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  • 8/16/2019 e SpacePour que vivent les espaces-temps révolutionnaires, pour que vive la commune. Temps

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    Nous partons donc du présupposé selon lequel nous nous renforçons à mesure que l’état est destitué. L’état n’est pas simplement un gou-vernement, c’est le mode de gouvernance politique du capitalisme (et de ses facettes diverses tel le fascisme ou le libéralisme) et donctoutes les structures qui le composent. Dès lors il s’agit de cibler les processus et structures de dominations étatiques qui persistent ausein même de la lutte. En effet, on comprend aisément que laisser une marge d’action (même minime) aux agents réactionnaires sonneraprobablement le glas de l’effervescence actuelle.On peut distinguer deux types de structures de domination(s) :

    Une première, que l’on peut appeler « classique » parcequ’elle a déjà été désignée comme ennemi de la luttedepuis des décennies. On parle ici par exemple de cescadres syndicaux qui constamment réfrènent l’ardeur duplus grand nombre, que ce soit au niveau de la durée des

    grèves, ou dans certaines manifestations où l’on cherche àse désolidariser des personnes les plus radicales.

    Ces cadres servent de « tampon » entre les personnesen lutte et les dirigeants, permettent de désamorcer desgrèves ou des blocages alors qu’il s’agirait de les pour-suivre. Pourquoi ? Peur de perdre sa position de « diri-geant syndical », peur de se faire déborder par la situa-tion : peur de la perte de son petit pouvoir.

    On constate également la logique électoraliste des partisqui voient dans ce qui se passe une merveilleuse occasionpour augmenter leur masse de militants et leur légitimité.Ça passe par « l’enrôlement » d’un groupe de lycéens ausein d’organisations de jeunesse de tel ou tel parti ; sefaire voir comme l’instigateur du mouvement ou la per-sonne qui sera apte à « représenter » nos pensées auxprochaines élections. Encore une fois la volonté de contrô-ler la situation, de renforcer son pouvoir est omniprésente.

    On le voit par exemple avec les attaques véhémentes deces guignols à cravate ou brassard de rouge à l’égard despersonnes les plus investies dans la lutte.

    Ces structures de dominations s’exercent dans la répres-sion violente (S.O. parfois collabos ) mais aussi dans l’ins-titutionnalisation de la lutte. Dès que des dirigeantssyndicaux ou de partis veulent s’emparer de l’élan révolu-tionnaire, il leur faut l’institutionnaliser. Il s’agit de le rendrerespectable, qu’il obéisse tout de même aux conventionstelle la légalité ou la tiédeur. Et très rapidement le dyna-misme révolutionnaire de retomber ; il meurt, comme ona pu le voir avec l’institutionnalisation du mouvement desIndignés en Espagne à travers Podemos, ou encore la tra-hison de Syriza.

    Nous ne nous laisserons plus avoir par ces conneries.

    Il n’est aucunement question d’exercer la lutte d’une ma-nière respectable, convenable, aux yeux de l’état, pour

    pouvoir ensuite s’intégrer à l’appareil étatique, que nousvoulons justement liquider. Cette institutionnalisation estle premier ennemi de notre énergie et de nos amitiés.À aucun moment il n’est ici question de se couper des syn-diqués, de se couper de la totalité des militants de partisd’extrême gauche. Là n’est pas la question. On constated’ailleurs une tendance à la radicalisation des actions me-nés par les syndiqués. Et la création de liens forts entretravailleurs syndiqués et le reste des personnes en lutte.

    Continuons ce que nous avons appelé le « nouage des

    désirs communs ».

    Un autre type de domination, de type idéologique, opèreégalement au sein de la lutte. Ce sont les mécanismes dedomination(s) qui visent à substantialiser des ensembles

    de personnes. On parle ici de toute l’idéologie sexiste,patriarcale, machiste, de la violence verbale et physiqueà l’encontre de personnes qualifiées de « déviantes »,qu’elles soient sexuelles ou comportementales ; aussibien les femmes, que les homosexuels, les personnes ensouffrance psychologique. Mais aussi les personnes ra-cialisées, dont l’origine, la religion, la langue, la culture, laclasse ou la peau sortent du lot de « l’identité nationale ».Peut être encore plus dangereuse car beaucoup moins

    explicite, l’idéologie qui imprègne depuis la petite enfancela majorité des personnes amène à penser que toutes cessubjectivités particulières se rattachent à des groupes quiinduisent des comportements définis et repérables par lascience entre autres. La femme serait patiente, calme, sou-mise. L’homme musulman serait plus brutal que l’homme« occidental », plus enclin à la « barbarie ». Une personnenon «hétéro» serait automatiquement versée dans la jouis-

    sance sexuelle effrénée.Cela crée une hiérarchie, avec par exemple en Europel’homme blanc hétérosexuel issu de milieu aisé qui trôneen quelque sorte sur le reste de la population, détenant unpouvoir idéologique, servant à légitimer des actes de vio-lences (quels qu’ils soient) visant le reste de la population.C’est donc clairement un mécanisme de domination, qu’onretrouve dans la façon de se comporter, la manière d’utili-ser le langage, de prendre en compte l’avis de tel ou telcopain.Ceci n’est que l’infusion de l’état à l’intérieur de la pen-

    sée, permettant d’articuler de manière bien plus effi-

    cace l’emprise sur la soi-disant identité et le comporte-

    ment des personnes.

    Les « cultural », « post-colonial », et « gender » studies ontaxé leurs recherches sur ce type de dominations, fournis-sant avec leurs théories des outils et des principes qui per-mettent de les déconstruire (le principe d’intersectionnalité

    par exemple).Or, ce genre de pensées et de raisonnements sont glo-balement absents de la « tradition révolutionnaire » tellequ’elle est présente en France (bien que le féminisme oula défense des immigrés et sans papiers existent depuisplusieurs dizaines d’années dans le milieu révolutionnaire).On constate qu’au sein de l’extrême-gauche française onretrouve les mécanismes de domination(s) mentionnésprécédemment. Virilisme exacerbé chez certains militantshommes, qui vont avoir un comportement méprisant en-vers les femmes, les homosexuels. Réactions racistes,propos moralisateurs, actes homophobes... Les exemplesne manquent pas.

    Nous parlions auparavant de liens profonds, d’amitiés, de nouages de désirs. Cela ne peut exister que par la destruction de ces méca-nismes de dominations. Qu’ils soient institutionnels ou idéologiques.Il faut combattre l’état au sein même du mouvement. Car l’état, sous toutes ses formes, s’efforce à tuer le désir de liberté qui nous

    est commun ; particulièrement lorsqu’il provient de l’intérieur de la lutte, et fige le processus révolutionnaire dans un institutionnalisme ouamène des personnes à se comporter de manière méprisante et violente.Si c’est dans la destitution de l’état que nous nous constituons, nous ne devons absolument pas oublier que l’état subsiste toujours sousune forme ou une autre à l’intérieur même de la lutte et que là aussi il faut le combattre avec énergie.

    Abattons l’état qui est en nous, créons nous.Pour que vivent les espaces-temps révolutionnaires, pour que vive la commune.

         p     u     g       i        l     a      t