufamilial(par h)

Frais de production

(par kg)

Gain net(par ha)

Fluctua-tions du revenu

Probabilité de gr.

pertes de récoltes

Capitalinvesti

(par ha)

Recettesdu capital(par ha)

Figure 2 | Dendrogramme hiérarchisé des critères: la durabilité globale se compose de plusieurs critères partiels de la durabilité écolo-gique et économique. Comme l’optimisation de l’écotoxicité (jaune) constituait l’objectif primaire de la présente étude, ce critère partiel a été subdivisé en autres sous-critères. Bleu: critères de base reposant sur des méthodes d’analyse quantitatives.

Page 38: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires

338 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

confusion et la favorisation des auxiliaires ont permis

d’éviter des traitements aux insecticides novaluron et

chlorpyrifos-éthyle ainsi qu’à l’acaricide tébufenpyrade,

trois produits à profil écotoxique relativement mauvais.

Par ailleurs, l’engazonnement des rangées d’arbres frui-

tiers dès le mois de juin a permis d'économiser trois

applications d’herbicides (un traitement au glyphosate

au lieu de deux, pas de recours au linuron et au diuron).

Au total, cette stratégie a permis de réduire les applica-

tions de matières actives de 39 (Baseline) à 24. Ces subs-

tances ont été appliquées en 12 passages par saison. La

dérive des produits phyto sanitaires a par ailleurs été

encore réduite par l’installation de filets anti-grêle sur

80  % des surfaces et par l’utilisation sur 50 % des sur-

faces de diffuseurs réduisant la dérive. Pour atteindre les

valeurs de risque de production du système Baseline, les

producteurs doivent investir plus de temps, car ils doi-

vent effectuer des contrôles visuels supplémentaires

dans les vergers et suivre des cours de perfectionnement

dans le domaine de la protection phytosanitaire.

Les calculs se basant sur des écobilans et l’évaluation

des risques environnementaux ont montré que les

mesures phytosanitaires alternatives choisies (tabl. 1)

permettent d’abaisser considérablement l’écotoxicité

ainsi que les risques pour les systèmes aquatiques et ter-

restres (fig. 3a). En outre, par rapport au système usuel

Figure 3 | Comparaison des systèmes de culture des pommes décrits dans le tableau 1 relativement aux critères d’écotoxicité aquatique et de frais de production ; critères agrégés de la durabilité écologique et de la durabilité économique. Sur l’échelle des graphiques (c) et (d), les chiffres 1 à 5 représentent les classes d’évaluation suivantes : 1 = très inférieur à Baseline, 2 = inférieur à Baseline, 3 = semblable à Baseline, 4 = supérieur à Baseline, 5 = nettement supérieur à Baseline.

1

2

3

4

5

Clas

ses

d’év

alua

tion

(c) Durabilité écologique

1

2

3

4

5

Clas

ses

d’év

alua

tion

(d) Durabilité économique

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

(a) Exemple écotoxicité aquatique

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

(b) Exemple frais de production par kg

Évaluation écologique Évaluation économique

Critères agrégés

Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative

Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative

Page 39: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale

339Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

entièrement abandonnés au profit d’un désherbage

mécanique. Les auxiliaires tels que les parasitoïdes et

les acariens prédateurs ont été encore mieux protégés

et favorisés, voire répandus activement, ce qui a permis

de réduire encore davantage le besoin de traitements

insecticides ou acaricides. L’isolement total par des

filets a réduit l’arrivée de ravageurs volants et l’exclu-

sion d’abeilles contaminées a aidé à lutter contre le feu

bactérien. Par rapport au système Advanced 1, il n’a

pas été possible de réduire encore le nombre d’applica-

tions de substances phytosanitaires par saison, la baisse

du nombre de traitements insecticides ayant été com-

pensée par un recours accru aux fongicides. Ceci pour

la simple raison que les fongicides de synthèse n’ont

été utilisés que jusqu’à la fin de la floraison. Pendant le

reste de la saison, la lutte contre l’oïdium, les taches de

pluie et les maladies d’entreposage a été menée à

l’aide de bicarbonates et de soufre. Ces fongicides bio-

logiques ont une durée d’action assez brève et résis-

tent mal à la pluie, si bien qu’il faut raccourcir les inter-

valles entre deux traitements. La maladie de

conservation due à Gloeosporium a été en outre com-

battue par un traitement à l’eau chaude des fruits

récoltés. Cette stratégie devrait permettre de répondre

aux souhaits des consommateurs d’éviter sur les fruits

toute trace de résidus de produits phytosanitaires. La

Baseline, elles ont aussi permis d’abaisser la toxicité pour

l’être humain, en raison de la diminution des traite-

ments fongicides et herbicides ainsi que des mesures de

réduction de la dérive des produits de traitement. L’op-

timisation du système de culture au niveau de l’écotoxi-

cité et de la toxicité pour l’être humain n’a toutefois

entraîné que de légères améliorations de la durabilité

globale (fig. 3c), car les mesures phytosanitaires rete-

nues n’apportent pas d’amélioration au niveau d’autres

critères écologiques tels que consommation d’énergie,

de terres et d’eau ou encore de potentiel d’effet de

serre. Le rendement économique du système Advanced 1

est inférieur à celui du système Baseline et l’autonomie

financière moindre; en effet, pour un volume de pro-

duction égal et une même proportion de fruits de

classe 1, il faut un investissement plus important (davan-

tage de filets anti-grêle) et plus d’heures de travail

(monitoring). Le recours à des mesures phytosanitaires

alternatives péjore par conséquent le résultat au niveau

de la durabilité économique.

Système «Advanced 2»Ce système est également basé sur des variétés résis-

tantes à la tavelure, mais il comprend davantage de

mesures phytosanitaires alternatives qu’Advanced 1

(tabl. 1). Les traitements aux herbicides ont ainsi été

Figure 4 | La lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse, au moyen de diffuseurs de phéro-mones, a fait ses preuves dans la pratique et remplace 2 à 3 traitements d’insecticides.

Page 40: Edition 7+8 juillet-août 2011

340

Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires

dérive de produits phytosanitaires a été réduite davan-

tage encore par le recours à des buses et à des outils

réduisant la dérive. La renonciation aux fongicides de

synthèse après la floraison a augmenté la probabilité

de maladies secondaires, ce qui a entraîné une variabi-

lité supérieure de la récolte et un plus grand risque de

pertes.

Ce système de culture, qui vise en premier lieu à

réduire la présence de résidus de pesticides, s’il a l’avan-

tage de mieux protéger les auxiliaires que le système

Advanced 1, n’a apporté d’améliorations ni en matière

d’écotoxicité, ni de toxicité humaine, ni au niveau de la

consommation de ressources. Le bon résultat concer-

nant la réduction de la dérive a permis un léger gain au

niveau des risques environnementaux. Mais au total, le

recours à des mesures phytosanitaires alternatives sup-

plémentaires et à des fongicides biologiques une fois la

floraison terminée n’a pas amélioré la durabilité écolo-

gique (fig. 3c). De plus, les investissements plus impor-

tants (isolement total par des filets, infrastructures pour

le traitement des fruits à l’eau chaude, etc.) ainsi qu’une

rentabilité réduite (du fait des heures de travail supplé-

mentaires pour la lutte mécanique contre les adventices,

ainsi que de l’irrégularité accrue des volumes récoltés et

de la qualité) ont péjoré les résultats au niveau de la

durabilité économique (fig. 3d).

Système «Innovative»

Le système Innovative était basé sur l’hypothèse que

dans les dix ans qui viennent, de nouvelles mesures phy-

tosanitaires alternatives seraient disponibles, qui ren-

draient possible des volumes de récolte élevés et stables

en ne nécessitant qu’un minimum de produits phytosa-

nitaires. Les variétés cultivées étaient résistantes ou tolé-

rantes aux pathogènes principaux tavelure, oïdium, feu

bactérien et pucerons. L’hypothèse d’une renonciation à

la protection des résistances génétiques avec pesticides

ne fait sens que si ces résistances reposent sur plusieurs

gènes. Les programmes de sélection actuels ne compren-

nent encore une résistance multigénique que pour la

tavelure. Il s’écoulera probablement plutôt 30 ans que

10 jusqu’à ce que soient commercialisées des variétés à

résistance multigénique contre plusieurs pathogènes. En

complément aux résistances génétiques, nous avons

admis l’application d’autres mesures phytosanitaires

telle que les systèmes «attract and kill» ou des néma-

todes entomopathogènes. Pour les traitements restants,

on a admis l’existence de nouveaux produits phytosani-

taires, sans effets secondaires sur les organismes non

visés. Nous avons par ailleurs utilisé des filets anti-grêle

et des mesures de réduction de la dérive sur toutes les

surfaces étudiées.

Toutes ces hypothèses concernant ce système futuriste

posées, il a été possible d’améliorer la durabilité tant

écologique qu’économique (fig. 3), parce que seul un

petit nombre de mesures phytosanitaires directes sont

nécessaires et que l’on peut en attendre des récoltes plus

abondantes et stables relativement à la quantité et à la

proportion de fruits de classe 1.

D i s c u s s i o n

L’étude de cas en matière de production de pommes a

montré qu’il existe un fort potentiel d’amélioration au

niveau de l’écotoxicité de la protection phytosanitaire.

L’écotoxicité n’est toutefois qu’un des aspects de la dura-

bilité de la production de pommes. Comparativement au

système Baseline, les systèmes Advanced 1 et 2 paient les

progrès sur le plan de l’écotoxicité et de la toxicité

humaine par des désavantages concernant la durabilité

économique. Comme on a tablé sur les mêmes prix pour

tous les fruits, quel que soit le système appliqué, il serait

possible d’améliorer la durabilité globale d’Advanced 1

et 2 si les avantages écologiques pouvaient être mon-

nayés sous forme d’un meilleur prix des fruits. Les résul-

tats montrent aussi que si l’on renonce aux produits phy-

tosanitaires de synthèse, le risque de fluctuation des

revenus tend à augmenter en raison des fluctuations

quantitatives des récoltes. La baisse du risque de fluctua-

tion des récoltes au niveau atteignable avec les produits

phytosanitaires actuels présuppose des mesures alterna-

tives à long terme comme il a été admis en relation avec

le système dit Innovative. Les résultats montrent aussi

l’importance des diverses substances à fort potentiel de

dangerosité pour l’environnement ainsi que l’effet des

mesures réduisant la dérive des produits de traitement

utilisés dans les vergers. Il serait possible de réduire

considérablement l’impact des produits phytosanitaires

sur les écosystèmes par l’utilisation de produits de subs-

titution au lieu de produits dangereux pour l’environne-

ment et par la mise en place de mesures réduisant la

dérive des produits. n

Remerciements

Nous tenons à remercier ici nos collègues de ENDURE Orchard System Casestudy: E. Bravin, A. Patocchi, Jörg Samietz (Agroscope ACW), U. Aubert, F. Bigler, G. Gaillard, F. Hayer, J. Hernandez, G. Mack (Agroscope ART), B. Heijne (Applied Plant Research, Wageningen NL), J. Strassemeyer (Julius Kühn-Institut, Kleinmachnow D), A. Alaphilippe, C. Lavigne, B. Sauphanor (INRA, Saint-Marcel-lès-Valence F), J. Avilla, J. Solé (IRTA, Universidad de Lleida, Lleida ES), M. Bohanec (Jožef Stefan Institute, Ljubljana SL).

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Page 41: Edition 7+8 juillet-août 2011

341

Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographie b Bigler F., Aubert U., Dubuis P.-H., Hayer F., Hernandez-Rivera J., Mack G., Meissle M., Mouron P., Naef A. & Strassemeyer J., 2011. ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe. Recherche A gronomique Suisse 2 (2), 72–79.

b Linder C., Viret O., Kehrli P., Delabays N., Höhn H., Naef A., Holliger E., Widmer A. & Neuweiler R., 2008. Guide phytosanitiare pour l’arboriculture fruitière 2008/2009. Revue suisse de Viticulture Arboricul-ture Horticulture 40 (1), 13–57.

b SAIO, 2009. Richtlinien für den ÖLN und die integrierte Obst-Produktion in der Schweiz. Schweiz. Arbeitsgruppe für Integrierte Obstproduktion, Zug. 18 p.

b UE, 2009. Directive 2009/128/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 instaurant un cadre d’action communautaire pour par-venir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Journal officiel de l’Union européenne L309, 71 – 86.

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011

Sustainability rating of crop protection

strategies in apple production

Future plant protection strategies

should be efficacious, economic and

environmentally acceptable. The

SustainOS methodology has been

developed to assess the sustainability

of crop protection strategies in apple

orchards. The methodology consists of

a system description structure, an

assessment step for subcriteria of

sustainability and an aggregation of

these subcriteria to an overall sustain-

ability. The method has been applied in

a case study on four plant protection

strategies in apple orchard systems in

the Swiss Lake of Constance region.

The strategies reached from a system

strongly depending on pesticides to an

innovative system in which pesticides

were replaced to a large extend by

alternative plant protection measures.

It could be shown that ecotoxicity and

other environmental impacts of plant

protection measures could be

improved by implementation of

alternative plant protection measures

available today. However, economic

disadvantages were the drawback of

the ecological progress. An improved

economic situation could be achieved

with future innovative crop protection

strategies and new resistant varieties

assuming higher and more stable yield.

Key words: sustainable agriculture,

horticulture, integrated pest manage-

ment (IPM), life cycle assessment, apple

orchards.

Valutazione della sostenibilità delle

strategie di protezione fitosanitaria

nella produzione di mele

Le future strategie fitosanitarie devono

essere efficaci, economiche ed ecologi-

che. La metodologia SustainOS

permette di esaminare la sostenibilità

delle strategie fitosanitarie nella

coltivazione di mele. Tale metodologia

comprende una descrizione del sistema

di coltura considerato, il calcolo dei

criteri parziali di sostenibilità come

pure la loro aggregazione per ottenere

un valore di sostenibilità globale.

La sua applicazione è stata eseguita su

quattro diverse strategie fitosanitarie

utilizzate nella regione svizzera del

lago di Costanza. Le strategie spazia-

vano dal sistema fortemente dipen-

dente di prodotti fitosanitari ad uno

innovativo, in cui i pesticidi erano stati,

in gran parte, sostituiti da misure

fitosanitarie alternative. Si è così

potuto constatare come l’ecotossicità

ed altri effetti ambientali causati da

prodotti fitosanitari siano migliorati

attraverso le misure fitosanitarie

alternative disponibili. Questo pro-

gresso ambientale è tuttavia associato

a degli svantaggi economici. In futuro i

risultati economici potrebbero essere

migliorati attraverso strategie fitosani-

tarie innovative e da nuove varietà

resistenti che dovrebbero assicurare

rese più elevate e stabili.

Page 42: Edition 7+8 juillet-août 2011

342 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

I n t r o d u c t i o n e t o b j e c t i f s

La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART, en collaboration avec l’Institut pour la gestion de

l’environnement et des ressources naturelles (IUNR) de la

Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW),

a mis en place un projet de recherche pour mieux com-

prendre le système du Care Farming en Suisse et analyser

ses potentiels. Trois workshops, organisés en 2010 avec

des représentants des sphères professionnelles les plus

diverses, ont permis d’analyser la situation actuelle, de

discuter des potentiels d‘amélioration et de développer

des possibilités d‘action.

Le concept de Care Farming désigne la réalisation de

prestations sociales dans l’agriculture. Concrètement,

cela représente les prestations d’encadrement, de prise

en charge, d’éducation et de formation fournies dans les

exploitations familiales agricoles contre paiement

(Wydler et Picard 2009). En offrant la possibilité de colla-

borer au travail de l’exploitation et de s’intégrer dans la

vie familiale, les familles paysannes contribuent à la

santé, au bien-être et à l’intégration des personnes

atteintes de maladies psychiques et physiques, ou issues

de milieux sociaux difficiles.

Peu d’études scientifiques ont été effectuées à ce

jour sur le Care Farming en Suisse, bien que ce type de

prestations existe depuis longtemps et soit ancré dans la

culture rurale de notre pays. Il n’existe par exemple

aucune donnée comptable concrète sur l’importance

économique de ces prestations pour les exploitations

agricoles. Une enquête (Wydler 2009) réalisée par écrit

auprès d’exploitations familiales agricoles qui fournis-

sent des prestations sociales a montré que les offres, les

indemnités financières (pour les familles d’accueil

comme pour les personnes prises en charges), la qualité,

ainsi que les directives étaient très diverses. Cette

enquête a également montré que les personnes char-

gées de l’encadrement étaient modérément satisfaites

de leur travail dans le domaine du Care Farming. En

revanche, la relation avec la personne prise en charge

était la plupart du temps perçue comme positive.

Les workshops ont chacun réuni 15 à 20 personnes, avec

pour but:

•• de faire l’état des lieux des prestations sociales dans

l’agriculture et d’en débattre,

•• d’établir des visions communes de la situation dans 25

ans et d’en débattre,

•• d’esquisser des stratégies d’action à court terme pour

promouvoir et exploiter les potentiels existants,

•• et enfin, de citer des acteurs possibles en vue d’une

mise en pratique concrète.

Les trois workshops ont permis de réunir des informa-

tions dans les différentes perspectives des participants,

de promouvoir la transparence par l’échange et la colla-

boration, ce qui a abouti à une meilleure mise en réseau

de personnes appartenant aux sphères les plus diverses.

Organisation des workshops

Les workshops ont été organisés selon le concept Transi­

tion Management (TM) de Loorbach (2007), qui offre un

modèle de cadre théorique de développement durable

et d’innovations dans la société. Différents acteurs issus

Sara Widmer1, Hans Wydler1 et Yvonne Christ 2 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen2Institut pour la gestion de l’environnement et des ressources naturelles IUNR, Haute école zurichoise des

sciences appliquées ZHAW, 8820 Wädenswil

Renseignements: Hans Wydler, e-mail: [email protected], tél. +41 58 934 55 39

Potentiel de développement du Care Farming

S o c i é t é

Figure 1 | Participants au workshop lors du développement de concepts. (Photo: ART)

Page 43: Edition 7+8 juillet-août 2011

Potentiel de développement du Care Farming | Société

343

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

de divers milieux (agriculture, social, développement

rural, santé) ont pris part aux ateliers. Selon le TM, le

développement ne peut être durable qu’en se fixant des

objectifs à long terme (au moins au-delà d’une généra-

tion, environ 25 ans) et en intégrant des acteurs divers et

hétérogènes, dans un processus et une vision à long

terme. Cette vision est mise en pratique à travers diffé-

rentes stratégies d’action à court terme, régulièrement

adaptées aux nouvelles conditions; les acteurs partici-

pant peuvent évoluer avec le temps et être remplacés.

La méthode World Café a été choisie pour la discus-

sion de la situation actuelle. Un maximum de cinq per-

sonnes se retrouvent autour d’une table pendant

20 minutes, échangent leurs opinions sur un sujet et écri-

vent leurs idées sur la nappe. Au bout de 20 minutes, le

petit groupe va s’asseoir à une autre table et discute

d’un autre sujet en repartant des notes du groupe pré-

cédent. Ce procédé est répété trois fois. Après trois

cycles de discussions, le débat est repris avec la totalité

du groupe (The World Café Community 2002). Les parti-

cipants apportent des idées clés à de nouvelles tables,

échangent des perspectives et aboutissent à des résul-

tats nouveaux et étonnants. La réaction immédiate des

participants aux idées des autres permet d’approfondir

l’axe prioritaire du sujet traité dans une perspective

interdisciplinaire. Des questions générales ont été

posées aux tables du World Café afin de lancer la discus-

sion. Les résultats consignés sur les nappes ont permis de

développer de nouvelles idées pour des visions à long

terme et ont fourni une base aux stratégies d’action, éla-

borées en groupes ultérieurement.

Les trois workshops ont duré une journée chacun. Au

préalable, les thèmes possibles des workshops ont été

sélectionnés à partir d’analyses contextuelles et de dis-

cussions avec des experts, puis adaptés régulièrement à

l’état actuel du projet. Les participants ont été choisis en

fonction des résultats de précédents workshops, ou à

l’aide d’experts en fonction de leur représentativité par

rapport au thème du workshop: représentants de la

santé, des services sociaux et de l’agriculture – du côté

offre comme du côté demande. Les «profils» de partici-

pants suivants ont assisté au moins à une séance: une

personne anciennement prise en charge, des «Care Far-

mer» qui encadrent différents groupes-cibles, des orga-

nisations en réseaux, des représentants de la formation

professionnelle et continue dans les secteurs agricole et

social, des acteurs du monde médical, des organisations

professionnelles, des représentants des offices fédéraux

et des cantons, d’autres acteurs nationaux et ONG, et les

organisateurs d’Agroscope ART et de la ZHAW.

Toutes les déclarations des participants ont été enregis-

trées à l’aide de photographies, d’esquisses, de schémas,

Pour mieux comprendre le Care Farming

(prestations sociales fournies par les familles

agricoles) et mieux analyser son potentiel de

développement, la station de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et la

Haute école zurichoise des sciences appli-

quées (ZHAW) ont organisé en 2010 trois

workshops avec des spécialistes venus des

sphères professionnelles les plus diverses.

Les participants aux workshops estiment à

l’unanimité que le Care Farming recèle un

important potentiel. Les mesures ciblées

suivantes pourraient permettre de mieux

exploiter ce système de prestations sociales:• meilleure transparence entre les participants:

présentation des exigences, des indemnisa-

tions, des règlements et des compétences;

• meilleure communication et mise en réseau

entre les personnes impliquées dans les

prestations sociales;

• mise en place d’un organe de coordination

central pour exploiter les potentiels;

• mise en place d’un système d’assurance

qualité, instrument essentiel;

• nouvelles formes de modèles de finance-

ment, plus simples.

Tous les participants estiment que la qualité

élevée souhaitée pour les prestations a une

importance capitale et qu’il faut donner la

priorité aux besoins des personnes prises en

charge. Le domaine du Care Farming s’avère

très complexe, très diversifié et très peu

homogène dans son extension géographique.

Page 44: Edition 7+8 juillet-août 2011

Société | Potentiel de développement du Care Farming

344 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

des résultats figurant sur les flipcharts ainsi que des

transcriptions de discussions enregistrées sur bandes

magnétiques. Chaque déclaration a été codée à l’aide du

logiciel Atlas.ti et d’un manuel de codage afin d’en

extraire les principaux thèmes-clés.

R é s u l t a t s

Les résultats comprennent une liste de sujets-clés, un

bref résumé du débat sur la situation actuelle, puis les

principaux points formulés par rapport à l’avenir sou-

haité. Enfin, des champs et des stratégies d’action

concrets ont été établis.

Sujets-clés

Le codage des propos tenus durant les workshops a per-

mis de dégager 19 thèmes-clés importants par rapport

au Care Farming en Suisse:

•• image du Care Farming et évaluation

•• communication entre les participants

•• renforcement des relations publiques

•• concurrence dans le domaine des organisations en

réseaux, ainsi que par rapport aux institutions sociales

générales

•• positionnement du produit sur le marché

•• compétences dans la politique

•• absence de système qualité

•• absence de règlements

•• flux financiers dans le système

•• intégration dans le développement rural

•• autoévaluation et force de l’image du Care Farming

•• manque de transparence des offres, des exigences, de

la demande, etc.

•• diversité des acteurs et de leurs besoins individuels

•• soutien / insatisfaction des participants

•• mise en réseau et coordination des différents partici-

pants

•• formation professionnelle et continue

•• case management / étude de cas

•• Care Farming et encadrement dans un environnement

proche de la nature (Green Care) / encadrement en

général

•• thèmes de recherche souhaités.

Par la suite, certains sujets seront abordés plus en détails.

Il s’agit de déclarations tirées de différents workshops,

présentées sous une forme structurée.

Diversité des acteurs et des groupes-cibles

La question de la définition du Care Farming a été posée

dans chacun des workshops. Il existe encore peu de

concepts utilisés en commun par les différents partici-

pants du secteur social, de la santé et de l’agriculture.

Les différents acteurs ne réalisent pas combien de

groupes-cibles différents sont associés à ce champ thé-

matique, ni combien d’acteurs et d’intérêts sont liés à ce

travail. Suivant la perspective, un thème donné concerne

d’autres acteurs. Le domaine des prestations sociales

dans l’agriculture s’avère très complexe, diversifié et très

peu homogène dans son extension géographique. Il

regroupe des personnes issues de l’agriculture, du sec-

teur social et de la santé, qui ne sont pas organisées ou

qui sont organisées différemment selon les régions. Par

conséquent, le concept de Care Farming est difficile à

saisir, ce qui explique en partie le manque de compé-

tences dans la perspective d’éventuels changements.

Image dans l’opinion publiqueL’opinion publique identifie le Care Farming souvent à

partir d’exemples de cas et les évalue généralement de

manière positive. Toutefois, l’opinion publique ne sait pas

tout ce que recouvre le Care Farming, ni son utilité pour

les personnes impliquées. Il reste beaucoup à faire pour

donner une image positive du Care Farming dans le public,

ce qui est difficile en l’absence de terminologie homogène

et usuelle pour toutes les prestations d’encadrement.

Figure 2 | Symbolique: les personnes les plus diverses participent au Care Farming. Différents besoins sont en jeu et peuvent débou-cher sur une situation chaotique. (Dessin: Katie Rickenbach, Zurich)

Page 45: Edition 7+8 juillet-août 2011

Potentiel de développement du Care Farming | Société

345Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

correctement. Dans les workshops, il est apparu que les

acteurs de l’agriculture s’identifiaient rarement comme

des prestataires de services et que leurs offres étaient très

éclatées. Pour les participants, au début, «la carte des

prestations sociales en Suisse» était encore peu transpa-

rente et les visions d’avenir claires n’en étaient qu’à leurs

balbutiements. Néanmoins, la majorité des participants

est persuadée qu’il existe des possibilités pour promou-

voir les prestations sociales et qu’il vaut la peine de pour-

suivre la mise en réseau et de faire avancer les visions. Au

fil des workshops, une perception commune s’est pro-

gressivement cristallisée dans de nombreux domaines.

Evolution rurale

Dans les régions de montagne rurales et périphériques,

outre l‘exploitation agricole, l’environnement proche de la

nature peut être attrayant pour les citadins. Dans ces

régions, davantage d’occupations et d’emplois pourraient

être créés et la mise en réseau des activités pourrait être

améliorée (par exemple grâce à une plateforme de contact).

La collaboration avec l’agrotourisme, avec les parcs natu-

rels et le développement d’emplois protégés pourraient

aboutir à une meilleure valorisation et exploitation de l’en-

vironnement. Des plateformes de contact permettraient

aux agriculteurs des régions faiblement structurées de

mieux faire connaître leurs diverses prestations sociales.

Une autre possibilité consiste à offrir des emplois pro-

tégés dans les exploitations agricoles, sans que les per-

sonnes encadrées habitent sur l’exploitation. Elles profi-

teraient cependant de journées structurées et pleines de

sens, du rapport aux animaux et/ou à la nature dans un

cadre protégé. Les possibilités d’occupation pour les per-

sonnes les plus diverses (par exemple souffrant de

troubles psychiatriques, d’épuisement professionnel ou

chômeurs longue durée) sont déjà rares et la demande ne

fera qu’augmenter. L’amélioration des possibilités de

financement déboucherait sur une situation positive pour

tous les acteurs: personnes encadrées, agriculteurs et tra-

vailleurs sociaux.

Formation professionnelle et continue

En général, la formation agricole de base comprend

peu d’informations sur le Care Farming. Dans les autres

formations, ce sujet n’est même pas mentionné. La for-

mation professionnelle de base, les études universi-

taires et les grandes écoles, ainsi que les autres offres

de formation continue sont à peine coordonnées.

Souhaits pour l’avenir

La participation au quotidien, les travaux effectués et le

déroulement des journées revêtent une grande valeur

pour les participants. Ce type de prestations n’est pas

Les aspects positifs cités pour le Care Farming sont:

•• l’offre de journées structurées, variées et porteuses de

sens, le rapport à la nature et aux animaux;

•• la création de ponts entre ville et campagne ou entre

montagne et plaine;

•• la création de valeurs culturelles et sociales – et non

uniquement productives;

•• la transmission de traditions, de rituels, de chaleur

humaine;

•• des prestations sociales pouvant être comprises par

tout le monde, car chacun peut être concerné d’une

manière ou d’une autre par des personnes nécessitant

une prise en charge.

Il n’empêche que les familles paysannes se heurtent à des

enjeux et à des préjugés: elles s’ouvrent à des personnes

qui vivent souvent en marge de la société, ce qui nécessite

aussi une ouverture d’esprit de la part de l’entourage. On

leur reproche souvent d’exploiter cette population (main-

d’œuvre bon marché, histoire des enfants placés). On leur

reproche aussi le dilettantisme du travail fourni. La qualité

des prestations n’atteindrait pas le niveau de celles four-

nies par les institutions. Au lieu de se faire concurrence, il

faudrait élargir l’offre pour les personnes prises en charge.

Relations publiques

La communication externe et publique est jugée insuffi-

sante (absence de prise de conscience et valorisation

insuffisante de Care Farming dans le public). Un message

clair des familles paysannes et des organisations en

réseaux fait défaut, ce qui rend difficile les efforts indivi-

duels pour faire apprécier la valeur du travail accompli. Il

n’est possible d’obtenir une image positive que si tous les

participants s’accordent sur des déclarations de base

essentielles. L’effet positif du contact avec la nature sur la

santé et le bien-être est certes généralement connu, mais

insuffisamment communiqué. A ce jour, il n’existe pas de

stratégie de communication globale pour le Care Farming,

ni d’association, de label commun ou de plateforme insti-

tutionnalisée. De plus, l’agriculture, le système social et le

secteur de la santé agissent de manière largement indé-

pendante les uns des autres. Dans les workshops, les

représentants du secteur agricole ont rappelé la nécessité

de définir concrètement l’image du Care Farming, car le

développement futur de la prestation est menacé par l’ac-

tuelle politique du laisser-faire.

Autoévaluation des participants

L’engagement social des exploitations familiales est

indispensable pour pouvoir offrir des prestations sociales.

De plus, la prestation doit bien entendu être indemnisée

Page 46: Edition 7+8 juillet-août 2011

346

Société | Potentiel de développement du Care Farming

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

dédommagé de manière appropriée. Les participants

considèrent qu’à long terme, les effets positifs du contact

avec la nature devraient être mieux perçus, et que le

Care Farming ou les autres formes de prise en charge

dans la nature (Green Care) devraient être pris au sérieux

par la collectivité. Des valeurs déjà reconnues dans le

petit cercle des amis de la nature deviendraient alors des

valeurs normales pour tous. L’idéal serait que la commu-

nauté agricole transfère son savoir en ville et inverse-

ment. Pour y parvenir, il faut offrir des prestations de

qualité élevée permettant de construire une image posi-

tive à long terme. Tous les participants doivent pouvoir

profiter au mieux de ces offres (indemnisation juste et

conditions correctes pour les familles paysannes, autodé-

termination maximale pour les personnes prises en

charge, possibilités d’encadrement diversifiées, systèmes

de financement simplifiés, collaboration impliquant tous

les acteurs).

D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s

Si l’agriculture saisit l’opportunité de répondre à la

demande de places de prise en charge par une offre de

qualité élevée, elle pourra faire figure d’exemple dans la

société. Pour y parvenir, il faut:

•• plus de transparence à tous les niveaux (indemnisation

du personnel d’encadrement et des «Care Farmers»,

compétences, etc.);

•• davantage de communication et de mise en réseau

entre les acteurs (suivi de la prise en charge, diffé-

rentes organisations en réseaux, etc.);

•• plus de communication vers l’extérieur, basée sur un

message commun des différents acteurs;

•• un organe de coordination central qui rassemble

toutes les requêtes des participants;

•• une meilleure coordination entre les différentes

autorités et une harmonisation des règlements

globaux ou nationaux, la création de standards

définis;

•• un management de la qualité à tous les niveaux, qui

tienne compte des besoins individuels, par exemple

grâce à des indications pertinentes et une gestion de

cas homogène. Une forme d’assurance qualité

adaptée au quotidien permet aux prestataires de se

constituer une identité, de fournir une prestation de

premier choix et d’exiger un prix plus élevé en

conséquence;•• de nouvelles formes et une simplification des modèles

de financement pour le système des prestations

sociales (par exemple en homogénéisant les assurances

sociales, la gestion de cas, la contribution d’assistance,

modèles de financements inter-systèmes, etc.);

•• d’autres améliorations spécifiques pour les groupes-

cibles (coordination des offres de formation continue

ou échange de savoir-faire professionnel, etc.);

•• la mise en réseau locale des régions urbaines et du

Care Farming dans les régions «peu structurées».

Ces workshops ont été une des premières possibilités

offertes aux acteurs de différents secteurs (agriculture/

social/santé/développement régional) de se retrouver à

différents niveaux. Ils ont permis à des acteurs de diffé-

rentes disciplines d’échanger leurs points de vue,

d’étendre leur réseau personnel de connaissances et

d’échanger par-delà les frontières de leurs disciplines

respectives. Tant les participants que l’équipe de cher-

cheurs sont désormais conscients que le Care Farming est

un sujet extrêmement complexe. Tous les participants

souhaitent plus de coordination sur les mesures d’amé-

lioration souhaitées et proposées. Plusieurs personnes

aimeraient que la mise en réseau se poursuive.

Il est clairement apparu qu’il reste beaucoup à faire

pour exploiter les potentiels du Care Farming, si l’on

souhaite professionnaliser l’ensemble de la chaîne de

services, des clients aux prestataires de formation conti-

nue et aux autorités cantonales responsables, en pas-

sant par les familles d’accueil. Trop de temps et de savoir

se perdent encore dans un méli-mélo d’offres de qualité,

mais trop peu connues. Trop peu de paysans mettent à

profit la structure quotidienne et l’environnement rural

qu’ils contribuent à préserver et entretenir, qui est leur

patrimoine culturel et qui devrait être apprécié en tant

que tel. Les prestations sociales dans l’agriculture sont

trop confuses pour les paysans eux-mêmes, pour les ser-

vices de placement et pour le grand public. L’échange

d’informations encourage la transparence: toujours plus

d’acteurs prennent connaissance des besoins d’autres

univers sociaux, ce qui renforce la confiance et la com-

munauté, et donne plus de force à cette dernière pour

se profiler et agir.

D’autres informations sont disponibles sur le nou-

veau site www.greencare.ch. n

Page 47: Edition 7+8 juillet-août 2011

347

Potentiel de développement du Care Farming | Société

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011

Bibliographie b Christ Y., Widmer S., Wydler H., 2010. Workshop Zwischenberichte 1–3. Potenziale Sozialer Dienstleistungen in der Schweizer Landwirtschaft. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART und Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW, IUNR Institut für Umwelt und Natürliche Ressourcen. Ettenhausen und Wädenswil. Accès: http://www.greencare.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=248%3Achrist-y-widmer-s-wydler-hans-care-farming-po-tenziale-sozialer-dienstleistungen-in-der-schweizer-landwirtschaft&catid=63%3Apublikationen&Itemid=68&lang=de/[ 24.1.2011].

b Loorbach D., 2007. Transition management. New mode of governance for sustainable development. Utrecht: International Books. 328 p.

b The World Café Community, 2002. Accès: www.theworldcafe.com /[ 24.1.2011].

b Wydler H., 2009. «Soziale Dienstleistungen»: Erste Ergebnisse der schriftlichen Befragung zu Betreuungs- und Pflegeleistungen in landwirt-schaftlichen haushalten und Betrieben. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen, November 2009. Accès: www.greencare.ch/images/stories/pdf/resultate%20schriftli-che%20befragung.pdf/[ 24.1.2011].

b Wydler H. & Picard R., 2010. Prestations sociales dans l‘agriculture. Recherche Agronomique Suisse 1(1), 4–9.

Development potential in the Care Farming

sector

In order to gain a better understanding of Care

Farming (the provision of social services in

farming) and to make better use of existing

potential, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Research Station and the Zurich University of

Applied Sciences (ZHAW) conducted three

workshops with experts from a wide variety of

professional fields in 2010.

The workshop participants agreed that Care

Farming has great potential (additional sideline,

expansion of the welfare and health system

among other things). Targeted measures,

including the following, could help to utilize it

better:

• more transparency between all participants is

required: disclosure of requirements, remunera-

tion, arrangements and responsibilities;

• better communication and networking is

needed between all those involved in social

services;

• a central coordination office could be a helpful

tool in tapping potential;

• the development of a quality assurance system

is a central tool;

• New forms and simplification of financing

models for the social services system would be

desirable.

The participants agreed on the central impor-

tance of the desired high quality of services and

the requirement to put the care recipient’s needs

first. Organisation of the Care Farming sector is

proving to be extremely complex, multilayered

and geographically very uneven.

Key words: Care Farming, Green Care, farm

diversification, transition management, social

innovation.

Potenziale di sviluppo nel settore del Care

Farming

Allo scopo di meglio comprendere e sfruttare

appieno il potenziale del Care Farming (la

prestazione di servizi sociali nell'agricoltura),

la Stazione di ricerca Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART e l'Istituto universitario di scienze

applicate di Zurigo (ZHAW), nel 2010, hanno

tenuto tre workshop con la partecipazione di

esperti di svariati campi professionali.

I partecipanti ai workshop sono stati concordi

sul fatto che il potenziale del care farming è

considerevole (attività accessoria supplemen-

tare, sviluppo del sistema socio-sanitario). Esso

potrebbe essere sfruttato meglio attraverso

misure mirate, quali:

• migliorare la trasparenza tra tutte le parti

coinvolte: esplicitazione di esigenze, inden-

nizzi, regole e competenze;

• potenziare la comunicazione e l’interazione

tra tutte le persone coinvolte nella presta-

zione di servizi sociali;

• la creazione di una centrale di coordinamento

potrebbe rivelarsi uno strumento utile per

sfruttare appieno il potenziale;

• sviluppare un sistema di assicurazione della

qualità che costituisce uno strumento

fondamentale;

• ricercare nuove formule e semplificare i

modelli di finanziamento per il sistema delle

prestazioni sociali.Tutti i partecipanti hanno sottolineato la

grande importanza dell'elevata qualità auspi-

cata per le prestazioni nonché l'esigenza di

dare la priorità alle necessità delle persone cui

viene fornita assistenza. Il Care Farming si

presenta come un settore complesso, con molte

sfaccettature e differenze a livello geografico.

Page 48: Edition 7+8 juillet-août 2011

348 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

E c o n o m i e a g r i c o l e

L'union fait la force: un nombre croissant d'entreprises forestières communales se réunissent en associations de droit public. (Photo: Zweckverband Falknis)

I n t r o d u c t i o n

Améliorer la rentabilité des entreprises forestières

Depuis des années, la situation économique des entre-

prises forestières publiques est caractérisée par des défi-

cits d’ampleur variable. Cette constatation vaut pour la

production de bois seule ainsi que pour le bilan total des

entreprises (OFEV 2009).

Les déficits s’expliquent généralement par les pro-

blèmes structurels de la branche (Office des forêts du

canton de Berne OFOR 2002). Les petites entreprises ont

des coûts fixes trop élevés et obtiennent des prix de vente

inférieurs aux entreprises étrangères en raison d’une plus

faible production de bois et de structures de vente moins

professionnelles (Sekot 2007; Mai et al. 2007).

Les entreprises déficitaires ont plusieurs possibilités

pour améliorer leur situation. Elles peuvent tenter d’agran-

dir la surface exploitée par l’achat de surfaces forestières,

diversifier les services proposés, ou encore s’engager dans

une coopération avec les entreprises voisines.

Les propriétaires de forêt privée sont peu disposés à

vendre leur bien (Krebs 2002) et la vente de forêt

publique exige généralement une décision populaire, ce

qui la rend difficile à réaliser.

La diversification des services est une stratégie pos-

sible mais elle n’a pas toujours l’effet escompté (Hofer

2007). La coopération paraît donc être une voie promet-

teuse dans l’économie forestière (Office des forêts du

canton de Berne OFOR 2002). Sur le plan international,

les coopérations ne sont pas rares dans l’économie fores-

tière et du bois, mais leur forme varie entre les régions.

En Scandinavie et en Amérique du Nord, la coopération

verticale est répandue, tandis qu’en Europe centrale, les

entreprises coopèrent surtout de manière horizontale.

La mise en place de coopérations forestières est suppor-

tée par l’Office fédéral de l’environnement OFEV et

bénéficie donc également de subventions dans la plu-

part des cantons. La situation économique difficile ainsi

qu’une série d’incidents naturels (tempête Lothar, bost-

ryche, sécheresse estivale etc.) ont favorisé la mise en

place de coopérations au cours des dix dernières années.

Une étude financée par le Programme d’encouragement

«Bois21» et Économie Forestière Suisse a analysé les

formes et degrés de coopération existant dans la forêt

publique, ainsi que les formes juridiques choisies et les

facteurs spécifiques ayant favorisé la coopération dans

les cas particuliers.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Questionnaires, interviews et comptes d’exploitations

L’étude se base d’une part sur des questionnaires adres-

sés aux associations forestières cantonales, à l’associa-

tion Économie Forestière Suisse, aux services forestiers

Barbara Stöckli et Bernhard Pauli, Haute école suisse d'agronomie HESA, 3052 Zollikofen

Renseignements: Barbara Stöckli, e-mail: [email protected], tél. +41 31 910 22 70

Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations

Page 49: Edition 7+8 juillet-août 2011

Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole

349

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

Une étude de la Haute école suisse d'agrono-

mie HESA a examiné les formes de coopéra-

tion existant au sein de l'économie forestière

suisse, et les facteurs qui ont favorisé leur

mise en place. Une grande diversité de

formes de coopération a été constatée

concernant le degré de coopération, la forme

juridique choisie et le nombre de partenaires

impliqués. Il n'a pas été possible d'identifier

un modèle «optimal»; une coopération

réussie dépend plutôt du contexte et des

personnes impliquées. Quelques formes de

coopération ont été présentées dans une

brochure destinée à la pratique.

cantonaux et à une sélection de gestionnaires d’entre-

prise; d’autre part, 20 coopérations existantes on été

sélectionnées pour une analyse approfondie de leur

structure.

Le choix des formes de coopération repose sur les cri-

tères suivants:

•• diversité des approches concernant le degré de

coopération

•• distribution géographique (exemples issus de chaque

région de production principale: Jura, Plateau,

Préalpes , Alpes, sud des Alpes)

•• diversité des fonctions (forêt de protection, de

détente etc.)

Les 20 coopérations analysées comprennent quatre

organisations de commercialisation du bois avec une

coopération peu intense, et 16 coopérations d’exploita-

tion. Deux organisations de commercialisation et trois

coopérations d’exploitation sont localisées dans la

région Préalpes / Alpes / sud des Alpes, six coopérations

d’exploitation se situent dans le Jura, et les coopérations

restantes sur le Plateau.Toutes les coopérations ont été mises en place après la

tempête Lothar, entre 2001 et 2006, et se trouvaient

encore en phase de constitution au moment de l’enquête.

Pour l’analyse des coopérations d’exploitation, les

comptes d’exploitation (11 des 16 coopérations ont

accepté de les mettre à disposition), les contrats de

co opération ou les statuts et règlements ont été consul-

tés. De plus, des interviews structurées ont été conduites

avec les gestionnaires ou chefs des entreprises.

Bases théoriques

La coopération est une collaboration volontaire entre

des partenaires juridiquement indépendants, qui renon-

cent partiellement à leur indépendance économique en

vue d’une action coordonnée leur permettant de mieux

atteindre leurs objectifs économiques que s’ils agissaient

individuellement (Etter 2003).

Cette collaboration peut prendre les formes les plus

diverses. Sydow (2006) note qu’il y existe une infinité de

types de réseaux. Il propose une classification basée sur

le mode de conduite (hiérarchie ou égalité entre parte-

naires) et la stabilité temporelle du réseau (fig. 1). Cette

classification a été suivie dans l’étude de Pauli et al.

(2008). Theling et Loos (2004) mentionnent d’autres cri-

tères de classification, comme le nombre de partenaires

et leur origine géographique et institutionnelle.

Du point de vue théorique, trois approches par

modèle expliquent la formation de coopérations. L’ap-

proche de l’économie industrielle, proposée par les éco-

nomistes Bains (1968) et Porter (1981), part du principe

que des groupes d’entreprises agissant sur un marché

commun et offrant des produits similaires – qui sont

donc en compétition – commencent à collaborer à partir

d’une certaine concentration de prestataires pour amé-

liorer leur position sur le marché. Toutes les entreprises

qui agissent sur un marché commun avec une stratégie

concurrentielle semblable forment un groupe straté-

gique, qui se délimite des autres groupes stratégiques

par des barrières de mobilité ou de marché (Porter 1980).

!!!!

stable dynamique

hiérarchique

hétérarchique

Réseaux stratégiques

EV

EV = Entreprise virtuelle Source: Sydow (2006) Stabilité nécessaire des coopérations

Réseau de projet

Réseau de production

OC

EP

CE

Réseau d‘associations Form

e de

con

duite

Figure 1 | Matrice à quatre quadrants classifiant les coopérations (Sydow 1998) avec la position des formes principales de coopéra-tion analysées par Pauli et al. (2008). CE = communauté d’entre-prises, OC = organisation de commercialisation, EP = entreprise principale.

Page 50: Edition 7+8 juillet-août 2011

Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations

350 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

La coopération peut permettre à des entreprises de

franchir ces barrières et de pénétrer dans un nouveau

groupe stratégique.

Une deuxième approche pour expliquer les coopéra-

tions est fournie pas la nouvelle économie institution-

nelle avec sa théorie des coûts de transaction. Cette

théorie remonte aux travaux scientifiques de Coase

(1937 à 1960) et a été résumée par Pauli (2002). La nou-

velle économie institutionnelle distingue deux formes

de régulation: d’un côté le marché au sein duquel les

entreprises sont flexibles et agissent de manière oppor-

tuniste, mais doivent fournir un effort de coordination

considérable pour échanger leurs services et produits

par voie de contrats; de l’autre côté, l’entreprise, organi-

sée hiérarchiquement, qui exige une action anti-oppor-

tuniste basée sur la confiance mutuelle des partenaires.

Cette forme requiert moins de coordination mais réduit

la flexibilité.

Selon Sydow (2006), la coopération est une forme

mixte entre le marché et la hiérarchie, où l’on essaye de

combiner les avantages d’une structure de marché

(flexibilité) avec les avantages d’une structure d’entre-

prise hiérarchique (moins de coordination donc moins

coûts de transactions).

La troisième approche, plus récente, issue de la ges-

tion de la chaîne logistique (Supply Chain Management),

postule que des coopérations se forment lorsque les

entreprises veulent rapidement accéder à de nouvelles

compétences ou à de nouveaux marchés (Duschek et

Sydow 2002).

Une autre branche de la recherche sur les coopéra-

tions analyse le comportement des individus qui coopè-

rent et cherche à en déduire les conséquences au niveau

du système entier.

Dans les années 1980, Axelrod (1984) a démontré par des

essais basés sur la théorie des jeux que sous certaines

conditions, la coopération est même profitable à des

partenaires qui agissent en principe de manière égoïste,

car elle leur permet de s’imposer jusqu’à un certain point

dans un groupe.

Des travaux plus récents (Fehr et Fischbacher 2003)

montrent que les coopérations sont plus fréquentes que

les considérations théoriques ne le prédisent, car des

facettes humaines telles que l’altruisme et le sens de la

justice (fairness), négligées jusqu’alors, influencent la

manière d’agir.Les modèles appliqués dans le domaine de la coopé-

ration partent donc du principe que la réussite de la mise

en place d’une coopération dépend non seulement de la

forme d’organisation et de la stratégie de marché suivie,

mais aussi de facteurs humains (Kyburz et Pfister 2005).

R é s u l t a t s

Les coopérations forestières visent la stabilité

Les formes de coopération analysées dans le cadre de

l’étude de la HESA ont été classifiées selon leur durée et

leur forme de régulation d’une part et selon l’intensité

de la coopération d’autre part, ceci en appliquant le sys-

tème de Sydow (1998; fig. 1). Trois grands groupes de

formes de coopération ont été mis en évidence et sont

brièvement décrits ci-après.

Les Communautés d’entreprises forestières (CEF)

sont des formes de coopération où plusieurs proprié-

taires forestiers se regroupent au sein d’une collectivité

de droit public selon la législation cantonale (par

exemple comme syndicat de communes). Les contrats

formant la base de la coopération sont conclus à long

terme, et les entreprises sont des partenaires égaux.

Selon Hess (2000), les communautés d’entreprises fores-

tières correspondent à un réseau commun (fig. 1). Par

contre, les organisations de commercialisation (OC)

sont des regroupements d’un nombre variable de pro-

priétaires de tailles très diverses, dont le but est de com-

mercialiser ensemble du bois. L’étendue de la coopéra-

tion est donc plus modeste qu’avec la coopération

d’exploitations. L’organisation de commercialisation est

prévue pour une longue durée mais les fournisseurs

individuels ne sont pas tenus de commercialiser leur bois

par le biais de l’organisation et ne le font donc que si

cela leur procure un avantage. Ceci introduit une com-

posante très dynamique. L’organisation de commerciali-

sation occupe une position intermédiaire entre le réseau

commun et le réseau de production.Une troisième forme de coopération fréquente dans la

foresterie suisse est celle d’une entreprise principale (EP).

Figure 2 | La commercialisation coopérative du bois facilite l'accès aux marchés internationaux et les transactions avec des clients en gros, qui achètent le bois par charges de wagons de train. (Photo: Michael Meuter, Zurich/LIGNUM)

Page 51: Edition 7+8 juillet-août 2011

Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole

351Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

dans la facturation, ne sont pas encore mises à profit et

les collaborateurs et parcs de machines ne sont pas

encore adaptés aux nouvelles structures. Un risque parti-

culier menace les formes de coopération qui dépendent

fortement d’une seule personne (chef ou gestionnaire

d’entreprise) sans que son remplacement n’ait été défini.

La démission de cette personne-clé signifierait une perte

d’informations, de contrôle et de connaissances qui

menacerait la survie de l’ensemble de la coopération.

Six exemples du catalogue des formes de coopéra-

tion ont été sélectionnés, analysés et décrits avec leurs

forces et faiblesses dans une brochure destinée à la pra-

tique (HESA, EFS & OFEV 2010).

Importance des leaders d’opinion engagés

L’interview des chefs d’entreprise a permis d’identifier

les points communs des histoires de coopérations. Il

s’avère que dans chaque cas étudié, un incident externe

grave pour l’entreprise a déclenché le changement de la

forme d’organisation. La situation difficile sur le marché

du bois après la tempête Lothar est l’un de ces facteurs.

Plus fréquemment, les changements au niveau du per-

sonnel dans une ou plusieurs entreprises forestières voi-

sines ont été suivis de négociations de coopération.

Dans un premier temps, une ou plusieurs personnali-

tés bien acceptées dans la foresterie ou la politique

locale ont préparé le terrain de la coopération par des

mesures destinées à établir la confiance. La participa-

tion de tous les acteurs concernés et une attitude

ouverte face à leurs craintes sont décisives dans cette

phase de mise en confiance.

Un système de valeurs communes (culture d’entre-

prise semblable) est décisif dans cette phase d’entente

des futurs partenaires de coopération. Ces valeurs s’ex-

Dans ce cas, le propriétaire forestier, qui possède égale-

ment l’entreprise, joue clairement un rôle de directeur

envers les partenaires de coopération. L’entreprise prin-

cipale devient alors l’entreprise focale et la forme de

coopération constitue un réseau stratégique.

Toutes les formes de coopération sont orientées vers

la durabilité et la stabilité. Le degré de coopération est

plus faible dans les entreprises principales avec

décomptes séparés et plus intense dans les communau-

tés d’entreprises avec décompte commun. Tous les

degrés d’intensité sont représentés dans la foresterie

suisse.

Grande diversité de formes juridiques

La formes juridiques sont également très diverses. Les

formes classiques sont le bail à ferme, la coopérative ou

le mandat, mais il existe aussi des sociétés à responsabi-

lité limitée, des sociétés anonymes ou des associations.

Parmi les 20 formes de coopération étudiées, les proprié-

taires de forêts publiques optaient le plus souvent pour

le syndicat de communes selon les législations canto-

nales et communales.

Le forme juridique définit les conditions-cadres

internes et externes auxquelles doit répondre la forme

de coopération. Elle influence les questions de responsa-

bilité et détermine les possibilités et limites de participa-

tion aux décisions des entreprises individuelles.

Les personnes interrogées accordent donc une

grande importance au choix de la forme juridique lors

de la mise en place d’une coopération ou plus générale-

ment lors de la fondation d’une entreprise.

Après analyse des 20 formes de coopération en

Suisse, Pauli et al. (2008) ont cependant conclu que la

forme juridique n’est pas décisive pour la réussite de la

coopération.

Atouts et faiblesses des formes de coopération

L’atout principal des coopérations est la professionnali-

sation des domaines impliqués. Les coopérations se

caractérisent par des structures simples et une exécution

efficace des tâches. Elles peuvent accueillir des nouveaux

partenaires et ainsi améliorer leur position sur le marché.

En revanche, des faiblesses apparaissent dans la formula-

tion des stratégies et objectifs des formes de coopéra-

tion, qui restent souvent très généraux et impliquent

donc le risque de conflits d’intérêt imprévus. De plus, la

mise en place de mécanismes de contrôle efficaces est

impossible sans formulation d’objectifs bien définis. Les

formes de coopération analysées n’exploitent pas encore

l’entier de leur potentiel, ce qui s’explique en partie par

le fait que toutes les coopérations sont encore en phase

de constitution. Les synergies possibles, par exemple

Figure 3 | Une mesure pour établir la confiance au sein de nou-velles coopérations consiste à attribuer de nouvelles tâches aux collaborateurs, qui leur ouvrent de nouvelles perspectives sans les surcharger. (Photo: HESA FWI)

Page 52: Edition 7+8 juillet-août 2011

352

Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

priment non seulement dans de la formulation d’objec-

tifs communs ou d’une stratégie commune, mais égale-

ment dans l’attitude envers les collaborateurs et envers

la base de production naturelle «forêt».

D i s c u s s i o n

L’analyse économique de coopérations et les modèles

explicatifs théoriques associés ont surtout considéré

celles-ci sur le plan technique et de l’organisation (Pauli

2002; Sydow 2006). Pour simplifier les modèles, on a

négligé le fait que les organisations se composent de

personnes, dont les préférences et les valeurs sont déci-

sives pour le succès de l’organisation (Kyburz et Pfister

2005). Cette étude conduite entre 2006 et 2008, qui a

principalement tenu compte des stratégies formulées,

des structures et processus d’organisation ainsi que des

indicateurs financiers, n’a pu expliquer qu’en petite par-

tie la réussite des coopérations individuelles. Des ana-

lyses statistiques ou comparatives sont rendues impos-

sibles par le mode de sélection choisi. La valeur de cette

étude réside dans la mise en évidence de plusieurs voies

alternatives pouvant conduire à une coopération réussie,

qui ont déjà été suivies dans la foresterie suisse. L’étude

documente un stade de développement qui peut servir

de base à une analyse temporelle afin de décrire, analy-

ser et mieux comprendre la transition de la phase de

constitution à l’état à moyen et long terme.

C o n c l u s i o n s

Lors de la mise en place d’une coopération, il est essen-

tiel d’identifier puis d’intégrer toutes les personnes-clé:

leaders d’opinion locaux, responsables politiques, chefs

et gestionnaires d’entreprise actuels, collaborateurs et

services forestiers locaux. En intégrant tous ces acteurs le

plus tôt possible, les chances de réussite du projet de

coopération augmentent.

Dès le départ, il doit y avoir une base de valeurs com-

mune. Des entreprises ayant une conception fondamen-

talement différente des stratégies forestières, qui prati-

quent une culture d’entreprise diamétralement opposée

ou dont les portefeuilles de produits sont totalement

différents auront des difficultés à collaborer avec succès.

La proximité géographique ne suffit pas pour établir

une coopération d’exploitation.

Le choix de la forme juridique n’est pas décisif pour

la réussite d’une coopération, du moins dans la phase

de départ documentée ici. Néanmoins, les auteurs sont

convaincus qu’une forme juridique fixant clairement les

droits et les obligations des partenaires est préférable,

car elle oblige les partenaires à définir précisément

leurs rôles.

Il n’est pas possible, ni nécessaire, d’exploiter pleine-

ment le bénéfice potentiel d’une coopération dès le

départ. Il est préférable de procéder progressivement

avec des mesures servant à établir la confiance, comme

une gestion coopérative par plusieurs des gestionnaires

des entreprises, la préparation de décomptes séparés

pour chaque partenaire ou la prise en charge de tous les

collaborateurs disposés à participer à la nouvelle forme

d’entreprise. La coopération pourra être intensifiée au

fil du temps. Le but est d’améliorer à long terme la pro-

fitabilité et le maintien dans un marché futur qui sera

peut-être encore plus globalisé. Ce but devrait être prio-

ritaire par rapport au rendement à court terme. n

Page 53: Edition 7+8 juillet-août 2011

353

Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011

Swiss forest economy: how to cooper-

ate successfully

Within the framework of a study

conducted by the Swiss College of

Agriculture, the types of cooperation

currently in existence in the Swiss

forestry industry together with the

factors favorably influencing their

establishment were examined. It was

ascertained that a wide variety of

cooperation types exist in terms of the

depth of cooperation, the choice of

legal structure and the number of

participating partners. No «best» model

could be determined; it was rather

clear that successful cooperation

depends on the existing situation and

its key players. Some cooperation types

have been selected and are presented

in the form of practical advice.

Key words: Swiss forest industries,

cooperation.

Economia forestale svizzera:

Quale forma di collaborazione porta al

successo

Nell’ambito di uno studio della Scuola

superiore di agricoltura svizzera è stato

esaminato quali forme di cooperazione

nel settore dell’economia forestale

svizzera esistono e quali fattori hanno

promosso la loro costituzione. In

generale vi è stata constatata una

grande diversità tra le forme di

collaborazione istaurate. Questa

diversità è dettata dall’intensità di

collaborazione, dalla scelta della forma

giuridica e dal numero di partner

coinvolti. Non è stato, tuttavia,

possibile identificare un unico modello

«ideale». Risulta piuttosto che la

cooperazione di successo dipende

dall’ambiente esistente e dalle attività

svolte da persone chiave coinvolte.

Alcune forme di collaborazione sono

state selezionate e presentate come

aiuto pratico.

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Page 54: Edition 7+8 juillet-août 2011

354 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

Selon le type système de paiement du lait les Holstein néo-zélandaises ou les Holstein suisses ont obtenu le meilleur revenu par ha. (Photo: projet «Quelle vache pour la pature»?)

Christian Gazzarin1 et Valérie Piccand2

1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen2Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen

Renseignements: Christian Gazzarin, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368 31 31

I n t r o d u c t i o n e t p r o b l é m a t i q u e

Le coût de l’alimentation des vaches est le poste le plus

important de la production laitière. En Suisse, jusqu’à

30 % des coûts spécifiques sont imputables à la produc-

tion des fourrages et à l’achat d’aliments, en particulier

de concentrés (Gazzarin et al. 2005). L’augmentation de

la part de pâture dans la ration permet non seulement

de réduire les coûts de conservation des fourrages, mais

aussi d’économiser le temps passé à l’alimentation des

animaux, les vaches allant chercher elles-mêmes leur

nourriture au pâturage. Toutefois, un bon regroupe-

ment des parcelles de l’exploitation est souvent une

condition préalable au choix de ce système. Le choix de

vêlages groupés au printemps peut réduire encore

davantage le volume des fourrages conservés, car les

vaches sont taries au moment de la période d’alimenta-

tion hivernale. La diminution des quantités de fourrages

conservés entraîne une réduction des coûts de machines,

de bâtiments (stockage) et de main-d’œuvre. Ces coûts

de structure ont un poids particulièrement important en

Suisse, caractérisée par un environnement de coûts éle-

vés (Gazzarin et Schick 2004; Gazzarin et al. 2005).Les exigences concernant des vaches conduites en

système de pâture intégrale avec vêlages groupés sont

différentes de celles concernant des vaches conduites

avec une alimentation essentiellement en bâtiment avec

des vêlages répartis sur l’année. Ces dernières années,

une part importante de génétique nord-américaine,

issue de vaches sélectionnées dans des conditions d’ali-

mentation en bâtiment, a été introduite dans les races de

vaches suisses. Dans ces conditions, on peut se demander

dans quelle mesure les types de vaches les plus répandus

actuellement sont adaptés au système de pâture inté-

grale avec vêlages groupés. Ainsi, des résultats de

recherche récents démontrent que des vaches, sélection-

nées dans des conditions d’alimentation en bâtiment

avec des rations complètes, ne sont pas adaptées au sys-

tème de pâture intégrale pour les critères de production,

de reproduction (Kolver et al. 2000; Horan et al. 2005;

Fulkerson et al. 2008) et de rentabilité (McCarthy et al.

2007). Dans ces conditions, et en prenant en compte les

surfaces limitées à disposition des producteurs de lait en

Suisse, quel type de vache permet les revenus les plus

élevés en système de pâture intégrale avec vêlages grou-

pés? Comment le travail est-il valorisé (salaire horaire)?

A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e s

Les données utilisées pour les calculs de rentabilité pro-

viennent d’un essai sur trois ans «Quelle vache pour la

pâture?» réalisé par la Haute école suisse d’agronomie

HESA et d’autres partenaires. Les vaches et exploitations

impliquées, le schéma expérimental, les paramètres

relevés ainsi que les méthodes d’analyse statistique ont

été décrits en détail dans le premier article de la série

(Piccand et al. 2011). En bref, de 2007 à 2009, des vaches

Holstein néo-zélandaises (NZ HF) ont été appariées avec

des vaches suisses sur 15 fermes commerciales, incluant

au final 259 lactations de 134 vaches (NZ HF, n = 131 lac-

tations/58 vaches Holstein Suisse (CH HF) 40/24; Fleck-

vieh (CH FV) 43/27; Brown Swiss suisse (CH BS) 45/25). Les

Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique

E c o n o m i e a g r i c o l e

Page 55: Edition 7+8 juillet-août 2011

Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole

355

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

La rentabilité de différents types de vaches,

conduites en système de pâture intégrale avec

vêlages groupés en fin d’hiver, a été étudiée. Pour

cela, un modèle de simulation de troupeau a été

réalisé à partir des données du projet de recherche

«Quelle vache pour la pâture?». Les résultats

indiquent une différence de revenus variant de

zéro à 15 %, soit de zéro à 5 centimes par kg de

lait. Il n’existe pas d’avantage net pour un type de

vache. Toutefois, d’après notre modèle, une haute

productivité laitière à l’hectare ou, dans le cas d’un

paiement du lait en fonction des teneurs, une

production élevée de matières grasse et protéique

à l’hectare, sont des facteurs déterminants de

rentabilité. Une haute productivité à l’hectare peut

être atteinte par des animaux à haut niveau de

production laitière individuel ou par des animaux

plus petits et moins productifs mais en plus grand

nombre. D’autres différences relatives aux diffé-

rents types de vaches ont été mises en évidence,

notamment le produit viande et les performances

de reproduction. Ces dernières sont essentielles

pour un système de pâture intégrale avec vêlages

groupés, mais toutes leurs conséquences, notam-

ment sur le temps de travail, n’ont pu être

étudiées. Pour évaluer l’impact de facteurs

supplémentaires, l’acquisition de références plus

solides sur les différents types de vaches conduites

dans différents systèmes de production doit être

poursuivie. Les impacts de ces facteurs devront

être évalués en termes de rentabilité, mais aussi

d’écologie et de charge de travail, autres compo-

santes de la durabilité.

données principales concernent les niveaux de produc-

tion laitière des trois premières lactations, les teneurs

du lait, les poids moyens annuels des vaches et le

nombre de vaches non gestantes 12 semaines après le

début de la saison de reproduction.

Sur la base des données mentionnées précédemment,

le principe a été de simuler un troupeau complet pour

chaque type de vaches en extrapolant les données pour

avoir des structures de troupeau définies (part de vaches

pour chaque rang de lactation; tabl. 1). La production

laitière en 3e lactation a été prise comme base de calcul

pour les productions des lactations de rangs 4 et plus.

Les calculs ont été effectués avec différents modèles.

Les productions laitières annuelles moyennes et le poids

moyen des vaches ont été calculés dans un modèle de

troupeau sur la base d’une structure de troupeau définie.

La consommation de fourrages grossiers en hiver et en

été a été calculée grâce à un autre modèle se basant sur

la qualité du fourrage de base et qui dépend de la pro-

duction laitière de l’année, du poids de la vache et de la

date de vêlage. La consommation de concentrés a été

fixée à 280 kg par vache et par an, ce qui correspond à la

moyenne des 15 exploitations du projet «Quelle vache

pour la pâture?». D’autres calculs ont été effectués avec

d’autres modèles, comme le temps de traite (en fonction

de la quantité de lait journalière) et les coûts de bâti-

ments. Pour ces derniers, on a pris en compte les coûts de

stockage de la matière sèche des fourrages ingérés. Par

ailleurs, pour les CH HF, avec certaines vaches à plus de

150 cm au garrot, on a augmenté de 5 % les surfaces des

logettes, des allées et des places d’alimentation. Les don-

nées calculées ont été intégrées dans un modèle global

afin d’estimer les divers produits et coûts pour un sys-

tème fermé en production laitière (Gazzarin et Schick

2004). Le tableau 2 présente la mécanisation et le type de

bâtiment choisis dans le modèle; aucune différence n’a

été faite selon les types de vaches.

Pour l’interprétation des résultats, il est nécessaire de

garder à l’esprit qu’il s’agit ici de systèmes optimisés: les

capacités des bâtiments, en particulier le nombre de

places, sont totalement utilisées et il n’y a pas de dettes

préexistantes pour d’anciens bâtiments. De plus, aucun

coût d’agrandissement tels les amortissements ou les

locations de contingent n’a été pris en compte.

R é s u l t a t s

Le tableau 3 présente les résultats d’une exploitation de

15 ha de prairies intensives en plaine affourageant exclu-

sivement du foin, selon un système de paiement du lait

aux volumes livrés (Volume) ou incluant en plus un paie-

ment selon les teneurs (V + Teneurs).

Sur 15 ha, environ 29 à 33 vaches peuvent être nour-

ries selon les groupes. La consommation de fourrages

grossiers par vache est le facteur déterminant du

nombre possible de vaches sur une surface donnée. La

consommation dépend du poids vif des vaches et du

niveau de production laitière (lait corrigé selon l’énergie,

ECM). Les revenus de la production laitière varient, sui-

vant le système de paiement du lait, d’environ 3200

francs (CH FV, paiement au volume) à 3700 francs par

hectare (NZ HF, paiement aux taux).

Parmi les groupes de l’étude, ce sont les CH HF qui

ont produit le plus de lait par hectare. Pourtant, ce para-

mètre n’est corrélé aux revenus que lorsque les teneurs

sont ignorées dans le paiement du lait. Le paiement

selon les teneurs entraîne un meilleur résultat pour les

animaux de type NZ  HF notamment, malgré leur pro-

duction laitière plus faible (fig. 1).

Page 56: Edition 7+8 juillet-août 2011

Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique

356 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

La rémunération du travail (salaire horaire) est un

autre facteur déterminant de la rentabilité. Elle se cal-

cule en soustrayant les coûts totaux (sans le travail) des

produits, puis en divisant ce revenu par le nombre

d’heures effectuées. Les troupeaux de CH HF et de CH FV

nécessitent le moins d’heures de travail (tabl. 3), princi-

palement à cause du nombre réduit de vaches, qui a une

influence durant la période hivernale (temps nécessaire

à l’alimentation du troupeau et à l’évacuation du fumier).

La rémunération du travail varie de 19 à 22 francs par

heure, la valeur la plus haute est atteinte par les CH HF

dans les deux systèmes de paiement du lait. Cela s’ex-

plique aussi par le nombre moins important de vaches,

entraînant un niveau plus faible d’investissement par

hectare pour le bâtiment, malgré l’augmentation de 5 %

des espaces fonctionnels nécessaires aux CH HF.

Si la variation des résultats selon les races est analo-

gue pour une exploitation de 30 ha dont la surface four-

ragère peut nourrir 57 à 65 vaches, ils sont toutefois

supérieurs de 40 à 50 % à ceux des exploitations de 15 ha.

Ces calculs comparatifs ont également été effectués pour

des exploitations utilisant de l’ensilage. Leurs revenus,

avec un prix du lait inférieur de 3  centimes, sont infé-

Unité CH HF CH FV CH BS NZ HF

Production laitière annuelle moyenne par vache kg de lait 6431 5811 5500 5799

Durée de lactation calculée1 jours 274 286 278 276

Taux de matière grasse % 4,0 4,2 3,9 4,2

Taux protéique % 3,2 3,3 3,3 3,5

Production laitière ECM annuelle moyenne par vache kg ECM 6344 5920 5381 6002

Poids de carcasse moyen des vaches kg 586 607 516 509

Poids vif moyen des vaches kg 598 643 537 540

Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (sans ensilage) kg / vache 5719 5654 5002 5331

Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (avec ensilage) kg / vache 5662 5586 4949 5272

Taux de renouvellement2 % 31 24

Durée d’utilisation des vaches années 3,25 4,24

Structure du troupeau (proportion de vaches ≥ 4 lactations) % 37 54

Facteur d’élevage (veaux élevés) facteur 0,95 0,95

Part de veaux croisés % 32 46

Facteur de correction pour la 4e lactation3 facteur 1,053 1,053

Consommation de concentrés par an kg / vache 280 280

Facteur de plus-value pour la viande des vaches et des veaux facteur 1 1,1 1 1

Coûts forfaitaires d’élevage du jeune bétail CHF / mois 90 90 80 80

Tableau 1 | Données des troupeaux issues des résultats du projet «Quelle vache pour la pâture?», 2007–2009

1 Les jours de lactation dépendent des performances de reproduction. Les vaches qui sont gestantes tardivement ont des lactations plus courtes car toutes les vaches sont taries au même moment.

2Taux de renouvellement = part des vaches non portantes après 12 semaines + 10 % (arrondi).3Production laitière lors de la 3e lactation multipliée par le facteur de correction = production laitière lors de la 4e lactation.

18

19

20

21

22

23

3100 3200 3300 3400 3500 3600 3700 3800

CHF

/ h

CHF/ha

Figure 1 | Effet de deux systèmes de paiement du lait (paiement au volume – symbole vide; supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 CHF/kg lait) de 0,05 CHF x [graisse% + (2 x protéine%) - 10,5] - symbole plein) sur le revenu par ha et par heure de travail pour différents types de vache (CH HF ■; CH FV ■; CH BS ▲; NZ HF ●) sur 15 ha, avec affouragement de foin.

Page 57: Edition 7+8 juillet-août 2011

Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole

357Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

sont pas pris en compte. Or, selon Montgomerie (2002),

la moitié du bénéfice économique de meilleures perfor-

mances de reproduction provient de la capacité à réfor-

mer les plus faibles productrices. La combinaison produit

viande, bonnes performances de reproduction et perfor-

mance laitière moyenne n’a pas permis au type CH FV

d’atteindre les performances économiques des types les

rieurs de 7 à 9 % à ceux des systèmes foin. Les différences

entre les différents troupeaux, un peu plus importantes,

restent globalement semblables à la variante «foin».

D i s c u s s i o n

Performances de reproduction et produit viande: effets

plus faibles?

Dans les systèmes de production laitière en vêlages grou-

pés, les performances de reproduction sont connues

pour influencer les résultats économiques autant que les

performances de lactation (McCarthy et al. 2007). En

Irlande, Evans et al. (2006) estiment que la dégradation

des performances de reproduction a grevé de moitié

l’amélioration attendue du revenu des exploitations de

1990 à 2003. Dans nos simulations, les meilleurs résultats

économiques s’observent pour les deux types Holstein –

incontestablement les types les plus laitiers – malgré des

performances de reproduction inférieures pour les Hols-

tein suisses. Dans une étude irlandaise comparant des

vaches Holstein néo-zélandaises à des vaches Holstein

nord-américaines, avec des résultats de production et de

reproduction comparables à ceux de notre étude (NZ HF

et CH HF), le type néo-zélandais a permis de meilleurs

résultats économiques, quel que soit le scénario étudié

(McCarthy et al. 2007). La production laitière inférieure

est largement compensée par de meilleures perfor-

mances de reproduction. Dans nos modèles, les perfor-

mances de reproduction n’influencent que la durée de

lactation et le taux de remonte. Les effets indirects ne

15 ha SFP1 30 ha SFP

Tracteurs 41 kW, 60 kW (occas.) 41 kW, 60 kW

Récolte des fourrages (fauche / travail)

Mécanisation moyenne Mécanisation importante

Production d’ensilage

Stockage du fourrage Balles rondes / silo tranchée Balles rondes / silo tranchée

Récolte du fourrage autochargeuse autochargeuse

presser/tasser par entrepreneur

presser/tasser par entrepreneur

Reprise du fourrage Chargeur frontal, découpeur de blocs

Chargeur frontal, mélangeuse

Production de fourrage sec

Stockage du fourrage Séchage en grange Séchage en grange

Récolte du fourrage Autochargeuse Autochargeuse

Reprise du fourrage Griffe à foin Griffe à foin

StabulationStabulation libre avec logettes

Stabulation libre avec logettes

Salle de traite Epi 2×3 / 6 postes Epi 2×4 / 8 postes

Tableau 2 | Hypothèses choisises pour la mécanisation et les bâtiments

Type de vache1 Unité CH HF CH FV CH BS NZ HF

Système de paiement du lait Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs

Nombre de vaches Nb 29 – 29 – 33 – 31 –

Production laitière kg lait 183 927 – 167 357 – 179 300 – 178 029 –

Produit du lait Fr. / 100 kg lait 59,7 59,2 59,3 61,0 59,4 58,9 59,5 62,7

Produit de la viande Fr. / 100 kg lait 13,1 – 14,8 – 13,1 – 12,3 –

Paiments directs Fr. / 100 kg lait 21,2 – 23,3 – 22,3 – 22,2 –

Produits totaux Fr. / 100 kg lait 94,0 93,5 97,5 99,1 94,8 94,3 94,0 97,2

Coûts (sans travail) Fr. / 100 kg lait 72,1 – 77,3 – 74,5 – 74,0 –

Coûts du travail Fr. / 100 kg lait 37,5 – 41,4 – 41,2 – 40,8 –

Coûts totaux Fr. / 100 kg lait 109,5 – 118,7 – 115,7 – 114,8 –

Revenu par ha3 Fr. / ha 3 626 3 568 3 184 3 368 3 364 3 307 3 314 3 696

Rémunération du travail Fr. / h 22 22 19 20 19 19 19 21

Heures de travail MOh / an 2 463 – 2 473 – 2 639 – 2 592 –

Tableau 3 | Influence du type de vache et du système de paiment du lait sur les principaux facteurs de succès d'une exploitation de 15 ha en pâture intégrale, vêlages groupés et alimentation foin (prix de base du lait: 0,63 CHF / kg)

1ch hF=holstein suisse, ch FV= Fleckvieh, ch BS= Brown Swiss, nZ hF= holstein-Friesian néo-zélandaise. 2 Volume = paiement par kg de lait, V+Teneurs = supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 chF/kg lait) de 0,05 chF × (graisse% + (2 x protéine%) – 10,5).

350 % de capital propre et de terres en propriété.

1 Surface fourragère principale.

Page 58: Edition 7+8 juillet-août 2011

358

Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

plus laitiers, contrairement aux résultats de Evans et al.

(2004) avec la race Montbéliarde ou de Delaby et al.

(2008) avec la race Normande.

Fort impact du système de paiement du lait

En Nouvelle-Zélande, seules la matière grasse et la

matière protéique sont rémunérées, contrairement au

système nord-américain ou suisse qui rémunère le volume

généralement indépendamment des teneurs. Les vaches

néo-zélandaises ont été sélectionnées sur des teneurs

élevées, expliquant la grande amplitude de revenu pour

le type NZ HF selon le système de paiement du lait consi-

déré, volume ou volume + teneurs (fig. 1). Un paiement

au kilo de matière utile, comme c’est déjà le cas chez cer-

tains acheteurs suisses, accentuerait encore ces écarts. En

Suisse, où la transformation fromagère est plus impor-

tante, il y a fort à parier que ce type de paiement se déve-

loppe dans un contexte d’utilisation efficace des res-

sources.

Pousser la réflexion sur le type de vaches

Du fait du nombre limité de données à disposition, un

modèle de calcul ne permet qu’une approche de la réa-

lité. Divers autres facteurs influant la rentabilité des dif-

férents types de vaches sont encore peu connus ou n’ont

pas pu être analysés pleinement dans notre étude: l’ap-

titude à la traite (coût du travail), la persistance (produit

lait et coût alimentaire), la robustesse des vaches, du

jeune bétail et des veaux (coûts du travail et frais vétéri-

naires), la réaction au changement d’environnement ou

aux variations de qualité de la ration de base (concer-

nant la production laitière), l’état corporel (produit lait,

produit viande, frais vétérinaires), la maniabilité des

vaches (coût du travail), les dégâts causés à l’herbe par le

piétinement (rendement fourrager). L’acquisition de

données plus solides sur les différents types de vaches

conduites dans différents systèmes de production doit

donc être poursuivie afin de pouvoir évaluer d’autres

facteurs. Ces différents facteurs ne doivent pas seule-

ment être évalués en fonction de la rentabilité, mais

aussi en fonction d’autres aspects de la durabilité,

comme l’écologie ou la charge en travail.

C o n c l u s i o n s

Le type de vaches influence significativement le revenu.

Entre types de vaches, les différences de revenu varient

de zéro à 15 %, les différences de coûts de production

varient de zéro à 0,05 CHF par litre de lait. Pour les

exploitations utilisant exclusivement du foin, ces diffé-

rences sont un peu plus faibles.

A même apport de concentrés et même surface de

prairies, la production laitière est à rapporter à l’inges-

tion de fourrages grossiers ou au poids vif des vaches, un

hectare de prairie pouvant supporter plus de vaches si

elles sont plus légères. En combinaison avec une haute

productivité individuelle des vaches, la production lai-

tière à l’hectare, et donc aussi le revenu, augmentent.

Toutefois, le travail nécessaire à l’alimentation hivernale

augmente avec le nombre de vaches, ce qui pénalise la

rémunération du travail.

Le produit viande plus élevé des vaches plus lourdes,

comme les CH FV, a permis de compenser en partie la

plus faible productivité laitière à l’hectare. Les avan-

tages éventuels en conditions d’alpage n’ont pas pu être

étudiés.

Les moins bonnes performances de reproduction des

CH HF, et donc les coûts de renouvellement plus élevés

qui y sont associés, ont également pu être compensés

par les plus hautes performances individuelles et par les

ventes de vaches de réforme. Cependant, en système

avec vêlages groupés, de bonnes performances de

reproduction sont primordiales pour plusieurs raisons.

Elles permettent une production laitière plus élevée sur

la lactation, mais aussi des coûts de renouvellement plus

faibles, a fortiori dans une situation de prix bas pour les

vaches de réforme. Certains aspects liés aux perfor-

mances de reproduction n’ont cependant pas pu être

pris en compte dans le modèle en raison du manque de

données: les performances de reproduction pourraient

influencer plus significativement le résultat en abaissant

les frais vétérinaires, les frais d’insémination, mais aussi

et surtout le temps de travail (inséminations, observa-

tion des vaches, soins aux veaux).

Globalement, les résultats de la comparaison ne sont

pas seulement influencés par le poids des vaches et la

production laitière sur la lactation, mais aussi et forte-

ment par le système de paiement du lait. n

Page 59: Edition 7+8 juillet-août 2011

359

Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011

Which cow for pasture-based production systems?:

Economic evaluation

The objective of the study was to compare, within

pasture-based seasonal-calving systems, the economic

performance of different types of cows. A herd simula-

tion based on the results of the project «Which cow

for pasture-based production systems?» was under-

taken. There were no clear advantages of one cow

type over the others. The model calculation could,

however, show that high milk production per hectare

or – with a component-based payment scheme – pro-

duction of fat and protein per hectare represented an

important success factor. High production per hectare

could be achieved with high individual production or

with low bodyweight of the cow and an associated

increase in cow numbers. Other cow-type-related

differences were found in the meat and reproduction

performances. Reproduction is essential for seasonal-

calving pasture-based milk production systems, but its

impact on working hours could not be taken into

account in our results. The acquisition of solid basic

data about different cow types in different produc-

tion systems should therefore be continued in order

to evaluate further influencing factors – not only in

terms of cost-effectiveness, but also regarding further

aspects of sustainability like ecology or workload.

Key words: pasture, seasonal calving, dairy produc-

tion, economic efficiency, breeds

Progetto «La mucca da pascolo e la sua genetica»:

Valutazione economica

E’ stata studiata la redditività di diversi tipi di mucche,

condotte con sistema di pascolo integrale e con parto

a fine inverno. E stato realizzato un modello di

simulazione di mandria, partendo dai dati del

progetto di ricerca «La mucca da pascolo e la sua

genetica». I risultati indicano una differenza di resa

che varia da 0 a 15 %. Non è stata evidenziata nessuna

differenza marcante tra le diverse tipologie di mucca.

Tuttavia, nel nostro modello, un’elevata produttività

lattiera per ettaro – oppure in caso di un pagamento

del latte in funzione dei contenuti in materia grassa e

proteica per ettaro – sono determinanti per la

redditività. Un’elevata produttività per ettaro può

essere ottenuta da animali con un elevato livello di

produzione lattiero individuale o attraverso un

numero maggiore di animali più piccoli e meno

produttivi. Sono state evidenziate altre differenze

relative alle diverse tipologie di mucche, tra cui il

prodotto carne e la capacità riproduttiva – elementi

essenziali per un sistema di pascolo integrale con

parto raggruppato. Ma tutte le loro conseguenze non

hanno potuto essere studiate. Per valutare l’impatto

di fattori supplementari, è necessario acquisire e

perseguire riferimenti più solidi sulle diverse tipologie

di mucche condotte con diversi sistemi di produzione.

L’impatto di questi fattori dovranno essere valutati

anche in termini di ecologia e di carico di lavoro che

sono ulteriori componenti della sostenibilità.

Bibliographie b Burren A., Reist S., Piccand V., Stürm C., Rieder S. & Flury C., 2009. Züch-terische Aspekte der Tiere im Projekt Weidekuh-Genetik. Agrarforschung 16 (8), 302–307.

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Page 60: Edition 7+8 juillet-août 2011

360 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

duits chimiques à base d’acide propionique, l’un des pro-

duits les plus efficaces pour empêcher le développement

de levures, moisissures et bactéries.

Lors de deux essais en laboratoire, les deux agents

conservateurs Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Sta-

bisil ont été testés dans du foin humide comparative-

ment à un contrôle négatif sans ajout.

I n t r o d u c t i o n

Afin de pouvoir conserver du fourrage sec durablement,

une teneur en matière sèche (MS) d’au moins 85 % est

nécessaire. En Suisse, depuis quelque temps, des agents

conservateurs sont utilisés pour les balles de fourrage sec

qui n’ont pas atteint ces teneurs en MS. Il s’agit de pro-

Afin de pouvoir conserver du fourrage sec sans altération, il faut qu’il soit suffisamment sec. L’utilisation d’agents conservateurs efficaces lors du pressage des balles peut empêcher l’altération. (Photo: ALP)

Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14

Conservation du foin humide avec des agents conservateurs

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 61: Edition 7+8 juillet-août 2011

Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale

361

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

Pour pouvoir conserver du fourrage sec sans

altération, il faut qu’il soit suffisamment sec.

L’utilisation d’agents conservateurs lors du

pressage des balles de foin humide constitue

une alternative. L’efficacité de deux agents

conservateurs (Schaumasil supra NK et KRONI

909.01 Stabisil) a été testée, lors de deux

essais, sur des fourrages à différentes teneurs

en matière sèche. Des variantes non traitées

ont servi de contrôles négatifs. La tempéra-

ture a été relevée pendant la période d’essai

de 30 jours. Les teneurs en matière sèche

ainsi que différents paramètres chimiques ont

été analysés avant et après les 30 jours de

stockage.

Par rapport aux contrôles négatifs, l’ajout du

Schaumasil supra NK et du KRONI 909.01

Stabisil a permis d’empêcher l’échauffement

et l’altération du fourrage pour les teneurs en

MS testées. Sur la base de ces résultats, les

deux produits Schaumasil supra NK et KRONI

909.01 Stabisil pour la stabilisation du foin

humide ont été définitivement autorisés.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Le produit Schaumasil supra NK contient surtout du pro-

pionate d‘ammonium, tandis que le produit KRONI 909.01

Stabisil est composé d’acide propionique et de propionate

d’ammonium. Pour les deux essais, du regain (2e coupe –

herbage riche en graminées, spécialement en ray-grass) a

été humidifié pour obtenir différentes teneurs en MS.

Dans le premier essai, l’agent conservateur Schaumasil

supra NK a été ajouté, et dans le deuxième essai le produit

KRONI 909.01 Stabisil, conformément aux recommanda-

tions des fabricants. Les doses des produits utilisés figurent

dans le tableau 1. Des variantes sans ajout ont servi de

contrôle négatif. Chaque variante a été répétée trois fois.

Les essais ont été réalisés sur l’installation d’essai

développée par Meisser (2001) à l’échelle de laboratoire.

Le fourrage a été introduit dans des cylindres en PVC

(500 g par récipient) et compressé à 200 kg de MS/m3.

Chaque cylindre a été muni d’une sonde de température

et, pendant la durée de stockage de 30 jours, les tempé-

ratures ont été relevées et enregistrées toutes les

30  minutes (fig. 1). Les teneurs en MS ainsi que divers

paramètres chimiques ont été déterminés avant et après

les 30 jours de stockage.

R é s u l t a t s

Températures au cours du stockage

Dans les deux essais, le fourrage sec avec les teneurs en

MS les moins élevées (A + C) des variantes sans ajout

(fig. 2 et 3) s’est échauffé. Aussi bien l’ajout du Schauma-

sil supra NK (fig. 2) que du Kroni 909.01 Stabisil (fig. 3) a

empêché l’échauffement et l’activité des microorga-

nismes indésirables lors des trois répétitions.

Dans le foin humide avec les teneurs en MS les plus

élevées (B et D), un échauffement partiel a été observé

dans les variantes sans ajout (fig. 4 et 5). L’échauffement

a été un peu plus tardif dans la plupart des cas et moins

marqué qu’avec le foin plus humide. Cela coïncide avec

les précédentes analyses de Meisser (2001). A nouveau,

les deux produits Schaumasil supra NK (fig. 4) et Kroni

909.01 Stabisil (fig. 5) ont été efficaces et le fourrage ne

s’est pas échauffé.

Figure 1 | Le foin humide a été compressé dans les cylindres et la température a été relevée en continu à l’aide de sondes. (Photo: ALP)

Essai Fourrage Agent conservateurDosage

par t

1 A Schaumasil supra NK 16,2 kg

1 B Schaumasil supra NK 10,8 kg

2 C KRONI 909.01 Stabisil 9,6 kg

2 D KRONI 909.01 Stabisil 5,3 kg

Tableau 1 | Dosage des agents conservateurs

Page 62: Edition 7+8 juillet-août 2011

Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs

362 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

Teneurs en MS et en nutriments

Les teneurs en MS et en nutriments du fourrage avant le

stockage des deux essais figurent dans le tableau 2. Lors

du premier essai, des teneurs en MS de 74 % (A) et 78 %

(B) étaient attendues; les teneurs en MS effectives se

sont élevées à 75 et 78 %. Lors du deuxième essai, les

différences attendues entre les teneurs en MS étaient de

71 % (C) et 76 % (D), et les valeurs effectivement atteintes

de 74 et 81 %.

Les teneurs en nutriments de tous les fourrages étaient

plus ou moins identiques (tabl. 2). Tous les fourrages pro-

venaient de la même parcelle, ont été séchés sur l’installa-

tion de séchage du foin et stockés dans un endroit sec

jusqu’à leur utilisation. Seules les teneurs en sucre des

fourrages C et D étaient légèrement inférieures à celles

des fourrages A et B. Cela pourrait être dû à la différente

durée de stockage du fourrage jusqu’à son utilisation.

Au cours du stockage de 30 jours du foin humide, l’al-

tération du foin a entraîné la formation d’eau. Ainsi, les

teneurs en MS de ces variantes étaient moins élevées

après le stockage qu’avant. Pour les autres variantes, les

teneurs en MS étaient légèrement plus élevées que

celles du foin humidifié au départ. Ceci est dû à un

séchage subséquent.

Les deux produits ont montré une bonne efficacité

pour le fourrage plus humide. Dans les variantes non trai-

tées, le sucre a été fortement dégradé en raison de l’alté-

ration du fourrage. L’utilisation du Schaumasil supra NK

(tabl. 3) et du KRONI 909.01 Stabisil (tabl. 4) a permis d’em-

pêcher la dégradation des sucres. En ce qui concerne la

part d’azote insoluble par rapport à l’azote total aussi, des

différences significatives ont aussi été observées entre les

variantes traitées et non traitées. Dans les variantes non

traitées, les valeurs dépassaient 5 %, ce qui signale un pro-

cessus de dénaturation. Selon Weiss et al. (1992), plus la

part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total,

plus la digestibilité de la matière azotée diminue.

Pour le foin plus sec, lors du premier essai, des diffé-

rences significatives ont été enregistrées uniquement

pour la teneur en matière azotée (tabl. 3). Lors du second

essai, aucune différence significative n’a été relevée

entre les variantes non traitées et traitées (tabl. 4).

Cependant, à nouveau, les teneurs en sucres étaient

inférieures dans les variantes non traitées. Dans toutes

les variantes, la part d’azote insoluble par rapport à

l’azote total était nettement au-dessous de 5 %.

Pertes en MS

La teneur en humidité du fourrage et l’ajout des agents

conservateurs a eu un impact important sur les pertes en

MS. Pour le foin avec des teneurs en MS de 75 %, les

Essai 1 Essai 2

Fourrage A Fourrage B Fourrage C Fourrage D

Teneur en MS % 74,9 77,8 73,8 81

Cendres g/kg MS 102 101 111 93

Matière azotée g/kg MS 211 204 209 202

Cellulose brute g/kg MS 227 225 225 239

Sucre g/kg MS 186 190 170 176

ADF g/kg MS 247 246 241 254

NDF g/kg MS 448 444 470 494

NADF/N total % 2,7 2,6 2,8 2,2

Tableau 2 | Teneur en matière sèche (MS) et en nutriments du four-rage avant les tests

ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.

-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0

10,0 11,0 12,0 13,0 14,0 15,0 16,0 17,0 18,0 19,0 20,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672

Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

par

rapp

ort a

u lo

cal (

°C)

Durée de conservation (heures)

Sans conservateur - 1er échantillon

Sans conservateur - 2e échantillon

Sans conservateur - 3e échantillon

Schaumasil supra NK - 1er échantillon

Schaumasil supra NK - 2e échantillon

Schaumasil supra NK - 3e échantillon

Figure 2 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conser-vateur (fourrage A avec 75 % MS).

Page 63: Edition 7+8 juillet-août 2011

Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale

363Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

Fourrage A Fourrage B

VarianteSans

conservateurSchaumasil supra NK

SE SignificativitéSans

conservateurSchaumasil supra NK

SE Significativité

Teneur en MS % 69,5 75,3 1,5 n.s. 79,1 80,3 1,0 n.s.

Cendres g/kg MS 125 94 5,0 * 108 98 3,1 n.s.

Matière zotée g/kg MS 244 205 5,3 ** 217 207 1,6 *

Cellulose brute g/kg MS 257 231 3,0 ** 230 228 5,7 n.s.

Sucre g/kg MS 63 185 2,7 *** 140 184 18,8 n.s.

ADF g/kg MS 310 252 3,4 *** 257 243 9,1 n.s.

NDF g/kg MS 564 469 10,2 ** 463 451 9,2 n.s.

NADF/N total % 5,6 2,3 0,7 * 2,9 2,1 0,2 n.s.

Pertes en MS % 18,7 1,8 2,9 * 3,1 -1,3 1,9 n.s.

Tableau 3 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 1er essai

Se: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif; * p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.

-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0

10,0 11,0 12,0 13,0 14,0 15,0 16,0 17,0 18,0 19,0 20,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

par

rapp

ort a

u lo

cal (

°C)

Durée de conservation (heures)

Sans conservateur - 1er échantillon

Sans conservateur - 2e échantillon

Sans conservateur - 3e échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon

Figure 3 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage C avec 74 % MS).

-1,0

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

8,0

9,0

10,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

par

rapp

ort a

u lo

cal (

°C)

Durée de conservation (heures)

Sans conservateur - 1er échantillon

Sans conservateur - 2e échantillon

Sans conservateur - 3e échantillon

Schaumasil supra NK - 1er échantillon

Schaumasil supra NK - 2e échantillon

Schaumasil supra NK - 3e échantillon

Figure 4 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage B avec 78 % MS).

Page 64: Edition 7+8 juillet-août 2011

364

Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

pertes étaient nettement plus élevées dans les variantes

non traitées: 18,7 % et 17,4 % de pertes dans les variantes

non traitées du premier et deuxième essai, contre seule-

ment 1,8 et 2,0 % de perte dans les variantes traitées du

premier et deuxième essai. Pour le fourrage plus sec, les

différences de pertes en MS étaient nettement moins

élevées et pas significatives entre les variantes non trai-

tées et traitées (tabl. 3 et 4).

Evaluation sensorielle

Les variantes non traitées des fourrages humides A et C

étaient entièrement moisies et dégageaient une forte

odeur d’ammoniac (fig. 6). Le fourrage était considéré

comme altéré et inapte à la consommation des animaux.

Les deux produits Schaumasil supra NK et Kroni 909.01

Stabisil se sont montrés efficaces et ont empêché le four-

rage de moisir.

Les fourrages plus secs (B et D) et non traités étaient

moisis à certains endroits. L’utilisation des deux agents

conservateurs a également permis d’empêcher la forma-

tion de moisissures.

Fourrage C Fourrage D

VarianteSans

conservateurKRONI 909.01

StabisilSE Significativité

Sans conservateur

KRONI 909.01 Stabisil

SE Significativité

Teneur en MS % 71,6 77,2 1,6 n.s. 81,8 82,9 1,1 n.s.

Cendres g/kg MS 148 98 8,2 * 106 100 3,7 n.s.

Matière azotée g/kg MS 246 213 1,6 *** 217 210 2,9 n.s.

Cellulose brute g/kg MS 251 232 7,4 n.s. 238 225 6,1 n.s.

Sucre g/kg MS 64 178 2,5 *** 138 179 15,3 n.s.

ADF g/kg MS 309 256 2,2 *** 264 249 8,0 n.s.

NDF g/kg MS 545 483 18,0 n.s. 499 472 15,1 n.s.

NADF/N total % 5,4 1,4 0,6 * 2,7 1,9 0,3 n.s.

Pertes en MS % 17,4 2,0 3,2 * 4,5 2,6 2,1 n.s.

Tableau 4 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 2e essai

Se: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif ; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.

-1,0

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

8,0

9,0

10,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

par

rapp

ort a

u lo

cal (

°C)

Durée de conservation (heures)

Sans conservateur - 1er échantillon

Sans conservateur - 2e échantillon Sans conservateur - 3e échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon

Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon

Figure 5 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage D avec 81% MS).

Page 65: Edition 7+8 juillet-août 2011

365

Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011

Ria

ssu

nto

Sum

mar

yPreservation of moist hay with preservatives

In order to be able to stock hay without

spoilage, it must be dry enough. The use of

preservatives / additives at baling of moist

hay is an alternative. In two trials, the

efficacy of two products, Schaumasil supra

NK and KRONI 909.01 Stabisil, was investi-

gated with hay with different dry matter

contents. As negative control, variants

without additives were tested.

During a period of 30 days, hay temperature

was continuously controlled. Before and

after this period, the dry matter contents

and different parameters were analysed.

In contrast to the control variants without

additives, the two additives Schaumasil

supra NK and KRONI 909.01 Stabisil pre-

vented the heating up and the spoilage

of the hay with the different dry matter

contents.

Due to these investigations, the two

products Schaumasil supra NK and KRONI

909.01 Stabisil were authorized for the

stabilization of moist hay.

Key words: hay, preservation, additives.

Bibliographie b Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d’Agriculture 33 (2), 61–65.

b Weiss W. P., Conrad H. R. & St. Pierre N. R., 1992. A theoretically-based model for predicting total digestible nutrient values of forages and con-centrates. Anim. Feed Sci. Technol. 39, 95–110.

C o n c l u s i o n s

•• Le fourrage sec qui contient moins de 85 % de MS se

conserve mal. Il s’échauffe et moisit. Plus la teneur en

MS est faible, plus l’échauffement et la dégradation

des sucres sont élevés. En outre, la part d’azote

insoluble par rapport à l’azote total ainsi que les

pertes en MS augmentent.

•• L’utilisation des deux agents conservateurs Schaumasil

supra NK et KRONI 909.01 Stabisil ont empêché

l’échauffement et l’altération du foin humide. n

Conservazione del fieno umido

mediante prodotti di conservazione

Affinché il foraggio secco si conservi

senza deteriorarsi, è necessario che esso

sia sufficientemente asciutto. In alterna-

tiva, possono essere utilizzati agenti

conservanti per fieno umido in fase di

pressatura delle balle. Sono state

condotte due prove per testare l'effica-

cia di due prodotti, Schaumasil supra NK

e KRONI 909.01 Stabisil, per la stabilizza-

zione di fieno umido con differenti

tenori in SS. Quale controllo negativo

sono state utilizzate varianti non

trattate.

Durante 30 giorni si è continuamente

misurato la temperatura. I tenori in SS e

diversi altri parametri sono stati rilevati

e analizzati prima e dopo tale periodo.

A differenza del controllo negativo, per i

tenori in SS valutati con Schaumasil

supra NK e KRONI 909.01 Stabisil, si

sono potuti evitare il riscaldamento e il

deterioramento del fieno. Considerati

detti risultati, entrambi i prodotti per la

stabilizzazione del fieno sono stati

omologati.

Figure 6 | Après 30 jours, le fourrage avec 75 % MS des variantes non traitées était moisi et dégageait une forte odeur d’ammoniac. (Photo: ALP)

Page 66: Edition 7+8 juillet-août 2011

366

Collaborateur scientifique d’ACW à Changins depuis

1987 (groupe céréales panifiables, oléagineux et pommes

de terre), Ruedi Schwärzel aime les défis, le changement

et rechercher des solutions pratiques aux problèmes qui

se posent. Ces traits de caractère, alliés à une grande

débrouillardise, beaucoup d’énergie et une expérience

professionnelle diversifiée, l’ont conduit durant toutes

ces années aux quatre coins du monde, dans le cadre de

courtes missions d’expert avec le CICR, le DDC ou encore

Caritas. De la Bolivie à la Russie, en passant par l’Azer-

baïdjan, l’Abkhazie, le Nagorny Karabakh, la Bosnie-

Herzégovine, la Corée du Nord ou encore le Tadjikistan,

Ruedi Schwärzel a collaboré à de nombreux projets liés à

la production de pommes de terre de qualité, dans des

régions vulnérabilisées par la pauvreté et la guerre.

Autant d’aventures humaines, techniques, scientifiques

et parfois tragico-rocambolesques: il a ainsi connu la pri-

son en Bolivie, la fuite à travers le Brésil avec les moyens

du bord, le froid et la faim en Bosnie-Herzégovine en

période de Ramadan et de pénurie.Son engagement en Corée du Nord est certainement

l’un de ceux qui l’ont le plus marqué. Il y est allé à 11

reprises, entre 1998 et 2004. «Ces visites nous ont permis

de mettre en place une production de plants de bonne

qualité, sur une ferme modèle de 10 000 ha, et d’augmen-

ter considérablement la productivité. Depuis, de nom-

breux agriculteurs et responsables coréens s’en sont ins-

pirés dans différentes régions», se réjouit le scientifique.

Son intérêt pour le monde agricole, l’expérimenta-

tion et la transmission du savoir, Ruedi Schwärzel le tient

sans doute de son grand-père maternel, qu’il a beau-

coup côtoyé dans la ferme familiale de son enfance, en

Suisse orientale. Ce grand-père aux ancêtres suisses,

né en Russie – tout comme ses grands-parents – a fui les

Bolchéviques à l’adolescence pour se réfugier en Suisse

et a toujours mené des expériences sur les abeilles,

poules, canards, chèvres, vaches – ou encore des expé-

riences de greffage.

Ruedi Schwärzel a été engagé à Changins après plu-

sieurs formations et expériences professionnelles dans

le domaine agricole, viticole, maraîcher et des pépi-

nières. Il a depuis pris part à de nombreux projets, essais

variétaux, certifications, études sur les maladies, etc,

en  collaboration avec différents chercheurs. Il a par

exemple participé au lancement du soja en Suisse et aux

essais pois, féverole et lupin. Il s’est ensuite concentré

sur toutes les tâches accompagnant la certification des

plants de pommes de terre et a collaboré au développe-

ment du test ELISA.

Il a également contribué au développement de dif-

férentes machines comme la compteuse à tubercules, la

pompe à traiter à air comprimé pour les essais de défa-

nage, la planteuses à microtubercules, un robot pour

les  tests Elisa sur tubercules, etc. Aujourd’hui, Ruedi

Schwärzel partage son temps entre les essais variétaux

des céréales panifiables et l’étude variétale des pommes

de terre, en étroit contact avec l’inteprofession (Swiss-

granum et Swisspatat). «J’apprécie particulièrement la

diversité de mon travail, d’être en contact avec toute la

filière d’une culture, de pouvoir lancer des idées et d’en

réaliser un partie», conclut le scientifique, par ailleurs

père de deux adolescents et mari d’une femme qu’il

qualifie d’extraordinaire: «Elle me soutient et sait cana-

liser mes ambitions!»

Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse, 1260 Nyon

Un expert de la pomme de terre aux quatre coins du monde

P o r t r a i t

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 366, 2011

Ruedi Schwärzel, Agroscope Changins-Wädenswil ACW.

Page 67: Edition 7+8 juillet-août 2011

367

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Quand plaisir rime avec sécurité

Rapport annuel Agroscope 2010

C’est ce titre que Manfred Bötsch, alors encore président

de la direction d’Agroscope, a retenu pour sa préface au

rapport annuel 2010 paru début juin. Dans ce rapport,

Agroscope montre en quoi il contribue à garantir la qua-

lité et la sécurité des denrées alimentaires produites en

Suisse. Relevons, par exemple, la lutte contre les myco-

toxines ou la mise en évidence de substances toxiques

telles que les alcaloïdes pyrrolizidine. Agroscope cherche

aussi à savoir quel goût doit avoir un fruit ou un salami

afin de satisfaire aux attentes des clients. Les pro-

grammes de recherche d’Agroscope montrent les presta-

tions fournies par les différentes stations pour assurer la

production de denrées alimentaires saines et savou-

reuses: élaboration d’alternatives intéressantes pour les

exploitations de montagne ou amélioration de la bioac-

cessibilité des caroténoïdes, par exemple. Un panorama

des activités dans les divers domaines de recherche, un

aperçu de la recherche systémique orientée sur la solu-

tion des problèmes ainsi que les chiffres-clés et les don-

nées financières complètent le rapport.

Anton Stöckli, Office fédéral de l’agriculture

Pour obtenir le rapport: [email protected]

Rapport annuel 2010

Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra

Département fédéralde l'économie DFEAgroscope

Page 68: Edition 7+8 juillet-août 2011

368

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Détention, immobilisation, rabattage et charge-ment des vaches-mères en toute sécurité

Rapport ART 741

Le contact avec les vaches-mères n’est pas sans danger et

exige beaucoup d’expérience de la part de la personne

chargée de la garde des animaux. La connaissance de

certains de leurs comportements typiques, leur observa-

tion régulière, l’accoutumance des animaux à leur res-

ponsable, ainsi qu’une attitude calme et déterminée

sont des atouts indéniables. Tous ces facteurs permet-

tent de travailler plus en sécurité avec les animaux. Dans

l’élevage de vaches-mères avec une faible intensité de

soin les animaux peuvent devenir plus farouches à leur

égard. Lorsqu’il est nécessaire d’approcher l’animal, le

risque d’accident s’en trouve accru pour l’homme,

comme pour l’animal. La présente étude avait pour but

de faire l’état des lieux de l’élevage de vaches-mères en

Suisse, d’identifier les situations problématiques et d’en

dégager des recommandations appropriées. L’accent a

été mis sur les points critiques et les dangers de la garde

et de la gestion des vaches-mères en troupeaux.

271 exploitations pratiquant l’élevage de vaches-mères

ont participé à une enquête écrite. Les situations diffi-

ciles avec risques de blessures pour l’homme et l’animal

se produisaient notamment lors de la séparation, du

chargement et de l’immobilisation des animaux. Au

pâturage, les éleveurs disposent rarement d’installations

techniques pour ces opérations. Par conséquent, les ani-

maux doivent souvent être ramenés à l’étable avant de

pouvoir effectuer ces tâches. 80% des exploitations dis-

posaient de dispositifs d’immobilisation dans l’aire d’af-

fouragement, mais ces dispositifs ne permettaient pas

toujours d’éviter les situations problématiques. Pour

pouvoir déplacer, capturer et traiter les animaux en

toute sécurité, il est indispensable de prévoir des couloirs

de contention pour canaliser les animaux et des disposi-

tifs de capture. Suivant l’exploitation, il peut être inté-

ressant d’avoir des dispositifs fixes à un endroit ou

mobiles, de manière à pouvoir les utiliser en plusieurs

endroits. Les installations mobiles ont le gros avantage

de pouvoir être utilisées à la fois dans l’étable et au

pâturage. En outre, elles peuvent être utilisées en com-

mun par plusieurs exploitations. De tels dispositifs doi-

vent être prévus dans la planification et l’organisation

de l’exploitation.

Michael Zähner, Beat Steiner et Margret Keck, ART,

Franziska Klarer, Winterthur

Page 69: Edition 7+8 juillet-août 2011

369

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011

Rapport ART 744

Les conséquences d’une réforme du système despaiements directsSimulations avec SILAS et SWISSland

Auteurs

Albert Zimmermann,Anke Möhring, Gabriele Mack,Stefan Mann,Ali Ferjani,Maria-Pia Gennaio,[email protected]

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procé-dure de consultation sur la politique agri-cole 2014 à 2017 (PA 14–17). La réforme dusystème des paiements directs en consti-tue l’élément clé. Les prestations d’intérêtpublic fournies par l’agriculture doiventêtre encouragées de manière plus ciblée.Le présent rapport ART résume les résul-tats des modèles d’optimisation SILAS etSWISSland sur les conséquences que pour-rait avoir une telle réforme de la PA14–17.Les résultats des simulations montrentune hausse de la production d’environ10% pour les céréales avec la PA 14–17.Pour les autres produits des champs, iln’en résulte que des changements mini-mes. En ce qui concerne la garde d’ani-maux, il faut s’attendre avec la PA 14–17 àun recul d’environ 8% (années de réfé-

rence: –4%) des UGB. Alors que la produc-tion de lait augmente jusqu’à 3,6 millionsde tonnes en 2013 et se maintient ensuiteà ce niveau, un léger recul est prévu pourla viande de bœuf d’ici à 2017 (–5%). Dansl’ensemble, la PA 14–17 donne lieu à undéveloppement des surfaces de compen-sation écologique de 24%. Par rapport à lavaleur estimée pour 2013, le revenu secto-riel reste néanmoins constant avec la PA14–17. Le nouveau système des paiementsdirects n’aura pratiquement pas d’in-fluence sur l‘évolution structurelle. Selonles simulations, le revenu agricole com-mencera certes par diminuer à cause de labaisse des prix, mais en 2017, il se situera13% au-dessus de son niveau actuel. Avecla PA 14–17, la hausse des revenus est envi-ron six points au-dessus de celle du scéna-rio de référence.

La culture céréalière augmentera de 12 pourcent (Photos: ART).

Rapport ART 744

Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procédure de consul-

tation sur la politique agricole 2014 à 2017 (PA 14–17).

La réforme du système des paiements directs en consti-

tue l’élément clé. Les prestations d’intérêt public four-

nies par l’agriculture doivent être encouragées de

manière plus ciblée. Le présent rapport ART résume les

résultats des modèles d’optimisation SILAS et SWISSland

sur les conséquences que pourrait avoir une telle réforme

de la PA 14–17. Les résultats des simulations montrent

une hausse de la production d’environ 10 % pour les

céréales avec la PA 14–17. Pour les autres produits des

champs, il n’en résulte que des changements minimes.

En ce qui concerne la garde d’animaux, il faut s’attendre

avec la PA 14–17 à un recul d’environ 8 % (années de

référence: –4 %) des UGB. Alors que la production de lait

augmente jusqu’à 3,6 millions de tonnes en 2013 et se

maintient ensuite à ce niveau, un léger recul est prévu

pour la viande de boeuf d’ici à 2017 (–5 %). Dans l’en-

semble, la PA 14–17 donne lieu à un développement des

surfaces de compensation écologique de 24 %. Par rap-

port à la valeur estimée pour 2013, le revenu sectoriel

reste néanmoins constant avec la PA 14–17. Le nouveau

système des paiements directs n’aura pratiquement pas

d’influence sur l‘évolution structurelle. Selon les simula-

tions, le revenu agricole commencera certes par dimi-

nuer à cause de la baisse des prix, mais en 2017, il se

situera 13 % au-dessus de son niveau actuel. Avec la PA

14–17, la hausse des revenus est environ six points au-

dessus de celle du scénario de référence.

Albert Zimmermann, Anke Möhring, Gabriele Mack, Stefan Mann, Ali

Ferjani et Maria-Pia Gennaio, ART

Impressum

Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART

Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Rapport ART 742

Optimiser l’élevage de veaux

La gestion des naissances, l’observation des animaux et l’affourragement sont des éléments importants

Auteurs

Beatrice A. Roth und Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl, ETH Zürich, CH-8092 ZürichNina M. Keil, Bundesamt für Veterinärwesen, Zentrum für tiergerechte Haltung: Wiederkäuer und Schweine, ARTE-Mail: [email protected]

Février 2011

L’élevage des veaux est une tâche com-plexe. Tout d’abord, les veaux sont relative-ment sensibles aux maladies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour des rai-sons économiques, ils doivent passer le plus rapidement possible à une alimentation de ruminants. Les résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation adaptée peuvent déjà permet-tre de prévenir de nombreux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit par-

faitement alimenté en colostrum et que les conditions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression des germes. Une alimen-tation en lait et en concentrés adaptée à chaque animal améliore l’accroissement, abaisse l’âge de sevrage et évite que les ani-maux ne se tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt possible les veaux malades, la consommation d’aliments soli-des peut devenir une source d’information précieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les animaux chaque jour avec attention.

Fig. 1: Pour que l’élevage réussisse, il est très important que l’alimentation soit adaptée aux besoins des veaux (Photos: ART).

Les conséquences d’une réforme du système despaiements directs

Optimiser l’élevage de veaux

Rapport ART 742

L’élevage des veaux est une tâche complexe. Tout

d’abord, les veaux sont relativement sensibles aux mala-

dies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour

des raisons économiques, ils doivent passer le plus rapi-

dement possible à une alimentation de ruminants. Les

résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales

à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation

adaptée peuvent déjà permettre de prévenir de nom-

breux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit

parfaitement alimenté en colostrum et que les condi-

tions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression

des germes. Une alimentation en lait et en concentrés

adaptée à chaque animal améliore l’accroissement,

abaisse l’âge de sevrage et évite que les animaux ne se

tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt pos-

sible les veaux malades, la consommation d’aliments

solides peut devenir une source d’information pré-

cieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les

animaux chaque jour avec attention.

Beatrice A. Roth et Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl,

ETH Zürich

Page 70: Edition 7+8 juillet-août 2011

370

M e d i e n m i t t e i l u n g e n

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011

19.06.2011 / ALP Nutri11 – 11’000 visiteurs à Posieux La première édition du gigantesque forum Nutri11 s’est

terminée dimanche 19 juin à Posieux. L’événement a pré-

senté de la meilleure des manières de vastes compé-

tences dans le domaine agricole, en recherche et en

enseignement. La station de recherche Agroscope Lie-

befeld-Posieux ALP-Haras, l’Institut agricole de Grange-

neuve, la Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen

HESA et la Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne ont

collaboré pour organiser cette manifestation et démon-

tré à quel point les domaines qu’ils abordent sont com-

plémentaires et concernent directement la nutrition de

la population.

16.06.2011 / ARTLutter efficacement contre les séneçons toxiques Depuis dix ans, les séneçons prolifèrent de plus en plus

dans les herbages suisses. Ils peuvent causer de graves

intoxications chez les animaux de rente. C’est pourquoi il

faut enrayer leur propagation. Une fois que ces plantes

ont fait leur apparition dans une prairie, il est difficile de

s’en débarrasser. En collaboration avec l’Association

pour le développement de la culture fourragère ADCF, la

station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART a étudié les mesures de lutte les plus efficaces.

14.06.2011 / HNSLes Jeudis au Haras: l’activité de l’été au Haras national suisse HNS Pour la quatrième année, il est possible de participer aux

Jeudis au Haras à Avenches. Visiteuses et visiteurs sont

attendus le 21 juillet, ainsi que les 4 et 18 août au Haras

national suisse HNS. Au programme: les présentations

de la collection 2011 et des visites des ateliers.

10.06.2011 / ACW Participation record au premier concours national d’eaux-de-vie de Distisuisse Le premier concours national d’eaux-de-vie de Disti-

suisse a eu lieu les 9 et 10 juin à Berne. Les experts de la

station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW ont formé les vingt dégustateurs qui ont noté l'en-

semble des 410 échantillons d'eau-de-vie au cours d'un

marathon de dégustation. Les gagnants des catégories

convoitées «Spiritueux de l'année» et «Distillateur d'or

de l'année» seront dévoilés cet automne. Ce concours

est un outil de promotion de la qualité des eaux-de-vie

suisses.

27.05.2011 / ACWSouchet comestible: agir avant qu’il ne soit trop tard! L’origine du souchet comestible est incertaine.

Aujourd’hui, cette espèce est répandue dans le monde.

Les plantes problématiques en Europe ont sans doute

été introduites avec des bulbes de glaïeuls. En Suisse,

cette plante envahissante est présente depuis assez

longtemps au Tessin, au Chablais, dans la Plaine de

l’Orbe et dans les cantons de Berne, Zurich et St-Gall. Le

potentiel de multiplication et de colonisation de cette

plante invasive est très élevé. Le souchet ne se multiplie

pas par ses graines, mais par de nombreux tubercules de

la taille d’un pois placés sur ses rhizomes et rapidement

disséminés par les machines agricoles. Dans de nom-

breuses cultures, il est impossible à éliminer. Dans diffé-

rentes régions de Suisse, la station de recherche Agros-

cope Changins-Wädenswil ACW a installé des essais en

culture de maïs pour déterminer les possibilités et limites

de la lutte directe. D'ores et déjà, il est clair qu'avec une

rotation optimale des cultures et des mesures préven-

tives, des succès partiels sont possibles.

26.05.2011 / ART et AGRIDEALe retour des arbres dans les champs Les arbres disparaissent de plus en plus des prairies et

des champs. Pourtant, en plus d'être écologique, la com-

binaison des grandes cultures et d’arbres peut aussi être

rentable. Pour faire connaître les avantages et les atouts

de cette pratique, la station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART et AGRIDEA ont créé la com-

munauté d’intérêts «Agroforst».

www.agroscope.admin.ch/communiques

Page 71: Edition 7+8 juillet-août 2011

371

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011

M a n i f e s t a t i o n s

Août 2011

20.08.2011Güttingertagung 2011Agroscope Changins-Wädenswil ACW et BBZ ArenenbergVersuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG

30.08 – 02.09.2011EAAE 2011 Congress XIIIth Congress of the European Association of Agricultural EconomistAgroscope Reckenholz-Tänikon ART et IED-ETHETH Zürich Hauptgebäude

Septembre 2011

02.09.2011Fachtagung – Systemvergleich MilchproduktionBBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-LaitBBZN Hohenrain

07.09.2011Feldtagung – Systemvergleich MilchproduktionBBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-LaitBBZN Hohenrain

15.09.201134. Informationstagung AgrarökonomieAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon, Ettenhausen TG

15.- 18.09.2011Equus helveticusHaras national suisse HNSAvenches

27.09.2011Journée d’information ALP 2011Agroscope Liebefeld-Posieux ALPPosieux

L i e n s I n t e r n e t

Centre Oeschger de recherche sur le changement climatique

www.oeschger.unibe.ch

L’Oeschger Centre for Climate Change Research est le

centre d’excellence de l’Université de Berne en matière de

recherche sur le climat. Fondé à l’été 2007, il a été baptisé en

l’honneur de l’ancien professeur de l’Université de Berne Hans

Oeschger (1927-1998), pionnier de la recherche sur le change-

ment climatique. Le Centre Oeschger étudie notamment les

impacts du changement climatique sur les écosystèmes ter-

restres, mais s’intéresse également aux conséquences pour

l’économie et la société.

Septembre 2011 / Numéro 9

•• Influence de la fumure organique et minérale sur le

lessivage des éléments nutritifs, Ernst Spiess et al. ART

•• Essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié

résistant au mildiou, Andrea Foetzki et al. ART

•• Les viroses du colza en Suisse, Carole Balmelli ACW

•• Lutte microbienne contre les méligèthes du colza:

premières expériences suisses, Stefan Kuske et al. ART

•• Lotier corniculé et esparcette: résultats des tests variétaux

2008 –2010, Rainer Frick et al. ACW

•• Comparaison de systèmes de production laitière à

Hohenrain: détention d’animaux, P. Hofstetter et al.

BBZ Schüpfheim

•• Comparaison de systèmes de production laitière à

Hohenrain: qualité du lait et saisonnalité des livraisons

de lait, Ueli Wyss et al. ALP

•• Comparaison de systèmes de production laitière à

Hohenrain: Affouragement au pâturage ou à l‘étable –

qu’est-ce qui est plus rentable? C. Gazzarin et al. ART

Les lysimètres sont des récipients remplis de terre, au fond desquels il est possible de collecter l’eau qui s’infiltre dans le sol. Les lysimètres servent à étudier le cycle de l’eau et des matières dans les sols agricoles. Il s’agit en premier lieu de connaître le lessivage des éléments nutritifs dans l’eau d‘infiltration et les échanges d’eau dans les cultures agricoles.

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

Page 72: Edition 7+8 juillet-août 2011

Donnerstag, 15. September 2011

34. Informationstagung AgrarökonomieForschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, Ettenhausen TG

SchwerpunktthemaAgrarmonitoring (Zentrale Auswertung von Buch­haltungen und Agrarumweltmonitoring)

Weitere Themen• Mehraufwand für Qualitätsproduktion• Entwicklung Alpwirtschaft• Tiefe Milchpreise und ihre einzelbetrieblichen Folgen• Schliessen sich Ökologie und Ökonomie aus?

TagungsortForschungsanstalt Agroscope Reckenholz­Tänikon ART,Refental, Tänikon, CH­8356 Ettenhausen TG

Detailprogramm und Anmeldung:www.agroscope.ch >Veranstaltungen >Informations­tagung Agrarökonomie

Anmeldeschluss ist der 9. September 2011

Samstag, 20. August, 9.30 Uhr, Güttingen

Güttinger-Tagung 2011Versuchsbetrieb Obstbau Güttingen, BBZ ArenenbergForschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW

Referate• Begrüssung zur Güttinger-Tagung

Lukas Bertschinger, Vize-Direktor ForschungsanstaltAgroscope Changins-Wädenswil ACW

• 100 Jahre SOV – zukünftige HerausforderungenBruno Pezzatti, Direktor Schweizer Obstverband SOV

Betriebsrundgang• Feuerbrandforschung – wo stehen wir?• 10 Jahre erfolgreiche Schorfbekämpfungsstrategie• Applikationstechnik – Basis eines wirkungsvollen

Pflanzenschutzes

Infostände• Ausstellung von Applikationsgeräten für den Obstbau• Eindrucksvoller Schweizer Sortenreichtum (BEVOG II)• SOA-Betriebswirtschaft im Obstbau• Info- und Medienstand ACW

Restauration ab 8.30 Uhr

Informationen – Gespräche – Gemütlichkeit

Güttinger-Tagung – Das Treffen der Obstbranche

www.agroscope.ch

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