ECO - 08 & 09 Septembre 2013

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En Chine, le marché du transport urbain s’ouvre, un peu, aux étrangers LIRE PAGE 2 07/09-7 HEURES L’ESSOR DES « HYBRIDES », À LA FOIS ORDINATEURS ET TABLETTES LIRE PAGE 4 TF1 Q u’arrive-t-il donc à TF1 ? L’ex-roi du paysage audiovisuel français, qui avait accumulé les déconvenues depuis l’irruption de la TNT gratuite en 2005, sem- ble avoir touché le fond (je ne parle pas des programmes, qui ne relèvent pas de mon champ d’analyse). La Bourse semble en tout cas saisie d’un retour de flamme. En une semaine, l’action TF1 a gagné 16,1 %, à 11,72 euros, et affi- che la deuxième plus belle per- formance des 120 premières sociétés cotées à Paris réunies dans l’indice SBF 120. Elle est à son plus haut niveau depuis août 2011. L’environnement dans lequel évolue la première régie publicitaire française s’éclaircit. Le marché de la publicité resté en berne au premier semestre 2013 sera moins mauvais au second et devrait surtout repar- tir à la hausse en 2014, pré- voient les agences médias. Ensuite, la guerre des tarifs publicitaires qui avait miné les marges de TF1 s’éloigne. Nicolas de Tavernost, le président de M6, dont l’agressivité déployée pour conserver ses parts de marché avait fait souffrir la Une, a évo- qué le 4 septembre une conjonc- ture qui va permettre de « restau- rer des prix plus favorables ». Secteurs interdits Troisième facteur externe à TF1, les perspectives d’une évo- lution réglementaire servant ses intérêts. Rien n’est tranché, mais l’éventualité d’une autori- sation du passage au gratuit de LCI, la chaîne d’info déficitaire du groupe de Boulogne-Billan- court (Hauts-de-Seine), et la réflexion sur l’ouverture de la publicité télévisée à certains sec- teurs qui lui étaient jusqu’ici interdits, comme le cinéma ou les promotions de grande distri- bution, sont autant de signaux agréables au groupe. Nonce Paolini, à qui Martin Bouygues a confié la direction de TF1 il y a six ans, doit sentir s’alléger la pression sur ses épau- les. Mais l’évolution de la conjoncture n’explique pas tout. Après avoir pris tardive- ment la mesure de la révolution numérique qui touchait le petit écran, le PDG de la Une a entre- pris de modifier l’architecture du paquebot. Et cela commence à porter ses fruits. Au second trimestre 2013, l’amélioration de la marge d’ex- ploitation malgré la poursuite de la baisse du chiffre d’affaires est le signe d’un groupe qui ne se contente plus d’amortir les chocs. La réduction des coûts a été dosée pour distiller ses effets trimestre après trimestre. Quant à la programmation, malgré une baisse du coût de la grille d’une centaine de mil- lions d’euros, à 900 millions, elle parvient enfin à stabiliser l’audience au-dessus de 22 %. La bataille n’est pas terminée pour autant. Le succès boursier est à relati- viser, même si la valeur a dou- blé depuis son point bas de mai 2012. M. Paolini a mis fin au déclin et a de sérieux atouts en main, en particulier avec Euros- port (payant) et TMC (gratuit). Et après ? Il a gagné la légitimité et la liberté de composer un nou- veau scénario pour le groupe. Reste à l’écrire. p [email protected] J OR 1391$ L’ONCE La zone euro de nouveau au chevet de ses Etats membres sous assistance LIRE PAGE 3 Le casse-tête de la fiscalité immobilière Abattement exceptionnel sur les plus-values, surtaxe, réformes à venir… difficile de s’y retrouver dans cette juxtaposition de règles en perpétuelle évolution. La ville-jardin imaginée par Lille séduit A dix minutes du centre-ville, un éco-quartier mêle habitations, bureaux, commerces, et attire les particuliers. LIRE PAGE 6 J TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 2,55 % J TAUX AMÉRICAIN À 10 ANS 2,93 % PERTES & PROFITS | par Jean-Baptiste Jacquin Enfin libre ! La situation de l’emploi jette une ombre sur la reprise de l’économie américaine j EURO-DOLLAR 1,3179 ARGENT & PATRIMOINE j PÉTROLE 116,12 $ LE BARIL V oilà des chiffres qui n’ont pas vrai- ment simplifié le décryptage de l’évolution de l’état de santé de l’économie américaine. La publica- tion des données relatives à l’emploi aux Etats-Unis pour le mois d’août, vendredi 6 septembre, n’a pas permis de dresser une tendance claire. Et elle a contribué à conti- nuer d’alimenter les incertitudes quant à la décision que doit prendre la Banque centra- le américaine (Fed) lors de sa prochaine réu- nion, les 17 et 18 septembre, à propos d’une possible réduction de ses mesures de sou- tien à l’économie. S’il a annoncé, en mai, sa volonté de rédui- re ses 85 milliards de dollars (64 milliards d’euros) de rachats d’obligations pour soute- nir le crédit et l’activité, Ben Bernanke, le patron de la Fed, a conditionné ce coup de frein à la baisse du chômage. Certes, celui-ci continue de reculer. Mais lentement. En tout cas moins rapidement que prévu. Le taux de chômage est tombé à 7,3 % en août, soit 0,1 point de moins qu’en juillet, le mar- ché de l’emploi retrouvant son niveau de décembre 2008. Mais les créations de postes (169 000 en août) ont été moins nombreuses qu’anticipé. L’économie américaine est donc dans une situation paradoxale. La croissance repart (+ 2,5 % au deuxième trimestre),la masse sala- riale augmente, le marché immobilier rebon- dit, les bénéfices des entreprises sont solides. Seuls les emplois manquent à l’appel. Si cette situation se confirme, cela ne va pas faciliter la tâche de la Fed. p LIRE PAGE 3 CRUS-BOURGEOIS.COM Credit photo : FURAX - Montage : F.Veaux LES CRUS QUE L’ON PEUT CROIRE Médoc • Haut-Médoc • Listrac-Médoc • Moulis Margaux • Saint-Julien • Pauillac • Saint-Estèphe L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION. t Le taux de chômage a baissé en août. Mais le nombre de créations de postes est plus faible que prévu Eurosatory, le Salon international de l’armement terrestre, au parc des expositions de Villepinte, en 2010. MARC CHAUMEIL/DIVERGENCES LE COUP DE SEMONCE DES INDUSTRIELS DE L’ARMEMENT t Dans une lettre ouverte, les dirigeants des sept plus grands groupes français de défense pres- sent l’Etat de tout faire pour tenir son budget militaire sur les six années à venir t Ils avertissent que le non-respect des engagements menacerait la survie des outils industriels et l’emploi LIRE PAGE 4 Taux de chômage américain 8,5 % 31 décembre 2011 31 août 2013 7,3 % Dimanche 8 - Lundi 9 septembre 2013 Cahier du « Monde » N˚ 21349 daté Dimanche 8 - Lundi 9 septembre 2013 - Ne peut être vendu séparément

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EnChine,lemarchédutransporturbains’ouvre,unpeu,auxétrangersLIRE PAGE 2

07/09-7HEURES

L’ESSOR DES«HYBRIDES»,À LA FOISORDINATEURSET TABLETTESLIRE PAGE 4

TF1

Q u’arrive-t-il donc à TF1?L’ex-roi du paysageaudiovisuel français,qui avait accumulé les

déconvenuesdepuis l’irruptionde laTNTgratuiteen2005, sem-ble avoir touché le fond (je neparle pas des programmes, quine relèvent pas de mon champd’analyse).

La Bourse semble en tout cassaisied’unretourdeflamme.Enune semaine, l’action TF1 agagné16,1%,à 11,72euros,etaffi-che la deuxième plus belle per-formance des 120 premièressociétés cotées à Paris réuniesdans l’indice SBF 120. Elle est àson plus haut niveau depuisaoût2011.

L’environnement danslequel évolue la première régiepublicitairefrançaises’éclaircit.Le marché de la publicité restéen berne au premier semestre2013 sera moins mauvais ausecondet devrait surtout repar-tir à la hausse en 2014, pré-voient les agencesmédias.

Ensuite, la guerre des tarifspublicitaires qui avait miné lesmarges de TF1 s’éloigne. Nicolas

deTavernost,leprésidentdeM6,dont l’agressivité déployéepourconserver ses parts de marchéavait fait souffrir la Une, a évo-qué le 4septembreune conjonc-turequivapermettrede«restau-rerdesprixplus favorables».

Secteurs interditsTroisième facteur externe à

TF1, les perspectives d’une évo-lution réglementaire servantses intérêts. Rien n’est tranché,mais l’éventualité d’une autori-sation du passage au gratuit deLCI, la chaîne d’info déficitairedu groupe de Boulogne-Billan-court (Hauts-de-Seine), et laréflexion sur l’ouverture de lapublicitétéléviséeàcertainssec-teurs qui lui étaient jusqu’iciinterdits, comme le cinéma oulespromotionsdegrandedistri-bution, sont autant de signauxagréables au groupe.

Nonce Paolini, à qui MartinBouygues a confié la directionde TF1 il y a six ans, doit sentirs’allégerlapressionsursesépau-les. Mais l’évolution de laconjoncture n’explique pastout. Après avoir pris tardive-ment lamesurede larévolutionnumériquequi touchait le petit

écran, le PDG de la Une a entre-pris de modifier l’architecturedupaquebot. Et cela commenceàporter ses fruits.

Au second trimestre 2013,l’améliorationde lamarged’ex-ploitation malgré la poursuitede la baisse du chiffre d’affairesest le signe d’un groupe qui nese contente plus d’amortir leschocs. La réduction des coûts aété dosée pour distiller seseffets trimestreaprès trimestre.

Quant à la programmation,malgré une baisse du coût de lagrille d’une centaine de mil-lions d’euros, à 900millions,elle parvient enfin à stabiliserl’audience au-dessus de 22%. Labataillen’estpas terminéepourautant.

Le succèsboursierest à relati-viser, même si la valeur a dou-blé depuis son point bas demai2012.M.Paolini amis fin audéclin et a de sérieux atouts enmain, enparticulier avec Euros-port (payant) et TMC (gratuit).Et après? Il a gagné la légitimitéetlalibertédecomposerunnou-veau scénario pour le groupe.Reste à l’écrire.p

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J OR 1 391$ L’ONCE

LazoneeurodenouveauauchevetdesesEtatsmembressousassistanceLIRE PAGE 3

Le casse-tête de la fiscalité immobilièreAbattementexceptionnelsur lesplus-values, surtaxe,réformesàvenir…difficile de s’y retrouver dans cettejuxtapositionde règles en perpétuelle évolution.

La ville-jardin imaginée par Lille séduitAdixminutesducentre-ville,unéco-quartiermêlehabitations,bureaux,commerces, etattire lesparticuliers. LIREPAGE6

J TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 2,55%

J TAUX AMÉRICAIN À 10 ANS 2,93%

PERTES & PROFITS | par Jean-Baptiste Jacquin

Enfin libre!

Lasituationde l’emploi jetteuneombresur la reprisede l’économieaméricaine

j EURO-DOLLAR 1,3179

ARGENT & PATRIMOINE

j PÉTROLE 116,12 $ LE BARIL

Voilà des chiffres qui n’ont pas vrai-ment simplifié le décryptage del’évolution de l’état de santé del’économie américaine. La publica-

tion des données relatives à l’emploi auxEtats-Unis pour le mois d’août, vendredi6septembre, n’a pas permis de dresser unetendance claire. Et elle a contribué à conti-nuer d’alimenter les incertitudes quant à ladécisionque doit prendre la Banque centra-le américaine (Fed) lors de sa prochaine réu-nion, les 17 et 18septembre, à propos d’une

possible réduction de ses mesures de sou-tienà l’économie.

S’ilaannoncé,enmai, savolontéderédui-re ses 85milliards de dollars (64milliardsd’euros)derachatsd’obligationspoursoute-nir le crédit et l’activité, Ben Bernanke, lepatron de la Fed, a conditionné ce coup defrein à la baisse du chômage. Certes, celui-cicontinue de reculer. Mais lentement. Entout cas moins rapidement que prévu. Letaux de chômage est tombé à 7,3% en août,soit 0,1 point demoins qu’en juillet, lemar-

ché de l’emploi retrouvant son niveau dedécembre2008.

Mais les créations de postes (169000 enaoût)ontétémoinsnombreusesqu’anticipé.L’économie américaine est donc dans unesituation paradoxale. La croissance repart(+2,5%audeuxièmetrimestre),lamassesala-rialeaugmente,lemarchéimmobilierrebon-dit, lesbénéficesdesentreprisessontsolides.Seulslesemploismanquentàl’appel.Sicettesituationse confirme, cela ne vapas faciliterla tâchede la Fed.p LIRE PAGE3

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:F.Veaux

LES CRUS QUE L’ON PEUT CROIREMédoc • Haut-Médoc • Listrac-Médoc • MoulisMargaux • Saint-Julien • Pauillac • Saint-Estèphe

L 'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

tLe tauxde chômage abaissé enaoût.Mais lenombrede créationsdepostes estplus faiblequeprévu

Eurosatory, le Saloninternational de l’armement

terrestre, au parc desexpositions de Villepinte,

en 2010.MARC CHAUMEIL/DIVERGENCES

LE COUP DESEMONCE DESINDUSTRIELSDE L’ARMEMENT

tDans une lettreouverte, les dirigeants dessept plus grands groupesfrançais de défense pres-sent l’Etatde tout fairepourtenir sonbudgetmilitairesur les six années àvenirt Ils avertissent quelenon-respect desengagementsmenacerait lasurviedesoutils industrielset l’emploi

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Taux de chômage américain

8,5 %

31 décembre 2011 31 août 2013

7,3 %

Dimanche 8 - Lundi 9 septembre 2013

Cahier du «Monde »N˚ 21349 datéDimanche8 -Lundi 9 septembre2013 - Nepeut être vendu séparément

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LesFrançaissurlesrailsenChineLetransporturbain–notammentle tramway–explose.Sagestions’ouvreauxétrangers

C’ESTLA PREMIÈREFOIS QU’UNRÉSEAU DETRANSPORTPUBLICCHINOISDE CETTE

AMPLEUR ESTCOGÉRÉ PARUNE SOCIÉTÉEUROPÉENNE

DANS NOMBREDE ZONESURBAINES

EXCENTRÉES,LE TRAMWAYEST VU COMMELE CHAÎNONMANQUANT

plein cadre

Shenyang (Chine)Envoyé spécial

Shenyang, la mégalopole indus-trielleduNord-Estchinoisetcapi-tale de la province du Liaoning,voulaitsontramwaypourl’ouver-ture des Jeux nationaux chinois,

mini-Jeux olympiques à l’échelle de laChine, le 31août. Elle l’a eu, mais de jus-tesse.

La mise en service des trois premièreslignes, où circule une flotte de tramwaysbleu azur, s’est faite en quatre mois, untempsrecord.Et celagrâceàunpartenairefrançais, retenu en dernière minute afind’assurer, au côté de la régie locale, l’ex-ploitationdunouveau réseau.

Il s’agit de la filiale commune qu’ontcréée, en 2009 à Pékin, Transdev et RATPDev, deux des champions français dutransport urbain. Transdev, la filiale de laCaisse des dépôts, a absorbé les activitésde Veolia Transport; RATP Dev est le brasinternationaldu transporteur francilien.

C’est la première fois qu’un réseau detransport public chinois de cette ampleurest cogéré par une société européenne:seules des sociétés singapouriennes ethongkongaises étaient, à ce jour, impli-quées dans la gestion de lignes en Chine,notammentde bus et demétro.

Al’origine,lesopérateursfrançaisimagi-naient pouvoir percer en Chine dans lemétro, comme en Inde (Bombay) et enCorée du Sud (Séoul), où VTRA (VeoliaTransportRATPAsia), la filialedeTransdevetRATPDevàPékin, exploiteune ligne.

Au-delà du fait qu’il reste difficile deconvaincrelesvilleschinoisesdedéléguerle transport urbain à un gestionnaire pri-vé (qui ne peut détenir plus de 49% de lacoentreprise d’exploitationmise en placeavec lamunicipalité), lemétro reste aussien Chine un domaine trop « régalien»pour être concédéàdes étrangers.

«Celaauraitété impensableilyadixans,on est dans une économie dirigée. Mais letramway fournit un point d’entrée», avan-ce Frédéric Campagnac, qui dirige ClevyChina,unesociétédeconseil enservicesdetransportet logistique.«Touslesdeux-troisans, poursuit le consultant, une page setourne en Chine, et ils vont finir par faireappelàdesprofessionnels.»

LeprojetdutramwaydeShenyangaétélancéen2011aprèsunevisiteduvice-mai-re de la ville en charge des transports àParis : celui-ci avait alors été séduit par letramT3de la RATP.

La coentreprise de Transdev et RATPDev enChine a participé aux étudespréli-minaires de gestion du réseau de She-nyang. Lematériel roulant a été comman-dé à la CNR, le principal constructeurchinois, à partir de technologies alleman-des, suédoises et sud-coréennes.

Les Français s’attendaient à garder lamain sur la gestion. Mais les Chinois leurontfaitsavoir,en juin2012,qu’ilsn’avaientplusbesoind’eux.Avantdefairerevenirleschercherhuitmoisplus tard, en février.

«L’échéance incontournable des Jeuxnationauxajouéennotrefaveur.Etçalesapoussés à reconsidérer la situation», aexpliqué Richard Dujardin, le directeurAsie-PacifiquedeTransdev,lorsd’unevisi-tedesinstallationsdeShenyangparlesres-ponsables des deux sociétés françaises, le3septembre.

«Avec le tram, on a une circulation enmilieuouvert.Et lesChinoisn’ontpasenco-re cette expérience», estime François-Xavier Perin, le patrondeRATPDev.

Les négociations – ardues – ont duréprèsde troismois.Etont fini justeà tempspour que Jean-Marc Janaillac, le présidentde Transdev, et Pierre Mongin, celui de laRATP, puissent annoncer depuis Pékin,lors de la visite de François Hollande enChine, le 26avril, la signature du contratavec lamunicipalité de Shenyang.

La Chine présente le premier potentieldedéveloppementenAsie, selonM.Perin.VTRA gère le tramway de Hongkong et

unesociétédebusàMacao.EnChineconti-nentale,c’est le rachaten2008d’unerégiede bus, basée à Nankin et contrôlant sixréseaux locaux, qui lui a permis – dutemps de Veolia Transport – de faire sespreuves dans la gestion des transportsurbains.

La municipalité de Nankin a ensuiteracheté à VTRA deux des lignes de sa ban-lieue,à«unbonprix»,dit-oncôtéfrançais.La coentreprise exploite toujours les qua-tre restantes, qui gèrent près de 2000busdans quatre petites villes de la provincevoisinede l’Anhui.

La petite révolution coperniciennequi s’opère s’explique aussi par lademande considérable en trans-ports urbains, générée par l’urbani-

sationaccéléréedupays.Chevaldebatailledu nouveau premier ministre Li Keqiang,celle-ci doit contribuer à rééquilibrer lacroissance, en donnant plus de poids à laconsommationdes ménages : 70% de lapopulation chinoise devrait vivre dans lesvillesd’ici à 2025, contre53%aujourd’hui.

Desdizainesdevilleschinoisessedotentdemétros: 337kilomètresde lignesont étéapprouvés en 2012 et près de 290 doiventl’être en 2013, selon les prévisions de laNDRC, l’agencedeplanificationchinoise.

Dans nombre de zones urbaines excen-

trées, letramwayestvucommelechaînonmanquant. Il a l’avantaged’êtrebeaucoupmoins coûteux, et ne nécessite pas l’ac-cord de la NDRC à Pékin, car il dépend desautoritésprovinciales.

«Tout est à faire en Chine, car la hiérar-chisationdesmodes de transport n’est pasencoretrèsclaire, expliqueOlivierLoiseau-Billon, basé à Shenyang comme directeurgénéral adjoint de la structure d’exploita-tiondutramway.Cepositionnementinter-médiairedu tramet des trains périurbainsest à explorer pour nous et on peut leurapporterune expérience.»

AShenyang,lenouveauréseaudetram-ways couvre le HunnanNewDistrict, unegigantesque zone dans la partie sud de laville,désignéecommenouvelespaced’ex-pansionde cettemégalopolede 5millionsd’habitants.

SituéentreleCBD(CentralBusinessDis-trict), quartier d’affaires à l’américainehérissé de gratte-ciel, et le nouvel aéro-port, luiaussiouvertpourlesJeuxchinois,leHunnanNewDistrict est, dans sa partiela plus excentrée, un patchwork dechamps de maïs, de parcs industriels etd’îlots résidentiels où des dizaines detours de trente étages sont en construc-tion le long des nouvelles lignes. La popu-lation doit, à terme, atteindre 1,2million,contre à peine 400000aujourd’hui.

Dans l’esprit des planificateurs locaux,le réseau de transport doit faciliter l’urba-nisation, alors que nombre de villes nou-velles chinoises sortent de terre avantd’être dotées de moyens de transportpublics. Avec 60 kilomètres de voies, letramway de Shenyang dépasse celui deStrasbourgouNantes.

L’exploitant franco-chinois n’a pas derisque commercial dans l’opération: lescoûtssontassuréspar lamunicipalitéet lepartenaire français est payé en honorai-res. Le contrat s’élève à 330millions deyuans (41millions d’euros) pour uneduréede trois ans.

Et ensuite? «L’essentiel, c’est que nousayonsune référence chinoise, cela fait tou-te la différence : les clients viennent ànous», fait valoir Richard Dujardin deTransdev. Une trentaine de villes ont déjàenvoyé des délégations pour étudier letramwayde Shenyang, a confirmé le vice-maire à ses partenaires français.

Les équipesdeVTRAsont endiscussionsurdesprojetsdetramwayencoursd’étu-des à Pékin, Nankin et Foshan. De 3000à4000 kilomètres de tramway pourraientsortirdeterred’icià2020enChine,notam-ment dans les conurbations du delta duYangzi (Shanghaï) et du delta de la rivièredesPerles (Canton).p

BricePedroletti

Station de tramwaydans le HunnanNewDistrict, à Shenyang(province du Liaoning),en août.XINHUA/ZUMA/REA

Keolisvendsonsavoir-fairedansl’intermodalité

PékinCorrespondant

Keolis, le troisièmeacteurdes trans-portsurbains français à l’étranger,et principal concurrent de Transdevet RATPDev, a ouvert, enmars, unbureaude représentationàWuhan,la capitale de la provinceduHubei.La filiale de la SNCF a créé une coen-treprise avec une sociétémunicipa-le, afinde gérer le «pôle intermo-dal» du futur terminal 3 de l’aéro-port deWuhan, censé être achevéen2015.

«Ona convaincu les Chinois qu’ily avait une valeurajoutée à s’ap-puyer sur notre expertise pour gérercet immensepôle entre l’aéroport etles différentsmodes de transport ter-restre qui le desservent», expliqueJean-PierreFarandou, le PDGdeKeo-lis. «Cepôle va être l’un des plus

grandsaumonde, et ce seraune vitri-nepour la Chine et l’Asie denotresavoir-faire en intermodalité»,c’est-à-dire les connexions et la com-patibilité des flux entre les diffé-rentsmodes de transport.

Wuhan, en bordureduYangzi,reliée à Pékin à l’est et à Cantonausud-ouest, est unnœudde trans-port ferroviaire à grandevitesse.C’est unemégalopole enpleineurbanisation, récemmentdotéed’unnouveaumétro.

Basehistoriqued’implantationindustriellepour les sociétés fran-çaises, la ville, 6,5millionsd’habi-tants, a été désignée zonepilotepourdes projets de développementdurableurbain, à la suite de l’accordfranco-chinoisde coopération,signé en2007.

La visite de FrançoisHollande àPékin, enavril, a confirmé la priori-

té donnée au secteur, etMartineAubry, en tant que représentantespécialeduministre des affairesétrangèrespour le partenariat avecla Chine, s’est rendue, début juillet,dans la capitale duHubei afin desoutenir les différents projets dedéveloppementdurable urbainfrançais auprèsdes dirigeantslocaux.

«Dossiers confidentiels»Keolis a signé le 26avril, lors de la

visite de FrançoisHollande enChine, un «accordde coopérationstratégique» avec la régie desmétrosde Shanghaï, le ShanghaiShentongMetroGroup, qui gèrel’undes plus grands réseauxdemétrodumonde.

«Pasmal de villes chinoisesdemandent le soutien dumétro deShanghaïpour exploiter leurs lignes.

L’idée est qu’elles s’associent avecnous, afin de gérer ces villes enmétroautomatique, domainequenous connaissons, nous aussi, trèsbien», préciseM.Farandou.

Keolis apportera auxChinois sonsavoir-faire contractuel.«En retour,nous sommesd’accordpournousassocier avec lemétrode Shanghaïsurdifférentsmarchés enAsie duSud-Est», ajouteM.Farandou. Lafiliale de la SNCF a récemment rem-portéune lignedemétro automati-que àHyderabad, en Inde.

Le PDGdeKeolis affirmequ’enChine, « [ils] travaill[ent] sur plu-sieursdossiers encore confidentielsde lignes demétro avec [leur]parte-naire shanghaïen». Cette premièreétapedumétropourrait ouvrir surd’autresmodesde transport (tram-wayou train), selonM.Farandou. p

B.Pe.

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économie& entreprise

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NewYorkCorrespondant

L a publication des chiffres del’emploi pour lemois d’août,vendredi 6septembre, était

l’indicateur économique le plusattendu de la rentrée aux Etats-Unis. La déception n’en est queplus forte. Le chômage continuecertesde reculer.Mais la baisse estlente,entoutcasmoinsrapidequeprévu,cequialimentelesincertitu-dessur lesdécisionsquedoitpren-dre la Banque centrale américaine(Fed) lorsde saprochaine réunion,les 17 et 18 septembre, à proposd’uneréductiondesesmesuresdesoutienà l’économie.

Le département du travail aindiqué que le taux de chômageest tombé à 7,3% en août, 0,1pointde moins qu’en juillet. Le marchéde l’emploi retrouve ainsi sonniveau de décembre2008, maisles créations de postes (169000)ontétémoinsnombreusesqu’anti-cipépar les économistes.

L’économie américaine estdoncdansunesituationparadoxa-le. La croissance repart (+2,5% audeuxièmetrimestre),lamassesala-riale augmente, le marché immo-bilier rebondit, les bénéfices desentreprises sont solides. Seuls lesemploismanquent à l’appel.

Danscesconditions,lesspécula-tions vont bon train pour savoir

quelles conclusions va en tirer laFed. Elle a en effet corrélé sa déci-sion de réduire ses 85milliards dedollars (64milliards d’euros) derachats d’obligations pour soute-nir le crédit et l’activité à la baissedu chômage.

En l’absence de tendance clairesurlefrontdel’emploi, lesavisdiver-gent au sein de la Fed. «Il est tempsde commencer une normalisationgraduelleetprévisiblede lapolitique[monétaire]»,aindiquéEstherGeor-ge,laprésidentedelaRéservefédéra-le de Kansas City, après la publica-tiondes chiffres de l’emploi.

En revanche, son homologuedeChicago,CharlesEvans, qui, lui,s’estexpriméavant,aétépluspru-dent, indiquant qu’il souhaitaitvoir davantage de statistiquesmontrant le rétablissement del’économie.

La photographie du marché del’emploiestd’autantmoins facileàinterpréterque, si le chômagebais-se, ce n’est pas pour de bonnes rai-sons.Cenesontpastantlesembau-ches qui augmentent que le nom-bre grandissant d’Américains quirenoncentà chercherunemploi.

Les 11,5millionsde chômeursnesont que la partie émergée de l’ice-berg.Aujourd’hui,ilsseraient7mil-lionsàpouvoirtravailler,maissanschercher réellementun emploi. Cequ’onappellele«tauxdeparticipa-tion»,c’est-à-direlapartdelapopu-lation qui a un travail ou qui enchercheun, est tombé à63,2%, sonplus bas niveau depuis trente-cinqans.

Le phénomène n’est pas nou-veau. Dans la premièremoitié desannées 2000, le nombre de créa-tions d’emplois était déjà très fai-ble,mais onenparlaitmoinsparceque le tauxdechômageétait relati-vement bas. La clef de ce paradoxetenaitdéjàdans lachutedutauxdeparticipation.

Le mouvement tend à s’ampli-fier depuis la crise financière.«Lessalariésquiontrenoncéàtravaillerreprésentent les trois quarts de labaisse du taux de participationdepuis le début de la récession»,estimeHeidi Shierholz,économis-

te à l’Economic Policy Institute,ajoutant qu’une bonnemoitié dessalariés (53,7%) qui ont renoncé àtravailler appartient à la catégoriedes 25-54 ans.

«Polarisation»Autrestatistiquequivientnour-

rir la réflexionsurcesmissingwor-kers, l’augmentation, sans raisonévidente,dunombredesallocatai-res de pension d’invalidité : ilssont aujourd’hui 1,8million.

Enfin, le chômage de longuedurée croît fortement. Plus de4,3millions d’Américains cher-chentdu travail depuisplusde sixmois. «Pendant la crise, la duréed’indemnisation est passée de sixmoisàprèsdedeuxans.Uncertain

nombredegensontcherchéuntra-vailmoinsintensémentqu’aupara-vant, en se disant qu’ils avaient letemps mais, aux Etats-Unis, êtrechômeur de longue durée est trèsstigmatisant», explique IoanaMarinescu,professeuràl’universi-té de Chicago.

D’ailleurs, certains employeursvont jusqu’à discriminer les CVlaissant apparaître de trop lon-gues périodes d’inactivité, ce qui adonné lieu à des mobilisationsd’associations, comme Unem-ployedworkers.org, pour luttercontre ce genre depratiques.

Le problème de l’emploi n’estpas seulement quantitatif, maisaussi qualitatif. «On assiste à unepolarisation dumarché du travail,

souligne Ioana Marinescu. Lesembauches se concentrent sur lesemplois très qualifiésoupeuquali-fiés. Ce qu’on appelle les emplois“routiniers”, intermédiaires, occu-pés par la classe moyenne, dispa-raissent avec la crise et ne sont pasremplacés sous le double effet de lamondialisation et de l’améliora-tionde la productivité.»

Ainsi, ce sont des secteurs quidemandent relativement peu dequalifications et qui sont malpayés qui tirent le marché du tra-vail : en août, la distributionconcentraitunquartdes créationsd’emplois, et la restauration 16%.Dans l’industrieet la construction,le rebond reste timide.

Comme le résumait récem-

ment Joseph Carson, directeur dela recherche économique chezAllianceBernstein, dans le WallStreet Journal : «Nous sommescapables de produire beaucoup deproduits avec plus de capital etmoins de travail.»

Pendant la crise financière,8millions d’emplois ont disparu.Depuis le redémarrage de l’activi-té, seuls 6millions ont été rega-gnés. Si les créations d’emplois sepoursuivent au rythme actuel, ladifférence ne sera pas combléeavant 2020, selon l’institut TheHamiltonProject.Cettecroissancesansemploi, si elle se confirme,neva pas faciliter la tâche de la Feddans lesmois qui viennent.p

Stéphane Lauer

BruxellesBureau européen

L e pire est passé. L’urgencen’est plus demise. Depuis unan, la zone euro est engagée

dans une longue convalescence.Cet été, lesmarchés sont restés cal-mes. Pour autant, le retour de lacroissance est encore incertain. Etles pays de l’union monétaire quiontétéplacéssousperfusionfinan-cière sont au milieu du gué, surfond de chômage de masse et detensions politiques. Leur stabilisa-tion sera à l’agenda de l’Eurogrou-pe (la réunion des ministres desfinances), le 13septembre à Vilnius(Lituanie). Aucune décision n’estattendueàdeuxsemainesdesélec-tions législatives allemandes du22septembre. Mais différenteséchéancesdélicatesseprofilent.

L’Irlande réclame 10milliardsd’euros«deprécaution»Legou-vernement d’Enda Kenny souhai-te la mise en place d’un filet desécurité pour accompagner la sor-tie du programme d’aide, prévued’icià fin2013.Cette lignedecréditdite «de précaution» pourrait semonter à 10milliards d’euros,selon le ministre des finances,Michael Noonan. Le dispositifaurait ledoubleavantagederassu-rer lesmarchésetderendre l’Irlan-de implicitement éligible auxéventuelles interventions de laBanque centrale européennedansle cadre de son programme derachatd’obligationsd’Etat (OMT).

Les Européens n’ont encorerien décidé, mais devraient faireungesteà l’automne.L’Irlandeest,en dépit des difficultés persistan-tes de son secteur bancaire, consi-dérée comme l’élève modèle par-mi les pays sous assistance.

La Grèce à l’heure d’un troisiè-me plan d’aide Le pays est loind’être sorti de l’ornière,malgré les240milliards d’euros d’assistanceengagésdepuis 2010. Laperspecti-ved’un troisièmepland’aide agitela campagne électorale alleman-de. Jeroen Dijsselbloem, le prési-dent de l’Eurogroupe, a indiqué,jeudi5 septembre,qu’ilest«réalis-te de penser qu’une aide supplé-mentaire sera nécessaire». A l’encroire,lazoneeuroajusqu’auprin-temps 2014 pour préparer ce nou-veauprogramme.

Parmi les optionsdiscutées,unenouvelle restructuration de la det-te grecque, au détriment des ban-ques centrales et des Etats euro-péensquiendétiennentdésormaislamajeurepartie.Maiscetteformu-len’est pas dugoûtde la chanceliè-re allemande, Angela Merkel.L’automne risque d’être tendu. Lesbailleurs de fonds internationauxmettentlapressionsurlegouverne-ment afin qu’il tienne les engage-ments pris dans le cadre du pro-gramme d’assainissement: réduc-tiondeseffectifsdefonctionnaires,accélérationdesprivatisations.

Mais, avant de parler d’un troi-sième plan d’aide, le Fondsmoné-taire internationalmenacede sus-

pendre sa participation au pro-gramme en cours, en raison d’untrou de financement de quelque4milliardsd’euros à la fin 2014.

Le Portugal devrait se résoudreàunnouvelappelàassistanceLepays a longtemps espéré se passerde toute assistance financière d’iciàfinjuin2014,commeprévuinitia-lement. En dépit du retour de lacroissance,audeuxièmetrimestre,cetteperspectiveparaît peuproba-ble, alors que la classe politique sedivise sur les mesures d’écono-mies.LaCourconstitutionnellepor-tugaise a censuré à deux reprisescertainesmesures,dont,finaoût, lelicenciement de fonctionnaires, cequi rendplus compliqué le respectdu programme d’ajustement.Aprèscedésaveu,legouvernementa évoqué l’hypothèse que le paysne soit plus enmesurede poursui-vre son plan de rigueur «sans undeuxièmeprogramme»d’aide.

L’Espagnepartagéesur lecalen-drier de sortie du plan d’aide Legouvernement Rajoy entend enfinir au plus vite avec le program-me d’aide aux banques qui a per-misde stabiliser le secteur. 40mil-liardsd’euros,sur les100milliardsprévus initialement, ont servi àrecapitaliser et à restructurer lesystème bancaire, toujours sou-mis àde fortespressionsen raisonde la récession. LaBanquecentraleespagnole est beaucoup moinspressée, et plaide pour conserverun filet de sécurité.

Chypre tarde à restructurer sonsecteurbancaireLesparlementai-res ont approuvé, vendredi 6sep-tembre, deux projets de loi sur lesecteurbancaire,pourpermettreleversementde la deuxièmetranchedupland’aide de 10milliardsd’eu-ros négocié enmars. Un vote obte-

nuàl’arraché,souslapressiondelazone euro, alors que le gouverne-ment a pris du retard dans la res-tructurationdusecteurbancaire.

La Slovénie, prochaine candida-te au sauvetage Le gouverne-ment a annoncé, vendredi 6sep-

tembre, la liquidationdedeuxpeti-tesbanquesprivées. Ilespèreéviterle sort de Chypre, où le plan d’aides’estaccompagnédelourdespertespour les gros déposants. Mais lepays fait toujours plus figure deprochaincandidatausauvetage.p

PhilippeRicard

SOURCE : BUREAU OF LABOR STATISTICS

CRÉATIONS D’EMPLOIS AUX ÉTATS UNIS

0

50

100

150

200

250

300

350 332 000

169 000

JANV. 2013 AOÛT

Léger rebond

Lasituationparadoxaledel’économieaméricaineLacroissancerepart.Le tauxdechômagebaisse.Mais lescréationsd’emploissontmoinsnombreusesqueprévu

Lazoneeurovas’attacheràstabiliserl’étatdesantédesespayssousperfusionLesministresdes finances se réunirontvendredi 13septembreenLituanie

Salon de l’emploi organisé par une chambre de commerce, àMartinsville (Virginie), en août. JARED SOARES/REDUX-REA

30123Dimanche8 - Lundi 9 septembre 2013

Page 4: ECO - 08 & 09 Septembre 2013

San FranciscoCorrespondance

S ix ans après le lancement duKindle, la liseuse conçue parAmazon, le marché du livre

numérique s’apprête-t-il à vivreune nouvelle révolution? C’est entout cas l’espoir d’Oyster, unejeune société new-yorkaise qui alancé, jeudi 5 septembre, le pre-mier service d’abonnement à unelibrairie en ligne. Pour 9,95dollarspar mois (7,50 euros), ses utilisa-teurs peuvent télécharger et lireautant de livres électroniquesqu’ils le souhaitent, à choisir par-mi environ 100000 titres.

Leserviceseprésentesouslafor-med’uneapplicationgratuite,uni-quement disponible sur l’iPhoned’Apple.Uneversionpourlatablet-te iPad est en développement. Lasociété ne prévoit pas de se lancersurAndroid, lesystèmed’exploita-tion de Google qui équipe pour-tant plus de la moitié des smart-phonesvendus auxEtats-Unis.

Parmilescinqplusgrandesmai-sons d’édition, seule HarperCol-lins est présente sur Oyster. Maisseulement une partie de son cata-logue est accessible. Les livres lesplusrécents sontabsentsde lapla-te-forme. La start-up indique dis-cuter avec les autres éditeurs. Etassure ajouter de nouveaux titreschaque jour.

Le retard à combler est cepen-dant immense: Amazon proposeplus de deux millions de livres etApple 1,8million. Sans une offresuffisamment riche, il sera diffici-lepourOysterde justifiersonprix.

La plupart des maisons d’édi-tion sont par ailleurs réticentesaux offres par abonnement, quiles rémunèrent à hauteur de quel-quesdollarspourchaquetéléchar-gement.Déjàéchaudéesparlabais-seduprixdes livresélectroniques,elles s’inquiètent de subir un replide leurs ventes, que de potentiels

nouveaux revenus ne compense-raient pas. Interrogée, Oyster n’apas souhaité communiquer desdétails sur lesmontants reversés.

Autredéfi pour la société: assu-rerlapérennitédesonmodèleéco-nomique. Plus un utilisateur télé-chargede livres,moins il est renta-ble, car les commissionsàpayer serapprochent, voire dépassent leprix de l’abonnement. Or le servi-ce est intéressantpour lesgros lec-teurs.C’estpourcetteraisonqueleservice d’écoute de musique enligne Spotify accumule les pertes.

Pour compenser, Oyster devraattirer des lecteurs moins actifs.Problème:leservicen’estfinanciè-rement pas intéressant pour lagrande majorité. Avec un prixmoyen de 6,33dollars pour leslivresélectroniquesàsuccès,selonDigitalBookWorld, le seuil de ren-tabilité s’élève à 20livres par an.Seuls 14% des Américains lisentautant, d’après une étude du PewResearchCenter.

«Oyster ne va pas avoir unimpact important, prédit RaúlCastañón, analyste au YankeeGroup. Mais il pourrait ouvrir lavoie.»Notamment à Amazon, quipropose un service très limité delocation gratuite à une partie deses clients. Le premier vendeur delivres aux Etats-Unis aurait lesmoyens de négocier des commis-sions moins fortes pour imposerce nouveau modèle de lecture.Peut-être au détriment des édi-teurs et des auteurs.p

JérômeMarin

Berlin

C hez Lenovo, on dit « PCPlus». Chez Sony, il s’agitd’«hybrides», tandis que

chez Acer on évoque plus prosaï-quement les «tablettes-PC». A l’I-FA, le Salon européen de l’électro-nique grandpublic qui se terminemercredi 11septembre à Berlin, lepetitmondeduPCparled’uneseu-leetmêmevoix: l’avenirpasseparl’avènementd’appareils«tout-en-un», combinant les avantages dela tablette et ceux de l’ordinateurportable.

Lors de la présentation de leursnouvelles gammes de produits,LenovoetSonyonttousdeuxfaitlapart belle à ce segment balbutiant.L’unadévoilé lasecondeversiondesaYoga,etl’autresonVaioFit.Deuxmodèles de PC-tablettes relative-mentsimilaires.

«Avant, l’ordinateur ne dispo-sait que de deux interfaces, clavieretsouris.Désormais, ilexisteaussi letactile. La forme du produit évoluedonc», explique Gianfranco Lanci,directeur Europe,Moyen-Orient etAfrique de Lenovo, le groupechinois,numérounmondialduPCdepuis juillet.

Lancésilyaunanàl’IFAenparal-lèle de l’arrivée du système d’ex-ploitationWindows8deMicrosoft– lui-même hybride –, ces enginsd’unnouveaugenreexistentdésor-mais dans toutes les tailles et tousles coloris. On a même le choixentredes écrans tactiles amoviblesou réversibles. «Dans quelquesannées, le marché du PC va seconfondreavec celuides tablettes. Il

s’agira d’écouler des tablettes équi-pées de clavier », juge IsabelleDurand,analyste chezGartner.

Cenouveausoufflequi s’annon-ce tombe à pic dans un secteur encrise. Les fabricants y voient unmoyen de prendre leur revanchesur les vendeurs de téléphonesmobileset de tablettes.

Les livraisonsmondiales d’ordi-nateurs devraient baisser de 9,7%cetteannée, selonlecabinet IDC.Encause, la dégringolade des «net-books», ces PC ultraportables,noyésparladéferlantedestablettesetdessmartphonesàgrandécran.

«Le marché du PC traditionnelva encore souffrir pendant aumoins quelques trimestres, préciseM.Lanci.Mais il ne disparaîtrapas.La demande globale de terminauxconnectésàInternetestencroissan-ce.» De 18% au premier semestrede l’année, selon le cabinetGfK.

Unmarché encoremodeste«Etre un simple fabricant de PC

ne suffira pas dans le futur, assu-re-t-onchezLG. Il fautêtretrèsflexi-bleetfaireàlafoisdestablettes,dessmartphones à petit et grandécran, des PC-tablettes.»

Les appareils hybrides symboli-sent cette tendance. «Tout lemon-de se positionne sur le créneau, lesjeuxsontloind’êtrefaits»,confirmeGildas Pelliet, directeur marketingde Sony Europe, qui, outre Lenovo,doit affronter dans ce domaine letaïwanaisAcer, le coréen Samsung,les américains Microsoft et HP, lejaponaisToshiba…

Pour l’heure, le marché desPC-tablettes reste modeste : enFrance, il s’enestvenduenmoyen-

ne 1500 par semaine au premiersemestre. Cinquante fois moinsque les portables classiques.

L’adoptiondevraitencorepren-dreuncertain temps.«Cen’estpasévident de changer des usages, defaire comprendre que les PC dispo-sent désormais d’un écran tactile,au même titre qu’une tablette»,constateM.Pelliet, chez Sony

Autreexplication:«Cesproduitssont encore assez chers», avanceDanielTrachino, directeur générald’Acer France. Sur ce point, les cho-ses devraient rapidement évoluer.Depuis quelques semaines, le sur-coûtdel’installationd’unécrantac-tile sur un ordinateur portable esttombédecentà cinquantedollars.

Reste une dernière clé. «Cesappareilsnedoiventpas êtreunPCaurabaisassortid’une sous-tablet-te, mais un produit performantdans lesdeuxdomaines», souligneM.Pelliet. Jusque-là, ce n’était pastoujours le cas. Mais les «tout-en-un» présentés à l’IFA commen-cent à tenir leurs promesses.p

JulienDupont-Calbo

économie& entreprise

Lenovo a dévoilé la seconde version de sa Yoga, au Salon IFA, à Berlin. AP

«Oysternevapasavoirunimpactimportant.

Maisilpourraitouvrirlavoie»Raúl Castañón

analyste chez Yankee Group

Oysterveutimposerl’abonnementillimitédanslelivrenumériqueLasociéténew-yorkaiseproposeunaccèsà toutesa librairiepour9,95dollarsparmois

ÉDITION

ApplecondamnéàchangersescontratsavecleséditeursApples’est vupréciser, vendredi6septembre, la sanctionà endu-rerpouravoir été reconnucoupabled’entente illégalepourgon-fler lesprix sur lemarchédeseBooks. La jugenew-yorkaiseDeniseCotedemandeà l’éditeurde laboutiqueen ligne iTunesde chan-ger lanaturedes contratsqui le lient auxéditeurs: ceux-cinedevrontplus limiter la capacitéd’Appleà fairebaisser lesprixoulier les tarifsdes livresà ceuxde librairesconcurrents.Pourcontrerlegéantde l’e-commerceAmazon,quiavaitdécidédecommerciali-ser toutes lesnouveautésà9,99dollars (7,58euros), degrandsédi-teurs s’étaient tournésversApple, signantuncontratd’agence:moyennantunecommissionde30%, les éditeursavaientacquis ledroitde fixereux-mêmes leprixdes livresnumériques.La jugeCoteaégalementdemandé lanominationd’unepersonnalitéexté-rieurepourauditer lespratiquesconcurrentiellesd’Apple. Ceder-niernie toute ententeet fait appelde ladécision.p

ServicesJean-MarcAyrault proposePhilippeWahlpour diriger LaPosteLepremierministre Jean-MarcAyrault proposera la nominationdePhilippeWahl, actuel patronde LaBanquepostale, à la prési-dencedeLa Poste, a confirméMatignondansun communiquévendredi 6septembre. L’établissementpublic avait annoncé le1eraoût que PhilippeWahl, 57 ans, était pressenti pour succéder àJean-PaulBailly, qui a décidédenepas aller au termede sonman-dat, prévu ennovembre2014. – (AFP.)

TransportsLaSNCMgarde la liaisonCorse-MarseilleL’AssembléedeCorse aattribué, vendredi 6septembre, ladélégationdeservicepublic (DSP)pour les liaisonsparbateauentre l’île etMar-seille de 2014 à2024au consortiumSociéténationale CorseMéditer-ranée (SNCM)-Méridionale. Le groupement SNCM-Méridionale étaitle seul à répondre au cahierdes charges, après le rejet en juinpar l’As-sembléede la candidature du concurrentCorsica Ferries. – (AFP.)

TélécommunicationsLe plan de sauvegarde del’emploi de ThePhoneHouse«pas à la hauteur»Les élus du comité d’entreprise (CE) desboutiques de téléphonieThePhoneHouseont jugé, vendredi 6septembre, que les indem-nités de licenciementproposéespar la directionaux 501 salariéstouchéspar le plande sauvegardede l’emploi (PSE) n’étaient«pas à la hauteur». Ils ont renduunavis défavorable. Laprocédu-re est cependant enclenchée. Le distributeur arrête courant 2014ses activitésde vente de téléphones et de forfaits. – (AFP.)

L es industriels de la défensedoutent de l’engagement dugouvernement à préserver le

budgetmilitaire sur les six annéesà venir, période couverte par lanouvelle loi de programmationmilitaire (LPM), qui seradiscutéeàpartir du 8octobre au Parlement.Celle-ci prévoit un effort de179,2milliards d’euros pour ladéfense entre2014 et 2019.

«Lasituationdeviendraitdélica-te si les engagementspris n’étaientpastenus,provoquantundécrocha-ge irréversible. Nous voulons croireque la France sera capable de rele-ver ce défi.» Dans une tribune, lesseptpatronsdesplus grandsgrou-pes français du secteur, Eric Trap-pier (Dassault), Patrick Boissier(DCNS), Marwan Lahoud (EADSFrance), Antoine Bouvier (MBDA),Philippe Burtin (Nexter Systems),Jean-Paul Herteman (Safran) etJean-Bernard Lévy (Thales) inter-pellent les pouvoirspublics.

A la veille des Universités d’étéde la défense, qui rassemblerontles 9 et 10septembre à Pau indus-triels, militaires et parlementai-res, ces sept dirigeants insistentsur la nécessité d’exécuter cetteprogrammationdans son intégra-lité. Ce qui serait unepremière.

Signede leurpréoccupationsurl’avenir du secteur, c’est la deuxiè-mefoisencinqmoisquecesindus-triels s’expriment conjointement

etpubliquementparécrit,cequ’ilsn’avaient jamais fait jusqu’alors.

Enmars,ilsontdemandéaupré-sident de la République, FrançoisHollande, de les recevoir pour luiexposer les risques que feraitpeser sur le secteur une contrac-tiondubudgetde l’Etat.

Ils évoquaient leurs craintesd’une perte d’activité dans l’arme-ment, qui, en tête des investisse-ments publics avec 16milliardsd’euros annuels, représente«165000emploisindustrielsàfortevaleur ajoutée et peu délocalisa-bles», etplusde4000PME.

La préservation de l’emploi aemporté l’arbitrage présidentielface à Bercy, qui voulait diviser pardeux les grands programmesmili-taires. Le budget de la défense vaêtre stabilisé à son niveau de 2013jusqu’en 2016 – 31,4milliards d’eu-ros par an –, soit un recul en volu-me sous l’effet de l’inflation. Ladéfenseespèreunretouràmeilleu-refortuneàpartirde2017,pourdis-poserde32,51milliardsen2019.

Cet objectif est conditionné àl’obtention de ressources excep-tionnelles (ventes immobilières,cession des fréquences de l’Etat oud’actifs) à hauteur de 5,9milliardssur lapériode.

Dans leur tribune, les sept diri-geantsapprécientd’avoirétéenten-dus. «Le président de la Républiques’est engagé, malgré la crise et les

résistances, sur un volume de cré-dits qui pourrait permettre de pré-servercetacquisindustrielettechno-logique.»

Leur souci est lamise enœuvrede la LPM. Car «aucunemandatu-re n’a vu l’exécutiondans sa totali-téd’uneloideprogrammationmili-taire», soulignentcesdirigeants. Ilmanque près de 4milliards d’eu-ros à la précédente, qui prévoyait186milliards sur 2009-2014.

«Ledéfi est immense»«Cesglissements sont responsa-

bles des contraintes qui pèsentaujourd’hui sur le budget de ladéfense, réduisant ses marges demanœuvre. Face au risque réel dedécrochage qui menace nosarmées, nos outils industriels, nosemplois et le maintien de compé-tences souveraines, le défi estimmense pour la prochaine pro-grammation, puisqu’elle devra niplus ni moins être la première àêtre intégralementexécutée.»

Les sept patrons plaident pourque soit récréée «une relation deconfiancequi passerapar le respectdesengagementsprisetparunesin-cérité budgétaire, corollaire d’unevisibilité à moyen et long termeindispensable à la survie de nosoutils deproduction, et des emploisqui y sont associés». Ils reconnais-sentque «ce défi sera trèsdifficile àrelever»,mais,encasdesuccès,pro-

mettentquecelasetraduiradirecte-mentpardesemploisetde lacrois-sancepour l’économie française.

Lesgrandsprogrammesd’arme-ment–Rafale, avionsravitailleurs,frégates multimission,etc. – sontpréservés, mais tous sont étalésdans le temps, et la cible des com-mandes est réduite sur la période.«Certaines compétences critiques,indispensablesànotre rechercheetà nos bureaux d’études, sont direc-tementmenacées; elles ont besoind’êtrenourriespardesprojetsstruc-turants pour assurer leur pérenni-té», préviennent-ils.

Le ministère de la défenseenjoint lesentreprisesdecompen-ser cette baisse des commandespar un effort plus soutenu à l’ex-portation. Le marché mondial estporteur (+ 8% par an), mais laconcurrence s’exacerbe. En 2012,les prises de commandes étrangè-res dematériels français ont recu-lé de 26%, tombant sous la barredes 5milliards d’euros (4,8mil-liards).

Confrontéseuxaussiàunebais-se du budget national, les indus-triels américains se montrent deplus enplusoffensifs enAsie et auMoyen-Orient.p

DominiqueGalloisetNathalie Guibert

n Sur Lemonde.frVoir la version intégrale de la tribune

Lesfabricantsd’ordinateurscherchentuneéchappatoireàlacrisedusecteurLeSalon IFAdeBerlinaconfirmé l’essordeséquipementshybrides, à la foisPCet tablettes

La restructuration d’Alcatel, quia creusé les pertes de l’équipe-mentier de télécommunicationsaupremier semestre, va se pour-suivre. Des«décisions diffici-les» de réduction des coûtsseront annoncées à l’automne, aindiqué, vendredi 6septembresur BFMBusiness, le directeurgénéral,Michel Combes.

Lourdement endetté, Alcatel-Lucent a engagé en juin son plan«Shift» 2013-2015, qui prévoitnotamment une plus grande spé-cialisation des activités et descessions d’actifs. Les syndicalis-tes redoutent des licenciementsenplus des départs volontaires.Un comité de groupe européenaura lieu le 8octobre.

L’industriefrançaisedel’armementdemandeàl’EtatdetenirsonbudgetLenon-respectdesengagementsmenacerait l’outil industriel et l’emploi, alertentseptdirigeants

Des«décisions difficiles » à venir pour Alcatel-Lucent

4 0123Dimanche8- Lundi 9 septembre 2013

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marchés

TAUX & CHANGESPasd’inquiétude…pourl’instant

La réformedes retraites secoue la Bourse deVarsovie

8 mars 2013 6 septembre 2013

En hausseCOURS DE LATONNE DE CACAO À NEWYORKpour livraison en décembre 2013, en dollars

SOURCE : BLOOMBERG

2 564

2 104

+ 21,8 %

MATIÈRES PREMIÈRES«Mercipourlecacao»

AUXÉTATS-UNIS,LA REMONTÉEDES TAUX ESTUNE BONNENOUVELLE

L’indiceWig de la Bourse deVar-sovie a perdu4,41%cette semai-ne (4617,04points) :mercredi etjeudi, lemarché a plongé aprèsl’annonce d’une réforme du sys-tèmede retraitespar le gouverne-ment libéral deDonald Tusk. Eneffet, cotiser au Fonds de retrai-te privé (OFE) ne sera plus obliga-toire à partir de 2014 enPolo-gne: les contribuables pourrontopter pour le versement au seul

organismepublic (ZUS), quirécupère aupassage les titresd’Etat détenus par l’OFE. L’opé-ration va abaisser le niveau dedette publique net affiché par laPologne (55%duproduit inté-rieur brut actuellement).Maisl’OFE, qui détient environ 20%de la capitalisation boursière deVarsovie, devrait recevoirmoinsde capitaux pour y investir à par-tir de 2014 (avec AFP).

Unpeuderépitpourlesmarchésd’actionsLes incertitudes surdes frappesmilitaires enSyrieet sur lapolitiquemonétairede laFedsont revenuesaupremierplanenfindesemaine

C ertains économistes enontdessueurs froides. Jeudi 5septembre,les taux américains à dix ans, les

Treasuries, ont dépassé la barre symboli-quedes 3%.Du jamais-vudepuisjuillet2011. Lemême jour, les tauxd’em-prunt à dix ansde l’Allemagne sontrepassés au-dessusde 2%, tandis que laFrance a dû consentir à un tauxde2,57%pour emprunter 4,2milliardsd’euros sur dix ans. Un recorddepuismai.Mêmesi les taux se sontunpeudétendusvendredi soir, cette remontéetouche toute la zone euro. Et cen’estpeut-êtreque le début.

Pour l’économie, les risquessontdedeuxnatures. Lahaussedes taux longsentraînemécaniquementcelledesprêtsimmobilierset celledes crédits auxentreprises.Dequoi, si la tendancesepoursuit,pénaliser le redémarragedel’activité.Mais les conséquencessontpotentiellementplus ravageusesencorepour lesEtats: chaquefoisque les tauxaugmentent, le financementde ladetteleurcoûtepluscher.Cequin’est jamaisunebonnenouvelle.

Faut-il yvoir lepossibleélémentdéclencheurd’unenouvelle crise finan-cière?Pour lemesurer, il estd’abordimportantdedistinguer les casaméri-cainet européen.Outre-Atlantique, laremontéedes tauxest envéritéunebon-nenouvelle.«Elle signale le retourà lanormalede l’économie»,expliqueGillesMoec, chezDeutscheBank.

LaRéserve fédéraleaméricaine (Fed) aannoncéqu’elleallait progressivementfreiner ses rachatsd’actifs et les investis-seursontpris acte. Commela repriseeuropéennesuit engénéralde sixmoiscelledesEtats-Unis, ils ontdumême

coupparié sur la remontéedes tauxeuropéens.«Ils se trompent, expliqueFrederikDucrozet, auCrédit agricole.Cet-te fois, les scénariosaméricainet euro-péenseront clairementdécouplés.»

Malgréquelques indicateursencoura-geants, la zoneeuroest loinde la reprise.Lesdettesgrecqueetportugaiseconti-nuentd’augmenter.Chypres’enfoncedans la récession.L’Italie est auborddelacrisepolitique.End’autres termes: lespayspériphériquesn’ontpas les reinssuffisammentsolidespour supporterune remontéedes taux longs. Si celle-cisepoursuit, le scénariocatastrophede2010,qui a conduità la crisedesdettessouveraines,pourrait se reproduire.

Faiblesses structurellesNousn’ensommespas là.MarioDra-

ghi, lepatronde laBanquecentraleeuro-péenne(BCE), a, dès leprintemps, cernél’enjeudesmoisàvenir: faire compren-dreaux investisseursque les scénariosaméricainet européensontdéconnec-tés. Le 5septembre, il amarteléqu’il nerelèveraitpas ses tauxdirecteursenpré-cisantqu’il ne jugeaitpas la repriseeuro-péennesolide.Onpeutdifficilement fai-replusclair. Cela suffira-t-il?

Pas sûr. L’armede la communicationest àdouble tranchant.Ellene fonction-nequesi celuiqui lamanieest crédible,etquesi ceuxqui l’écoutent sont ration-nels. Si le sérieuxdeM.Draghine faitaucundoute, la rationalitédesmarchés,en revanche…

Voilàpourquoinombred’économis-tesparientque laBCE sera contrainted’agir avant la finde l’année.Enbaissantencoreunpeuson tauxdirecteur.Ouenaccordantdenouvelles liquidités auxbanques. En casde forcemajeure, ellepourraitmêmedéclencher l’OMT,quiluipermettraitde racheterdirectementladettedespaysendifficulté.Dequoiéteindre l’incendie.Mais en aucuncasde résoudre les faiblesses structurellesquiminent l’économieeuropéenne.p

MarieCharrel

A lors qu’ils avaient pris peur,la semaine dernière, devantl’accélération des projets de

frappes militaires occidentalescontrelerégimedeDamas,lesmar-chés d’actions ont rebondi cettesemaine. La tenue, vendredi 6sep-tembre, de la réunion du G20 deSaint-Pétersbourg a donné, eneffet, un délai à la perspectived’une interventionen Syrie.Quantà leurautregrandsujetdepréoccu-pation, l’état de la reprise de l’éco-nomie américaine, des indicateursd’activité jugés rassurantsont sou-tenu la tendance.

Au moins jusqu’à jeudi. Car les

termes de cette équation ontrecommencé à se compliquer ven-dredi.Lesdésaccordssur laSyrieausein duG20 ne se sont pas résolus.D’autre part, les créations d’em-plois en août aux Etats-Unis, aunombrede169000,sontressortiesen dessous des attentes, semblantindiquer une reprise moins fortequ’espéré.

Si les indices européens ont clô-turé la journée dans le vert, unenouvelle phase s’ouvre désormais,où la question syrienne et la réu-nion de la Réserve fédérale améri-caine (Fed) des 17 et 18septembrevont alimenter l’incertitude.

Sur la semaine, les indices bour-siers européens convergent vers lehaut, que ce soit à Paris (+2,93%),où le CAC40 a reconquis le seuilsymboliquedes4000points,attei-gnant 4049,19 points, à Francfort(+2,13% pour le DAX), à Londres(+2,10%) ou àMadrid (+4,40%) ouà Milan (+2,19%). L’indice EuroStoxx50afficheungainde 3,02%.

Wall Street, qui était fermée lun-di 2septembrepour le LaborDay, lafête du travail, a vécu au rythmedela semainedequatre jours. Vendre-di, le marché a réagi en zigzag à lapublicationdes chiffres de l’emploiaméricain, montrant la perplexitédes investisseurs. S’ils scrutent deprès ces données d’activité, c’estqu’elles vont influencer le compor-tementde la Fed.

Les analystes et les gérants s’ap-pliquentàjaugerl’ampleuretàpré-voir la date du virage que pourraitprendre la politique de la Fed desoutien aux marchés financiers.Va-t-elle décider, et dans quellesquantités, de retirer des liquiditésdès sa prochaine réunion de lami-septembre, en procédant à desachats moins massifs de bons duTrésor et de titreshypothécaires?

L’enjeu est d’autant plus impor-tant que les entreprises cotées àWall Street, profitant des bas tauxd’intérêt en 2012 et au premiersemestrede2013,ontmassivementémisdesobligations,engrandepar-tie pour financer des opérationsdefusionset d’acquisitions et depaie-ments de dividendes et de rachatsd’actionsà leurs actionnaires.

Les niveaux de dette des entre-prises cotées augmententplusvitequeleurscash flows (résultatsd’ex-ploitation) depuis six trimestresconsécutifs,selonunecompilationde la banque JPMorgan citée parBloomberg, le 28août.

Aupremiersemestre2013,ladet-te des 190 grandes entreprisescotées étudiées par la banque s’estalourdie de 9,1 %, atteignant

2 900milliards de dollars(2200milliards d’euros), tandisqueleursprofitsavantimpôts, inté-rêts, amortissements et déprécia-tions reculaient (–2,3%).

Le risque boursier de voir cettebulle éclater est donc regardé deprès depuis que les taux d’intérêtont amorcé, cet été, leur remontéeet va continuer à être scruté sur laplanète finance.

A Tokyo, l’indice Nikkei a gagné3,52% sur la semaine, malgré unrepli vendredi (– 1,45%). Décalagehoraire oblige, le marché a alorsjouélaprudence,enprévisionde lapublication ultérieure des chiffresde l’emploi américain.

Un autre événement préoccu-pait les opérateurs : l’annonce,samedi 7septembre, du choix parleComitéinternationalolympiquede la ville chargée d’organiser lesJeux de 2020. Les informationsrécentes sur les fuites d’eauradioactives à la centrale nucléairede Fukushima ont refroidi les spé-culateurs, qui pariaient sur la vic-toirede la capitale japonaise, affec-tant les valeurs de l’immobilier ouduBTP.p

Adriende Tricornot

13 860,81 POINTS4 049,19 POINTS 14 922,5 POINTS6 547,33 POINTS8 275,67 POINTS 3 660,01 POINTS2 803,42 POINTS

TOKYOPARIS NEW YORKLONDRESFRANCFORT NASDAQEURO STOXX 50

+ 2,93%CAC 40 DOW JONES (4 jours)

+ 2,10 %FTSE 100

+ 2,13 %DAX 30 + 3,02% + 1,10 % + 3,52%

NIKKEI+ 0,76%

L apoudrebruneest trèspriséedes spéculateurs. «Mercipour le cacao», peuvent-ils

dire en chœur en constatant l’évo-lution des coursmondiaux de cet-te précieuse matière première.Depuis le début de l’été, le cacao acommencé à brûler. Pas de signesde refroidissement en vue, en cedébut septembre. Vendredi 6sep-tembre, les contrats à terme arri-vant à échéance en décembres’échangeaient à 2564dollars àNewYork.

Tout a commencé fin juin,quand les prévisionsmétéorologi-ques n’étaient pas des plus favora-bles au développement fructueuxdes cacaoyers au Ghana et en Côted’Ivoire. Or, ces pays sont les deuxprincipaux pourvoyeurs de fèvesau monde, avec plus de la moitiédesvolumesmondiaux.

La réalité climatique n’a pasdémenti les prévisions alarmistes.Une vague de sécheresse a sévi enAfrique de l’Ouest. Même s’il estencoredifficiled’en évaluer toutesles conséquences, les récoltes necommençant qu’en octobre, lesrendements des plantations decacaoyersdevraientété affectés.

Puis les statistiques sont tom-bées. «LeGhana estimeque sa pro-duction de fèves de cacao sera de800 000 tonnes contre900000tonnes il y a un an», ditJérôme Jourquin, spécialiste desmatières premières agricoles chezAurel BGC. Même son de clochepour la Côte d’Ivoire: «La produc-tion ivoiriennedevraitbaisserpourla troisièmeannée consécutive. Ellene dépasserait pas le 1,4million detonnes, alors que sa capacité est de1,6 à 1,7million de tonnes», noteM.Jourquin.

A chaque étape, le cours ducacaos’estapprécié.Uneévolutionquin’apaséchappéauxyeuxgour-

mandsdes spéculateurs. Ils ontétéd’autant plus alléchés par l’aubai-ne que les cours des autres matiè-res premières glissaient irrésisti-blement. Les céréalesmais aussi lecaféoulesucreontvuleurprixfon-dre cet été. «Il y a un phénomènespéculatif, les fonds d’investisse-ment ont amplifié le mouve-mentdehausse»,ditM.Jourquin.

Ils ont été confortés dans leurdésir de croquer les bénéfices de lahausse des cours du cacao, enconstatant que la consommationduproduit et de ses dérivés choco-latés ne faiblissait pas. Le risqued’écroulement du marché sembleécarté.Ainsi,enFrance,selonl’insti-tut de conseil enmarketing IRI, dejuillet2012 à juin2013, le marché

duchocolatvenduengrandesurfa-ce,même s’ilmontre des signes deralentissement,aencoreprogresséde 2,3%, à 2,5milliards d’euros. Ilest vrai que le printempsmaussa-deétaitpropiceauchocolat chaud.

IlsuffiraitquelesChinoissemet-tent à grignoter plus que les100grammes qu’ils consommentactuellement en moyenne par anpouralimenterlacroissancegloba-ledumarchédu chocolat.

L’envolée du cours du cacaova-t-elle entraîner une hausse duprixdes tabletteset autres confise-ries? «Le cacao est cher, mais sonprix ne bat pas des records histori-ques.Il retrouveleniveauqu’ilavaitenseptembre2012», tentederelati-viser M.Jourquin. Quant au géantdu secteur, le suisse Barry Calle-baut, il a obtenu le feu vert de laCommission européenne, pourvanter les bienfaits des flavanolsdecacaopourlacirculationsangui-ne. Une manière de le valoriserencoreauxyeuxde ses clients.p

LaurenceGirard

Lasociétédeslecteursdu«Monde»1,08 euro - Cours de l’action,VENDREDI 6 SEPTEMBRESociétédes lecteurs du«Monde»,80, boulevardAuguste-Blanqui,75707Paris Cedex 13, Tél. : 01-57-28-25-01.Courriel: [email protected]

Lemarchéaréagienzigzagàlapublication

deschiffresdel’emploiaméricain,

montrantlaperplexitédesinvestisseurs

LasécheresseenAfriquedel’Ouestaentraînél’envoléeducoursdesfèves

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ImmobilierPas de spéculation autour duGrand ParisIl n’y apasdespéculationautourdesgaresduGrandParis. Telleest la conclusionde lapremièreétuderéaliséepar l’Observatoire

desmarchés foncierset immobiliersportantsur lapériode2006-2011, c’est-à-direavantquele tracédéfinitifne soit connu. Lazoned’obser-vationest limitéeau«périmètred’attraction»,soitunparcoursàpiedd’unquartd’heureaumaximumautourde chaquegare.«Si lesprixontprogresséde 30%encinqansauxabordsdesgaresduGrandParis, ils ontaugmentéde35%en Ile-de-Franceetde 30%enpremièrecou-ronnesur lamêmepériode», révèle l’Observa-toire.Resteà savoir si l’annoncedu tracédéfini-tif, confirmépar legouvernementenmars,auraune influencesur lemarché immobilier.Leprochaincomitédepilotagede l’Observatoi-reaura lieu fin2013 et analysera lesprix2012.p

L ’instabilitéfiscalen’épargnepasl’im-mobilier. Pas une année ne passesans que les règles changent. Cette

rentréen’yapasdérogé.Côtébonnesnou-velles pour les particuliers, la taxe sur laplus-value sera désormais moins élevée.Pour rappel, le gain réalisé lors de la vented’unbienimmobilier(horsrésidenceprin-cipale) est imposé à 19%, auxquels s’ajou-tent les prélèvements sociaux de 15,5%,après un abattement qui varie selon laduréede détention.

Depuis le 1erseptembre, deux change-mentsmajeurs sont intervenus. D’abord,pour être exonéré de cette «ponction»payée à l’Etat, un propriétaire devra avoirdétenu son bien pendant vingt-deux ans,contretrenteansprécédemment.L’abatte-mentpris en comptepour le calcul de cet-te taxe est, en effet, désormais de 6% parande la6eà la21eannéededétention; puisde 4% à la 22e. En revanche, les prélève-ments sociaux ne sont exonérés qu’aprèstrente ansde détentiondubien.

Abattement spécialEnsuite, le gouvernement a accordé un

abattementspécialde25%pour toutes lesventes réalisées au plus tard le 31août2014. «Cet abattement supplémentaire nes’applique pas aux cessions de titres desociétés ou organismes à prépondéranceimmobilière, ni à celles réalisées entremembresd’unemême famille commeunerevente à un conjoint, concubin, partenai-repacsé,enfantouparent»,préciseMuriel-le Gamet, de l’étude Cheuvreux Notaires.«Limitédans le temps, cetavantage finan-cier devrait inciter les propriétaires à pas-ser à l’acte et à vendre avant cette datebutoir. Cela devrait donc fluidifier le mar-ché immobilier. Pourmémoire, le durcisse-ment de cette même taxe opéré enfévrier2012 avait incité de nombreux pro-priétaires à renoncer à leur projet de ven-te», commente Frédéric Dumont, notaire

à Montreuil. Par ricochet, cette moindretaxation sur la plus-value devrait aussilimiter lenombredepropriétairessuscep-tibles d’être assujettis à la «surtaxe» ins-taurée en 2013 et qui concerne les plus-values immobilières supérieures à50000 euros. Une instruction fiscale du6août précise d’ailleurs que le gain impo-sablequisertdebaseaucalculdecettesur-taxe est partagé entre les co-cédants.«Autrement dit, ce gain sera taxé indivi-duellementetnonpaspar foyer fiscal. Celadevrait atténuer la portée de cette sur-taxe», explique FrédéricDumont.

Mais d’autres mesures – cette foismoins avantageusepour les particuliers –

sont aussi attendues. Tout d’abord, lesdroits de mutation – somme réglée parl’acheteur lorsd’une transaction immobi-lière – vont être majorés à compter du1er janvier 2014. Plus précisément la partieprélevéepar le département où se situe lebien.Actuellementfixéeà3,8%duprixdevente sur l’ensemble du territoire, cettetaxe pourrait atteindre jusqu’à 4,5%, soitunehaussemaximale de0,7%.

Laissé à la discrétion des collectivitéslocales, « ce changement de fiscalité vamécaniquementalourdir lemontant totaldes frais de notaire à régler par l’acheteur.Ainsi, pour l’achat d’un bien de100000 euros, il faudra débourser800euros supplémentaires de frais denotaire», commente Mme Gamet. Pourmémoire, les frais de notaire se compo-sent des émoluments dudit profession-nel,frais liésà larédactionetà l’enregistre-ment de l’acte, auxquels s’ajoutent diversdroits et taxes, commecelleportant sur lapublicité foncière, les frais d’assiette et derecouvrementauprofitdel’Etat,delacom-muneet dudépartement.

Autreprojetdanslescartons:uneréfor-me de la fiscalité des terrains à bâtir.Exclusdunouveaurégimedetaxationsurles plus-values immobilières, les terrainsà bâtir sont exonérés après trente ans dedétention. Mais cela pourrait changer àl’horizon2014ou 2015.

La piste évoquée à l’heure actuelleconsisterait à supprimer les abattementsenvigueuretquiévoluentavec lesannéesdedétention.«Sicescénarioestarrêté,celaencouragera les propriétairesde terrains àles conserver pour éviter d’être taxés auprix fort à la revente», avance Jean-Fran-çois Buet, président de la FNAIM. Amoinsque cela les incite, au contraire, à vendreavant cette réforme, pour éviter ensuitedese retrouvercoincés, cequipermettraitde libérer du foncier.p

LaurenceBoccara

L a loi oblige lebailleurà louer le logementenbonétat etcependant toute laduréede la location.Celanesignifie

paspourautantqu’il soitnécessairede le remettreàneufàchaque changementde locataire.

Ainsi, le propriétaire devra remplacer les équipementsquifonctionnentmalenraisondeleurvétusté,parexempleun ballon d’eau chaude ou un chauffe-eau. En revanche, iln’estpas tenuderemettreàneufunecuisine,si celle-cipeutêtre utilisée et si les équipements, bien que vétustes, fonc-tionnent.Pourmémoire, lebienlouédoitpouvoirêtrehabi-tédansdesconditionsdécenteset répondreauxcritèresquisont définis par les dispositions du décret du 30novembre2002. Ce texte prévoit ce qui est requis au minimum enmatière d’équipement de la cuisine. C’est-à-dire un coincomprenantunévier avec raccordement aux circuits d’eauchaudeet froideetprêtà recevoirunappareilde cuisson.

Selon l’équipement de la cuisine fourni à l’origine de lalocation, le propriétaire aura l’obligation d’entretiende ceséléments et de réparations. En sachant que le locataire doitde son côté prendre à sa charge les menues réparationsaprès une fuite d’eau, du fait du défaut d’étanchéité d’unjointparexemple,ouleremplacementd’untiroirduréfrigé-rateurqu’il aurait cassé… p

argent& patrimoine

VILLES EN MUESurlesrivesdelaHaute-Deûle,lamairiedeLillebâtituneville-jardin

Lecasse-têtedelafiscalitéimmobilièreLes règlesévoluent sanscesse, avec leur lotdebonnesetmauvaises surprisespour lesparticuliers

Adixminutes du centre-ville de Lille, cette vaste zone accueille EuraTechnologies,pôle d’excellence voué aux technologies. MAX LEROUGE

Coup de pouce fiscal

SOURCE : CHAMBRE DES NOTAIRES DE PARIS

Taxationsur la plus-value

Montant Vente réalisée

Prélèvementssociaux

Surtaxe

Total

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19 584 € 15 500 € 20 667 €

3 791 € 0 € 0 €

47 382 € 22 133 € 29 512 €

QUESTION À UN EXPERTpar Jean Dugor, notaire à Auray

Monlocatairemedemandederénoverlacuisine.Ysuis-jeobligé?

P rojet phare de la métropolelilloise, les rives de la Haute-Deûlepoursuiventleurtrans-

formation.Unquartdes100hecta-resdelaZACadéjàététraitéautourde l’ex-filature Le Blan-Lafont. Adix minutes du centre-ville, cettevastezoneaccueilleEuraTechnolo-gies,unpôled’excellencevouéauxtechnologies. «Plus de 2000 sala-riés y sont employés, lance fière-ment Stanislas Dendiével, adjointà l’urbanisme de la ville. Le site estoccupé par des entreprises d’enver-gure, comme Cap Gemini, Micro-soft, et denombreuses start-up.»

Mais pas seulement. Cet éco-quartiermêlebureaux, logements,commerces, équipements, le toutavecdesexigencesenvironnemen-tales très fortes tant pour les bâti-mentsquepourlesespacesverts, lerecueildeseauxdepluie, lacircula-tion… A tel point que le quartiercommence à ressembler à la «villejardin» imaginée par Martine

Aubry, la maire de Lille. L’habitats’y développe aussi. «Trois centslogements sont déjà sortis de terreet 500autres serontbientôt livrés»,explique M.Dendiével. La mairieambitionne d’entraîner dans ledynamisme de ce quartier les sec-teurs limitrophes : BoisBlancs etCanteleu pour Lille, Marais etMontàCamppourLomme.

AttractionD’ailleurs, dans les quartiers

BoisBlancs et Marais, 600 loge-ments de plus ont été program-més. Et sur les 75 hectares restantsquidoiventêtre transformésd’icià2025, sont prévues la constructionde 150000m2 de bureaux et delogements,lapoursuitedel’aména-gement des quais, la transforma-tion de l’ancienne gare à pénichesen lieudeplaisance…

Cette métamorphose attire lesparticuliers,quinerechignentplusàs’y installer.«ABoisBlancsetCan-

teleu, mes ventes ont augmenté de15% à 20%», dit le responsable del’agence ImmobilièreMétropole.

Silesprixdansl’anciencommen-centàmonter, ilsnedevraientpasygrimper trop fortement, car lesbiens neufs beaucoup plus perfor-mants énergétiquementne se ven-dent pas beaucoup plus cher :autourde3000à3200euros lem2,contrejusqu’à2500eurosdansl’an-cien.«Jeviensdevendreun3-piècesde70m2 jouxtantEuraTechnologiesà 170000euros, soit unpeuplus de2400euros lem2», note JacquesDeBusscher,del’agenceAbrimmo.Lesparticuliers peuvent aussi encoretrouver quelques petites maisonsouvrières des années 1930 avec unjardin, à condition de débourserentre200000et 250000euros. p

Colette Sabarly

n Sur Lemonde.frLes prix du m2 partout en Francedans la rubrique immobilier

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Page 7: ECO - 08 & 09 Septembre 2013

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Page 8: ECO - 08 & 09 Septembre 2013

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LE MONDE MENSUEL N° DE SEPTEMBRE À RETROUVER EN KIOSQUE

A oût2005. Table ronded’économistes àJacksonHole, dans leWyoming, à l’occa-siondu sommet annuel, informel et stu-

dieux, des banquiers centraux. RaghuramRajan, économiste en chef du Fondsmonétai-re international, présenteune étude à l’intitu-lé carré: «Ledéveloppementde la finance fait-il courir des risques à l’économiemondiale?»La réponsede l’auteur, nuancéemais ferme-ment étayée, est positive.

La discussion s’engage ensuite à la tribune.LawrenceSummers, économistede renom,présidentde l’universitéHarvard, critiqued’emblée la thèsedeRajan: sa tonalité généra-le, dit-il, est «luddite». Le termedésignait auXIXesiècle lemouvementd’ouvriers anglaisengagésdans la destructiondesmachinesà tis-ser. Dans le contexte américain, il symboliseaujourd’hui l’hostilité à l’innovation, la nostal-gie surannéepourunmondedisparu.

Deuxans avant le krach financier, Rajanavait vu juste. Et Summers communiait dansl’insouciancegénéraledumoment, partici-pant à l’euphoriequ’il avait contribué à créer:dernier secrétaire au TrésordeBill Clinton, il aété l’undes architectesde la libéralisationfinancièrede la décennieprécédente.

Huit ansplus tard, RaghuramRajan et LarrySummersvontpouvoir reprendre leur dialo-gue –dansundomainemoins académique. Lepremiervient deprendre ses nouvelles fonc-tionsde gouverneurde la banque centraled’In-de. Le secondpourrait bientôt être désignéparle président américain,BarackObama, poursuccéder à BenBernanke à la tête de la Fed, labanquecentrale américaine.

Chien dans un jeu de quillesLes deuxadversaires intellectuelsde 2005

pourrontdiscuter du sujet brûlant dumoment: les conséquencesdudurcissementàvenirde la politiquemonétaire américainepour le reste dumonde, et plus particulière-ment l’économiedes pays émergents.

L’annoncede la finprochaine de la politi-quedite d’«assouplissementquantitatif» – leprogrammed’achats d’actifs de la Fed sur lesmarchés – a fait remonter les tauxd’intérêtsur les obligationsdu Trésor américain, et pro-voquéunmouvementde refluxdes capitauxqui s’étaientportés ces dernières années surlesmarchés émergents. Inde, Brésil, Turquie,Indonésie, AfriqueduSud: tous sont frappés,à desdegrés divers.

Déjà s’est engagé leprocès en responsabilitémutuelle. La faute à qui? Les gouvernementsdespays émergents reprochent auxEtats-Unisde jouer au chiendansun jeude quilles.Les responsables américains font valoir que lemandatde la Fed est de s’occuperd’aborddel’économiedes Etats-Unis.

Mais l’économiemondialen’est pas unecourde récré, et les responsabilités sontparta-gées. Les pays émergents fontmined’oublierque leur croissance récente était enpartie arti-ficielle, commeen témoignaientdes balancesdepaiements courants endétérioration rapi-de. Lamannedes capitauxétrangers leur a faitoublier la nécessitéde réformesde fond. Enface, la Fed ades progrès à faire pour que l’an-noncede ses décisionsmonétairesne tournepas à la déroutemondiale – quin’est pas sansconséquencespour l’économieaméricaine.

Les pays émergents sont confrontés àunproblèmepressant: comment faire face auxconséquencesde la disparitionbrutale d’inves-tisseurs étrangers attirés par d’autresplace-ments? Il leur faut accepter soit des dévalua-tionsparfois brutales (la roupie indienneaper-du 18%de sa valeur face audollar enquatremois) et le retour de l’inflation, soit le ralentis-sement économique, s’ils tentent de luttercontre l’un et l’autre endéfendant leur devi-se?D’un côté, le coupde grisouvient rappelerque la croissance antérieureétait enpartie arti-ficielle.De l’autre, les réformes seront plusdif-ficiles s’il faut les lancer enpleine crise.

Cesmouvementsde balancier laissent lesbanquiers centrauxdes pays émergentsdevantdes choix impossibles. Laisser filer lesmonnaiespeut renforcer la défiancedes inves-

tisseurs et amplifier lemouvement. Les défen-dre est ruineux.

Lemouvementa été amorti ces derniersmois par les importantes réservesde changeamasséespar les banques centralesdes paysémergentsdepuis dix ans. Ces dollars accumu-lés par précautionont servi à amortir le chocsur les tauxde change. Du coup, la leçonquevont tirer de cet été agité Brasilia, NewDehlicommeAnkara, c’est qu’il faudra reconstituerdes réserves quand l’orage sera passé. Ce quiva aggraverundes facteurs dedéstabilisationdu système financiermondial.

Jean-PierreLandau,anciensous-gouverneurde laBanquedeFrance, le soulignaitdansunrapportprésentéà JacksonHole en2013. Pouréviter les chocsde liquiditébrutaux, il n’estquedes solutions imparfaites, soulignait-il. La coo-pération internationaleest complexeàmettreenœuvre, et sansdoutepas souhaitable, saufàremettreenquestion l’indépendancedesban-quescentrales.La fragmentationfinancièresurdesbasesnationales, avecunretourde contrô-les sur lesmouvementsde capitaux,estun ter-ritoire incertainet risqué.L’accumulationsup-plémentairede réservesdechangeestuneautrepiste.

La course auxdollars thésauriséspar lesbanques centrales des pays émergents vadonc reprendre. Les Etats-Unispeuvent pourl’instantmenerunepolitiquemonétaire indé-pendante. Lemoment approcheoù ils pour-raientpasser sous l’influenceplus directe deleurs créanciers. p

Pierre Briançon est éditeur Europede Reuters Breaking News

F inaoût, lepapeFrançoisa(encore)pris quelques liber-tésavec leprotocolepontifi-

cal. Il apparaît encompagniedetroisadolescentssurunephotogra-phie selfie, publiée sur Facebookpuisvéhiculéeàgrandspas surTwitter (nbcnews.to/15EdlnN).Parselfie, comprendre«autoportrait»,ou«égoportrait»,(bit.ly/14pMCuu),principequiconsisteà seprendreenphoto,sans l’aided’un tiers, enmainte-nant sonsmartphoneàboutdebras,pourpublicationquasi ins-tantanéesurunréseausocial.

Heureuxhasardducalendrier,lamêmesemaine, l’OxfordEnglishDictonnary introduisait letermede selfie, phénomènenédèsle lancementdescaméraphones,danssaversionen ligne(bit.ly/17Ed91H). Jeudemiroir?

«Bouche en cœur»Riendeplus simplequede

retourner l’objectif contre soi…Tout téléphoneportabledotéd’unecaméra intégréeoffreà sonutilisateur lapossibilitédes’im-mortaliseraisément.«Lesphotos,dont lesposes sont souventétu-diées– tête légèrement inclinée, laboucheencœur, les yeux fixés surl’objectif –, sont engénéral téléchar-gées instantanémentsurFacebook,InstagramouTwitter, commeuneaffirmationde soi, enquêted’uneapprobationcollective, explique

EmilyTurrettini, surBilan.ch.Dansnotre cultureobsédéepar lacélébrité, chacunpeutdevenir sonproprepaparazzo»(bit.ly/14wVSaO).

Le sitedepartage Instagram,etses 130millionsd’utilisateursactifsparmoispour45millionsdephotospartagéeschaque jour,compteplusde23millionsdepho-tosassortiesdeshastags#selfie etjusqu’à70millionsde#me.Et#moiet#moiet#moi…Pour lephotographeMathieuGrac,auteurde la série «BoyzandGirlzdunet» (Mathieugrac.com),qui seveutun«contrechamp»de telsauto-clichés,«laplupartde ces ima-ges sont semblables: chaqueper-sonne,dans toute son individuali-té, décidede semettreenavantdelamêmemanièreque les autres».

Pourquoicette surexpositionflirtantavec lephotonombrilis-me?Altruisme, vanité, reconnais-sanceouvolontédesedistinguer?Faut-il jeter lapierreà cemilliardde«J’aime»quotidienquivients’amoncelersur Instagram?Mon-tre-moi tonvisage, leboutde tonnez, tonépaule, tondécolleté, tonorteil gaucheetmêmetonnom-bril – levrai –,mais aussi ton chat,ta cabinededouche, tes lieuxdevacances, le contenude tesassiet-tes, les souriresde tesenfants…, jetedirai si je t’aime! p

[email protected]

L’ÉCLAIRAGE | CHRONIQUEpar Pierre Briançon

Lechocdesbanquescentrales

C’EST TOUT NET ! | CHRONIQUEpar Marlène Duretz

Ecran,monbelécran

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ENTRE LESÉTATS-UNISET LES PAYSÉMERGENTS

S’ESTENGAGÉ

UN PROCÈSEN RESPON-SABILITÉMUTUELLE

LES INDÉGIVRABLES | par Xavier Gorce

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