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i ET APReS? - Le journal indépendant de l’Université d’Ottawa - FACEBOOK www.facebook.com/LaRotonde.ca TWITTER @LaRotonde WEB www.larotonde.ca Édition du mardi 7 avril 2015 | VOLUME LXXXII N O 25 REVENDICATIONS˚ INFRUCTUEUSES ET APReS? i

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Édition du mardi 7 avril 2015 | VOLUME LXXXII NO 25

REVENDICATIONS INFRUCTUEUSES

ET APReS?i

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Le campus se présente comme une production théâtrale à rideau fermé. Alors que tout semble calme du point de vue du spectateur, nul ne voit la tragédie mise en scène. Ainsi, la privatisation de l’éducation, le musèlement de la science et la discrimination des minorités, pour ne nommer que quelques-uns des problèmes, n’ont pas réussi à faire réagir la commu-nauté universitaire. Simultané-ment, l’université se vend sansconsentement, à l’encontre de l’intérêt public. Le contrôle grandissant des metteurs en scène – recteur, gouverneurs, doyens et autres – sur le rôle de l’université ainsi que sur l’accès à l’information mène à l’atterrissement de la pensée critique. Privés d’informations, les étudiants ne peuvent choisir librement.

En l’espoir de lever le rideau sur cette farce théâtrale, La Rotonde a déposé maintes demandes d’accès à l’infor-mation. L’Université d’Ottawa reste muette et aura ainsi à répondre au Bu-reau du commissaire à l’information de l’Ontario face aux plaintes que La Rotonde a déposées. Ce silence bien calculé par l’establishment fige la com-munauté universitaire. Alors qu’une autre année tire à sa fin, revenons sur ses grands actes.

En arrière-scène

En arrière-scène se tramait la mise sur pied d’une formation pour lutter contre le terrorisme, l’élaboration d’une stra-tégie juridique contre la culture du viol et le copinage avec les lobbyistes de l’industrie pétrolière. Ce ne sont que quelques exemples de l’approche adoptée par l’establishment. Après l’en-tracte, notre réveil va être pénible.

En plus de redéfinir l’université dans leurs intérêts, les pouvoirs dirigeants disciplinent et docilisent la population étudiante. Par exemple, ils transfor-ment des représentants de l’industrie minière canadienne (accusée de vio-lation des droits humains) en philan-thropes charitables afin d’encaisser leurs dons. Le recteur de l’U d’O af-firme que cette charité est nécessaire pour les finances, bien que le Bureau des gouverneurs refuse de considérer sérieusement les budgets alternatifs proposés par les étudiants. L’intégrité

des acteurs est depuis longtemps com-promise.

S’attendre à ce que la communauté universitaire désobéit civilement pour conserver ses acquis semble malheu-reusement tenir de la rêverie. Particu-lièrement quand nos propres associa-tions étudiantes ne peuvent atteindre le quorum nécessaire à leurs assemblées et limitent le problème à la responsa-bilité de leurs membres. Refuser aux étudiants une période de questions adéquate à la fin de celles-ci en dit déjà long. Inutile d’épiloguer là-dessus, l’ar-gument s’étaye dans nos 24 dernières parutions.

L’affaiblissement des revendications des étudiants a ses causes ; arrêtons de s’acharner sur ceux-ci. La manipulation de l’information qu’exercent les déci-deurs influence nos indignations col-lectives et notre capacité à s’organiser.

Notre réplique

Si les luttes sont infructueuses chez nous, apprendre de ce qui se fait ailleurs devient une des seules façons de ne pas laisser l’establishment transformer l’université en fonction de ses intérêts.

Le rôle de l’université se définit mainte-nant dans un rapport de force à l’avan-tage de ceux qui détiennent le pouvoir. Lorsque les étudiants réagissent moins, leurs pouvoirs s’estompent.

Les actualités du campus témoignent de cette lutte, d’où l’importance de la questionner attentivement. Ceux qui demeurent passifs échouent à mettre en relations les enjeux qui portent atteinte à l’espace universitaire. En revanche, un minimum de pensée critique permet rapidement d’englober des revendica-tions plus larges.

Revendiquer que « nos acquis valent plus que leurs profits! » – comme on le clame dans les rues de Montréal pour se défendre contre l’austérité – n’est pas seulement légitime, mais aussi né-cessaire pour contrer les actes qui se préparent en coulisse. Ces mobilisa-tions voisines ont beaucoup à nous ap-prendre, profitons-en. Le ton diplomatique des éditoriaux de La Rotonde visait à déconstruire le débat plutôt qu’à l’enflammer. Mais puisque la situation l’impose, que la tragédie de-meure dans l’ombre, continuons la ré-flexion et partageons notre colère!

Fuck l’establishment!

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M a r c -A n d r é B o n n e a u r e d a c t i o n @ l a r o t o n d e .c a

Éditorial

TABLE DES MATIÈRES

ACTUALITÉSLogement étudiant Assemblée généraleJournée d’action pancanadienneSunshine List 2015Bureau des gouverneursPlagiat des professeursConférences TEDxLes impacts du transport

Conférence de Laverne CoxEntrevue sur Énergie PositiveEntrevue avec la radio CHUOSemaine contre le racismeEntrevue avec Mwamba Tshibangu

Évènements de l’année

ARTS ET CULTUREBlogs culturelsCafé NostalgicaEntrevue Lissa LégerPony Girl et François PelleterMieux connaître La RotondeÉvènements à venir

SPORTS et bien-êtreAthlètes à surveillerÉvènements de l’annéeÉtoiles de La Rotonde

LabyrinthesAsiles

OpinionsPour une meilleure communauté

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ActualitésA l e x J ü r g e n T h u m m a c t u 2 @ l a r o t o n d e .c a

Logement étudiant

L’ouverture de la résidence Rideau prévue pour septembre

Avec la vague d’admissions qui passe à travers l’Univer-sité d’Ottawa (U d’O) chaque année, le manque de places en résidences devient un problème de plus en plus important pour le Service du logement. Pour contrer le problème, celui-ci a rajouté à son actif la rési-dence Friel, ouverte aux étu-diants depuis septembre 2014, ainsi que la résidence Hender-son et, tout récemment, la ré-sidence Rideau, qui occupera l’ancien Quality Hotel, situé au coin de l’avenue King Edward et de la rue Rideau, qui ouvri-ront toutes deux leurs portes dès la prochaine rentrée. Ces nouveaux logements étudiants fourniront plus de 1000 places aux nouveaux arrivés de l’U d’O, objectif que le Service du logement s’était fixé pour sub-venir au manque de places.

La Rotonde s’est entretenue avec Michel Guilbeault, directeur du Service. Pour-quoi acheter un hôtel pour le convertir en résidence universitaire? M. Guilbeault a indiqué plusieurs facteurs, comme la proximité et l’emplacement, qui se situe à moins de 15 minutes de marche du cam-pus, ainsi que la facilité de convertir l’hô-tel en résidence, étant donné la similarité de leurs besoins.

« Nous avons un engagement par rap-port à la communauté, comme l’orga-nisme Action Côte-de-Sable, qui préfère ne pas avoir de résidences étudiantes à l’intérieur du quartier », explique-t-il. « Avec une résidence qui se situe sur le coin de l’avenue King Edward et de la rue Rideau, l’emplacement est idéal pour res-pecter cet engagement ».

Action Côte-de-Sable croit qu’il est problé-matique que les résidences s’éloignent de plus en plus du campus, même s’il appuie la décision de créer plus de résidences pour les étudiants.

« Avec cette nouvelle résidence, plus une autre ouverte en septembre dernier

sur Friel, et celle qui est actuellement en construction sur Henderson, l’U d’O ajou-tera près de 1000 places à ses 2906 lits étudiants actuels. Malheureusement, tous ces lits sont ajoutés hors campus malgré le fait que le plan directeur de l’U d’O in-dique qu’il a la capacité d’ajouter jusqu’à 13 000 lits sur le campus », a annoncé l’or-ganisme communautaire dans un com-muniqué publié le 19 mars dernier.

Au contraire de ce qu’affirme Action Côte-de-Sable, Michel Guilbeault croit que les résidences qui ne sont pas directement situées sur le campus remplissent tout simplement des besoins et des attentes différents chez les étudiants. Il explique également que durant la dernière journée portes ouvertes, plus de 2000 visites ont été faites dans les résidences.

Suite aux visites, le directeur du Service du logement en est venu à plusieurs constats, dont l’un portant sur les différentes choses que les étudiants cherchent lorsque vient le temps de choisir une résidence. Pour certains, explique-t-il, l’idée de partager une salle de bain et une cuisine avec une vingtaine de personnes ne les dérange pas. D’autres préfèrent s’éloigner du modèle traditionnel et vivre de façon plus indé-pendante et, par conséquent, pas néces-sairement sur le campus.

L’Association des résidents de l’Université d’Ottawa a été consultée avant l’achat de l’hotel Quality Hotel. Selon la présidente Gabrielle Read, c’était une bonne décision.

« Nous avons été consultés non seule-ment avant l’achat, mais également sur des choix comme le plan des étages et des différents services disponibles. L’em-placement est parfait, car les étudiants sont près des épiceries comme Metro et Loblaws et sont tout de même près du campus », explique-t-elle. « Nous allons travailler en collaboration avec le Service du logement pour offrir la meilleure expé-rience possible à nos futurs résidents ».

En plus d’avoir déjà tous les services of-ferts dans les autres résidences, comme la réception et la sécurité 24/7, la nouvelle résidence Rideau aura possiblement aussi un café à son actif, qui serait ouvert non seulement aux étudiants, mais également au grand public.

« On va faire un appel d’offres pour la création d’un café, qui sera à la fois ou-vert au public, mais aussi ouvert aux étudiants, un peu comme le Second Cup qui est situé à l’intérieur de la résidence Hyman-Soloway. C’est une structure qui marche très bien », rajoute M. Guilbeault.

Lors d’une rencontre en résidence avec le recteur Allan Rock, en mars, plusieurs résidents de Friel avaient exprimé leurs frustrations quant à la distance qu’ils doivent parcourir pour rejoindre le cam-pus et le coût des aliments vendus par les Services alimentaires de l’U d’O.

Projets à venir

Avec l’arrivée des nouvelles résidences, le Service du logement commencera à se concentrer sur d’autres projets. Avec la publication du plan directeur de l’U d’O, qui considère sérieusement la possibilité de démolir la résidence Brooks, ainsi que le plan à l’interne du Service, on pourra s’attendre à plusieurs changements.

« Plusieurs de nos résidences sont très vieilles, alors on cherche à savoir quels investissements vont être requis pour les prochaines années », confie M. Guilbeault.

Pour évaluer les besoins et la demande, des discussions de groupe rassemblant les étudiants n’habitant pas en résidence se-ront mises en place prochainement.

« Cet exercice va nous guider dans le dé-veloppement de nouveaux projets en ma-tière de logement, mais également dans notre contribution au développement du campus comme tel », conclut le directeur du Service du logement.

Avec l’arrivée du train léger sur rail, la pos-sibilité d’avoir des résidences éloignées du secteur de l’U d’O pourrait également se concrétiser.

FRÉDÉRIQUE MAZEROLlE | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : MAYSEM ATYAOUI

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

Assemblée générale de la FÉUO

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Au moment que la deuxième Assemblée générale (AG) de la Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa (FÉUO) a débuté, le 24 mars dernier, 35 personnes, y compris des non-étudiants, étaient présentes. La Rotonde n'a pas compté plus de 130 personnes dans la salle au sommet de l'assemblée. Le quorum nécessaire pour débattre les six motions? 330. En novembre, le quorum n'avait échappé à l'assemblée que par 11 personnes. L'assemblée a été suspendue à 18 h 57, soit deux heures plus tôt qu'en novembre. Une question demeure : l'AG fut-elle un échec?

L’exécutif critique la participation

Le Mouvement étudiant révolutionnaire (MER), durant la période de questions à la suite d’une heure de mises à jour de l’exécutif, a brisé la glace et s’est attaqué à l’éléphant dans la salle : le quorum n’a pas été atteint. Une représentante du MER a déploré la mauvaise gestion des AG, un projet initié au départ par le MER.

Anne-Marie Roy, présidente de la FÉUO, a alors pris l’occasion pour souligner que la respon-sabilité n’incombe pas entièrement à l’exécutif. « Ce que je trouve dommage, c’est que la res-ponsabilité revient aux six membres de l’exécu-tif », a-t-elle confié à La Rotonde. Elle estime que l’objectif de l’AG est « l’engagement collectif », d’où une « responsabilité collective ».

Mme Roy insiste pour que les étudiants s’appro-prient les AG en mobilisant les étudiants à venir. « L’engagement étudiant, ce n’est pas juste sou-mettre une motion. Il faut aller chercher des gens. Il manque un ownership des étudiants par rapport aux AG. Cette culture de reconnaître que ce n’est pas juste l’exécutif, je ne l’ai pas encore vue », af-firme-t-elle. Mille cent étudiants au moins auraient signé une pétition en appui d’une motion, ce qui constitue une preuve pour Mme Roy que les au-teurs des motions auraient pu en faire plus.

Au moins deux membres de l’exécutif croient que le manque de participation est en partie engendré par des motions peu attirantes. « Je pense que le contenu de certaines motions n’in-téressait pas autant les étudiants qu’on l’aurait cru », suggère Mme Roy.

Un avis partagé par Nicole Desnoyers. « Je pense que les motions de cette AG, comparati-vement à celles de la dernière fois, étaient plus techniques, celles du mois de novembre étaient au sujet d’enjeux. Les gens disaient “cet enjeu m’affecte à tous les jours”. Les gens étaient

passionnés, pour ou contre. Cette fois, ce ne sont pas des enjeux qui affectent les étudiants à tous les jours. Ça attire surtout les gens qui sont déjà impliqués politiquement. J’ai eu beaucoup d’étudiants qui sont venus me voir dans la der-nière semaine disant “je ne comprends vraiment pas les motions, c’est quoi ça, c’est quoi ci”. Ils ne comprenaient pas le langage des motions », explique-t-elle.

Mme Desnoyers propose également une so-lution : il faut de la sensibilisation auprès des étudiants pour leur apprendre comment prépa-rer une motion et pourquoi. « Souvent les étu-diants pensent que c’est seulement par rapport à la constitution, une motion. Votre motion peut toucher presque n’importe quoi, tant que c’est légal », souligne-t-elle.

Cette vision des choses n’est pas partagée par tous. Alors qu’Anne-Marie Roy répondait à la critique du MER en citant la promotion de l’AG, un étudiant a laissé échapper un « Quelle pro-motion! » bien sarcastique à haute voix. De son côté, Mme Desnoyers a avoué qu’un plus grand effort pour la promotion des motions aurait pu avoir lieu. « On aurait dû travailler plus avec les clubs, on a juste commencé il y a deux jours, avec de grosses bases de membres. On a de-mandé à nos services d’envoyer un courriel à leurs bénévoles. [...] Je vais être très claire : je pense que c’est une faute partagée, mais parta-gée également entre les étudiants et la Fédéra-tion étudiante. Il y a toujours plus qu’on aurait pu faire. On aurait pu être plus créatifs avec les tactiques de pratiques », affirme-t-elle.

De son côté, la présidente de la FÉUO exprimait toujours un doute quant à la possibilité d’en faire plus de la part de la FÉUO pour mobiliser les étudiants. « L’équipe des communications a fait son possible. On a utilisé tous les moyens possibles. Quatre-vingt-cinq pourcent des étu-diants ont dit “oui” au référendum, donc c’est une responsabilité collective », rajoute-t-elle.

Hamoud se prononce sur le racisme

Les six membres de l’exécutif, parlant en rota-tion, ont élaboré sur l’ensemble des activités et des campagnes sur lesquelles chacun a travail-lé pendant son mandat. En attendant le quorum, cette période a duré plus d’une heure. La traduc-tion simultanée étant disponible, les membres de l’exécutif ont néanmoins tenu leurs présentations principalement en anglais, à l’exception de Nicole Desnoyers, vice-présidente aux services et com-munications.

Le moment saillant s’est présenté lorsqu’Ikram Hamoud, vice-présidente aux activités sociales, a pris la parole. La salle, bruyante durant les présentations des autres membres de l’exécutif, s’est enfin tue pendant que Mme Hamoud par-tageait son témoignage sur le racisme qu’elle a vécu depuis son élection. Elle affirme avoir été encerclée et harcelée sur la rue par des étudiants, traitée de terroriste et ordonnée de retourner à son pays d’origine. Des écrits électroniques lui ont demandé si elle allait bombarder le campus. Depuis, elle affirme avoir peur de se promener seule sur le campus et a même affirmé que cer-tains de ses harceleurs se retrouvaient dans la salle-même de l’AG.

Sa cible principale, où seraient affichées des attaques personnelles, est la page Facebook « la FÉUO ne me représente pas », gérée par une personne anonyme. Indiquant qu’elle « sait » que des étudiants présents dans la salle savent l’iden-tité de celle-ci, Mme Hamoud a interpellé tous les étudiants à aider à faire connaître l’identité de l’administrateur. « Si vous savez qui est derrière cette page, vous êtes autant coupable de racisme qu’eux », a-t-elle énoncé.

La vice-présidente, ayant été le sujet de nombreuses critiques pour son travail, n’a toutefois pas reconnu les appels à sa destitution durant l’AG.

À 200 étudiants

« je pense que c’est une faute partagée, mais partagée également entre les étudiants et la Fédération étudiante ».

Alex Jürgen Thumm et Christopher Bernard | [email protected] | [email protected]

- ANNE-MARIE ROY

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

Règles floues pour le dépôt des motions

Un étudiant rencontré à la sortie de l’Assemblée générale ne pouvait cacher sa frustration quant à la politique de la FÉUO par rapport au dépôt des motions. En effet, Brett Byers-Lane s’expliquait mal pourquoi sept motions proposées, dont cinq par lui-même, avaient été rejetées pour la pro-chaine assemblée générale.

Selon l’étudiant, il aurait rempli chacune des conditions nécessaires à la validité de ses mo-tions. « J’avais le nombre nécessaire de signa-tures pour chacune de mes motions, mais on m’a dit que certaines signatures étaient invalides, c’est-à-dire des membres de la FÉUO. J’ai deman-dé si je pouvais ravoir ma pétition pour obtenir les huit signatures qu’il me manquait et on m’a simplement répondu “tu ne peux pas” ».

Toujours selon l’étudiant, il n’est pas de sa res-ponsabilité de s’assurer que chacune de ses signatures soient valides. « J’ai demandé à cha-cune des personnes qui ont signé si elle était membre de la FÉUO et elles m’ont dit oui. Je n’ai aucun moyen au-delà de ça pour vérifier l’identité des personnes qui signent. [...] La constitution ne dit nulle part qu’une pétition avec des signatures invalidées ne peut pas bénéficier d’un accommo-dement pour arranger la situation ».

Byers-Lane n’était pas tendre quant à la respon-sabilité de la FÉUO par rapport à l’échec de l’AG. Selon lui, la FÉUO a activement causé la situa-tion dans laquelle s’est retrouvée l’assemblée. « Quand tu invalides sept différentes motions que des étudiants ont pris le temps de présenter, les étu-diants deviennent dépourvu de leurs droits ».

Et maintenant?

Le consensus de l’exécutif actuel et de l’exécutif entrant est que trois raisons expliquent l’absence de quorum pour les deux AG : l’emplacement, la date et l’heure ainsi que les tactiques.

Mme Roy a rigoureusement défendu sa décision de la tenir à 17 h, en défendant que ce choix per-met d’inclure les étudiants ayant un placement coopératif. « Aucune heure n’est la bonne; il y aura toujours des étudiants qui ne peuvent venir », affirme-t-elle.

Les règlements de l’AG ont déplu à plusieurs étu-diants revendiquant davantage de temps pour les questions. La présidence et Mme Roy ont main-tenu qu’on ne pouvait rien faire pour les modifier sur place. Mme Roy a expliqué à La Rotonde que seuls le Conseil d’administration (CA) de la FÉUO et une AG ayant déjà atteint le quorum peuvent les amender. Le CA aurait adopté les règlements écrits par Mme Roy l’année dernière, et ceux-ci n’ont pas

Pas de promesse de la part du prochain exécutif

Alors qu’au moins quatre membres du prochain exécutif de la FÉUO étaient présents lors de l’assemblée générale, c’est-à-dire David Gakwerere (président), Hadi Wess (v.-p. social), Nicole Maylor (v.-p. Équité) et Vanessa Dorimain (v.-p. affaires universitaires), aucun n’a voulu se prononcer sur la tenue d’une assemblée générale sur le campus l’an prochain.

« C’est une question d’accessibiltié. Si on la tient sur le campus, on aura un minimum de 400 personnes, je pense », a déclaré Hadi Wess. Ces propos ont été appuyés par le président entrant de la FÉUO, David Gakwe-rere. « Il faut que ça soit sur le campus. [...] Quand on est sur le campus c’est plus facile d’aller chercher du monde. [...] Tenir l’AG ici [Centre Shaw], c’était une solution temporaire ».

Aucun des futurs membres de l’exécutif ne s’est engagé à ce que l’AG soit sur le campus en 2015-2016. Aucun endroit ne semble avoir été choisi alors que la prochaine assemblée générale devra se tenir d’ici huit mois.

du quorum

été révisés depuis. Même si les règlements ne permettent pas plus que 20 minutes de questions lorsque que le quorum manque, la période de questions a duré quelque deux heures lors de la première AG.

Quant aux questions qui n’ont pu être posées du-rant l’assemblée, Mme Roy indique simplement qu’elle répond à ses courriels et que quiconque peut prendre rendez-vous avec elle à tout moment.

Les membres du prochain conseil exécutif de la FÉUO présents lors de l’AG n’ont pas attaqué le travail de l’exécutif actuel.

Hadi Wess, prochain vice-président aux affaires sociales, a plutôt critiqué l’ambiance dans la-quelle s’est tenue la deuxième assemblée, bien qu’elle a été beaucoup plus calme que la première. « Le niveau de respect n’était pas bon. Plusieurs gens parlaient et disaient des commentaires inappropriés. Il faut suivre les règles de l’AG », mentionne Wess.

CRÉDIT PHOTO : MAYSEM ATYAOUI

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

La Journée d’action pancanadienne, journée de mobilisation étudiante et de sensibilisation, invitait les étudiants des universités d’un bout à l’autre du pays à non seulement revendiquer leurs droits en tant qu’étudiants, mais également à montrer leur solidarité envers les étu-diants québécois, qui manifestent contre les politiques d’austérité du gouverne-ment provincial. À l’Université d’Ottawa (U d’O), ce sont les membres du Mouve-ment étudiant révolutionnaire (MER) qui ont organisé la mobilisation étudiante, le 24 mars.

Une chronologie de la journée

Dès 11 h, une trentaine d’étudiants se sont rassemblés devant le pavillon EITE et prévoyaient traverser le campus avec leurs pancartes rouges et leurs chants dé-nonçant les pratiques de l’administration de l’U d’O.

Arrivés au pavillon Tabaret, lieu où se trouve le bureau du recteur Allan Rock, ils ont tout de suite été accueil-

lis par les gardes de sécurité. Après quelques minutes, ceux-ci ont laissé entrer les protestataires dans le bâti-ment. Le recteur ne se trouvait pas à son bureau, situé au deuxième étage, ni même dans la ville d’Ottawa, se trouvant en voyage d’affaires à l’extérieur du pays. Ne voulant pas perdre de temps, les membres du MER ont filmé leur discours, revendiquant plusieurs causes, dont l’accessibilité aux études et l’abolition des frais de scolarité.

« C’est en solidarité avec les étudiants du Québec et les travailleurs académiques à Toronto qui sont en grève, mais aussi pour souligner la nature d’in-justice du système d’éducation ontarien que nous revendiquons les demandes suivantes », explique Jean-Philippe Ouellet, membre fondateur du MER.

Dans l’ensemble du discours, qui a ensuite été filmé et publié sur la page Facebook du Mouvement, cinq revendications ont été annoncées : l’accessibilité aux études, peu importe la condition académique des étu-diants; l’annulation de la dette étudiante; une édu-cation non basée sur le profit (qui se caractériserait d’abord par un désinvestissement des produits pétro-liers et de l’armement israélien); la reconnaissance des terres algonquines sur lesquelles l’Université est bâtie, donnant donc un caractère anticolonialiste aux cours; et finalement l’abolition du Bureau des gouver-neurs pour plutôt donner place à un corps décisionnel formé d’étudiants, des membres venants des facultés et de membres de la communauté.

Les membres se sont ensuite rendus devant le Bureau des finances, situé au pavillon Desmarais, puis au bu-

reau de la Fédération étudiante de l’Université d’Ot-tawa (FÉUO) pour revendiquer le droit d’avoir les As-semblées générales (AG) sur le campus et critiquer le syndicat étudiant.

« De ce que j’ai pu comprendre, la motion [qui touche à la grève] a été mise indéfiniment en attente. C’est sûr que toute l’équipe d’Action étudiante qui contrôle le Conseil d’administration, elle n’a pas eu trop de misère à repasser ça », déplore M. Ouellet. « Lors de la première AG, lorsqu’on discutait du fait que toutes les motions seraient remises au CA et la nôtre à la prochaine AG, elle a dit devant tout le monde que ce serait le cas. Resoumettre les 100 signatures deman-dées pour une motion qui devait déjà faire partie de l’assemblée, c’est ridicule ».

Rick Skvaridlo, étudiant en philosophie, participait également à la journée de sensibilisation. Il croit qu’une réforme de la Fédération étudiante serait né-cessaire pour faire avancer les choses.

« Il faut entretenir l’idée que la FÉUO doit nous re-présenter directement », explique-t-il. « Même si le référendum sur les Assemblées générales a été un succès l’an dernier, la structure d’Action étudiante reste encore problématique parce qu’elle est plus bu-reaucratique que démocratique ». L’étudiant ajoute également que le fait que les membres de l’exécutif étaient trop occupés pour venir leur parler prouve qu’ils ne sont pas intéressés à leur cause.

Quant au manque de mobilisation chez les étudiants de l’U d’O comparativement à ceux du Québec,

Journée d’action pancanadienne

«  À nous le campus! » clame le Mouvement révolutionnaire

frédérique Mazerolle | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : MARC-ANDRÉ BONNEAU

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

M. Ouellet a répondu que c’est un problème qui réside dans la culture des assemblées.

« Il y a ce sentiment d’aliénation. Les étudiants se sentent comme s’ils n’ont aucun pouvoir. Au Qué-bec, les gens participent à leurs assemblées et dans le cas échéant, n’ont pas peur d’aller militer dans les rues pour revendiquer leurs droits. En Ontario, cette culture n’existe pas, c’est donc pourquoi il faut com-mencer», soutient-il.

Les mobilisations étudiantes québécoises

La Rotonde s’est entretenue avec Louis-Philippe Bou-lianne, rédacteur-en-chef du journal étudiant Impact Campus, de l’Université Laval. Il était présent lors de la manifestation du 26 mars, devant l’Assemblée na-tionale du Québec, où il a filmé une étudiante de 18 ans, Naomie Trudeau-Tremblay, recevoir un morceau de cartouche de gaz lacrymogène, à bout portant, en plein visage alors qu’elle était à peine un mètre d’un agent de l’escouade anti-émeute.

« Si l’on compare les manifestations de 2012 avec celles qui se passent en ce moment, ce n’est vraiment pas la même vibe », constate M. Boulianne. « On sent beaucoup de remises en question après une semaine de grève. Les gens qui manifestent ne sont plus nécessai-rement sûrs d’avoir la légitimité de, par exemple, aller piqueter des cours ou de rester en grève sans l’appui des syndicats et de la communauté universitaire ».

Pour lui, la culture de la mobilisation est bien ancrée chez les étudiants québécois, surtout depuis le prin-temps érable de 2012. « On s’est souvent posé cette question : « Est-ce que les étudiants peuvent faire changer les choses? ». Si l’on se fie aux étudiants du-rant le printemps de 2012, la réponse est oui. Les étu-diants ont pu interpeller le gouvernement et ont pu

annuler la hausse des frais de scolarité », ajoute-t-il. « Trois ans plus tard, ce désir de se mobiliser est en-core là, mais les circonstances sont bien différentes ».

Réflexions sur la Journée d’action : comment aller de l’avant ?

Une semaine après la Journée d’action pancana-dienne, nous avons à nouveau parlé avec M. Ouellet pour faire un retour sur cette journée d’action.

« Ce qu’on a vu à l’Université d’Ottawa durant la se-maine passée, c’était vraiment la première action mi-litante sur le campus depuis des années. On n’était pas beaucoup non, mais on s’attendait que à ce que ce soit petit », avoue-t-il. Il note également que ce n’était pas nécessairement la meilleure journée pour ce genre d’évènement, mais qu’étant donné que le mouvement se soit déroulé à l’échelle nationale, les autres membres du MER et lui ne pouvaient pas ne pas y participer.

M. Ouellet souligne que même si la Journée n’a ras-semblé qu’environ 30 personnes sur le campus, l’évè-nement pancanadien, dans son ensemble, a pu ras-sembler 11 000 personnes, dont 1000 hors Québec.

Plus tard dans la journée se déroulait l’Assemblée gé-nérale de la FÉUO, qui n’a rassemblé qu’environ 130 étudiants. Frustrés, les membres du MER ont quitté la salle.

« Nous croyons toujours que le comité exécutif ac-tuel ne prend pas les AG au sérieux et ne veut pas que celles-ci fonctionnent. Même si on a été frustrés par la première Assemblée, on a quand même tenté de gar-der une attitude positive pour la deuxième », explique M. Ouellet. « Cependant, nos mesures et nos conseils ont été mis de côté et l’Assemblée s’est déroulée dans

les mêmes circonstances que la dernière. 130 per-sonnes, c’est ridicule ».

En réponse au MER, la présidente de la FÉUO, An-ne-Marie Roy, se dit déçue de leur comportement.

« Je trouve dommage que le Mouvement étudiant révolutionnaire ait quitté de la sorte. Comme men-tionné à plusieurs reprises, je travaille présentement avec l’Université pour non seulement avoir accès à un espace assez grand pour accommoder notre quo-rum d’AG. […] Je continue d’ailleurs les négociations avec l’administration universitaire pour obtenir une amnistie académique afin que le plus grand nombre d’étudiants possible puisse participer dans nos AG », affirme la présidente. « Je crois que les objectifs com-muns de la FÉUO et du Mouvement étudiant révolu-tionnaire auraient une meilleure chance d’être accom-plis si l’on travaillait ensemble. Le référendum sur les AG de l’année dernière est un exemple du succès que certains membres de l’exécutif et le Mouvement étu-diant révolutionnaire ont obtenu en s’appuyant et en travaillant ensemble ».

Bref, avec la tension qui a été ressentie entre la FÉUO et le MER, M. Ouellet croit que les étudiants assiste-ront à une séparation nette entre les deux organismes, du moins pour le moment. Il conclut également avec l’idée que la FÉUO devrait envisager des réformes majeures, notamment au niveau de son Conseil d’ad-ministration.

« Je trouve qu’il est crucial d’abolir le Conseil d’admi-nistration de la Fédération l’année prochaine. Si les assemblées sont vraiment l’instance décisionnelle su-prême, elles devraient rester l’instance décisionnelle suprême, donc on ne devrait pas avoir besoin de se re-plier sur un CA élu par 8 % de la population étudiante, qui symbolise une clique politique », revendique-t-il.

La liste révélant les salaires des employés du secteur pu-blic les mieux rémunérés est parue ce vendredi 27 mars, et celle-ci est plus longue que jamais. La « Sunshine List » a dépassé pour la première fois la barre des 100 000 noms. Avec 111 438 noms au compteur, il s’agit d’une augmentation de 14 % par rapport à l’année dernière.

À l’Université d’Ottawa, quelques 1295 employés y sont énumérés, par-mi lesquels une grande majorité de professeurs, des titulaires comme des chargés de cours, mais également des cliniciens ou des gestionnaires. Près de 1100 professeurs figurent sur la liste, soit environ 87 % du corps pro-fessoral régulier de l’Université.

Le doyen de la Faculté de médecine, Jaques Bradwejn, est l’employé le plus payé de l’Université. Le profes-seur spécialisé dans le domaine de la psychiatrie et de la santé mentale était auparavant psychiatre en chef au Centre de santé mentale Royal Ot-tawa, ainsi que chef du Département de psychiatrie de l’Hôpital d’Ottawa.

Le recteur, Allan Rock, se voit re-légué au second rang, avec ses 394 999,92 $ annuels. L’homme à la tête de l’Université a la singularité d’avoir gardé le même salaire depuis son en-trée en poste en juillet 2008.

La vice-rectrice à la recherche Mona Nemer aura elle vu son salaire aug-menté de 43,06 % depuis l’année 2013.

À Ottawa, quelques faits marquants dévoilés également par cette liste : plus de 2247 employés municipaux ont gagné plus de 100 000 $ cette année, et cela inclut des pompiers, plus d’un millier d’agents de police et 15 chauffeurs de bus OC Transpo.

Sunshine List 2015

À la rencontre du 1 %Clémence Labasse | [email protected]

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

Bureau des gouverneurs

« À l’encontre des intérêts de la majorité sur le campus » - Mousseau

Le Bureau des gouverneurs (BDG) est l’instance décisionnelle suprême de l’Université d’Ottawa. Ses membres votent les décisions financières, notamment des frais de scolarité. Les étudiants de l’U d’O ont trois représentants au BDG, soit Vincent Mousseau, Myriam Whalen et Anaïs Elboujdaïni. La Rotonde s’est entre-tenue avec M. Mousseau et Mme Whalen pour en apprendre davantage sur leurs années comme représentants siégeant au Bureau des gouverneurs, mais surtout, sur leurs frustrations.

La Rotonde : Comment a été votre année au BDG?

Vincent Mousseau : Vraiment frustrante. Pour moi, ça a commencé avec la réunion durant laquelle ils ont voté la hausse des frais de scolarité, donc je me suis senti vraiment comme si je ne pouvais rien faire. Ça m’a donné un grand malaise. Ça été une bonne intro-duction à comment je me sentirais cette année au BDG!

Myriam Whalen : Stressante et intéressante! J’ai commencé avant Vincent, mais après cet événement, j’ai compris les difficultés qu’on allait avoir pendant l’année et pendant les années futures. On nous a carré-ment dit qu’il n’y avait aucun intérêt pour nos idées ou même pour considérer un gel.

LR : À quoi ressemble une réunion du BDG?

MW : Je pensais qu’il allait y avoir un peu plus d’ordre et surtout une opportunité de présenter nos idées. Même au secondaire, au conseil étudiant, on avait un certain type d’ordre, mais pas au BDG. Quand on veut présenter, on se fait dire « ah bin allez ici », on y va, et puis ils nous disent « peut-être pas maintenant, peut-être le prochain mois ». On voit qu’il n’y a pas beau-coup de façon de montrer nos idées.

VM : Pour moi, en rentrant, j’étais surpris. Il y a de la bouffe, mais de la bouffe luxueuse. Des fromages fins, du Perrier, etc. J’ai trouvé ça choquant ; ce sont nos frais de scolarité qui payent ça.

LR : En entrevue avec La Rotonde l’année dernière, Mmes Whalen et Elboujdaïni avaient mentionné la création d’un site web qui présenterait des informations concernant le BDG. Où en êtes-vous avec la création d’un tel site web?

MW : Ça ne s’est pas vraiment continué. C’est quelque chose qui devrait se faire l’année prochaine, c’est sûr. On essayait de mettre ça à jour le plus possible, mais c’est difficile de faire ça à un ou deux ; on est tous des étudiants. C’est difficile d’avoir l’information pour le BDG, c’est difficile de mettre un site à jour quand on

ne reçoit l’information que quelques heures avant la réunion.

LR : « Comment le BDG peut-il être plus transparent?

MW : Une chose qui m’a surprise, c’est quand on regarde ailleurs. On avait des réunions avec le BDG de Carleton et eux leur réunion n’est même pas fil-mée. J’étais contente qu’au moins pour nous tout est filmé! Les vidéos sont sur leur YouTube et c’est mis à jour. L’U d’O ne veut pas mettre de l’accent sur les réunions. Les étudiants ne sont pas invités aux réu-nions. C’est difficile pour nous trois, avec nos pouvoirs, d’inviter des gens. On n’a même pas accès aux courriels des étudiants.

VM : Je dirais que l’espace actuel à la chambre du Sénat est inaccessible pour une majorité des étudiants. Je suis allé sur le site du BDG hier pour trouver la date exacte de la prochaine réunion. Je n’ai pas pu la trouver. J’ai dû me connecter sur notre serveur et m’identifier pour pouvoir savoir où était la réunion. La réunion du comité de sélection du président, elle, est affichée sur le site.

LR : Avez-vous parfois l’impression de légitimer une institution qui n’en a rien à faire de votre opinion?

VM : De temps en temps, oui. Mais je pense que notre présence est utile parce que ça nous donne une légiti-mité face aux autres étudiants. On ne peut rien changer sans leur soutien. J’ai l’impression que les membres du BDG sont là pour bénéficier des membres corporatifs. Quand la Banque Nationale a un siège au BDG, c’est

clair que c’est parce que les banques bénéficient de l’endettement étudiant. On doit dire que les intérêts corporatifs de la vaste majorité des représentants au BDG sont opposés aux intérêts de la vaste majorité de gens sur le campus, c’est-à-dire les étudiants.

MW : Je ne pense pas que le BDG soit contre les étu-diants. C’est vrai que notre présence est importante. Les membres extérieurs veulent comprendre nos en-jeux! Quand l’Université est là et leur donne des chiffres sur le déficit, on voit que ça pèse pour beaucoup. Pen-dant la réunion du budget, on a présenté l’option de présenter des budgets alternatifs. Quelques membres ont aussi voté pour, mais on a encore beaucoup de tra-vail à faire.

LR : En entrevue avec Allan Rock, celui-ci nous a mentionné que la possibilité d’adop-ter le désinvestissement allait revenir au BDG. Pensez-vous que c’est une option que le BDG peut étudier sérieusement?

MW : Des membres qui disent « est-ce qu’on devrait désinvestir ou investir plus pour pouvoir contrôler la compagnie », je pense qu’ils le prennent en considéra-tion. Peut-être pas pour les bonnes raisons, mais c’est une question qui est étudiée.

VM : C’est difficile à dire. Désinvestir, ça va leur donner une bonne image. Il pense d’une manière corporative. Je pense que c’est important comme décision, mais en même temps qu’on parle de désinvestissement, on tient une conférence sur comment « green washer » les énergies sales sur le campus.

Christopher bernard | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : AYOUB BEN SASSI

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Le plagiat des professeurs

Une fraude académique passée sous silence

Le Centre de recours étudiant fait face à plusieurs cas de fraude scolaire venant des professeurs. Bien que l’attention soit ri-vée vers les étudiants qui « deviennent des criminels en oubliant leurs guillemets », les mesures disciplinaires de l’Universi-té d’Ottawa (U d’O) se montrent ineffi-caces. Des cas indiquent que les sanctions de l’U d’O, rigoureuses avec les étudiants et complaisantes avec les professeurs, se montrent incohérentes.

Deux poids, deux mesures

« On cherche à punir et discipliner les étudiants alors qu’on ne donne même pas le bon exemple. Il y a beau-coup d’hypocrisie », revendique Mireille Gervais, direc-trice du Centre de recours étudiant. Elle explique que le Centre est confronté à plusieurs cas où les professeurs sont accusés de fraude académique par les étudiants et que ces allégations ne sont pas prises au sérieux.

« Dans un cas, l’enseignant a copié-collé son matériel de cours à partir d’internet, incluant Wikipédia. À cause de la convention collective des professeurs [qui assure la confi-dentialité entre l’employeur et l’employé], on n’a aucune idée des actions qui ont été entreprises par l’U d’O pour remédier à la situation. Tout ce qu’on sait, c’est que le professeur enseignait exactement le même cours à la ses-sion suivante. Ça illustre un deux poids, deux mesures », explique Mme Gervais.

Dans un cas à l’École de gestion Telfer, un prof accusé de plagiat aurait, dans un deuxième temps, accusé des étu-diants de plagiat pour une présentation orale. Tim Mott, représentant des droits étudiants au Centre de recours, précise qu’« il s’agit d’un groupe de quatre étudiants qui ont fait une présentation PowerPoint et qui ont oublié de citer un tableau sur quelques acétates. Il y a avait une bibliographie à la fin. Les étudiants argumentent que c’est ce que les profs font, mais ils le font chaque jour. […] Les étudiants ont pris les notes des professeurs et c’était justement un méli-mélo de toute sorte de choses qui n’étaient évidemment pas écrites par le professeur ».

« La défense des étudiants, c’est “c’est comme ça qu’on nous apprend”. Mais l’Université sépare les deux. Le

professeur, c’est une chose, mais vous autres, vous avez commis du plagiat », explique M. Mott. « Ces étudiants ont été sanctionnés en vertu du règlement sur la fraude scolaire », conclut Mme Gervais.

François Julien, doyen de l’École de gestion Telfer, ex-plique toutefois qu’« il existe des mécanismes d’enquête et des processus pour traiter des allégations d’inconduite de la part d’un professeur, y compris les allégations de pla-giat ». Ce dernier continue pour dire que « toute allégation d’inconduite de la part d’un membre du corps professoral doit être rapportée au doyen de la Faculté concernée afin que les mécanismes d’enquête se mettent en place ».

Des sanctions confidentielles

« Selon les termes de la convention collective entre les as-sociations des professeurs et l’Université, les détails entou-rant l’allégation d’inconduite, les résultats des enquêtes et les décisions qui s’ensuivent doivent demeurer confiden-tiels », révèle le doyen de l’École de gestion Telfer.

Christian Rouillard, représentant de l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO), explique que le règlement de la convention collective cité peut être utilisé à cet effet. « En mon sens, la position du doyen est la bonne en fonction de la convention collective », atteste M. Rouillard. Toutefois, ce dernier juge que les sanctions pour certains cas devraient être rendues publiques, même si cela implique, à long terme, de modifier le règlement.

« L’enjeu principal, c’est la qualité de l’éducation. Ça sou-lève deux possibilités : comment est-ce qu’on corrige un contenu insatisfaisant, puisque les étudiants ont droit à un contenu de qualité? Et quelles sont les sanctions en-vers un enseignant qui n’offre pas un cours de qualité ac-ceptable? », questionne M. Rouillard.

« La convention collective prévoit aussi un processus d’évaluation de l’amélioration des cours, lorsqu’un doyen juge que c’est nécessaire. […] Ça devient une possibilité réelle. […] Ça peut faire l’objet de sanctions, mais je com-prends que du point de vue étudiant il y a des enjeux de transparence », explique le président de l’APUO.

« J’ai l’impression qu’une voie de sortie pour ça serait une discussion entre l’APUO et les associations étudiantes. Est-ce qu’on pourrait arriver entre nous à l’établissement d’un protocole qui répond au besoin de transparence, qui est légitime, des étudiants. […] Il y a moyen d’améliorer le processus », conclut M. Rouillard.

Anne-Marie Roy, présidente de la Fédération étudiante de l’U d’O, croit « qu’il y a un problème institutionnel par rapport au plagiat sur notre campus ». Personne de

l’Association des étudiants diplômés n’a répondu aux de-mandes d’entrevue de La Rotonde.

Pour les étudiants au cycle supérieur accusés de fraude scolaire, « c’est la fin de la carrière académique », dé-clare Mme Gervais. « Alors que dans un dossier où un professeur a copié-collé des sections énormes d’une pu-blication à l’autre sans faire référence aux publications antérieures, il n’y a eu, à ce que je puisse voir [dans un cas reçu au Centre concernant une autre Faculté], aucune enquête de la part du doyen et un refus de se prononcer sur ce qui est du plagiat évident », rajoute-t-elle.

Les punitions inefficaces, l’éducation compromise

« Selon des statistiques que j’ai obtenues suite à une demande d’accès à l’information, le nombre d’étu-diants impliqués dans des cas de fraude n’est allé qu’en augmentant », précise Mme Gervais. Des données du Cabinet du vice-recteur aux études de 2007-2008 à 2011-2012 indiquent que le nombre de cas de plagiat est passé de 195 à 288.

« Je veux que l’Université arrête de créer cette atmos-phère de peur. Les étudiants deviennent des criminels en oubliant leurs guillemets », déplore M. Mott. La pré-sence d’un traitement radicalement différent entre les cas de plagiat chez les professeurs et ceux chez les étudiants rend d’autant plus inappropriée l’approche paternaliste de l’Université, selon le représentant des droits étudiants. « Voir les cas de fraude scolaire uniquement à travers les mesures disciplinaires ne règle pas le problème. Ça renforce un mécanisme de peur […] tout en donnant le message que c’est correct pour les profs de faire la même chose. Ça ne fonctionne pas », argumente la directrice du Centre de recours.

Le plagiat commis par les professeurs a une conséquence directe sur la qualité de l’éducation, rappellent les deux représentants du Centre de recours. « Quand le Centre dépose une plainte à un doyen parce qu’il y a eu un pla-giat de Wikipédia dans un cours, ça ne devrait pas être qu’une question de mesures disciplinaires. La discipline ne sert pas à changer les comportements, et c’est aussi pourquoi je suis tellement contre un code de conduite. Mais un doyen véritablement intéressé par l’éducation des étudiants aurait pu enquêter la chose d’une autre perspective », manifeste Mme Gervais. M. Mott ajoute que « ça touche l’intégrité de l’institution et l’intégrité de ce qu’elle enseigne ».

Marc-andré Bonneau | [email protected]

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

On se revoit en septembre, U-Pass. Cet été, c’est PRESTO qu’il me faut.L’U-Pass de 2014-2015 expire le 30 avril

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Conférence TEDx

Au supermarché des idées

Des interventions émou-vantes, d’autres plus sur-prenantes et d’autres plus convenues auront rythmé les conférences de TEDx à l’Uni-versité d’Ottawa le 29 mars dernier. On pouvait y trou-ver de tout, mais en bout de ligne, assez peu d’idées uni-versalistes « pour changer le monde », comme suggéré par son fameux slogan.

« Je regarde couramment les confé-rences TED sur l’application. Venir au-jourd’hui, ça m’a donné l’occasion de vivre l’expérience. J’ai acheté mon bil-let sans forcément connaître la liste des présentateurs, mais avec TED je savais que je n’allais pas être déçue », admet Andréa Vinet, professeure de français à l’Institut des langues officielles et du bilinguisme.

Ce sont moins les têtes d’affiche que la griffe TED qui auront rempli l’amphi-théâtre des Anciens. Au menu du jour en effet, un nombre important de pré-sentations, ou plutôt témoignages, d’étu-diants, sur des thématiques sensibles ; agrémentés de quelques discours de pro-fessionnels plus inattendus.

Les auditeurs ne semblent pas regret-ter les 5 $ que leur a coûtés leur ticket.

« C’était vraiment spécial d’assister à cette conférence parce que les présen-tateurs avaient notre âge et parlaient de choses que l’on peut rencontrer au quo-tidien. Nous pouvions facilement nous identifier quand on parlait de stress ou d’examens », explique Aybüke Özel, étudiante internationale en génie civile.

Au-delà de la satisfaction d’avoir par-ticipé à une conférence TED, difficile cependant pour elle de dire ce qui avait vraiment retenu son attention.

Était-ce le récit émouvant de Lareinaa Aloysious, cette jeune femme expri-mant avec nervosité son combat contre l’anorexie, ou encore de Chelsea Ouel-lette, cette poétesse qui décria en termes vibrants son amour de la création, mais pas au point de livrer quelques vers de son cru? Était-ce l’hommage singulier de la leader algonquine Caitlin Tolley aux apprentissages ancestraux autochtones, ou encore la mise à nue d’Emma Harri-son sur ses troubles mentaux et les dif-ficultés qu’elle rencontre au quotidien? Était-ce le plaidoyer de Gabi Ghannoum pour l’abolition du mot terrorisme et de ses connotations malsaines ou encore la voix tremblante d’Hiba Elhaj s’attaquant ardemment aux micro-agressions quo-tidiennes auxquelles font face les per-sonnes de couleur?

« Je ne peux dire que j’ai appris des choses vraiment nouvelles, mais ça m’a rappelé l’idée selon laquelle il ne faut pas se taire face aux injustices », continue l’étudiante. La volonté d’inspirer et de faire penser était de fait au rendez-vous.

Une performance aura su détonner. Alors que les strictes règles de TEDx recommandent d’éviter de laisser place à la pseudo-science et à l’auto-promo-tion, le docteur Luke Michael avec ses souliers flamboyants – littéralement – et ses démonstrations éloquentes aura achevé de convaincre l’assemblée que l’hypnose est la solution aux tracas de la vie de l’étudiant.

Programmation diversifiée et pourtant uniforme

Cette journée de conférences était le fruit de la fusion un peu forcée entre le projet de l’initiateur premier du projet de cette année, Iman Hosseini, étudiant de deu-xième année en droit, et celui de la Fédé-ration étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Celle-ci, ayant organisé les vo-lets des années passées, n’entendait pas se laisser reléguer à l’arrière-plan.

« Avant l’implication de la FÉUO, j’avais commencé à approcher des professeurs et des juges, mais l’on m’avait dit « non, tout le monde doit passer par le processus d’application, que vous soyez étudiant, professionnel ou professeur », raconte M. Hosseini. « Nous avons reçu plus de 95 candidatures parmi lesquelles nous avons dû en choisir 10. Eux voulaient une discussion centrée sur les étudiants, je voulais beaucoup de professeurs, nous avons dû faire des compromis ».

Plusieurs conférences se démarquaient surtout comme des témoignages per-sonnels en dépit des règlements annon-cés par la vice-présidente aux affaires sociales, Ikram Hamoud, en entre-

vue avec La Rotonde en mars dernier. « Nous suivons certaines règles. Par exemple, une personne qui aurait pro-posé de ne parler que de son vécu per-sonnel, on ne peut pas accepter », avait-elle alors précisé.

Alors que l’événement ne précisait au-cun thème, les deux vidéos projetées portaient sur des sujets relativement similaires, la lutte contre le racisme et la nécessité de l’intersectionnalité des mouvements sociaux, thèmes récur-rents de beaucoup d’événements orga-nisés par la FÉUO de cette année.

« Pour les vidéos que l’on se doit de montrer, j’en avais d’autres à l’esprit, mais quand je suis arrivé ce matin, ils les avaient déjà sélectionnées », confie M. Hosseini, qui explique aussi avoir reçu les biographies des orateurs le ma-tin même de la conférence.

Sur le site web mis en place par la FÉUO, les biographies des participants ne sont pas pas disponibles. Bien qu’au moment même de la conférence peu de gens se soient connectés au Livestream, les vidéos en ligne cumulent mainte-nant quelques centaines de visionne-ments. Aucun lieu de diffusion n’aura été installé en dehors de la salle pour permettre à une plus grande commu-nauté étudiante de se rassembler pour visionner.

« C’était un peu précipité, mais bon, on peut espérer que la mécanique soit bien en place pour l’année prochaine » affirme M. Hosseini.

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

Clémence Labasse | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : AYOUB BEN SASSI

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

L’impact du transport interurbain

Chers écologistes : comment vous déplacez-vous?

Avec l’arrivée de l’été, beaucoup d’étu-diants auront le plaisir, ou l’inconvé-nient, de faire leurs bagages et de s’en aller ailleurs. Mais quel moyen de trans-port choisir? On peut prendre en considé-ration les retombées environnementales de chacun. Or aucune comparaison suf-fisamment exhaustive pour être convain-cante n’a été élaborée dans le contexte canadien. La Rotonde a donc tâché pour combler le vide d’information en déter-minant l’empreinte totale des différents moyens de transport interurbain.

Le trainLa voie ferroviaire est souvent glorifiée par les éco-logistes à partir de données européennes pour son empreinte de carbone minimale, mais est-ce le cas au Canada? À vrai dire, l’achalandage ferroviaire y est moins important, il n’y a pas de train à grande vitesse et puisque ce sont les trains de marchandises qui jouissent de la priorité, les trains à passagers sont souvent forcés à attendre leur passage. VIA Rail af-fiche ses émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le web avec grande fierté, mais seulement pour le trajet entre Ottawa ou Montréal et Toronto, les deux trajets les plus achalandés de VIA Rail. La compagnie affirme que 14,34 kg de CO2 sont émis par siège.

Il faut pourtant jeter un coup d’œil aux notes en bas de page pour comprendre les calculs : il s’agit de la « moyenne des sièges disponibles sur la liaison sélec-tionnée ». Or, il ne va pas de soi que chaque siège soit réellement vendu. Il a fallu que La Rotonde commu-nique avec Mylène Bélanger, porte-parole de VIA Rail, pour avoir des données plus précises. Celle-ci a pu don-ner des chiffres pour l’ensemble du corridor ferroviaire de Québec à Windsor, et ce, de manière plus précise : 23,9 kg de CO2 par siège sur les voies entre Québec et Windsor, « considérant que ces trains sont remplis, en moyenne, à 60 % de leur capacité ». Mme Bélanger note toutefois que souvent leurs trains sont à pleine capacité pour au moins une portion du voyage.

Autant pour les trains les plus fréquentés de la région la plus populeuse du pays, mais qu’en est-il des trains à longue distance, soit le Canadien entre Toronto et Vancouver et l’Océan, qui emmène jusqu’à Halifax? Après avoir promis ces données à La Rotonde réguliè-rement pendant deux mois, il paraît qu’elles n’existent pas. « Nous croyions être en mesure de vous fournir toutes les informations que vous demandiez, mais les données relatives aux émissions par passager pour les trains le Canadien et l’Océan ne sont pas dispo-nibles », confirme Mme Bélanger. Il faudra se fier à sa conscience si l’on choisit de prendre le train pour parcourir le Canada.

L’autobusGreyhound, Orléans Express, Megabus et les autres transporteurs d’autocar n’offrent aucune estimation utile du montant de CO2 issu de chaque déplacement.

CRÉDIT ILLUSTRATION : ANDREY GOSSE

Alex Jürgen Thumm | [email protected]

Les études des tierces parties varient beaucoup, sur-tout en raison de l’énorme variété d’autocars. Pour un voyage entre Ottawa et Toronto, il serait probable qu’au moins 40 kg de CO2 soient émis par passager. En plus, les départs sont régulièrement à pleine capacité.

Le covoiturageSelon de nombreuses études, un déplacement en auto à une seule personne peut émettre plus de CO2 qu’un déplacement en avion par passager, sans tenir compte des effets radiatifs issus de la haute altitude des déplacements en avion. Il faut toutefois tenir pour acquis que l’auto est déjà construite et utilisée au quo-tidien ; la fabrication, la livraison et l’entretien des autos engendrent une quantité importante de pollu-tion qui est toujours négligée dans les estimations de déplacements automobiles.

La plupart du temps, si on est plus de trois personnes à embarquer, les émissions par passager sont les plus basses de tous les autres moyens. Un covoiturage de quatre personnes émet en moyenne 28 kg de CO2 par passager entre Toronto et Ottawa, soit mieux que l’au-tobus. Le service AmigoExpress.ca lie conducteurs et passagers pour des trajets surtout en Ontario, au Qué-bec et dans l’état de New York. En proposant un service payant, AmigoExpress s’adonne à vérifier l’identité de ses utilisateurs et à permettre des évaluations de chacun pour assurer une certaine confiance. Beaucoup de gens, surtout au Canada anglais, préfèrent se passer d’un tel service pour s’arranger sur le site web de Kijiji.

L’avion

L’avion ne ressort jamais bien dans les comparai-sons de GES. Entre Ottawa et Toronto, chaque pas-sager est responsable de 77 kg de CO2 en carburant ; entre Ottawa et Vancouver, le chiffre monte à 771 kg chez Air Canada. WestJet, qui n’a pu répondre à

La Rotonde en français, propose seulement un calcul d’une moyenne de CO2 par passager par trajet, soit 158,38 kg, qui ignore si le trajet est entre Ottawa et Toronto ou Ottawa et les Caraïbes.

Le rang de l’avion ne fait que dégénérer dès qu’on regarde au-delà du carburant uniquement. Aucune étude jusqu’ici, semble-t-il, n’a su calculer l’em-preinte totale d’un déplacement en avion, c’est-à-dire en tenant compte des opérations sur le terrain autant à l’aéroport que chez la compagnie aérienne.

Depuis quelques années, de plus en plus d’aéroports s’intéressent justement à l’empreinte de leurs opé-rations. Un rapport de 2014, présenté à Transport Canada, a trouvé une variation importante d’un aéro-port à l’autre. L’aéroport d’Ottawa émetterait 2,28 kg de CO2 par passager, en plus du carburant consom-mé par les compagnies aériennes elles-mêmes. L’aé-roport de Vancouver : 0,66 kg. Calgary : 5,61 kg. En-fin, l’aéroport de Gander arrive en dernière place au Canada à 17,91 kg par passager.

Transport Canada indique qu’il y a eu une baisse légère du taux d’émissions de carburant dans l’in-dustrie. Le changement proportionnel entre 2005 et 2013 serait de 12,1 %. L’agence fédérale souligne que les deux compagnies aériennes majeures, Air Canada et WestJet, renouvellent leur flotte. Même si les dom-mages environnementaux n’empirent pas de manière relative, il reste toujours que le nombre de passagers aériens est en croissance.

Le gagnant : le covoiturageLe covoiturage ressort toujours comme gagnant, peu importe la distance. Défense toutefois de rouler dans une auto trop vieille et polluante et gare à la tentation d’acheter une auto neuve qui elle aussi comporte une empreinte dommageable.

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

Radio universitaire CHUO

Bilan de l’année radiophonique avec Erin Flynn

Au sous-sol du bâtiment Mo-risset se terre une organi-sation subtile, à l’âme liée à l’Université d’Ottawa (U d’O) depuis une quarantaine d’an-nées déjà. Cachée des yeux du monde, la station de radio du campus de l’U d’O, CHUO FM, opère sobrement, tous les jours sans interruption, et ce, sans que la majorité des étudiants en aient parfois connaissance.

C’est sa musique qui résonne au sein du salon étudiant du Centre universitaire. L’une des seules radios bilingues du Canada, CHUO FM est une station in-dépendante rassemblant une équipe de 149 volontaires qui travaillent sans re-lâche pour offrir chaque jour une radio de qualité.

La Rotonde est allée à la rencontre d’Erin Flynn, directrice de la station de-puis maintenant une dizaine d’années, passionnée par la radio et la vie vibrante de la communauté.

La Rotonde : Comment résu-mer votre station en quelques mots?

Erin Flynn : Si je devais décrire la CHUO en quelques mots, je dirais : station de radio communautaire, indépendante, musicalement stimulante, grassroots.

LR : Quels ont été les événe-ments marquants pour la station cette année?

EF : L’un de nos gros succès est au Tro-quet, « La Chasse », un show qui met l’accent sur la musique d’artistes émer-gents francophones canadiens locaux en podcast live toutes les deux semaines, durant l’automne. L’idée était de faire gagner la station en visibilité, particuliè-rement au sein de cette région, […] et de donner l’occasion de jeter un œil sur ce à quoi cela ressemble de faire de la radio, en dehors du studio.

Ce avec quoi nous avons sûrement le plus de mal depuis toujours doit être la visibilité sur le campus et au sein de la communauté. Nous voudrions avoir un nom, une marque plus reconnue, et nous avons développé des stratégies dans ce sens. Nous sommes diffusés continuellement dans le salon étudiant au UCU, où nous avons aussi un pan-

neau d’informations. Nous avons essayé beaucoup de choses, comme un parte-nariat avec l’association des résidences, ou mettre de la publicité dans les kits de la Semaine 101 ou faire des concours. Si vous avez d’autres idées, vraiment nous sommes preneurs (rires).

LR : Au début de l’année, votre émission de variété punk rock City Slang a été sélectionnée par Radio-Canada dans leur liste des meilleurs programmes de radio au Canada. Quelles ont été vos impressions?

EF : Nous en sommes vraiment fiers! Nous avons vraiment du bon contenu, nous faisons une radio incroyable et nous y travaillons très fort. C’est vrai-ment important que les émissions que nous diffusons reflètent tout notre tra-vail. Nous essayons de promouvoir le professionnalisme radiophonique de façon accessible, donc avoir ce genre de reconnaissance, c’est exaltant!

LR : Qu’est-ce qui fait un très bon programme?

EF : Le contenu est primordial pour nous. Nous cherchons toujours quelque chose qui est nouveau, différent, et qui propose de nouvelles façons de parler de sujets ou de musique. Il faut donc que ce soit bien pensé, avec un plan. Nous de-mandons à ce qu’il y ait un script autant que possible. La planification c’est l’élé-ment clé d’un bon show. Ajoutez à ça, sur le plan sonore, une chanson thème, des

jingles. Bien entendu, il faut aussi pour nous être très liés à la communauté, que ce soit les étudiants ou plus général. LR : Pourquoi pensez-vous que c’est important de mettre en avant les talents locaux et de leur donner des opportunités?

EF : L’art et la culture sont primordiaux pour enrichir la vie des individus et des communautés. Il faut qu’ils soient en mesure d’obtenir des informations sur les artistes locaux et d’avoir accès aux événements qui se passent près de chez eux. Pour la CHUO, je pense que cela fait partie de notre mandat en tant que station de radio. Nous pouvons of-frir quelque chose que des stations plus commerciales n’ont pas. Nous sommes accessibles, les artistes viennent et ne sont pas confrontés à tout un tas de bar-rières avant d’être diffusés sur les ondes. Si nous n’étions pas là pour proposer ce genre de services, il y aurait un manque.

LR : Quelle est l’importance du bilinguisme pour la CHUO et comment mettez-vous en va-leur le contenu français?

EF : Nous diffusons 35 % en français, 35 % en anglais, et 10 % dans d’autres langues. C’est important pour nous parce que c’est une réflexion directe de notre communauté, et puis c’est une op-portunité unique. Il existe de nombreux services anglophones, francophones, mais je ne vois pas beaucoup de services

bilingues de la façon dont nous le fai-sons. Nous sommes la seule et unique station bilingue au Canada. Ça a ses dif-ficultés bien sûr. Nous devons traduire tout notre matériel promotionnel, ça prend du temps, mais ça vaut le coup. Au début, nous sentions que ça pouvait être un challenge pour les auditeurs qui pourraient se dire « Oh je ne comprends pas ça, je ne vais pas l’écouter », mais c’est pour ça que nous avons mis en place les plages Radio Active, pour ne pas séparer les deux langues. Si j’aime le hip hop, je m’en fous si c’est en français ou en anglais. Nous avons choisi d’évi-ter la ségrégation des programmes, ça reflète mieux notre communauté et les valeurs de la station.

LR : À quoi pouvons-nous nous attendre pour les saisons à venir?

EF : Beaucoup de choses excitantes! Nous allons lancer notre semaine de collecte de fonds en avril, pour un projet sur lequel nous travaillons, qui va avoir un gros impact pour aborder quelques problèmes auxquels nous fai-sons face, comme se faire une marque, plus interagir avec les étudiants : c’est la re-conception totale de notre site in-ternet - qui date déjà de 2005 -, ce qui va permettre de mettre plus l’accent sur l’écoute de notre radio en ligne. Nous voulons le rendre très visuel et accessible. La liste des playlists sera disponible ainsi que beaucoup beau-coup plus de podcasts. Il y a un autre gros projet mais je ne vais pas vous dire ce que c’est. C’est du solide.

CRÉDIT PHOTO : MARC-ANDRÉ BONNEAU

clémence Labasse | [email protected]

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

colloque Énergie Positive

L’acceptabilité « scientifique et rigoureuse » de l’industrie pétrolière

Un nouveau partenariat de recherche qui vise à « amener le public à accepter et à soutenir le développement énergétique », inauguré les 4 et 5 mars par un colloque fer-mé au public, a attisé plusieurs critiques. La Rotonde s’est entretenue avec Monica Gattinger, coorganisatrice de la confé-rence et présidente du Collaboratoire de recherches sur les politiques énergétiques. Cette dernière nous informe notamment des « conditions pour atteindre l’appui d’une communauté » et du désir de l’industrie de s’associer à l’Université pour mener des re-cherches « scientifiques et rigoureuses ».

La Rotonde : Comment la conférence du 4 et 5 mars s’est-elle déroulée?

Monica Gattinger : On est très content avec la confé-rence. C’était l’évènement inaugural pour le projet Éner-gie Positive. Ce projet-là s’intéresse à toute la question de l’acceptabilité sociale dans le domaine énergétique. Ça devient un enjeu de plus en plus important de nos jours. Pas uniquement pour les hydrocarbures, mais aussi pour les énergies renouvelables. Il y a plusieurs opposants aux projets comme les pipelines, les sables bitumineux, les gaz de schiste, mais aussi les projets d’énergies éolienne, so-laire, etc. Alors [l’acceptabilité] devient un enjeu de poli-tique publique extrêmement important et complexe. C’est la raison pour laquelle le Collaboratoire de recherches sur les politiques énergétiques a décidé d’en faire une priorité pour les prochaines années. [Le Collaboratoire] veut mettre en contribution la recherche scientifique portant sur ces questions. Il s’agit d’une recherche-action, ce qui veut dire qu’on implique les partis prenants pour mieux définir les questions prioritaires et les pistes de recherches les plus prometteuses.

LR : Qu’est-ce que le Collaboratoire?

MG : C’est une nouvelle initiative qui relève du Cabinet du vice-recteur à la recherche [de l’Université d’Ottawa]. Je suis la présidente du Collaboratoire et il a pour mandat de se pencher sur des questions de recherches concernant les politiques énergétiques en Amérique du Nord. La question de l’acceptabilité sociale dans le domaine de l’énergie de-vient vraiment la question, de nos jours, qui est prioritaire en matière de recherche.

LR : Quels sont les évènements à venir?

MG : Le projet Énergie Positive est d’une durée de trois ans. C’est un projet de type recherche-action. Ça veut dire que les évènements comme celui qu’on vient d’organiser ali-mentent les recherches qui vont être entreprises. […] On est en train de rédiger un rapport de la conférence inaugurale, qui va être rendu public. Il va d’abord décrire les messages clés qui sont sortis de l’évènement et les prochaines étapes dans le cadre du projet. On a identifié quatre dimensions de l’acceptabilité sociale : la littératie énergétique et l’opinion publique, les communautés locales et les ONG, les commu-nautés autochtones et, finalement, le fédéralisme et les rela-tions intergouvernementales. On est en train de développer des projets de recherches dans chacune de ces dimensions et il va y avoir des évènements qui vont avoir lieu dans les mois qui viennent.

LR : Ces évènements seront encore organisés avec le Collaboratoire?

MG : Ce qu’il faut toujours garder en tête, c’est que ce sont des projets de recherches des universités. On met le focus sur les recherches scientifiques dans ce domaine. C’est une collaboration de recherche entre le Collaboratoire et Ener-gy Policy and Management Center de l’Université Western. Notre raisonnement, c’est que les universités sont des lieux de recherche neutre, objective, crédible, rigoureuse, etc.

LR : Le rassemblement d’individus avec des intérêts communs pourrait-il nuire à l’objectivité de la rencontre?

MG : Pour l’évènement inaugural, on voulait vraiment ras-sembler un groupe assez restreint pour faciliter et favoriser le dialogue. Nous nous sommes limités à un groupe de 120 intervenants, uniquement sur invitations. Pour ce qui est des évènements à venir, il va y avoir des évènements beaucoup plus ouverts au grand public. L’idée c’est justement de faire en sorte que ceux qui veulent participer peuvent le faire. Pour l’ordre du jour de l’évènement inaugural, on a vraiment fait exprès de s’assurer qu’il y ait une représentation de tous les partis prenants. On n’a pas seulement réuni des compagnies qui ont des intérêts pour les hydrocarbures, mais aussi des compagnies comme ATCO, qui ont des intérêts pour le do-maine de l’électricité. [On veut] s’ouvrir à d’autres sources d’énergie, incluant les sources d’énergies renouvelables. Pour avoir une représentation de tous les groupes, nous avons payé les frais d’inscription, de transport et d’hébergement des groupes qui sont moins bien nantis, comme les commu-nautés autochtones, […] pour représenter le spectre dans le domaine de l’énergie qui a trait à l’acceptabilité sociale.

LR : Mais croyez-vous que l’action de rassembler des communautés qui sont déjà impliquées dans des pro-jets énergétiques et des membres de l’industrie puisse nuire à l’objectivité de la rencontre?

MG : Ce n’est pas un reflet fidèle des gens qui étaient dans la pièce. Non seulement dans la pièce, mais dans les panels également, on avait des gens qui n’étaient pas des adhérents des hydrocarbures. Par exemple, des personnes comme la directrice exécutive de Clean Energy Canada […] ont permis de représenter tout le spectre du domaine de l’énergie et des diverses perspectives par rapport à l’acceptabilité sociale.

LR : Plusieurs étudiants qui ont consulté l’ordre du jour se sont indignés qu’on parle d’acceptabilité sans jamais aborder les conséquences concrètes qu’ont ces projets sur les communautés. Qu’en pensez-vous?

MG : Il faut d’abord prendre un petit recul par rapport au projet. Tout d’abord, l’énergie, on en a besoin, que ça soit les hydrocarbures, l’énergie renouvelable, etc. Il n’y a pas une source d’énergie qui n’a pas de conséquences, que ce soit sur l’environnement, sur les communautés et ainsi de suite. C’est l’une des raisons pour lesquelles, comme chercheure, je trouve ce domaine passionnant. C’est un domaine de po-litiques publiques complexes puisqu’il n’y a pas de source d’énergie qui n’a pas de conséquences. Développer les éner-gies, ça veut dire faire des choix. Le but de ce projet-là, c’est justement de se pencher sur la question de l’acceptabilité sociale. Évidemment, ce n’est pas l’acceptabilité sociale à tout prix. C’est « quelles sont les conditions, que ce soit pour les communautés autochtones, les groupes environ-nementaux ou le Canadien ordinaire, pour développer les ressources énergétiques qui vont atteindre l’acceptabilité sociale? ».

LR : Dans l’ordre du jour, la grande majorité des acteurs parlent surtout d’énergies non renouvelables. Il y a des acteurs très influents liés à l’industrie pétrolière. Croyez-vous que c’est vraiment un choix puisqu’on s’intéresse

seulement aux ressources qui intéressent les acteurs présents?

MG : Je reviens à ce que je viens de dire : on ne s’est pas penché uniquement sur les hydrocarbures. […] Un des panélistes a annulé et par la suite on a pu aller chercher Chris Henderson. C’est un spécialiste dans le domaine de l’électricité, des projets renouvelables, avec les communau-tés autochtones. Il a travaillé avec plus de 200 communau-tés autochtones dans le domaine de l’électricité renouve-lable. Ce n’est pas juste une conversation qui porte sur les hydrocarbures. […] Il ne faut pas oublier que le libellé du projet, c’est « Énergie Positive ». On veut mettre le focus sur « qu’est-ce qui marche? », « Qu’est-ce qui semble fonction-ner? », « Quelles sont les conditions pour atteindre l’appui d’une communauté? ». Que ça soit une communauté au-tochtone, locale, ou les Canadiens dans leur ensemble.

LR : Sachant que vous défendez l’objectivité du col-loque et considérant que le Colloque est financé par plusieurs membres de l’industrie pétrolière, croyez-vous que le nom « Énergie Positive » donne une image positive à l’énergie pétrolière?

MG : Le choix du libellé essayait de mettre le focus sur un dialogue positif dans le domaine de l’énergie dans son en-semble. Pour revenir au début de notre conversation, on sait que le domaine de l’énergie devient de plus en plus politisé et qu’il y a de plus en plus d’opposition, non seulement pour les hydrocarbures mais également pour les énergies renou-velables. Cette question de l’acceptabilité sociale devient un enjeu majeur. On a besoin d’énergie, peu importe sa source. Donc l’idée du nom, c’est de symboliser le type de dialogue et d’activités qu’on souhaite favoriser.

LR : Existe-t-il une entente écrite sur le partenariat de trois ans qui lie le Collaboratoire à la Ivey School of Management, sachant que cette dernière implique plusieurs questions financières?

MG : Il s’agit d’une collaboration de recherche. Alors que ce soit dans le cadre de ce projet ou dans le cadre d’autres projets de recherche, une entente écrite n’est pas nécessaire. Il s’agit de deux chercheurs, moi et Guy Holburn de l’Université Wes-tern. On organise et gère l’ensemble des évènements. C’est une collaboration, je ne pense pas qu’il y a de mot plus juste. […] Il n’y a pas d’entente formelle entre les chercheurs pour la plu-part des collaborations de recherche.

LR : M. Holburn est président de la Chaire de re-cherche Suncor. Croyez-vous que ceci a une influence sur l’objectivité du colloque?

MG : Pas du tout. Les organismes [qui financent les chaires de recherches] sont très prudents et s’assurent que les titu-laires de ces chaires n’aient pas de contraintes et ne soient pas influencés. [L’industrie] veut que la recherche soit ob-jective, scientifique et rigoureuse.

LR : L’industrie a beaucoup à gagner en s’associant avec l’Université, justement à cause de cette image d’objectivité, de science et de rigueur. Mais croyez-vous que l’industrie utilise cette image pour augmen-ter l’acceptabilité de ses projets?

MG : J’espère que non. Moi-même, comme chercheure, je ne veux pas que mon objectivité et ma réputation soient biaisées par un projet financé, en partie, par l’industrie. Je ne me lancerais pas dans un projet où ma crédibilité comme chercheure, ma réputation, ma légitimité et mon objectivité sont mises en question. La réponse, c’est non.

Lisez l’entrevue complète sur larotonde.ca

Marc-andré Bonneau | [email protected]

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

Semaine « Tous Unis Contre le Racisme »

« Être trans, c’est beau », clame Laverne Cox

Dans le cadre de la semaine « Tous unis contre le racisme », organisée par la Fé-dération étudiante de l’Université d’Ot-tawa (FÉUO), l’actrice afro-américaine transgenre Laverne Cox, célèbre notam-ment pour son rôle de Sofia Burset dans la série télévisée de Netflix, Orange Is the New Black, a donné une conférence inti-tulée « Ne suis-je pas une femme : mon parcours vers la féminité » devant une salle comble au Centre Bronson.

Avant de commencer sa présentation, Cox a pris le temps d’énumérer toutes les choses qui la caracté-risent, que ce soit dans son domaine de travail ou ses expériences personnelles. En terminant cet éloge personnel, elle a expliqué à la salle qu’elle n’était pas une simple chose et que tout le monde dans la salle ne l’était point aussi.

Née dans le sud américain, dans la ville de Mobile, Alabama, Cox explique avoir eu une enfance diffi-cile, dû au fait que son anatomie était de sexe mas-culin, alors qu’elle s’est toujours sentie comme une femme. Vivant avec une mère monoparentale et un

frère jumeau, elle fut l’objet de plusieurs représailles par rapport à son comportement qui était considéré anticonformiste par ses pairs.

« Les gens ont encore tendance à faire une sépara-tion nette entre les deux genres, comme si l’on peut seulement être un homme ou une femme », affirme-t-elle. « Par contre, il est important de ne pas impo-ser des limites aux genres et de laisser les gens faire ce qu’ils veulent, en autant qu’ils sont confortables ».

Après avoir été au parc d’attraction Six Flags en troi-sième année, elle s’était acheté un éventail à main. Quand elle a décidé de l’utiliser en classe, son ensei-gnante a contacté sa mère pour lui expliquer que son fils devrait être suivi par un psychologue car ce genre de comportement n’était pas considéré comme étant masculin.

Après le secondaire, Cox et son frère jumeau ont eu la chance d’aller à la Birmingham School of Perfor-ming Arts, d’abord en étudiant la création littéraire, pour ensuite étudier la danse classique. C’est dès lors qu’elle a commencé à embrasser sa féminité.

« C’est vraiment là que j’ai commencé à changer mon style vers un style plus féminin. Ça a commencé avec le maquillage et puis j’allais dans des magasins seconde main comme GoodWill et Salvation Army. En fait, je modifiais mes vêtements et j’appelais ça

du “Salvation Armani” », dit-elle en riant. Après l’obtention de son diplôme, c’est vers New York qu’elle s’est dirigée. L’actrice dit en avoir appris beau-coup sur elle-même lorsqu’elle est déménagée dans la Grosse Pomme, qui lui offrit une perspective plus large de ce que c’était d’être transgenre. Cependant, c’est également là qu’elle a été victime de plusieurs at-taques contre son apparence durant sa transition vers l’anatomie féminine.

« J’ai souvent été victime de commentaires de style catcalling. Par contre, lorsque certains hommes se rendaient compte que j’étais transgenre, ils ont déci-dé de m’appeler par d’autres noms dégradants. Cela montre qu’il existe un problème flagrant au niveau de la perception que les gens ont de la communauté transgenre », explique Cox.

Tout au long de sa transition, Cox dit avoir eu à ex-pliquer aux membres de sa famille et même parfois à des médecins la manière dont les gens devraient s’adresser à elle. Elle note l’importance des pronoms chez la communauté transgenre, qui sont parfois mal utilisés et peuvent causer de la confusion chez ceux qui sont moins familiers avec celle-ci.

« Nous devons honorer la manière dont les gens de tout genre se perçoivent. Appeler quelqu’un par un pronom auquel il ne s’identifie pas, c’est comme si l’on ne reconnaissait pas son identité ».

Frédérique Mazerolle | [email protected]

Frédérique Mazerolle | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : AYOUB BEN SASSILa conférence s’est déroulée au Centre Bronson le 25 mars.

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

Semaine « Tous Unis Contre le Racisme »

« Des activités qui reflètent la réalité de nos étudiants »

Cette année se sera vu marquée par un sujet délicat, celui de la discrimination raciale. À la suite d’événements de so-ciété, comme l’assassinat de Michael Brown ou la fusillade à Chapel Hill, et après l’échec du référendum sur la créa-tion d’un Centre de ressources pour les personnes racialisées à l’Université d’Ot-tawa, les discussions sur le racisme sont au coeur des événements organisés par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO).

« Il y a quelques semaines, je marchais dans la rue avec un ami, quand un groupe de cinq ou six hommes blancs, étudiants de l’Université nous ont arrêtés et encerclés, et l’un d’entre eux me dit : avec tout l’argent que tu te fais, pourquoi est-ce que tu t’achètes pas un peigne et peigne tes cheveux ». C’est par ces mots qu’Ikram Hamoud, vice-présidente aux affaires sociales de la FÉUO, a profité de la dernière Assemblée générale pour aborder le problème du racisme sur le campus, problème qu’elle estime de plus en plus flagrant.

Victime de nombreux actes et paroles discriminatoires, la vice-présidente se sera impliquée dans la lutte contre

le racisme, au point d’y consacrer grand nombre d’évé-nements. « C’est important d’avoir des activités qui re-flètent la réalité de nos étudiants et de nos membres. Ils demandent à ce qu’il y ait plus d’événements et de conversations sur le racisme, il faut donc continuer à mettre en place plus d’événements du même genre, peut-être même une fois, deux fois par semaine, je ne sais pas », explique Mme Hamoud.

Mais comment est vécu le racisme au quotidien par les personnes de couleur? « Ce sont des choses qui ar-rivent en classe, quand un élève ou un professeur va dire quelque chose d’extrêmement déplacé et que per-sonne ne va le pointer du doigt », explique une poète de la soirée Répondre au racisme par l’art qui a pré-féré rester anonyme. « Les gens pensent qu’en étant « aveugle aux couleurs » il n’y a plus de problème, mais non c’est raciste d’ignorer les différences qui peuvent exister. Ils ne comprennent pas les nuances du racisme quotidien, ou le concept de micro-agression ».

Lors de la semaine organisée par la FÉUO, « Tous Unis Contre le Racisme », des événements ouverts comme la venue de Laverne Cox auront su rassembler la foule. D’autres ateliers seront eux restés plus fermés, afin de créer des espaces sécuritaires.

Cette notion d’espace sécuritaire (ou safe space) fait toujours controverse, et ce d’autant plus après qu’en mars dernier deux étudiants blancs en journalisme se sont vus refuser l’entrée à un rassemblement du Racia-lized Students’ Collective de l’Université Ryerson. L’or-ganisateur de l’événement justifiait alors sa décision en

expliquant que les étudiants de couleur voulaient un espace où ils pouvaient s’exprimer librement « sans se sentir intimider ».

Mme Hamoud trouve cette réaction normale : « Dans un espace sécuritaire, on ne peut pas laisser rentrer n’importe qui. Il faut comprendre que certaines per-sonnes reflètent certaines oppressions dans la société de par leurs privilèges, oppressions que les individus sont venus échapper dans cet espace. Si ces étudiants, journalistes ou non, avaient été des personnes de cou-leurs, ça aurait été acceptable ».

Pour autant, les méthodes utilisées par la Fédération pour aborder ces problèmes ne sont pas au goût de tout le monde. Une étudiante en sciences politiques racia-lisée qui a elle aussi préféré rester anonyme explique que « si l’intention derrière la campagne In My Skin, sensibiliser les gens et offrir à certains l’opportunité de s’exprimer sur ce qu’ils vivent, est bonne, son exécu-tion qui divise au lieu d’unir est un frein à un dialogue qui pourrait être plus inclusif ».

Quoi qu’il en soit, la discrimination raciale est un pro-blème indéniable sur le campus. Dans un rapport paru en 2008 intitulé « Racisme, injustice et mépris envers les étudiant(e)s à l’Université d’Ottawa », le Centre des droits étudiants de la FÉUO révélait que parmi les étu-diants qui avaient consulté le Centre de recours étu-diant durant l’année après des accusations de fraude scolaire, 71 % faisaient partie des minorités visibles. La Rotonde a tenté de contacter le Centre pour obtenir des données plus à jour, sans réponse.

clémence Labasse | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : MARC-ANDRÉ BONNEAUL’ évènement « Répondre au racisme à travers l’art » a fait partie de la semaine « Tous unis contre le racisme ».

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

L’Intégration des Immigrants au Canada

Multiculturalisme et interculturalité

La Rotonde a eu la chance de s’entretenir avec un ancien de l’Université d’Ottawa, Mwamba Tshibangu, concernant son nou-vel ouvrage intitulé L’Intégration des Immi-grants au Canada, paru en mars dernier.

La Rotonde : Avant de parler de votre œuvre, pourriez-vous nous dire ce que vous avez étudié à l’Université d’Ottawa et ce que vous faites en ce moment?

Mwamba Tshibangu : J’avais déjà un doctorat en études sociales, mais je voulais me tourner vers le do-maine de l’enseignement, donc j’ai fait la formation dans ce domaine en 2002 jusqu’à l’année suivante. Je suis en-seignant à l’École Ste-Marguerite d’Youville, à Toronto.

LR : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire un livre?

MT : L’Intégration des Immigrants au Canada n’est pas mon premier livre. Il s’agit de mon cinquième ou-vrage. J’ai voulu traiter du problème de l’immigration, mais particulièrement des conflits de valeurs ainsi que des problèmes d’adaptation que nous rencontrons. Je suis moi-même immigrant donc j’ai beaucoup d’ex-périence sur le sujet et je crois avoir apporté un autre point de vue sur ce plan. Les autres œuvres abordent les sujets politiques relatifs à mon pays d’origine, mais celui-ci parle de la situation des immigrants lorsqu’ils arrivent dans leur pays d’accueil. J’aborde les raisons pour lesquelles des familles décident de quitter leur pays et comment se passe leur intégration avec les multiples problèmes qu’ils connaissent.

LR : Comment avez-vous fait vos recherches pour écrire votre livre?

MT : J’ai recueilli des données pendant quatre ans auprès d’hommes, de femmes et d’enfants de diverses nationalités en sus de mes propres observations du mi-lieu étant profondément immergé dans cette réalité. J’ai fait des sondages non structurés en parlant direc-tement aux gens ou en ayant des discussions orientées avec eux. En fait, on engageait une conversation nor-male et puis j’orientais la discussion vers des thèmes de ma recherche. Ce qui m’a permis d’aller toucher des questions relatives aux motifs ayant causé leur dépla-cement jusqu’aux problèmes épineux et variés de leur intégration en faisant une différenciation entre les dif-férentes composantes de la famille. En passant, je dois mentionner que je n’ai pas travaillé avec des collabora-teurs. J’ai entrepris le tout seul.

LR : Dans la préface de votre ouvrage, les termes du multiculturalisme et de l’interculturalité y sont évoqués. Quelle est la distinction entre les deux?

MT : Le multiculturalisme, c’est le fait d’accepter que les communautés ethnoculturelles vivent de leur façon tout en conservant et en respectant l’idéal de vivre tous ensemble en tant que peuple canadien. Puis, l’inter-culturalité, c’est le fait de mettre l’accent sur la culture et la langue qui doivent cimenter toutes les autres commu-nautés ethnoculturelles. C’est la politique adoptée par le Québec autour de la langue française.

LR : Que voulez-vous que le public retienne de votre essai?

MT : Mon essai est un miroir qui ne reflète pas seule-ment ce que vivent les immigrants, mais qui donne un spectre où les autres peuvent aussi juger leur interac-tion dans la dynamique de l’intégration. C’est aussi un outil à la disposition de tous. Ils pourront mieux com-prendre la réalité des autres. Le multiculturalisme est un facteur important dans ce sens-là.

Cet entretien avec M. Tshibangu se poursuit sur www.larotonde.ca

Il était une fois un grand scientifique danois du nom de Tycho Brahe. Reconnu pour ses mesures très pré-cises des phénomènes astronomiques, il avait une pe-tite particularité : il avait un nez d’or. Il avait perdu son nez lors d’un duel qui contestait la légitimité d’une formule mathématique. L’histoire des prothèses est une histoire longue et riche. Heureusement, de nos jours, des prothèses beaucoup plus avancées existent.

Dernièrement, un jeune garçon d’Ottawa, Sébastien Chavarria, a reçu une prothèse de main fabriquée par des étudiants de génie à l’Université d’Ottawa (U d’O). Il y a plusieurs mois, la Faculté de génie a lancé le défi de fabriquer une prothèse de main pour Chavarria en utilisant seulement des matériels imprimés en 3D au Makerspace de l’U d’O. La prothèse gagnante uti-lise des mouvements de poignet afin de contrôler les doigts, permettant à Chavarria d’utiliser sa main.

Bien sûr, les prothèses les plus avancées d’aujourd’hui sont encore loin des prothèses vues dans les films de science-fiction, mais on s’en approche. Un des défis de la science des prothèses est celui de la communi-cation avec le cerveau. Dans le corps humain, les sen-sations dépendent du système nerveux. Essentielle-ment, des neurones périphériques, comme dans nos mains, réagissent à des stimuli externes, comme de la pression ou de la chaleur. Ces sensations créent des signaux électriques qui sont envoyés au cerveau. Là, les signaux sont interprétés afin de nous donner les sensations. Les mouvements du corps se font un peu de la manière inverse : le cerveau envoie des signaux aux muscles, qui se contractent afin de nous faire bouger. Le défi est de connecter une main mécanique au système nerveux.

Une façon de faire cela pourrait être de connecter le cerveau à la prothèse, essentiellement en insérant un ordinateur dans le cerveau capable de transmettre les signaux du cerveau à la prothèse. Ceci est une possi-bilité qui pourrait être très utile dans le domaine de la robotique : avec des robots sophistiqués, contrôlés par des humains, qui pourraient aller dans des envi-ronnements hostiles, tels que dans le vide de l’espace ou dans la radioactivité du centre d’une centrale nu-cléaire. Cette technologie pourrait aussi être utilisée afin de faire renaitre la vision d’un aveugle, ou pour-rait permettre aux sourds d’entendre de nouveau.

Bien sûr, afin que la technologie atteigne son poten-tiel, il faudra assurer son accessibilité, notamment en ce qui concerne le cout. À présent, des prothèses peuvent couter très cher. C’est là que l’imprimante 3D peut intervenir. Avec des schémas accessibles en ligne, quelqu’un qui possède une imprimante 3D pourra rapidement construire l’outil dont il a besoin, à un cout plutôt bas.

Tout ceci mène à des questions intéressantes quant au futur de l’humanité. Serons-nous destinés à évoluer en intégrant la technologie non-organique à la biolo-gie organique? Ceci est souvent un thème apocalyp-tique dans la science-fiction — voir le Borg dans Star Trek — mais, selon moi, il ne faudra pas avoir peur. Avec l’évolution de la technologie vient l’évolution de l’humanité, et on contrôle notre évolution depuis des siècles. Toute technologie peut être utilisée pour le mal autant que pour le bien, et le bien commence avec la compréhension. Il ne faudra pas avoir peur, il faudra comprendre. Ensuite, il faudra naviguer les océans, et une journée, on y parviendra.

CHRONIQUE scientifique

Le progrès

Nicholas Robinson | bénévole gloria charles-pierre | bénévole

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

actualitésde l’année

22 octobreUn individu armé sème la panique à Ottawa en tuant un militaire au cénotaphe ainsi qu'en en-trant au Parlement armé. L'Université d'Ottawa est en lockdown.

31 octobreLa FÉUO et la GSAED organisent la première assemblée activiste. Plusieurs ateliers s'organisent et Angela Davis lance l'assemblée.

septembreL'Université d'Ottawa inaugure sa nouvelle résidence à l'intersection Rideau-Friel. Grâce à cet ajout, l'U d'O ajoute 400 lits supplémentaires à son offre.

10 septembreL'administration de l'Université lance l'Institut de développement professionnel en politique et sécurité. Les associations étudiantes dénoncent la création de cet ins-titut alors qu'elles n'ont pas été consultées. L'nstitut n'a pas fait l'objet de consultation publique ou même d'un vote au Bureau des gouverneurs.

17 octobreLa FÉUO, par l'intermédiaire de son Centre des droits étudiants, distribue des pamphlets conte-nant cinq raisons pour ne pas étudier à l'U d'O dans le cadre des journées portes ouvertes de l'U d'O. La campagne sou-lève plusieurs critiques.

SEPTEMBRE OCTOBRE

21 au 24 aoûtLe Forum social des peuples rassemble plus de 2000 manifestants pour une meilleure justice sociale sur le campus de l'U d'O. Plus de 400 ateliers y sont offerts, en plus d'une marche de mili-tants qui se termine devant le Parlement.

AOÛT

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

NOVEMBRE

17 novembreLa FÉUO tient sa première assemblée générale au Centre Shaw d'Ottawa. Alors que le quorum est de 330 étudiants, moins d'une vingtaine d'étudiants manquent à l'appel. La période de questions s'enflamme alors que la présidente de l'assemblée tente de clore la séance.

24 novembreLa Faculté de Common Law de l'U d'O indique aux étudiants en situation de handicap qu'ils ne recevront plus d'accommodements pour leurs examens maison. Le processus de demande d'accommodement dans cette faculté brime la confidentialité des étudiants.

5 NovembreUne étudiante accuse Yanéric Bisaillon d'avoir eu des comportements relevant du harcèlement sexuel lors d'une activité organisée par l'AÉÉPI durant la Semaine 101. Ce dernier, alors vice-président aux affaires académiques, démissionne de son poste.

3 NovembreLe Bureau des gouverneurs approuve la construction d'un Centre d'apprentissage visant à lutter contre le manque d'espace sur le campus. Le Centre, qui sera construit derrière le pavillon Lamoureux, devrait conte-nir une cafétéria de 350 places, quatre salles de cours ainsi qu'environ 800 places d'études.

26 NovembreUne controverse éclate autour d'une vigile organisée pour souligner la mort de Mike Brown, à Fergusson. L'évènement, organisé par un membre de la FCÉE, a fait les manchettes puisqu'on demandait aux individus blancs pour la vigile de rester derrière.

DÉCEMBRE

3 décembreL'U d'O annonce en communiqué de presse que certains oiseaux sauvages s'influencent mutuellement par leurs traditions et comportements.

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le 7 avril 2015 ACTUALITÉS

13 janvierDes membres de l'équipe de hockey masculine des Gee-Gees de 2013-2014 intentent un recours collectif contre l'Université d'Ottawa et Allan Rock concernant leur gestion de la crise qu'ont créée les accusations d'agression sexuelle qui pèsent contre certains joueurs. Ceux-ci réclament six millions de dollars pour cause de traitement injuste de la part de l'U d'O.

29 janvierL'U d'O adopte intégralement les recommandations du Groupe de travail sur le respect et l'égalité. Créé suite aux différents scandales sexuels qui ont ébranlé la communauté universitaire l'année dernière, le groupe a proposé 11 recommandations qui ont pour objectif de déraciner la culture du viol.

15 janvierÀ partir de la prochaine année scolaire, le forfait alimentaire sera obligatoire pour les étudiants vivant en résidence. La FÉUO dénonce ne pas avoir été consultée concernant cette décision. Une partie des revenus obtenus par cette me-sure servira à rénover la cafétéria.

15 janvierTrois v.-p. aux affaires sociales de corps fédérés lancent une pétition pour récla-mer la destitution d'Ikram Hammoud, vice-présidente aux affaires sociales de la FÉUO. Les étudiants dénoncent le manque de sérieux de la représentante dans son travail ainsi que l'achat de 10 000 $ de feux d'artifice inutilisables.

actualitésde l’année

JANVIER

16 janvierL'U d'O annonce que l'équipe de hockey masculine, démantelée suite à des accusations d'agression sexuelle aux-quelles deux de ses joueurs faisaient face, ne sera pas de retour en 2015-2016.

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ACTUALITÉS le 7 avril 2015

9 févrierLes deux seuls candidats pour le poste de vice-président aux communications aux élec-tions de la FÉUO échouent le test de bilinguisme obligatoire. Le poste est toujours libre jusqu'à la tenue d'une élection partielle.

12 févrierLes étudiants du premier cycle de l'Université d'Ottawa rejettent la proposition de création d'un centre pour les étudiants racialisés dans un référendum. Le non l'emporte avec 56 pourcent des votes.

10 marsL'Université d'Ottawa dévoile son plan directeur pour le développement de l'Université. Le Centre universitaire Jock Turcot et l'édifice Montpetit seront grandement affectés. La FÉUO dénonce le manque de consultation avec les étudiants.

18 marsL'Université d'Ottawa annonce la création d'une nouvelle résidence pour l'année 2015-2016. L'Université acquiert l'ancien Quality Hotel à l'in-tersection Rideau et King Edward et le convertira en 414 nouvelles places.

FÉVRIER MARS

17 marsLa GSAÉD tient ses élections pour élire l'exécutif. Seulement six candidats se présentent pour les cinq postes disponibles. 88 votes seront finalement comptabilisés, mettant le taux de participation à un peu plus d'un pourcent. La GSAÉD compte environ 6500 membres.

4 marsUne conférence de l'U d'O intitulée Énergie Positive : Comment atteindre l'acceptabilité sociale dans le dévelop-pement des ressources énergétiques réunit des dirigeants de l'industrie pétrolière. Le colloque marque le coup d'envoi d'un partenariat de trois ans qui tente d'amener le public à accepter le développement énergétique.

12 févrierDavid Gakwerere est élu à la présidence de la FÉUO contre la candidate du parti Impact Nicole Desnoyers, présentement vice-présidente aux communications. Environ 4000 étudiants se présentent aux urnes pour un taux de participation tout juste au-dessus des 10 pourcents.

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Comme bien des blogues artistiques de la région, Ottawa Showbox est dans un certain sens né des cendres de l’hebdomadaire Ottawa Xpress. Alors que le fondateur du blogue, Mathias Munoz, aménageait à Ot-tawa, il n’a pu s’empêcher de consta-ter un vide dans la scène artistique. « À l’époque où l’Xpress venait de publier sa dernière édition, j’étais frustré par le manque de couver-ture que recevait la scène musicale », confie l’entrepreneur. « Certes, le Citizen publie quelques rubriques ici et là, mais j’ai commencé ce blogue pour pouvoir creuser plus en profon-deur ».

La formule était simple, mais efficace : Munoz allait voir des spectacles de musiciens de la région, par-lait aux musiciens et rapportait les événements sur son blogue. Du journalisme populaire dans sa forme la plus pure. Ses articles commentaient autant sur la scène punk que la scène folk, pop et électro. « À peu près un an plus tard, j’ai reçu un courriel par-

ticulièrement formel d’un étudiant en journalisme, Éric Scharf, qui tenait absolument à contribuer au blogue », raconte Monuz. « Avec son arrivée, et celle de son ami Joseph Mathieu, le blogue a pu diversi-fier ses propos, grâce en partie à la présence de deux Franco-Ontariens ».

Depuis, Ottawa Showbox est devenu la source par excellence pour tout ce qui concerne la mu-

sique d’Ottawa. Nul autre n’arrive à égaler la pro-fondeur avec laquelle il présente la communauté musicale. Par exemple, il a réussi l’exploit de ca-taloguer l’inventaire des albums produits par des groupes d’Ottawa en 2014, une liste qui a gran-dement servi à rapport d’Andrew Vincent et d’Ian Swain, Connecting Ottawa Music. Il a aussi créé une carte interactive d’Ottawa qui montre tous les lieux musicaux de la ville.

Autre que ces grands projets, le blogue se divise en cinq sections : concerts à venir, critiques, en-trevues, nouveautés et chroniques. Alors que les chroniques « Thirsty Thursdays » associent des listes d’écoute aux bières ottaviennes, des mu-siciens racontent leur expérience à des concerts passés pour les chroniques « Throwback Thurs-days ». Il est aussi possible d’écouter une pano-plie d’albums et de visionner des vidéoclips.

Le but de Showbox a toujours été de promouvoir la musique de la région. Mais maintenant qu’il a plus de moyens et d’influence, il arrive à diversifier ses méthodes. En plus d’avoir forgé des partenariats avec des festivals de la région tels que Megaphono, Arbo-retum et Folk It All, il organise aussi des concerts au Mugshots les troisièmes vendredis du mois.

Pour les étudiants qui veulent contribuer, Munoz souligne qu’Ottawa Showbox cherche toujours des

Ottawa Showbox

Contrairement à Showbox et à Apt613, nul ne trouvera de longues descriptions des artistes de la région sur le blogue Photogmusic. En effet, le blogue se pré-sente comme un catalogue des intérêts de son créateur, le photographe otta-vien de renommée grandissante, Ming Wu. De nature volontairement infor-melle, les images racontent la semaine du photographe, revisitant ses sorties les plus récentes. Toutefois, si ce blogue demeure toujours si pertinent, c’est que Wu vie au cœur de la scène musicale.

Semaine après semaine, caméra autour du cou, Ming Wu se promène de scène en scène, baignant dans la musique d’Ottawa et d’ailleurs. Après un événement, alors que les autres journalistes rentrent rédiger leur article, Wu a toujours un deuxième ou troisième événement à découvrir et couvrir. Par exemple, après avoir documenté le nouveau festi-val Folk It All au Rainbow Bistro, Wu s’est rendu au Makers Space pour prendre des photos du par-ty audiovisuel, Kosmic Apollo. Lors de la première édition d’un festival en son honneur l’automne der-nier (WuFest), une blague circulait à savoir s’il allait rester toute la soirée ou s’excuser pour aller couvrir d’autres événements. Outre les groupes de la région, Wu partage aussi ses photos des grands noms du monde indie, tels que Arcade Fire, Grimes et, plus récemment, Patrick Watson. Ses photos de la tou-

jours joviale Lisa Leblanc au Record Centre cap-turent avec justesse l’intimité de sa performance.

En plus des photos, Ming Wu présente aussi un pal-marès de ses albums préférés avec quelques pistes intégrées. Actuellement, cette liste inclut entre autres des artistes tels que les Hilotrons, Anna May-berry ainsi que la chanteuse blues-folk ottavienne, Catriona Sturton. Toutes les semaines, le blogue re-commande aussi cinq chansons dans le cadre de la chronique « Top 5 Songs of the Week » et affiche la bande intégrale de l’émission de radio, No Filter.

PhotoGmusic

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D i d i e r p i l o n e t A l e x a n d r e m i l l a i r e | c u lt u r e @ l a r o t o n d e .c a

Arts et culture

Blogues culturelsDidier pilon | [email protected]

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« on distrait les fonctionnaires depuis 2009 » - apt 613

L’hebdomadaire culturel Ottawa Xpress existait toujours en 2009, mais il com-mençait à se faire mince. Un groupe d’amis a ainsi constaté que la commu-nauté artistique d’Ottawa devenait de moins en moins accessible. Quoiqu’il y ait une gamme hétéroclite d’activités culturelles un peu partout dans la ré-gion, rester à l’affût de la programma-tion (parfois mal publicisée) de tous les bars, salles de concert et galeries d’art était en soi un emploi à temps plein. La communauté se ralliait ainsi derrière les événements à gros budget – Blues-fest, Folkfest, Bal de neige, etc. – au dé-triment des soirées plus discrètes. Apt 613 s’est donné comme mission de com-bler cette lacune.

Fondé au modèle de la radio communautaire, Apt 613 est la création de cinq personnes de par-cours et de vocations différents. Alors qu’Althia Raj était déjà journaliste pour le Huffington Post et que Ryan Saxby Hill maintenait un blogue personnel, Katrina Marsh, Karen Diepeveen et François Levesque avaient peu d’expérience avec les médias. Toutefois, ayant tous vécu à Halifax à un moment ou un autre, ils partageaient une admiration de l’hebdomadaire culturel d’Halifax The Coast et ressentaient la nécessité de recréer quelque chose du genre à Ottawa.

Le blogue a d’abord plongé dans les événements plus obscurs. Plutôt que de couvrir Bluesfest, il couvre le festival Fringe et, plus tard, Arboretum. Plutôt que de fréquenter le Centre national des Arts, il fréquente les petites productions théâ-trales dans les parcs et les théâtres communau-taires d’Ottawa. Depuis, leur programmation s’est diversifiée, mais garde un penchant pour l’inédit, tel les cafés à jeux de société et les microbrasseries de la région. Dans les dernières années, une al-liance s’est aussi forgée entre le blogue et la radio communautaire de l’Université d’Ottawa. L’émis-sion de radio Basement 819, actuellement animée

par Cindy Savard et Éric Barrette, s’est vouée d’« explorer le sous-sol culturel d’Ottawa-Ga-tineau » en français. En plus de le faire sur les antennes de CHUO, il publie leurs podcasts, leurs recensions d’événements et leurs critiques artis-tiques sur le blogue.

Apt 613 est d’abord et avant tout connu pour son calendrier culturel détaillé. Ce calendrier a bien sûr bien évolué au cours des cinq années du blogue. À ses débuts, les membres du groupe exploraient eux-mêmes les ressources à leur disposition : pages d’événement Facebook, les affiches publicitaires sur les lampadaires de la ville, d’autres blogues, etc. Depuis les deux dernières années, les gens peuvent soumettre leurs propres événements. Toutefois, à l’encontre de bien d’autres blogues du genre, un conservateur doit donner son approbation avant que l’événement figure sur le site web.

Apartment 613

Le blogue internet de Herd Mag prend une approche particulière au journa-lisme : il publie longuement, mais ra-rement. Dans le dernier mois, le blogue n’a vu paraitre qu’une demi-douzaine d’articles. La publication papier, aussi clairsemée, ne parait que quatre fois par année. Mais où d’autre trouver l’in-tégral d’une interview de 1500 à 2000 mots qui explore la vie et l’art d’un groupe indie à la première personne dans un flux de conscience imagé? Où dénicher une séance de photos artis-tiques de sacs à main, étalée sur une dizaine de pages au centre d’un maga-zine?

Herd encourage ouvertement ses auteurs (à ne pas dire « journalistes ») à prendre une licence artis-tique qui effrayerait sans doute les médias plus mainstream. Au lieu de présenter une simple ana-lyse, l’auteur-artiste raconte son expérience et ses réactions face à l’art dont il traite. Plutôt qu’une prétention d’objectivité, les sujets se manifestent et ressortent des textes. Il en résulte le double rôle du magazine : en parlant de l’art, le magazine crée de l’art.

Cette dimension de création artistique est d’autant plus évidente dans la publication papier. En plus d’inclure des photos et des dessins de haute quali-té avec chaque article, une section d’une quinzaine de pages est réservée à la fin pour mettre en ve-

dette des œuvres d’art.

Ce style a ses mérites et ses limites. Les lecteurs qui cherchent à savoir ce qu’était un événement vont sans doute se perdre dans les narrations loquaces et parfois redon-dantes. Mais cette critique semble manquer la marque. À vrai dire, c’est que Herd ne ra-conte que rarement ce qu’était tel ou tel événement. Il raconte plutôt ce qu’était l’expérience de telle personne ou tel artiste, lorsque confronté à l’événe-ment. Certes, ce n’est pas une formule grand public, mais elle mérite tout de même sa niche.

Herd Magazine

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ARTS ET CULTURE le 7 avril 2015

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Le Café Nostalgica

Bilan d’un rêve devenu restaurant

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le 7 avril 2015 ARTS ET CULTURE

Alexandre Millaire | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : AYOUB BEN SASSI

Avec une nouvelle bâtisse et un modèle d’entreprise tout aussi différent, le Café Nostalgica mise sur la nouveauté, mais est aussi titulaire d’un riche héritage peu connu de sa clientèle. En préparation de son 20e anniversaire, une pleine jour-née de célébrations est prévue pour le 30 avril. De plus, les étudiants aux études supérieures seront conviés au local 257 du pavillon des Arts le 27 avril pour l’As-semblée générale annuelle. Ils se pronon-ceront sur les politiques alimentaires du Café ainsi qu’une mise à jour de son man-dat sans but lucratif.

Il y a déjà 20 ans que le Dr Marc Spooner, alors étudiant au doctorat en Éducation et v.-p. services étudiants de l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s (GSAÉD), a saisi l’étincelle et a concentré ses efforts vers la créa-tion d’un lieu pouvant abritrer les discussions vives et les désirs de l’âme, du ventre et du foie de la population étudiante. Situé dans un ancien cloître de prêtres qui a aussi servi de bureaux aux Presses de l’Université, le bar ne pouvait accueillir qu’une douzaine de gens. Au-tant de bières étaient données que vendues et la cuisine rêvait déjà de dépasser les capacités de ses deux ronds électriques.

Lors de sa première rénovation en 1997, 20 sièges s’étaient ajoutés et l’atmosphère ouverte, amoureuse et souvent gauchiste du Café a fleuri d’autant plus. Timekode, The Souljazz Orchestra et The People Pro-ject n’étaient que certains des groupes qui avaient ap-privoisé la scène miniature tout en mettant le Café sur la carte comme lieu créatif. Inspiré des traditions de la cuisine de bistro française et misant au maximum sur le fait maison, le lieu attirait autant de professeurs que d’étudiants. Cependant, avec une popularité accrue et une bâtisse vieillissante, des problèmes d’électricité, de plomberie et aussi de capacité et d’accessibilité deve-naient récurrents et coûteux.

En avril 2010, un référendum sur lequel s’est prononcé moins de trois pourcents de la population étudiante du cycle supérieur a passé et le processus de rebâtir la pe-tite maison aux teints ocre avait été entamé.

Un rêve floué par le désir politique

Comme dans tout projet d’envergure, la politique a joué un rôle primordial quant à la construction du nouveau Café. Les trois visionnaires initiaux du projet, Guillaume Lemieux, Jonathan Duguay et Sean Kelly, ont vite été relégués à un rôle de spectateur après que des erreurs d’ordre technique concernant leur proces-sus d’embauches avaient été révélées. « Ils ont refait le processus d’embauches et l’exécutif a décidé d’engager Séamus Wolfe, le copain d’une des membres de l’exé-cutif », explique Duguay. « J’ai pris conscience que nous n’avions plus aucun contrôle quand, lors d’une séance du conseil sur le deuxième processus d’em-bauches entaché de plusieurs irrégularités, l’exécutif a refusé publiquement de s’expliquer sur la nouvelle em-bauche ». Le résultat de ce manque de transparence : une équipe fracturée dont la main mise sur le projet risquait de devenir une quête au pouvoir politique et aux curriculums vitae mieux garnis. En tant que té-moin aux séances du comité de pilotage en 2010, il était évident que plusieurs cherchaient à prendre des décisions importantes, sans qu’il soit clair qu’elles soient bienveillantes.

Tout comme les Gaulois qui résistaient « encore et toujours à l’envahisseur », le Café Nostalgica, espace qui avait servi de sanctuaire pour le professeur émérite Denis Rancourt lors de son bannissement du campus, avait toujours été un oasis de discussion et de dissi-dence sur le campus. Alors que le personnel de démo-lition découvrait deux autres fondations en-dessous de l’ancien bâtiment et que le projet commençait à accu-muler des coûts inquiétants, l’Université a vu bon rené-gocier l’entente de la GSAÉD selon laquelle elle aurait déménagé ses bureaux permanents dans le Centre uni-versitaire. Avec un bail illimité retranché à une année, la GSAÉD a donc dû voter pour l’accommodement des bureaux au design du bâtiment, décision qui a fait gon-fler la facture bien au-delà des cinq millions de dollars. Prise au jeu, la GSAÉD a fini par signer une entente par laquelle l’Université finira par posséder l’immeuble, et ce après 30 ans de paiements et de réparations de la

part de la GSAÉD et des étudiants diplômés.

Encore du pain sur la planche

Une fois la reconstruction terminée, le vrai travail de rebâtir l’entreprise devait commencer. Souvent par pression financière du Conseil de la GSAÉD, l’exécutif a fini par prendre des décisions qui bénéficiaient la sa-lubrité du Café à court terme, mais donnait des tâches impossibles à ses employés. Dave Breitenherdt, gérant actuel du Café, partage ce sentiment à l’endroit du congédiement de la dernière gérante face aux attentes administratives de son poste, qui demande 60 à 80 heures par semaine et parfois le double en septembre.

Ajà Besler, ancienne commissaire à la vie étudiante, se prononce sur l’entre-jeu entre le Café et la GSAÉD : « C’est très difficile de trouver un équilibre entre le côté business et le côté communauté culturelle étu-diante pour le Café Nostalgica. Depuis son ouverture, on a vu les deux extrêmes. À l’ouverture, on avait un café avec une équipe engagée et une belle programmation, mais aucun sens de gestion : le service était lent, les fac-tures n’étaient pas payées, l’obtention d’un permis d’al-cool ignoré, et le Café a accumulé une immense dette ».

« Après, la pendule a viré dans le sens opposé, afin d’éviter d’avoir besoin de fermer les portes du Café de façon permanente. La programmation était inexis-tante, ensuite limitée. L’équipe ne se sentait pas valo-risée. La qualité de la nourriture a baissé. Au départ, c’était toutes des mesures nécessaires afin de garder le café ouvert, mais après que le café est sorti du mode crise, les mesures s’alignaient de moins en moins avec les valeurs de la GSAÉD et du Café », explique l’an-cienne commissaire.

Selon Breitenherdt, le Café va enfin avoir les moyens de réinvestir dans son côté culturel dès cet été avec plus d’art et de musique, une nouvelle estrade et un nouveau système d’éclairage. Avec sa dette d’un quart de million repayée, on laisserait supposer que la coti-sation étudiante que paie les étudiants diplômés – soit plus de 100 $ par semestre – permettra au Café de re-vivre le refoulement culturel qui lui a donné naissance.

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ARTS ET CULTURE le 7 avril 2015

Originaire du petit village de L’Orignal dans l’Est ontarien, Lissa Léger a découvert la scène par le biais de l’équipe d’impro de l’École secondaire d’Hawkes-bury. Loin d’elle alors fut la pen-sée qu’elle se retrouverait un jour sur les grandes scènes de la métropole.

C’est à l’Université d’Ottawa qu’elle a dé-couvert le théâtre. Lors de ses études entre les vieux murs du 135, rue Séraphin-Ma-

rion, Lissa se lance sur scène à maintes reprises. Une exploratrice amoureuse de création, elle préfère les nouveaux textes aux grands répertoires. Comme première performance professionnelle en 2013, elle a incarné Alice dans La chatte et le hibou, une mise en scène par Sylvie Dufour au Théâtre de l’Île. Ensuite, c’est le Théâtre belvédère qui l’engage dans le cadre de la pièce Porc-épic pour laquelle Caroline Yergeau a remporté le prix Rideau de la mise en scène de l’année. Depuis quelque temps, elle travaille pour le Théâtre du Trillium. Depuis les trois dernières an-nées, elle travaille avec six autres comé-diens sur un texte et une mise en scène d’Anne-Marie White, #PigeonsAffamés.

Dans un entretien avec La Rotonde, cette ancienne du département de théâtre de l’Université d’Ottawa discute de son par-cours et de la communauté théâtrale otta-vienne.

La Rotonde : Quels sont les bons et les mauvais côtés du programme de théâtre à l’Université?

Lissa Léger : L’Université offre un bac-calauréat général en théâtre. C’est le fun parce que tu peux toucher à tout : la scène, l’arrière-scène, la production, la concep-tion, l’éclairage, etc. Il y a beaucoup de productions qui permettent aux étudiants d’avoir le contact pratique. Moi-même j’ai participé à Sainte Carmen de la Main, Les Amis, et Le Cimetière des voitures. Mais, avec seulement quatre cours de jeu, le pro-gramme n’offre pas une spécialité en jeu.

LR : Qu’avez-vous fait par la suite?

LL : Après mon baccalauréat, j’ai fait mes auditions pour les écoles à Montréal. La première année, je n’ai pas eu de réponse. C’était décourageant! Je me disais que ce n’était peut-être pas fait pour moi. La deuxième année, j’ai fait le stage conser-vatoire d’art dramatique. Le processus est très long. La première étape est plus de 300 auditions. Après deux vagues de cou-pures, 30 personnes se rendent au stage. Ensuite, quelques-uns d’entre eux sont pris à l’école. N’ayant pas fait l’école, je suis revenue travailler dans la région.

LR : Comment fait-on pour se lancer en théâtre à Ottawa?

LL : C’est triste à dire, mais il faut connaître des gens et se faire connaître. J’y suis arri-vée en faisant bien du théâtre communau-taire. Je me suis engagée dans le Théâtre Tremplin à Vanier et l’on jouait à La Nou-velle Scène. Il y a une mise en lecture en automne et une mise en scène de 10 à 12 comédiens au printemps. J’ai aussi joué au Théâtre de l’Île. Là, des metteurs en scène professionnels travaillent avec des acteurs « citoyens » (pour ne pas dire amateurs, bien sûr). C’est là que tout a commencé!

LR : Comment les étudiants peuvent-ils s’initier à la scène théâtrale d’Ot-tawa en tant que spectateurs?

LL : N’allez jamais au CNA. Ce sont des gros spectacles, des gros budgets, des gros metteurs en scène, bref, ce n’est pas par-ticulièrement accessible. Il faut se faire l’idée que ce ne sera pas un film et il ne faut pas regarder un spectacle de la même manière. La comédie est une bonne ouver-ture. Les spectacles universitaires sont ac-cessibles et faciles sur le budget. Mais si tu veux vraiment savourer la scène d’Ottawa, va à La Nouvelle Scène.

LR : Quel conseil donneriez-vous au comédien en formation?

LL : Au début, c’est difficile de s’assumer. Il faut se dire : « Je suis comédienne. C’est ça que je fais. That’s it! ». Dégênez-vous et allez voir les gens.

Didier pilon | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : GABRIELLE DUBOIS

Ginette Gratton recevait pour son émission du 28 mars (Ginette Gratton reçoit, diffusée sur TV Rogers) l’écrivain, traducteur, interprète, essayiste et deux fois finaliste du Prix du gouverneur général, Daniel Poliquin. Au cin-quième étage de la bibliothèque Morisset, l’ancien de l’Univer-sité d’Ottawa avoue avoir peu fréquenté ce lieu alors qu’il était étudiant. Sous les projecteurs et derrière les caméras pendant une heure, il a discuté de son œuvre, de son parcours et de ses idées.

Daniel Poliquin a grandi dans le quartier Côte-de-Sable. Il fréquentait alors l’unique

école francophone de la région, qui ac-cueillait donc les écoliers francophones sans distinction sociale. Dès son jeune âge, il se retrouve dans un milieu de mixité qui le définit et marquera fortement ses écrits. Lui-même se décrit comme un « métis culturel ». « Nous sommes pluriels néces-sairement », a-t-il déclaré.

Daniel Poliquin est publié pour la première fois dans les années 1980 alors qu’il n’avait que 25 ans. Il s’agit alors d’une littérature engagée. Il décrit son entrée dans le monde littéraire comme une entrée en sacerdoce. À l’époque, la communauté franco-onta-rienne était fortement stigmatisée.

Son premier roman, Temps pascal, est le fruit d’un travail minutieux et drastique. Daniel Poliquin s’imposait alors d’écrire une page par jour. Sur une centaine de pages, il pouvait n’y en avoir que quatre d’intéressantes. Ce sont celles-ci qui sont devenues la base du roman. Désormais,

le Franco-Ontarien se décrit comme un « cleptomane »! Il écoute les histoires que des gens lui racontent. Celles qui le marquent deviennent le corps d’une nou-velle création. Il explique ainsi que son dernier livre, Le vol de l’ange, a été en partie inspiré par sa sœur qui lui racontait avoir glissé dans la rue et avoir fait « le vol de l’ange ». Son métier « est de raconter des histoires », a-t-il déclaré, ajoutant que les personnages de ses romans sont « des gens occupés à vivre ». Dans ses diffé-rentes œuvres reviennent certains thèmes clés, notamment la relation de l’individu à la communauté et la conscience du passé.

Le roman favori de l’auteur est Voyage au bout de la nuit par le romancier français Céline. Ses grandes œuvres lui « donnent le goût de mieux écrire ».

Lorsque Ginette Gratton lui a deman-dé avec envie s’il n’y avait pas un projet en cours, il a déclaré être « en jachères »

pour le moment. L’auteur respire en Nou-velle-Écosse. Peut-être un projet viendra-t-il tout de même échouer sur les côtes de l’Atlantique. Qui sait ?

Daniel Poliquin à Ginette Gratton reçoit

« Occupés à vivre »

Entretien avec Lissa Léger

Des deux côtés de la scène

Julia Barantin | bénévole

CRÉDIT PHOTO : COURTOISIE

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PONY GIRL

Paysage onirique

On n’écoute pas Pony Girl ; on plonge collectivement dans les torrents éthérés de ses progressions. Enrobé de tous côtés dans un paysage sonore, on se laisse emporter par les métaphores et les mélismes. La précision des musiciens estompe les bris et les transi-tions. Flou dionysiaque.

Au cours de la dernière année, Pony Girl s’est produit partout à Ottawa. En plus d’une longue liste de festivals (Jazzfest, Folkfest, Westfest, Festival Arboritum, Festival Fringe, WuFest), il a tourné du sud de l’Ontario jusqu’aux Maritimes. Dans un concert spécial à Nature noc-turne, les membres du groupe ont pré-senté leur adaptation de la musique du jeu culte, Chrono Trigger. Quoiqu’en ermitage temporaire afin de finir leur deuxième album, la formation jouera un spectacle au Blacksheep avec Pan-daléon le 5 juin ainsi qu’un autre le 12 juillet au Bluesfest.

À ses tout débuts, Pony Girl était une alliance entre Pascal Huot et Julien Dussault qui cherchait à explorer la mu-sique électronique minimaliste. Rapide-ment, le projet a suscité l’intérêt de bien des gens de la communauté artistique et a fait boule de neige. Au duo de guitares sur échantillonneur se sont ajouté Greg-gory Clark à la basse, Jeff Kingsbury aux percussions, Isaac Vallentin à la guitare, Yolande Laroche à la clarinette, Mitch Cousineau au piano, à l’orgue et au cla-vier et Cameron Hill au saxophone té-nor. De surcroît, deux autres musiciens se joignent parfois au groupe sur scène – Michael Powell aux percussions au-xiliaires et Yuri Bakker au synthétiseur

– et près d’une douzaine d’autres ont participé à leur premier album, Show Me Your Fears.

Tout s’enchaînait si rapidement que cet album n’a pris que deux mois à pro-duire. L’album s’est voulu une fenêtre sur un moment d’effloraison artistique. Sans vraiment s’interroger sur la forme de son qu’ils créaient, les membres ont chacun contribué à leur manière. Il en résulte un art rock ambiant acoustique–électrique à plusieurs voix. Un croise-ment entre la distorsion folk rock de Jeff Buckley et l’ambiance classico-minima-liste de Sigur Rós. L’obscurité épaisse des échantillons électros est percée par de claires mélodies de piano ou de flûte traversière, et accompagnée de riffs acoustiques chaleureux. La batterie est précise et inventive, autant dans les sons qu’elle accentue que par ses omis-sions et ses moments de silence. Alors que termine l’album sur une harmonie à une dizaine de voix, on ne peut s’em-pêcher de se fermer les yeux et de vivre le moment.

Deux ans après l’album, Pascal Huot souhaiterait maintenant réexplorer les origines plus modestes de la formation. « Avec un peu de recul, je remarque de plus en plus qu’à sa forme la plus pure, c’est vraiment de la musique folk que pro-duit Pony Girl », constate le frontman. « À la base, c’est de la musique qu’on fait avec une ou deux guitares et nos voix ». Le deu-xième album, maintenant en production, revisite les chansons plus minimalistes qu’il avait écrites avec Julien Dussault il y a déjà plusieurs années, question de voir si elles résonnent encore. Plutôt que de mi-roiter l’album sur scène avec une dizaine de musiciens, la formation veut adapter ses créations à divers formats qui accom-modent autant trois que douze musiciens.

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le 7 avril 2015 ARTS ET CULTURE

Didier Pilon | [email protected]

François Pelletier

Maître de l’éphémère

L’artiste visuel se spécialisant en reproduction hyperréaliste de grands classiques au pastel est un phénomène unique ap-préciable dans le Marché By.

Partir en voyage est d’aller à la rencontre des gens, et nul ne peut prévoir comment le passage d’un peut impacter l’autre. Certainement que l’artiste ottavien Fran-çois Pelletier ne s’attendait pas à ce que des Européens de passage à Ottawa ins-pireraient son grand-frère, Gabriel, à es-sayer de la craie de rue et, par après, lui aussi. Voilà qu’à 33 ans, il vit encore de la passion et de la ténacité avec lesquelles il a approché le métier à 17 ans. Alors aux études secondaires à l’École De La Salle, il faisait la navette entre Embrun et Ottawa afin de se plonger dans le rôle d’artiste ambulant qui lui a valu une re-nommée internationale. Un samedi par semaine a rapidement évolué dans un emploi d’été à temps plein mais une sai-son n’était pas assez pour vivre de l’art qu’il perfectionnait petit à petit. C’est alors qu’une longue association avec la ville de Melbourne est née pour lui per-mettre de perpétuer son art à l’année longue, et bien sûr, à payer son loyer par celle-ci. Des expériences à Rome, à Paris, à Montpellier et à Grenade ont aussi por-té fruit mais les pays du Commonwealth s’avéraient plus cléments au style de vie éphémère de l’artiste.

Venant d’une famille d’un riche héritage artistique, autant dans les champs de la peinture que de la sculpture et les arts littéraires, le génie particulier à Fran-çois se révèle dans la reproduction de grands classiques au pastel sec. Cara-vaggio, Da Vinci et Michel-Ange sont tous de bonne guerre pour l’artiste qui est attentif aux moindre détails et qui détient une capacité illimitée d’improvi-sation et de redécouverte du médium de la craie. Le sourire sournois et le regard perçant, il est toujours prêt à piquer une jasette, et à s’étirer le dos, avec le public curieux. N’ayant jamais suivi de cours formel en art, c’est un autodidacte qui a mis ses heures, et pas à peu près.

Deux aspects du métier retiennent l’at-tention de l’artiste : « J’aime l’aspect purement métier du dessin. Chaque fois que je le fais je n’essaye pas d’uti-liser une technique pré-réchauffée. […] Techniquement, tu as toujours, toujours, toujours quelque chose à ap-prendre, tu peux toujours devenir meil-leur. Ça j’aime ça. L’autre aspect, c’est l’éphémère. C’est aussi un art public et il y a un échange énergique constant avec les gens qui est vraiment beau. En tout, j’ai l’impression de faire quelque chose qui a du sens pour moi et puis je fais ma vie avec ça en même temps ». Le public pourra apprécier François Pelletier en face du Sugar Mountain dans le Marché By cet été, se penchant maintenant la tête sur la technique de pastel sec sur ca-nevas dans une imposante reproduction de Tondo Doni, de Michel-Ange.

Alexandre Millaire | [email protected]

CRÉDIT PHOTO : AYOUB BEN SASSI

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ARTS ET CULTURE le 7 avril 2015

En l’absence d’hebdomadaires des arts à Ottawa, la section « Arts et culture » de La Ro-tonde s’est donné comme mis-sion de couvrir la scène cultu-relle de la région. Toutefois, après avoir exploré parfois même les moindres recoins de l’univers artistique de la ca-pitale nationale, deux forma-tions ont été volontairement négligées : Moonfruits et Big Balade. Alors que Moonfruits présente Alexandre Mil-laire, chef de pupitre « Arts et culture », notre chef web, Gabrielle Dubois, prête sa voix au groupe Big Balade. Dans un entretien avec La Rotonde, les deux musiciens partagent leurs expériences et leurs conseils à la relève musicale.

La Rotonde : Pouvez-vous pré-senter votre band et le type de musique que vous jouez?Alexandre Millaire : Moonfruits joue du folk-pop terrestro-céleste. C’est un duo avec Kaitlyn Milroy. Kaitlyn, qui a passé plus d’une douzaine d’années dans des chorales, chante et joue de plus en plus d’autoharp et de percussions à mains. Moi, j’ai aussi passé pas mal

de temps en chorale, mais j’ai surtout fait un baccalauréat et une maîtrise en guitare classique ainsi qu’une seconde maîtrise en composition, tout en jouant dans des bands rock, expérimentaux et bien d’autres. Nous allons peut-être aussi inclure d’autres membres un jour.

Gabrielle Dubois : Big Balade est un groupe groovey-pop francophone avec un twist funky. On est six musiciens : Don Charrette à la batterie, Jean-Emil Ventrillon à la basse, Mathieu Gautier à la guitare et voix, Julie Séguin au cla-vier et à la voix, Sarah-Anne LaCombe à la voix et moi-même aussi à la voix. On a des backgrounds différents autant en tant que formation que d’influences. Alors que Sarah écoute du soul (Lauryn Hill, Lhasa de Sela), Don adore les Funk Brothers, Mathieu c’est du Motown et du Jean Leloup, Jean-Emil écoute du gros rock style Primus, Julie baigne dans le pop, le jazz et le théâtre musical, et moi j’écoute beaucoup les classiques du jazz (Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan).

LR : Quels sont les grands mo-ments de vos groupes?

GD : Big Balade a commencé deux ans passés dans une autre formule. La voix de Sarah-Anne et la mienne se sont ra-joutées un an plus tard et ça a vraiment fait symbiose. Le tout a vraiment com-mencé lorsque nous avons lancé notre candidature à Rond Point, ancienne-ment Ontario Pop. Sur une période de six mois, on a participé à plein de for-mations et de résidences – deux à Ot-tawa et une à Sudbury. On a aussi gagné plusieurs prix, dont le prix du Festival

franco-ontarien, le prix Francofête de Toronto et même le prix du Festival inter-national de la chanson de Granby 2015. Depuis, il y a d’autres transforma-tions, dont un changement de chanteur et l’ajout de Julie et de Jean-Emil. En-suite, on a gagné le prix de la chanson du 400e de la présence francophone en Ontario. Maintenant six, on s’épanouit ensemble plus que jamais.

AM : Notre parcours est un peu plus organique. Après trois mois ensemble, on a enregistré notre premier album. Après six mois ensemble en tant que band et que couple, on est partis faire de la performance de rue en France et en Espagne et on s’est fiancés. En deux ans, on a joué plus de cent spectacles. Présentement, on enregistre notre deu-xième album et on vient d’appliquer à Rond Point. À partir de cet été, on es-saie de vivre de notre musique à plein temps : tournées, mariages, etc.

LR : Qu’aimez-vous le plus du groupe de votre collègue?

AM : Ce que j’aime beaucoup de Big Balade, surtout dans ses développe-ments les plus récents, c’est qu’il n’a pas une vedette. Un peu comme Hypnotic Brass Ensemble ou Fleetwood Mac, tout le monde contribue et se partage les chansons. C’est une formule très humble, tout en étant si énergétique. Ça donne des performances dynamiques et éclectiques qui peuvent durer très long-temps.

GB : Ce qui vient me chercher le plus de Moonfruits, c’est que c’est très ro-mantique comme spectacle. La façon que vous partagez votre vie en tant que couple reflète dans la manière que

vous partagez la musique : vous êtes si ouverts et généreux. La voix d’Alex est bien sûr comme du velours et la voix de Kaitlyn flatte le velours de l’autre bord et ça se complémente si bien.

LR : Quels conseils donne-rez-vous aux étudiants musi-ciens? AM : Sortez! Il faut vraiment tâter le pouls de la communauté. C’est vraiment important d’avoir une vision, mais Ot-tawa est un lieu fleurissant et l’on peut apprendre énormément l’un de l’autre. Les institutions apportent un genre d’intelligence, mais ce n’est vraiment que la pointe de l’iceberg.

GD : Montre ce que tu as à montrer, mais, encore plus important, im-plique-toi dans la scène. Les gens au-tour de toi fleurissent en même temps que toi. Pour vraiment s’épanouir, c’est essentiel de participer à bâtir la commu-nauté artistique. Collabore, partage!

AM : Lorsqu’on regarde Ottawa main-tenant, on voit que toutes les pièces sont mises en place. Plusieurs nouveaux lieux de musique live apparaissent : House of Targ, Gabba Hey, même A Thing of Chocolate et Tea Store ac-ceuillent maintenant de la musique. Le « Boom » commence et j’ai l’impression que ça va partir et ça va partir vite. C’est important de se tenir par la main et d’y aller ensemble.

GD : Justement, en tant qu’artiste, tu peux souvent te sentir seul ou comme si tu n’es pas écouté ou pas compris. De vraiment rentrer dans la communauté offre un soutien incroyable. Ce partage de passions est tellement beau.

MIEUX CONNAÎTRE LA ROTONDEEntretien avec Moonfruits et Big Balade

Une balade sur la lune

Didier Pilon | [email protected]

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le 7 avril 2015 ARTS ET CULTURE

AVRIL MAI JUIN

Événementsà venir

21 avril19 h 30 à 22 h – Ottawa Zine Off!Le public est appelé à créer un zine et à le partager avec l'énorme commu-nauté créative d'Ottawa.

22 avril19 h à 22 h - Swap 'Til you DropOrganisé par le Comité du sida d'Ottawa et The Queer Mafia, ce large échange de vêtements et d'accessoires encourage les nouvelles amitiés et le gender-bending dans un environnement ouvert, accessible et gratuit.

8 au 10 MaiComicconCélébration sans pareil de la culture geek à Ottawa; cette année accueillera Malcolm McDowell (Orange Mécanique), Peter Mayhew (Chewbacca) et Sean Maher (Firefly).

15 MaiGlitterbomb 2015Musique, activisme, burlesque et brillants font un dans cette fête célébrant les diverses identi-tés sexuelles d'Ottawa avec les recettes qui iront à appuyer les organismes LGBTQ d'Ottawa. Un des rares festivals qui offrent la possibilité de pay it forward, un billet peut être acheté pour un festivalier qui ne peut pas se le permettre.

4 au 14 juinMagnetic North Theatre FestivalDes pièces de théâtre des quatre coins du pays s'offrent à prix variables avec options payez-ce-vous-pouvez. Les artistes émergents peuvent aussi participer à la série d'ateliers Compass Points, lieu de collaboration et d'éveil aux réalités théâtrales du pays.

19 au 20 juinGlowfairCentretown se voit réimagi-ner avec une étonnante série gratuite de spectacles et d'installations lumineuses.

19 au 21 juinSummer Solstice Aboriginal Arts FestivalDes centaines de chanteurs et de danseurs de pow-wow, des spectacles sur échasse et un mar-ché d'artisanat éclatent au Parc Vincent-Massey dans une commémoration des cultures autoch-tones canadiennes.

17 au 28 juinFestival Fringe d'OttawaComédiens, humoristes et musiciens amateurs, et professionnels envahissent la ville pour nous présen-ter leurs pièces de théâtre originales. Grâce au format tire au sort pour choisir les artistes, c'est un des festi-vals les plus égalitaires et imprévisibles de la capitale!

30 avril20e anniversaire du Café NostalgicaUne pleine journée de programmation incluant des performances musicales de Moonfruits, The Mackenzie Rhythm Section et The Howards sera accompagnée d'ateliers de poterie, d'échantillons de poutine et de tour-tière; et la présentation de photos et d'arte-factes du Café des Archives de l'Université.

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ARTS ET CULTURE le 7 avril 2015

JUILLET AOÛT

2 juillet au 15 aoûtTorchlight Shakespeare FestivalA Company of Fools propose deux semaines de Shakespeare en plein air dans une formule «payez ce que vous pouvez».

23 juillet au 6 aoûtOttawa ChamberfestLe plus grand festival de musique de chambre au monde revient à Ottawa et offre une panoplie de spectacles dont Dido & Aeneas de Purcell, Nufonia de Kid Koala et le California Guitar Trio et le Montreal Guitar Trio dans un unique sextuor.

30 juillet au 3 aoûtBuskerfest International d'OttawaLe meilleur des talents de rue mondiaux se réuni sur les trottoirs d'Ottawa pour partager leur vision de l'art et du divertissement.

1er aoûtFestival musulman d'étéLa ville en entier vivra le thème Le monde dans une ville avec 20 pays qui partageront leur musique, culture, histoire et artisanat.

13 au 17 aoûtFinish What You Started Fest 2015 (Vol. 6)Sans prétention ni appui corporatif, ce festival qui célèbre la culture punk, métal et le fait-mai-son sera une excellente occasion de prendre le pouls de la vibrante culture underground de la capitale.

11 JuilletHOPE Volleybal SummerfestGrande tradition dans la capitale, plus de 25 000 joueurs franchissent la plage de la baie Mooney's chaque année afin de cueillir des fonds pour HOPE. Le volleyball, la musique rock et de belles rencontres sont au rendez-vous.

14 au 16 aoûtOttawa Craftbeer FestivalNouvellement arrivé à Ottawa, ce festival a su charmer le public ottavien ces deux dernières années avec des offrandes brassicoles de plus de 100 producteurs locaux. Le mouvement de micro-brasserie qui bourgeonne dans la capitale peut y être apprécié accompagné de musique en direct, de cuisine artisanale et de rencontres avec les producteurs.17 au 22 août

Arboretum Arts FestivalAvec le désir d'offrir un portrait de la renaissance culturelle qui fleurit à Ottawa, ce festival réunit une programmation musicale et de la gastronomie complètement locale, ainsi que des ateliers, des activités pour enfant, des instal-lations d'art et des volets d'art médiatique et d'architecture.

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MORGAN MCNEIL (SOCCER FÉMININ)

McNeil a eu un impact considérable sur le terrain en 2014 pour Ottawa, grâce à son talent offensif et sa férocité du côté défensif. Julia Francki était la capi-taine et Pilar Khoury a marqué des buts de façon re-cord pour l’équipe, mais c’est la présence défensive de McNeil qui a permis à ces deux athlètes de se concentrer sur le côté offensif du jeu. Ses exploits lors de la première ronde des séries éliminatoires ont permis aux Gee-Gees de venger une défaite contre Queen’s de l’année dernière. McNeil s’est gravement blessée au genou lors des nationaux et sans cette blessure, les Gee-Gees auraient pu finir avec l’or ou l’argent au lieu du bronze.

Présentement en réhabilitation, McNeil espère être prête pour le début de la saison, mais il y a des chances qu’elle ne rejoigne pas le jeu jusqu’à ce que la saison soit commencée.

Alex Ratté (basketball masculin)

En 2013-2014, Alex Ratté était le troisième meilleur marqueur au Canada. Après avoir quitté l’Université Laurentienne pour se joindre à l’équipe d’Ottawa, Ratté n’a pas vu le terrain pour presque une sai-son entière à cause d’une blessure au genou subie en 2014. James Derouin, entraineur-chef du Gris et Grenat, espérait donner un rôle d’importance au joueur de quatrième année. Cependant, cette bles-sure au genou a modifié ses plans.

Ratté a joué peu de minutes lors des matchs d’exhibition. Il a seu-lement pu jouer dans la rotation vers la fin de la saison régulière. Même si le revoir sur le terrain était un signe pour les Gee-Gees, il n’était pas encore du tout remis de sa blessure. Toujours en train de poursuivre sa réhabilitation, le retour de Ratté en pleine santé donnerait à James Derouin une autre arme avec laquelle attaquer les défensives adverses. Il faut tout de même espérer que si Ratté réussit à revenir, il sera celui qui marquait au-delà de 20 points par match pour les Voyageurs de l’Université Laurentienne et non celui qui parvenait à peine à suivre le jeu lors des séries éliminatoires.

Athlètes à surveilleR

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M o u s s a S a n g a r é - P o n c e | s p o r t s @ l a r o t o n d e .c a

Sports et bien-être

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Kaly Soro (volleyball féminin)

Soro a le talent et l’énergie que peu de joueuses de son calibre ont. Malgré le fait que, la saison dernière, les joueuses ont été menées par les jumelles Kelsie et Myriam English, Soro a quand même su se démarquer sur le terrain, étant la troi-sième meilleure marqueuse de l’équipe derrière les jumelles. La joueuse de deuxième année a aussi compté le deuxième plus haut total de kills parmi les Gee-Gees, avec 155. Soro n’a pas seu-lement contribué offensivement pour le Gris et Grenat, elle est aussi reconnue pour avoir un œil pour le ballon, ce qui a sauvé beaucoup de rallye pour son équipe.

Durant la saison 2015-2016, Soro se passa de joueuse dominante pour l’équipe d’Ottawa à joueuse dominante au niveau des Sports univer-sitaires de l’Ontario ainsi que du Sport interuniver-sitaire canadien.

Le programme de basketball féminin

Le succès de l’équipe de basketball féminin est souvent relié à la santé des basketteuses. Malgré le fait qu’elles aient terminé en tête de la division nord des SUO, l’équipe n’a ja-mais été classée dans le top 10 du SIC. Si les joueuses qui étaient blessées reviennent en pleine forme et si Kellie Ring et Krista Van Slingerland continuent d’exceller comme elles l’ont fait cette saison, Ottawa sera vraiment une force du basket féminin. Malgré toutes les blessures cette année, le Gris et Grenat a terminé cinquième au pays dans la catégorie des paniers par match avec une moyenne de 27,5 et premier au pays dans la catégorie des trois points par match réussis avec 7,7. Les femmes ont aussi joué un bon jeu défensif, ce qui est indentifiable par le fait qu’elles sont classées troisièmes au pays avec 12,4 passes volées par match. La garde et joueuse de rotation Sarah Besselink était un énorme facteur du côté défensif et son retour ne fait qu’agrandir la rotation et donne plus de repos aux jeunes joueuses. Bien qu’elles aient perdu contre Ryerson en mi-saison et dans les séries éliminatoires, le match du 28 novembre qu’Ottawa a perdu par trois points reflète plus où les basketteuses se trouvent parmi les autres bonnes équipes au pays. Ce match a été joué avant que les grosses blessures ne commencent à frapper les Gee-Gees.

Maude Levesque-Ryan (hockey féminin)

Si ça n’aurait été de la recrue, les Gee-Gees ne se seraient pas qua-lifiées pour les séries éliminatoires. Les grosses défaites qu’elles ont subies contre les Carabins de l’Université de Montréal et les Mart-lets de l’Université McGill seraient peut-être encore pires qu’elles ne l’étaient. Levesque-Ryan a aussi su garder l’équipe dans beaucoup de matchs serrés grâce à des arrêts dans des moments clés. Depuis qu’elle est la gardienne partante, Lévesque-Ryan a fait face à 664 tirs et elle en a arrêtés 613. En deux matchs lors des séries éliminatoires, la recrue a fait 89 arrêts. Si Ottawa arrive à resserrer la défensive la saison prochaine et prendre plus de chance du côté offensif, avec une gardienne du calibre de Lévesque-Ryan, les Gee-Gees pourront finalement tenir le coup de façon consistante contre les Carabins et les Martlets.

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SPORTS ET BIEN-ÊTRE le 7 avril 2015

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le 7 avril 2015 SPORTS ET BIEN-ÊTRE

Année historiquepour les Gee-Gees

20 septembreMatch Panda, 33-31 pour les Ravens

« Le Match Panda était un des matchs les plus importants de ma carrière universitaire. Je n'ai jamais compris la rivalité entre les deux écoles jusqu'à ce que je marche sur [le terrain] devant une mer de partisans de l'U d’O et de Carleton. Malgré un solide effort, le dernier jeu du match a stupéfié les joueurs, les partisans et les entraineurs. Un jeu chanceux a pu donner à Carleton le titre de « Champions Pandas ». Notre entraineur nous a dit dans le vestiaire que Steve Sumarah, l’entraineur-chef de Carleton, lui a dit qu’il ne pouvait pas croire que c’est arrivé et que son équipe ne pensait pas gagner. C’était le match le plus émotionnel de ma carrière universitaire. Une des particularités de notre défaite était de voir des centaines de partisans de Carleton courir sur le terrain en lançant des menaces et des insultes. Nous nous sommes immensément concentrés sur remporter le Match Panda cette année. Nous allons remporter le Match Panda cette année ». - Rashid Timbilla, joueur de ligne défensive du Gris et Grenat

« Après avoir gagné la médaille d’or du Québec (RSÉQ) en octobre dernier, l’équipe de rugby féminin des Gee-Gees n’a pas été en me-sure de battre les meilleures équipes du pays au tournoi national. Vêtues de notre nouveau titre de « quatrième meilleure équipe uni-versitaire au Canada », nous n’avons pas abandonné notre objec-tif de gagner la médaille d’or en 2015. La preuve? Quelques se-maines après notre défaite, nous avons gagné le tournoi « Sevens » à New York et nous venons tout juste de gagner le tournoi des sept à Laval. […] Bref, la médaille d’or du RSÉQ est un accom-plissement incroyable étant donné l’histoire du programme (c’est la première fois que les Gee-Gees atteignent le podium depuis le début du programme). Mais pour nous, un groupe de femmes compétitives, disciplinées, athlétiques et surtout motivées, ce n’est pas assez. On sait qu’on est capables d’être la meilleure équipe universitaire de rugby féminin au pays : c’est simplement une question de temps. » - Afton Maisonneuve, joueuse pour l'équipe de rugby des Gee-Gees

31 octobre au 2 novembre Championnats nationaux de rugby féminin où

les Gee-Gees ont fini en quatrième place.

25 octobreVictoire de 13-5 contre les Stingers de l'Université Concordia pour remporter

le championnat provincial (rugby féminin)

SEPTEMBRE OCTOBRE

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SPORTS ET BIEN-ÊTRE le 7 avril 2015

NOVEMBRE

« Après une excitante, mais stressante victoire en demi-finale, les émotions étaient hautes. On se sentait comme si on mé-ritait la médaille d’or. Émotion, énergie, foi; c’est ça qu’on a amenées avec nous au match de la médaille d’or. On a allait gagner pour tout le travail qu’on a mis, pour nous autres et parce qu’après avoir manqué la finale des SUO (Sports in-teruniversitaires de l’Ontario) l’année dernière, on se sentait comme si on avait beaucoup à prouver. Quand j’y pense main-tenant, c’est difficile à expliquer, mais l’équipe qu’on avait cette année était spéciale. On croyait que chaque personne avait un rôle sur l’équipe et que peu importe quel était ton rôle, il était tout aussi important que le prochain. Quand tu fais partie d’une équipe qui croit dans ça, tu ressens que si tu peux faire n’importe quoi ». - Pilar Khoury, avant étoile de quatrième année de l'équipe de soccer féminin

2 novembre Médaille d'or après une victoire de 1-0

contre les Mustangs de l'Université Western (soccer féminin)

« Ça prend beaucoup de caractère et de force pour se lever le lendemain après avoir [subi] une grosse défaite en demi-finale et jouer pour une médaille de bronze. Notre but ultime pour cette année était de remporter une médaille aux nationaux. Même si le bronze n’était pas notre premier choix, ça nous a amenées en fin de compte à cocher avec succès notre but de l’année dernière. Alors on a pris cette émotion et on a laissé ça nous pousser jusqu’au bout. Personne n’a été [surpris] du but qu’elles ont manqué en premier. Je pense que dans nos têtes on croyait toutes que c’était notre match et que peu importe quand ou comment, on allait pousser à travers. Et on l’a fait. Quand on a marqué notre premier but pour égali-ser la partie, tout d’un coup on avait le momentum et on savait que le prochain allait venir. Quand Sophie Curtis a marqué le but gagnant, c’était le moment marquant de la saison. Être de l’arrière 1-0 a fait le match tellement plus génial. Marquer à la toute dernière minute a rendu la victoire tellement plus satisfaisante. On a vraiment tout donné jusqu’au dernier sifflet. Cette année on était une équipe de 90 minutes. Surtout vers la fin de la sai-son, c’est quelque chose sur lequel on a vraiment mis l’accent. Je pense que le match pour la médaille de bronze a montré ça en nous ».- Pilar Khoury, avant étoile de quatrième année de l'équipe de soccer féminin

6-9 novembre Championnats nationaux de soccer

féminin. Ottawa a fini en troisième po-sition après une victoire de 2-1 contre

l'Université de Fraser Valley.

8 novembre Défaite du Gris et Grenat aux mains des Marauders de l'Université McMaster en demi-finale provin-

ciale. Pointage final 42-31.

16 novembre Pour la première fois depuis que Yanick

Evola est entraineur de l'équipe de hockey féminin, les Gee-Gees ont battu les Carabins de l'Université Montréal

avec un pointage de 4 à 3.

30 novembre Défaite en trois manches des volleyeuses aux mains du Varsity Blues de l'Université

de Toronto.

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le 7 avril 2015 SPORTS ET BIEN-ÊTRE

Année historiquepour les Gee-Gees

10 janvier Basketball masculin

Victoire de 68-66 contre les Ravens de l'Université Carleton.

5-8 février

Championnats provinciaux de natationAvec les exploits d'Eryn Weldon et de Ro-bert Bonomo, Ottawa a donné de belles per-formances aux championnats provinciaux de natation, la fin de semaine dernière au pavillon Montpetit. Cumulant un total de cinq médailles d'or, six d'argent et six de bronze, les championnats de natation des Sports universitaires de l'Ontario (SUO) ont été un succès pour Ottawa.

JANVIER FÉVRIER

5-8 février Classique de la Capitale

Les basketteuses remportent pour une deu-xième année consécutive, 46-40, le match grâce aux exploits de Kellie Ring tandis que les basketteurs n'arrivent pas à défaire les Ravens et s'inclinent 79-66.

7 février Lors de la deuxième rencontre de la saison contre le Varsity Blues de l'Université de To-ronto, l'équipe de volley-ball féminin réussit à avoir sa revanche et a donné à Toronto sa première défaite de la saison.

14 février L'équipe de volley-ball féminin bat les Rams de l'Université Ryerson en quatre manches lors du dernier match à domicile pour Ste-phanie Theiler et les sœurs English.

21 février Lors d'un match contre les Voyageurs de l'Université Laurentienne, le vétéran Johnny Berhanemeskel marqua son 2000e point en carrière.

«  J'étais assez chanceux de pouvoir jouer mes cinq années et atteindre un pla-teau comme celui-ci. Après chaque sai-son, je ne voulais pas revenir comme le même joueur ; je voulais amener quelque chose de nouveau pour ne pas être prévisible. Je crois vraiment que tu reçois ce que tu sèmes et j'ai essayé de me tenir sur ça à travers mes cinq années ». - Johnny Berhanemeskel, joueur pour l'équipe de basketball masculin

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SPORTS ET BIEN-ÊTRE le 7 avril 2015

MARS

26 et 28 février Hockey féminin

Les Martlets de l'Université McGill éliminent le Gris et Grenat en première ronde des sé-ries éliminatoires après un balayage de 2-0.

26 février et 1er Mars Championnats nationaux de volleyball

féminin à l'Université de Toronto Malgré une défaite en quart de finale contre l'Université d'Alberta, les joueuses réus-sissent à terminer le tournoi classée cin-quième au pays.

28 février Basketball féminin

Les Rams de l'Université Ryerson mettent fin à la saison d'Ottawa avec une victoire de 73-47 en de-mi-finale provinciale.

6 mars Basketball masculin

Les joueurs, qui ont dominé leurs adversaires pour la majorité de la saison régulière, se font surprendre par Windsor en pre-mière ronde de la Coupe Wilson. Les Lancers remportent leur match contre les Gee-Gees 85-80 dans un des matchs les plus surprenants de l'année.

7 mars Basketball masculin

Le Gris et Grenat se remet de sa défaite aux mains des Lancers la journée d'avant et remportent la médaille de bronze après avoir battu Ryerson 79-66. C'était le dernier match à domicile pour les basketteurs de cinquième année

«  J’étais véritablement béni d’avoir pu jouer mes cinq ans avec Coach Jimmy et les Gee-Gees. J’ai eu l’opportunité de jouer dès ma première année, ce qui n’est pas toujours le cas pour les recrues. Pour être honnête, ça n’a pas fini comme on le voulait. Ça ne finit pas toujours comme tu veux, mais après la dernière fin de semaine et ne pas savoir ce que j’allais faire prochainement, j’ai dû m’assoir et me compter chanceux. Apprécier le fait que j’ai joué mes cinq ans avec Gab (Gon-thier-Dubue). Il n’y a pas d’autres équipes avec lesquelles je voudrais me battre et jouer, sauf avec ces gars-là. J’ai créé des liens à travers les années et ils sont plus forts que n’importe quel championnat. Je n’ai aucun doute qu’ils auront du suc-cès l’année prochaine et je ferais n’importe quoi pour aider ».- Johnny Berhanemeskel, joueur pour l'équipe de basketball masculin

23 marsDylan Auty de l'équipe de football est suspendu deux ans pour avoir échoué son test anti-dopage.

12-15 mars Championnats nationaux de basketball masculin : Les Gee-Gees terminent la saison avec l'argent

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ENTRAINEUR DE L’ANNÉE : ANDY SPARKS, BASKETBALL FÉMININMalgré le fait qu’il n’a pas réussi à amener son équipe aux nationaux comme certains de ses homologues des Gee-Gees, Sparks a su rester à la barre même si son équipe a fait face à beaucoup d’obstacles. Sans Catherine Traer, l’équipe man-quait déjà une vétérane ainsi qu’une présence des côtés offensif et défensif.

Ensuite, ce fut au tour de la garde Sarah Besselink de quitter pour la saison à cause d’une blessure. À la fin de la saison, une des meilleures marqueuses de l’équipe, Krista Van Slingerland, a également subi une blessure au pied, mais elle est retournée au jeu pour les séries éliminatoires. Malgré l’absence de joueuses clés, Sparks a tout de même mené son équipe à une fiche de 14 victoires et 5 défaites. Les basketteuses ont remporté la Classique de la Capitale contre leurs rivales de Carleton et les ont également éliminées en première ronde des séries éliminatoires. Le Gris et Grenat a fini premier dans sa division et cinquième dans sa conférence.

EXTRAIT DE : « ENTREVUE AVEC SABRINA ROY : UNE PROGRESSION SAISISSANTE »,PAR MOUSSA SANGARÉ-PONCE

Cette saison, Woods a utilisé la recrue pour ses talents défensifs, comme passeuse et comme serveuse. Roy s’est rapi-dement ajustée au niveau de jeu universitaire, mais également à la vie d’étudiante-athlète. « Je trouve que le volley était vraiment plus vite », confie-t-elle. Elle mentionne aussi qu’elle fait maintenant face à de meilleures adversaires.

Roy était une des 35 recrues qui ont eu la chance de se rendre aux championnats nationaux. Jouer contre des joueuses de partout au Canada et voyager à un évènement d’une telle grandeur était motivant pour la joueuse originaire d’Ottawa. Elle espère faire le voyage aux nationaux pour le reste de sa carrière comme Gee-Gee. « C’était vraiment une belle expérience. J’espère la refaire dans mes quatre années qui restent », souhaite-t-elle.

EXTRAIT DE : ENTREVUE AVEC MAUDE LÉVESQUE-RYAN, « IMPOSSIBLE DE RENONCER AU HOCKEY », PAR ROXANNE BOURQUE

La fin de la saison lui inspire une grande déception, car l’élimination face aux Martlets de McGill a détruit ses objectifs de remporter les titres provincial et national. Elle doit maintenant faire le deuil. « Je n’étais vraiment pas prête à m’éloigner de la patinoire pendant que certaines équipes vivent les moments les plus excitants d’une saison, mais d’un autre côté, nous devons tourner la page et apprendre de l’équipe qui nous a battues, car elle mérite d’être classée première au pays ».

Tout de même, la gardienne croit que des victoires que l’équipe a connues face aux Carabins de l’Université de Montréal et aux Mustangs de l’Université Western, classées respectivement deuxièmes et troisièmes au Canada à la fin de la saison régulière, sont un bon indicateur de leur talent. Avec l’ajout de recrues prometteuses l’an prochain, personne dans le vestiaire des Gee-Gees ne sera complexée, peu importe l’adversaire. Malgré le tout, la recrue est prête pour la prochaine saison. D’ailleurs, en septembre, ce ne sera plus elle la « petite nouvelle ».

ATHLÈTE MASCULIN DE L’ANNÉE : CALEB AGADA, BASKETBALL MASCULIN

Agada n’a peut-être pas battu des records comme son coéquipier Johnny Berhanemeskel et n’a peut-être pas eu le même leadership que Vikas Gill ou Gabriel Gonthier-Dubue, mais il joue un rôle important sur le terrain et dans le vestiaire. Ses dunks ont été des faits saillants de la semaine des Sports universitaires de l’Ontario et s’il n’est pas encore considéré parmi l’élite du basketball canadien, il y est presque. Agada a fini la saison avec six double-double et il a été nommé à l’équipe des étoiles des championnats nationaux à Toronto. Il reste à voir si le joueur sera capable d’amener son jeu au prochain niveau avec les attentes élevées qui pèseront sur lui.

Étoiles La Rotonde 2015le 7 avril 2015 SPORTS ET BIEN-ÊTRE

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ATHLÈTE FÉMININ DE L’ANNÉE : MYRIAM ENGLISH, VOLLEYBALL FÉMININ

Malgré le fait qu’elle n’a pas réussi à obtenir une médaille aux nationaux, English a impressionné lors de sa dernière saison. Elle a fini quatrième au pays pour le nombre de points par manche et sixième dans les kills par manche. Elle a été de loin la meilleure marqueuse de son équipe avec 276.5 points, sa sœur jumelle Kelsie était en deuxième avec 201. Myriam English a également été nommée à la première équipe des étoiles des Sports universitaires de l’Ontario et du Sport interuniversitaire canadien.

PRIX DE FIN D’ANNÉES (SUITE) : Sabrina Roy et Maude Lévesque-Ryan

Cette saison, Sabrina Roy et Maude Lévesque-Ryan ont indiqué pourquoi on se souviendra d’eux dans les prochaines saisons. Roy a été sur le terrain plusieurs fois pour les Gee-Gees au volleyball, quelque chose que peu de recrues ont la chance de faire sous Lionel Woods, entraineur-chef de l’équipe de volleyball, tandis que Lévesque-Ryan a été nommée gardienne partante lors des premiers matchs de la saison et n’a pas laissé cette position lui échapper pour le reste de la saison.

Le rôle de Sabrina Roy lors sa première saison a surtout été axé sur la défensive. Woods avait assez confiance pour la mettre sur le terrain. Il a aussi compté sur ses services et sa capacité à recevoir ceux de ses adversaires à des moments clés cette saison.

Lévesque-Ryan a fini la saison avec sept victoires, dont deux contre les Carabins de l’Université de Montréal. Elle était aussi une des gardiennes qui ont été les plus mises à l’épreuve dans tout le Sport interuniversitaire canadien, ayant fait face à 613 lancers en saison régulière et 89 en deux matchs des séries éliminatoires. En tout, la recrue a joué 1039 minutes lors de la saison régulière et 120 dans les séries éliminatoires.

La saison prochaine, les deux joueuses chercheront à passer de recrue surprise à figure de tête pour leurs équipes.

La Rotonde vous souhaite un bon été !

SPORTS ET BIEN-ÊTRE le 7 avril 2015

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le 7 avril 2015 CHRONIQUES

Le résultat le plus apparent d’une année à La Rotonde, au moins pour moi, c’est qu’on peut écrire beaucoup plus vite. Sans vous confier combien de temps que j’ai pris en septembre pour écrire un article ou une dissertation — cela relève d’un secret commercial brevetable — je constate que j’écris deux, voire trois fois plus vite. Le genre de compétence dont tout Rotondien fait preuve, j’en suis certain. Il y a encore d’autres avantages de travailler à La Ro-tonde, mais vous pourrez les déduire assez facilement. Apprendre à faire des entrevues spontanément, ce genre de choses.

Je suis fier de notre travail cette année. On a trouvé de quoi à rapporter et je remer-cie nos journalistes pour leur beau travail et leur passion. Nous avons les standards hauts pour nos articles et un ton saprément sérieux relativement aux autres journaux étudiants, mais notre journalisme critique a une place parmi les styles plus pondérés et ludiques. Après tout, il y a eu de quoi à critiquer. Je vous épargne la douleur d’y repenser. J’espère qu’on a su attirer un peu plus de lecteurs cette année. Notre campus est peu politisé en ce moment, et donc ce n’est plus Camarade Tout-le-Monde qui s’intéresse à ce qui nous intéresse. Les dé-générations, eh? Espérons au moins que cette dépolitisation ne dégénère pas à une Université bananière. (Une république bananière, rappelons-nous, est « un pays peu développé, dont l’industrie repose ty-piquement sur la seule production de ba-nanes, et dirigé par une petite ploutocratie autoritaire »). Ah oui. Il faudra fonder, si jamais cela se produit, un nouveau journal, le Banana Times. En anglais. Sûrement que la Fédération étudiante trouvera quelqu’un pour ce faire.

Là, les plaisanteries s’arrêtent. Dès sep-tembre, je commence mes études à l’Uni-versité Simon Fraser. Je considère postuler pour leur journal, mais je crains justement ça : leur journal a-t-il une chance de devenir mon journal? Mon journal, jusqu’à l’avè-nement de l’Université bananière, c’est La Rotonde.

CHRONIQUEs de fin de l’année

Ceci n’est pas une banane

alex jürgen thumm

À quoi bon les arts et la culture? Nul ne re-met en cause l’importance de l’actualité po-litique. Le sport, en plus d’être bon pour la santé, s’assume en tant que divertissement. Mais pourquoi réserver une place privilégiée à ces bohèmes excentriques (à ne pas dire lou-foques) qui fredonnent et tournoient?

Cette question a hanté mes jours à La Rotonde. Au-delà de mon amour des arts, il fallait aus-si me convaincre de l’importance objective de mon domaine de prédilection. Ignorant volon-tairement la difficulté qu’imposent les diverses formes que prennent les arts, cette esquisse de réponse repose sur deux rôles au cœur de la culture.

D’un côté, l’art joue un rôle explicatif. En ex-plorant autant la poésie et la musique que les téléromans et les jeux vidéo, on se voit nous-mêmes dans les personnages et les pensées mises de l’avant, et on réfléchit à notre place dans le monde. Dans l’étrangeté des mondes fabriqués, des flux colorés et des prémisses farfelues, on vient à se reconnaitre et se com-prendre. De l’autre côté, l’art joue aussi un rôle constructiviste. Nos identités se forgent et se muent dans l’interaction avec les médias ar-tistiques et culturels. Cette veine n’est pas ré-servée à l’art engagé. Même les dessins animés de notre enfance, aussi anodins peuvent-ils sembler, ont façonné nos comportements et nos attentes.

Ainsi, au journaliste culturel reviennent deux responsabilités. Il doit mettre de l’avant l’art qui saisit une réalité, offre des pistes de ré-flexion et engendre une meilleure connais-sance de soi. Certes, en mettant l’accent sur les artistes de la région, nous avons bien accompli cette tâche. Mais, de plus, un bon journaliste doit aussi analyser et critiquer l’identité que l’art crée, encourage ou perpétue. Dans le sui-visme perpétuel d’une scène en pleine efflorai-son, nous avons malheureusement négligé cet aspect.

Avoir à recommencer, j’explorerais davantage la critique des cultures de masse. Les bandes dessinées, les jeux vidéo, les séries télévisées et les vidéos virales ne sont que quelques exemples de médias artistiques qu’on n’a pas même abordés. Ce sera à la prochaine équipe de combler mes lacunes.

Rapport d’un stage au Mont Parnasse

Didier pilon

Que ce soit sur les réseaux sociaux, sur les murs de nos gris bâtiments, ou dans les pages de La Rotonde, nous écrivons ton nom.

D’accord, oui, bon, peut-être la réfé-rence à Éluard impose un ton que je ne suis en mesure de soutenir. Qu’im-porte, pour un instant en poétesse des bas fonds, c’est n’est qu’avec trop de prétention que je me propose pourtant d’apporter un simple argument. Les amis, causons.

La Rotonde est un porte-voix, alors soyez les voix que nous portons.

Durant ma première année à l’univer-sité ce n’est qu’avec peu d’intérêt que je suivais évoluer politique étudiante et autres activités. Peu de mouvements, peu d’excitations. Engagée, (au journal, pas dans mes textes, que je veux, bien entendu, d’une objectivité exemplaire) j’ai appris peu à peu l’importance du mot et de la plume. Et surtout, m’impli-quant de plus en plus j’ai découvert le pouvoir de l’indignation. Car dans cette université, il y a de quoi s’indigner.

Nous ne sommes pas plus journalistes que vous tous. Tout ce que nous fai-sons, nous questionnons, nous nous interrogeons et parfois, peut-être, nous dérangeons. Cette année c’est avec une équipe formidable, avec des bûcheurs sans-noms, que j’aurais appris la valeur de l’information et de l’action. Merci pour votre passion, vous m’aurez don-né la plus belle des formations.

Étudiants il faut que vous osiez, voilà ce que m’aura appris cette année.

La Rotonde tire sa révérence le temps d’un été.

Et moi, vous tous, je tiens à vous re-mercier.

Liberté d’expression, j’écris ton nom

clémence labasse

Travailler à La Rotonde était une expérience inoubliable. Grâce à mon temps au journal, j’ai rencontré des gens qui connaissent et qui sont impliqués dans la scène politique et culturelle francophone de l’Université et de la région. Je salue toute l’équipe d’actu et les rédacteurs en chef pour avoir donné un regard critique, mais objectif pendant toute l’année sur la FÉUO et l’administration et avoir des articles perti-nents qui concernent les étudiants. Un autre gros salut aux deux chefs arts Didier Pilon et Alex Millaire pour avoir vraiment fait un tra-vail impeccable cette année couvrant tout les aspects de la scène culturelle d’Ottawa et Ga-tineau.

Merci mille fois à ceux qui ont écrit pour la section : Emmilie, Roxanne, Nadia, Léa, Niki-ta, Natalie, Slim, Alex, Frédérique, Alessan-dro, Vincent et Nicolas. Vos contributions à la section ont été grandement appréciées. Je voudrais aussi remercier les athlètes et les entraineurs des équipes interuniversitaires et des clubs sportifs pour toutes les entrevues, qu’elles soient pendant la semaine ou après les matchs et surtout pour avoir été compéti-tifs pour toute la saison, ce qui a rendu ma job comme chef sports beaucoup plus amusante. J’aimerais aussi remercier Justin Serresse, en-traineur-adjoint du basket masculin et les en-traineurs-chefs de volleyball, hockey et soccer féminin, Lionel Woods, Yanick Evola et Steve Johnson pour avoir une politique porte ou-verte avec moi.

Malgré cela, travailler à La Rotonde n’était pas toujours idéal, les semaines où je n’ai pas reçu grand aide pour les articles étaient très difficiles et on m’a aussi empêché d’accomplir certains des articles et projets que je voulais faire. C’était très frustrant surtout en considé-rant que même si la section d’actu était presque qu’impeccable chaque semaine presque toutes les ressources étaient allouées à cette section même si les autres sections avaient clairement besoin d’aide (je ne peux pas parler pour Alex et Didier sur ce sujet).

Finalement, merci n’est pas assez pour recon-naitre les efforts d’Antoine Simard-Legault le vidéaste. Quand ça vient au montage vidéo, le gars est tout simplement incroyable. Son aide cette année a été grandement précieuse ap-préciée et je serais toujours dans sa dette pour tout son aide cette année.

Merci, merci et merci

Moussa Sangaré-Ponce

Alex

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CHRONIQUEs de fin de l’année

On m’a souvent demandé la question suivante : « Pourquoi veux-tu devenir journaliste? » Même si qu’à chaque fois qu’on me la demande, je suis tentée d’y répondre avec un éloge qui pourrait durer jusqu’à temps que je n’ai plus de voix, je m’en tiens à la réponse courte : « Pourquoi pas? »

Normalement, la question suivante va comme suit : « Pourquoi La Rotonde? » En fait, je crois que mon destin a été prédéterminé avant même que je ne pose les pieds au 109, rue Osgoode. Shoutout à Antoine Trépanier, un an-cien Rotondien, qui m’a dit avant que je quitte le Nouveau-Brunswick pour la capitale nationale, que je ne pou-vais passer à côté de cette opportunité. Merci Antoine, t’avais bien raison.

J’ai trouvé en La Rotonde une belle fa-mille, constituée de collègues passion-nés. J’y ai trouvé 80 ans d’histoire, qui prouve que La Rotonde est bien là pour rester. J’y ai trouvé de l’information à pu en finir. Mais avant tout, j’y ai trou-vé un sens à mon expérience étudiante. Parce que limiter à étudier, manger, dormir, c’est plate.

La Rotonde, c’est pas seulement des réunions de production accompagnées de biscuits Milano où tout le monde es-saye de se mettre d’accord sur la une de la prochaine édition. C’est également pas seulement des journalistes qui es-sayent avec peine et misère de rejoindre l’administration de l’Université, pour seulement recevoir une réponse vide de sens bien après la date de retombée (clin d’œil à toi, Caroline Milliard).

La Rotonde, c’est revendiquer, c’est remettre en question, c’est mettre de la lumière sur les affaires croches qui se passent sur le campus. C’est parfois mécontenter certaines personnes, mais rajouter à notre lectorat des étudiants informés. La Rotonde, c’est vivre pour écrire, écrire pour informer, informer pour changer les choses.

Travailler à La Rotonde m’a fait réali-ser quelque chose d’important. Je ne suis pas en train de devenir une journa-liste. J’en suis déjà une. Parce qu’être journaliste étudiante, c’est être journa-liste tout court.

Bref, ceci ne sera (je l’espère bien) pas mon dernier texte dans les pages de ce merveilleux journal. Je te dit donc à la prochaine, ma belle Rotonde.

Vivre pour écrire

frédérique mazerolle

CHRONIQUES le 7 avril 2015

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le 7 avril 2015 LABYRINTHES

Labyrinthes

4. La face cachée de la lune (2/2)

Octobre. Jack griffonnait dans son carnet. Sur une page, il dressa une liste d’objets qui pour-raient être utiles pour le voyage jusqu’à Main Duck Island. De la solution de chlore pour rendre l’eau potable, une canne à pêche et des appâts, bon nombre d’allumettes et de briquets, un manteau imperméable, des rations de nour-riture, une lampe torche et des batteries, un couteau suisse et un sac de couchage. Jack pré-voyait passer les journées dans des habitations abandonnées; une tente ne ferait que l’encom-brer. Une carte routière dans un sac étanche, un ouvre-boite et une trousse de premiers soins. « Il faut que ça rentre dans un sac à dos », se répéta-t-il.

— Prêts à sortir? demanda Mélanie en sortant de la chambre avec Kevin.

— Même s’il pleut? grogna Francesco pour la forme.

— En oueille, t’es pas fait en chocolat!

Avant de sortir dehors, Jack sortit la carte de Montréal de la poche de sa veste et passa en revue les rues qu’ils avaient déjà explorées. Son index s’arrêta sur un quartier. La destination de cette nuit. Le groupe se rejoignit dans la rue.

Après vingt minutes de marche, Mélanie s’arrê-ta brusquement.

— Regardez! s’exclama Kevin en dirigeant le faisceau lumineux de sa lampe torche sur le sol en avant de lui.

La lumière éclairait un corps humain inerte.

— Qu’est-ce qu’il y a? Pourquoi on s’arrête? lança Francesco. Ce n’est qu’un mort. On en a déjà vu plein.

— Oui, mais celui-ci est décédé récemment, observa Mélanie en pointant les trous rouges dans la poitrine du cadavre.

Ce dernier dégaina son pistolet de détresse dont la seule utilité était de lancer des fusées éclairantes, seule arme qu’il possédait à défaut d’avoir un véritable pistolet. Mélanie sortit son sabre du fourreau et posa le revers de sa main sur le front du cadavre. Tiède.

— Lâchez vos armes! cria une voix derrière eux. Je veux voir vos mains dans les airs.

Le groupe fit volte-face et un mur de lumière s’alluma aussitôt. Ils levèrent les mains. Pupilles contractées, yeux plissés, éblouis par l’éclat des lampes frontales et les lampes de poches. Im-possible de dire combien ils étaient. Jack devi-na rapidement le contour d’armes à feu parmi les ombres et les reflets de la lumière aveu-glante. Bientôt, le groupe fut encerclé. Frances-co laissa tomber son pistolet et Mélanie déposa son sabre.

— À genoux! reprit d’un ton autoritaire l’ombre en braquant un fusil sur le groupe de quatre.

Jack sentit la peur l’envahir comme un frisson lui parcourant l’échine. Il serra les poings. La sueur perlait sur son front. Il suffisait qu’un d’entre eux ouvre la bouche et Jack pouvait dire adieu aux réserves de nourriture du groupe.

Plan A : s’enfuir dans des directions opposées. Mais les moins rapides se feraient rattraper. Tuer. Manger peut-être. Des histoires d’horreur circulaient sur des groupes cannibales qui ne s’encombraient pas de chercher des conserves et des biscuits secs. Plan B : ramasser le sabre et le pistolet. Non, cela ne faisait pas de sens. Jack ne s’était jamais battu de sa vie. Ni Francesco. Ni Mélanie ou Kevin à ce qu’il sache. Ils se fe-raient abattre à coup sûr avant même d’avoir eu le temps de se relever. Plan C : coopérer et attendre un moment d’inattention pour agir. Ils ne les tueraient pas maintenant sinon ils l’auraient déjà fait. Non, ils ne mourraient pas maintenant.

— Mélanie! s’éleva une voix d’entre les phares éblouissants.

— Victoria? fit Mélanie à la fois stupéfiée et incrédule.

— Vous les connaissez? aboya la femme qui donna l’ordre à son groupe de baisser les armes.

L’intensité des lumières diminua. Jack recon-nut l’uniforme noir des gardes de la station de métro.

— Je m’appelle Bianca Stuart, reprit la femme à la tête du groupe. Je suis en charge de la garde métro ce mois-ci. Qu’est-ce que vous… (elle aperçut le cadavre). Il est mort?

— Oui, répondit Mélanie. Le connaissez-vous?

Les membres de l’expédition du métro s’ap-prochèrent chacun leur tour. Ils étaient dix. Chacun fit signe que non.

— Vous ne devriez pas vous promener en si pe-tit groupe, reprit Bianca Stuart. La surface n’est pas un endroit sécuritaire. Si vous veniez dans notre camp sous terre, vous seriez davantage en…

— En sécurité, interrompit Francesco. Oui, oui. On connait la chanson.

Bianca dévisagea Francesco d’un air réproba-teur. Les deux groupes échangèrent quelques informations sur les quartiers qu’ils avaient explorés respectivement. Mélanie et Victoria se dirent au revoir. Puis les groupes se divisèrent, abandonnant le corps inerte derrière eux.

— Es-tu toujours obligé d’être aussi bête quand tu t’adresses aux gens? jeta Mélanie sans même regarder Francesco.

***

Novembre s’annonça plus froid et humide que dans les souvenirs de Jack. Plus gris et pluvieux aussi. Et pourtant, les guêpes ne montraient toujours pas le moindre signe de fatigue.

Jack se réveilla et alluma une chandelle sur le poêle à bois afin de réduire l’humidité du salon. Il faisait nuit. Les jeans, les chemises et les bas-kets avaient cédé leur place aux bas de laines, aux bottes, aux combines et aux multiples épais-seurs de vêtements pour conserver la chaleur corporelle. Puisque la planque n’était pas chauf-fée, gants, foulard et tuque faisaient parti de l’accoutrement quotidien. On gardait bois pour affronter les mois de décembre, janvier, février et mars.

En étendant le bras sous son lit, Jack attrapa Les Misérables pour reprendre sa lecture à la lueur de sa lampe frontale. Lire était devenu l’activité par défaut lorsque le groupe ne sor-tait pas pour chercher des conserves ou du bois pour le feu. Promesse fragile d’un printemps au bout du tunnel, le feu.

Désormais, tout le monde dormait dans le sa-lon. La chambre de Mélanie et Kevin servait à entreposer n’importe quoi qui pourrait brûer. Le salon ressemblait à tout sauf un salon. On aurait dit l’intérieur d’une énorme tente de cam-ping avec le poêle en fer au centre : des draps cloués aux murs pour minimiser les pertes de chaleur, des couvertures thermiques et de sacs de couchage d’hiver empilés sur les lits.

— Ça fait exactement cinq mois jours pour jours depuis que l’infestation s’est produite, se dit tout haut Jack en comptant les jours dans son journal de bord.

— Et alors? lança Francesco d’une voix en-dormie. Tu espères qu’une équipe-télé te dise qu’on a réussi l’épreuve de survie, et qu’on peut retourner à notre autre vie? Désolé de te décevoir mon vieux, mais…

— Non, coupa Jack. Je veux dire qu’on pourrait peut-wêtre célébrer ça. C’était quand la der-nière fois qu’on a fait quelque chose ensemble pour fêter un peu?

— Je ne sais pas si on peut se permettre les ressources pour une fête… commença Mélanie tout juste réveillée.

— Je ne parle pas du party du siècle, dit Jack. Juste une petite soirée sans sortir.

— Je suis partant! ajouta Kevin qui n’avait pas besoin de se faire prier pour embarquer. On a besoin de mettre un peu de vie ici. Tout le monde a un air de chien battu.

— Dans ce cas, la trattoria Francesco vous offre sa meilleure bouteille de vino, dit Francesco en reprenant l’accent italien de son grand-père et en sortant une bouteille dans sa réserve personnelle.

Ce soir-là, chacun puisa de sa réserve person-nelle pour pouvoir savourer un repas conçu d’autre chose que des aliments en conserves exclusivement. Mélanie déballa une boite de biscuits au chocolat qu’elle conservait pour une occasion spéciale. Kevin déchira l’emballage de quelques paquets de réglisse. Jack ouvrit deux conserves de pain de viande. Il déposa égale-ment une boite à chaussure sur la table basse du salon qu’il interdit aux autres d’ouvrir.

— Vas-tu finir par nous dire ce qu’il y a là-de-dans? insista Francesco en versant le contenu de la bouteille de vin dans quatre verres.

— Plus tard, tu verras – il toussota et prit une voix faussement solennelle – nous sommes ici ce soir parce que ça fait cinq mois qu’on en arrache pour survivre, dit Jack en levant son verre. J’aimerais porter un toast à notre quar-tier général qui nous a permis de rester en vie!

— Au QG! répétèrent en chœur les trois autres.

— Non, mais sérieusement, reprit Francesco, plus besoin d’aller au travail, à l’école, de payer les factures, le loyer…

— Monsieur préfère peut-être cette vie à celle que t’avais avant? lança Kevin.

— Pas pantoute. Si tu savais ce que je ferais juste pour une bonne douche chaude ou un après-midi à surfer sur Internet. Je veux simplement dire que malgré tout, on peut se réjouir que certaines choses qui faisaient parti de notre quotidien n’ont plus lieu.

— Maintenant, ce qui compte, c’est juste d’être ensemble et d’avoir quelque chose à manger, ajouta Kevin en posant sa tête sur l’épaule de Mélanie.

— Ça a toujours été ça, répondit-elle comme s’il s’agissait d’une évidence. On ne s’en rendait juste pas toujours compte. Il y a tellement de choses qu’on ne vivra pas. Par exemple, amener sa blonde ou son chum au cinéma, se marier, peut-être avoir des enfants, sa première voiture, sa première maison, ces choses-là…

— T’as bien raison Mélanie, dit Francesco. En passant, parait que les maisons ne sont pas cher ces temps-ci. Bon temps pour investir dans le marché.

— Bon ça va, ça va, reprit Jack en poursuivant son toast d’après les notes de son journal de bord. Je voudrais aussi qu’on se donne une bonne tape dans le dos pour l’organisation en vue de l’hiver. Je ne suis pas plus excité que vous par l’idée de passer les mois les plus froids sans électricité. Mais on s’en est bien sorti jusqu’ici. Et préparés comme on l’est, je ne vois aucune raison de croire qu’on ne peut pas passer au travers de l’hiver.

Francesco se servit un deuxième verre.

— J’aimerais qu’on prenne un moment pour se rappeler ceux qui ne sont plus avec nous, proposa Mélanie au bout d’un moment.

— Ah non! Elle ne va pas encore nous gâcher la fête avec sa nostalgie? protesta Francesco, le teint un peu rougit par le vin. Je pensais qu’on faisait cette soirée pour se changer les idées!

— Je pense que c’est important, répondit Kevin.

— Pfff…sans moi, dit Francesco en se levant avec son verre sans rien ajouter.

Il enfila son manteau et s’exila sur le toit. Il pleuvait. Malgré l’humidité qui transperça ra-pidement son manteau, Francesco s’assit sur une chaise qui trainait sur le toit. Il demeura immobile comme une statue à regarder la pluie tomber sur la canopée d’immeubles et des tours à bureaux autrefois habitées par des centaines de personnes.

Quelques minutes plus tard, Francesco entendit des pas derrière lui. Il s’essuya le visage et vit Jack dans son champ de vision périphérique.

— Ça va? demanda Jack.

— Je n’ai pas envie d’en parler.

— Allez, rentre à l’intérieur. Il fait frette dehors. Mélanie a finit son speech.

Voyant que Francesco ne voulait pas bouger, Jack s’assit et sortit deux bouteilles de bière.

Asiles : lieu où l’on peut se réfugier, se sentir en sécurité, ou perdre la tête

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— Ils me manquent à moi aussi, dit Jack en tendant une bière débouchée à son ami.

— Je t’ai dit que je n’avais pas envie d’en parler, répéta Francesco en prenant la bouteille le regard perdu dans le lointain.

croire qu’il existe, alors il existe.

—En tout cas, s’il existe pour de vrai, j’me demande ben à quoi il joue.

Il y eut un silence.

— Y es-tu déjà allé? ajouta Francesco en poin-tant du menton l’Oratoire.

— Y’a longtemps.

— C’est beau, hein?

— Mhmm.

Lorsqu’ils n’étaient que tous les deux, leurs conversations pouvaient souvent se composer de très courtes phrases parfois monosyllabiques à intervalles de quelques minutes.

— Alors? renchérit Francesco.

— Alors quoi?

— En quoi crois-tu?

— Je crois en deux choses. La première est que nous ne pouvons pas déterminer si une divinité existe et si elle est à l’origine de l’univers. Nous ne pouvons ni prouver son existence, ni affirmer son absence. Ce que nous pouvons faire, c’est de croire. C’est un libre choix, c’est personnel. Main-tenant, la deuxième chose en quoi je crois, c’est qu’on devrait rentrer en dedans parce que les biscuits au chocolat ne se mange-ront pas tout seuls! Et on n’a pas encore ouvert la boite à chaussures.

Après avoir terminé sa bière, Franscesco se résolu à rentrer à l’intérieur. Sous prétexte qu’il avait froid, dit-il, plutôt que d’avouer que Jack l’avait convaincu.

Maintenant que tous les quatre étaient à nouveau rassemblés autour de la table, Ke-vin proposa d’ouvrir la boite à chaussures.

— Frank, si tu veux bien nous faire l’hon-neur.

Francesco souleva le couvercle de la boite. Au fond, il y avait des batteries, de petits hauts parleurs, un lecteur CD et quelques disques de musique. Francesco choisit le premier, et à l’aveuglette, il pigea Dark Side of the Moon de Pink Floyd.

5. Première neige

Quelques semaines plus tard, la première neige recouvra Montréal. Un matin, le so-leil se leva accompagné d’un inhabituel silence immaculé. Les guêpes avaient dis-parues! Dans les rues, que des rafales de vents emportant quelques flocons dans de délicats tourbillons. Sous l’étoffe blanche, on oubliait presque le sol jonché de corps décrépits. Le froid masquait l’odeur.

Sur le toit de l’appartement, le petit groupe

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LABYRINTHES le 7 avril 2015

Asiles : lieu où l’on peut se réfugier, se sentir en sécurité, ou perdre la tête

Labyrinthes

sortit, fasciné par la clarté du jour malgré le ciel gris. « Six mois sans sentir la lumière du soleil sur son visage », pensa Jack.

BANG! Chacun regarda autour cherchant à déterminer d’où provenait le son. Jack aperçu dans la rue à deux cent mètres de l’appartement une quinzaine d’individus défonçant les portes des bâtiments pour voler les survivants. Ceux qui manifestaient le moindre signe d’opposition se prenaient une balle entre les deux yeux.

— Couchez-vous! ordonna Mélanie. S’ils nous voient, on n’est pas mieux que morts.

Allant d’appartements en maisons, la gang s’approchait dangereusement du QG.

— Qu’est-ce qu’on fait alors? s’inquiéta Kevin.

— On devrait partir, dit Jack.

À cet instant, un second groupe d’une ving-taine de membres apparut et ouvrit le feu sur le premier d’une rafale de cocktails d’essence enflammés. Chaque camp fila se mettre à couvert derrière des carcasses de voitures. Les balles volèrent en rafales, ar-rachant des cris des deux côtés, martelant le métal des automobiles et les briques. Communiquant avec des signes de mains, chaque camp tentait de se positionner de manière à avoir un avantage stratégique sur l’autre. Les tirs ne durèrent pas plus de cinq minutes, mais ils parurent s’étaler sur bien plus de temps. Éventuellement, les deux groupes s’éloignèrent, battant en retraite. Peut-être avaient-ils subis trop de pertes. Peut-être leurs réserves de muni-tions atteignaient-elles leur fin.

— Qu’est-ce que ça veut dire? demanda Kevin d’une voix chancelante.

— Ça veut dire que les insectes ne sont plus une menace pour l’instant, dit Méla-nie. C’est des autres survivants qu’il faut

se méfier.

— Ce n’est pas nouveau, remarqua Francesco pour le plaisir de contredire Mélanie.

— Mais c’est la première fois qu’il y a une fusillade devant chez nous pour du territoire, observa Jack. Je crois que nous devrions tous avoir un sac à dos avec du matériel de survie au cas où nous devrions évacuer l’appartement rapidement. Assu-rez-vous de toujours avoir votre couteau de poche à la ceinture.

— Il y a deux minutes, tu disais qu’on devait partir, répliqua Kevin.

— C’est vrai. Mais tu veux aller où? Dans le métro?

— Woh minute, dit Francesco. On s’était dit qu’on n’irait pas là! En plus, ces gangs savent que la station de métro est pleine de ressources. C’est clair qu’ils vont finir par y aller tôt ou tard.

— La station est bien défendue. Tu penses réellement qu’ils s’y prendraient? deman-da Kevin.

— Ils ont faim, dit Francesco. Ne jamais sous-estimer des gens qui ont faim et qui n’ont plus rien à perdre.

Le groupe rentra à l’intérieur et chacun prépara son sac à dos en cas d’urgence en attendant d’avoir un meilleur plan. Dans le sien, Jack rangea son journal de bord, le lecteur CD, quelques conserves, une cou-verture thermique, sa carte de Montréal et des allumettes. Le sac devait demeurer léger.

— Bon. Si on reste ici, il faut trouver un moyen de rendre l’appartement difficile d’accès, réfléchit Mélanie à voix haute en pliant un gilet de laine dans son sac. Il faut que ça ne valle pas la peine pour eux de monter jusqu’au cinquième étage.

Ils déplacèrent dans les escaliers des objets provenant des appartements voisins. Im-possible de passer au travers du bazar sans faire un vacarme. Ils placèrent également des bibliothèques remplies de livres devant la porte pour rendre la tâche plus difficile à quiconque voudrait la défoncer.

***

Dans les jours qui suivirent la fusillade, les expéditions de nuit pour trouver de la nourriture, ainsi que les visites au mé-tro n’eurent tout simplement pas lieu. Le temps paraissait plus long que jamais. Le groupe avait repris l’habitude de dormir la nuit et à rester éveillé durant le jour. Comme avant.

Un après-midi, une colonne de fumée noire s’éleva dans le ciel blanc. Le groupe atten-dit la nuit pour sortir. Curiosité obligeait d’aller voir, mais pas au point de sortir dans la clarté diurne. Même si les insectes avaient disparus, Jack préférait attendre la noirceur familière de la nuit pour se glisser à l’extérieur.

Par le temps que le groupe sorte, il ne res-tait que des fumeroles qui s’évaporaient dans la nuit. Des survivants s’étaient at-troupés devant les voitures incendiées, les corps inertes et la station de métro d’où s’échappaient des volutes de fumée noire comme du charbon.

Le camp de réfugiés avait été pillé et in-cendié. Des voix racontaient que certains étaient parvenus à fuir dans les tunnels vers d’autres stations, mais que d’autres n’avaient pas eu la chance d’échapper au massacre. Parmi la mince foule attroupée autour du brasier fumant, Mélanie cher-chait Lucy, Victoria et Vincent, mais la fa-mille Bright ne figurait nulle part.

Par Charles-Étienne Ferland

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42 LAROTONDE.CA

le 7 avril 2015 OPINIONS

Opinions

Chers lecteurs et amis étudiants,

Je souhaitais prendre un moment dans cette der-nière édition de La Rotonde pour partager un mot avec vous. Alors que l’année tire à sa fin, que le so-leil nous revient peu à peu et que la folie de la fin de session et des examens est on ne peut plus présente, j’aimerais tout d’abord souhaiter le meilleur des suc-cès à tous et à toutes!

L’année académique qui tire à sa fin a été une année en politique étudiante qui a vu des hauts et des bas, des points marquants à la fois positifs, mais aussi négatifs, faisant parfois place à des débordements dans les échanges et débats publics, chose qui n’a pas de place sur notre campus.

Ce qui est important de retenir, c’est que peu importe les différences que l’on puisse avoir avec autrui, tout débat se doit de se faire dans le respect mutuel de chacun, appelant non pas à un débat d’insultes, mais

plutôt à un débat d’idées. L’adoption d’une telle ave-nue facilite la promotion d’un environnement sain et d’une communauté unie et encourage la collabo-ration et l’engagement.

Pour aller plus loin, contrairement à ce que certains pourraient le croire, tel exploit n’est pas inatteignable ou utopique, mais plutôt possible et nécessaire.

Cela dit, l’effort ne doit pas émaner que d’une seule personne, mais venir plutôt de chacun d’entre nous, peu importe le niveau d’implication.

Ainsi, par l’adoption de ce standard dans notre poli-tique étudiante, en mettant en plein centre la volon-té estudiantine et en gardant à l’esprit le fait que l’on œuvre pour l’avancement de ce qui a de mieux pour nous ; voilà comment l’on pourra réellement émuler ce qui est dans le meilleur intérêt des étudiants de l’Université d’Ottawa d’aujourd’hui et de demain.

Je nous mets donc au défi – moi le premier – à hausser la barre et à opter ensemble pour cette ap-proche et vision de notre politique étudiante. Je suis convaincu qu’en adhérant à cela, l’on verra l’avène-ment d’une communauté propice à notre épanouis-sement, d’une communauté dont on est fiers, y par-ticipant et contribuant pleinement. Voilà mon vœu pour l’an prochain, voilà mon vœu pour une fédéra-tion et communauté plus forte.

Sur ce, à tous ceux qui terminent leur périple et sé-jour au pays du premier cycle de l’U d’O, bon succès et bonne continuation! À ceux qui restent parmi nous et reviennent septembre prochain, à très bientôt!

Sincèrement,

David Gakwerere

Ensemble, pour une meilleure communauté

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43LAROTONDE.CA

le 7 avril 2015

ÉDITION DU MARDI 7 AVRIL 2015VOLUME LXXXIII NO 25

109, rue OsgoodeOttawa, Ontario

K1N 6S1TEL: 613-421-4686

RÉDACTIONRédacteur en chefMarc-André [email protected]

SECRÉTAIRE DE RÉDACTIONSamuel [email protected]

CORRECTEURSFrédéric [email protected]é [email protected]

ACTUALITÉSChristopher [email protected] Jürgen [email protected]émence Labasse

[email protected]édérique [email protected] [email protected]

ARTS ET CULTUREDidier Pilon et Alexandre [email protected]

SPORTSMoussa Sangaré[email protected]

WEBGabrielle [email protected]

DIRECTRICE DE PRODUCTIONGabrielle [email protected]

DIRECTEUR ARTISTIQUEAyoub Ben [email protected] [email protected]

ILLUSTRATEURAndrey [email protected]ÉASTEAntoine [email protected]

DIRECTION GÉNÉRALEJérôme Simon et Simon-Nicolas Grandmaî[email protected]

La Rotonde est le journal étudiant de l’Université d’Ottawa, publié chaque lundi par Les Publications de La Rotonde Inc., et distribué à 2 000 copies dans la région d’Ottawa. Il est financé en partie par les membres de la FÉUO et ceux de l’Association des étudiants diplômés.

L

souhaite remercier les contributeurs de l’ANNÉE !Camille Pagé-Taillon | Gabrielle Poulin | Carine Plamondon | Alessandro Cardinali |Vincent Tremblay | Nicholas Robinson | Gloria Charles-Pierre | Julia Barantin | Carine Plamondo

Charles-Étienne Ferland | Romane Baleynaud | Roxanne Bourque | Maude-Érica Desjardins| Gloria Charles-Pierre | Ahmed Gabtni | Kathleen Goulet | Alessandro Cardinali | Roxanne

Bourque| Nikita Kirner | Ajà Besler | Gabrielle Poulin | Mademoiselle Fifi | Vincent Tremblay | Justin Dallaire Jessica | Lemieux | Nicolas McWatters | Brigitte Morin Éric Zeitoun | Yue Yun

Zhang | Louis Jacques | Ahmed Gabtni | Pierre-Alain Le Hénaff | Katya Moussatova | Élise Vaillancourt | Gabrielle Poulin | Myriam Bourdeau-Potvin | Kaitlin Milroy | Julia Barantin

Léa Papineau Robichaud | Rémi Charbonneau | Emmilie Lindon | Jérémie Lefebvre | Steeve Ferron | Julie Séguin | Camille Pagé-Taillon | Jérôme Simard | Afton Maisonneuve

Xavier Lemyre | Anaïs Elboujdaïni | D.D. | Hélène Labelle | Patrick Patenaude-Lavell | Daniela Fuentes | Monia Allani | Natalie Theriault | Kathleen Goulet | Emily Mcrae | Odile Romelot

Nadia Champagne | Julien Pitre Xavier Dionne | Slim Essid | Natalie Theriault | Mendel Péladeau-Houle | Tania Rancourt | Marie-Claude Charron

Université d’Ottawa | University of Ottawa

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Merci de la part de l’équipe de La Rotonde

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