ED : Infections intestinales : Amibiases

11
1/11 FGSM3 – Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3 MED501 – Agents infectieux, Hygiène, Aspects généraux Dr Huguenin S5 – 10/09/2021 TRISSON Constance/TONDOLO Mathis ED : Infections intestinales : Amibiases Des documents de cours ont été publiés sur Moodle. Cependant, ils sont d’après le Docteur Huguenin trop denses et contiennent des données que nous n’avons pas à connaître à notre niveau ; cet ED reflète le niveau de connaissance attendu aux partiels. Nous avons laissé quelques informations du cours n-1 en italique. Cas clinique Un homme, 28 ans, revient d’un roadtrip en Inde. Il consulte pour des épisodes de diarrhée glairo-sanglante évoluant depuis 5 jours. L’interrogatoire et l’examen clinique rapportent aussi des douleurs abdominales et un ténesme anal (=tension douloureuse au niveau anal). A l’examen physique, le patient est stable hémodynamiquement, son état général est conservé, son abdomen est souple et dépressif. Le patient rapporte une sensation de fébrilité. QRM 1 : Quelles étiologies sont à évoquer en priorité devant une fièvre de retour de voyage ? A. Arbovirose B. Accès de paludisme C. Fièvre typhoïde D. Turista E. Choléra F. Filarioses Réponses : A, B, C A Vrai. Les arboviroses regroupent Dengue, Chikungunya, et Zika, ce sont des virus transmis par arthropodes (= insectes et araignées). La Dengue est mortelle. Il n’existe néanmoins pas de traitement, ce n’est donc pas une urgence diagnostique. Si un patient développe une arbovirose de forme grave, la seule option est la réanimation, où on essaye de le maintenir par hydratation, adrénaline si nécessaire…. B Vrai. Le paludisme est mortel. Il se concentre surtout en Afrique, mais est tout de même présent en Asie (Inde), Amérique du Sud. Si le patient est fébrile et revient d’une zone tropicale, la recherche de paludisme est systématique. C Vrai. La fièvre typhoïde est une maladie mortelle, et, comme son nom l’indique, induit une fièvre. Devant tout voyageur revenant d’une zone tropicale, ce diagnostic est évoqué. Cette maladie est extrêmement présente en Inde. Elle évolue en plusieurs étapes : phase de symptômes digestifs (symptômes assez fugaces, pouvant passer inaperçus), puis passage sanguin de la bactérie (=bactériémie). Ce passage est responsable de la gravité de cette maladie, avec une fièvre (en plateau à 40°C). Les complications sont liées aux toxines relarguées.

Transcript of ED : Infections intestinales : Amibiases

Page 1: ED : Infections intestinales : Amibiases

1/11

FGSM3 – Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3 MED501 – Agents infectieux, Hygiène, Aspects généraux Dr Huguenin S5 – 10/09/2021 TRISSON Constance/TONDOLO Mathis

ED : Infections intestinales : Amibiases Des documents de cours ont été publiés sur Moodle. Cependant, ils sont d’après le Docteur Huguenin trop denses et contiennent des données que nous n’avons pas à connaître à notre niveau ; cet ED reflète le niveau de connaissance attendu aux partiels. Nous avons laissé quelques informations du cours n-1 en italique.

Cas clinique

Un homme, 28 ans, revient d’un roadtrip en Inde. Il consulte pour des épisodes de diarrhée glairo-sanglante évoluant depuis 5 jours. L’interrogatoire et l’examen clinique rapportent aussi des douleurs abdominales et un ténesme anal (=tension douloureuse au niveau anal). A l’examen physique, le patient est stable hémodynamiquement, son état général est conservé, son abdomen est souple et dépressif. Le patient rapporte une sensation de fébrilité.

QRM 1 : Quelles étiologies sont à évoquer en priorité devant une fièvre de retour de voyage ?

A. Arbovirose B. Accès de paludisme C. Fièvre typhoïde D. Turista E. Choléra F. Filarioses

Réponses : A, B, C

A

Vrai. Les arboviroses regroupent Dengue, Chikungunya, et Zika, ce sont des virus transmis par arthropodes (= insectes et araignées). La Dengue est mortelle. Il n’existe néanmoins pas de traitement, ce n’est donc pas une urgence diagnostique. Si un patient développe une arbovirose de forme grave, la seule option est la réanimation, où on essaye de le maintenir par hydratation, adrénaline si nécessaire….

B Vrai. Le paludisme est mortel. Il se concentre surtout en Afrique, mais est tout de même présent en Asie (Inde), Amérique du Sud. Si le patient est fébrile et revient d’une zone tropicale, la recherche de paludisme est systématique.

C

Vrai. La fièvre typhoïde est une maladie mortelle, et, comme son nom l’indique, induit une fièvre. Devant tout voyageur revenant d’une zone tropicale, ce diagnostic est évoqué. Cette maladie est extrêmement présente en Inde. Elle évolue en plusieurs étapes : phase de symptômes digestifs (symptômes assez fugaces, pouvant passer inaperçus), puis passage sanguin de la bactérie (=bactériémie). Ce passage est responsable de la gravité de cette maladie, avec une fièvre (en plateau à 40°C). Les complications sont liées aux toxines relarguées.

Page 2: ED : Infections intestinales : Amibiases

2/11

Elle est retrouvée :

dans les selles. Cependant, un examen bactériologique (=recherche de bactéries pathogènes) des selles nécessite 48h et seuls 40% des cas à la phase aigüe sont diagnostiqués par cet examen.

dans le sang. Une hémoculture est ici un examen pertinent.

D

Faux. Les turistas ne sont que très rarement fébriles, ce n’est pas le diagnostic à évoquer en priorité. Elles correspondent plutôt à un syndrome gastro-entérique, avec des diarrhées sans caractère invasif. Sans invasion, il n’y a pas de réaction au niveau des tissus, donc pas de réaction inflammatoire et ainsi, pas de fièvre.

E

Faux. Il n’y a pas de fièvre avec le choléra. En tant que touriste, le risque de développer une forme grave de choléra est infime, cette bactérie provoquera une gastro-entérite banale. En effet, le choléra est dangereux sur une population déjà fragile, dénutrie par exemple. Cette bactérie provoque une diarrhée aqueuse.

F Faux. La filariose est une parasitose, un cours y sera dédié. Dans certains cas, elles peuvent donner de la fièvre, notamment lorsque l’on les traite. Il est rare d’en observer sur des touristes, il faut être fortement exposé pour être contaminé.

→ Comment se déroule une hémoculture ? Très peu de bactéries circulent dans le sang. Ainsi, un important volume de sang doit être prélevé, la recommandation dans une bactériémie est de 60 mL. Le sang est versé dans un flacon d’hémoculture, contenant un milieu nutritif afin que les bactéries poussent. Des petites billes en résine rendent le milieu trouble : elles captent les antibiotiques qui seraient dans le sang du patient. En effet, le patient, étant dans une situation urgente, est immédiatement placé sous antibiotiques, les hémocultures sont réalisées dans un second temps. Ces billes permettent ainsi la pousse des bactéries malgré la présence d’antibiotiques. La plupart des bactéries respire et par conséquent, rejette du CO2. De ce fait, on trouve dans le fond du flacon une pastille brune, qui atteste de la présence de CO2 en changeant couleur (devient verte). Au laboratoire, le flacon est placé dans une machine qui relève toutes les 20 minutes la couleur de cette pastille. Dès que l’automate sonne pour indiquer le changement de couleur, on sort le flacon, puis on regarde au microscope si des bactéries sont bien présentes. Si c’est le cas, on lance une culture et on identifie les germes. Les milieux de culture dépendent des types de germes (aérobies = qui ont besoin d’02, et anaérobies). Ceux de type anaérobie bénéficient de milieux de culture spéciaux captant l’02 pour permettre leur développement. Devant une fièvre de retour de voyage ou toute fièvre sans diagnostic évident, on réalise une hémoculture !

La répartition géographique d’Entamoeba histolytica et d’Entamoeba dispar est cosmopolite et particulièrement dans les régions où il existe des risques de contamination de l'eau et des aliments par les déjections humaines (péril fécal), où l’hygiène est mauvaise.

Page 3: ED : Infections intestinales : Amibiases

3/11

QRU 2 : Quel est le syndrome digestif présenté par le patient ?

A. Syndrome cholériforme B. Syndrome gastroentérique C. Syndrome dysentérique D. Syndrome pseudo-occlusif E. Turista

Réponse : C

C

Vrai. Ici, évocation d’un syndrome dysentérique car :

Diarrhée glairo-sanglante par mécanisme entéro-invasif (le plus souvent afécale)

Association d’épreinte et ténesme

Douleur abdominale

QRM 3 : Quelles sont les étiologies (agents pathogènes) qu’on peut retrouver dans le syndrome dysentérique ?

A. Entamoeba Histolytica B. Rotavirus C. Vibrio Cholerae D. Shigella Dysenteriae E. Campylobacter jejuni

Réponses : A, D

A Vrai. Un syndrome dysentérique peut être causé par Shigella dysenteriae (ainsi que quelques autres Shigella qui sont proches), E. Coli entéro-hémorragique et Entamoeba histolytica (amibiase intestinale).

B Faux. Syndrome gastro-entérique.

C Faux. Syndrome cholérique.

D Vrai. Voir ci-dessus.

E

Faux. Réponse discutable. « Classiquement, tonton au barbecue n’aime pas son poulet trop cuit, il le veut rosé. Quelques jours plus tard, toute la famille est malade, souffre d’une diarrhée fébrile polymorphe ». Très souvent, c’est donc Campylobacter jejuni, un agent de toxi-infection alimentaire collective (TIAC) assez fréquent, qui est responsable de ce genre de situation. Le problème est qu’il peut donner de nombreux types de tableau.

Voici ci-contre les selles d’une personne ayant une amibiase intestinale aigüe.

Afécales

Rouges (car sang)

Présence de glaires (=mucus avec PN)

Page 4: ED : Infections intestinales : Amibiases

4/11

La fièvre, élément très simple de l’examen clinique, permet de faire la différence entre un syndrome dysentérique parasitaire ou bactérien : un syndrome dysentérique parasitaire n’est pas fébrile. (Ceci est à nuancer dans la réalité, mais à retenir ainsi pour les partiels.) QRM 4 : Les amibes :

A. Entamoeba coli est responsable de l’amoebose intestinale et hépatique. B. La contamination peut se faire par ingestion de kystes souillant les crudités, les fruits ou l’eau. C. Les glaçons ne peuvent pas être à l’origine de la contamination car la congélation détruit les

kystes. D. Les formes végétatives d’Entamoeba histolytica meurent rapidement dans le milieu extérieur. E. Les sujets porteurs sains de kystes d’Entamoeba histolytica peuvent développer une amoebose

invasive.

Réponses : B, D, E

A

Faux. La seule amibe possédant des facteurs de virulence est Entemoeba histolytica. Elle est hématophage (= « mange » les hématies), s’accroche à la paroi digestive, la traverse et envahit les tissus. Entamoeba coli n’est pas pathogène même si c’est la plus proche d’Entemoeba histolytica. Les amibes non pathogènes se nourrissent dans le tube digestif de bactéries, et ne posent pas de problèmes, sont asymptomatiques. Si un compte-rendu de parasitologie des selles indique « nombreux kystes d’Entamoeba coli », il est nécessaire de pousser les recherches bactériennes et parasitaires car ce sont des marqueurs de péril fécal. En effet, dans la population européenne (qui boit de l’eau propre, qui se lave les mains après un passage aux toilettes…), il est rare de retrouver Entamoeba coli dans les selles.

B

Vrai. Quelle que soit l’amibe, sa transmission est oro-fécale via des kystes résistants. Ceux-ci peuvent être drainés par les eaux de pluie, arriver dans les rivières… d’où les contaminations dans les pays en développement sans traitement des eaux : 90% de ces populations présentent des Entamoeba coli dans leurs selles ! Ses autres modes de contamination sont les relations sexuelles avec pénétration anale.

C Faux. Les kystes résistent à la congélation, comme la majorité des bactéries. La cuisson les détruit. Les parasites protozoaires sont très résistants au processus chimique et physique (ex : javel).

D Vrai. C’est la grande différence avec la forme kystique qui est beaucoup plus résistante. La forme végétative vit dans le tube digestif à 37°C. Une fois sortie dans le milieu extérieur, elle s’enkyste ou meurt.

E Vrai. C’est « très mystérieux », il n’y a pas forcément d’affaiblissement. Entamoeba histolytica peut vivre de façon commensale dans le tube digestif en se nourrissant de bactéries. Suite à des facteurs environnementaux, génétiques… elle devient invasive et détruit la muqueuse intestinale.

Page 5: ED : Infections intestinales : Amibiases

5/11

Rappel : Le malade n’est pas fébrile, c’est probablement une amibiase intestinale. Il ne faut tout de même pas passer à côté d’une dysenterie bacillaire, qui nécessiterait un traitement antibiotique. Il faut maintenant effectuer des bilans. QRM 5 : Quels sont les examens complémentaires à réaliser ?

A. Sérologie amoebose B. Coloscopie C. Examen parasitologique des selles répété 3 jours de suite D. Coproculture bactérienne E. Échographie abdominale

/!\ Pour le diagnostic de l’amoebose intestinale, il est important de prélever des selles fraîches. Sur un bon de parasitologie des selles, il est important de noter : le pays, le type de diarrhée, le retentissement clinique et l’hyperéosinophilie si elle est présente. L’hyperéosinophilie est un marqueur d’une helminthiase tissulaire, elle sera absente lors d’un paludisme, d’une amoebose (=amibose) intestinale ou d’une helminthiase non tissulaire car il n’y aura pas de contact tissulaire avec les parasites et il n’y aura pas de réaction immunitaire (donc pas de production d’anticorps ni d’histamines, qui sont responsables de l’augmentation des polynucléaires éosinophiles).

Réponses : C, D

A

Faux. Elle sera négative car :

Déjà, la sérologie est constamment inutile en phase aigüe : un laps de temps est nécessaire à l’apparition d’Ac.

En phase intestinale aigüe pure, la muqueuse est touchée, la sous-muqueuse l’est légèrement, mais il n’y a pas de passage sanguin. Le contact avec les cellules immunitaires est alors très faible.

B

Faux. Ce n’est pas l’examen de première intention, car il est invasif, et risque une perforation de la paroi pouvant entraîner une péritonite (d’où les régimes sans résidus avant coloscopie, s’il y a une perforation, le patient est directement amené au bloc opératoire.). Ceci est d’autant plus vrai que la paroi intestinale est abîmée par l’amibiase. On observe alors des abcès caractéristiques en bouton de chemise. La coloscopie est réalisée seulement si rien n’est trouvé sur l’examen bactériologique, donc en deuxième ou troisième intention, car des maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn peuvent mimer un syndrome dysentérique.

C

Vrai. Il faudra répéter 3 fois l’examen parasitologique des selles sur une période de 7 à 8 jours. La sensibilité d’un examen parasitaire des selles est de l’ordre de 30% car :

Les techniques sont très spécifiques et peu sensibles, on doit utiliser des techniques augmentant les concentrations.

Les parasites sont émis de façon discontinue. Cet examen sera sûrement de moins en moins utilisé avec la généralisation des diagnostics par biologie moléculaire en coprologie.

D

Vrai. Vrai. Sur le bon pour examen bactériologique, il faut préciser dans ce cas :

Retour de voyage d’Inde

Syndrome dysentérique Avec ces renseignements, le biologiste recherchera les Shigelle, les amibes, éventuellement des PCR pour des E. coli entéro-invasif ou entéro-hémorragique.

E Faux. Rien de visible dans une amibiase intestinale pure.

Page 6: ED : Infections intestinales : Amibiases

6/11

Sur des selles fraîches, on peut observer des formes végétatives d’Entamoeba hystolitica. Elles sont mobiles et se déplacent dans les selles. Ces formes végétatives sont hématophages et ont donc la capacité de manger des globules rouges. Entamoeba hystolica est la seule amibe ayant des formes végétatives hématophages. Ces formes végétatives avec des globules rouges permettent donc de poser le diagnostic.

On peut observer des kystes d’Entamoeba hystolitica/dispar, ils sont ronds, réfringents et à l’intérieur on a des noyaux. Les kystes sont petits et ont 2 à 4 noyaux. La forme des noyaux va aider le biologiste à dire qu’on est bien sur une amoebose intestinale. Cependant, on ne peut pas différencier hystolitica et dispar en observant des kystes. Pour les distinguer, soit on peut observer des formes végétatives hématophages soit on utilise des techniques de biologie moléculaire en recherchant des antigènes.

Les kystes d’Entamoeba coli vont en général être plus gros et avoir entre 4 et 8 noyaux.

QRM 6 : Quel est le traitement à utiliser pour traiter un patient atteint d’une amoebose intestinale ?

A. Uniquement des amoebicides de contact B. Des amoebicides de diffusion en même temps que des amoebicides de contact C. Des amoebicides de contact puis des amoebicides de diffusion D. Uniquement des amoebicides de diffusion E. Des amoebicides de diffusion puis des amoebicides de contact

Page 7: ED : Infections intestinales : Amibiases

7/11

Réponse : E

E

Vrai. Le traitement va se faire en 2 temps avec d’abord des amoebicides de diffusion puis de contact :

Les amoebicides de diffusion (=tissulaires) se prennent per os puis vont diffuser à partir de l’intestin dans le sang en 4-5 heures. Ils permettent de tuer les kystes qui se baladent dans l’organisme et une partie de ceux qui sont dans le tube digestif. Dans la plupart des cas, en

France on va utiliser le métronidazole (Flagyl®) qui est actif sur les bactéries anaérobies

et sur un certain nombre de protozoaires digestifs. Le Flagyl® a un effet antabuse donc il

faut bien prévenir le patient de ne pas boire d’alcool.

Les amoebicides de contact se prennent également per os mais ne sont quant à eux pas absorbés par la muqueuse digestive ce qui leur permet de rester à une forte concentration dans toute la lumière du tube digestif. Cette forte concentration permet de tuer tous les kystes du tube digestif et de le stériliser. En France, on utilise le Tiliquilinol-Tilbroquinol

(Intetrix®).

Il faut privilégier la voie per os, mais si le patient ne peut vraiment pas avaler, il existe des formes injectables en intra-veineuse. Le Flagyl se prend en multiprise, il existe d’autres amoebicides de diffusion très efficace qui sont en monoprise mais qui ne sont pas disponibles en France. Après la cure, il faut réaliser des contrôles pour vérifier qu’il n’y ait pas de portage chronique, ce qui est fréquent lors de l’échec de l’amoebicide de contact.

QRM 7 : L’amoebose intestinale : A. Sera évoquée devant des selles sanglantes et des douleurs abdominales des fosses

iliaques. B. Est due à la présence de formes végétatives d’Entamoeba histolytica. C. La dissémination est assurée par les sujets qui rejettent des formes végétatives

d’Entamoeba histolytica dans les selles dans un milieu extérieur. D. Entamoaba histolytica est douée d’un pouvoir nécrosant formant des abcès dans la sous

muqueuse intestinale.

Réponses : A, B, D

A Vrai. Si contexte associé.

B Vrai. Ce sont les formes végétatives qui sont hématophages et qui peuvent être invasives.

C Faux. Ce sont les kystes qui assurent la dissémination.

D Vrai. Il forme des ulcérations bien rondes avec en dessous un abcès avec des polynucléaires qui combattent les formes végétatives qui sont présentes dans la sous-muqueuse.

Suite du cas clinique

Un an plus tard Monsieur G est hospitalisé pour des douleurs de l’hypocondre droit d’apparition brutale associée à une fièvre de 40°C. Il présente une hyperleucocytose à 12 700 giga/L dont 9700 PNN et une CRP à 121 mg/L. Le bilan hépatique n’est pas perturbé.

Page 8: ED : Infections intestinales : Amibiases

8/11

Réalisation d’une échographie hépatique

On observe la capsule de Glisson qui est hyperéchogène, le parenchyme hépatique et une zone hypoéchogène à peu près régulière qui correspond à du liquide. Un liquide dans une cavité peut correspondre à un abcès s’il est constitué de polynucléaires neutrophiles altérés ou à un kyste s’il y a uniquement de l’eau. La plupart des kystes hépatiques sont des kystes biliaires qui sont bénins et correspondent à une voie biliaire dilatée. Il peut très rarement s’agir d’un kyste hydatique (revu dans un autre cours).

Réalisation d’un scanner injecté à un temps tardif (complète l’échographie)

Présence d’une lésion bien délimitée, ronde, hypodense. Autour, un liseré hypodense qui correspond à la coque de l’abcès. Rappel : Pour les TDM hépatiques il existe plusieurs temps :

Un temps artériel, précoce, avec l’aorte et les artères hépatiques qui vont être hyperdenses.

Un temps portal, un peu plus tardif, où on voit tous les vaisseaux portaux (très important pour distinguer les différents cancers du foie).

L’abcès étant relativement accessible, le radiologue va le drainer. On observe la couleur « chocolat » de l’abcès. On évacue le kyste uniquement lorsqu’il est proche d’un vaisseau, car on a peur que le kyste se rompe ou atteigne le vaisseau ce qui causerait une amoebose disséminée, avec un pronostic beaucoup moins bon.

Page 9: ED : Infections intestinales : Amibiases

9/11

QRM 8 : Quelles sont vos hypothèses diagnostiques possibles ?

A. Abcès bactérien du foie B. Amoebose hépatique C. Kyste hydatique D. Carcinome hépatocellulaire E. Echinococcose alvéolaire

Réponses : A, B

A Vrai. Généralement lié à des germes anaérobies présents dans la circulation porte. Le foie sert de filtre et les bactéries commencent à pousser dans le foie puis forment un abcès.

B Vrai. Très probable.

C Faux. Dans le kyste hydatique on a une coque très fine avec différentes structures à l’intérieur. /!\ : Ne jamais ponctionner un kyste hydatique ! Généralement avant de ponctionner un kyste dans le foie, on réalise une sérologie pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un kyste hydatique.

D Faux. Un carcinome n’est pas liquidien et se trouve sur un terrain de cirrhose du foie.

E Faux. Aspect beaucoup plus hétérogène au scanner.

QRM 9 : Quels examens paracliniques sont utiles au diagnostic en première intention ?

A. Recherche de formes végétatives d’amibes sur le produit de ponction. B. Examen cytobactériologique du produit de ponction. C. Sérologie amibienne. D. IRM hépatique. E. PCR ou recherche d’antigènes sur le liquide de ponction

Réponses : B, C

A

Faux. Les formes végétatives sont présentes au niveau de la coque de l’abcès. Dans l’abcès on ne trouve que des polynucléaires, des hépatocytes qui ont été mangés par l’amibe et les résidus d’hémoglobines rejetés par l’amibe (responsables de la couleur chocolat de l’abcès). Les formes végétatives ne seront visibles que sur une biopsie hépatique, mais on n’en fait quasiment plus.

B Vrai. Permet de différencier un kyste bactérien d’un kyste amibien.

C Vrai. A réaliser 3 jours plus tard si elle est négative car il faut un certain temps pour que les anticorps apparaissent, même s’ils apparaissent rapidement dans une sérologie amibienne.

D Faux. Pas d’intérêt car on a déjà des belles images en TDM et très compliqué à lire.

E Faux. La plupart du temps il n’y a pas d’intérêt pour dresser un diagnostic. Sert plutôt dans la recherche.

Pour le diagnostic immunologique, on peut avoir recours à différentes techniques : ELISA, IFI, synérèse. Si le résultat est négatif, il faut recommencer dans les 3 à 5 jours.

L’examen parasitologique des selles est également réalisé pour voir s’il y a ou non un portage. Il faut faire attention aux faux positifs (normalement ça n’arrive pas si le laboratoire est compétent) mais surtout aux faux négatifs et il faut donc le refaire 3 fois.

Généralement, on hospitalise les patients pour les surveiller. On les traite avec des amoebicides

tissulaires comme le Flagyl®. Il s’agit presque d’un test diagnostic car en 24-48 heures on passe

d’un patient très douloureux, pyrétique à un patient asymptomatique et guérit. Par principe, après le traitement on donne également des amoebicides de contact. Puis surveillance car l’abcès peut rester un certain moment. En France, normalement, plus personne ne meurt d’une amoebose hépatique.

Page 10: ED : Infections intestinales : Amibiases

10/11

Rappel : le foie n’est pas un tissu innervé, c’est la capsule de Glisson qui l’est et qui est très sensible à l’augmentation de la taille du foie. Cette augmentation est responsable des douleurs hépatiques lors des abcès amibiens où bactériens.

QRM 10 : Monsieur G est cuisinier, quelle(s) est(sont) la(les) mesure(s) à prendre ? A. Vous appelez le médecin du travail de monsieur G pour lui signaler le cas. B. Vous appelez l’ARS pour faire la déclaration obligatoire. C. M. G peut reprendre son activité professionnelle sans précautions particulières. D. M. G peut reprendre son activité professionnelle après s’être assuré de l’absence de

portage asymptomatique. E. M. G ne pourra pas reprendre son activité de cuisinier.

Réponse : D

A Faux. La médecine du travail possède une législation particulière avec une exception au secret médical, on ne transmet pas tous les résultats médicaux (sinon prison).

B Faux. L’amoebose ne fait pas partie des maladies à déclaration obligatoire.

C Faux. Il faut d’abord s’assurer qu’il n’y ait pas un portage asymptomatique.

D Vrai.

E Faux.

QRM 11 : L’amoebose hépatique : A. Sera évoquée devant une hépatomégalie douloureuse et fébrile. B. Est secondaire à une amoebose intestinale parfois non diagnostiquée. C. Le diagnostic de l’amoebose hépatique repose sur la sérologie. D. L’imagerie est essentielle au diagnostic d’amoebose hépatique. E. La numération formule sanguine montre une hyperéosinophilie importante.

Réponses : A, B, C

A Vrai. On cherchera une notion de voyage, normalement il n’y a plus d’amoebose hépatique autochtone en France.

B Vrai.

C Vrai. Examen de référence.

D

Faux. En France, on la fait généralement car on a accès aux techniques d’imagerie assez rapidement. Mais ça n’est pas forcément indispensable si la clinque est très compatible avec une amoebose. Pour poser le diagnostic en urgence, la sérologie est plus importante que le scanner. Le scanner sera quand même fait pour savoir s’il faut évacuer l’abcès ou pas, mais il n’est pas essentiel au diagnostic.

E Faux. L’amibe est un protozoaire donc il n’a pas d’hyperéosinophilie.

QRM 12 : Lors d’un retour de voyage au Cambodge, devant l’apparition de diarrhées sanglantes, vous pouvez évoquer le diagnostic de :

A. Amoebose viscérale B. Giardiose C. Cryptosporidose D. Amoebose intestinale.

Page 11: ED : Infections intestinales : Amibiases

11/11

Réponse : D

D

Vrai. Dans les parasitoses, il s’agit du parasite qui typiquement donne des diarrhées sanglantes. On voit de plus en plus d’amoeboses intestinales transmises par rapport sexuel. Donc s’il y a un patient qui a une amoebose intestinale évidente mais qu’il n’a jamais voyagé, il faut lui demander si son ou ses partenaires ont voyagé.

Annales 2020 :

1) Monsieur D vit expatrié en Afrique où il travaille et vient vous consulter pendant un passage en France pour une diarrhée aigue. Elle a débuté brutalement il y a 2 jours, les selles sont glairo-sanglantes. De quel syndrome diarrhéique s’agit-il ? A) Syndrome cholériforme B) Syndrome dysentérique C) Syndrome gastro-entérique D) Syndrome pseudo-occlusif E) Syndrome de Zollinger-Ellison 2) Quel signe clinique vous conforterait dans l’hypothèse d’une origine amibienne ? A) Epreintes B) Faux besoins C) Absence de fièvre D) Présence de fièvre E) Douleur dans l’hypochondre droit associée 3) Vous évoquez un abcès amibien du foie, quelles sont les propositions exactes ? A) La sérologie amibienne permet de confirmer le diagnostic B) L’examen du liquide de ponction permet de retrouver des formes végétatives d’amibes C) L’examen parasitologique des selles permet de retrouver des formes végétatives d’amibes D) La ponction du kyste amibien est contre-indiquée en raison du risque de dissémination et

de choc anaphylactique E) Le traitement repose sur l’utilisation successive d’une amoebicide tissulaire puis d’un

amoebicide de contact 4) Quelle(s) est(sont) la(les) parasitose(s) responsable(s) de crises convulsives ? A) Amibiase digestive B) Toxoplasmose C) Neuropaludisme D) Cryptosporidiose E) Neurocysticercose

Réponses :

1 2 3 4

B C AE BCE