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Parque Natural de Pucallpa (Pérou) Les forêts d’Amazonie : le cas du Brésil Biome TROPICAL FICHE 6 Références pour photos : 1 commons.wikimedia.org/wiki/File:Dv%C3%A6rgsilkeabe_Callithrix_pygmaea.jpg 2 agnes.pleutin.free.fr/Amazonie/ 3 fr.wikipedia.org/wiki/Fichier :Indio_Yanomami.jpg, Fabio Rodriguez Pozzebom, 2008 • Les forêts d’Amazonie représentent près de 20 % de toutes les forêts du monde. • Les forêts d’Amazonie représentent plus de 50 % des forêts tropicales humides de la planète. • 5 % de l’eau douce de la planète se trouve dans les forêts d’Amazonie. • L’Amazone est, avec le Nil, le plus long fleuve de la planète, mais c’est le plus grand par l’immensité de son bassin versant qui draine toute la forêt amazonienne. • Entre 2000 et 2010, autour de 3,6 millions d’hec- tares de forêts ont été convertis en terres réservées à d’autres usages (agriculture et villes), ce qui repré- sente environ 138 461 000 terrains de tennis. • À ce jour, environ 20 % de la forêt amazonienne a déjà disparu en raison des activités humaines dans la région. • Le produit intérieur brut (PIB) des pays d’Amazonie varie entre 2,2 et 2 518 milliards de dollars américains courants en 2011 (Guyana et Brésil respectivement). QUELQUES CHIFFRES 12 54 86 3 967 37 07 254 4 5907 57 Fleuve Amazone traversant la forêt amazonienne © Nasa 2005 © Vincent Vos Jacamar roux (Galbalcyrhynchus purusianus) Un projet prometteur pour le futur de la forêt amazonienne Le projet Floagri est un projet mis sur pied par la communauté européenne, visant à remettre en culture les terres dégradées à la suite des mauvaises pratiques forestières ou agricoles. En partenariat avec les com- munautés, l’objectif est de valoriser et de pérenniser les ressources tout en assurant la sécurité alimentaire des populations. La mise en place d’une agriculture durable et d’une gestion saine des ressources forestières permettra aux communautés rurales du Brésil, de l’Équateur et du Pérou d’améliorer leurs conditions de vie. Les techniques développées entre 2005 et 2010 sont très encourageantes, et les politiques publiques devraient permettre de faire essaimer ces nouveaux modèles. NOUVELLE EN BREF BREF En Amérique du Sud, les forêts tropicales humides se trouvent principalement dans le bassin fluvial de l’Amazone, fleuve qui prend sa source dans les Andes et se jette dans l’océan Atlantique, au Brésil. Ces forêts représentent la plus grande superficie de forêts tropicales humides continues du monde (799 394 000 ha, soit l’équivalent de la superficie de l’Australie) et elles sont réparties dans neuf pays (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guyane française, Guyana, Pérou, Suriname et Venezuela). C’est au Brésil que ces forêts sont les plus abon- dantes, couvrant 520 millions d’hectares, soit 39 % de toutes les forêts tropicales de la planète. Dans l’ensemble de ce bassin forestier, 80 % des forêts sont primaires, ce qui signifie qu’il n’existe aucune trace per - ceptible d’activités humaines sur ce terri- toire. Plusieurs centaines d’espèces d’arbres habitent ces forêts ; parmi les plus connues se trouvent l’acajou (Swietenia macrophylla), le bois de rose (Aniba rosaeodora), le cèdre acajou (Cedrela odorata) et l’hévéa (Hevea brasiliensis), l’açaï (Euterpe oleracea), et le noyer du Brésil (Bertholletia excelsa). Biodiversité Environ 50 % de la biodiversité de notre planète se trouve dans les forêts d’Amazonie et se manifeste par des formes de vie les plus insolites et surprenantes les unes que les autres. À titre d’exemple, citons : le ouistiti pygmée, deuxième plus petit primate au monde, ne mesurant pas plus de 12 cm ; les singes tamarins-lions ; le douroucouli, unique singe nocturne au monde ; l’anaconda, serpent de plus de six mètres ; le coq-de-roche péruvien, oiseau emblème du Pérou ; le jaguar ; le paresseux ; etc. Des différences de richesse en biodiversité existent entre l’est et l’ouest du bassin amazonien. En effet, les inventaires forestiers ont démontré que l’est de la zone dispose d’une moins grande Rhett A. Butler © mongabay.com Économie L’économie au Brésil, et dans la plupart des pays en déve- loppement de l’Amérique du Sud, est principalement axée sur l’exportation des ressources naturelles, incluant les pro- duits provenant des secteurs minier, forestier et agricole. La déforestation observée dans cette région et son inten- sité sont fortement dépendantes de la conjoncture écono- mique. Les récessions diminuent le pouvoir d’achat et les projets de développement industriel du peuple brésilien, ce qui ralentit le taux de déforestation. Par contre, en période de rétablissement économique, les éleveurs et les culti- vateurs coupent la forêt pour étendre leur domaine, et le gouvernement développe le réseau routier pour favoriser l’accès à de nouveaux territoires et faciliter le transport des produits agricoles, forestiers et miniers. Cependant, le gou- vernement brésilien s’est engagé à réduire le déboisement de 80 % d’ici 2020 par rapport à 2009, et les mesures prises semblent porter des fruits, puisque six fois moins d’hectares ont été déboisés en 2012 par rapport à 2003. Par ailleurs, le reboisement des terres dégradées est encouragé pour limi- ter la pression sur la forêt naturelle. L’utilisation d’espèces indigènes à fort potentiel industriel et commercial telles que le paricá (Schizolobium amazonicum) et l’hévéa est privilégiée, même si d’autres essences exotiques comme l’eucalyptus (Australie) et le teck (Asie) sont aussi largement plantées. En 2009, plus de 600 000 hectares étaient reboisés en Amazonie brésilienne. En tant que pays émergent, le Brésil n’est pas représentatif des autres pays de la région sur le plan économique. Le secteur forestier génère 2,8 % du PIB du pays, soit l’équivalent de 28 milliards de dollars, tandis qu’au Pérou, en Colombie et en Équateur cette industrie rapporte, par pays, entre 800 et 950 millions de dollars et, en Bolivie, c’est encore moins avec 250 millions de dollars. Certes, le Brésil est le plus grand pays d’Amérique du Sud, mais c’est avant tout le dy- namisme de son économie qui le distingue de ses voisins. Gouvernance Les territoires forestiers sont principalement la propriété de l’État (75 %), tandis que le reste (25 %) appartient à des pro- priétaires privés. À l’extérieur des aires protégées (44 %), les terres de l’État n’ont pas de statut de protection ni d’utilisation déterminée en dehors des lois environnementales générales applicables partout sur le territoire, mais qui ne sont pas vrai- ment respectées. De plus, en autorisant les ménages à s’appro- prier de nouveaux territoires dans la forêt amazonienne, le gouvernement brésilien délègue par le fait même la gestion du patrimoine forestier à des communautés qui n’ont aucune connaissance des particularités de cet écosystème. Le niveau de pauvreté des communautés les pousse avant tout à couper la forêt pour y pratiquer l’agriculture de subsistance ou des activités minières illégales, alors qu’il y aurait d’autres ave- nues plus durables. L’amélioration de la qualité de vie des communautés passe par l’éducation à la gestion et à l’uti- lisation durable des ressources naturelles. Le défi du déve- loppement durable de l’Amazonie brésilienne dépend du nouveau code forestier (2012), des lois régissant l’utilisation des terres et, surtout, de l’application de ces lois dans les neuf États de l’Amazonie. Le gouvernement fédéral du Brésil et les gouvernements étatiques travaillent de concert pour freiner la déforestation et favoriser la remise en production agricole et forestière des terres dégradées. Rencontre du Rio Negro et de l’Amazone © Ève-Lucie Bourque 2009 Vue aérienne de la forêt amazonienne © Roger Hernandez 2002 © Roger Hernandez 2002 Cour à bois (Amazonie) © Roger Hernandez 2002 © Lis Rodrigues Uliana Jeu dans la rivière (État du Pará, Brésil) © Roger Hernandez 2002 Transport des billots sur la rivière (Pérou) Paysage morcelé (Brésil)

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Parque Natural de Pucallpa (Pérou)

Les forêts d’Amazonie : le cas du Brésil

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Références pour photos :1 commons.wikimedia.org/wiki/File:Dv%C3%A6rgsilkeabe_Callithrix_pygmaea.jpg2 agnes.pleutin.free.fr/Amazonie/3 fr.wikipedia.org/wiki/Fichier :Indio_Yanomami.jpg, Fabio Rodriguez Pozzebom, 2008

• Les forêts d’Amazonie représentent près de 20 % de toutes les forêts du monde.

• Les forêts d’Amazonie représentent plus de 50 % des forêts tropicales humides de la planète.

• 5 % de l’eau douce de la planète se trouve dans les forêts d’Amazonie.

• L’Amazone est, avec le Nil, le plus long fleuve de la planète, mais c’est le plus grand par l’immensité de son bassin versant qui draine toute la forêt amazonienne.

• Entre 2000 et 2010, autour de 3,6 millions d’hec-tares de forêts ont été convertis en terres réservées à d’autres usages (agriculture et villes), ce qui repré-sente environ 138 461 000 terrains de tennis.

• À ce jour, environ 20 % de la forêt amazonienne a déjà disparu en raison des activités humaines dans la région.

• Le produit intérieur brut (PIB) des pays d’Amazonie varie entre 2,2 et 2 518 milliards de dollars américains courants en 2011 (Guyana et Brésil respectivement).

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Un projet prometteur pour le futur de la forêt amazonienneLe projet Floagri est un projet mis sur pied par la communauté européenne, visant à remettre en culture les terres dégradées à la suite des mauvaises pratiques forestières ou agricoles. En partenariat avec les com-munautés, l’objectif est de valoriser et de pérenniser les ressources tout en assurant la sécurité alimentaire des populations. La mise en place d’une agriculture durable et d’une gestion saine des ressources forestières permettra aux communautés rurales du Brésil, de l’Équateur et du Pérou d’améliorer leurs conditions de vie. Les techniques développées entre 2005 et 2010 sont très encourageantes, et les politiques publiques devraient permettre de faire essaimer ces nouveaux modèles.

NOUVELLE EN BREF BREF

En Amérique du Sud, les forêts tropicales humides se trouvent principalement dans le bassin fluvial de l’Amazone, fleuve qui prend sa source dans les Andes et se jette dans l’océan Atlantique, au Brésil. Ces forêts représentent la plus grande superficie de forêts tropicales humides continues du monde (799 394 000 ha, soit l’équivalent de la superficie de l’Australie) et elles sont réparties dans neuf pays (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guyane française, Guyana, Pérou, Suriname et Venezuela). C’est au Brésil que ces forêts sont les plus abon-dantes, couvrant 520 millions d’hectares, soit 39 % de toutes les forêts tropicales de la planète. Dans l’ensemble de ce bassin forestier, 80 % des forêts sont primaires, ce qui signifie qu’il n’existe aucune trace per-ceptible d’activités humaines sur ce terri-toire. Plusieurs centaines d’espèces d’arbres habitent ces forêts ; parmi les plus connues se trouvent l’acajou (Swietenia macrophylla), le bois de rose (Aniba rosaeodora), le cèdre acajou (Cedrela odorata) et l’hévéa (Hevea brasiliensis), l’açaï (Euterpe oleracea), et le noyer du Brésil (Bertholletia excelsa).

BiodiversitéEnviron 50 % de la biodiversité de notre planète se trouve dans les forêts d’Amazonie et se manifeste par des formes de vie les plus insolites et surprenantes les unes que les autres. À titre d’exemple, citons : le ouistiti pygmée, deuxième plus petit primate au monde, ne mesurant pas plus de 12 cm ; les singes tamarins-lions ; le douroucouli, unique singe nocturne au monde ; l’anaconda, serpent de plus de six mètres ; le coq-de-roche péruvien, oiseau emblème du Pérou ; le jaguar ; le paresseux ; etc. Des différences de richesse en biodiversité existent entre l’est et l’ouest du bassin amazonien. En effet, les inventaires forestiers ont démontré que l’est de la zone dispose d’une moins grande

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ÉconomieL’économie au Brésil, et dans la plupart des pays en déve-loppement de l’Amérique du Sud, est principalement axée sur l’exportation des ressources naturelles, incluant les pro-duits provenant des secteurs minier, forestier et agricole. La déforestation observée dans cette région et son inten-sité sont fortement dépendantes de la conjoncture écono-mique. Les récessions diminuent le pouvoir d’achat et les projets de développement industriel du peuple brésilien, ce qui ralentit le taux de déforestation. Par contre, en période de rétablissement économique, les éleveurs et les culti-vateurs coupent la forêt pour étendre leur domaine, et le gouvernement développe le réseau routier pour favoriser l’accès à de nouveaux territoires et faciliter le transport des produits agricoles, forestiers et miniers. Cependant, le gou-vernement brésilien s’est engagé à réduire le déboisement de 80 % d’ici 2020 par rapport à 2009, et les mesures prises semblent porter des fruits, puisque six fois moins d’hectares ont été déboisés en 2012 par rapport à 2003. Par ailleurs, le reboisement des terres dégradées est encouragé pour limi-ter la pression sur la forêt naturelle. L’utilisation d’espèces indigènes à fort potentiel industriel et commercial telles que le paricá (Schizolobium amazonicum) et l’hévéa est privilégiée, même si d’autres essences exotiques comme l’eucalyptus (Australie) et le teck (Asie) sont aussi largement plantées. En 2009, plus de 600 000 hectares étaient reboisés en Amazonie brésilienne.

En tant que pays émergent, le Brésil n’est pas représentatif des autres pays de la région sur le plan économique. Le secteur forestier génère 2,8 % du PIB du pays, soit l’équivalent de 28 milliards de dollars, tandis qu’au Pérou, en Colombie et en Équateur cette industrie rapporte, par pays, entre 800 et 950 millions de dollars et, en Bolivie, c’est encore moins avec 250 millions de dollars. Certes, le Brésil est le plus grand pays d’Amérique du Sud, mais c’est avant tout le dy-namisme de son économie qui le distingue de ses voisins.

GouvernanceLes territoires forestiers sont principalement la propriété de l’État (75 %), tandis que le reste (25 %) appartient à des pro-priétaires privés. À l’extérieur des aires protégées (44 %), les terres de l’État n’ont pas de statut de protection ni d’utilisation déterminée en dehors des lois environnementales générales applicables partout sur le territoire, mais qui ne sont pas vrai-ment respectées. De plus, en autorisant les ménages à s’appro-prier de nouveaux territoires dans la forêt amazonienne, le gouvernement brésilien délègue par le fait même la gestion du patrimoine forestier à des communautés qui n’ont aucune connaissance des particularités de cet écosystème. Le niveau de pauvreté des communautés les pousse avant tout à couper la forêt pour y pratiquer l’agriculture de subsistance ou des activités minières illégales, alors qu’il y aurait d’autres ave-nues plus durables. L’amélioration de la qualité de vie des communautés passe par l’éducation à la gestion et à l’uti-lisation durable des ressources naturelles. Le défi du déve-loppement durable de l’Amazonie brésilienne dépend du nouveau code forestier (2012), des lois régissant l’utilisation des terres et, surtout, de l’application de ces lois dans les neuf États de l’Amazonie. Le gouvernement fédéral du Brésil et les gouvernements étatiques travaillent de concert pour freiner la déforestation et favoriser la remise en production agricole et forestière des terres dégradées.

Rencontre du Rio Negro et de l’Amazone

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...sur la biodiversité en AmazonieUn hectare (100 m x 100 m) de forêt tropicale amazonienne comprend entre 200 et 300 espèces d’arbres, soit plus que la totalité des espèces présentes dans tous les pays de l’Union européenne. La biodiversité de la forêt amazonienne semble être la plus élevée au monde.

Les scientifiques découvrent entre deux à trois es-pèces d’oiseaux annuellement et ils évaluent que plus de 100  000 espèces de plantes et autour de 70 000 espèces d’arbres pourraient être encore découvertes.

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...sur la biodiversité en Amazonie,selon l’état des connaissances en ce début de 21e siècle

NOMBRE D’ESPÈCES

Plantes endémiques 40 000

Arbres 6 350

Mammifères 430

Oiseaux 1 600

Reptiles 380

Amphibiens 430

Poissons d’eau douce 3 000

Insectes 2,5 millions

...le dauphin rose du fleuve AmazoneÉgalement nommé Boto, Bufeo, Bugeo ou Tonina, le dauphin rose de l’Amazone est le plus grand dauphin d’eau douce du monde. At-teignant jusqu’à 2,80 m de longueur et environ 180 ki-los, cette espèce de dauphin vit dans la partie nord de l’Amérique du Sud et se nourrit de diverses

espèces de poissons. Son corps est gris, mais son ventre peut être rose ; son museau, très long, est en forme de bec. En Amazonie, le dauphin rose est un fort symbole historique et culturel, très présent dans les légendes et les danses locales. Selon la légende, les dauphins roses sont des créatures magiques ca-pables de se transformer en hommes et de féconder les femmes. Comme ce cétacé est menacé d’extinction par la pêche abusive, la construction de barrages sur l’Amazone et les collisions avec les bateaux, un plan stratégique a été mis sur pied par des spécialistes colombiens, péruviens, équatoriens, brésiliens et boliviens afin de les sauver.

QUELQUES FAITS

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diversité en espèces d’arbres que le centre ou l’ouest de la zone. Cela s’explique, entre autres, par des différences de climat, de fer-tilité du sol et de géomorphologie. Les espèces animales aussi va-rient d’un secteur à l’autre, et les composantes biogéographiques en seraient responsables. Les nombreuses rivières qui traversent les forêts délimitent des régions biogéographiques dans le paysage, puisqu’elles agissent comme des barrières au déplacement des ani-maux. Les scientifiques proposent que les plans de conservation en Amazonie soient établis par sous-région pour assurer la protection d’un plus grand nombre d’espèces. En 2010, 44 % du territoire de la forêt amazonienne brésilienne se situe dans une aire protégée, mais la moitié de ces zones protégées n’ont pas encore de plan de gestion, et de nombreuses activités humaines illégales y ont court. Les aires protégées sont, presque en parts égales, soit des parcs nationaux, soit des territoires reconnus aux Autochtones.

PerturbationsLa constante diminution des forêts vierges amazoniennes est alarmante : en vingt ans, elles ont perdu près de 75 millions d’hectares, soit l’équivalent de la superficie entière du Chili. Cinq causes principales sont à l’origine de la déforestation au Brésil, toutes reliées les unes aux autres et résultant majoritairement de l’activité humaine.

1) La production bovineLe changement de vocation d’immenses superficies forestières en pâturage pour le bétail constitue la principale cause de la disparition des forêts tropicales humides dans cette région du monde. Cette activité est responsable de 65 à 70 % de la défores-tation totale. Le Brésil est devenu le premier exportateur mondial de viande bovine en raison d’une forte demande de la Russie, de l’Asie et de l’Europe, et les grands propriétaires terriens ont priorisé l’élevage de bovins au détriment des forêts.

2) La colonisation et l’agriculture de subsistanceLa pauvreté très répandue en Amérique du Sud est à l’origine de la seconde cause en importance de la déforestation en Amazonie. Représentant entre 20 et 25 % de la déforestation, l’utilisation des terres pour y pratiquer l’agriculture de subsis-tance est, d’une certaine façon, encouragée par le gouvernement qui accorde à toute sa population le droit d’utiliser les terres de l’État pendant au moins une année. Le brûlage d’une parcelle et l’élimination des arbres rendent cette terre propice à la culture de maïs, de bananiers et d’autres plantes de subsistance. Après cinq ans d’utilisation, les familles deviennent propriétaires de leurs parcelles cultivées. Entre 1995 et 1998, environ 150 000 ménages ont acquis des terrains de cette manière, et depuis lors cette tendance semble se maintenir.

3) L’amélioration des infrastructures routièrescontribue aussi à la déforestation. La construction de l’auto-route Cuiabá-Santarém, aussi appelée « l’autoroute du soja », qui traverse la forêt amazonienne brésilienne du nord au sud a permis aux humains d’aller s’installer dans des zones qui, aupa-ravant, étaient totalement inaccessibles. Cette route stratégique pour l’industrie agroalimentaire (transport du soya et du bétail) permet aussi aux exploitants miniers et forestiers de construire d’autres axes routiers et d’atteindre de nouveaux territoires, en-traînant la perte de milliers d’hectares de forêts primaires. Il a été démontré que 70 % de la déforestation se réalise dans les

50 km bordant les routes asphaltées alors qu’au maximum 7 % de la déforestation a lieu le long des routes de terre. La Transamazonienne, qui vise à traverser la forêt amazonienne d’est en ouest et à relier le Pérou à l’Atlantique, est un fac-teur important de développement économique, mais sa construction est aussi contestée pour ses impacts envi-ronnementaux négatifs.

4) L’expansion de l’agriculture commerciale,telle que la culture du soja, est également responsable de la disparition des forêts tropicales au Brésil. Ce pays est devenu le plus grand exportateur de soja au monde. Le prix élevé de cette denrée sur les marchés internationaux, l’amé-lioration des infrastructures locales de transport (routes, chemins de fer, voies navigables) et l’arrivée de variétés de soja génétiquement modifié (OGM) plus productives ont incité les propriétaires à en faire une culture intensive destinée à l’alimentation animale et humaine, mais aussi comme combustible. Cela contribue au développement d’activités humaines dans des zones de forêt vierge.

5) Le commerce illégal de boisprend de l’ampleur dans le pays, car il est facilité par le développement du réseau routier et une plus grande accessibilité au territoire. Les coupes forestières illégales sont des coupes sélectives où seulement quelques espèces d’arbres sont récoltées en raison de leur grande valeur éco-nomique. À la suite du passage des pilleurs de bois nobles tels que l’acajou, le bois de rose, le cèdre acajou et l’hévéa, ce sont les paysans pauvres qui prennent possession des territoires récoltés pour en faire de l’agriculture itinérante de subsistance, ce qui engendre la déforestation.

...sur les YanomamiCe peuple autochtone de l’Amérique du Sud regroupe environ 32 000 personnes et vit dans les forêts tropicales du Brésil et du Venezuela. Après plusieurs décennies de lutte, ce peuple obtient, en 1992, des gouvernements brésiliens et vénézuéliens la reconnaissance de son terri-toire d’une superficie de 8,2 millions d’hectares, soit quatre fois celle de la Suisse ; il s’agit du plus grand territoire reconnu à un peuple autochtone sur la planète, et cela lui permet de préserver tant bien que mal son mode de vie ancestral. Malgré la loi freinant l’accès au territoire, l’exploi-tation illégale des minerais par les orpailleurs et la déforestation à des fins d’élevage constituent néanmoins une menace à la survie de ce peuple.

QUELQUES FAITS

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Services environnementauxÀ titre de plus grand massif de forêt tropicale au monde, la forêt ama-zonienne remplit plusieurs fonctions environnementales essentielles à l’être humain. Premièrement, son rôle dans le cycle du carbone est majeur à l’échelle planétaire, puisqu’environ 220 tonnes de carbone par hectare de forêt sont stockées en Amazonie chaque année. Deuxièmement, la forêt assure l’équilibre fragile de la fertilité des sols, qui sont très pauvres en éléments nutritifs en Amazonie. Les mi-néraux du sol ont, en effet, été en grande partie lessivés durant des millions d’années par les pluies abondantes. Sous l’effet combiné de la chaleur et du fort taux d’humidité, les arbres, à leur mort, sont vite décomposés, et leurs nutriments rapidement absorbés par de nou-veaux végétaux et autres organismes en croissance. Le recyclage des éléments est très efficace, et la couche d’humus est très mince. Mais, en l’absence de couvert forestier, le sol se dégrade rapidement. Les mi-néraux et la matière organique sont vite lessivés, et les hydroxydes de fer et d’aluminium remontent à la surface, formant une roche dure et rouge appelée latérite, impropre à la croissance des plantes et des arbres. Troisièmement, dans cette région traversée par le grand fleuve Amazone, la forêt joue un rôle majeur dans le cycle de l’eau : elle assure une régulation de l’eau dans le sol et une diminution du lessi-vage des nutriments, grâce aux systèmes racinaires et aux feuillages de ses arbres. Le milieu agricole bénéficie indirectement de ces services, puisque les forêts à proximité des champs retiennent l’eau nécessaire aux cultures. La forêt tropicale et ses processus biologiques freinent aussi la dispersion des maladies infectieuses. Les cycles naturels entre prédateurs et proies permettent de contrôler certaines épidémies qui, sans la grande biodiversité de la forêt, se propageraient plus rapidement.

Pour encourager les communautés forestières à protéger leurs écosys-tèmes, il est proposé aux pays développés de compenser leurs émis-sions de gaz à effet de serre en achetant des crédits de carbone aux pays en développement ou en émergence. Ces paiements sont donnés en compensation pour le maintien des écosystèmes qui fournissent des services environnementaux qui bénéficient à la santé globale de la planète. Bien que ce concept soit en développement et qu’il reste à définir la façon de mesurer la valeur des services environnementaux, les retombées économiques et environnementales qui découleraient de cette transaction pourraient améliorer les conditions de vie des popula-tions des régions forestières tropicales de l’Amazonie et d’ailleurs (celles du bassin du Congo et de l’Asie du Sud-Est par exemple). Le paiement pour services environnementaux, s’il est instauré sur le plan internatio-nal, devra nécessairement impliquer une adhésion et une participation entières des communautés forestières.

SociétéIl y a 500 ans, les forêts du bassin amazonien étaient habitées par environ 230 communautés autochtones qui comptaient entre 15 à 20 millions d’individus selon les études. La colonisation européenne, les changements environnementaux et l’assimilation culturelle ont mené à la disparition d’un grand nombre de ces peuples. Les projets de développement promus par le gouvernement brésilien dans les années 70 poussaient ces peuples à l’exil, ce qui a largement contribué à leur déclin. Bon nombre d’Autochtones sont décédés de diverses maladies auxquelles leurs ancêtres n’avaient jamais été confrontés auparavant. Aujourd’hui, les peuples autochtones ont adopté un mode de vie moderne, mais revendiquent leur identité culturelle et des droits sur leurs territoires ancestraux. En ce début de 21e siècle, autour de 900 000 personnes appartenant à ces groupes non assimilés seraient présentes sur le territoire, alors que l’Amazonie brésilienne compte plus de 15 millions d’individus très métissés, dont les origines sont à la fois européennes et indigènes. La densité de population en Amazonie reste très faible (quatre habitants au kilomètre carré), et la grande majorité de la population vit en milieu urbain. Les deux plus grandes villes d’Amazonie, Manaus et Belém, comptent respectivement 1,7 et 1,3 million de personnes.

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