Edition 1 janvier 2012

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Janvier 2012 | Numéro 1 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Environnement La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles Page 4 Production végétale Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture Page 20 Eclairage Rentabilité de la production de viande de lapin Page 55

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Edition 1 janvier 2012

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Environnement La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles Page 4

Production végétale Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture Page 20

Eclairage Rentabilité de la production de viande de lapin Page 55

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ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;

Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou

[email protected]

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

SommaireJanvier 2012 | Numéro 1

Habitat du criquet des clairières.Les projets de mise en réseau améliorent la distribution du grillon champêtre (Gryllus campestris) et du criquet des clai-rières (Chrysochraon dispar). Afin de remédier à l’appauvris-sement de la biodiversité dans les zones agricoles, des paie-ments directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les surfaces de compensation écologique. (Photo: Roman Graf, Station ornithologique suisse de Sempach)

3 Editorial

Environnement

4 La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterellesMartin Duss, Kim Silvana Meichtry-Stier,

Gilberto Pasinelli, Bruno Baur et Simon Birrer

Production végétale

12 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ARTIrene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen,

Laurent Graff et Susanne Vogelgsang

Production végétale

20 Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâtureBeat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver

Schubiger

Production végétale

28 Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage Jacob Rüegg, René Total, Mauro Jermini,

Sebastiano Scettrini, Ronald Wohlhauser,

Stefan Wolf et Graham Sanderson

Production végétale

36 Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilésMarc Boessinger et Pascal Python

Production végétale

44 Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècleAnastase Hategekimana, David Schneider,

Dario Fossati et Fabio Mascher

Eclairage

52 Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en SuisseMichela Gandolfi et Thomas S. Reichlin

Eclairage

55 Rentabilité de la production de viande de lapinGregor Albisser Vögeli et Markus Lips

58 Portrait

59 Actualités

63 Manifestations

Page 3: Edition 1 janvier 2012

Editorial

3Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 3, 2012

Stephan Pfefferli, Sous-directeur Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Chère lectrice, cher lecteur,

Fin août 2011, Zurich a accueilli le congrès de l’European Association of Agri-

cultural Economists1 (EAAE). L’idée a germé en 2006 au congrès mondial de

Brisbane (Australie). C’est là qu'ART a commencé à sonder le Board de l’EAAE.

De retour en Suisse, ART a cherché à savoir si cette idée pourrait bénéficier

du soutien de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, de l’EPF et d‘Agroscope.

Manfred Bötsch a incité ART et l‘EPFL a déposer une candidature. En 2008, le

Board de l’EAAE a choisi le dossier de la Suisse parmi quatre autres candida-

tures.

Lors du congrès de l’EAAE à Gand (Belgique) en 2008, Zurich a été

présentée comme le lieu de la conférence 2011. Ce fut le début d’une période

de trois ans pendant laquelle le comité d’organisation local (COL) a préparé

le congrès en étroite collaboration avec le Board de l’EAAE et le comité du

programme. Le COL a par exemple cherché des sponsors, fait de la publicité,

organisé la restauration et le logement ainsi que diverses manifestations

sociales. L’EPF a mis ses locaux à disposition gratuitement et apporté un

grand soutien au travers de son service Manifestations. Les inscriptions et la

gestion des documents ont été déléguées à un office externe.

Le congrès a remporté un grand succès et récolté de nombreux compli-

ments. Près de 750 personnes de plus de 50 pays différents y ont participé.

Des personnalités comme la présidente de l’EAAE Monika Hartmann, le

directeur général de l’OMC Pascal Lamy et le conseiller fédéral Johann

Schneider-Ammann ont pris la parole lors de l’ouverture. Lors des trois

séances plénières qui se sont tenues dans le gymnase de l’EPF réaménagé

pour l’occasion, six chercheurs de renom ont présenté des exposés sur les

méthodes expérimentales pour l’évaluation du bien-être, l’aide à la prise de

décision, la politique agricole dans un monde incertain, la crise des denrées

alimentaires et l’économie politique, l’évaluation des risques des projets

d’investissement et le changement climatique. 220 papers et 250 posters

ont été présentés en trois jours et ont permis de donner une vue d’ensemble

de la recherche agronomique des trois dernières années en Europe. De

nombreux sponsors ont soutenu le congrès par d’importantes contributions,

de  petites participations, l’organisation d’excursions ou par des presta-

tions en nature. Un grand merci à tous. Les photos sont disponibles sous

www.eaae2011.ch.

Lors des congrès, il est toujours appréciable pour chacun de pouvoir, en

l’espace de quelques jours, se faire une idée des travaux de recherches dans

un domaine et de pouvoir échanger avec des collègues. Cette fois, la Suisse

était l’hôte, ce qui a impliqué un surcroît de travail, pris également sur le

temps libre. C’est pourquoi un grand merci est adressé à tous les collègues

d’ART et du groupe Economie agroalimentaire et rurale de l’institut pour les

décisions environnementales de l’EPF, qui ont participé au COL. Un grand

merci également aux responsables d‘ART, de l‘OFAG et de l‘EPF pour le sup-

port du congrès.

Succès du congrès EAAE à Zurich

1Association européenne des économistes agricoles.

Page 4: Edition 1 janvier 2012

4 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

I n t r o d u c t i o n

L’intensification croissante de l’agriculture a donné lieu

à une fragmentation et à une destruction considérables

de l’habitat. Des éléments paysagers tels que haies,

mares et vergers à litière ont été éliminés. Dans l’exploi-

tation herbagère, des mélanges de semences ont permis

d’aménager des prairies denses et pauvres en espèces,

qui ne constituent plus un habitat adapté pour la plu-

part des espèces animales et dont la fauche fréquente

s’avère mortelle pour de multiples invertébrés (Humbert

et al. 2009). Afin de remédier à l’appauvrissement de la

biodiversité dans les zones agricoles, des paiements

directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les sur-

faces de compensation écologique (SCE). L’impact de ces

surfaces écologiques sur la biodiversité varie d’une étude

Martin Duss1,2, Kim Silvana Meichtry-Stier1, Gilberto Pasinelli1, Bruno Baur2 et Simon Birrer1

1Station ornithologique suisse de Sempach, 6204 Sempach2Université de Bâle, Institut pour la protection de la nature, du paysage et de l’environnement, 4056 Bâle

Renseignements: Simon Birrer, e-mail: [email protected], tél. +41 41 462 97 38

La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles

E n v i r o n n e m e n t

Figure 1 | Prairie extensive de la plaine de Wauwil, avec une forte présence des grillons champêtres et de criquets des clairières. Au centre, une mare entourée de vieilles herbes. La végétation non fauchée revêt une grande importance pour le criquet des clairières. (Photo: Roman Graf)

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La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement

5

Rés

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

Les projets de mise en réseau ont pour

objectif d’améliorer la qualité et l’intercon-

nexion des surfaces de compensation

écologique (SCE). Les incidences de ces

projets sur la distribution du grillon cham-

pêtre (Gryllus campestris) et du criquet des

clairières (Chrysochraon dispar) ont été

étudiées dans la plaine de Wauwil (LU). Les

populations de ces deux espèces ainsi que

huit variables d’habitat ont été cartogra-

phiées. Il est apparu que la mise en réseau

des SCE était essentielle pour les deux

espèces et en particulier la proximité d’une

surface déjà colonisée par l’espèce. Les

grillons champêtres privilégiaient les prairies

extensives et peu intensives ou les surfaces

présentant une végétation basse, et ils

évitaient les sites humides dotés d’une

végétation dense et haute. En outre, la

probabilité de trouver des grillons cham-

pêtres augmentait avec la taille de la surface.

S’agissant du criquet des clairières, il était

important qu’une partie de la végétation soit

maintenue durant l’hiver. Cette étude montre

ainsi que des espèces peu mobiles comme le

grillon champêtre et le criquet des clairières

peuvent être encouragées par les projets de

mise en réseau. Il convient de tenir compte

de divers facteurs en fonction de l’espèce.

à l’autre. Jusqu’à présent, les mesures n’ont guère suffi

pour promouvoir la rediffusion d’espèces menacées et

empêcher la disparition d’espèces inscrites sur la Liste

rouge (Kleijn et Sutherland 2003; Herzog et Walter 2005;

Kleijn et al. 2006; Zellweger-Fischer et al. 2011). Les

cultures intensives, le tissu urbain ainsi que le réseau

routier fragmentent et séparent les écosystèmes et donc

aussi les SCE. En outre, la qualité des SCE ne satisfait sou-

vent pas aux exigences des espèces menacées en matière

d’habitat. Les SCE fragmentées et mal interconnectées

ainsi que leur qualité médiocre peuvent expliquer le suc-

cès modeste obtenu dans la promotion de la biodiversité

(Whittingham 2007). En vue d’améliorer la qualité et

l’interconnexion des SCE, des contributions leur sont

accordées en Suisse depuis 2001 conformément à l’Or-

donnance sur la qualité écologique (OQE). Dans la plaine

de Wauwil, un projet de mise en réseau OQE est en cours

depuis 2003; les SCE concernées doivent soit contribuer à

la mise en réseau, soit remplir les exigences minimales en

matière de qualité biologique. A cet effet, plusieurs SCE

ont été valorisées par exemple au moyen de mares, haies,

réensemencements ou fauche échelonnée, afin de créer

un nouvel espace de vie destiné aux espèces présentant

des exigences spécifiques en matière d’habitat (fig. 1).

Les surfaces en réseau sont censées favoriser la diffusion

des espèces et l’échange entre les populations. En 2003,

30 % des SCE de la plaine de Wauwil étaient intégrées

dans le projet de mise en réseau; cinq ans plus tard, 41 %

des surfaces en faisaient partie (Graf 2009).

Figure 2 | Les grillons champêtres privilégient les sites secs offrant une végétation basse et clairsemée. (Photo: Albert Krebs)

Page 6: Edition 1 janvier 2012

Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles

6 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

La présente étude analyse l’influence de la structure, de

la qualité et de l’interconnexion des surfaces de com-

pensation écologique de la plaine de Wauwil sur la pré-

sence de grillon champêtre (Gryllus campestris; fig. 2) et

de criquet des clairières (Chrysochraon dispar; fig. 3). Les

deux espèces de sauterelles ont été sélectionnées pour

diverses raisons: d’une part, elles réagissent rapidement

aux modifications de leur environnement en raison de

leur courte durée de génération, si bien qu’un projet de

six ans devrait être suffisant pour mettre en évidence les

premiers effets; d’autre part, les exigences des deux

espèces sur le plan de l’habitat sont déjà connues et se

distinguent sensiblement (Detzel 1998; Baur et al. 2006).

Les deux espèces sont peu mobiles et permettent une

cartographie relativement facile. Tandis que le grillon

champêtre n’est pas considéré comme menacé en Suisse,

le criquet des clairières figure parmi les espèces poten-

tiellement menacées (Monerat et al. 2007).

M a t é r i e l e t m é t h o d e

Zone étudiée

L’étude a été menée sur la plaine de Wauwil (17 km²), un

paysage voué à une exploitation agricole intensive du

Plateau lucernois. La région englobe trois zones humides

et présente une très faible part de forêts et de construc-

tions. Grâce à ce paysage intact, la plaine a été inscrite à

l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments

naturels. Elle revêt une grande importance pour limi-

coles bruns, les amphibiens et les reptiles, mais aussi

pour les lièvres (Lepus europaeus). Plusieurs secteurs

figurent dans des inventaires de protection de la nature

d’importance régionale et nationale, comme par

exemple dans l’inventaire des bas-marais d’importance

nationale.

Variables d’habitat

Huit variables explicatives ont été utilisées pour décrire

la qualité de l’habitat et la disposition géographique des

SCE (tabl. 1). Comme il existe de nombreux types de SCE

non pertinentes pour les espèces étudiées, telles que

murs de pierres sèches ou arbres fruitiers à haute-tige,

seules les SCE de grande étendue ont été prises en consi-

dération.

Pour les sauterelles, la structure de la prairie est

importante (Laussmann 1999). Les SCE ont par consé-

quent été réparties en six types de prairies. Les espèces Figure 3 | Criquet des clairières mâle. Cette espèce affectionne la végétation haute. (Photo: Urs Lustenberger)

Type de surface écologique

Répartition des SCE en 4 types: prairie extensive, prairie peu intensive, haie, surface à litière.

Type de prairie

Les SCE ont été réparties en 6 catégories et désignées en fonction de l’espèce herbagère dominante: ray-grass, fromental (y compris prés fleuris riches en espèces), pâturin (y compris laîche hérissée), vulpin des prés, ourlet, roselière.

Distance de la SCE la plus proche

Distance en mètres par rapport à la SCE la plus proche.

Distance à la SCE colonisée la plus proche

Distance en mètres par rapport à la SCE la plus proche colonisée par l’espèce.

Distance au plan d’eauDistance en mètres par rapport au plan d’eau le plus proche.

Vieille herbePrésence (oui/non) de végétation maintenue durant l’hiver

Age Age de la SCE en années

Taille de la surface Superficie de la SCE en ha

Tableau 1 | Description des variables d’habitat

Page 7: Edition 1 janvier 2012

La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement

7Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

toutes les variables numériques standardisées en supplé-

ment (moyenne = 0, SD = 1). Les variations de taille, de

qualité et d’interconnexion des SCE ont été vérifiées au

moyen de tests de proportions. Les corrélations entre la

présence de sauterelles et les variables d’habitat ont été

testées séparément pour chaque espèce au moyen de

modèles linéaires généralisés (GLM), et la signification

des variables d’habitat a été contrôlée grâce à des tests

de ratio de vraisemblance.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Evolution des SCE

La part des SCE considérées sur l’ensemble de la sur-

face agricole utile (SAU) de la plaine de Wauwil n’a

guère évolué entre 2002 (env. 7,9 %, 119 ha) et 2008

(7,6 %, 112 ha). Mais leur qualité a varié. Durant la

même période, la part des surfaces de qualité OQE a

grimpé de 5,5 % à 18,6 % (Graf 2009), essentiellement

grâce aux mesures de valorisation des surfaces liées au

projet de mise en réseau, telles que l’ensemencement

en fleurs ou l’aménagement d’ourlets. Outre l’amélio-

ration de la qualité, le projet a aussi eu pour effet

d’accroître la part des SCE interconnectées, qui est pas-

sée de 55 % à 83 % (n=213 et n=356, x2 = 53,2,

p < 0,0001), certaines SCE étant déplacées vers des

sites plus appropriés. Dans cette étude, les SCE étaient

considérées comme mises en réseau si elles étaient dis-

tantes de 5 m au maximum. Cette distance peut être

facilement surmontée par les espèces étudiées et

empêche que des SCE voisines ne soient pas considé-

rées comme interconnectées par suite d’imprécisions

dans les relevés.

Le grillon champêtre semble tirer profit du projet

de mise en réseau et du regain de qualité et des

connexions qui en découlent. Entre 2005 et 2009, la

part des prairies extensives colonisées a sensiblement

végétales présentes dans la prairie et leur fréquence

ont également été prises en compte. La cartographie

des types de prairies s’est déroulée entre le 7 et le

15 juin 2009, c’est-à-dire avant la première fauche. Il a

été vérifié en même temps si les prairies présentaient

de la végétation non fauchée de l’année précédente

(vieille herbe).Comme les jachères (n=7) et les pâturages extensifs

(n=1) étaient rares parmi les types de surfaces écolo-

giques, de même que les jachères parmi les types de

prairie (n=1) et qu’ils ne correspondaient à aucune des

autres catégories, ils n’ont pas été intégrés dans l’ana-

lyse. Il restait 347 SCE permettant d’analyser la présence

des deux espèces.

Cartographie des sauterelles

La cartographie des sauterelles s’est déroulée en 2009,

par un temps chaud et sec, deux passages étant effec-

tués pour chaque espèce. Chaque SCE de la zone étudiée

a été parcourue selon un transect diagonal et la pré-

sence/absence de l’espèce a été consignée. Les grillons

champêtres mâles sont faciles à remarquer en raison de

leur chant sonore; ils ont été cartographiés en mai et en

juin. La cartographie du criquet des clairières a eu lieu

de fin juillet à début septembre. A cette saison, quelques

surfaces étaient déjà fauchées. Comme de nombreuses

sauterelles ne survivent pas à la fauche des prairies

(Humbert et al. 2009), ces surfaces ont été cartogra-

phiées au plus tôt trois semaines après la fauche. Les cri-

quets des clairières sont plutôt difficiles à repérer, car

leur chant est bas et ils privilégient une végétation haute

et dense.

Statistiques

Les évaluations statistiques ont été effectuées avec le

programme R 2.12.0. Les variables d’habitat qui n’étaient

pas normalement distribuées ont été transformées et

Distance de la SCE colonisée la plus proche LR = 23,37; p < 0,001 LR = 51,96; p<0,001

Distance de la SCE la plus proche ns LR = 11,92, p < 0,001

Type de surface écologique LR = 32,12; p < 0,001 ns

Type de prairie LR = 16,10; p = 0,007 ns

Taille de la surface LR = 25,34; p < 0,001 ns

Distance du plan d’eau ns LR = 7,785; p = 0,005

Vieille herbe ns LR = 15,72; p < 0,001

Age ns ns

Tableau 2 | Effet des variables d’habitat sur la présence des espèces étudiées: LR et p résultant des tests de ratio de vraisemblance. N = 347

Page 8: Edition 1 janvier 2012

Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles

8 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

progressé, passant de 23 % (Graf et al. 2006) à 59 % (n

= 112 et 238, x2 = 35,41, p < 0,0001). Les effectifs de

grillons champêtres peuvent subir de fortes variations

liées aux intempéries (Remmert 1979).

L’occupation constitue un indicateur plus stable que

la densité. L’accroissement constaté au niveau des sur-

faces occupées par les grillons n’est donc vraisemblable-

ment pas lié aux conditions météorologiques.

Concernant les effectifs de criquets des clairières,

aucune comparaison ne peut être établie sur plusieurs

années, car les données disponibles d’années anté-

rieures ne portent que sur des surfaces sélectionnées

et résultent d’une autre méthodologie.

Distance par rapport à la SCE (colonisée) la plus proche

Pour les deux espèces, un modèle a permis d’analyser l’ef-

fet des huit variables d’habitat sur la probabilité de pré-

sence de l’espèce. Il s’est avéré que la distribution des

espèces présentait une corrélation négative tant avec la

distance par rapport à la SCE la plus proche qu’avec la

distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche

(tabl. 2, fig. 4a, fig. 5a, fig. 5b). Cependant, la variable

distance par rapport à la SCE la plus proche était corrélée

avec la variable distance par rapport à la SCE colonisée la

plus proche. Dans le modèle sans la variable distance par

rapport à la SCE colonisée la plus proche, la variable dis-

tance par rapport à la SCE la plus proche n’est plus signifi-

cative. Plus la distance de la SCE la plus proche est courte,

meilleure est l’interconnexion et plus grande est la proba-

bilité d’observer l’une des deux espèces sur une surface,

mais seulement si une surface déjà colonisée se situe le

plus près possible. Les grillons champêtres, tout comme la

plupart des criquets des clairières, ne sont pas capables de

voler et ne couvrent que de courtes distances pendant

0 100 200 300 400 500

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

distance de la SCE colonisée la plus proche [m]

a)

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1,0

taille de la surface [ha]

b)

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1,0

types de prairie

roba

bilit

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pré

senc

e ±

95%

CI

ray grass pâturin ourletfromental vulpin des prés roselière

c)

0,0

0,2

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1,0

type de surface écologique

d)

prob

abili

té d

e pr

ésen

ce ±

95%

CI

2,0 2,50,0 0,5 1,0 1,5

EW WIW HS SL

Figure 4 | La probabilité de présence du grillon champêtre dépend des facteurs suivants: a) dis-tance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; b) taille de la surface; c) type de prairie; d) type de surface écologique (EW = prairie extensive, WIW = prai-rie peu intensive, HS = haie, SL = surface à litière). Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance (lignes noires).

Page 9: Edition 1 janvier 2012

La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement

9Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

écologique et type de prairie (tabl. 2). Une corrélation

positive entre la taille de la surface et la présence de

l’espèce a aussi été mise en évidence, par exemple, pour

le grillon des bois (Nemobius sylvestris; Brouwers et

Newton 2009). Dans la présente étude, la probabilité

de présence du grillon champêtre grimpait rapidement

avec l’accroissement de la surface jusqu’à environ 0,5

ha et ne croissait que lentement pour les étendues

supérieures (fig. 4b). Nous supposons que, sur les sur-

faces réduites, la taille constituait le facteur limitant et

que, sur les surfaces plus vastes, en revanche, la qualité

était le facteur limitant. Néanmoins, il faut chercher à

créer des surfaces de la plus grande taille possible, car

la probabilité de découvrir des grillons ne s’élevait qu’à

65 % pour les surfaces de 0,5 ha.

leur durée de vie (Baur et al. 2006). De nouvelles surfaces

sont donc surtout colonisées si elles côtoient directement

une parcelle déjà colonisée. Nous avons pu le confirmer

dans notre étude. Peter et Walter (2001) ainsi que Walter

et al. (2004) ont montré que le nombre d’espèces de sau-

terelles sur une SCE présentait une corrélation positive

avec la part de surfaces riches en espèces limitrophes.

Pour promouvoir la diffusion et la conservation des deux

espèces, il est donc capital d’aménager des surfaces

appropriées de la manière la plus interconnectée possible.

Grillon champêtre

Outre la distance par rapport à la SCE colonisée la plus

proche, certaines variables ont influencé la présence du

grillon champêtre: taille de la surface, type de surface

100 150 200 250

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

distance de la SCE la plus proche [m]

a)

0 100 200 300 400 500

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distance de la SCE colonisée la plus proche [m]

b)

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distance du plan d’eau le plus proche [m]

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présence de vieilles herbes

oui non

d)

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ce ±

95%

CI

prob

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té d

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ésen

ce ±

95%

CI

0 50

0 50

Figure 5 | La probabilité de présence du criquet des clairières dépend des facteurs suivants: a) dis-tance par rapport à la surface de compensation écologique la plus proche; b) distance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; c) distance de la surface de com-pensation écologique par rapport au plan d’eau le plus proche; d) présence de vieilles herbes. Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance (lignes noires).

Page 10: Edition 1 janvier 2012

10

Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

Le type de prairie et donc la structure de la végétation

des SCE revêtent une grande importance pour le grillon

champêtre. Dans cette étude, il privilégiait les prairies

où prédominaient le pâturin des prés, le vulpin des prés

ou la laîche hérissée et évitait les bandes herbeuses et

les roselières (fig. 4c). Les sols des parcelles peuplées de

pâturin des prés présentent des carences en manganèse

(Schmid & Zihlmann 2009, non publié), ce qui explique la

persistance d’une végétation basse et clairsemée. De

même, le vulpin des prés et la laîche hérissée forment,

dans la zone étudiée, des surfaces à végétation basse et

clairsemée et au sol sec, correspondant aux attentes du

grillon champêtre en matière d’habitat. Il ne fréquen-

tait guère, en revanche, les stations humides ou les sur-

faces dotées d’une végétation haute et dense telle que

bandes herbeuses ou roselières. De même, les écotypes

secs du genre prairie extensive ou peu intensive étaient

plus souvent colonisés dans la zone étudiée que les bor-

dures de haies et les surfaces à litière relativement

humides et denses (fig. 4d).

Criquet des clairièresLa présence du criquet des clairières était influencée

par quatre variables d’habitat (tabl. 2). Outre la dis-

tance par rapport à la SCE la plus proche et la distance

par rapport à la SCE colonisée la plus proche, les fac-

teurs étaient la distance de la SCE par rapport à l’eau et

la présence de végétation non fauchée de l’année pré-

cédente (vieilles herbes) sur la surface (fig. 5c & 5d). En

même temps, la probabilité de cartographier des cri-

quets des clairières diminuait rapidement avec l’éloi-

gnement de l’eau par rapport à la SCE: elle était de

41 % à une distance d’1 m, s’abaissait déjà à 12 % à

10 m et descendait en dessous de 5 % à 37 m. Les SCE

situées à proximité de l’eau étaient des stations le plus

souvent humides, correspondant aux attentes du cri-

quet des clairières en matière d’habitat, car il privilégie

notamment les prairies humides, les zones littorales et

les bords de fossés (Detzel 1998; Baur et al. 2006). Ces

surfaces contiennent souvent des vieilles herbes, car

elles sont moins faciles d’accès et donc plus difficiles à

faucher. Ce phénomène apparaît également dans la

corrélation des variables distance par rapport à l’eau et

aux vieilles herbes (t-Test, t = 7,038, p < 0,0001). Les

vieilles herbes sont probablement plus importantes que

la proximité de l’eau. Les surfaces non fauchées et

proches de l’eau tendaient à être davantage colonisées

que les parcelles plus éloignées (glm, LR = 3,48, p =

0,062). Cela résulte sans doute du fait que, dans les

années 1970, les criquets des clairières n’étaient plus

observés qu’à proximité des plans d’eau, car les seules

surfaces présentant des vieilles herbes s’y trouvaient.

La végétation maintenue durant l’hiver s’est avérée très

importante pour le criquet des clairières. Sur les SCE

dotées de vieilles herbes, la probabilité de trouver des

criquets des clairières était nettement plus élevée (44 %)

que sur les surfaces intégralement fauchées (7 %). Les sur-

faces vouées à une fauche régulière manquent de possibi-

lités de pondaison nécessaires à la reproduction de l’es-

pèce. Les femelles pondent leurs œufs dans les tiges

médulleuses de framboisier, de laîche ou de massette, par

exemple, où les œufs peuvent passer l’hiver jusqu’à ce

qu'ils éclosent au printemps (Detzel 1998).

Comme, avec les années, la probabilité s’accroît

qu’une surface soit colonisée par des individus en dis-

persion, nous escomptons un effet positif de l’âge des

SCE sur la présence des espèces étudiées. Nous n’avons

toutefois pas pu le confirmer.

C o n c l u s i o n s

La présente étude confirme de nombreuses hypothèses:

•• les espèces peu mobiles comme le grillon champêtre

et le criquet des clairières peuvent être encouragées

par des projets de mise en réseau selon l’OQE.

•• Pour obtenir un impact aussi positif que possible pour

les deux espèces, il faudrait si possible connecter de

nouvelles SCE avec d’autres déjà existantes et les

aménager à proximité de populations existantes.

•• Outre la mise en réseau, il convient de prendre en

compte d’autres facteurs, en fonction de l’espèce à

promouvoir et de ses exigences en matière d’habitat.

•• Pour le grillon champêtre, cela implique notamment

que les SCE soient aménagées sur des sites secs

présentant une végétation basse, alors que, pour le

criquet des clairières, les surfaces incomplètement

fauchées s’avèrent essentielles. n

Page 11: Edition 1 janvier 2012

11

La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement

Ria

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Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012

Grasshoppers and crickets benefit from

connected ecological compensation areas

The quality and connectivity of ecological

compensation areas (ECA) may be improved by

habitat connectivity projects. The effects of such

a project on the distribution of field cricket

(Gryllus campestris) and large gold grasshopper

(Chrysochraon dispar) were studied in the Plain

of Wauwil (canton of Lucerne). The presence of

both species, as well as eight habitat variables

were mapped. The connectivity of ECAs was vital

for both species, especially links to ECAs where

the species had already settled. Field crickets

favoured short vegetation and meadows farmed

at a medium or low intensity; they avoided

damp sites with a dense sward of tall plants.

Moreover, the probability of encountering field

crickets increased with field size. For the large

gold grasshopper it was important that the

vegetation was not mown on part of the area

and remained undisturbed over winter. We show

that insects with a restricted mobility like the

field cricket and the large gold grasshopper

profit from habitat connectivity projects.

Depending on the species’ requirements,

however, specific factors have to be considered.

Key words: ecological compensation area,

habitat connectivity, grasshoppers, field cricket,

large gold grasshopper.

La connessione delle superfici ecologiche

favorisce le cavallette

I progetti di interconnessione intendono

migliorare la qualità e la connessione delle

superfici di compensazione ecologica (SCE).

Abbiamo studiato gli effetti di un progetto

di questo tipo nella pianura di Wauwil (LU)

sulla distribuzione del grillo campestre

(Gryllus campestris) e della cavalletta

Chrysochraon dispar. Sono state cartografate

le zone di presenza delle due specie e otto

variabili riguardanti l’habitat. E’ risultato che

per ambedue le specie erano importanti

l’interconnessione delle SCE e, in particolare,

la vicinanza a una superficie già occupata

dalla specie. I grilli campestri preferivano

prati poco intensivi ed estensivi o superfici

con vegetazione bassa, mentre evitavano siti

umidi con vegetazione alta e densa. La

probabilità di incontrare grilli campestri

aumentava inoltre in maniera direttamente

proporzionale alla grandezza della superfi-

cie. Per Chrysochraon dispar era importante

che una parte della vegetazione fosse

mantenuta durante l’inverno. Con il nostro

studio mostriamo che specie poco mobili,

come il grillo campestre e Chrysochraon

dispar, possono essere favoriti mediante

progetti d’interconnessione, ponendo

l’attenzione su fattori diversi a seconda delle

specie considerate.

Bibliographie b Bakker J. P. & Berendse F., 1999. Constraints in the restoration of ecolo-gical diversity in grassland and heathland communities. Trends Ecol. Evol. 14, 63–68.

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Page 12: Edition 1 janvier 2012

12 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

I n t r o d u c t i o n

En Suisse, le marché des produits biologiques est en

phase de croissance. Il en découle que la demande en

semences produites selon les directives de la culture

biologique augmente aussi. De 2000 à 2010, les sur-

faces consacrées à la multiplication de semences de

céréales biologiques ont passé de 220 à 369 ha, ce qui

représentait quelque 5 % des surfaces consacrées à la

production de semences de céréales certifiées.

Depuis 2004, l’utilisation de semences produites

selon les principes de l’agriculture biologique est

ancrée dans «l’Ordonnance sur l’agriculture biolo-

gique et la désignation des produits et des denrées

alimentaires biologiques». Dans l’UE, la base légale se

trouve dans «l’Ordonnance n° 1452/2003 de la Com-

mission européenne». Il en découle que les semences

utilisées doivent être produites selon les directives de

l’agriculture biologique. Le recours à des semences

conventionnelles ne peut être justifié que dans des

situations exceptionnelles et il est soumis à autorisa-

tion.En Suisse, les principales maladies d’importance

économiques qui peuvent être transmises par les

semences sont: la moisissure des neiges (Microdo-

chium nivale et M. majus), la carie ordinaire (Tilletia

caries, syn. T. tritici), la carie naine (Tilletia controversa)

et la septoriose (Septoria nodorum). Cette dernière a

perdu de l’importance au cours des dernières années

grâce au développement des variétés de céréales tolé-

rantes. La carie naine se propage aussi par les semences

mais elle est principalement présente dans les sols.

Irene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen, Laurent Graff et Susanne Vogelgsang

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Renseignements: Irene Bänziger, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 27

15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Germes infectés par la moisissure des neiges (Microdochium nivale et M. majus), carac-térisée par une couche de spores de teinte orange.

Page 13: Edition 1 janvier 2012

15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

13

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

Les investigations au cours de 15 ans de

contrôle des semences de céréales produites

dans les conditions de l'agriculture biolo-

gique ont mis en évidence toute la perti-

nence des tests de santé qui ont été effec-

tuées. La pression des maladies varie en

fonction des conditions météorologiques de

l'année. Cependant, l'intensité des infections

de carie ordinaire et de carie naine (Tilletia

caries et T. controversa) a augmenté graduel-

lement au cours des dernières années. Sur

épeautre, c'était surtout la carie ordinaire qui

est en augmentation, tandis que sur blé,

c'était surtout la carie naine. La variété

d'épeautre «Oberkulmer Rotkorn» semble

être particulièrement sensible à la carie

ordinaire. Comme cette maladie peut se

propager très rapidement à partir de

semences infectées, il est important que la

semence destinée à la multiplication soit au

départ saine. Au cours des hivers avec

couverture de neige persistante (2008/2009),

la carie naine pouvait aussi se développer en

zones de basse altitude. La moisissure des

neiges a posé des problèmes en particulier

sur seigle; fréquemment, plus de la moitié

des échantillons examinés ont dépassé le

seuil de tolérance. Pour la production

biologique, des produits de traitement des

semences homologués, efficaces existent que

contre la carie ordinaire du blé et de

l'épeautre. Leur effet contre la moisissure des

neiges (Microdochium nivale et M. majus) et

la carie naine n'est que partiel ou insuffisant.

Les maladies transmises par les semences créent de

sérieux problèmes que l’on rencontre dans le monde

entier. Le traitement des semences avec des fongicides

synthétiques permet de bien maîtriser les infections. En

revanche, les produits pour le traitement des semences

qui sont efficaces et dûment homologués pour l’agricul-

ture biologique sont rares. Par conséquent, le contrôle

phytosanitaire des semences biologiques est une mesure

importante pour identifier les maladies qu’elles peuvent

porter et assurer un contrôle de qualité efficace. En

Suisse, les seuils de tolérance pour l’utilisation de

semences non traitées ont été définis par Winter et al.

(1997): carie ordinaire et carie naine, 10 spores par

graine; moisissure des neiges, 10 %; septoriose, 40 %. Si

les examens effectués dans le cadre de la procédure de

certification des semences biologiques révèlent des taux

d’infection supérieurs, le service de certification d’Agros-

cope Reckenholz-Tänikon ART déconseille l’utilisation

de telles semences sans les traiter préalablement. Dans

les pays voisins, les seuils de tolérance diffèrent parfois

de ceux de la Suisse. Ainsi, en Bavière (Allemagne) par

exemple, les associations écologiques et l’Institut agri-

cole bavarois se sont accordés pour définir un seuil de

tolérance de 20 spores par grain pour la carie ordinaire

et la carie naine.

En Suisse, les principales maladies d'importance éco-

nomiques qui peuvent être transmises par les semences

sont: la moisissure des neiges (Microdochium nivale et

M. majus), la carie ordinaire (Tilletia caries, syn. T. tritici),

la carie naine (Tilletia controversa) et la septoriose (Sep-

toria nodorum). Cette dernière a perdu de l'importance

au cours des dernières années grâce au développement

des variétés de céréales tolérantes. La carie naine se pro-

page par les semences mais elle est principalement pré-

sente dans les sols.

Les infections de moisissure des neiges diminuent la

faculté germinative des semences de céréales, en parti-

culier par basse température; le taux de levée est faible

et, par conséquent, le peuplement de la céréale est lacu-

naire. Avec la carie ordinaire et la carie naine, des agré-

gats de spores toxiques et à l’odeur fétide se dévelop-

pent en prenant la place du grain. Ces deux agents

pathogènes possèdent un énorme potentiel de dissémi-

nation. Au cours du battage, les spores contaminent les

grains sains puis, après le semis, les plantules sont infec-

tées à leur tour. De surcroît, toute la chaîne est contami-

née, de la moissonneuse-batteuse au silo. En ce qui

concerne la carie ordinaire, c’est non seulement le taux

d’infection des semences (l’inoculum) mais aussi les

conditions météorologiques durant la phase de germi-

nation des graines qui jouent un rôle important. Des

conditions sèches ainsi que des températures entre 5 et

Page 14: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART

14 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

10 °C après le semis constituent des conditions d’infec-

tion idéales. Les infections de carie naine, quant à elles,

proviennent principalement du sol; les germes de la

céréale sont particulièrement exposés lorsque les tem-

pératures se situent entre 0 et 5 °C. La septoriose atteint

tout particulièrement les coléoptiles et les racines des

plantules dont elle affecte la vigueur et perturbe la

croissance, ce qui se traduit aussi par un peuplement

lacunaire. Dans la procédure de certification, tous les

échantillons de semences biologiques sont soumis à un

contrôle de pureté et de faculté germinative. Ces para-

mètres doivent satisfaire les exigences de l’Ordonnance

sur les semences du Département fédéral de l’économie

(DFE). Les seuils de tolérance indiqués plus haut sont en

fait des recommandations. Cependant, les membres de

la commission technique «Grandes cultures» de «Bio

Suisse» (Le Bourgeon) les ont reprises. Les responsables

des organisations de producteurs de semences sont

chargés de leur mise en pratique.

En culture biologique, on constate une recrudescence

du charbon nu de l’orge (Ustilago nuda). Un contrôle

lors de la visite de culture est possible car les épis infec-

tés sont bien visibles à ce moment; ce n’est en revanche

pas le cas pour les maladies fongiques du genre Tilletia.

L’identification du charbon nu sur la semence est diffi-

cile; le mycélium du champignon se trouve dans l’em-

bryon et son isolation est laborieuse.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Identification de Microdochium nivale et M. majus:

Le taux d’infection des semences de blé, de triticale et de

seigle par les champignons de la moisissure des neiges

est déterminé en même temps que la faculté germina-

tive mais en recourant à un test de germination modifié

(Winter et al. 1997).

A cet effet, on dépose 200 grains sur un papier filtre

humide, ensuite on les fait incuber, d’abord 5 jours à

10 °C à l’obscurité, puis 3 jours à 20 °C à la lumière. Une

infection par la moisissure des neiges se signale par une

déformation des germes, des brunissures sur les racines

ou l’absence totale de germination avec, autour du

grain, une tache blanc-rose typique révélant la présence

du mycélium de ce champignon.

Identification de Tilletia caries et T. controversa:

Le taux d’infection des semences de blé, d’épeautre et de

triticale par les spores de carie ordinaire et de carie naine

est déterminé par une méthode de filtration décrite par

Kietreiber (1984) et agrée par l’ISTA (International Seed

Testing Association).

250 graines (pour l’épeautre: 50 graines non décorti-

quées) sont trempées dans une solution de dihydrogéno-

phosphate de sodium (0,2 %) qui est ensuite filtrée à

Figure 2 | Spores de Tilletia caries (à gauche) et de T. controversa (à droite) avec un agrandissement de 400 fois.

Figure 3 | Pourcentage de lots refusés sur la base des échantillons dépassant les seuils de tolérance, pour les différentes maladies, au cours des années 1995 à 2010. Le nombre total des échantillons figure entre parenthèses.

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'95 (2

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'96 (3

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'97 (3

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'01 (9

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'03 (9

7)

'04 (1

38)

'05 (1

48)

'06 (1

61)

'07 (1

54)

'08 (1

26)

'09 (1

36)

'10 (1

17)

Lots

refu

sés

(%)

M. nivale / M. majus T. caries / T. controversa S. nodorum

Seuils: M. nivale et M. majus: 10 %; T. caries et T. controversa: 10 spores/grain; S. nodorum: 40 %

Page 15: Edition 1 janvier 2012

15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

15Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

travers un filtre (Millipore™) à 5 mm. Le nombre de spores

de carie par grain est déterminé sous le microscope à un

agrandissement de 100 fois. Depuis 2009, on fait une dis-

tinction entre les spores de la carie ordinaire et ceux de la

carie naine en recourant à un agrandissement de 400 fois.

La surface des spores de la carie naine présente une

structure réticulée nettement plus marquée et aux

formes plus allongées que celles des spores de la carie

ordinaire (fig. 2).

Identification de Septoria nodorum:

La proportion de grains de blé et de triticale infectés par

la septoriose est déterminée à l’aide du test par fluores-

cence décrit par Kietreiber (1981) et agréé par l’ISTA.

On dépose les semences sur un papier filtre à triple

couche; ensuite on les met en germination pendant

3 jours à 18 °C, puis 4 heures à –20 °C (pour tuer le germe),

et finalement on les soumet à 4 jours d’incubation à

28 °C (pour stimuler le développement du champignon).

Toutes les phases du test se déroulent dans l’obscurité.

Le champignon produit une toxine qui peut être mise en

évidence par fluorescence sous une source de lumière

jaune soufre à une longueur d’onde de 366 nm.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

De 1995 à 2010, plus de 1500 échantillons de semences

biologiques ont été analysés. La première année, il n’y en

avait que 20, mais à partir de 2002, ce nombre a atteint

120 à 160 par année. La majorité des échantillons concer-

nait le blé. Au cours des dernières années, le nombre

d’échantillons de blé a diminué en faveur de l'épeautre.

Depuis 2005, l’épeautre constituait un tiers des lots, alors

que le seigle et le triticale ne représentaient que moins de

10 % chacun.

Etat sanitaire des échantillons reçus

La proportion d’échantillons sains a varié fortement en

fonction des conditions climatiques des années concer-

nées. Au cours des années 1996 à 1998, 2002 à 2004

ainsi que 2006, au moins 80 % des lots contrôlés, toutes

espèces confondues, se situaient en dessous des seuils

de tolérance et pouvaient donc être considérés comme

«sains» et aptes à être semés sans traitement préalable.

Au cours des années 1995, 1999, 2007, 2009 et 2010, un

quart des échantillons présentaient un taux de conta-

mination par Microdochium nivale et M. majus trop

élevé; les lots concernés ne pouvaient donc pas être

semés sans avoir été traités. Les contaminations par

Tilletia spp. ont augmenté depuis 2005, passant d’une

moyenne de 3 % à un taux situé entre 9 et 17 %; l’an-

née 2007 a fait exception avec 1 % seulement. La pro-

portion de lots refusés à cause leur contamination par

Septoria nodorum a été plus élevée seulement au cours

des années 1998, 1999 et 2001 (7 à 11 %) alors qu’elle

était insignifiante toutes les autres années (fig. 3).

Augmentation des contaminations du blé et de

l’épeautre par la carie ordinaire et par la carie naine

depuis 2005

L’augmentation des infections par Tilletia spp. (inten-

sité et fréquence) a été frappante. Pour mettre en évi-

dence la présence de cette maladie et la fréquence des

infections, on a pris en compte tous les échantillons

porteurs de plus d’une spore par graine (fig. 4). Rüeg-

ger et al. (1998) ont déjà signalé qu’il y avait lieu de

bien suivre l’évolution de la carie ordinaire et de la

carie naine sur les semences produites en conditions

biologiques. En effet, même si l’agent pathogène est

présent en très faibles quantités, sa dissémination peut

être élevée si l’on ne contrôle pas l’état sanitaire des

0

10

20

30

40

50

60

70

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2000 (62)

2001 (61)

2002 (81)

2003 (65)

2004 (98)

2005 (89)

2006 (89)

2007 (81)

2008 (70)

2009 (76)

2010 (70)

Echa

ntill

ons

cont

amin

és (%

)

> 10 spores par grain > 1 spore par grain

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2000 (18)

2001 (20)

2002 (27)

2003 (22)

2004 (32)

2005 (47)

2006 (59)

2007 (46)

2008 (42)

2009 (42)

2010 (39)

Echa

ntill

ons

cont

amin

és (%

)

> 10 spores par grain > 1 spore par grain

Figure 4a | Evolution des infections par Tilletia caries et T. contro-versa sur blé de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons figure entre paranthèses.

Figure 4b | Evolution des infections par Tilletia caries et T. contro-versa sur épeautre de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons figure entre parenthèses.

Page 16: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART

16 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

«Au cours de ces dernières années, la fréquence des

infections par la carie ordinaire et par la carie naine qui

ont été annoncées a de nouveau augmenté. Ce constat

vaut tant pour l’agriculture écologique que pour l’agri-

culture traditionnelle. Les infections recensées ont été

particulièrement sévères en 2004 pour ce qui est de la

carie ordinaire et en 2006 pour la carie naine» (traduc-

tion d’une citation extraite de la 58e Journée de l’Asso-

ciation des sélectionneurs de semences et des commer-

çants en semences d’Autriche, 2007).

La carie naine du blé est aussi présente dans les zones

plus basses

En général, la carie naine n’est présente que dans les

zones élevées, à des altitudes supérieures à 600 m où les

sols sont plus froids, étant donné que les spores germent

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

Blé (70) Epautre (42)

Blé (76) Epautre (42) Blé (70) Epautre (39)

Echa

ntill

ons

avec

> 1

0 sp

ores

/gra

in (%

)

T. controversa T. caries

2008 2009 2010

Figure 5 | Proportion de Tilletia caries et Tilletia controversa sur blé et épeautre de 2008 à 2010. Nombre d'échantillons indiqué entre parenthèses.

Variété de blé Nombre d'échantillons M. nivale / M. majus (%) Tilletia spp. (spores par grain)

Fiorina 19 16,4 / 13,0 0,7 / 0,2

Ludwig 11 9,6 / 8,0 0,2 / 0,0

Runal 21 12,0 / 10,0 5,6 / 0,8*

Scaro 17 6,0 / 3,0 1,1 / 0,4

Siala 37 9,9 / 8,5 17,7 / 0,7*

Titlis 36 6,8 / 7,0 0,7 / 0,2

Wiwa 44 7,6 / 7,0 1,3 / 0,2

Tableau 1 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que par Tilletia caries et T. controversa (moyennes / médianes) de diffé-rentes variétés de blé au cours des années 2008 à 2010

*Principalement T. controversa.

lots quant à la présence de spores et ne prend pas des

mesures adéquates. Il est aussi très important que la mul-

tiplication des semences soit réalisée à partir de lots sains.

Au cours de la visite de culture, il est parfois très difficile

d’identifier les épis de blé ou d’épeautre malades parmi

les sains, selon la variété et son stade de développement.

L’augmentation des cas d’infection sur épeautre concer-

nait principalement la carie ordinaire, tandis que sur blé

c’était plutôt la carie naine (fig. 5).

En Allemagne et en Autriche, on a relevé les observa-

tions suivantes: «La carie ordinaire ainsi que la carie

naine du blé sont actuellement les maladies des semences

les plus importantes en production écologique, avec une

tendance à l’augmentation» (traduction d’une citation

extraite de la 11e Journée scientifique sur l’agriculture

écologique, Giessen, 2011).

Page 17: Edition 1 janvier 2012

15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

17Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

grain (tabl. 3). Les variétés «Ostro» (17 spores par grain),

«Titan» (20 spores par grain) et «Tauro» (4 spores par

grain) ont subi des infections moins fortes et moins fré-

quentes. Sur le blé, la variété «Siala» a été la plus atteinte

par les deux espèces de carie, avec 18 spores par grain en

moyenne des trois dernières années (tabl. 1). Les variétés

«Fiorina», «Ludwig», «Scaro», «Titlis» et «Wiwa» ont

toutes présenté un taux de contamination inférieur à

deux spores par grain en moyenne.

Le seigle et le triticale ont rarement été contaminés,

et si tel était le cas, le taux restait faible.

Dans la statistique du contrôle des infections par la carie

ordinaire et par la carie naine, on a constaté que la

valeur médiane s’écartait parfois beaucoup de la valeur

moyenne. Ceci est symptomatique d’une variabilité des

contaminations beaucoup plus forte que celle des conta-

minations par la moisissure des neiges. De nombreux lots

étaient peu infectés, mais quelques-uns étaient forte-

ment contaminés, contribuant à faire grimper la

moyenne (tabl. 1 à 3).

D’anciens essais variétaux (Bänziger et al. 2003) ont

mis en évidence des différences de sensibilité à la carie

ordinaire significatives. Pour tester la sensibilité des

variétés actuelles, il faudrait réaliser des essais précis en

petites parcelles.

Efficacité du traitement des semences au Cerall®, admis

en culture biologique

Les produits pour le traitement des semences Cerall® et

Cedomon® (à base de bactéries Pseudomonas chlorora-

à des températures situées entre 0 et 5 °C. En 2009, on a

aussi observé des infections de carie naine dans des

zones plus basses, notamment à Fehraltorf (530 m),

Ober embrach (600 m), Brütten (610 m) et Schaffhouse

(600 m). Ce phénomène était probablement lié à des

chutes de neige plus abondantes et couvrant le sol plus

longtemps dans ces régions au cours de l’hiver 2008/2009

(Source: MeteoSuisse).

Différences variétales apparentes parmi les céréales

analysées

Moisissure des neiges:

Au cours des trois dernières années, on a constaté des

différences d’intensité d’infection par la moisissure des

neiges selon les variétés de blé (tabl. 1). «Fiorina» a été

la variété la plus atteinte (16 %) tandis que «Scaro» et

«Titlis» l’étaient moins (6 % et 7 %). Le seigle et le triti-

cale sont généralement plus sensibles à la moisissure des

neiges que le blé. La variété de seigle «Matador» a été

fortement infectée, avec un taux de 24 % en moyenne;

la variété «Recrut» l’a été moins avec 13 %. Les variétés

de triticale «Bedretto» et «Triamant» ont montré des

taux d’infection semblables (12 % et 11 %; tabl. 2). Sur

épeautre, la présence de moisissure des neiges sur les

semences a été insignifiante.

Carie ordinaire et carie naine:

Sur l’épeautre, c’était surtout la variété «Oberkulmer

Rotkorn» qui s’est révélée la plus infectée au cours des

trois dernières années, avec en moyenne 132 spores par

Céréale Variété Nombre d'échantillons M. nivale / M.majus (%)

Seigle Matador 8 24,1 / 20,0

Seigle Recrut 7 13,1 / 10,0

Triticale Bedretto 14 11,9 / 11,0

Triticale Triamant 5 11,4 / 10,0

Tableau 2 | Infections par Microdochium nivale et M. majus (moyennes / médianes) de différentes variétés de seigle et de triticale au cours des années 2008 à 2010

Variété Nombre d'échantillons M. nivale / M. majus (%) Tilletia spp. (spores par grain)

Alkor 9 < 2,0 3,3 / 2,0

Oberkulmer Rotkorn 30 < 2,0 131,9 / 18,5

Ostro 50 < 2,0 17,4 / 2,9

Samir 3 < 2,0 0,7 / 0,0

Tauro 11 < 2,0 4,2 / 0,0

Titan 14 < 2,0 19,6 / 0,2

Tableau 3 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que Tilletia caries et T. controversa (moyennes/médianes) de différentes variétés d'épeautre au cours des années 2008 à 2010

Page 18: Edition 1 janvier 2012

18

Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

phis) sont homologués pour la culture biologique depuis

2007. Cedomon® a été développé pour des espèces de

céréales non décortiquées, contre l’helminthosporiose

(Drechslera teres) et la maladie des stries (Drechslera gra-

mineum) de l’orge ainsi que contre la carie ordinaire de

l’épeautre. Cerall® est efficace contre la carie ordinaire

du blé et de l’épeautre et il montre un effet partiel

contre les infections de moisissure des neiges sur les

semences de blé, de seigle et de triticale ainsi que contre

les infections de septoriose sur les semences de blé

(tabl.  4). Nos essais effectués sur 65  échantillons de

céréales présentant différents taux de contamination

ont montré qu’un traitement avec Cerall® augmentait la

faculté germinative des semences de 78 à 88 % et rédui-

sait le taux de contamination par la moisissure des neiges

de 20 à 9 %. Ainsi, les semences atteignaient le taux de

germination requis et ne dépassaient pas le seuil de tolé-

rance pour les infections par la moisissure des neiges, ce

qui permettait de les considérer comme appropriées

pour le semis.

C o n c l u s i o n s

•• A peu près une année sur deux, la proportion des lots

de semences de céréales bio reconnus sains dépassait

80 %. Mais il y a aussi eu des années où la proportion

des lots pouvant être recommandés pour des semis sans

traitement préalable n'atteignait que 60 à 70 %.

•• L'augmentation du nombre d'échantillons présentant

un taux d'infection par la carie ordinaire et la carie

naine élevé requiert une attention particulière. Il est

absolument indispensable de suivre l'évolution de la

maladie par un test de santé annuel.

•• Pour éviter une dissémination accrue de ces maladies, la

préconisation «semences non appropriées à une

utilisation sans traitement préalable» prend ici toute

son importance. Si la pression de ces maladies devait

encore augmenter, il y aurait lieu de revoir les seuils de

tolérance qui sont admis aujourd'hui.

•• Différencier la carie ordinaire de la carie naine a tout

son sens puisque les contaminations par cette dernière

proviennent essentiellement de sols infectés.

•• Contre la carie naine, l'utilisation de semences saines

n'est pas une mesure suffisante car les spores de ce

champignon peuvent survivre jusqu'à dix ans dans le sol.

Pour cette raison, il ne faudrait pas cultiver de céréales

d'automne durant plusieurs années sur les sols infectés,

seulement des céréales de printemps ou de l'orge, ces

espèces n'étant pas atteintes par la carie naine.

•• Lorsque l'hiver est particulièrement froid, avec de

longues couvertures de neige, la carie naine peut aussi

sévir dans les zones plus basses.

•• La résistance aux caries devrait être intégrée aux

objectifs de sélection des variétés de céréales bio. Dans

d'anciens essais de blé et d'épeautre, on a observé des

différences de sensibilité entre les variétés face à la

carie ordinaire et à la carie naine; cependant, ce n'était

pas encore une vraie résistance. Toutefois, la variété

«Butaro», un blé d'automne réputé résistant issu de la

sélection du Dottenfelderhof, en Allemagne, est

actuellement testée dans les essais variétaux des

stations de recherche d'Agroscope.

•• Les agriculteurs disposent de trois produits pour le

traitement des semences admis pour la culture biolo-

gique. Cerall® (formulation aqueuse à base de bactéries)

est efficace contre la carie ordinaire du blé et partielle-

ment contre la moisissure des neiges. Cedomon®

(formulation huileuse à base de bactéries) est homolo-

gué pour combattre la carie ordinaire de l'épeautre.

Tillecur® (farine de moutarde jaune) peut être utilisé

contre la carie ordinaire du blé.

•• Il n'existe actuellement aucun produit de traitement des

semences qui soit biologiquement actif contre la carie

naine. Cerall® et Cedomon® peuvent être utilisés dans

les grandes installations de traitement des semences,

mais ce n'est pas possible avec Tillecur®.

•• Un inconvénient des deux produits à base de bactéries

est leur durée de conservation limitée, quelques jours

sans réfrigération, quelques semaines s'ils sont réfrigé-

rés. Cependant, les semences traitées avec l'un ou

l'autre de ces deux produits peuvent être stockées

jusqu'à 18 mois. n

Produit Dose / 100 kg de semences Efficacité contre des maladies transmises par les semences

Blé Seigle et triticale Epeautre Carie ordinaire Moisissure des neiges Septoria nodorum

Cerall 1000 ml 1000 ml 1500 ml + effet partiel effet partiel

Cedomon − − 1000 ml + − −

Tillecur 1,3 kg* − − + − −

Tableau 4 | Produits homologués pour le traitement des semences de céréales bio

*A incorporer dans 5–6 litres d'eau.

Page 19: Edition 1 janvier 2012

19

15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

Bibliographie b Bänziger I., Forrer H.-R., Schachermayr G., Frei P. & Gindrat D., 2003. Stinkbrandanfälligkeit in- und ausländischer Weizensorten, Agrarfor-schung 10, 328–333.

b Gengenbach H., 2011. 11e Journée scientifique sur l'agriculture écolo-gique à Giessen, 15 – 18 mars 2011: dossier complémentaire pour les workshops organisés sur la base de dialogues, 14–21.

b Kietreiber M., 1981. Filterpapier-Fluoreszenztest für die Feststellung von Septoria nodorum in Triticum aestivum unter Berücksichtigung des in Keim-ruhe befindlichen Saatgutes. Seed Science and Technology 9, 717–723.

b Kietreiber M., 1984. Wheat: dwarf bunt, bunt (stinking smut), smooth-spored bunt (stinking smut). In: ISTA Handbook on Seed Health Testing, ISTA, Zurich, Working sheet No 53, 1–4.

b Killermann B., Voit B. & Büttner P., 2007. Brandkrankheiten bei Weizen – Erfahrungen und Ergebnisse aus der Saatgutuntersuchung. 58e Journée de l'Association des sélectionneurs de semences et des commerçants en semences d'Autriche à Gumpenstein, 20–22 novembre 2007, 41–44.

b Rüegger A., Winter W. & Bänziger I., 1998. Gesundheitsdienst im Dienste der Biosaatgutproduktion. Agrarforschung 5, 121–124.

b Winter W., Bänziger I., Krebs H., Rüegger A., Frei P. & Gindrat D., 1997. Beizung nach Schadschwellen. Ergebnisse mit Sommerweizen. Agrarfor-schung 4, annexe séparée en couleur.

Fifteen years of organic cereal seed

health analyses at Agroscope ART

Investigations on organically produced

cereal seed over the past 15 years have

shown the importance of the control

of seed-borne diseases. Although

disease pressure depends on annual

fluctuations caused by the weather,

infestation with common and dwarf

bunt (Tilletia caries/T. controversa) has

increased in the last few years, with

the former primarily occurring on spelt

and the latter on wheat. On spelt, the

cultivar «Oberkulmer Rotkorn» seems

to be particularly susceptible to

common bunt. Since the disease can

spread very quickly through contami-

nated seed, it is important to use

non-infested starter seed. In winters

with abundant snow fall and persist-

ent snow cover (2008/2009), dwarf

bunt also occurred in lower altitudes.

Problems with snow mould occurred

primarily on rye, with over half of the

examined seed samples frequently

exceeding the threshold value.

Effective seed dressings registered for

organic farming are only available

against common bunt on wheat and

spelt; they are only partially or

insufficiently effective against snow

mould (Microdochium nivale/M. majus)

and dwarf bunt.

Key words: seed borne disease, soil

born disease, seed health testing,

bunt, snow mould, glume blotch,

threshold value, organic cereal seed.

15 anni di controlli sanitari su sementi

cerealicole biologiche presso Agroscope ART

Le ricerche condotte negli ultimi quindici

anni sulle sementi cerealicole biologiche

indicano l'importanza del controllo delle loro

patologie. La pressione esercitata dalle

malattie è legata a oscillazioni annuali,

influenzate dalle condizioni meteorologiche.

Tuttavia, negli ultimi anni, gli attacchi di

carie e carie nana del frumento (Tilletia

caries / T. controversa) sono aumentati. Si

sono riscontrati soprattutto più casi di carie

del frumento nella spelta e di carie nana nel

frumento. La varietà di spelta «Oberkulmer

Rotkorn» sembra particolarmente sensibile

alla carie del frumento. È importante

ricorrere a sementi sane, poiché questa

patologia si propaga molto rapidamente

mediante le sementi contaminate. Durante

gli inverni molto innevati e con manto

nevoso persistente (2008/2009), la carie nana

del frumento è apparsa anche in pianura. I

problemi con il mal del piede dei cereali si

sono manifestati soprattutto nella segale:

più della metà dei campioni di sementi

analizzate si trovava oltre il valore di soglia.

Dei prodotti fitosanitari efficaci e omologati

per l’agricoltura biologica esistono sola-

mente per il trattamento delle sementi

contro la carie del frumento che attacca

frumento e spelta. Tuttavia, essi riscontrano

solo una parziale o insufficiente efficacia

contro il mal del piede dei cereali (Microdo-

chium nivale / M. majus) e contro la carie

nana del frumento.

Page 20: Edition 1 janvier 2012

20 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

jeune avec, pour conséquence, l’excrétion d’importantes

quantités d’azote avec les émissions d’ammoniac qui en

découlent. De plus, si les conditions de croissance lui

conviennent bien et que la fumure azotée est réduite, il

peut concurrencer les graminées à un point tel que leur

proportion devient insuffisante, la composition bota-

nique est déséquilibrée, avec en plus le risque que le

gazon résiste mal au piétinement.

On a essayé de sélectionner la luzerne comme légu-

mineuse de substitution (Bouton et al. 1991; Piano et al.

1996). Dans les essais variétaux suisses, les types de

I n t r o d u c t i o n

De par sa nature, le trèfle violet (Trifolium pratense L.)

est peu adapté à une utilisation par la pâture. Le trèfle

blanc est la légumineuse qui se propage naturellement

dans les prairies pâturées et qui est intégré dans les

mélanges de semences pour pâtures. Grâce à ses stolons,

il est capable de se régénérer rapidement après le pas-

sage des animaux, ce qui assure sa pérennité. Toutefois,

son potentiel de rendement est faible (Lehmann 1999)

et sa très haute teneur en protéines entraîne un déséqui-

libre par rapport à la teneur en énergie du fourrage

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâtureBeat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver Schubiger, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART,

8046 Zurich

Renseignements: Beat Boller, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 73 63

Figure 1 | L'aptitude à la pâture de la nouvelle variété de trèfle violet Pastor a été testée à Reckenholz dans un essai pâturé par des génisses. (Photo: ART)

Page 21: Edition 1 janvier 2012

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

21

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

Pastor est une nouvelle variété de trèfle

violet destinée à être cultivée en Suisse et

qui a la particularité d'avoir été sélectionnée

tout spécialement pour son aptitude à la

pâture. Pastor est issue de croisements entre

un écotype récolté dans le canton du Jura et

du matériel de sélection qui est à la base du

trèfle violet du type «Mattenklee». Cette

nouvelle variété se caractérise par sa taille

plutôt trapue et ses feuilles plus petites que

celles du trèfle violet habituel. Dans deux

essais en parcelles pâturées par des génisses

ou des vaches allaitantes, Pastor a mieux

persisté, jusqu'à fin de la seconde année

d'exploitation, que Milvus qui est pourtant

une variété appréciée. La part de Pastor dans

le couvert végétal était plus élevée, davan-

tage de plantes ont persisté et elles ont

développé deux fois plus de pousses par

plante et par unité de surface que la variété

Milvus. En introduisant la variété Pastor en

lieu et place du trèfle blanc dans les

mélanges standard MS 440 ou MS 462, qui

sont recommandés pour la pâture, on a

observé, en cours d'utilisation pastorale, des

gazons avec une part de trèfle plus régulière

qu'avec le trèfle blanc ou la variété de trèfle

violet Dafila. La nouvelle variété de trèfle

violet Pastor possède le potentiel nécessaire

pour remplacer le trèfle blanc dans les

mélanges destinés à être pâturés durant au

moins trois ans.

luzerne prévus pour la pâture n’ont pas atteint le niveau

souhaité (Mosimann et al. 2007).Le trèfle violet se caractérise par un potentiel de ren-

dement plus élevé et une teneur en protéines un peu plus

faible que celle du trèfle blanc. L’intense activité d’une

enzyme, la polyphénoloxydase (PPO), permet d’éviter la

dégradation dans la panse d’une importante proportion

des protéines, ce qui diminue les pertes d’azote au pâtu-

rage (Lee et al. 2004). Le trèfle violet ne développant pas

de stolons, il y a moins de risques qu’il concurrence les

graminées en cas de sous-fertilisation azotée. Toutefois,

les variétés usuelles de trèfle violet sont de grande taille

et peuvent concurrencer les graminées basses, comme le

ray-grass anglais et le pâturin des prés, qui sont impor-

tantes dans les pâtures tant pour la résistance du gazon

au piétinement que pour le maintien d’un gazon dense.

De plus, le trèfle violet supporte mal le piétinement et le

broutage bas. Il se régénère donc mal et, de ce fait, les

variétés usuelles ne permettent pas d’assurer une propor-

tion de trèfle stable dans la pâture. Ce constat a incité

ART à mettre sur pied un programme de sélection du

trèfle violet pour la pâture en 1990. Les objectifs suivants

ont été fixés: un potentiel de rendement satisfaisant, une

bonne persistance sans concurrencer les graminées ainsi

qu’une bonne capacité de régénération après la pâture.

Pastor est la première variété de trèfle violet issue de ce

programme qui peut être présentée. Evaluée sous le

numéro de lignée TP0325, sa valeur agronomique a été

testée avec succès (Frick et al. 2008) et, entre-temps, ses

caractères distinctifs et son homogénéité ont été établis,

ce qui a permis son inscription dans les catalogues offi-

ciels suisse et français en 2011.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Origine de la variété Pastor

La variété Pastor est issue d’un croisement entre du

matériel de sélection d’ART et un écotype provenant du

canton du Jura. En 1990, ART a reçu de Peter Thomet

(Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen) de la

semence d’un écotype croissant dans la région de Pré de

Joux – La Metteneux, sur la commune d’Undervelier, à

620 m d’altitude. Cette population se trouvait sur un

pâturage à chevaux dont le gazon était toujours main-

tenu court. Elle a été mise en culture dans la pépinière

de Zurich-Reckenholz et 10 plantes typiques, à petites

feuilles et à port bas, ont été choisies. Elles ont été croi-

sées avec 20 plantes élite de trèfle violet du type Matten-

klee. La descendance (F1) a été recroisée avec du trèfle

violet longue durée («Mattenklee») et la population qui

en est issue, dont le matériel génétique contenait 75 %

de trèfle violet longue durée et 25 % de trèfle sauvage

Page 22: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

22 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

relativement peu intensive, la durée de pâture corres-

pondait à 4 à 5 passages de 2 à 3 semaines par année

d’utilisation principale. Dans l’essai 2008 – 2010, exploité

de manière intensive, on comptait 6 à 7 passages de 6 à

7 jours par année. Après que les animaux eurent quitté le

pâturage, les refus ont été fauchés si nécessaire afin de

disposer d’un gazon uniforme pour pouvoir procéder à

des notations objectives.

Avant chaque mise en pâture, la proportion de trèfle

a été estimée visuellement. Des échantillons ont été sou-

mis à une analyse botanique pour vérifier la validité des

appréciations visuelles. La correspondance s’est révélée

très bonne, avec une corrélation hautement significa-

tive (r = 0,985 pour n = 12 comparaisons) et une concor-

dance très bonne aussi entre les valeurs absolues, avec

24,5 % pour l’estimation visuelle et 25,0 % pour l’analyse

botanique. Le nombre de plantes de trèfle violet par

unité de surface ainsi que le nombre de pousses par

plante ont été déterminés à différentes dates.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Comportement dans les essais de pâture avec la

fétuque élevée

Dans le mélange simple avec la fétuque élevée (WV04,

2004−2006), Pastor s’est mieux développé que le trèfle

violet Milvus au cours du temps et a pris une part plus

élevée dans le couvert végétal (fig. 2). Alors que la propor-

tion de Milvus a régressé continuellement, celle de Pastor

a progressé légèrement jusqu’au milieu de la première

année d’utilisation principale, puis s’est maintenue à un

niveau constamment plus élevé jusqu’à la fin de l’essai.

Dans l’essai de pâture WV08a (2008−2010), Pastor a aussi

atteint la part de couvert végétal la plus élevée parmi les

quatre variétés testées (tabl. 2). Chaque année, en

automne, c’est Pastor qui a atteint le plus grand nombre

de plantes, de pousses par plante et de pousses par unité

de surface. Comparé à Milvus, Pastor comptait 2,6 à 3,0

fois plus de pousses par unité de surface. Les résultats de

cet essai ont été pris en compte par l’autorité responsable

de l’inscription des variétés au catalogue français et ont

influencé positivement l’admission de Pastor.Au pâturage, les plantes typiques de Pastor sont plus

trapues et présentent des feuilles plus petites et plus

rondes que celles du trèfle violet Dafila par exemple (fig.

3). Les jeunes pousses de Pastor sont nombreuses et par-

tent du centre de la plante quasiment à l’horizontale. La

disposition de ces pousses permet une rapide régénéra-

tion de la plante après la pâture. Des plantes filles se

développent à partir de l’aisselle des feuilles portées par

les tiges étalées; elles s’ancrent ensuite dans le sol par

des racines adventives.

du Jura, a été l’objet d’une sélection individuelle en

pépinière durant trois générations. A chaque généra-

tion, on a veillé à ne choisir que les plantes de taille

basse, à la pousse vigoureuse et à petites feuilles qui cor-

respondaient aux objectifs fixés. En 2002, 42  plantes

choisies ont été placées dans une enceinte isolée pour un

polycross. En 2003, la descendance des 25 plantes les plus

productives en semences ont été semées en lignes. De ce

matériel, on a choisi 21 descendants typiques qui,

ensemble, constituent la variété Pastor.

Essais de pâture

Pour tester la capacité de Pastor et de variétés de réfé-

rence à supporter la pâture, des parcelles d’essai d’au

moins 30 m² ont été mises en place à Zurich-Reckenholz

(fig. 1). Dans les essais WV04 (2004−2006) et WV08a

(2008−2010), le trèfle violet a été semé à une densité de

30 g/a avec une fétuque élevée à fines feuilles à 150 g/a

dans un dispositif avec quatre répétions. Dans l’essai

WV08b (2008−2010), on a semé des mélanges plus com-

plexes correspondant aux mélanges standard MS 462 et

MS 440 avec 4 à 5 répétitions (tabl. 1). Dans ce pro-

gramme, on a semé soit le mélange original contenant

du trèfle blanc, soit des mélanges où le trèfle blanc était

remplacé par une quantité comparable de trèfle violet

Pastor ou Dafila. A partir de l’automne de l’année de

semis, l’exploitation correspondait à celle d’une pâture

tournante. Dans l’essai 2004 – 2006, exploité de manière

Espèce VariétéDensité de semis g/a

MS 462 MS 440

Fétuque élevée BELFINE 150

Fléole RICHMOND 30

Ray-grass angl. (2n) ARVELLA 30 100

Pâturin des prés LATO 100 100

Fétuque rouge ECHO 50

Variantes de trèfle:

Trèfle violet PASTOR 40 40

Trèfle violet DAFILA 40 40

Trèfle blanc Gdes feuilles/petites f. 2/1 40 40

Total 320 320

Tableau 1 | Mélanges semés dans l'essai de pâture WV08b (2008–2010)

Page 23: Edition 1 janvier 2012

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

23Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

de Milvus. Sa position par rapport à Milvus était inver-

sée dans les essais de pâture, ce qui mettait en évi-

dence l’aptitude particulière de Pastor pour cette uti-

lisation.

Dans les essais variétaux officiels exploités en tant que

prairies de fauche (Frick et al. 2008), l’aspect général,

le rendement ainsi que la capacité de concurrence de

Pastor étaient nettement inférieurs aux paramètres

Varitété Epoque Pastor Milvus Lemmon Mistral

Part de trèfle violet (%) au rendement

Moyenne de 12 enregistrements

2008 – 201039,7 a 35,2 b 35,3 b 28,4 c

Nombre de plantes de trèfle violet / m²

Automne 2008 65,3 a 55,5 a 63,8 a 55 a

Automne 2009 36,1 a 29,1 ab 35,1 a 20,2 b

Automne 2010 4,5 a 3,1 ab 2,3 ab 0,6 b

Moyenne de 3 notations

35,3 a 29,2 bc 33,7 ab 25,3 c

Nombre de pousses / plante

Automne 2009 21,6 a 9,8 bc 13,0 b 8,7 c

Automne 2010 8,9 a 4,4 b 4,3 b 3,8 b

Moyenne de 2 notations

15,2 a 7,1 bc 8,6 bc 5,9 c

Nombre de pousses / m²

Automne 2009 770 a 295 bc 450 b 170 c

Automne 2010 40 a 13 b 10 b 2 b

Moyenne de 2 notations

406 a 155 b 231 b 87 c

Tableau 2 | Part au rendement, nombre de plantes et nombre de pousses de Pastor, associé à la fétuque rouge, dans l'essai de pâture WV08a (2008 – 2010), comparé à des variétés de trèfle violet usuelles

Dans une ligne, les valeurs qui ne sont pas suivies de lettres communes sont significativement différentes les unes des autres (p<0,05).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

02.09.04 14.04.05 30.06.05 24.04.06 30.05.06 04.07.06 14.08.06

Prop

ortio

n da

ns le

cou

vert

vég

étal

%

Trèfle violet pour pâture Pastor

MILVUS

2e année d'utilisation principale1re année d'utilisation principaleAnnée du semis

Ppds (5%)

Figure 2 | Evolution de la proportion estimée de Pastor et de Milvus dans le couvert végétal, en association avec la fétuque élevée, dans l'essai de pâture WV04 (2004 – 2006).

Page 24: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

24 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

Du trèfle violet plutôt que du trèfle blanc dans les

mélanges standard?

Il n’existe pas à ce jour de mélange standard recom-

mandé pour la pâture qui contienne du trèfle violet de

longue durée (Suter et al. 2008). Dans les mélanges stan-

dard, le trèfle blanc est la légumineuse de base pour les

utilisations en pâture. Dans cette étude, les aptitudes du

trèfle violet Pastor pour la pâture ont été testées en le

substituant au trèfle blanc dans les mélanges standard

MS 440 et MS 462 (tabl. 1).

Dans les deux mélanges avec trèfle blanc, celui-ci

s’est développé dans un premier temps comme le trèfle

violet dans les deux mélanges qui en contenaient; mais

par la suite, le trèfle blanc a pris visiblement plus de

Figure 3 | Plante typique du trèfle violet à pâturer Pastor (à gauche) comparée au trèfle violet Dafila (à droite). Ces plantes ont été obser-vées dans une pâture en automne de la première année d'exploitation principale. La plus jeune feuille sur les 7 pousses de Pastor ainsi que sur le 4 pousses de Dafila est marquée par un hachuré (dessins de Malin Maurer).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

 01.09

.08

 08.10

.08

 09.04

.09

 30.04

.09

 27.05

.09

 30.06

.09

 05.08

.09

 10.09

.09

 22.10

.09

 08.04

.10

 06.05

.10

 15.06

.10

 27.08

.10

 26.10

.10Prop

ortio

n du

cou

vert

vég

étal

(%) d

ans

le M

S 44

0

PASTOR DAFILA Trèfle blanc

1re année d'utilisation principale

Année du semis

Ppds (5%)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

 01.09

.08

 08.10

.08

 09.04

.09

 30.04

.09

 27.05

.09

 30.06

.09

 05.08

.09

 10.09

.09

 22.10

.09

 08.04

.10

 06.05

.10

 15.06

.10

 27.08

.10

 26.10

.10Prop

ortio

n du

cou

vert

vég

étal

(%) d

ans

le M

S 46

2

Ppds (5%)

Objectif: 30-40% de trèfle

2e année d'utilisation principale

1re année d'utilisation principale

Année du semis

2e année d'utilisation principale

Figure 4 | Evolution de la proportion du couvert végétal des trèfles violets Pastor et Dafila ainsi que du trèfle blanc dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010). Noté avant le tour de pâture, sur le mélange standard MS 440 (à gauche) et sur le MS 462 (à droite). Les barres verti-cales situent la valeur moyenne ± la plus petite différence significative (p = 0,05).

place (fig. 4). Dès l’automne de la première année d’uti-

lisation principale, la part du trèfle blanc dans le cou-

vert végétal atteignait souvent plus de 50 %, soit nette-

ment au-dessus de celle des deux variétés de trèfle

violet. Une telle proportion de trèfle dans une pâture

n’est pas souhaitée. La composition du fourrage s’en

trouve déséquilibrée, avec trop de protéines et pas

assez d’hydrates de carbone facilement métabolisables;

il en résulte un risque d’augmentation des pertes

d’azote à travers le système digestif des ruminants. De

plus, les gazons ayant une trop faible proportion de

graminées sont moins résistants au piétinement. Ce

point est particulièrement délicat en agriculture biolo-

gique où il n’est pas possible de stimuler les graminées

Page 25: Edition 1 janvier 2012

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

25Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

seconde année d’exploitation principale, a confirmé

l’abondance relative élevée du trèfle par rapport aux

graminées dans les mélanges avec trèfle blanc (fig. 5),

alors que ces valeurs étaient plus équilibrées dans les

variantes avec trèfle violet. A ce stade, on n’a pas

observé de différences significatives entre les variantes

avec trèfle violet, bien que l’abondance relative de Pas-

tor ait été légèrement plus élevée que celle de Dafila.

La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet dans

le MS 462 a influencé non seulement le rapport entre

trèfle et graminées, mais aussi les proportions de gra-

minées entre elles. En effet, la part de fétuque élevée

a fortement augmenté (p < 0,05) au détriment du ray-

grass qui a diminué significativement tandis que de la

part totale des graminées dans le couvert végétal ait

augmenté. On peut en déduire que la fétuque élevée

s’accommode mieux que le ray-grass de la présence du

trèfle violet. Un peu de trèfle blanc s’est installé dans

toutes les parcelles avec trèfle violet, cependant un

peu plus dans Dafila que dans Pastor. Le trèfle blanc a

vraisemblablement occupé les espaces libérés par la

forte régression de Dafila au cours de l’été de la

seconde année d’exploitation principale (fig. 4).

par une fumure azotée dirigée. Le trèfle violet Dafila a

aussi atteint temporairement une part élevée dans le

couvert végétal, mais il a fortement régressé vers la fin

de la seconde année d’exploitation principale. Pastor,

en revanche, a occupé une proportion assez régulière

du couvert végétal. Il n’y a qu’au printemps de la pre-

mière année d’utilisation principale dans le mélange MS

462 qu’il a dépassé 40 %; il se situait en général entre

30 et 40 %. Vers la fin de la seconde année d’exploita-

tion principale, la part de trèfle violet a nettement

régressé, aussi avec Pastor. Parallèlement à cette régres-

sion, un développement spontané de trèfle blanc a été

observé dans ces couverts végétaux.

On a constaté un certain parallélisme de l’évolution

de la proportion de trèfle dans les mélanges MS 440 et

MS 462 (fig. 4). Les différences entre les variantes de

trèfle étaient cependant légèrement plus faibles dans le

MS 462 que dans le MS 440. Dans le MS 462, il a fallu plus

de temps jusqu’à ce que le trèfle blanc atteigne une part

dans le couvert végétal plus élevée que celle des deux

variétés de trèfle violet.

Le relevé exact de la composition botanique au moyen

de la méthode Daget-Poissonnet, à l’automne de la

F.a.

F.a.

F.a.

L.p.

L.p.

L.p.

L.p.

L.p.

L.p.

P.p.

P.p.

P.p.

P.p.

P.p.

P.p.

T.p.

T.p.

T.p.

T.p.

T.r.

T.r.

T.r.

T.r.

T.r.

T.r.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Avec trèfle violet PASTOR

Avec trèfle violet DAFILA

Avec trèfle blanc

Fétuque élevée (F.a.) Ray-grass anglais (L.p.) Pâturin des prés (P.p.) Timothe

Fétuque rouge Autres graminées Trèfle violet (T.p.) Trèfle blanc (T.r.)

Dent de lion Autres dicotylédones

MS 440

MS 462

Avec trèfle violet PASTOR

Avec trèfle violet DAFILA

Avec trèfle blanc

Figure 5 | Abondance relative des différentes espèces évaluée d'après la méthode Daget-Poissonnet en automne 2010 dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010) avec les variantes basées sur les mélanges standard MS 440 et MS 462: mélange original avec trèfle blanc, mélange modifié avec trèfle violet Dafila ou Pastor à la place du trèfle blanc. Le trèfle blanc observé dans les variantes avec trèfle violet s'est installé spontanément, sans avoir été semé.

Page 26: Edition 1 janvier 2012

26

Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

Laisser grainer pour maintenir la part du trèfle violet

Malgré la meilleure aptitude de Pastor pour la pâture

que celle des variétés de trèfle violet usuelles, il subit

aussi une régression du nombre de ses plantes qui va

augmentant au fil des trois années d’observation

(tabl. 2). Pour compenser cette régression et maintenir

durablement une proportion de trèfle violet adéquate, il

faudrait que celui-ci puisse produire des graines. Dans

nos essais, les refus ont été fauchés après le passage des

animaux pour faciliter les observations et favoriser une

repousse homogène. De ce fait, le trèfle violet ne pou-

vait guère produire de graines, les quelques boutons flo-

raux formés n’ayant pas la possibilité de mûrir. En renon-

çant à la fauche des refus, les chances d’une production

de graines pourraient être augmentées. Dans un nouvel

essai de pâture en cours, des observations faites vers

l’automne de la première année d’exploitation princi-

pale (2011) semblent indiquer que Pastor aurait de

bonnes dispositions pour grainer, à condition que l’on

renonce à la fauche des refus pendant la période pro-

pice, soit en fin d’été et en automne. Dans des mélanges

fourragers contenant différentes variétés de ray-grass et

qui ne sont plus fauchés après la pâture de septembre,

on a pu dénombrer, au début d’octobre, en moyenne de

12 parcelles, 18,6 inflorescences avec des graines en cours

de maturation pour Pastor et 8,8 pour Dafila. Le poten-

tiel grainier plus élevé de Pastor tient manifestement au

fait que grâce à ses tiges basses, un plus grand nombre

d’inflorescences peuvent échapper au broutage, ce qui

n’est le cas chez Dafila.

C o n c l u s i o n s

•• Pastor est la première variété de trèfle violet dispo-

nible en Suisse pour les prairies temporaires et qui,

intégré dans un mélange de semences adéquat, a le

potentiel nécessaire pour bien supporter la pâture.

•• En système de fauche, Pastor n'a pas atteint le niveau

de rendement des variétés de trèfle violet usuelles de

type Mattenklee.

•• En revanche, en association avec la fétuque élevée

dans les essais de pâture, Pastor s'est toujours révélé

supérieur au trèfle violet Milvus. Il doit cet avantage

principalement à un nombre élevé de pousses par

plante et par unité de surface.

•• La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet

Pastor dans les mélanges standard MS 440 et MS 462

a permis d'obtenir des pâtures contenant une propor-

tion de trèfle plus stable au cours des trois années

d'utilisation (semis au printemps de la première année,

puis deux ans d'utilisation principale).

•• Pastor a en effet l'avantage de ne pas proliférer et

dominer temporairement dans le couvert végétal,

contrairement au trèfle blanc et aux variétés usuelles

de trèfle violet.

•• Une variété de fétuque élevée à feuilles fines semble

être un bon partenaire pour le trèfle violet Pastor

dans les mélanges fourragers destinés à la pâture. n

Page 27: Edition 1 janvier 2012

27

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

Bibliographie b Bouton J. H., Smith S. R. J., Wood D. T., Hoveland C. S. & Brummer E. C., 1991. Registration of 'Alfagraze' alfalfa. Crop Science 31, 479.

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b Lee M. R. F., Winters A. L., Scollan N. D., Dewhurst R. J., Theodorou M. K. & Minchin F. R., 2004. Plant-mediated lipolysis and proteolysis in red clo-ver with different polyphenol oxidase activities. Journal of the Science of Food and Agriculture 84 (13), 1639 – 1645.

b Lehmann J., 1999. Der Ertrag und Nährwert von Futterpflanzen und die Milchleistung. Vorträge für Pflanzenzüchtung 44, 102–109.

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Pastor – a new red clover suitable for grazing

For the first time, a red clover variety bred and

tested especially for its suitability for grazing

is available to Swiss agriculture. Named Pastor,

this variety traces back to crosses between an

ecotype stemming from the canton of Jura,

and Mattenklee breeding material. The new

variety is characterised by a lower, flatter

growth habit and smaller leaves than conven-

tional Mattenklee. In two plot trials where

beef cattle or suckler cows were grazed, it

performed better than the recommended

Mattenklee variety Milvus up to the end of the

second year. Pastor achieved higher percent-

ages of the total population and more plants

survived than with Milvus, and it formed at

least twice as many shoots per plant and per

unit of area as the latter. Where Pastor was

sown and grazed in the standard mixtures

recommended for pasture (SM 440 or SM 462)

instead of white clover, stands developed

which, over time, had a better-balanced

proportion of clover than was the case with

white clover or with the Mattenklee variety

Dafila. In suitable mixtures, the new red-clover

variety Pastor has the potential to take on the

role of white clover as a grazing legume for at

least three years.

Key words: breeding, cultivars, grazing, red

clover, selection, Trifolium pratense.

Pastor, un nuovo trifoglio rosso per il

pascolo

Pastor è, la prima varietà di trifoglio rosso a

disposizione dell’agricoltura svizzera,

selezionata e testata per il pascolo. Essa

risale a incroci tra un ecotipo originario del

canton Giura e alcune varietà coltivate di

trifoglio pratense lunga durata. Si distingue

per il portamento basso, rampante, e per le

foglie più piccole del trifoglio pratense lunga

durata comune. Questa varietà, in due

parcelle sperimentali pascolate da manzi e

mucche allattanti, si è mantenuta fino alla

fine del secondo anno di sfruttamento con

risultati migliori della varietà raccomandata

di trifoglio pratense lunga durata Milvus.

Pastor raggiunge un’importante copertura

vegetale con un maggior tasso di sopravvi-

venza e, rispetto a Milvus, gli individui

producono almeno il doppio di germogli per

pianta e per unità di superficie. Sostituendo

Pastor al trifoglio bianco impiegato in due

miscele standard raccomandate, SM 440 o

SM 462, le semine si sono sviluppate in una

popolazione più equilibrata rispetto alle

miscele contenenti trifoglio bianco o

trifoglio pratense lunga durata della varietà

Dafila. In miscele adeguate, la nuova varietà

di trifoglio rosso Pastor ha il potenziale di

assumere il ruolo di leguminosa da pascolo

per almeno tre anni di utilizzazione.

Page 28: Edition 1 janvier 2012

28

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

sont généralement répétés et menés à titre préventif. Il

n’existe en effet pas de modèles fiables pour le pronostic

des principales maladies fongiques attaquant les cultures

sous serre, et il est donc impossible d’appliquer un traite-

ment approprié au moment propice sur la base d’un pro-

nostic. On attend d’une protection des plantes moderne

que les agents phytosanitaires soient utilisés de manière

à la fois appropriée, efficace et économique. Une protec-

tion phytosanitaire adaptée aux cultures comprend deux

éléments: a) il faut adapter la dose du produit sélec-

tionné et le volume d’eau à la culture en question et à sa

croissance et b) le dispositif d’application doit permettre

de répartir le produit autant que possible régulièrement

et sur la totalité de la culture. Dans la plupart des cas, il

faut traiter tout le feuillage de la culture. Mais selon

l’agent pathogène et le stade de culture, il faut traiter

I n t r o d u c t i o n

Maintenir les maladies et les ravageurs en-dessous du

seuil de tolérance est un des facteurs-clé de réussite des

cultures sous serre de tomates, de concombres, d’auber-

gines et de poivrons. Les insectes nuisibles et les acariens

sont principalement tenus en échec par l’utilisation de

leurs antagonistes biologiques; l’application d’insecti-

cides et d’acaricides a nettement reculé ces dernières

années, mais ceux-ci restent occasionnellement néces-

saires dans les cas de multiplication rapide et critique des

ravageurs. Dans les serres modernes, l’expansion des

maladies fongiques peut être fortement contenue par

une bonne conduite du climat, mais elle ne peut pas tou-

jours être suffisamment contrôlée. Les traitements fon-

gicides à base de différents groupes de matières actives

Jacob Rüegg1, René Total1, Mauro Jermini2, Sebastiano Scettrini2, Ronald Wohlhauser3, Stefan Wolf3 et Graham

Sanderson3

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, Centre de Cadenazzo, 6594 Contone3Syngenta Crop Protection AG, Groupe Technique d’application (Gruppe Applikationstechnik), 4002 Bâle

Renseignements: Jacob Rüegg, e-mail: [email protected], tél. 044 783 64 28 / 079 777 26 17

Figure 1 | Aubergines variété Madonna, distance interligne 2 mètres. 14 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 53 cm, surface calculée de la haie foliaire 5340 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 2800 m² par hectare (A). 121 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 227 cm, surface calculée de la haie foliaire 22 710 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 65 000 m² par hectare (B).

A B

Page 29: Edition 1 janvier 2012

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

29Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

Rés

um

é

seulement certaines parties du feuillage. Pour la protec-

tion de l’utilisateur et de l’environnement ainsi que pour

des raisons financières, il faut aspirer à un taux de récu-

pération maximal, c’est-à-dire qu’un pourcentage aussi

élevé que possible de la quantité totale de matière

active épandue (60 – 85 %) devrait se retrouver sur la

culture. Les exigences en matière d’adaptation de la pro-

tection phytosanitaire aux conditions de culture ne sont

pas faciles à satisfaire. Avec les appareils habituels, on

constate souvent une répartition assez irrégulière des

produits phytosanitaires sur l’ensemble des cultures, la

face inférieure des feuilles, notamment, n’étant que peu,

voire jamais atteinte. En collaboration avec l’industrie,

ACW évalue actuellement les dispositifs existants et nou-

veaux pour les traitements phytosanitaires. Le travail

présenté ici se penche également sur le problème de

l’adaptation de la dose de produit et du volume d’eau à

la surface foliaire de la culture considérée, aspect qui n’a

pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Un premier

pas important est d’arriver à mieux cibler la surface

foliaire à traiter et à la caractériser correctement au

moyen d’une valeur de référence aussi simple que pos-

sible.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Entre 2009 et 2010, ACW a procédé à des mesures répé-

tées dans ses propres cultures de tomates, de concombres,

d’aubergines et de poivrons, ainsi que dans des exploita-

tions du sud et du nord de la Suisse (fig. 1 à 3). A des

intervalles d’une à trois semaines, la hauteur et la lar-

geur de la haie foliaire ont été mesurés pour dix plants

représentatifs, et le nombre de feuilles par plant a été

compté. Des échantillons représentatifs de feuilles ont

été prélevés et la projection de leur surface a été déter-

minée électroniquement (planimètres de la maison

LI-COR Inc. Lincoln, Nebraska USA; modèle stationnaire

LI-3100A et modèle portatif LI-3000A; fig. 3a). Le nombre

de plants par hectare a pu être déterminé à partir des

intervalles entre les plants dans les lignes et des distances

entre les lignes. Avec ces données, la surface foliaire par

plant et par hectare a été calculée.

Pour les plants d’aubergine (fig. 1a, 1b), de concombre

(fig. 2a, 2b) et de poivron, l’augmentation hebdoma-

daire de la surface de la haie foliaire et de la surface du

feuillage était assez variable. La surface ciblée par le

traitement phytosanitaire se modifiait fortement au

cours de la croissance, les résultats obtenus n’étant pas

les mêmes pour toutes les cultures. Les données dispo-

nibles jusqu’ici devront être complétées par des mesures

supplémentaires pour pouvoir livrer une image plus

complète de la croissance du feuillage.

Actuellement, les praticiens ne savent pas

exactement comment adapter le dosage des

fongicides, insecticides et acaricides à la crois-

sance des cultures maraîchères de grande

taille sous serre (tomates, concombres,

aubergines et poivrons). Dans la plupart des

cas, les produits de lutte contre les ravageurs

et les champignons doivent être appliqués

sur le feuillage. Des mesures préliminaires

montrent que la surface du feuillage des

cultures d’aubergine, de concombre et de

poivrons, peut être estimée indirectement et

avec suffisamment de précision via la surface

de la haie foliaire, elle-même simple à

déterminer. Pour les tomates, des mesures

complémentaires sont nécessaires en raison

de la diversité des formes de cultures et des

variétés. Un modèle de travail est proposé

provisoirement à partir de l’hypothèse

suivante: une haie foliaire de 20 000 m² par

hectare correspond à la quantité de base de

produit, calculée à partir du volume de base

d’eau de 1000 litres par hectare et de la

concentration d’application autorisée. Tout

comme en arboriculture, en viticulture et

dans les cultures de baies, le volume de

bouillie à concentration simple pourrait alors

être adapté de manière linéaire à la hausse

ou à la baisse, en fonction de la surface de la

haie foliaire. Ce modèle provisoire de dosage

devra être validé par des mesures et des

essais supplémentaires. De plus, d’autres

améliorations doivent être réalisées au

niveau des outils d’application afin que le

volume de bouillie puisse être réparti autant

que possible régulièrement sur la totalité de

la culture traitée.

Page 30: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

30 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Comme expliqué brièvement, la détermination de la sur-

face du feuillage d’une culture est une procédure com-

pliquée. Il est donc logique de rechercher une référence

qui permette de décrire la surface du feuillage simple-

ment, rapidement et avec une précision acceptable. La

hauteur de la haie foliaire, soit la distance entre la feuille

la plus basse et le sommet de la tige, est simple et facile

à déterminer. Le producteur connaît la distance entre les

lignes de par les modalités de plantation, et c’est aussi

une valeur est aisément vérifiable. A partir de ces deux

valeurs simples à mesurer, il est facile de calculer par hec-

tare la surface de la haie foliaire des deux côtés des

lignes de plantation et pour toutes les lignes. La figure 4

présente, à l’exemple de l’aubergine, les mensurations

nécessaires et le calcul qui en résulte. De manière analo-

gue, il est possible de déterminer rapidement et à tous

les stades de croissance la surface de la haie foliaire pour

les concombres, les poivrons et les tomates. Les figures 5

et 7 montrent, pour l’aubergine et le concombre, l’évo-

lution de la surface de la haie foliaire et de la surface

effective du feuillage pendant la croissance de ces

cultures.

Figure 3a | Projection de la surface foliaire d’un nombre représen-tatif de feuilles par plant de poivron – la surface foliaire est mesu-rée électroniquement au moyen d’un planimètre mobile. Chaque instant de mesure repose sur un échantillon de dix plants.

Figure 3b | Poivrons variété Derby, distance interligne 2,2 mètres. 57 jours après la plantation, hauteur de la haie foliaire 102 cm; sur-face calculée de la haie foliaire 9309 m² par ha, surface foliaire ob-tenue environ 11 500 m² par hectare.

Figure 2 | Concombres variété Loustik, distance interligne 2 mètres. 16 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 80 cm, surface calculée de la haie foliaire 8100 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 3000 m² par hectare (A). 56 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 332 cm, surface calculée de la haie foliaire 33 200 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 22 500 m² par hectare (B).

A B

Page 31: Edition 1 janvier 2012

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

31Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

pour les tomates, malgré les différences inter-variétés, la

surface de la haie foliaire est une valeur appropriée pour

la caractérisation de la surface du feuillage.

Sur la base des mesures déjà effectuées, nous par-

tons provisoirement de l’hypothèse que la surface de la

haie foliaire permet d’estimer avec suffisamment de

précision la surface du feuillage, et donc la surface à

cibler par les traitements fongicides, insecticides et aca-

ricides des cultures d’aubergines, de concombres, de

tomates et de poivrons. La prochaine étape est de savoir

comment la valeur «surface de la haie foliaire» peut être

traduite en prescriptions de dosage.

La surface de la haie foliaire, paramètre facile à détermi-

ner, est-elle cependant une référence appropriée pour

la description de la surface effective du feuillage? Des

calculs de régression (fig. 6 et 8) montrent qu’il existe

réellement une association valable entre les deux sur-

faces. Concrètement, la surface approximative du

feuillage peut être déduite de la surface de la haie

foliaire. Pour les cultures de poivrons aussi, les mesures

effectuées jusqu’ici (fig. 9) montrent que la surface de la

haie foliaire, rapide et simple à déterminer, peut être

prise indirectement comme référence pour la détermi-

nation de la surface foliaire totale. Nous présumons que

Figure 4 | Calcul de la surface de la haie foliaire à l'exemple d'une culture d'aubergines.

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

90 000

0 14 28 42 56 70 84 98 112 126 140 154 168 182

Jours depuis la plantation

Surface de la haie foliaire en m² par ha Surface du feuillage en m² par ha

Distance entre les plants 60 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,67

Figure 5 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d'une culture d'auber-gines de la variété Madonna, du 7e au 176e jour après la plantation.

Hauteur de la haie foliaire

Distance entre les doubles lignes

Calcul de la surface de la haie foliaire en m² par hectare:

2 × hauteur de la haie foliaire m × 10 000 m²

Distance entre les doubles lignes en m

Exemple: Hauteur de la haie foliaire 2,2 m, distance entre les doubles lignes 2,0 m

2 × 2,2 m × 10 000 m²

2,0 m = 22 000 m²

Page 32: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

32 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

C o n c l u s i o n s

En Suisse, la plupart des autorisations de produits phyto-

sanitaires destinés à être épandus en serre préconisent

une certaine concentration d’utilisation (voir informa-

tion dans l’encadré). L’utilisateur sait quelle concentra-

tion le produit doit avoir dans la bouillie, mais la quan-

tité de bouillie, et donc de produit, à appliquer sur la

culture en question reste vague. ACW et le groupe Tech-

nique d’application de l’entreprise Syngenta Crop Pro-

tection AG entretiennent depuis de nombreuses année

une bonne collaboration dans le domaine de l’arboricul-

ture, de la viticulture et de l’horticulture. Ils ont analysé

les données actuellement disponibles en Suisse et à

l’étranger sur les cultures maraîchères conduites sous

serre. Un modèle de travail provisoire est actuellement

40 000

y = 0,0009×1,7864 R² = 0,9103 N=90

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

90 000

100 000

0 24 000 28 000 32 000 36 000

Surfa

ce d

u fe

uilla

ge e

n m

² par

ha

Surface de la haie foliaire en m² par ha

Distance entre les plants 60 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,67

4000 8000 12 000 16 000 20 000

Figure 6 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les aubergines de la variété Madonna.

0

5000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Jours depuis la plantation

Surface de la haie foliaire en m² par ha Surface du feuillage en m² par ha

Distance entre les plants 80 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,25

Figure 7 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d’une culture de concombres de la variété Loustik, du 7e au 77e jour après la plantation.

Page 33: Edition 1 janvier 2012

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

33Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

foliaire de 15 000 m²/ha, le volume de bouillie, moyen-

nant une concentration inchangée, serait abaissé à

750 l/ha. Inversement, pour une surface de haie foliaire

de 30 000 m²/ha, le volume de bouillie serait augmenté

à 1500 l/ha. Dans la pratique, il faudrait donc calculer la

surface de la haie foliaire et la diviser par 20 pour obte-

nir le volume de bouillie à la concentration simple auto-

risée du produit phytosanitaire. Ce modèle de travail est

en discussion, qu’il s’agira encore de vérifier et de com-

pléter avec des données supplémentaires, puis de valider.

Ce modèle se base sur l’hypothèse selon laquelle la

quantité de base de produit, calculée à partir de la

concentration d’application autorisée et de la quantité

de base d’eau de 1000 litres par hectare, doit se référer à

une surface de la haie foliaire de 20 000 m² par hectare.

Si, pour une culture, on obtient une surface de haie

0

5000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

0 5000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000

Surfa

ce d

u fe

uilla

ge e

n m

² par

hec

tare

Surface de la haie foliaire en m² par hectare

y = 0,0222 × 1,3285 R² = 0,9664 N=100

Distance entre les plants 80 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,25

0

5000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

0

Surfa

ce d

u fe

uilla

ge e

n m

² par

hec

tare

y = 0,0007 × 1,8179 R² = 0,9433 N= 110

2500 5000 7500 10 000 12 500 15 000 17 500 20 000

Surface de la haie foliaire en m² par hectare

Figure 8 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les concombres de la variété Loustik.

Figure 9 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les poivrons des variétés Derby, Golden Summer et Selmabel.

Page 34: Edition 1 janvier 2012

34

Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

maintenant en discussion dans le contexte européen, en

arboriculture, en viticulture comme en horticulture.

Moyennant des adaptations éventuelles aux différentes

cultures maraîchères, il devra être validé par d’autres

essais et mesures quant à son effet et aux résidus. Toute-

fois, pour pouvoir être appliqué avec succès dans la pra-

tique, il est nécessaire de travailler avec des outils d’ap-

plication qui dispersent bien la bouillie dans la culture, y

compris sur la face inférieure des feuilles. Des instru-

ments bien conçus et adaptés à la culture devraient assu-

rer un taux de récupération aussi élevé que possible.

Les travaux et discussions menés jusqu’ici avec des

collègues en Europe permettent d’espérer que nous

nous trouvons sur une voie prometteuse. Il y a certes

encore un certain travail à faire jusqu’à l’établissement

de recommandations solides, valables pour la pratique,

en Suisse comme dans nos pays voisins en Europe. On

peut cependant tabler sur l’élaboration de solutions

concrétisables pour les importantes cultures sous serre

que sont la tomate, le concombre, l’aubergine et le poi-

vron, à l’instar des modèles de dosage valables et de

bons instruments sont déjà appliqués en horticulture

(Rüegg J. et Viret O. 1999; Rüegg J. et al. 1999), en viti-

culture (Siegfried W. et al. 2007) et dans les cultures de

baies (Rüegg J. et Neuweiler R. 2003). n

Dosage des produits phytosanitaires

Pour la plupart des fongicides, des insecticides

et acaricides, les autorisations de produits phy-

tosanitaires actuellement en vigueur en Suisse

se contentent d’indiquer une concentration

en % pour la préparation de la bouillie desti-

née aux cultures sous serre. Dans d’autres pays

européens, on indique souvent la quantité de

produit par 100 litres de bouillie. La quantité

de produit par hectare est habituellement cal-

culée pour une quantité de base d’eau de 1000

litres par hectare. Un dosage uniforme par hec-

tare fait toutefois peu de sens parce que les

plantes grandissent, raison pour laquelle une

adaptation à la croissance de la culture serait

souhaitable (Rüegg J. et al. 2007; Albert R. et

al. 2009).

Page 35: Edition 1 janvier 2012

35

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographie b Rüegg J. & Viret O., 1999. Determination of the tree row volume in stone fruit orchards as a tool for adapting the spray dosage. EPPO Bulletin 29, 95–101.

b Rüegg J., Siegfried W., Holliger E., Viret O. & Raisigl U., 1999. Anpassung der Menge des Pflanzenschutzmittels an das Baumvolumen der Kern- und Steinobstbäume. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 9, 237–240.

b Rüegg J. & Neuweiler R., 2003. Massgeschneiderter Pflanzenschutz in Beerenkulturen. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 4, 1–12.

b Rüegg J., Heller W., Baur R., Krauss R. & Neuweiler R. 2007. Pflanzen-schutzmittel im Gemüsebau: Dosierung und Wasservolumen. Der Gemü-sebau 5, 9.

b Siegfried W., Viret O., Huber B. & Wohlhauser R., 2007. Dosage of plant protection products adapted to leaf area index in viticulture. Crop Pro-tection 26, 73–82

b Albert R., Luedtke H. &Merz F., 2009. Pflanzenschutz im Erwerbsgemüse-bau 2009. Landwirtschaftliches Technologiezentrum Augustenberg (LTZ), 76227 Karlsruhe, Baden-Württemberg.

Crop-adapted crop protection measures in

high-growing greenhouse vegetables

Currently the grower of glasshouse crops

such as tomatoes, cucumbers, eggplants or

sweet pepper does not have a clear guid-

ance on how to adapt the dosage of

fungicides, insecticides or acaricides to his

growing crops. In most cases the total leaf

area of the crop represents the target area

for the application of crop protection

products against diseases and pests. Prelimi-

nary measurements on eggplants, cucum-

bers and sweet pepper show that the total

leaf area can be adequately estimated by the

leaf wall area which is easy and quick to

determine. More measurements will be

necessary for tomatoes since the many varie-

ties and forms of cultivation complicate

matters here considerably. As a tentative

model to estimate the total leaf area the leaf

wall area is suggested whereby a leaf wall

area of 20 000 m² per hectare would corre-

spond to a single strength spray broth

volume of 1000 liters per hectare. Similarly

to models used in fruit-, berry- and grape

production, the dose of the crop protection

product would be increased or decreased

linearly in relation to a greater or smaller

leaf wall area. This tentative model must be

tested and verified through further experi-

ments and measurements. In addition to

better crop adapted dosage of crop protec-

tion products current spray equipment used

in glasshouses must be improved so as to

achieve an even spray deposit on the entire

canopy and a high rate of product recovery

on the crop.

Key words: leaf area model, dosage, crop

protection products, vegetables, glasshouse,

eggplant, cucumber, sweet pepper, tomato,

crop adapted spraying.

Sulla via verso una protezione fitosanitaria

adattata alla coltura di ortaggi a crescita

indeterminata in serra

Attualmente per i produttori non è molto

chiaro come adattare il dosaggio di fungicidi,

insetticidi e acaricidi alla crescita delle

colture a crescita indeterminata in serra

come pomodori, cetrioli, melanzane e

peperoni. Nella maggior parte dei casi

l’obiettivo nell’uso dei prodotti contro

parassiti e malattie fungine deve essere

orientato alla superficie fogliare della

coltura. Misurazioni preliminari mostrano

che la superficie fogliare delle colture di

melanzane, cetrioli e peperoni può essere

stimata indirettamente e in modo sufficien-

temente preciso mediante il semplice

rilevamento della superficie della parete

fogliare. Nel pomodoro, a causa dei diversi

sistemi di coltura e delle numerose varietà, è

necessario eseguire ulteriori misurazioni.

Proponiamo come modello di lavoro provvi-

sorio, una superficie fogliare di 20 000 m²/ha

come base di riferimento per una poltiglia di

1000 l/ha contenente il prodotto alla

concentrazione omologata. Come per la

coltivazione di frutti, uva e bacche la

poltiglia aumenterà, o diminuirà, linear-

mente a dipendenza della superficie della

parete fogliare presente. Questo modello di

dosaggio provvisorio dovrà essere validato

attraverso ulteriori misure e prove. Per

quanto concerne le irroratrici, bisognerà

migliorare la loro capacità di distribuzione

della poltiglia in modo da ottenere una

copertura la più completa possibile della

coltura.

Page 36: Edition 1 janvier 2012

36

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

I n t r o d u c t i o n

Depuis 1979, dans le cadre de l’enquête annuelle sur les

foins séchés ventilés ou séchés au sol, la centrale de vul-

garisation agricole AGRIDEA collecte sur tout le terri-

toire national les résultats d’analyses (constituants orga-

niques, minéraux et valeurs nutritives calculées) pour les

ruminants, les interprète et les diffuse (Boessinger et al.

2011). Les données traitées proviennent des principaux

laboratoires helvétiques d’analyses pour aliments. Au-

delà de l’intérêt direct des résultats d’analyses pour le

client, la synthèse des résultats constitue un outil de

référence pour la vulgarisation, l’enseignement et la

pratique, car elle livre chaque année des valeurs

moyennes par région. A long terme, cette mise en valeur

permet de suivre l’évolution de la qualité des fourrages

secs sur une période, en relation avec le climat, le sol et

les modes d’exploitation (Boessinger et al. 2010; Python

et al. 2010).

Les objectifs de la présente étude étaient, sur la base

des données de l’enquête 2005 à 2009, d’évaluer statis-

tiquement les facteurs d’influence significatifs sur la

qualité des fourrages secs, en particulier de répondre

aux interrogations suivantes:

•• Quelles sont les influences des facteurs année, région,

altitude et composition botanique sur les valeurs

nutritives (constituants organiques, minéraux et

oligoéléments) des fourrages secs ventilés?

Selon la situation de la parcelle, la météo, les caractéristiques du sol et l’exploitation influencent différemment la composition et la qualité du foin. (Photo: AGRIDEA)

Pascal Python et Marc Boessinger, AGRIDEA 1006 Lausanne

Renseignements: Marc Boessinger, e-mail: [email protected], tél. +41 52 354 97 68

Page 37: Edition 1 janvier 2012

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

37Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

Rés

um

é

Les résultats d’analyses de 1077 échantillons

de fourrages secs ventilés provenant de

l’enquête 2005–2009 d’AGRIDEA ont été

utilisés dans une mise en valeur statistique

pour mettre en évidence l’influence des

facteurs année, région, altitude et composi-

tion botanique sur les constituants orga-

niques, minéraux et oligoéléments des

fourrages secs ventilés.

Les résultats indiquent une influence

significative de la région sur la majorité des

teneurs, cuivre excepté. L’altitude agit sur la

cellulose brute, les minéraux majeurs, la

manganèse et le zinc. L’année exerce une

influence significative sur une grande partie

des teneurs, à l’exception de la matière

azotée, des cendres et du potassium. Les

échantillons issus de prairies équilibrées ou

riches en graminées n’ont pas permis de

détecter des influences significatives en

raison de leur grand nombre.

La mise en valeur donne un reflet représenta-

tif de la qualité régionale des fourrages secs

de la Suisse. Les différences entre régions

fourragères intensives et régions d’altitude

sont parfois importantes. A l’avenir, ces

données devraient connaître une utilisation

accrue dans les banques de données pour

aliments ou dans le système d’information

géographique.

•• Quelle est la représentativité des données de

l’enquête pour décrire la qualité régionale des

fourrages secs par rapport aux références de la Base

suisse de données des aliments pour animaux de

Agroscope Liebefeld-Posieux ALP (feed-ALP; 2009)?

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Echantillons

L’ensemble des résultats d’analyse utilisés dans la mise

en valeur provient d’un seul laboratoire (UFAG SA), évi-

tant ainsi les différences liées aux laboratoires. Cinq

types d’information sur l’origine des échantillons étaient

disponibles: a) foin (1re coupe) ou regain (coupes sui-

vantes), b) mode de conservation: ventilé ou séché au sol,

c) composition botanique selon l’ADCF (2007), d) attribu-

tion à l’une des 12 régions (fig. 1) grâce au numéro pos-

tal de l’exploitation et e) altitude de l’exploitation

(répartition en 4 classes: ≤ 599; 600 – 799; 800 – 999;

≥ 1000 m au-dessus du niveau de la mer).

Figure 1 | Découpage de la Suisse en 12 régions pour l’enquête sur les fourrages secs.

en g/kg MS en mg/kg MS

MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn

n 1073 1076 460 460 457 1054 1054 1076 1066 1073 212 214 216 216 212

Minimum 76,0 172,3 424,0 223,0 70,0 65,0 3,8 1,7 1,1 14,1 0,08 75,9 5,6 17,6 20,1

Maximum 185,0 316,0 594,0 356,0 196,0 161,3 12,4 4,7 3,7 40,1 0,77 1363,0 10,1 194,8 44,5

Médiane 129,0 245,2 489,0 280,0 123,0 110,3 7,2 3,5 2,2 28,5 0,3 474,0 7,9 75,7 30,1

Moyenne, 128,6 245,0 491,4 279,5 126,9 111,5 7,4 3,4 2,2 28,0 0,29 530,7 7,9 82,1 30,6

Ecart-type, s 16,4 21,5 33,5 22,6 25,0 14,7 1,5 0,5 0,5 4,4 0,15 268,1 0,9 36,8 4,5

Cœff. de variation % 12,7 8,8 6,8 8,1 19,7 13,2 20,1 15,8 20,1 15,6 50,1 50,5 11,1 44,9 14,8

Tableau 1 | Valeurs nutritives des fourrages secs ventilés, 2005 – 2009

echantillons: 12008 – 2009, 22009.

Page 38: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

38 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

Au total, les analyses de 1077 échantillons de fourrages

secs ventilés prélevés de 2005 à 2009 ont été incluses

dans la mise en valeur. Le nombre d’analyses (n) par

région est indiqué dans le tableau 3. Les analyses effec-

tuées englobent la matière sèche (MS), la cellulose brute

(CB), la matière azotée (MA), les cendres (CE), le calcium

(Ca), le phosphore (P), le magnésium (Mg) et le potas-

sium (K). De plus, les analyses sur les teneurs en parois

(NDF), lignocellulose (ADF) et sucres étaient connues

pour 460 de ces échantillons pour les années 2008 et

2009; et 218 échantillons pour 2009, avec les teneurs,

pour la première fois, en sodium (Na), fer (Fe), cuivre

(Cu), manganèse (Mn) et zinc (Zn).

Analyse statistique

Les effets des facteurs année, région, altitude et compo-

sition botanique, de même que les interactions entre ces

facteurs, sur les caractères teneurs d’analyses des consti-

tuants organiques et minéraux, ont été testés par l’esti-

mation du modèle linéaire par la méthode du Maximum

Likelihood. La méthode statistique de Tukey-Kramer a

été utilisée pour comparer les moyennes significatives.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Statistiques descriptives

Les teneurs d’analyses des constituants organiques et

minéraux sont résumées dans le tableau 1. Le coefficient

de variation atteint presque 50 % pour le Fe, Mn et Na. Il se

situe entre 15 et 20 % pour les autres minéraux analysés.

Dès 1000 m d’altitude, la majorité des écarts-types double

par rapport à la classe précédente d’altitude (tabl. 2).

La répartition des moyennes et écarts-types par région

(tabl. 3) montre quelques extrêmes entre les régions. Les

Grisons (10) et le Valais (12) sont les régions avec les

teneurs les plus basses en MA, P et K, et les plus élevées

en Ca et Mg. Ces régions ont une majorité d’analyses

issues de parcelles provenant de 1000 m d’altitude et

plus, dont l’intensité d’exploitation et de fumure est

habituellement plus faible que dans les régions de basse

altitude. A l’opposé, les régions fourragères intensives

telles Berne-Soleure (4) et la région vaudoise (2) produi-

sent des fourrages avec les teneurs les plus élevées en

MA; Lucerne-Argovie (6) et Zurich-Thurgovie (8) ont les

teneurs les plus élevées en P. Les fourrages secs les plus

riches en K se situent dans les régions Lucerne-Argovie

(6) et Berne-Soleure (4).

Analyses par région, altitude et composition botanique

Le tableau 3 contient l’ensemble des moyennes et écarts-

types par région. Un nombre restreint d’analyses était

disponible pour les régions 1, 2, 5, 10 et 12, et aucune

analyse pour la région du Tessin (11). La répartition des

1077 échantillons par altitude était la suivante (tabl. 2):

380 échantillons à moins de 600 m, 385 entre 600 et 799

m, 235 entre 800 et 999 m, et 77 à 1000 m et plus (soit

moins de 10 % des échantillons).

La répartition des échantillons selon la composition

botanique était la suivante: 433 de prairies équilibrées

(E, autres graminées), 448 échantillons issues de prairies

équilibrées (ER, principalement ray-grass), 92 de prairies

riches en graminées (G, autres graminées), 89 de prairies

riches en graminées (GR, principalement ray-grass) et

15  échantillons de prairies riches en diverses autres

Altitude n

en g/kg MS en mg/kg MS

(m) MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn

a) ≤ 599 380

IA= s2(n – 1) x 130,2 245,9 494,2 276,9 133,5 109,6 7,1 3,5 2,1 29,2 0,3 436,2 7,8 56,7 28,4

s 0,9 1,1 2,2 1,9 2,2 0,7 0,1 0,02 0,02 0,2 0,02 27,6 0,1 2,3 0,4

b) 600 – 799 385

IA= s2(n – 1) x 129,4 246,3 492,7 279,3 126,0 112,4 7,3 3,5 2,2 28,7 0,3 560,1 7,9 79,6 30,7

s 0,8 1,1 2,6 1,6 1,8 0,8 0,1 0,03 0,02 0,2 0,02 27,3 0,1 3,2 0,5

c) 800 – 999 235

IA= s2(n – 1) x 127,4 240,8 482,4 279,5 122,8 113,8 7,6 3,3 2,4 26,7 0,2 586,7 8,0 114,6 32,9

s 1,0 1,4 3,7 2,1 2,0 1,0 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 41,4 0,1 5,3 0,6

d) ≥ 1000 77

IA= s2(n – 1) x 120,0 246,7 501,7 298,6 107,1 109,4 8,8 2,8 2,5 23,1 0,3 652,6 7,5 108,6 32,3

s 1,6 2,4 8,0 4,1 3,3 1,9 0,2 0,07 0,06 0,5 0,05 108,3 0,3 10,4 1,1

Tableau 2 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par altitude, 2005 – 2009

echantillons: 12008 – 2009, 22009.

Page 39: Edition 1 janvier 2012

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

39Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

2008, et entre 2005 et 2009. Durant l’année 2005, les four-

rages récoltés étaient de bonne qualité en raison des

bonnes conditions météorologiques, d’où des valeurs

logiquement plus basses en CB (233,4 ± 1,4 g/kg MS) en

comparaison des années 2008 et 2009 avec des conditions

majoritairement défavorables et donc des teneurs élevées

en CB (250,3 ± 1,4 g et 253,4 ± 1,2 g/kg MS). La moyenne

de la teneur en Ca pour l’année 2008 est significativement

plus basse (6,8 ± 0,08 g/kg MS) qu‘en 2006 (7,8 ± 0,1 g/kg

MS), 2007 (7,1 ± 0,1 g/kg MS) et 2009 (7,7 ± 0,1 g/kg MS).

Facteur région

Le facteur région influence significativement la majorité

des teneurs (tabl. 4). Les teneurs en CE et en Mn ne sont,

quant à elles, que faiblement reliées au facteur région.

Le test ne met en évidence aucune influence de ce fac-

teur sur les teneurs en cuivre.

plantes ou légumineuses. La majorité (98,6 %) des

échantillons provient de prairies équilibrées ou riches en

graminées.

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives

Facteur année

Le tableau 4 montre que la grande majorité des valeurs

nutritives (CB, NDF, sucres, CE, Ca, P, Mg) sont significati-

vement influencées par l’année et par les conditions

météorologiques qui conditionnent la date de coupe et

le séchage. Seules les teneurs moyennes MA, ADF et K ne

sont pas influencées d’une année à l’autre. Comme nous

n’avions que les analyses de 2009 pour les oligoéléments

et le sodium, le facteur année n’a pas pu être testé statis-

tiquement pour ces teneurs.Par exemple, les moyennes de la teneur en CB sont

significativement différentes entre les années 2005 et

en g/kg MS en mg/kg MS

Région n MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn

1 JU, NE 23IA= s2(n – 1) x 126,6 263,5 509,4 301,9 106,9 111,4 8,0 3,3 1,9 27,5 0,4 574,9 7,8 67,4 27,6

s 3,6 5,8 11,4 6,2 4,7 3,1 0,4 0,1 0,1 1,0 0,04 95,7 0,3 5,7 1,5

2 VD 22IA= s2(n – 1) x 131,2 248,8 109,1 8,1 3,4 2,1 29,3

s 5,3 4,5 3,5 0,4 0,1 0,1 0,9

3 BE, FR 251IA= s2(n – 1) x 122,8 251,0 506,0 291,6 116,6 112,7 7,2 3,3 2,2 26,5 0,3 521,4 7,7 103,8 32,6

s 1,0 1,3 3,8 2,1 1,7 1,0 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 36,5 0,1 5,7 0,8

4 BE, SO 55IA= s2(n – 1) x 134,0 262,8 511,2 296,8 106,8 110,9 7,5 3,5 2,0 29,8 0,4 437,4 8,0 69,4 28,4

s 2,5 2,8 5,0 3,5 3,4 1,8 0,2 0,1 0,04 0,6 0,04 98,7 0,3 9,1 0,9

5 BS, BL 2IA= s2(n – 1) x 122,0 265,5 105,0 8,8 3,4 2,6 26,2

6 LU, AG 201IA= s2(n – 1) x 130,2 251,1 506,2 279,0 133,7 107,5 6,5 3,7 1,9 30,1 0,3 349,5 7,6 61,7 28,1

s 1,3 1,3 2,7 2,1 2,8 1,0 0,1 0,03 0,02 0,3 0,02 38,6 0,2 3,9 0,8

7OW, NW, SZ, UR

127

IA= s2(n – 1) x

127,8 240,0 475,1 271,5 131,5 117,2 7,9 3,3 2,2 27,6 0,3 621,5 8,0 82,4 31,7

s 1,2 1,3 3,2 2,0 3,0 1,4 0,1 0,05 0,03 0,3 0,02 40,0 0,1 4,7 0,6

8 ZH, TG 229IA= s2(n – 1) x 132,3 237,6 478,4 269,8 135,3 110,8 7,3 3,6 2,4 29,1 0,3 540,4 8,2 63,7 29,7

s 1,1 1,4 2,9 2,6 2,7 0,9 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 40,5 0,1 4,7 0,6

9 GL, AR, AI 138IA= s2(n – 1) x 130,7 229,3 467,4 268,8 131,2 113,7 7,9 3,3 2,6 27,2 0,2 612,5 8,0 106,7 31,8

s 1,0 1,5 2,9 1,9 2,7 1,2 0,1 0,04 0,04 0,3 0,03 42,0 0,1 7,1 0,6

10 GR 24IA= s2(n – 1) x 120,5 254,1 101,1 9,3 2,6 2,6 21,1

s 3,3 4,0 2,7 0,4 0,1 0,1 1,2

12 VS 5IA= s2(n – 1) x 117,0 240,2 117,3 10,3 2,4 3,1 23,8

s 4,0 3,4 15,1 1,0 0,3 0,2 2,8

Tableau 3 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par région, 2005–2009

echantillons: 12008 – 2009, 22009.

Page 40: Edition 1 janvier 2012

Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

40 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

La moyenne de la région 1 (JU, NE) se différencie signifi-

cativement des moyennes des régions 7, 8 et 9 (Suisse

centrale et orientale) pour la CB et le Mg. Ces différences

sont liées avant tout à la répartition déséquilibrée des

échantillons par altitude. La moyenne pour la teneur en

CB, NDF, ADF et Na de la région 4 (BE, SO) est aussi signi-

ficativement différente des régions 8 (ZH, TG) et 9 (GL,

AR, AI), où les conditions météorologiques locales sem-

blent être responsables. Lorsqu’on se penche sur le cas

du P, seule la région 3 (BE, FR) se différencie significative-

ment de la moyenne de la région 8 (ZH, TG).

Facteur altitude

L’altitude, qui se traduit par des effets du climat, par une

intensité d’exploitation et une composition botanique

modifiées, a une influence significative sur les teneurs

en CB, Ca, P, Mg, K, Mn et Zn. Par contre, le facteur alti-

tude n’influence pas les teneurs en MA, NDF, ADF, sucres,

CE, Na, Fe et Cu. Il est à observer que le cuivre est l’une

des seules teneurs qui ne dépend ni de la région, ni de

l’altitude (P > 0,05; tabl. 4), et son coefficient de varia-

tion est l’un des plus bas (11 %) parmi les minéraux ana-

lysés (tabl. 1).

Effet MA CB NDF ADF Sucres CE Ca P Mg K Na Fe Cu Mn Zn

Année n.s. ** ** n.s. ** ** ** * ** n.s. NA NA NA NA NA

Région * ** ** ** ** P = 0,06 ** ** ** ** ** * n.s. P = 0,08 *

Altitude n.s. ** n.s. n.s. n.s. n.s. * ** ** ** n.s. n.s. n.s. ** **

Compos. bot. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. P = 0,10 n.s. n.s. n.s. P = 0,07 n.s. n.s. n.s.

Tableau 4 | Résultats du test avec Maximum-Likelihood

*P ≤ 0,05 ; **P ≤ 0,01 ; n.s.: non significatif; nA : non analysé.

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

4,0

4,5

5,0

10 15 20 25 30 35 40

Tene

ur e

n P

[g/k

g M

S]

Teneur en K [g/kg MS]

feed-ALP Enquête 2005-09 linéaire (Enquête)

Figure 2 | Corrélation des teneurs en phosphore (P) et potassium (K) des fourrages secs ventilés.

Page 41: Edition 1 janvier 2012

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

41Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

De plus, les régions fourragères très intensives telles

que  la région 6 (LU, AG), P = 3,7 ± 0,03 g et K = 30,1

± 0,3 g/kg MS, et la région 8 (ZH, TG), P = 3,6 ± 0,03 g et

K = 29,1 ± 0,3 g/kg MS, ont les teneurs les plus élevées de

l’enquête en P et en K. Pourtant, les teneurs de l’en-

quête de ces deux régions se situent en dessous des

valeurs de références feed-ALP.

Autres minéraux

Dans les résultats, quatre coefficients de corrélation de

Pearson sont supérieures à 0,50: R = 0,64 entre Ca et Mg

(n = 1050), R = 0,56 entre Cu et Mg (n = 215), R = 0,54

entre Zn et Mn (n = 210) et R = 0,54 entre Mg et Zn (n =

211).

C o n c l u s i o n s

•• La région, en particulier ses spécificités naturelles et

anthropogéniques, influence fortement la plupart des

teneurs du fourrage sec. L’influence de la région

englobe l’altitude, des facteurs tels que le climat

(pluviométrie, température, exposition), l’intensité

d’exploitation et de fumure, et les caractéristiques du

sol. La teneur en cuivre est l’unique élément qui ne

dépend ni de la région, ni de l’altitude. Il est à

remarquer que nous n’avions à disposition qu’un

faible volume d’analyses pour le cuivre de même que

pour les autres oligoéléments.

•• La question de la représentativité des échantillons se

pose pour les données de l’enquête sur les fourrages

secs. Il ne s’agit pas d’un échantillonnage homogène

car seules les exploitations intéressées par les résultats

d’analyse envoient leurs échantillons. En outre,

l’échantillon n’est souvent pas clairement déterminé.

Des différences significatives sont observées pour la

teneur en CB entre les altitudes a) et c), b) et c) et pour la

teneur en Mg entre a) et b) jusqu’à d). Pour K, seule la

moyenne de l’altitude a) se différencie significativement

de l’altitude d). Pour P, il n’y a qu’une tendance entre

l’altitude a) et d) (tabl. 2).

Facteur composition botanique

Il est connu que les prairies contenant des autres plantes,

légumineuses ou luzernes, se distinguent par des teneurs

plus élevées en Mg et Ca que les prairies à forte propor-

tion en graminées et équilibrées. Avec seulement 15 ana-

lyses, il n’a pas été possible de contrer la forte représen-

tation des échantillons de prairies riches en graminées

pour mettre en évidence des différences significatives.

Seuls deux légers effets de la composition botanique sur

les teneurs en phosphore (P = 0,10) et le fer (P = 0,07)

sont à relever (tabl. 4).

Corrélation des teneurs en minéraux

Phosphore et potassium

Le coefficient de corrélation de Pearson entre P et K est

de 0,72. Daccord et al. (2001) avait déjà relevé une corré-

lation élevée. La figure 2 montre la relation entre ces

deux caractères de 1074 analyses d’où la régression sui-

vante est déduite: P [g/kg MS] = 0,089 × K [g/kg MS] +

0,935, R2 = 0,52.

Les valeurs de références de feed-ALP des composi-

tions botaniques G, GR, E et ER des stades de développe-

ment 3 (début épiaison) et 4 (pleine épiaison) des four-

rages secs sont intégrées dans la figure 2. Les moyennes

(stades 3 et 4) de feed-ALP sont de P = 3,9 g et K = 34,0

g/kg MS tandis que les moyennes de l’enquête sont légè-

rement plus basses : P = 3,4 ± 0,5 g et K = 28,0 ± 4,4 g/kg

MS (tabl. 1).

Moyennes,g/kg MS

MA CB NDF ADF Sucres CE Ca P Mg K Na

Enq.a 128,6 245,0 491,4 279,5 126,9 111,5 7,4 3,4 2,2 28,0 0,29

feed-ALPb 132,3 249,3 455,0 283,9 104,6 92,1 15,5 / 27,2 3,9 11,5 / 22,3 34,0 0,20

Tableau 5 | Valeurs moyennes de l’enquête et feed-ALP pour les fourrages secs

1 1re pousse; 2 repousses.a enquête 2005 – 2009.b Base suisse de données des aliments pour animaux ALP, fourrages secs des stades 3 et 4, composition botanique g, gR, e, eR.

Page 42: Edition 1 janvier 2012

42

Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

Il peut provenir d’une ou plusieurs coupes effectuées

sur plusieurs parcelles, à des stades différents et sa

composition botanique peut diverger de celle annon-

cée. De plus, la détermination correcte de la composi-

tion botanique n’est souvent pas assurée, d’autant

plus que la composition botanique évolue: la propor-

tion de légumineuses et autres plantes tend à aug-

menter avec l’altitude au détriment des graminées

(Kessler 1989). Malgré toutes ces imprécisions difficile-

ment maîtrisables, la présente mise en valeur permet

d’illustrer les relations distinctes entre les facteurs

d’influence et les caractéristiques qualitatives du

fourrage sec.

•• En considérant les moyennes de l’enquête 2005 – 2009

avec les valeurs feed-ALP (tabl. 5) et la corrélation de

la figure 2, une bonne concordance est observée entre

les valeurs des deux sources, même si les teneurs en P

et K de l’enquête sont légèrement inférieures et celles

en Ca et Mg sont légèrement plus élevées que les réfé-

rences de feed-ALP.

•• En considérant les influences significatives des facteurs

année, région et altitude sur un grand nombre de

valeurs nutritives, la différenciation supplémentaire

de la qualité des fourrages secs selon la zone clima-

tique (région et altitude), en plus des critères usuels

tels que la composition botanique, cycle et stade de

développement (Daccord et al. 2006), apparaît comme

appropriée.

•• L’enquête annuelle des fourrages secs donne cepen-

dant un aperçu actuel de la qualité des fourrages secs

helvétiques. Sur la durée, elle pourrait servir comme

source dans les banques de données pour aliments et

dans les systèmes d’information géographique

(structure multidimensionnelle des données dans le

temps et l’espace). n

Remerciements

Les auteurs remercient le Dr. Werner Luginbühl (ChemStat) pour son précieux appui et ses conseils pour la mise en valeur statistique, de même que les labora-toires UFAG SA pour la mise à disposition des résultats d’analyses des années 2005 à 2009 de l’enquête sur les fourrages secs.

Page 43: Edition 1 janvier 2012

43

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographie b ADCF, 2007. Estimation de la valeur du fourrage des prairies: valeur nut-ritive et production de lait ou de viande, ADCF 3, 2007.

b Agroscope Liebefeld-Posieux, 2009. Base Suisse de données des Ali-ments pour Animaux.Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermit-teldatenbank/index.html?lang=fr

b Boessinger M., Buchmann M. & Python P., 2011. Valeur des fourrages secs récoltés en 2011. Publication annuelle, AGRIDEA. Accès: www.agri-dea-lausanne.ch/pages/productions_techniques.htm#134

b Boessinger M., Buchmann M. & Python P., Tagungsbericht, ETH Zürich, Institut für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystem-Wissenschaften, 2010. Dürrfutterproduktion: Von den Besten kann noch gelernt werden.

b Daccord R., Arrigo Y., Kessler J., 2001. Nährwert von Wiesenpflanzen: Gehalt an Ca, P, Mg und K; Agrarforschung 8, 264–269.

b Daccord R., Wyss U., Kessler J. Arrigo, Y. Rouel, M. Lehmann, J. & Jean-gros B., 2006. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive des aliments pour les ruminants, valeur nutritive des fourrages. Livre Vert, chap. 13.

b Kessler J., 1989. Mineralstoffgehalt von Wiesenfutter : Zusammenfassen-de Ergebnisse. Landwirtschaft Schweiz 9 (2), 523–526.

b Python P., Boessinger M. & Buchmann M., Frühjahrstagung ETH Zürich, 2010. Teneur moyenne en minéraux majeurs des fourrages secs ventilés selon l’altitude et la situation géographique.

Fattori che influenzano il contenuto di

nutrienti e minerali del foraggio secco

ventilato

I risultati d'analisi di 1077 campioni di

foraggio secco ventilato, provenienti da

un’inchiesta condotta da AGRIDEA dal

2005 al 2009, sono stati sottoposti a

un’analisi statistica per evidenziare

l’effetto dei fattori anno, regione, altitu-

dine e composizione botanica sul valore

nutritivo determinato da sostanze minerali

e oligoelementi del foraggio secco

ventilato. I risultati mostrano un influsso

significativo della regione sulla maggior

parte delle tenori sostanze contenute nel

fieno ad eccezione del rame. L'altitudine

agisce in modo significativo sul contenuto

di fibre, la quantità di elementi e su

manganese e zinco. Anche il fattore anno

influenza in modo significativo gran parte

tenori delle sostanze contenute, eccezion

fatta per proteina grezza, ceneri e sodio.

Non è stato possibile provare statistica-

mente l’influenza della composizione

botanica, poiché i campioni provenivano

principalmente da pascoli equilibrati e

ricchi in graminacee. Quest’inchiesta

annuale offre un quadro rappresentativo

della qualità regionale e nazionale del

foraggio secco svizzero, illustrando le

importanti differenze tra le tipiche regioni

foraggere intensive e montane d’alta

quota. In futuro questi dati potrebbero

essere pubblicati nella banca dati dei

foraggi o nel sistema d'informazione

geografico.

Factors influencing the nutrient and

mineral content of ventilated dry forage

AGRIDEA has assembled the results of

its annual forage survey (nutrient, mineral

and trace elements content) undertaken

between 2005 and 2009. Data of

1077 samples of ventilated dry forage

were used in a statistical analysis to detect

the various influences of factors such as

year, region, altitude and botanical

composition on the nutrient and mineral

content of ventilated dry forage.

The region influences significantly most of

the nutrient contents, except for copper.

Altitude influences the crude fiber, major

minerals, manganese and zinc. The effect

of the year is statistically significant on a

majority of the nutrient contents, with the

exception of crude protein, ash and

potassium. The effect of botanical compo-

sition could not be determined due to the

fact that most samples came from bal-

anced meadows or grass-rich meadows.

This study provides a representative

picture of the regional quality of dry

forages in Switzerland. Differences

between intensive forage regions and

mountain zones are sometimes consider-

able. This survey data could in the future

be used in feed data bases or geographic

information systems.

Key words: forage, survey, influence

factors, nutrient content, mineral content,

trace elements.

Page 44: Edition 1 janvier 2012

44 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

Dernières notations dans les essais avant la récolte. (Photo: ACW)

I n t r o d u c t i o n

En Suisse, la sélection du blé, initiée à la fin du 19e siècle,

poursuit trois objectifs: rendement élevé et stable, bonne

résistance aux maladies et excellente qualité boulangère

(Fossati et Brabant 2003). Le rendement moyen national

de blé panifiable a sensiblement augmenté, passant

d’environ 13 dt/ha en 1850 à plus de 60 dt/ha aujourd’hui

(Fossati et Brabant 2003; SWISSGRANUM 2011). Cette

énorme augmentation est due à l’amélioration des

méthodes de culture, à l’utilisation d’engrais, en particu-

lier de l’azote minéral, et au progrès génétique réalisé

par la sélection. Il est difficile de quantifier précisément

la contribution de chaque facteur dans le progrès global.

En ce qui concerne l’évolution des variétés, on constate

que la part du grain dans la masse aérienne totale de la

plante (indice de récolte) est passée de 35 % en 1930 à

50 % en 1980 (Fossati et Paccaud 1986). Ce changement

des proportions s’est accompagné d’une réduction de la

longueur de la tige, ce qui a permis d’accroître l’apport

d’azote tout en évitant la verse (Fossati et Paccaud 1986).

La forte contribution de l’emploi de l’azote dans l’aug-

mentation des rendements du blé est un fait connu

(Ladha et al. 2005). L’évolution de l’efficacité de l’utilisa-

Anastase Hategekimana, David Schneider, Dario Fossati et Fabio Mascher

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1

Renseignements: Fabio Mascher, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 33

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 45: Edition 1 janvier 2012

45

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

Le rendement moyen de blé en Suisse est

passé de 13dt/ha en 1850 à 60dt/ha

aujourd’hui. Cette étude a analysé le facteur

variété dans cette spectaculaire progression

de rendement. Le rendement, les composants

du rendement ainsi que l’efficacité d’utilisa-

tion de l’azote de sept variétés de blé suisses

homologuées entre 1926 et 2003 et de la

variété française Caphorn (2001) ont été

examinés dans des essais standardisés

pendant 2 ans avec 2 régimes de fertilisation

azotée (niveau faible et niveau Extenso). Les

rendements en grain montrent un accroisse-

ment constant en fonction de l’année

d’inscription au catalogue national et

s’élèvent à environ 0,24dt/ha/an. Cet

accroissement extraordinaire est certes dû à

une augmentation du nombre de grains par

m². Toutefois, l’amélioration constante de

l’utilisation de l’azote joue également un rôle

primordial dans cette évolution. La compré-

hension de ce progrès, accompli au niveau

morphologique et physiologique de la plante,

permettra à l’avenir de sélectionner des

variétés avec une haute efficacité d’utilisa-

tion de l’azote.

tion de l’azote par les variétés de blé d’automne suisse

est en revanche peu connue, malgré son rôle de polluant

(Spiess et Richner 2005). Considérant que les variétés les

plus anciennes ont été sélectionnées dans des conditions

de faible disponibilité d’azote, il est concevable qu’elles

absorbent et utilisent l’azote plus efficacement. L’effica-

cité d’utilisation de l’azote par la plante est un indicateur

agronomique pour évaluer l’efficacité avec laquelle

l’azote apporté à la culture est absorbé, avant d’être

métabolisé puis remobilisé vers les grains.

L’efficacité est définie comme étant la masse de

grains produits par unité d’azote disponible dans le sol,

ce qui permet de caractériser et de comparer des varié-

tés (Foulkes et al. 2009). L’efficacité d’utilisation de

l’azote peut être déclinée en: (1) l’efficacité de la plante

à prélever l’azote du sol et (2) l’efficacité d’utilisation de

l’azote pour produire des grains (Moll et al. 1982).

Cette étude compare le rendement, les composantes

du rendement et l’efficacité d’utilisation de l’azote de

sept variétés de blé suisse mises sur le marché entre 1926

et 2003 ainsi que de la variété française récente Caphorn.

Il est ainsi possible de mieux comprendre les améliora-

tions apportées par la sélection au niveau de la plante,

lesquelles ont contribué à l’augmentation globale du

rendement. Les expériences sont menées avec deux

niveaux de fumure azotée (niveau usuel et niveau très

faible), pour pouvoir mieux comparer les variétés

anciennes et modernes, issues de contextes de disponi-

bilité d’azote contrastés. Ces informations sont utiles

pour l’orientation future de la sélection de variétés com-

pétitives et moins exigeantes en azote.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Variétés utilisées et caractéristiques

L’essai inclut les variétés de blé d’automne suisses les

plus cultivées à leur époque, ainsi que, à titre de compa-

raison, deux variétés récentes: Piotta (Agroscope/DSP) et

la variété française Caphorn (Florimont-Desprez; tabl. 1).

Toutes les variétés sont de qualité boulangère 1 ou 2 et

peuvent donc être comparées dans ce contexte.

Conditions de mise en place de l’essai

L’essai a été conduit pendant deux ans (2005 et 2006) sur

le site de Changins, situé à 440 m d’altitude, avec une

pluviométrie de 755 mm pendant la phase végétative de

l’essai pour l’expérimentation 2004 – 2005 et de 707 mm

pour l’expérimentation 2005 – 2006. En 2004, le sol de la

parcelle était composé de 24,3 % d’argile, 47,4 % de

limon et 28,3 % de sable, tandis que celui de la parcelle

de 2005 contenait 26,6 % d’argile, 42,2 % de limon et

31,6 % de sable. Le précédent cultural était dans les deux

Nom ObtenteurAnnée d’inscription

au catalogue national

Classe de qualité

MC 245 Agroscope 1926 II

MC 268 Agroscope 1926 II

Probus Agroscope 1948 I

Zénith Agroscope 1969 II

Arina Agroscope/DSP 1981 I

Zinal Agroscope/DSP 2003 I

Piotta Agroscope/DSP 2003 II

Caphorn Florimond-Desprez 2001 III

Tableau 1 | Année d’inscription et classe de qualité des variétés de blé étudiées

Page 46: Edition 1 janvier 2012

46

Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

cas le pois protéagineux d’automne, sans fumure azotée.

Pour éviter des interférences dues aux différences de

hauteur des plantes, chaque variété a été semée sur trois

parcelles adjacentes de 4,7 m de long et 1,5 m de large

chacune. La parcelle centrale a été utilisée pour les ana-

lyses de rendement. Le semis a été réalisé avec une den-

sité de 350 grains/m² semés sur 8 lignes.

Afin de prévenir les problèmes de verse sur les par-

celles à haut niveau d’azote en 2006, le régulateur de

croissance Moddus (Syngenta, Bale, Suisse) a été appli-

qué au stade de «2 nœuds» (BBCH32) à raison de 0,4 l/ha.

Niveaux d’azote et fractionnement des apports

L’azote (N) a été apporté d’après la méthode de la norme

corrigée (Sinaj et al. 2009). Pour 2005, le niveau extenso

correspondait à 120 kg N/ha et pour l’année 2006 à

180 kg N/ha. Le faible niveau d’azote correspondait à la

norme corrigée moins 50 unités N (soit 70 kg N/ha) pour

l’année 2005, et à la norme corrigée moins 90 unités N

(soit 20 kg N/ha) pour l’année 2006. L’azote a été apporté

sous forme de nitrate d’ammonium (27,5 % d’azote)

avant l’épiaison, en deux apports en 2005 et en quatre

apports en 2006.

Paramètres observés

La densité des épis et le nombre de grains par épi ont été

déterminés sur un échantillon représentatif dans chaque

parcelle. Après récolte, le poids de mille grains (PMG) et

le poids à l’hectolitre ont été mesurés.

Pour l’analyse de la biomasse et de la teneur en

azote de la plante à floraison et à maturité, des plantes

ont été prélevées sur une longueur de 25 cm au centre

de la troisième ligne, dans les parcelles latérales de

chaque variété.

La teneur en azote des grains et de la plante entière

(à floraison et à maturité) a été déterminée par spectros-

copie proche infrarouge (NIRS) appliquée sur des échan-

tillons moulus (NIRS6500, FOSS NIRSystems, Inc., Laurel,

MD, USA). Les analyses réalisées se basent sur des cali-

brages avec du matériel végétal analysé selon la

méthode de référence Kjeldahl. Dans cette étude, la

courbe de référence NIRS a été validée avec des échan-

tillons additionnels (Fossati et al. 1993).

L’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et

ses deux composantes, notamment l’efficacité d’absorp-

tion de l’azote apporté (NUpE) et l’efficacité d’utilisa-

tion de l’azote absorbé (NUtE) ont été calculées avec la

méthode proposée par Moll et al. (1982). Le calcul de

l’efficacité de remobilisation de l’azote (ERemN) se base

sur les méthodes de Barbottin et al. (2005).

Analyse statistique

Le dispositif expérimental utilisé était un split-plot à

trois répétitions divisées, dont la fertilisation constituait

le facteur principal et les variétés le facteur secondaire.

Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le

logiciel Sigma Plot 11 (Systat Software Inc., Chicago,

USA). Les différents facteurs et leurs interactions ont été

MC 245

MC 268

ProbusZenith

Arina

ZinalPiotta

Caphorn

MC 245

MC 268

Probus

Zenith Arina

Zinal

PiottaCaphorn

R² = 0,8247 pente = 0,20dt/ha.an

R² = 0,7329 pente = 0,27 dt/ha.an

30,00

35,00

40,00

45,00

50,00

55,00

60,00

65,00

70,00

1920 1940 1960 1980 2000 2020

Années d'inscription des variétés au catalogue national

Niveau extenso

Faible niveau de N

Régression faible niveau de N Régression niveau extenso

Rend

emen

t en

grai

ns (d

t/ha)

Figure 1 | Rendement en grains en fonction de la date d’inscription au catalogue national des variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle, à faible niveau d’azote (ligne et triangle bleus) et à un niveau extenso (ligne et triangle rouges). Moyennes de deux ans d’expérimentation.

Page 47: Edition 1 janvier 2012

47

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

variété MC 268 (tabl. 2). La régression du rendement

selon l’année d’inscription des 8 variétés testées (fig. 1)

montre une augmentation du rendement importante

d’environ 0,24 dt/ha/an.

Pour mieux comprendre les aspects de rendement

qui ont été modifiés par la sélection, les composantes

principales du rendement (le nombre d’épis par m², le

nombre de grains par épi, le nombre de grains par m² et

le poids de mille grains) ont été examinées (tabl. 2). Les

résultats montrent une nette augmentation du nombre

de grains par épi, qui se répercute sur le nombre de

grains par m², qui atteint environ 10 000 grains par m²

(variétés Mont Calme) à 15 000 grains par m² pour les

comparés statistiquement avec le module ANOVA, après

s’être assuré avec le module «Normalité» que les résidus

sont distribués normalement. Les analyses de régression

et de corrélation ont été effectuées avec les modules

correspondants.

R é s u l t a t s

Rendement en grains et composantes du rendement

Le rendement le plus élevé a été réalisé par la variété

française Caphorn (61,58 dt/ha), suivi de près par la

variété suisse Piotta (59,82 dt/ha), tandis que le plus

faible rendement (35,56 dt/ha) a été observé avec la

VariétésRendement en grains

(dt/ ha)Nombre d’épis par m²

(NE2)Nombre de grains

par épi (NGE)Nombre de grains par

m² (NG2)Poids de mille grains

(PMG)

MC 245 42,70 (±8,53) 369 (±51) 28 (±6) 10092 (±2042) 42,48 (±0,65)

MC 268 35,56 (±5,19) 311 (±44) 30 (±5) 9124 (±1060) 40,26 (±1,08)

Probus 46,78 (±11,59) 324 (±57) 36 (±6) 11586 (±2986) 40,33 (±1,21)

Zénith 53,99 (±10,40) 376 (±65) 39 (±6) 14503 (±3344) 37,74 (±1,44)

Arina 51,03 (±10,05) 409 (±93) 33 (±6) 13104 (±2500) 38,99 (±0,57)

Zinal 52,28 (±13,21) 392 (±80) 32 (±6) 12537 (±3082) 41,80 (±1,39)

Piotta 59,82 (±10,96) 461 (±67) 32 (±3) 14627 (±3229) 40,82 (±1,31)

Caphorn 61,58 (±16,22) 361 (±48) 42 (±9) 15092 (±3895) 40,76 (±0,94)

Tableau 2 | Rendement en grains et de ses composantes. Moyennes de données obtenues avec 2 niveaux d’azote et durant 2 ans observation

MC 245 MC 268

Probus

Zénith

Arina

Zinal

Piotta

Caphorn

y = 0,9866x - 1,1328 R² = 0,9876 (p < 0,001)

4,00

4,50

5,00

5,50

6,00

6,50

7,00

7,50

5,00 6,00 7,00 8,00 9,00

Azot

e re

mob

ilisé

ver

s le

gra

in (g

/m²)

Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)

Faible niveau de N

MC 245

MC 268 Probus

Zénith

Arina

Zinal

Piotta

Caphorn

y = 0,8292x + 0,0541 R² = 0,9695 (p < 0,001)

5,00 5,50 6,00 6,50 7,00 7,50 8,00 8,50 9,00 9,50

10,00

7,00 9,00 11,00 13,00

Azot

e re

mob

ilisé

ver

s le

gra

in (g

/m²)

Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)

Niveau extenso

A B

Figure 2 | Relation entre la quantité d’azote absorbée et remobilisée vers les grains et la quantité d’azote absorbé par la plante avant la floraison, à faible niveau d’azote (A) et à un niveau extenso (B).

Page 48: Edition 1 janvier 2012

48

Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

variétés les plus récentes. Le poids de mille grains

dépend bien de la variété, mais ce facteur de rendement

ne semble pas avoir évolué en fonction de l’année d’ins-

cription. L’analyse de variance (tabl. 3) montre que le

facteur variété a fortement influencé les différences des

rendements et de toutes les composantes du rendement.

Les facteurs année d’expérimentation et fertilisation

ont également influencé certaines composantes du ren-

dement, mais dans une moindre mesure.

Absorption et remobilisation de l’azote

Les variétés ont absorbé en moyenne 7,82 g N/m² avant

floraison et remobilisé 6,48 g N/m² après floraison, tous

procédés confondus (tabl. 4). La figure 2 montre la rela-

tion entre la masse d’azote absorbée avant floraison et

la masse remobilisée vers les grains après floraison pour

les 8 variétés. L’absorption et la remobilisation sont for-

tement corrélées et la proportion d’azote remobilisé

(ERemN) est en moyenne de 82 % pour toutes les varié-

tés. La quantité d’azote absorbée et remobilisée dépend

de la disponibilité d’azote pour la plante dans le sol

(tabl. 5). La figure 2 suggère que les variétés plus récentes

absorbent une plus grande quantité d’azote par rapport

aux variétés plus anciennes.

Cette tendance n’est toutefois pas cautionnée par

l’analyse de variance (tabl. 5). Par ailleurs, on remarque

que les variétés qui ont réalisé le meilleur rendement,

tous procédés confondus, sont celles qui ont stocké le

plus d’azote avant la floraison et qui sont capables de

remobiliser l’azote rapidement vers les grains.

Source de variation

Degrés de liberté

Rendement en grains (g/m²)

Nombre d’épis par m² (NE2)

Nombre de grains par épi (NGE)

Nombre de grains par m² (NG2)

Poids de mille grains (PMG)

Année (A) 1 * ns ns ** ***

Variété (V) 7 *** *** *** *** ***

Azote (N) 1 ns * ns ns **

A × V 7 ns ns * ns **

A × N 1 ns ns ns ns ns

V × N 7 ns ns ns ns ns

A × V × N 7 ns ns ns ns ns

Tableau 3 | Analyse de variance du rendement en grains et de ses composantes

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.

Variété

Azote absorbé avant floraison

(g/m²)Nf

Azote absorbé après floraison (g/m²)

Napf

Azote présent dans la paille à maturité

(g/m²) Npm

Azote remobilisé vers les grains après

floraison (g/m²)NRem*

Efficacité de remobili-sation post-floraison

de l’azote (Index)ERemN*

Teneur en protéines dans le grain (%)

MC 245 7,08 (±2,09) 1,69 (±1,76) 1,44 (±0,66) 5,64 (±1,97) 0,78(±0,10) 12,25 (±1,42)

MC 268 6,25 (±0,83) 2,39 (±1,74) 1,21 (±0,35) 5,04 (±0,57) 0,81 (±0,05) 12,26 (±1,67)

Probus 7,84 (±1,56) 2,16 (±1,48) 1,33 (±0,37) 6,51 (±1,41) 0,83 (±0,04) 12,14 (±0,76)

Zénith 7,44 (±1,11) 2,83 (2,31)± 1,16 (±0,34) 6,29 (±1,20) 0,83 (±0,05) 10,42 (±0,92)

Arina 7,47 (±3,06) 2,26 (±0,87) 1,16 (±0,52) 6,32 (±2,57) 0,85 (±0,02) 11,49 (±0,76)

Zinal 8,41 (±0,99) 2,55 (±2,30) 1,55 (±0,39) 6,86 (±0,99) 0,82 (±0,05) 11,09 (±0,52)

Piotta 8,48 (±1,21) 3,54 (±0,93) 1,24 (±0,12) 7,24 (±1,11) 0,86 (±0,01) 10,60 (±0,36)

Caphorn 9,59 (±2,26) 2,43 (±1,64) 1,61(±0,19) 7,98 (±2,21) 0,83 (±0,05) 10,27 (±0,42)

Moyenne 7,82 (±1,64) 2,48 (±1,63) 1,33 (±0,37) 6,48 (±1,50) 0,82 (±0,05) 11,32 (±0,85)

Tableau 4 | Absorption et remobilisation de l’azote

*nRem = nf-npm et eRemn = (nRem/nf)*100.

Page 49: Edition 1 janvier 2012

49

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

une structure de rendement particulière, ce sont princi-

palement les changements morphologiques de la plante

qui ont rendu l’augmentation du rendement possible.

En particulier, il s’agit de l’augmentation du nombre de

grains par épi et du nombre d’épis par m², tandis que le

poids de mille grains, critère important pour l’améliora-

tion du triticale (Schori et al. 2011), n’a guère évolué. Les

résultats obtenus ici avec quelques-unes des variétés

commercialement les plus importantes entre 1926 et

2003 confirment donc les observations réalisées sur un

assortiment de variétés plus restreint par Fossati et Pac-

caud (1986). Différentes études sur les variétés de blé

françaises inscrites entre 1946 et 1992 ont rapporté une

évolution analogue du rendement et des modifications

morphologiques des plantes (Le Buanec 1999; Trottet et

Doussinault 2002).

Au cours du 20e siècle, la fertilisation azotée a été

fortement augmentée pour améliorer les rendements.

La sélection a mis à disposition des variétés résistantes à

la verse, capables de supporter des apports d’azote

Efficacité d’absorption et d’utilisation de l’azote

L’efficacité d’utilisation de l’azote par les variétés de blé

testées est présentée à la figure 3. Toutes les variétés, à

l’exception d’Arina, montrent une efficacité plus impor-

tante à faible niveau d’azote qu’au niveau extenso. Les

différences entre les variétés sont plus évidentes à faible

niveau d’azote où, par exemple, Caphorn montre une

efficacité significativement supérieure à MC 245. En

général, à faible niveau d’azote, les variétés récentes ont

tendance à mieux valoriser l’azote que les variétés Mont

Calme 245 et 268 ou Arina. L’efficacité d’absorption de

l’azote des 8 variétés (fig. 4) montre une tendance simi-

laire à l’efficacité d’utilisation de l’azote.

D i s c u s s i o n

Les variétés de blé suisses développées au cours du 20e

siècle et utilisées dans la présente étude ont montré une

augmentation constante du rendement, qui s’élève à

environ 0,24 dt/ha/an. Bien que chaque variété possède

Source de variation

Degrés de liberté

Azote absorbé avant floraison (g/m²)

(Nf)

Azote absorbé après floraison

(en g/m²)(Napf)

Azote remobilisé vers les grains après

floraison (g/m²)NRem

Efficacité de remobili-sation de l’azote

(en %)(ERemN)

Teneur en protéines dans le grain (%)

Variété (V) 7 ns ns ns ns ***

Azote (N) 1 *** ns *** ns ***

V × N 7 ns ns ns ns ns

Tableau 5 | Analyse de variance des paramètres d’absorption et de remobilisation de l’azote

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.

cbc

bcbc

abc

bcbc b

aa

a aa

aa

a

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

120,00

MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Zinal Piotta Caphorn

Effic

acité

d‘u

tilisa

tion

de l‘

azot

e (N

UE) e

n g

(g-¹ )

Variétés

Faible niveau de N Niveau extenso

Figure 3 | Efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est représentée par les barres. Les lettres différentes indiquent les différences statistiquement significatives entre variétés.

b b

b b b b b

b

a b a b a a a a b a b a b

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Zinal Piotta Caphorn Effic

acité

d‘a

bsor

ptio

n de

l‘az

ote

appo

rté

(Nup

E) e

n g

(g-1

)

Variétés

Faible niveau de N Niveau extenso

Figure 4 | Efficacité d’absorption de l’azote apporté (NUpE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est représentée par les barres. Les différentes lettres indiquent les différences statistiquement significatives entre variétés.

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Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

considérables. Les résultats élaborés dans cette étude

montrent également qu’en termes de rendement, les

variétés les plus récentes utilisent toujours mieux l’azote.

En effet, l’effet variétal sur l’efficacité d’utilisation de

l’azote apporté est statistiquement significatif. L’amé-

lioration des deux critères, soit l’absorption et l’utilisa-

tion de l’azote, permet une meilleure performance des

variétés également dans des conditions de disponibilité

d’azote restreinte. L’amélioration de l’absorption de

l’azote peut être obtenue par l’accroissement du sys-

tème racinaire (Le Gouis et al. 2000; Foulkes et al. 2009)

et par l’amélioration de l’absorption de l’azote par la

racine (Slimane 2010). L’étude de l’architecture et de la

fonctionnalité de la racine des variétés de blé n’a pas pu

être réalisée dans le contexte de ce travail.

Entre 60 et 95 % de l’azote assimilé par la plante est

remobilisé vers les grains à maturité (Barbottin et al.

2005). Les valeurs recueillies ici montrent que toutes les

variétés se trouvent dans la région supérieure de cette

fourchette. Pour ce trait, il n’y a pas de différences entre

les variétés. La proportion d’azote remobilisé est déjà

assez élevée dans les variétés Mont Calme, suggérant

que ce trait n’a pas été davantage amélioré au cours de

la sélection.

C o n c l u s i o n s

•• La sélection de génotypes de blé produisant un plus

grand nombre de grains par m² a permis d’augmenter

sensiblement les rendements des variétés de blé

sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle.

•• En parallèle, l’efficacité d’utilisation de l’azote a été

améliorée au cours des années, principalement par

une meilleure absorption de l’azote.

•• Des études supplémentaires seraient nécessaires pour

clarifier la contribution de chacun des deux facteurs

clés de l’absorption à cette évolution: l’architecture de

la racine et la capacité de celle-ci à absorber l’azote.

•• Les variétés modernes examinées dans cette étude ont

mieux utilisé l’azote que les variétés anciennes, dans

des conditions de faibles disponibilités en azote.

•• Mieux comprendre les progrès accomplis par les

variétés modernes permettra de sélectionner des

génotypes présentant davantage une capacité élevée

d’utilisation de l’azote. n

Remerciements

Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’action COST 860 SUSVAR (Sustainable low-input cereal production: required varietal characteristics and crop diversity). Les auteurs tiennent à remercier le Secrétariat d’Etat à la formation et la recherche SER, groupe pour le soutien financier (contrat no. C04.0203).

Source de variation Degrés de libertéEfficacité d’utilisation de

l’azote apporté (NUE)Efficacité d’absorption de

l’azote apporté (NUpE)Efficacité d’utilisation de

l’azote absorbé (NUtE)

Variété (V) 7 * ns ns

Azote (N) 1 *** *** ns

V × N 7 ns ns ns

Tableau 6 | Analyse de variance de l’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et de ses composantes (NUpE et NUtE) avec deux niveaux d’azote

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %) ; **très significatif (P ≤ 1 %) ; *significatif (P ≤ 5 %) ; ns: non significatif.

Page 51: Edition 1 janvier 2012

51

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

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b Foulkes M. J., Hawkesford M. J., Barraclough P. B., Holdsworth M. J., Kerr S., Kightley S. & Shewry P. R., 2009. Identifying traits to improve the nit-rogen economy of wheat: recent advances and future prospects. Field Crops Research 114, 329–342.

b Ladha J. K., Pathak H., Krupnik T. J, Six J. & van Kessel C., 2005. Efficien-cy of fertilizer nitrogen in cereal production: retrospects and prospects. Advances in Agronomy 87, 85–156.

b Le Buanec B., 1999. La diversité génétique des variétés de blé tendre cul-tivées en France au cours du vingtième siècle: Evolution variétale, don-nées techniques et économiques. Comptes rendus de l’Académie d’agriculture de France 85 (8), 37–59.

b Le Gouis, J. Béghin D., Heumez E., & Pluchard P., 2000. Genetic differen-ces for nitrogen uptake and nitrogen utilization efficiencies in winter wheat. European Journal Agronomy 12, 163–173.

b Moll R.-H., Kamprath J. & Jackson W.-A., 1982. Analysis and Interpretati-on of Factors Which Contribute to Efficiency of Nitrogen Utilization. Agronomy Journal 74, 562–564.

b Schori A., Mascher F. & Fossati D., 2011. Verbesserung des Ertrags, der Standfestigkeit und des spezifischen Gewichts bei Triticale. 61. Tagung der Vereinigung der Pflanzenzüchter und Saatgutkaufleute Österreichs 69–72.

b Slimane R.-B., 2010. Effets de la septoriose foliaire sur la sénescence et les flux d’azote pendant le remplissage des grains chez le blé tendre. Thè-se de doctorat, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l’Environnement (AgroParisTech)-Institut National de la Recherche Agro-nomique (INRA), Unité Environnement et Grandes cultures.

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b swissgranum, 2011. Rendements moyens utilisables. Accès : http://swiss-granum.ch/pdf/5df1_F_Marche_rendements.pdf (Accès: 30 juillet 2011).

b Trottet M. & Doussinault G., 2002. Analyse du progrès génétique chez le blé tendre au cours du XXe siècle. Le Sélectionneur français 53, 2–18.

Performance and nitrogen efficiency of

Swiss wheat varieties of the 20th century

The average wheat yield in Switzerland has

increased from 13dt/ha in 1850 to 60dt/ha

today. The present study investigates the

factor variety in this spectacular yield

improvement. Yield, yield components and

nitrogen efficiency efficacy of seven Swiss

wheat varieties released between 1926 and

2003 and the French variety Caphorn

(released in 2001) have been studied in

standardized plot trials for 2 years and at

2 nitrogen fertilization levels (low nitrogen

level and medium extenso level). Grain yield

shows a constant increase of about

0.24dt/ ha/year, in direct correlation with the

year of release of the varieties. This impres-

sive increase is due to the net increase of the

number of grains produced per square

meter. However, constant improvement of

nitrogen utilization by the plants has

strongly contributed to this evolution.

Understanding of the evolution at both the

morphological and the physiological level

will contribute, in future, to breed varieties

displaying an even more elevated efficacy of

nitrogen utilization.

Key words: wheat, breeding, low input

agriculture, breeding for undemanding

varieties.

Evoluzione della resa e dell'efficacia

d'utilizzazione di varietà di frumento

selezionate in Svizzera durante il novecento

La resa media di frumento in Svizzera è

passata da 13q/ha nel 1850 all’attuale

60q/ ha. Questo studio ha analizzato il

fattore varietale in questa impressionante

progressione della resa. Attraverso delle

prove standardizzate sull’arco di due anni

e con due regimi di fertilizzazione d’azoto

(livello basso e livello Extenso), si è

esaminato le rese, i componenti di essa e

l’efficacia dell’impiego dell’azoto di sette

varietà di frumento svizzere omologate

tra il 1926 ed il 2003 e della varietà

francese Caphorn (2001). La resa in grani

mostra un aumento costante in funzione

dell’anno d’iscrizione al catalogo nazio-

nale delle varietà e ammonta a ca.

0,24q/ ha/anno Questo incremento

straordinario è sicuramente dovuto ad un

aumento del numero di grani per m².

Tuttavia, anche il miglioramento costante

nell’uso dell’azoto ricopre un ruolo primor-

diale in quest’evoluzione. La compren-

sione di questo progresso, realizzato a

livello morfologico e fisiologico della

pianta, permetterà, in futuro, di selezio-

nare le varietà con un’elevata efficacia

nell’uso dell’azoto.

Page 52: Edition 1 janvier 2012

52

E c l a i r a g e

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

Une étude a été menée en 2011 par Agroscope Chan-

gins-Wädenswil ACW pour déterminer les espèces

aviaires typiques des zones agricoles suisses pouvant se

prêter à une évaluation réaliste des risques des pesti-

cides sur les oiseaux en Suisse.

Contexte

Selon les règles de bonne pratique agricoles, les pesti-

cides (produits phytosanitaires, PPh) ne doivent pas

avoir d’impact intolérable sur l’environnement (OPPh

2010). Les entreprises requérantes doivent attester au

travers d’un dossier l’innocuité de leurs produits sur les

organismes non visés, entre autres sur les oiseaux. Le

groupe d’écotoxicologie de la station de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW examine les docu-

ments fournis par les entreprises et procède, à l’exemple

de l’UE, à une évaluation des risques adaptée aux condi-

tions suisses.

L’évaluation des risques pour les oiseaux se déroule

en plusieurs étapes. On part tout d’abord du modèle le

plus défavorable (worst case), qui suppose qu’une

espèce d’oiseau fictive se nourrit exclusivement dans les

cultures venant d’être traitées avec un produit donné. Si

au cours de cette première étape un risque ne peut être

écarté, une analyse plus poussée doit être conduite

(EFSA 2009). Pour cela, on a recours à des espèces exis-

tant réellement, dites «espèces focales» (traduction de

l’anglais focal species), qui sont supposées se trouver

effectivement dans les cultures au moment du traite-

ment. Pour ces espèces réelles, des facteurs écologiques

L’alouette des champs, une espèce typique de la zone agricole. (Photo: Markus Jenny)

Michela Gandolfi et Thomas S. Reichlin,

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil

Renseignements: Michela Gandolfi, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 70

Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse

Page 53: Edition 1 janvier 2012

Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse | Eclairage

53Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

Type de culture Stade Nourriture Cultures Espèce focale

Grandes cultures

Sans couverture végétale

Insectes terrestres Toutes Rougequeue noir (printemps)

Bruant jaune (automne)

Graines d’adventices Toutes Chardonneret (printemps)

Linotte (automne)

Vers Toutes Grive litorne

Semis Semences

Céréales, betterave à sucre, colza, légumes

Maïs, haricots, pois, tournesol, pommes de terre

Alouette des champs

Pigeon ramier

Levée

Insectes terrestres Toutes Bruant jaune

Graines d’adventices Toutes Linotte mélodieuse

Plantules

Céréales betterave à sucre, colza, légumes, maïs, haricots

Pois, tournesol, pommes de terre

Alouette des champs

Pigeon ramier

Végétation

Insectes Toutes Bruant jaune

Graines d’adventices

Céréales, maïs, betterave à sucre, pommes de terre,

Haricots, pois, tournesol

Colza

Légumes

Alouette des champs

Verdier

Caille

Pigeon ramier

Après récolteInsectes

Céréales, maïs, betterave à sucre, colza, pommes de terre

Bergeronnette grise

Haricots, pois, tournesol Bruant jaune

Graines d’adventices Toutes Verdier

Arboriculture fruitière Tous

Insectes terrestres Toutes Rougequeue à front blanc

Insectes foliaires Toutes Mésange bleue

Graines d’adventices Toutes Chardonneret

Vers/fruits Toutes Grive litorne

Viticulture Tous

Insectes foliaires et terrestres Toutes Rougequeue noir

Graines d’adventices Toutes Chardonneret

Vers / baies Toutes Étourneau sansonnet

Culture des baies Tous

Insectes terrestres Toutes Bergeronnette grise

Graines d’adventices Toutes Verdier

Vers / baies Toutes Grive litorne

Insectes foliaires Seulement arbrisseaux à baies Mésange bleue

Plantes d’ornement Tous

Insectes terrestresFleurs et arbrisseaux

Prairies

Grive litorne

Bergeronnette grise

Insectes foliaires Seulement fleurs et arbrisseaux Mésange bleue

Graines d’adventicesFleurs et arbrisseaux

Prairies

Verdier

Chardonneret

Vers Toutes Grive litorne

Tableau 1 | Liste des espèces focales suisses pour toutes les cultures principales

Page 54: Edition 1 janvier 2012

Eclairage | Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse

54 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

et biologiques, comme l’utilisation de l’habitat et le

comportement alimentaire, peuvent être utilisés pour

évaluer de façon plus réaliste l’exposition aux PPh.

Méthode de détermination des espèces focales

Les espèces focales de Suisse ont été déterminées à partir

d’observations sur le terrain effectuées en Suisse, de

nombreux ouvrages ornithologiques suisses (Baur et al.

2005; Maumary et al. 2007; OFEV et OFAG 2008; Schmid

et al. 1998; www.vogelwarte.ch) et avec la collaboration

de spécialistes.

Les espèces aviaires entrant en ligne de compte pour

les principales cultures de Suisse ont été examinées indé-

pendamment par le groupe d’écotoxicologie et deux

ornithologues, dans le but de savoir si elles convien-

draient comme espèces focales. Les critères suivants ont

été retenus:

•• association étroite avec la culture;

•• abondance de la population dans la culture;

•• ingestion d’une grande quantité de nourriture par

rapport à la masse corporelle.

Pour l’ensemble des cultures de Suisse et leurs différents

stades de croissance, deux à quatre espèces focales ayant

différentes préférences alimentaires ont été définies. Les

évaluations des divers experts se recoupaient générale-

ment. Les différences ont été passées en revue une à une

et harmonisées.

Espèces focales suisses et leur utilité

Les espèces focales déterminées (tabl. 1) pourraient être

utilisées à l’avenir pour une évaluation spécifique et

assez réaliste des risques que les PPh pourraient faire

courir aux oiseaux de Suisse. Les deux exemples ci-après

permettent d’expliquer d’une part les réflexions qui ont

été déterminantes pour le choix des espèces focales, et

d’autre part l’importance de ces dernières.

Le rougequeue noir dans le vignoble

Le rougequeue noir est une espèce très commune

(500 000 couples nicheurs) et répandue dans toute la

Suisse. On la rencontre fréquemment dans les vignes, où

elle trouve facilement de quoi se nourrir. Compte tenu

de son faible poids (13 g), l’oiseau est obligé, comparati-

vement aux plus grandes espèces, de consommer plus

d’insectes par rapport à sa masse corporelle afin de cou-

vrir ses besoins alimentaires et énergétiques quotidiens.

Si une vigne est traitée avec des PPh, le rougequeue

ingère proportionnellement plus de PPh en consommant

des insectes contaminés que les espèces d’oiseaux de

plus grande taille. Il est donc beaucoup plus touché par

le traitement. Si les risques sont considérés comme

acceptables pour le rougequeue, il est donc fort pro-

bable que les autres espèces d’oiseaux insectivores vivant

dans les vignes ne sont pas non plus menacées. Le rouge-

queue noir est donc considéré comme une espèce focale

insectivore de la vigne.

L’alouette des champs dans les cultures de céréales

L’alouette des champs est une espèce d’oiseau typique

de la zone agricole. Bien qu’elle soit moyennement fré-

quente en Suisse (50 000 couples nicheurs), elle est

cependant largement répandue et est inféodée aux

champs de céréales et autres grandes cultures. Dans les

champs de céréales, l’alouette peut entrer en contact de

diverses manières et à des moments différents avec un

PPh, notamment: i) en ingérant des semences traitées

après les semis, ii) en consommant des plantules traitées

après la levée et iii) en consommant des graines d’adven-

tices contaminées poussant au milieu des céréales.

L’alouette des champs est donc considérée comme

espèce focale granivore en champs de céréales.

Les détails méthodologiques et autres informations sont

disponibles chez l'auteure. n

Bibliographie b Bauer H.-G., Bezzel E. & Fiedler W., 2005. Kompendium der Vögel Mittel-europas Band I. Aula Verlag. 808 p.

b EFSA, 2009. Guidance Document on Risk Assessment for Birds & Mam-mals. EFSA Journal 7 (12),1438.

b Maumary L., Vallotton L. & Knaus P., 2007. Les oiseaux de Suisse. Station ornithologique, Sempach, et Nos Oiseaux, Montmollin. 848 p.

b OFEV et OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l’agriculture. Connaissance de l’Environnement n° 0820. OFEV, Berne.

b Ordonnance du 12 mai 2010 sur la mise en circulation des produits phy-tosanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires, OPPh).

b Schmid H., Luder R., Naef-Daenzer R., Graf R. & Zbinden N., 1998. Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse: Distribution des oiseaux nicheurs en Su-isse et au Liechtenstein 1993–1996. Station ornithologique de Sempach.

b www.vogelwarte.ch.

Remerciements

Un grand merci aux ornithologues Simon Birrer de la Station ornithologique suisse et Michael Schaad de l’Aspo/BirdLife pour leur précieuse collaboration.

Page 55: Edition 1 janvier 2012

55Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012

E c l a i r a g e

Sur une consommation totale de 1866 tonnes de viande

de lapin en 2009, seuls 35 % (645 tonnes) provenaient de

Suisse (Office fédéral de la statistique 2011). Pour

répondre à la demande, la production indigène pourrait

être probablement étendue et constituer une branche

de production intéressante pour plusieurs exploitations

agricoles. Afin d’évaluer la rentabilité de cette produc-

Un calcul des coûts complets a été établi pour évaluer la

rentabilité de la production de viande de lapin. Les coûts

de revient sont de CHF 14,23 par kg de poids à l’abat-

tage pour des recettes de CHF 12,25. La perte qui résulte

de ce calcul se traduit par un salaire horaire d’à peine

CHF 14.– et non de CHF 28.– comme pris en compte dans

le calcul de base.

Rentabilité de la production de viande de lapin

Gregor Albisser Vögeli et Markus Lips, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Renseignements: Markus Lips, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368 31 85

Seul un tiers de la quantité totale de viande de lapin consommée est d’origine suisse. (Photo: H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA)

Page 56: Edition 1 janvier 2012

56 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012

tion de niche, les rendements (recettes) et les coûts de

revient ont été évalués à partir de calculs des coûts com-

plets, pour l’élevage et l’engraissement de lapins.

Cinq exploitations analysées

L’étude repose sur cinq exploitations agricoles prati-

quant la production de lapins. Toutes les exploitations

font partie de l’«Intégration Kyburz» de la société

H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA. Elles détenaient initia-

lement des vaches laitières ou des porcs. Au lieu d’effec-

tuer les rénovations devenues nécessaires dans leurs

étables, mais qui n’étaient plus rentables, les exploita-

tions ont décidé de se convertir à la garde de lapins. Ce

choix était donc premièrement motivé par la volonté de

continuer à utiliser les anciens bâtiments. Outre la pro-

duction de lapins, toutes les exploitations étudiées prati-

quent également les grandes cultures.

Trois des cinq exploitations pratiquent aussi bien

l’élevage que l’engraissement de lapins. Un producteur

ne s’adonne qu’à l’élevage, et un autre qu’à l’engraisse-

ment. On dispose dès lors de quatre résultats par

branche de production, lesquels reflètent des formes de

détention très diverses. Dans l’élevage, le nombre de

lapines oscille entre 42 et 400. Les deux plus petits éle-

veurs pratiquent l’élevage individuel, tandis que dans

les exploitations plus importantes les lapines sont déte-

nues en groupes. Dans l’engraissement, la fourchette va

de 1400 à 5400 lapins d’engraissement par an, sachant

que les quatre branches de production remplissent les

exigences SST (système de stabulation particulièrement

respectueux des animaux).

Calcul des coûts completsLes calculs des coûts complets ont été établis séparément

pour les branches de production élevage et engraisse-

ment. Ensuite les valeurs moyennes sont calculées pour

les deux branches. Le kilogramme de poids à l’abattage

de la viande de lapin a servi de valeur de référence, dans

l’hypothèse que chaque animal (jeune) atteint un poids

de 1,5 kg à l’abattage. Pour limiter les influences spéci-

fiques à chaque exploitation dans l’élevage de lapins, les

calculs ne se sont pas basés sur le nombre effectif de

petits par lapine et par an, mais sur des valeurs empi-

riques de plusieurs années (45 petits pour l’élevage indi-

viduel et 40 pour l’élevage en groupes).

Pour les recettes, les contributions SST ont été calcu-

lées à partir des effectifs animaux. Les autres recettes

ainsi que les coûts spécifiques pour les aliments pour

lapin, la litière, le vétérinaire et les médicaments pro-

viennent des comptabilités des exploitations interrogées.Les coûts du foin produit sur l’exploitation sont éva-

lués au prix du marché (Agridea 2010). Les coûts du rem-

placement des animaux d’élevage reposent sur une

expertise de Michael Notter de l’«Intégration Kyburz».

La répartition des coûts dans les exploitations qui prati-

quent à la fois l’élevage et l’engraissement repose éga-

lement sur des expertises. Pour les équipements

d’étables, la durée d’amortissement supposée à partir

de l’investissement est de cinq ans. Les coûts des bâti-

ments ont été calculés sur la base d’un bâtiment neuf

(construction en bois avec isolation sur dalle en béton)

avec un racleur d’évacuation pour le fumier et une fosse

à lisier ainsi qu’un silo à aliment d’une taille correspon-

dante. Les calculs sont basés sur des coûts de construc-

tion de CHF 255.– par m3 et une durée d’utilisation de

30 ans. Tandis qu’une lapine (et ses petits) ont besoin de

1,8 m3 en élevage individuel, l’espace nécessaire pour

une lapine en élevage en groupe est de 3,9 m3, soit plus

du double. L’espace nécessaire par place d’engraisse-

ment en revanche n’est que de 0,5 m3. Dans l’élevage de

lapins, le taux d’occupation du bâtiment varie suivant la

saison et est inférieur de 25 % en été, ce qui est pris en

compte dans les coûts liés aux bâtiments. Le taux d’inté-

rêt du capital engagé est de 3,75 % et le salaire horaire

appliqué de CHF 28.– (Gazzarin et Albisser 2010). Les

coûts de main-d’œuvre reposent sur les estimations de

chefs d’exploitations consultés par rapport à leur temps

de travail.

Les coûts de l’énergie électrique, de l’eau et du télé-

phone sont issus de l’enquête réalisée auprès des chefs

d’exploitation interrogés. Les coûts des assurances (bâti-

ments), la part pour la voiture et les frais généraux d’ex-

ploitation ont été estimés sur la base des données comp-

tables (Dux et Schmid 2010) ainsi que sur des expertises.

R é s u l t a t s

Le tableau 1 présente les valeurs moyennes de l’élevage

et de l’engraissement des quatre branches de produc-

tion, ainsi que les coûts de production qui en résultent et

les coûts totaux de la production de lapins. Toutes les

données se rapportent à un kg de poids de viande de

lapin à l’abattage.

Mis à part le produit des lapins d’élevage de réforme,

les recettes proviennent de la vente de lapins d’élevage

et des contributions SST. Les recettes moyennes obte-

nues au total s’élèvent à CHF 12,25 par kg de poids à

l’abattage. Les coûts par kg de poids à l’abattage sont

de CHF 6,75 pour l’élevage et de CHF 7,48 pour l’engrais-

sement, soit un coût total de CHF 14,23. Compte tenu

des recettes, la perte est de près de CHF 2.– par kg de

poids à l’abattage. Cette perte montre que le salaire

horaire de CHF 28.– utilisé pour le calcul n’est pas atteint.

La valorisation du travail investi est donc en moyenne à

Eclairage | Rentabilité de la production de viande de lapin

Page 57: Edition 1 janvier 2012

Rentabilité de la production de viande de lapin | Eclairage

57Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012

peine de CHF 14.–, l’hypothèse étant que 0,15 heure de

main-d’œuvre sont nécessaires par kg de poids à l’abat-

tage – 0,1 heure pour l’élevage et 0,05 heure pour l’en-

graissement.

Si l’on considère la structure des coûts de la produc-

tion totale des lapins, l’importance du coût des aliments

(38 %) et du travail (29 %) est flagrante, puisqu’ils repré-

sentent deux tiers des coûts (67 %). Les installations

(11 %) et les bâtiments (7 %) sont également significatifs,

avec près de 20 % en totalité.

C o n c l u s i o n s

Le bilan des recettes et des coûts montre clairement que

le salaire horaire cible de CHF 28.– est loin d’être atteint

dans la production de viande de lapin. Rappelons égale-

ment que les exigences requises pour les chefs d’exploi-

tation sont très élevées et qu’il existe un risque de pertes

de production à cause des agents pathogènes. Par consé-

quent, la production de lapins est pour l’instant peu

attrayante et n’incite pas à s’y convertir.

On peut se demander comment améliorer la rentabi-

lité de cette branche de production. Si l’on part de la

structure des coûts, on constate que la main-d’œuvre

est centrale. La comparaison d’exploitations de diffé-

rentes tailles montre que, notamment dans l’élevage,

les coûts de main-d’œuvre diminuent plus la taille de

l’effectif augmente (Albisser et Lips 2011). Le manage-

ment est un autre point sur lequel il est possible d’inter-

venir, par exemple en augmentant le nombre de petits

par lapine, de manière à mieux répartir les coûts.

A noter que les cinq exploitations analysées repré-

sentent un petit échantillon et que, par conséquent,

les effets spécifiques à chaque exploitation ont un

gros impact. n

Bibliographie b Agridea, 2010. Preiskatalog, Ausgabe 2010. Agridea, Lindau. b Albisser G. & Lips M., 2011. Vollkostenrechnung für Kaninchenfleisch, Schlussbericht, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

b Office fédéral de la statistique, 2011. Encyclopédie statistique de la Suisse: bilan de la viande 2009, Neuchâtel. Accès: http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/themen/07/22/lexi.Document.21051.xls [13 mai 2011]

b Dux D. & Schmid D., 2010. Rapport de base 2009. Dépouillement centrali-sé des données comptables, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

b Gazzarin Ch. & Albisser G., 2010. Coûts-machines 2010. Rapport ART 733. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

Branche de production Elevage Engraissement Production de lapins Part des coûts totaux

Produit des lapins d’élevage réformés 0,01 0,01

Produits des lapins d’engraissement 11,85 11,85

Contribution SST 0,39 0,39

Total des rendements 0,01 12,24 12,25

Aliment 1,69 3,72 5,41 38 %

Litière 0,06 0,11 0,17 1 %

Remplacement des animaux d’élevage 0,3 0,3 2 %

Vétérinaire et médicaments 0,1 0,08 0,18 1 %

Total des coûts spécifiques 2,15 3,91 6,06 43 %

Installation 0,83 0,67 1,5 11 %

Bâtiment 0,49 0,56 1,05 7 %

Intérêt du capital engagé 0,46 0,28 0,74 5 %

Main-d’œuvre 2,67 1,52 4,19 29 %

Autres coûts d’exploitation (y compris électricité, eau, assu-rances, part auto)

0,15 0,54 0,69 5 %

Total des coûts 6,75 7,48 14,23 100 %

Tableau 1 | Calcul des coûts complets de l’élevage et de l’engraissement en CHF par kg de poids de viande de lapin à l’abattage

Page 58: Edition 1 janvier 2012

58 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 58, 2012

Stefan Rieder, le nouveau responsable du département de recherche Haras national, est également responsable de la recherche sur les abeilles à Agroscope. (Photo: ART)

«Lorsque je fais du cheval avec mes deux garçons, nous

prenons une à deux juments non portantes et nous alter-

nons les montures, entre vélo et cheval.» Sur le Mont

Vully avec vue sur les Alpes, le Jura et le Plateau: c’est là

que Stefan Rieder et sa famille ont acheté, il y a plusieurs

années, une maison qu’il rénove lui-même progressive-

ment. «Nous avons de la place pour notre ménagerie»,

déclare Stefan Rieder pour justifier le choix du site. Mais

quiconque sait que les vignes et l’élevage de chevaux

caractérisent le paysage des environs du «Haras»

d’Avenches près du lac de Morat, sait d‘avance ce qui

peut y attirer les amoureux des chevaux. Il n’y a donc

rien d’étonnant à ce que cet ancien professeur de géné-

tique animale et de sciences équines à la HESA* soit venu

s’installer dans la région, même avant d’être nommé res-

ponsable du département de recherche Haras national à

Agroscope en 2011.

Le cheval, force motrice

Après avoir terminé un apprentissage de commerce, Ste-

fan Rieder s’est toujours consacré aux thèmes du cheval

et de l’élevage animal. Il a d’abord travaillé dans des

fermes en Amérique du Sud, puis il a parcouru l’Europe

à cheval. Cet animal et la culture qui s’y rattache l’ont

toujours fasciné, lui qui, bien qu’ayant des racines rurales,

a grandi dans la région de Berne. Ayant échappé au tra-

vail de bureau, il se consacre à fond à ce domaine. Durant

ses études d’agronomie à l’EPF de Zurich, un de ses tra-

vaux semestriels portait déjà sur la question des méla-

nomes chez les chevaux. Il a posé ainsi des jalons qui lui

ont servi jusqu’à sa thèse de doctorat, puis son postdoc

réalisé à l‘INRA en France. En 2003, sa vocation a entraîné

à la HESA*, où Stefan Rieder a principalement mis en

place une équipe de cinq à dix personnes, financée entre

autres par des fonds externes et travaillant dans le

domaine de la protection des animaux. Il a également

participé à la création du cursus sur les sciences équines.

Du cheval aux abeilles

«En Suisse, comme à l’étranger, je me suis toujours parti-

culièrement intéressé au cheval dans le contexte agri-

cole. En outre, l’élevage et la génétique sont deux

domaines qui me tiennent particulièrement à cœur. C’est

pourquoi dans mes nouvelles fonctions, l’enjeu consiste

pour moi à donner au Haras la place qui lui revient dans

le monde de la recherche agricole», déclare-t-il. C’est

également valable pour les domaines qui jusqu’ici

n’étaient pas directement rattachés à un centre de

recherche. Un enjeu que vient compléter le département

de recherche sur les abeilles. Selon Rieder, la distance

entre la recherche sur les chevaux et celle sur les abeilles

est moins grande que l’on ne croit. «Dans les deux

domaines, il s‘agit d’un vaste système de milice ayant un

impact sur l’agriculture et la biodiversité. » Sur ce plan,

le département de recherche Chevaux et abeilles peut,

grâce à des expertises neutres et ciblées, répondre à la

demande de marchés très hétérogènes composés d‘ama-

teurs et de spécialistes.

Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Stefan Rieder: élevage et génétique du cheval

P o r t r a i t

*Depuis janvier 2012, la Haute école suisse d’agronomie HESA a changé de nom pour s’appeler Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimen-taires HAFL (Hochschule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften).

Page 59: Edition 1 janvier 2012

59Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

A c t u a l i t é s

Actualités

La direction de l’EPF Zurich a décidé de dissoudre le

Département d’agronomie et des sciences alimentaires

(D-AGRL) et d’intégrer les deux entités, sciences alimen-

taires et agronomie, dans deux nouveaux départements

dès le 1er janvier 2012. L’Institut des sciences agrono-

miques (IAS) et celui des sciences environnementales

formeront ensemble le Département des sciences des

systèmes environnementaux (D-USYS). L’Institut des

sciences alimentaires, nutritionnelles et de la santé

fusionnera avec celui des sciences du mouvement dans

un nouveau Département de la santé et de la technolo-

gie (D-HEST).

Pour les sciences agronomiques, en fonction depuis

près de 150 ans, cette fusion marque l’entrée dans une

nouvelle phase. L’agriculture durable, postulat fonda-

mental de la sécurité alimentaire mondiale, devient

ainsi l’une des priorités de la recherche à l’EPFZ. Cette

nouvelle orientation correspond aux défis futurs que

l’humanité sera amenée à relever.

La barre des 7 milliards d’habitants a été franchie.

Sans une intensification durable de la production tenant

compte de la préservation des ressources naturelles, l’ap-

provisionnement de la planète en denrées alimentaires

ne peut être garanti. Les défis à relever sont multiples et

comportent diverses facettes, élevant ainsi le niveau de

complexité. La clé pour une recherche efficace et pros-

père réside dans une collaboration étroite entre les dif-

férentes disciplines des systèmes environnementaux.

La nouvelle structure D-USYS réunit les compétences des

Instituts des sciences agronomiques (IAS), des sciences de

l’atmosphère et du climat (IAC), de la biogéochimie et de

la dynamique des polluants (IBP), de la biologie intégra-

tive (IBZ), des Ecosystèmes terrestres (ITES), des décisions

environnementales (IED) sous un même et unique toit et

définit, tout en liant utilisation et protection de l’envi-

ronnement, cinq thèmes principaux qui seront au centre

des activités scientifiques futures:•• Prestations des systèmes environnementaux: les

systèmes environnementaux intacts remplissent de

multiples fonctions et fournissent des prestations. La

préservation des capacités fonctionnelles doit être

assurée.

•• Rareté des ressources: l’utilisation rationnelle et

efficace des ressources non renouvelables devient une

tâche urgente, afin de réduire la pression sur les

écosystèmes.

•• Sécurité alimentaire: une population croissante avec

de nouvelles habitudes alimentaires défie la pérennité

de la production alimentaire mondiale et requiert le

développement de systèmes de production et de

distribution solides et durables.

•• Changements climatiques: les modifications clima-

tiques sont des phénomènes complexes qui restent

partiellement compris. Les émissions de CO2 et la

protection du climat nécessitent des solutions tech-

niques, écologiques et socio-économiques, basées sur

des modèles climatiques performants.

•• Environnement et santé: les changements climatiques

influencent la santé de l’homme, du monde animal et

végétal et exigent des programmes de recherche dans

les domaines des polluants et des maladies infec-

tieuses et misant sur des progrès en biologie molécu-

laire, en génétique et en immunologie.

Par les relations existantes entre les institutions fédé-

rales de recherches, telles que l’EAWAG, le WSL ou

encore Agroscope et ses propres instituts de recherche,

le nouveau département est idéalement situé dans l’en-

vironnement suisse. Les liens actuels avec les sciences ali-

mentaires seront également cristallisés dans la récente

création d’un centre de compétences World Food System

(WFS). La restructuration et la mise en commun des

forces crée d’une part des opportunités pour les cher-

cheurs et les étudiants et d’autre part des synergies

essentielles contribuant à relever les défis de la sécurité

alimentaire mondiale.

Jörg Beck, ETH Zurich

Nouveau Département des sciences des systèmes environnementaux à l’EPFZ – Fusion des sciences agronomiques et des sciences environnementales

Page 60: Edition 1 janvier 2012

60 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

Actualités

La Haute école suisse d’agronomie HESA de Zollikofen a

changé de nom: depuis janvier 2012, elle s’appelle

Haute école des sciences agronomiques, forestières et

alimentaires (HAFL – «Hochschule für Agrar-, Forst- und

Lebensmittelwissenschaften»). Elle n’est désormais plus

régie par le concordat réunissant tous les cantons suisses

et le Liechtenstein, mais uniquement par le canton de

Berne.

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les

hautes écoles spécialisées, la plupart des HES sont régies

par le canton où elles ont leur siège. Ceci est maintenant

aussi le cas de la HESA. Rattachée administrativement à

la Haute école spécialisée bernoise (HESB) depuis plus de

dix ans, elle en est désormais un département à part

entière. Cette nouvelle structure nécessite une nouvelle

appellation: la Haute école suisse d’agronomie a été

rebaptisée Haute école des sciences agronomiques,

forestières et alimentaires.

Par rapport à l’ancienne appellation, le nouveau nom

indique plus clairement que les prestations et l’orienta-

tion de la haute école ne se limitent pas à l’agronomie,

mais englobent aussi la foresterie et la technologie ali-

mentaire.

L’emballage change, mais pas le contenu

La Haute école des sciences agronomiques, forestières et

alimentaires jouera le même rôle dans le système éduca-

tif suisse. De même, ses prestations et son orientation ne

changeront pas. Elle continuera de mener à l’échelle

nationale et internationale ses différentes activités d’en-

seignement, de recherche, de services et de formation

continue dans les trois domaines spécialisés.

Gaby Allheilig, Haute école des sciences agronomiques, forestières et

alimentaires (HAFL)

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Commandez un numéro gratuit!

AgRARfoRSchung Schweiz

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

NOUVEAU

Nom / Société

Prénom

Rue/N°

Code postal / Ville

Profession

E-Mail

Date

Signature

Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’office fédéral de l’agriculture

ofAg, la haute école suisse d’agronomie de

zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne &

Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de

zurich eTh zürich, Department of agricultural

and foodscience. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.

La HESA change de nom et de régie en 2012

Page 61: Edition 1 janvier 2012

61Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

Coûts-machines 2011

Rapport ART 747

La présente compilation de données contient des bases

et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des

machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’in-

demnisation ont un caractère purement indicatif. Ce

sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la

machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypo-

thèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement

au temps de travail effectif au champ; par conséquent,

les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont

pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport).

Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de

travail. Les coûts de carburant sont compris. Pour le

calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses

doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploi-

tation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effec-

tivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de

l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus

ou moins des tarifs ART.

Christian Gazzarin, ART

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Rapport ART 747

Coûts-machines 2011

Avec les coûts des parties du bâtiment et des installations mécaniques

Septembre 2011

La présente compilation de données con-tient des bases et des valeurs indicativespour l’indemnisation des machines agrico-les utilisées en commun. Les tarifs d’indem-nisation ont un caractère purement indi-catif. Ce sont des valeurs calculées quipermettent d‘utiliser la machine en cou-vrant les coûts dans le cadre des hypothè-ses admises. Les rendements se réfèrentuniquement au temps de travail effectif auchamp; par conséquent, les temps depanne, de préparation et de trajet ne sont

pas pris en compte (sauf pour les véhiculesde transport). Les tarifs d’indemnisations’appliquent par séquence de travail. Lescoûts de carburant sont compris.Pour le calcul des coûts dans les cas particu-liers, les hypothèses doivent être adaptéesà la situation concrète de l’exploitation.Dans la pratique, les tarifs d’indemnisationeffectivement en vigueur sont en outresoumis à la loi de l’offre et de la demande,de sorte qu’ils divergent plus ou moins destarifs ART.

La nouvelle répartition des tracteurs permet d’établir des configurations individuelles avecles équipements supplémentaires. (Photos: Christian Gazzarin, ART).

Auteur

Christian Gazzarin,[email protected]

Actualités

Emissions d’ammoniac dans les stabulations libres de vaches laitières avec aire d’exercice extérieure: moins de pertes en hiver

Rapport ART 745

Les stabulations libres repré-

sentent d’importantes sour-

ces d’émissions d’ammoniac.

Jusqu’à présent aucune don-

née n’était disponible sur les émissions des stabulations

libres à logettes avec aire d’exercice extérieure, qui sont

fréquemment répandues en Suisse. La station de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et l‘Empa ont calculé

les émissions d’ammoniac du système de détention stabu-

lation libre à logettes avec surfaces de circulation en dur et

aire d’exercice extérieure attenante pour vaches laitières.

Les mesures ont été effectuées dans six exploitations et

réparties sur toute l’année. Elles ont ainsi permis de couvrir

les différences liées aux saisons et aux exploitations. Afin

de décrire chaque situation de mesure, plusieurs données

ont été relevées: des données relatives à l’exploitation, au

climat, à la saleté des surfaces de circulation, au lieu de

séjour des animaux ainsi que des données sur l’input, les

émissions et la valorisation de l‘azote. Les moyennes jour-

nalières des émissions d’azote vari aient en été de 31 à 67 g

par unité gros bétail (1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d).

Pendant la période de transition, elles variaient de 16 à

44  g/UGB·d et en hiver de 6  à 23 g/UGB·d. L’émission

d’ammoniac est liée à la température extérieure, à la

vitesse du vent et à la teneur en urée du lait conservé dans

le tank: lorsque les températures et les vitesses du vent

sont élevées, les émissions d’ammoniac sont nettement

plus importantes. La quantité d’azote contenue dans les

excréments est également décisive. La teneur du lait en

urée donne des informations à ce propos. Ces paramètres

sont à l’origine des objectifs de réduction qui prônent une

alimentation équilibrée et conforme aux besoins des ani-

maux et qui concernent aussi les aspects du climat d’étable.

Avec un avant-toit, une protection contre le vent et le sol-

eil, il est possible de réduire la température et la vitesse du

vent et par conséquent, les émissions d’ammoniac. D’autres

mesures portent sur la taille des surfaces de circulation

souillée, la fréquence et la qualité du nettoyage.Sabine Schrade et Margret Keck, ART

Kerstin Zeyer et Lukas Emmenegger, Empa

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Autrices et auteurs

Sabine Schrade, Margret Keck,ARTKerstin Zeyer, Lukas Emmenegger,[email protected]

Rapport ART 745

Emissions d’ammoniac dans les stabulations libresde vaches laitières avec aire d’exercice extérieure:moins de pertes en hiver

Mai 2011

Les émissions d’ammoniac (NH3) ont été déterminées pour les stabulations libres de vacheslaitières avec ventilation naturelle, surfaces de circulation en dur et aire d’exercice exté­rieure typiques de la Suisse. (Photo: ART)

Les stabulations libres représentent d’im-portantes sources d’émissions d’ammo-niac. Jusqu’à présent aucune donnéen’était disponible sur les émissions desstabulations libres à logettes avec aired’exercice extérieure, qui sont fréquem-ment répandues en Suisse. La station derecherche Agroscope Reckenholz-TänikonART et l‘Empa ont calculé les émissionsd’ammoniac du système de détention sta-bulation libre à logettes avec surfaces decirculation en dur et aire d’exercice exté-rieure attenante pour vaches laitières. Lesmesures ont été effectuées dans six exploi-tations et réparties sur toute l’année. Ellesont ainsi permis de couvrir les différencesliées aux saisons et aux exploitations. Afinde décrire chaque situation de mesure,plusieurs données ont été relevées: desdonnées relatives à l’exploitation, au cli-mat, à la saleté des surfaces de circulation,au lieu de séjour des animaux ainsi quedes données sur l’input, les émissions et lavalorisation de l‘azote. Les moyennes jour-nalières des émissions d’azote variaient

en été de 31 à 67 g par unité gros bétail(1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d). Pen-dant la périodede transition, elles variaientde 16 à 44 g/UGB·d et en hiver de 6 à 23 g/UGB·d. L’émission d’ammoniac est liée à latempérature extérieure, à la vitesse duvent et à la teneur en urée du lait conservédans le tank: lorsque les températures etles vitesses du vent sont élevées, les émis-sions d’ammoniac sont nettement plusimportantes. La quantité d’azote contenuedans les excréments est également déci-sive. La teneur du lait en urée donne desinformations à ce propos. Ces paramètressont à l’origine des objectifs de réductionqui prônent une alimentation équilibrée etconforme aux besoins des animaux et quiconcernent aussi les aspects du climatd’étable. Avec un avant-toit, une protec-tion contre le vent et le soleil, il est possi-ble de réduire la température et la vitessedu vent et par conséquent, les émissionsd’ammoniac. D’autres mesures portent surla taille des surfaces de circulation souillée,la fréquence et la qualité du nettoyage.

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Page 62: Edition 1 janvier 2012

62

M e d i e n m i t t e i l u n g e n

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

19.12.2011 / ACW Entrez dans la ronde aromatique des pommes! Le monde des arômes est tellement vaste qu’un «GPS»

est nécessaire pour s'y orienter. La Station de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point

dans ce but une première roue des arômes pour les

pommes, qui fonctionne sur le même principe que celle

du vin. Les informations qu’elle fournit aident les

consommateurs à choisir plus précisément parmi les

variétés et donnent aux spécialistes l’outil adéquat pour

les dégustations professionnelles.

15.12.2011 / ACWDes semences de pomme de terre in vitro à récolter en boîte de culture «Agrobox» Désormais les pommes de terre poussent aussi en boîtes

et produisent des tubercules de la même manière

que celles qui sont produites en terre. Les travaux de

recherche conduits à la Station de recherche Agroscope

Changins-Wädenswil ACW en biotechnologie ont abouti

à la fabrication d’un conteneur de culture permettant de

produire tout au long de l’année des pommes de terre

de haute qualité sanitaire.

08.12.2011 / ACWUn diagnostic accéléré pour les agents patho-gènes Le consommateur associe inconditionnellement les

fruits et légumes à l’image de fraîcheur et de santé. Pour

maintenir cette confiance, les laboratoires doivent pou-

voir identifier de façon fiable les germes pathogènes.

Afin d’accélérer ce processus, la Station de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point une

nouvelle méthode en collaboration avec le Functional

Genomics Center Zurich (FGCZ) et propose un test simple

pour diagnostiquer les bactéries et les champignons

pathogènes. ACW contribue ainsi à garantir la sécurité

alimentaire des fruits et légumes.

06.12.2011 / ALP-HarasLes yogourts moins sucrés et moins aromatisés ont les faveurs des consommateurs et des consommatrices Les consommateurs apprécient un yogourt moins sucré

et moins aromatisé. C’est ce qui ressort d’une enquête

réalisée par Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

auprès du grand public.

28.11.2011 / ACWFaire bronzer des légumes pour soigner ses pieds L'application de rayonnements ultraviolets sur des

plantes permet de stimuler la production d’un grand

nombre de nouvelles molécules présentant des activités

biologiques intéressantes, tant pour l’agronomie que

pour la médecine. La technique développée par la Sta-

tion de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW

permet de revisiter la diversité des espèces végétales

autochtones connues depuis des siècles pour y découvrir

des propriétés biologiques jusque là insoupçonnées, par

exemple contre des mycoses résistantes aux traitements

pharmaceutiques classiques.

www.agroscope.admin.ch/communiques

Page 63: Edition 1 janvier 2012

63

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

M a n i f e s t a t i o n s

Janvier 2012

12. – 15.01.2012Agroscope à Swiss’Expo 2012Stations de recherche Agroscope ACW, ALP-Haras et ARTLausanne

21.01.2012Journée d`information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch

24.01.2012Journée suisse de l’arboriculture 2012Agroscope Changins-Wädenswil ACWMartigny, Agrovina

26.01.2012ART-Tagung 2012Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon

Février 2012

03.02.2012Journée Agriculture 2012Agroscope Changins-Wädenswil ACWACW, Changins Aula

23. – 26.02.2012Agroscope à Tier & Technik 2012Agroscope ACW, ALP-Haras et ARTSt. Gallen

Mars 2012

13. – 14.03.201218. Arbeitswissenschaftliches KolloquiumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon

Mai 2012

09. – 10.05.2012Landtechnik im AlpenraumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTFeldkrich, Autriche

L i e n s I n t e r n e t

2012: Année de l'énergie durable pour tous

www.unesco.ch

L'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2012

Année internationale de l'énergie durable pour tous.

Les découvertes de pétrole atteindront leur maximum

au cours des 20 prochaines années.

Les énergies renouvelables auront le rôle essentiel

de placer le monde sur une trajectoire énergétique plus

sûre, plus fiable et plus durable. Le potentiel est incon-

testablement vaste, mais le rythme auquel la contribu-

tion de ces ressources augmentera pour répondre aux

besoins énergétiques mondiaux n’est pas encore décidé.

Février 2012 / Numéro 2

•• Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la

prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière,

Michel Rérat et Hans Dieter Hess, ALP-Haras

•• Efficacité de la surface fourragère en système laitier

dans le canton de Fribourg, Lucie Winckler et al., HAFL

•• Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de

pommes de terre admises à la liste officielle,

Thomas Hebeisen et al., ART et ACW

•• Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge

d'automne, Raphaël Charles et al., ACW

•• Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs

des pucerons, Lisa Eggenschwiler et al., ART

•• Plus de surfaces de compensation écologique et de

meilleure qualité grâce au conseil, Véronique

Chevillat et al., FiBL, Station ornithologique suisse

et Agrofutura

•• La Banque de données suisse des aliments pour

animaux www.feedbase.ch, Monika Boltshauser,

ALP-Haras

•• Listes recommandées des variétés de soja, tournesol,

pois protéagineux et maïs pour la récolte 2012

La fièvre du lait est la maladie la plus fréquente et la plus importante du point de vue économique chez les vaches à haute performance après vêlage. Des chercheurs d’Agroscope ALP-Haras ont étudié si les para-mètres acido-basiques dans l’urine des vaches avant vêlage permet-taient d’informer de manière prédic-tive sur le risque de fièvre du lait.

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

Page 64: Edition 1 janvier 2012

bachelor en technologiealimentaireformation diversifiéeFood Science &Management

Haute école spécialisée bernoiseHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires

Venez voir !Journée d’information, 21 janvier 2012 www.hafl.bfh.ch

bachelor enforesterieseule filière deforesterie en Suisse

bachelor enagronomiepar exemple avecspécialisation ensciences équines

master enLife Sciencessciences appliquéesagronomiques etforestières

Vendredi 3 février 201220 ans de productionintégrée en grandes culturesStation de recherche Agroscope ACW - Changins

http://www.agroscope.admin.ch/journee-agricultureou Agnès Welten Tél. 022 363 46 71 [email protected]

Inscription etrenseignements

Département fédéralde l'économie DFEStation de rechercheAgroscope Changins-Wädenswil ACW

Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Journéed’information