e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J...

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VISION SINDICAL #01 1 ISRAEL & PALESTINE 2 G7 3 NEPAL, BURMA 4 WORKERS’RIGHTS & GSP, WOMEN’S DAY 5 CAMBODIAN TEXTILE 6 G8 7 CHINA & HONG KONG 8 INTERNATIONAL COMMEMORATION DAY FOR DEAD AND INJURED WORKERS InfoSud-Syfia Maroc – Conscientisation et visibilité: les femmes progressent Contre les obstacles socio-économiques et culturels qui marginalisent les femmes dans la société, au travail et dans les syndicats, le comité des femmes de l’UMT est parti en campagne. Premier bilan et témoignages des progrès obtenus. VISION SYNDICALE #01 CSI Confédération syndicale internationale Janvier 2007

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Page 1: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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1 ISRAEL amp PALESTINE 2 G7 3 NEPAL BURMA 4 WORKERSrsquoRIGHTS amp GSPWOMENrsquoS DAY 5 CAMBODIAN TEXTILE6 G8 7 CHINA amp HONG KONG 8 INTERNATIONALCOMMEMORATION DAY FOR DEAD AND INJUREDWORKERS

InfoSud-Syfia

Maroc ndash Conscientisation et visibiliteacute les femmesprogressentContre les obstacles socio-eacuteconomiques et culturels qui marginalisent les femmes dans la socieacuteteacute au travail et dans les syndicatsle comiteacute des femmes de lrsquoUMT est parti en campagne Premier bilan et teacutemoignages des progregraves obtenus

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neacutegatifs sur les femmes Faute de cregraveche et autresdispositions pratiques avec lrsquoincompatibiliteacute des horairesscolaires ccedila pose des problegravemes drsquoorganisation qui sont unesource de stress permanent pour les femmes Crsquoest aussiune source drsquoins0eacutecuriteacute pour celles qui travaillent dans deszones de travail peu sucircresrdquo

Travail non reconnu

Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMT deacutenonce aussi le travailldquoinvisiblerdquo de beaucoup de femmes ainsi que le processus defeacuteminisation de la pauvreteacute ldquoQuoi qursquoindeacuteniablement sourcede production de richesse le travail des femmes danscertaines activiteacutes comme les plantations agricoles ou letravail agrave domicile nrsquoest mecircme pas reconnu les conditions ysont pourtant particuliegraverement difficiles Et puis lrsquoon assisteaussi agrave une feacuteminisation de la pauvreteacute du fait de ladeacutegradation dramatique du pouvoir drsquoachat des produits depremiegravere neacutecessiteacute sur fond de gel prolongeacute des salaires Lechocircmage est tregraves eacuteleveacute surtout chez les jeunes diplocircmeacuteesrdquoexplique Amal El Amri responsable du Comiteacute des femmes delrsquoUMT membre du Comiteacute des femmes de la CSI etcoordinatrice de la campagne de syndicalisation des femmesde lrsquoUMT

La protection de la materniteacute reste aussi tregraves deacutefaillantebeaucoup de femmes mourant en couches faute drsquoun suivimeacutedical adeacutequat

ldquoMalgreacute lrsquoarsenal leacutegislatif les violences contre les femmesest un autre problegraveme tregraves seacuterieuxrdquo souligne KhadijaRhamiri La lutte des femmes de lrsquoUMT a permis que leharcegravelement sexuel au travail ne soit plus un tabou mais ilfaut continuer agrave se battre pour obtenir la peacutenalisation duharcegravelement sexuelrdquo

Lrsquoheacuteritage traditionnel et culturel qui consacre lrsquoinfeacuterioriteacutede la femme dans la socieacuteteacute marocaine pegravese encore

tregraves lourd ldquoCertaines femmes sont contraintes drsquoentrer surle marcheacute du travail pour ameacuteliorer leurs revenus mais ellesrestent sous la coupe de leur statut traditionnel drsquoinfeacuterioriteacuteLrsquoanalphabeacutetisme reste aussi un obstacle majeur surtoutdans les campagnes reculeacutees Degraves le deacutebut du parcourseacuteducatif la seacutelection discriminatoire est tregraves forterdquo deacutenonceKhadija Rhamiri secreacutetaire geacuteneacuterale de lrsquoUnion reacutegionale deLrsquoUMT de Rabat et coordinatrice des travailleuses du textileet habillement

Dans le secteur public mecircme si les statuts de la fonctionpublique et des entreprises publiques preacutevoient lrsquoeacutegaliteacute entrehommes et femmes les femmes nrsquoen sont pas moinsvictimes de discriminations en matiegravere de salaires depromotion de protection sociale ou encore drsquoaccegraves auxpostes de deacutecision ldquoLes femmes qui occupent un tiers despostes de la fonction publique sont confineacutees en bas de lahieacuterarchie Elles sont en outre tregraves majoritairementconcentreacutees dans les activiteacutes perccedilues comme leprolongement du rocircle qui leur est deacutevolu dans la vie priveacutee agravesavoir la santeacute lrsquoenseignement et les servicesrdquo poursuitKhadija Rhamiri qui souligne aussi le problegraveme des ldquofemmesaffecteacutees dans des zones complegravetements reculeacutees ougrave il nrsquoy apas de seacutecuriteacute ce qui de fait les oblige agrave refuse ces postesrdquo

Travail peu qualifieacute

Dans le secteur priveacute les femmes sont confineacutees dans lespostes qui demandent peu de qualifications comme letextile ou lrsquoagro-alimentaire ce qui traduit la reacutealiteacute delrsquoanalphabeacutetisme qui touche plus gravement les femmes

ldquoLe travail en horaire continu a des effets particuliegraverement

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Chiffres cleacutes

Alphabeacutetisation Populationtotale 517 hommes641 Femmes 394

Chocircmage 11 en 2005(estimeacute agrave 102 pour 2006) proche des 20 dans leszones urbaines 355 desdiplocircmeacutees de lrsquoenseignementsupeacuterieur sont au chocircmagecontre 226 chez leshommes

Population sous le seuil depauvreteacute 19

Taux de lrsquoemploi feacuteminin danslrsquoemploi total 26 (2001)contre 19 en 1982

Ineacutegaliteacute salariale le salairemoyen des hommes est de358 supeacuterieur agrave celui desfemmes dans la populationsalarieacutee urbaine

(Source Haut Commissariat au planmarocain 2006)

ldquoDeacuteseacutequilibrerdquo entre hommes et femmes

Il y a un ldquodeacuteseacutequilibre patentrdquoentre hommes et femmes surle marcheacute du travail marocainconcegravede le Haut Commissariatau Plan qui souligne qursquoldquounactif sur quatre seulement estune femme et que le salaire delrsquohomme est drsquoun tierssupeacuterieur agrave celui de la femmerdquo

Discriminations multiples et feacuteminisation de la pauvreteacuteMalgreacute leur progression sur le marcheacute du travail les travailleuses marocaines restent trop souvent cantonneacuteesdans des positions infeacuterieures et preacutecaires

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qualifieacutee et la plus victime de conditions drsquoexploitation etde violations de la liberteacute syndicale (textile et agro-alimentaire) souvent dans lrsquoeacuteconomie non structureacutee

La meacutethode mise en avant est celle de la ldquostrateacutegie 1+1rdquochaque femme pouvant syndicaliser une autre femmeCasablanca Mohammedia Rabat Tanger MarrakechSafiel Jadida Mekneshellip Autant de villes et reacutegionscibleacutees les unes apregraves les autres par la campagneDiffeacuterentes activiteacutes comme des seacuteminaires des sessionsde sensibilisation de femmes mais aussi drsquohommes desformations des structurations de comiteacutes de femmes(reacutegionaux sectoriels et national) ont eacuteteacute organiseacutees

ldquoSuite aux seacuteminaires nationaux organiseacutes par le Comiteacutedes femmes sur drsquoune part lrsquointeacutegration des femmes dansles syndicats et drsquoautre part les techniques de campagnese sont tenus des seacuteminaires reacutegionaux qui ont abouti agrave laformation de groupes de campagne chargeacutes de sensibiliserles femmes agrave la neacutecessiteacute de srsquoorganiser Ces groupes decampagne avec le comiteacute des femmes des unions localeset reacutegionales ont organiseacute des activiteacutes et des meetings enplus de visites et contacts pris avec les travailleuses dansles uniteacutes de production et ailleursrdquo explique Amal El Amriqui ajoute ldquoNous avons exploiteacute toutes les activiteacutessyndicales (congregraves conseils nationaux 8 mars 50egravemeanniversaire de lrsquoUMThellip) pour faire connaicirctre lacampagne

Cibler les besoins speacutecifiques

ldquoDans une entreprise syndiqueacutee crsquoest eacutevidemment moinsdifficile car la campagne peut srsquoappuyer sur le noyausyndical deacutejagrave existant en le convaincant de lrsquoutiliteacute drsquouncadre speacutecifique pour les femmes de cibler leurs besoinsspeacutecifiques et drsquoapporter des reacuteponses syndicales agrave leursproblegravemes Crsquoest plus deacutelicat dans les entreprises non

Sur un nombre total de 320000 membres en 2006LrsquoUMT compte 57600 femmes soit une proportion de

12 Cette preacutesence syndicale feacuteminine se concentresurtout dans les services (banques seacutecuriteacute sociale etprotection sociale distribution drsquoeau et drsquoeacutelectriciteacute textile-confection formation professionnelle agro-alimentaireagriculture santeacute et eacutetablissements publics)

ldquoLes licenciements massifs pour raisons eacuteconomiques lesfermetures drsquousines ainsi que le deacuteveloppement desformes atypiques de travail engendreacutes par lamondialisation de lrsquoeacuteconomie se sont reacutepercuteacutes sur letaux drsquoaffiliation provoquant une baisse des effectifssyndicaux notamment parmi les femmes affilieacuteesrdquoexplique Amal El Amri coordinatrice de la campagnenationale marocaine et membre titulaire du Comiteacute desfemmes de la CSI de syndicalisation de femmes qui srsquoestinscrite dans le sillage de la campagne syndicaleinternationale ldquoLes femmes pour les Syndicats ndash LesSyndicats pour les Femmesrdquo (voir page 7)

Au Maroc cette campagne vise comme objectifslrsquoaugmentation de 5 du taux drsquoaffiliation des femmeslrsquoidentification des obstacles agrave la syndicalisation desfemmes et des solutions pour les surmonter lerenforcement de la formation de formatrices syndicales lafeacuteminisation des structures syndicales agrave tous les eacutechelons-en particulier aux postes deacutecisionnels- et enfin la creacuteationet le renforcement des comiteacutes de femmes aux niveauxlocal reacutegional et sectoriel

Strateacutegie 1+1

Les femmes travaillant dans les secteurs agrave forteconcentration feacuteminine (textile agro-alimentaire servicesproduits chimiques agriculture) constituent le groupe ciblede cette campagne avec un accent particulier sur lessecteurs ougrave la main-drsquooeuvre feacuteminine est la moins

Violations des droitssyndicaux

Le Maroc nrsquoa toujours pas ratifieacutela Convention 87 de lrsquoOIT ldquoLecode du travail sanctionnetoujours la liberteacute syndicale et denombreux syndicalistes sontfreacutequemment malmeneacutes etarrecircteacutesrdquo deacutenonce KhadijaRhamiri ldquoTout est mis en oeuvrepour sanctionner le droit degregraveve de faccedilon insidieuse Crsquoestvrai que gracircce au combat meneacutepar lrsquoUMT et drsquoautres on aobtenu des ameacuteliorations de laleacutegislation sur le travail mais lesemployeurs ne la respectent pasEn matiegravere de santeacute et seacutecuriteacuteau travail dans les secteursmarginaliseacutes comme lrsquoagro-alimentaire le textile et letourisme les conditions sontterribles Le cadre horaire leacutegalest souvent violeacute et le recours aucontrat agrave dureacutee deacutetermineacutee estabusif Le statut drsquoapprentissageest aussi un preacutetexte agravelrsquoexploitation Le SMIG (entre 180et 200 euros) nrsquoest pas respecteacuteLes employeurs fontactuellement campagne poursaper ce principe acquis envoulant imposer des SMIGreacutegionaux et sectoriels Dans lapratique le droit agrave lrsquoallaitementnrsquoest pas respecteacuterdquo

Le secteur agricole pointeacute du doigt

ldquoCrsquoest dans lrsquoagriculture que lesconditions et les discriminationssont souvent les pires pour lestravailleuses Beaucoup nrsquoy sontpas deacuteclareacutees agrave la seacutecuriteacutesociale Le harcegravelement sexuel yest consideacutereacute comme normal lesgeacuterants des fermes sepermettent tout comme si cesfemmes eacutetaient leur proprieacuteteacute Sielles se rebiffent elles sontrenvoyeacutees Ce sont vraiment deszones de non-droit syndical crsquoestpourquoi lrsquoUMT consacreactuellement de gros efforts pouressayer de syndiquer cesfemmes du secteur agricolerdquodeacutenonce Khadija Rhamiri

ldquoLa campagne a fait prendre conscience aux femmes de leur forcerdquoLes objectifs les obstacles les progregraveshellip premier bilan de la campagne

bull Sur un nombre total de 320000 membres en 2006 57600 sont des femmes soit seulement 12

bull Cette preacutesence syndicale feacuteminine est surtout concentreacutee dans les services

bull Degraves les anneacutees 60 la centrale syndicale avait preacutevu un cadre speacutecifique pour lrsquoorganisation des femmes agrave savoir ldquoLrsquoUnion progressiste desfemmes du Marocrdquo qui preacutesentait la caracteacuteristique drsquoorganiser mecircme les femmes au foyer

bull En 1995 a eacuteteacute creacuteeacutee la Commission nationale de la femme travailleuse un organe statutaire constitueacute de 23 membres et sieacutegeant drsquooffice agrave laCommission administrative organe deacutelibeacuteratif La Commission nationale de la femme travailleuse se reacuteunit tous les trimestres et fait rapport auBureau exeacutecutif

bull Depuis lors lrsquointeacutegration des femmes agrave progresseacute agrave tous les niveaux des structures de lrsquoUMT (organes deacutelibeacuteratifs congregraves conseils nationauxfeacutedeacuterations professionnelles unions reacutegionales et locales syndicats de base et comiteacutes fonctionnels)

bull Au dernier Congregraves de lrsquoUMT la visibiliteacute des femmes eacutetait de 20

bull LrsquoUMT est aussi repreacutesenteacute par une femme en la personne de Khadija Rhamiri membre de la 2egraveme chambre du Parlement marocain

bull Toutefois un seul siegravege sur sept est occupeacute par une femme au Bureau national de lrsquoUMT renouveleacute tous les 4 ans

bull ldquoSi un certain nombre de femmes assurent des responsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations des unions locales et au niveau sectorielainsi qursquoau niveau de certains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agrave plein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo deacuteplore Amal El Amri

LrsquoUMT et les femmes

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syndiqueacutees ougrave il faut partir de rien constituer un comiteacutedrsquoorganisation et un calendrier drsquoactiviteacutes en mettantlrsquoaccent sur la communication sur des questions inteacuteressantspeacutecifiquement les femmes en montrant comment la forcedu syndicat peut leur ecirctre utilerdquo raconte Khadija RhamirildquoPour arriver agrave structurer davantage les femmes il estimportant de commencer par des activiteacutes culturelles desexposeacutes autour de sujets inteacuteressants les femmes cibleacuteesou encore des cours drsquoalphabeacutetisation qui permettent de serapprocher des travailleuses et de leurs preacuteoccupationsrdquo

Comme lrsquoa deacuteclareacute Amal El Amri ldquoNous disons aux femmesque lorsqursquoelles adhegraverent ensemble et massivement agrave unsyndicat lrsquoemployeur ne peut que ceacuteder au bout du comptecar il ne peut tout de mecircme pas licencier tout le monde agrave lafoisrdquo une deacuteclaration reprise par la presse marocaine quiteacutemoigne drsquoun acquis indeacuteniable de cette campagne faireprendre conscience aux femmes de leur force

Ajoutons la volonteacute de cette campagne de coordonner sesactions avec la socieacuteteacute civile speacutecialement les organisationsde femmes les associations de deacutefense des droits humainset plus particuliegraverement des droits des femmes

Lrsquoobstacle de la ldquodouble tacirccherdquo

Les femmes marocaines sont tirailleacutees entre leursmultitudes de tacircches un fardeau qui fait souvent obstacle agraveleur engagement syndical ldquoLes charges domestiques quileur collent agrave la peau les empecircchent de srsquoinvestirpleinement dans la sphegravere publiquerdquo regrette KhadijaRhamiri

Lrsquoimage traditionnelle selon laquelle le syndicat est le terrainde preacutedilection des hommes ougrave les femmes souffrent de lamecircme marginalisation que dans leur milieu de travail et ougraveelles accegravedent rarement aux postes de deacutecision esteacutegalement un frein agrave la syndicalisation des femmes

ldquoLrsquoimage perdure que les syndicats crsquoest une affairedrsquohommes Mecircme certaines femmes propagent cemessage Les femmes doutent de leurs capaciteacutes etsrsquointerdisent elles-mecircmes de saisir certaines opportuniteacutes Ilfaut une lutte commune des hommes et des femmes pourchanger ces images veacutehiculeacutees dans socieacuteteacute Quand ontraite de sujets speacutecifiques aux femmes il faut aussi que leshommes participent pour qursquoils comprennent qursquoil y areacuteellement des problegravemes speacutecifiques aux femmes carsouvent ils lrsquoignorent ou ils preacutefegraverent lrsquoeacuteviter Mais gracircce autravail de cette campagne je crois qursquoon a vraimentprogresseacute dans la lutte contre cette imagerdquo pense KhadijaRhamiri

Meilleure repreacutesentation feacuteminine

Dans le sillage de la campagne des comiteacutes de femmes ontpu ecirctre creacuteeacutes dans certaines unions reacutegionales comme agraveSafi et agrave Meknegraves et drsquoautres ont eacuteteacute dynamiseacutes comme agraveMarrakech et El Jadida Des comiteacutes de femmes ont aussieacuteteacute creacuteeacutes au niveau des secteurs professionnels tels que letextile la distribution drsquoeau et eacutelectriciteacute la seacutecuriteacute socialeles chemins de fer la santeacute lrsquoUnion syndicale desfonctionnaires ou encore la formation professionnelle

ldquoLa campagne a susciteacute une augmentation de larepreacutesentation feacuteminine au niveau de tous les organesdeacutelibeacuteratifs notamment au niveau du Conseil national quiest un organe intermeacutediaire entre le secreacutetariat national et la

commission administrativerdquo se reacutejouit Amal El Amri Maisldquosi un certain nombre de femmes assurent desresponsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations desunions locales et au niveau sectoriel ainsi qursquoau niveau decertains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agraveplein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo nuance Amal ElAmri

ldquoGracircce notamment agrave la pression des campagnes meneacuteespar lrsquoex CISL et par le BIT en faveur de lrsquoobjectif de 30 defemmes dans toutes les activiteacutes syndicales nous sommesparvenues agrave deacutepasser les 30 dans les seacuteminaires et lesactiviteacutes de formation en geacuteneacuteral Crsquoest tregraves important pourrelever le niveau de conscience des femmes travailleusesau sujet de leur situation objective et des moyens de luttercontre les obstacles qui entravent leur pleine inteacutegrationLes femmes sont aussi de plus en plus repreacutesenteacutees dansles eacutequipes de neacutegociations y compris le dialogue socialavec le gouvernementrdquo constate Amal

Toutefois force est de constater certaines limites danslrsquoapplication de cet objectif minimum de 30 ldquoIl y a deslimites objectives Dans certaines professions fortementsexueacutees comme les activiteacutes portuaires et peacutetroliegraveres lapreacutesence feacuteminine est quasi nulle Avec toutefois uneexception dans les chemins de fer ougrave de gros efforts sontfaits pour lrsquointeacutegration des femmes malgreacute la preacutedominancedes hommes dans ce secteur Pour les missions agravelrsquoeacutetranger la nature de la mission le niveau de fonctionsyndicale requis pour lrsquoaccomplissement de certainesmissions ainsi que le profil exigeacute peuvent constituer desobstacles agrave la reacutealisation de cet objectif de 30 A quoisrsquoajoutent les trop souvent rencontreacutees ldquolimites subjectiveslieacutees agrave la preacutedominance de la culture masculinerdquo ajouteAmal El Amri

ldquoLrsquoaction sur les statuts par lrsquoinclusion de quotas et desiegraveges reacuteserveacutes aux femmes reste tregraves limiteacutee agrave certainesfeacutedeacuterations mais nous envisageons drsquoagir sur les statutsdes feacutedeacuterations et des unions locales ainsi qursquoau niveaunational agrave lrsquooccasion de leurs congregraves respectifs pourinteacutegrer davantage de femmes dans leurs structuresrdquopoursuit Amal selon qui ldquodes efforts restent agrave faire pourdonner un caractegravere solennel et statutaire agrave larepreacutesentation des femmes dans les structures vialrsquointeacutegration de meacutecanismes speacutecifiques comme lesquotasrdquo

Renforcement de compeacutetences

ldquoLa campagne a sans nul doute pu apporter desameacuteliorations en matiegravere de recrutement etdrsquoaugmentation des effectifs mecircme srsquoil est difficiledrsquoimputer les nouvelles affiliations aux seuls effets de lacampagne car ils se sont conjugueacutes avec les efforts ducomiteacute drsquoorganisationrdquo conclut Amal El Amri

Et Asma Elbassir (1) membre du Comiteacute des jeunes et duComiteacute des femmes drsquoajouter ldquoOn a ameacutelioreacute notrecapaciteacute syndicale en renforccedilant la confiance en soi Lesfemmes ont renforceacute leurs compeacutetences et sont deacutesormaismieux outilleacutees pour prendre des responsabiliteacutessyndicalesrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale drsquoAsma Elbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

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ldquo La campagne asusciteacute uneaugmentation dela repreacutesentationfeacuteminine auniveau de tous lesorganesdeacutelibeacuteratifsrdquoAmal El Amri

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code du travail ni les droits humains et eacuteconomiquesgarantis par le droit international ldquoMi Aichardquo y a travailleacute plusde 30 ans sans jamais recevoir le SMIG ni ecirctre inscrite agrave lacaisse de seacutecuriteacute sociale Elle nrsquoavait pas droit au congeacute ettravaillait sept jours sur sept sauf le jour de la fecircte annuelledu mouton Et quand le patron a appris qursquoelle venait de sesyndiquer elle a eacuteteacute licencieacutee sur le champrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Samira Kinami agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle517amplang=fr

La constitution de lrsquoOrganisation de la femme du secteuragricole (Ofsa) en 1999 a eacuteteacute suivie de plans drsquoaction poursyndicaliser les femmes du secteur agricole ldquoOn acommenceacute par les travailleuses fonctionnaires en organisantune campagne qui a dureacute presque trois ans sur leharcegravelement sexuel et les conditions de travail de la femmedans le secteur En 2003 comme on fait partie de laCommission nationale de la femme de lrsquoUMT on srsquoest jointeagrave la campagne meneacutee sur le thegraveme ldquoles syndicats pour lesfemmes- les femmes pour les syndicatsrdquo en lrsquointeacutegrant dansnotre plan drsquoaction raconte Samira Kinami (1) du secteuragricole de lrsquoUMT ldquoOn srsquoest attaqueacutees agrave la syndicalisationtregraves difficile des femmes ouvriegraveres agricoles en butte auxabus des patrons et au non-respect des droits syndicaux Lecas qui mrsquoa vraiment marqueacutee est celui de ldquomi aichardquo Elletravaillait dans lrsquoexploitation agricole ldquola Cleacutementinerdquo quiproduit des fleurs pour lrsquoexportation et qui ne respecte ni le

Licencieacutee sur le champ

() La Confeacutedeacuteration syndicale internationale conduit en collaboration avec les feacutedeacuterations syndicales internationales (FSI)sectorielles une ambitieuse campagne internationale de syndicalisation des travailleuses de par le monde intituleacutee ldquoLessyndicats pour les femmes les femmes pour les syndicatsrdquo Cette campagne cible en prioriteacute les travailleuses des zonesfranches drsquoexportation les travailleuses de lrsquoeacuteconomie informelle ainsi que les travailleuses migrantes Cinquante-cinqsyndicats affilieacutes de la CSI dans 43 pays et au moins 20 syndicats des FSI dans 20 pays participent agrave cette campagnemondiale qui srsquoinscrit dans la continuiteacute de la campagne de syndicalisation de travailleuses lanceacutee par lrsquoex-CISL en 2002 etrelanceacutee en 2004 Pour rappel dans le cadre de cette campagne globale lrsquoex-CISL avait lanceacute une campagne drsquoorganisation de deux ans danstrois pays du Maghreb agrave savoir lrsquoAlgeacuterie le Maroc et la Mauritanie soutenue notamment par la publication drsquoun guide decampagne en arabe En septembre dernier un seacuteminaire drsquoeacutevaluation de cette campagne meneacutee au Maroc et en Algeacuterie srsquoest tenu agrave Marrakechavec lrsquoaide de la centrale syndicale canadienne CTC Plus drsquoune quarantaine de femmes syndicalistes marocaines etalgeacuteriennes ont ainsi pu eacutevaluer les premiers reacutesultats de la campagne dans leurs pays respectifs et eacutechanger leursexpeacuteriences de terrain

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 2: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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neacutegatifs sur les femmes Faute de cregraveche et autresdispositions pratiques avec lrsquoincompatibiliteacute des horairesscolaires ccedila pose des problegravemes drsquoorganisation qui sont unesource de stress permanent pour les femmes Crsquoest aussiune source drsquoins0eacutecuriteacute pour celles qui travaillent dans deszones de travail peu sucircresrdquo

Travail non reconnu

Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMT deacutenonce aussi le travailldquoinvisiblerdquo de beaucoup de femmes ainsi que le processus defeacuteminisation de la pauvreteacute ldquoQuoi qursquoindeacuteniablement sourcede production de richesse le travail des femmes danscertaines activiteacutes comme les plantations agricoles ou letravail agrave domicile nrsquoest mecircme pas reconnu les conditions ysont pourtant particuliegraverement difficiles Et puis lrsquoon assisteaussi agrave une feacuteminisation de la pauvreteacute du fait de ladeacutegradation dramatique du pouvoir drsquoachat des produits depremiegravere neacutecessiteacute sur fond de gel prolongeacute des salaires Lechocircmage est tregraves eacuteleveacute surtout chez les jeunes diplocircmeacuteesrdquoexplique Amal El Amri responsable du Comiteacute des femmes delrsquoUMT membre du Comiteacute des femmes de la CSI etcoordinatrice de la campagne de syndicalisation des femmesde lrsquoUMT

La protection de la materniteacute reste aussi tregraves deacutefaillantebeaucoup de femmes mourant en couches faute drsquoun suivimeacutedical adeacutequat

ldquoMalgreacute lrsquoarsenal leacutegislatif les violences contre les femmesest un autre problegraveme tregraves seacuterieuxrdquo souligne KhadijaRhamiri La lutte des femmes de lrsquoUMT a permis que leharcegravelement sexuel au travail ne soit plus un tabou mais ilfaut continuer agrave se battre pour obtenir la peacutenalisation duharcegravelement sexuelrdquo

Lrsquoheacuteritage traditionnel et culturel qui consacre lrsquoinfeacuterioriteacutede la femme dans la socieacuteteacute marocaine pegravese encore

tregraves lourd ldquoCertaines femmes sont contraintes drsquoentrer surle marcheacute du travail pour ameacuteliorer leurs revenus mais ellesrestent sous la coupe de leur statut traditionnel drsquoinfeacuterioriteacuteLrsquoanalphabeacutetisme reste aussi un obstacle majeur surtoutdans les campagnes reculeacutees Degraves le deacutebut du parcourseacuteducatif la seacutelection discriminatoire est tregraves forterdquo deacutenonceKhadija Rhamiri secreacutetaire geacuteneacuterale de lrsquoUnion reacutegionale deLrsquoUMT de Rabat et coordinatrice des travailleuses du textileet habillement

Dans le secteur public mecircme si les statuts de la fonctionpublique et des entreprises publiques preacutevoient lrsquoeacutegaliteacute entrehommes et femmes les femmes nrsquoen sont pas moinsvictimes de discriminations en matiegravere de salaires depromotion de protection sociale ou encore drsquoaccegraves auxpostes de deacutecision ldquoLes femmes qui occupent un tiers despostes de la fonction publique sont confineacutees en bas de lahieacuterarchie Elles sont en outre tregraves majoritairementconcentreacutees dans les activiteacutes perccedilues comme leprolongement du rocircle qui leur est deacutevolu dans la vie priveacutee agravesavoir la santeacute lrsquoenseignement et les servicesrdquo poursuitKhadija Rhamiri qui souligne aussi le problegraveme des ldquofemmesaffecteacutees dans des zones complegravetements reculeacutees ougrave il nrsquoy apas de seacutecuriteacute ce qui de fait les oblige agrave refuse ces postesrdquo

Travail peu qualifieacute

Dans le secteur priveacute les femmes sont confineacutees dans lespostes qui demandent peu de qualifications comme letextile ou lrsquoagro-alimentaire ce qui traduit la reacutealiteacute delrsquoanalphabeacutetisme qui touche plus gravement les femmes

ldquoLe travail en horaire continu a des effets particuliegraverement

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Chiffres cleacutes

Alphabeacutetisation Populationtotale 517 hommes641 Femmes 394

Chocircmage 11 en 2005(estimeacute agrave 102 pour 2006) proche des 20 dans leszones urbaines 355 desdiplocircmeacutees de lrsquoenseignementsupeacuterieur sont au chocircmagecontre 226 chez leshommes

Population sous le seuil depauvreteacute 19

Taux de lrsquoemploi feacuteminin danslrsquoemploi total 26 (2001)contre 19 en 1982

Ineacutegaliteacute salariale le salairemoyen des hommes est de358 supeacuterieur agrave celui desfemmes dans la populationsalarieacutee urbaine

(Source Haut Commissariat au planmarocain 2006)

ldquoDeacuteseacutequilibrerdquo entre hommes et femmes

Il y a un ldquodeacuteseacutequilibre patentrdquoentre hommes et femmes surle marcheacute du travail marocainconcegravede le Haut Commissariatau Plan qui souligne qursquoldquounactif sur quatre seulement estune femme et que le salaire delrsquohomme est drsquoun tierssupeacuterieur agrave celui de la femmerdquo

Discriminations multiples et feacuteminisation de la pauvreteacuteMalgreacute leur progression sur le marcheacute du travail les travailleuses marocaines restent trop souvent cantonneacuteesdans des positions infeacuterieures et preacutecaires

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qualifieacutee et la plus victime de conditions drsquoexploitation etde violations de la liberteacute syndicale (textile et agro-alimentaire) souvent dans lrsquoeacuteconomie non structureacutee

La meacutethode mise en avant est celle de la ldquostrateacutegie 1+1rdquochaque femme pouvant syndicaliser une autre femmeCasablanca Mohammedia Rabat Tanger MarrakechSafiel Jadida Mekneshellip Autant de villes et reacutegionscibleacutees les unes apregraves les autres par la campagneDiffeacuterentes activiteacutes comme des seacuteminaires des sessionsde sensibilisation de femmes mais aussi drsquohommes desformations des structurations de comiteacutes de femmes(reacutegionaux sectoriels et national) ont eacuteteacute organiseacutees

ldquoSuite aux seacuteminaires nationaux organiseacutes par le Comiteacutedes femmes sur drsquoune part lrsquointeacutegration des femmes dansles syndicats et drsquoautre part les techniques de campagnese sont tenus des seacuteminaires reacutegionaux qui ont abouti agrave laformation de groupes de campagne chargeacutes de sensibiliserles femmes agrave la neacutecessiteacute de srsquoorganiser Ces groupes decampagne avec le comiteacute des femmes des unions localeset reacutegionales ont organiseacute des activiteacutes et des meetings enplus de visites et contacts pris avec les travailleuses dansles uniteacutes de production et ailleursrdquo explique Amal El Amriqui ajoute ldquoNous avons exploiteacute toutes les activiteacutessyndicales (congregraves conseils nationaux 8 mars 50egravemeanniversaire de lrsquoUMThellip) pour faire connaicirctre lacampagne

Cibler les besoins speacutecifiques

ldquoDans une entreprise syndiqueacutee crsquoest eacutevidemment moinsdifficile car la campagne peut srsquoappuyer sur le noyausyndical deacutejagrave existant en le convaincant de lrsquoutiliteacute drsquouncadre speacutecifique pour les femmes de cibler leurs besoinsspeacutecifiques et drsquoapporter des reacuteponses syndicales agrave leursproblegravemes Crsquoest plus deacutelicat dans les entreprises non

Sur un nombre total de 320000 membres en 2006LrsquoUMT compte 57600 femmes soit une proportion de

12 Cette preacutesence syndicale feacuteminine se concentresurtout dans les services (banques seacutecuriteacute sociale etprotection sociale distribution drsquoeau et drsquoeacutelectriciteacute textile-confection formation professionnelle agro-alimentaireagriculture santeacute et eacutetablissements publics)

ldquoLes licenciements massifs pour raisons eacuteconomiques lesfermetures drsquousines ainsi que le deacuteveloppement desformes atypiques de travail engendreacutes par lamondialisation de lrsquoeacuteconomie se sont reacutepercuteacutes sur letaux drsquoaffiliation provoquant une baisse des effectifssyndicaux notamment parmi les femmes affilieacuteesrdquoexplique Amal El Amri coordinatrice de la campagnenationale marocaine et membre titulaire du Comiteacute desfemmes de la CSI de syndicalisation de femmes qui srsquoestinscrite dans le sillage de la campagne syndicaleinternationale ldquoLes femmes pour les Syndicats ndash LesSyndicats pour les Femmesrdquo (voir page 7)

Au Maroc cette campagne vise comme objectifslrsquoaugmentation de 5 du taux drsquoaffiliation des femmeslrsquoidentification des obstacles agrave la syndicalisation desfemmes et des solutions pour les surmonter lerenforcement de la formation de formatrices syndicales lafeacuteminisation des structures syndicales agrave tous les eacutechelons-en particulier aux postes deacutecisionnels- et enfin la creacuteationet le renforcement des comiteacutes de femmes aux niveauxlocal reacutegional et sectoriel

Strateacutegie 1+1

Les femmes travaillant dans les secteurs agrave forteconcentration feacuteminine (textile agro-alimentaire servicesproduits chimiques agriculture) constituent le groupe ciblede cette campagne avec un accent particulier sur lessecteurs ougrave la main-drsquooeuvre feacuteminine est la moins

Violations des droitssyndicaux

Le Maroc nrsquoa toujours pas ratifieacutela Convention 87 de lrsquoOIT ldquoLecode du travail sanctionnetoujours la liberteacute syndicale et denombreux syndicalistes sontfreacutequemment malmeneacutes etarrecircteacutesrdquo deacutenonce KhadijaRhamiri ldquoTout est mis en oeuvrepour sanctionner le droit degregraveve de faccedilon insidieuse Crsquoestvrai que gracircce au combat meneacutepar lrsquoUMT et drsquoautres on aobtenu des ameacuteliorations de laleacutegislation sur le travail mais lesemployeurs ne la respectent pasEn matiegravere de santeacute et seacutecuriteacuteau travail dans les secteursmarginaliseacutes comme lrsquoagro-alimentaire le textile et letourisme les conditions sontterribles Le cadre horaire leacutegalest souvent violeacute et le recours aucontrat agrave dureacutee deacutetermineacutee estabusif Le statut drsquoapprentissageest aussi un preacutetexte agravelrsquoexploitation Le SMIG (entre 180et 200 euros) nrsquoest pas respecteacuteLes employeurs fontactuellement campagne poursaper ce principe acquis envoulant imposer des SMIGreacutegionaux et sectoriels Dans lapratique le droit agrave lrsquoallaitementnrsquoest pas respecteacuterdquo

Le secteur agricole pointeacute du doigt

ldquoCrsquoest dans lrsquoagriculture que lesconditions et les discriminationssont souvent les pires pour lestravailleuses Beaucoup nrsquoy sontpas deacuteclareacutees agrave la seacutecuriteacutesociale Le harcegravelement sexuel yest consideacutereacute comme normal lesgeacuterants des fermes sepermettent tout comme si cesfemmes eacutetaient leur proprieacuteteacute Sielles se rebiffent elles sontrenvoyeacutees Ce sont vraiment deszones de non-droit syndical crsquoestpourquoi lrsquoUMT consacreactuellement de gros efforts pouressayer de syndiquer cesfemmes du secteur agricolerdquodeacutenonce Khadija Rhamiri

ldquoLa campagne a fait prendre conscience aux femmes de leur forcerdquoLes objectifs les obstacles les progregraveshellip premier bilan de la campagne

bull Sur un nombre total de 320000 membres en 2006 57600 sont des femmes soit seulement 12

bull Cette preacutesence syndicale feacuteminine est surtout concentreacutee dans les services

bull Degraves les anneacutees 60 la centrale syndicale avait preacutevu un cadre speacutecifique pour lrsquoorganisation des femmes agrave savoir ldquoLrsquoUnion progressiste desfemmes du Marocrdquo qui preacutesentait la caracteacuteristique drsquoorganiser mecircme les femmes au foyer

bull En 1995 a eacuteteacute creacuteeacutee la Commission nationale de la femme travailleuse un organe statutaire constitueacute de 23 membres et sieacutegeant drsquooffice agrave laCommission administrative organe deacutelibeacuteratif La Commission nationale de la femme travailleuse se reacuteunit tous les trimestres et fait rapport auBureau exeacutecutif

bull Depuis lors lrsquointeacutegration des femmes agrave progresseacute agrave tous les niveaux des structures de lrsquoUMT (organes deacutelibeacuteratifs congregraves conseils nationauxfeacutedeacuterations professionnelles unions reacutegionales et locales syndicats de base et comiteacutes fonctionnels)

bull Au dernier Congregraves de lrsquoUMT la visibiliteacute des femmes eacutetait de 20

bull LrsquoUMT est aussi repreacutesenteacute par une femme en la personne de Khadija Rhamiri membre de la 2egraveme chambre du Parlement marocain

bull Toutefois un seul siegravege sur sept est occupeacute par une femme au Bureau national de lrsquoUMT renouveleacute tous les 4 ans

bull ldquoSi un certain nombre de femmes assurent des responsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations des unions locales et au niveau sectorielainsi qursquoau niveau de certains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agrave plein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo deacuteplore Amal El Amri

LrsquoUMT et les femmes

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syndiqueacutees ougrave il faut partir de rien constituer un comiteacutedrsquoorganisation et un calendrier drsquoactiviteacutes en mettantlrsquoaccent sur la communication sur des questions inteacuteressantspeacutecifiquement les femmes en montrant comment la forcedu syndicat peut leur ecirctre utilerdquo raconte Khadija RhamirildquoPour arriver agrave structurer davantage les femmes il estimportant de commencer par des activiteacutes culturelles desexposeacutes autour de sujets inteacuteressants les femmes cibleacuteesou encore des cours drsquoalphabeacutetisation qui permettent de serapprocher des travailleuses et de leurs preacuteoccupationsrdquo

Comme lrsquoa deacuteclareacute Amal El Amri ldquoNous disons aux femmesque lorsqursquoelles adhegraverent ensemble et massivement agrave unsyndicat lrsquoemployeur ne peut que ceacuteder au bout du comptecar il ne peut tout de mecircme pas licencier tout le monde agrave lafoisrdquo une deacuteclaration reprise par la presse marocaine quiteacutemoigne drsquoun acquis indeacuteniable de cette campagne faireprendre conscience aux femmes de leur force

Ajoutons la volonteacute de cette campagne de coordonner sesactions avec la socieacuteteacute civile speacutecialement les organisationsde femmes les associations de deacutefense des droits humainset plus particuliegraverement des droits des femmes

Lrsquoobstacle de la ldquodouble tacirccherdquo

Les femmes marocaines sont tirailleacutees entre leursmultitudes de tacircches un fardeau qui fait souvent obstacle agraveleur engagement syndical ldquoLes charges domestiques quileur collent agrave la peau les empecircchent de srsquoinvestirpleinement dans la sphegravere publiquerdquo regrette KhadijaRhamiri

Lrsquoimage traditionnelle selon laquelle le syndicat est le terrainde preacutedilection des hommes ougrave les femmes souffrent de lamecircme marginalisation que dans leur milieu de travail et ougraveelles accegravedent rarement aux postes de deacutecision esteacutegalement un frein agrave la syndicalisation des femmes

ldquoLrsquoimage perdure que les syndicats crsquoest une affairedrsquohommes Mecircme certaines femmes propagent cemessage Les femmes doutent de leurs capaciteacutes etsrsquointerdisent elles-mecircmes de saisir certaines opportuniteacutes Ilfaut une lutte commune des hommes et des femmes pourchanger ces images veacutehiculeacutees dans socieacuteteacute Quand ontraite de sujets speacutecifiques aux femmes il faut aussi que leshommes participent pour qursquoils comprennent qursquoil y areacuteellement des problegravemes speacutecifiques aux femmes carsouvent ils lrsquoignorent ou ils preacutefegraverent lrsquoeacuteviter Mais gracircce autravail de cette campagne je crois qursquoon a vraimentprogresseacute dans la lutte contre cette imagerdquo pense KhadijaRhamiri

Meilleure repreacutesentation feacuteminine

Dans le sillage de la campagne des comiteacutes de femmes ontpu ecirctre creacuteeacutes dans certaines unions reacutegionales comme agraveSafi et agrave Meknegraves et drsquoautres ont eacuteteacute dynamiseacutes comme agraveMarrakech et El Jadida Des comiteacutes de femmes ont aussieacuteteacute creacuteeacutes au niveau des secteurs professionnels tels que letextile la distribution drsquoeau et eacutelectriciteacute la seacutecuriteacute socialeles chemins de fer la santeacute lrsquoUnion syndicale desfonctionnaires ou encore la formation professionnelle

ldquoLa campagne a susciteacute une augmentation de larepreacutesentation feacuteminine au niveau de tous les organesdeacutelibeacuteratifs notamment au niveau du Conseil national quiest un organe intermeacutediaire entre le secreacutetariat national et la

commission administrativerdquo se reacutejouit Amal El Amri Maisldquosi un certain nombre de femmes assurent desresponsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations desunions locales et au niveau sectoriel ainsi qursquoau niveau decertains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agraveplein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo nuance Amal ElAmri

ldquoGracircce notamment agrave la pression des campagnes meneacuteespar lrsquoex CISL et par le BIT en faveur de lrsquoobjectif de 30 defemmes dans toutes les activiteacutes syndicales nous sommesparvenues agrave deacutepasser les 30 dans les seacuteminaires et lesactiviteacutes de formation en geacuteneacuteral Crsquoest tregraves important pourrelever le niveau de conscience des femmes travailleusesau sujet de leur situation objective et des moyens de luttercontre les obstacles qui entravent leur pleine inteacutegrationLes femmes sont aussi de plus en plus repreacutesenteacutees dansles eacutequipes de neacutegociations y compris le dialogue socialavec le gouvernementrdquo constate Amal

Toutefois force est de constater certaines limites danslrsquoapplication de cet objectif minimum de 30 ldquoIl y a deslimites objectives Dans certaines professions fortementsexueacutees comme les activiteacutes portuaires et peacutetroliegraveres lapreacutesence feacuteminine est quasi nulle Avec toutefois uneexception dans les chemins de fer ougrave de gros efforts sontfaits pour lrsquointeacutegration des femmes malgreacute la preacutedominancedes hommes dans ce secteur Pour les missions agravelrsquoeacutetranger la nature de la mission le niveau de fonctionsyndicale requis pour lrsquoaccomplissement de certainesmissions ainsi que le profil exigeacute peuvent constituer desobstacles agrave la reacutealisation de cet objectif de 30 A quoisrsquoajoutent les trop souvent rencontreacutees ldquolimites subjectiveslieacutees agrave la preacutedominance de la culture masculinerdquo ajouteAmal El Amri

ldquoLrsquoaction sur les statuts par lrsquoinclusion de quotas et desiegraveges reacuteserveacutes aux femmes reste tregraves limiteacutee agrave certainesfeacutedeacuterations mais nous envisageons drsquoagir sur les statutsdes feacutedeacuterations et des unions locales ainsi qursquoau niveaunational agrave lrsquooccasion de leurs congregraves respectifs pourinteacutegrer davantage de femmes dans leurs structuresrdquopoursuit Amal selon qui ldquodes efforts restent agrave faire pourdonner un caractegravere solennel et statutaire agrave larepreacutesentation des femmes dans les structures vialrsquointeacutegration de meacutecanismes speacutecifiques comme lesquotasrdquo

Renforcement de compeacutetences

ldquoLa campagne a sans nul doute pu apporter desameacuteliorations en matiegravere de recrutement etdrsquoaugmentation des effectifs mecircme srsquoil est difficiledrsquoimputer les nouvelles affiliations aux seuls effets de lacampagne car ils se sont conjugueacutes avec les efforts ducomiteacute drsquoorganisationrdquo conclut Amal El Amri

Et Asma Elbassir (1) membre du Comiteacute des jeunes et duComiteacute des femmes drsquoajouter ldquoOn a ameacutelioreacute notrecapaciteacute syndicale en renforccedilant la confiance en soi Lesfemmes ont renforceacute leurs compeacutetences et sont deacutesormaismieux outilleacutees pour prendre des responsabiliteacutessyndicalesrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale drsquoAsma Elbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

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ldquo La campagne asusciteacute uneaugmentation dela repreacutesentationfeacuteminine auniveau de tous lesorganesdeacutelibeacuteratifsrdquoAmal El Amri

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code du travail ni les droits humains et eacuteconomiquesgarantis par le droit international ldquoMi Aichardquo y a travailleacute plusde 30 ans sans jamais recevoir le SMIG ni ecirctre inscrite agrave lacaisse de seacutecuriteacute sociale Elle nrsquoavait pas droit au congeacute ettravaillait sept jours sur sept sauf le jour de la fecircte annuelledu mouton Et quand le patron a appris qursquoelle venait de sesyndiquer elle a eacuteteacute licencieacutee sur le champrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Samira Kinami agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle517amplang=fr

La constitution de lrsquoOrganisation de la femme du secteuragricole (Ofsa) en 1999 a eacuteteacute suivie de plans drsquoaction poursyndicaliser les femmes du secteur agricole ldquoOn acommenceacute par les travailleuses fonctionnaires en organisantune campagne qui a dureacute presque trois ans sur leharcegravelement sexuel et les conditions de travail de la femmedans le secteur En 2003 comme on fait partie de laCommission nationale de la femme de lrsquoUMT on srsquoest jointeagrave la campagne meneacutee sur le thegraveme ldquoles syndicats pour lesfemmes- les femmes pour les syndicatsrdquo en lrsquointeacutegrant dansnotre plan drsquoaction raconte Samira Kinami (1) du secteuragricole de lrsquoUMT ldquoOn srsquoest attaqueacutees agrave la syndicalisationtregraves difficile des femmes ouvriegraveres agricoles en butte auxabus des patrons et au non-respect des droits syndicaux Lecas qui mrsquoa vraiment marqueacutee est celui de ldquomi aichardquo Elletravaillait dans lrsquoexploitation agricole ldquola Cleacutementinerdquo quiproduit des fleurs pour lrsquoexportation et qui ne respecte ni le

Licencieacutee sur le champ

() La Confeacutedeacuteration syndicale internationale conduit en collaboration avec les feacutedeacuterations syndicales internationales (FSI)sectorielles une ambitieuse campagne internationale de syndicalisation des travailleuses de par le monde intituleacutee ldquoLessyndicats pour les femmes les femmes pour les syndicatsrdquo Cette campagne cible en prioriteacute les travailleuses des zonesfranches drsquoexportation les travailleuses de lrsquoeacuteconomie informelle ainsi que les travailleuses migrantes Cinquante-cinqsyndicats affilieacutes de la CSI dans 43 pays et au moins 20 syndicats des FSI dans 20 pays participent agrave cette campagnemondiale qui srsquoinscrit dans la continuiteacute de la campagne de syndicalisation de travailleuses lanceacutee par lrsquoex-CISL en 2002 etrelanceacutee en 2004 Pour rappel dans le cadre de cette campagne globale lrsquoex-CISL avait lanceacute une campagne drsquoorganisation de deux ans danstrois pays du Maghreb agrave savoir lrsquoAlgeacuterie le Maroc et la Mauritanie soutenue notamment par la publication drsquoun guide decampagne en arabe En septembre dernier un seacuteminaire drsquoeacutevaluation de cette campagne meneacutee au Maroc et en Algeacuterie srsquoest tenu agrave Marrakechavec lrsquoaide de la centrale syndicale canadienne CTC Plus drsquoune quarantaine de femmes syndicalistes marocaines etalgeacuteriennes ont ainsi pu eacutevaluer les premiers reacutesultats de la campagne dans leurs pays respectifs et eacutechanger leursexpeacuteriences de terrain

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 3: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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qualifieacutee et la plus victime de conditions drsquoexploitation etde violations de la liberteacute syndicale (textile et agro-alimentaire) souvent dans lrsquoeacuteconomie non structureacutee

La meacutethode mise en avant est celle de la ldquostrateacutegie 1+1rdquochaque femme pouvant syndicaliser une autre femmeCasablanca Mohammedia Rabat Tanger MarrakechSafiel Jadida Mekneshellip Autant de villes et reacutegionscibleacutees les unes apregraves les autres par la campagneDiffeacuterentes activiteacutes comme des seacuteminaires des sessionsde sensibilisation de femmes mais aussi drsquohommes desformations des structurations de comiteacutes de femmes(reacutegionaux sectoriels et national) ont eacuteteacute organiseacutees

ldquoSuite aux seacuteminaires nationaux organiseacutes par le Comiteacutedes femmes sur drsquoune part lrsquointeacutegration des femmes dansles syndicats et drsquoautre part les techniques de campagnese sont tenus des seacuteminaires reacutegionaux qui ont abouti agrave laformation de groupes de campagne chargeacutes de sensibiliserles femmes agrave la neacutecessiteacute de srsquoorganiser Ces groupes decampagne avec le comiteacute des femmes des unions localeset reacutegionales ont organiseacute des activiteacutes et des meetings enplus de visites et contacts pris avec les travailleuses dansles uniteacutes de production et ailleursrdquo explique Amal El Amriqui ajoute ldquoNous avons exploiteacute toutes les activiteacutessyndicales (congregraves conseils nationaux 8 mars 50egravemeanniversaire de lrsquoUMThellip) pour faire connaicirctre lacampagne

Cibler les besoins speacutecifiques

ldquoDans une entreprise syndiqueacutee crsquoest eacutevidemment moinsdifficile car la campagne peut srsquoappuyer sur le noyausyndical deacutejagrave existant en le convaincant de lrsquoutiliteacute drsquouncadre speacutecifique pour les femmes de cibler leurs besoinsspeacutecifiques et drsquoapporter des reacuteponses syndicales agrave leursproblegravemes Crsquoest plus deacutelicat dans les entreprises non

Sur un nombre total de 320000 membres en 2006LrsquoUMT compte 57600 femmes soit une proportion de

12 Cette preacutesence syndicale feacuteminine se concentresurtout dans les services (banques seacutecuriteacute sociale etprotection sociale distribution drsquoeau et drsquoeacutelectriciteacute textile-confection formation professionnelle agro-alimentaireagriculture santeacute et eacutetablissements publics)

ldquoLes licenciements massifs pour raisons eacuteconomiques lesfermetures drsquousines ainsi que le deacuteveloppement desformes atypiques de travail engendreacutes par lamondialisation de lrsquoeacuteconomie se sont reacutepercuteacutes sur letaux drsquoaffiliation provoquant une baisse des effectifssyndicaux notamment parmi les femmes affilieacuteesrdquoexplique Amal El Amri coordinatrice de la campagnenationale marocaine et membre titulaire du Comiteacute desfemmes de la CSI de syndicalisation de femmes qui srsquoestinscrite dans le sillage de la campagne syndicaleinternationale ldquoLes femmes pour les Syndicats ndash LesSyndicats pour les Femmesrdquo (voir page 7)

Au Maroc cette campagne vise comme objectifslrsquoaugmentation de 5 du taux drsquoaffiliation des femmeslrsquoidentification des obstacles agrave la syndicalisation desfemmes et des solutions pour les surmonter lerenforcement de la formation de formatrices syndicales lafeacuteminisation des structures syndicales agrave tous les eacutechelons-en particulier aux postes deacutecisionnels- et enfin la creacuteationet le renforcement des comiteacutes de femmes aux niveauxlocal reacutegional et sectoriel

Strateacutegie 1+1

Les femmes travaillant dans les secteurs agrave forteconcentration feacuteminine (textile agro-alimentaire servicesproduits chimiques agriculture) constituent le groupe ciblede cette campagne avec un accent particulier sur lessecteurs ougrave la main-drsquooeuvre feacuteminine est la moins

Violations des droitssyndicaux

Le Maroc nrsquoa toujours pas ratifieacutela Convention 87 de lrsquoOIT ldquoLecode du travail sanctionnetoujours la liberteacute syndicale et denombreux syndicalistes sontfreacutequemment malmeneacutes etarrecircteacutesrdquo deacutenonce KhadijaRhamiri ldquoTout est mis en oeuvrepour sanctionner le droit degregraveve de faccedilon insidieuse Crsquoestvrai que gracircce au combat meneacutepar lrsquoUMT et drsquoautres on aobtenu des ameacuteliorations de laleacutegislation sur le travail mais lesemployeurs ne la respectent pasEn matiegravere de santeacute et seacutecuriteacuteau travail dans les secteursmarginaliseacutes comme lrsquoagro-alimentaire le textile et letourisme les conditions sontterribles Le cadre horaire leacutegalest souvent violeacute et le recours aucontrat agrave dureacutee deacutetermineacutee estabusif Le statut drsquoapprentissageest aussi un preacutetexte agravelrsquoexploitation Le SMIG (entre 180et 200 euros) nrsquoest pas respecteacuteLes employeurs fontactuellement campagne poursaper ce principe acquis envoulant imposer des SMIGreacutegionaux et sectoriels Dans lapratique le droit agrave lrsquoallaitementnrsquoest pas respecteacuterdquo

Le secteur agricole pointeacute du doigt

ldquoCrsquoest dans lrsquoagriculture que lesconditions et les discriminationssont souvent les pires pour lestravailleuses Beaucoup nrsquoy sontpas deacuteclareacutees agrave la seacutecuriteacutesociale Le harcegravelement sexuel yest consideacutereacute comme normal lesgeacuterants des fermes sepermettent tout comme si cesfemmes eacutetaient leur proprieacuteteacute Sielles se rebiffent elles sontrenvoyeacutees Ce sont vraiment deszones de non-droit syndical crsquoestpourquoi lrsquoUMT consacreactuellement de gros efforts pouressayer de syndiquer cesfemmes du secteur agricolerdquodeacutenonce Khadija Rhamiri

ldquoLa campagne a fait prendre conscience aux femmes de leur forcerdquoLes objectifs les obstacles les progregraveshellip premier bilan de la campagne

bull Sur un nombre total de 320000 membres en 2006 57600 sont des femmes soit seulement 12

bull Cette preacutesence syndicale feacuteminine est surtout concentreacutee dans les services

bull Degraves les anneacutees 60 la centrale syndicale avait preacutevu un cadre speacutecifique pour lrsquoorganisation des femmes agrave savoir ldquoLrsquoUnion progressiste desfemmes du Marocrdquo qui preacutesentait la caracteacuteristique drsquoorganiser mecircme les femmes au foyer

bull En 1995 a eacuteteacute creacuteeacutee la Commission nationale de la femme travailleuse un organe statutaire constitueacute de 23 membres et sieacutegeant drsquooffice agrave laCommission administrative organe deacutelibeacuteratif La Commission nationale de la femme travailleuse se reacuteunit tous les trimestres et fait rapport auBureau exeacutecutif

bull Depuis lors lrsquointeacutegration des femmes agrave progresseacute agrave tous les niveaux des structures de lrsquoUMT (organes deacutelibeacuteratifs congregraves conseils nationauxfeacutedeacuterations professionnelles unions reacutegionales et locales syndicats de base et comiteacutes fonctionnels)

bull Au dernier Congregraves de lrsquoUMT la visibiliteacute des femmes eacutetait de 20

bull LrsquoUMT est aussi repreacutesenteacute par une femme en la personne de Khadija Rhamiri membre de la 2egraveme chambre du Parlement marocain

bull Toutefois un seul siegravege sur sept est occupeacute par une femme au Bureau national de lrsquoUMT renouveleacute tous les 4 ans

bull ldquoSi un certain nombre de femmes assurent des responsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations des unions locales et au niveau sectorielainsi qursquoau niveau de certains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agrave plein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo deacuteplore Amal El Amri

LrsquoUMT et les femmes

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syndiqueacutees ougrave il faut partir de rien constituer un comiteacutedrsquoorganisation et un calendrier drsquoactiviteacutes en mettantlrsquoaccent sur la communication sur des questions inteacuteressantspeacutecifiquement les femmes en montrant comment la forcedu syndicat peut leur ecirctre utilerdquo raconte Khadija RhamirildquoPour arriver agrave structurer davantage les femmes il estimportant de commencer par des activiteacutes culturelles desexposeacutes autour de sujets inteacuteressants les femmes cibleacuteesou encore des cours drsquoalphabeacutetisation qui permettent de serapprocher des travailleuses et de leurs preacuteoccupationsrdquo

Comme lrsquoa deacuteclareacute Amal El Amri ldquoNous disons aux femmesque lorsqursquoelles adhegraverent ensemble et massivement agrave unsyndicat lrsquoemployeur ne peut que ceacuteder au bout du comptecar il ne peut tout de mecircme pas licencier tout le monde agrave lafoisrdquo une deacuteclaration reprise par la presse marocaine quiteacutemoigne drsquoun acquis indeacuteniable de cette campagne faireprendre conscience aux femmes de leur force

Ajoutons la volonteacute de cette campagne de coordonner sesactions avec la socieacuteteacute civile speacutecialement les organisationsde femmes les associations de deacutefense des droits humainset plus particuliegraverement des droits des femmes

Lrsquoobstacle de la ldquodouble tacirccherdquo

Les femmes marocaines sont tirailleacutees entre leursmultitudes de tacircches un fardeau qui fait souvent obstacle agraveleur engagement syndical ldquoLes charges domestiques quileur collent agrave la peau les empecircchent de srsquoinvestirpleinement dans la sphegravere publiquerdquo regrette KhadijaRhamiri

Lrsquoimage traditionnelle selon laquelle le syndicat est le terrainde preacutedilection des hommes ougrave les femmes souffrent de lamecircme marginalisation que dans leur milieu de travail et ougraveelles accegravedent rarement aux postes de deacutecision esteacutegalement un frein agrave la syndicalisation des femmes

ldquoLrsquoimage perdure que les syndicats crsquoest une affairedrsquohommes Mecircme certaines femmes propagent cemessage Les femmes doutent de leurs capaciteacutes etsrsquointerdisent elles-mecircmes de saisir certaines opportuniteacutes Ilfaut une lutte commune des hommes et des femmes pourchanger ces images veacutehiculeacutees dans socieacuteteacute Quand ontraite de sujets speacutecifiques aux femmes il faut aussi que leshommes participent pour qursquoils comprennent qursquoil y areacuteellement des problegravemes speacutecifiques aux femmes carsouvent ils lrsquoignorent ou ils preacutefegraverent lrsquoeacuteviter Mais gracircce autravail de cette campagne je crois qursquoon a vraimentprogresseacute dans la lutte contre cette imagerdquo pense KhadijaRhamiri

Meilleure repreacutesentation feacuteminine

Dans le sillage de la campagne des comiteacutes de femmes ontpu ecirctre creacuteeacutes dans certaines unions reacutegionales comme agraveSafi et agrave Meknegraves et drsquoautres ont eacuteteacute dynamiseacutes comme agraveMarrakech et El Jadida Des comiteacutes de femmes ont aussieacuteteacute creacuteeacutes au niveau des secteurs professionnels tels que letextile la distribution drsquoeau et eacutelectriciteacute la seacutecuriteacute socialeles chemins de fer la santeacute lrsquoUnion syndicale desfonctionnaires ou encore la formation professionnelle

ldquoLa campagne a susciteacute une augmentation de larepreacutesentation feacuteminine au niveau de tous les organesdeacutelibeacuteratifs notamment au niveau du Conseil national quiest un organe intermeacutediaire entre le secreacutetariat national et la

commission administrativerdquo se reacutejouit Amal El Amri Maisldquosi un certain nombre de femmes assurent desresponsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations desunions locales et au niveau sectoriel ainsi qursquoau niveau decertains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agraveplein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo nuance Amal ElAmri

ldquoGracircce notamment agrave la pression des campagnes meneacuteespar lrsquoex CISL et par le BIT en faveur de lrsquoobjectif de 30 defemmes dans toutes les activiteacutes syndicales nous sommesparvenues agrave deacutepasser les 30 dans les seacuteminaires et lesactiviteacutes de formation en geacuteneacuteral Crsquoest tregraves important pourrelever le niveau de conscience des femmes travailleusesau sujet de leur situation objective et des moyens de luttercontre les obstacles qui entravent leur pleine inteacutegrationLes femmes sont aussi de plus en plus repreacutesenteacutees dansles eacutequipes de neacutegociations y compris le dialogue socialavec le gouvernementrdquo constate Amal

Toutefois force est de constater certaines limites danslrsquoapplication de cet objectif minimum de 30 ldquoIl y a deslimites objectives Dans certaines professions fortementsexueacutees comme les activiteacutes portuaires et peacutetroliegraveres lapreacutesence feacuteminine est quasi nulle Avec toutefois uneexception dans les chemins de fer ougrave de gros efforts sontfaits pour lrsquointeacutegration des femmes malgreacute la preacutedominancedes hommes dans ce secteur Pour les missions agravelrsquoeacutetranger la nature de la mission le niveau de fonctionsyndicale requis pour lrsquoaccomplissement de certainesmissions ainsi que le profil exigeacute peuvent constituer desobstacles agrave la reacutealisation de cet objectif de 30 A quoisrsquoajoutent les trop souvent rencontreacutees ldquolimites subjectiveslieacutees agrave la preacutedominance de la culture masculinerdquo ajouteAmal El Amri

ldquoLrsquoaction sur les statuts par lrsquoinclusion de quotas et desiegraveges reacuteserveacutes aux femmes reste tregraves limiteacutee agrave certainesfeacutedeacuterations mais nous envisageons drsquoagir sur les statutsdes feacutedeacuterations et des unions locales ainsi qursquoau niveaunational agrave lrsquooccasion de leurs congregraves respectifs pourinteacutegrer davantage de femmes dans leurs structuresrdquopoursuit Amal selon qui ldquodes efforts restent agrave faire pourdonner un caractegravere solennel et statutaire agrave larepreacutesentation des femmes dans les structures vialrsquointeacutegration de meacutecanismes speacutecifiques comme lesquotasrdquo

Renforcement de compeacutetences

ldquoLa campagne a sans nul doute pu apporter desameacuteliorations en matiegravere de recrutement etdrsquoaugmentation des effectifs mecircme srsquoil est difficiledrsquoimputer les nouvelles affiliations aux seuls effets de lacampagne car ils se sont conjugueacutes avec les efforts ducomiteacute drsquoorganisationrdquo conclut Amal El Amri

Et Asma Elbassir (1) membre du Comiteacute des jeunes et duComiteacute des femmes drsquoajouter ldquoOn a ameacutelioreacute notrecapaciteacute syndicale en renforccedilant la confiance en soi Lesfemmes ont renforceacute leurs compeacutetences et sont deacutesormaismieux outilleacutees pour prendre des responsabiliteacutessyndicalesrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale drsquoAsma Elbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

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ldquo La campagne asusciteacute uneaugmentation dela repreacutesentationfeacuteminine auniveau de tous lesorganesdeacutelibeacuteratifsrdquoAmal El Amri

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code du travail ni les droits humains et eacuteconomiquesgarantis par le droit international ldquoMi Aichardquo y a travailleacute plusde 30 ans sans jamais recevoir le SMIG ni ecirctre inscrite agrave lacaisse de seacutecuriteacute sociale Elle nrsquoavait pas droit au congeacute ettravaillait sept jours sur sept sauf le jour de la fecircte annuelledu mouton Et quand le patron a appris qursquoelle venait de sesyndiquer elle a eacuteteacute licencieacutee sur le champrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Samira Kinami agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle517amplang=fr

La constitution de lrsquoOrganisation de la femme du secteuragricole (Ofsa) en 1999 a eacuteteacute suivie de plans drsquoaction poursyndicaliser les femmes du secteur agricole ldquoOn acommenceacute par les travailleuses fonctionnaires en organisantune campagne qui a dureacute presque trois ans sur leharcegravelement sexuel et les conditions de travail de la femmedans le secteur En 2003 comme on fait partie de laCommission nationale de la femme de lrsquoUMT on srsquoest jointeagrave la campagne meneacutee sur le thegraveme ldquoles syndicats pour lesfemmes- les femmes pour les syndicatsrdquo en lrsquointeacutegrant dansnotre plan drsquoaction raconte Samira Kinami (1) du secteuragricole de lrsquoUMT ldquoOn srsquoest attaqueacutees agrave la syndicalisationtregraves difficile des femmes ouvriegraveres agricoles en butte auxabus des patrons et au non-respect des droits syndicaux Lecas qui mrsquoa vraiment marqueacutee est celui de ldquomi aichardquo Elletravaillait dans lrsquoexploitation agricole ldquola Cleacutementinerdquo quiproduit des fleurs pour lrsquoexportation et qui ne respecte ni le

Licencieacutee sur le champ

() La Confeacutedeacuteration syndicale internationale conduit en collaboration avec les feacutedeacuterations syndicales internationales (FSI)sectorielles une ambitieuse campagne internationale de syndicalisation des travailleuses de par le monde intituleacutee ldquoLessyndicats pour les femmes les femmes pour les syndicatsrdquo Cette campagne cible en prioriteacute les travailleuses des zonesfranches drsquoexportation les travailleuses de lrsquoeacuteconomie informelle ainsi que les travailleuses migrantes Cinquante-cinqsyndicats affilieacutes de la CSI dans 43 pays et au moins 20 syndicats des FSI dans 20 pays participent agrave cette campagnemondiale qui srsquoinscrit dans la continuiteacute de la campagne de syndicalisation de travailleuses lanceacutee par lrsquoex-CISL en 2002 etrelanceacutee en 2004 Pour rappel dans le cadre de cette campagne globale lrsquoex-CISL avait lanceacute une campagne drsquoorganisation de deux ans danstrois pays du Maghreb agrave savoir lrsquoAlgeacuterie le Maroc et la Mauritanie soutenue notamment par la publication drsquoun guide decampagne en arabe En septembre dernier un seacuteminaire drsquoeacutevaluation de cette campagne meneacutee au Maroc et en Algeacuterie srsquoest tenu agrave Marrakechavec lrsquoaide de la centrale syndicale canadienne CTC Plus drsquoune quarantaine de femmes syndicalistes marocaines etalgeacuteriennes ont ainsi pu eacutevaluer les premiers reacutesultats de la campagne dans leurs pays respectifs et eacutechanger leursexpeacuteriences de terrain

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 4: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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syndiqueacutees ougrave il faut partir de rien constituer un comiteacutedrsquoorganisation et un calendrier drsquoactiviteacutes en mettantlrsquoaccent sur la communication sur des questions inteacuteressantspeacutecifiquement les femmes en montrant comment la forcedu syndicat peut leur ecirctre utilerdquo raconte Khadija RhamirildquoPour arriver agrave structurer davantage les femmes il estimportant de commencer par des activiteacutes culturelles desexposeacutes autour de sujets inteacuteressants les femmes cibleacuteesou encore des cours drsquoalphabeacutetisation qui permettent de serapprocher des travailleuses et de leurs preacuteoccupationsrdquo

Comme lrsquoa deacuteclareacute Amal El Amri ldquoNous disons aux femmesque lorsqursquoelles adhegraverent ensemble et massivement agrave unsyndicat lrsquoemployeur ne peut que ceacuteder au bout du comptecar il ne peut tout de mecircme pas licencier tout le monde agrave lafoisrdquo une deacuteclaration reprise par la presse marocaine quiteacutemoigne drsquoun acquis indeacuteniable de cette campagne faireprendre conscience aux femmes de leur force

Ajoutons la volonteacute de cette campagne de coordonner sesactions avec la socieacuteteacute civile speacutecialement les organisationsde femmes les associations de deacutefense des droits humainset plus particuliegraverement des droits des femmes

Lrsquoobstacle de la ldquodouble tacirccherdquo

Les femmes marocaines sont tirailleacutees entre leursmultitudes de tacircches un fardeau qui fait souvent obstacle agraveleur engagement syndical ldquoLes charges domestiques quileur collent agrave la peau les empecircchent de srsquoinvestirpleinement dans la sphegravere publiquerdquo regrette KhadijaRhamiri

Lrsquoimage traditionnelle selon laquelle le syndicat est le terrainde preacutedilection des hommes ougrave les femmes souffrent de lamecircme marginalisation que dans leur milieu de travail et ougraveelles accegravedent rarement aux postes de deacutecision esteacutegalement un frein agrave la syndicalisation des femmes

ldquoLrsquoimage perdure que les syndicats crsquoest une affairedrsquohommes Mecircme certaines femmes propagent cemessage Les femmes doutent de leurs capaciteacutes etsrsquointerdisent elles-mecircmes de saisir certaines opportuniteacutes Ilfaut une lutte commune des hommes et des femmes pourchanger ces images veacutehiculeacutees dans socieacuteteacute Quand ontraite de sujets speacutecifiques aux femmes il faut aussi que leshommes participent pour qursquoils comprennent qursquoil y areacuteellement des problegravemes speacutecifiques aux femmes carsouvent ils lrsquoignorent ou ils preacutefegraverent lrsquoeacuteviter Mais gracircce autravail de cette campagne je crois qursquoon a vraimentprogresseacute dans la lutte contre cette imagerdquo pense KhadijaRhamiri

Meilleure repreacutesentation feacuteminine

Dans le sillage de la campagne des comiteacutes de femmes ontpu ecirctre creacuteeacutes dans certaines unions reacutegionales comme agraveSafi et agrave Meknegraves et drsquoautres ont eacuteteacute dynamiseacutes comme agraveMarrakech et El Jadida Des comiteacutes de femmes ont aussieacuteteacute creacuteeacutes au niveau des secteurs professionnels tels que letextile la distribution drsquoeau et eacutelectriciteacute la seacutecuriteacute socialeles chemins de fer la santeacute lrsquoUnion syndicale desfonctionnaires ou encore la formation professionnelle

ldquoLa campagne a susciteacute une augmentation de larepreacutesentation feacuteminine au niveau de tous les organesdeacutelibeacuteratifs notamment au niveau du Conseil national quiest un organe intermeacutediaire entre le secreacutetariat national et la

commission administrativerdquo se reacutejouit Amal El Amri Maisldquosi un certain nombre de femmes assurent desresponsabiliteacutes importantes au niveau des feacutedeacuterations desunions locales et au niveau sectoriel ainsi qursquoau niveau decertains deacutepartements le nombre de femmes deacutetacheacutees agraveplein temps par contre nrsquoa pas eacutevolueacuterdquo nuance Amal ElAmri

ldquoGracircce notamment agrave la pression des campagnes meneacuteespar lrsquoex CISL et par le BIT en faveur de lrsquoobjectif de 30 defemmes dans toutes les activiteacutes syndicales nous sommesparvenues agrave deacutepasser les 30 dans les seacuteminaires et lesactiviteacutes de formation en geacuteneacuteral Crsquoest tregraves important pourrelever le niveau de conscience des femmes travailleusesau sujet de leur situation objective et des moyens de luttercontre les obstacles qui entravent leur pleine inteacutegrationLes femmes sont aussi de plus en plus repreacutesenteacutees dansles eacutequipes de neacutegociations y compris le dialogue socialavec le gouvernementrdquo constate Amal

Toutefois force est de constater certaines limites danslrsquoapplication de cet objectif minimum de 30 ldquoIl y a deslimites objectives Dans certaines professions fortementsexueacutees comme les activiteacutes portuaires et peacutetroliegraveres lapreacutesence feacuteminine est quasi nulle Avec toutefois uneexception dans les chemins de fer ougrave de gros efforts sontfaits pour lrsquointeacutegration des femmes malgreacute la preacutedominancedes hommes dans ce secteur Pour les missions agravelrsquoeacutetranger la nature de la mission le niveau de fonctionsyndicale requis pour lrsquoaccomplissement de certainesmissions ainsi que le profil exigeacute peuvent constituer desobstacles agrave la reacutealisation de cet objectif de 30 A quoisrsquoajoutent les trop souvent rencontreacutees ldquolimites subjectiveslieacutees agrave la preacutedominance de la culture masculinerdquo ajouteAmal El Amri

ldquoLrsquoaction sur les statuts par lrsquoinclusion de quotas et desiegraveges reacuteserveacutes aux femmes reste tregraves limiteacutee agrave certainesfeacutedeacuterations mais nous envisageons drsquoagir sur les statutsdes feacutedeacuterations et des unions locales ainsi qursquoau niveaunational agrave lrsquooccasion de leurs congregraves respectifs pourinteacutegrer davantage de femmes dans leurs structuresrdquopoursuit Amal selon qui ldquodes efforts restent agrave faire pourdonner un caractegravere solennel et statutaire agrave larepreacutesentation des femmes dans les structures vialrsquointeacutegration de meacutecanismes speacutecifiques comme lesquotasrdquo

Renforcement de compeacutetences

ldquoLa campagne a sans nul doute pu apporter desameacuteliorations en matiegravere de recrutement etdrsquoaugmentation des effectifs mecircme srsquoil est difficiledrsquoimputer les nouvelles affiliations aux seuls effets de lacampagne car ils se sont conjugueacutes avec les efforts ducomiteacute drsquoorganisationrdquo conclut Amal El Amri

Et Asma Elbassir (1) membre du Comiteacute des jeunes et duComiteacute des femmes drsquoajouter ldquoOn a ameacutelioreacute notrecapaciteacute syndicale en renforccedilant la confiance en soi Lesfemmes ont renforceacute leurs compeacutetences et sont deacutesormaismieux outilleacutees pour prendre des responsabiliteacutessyndicalesrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale drsquoAsma Elbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

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ldquo La campagne asusciteacute uneaugmentation dela repreacutesentationfeacuteminine auniveau de tous lesorganesdeacutelibeacuteratifsrdquoAmal El Amri

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code du travail ni les droits humains et eacuteconomiquesgarantis par le droit international ldquoMi Aichardquo y a travailleacute plusde 30 ans sans jamais recevoir le SMIG ni ecirctre inscrite agrave lacaisse de seacutecuriteacute sociale Elle nrsquoavait pas droit au congeacute ettravaillait sept jours sur sept sauf le jour de la fecircte annuelledu mouton Et quand le patron a appris qursquoelle venait de sesyndiquer elle a eacuteteacute licencieacutee sur le champrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Samira Kinami agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle517amplang=fr

La constitution de lrsquoOrganisation de la femme du secteuragricole (Ofsa) en 1999 a eacuteteacute suivie de plans drsquoaction poursyndicaliser les femmes du secteur agricole ldquoOn acommenceacute par les travailleuses fonctionnaires en organisantune campagne qui a dureacute presque trois ans sur leharcegravelement sexuel et les conditions de travail de la femmedans le secteur En 2003 comme on fait partie de laCommission nationale de la femme de lrsquoUMT on srsquoest jointeagrave la campagne meneacutee sur le thegraveme ldquoles syndicats pour lesfemmes- les femmes pour les syndicatsrdquo en lrsquointeacutegrant dansnotre plan drsquoaction raconte Samira Kinami (1) du secteuragricole de lrsquoUMT ldquoOn srsquoest attaqueacutees agrave la syndicalisationtregraves difficile des femmes ouvriegraveres agricoles en butte auxabus des patrons et au non-respect des droits syndicaux Lecas qui mrsquoa vraiment marqueacutee est celui de ldquomi aichardquo Elletravaillait dans lrsquoexploitation agricole ldquola Cleacutementinerdquo quiproduit des fleurs pour lrsquoexportation et qui ne respecte ni le

Licencieacutee sur le champ

() La Confeacutedeacuteration syndicale internationale conduit en collaboration avec les feacutedeacuterations syndicales internationales (FSI)sectorielles une ambitieuse campagne internationale de syndicalisation des travailleuses de par le monde intituleacutee ldquoLessyndicats pour les femmes les femmes pour les syndicatsrdquo Cette campagne cible en prioriteacute les travailleuses des zonesfranches drsquoexportation les travailleuses de lrsquoeacuteconomie informelle ainsi que les travailleuses migrantes Cinquante-cinqsyndicats affilieacutes de la CSI dans 43 pays et au moins 20 syndicats des FSI dans 20 pays participent agrave cette campagnemondiale qui srsquoinscrit dans la continuiteacute de la campagne de syndicalisation de travailleuses lanceacutee par lrsquoex-CISL en 2002 etrelanceacutee en 2004 Pour rappel dans le cadre de cette campagne globale lrsquoex-CISL avait lanceacute une campagne drsquoorganisation de deux ans danstrois pays du Maghreb agrave savoir lrsquoAlgeacuterie le Maroc et la Mauritanie soutenue notamment par la publication drsquoun guide decampagne en arabe En septembre dernier un seacuteminaire drsquoeacutevaluation de cette campagne meneacutee au Maroc et en Algeacuterie srsquoest tenu agrave Marrakechavec lrsquoaide de la centrale syndicale canadienne CTC Plus drsquoune quarantaine de femmes syndicalistes marocaines etalgeacuteriennes ont ainsi pu eacutevaluer les premiers reacutesultats de la campagne dans leurs pays respectifs et eacutechanger leursexpeacuteriences de terrain

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 5: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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code du travail ni les droits humains et eacuteconomiquesgarantis par le droit international ldquoMi Aichardquo y a travailleacute plusde 30 ans sans jamais recevoir le SMIG ni ecirctre inscrite agrave lacaisse de seacutecuriteacute sociale Elle nrsquoavait pas droit au congeacute ettravaillait sept jours sur sept sauf le jour de la fecircte annuelledu mouton Et quand le patron a appris qursquoelle venait de sesyndiquer elle a eacuteteacute licencieacutee sur le champrdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Samira Kinami agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle517amplang=fr

La constitution de lrsquoOrganisation de la femme du secteuragricole (Ofsa) en 1999 a eacuteteacute suivie de plans drsquoaction poursyndicaliser les femmes du secteur agricole ldquoOn acommenceacute par les travailleuses fonctionnaires en organisantune campagne qui a dureacute presque trois ans sur leharcegravelement sexuel et les conditions de travail de la femmedans le secteur En 2003 comme on fait partie de laCommission nationale de la femme de lrsquoUMT on srsquoest jointeagrave la campagne meneacutee sur le thegraveme ldquoles syndicats pour lesfemmes- les femmes pour les syndicatsrdquo en lrsquointeacutegrant dansnotre plan drsquoaction raconte Samira Kinami (1) du secteuragricole de lrsquoUMT ldquoOn srsquoest attaqueacutees agrave la syndicalisationtregraves difficile des femmes ouvriegraveres agricoles en butte auxabus des patrons et au non-respect des droits syndicaux Lecas qui mrsquoa vraiment marqueacutee est celui de ldquomi aichardquo Elletravaillait dans lrsquoexploitation agricole ldquola Cleacutementinerdquo quiproduit des fleurs pour lrsquoexportation et qui ne respecte ni le

Licencieacutee sur le champ

() La Confeacutedeacuteration syndicale internationale conduit en collaboration avec les feacutedeacuterations syndicales internationales (FSI)sectorielles une ambitieuse campagne internationale de syndicalisation des travailleuses de par le monde intituleacutee ldquoLessyndicats pour les femmes les femmes pour les syndicatsrdquo Cette campagne cible en prioriteacute les travailleuses des zonesfranches drsquoexportation les travailleuses de lrsquoeacuteconomie informelle ainsi que les travailleuses migrantes Cinquante-cinqsyndicats affilieacutes de la CSI dans 43 pays et au moins 20 syndicats des FSI dans 20 pays participent agrave cette campagnemondiale qui srsquoinscrit dans la continuiteacute de la campagne de syndicalisation de travailleuses lanceacutee par lrsquoex-CISL en 2002 etrelanceacutee en 2004 Pour rappel dans le cadre de cette campagne globale lrsquoex-CISL avait lanceacute une campagne drsquoorganisation de deux ans danstrois pays du Maghreb agrave savoir lrsquoAlgeacuterie le Maroc et la Mauritanie soutenue notamment par la publication drsquoun guide decampagne en arabe En septembre dernier un seacuteminaire drsquoeacutevaluation de cette campagne meneacutee au Maroc et en Algeacuterie srsquoest tenu agrave Marrakechavec lrsquoaide de la centrale syndicale canadienne CTC Plus drsquoune quarantaine de femmes syndicalistes marocaines etalgeacuteriennes ont ainsi pu eacutevaluer les premiers reacutesultats de la campagne dans leurs pays respectifs et eacutechanger leursexpeacuteriences de terrain

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

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(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 6: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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Solidariteacute syndicaleinternationale pour les zonesfranches

Les zones franches drsquoexportationau Maroc comme ailleurs dans lemonde sont hostiles agrave toutepeacuteneacutetration syndicale Pourrenforcer les capaciteacutessyndicales dans les zonesfranches laquo les syndicats ontbesoin de plus de moyenshumains et financiers sur leterrain La demandedrsquoinformation et drsquoeacutechangesdrsquoexpeacuteriences et de techniquesdrsquoorganisation est aussi tregravesforte Au deacutebut de cette anneacutee legouvernement a emmeneacute lespatrons en mission eacuteconomiquedans les zones franchesdrsquoexportation mexicaines pourqursquoils srsquoinspirent du soi-disantsuccegraves eacuteconomique mexicain Ilfaudrait que du cocircteacute syndical detelles expeacuteriences par delagrave lesfrontiegraveres soient aussi mises surpied raquo demande Habiba Zahi(membre du bureau exeacutecutif dela CDT)

Textile montage automobile serviceshellip dans le sillage dutregraves ambitieux projet Tanger-Med qui veut faire du port de

Tanger le ldquoDubaiuml de la Meacutediterraneacuteerdquo les zones franches de lareacutegion sont en plein deacuteveloppement et beaucoup drsquoouvriegraveresaffluent drsquoautres reacutegions deacutefavoriseacutees du pays dans lrsquoespoir drsquoytrouver du travail

Entre les usines des zones franches et avec celles agrave lrsquoexteacuterieurles circuits de sous-traitance sont tregraves deacuteveloppeacutes rdquoIl ya troiscateacutegories de conditions de travail selon la taille de lrsquousine Lesconditions de travail se deacuteteacuteriorent plus on descend danslrsquoeacutechelle de taille des usines jusqursquoagrave trouver des conditionsmoyenacircgeuses dans les plus petites implantations sans bulletinde paie sans contrat de travail sans deacuteclaration agrave la seacutecuriteacutesocialerdquo explique Khamlichi Boubker syndicaliste de lrsquoUMT etmilitant des droits humains

ldquoAvantageacutees comparativement par la proximiteacute du port(contrairement agrave Rabat) les grandes usines de Tangerrespectent le SMIG mais dans les ateliers de sous-traitance lessalaires sont tregraves bas Les conditions sont pires dans lrsquoanciennezone du port que dans les grandes usines eacutelectroniques et depiegraveces automobiles de la nouvelle zone

Disperseacutees dans diffeacuterents nouveaux quartiers peacuteripheacuteriques ougraveles conditions de vie sont deacuteplorables ces jeunes femmes viventdans une grande preacutecariteacute au risque de tomber dans laprostitution pour survivre dans les peacuteriodes de productioncreuses des usines

Syndicats interdits

Beaucoup drsquousines syndiqueacutees par le passeacute ont fermeacute dansles anneacutees 80 avant que lrsquoon assiste agrave une reacuteouverturemassive drsquousines cette fois interdites agrave toute activiteacutesyndicale

La peur des syndicats lieacutee agrave la peur de perdre son emploi est

Tanger peacuteneacutetrer le bastion des zones franches

tregraves forte crsquoest pourquoi des syndicalistes de terrain et desmilitants des droits humains ont lanceacute lrsquoassociationldquoAttaassoulrdquo ( communication) pour une premiegravere phasedrsquoapproche des travailleuses textile des zones franches deTanger ldquoOn sensibilise les femmes sur leurs droits crsquoest unepremiegravere approche en doucheur pour apprendre lesmeacutecanismes de solidariteacute Mais lrsquoideacutee est bien agrave terme depreacuteparer les conditions drsquoune future syndicalisation demobiliser les femmes tu textile pour creacuteer un veacuteritablemouvementrdquoexplique Khamlichi Boubker

Une association pour sensibiliser

Licencieacutee pour son militantisme syndical drsquoune usine textilebelge de la zone du port Fouzilla membre active delrsquoassociation travaille maintenant pour une usine marocaine quisous-traite pour de grandes marques internationales dans lazone de lrsquoaeacuteroport fermeacutee comme une base militaire ldquoJe nereccedilois pas de fiche de paie Hier encore jrsquoai fait des heuressuppleacutementaires non payeacuteesrdquo raconte Fouzilla qui poursuit laliste des difficulteacutes des ouvriegraveres du textile ldquopas de reacutefectoirepour manger des difficulteacutes pour allaiter pas de meacutedecins dutravail ni de meacutedicaments en suffisance sur les lieux de travaildes problegravemes de harcegravelement dans la majoriteacute des usinesrdquo

Pour reacutepondre au souci majeur de garde des enfantslrsquoassociation cherche une aide exteacuterieure pour soutenir sonprojet de cregraveche pour les enfants des ouvriers ldquoOn voudraitaussi acheter quelques machines agrave laver pour organiser unelaverie car les ouvriegraveres manquent cruellement de temps pourcette tacircche On voudrait aussi pouvoir assurer une permanencedans un local ougrave il y aurait une petite bibliothegraveque pour lesenfants un lieu ougrave les femmes se sentent bien et soutenuesmalgreacute leurs conditions de vie et de travail si difficiles raquoexplique Fouzilla qui conclut en lanccedilant un appel ldquoOn abeaucoup de bonnes volonteacutes mais pas de budgetrdquo

Rhamiri de citer le casde poursuitesengageacutees contrequinze travailleuses dela socieacuteteacute de confectionportugaise DOVTEX agraveCasablanca

Et pour ce qui est despetites uniteacutesinformelles parfois agravedomicile lrsquoopaciteacute esttotale

Inseacutecuriteacute

Lrsquoinseacutecuriteacute est une preacuteoccupation majeure pour lestravailleuses du textile que ce soit aux alentours immeacutediatsdes usines ou dans les transports ldquoLes jours de paie lestravailleuses sont obligeacutees drsquoecirctre accompagneacutees par unhomme leur fregravere ou leur mari Le 8 mars on avait drsquoailleursorganiseacute un grand sitting agrave Rabat sur le thegraveme de la seacutecuriteacutepour les femmes dans les zones industriellesrdquo raconteKhadija Rhamiri

La confection marocaine emploie plus de 71 defemmes dont beaucoup de jeunes de moins de trente

ans ldquoDans le secteur textile organiseacute le nouveau droit dutravail est entreacute en vigueur en juillet 2004 mais de grosproblegravemes drsquoapplication subsistent notamment sur ladiminution des heures de travail de 48 agrave 44 heures sansperte salariale En reacutealiteacute quand lrsquohoraire est diminueacute lesalaire aussirdquo explique Khadija Rhamiri ldquoLes patronsrevendiquent plus de productiviteacute via le travail agrave la piegravece Il ya un quota par jour agrave remplir qui ne preacutevoit pas dereacutemuneacuteration pour les eacuteventuelles retouches neacutecessairesrdquo

Le recours au contrat de travail agrave dureacutee deacutetermineacutee (contratde 6 mois renouvelable) est de plus en plus freacutequentldquoComme lrsquooffre excegravede la demande celles qui sont lagrave depuislongtemps parfois depuis dix agrave quinze ans les patronscherchent agrave srsquoen deacutebarrasser par tous les moyensrdquo

La non ratification de la Convention 87 de lrsquoOIT sur la liberteacutesyndicale est un problegraveme aigu dans le secteur textile ldquoDegravesqursquoun bureau syndical est creacuteeacute ses membres sont arrecircteacutes oulicencieacutes Selon la loi les travailleuses qui veulent sesyndicaliser risquent des poursuites peacutenalesldquo Et Khadija

Les droits effilocheacutes des ouvriegraveres du textile

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 7: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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Plus de visibiliteacute pour les jeunes

Alors que les jeunes constituentles deux tiers de la populationldquoles politiques du Maroc depuisson indeacutependance nrsquoont passuffisamment inteacutegreacute la jeunessedans leacutequation globale dudeacuteveloppementrdquo analyse AsmaElbassir (1) fonctionnaire auservice social de la commune deCasablanca membre du Comiteacutedes femmes et du Comiteacute desjeunes de lrsquoUMT (14 hommes et3 femmes) ldquoLe manque deperspectives la difficulteacute agrave sereacutealiser le chocircmagelrsquoimmigration clandestine lapauvreteacute la drogue ou encore lesdiplocircmeacutes chocircm-eurs teacutemoignentde graves dysfonctionnementsdans la mise en valeur desressources humaines nationalesCes jeunes veulent participer agraveune nouvelle culture deconfiance et de reconnaissanceIls reacuteclament plus deacutecoute demeacutecanismes dinteacutegration et depossibiliteacutes de participation pourleacutelaboration de nouveauxrapports agrave lEtat agrave la socieacuteteacute et agravela nation Le mouvement syndicaldoit aussi sinscrire dans cetesprit-lagrave Un travail demobilisation et deconscientisation parmi les jeunesreste agrave faire car ils ressentent unbesoin reacuteel de visibiliteacuterdquo

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de AsmaElbassir agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle512amplang=fr

ldquoAmeacuteliorer la compeacutetitiviteacute du textile-habillement par le travail deacutecentrdquo crsquoest le titre drsquoun projet pilote lanceacute par le BIT au Maroc il y a quatre ans(1)Dans le cadre de ce projet le BIT a effectueacute une eacutetude permettant de refleacuteter les conditions de travail dans ce secteur agrave partir de quoi le travaildrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie a pu commencer avec pour premier grand meacuterite de reacuteunir tous les partenaires sociaux syndicats (CDT UGTM UMT)employeurs et pouvoirs publics autour drsquoune mecircme table

ldquoAvec ce programme le gouvernement et les partenaires sociaux marocains ont clairement inteacutegreacute la dimension sociale dans leur reacuteponse auxnouveau deacutefis poseacutes par la libeacuteralisation des eacutechanges textiles et la fin des contingents Ils ont ainsi eacutelargi leur strateacutegie de mise agrave nouveau auxnouvelles composantes de la compeacutetitiviteacute internationalerdquo deacuteclare Jean-Paul Salhau Speacutecialiste du Textile-Habillement au Deacutepartement desactiviteacutes sectorielles du BIT

Avec le deacuteblocage reacutecent de fonds espagnols le travail concret va commencer via la mise sur pied drsquoune nouvelle instance drsquoun comiteacute paritairetextile-habillementrdquo se reacutejouit Khadija Rhamiri

Manque de confiance mutuelle

ldquoMais il nrsquoy a pas encore de confiance mutuelle suffisante entre les travailleurs et les patrons car les licenciements continuent degraves qursquoun syndicatpointe le bout du nez et dans ces cas lagrave lrsquoAMIDH (association drsquoemployeurs) ne bouge pas beaucoup Pourtant on ne revendique pas tous lesdroits drsquoun coup on demande plutocirct une politique des ldquopetits pasrdquo Mais obtenir la moindre avanceacutee est un combat acharneacute Les lacunes sonttelles que lrsquoon passe plus de temps agrave pallier aux manquements de lrsquoinspection du travail et agrave se battre pour lrsquoapplication du code du travail qursquoagravefaire un reacuteel travail syndical de revendication de droits suppleacutementaires

Les patrons projettent une image tellement neacutegatives des syndicats ils nous diabolisent agrave un tel point que drsquoecirctre tous autour drsquoune mecircme table viace projet du BIT crsquoest deacutejagrave un premier pas Mais maintenant on a hacircte de voir des reacutesultats concrets On est partisan drsquoune ameacutelioration de lacompeacutetitiviteacute mais pas au deacutetriment des travailleuses Il ne faut pas que la Chine soir le preacutetexte pour violer tous les droitsrdquo avertit KhadijaRhamiri

(1) Ce programme srsquointegravegre dans un programme global du BIT visant huit pays Bangladesh Bahreiumln Danemark Ghana Kazakhstan Maroc Panama et Philippines

Projet pilote du BIT les syndicats impatients

Nouveau code de la familleles progregraves et les limitesLe nouveau code de la famille adopteacute par le Parlement marocain en 2004 est preacutesenteacute comme une reacuteforme ldquoendouceurrdquo un compromis entre le souci de modernisation de la socieacuteteacute et celui de ne pas heurter de front lesmilieux religieux traditionnalistes

La regravegle de ldquolrsquoobeacuteissance de lrsquoeacutepouse agrave son marirdquo estabandonneacutee la famille est deacutesormais placeacutee sous la

tutelle conjointe des deux eacutepoux La femme nrsquoa plus besoinde tuteur pour se marier comme crsquoeacutetait le cas auparavantLrsquoacircge du mariage est passeacute de 15 agrave 18 ans pour la femme agravelrsquoeacutegal deacutesormais de lrsquohomme

La polygamie nrsquoest pas empecirccheacutee mais elle est tregravesfortement compliqueacutee de fait La femme peut conditionnerson mariage agrave un engagement du mari agrave ne pas prendredrsquoautres eacutepouses Le mari a besoin de lrsquoautorisation du jugeavant drsquoeacutepouser une autre femme La reacutepudiation aupreacutealable droit exclusif du mari est deacutesormais soumise agravelrsquoautorisation preacutealable du juge La femme peut plusfacilement demander le divorce et la garde des enfants luirevient en prioriteacute

ldquoMais tout le problegraveme reacuteside deacutesormais dans lrsquoapplicationde ces nouvelles dispositionsrdquo commente Amal El Amri Lesproceacutedures sont longues et coucircteuses avec trop souventpeu de chances drsquoaboutir Le Comiteacute des femmes de lrsquoUMTsrsquoest mobiliseacute pour veiller agrave une bonne application desnouvelles dispositions et insiste aussi sur la neacutecessiteacute devulgariser les nouvelles dispositions pour que les femmesconnaissent pleinement leurs droits ainsi que sur la

neacutecessiteacute de former des neacutegociatrices capables de reacuteclamerles droits ainsi proclameacutes

ldquoCrsquoest preacutesenteacute comme un ldquogrand saut qualitatifrdquo et crsquoestvrai que ccedila va dans le sens drsquoune eacutevolution positive quimontre bien qursquoon avait raison de militer depuis toutes cesanneacuteesrdquo explique Khadija Rhamiri ldquoMais sur le fond sur lesprincipes rien nrsquoa changeacute ce sont des changements deforme Les tribunaux sont bondeacutes de cas de reacutepudiation etde divorces Le mariage preacutecoce peut toujours ecirctre autoriseacutepar un juge pour une jeune femme mineure ce qui concernesouvent les zones rurales tregraves reculeacutees La mentaliteacutepatriarcale reste tregraves preacutesente il ya encore beaucoup agravemiliter pour progresserrdquo

En effet selon une reacutecente enquecircte officielle () plus drsquountiers des Marocains ne sont pas informeacutes de la promulgationde ce nouveau code de la famille une proportion qui grimpeagrave 45 dans les zones rurales Seulement 23 approuve laleveacutee du tutorat du mariage pour les femmes 24 sontdeacutefavorables au travail des femmes 77 considegraverent que laplace des femmes est au foyer 18 pensent que leur accegravesau travail concurrence celui des hommes

() Reacutealiseacutee par le Haut Commissariat au Plan et divulgueacutee fin septembre 2006

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale

Page 8: e VISION SYNDIC - International Trade Union Confederation · 2016-06-28 · VISION SYNDIC ALE #01 J a n v i e r 2 0 0 7 ¥ 2 n gatifs sur les femmes. Faute de cr che et autres dispositions

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Le calvaire des ldquopetites bonnesrdquoAu Maroc 600000 enfants travaillent alors qursquoils

devraient se trouver sur les bancs de lrsquoeacutecole Un chiffreimpressionnant agrave mettre en parallegravele avec les 800000autres enfants qui ne freacutequentent pas lrsquoeacutecole sans toutefoistravailler

En deacutecembre 2005 lrsquoassociation des droits humains HumanRights Watch (HRW) a deacutenonceacute le calvaire des petitesbonnes marocaines qui ldquotravaillent jusqursquoagrave 126 heures parsemaine et subissent des violences physiques et sexuellesde leurs employeursrdquo Dans un rapport intituleacute ldquoA la maisonHors la loirdquo HRW souligne que la proportion drsquoenfants autravail au Maroc est une des plus eacuteleveacutees du Maghreb et duMoyen-Orient ldquoLe droit du travail au Maroc nrsquoinclut pas lesdomestiques et les inspecteurs du travail nrsquoont pas autoriteacutepour enquecircter agrave domicile sur les violations de la loi quiinterdit le travail des enfants de moins de quinze ansrdquodeacutenonce ce rapport

Pheacutenomegravene traditionnellement tregraves reacutepandu au Maroc il aconnu un essor suppleacutementaire avec lrsquoaccegraves des femmes autravail et concerne essentiellement les filles issues demilieux ruraux deacutefavoriseacutes

ldquoDans chaque famille marocaine tu trouveras une petitebonne Parfois elles nrsquoont mecircme pas 7 ans A cet acircge lestravaux domestiques peuvent ecirctre tregraves lourds Mais cepheacutenomegravene ne pose aucun problegraveme de conscience pourles familles ou le gouvernement marocain Nous y sommeshabitueacutes crsquoest notre culture Crsquoest cela le plus graverdquodeacutenonce Majda Fahchouch enseignante preacutesentatricedrsquoune eacutemission de TV pour enfants et coordinatrice drsquounprojet syndical national pour lutter contre le travail desenfants et leur deacutescolarisation(1)

ldquoPour faire face agrave cette exemption du droit du travail il y aun dur combat agrave mener pour deacutefinir une loi speacutecifiquerdquoexplique Amal El Amri (UMT) ldquoUne interdiction ne reacutesoudrapas le problegraveme Crsquoest tout un travail de fond agrave effectuer enaccompagnant lrsquoobligation de scolariteacute par des mesuresconcregravetes de subvention agrave lrsquoeacuteducation et en aidant lesparents agrave compenser le manque agrave gagnerrdquo

(1) Pour plus drsquoinformations sur ce projet meneacute conjointement par les syndicats neacuteerlandaisAOb et marocain SNE lire lrsquointerview inteacutegrale de Majda Fahchouh sur ce thegraveme (en juin 2006)agrave lrsquoadresse httpwwwicftuorgdisplaydocumentaspIndex=991224575ampLanguage=FR

Coordinatrice du Comiteacute des femmes de la polyclinique de la CNSS (Caissenationale de seacutecuriteacute sociale) de Marrakech et deacuteleacutegueacutee du personnel

Naima Bouguerjouma (1) a eacuteteacute la premiegravere femme agrave acceacuteder en 2003 auposte de surveillante geacuteneacuterale de la polyclinique ougrave les difficulteacutes agrave respecterle droit agrave lrsquoallaitement maternel sont une des preacuteoccupations principales ldquoCeposte eacutetait jusque lagrave reacuteserveacute aux hommes mais gracircce au combat syndical jrsquoaipu ecirctre la premiegravere femme agrave y acceacuteder Jusqursquoil y a peu les femmes nepouvaient pas avoir de postes agrave responsabiliteacute dans la polyclinique mais celachange Les femmes ont compris que se syndiquer permet drsquoavoir plus dedroits Les travailleuses ont peur du harcegravelement moral et sexuel Avec desfemmes aux postes agrave responsabiliteacute elles sont plus en confiance ellesprennent de lrsquoassurance et font un travail plus performantrdquo

bull Naima Bouguerjouma

(1) Lire lrsquointerview inteacutegrale de Naiumlma Bouguerjouma agrave lrsquoadresse httpwwwituc-csiorgspipphparticle504amplang=fr

ldquoLes femmes prennent de lrsquoassurancerdquo

Apregraves BNP-Paribas Tata Renault Cap Gemini GFI Informatique France Telecom Accenture Atos Origine Unilog crsquoest au tour drsquoAxa et drsquoOrangedrsquoannoncer des deacutelocalisations drsquoemplois vers le Maroc La compagnie drsquoassurances franccedilaise AXA troisiegraveme assureur mondial a en effetannonceacute la deacutelocalisation de 1500 emplois (centres drsquoappels et fonctions administratives) au Maroc drsquoici 2012

Casashore Rabat Technopolis Tangershore et Marrakechshorehellipautant de projets qui visent la creacuteation de 100000 emplois directs et indirectsdans le domaine de lrsquoexternalisation de services des grandes entreprises internationales incitants fiscaux agrave la cleacute ldquoNous avons pour objectifdrsquoapprocher les centres drsquoappel On a commenceacute agrave tisser un premier reacuteseau de points de chute helliprdquo explique Khadija Rhamiri

Mecircme son de cloche du cocircteacute du syndicat CDT ldquoJe travaille agrave Maroc Telecom ougrave les conditions de salaires de base et les primes drsquoemploi sontsupeacuterieures pour les travailleurs embaucheacutes avant 2003 par rapport agrave ceux embaucheacutes apregraves cette date La prolifeacuteration des centres drsquoappel ougraveles salaires sont infeacuterieurs agrave ceux de Maroc Telecom nrsquoest pas eacutetrangegravere agrave cette tendance agrave la baisse de mecircme que la mise en concurrence avecles centres drsquoappel en Tunisie raquo raconte Habiba Zahi membre du Bureau exeacutecutif de la CDT et Preacutesidente de lrsquoAssociation marocaine pour lesdroits des femmes laquo On a entameacute un travail de sensibilisation des jeunes travailleurs et travailleuses des centres drsquoappel qui essaient decontacter drsquoautres jeunes de ce secteur La plupart ont un bon niveau drsquoinstruction mais ils nrsquoont pas trouveacute de job agrave la hauteur de leursqualifications Ils travaillent souvent agrave temps partiel ce qui rend plus difficile aussi leur organisation syndicalerdquo

Centres drsquoappels nouvelle cible syndicale