É Qu’est-ce qu’une inférence ? Les inférences valides...

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ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE Qu’est-ce qu’une inférence ? Inférer, c'est tirer une conséquence à partir d'un fait ou d'un ensemble d'afrmations. Par exemple : il neige dehors, j’en infère qu’il fait froid dehors. Une inférence peut être représentée comme un raisonnement qui part d’une ou de plusieurs propositions de départ (que l’on appelle les prémisses du raisonnement) et qui aboutit à une conclusion. Les inférences valides (ou légitimes) On distingue parmi les inférences, les inférences valides et celles qui ne le sont pas. Par exemple, si, à partir du fait qu'il neige dehors, j'en infère qu’il y a un canard dehors, alors mon inférence n'est pas valide. Elle n’est pas légitime : je n’ai pas le droit de tirer cette conséquence-là. Une inférence est valide, si les prémisses du raisonnement justient la conclusion, si elles donnent une bonne raison d'accepter la conclusion. S'il neige dehors, alors cela constitue une bonne raison de penser qu'il fait froid dehors. ATTENTION ! Quand une inférence est valide, cela ne signie pas que la conclusion est vraie, cela signie simplement que si les prémisses sont vraies (ou étaient vraies), alors il est rationnel (ou il serait rationnel) de penser que la conclusion est vraie. On peut en effet faire une inférence valide à partir de prémisses fausses, voire absurdes. Par exemple, l’argument suivant est valide, mais les prémisses sont fausses et la conclusion aussi. La validité d’un raisonnement ne nous dit pas si les prémisses sont vraies, ou si la conclusion est vraie. La validité d’un argument concerne le lien entre les prémisses et la conclusion. Quand un argument est valide, cela signie qu’il y a un lien fort entre les prémisses et la conclusion, qui me permet de passer des prémisses à la conclusion. Inférences déductives et inférences inductives Il y a plusieurs types d’inférences, suivant la manière dont les prémisses prétendent justier la conclusion. On distingue notamment l’inférence déductive et l’inférence inductive. Dans une inférence déductive, la conclusion est une conséquence nécessaire des prémisses. Si les prémisses sont vraies , alors, nécessairement , la conclusion est vraie, c'est-à-dire il est absolument inconcevable que la conclusion soit fausse. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement déductif. Dans une inférence inductive, la conclusion est une conséquence très probable des prémisses. Si les prémisses sont vraies, alors, il est très probable que la conclusion soit vraie, c'est-à-dire il est concevable que la conclusion soit fausse, mais il est plus probable qu'elle soit vraie. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement inductif. L’inférence déductive repose sur un lien purement logique entre les prémisses et la conclusion, tandis que l’inférence inductive repose sur une estimation de ce qui est le plus probable, fondée sur une certaine connaissance du réel, ou du moins certaines suppositions à propos du réel. T. Texte 1 Prémisse(s) DONC Conclusion Il neige dehors DONC il fait froid dehors Tous les français sont des chanteurs Tous les chanteurs mangent des ans DONC Tous les français mangent des ans Cet argument est bien valide ! Si tous les français étaient chanteurs, et si tous les chanteurs mangeaient des ans, alors dans ce cas, il serait rationnel d’afrmer que tous les français mangent des ancs. Si un nombre est divisible par deux, alors il est pair 4 est un nombre divisble par deux DONC 4 est un nombre pair Nous sommes en été Il a fait beau ses derniers jours DONC Il fera beau demain

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ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

Qu’est-ce qu’une inférence ?

Inférer, c'est tirer une conséquence à partir d'un fait ou d'un ensemble d'af!rmations. Par exemple : il neige dehors, j’en infère qu’il fait froid dehors. Une inférence peut être représentée comme un raisonnement qui part d’une ou de plusieurs propositions de départ (que l’on appelle les prémisses du raisonnement) et qui aboutit à une conclusion.

Les inférences valides (ou légitimes)

On distingue parmi les inférences, les inférences valides et celles qui ne le sont pas. Par exemple, si, à partir du fait qu'il neige dehors, j'en infère qu’il y a un canard dehors, alors mon inférence n'est pas valide. Elle n’est pas légitime : je n’ai pas le droit de tirer cette conséquence-là.Une inférence est valide, si les prémisses du raisonnement justi!ent la conclusion, si elles donnent une bonne raison d'accepter la conclusion. S'il neige dehors, alors cela constitue une bonne raison de penser qu'il fait froid dehors.ATTENTION ! Quand une inférence est valide, cela ne signi!e pas que la conclusion est vraie, cela signi!e simplement que si les prémisses sont vraies (ou étaient vraies), alors il est rationnel (ou il serait rationnel) de penser que la conclusion est vraie.On peut en effet faire une inférence valide à partir de prémisses fausses, voire absurdes. Par exemple, l’argument suivant est valide, mais les prémisses sont fausses et la conclusion aussi.

La validité d’un raisonnement ne nous dit pas si les prémisses sont vraies, ou si la conclusion est vraie. La validité d’un argument concerne le lien entre les prémisses et la conclusion. Quand un argument est valide, cela signi!e qu’il y a un lien fort entre les prémisses et la conclusion, qui me permet de passer des prémisses à la conclusion.

Inférences déductives et inférences inductives

Il y a plusieurs types d’inférences, suivant la manière dont les prémisses prétendent justi!er la conclusion. On distingue notamment l’inférence déductive et l’inférence inductive.Dans une inférence déductive, la conclusion est une conséquence nécessaire des prémisses. Si les prémisses sont vraies, alors, nécessairement, la conclusion est vraie, c'est-à-dire il est absolument inconcevable que la conclusion soit fausse. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement déductif.

Dans une inférence inductive, la conclusion est une conséquence très probable des prémisses. Si les prémisses sont vraies, alors, il est très probable que la conclusion soit vraie, c'est-à-dire il est concevable que la conclusion soit fausse, mais il est plus probable qu'elle soit vraie. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement inductif.

L’inférence déductive repose sur un lien purement logique entre les prémisses et la conclusion, tandis que l’inférence inductive repose sur une estimation de ce qui est le plus probable, fondée sur une certaine connaissance du réel, ou du moins certaines suppositions à propos du réel.

T.Texte 1

Prémisse(s)DONCConclusion

Il neige dehorsDONCil fait froid dehors

Tous les français sont des chanteursTous les chanteurs mangent des "ansDONCTous les français mangent des "ans

Cet argument est bien valide ! Si tous les français étaient chanteurs, et si tous les chanteurs mangeaient des "ans, alors dans ce cas, il serait rationnel d’af!rmer que tous les français mangent des "ancs.

Si un nombre est divisible par deux, alors il est pair4 est un nombre divisble par deuxDONC4 est un nombre pair

Nous sommes en étéIl a fait beau ses derniers joursDONCIl fera beau demain

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Le problème que pose l’inférence inductive

Dans l’inférence inductive, il y a toujours un saut. La conclusion va au-delà de ce que les prémisses nous permettent de savoir avec une absolue certitude. C'est parce que dans l'inférence inductive, il y a ce type de saut, que l'inférence inductive est une inférence risquée : même si les prémisses sont vraies, il est possible que la conclusion soit fausse. Dans l'inférence déductive, il n'y a pas de saut, la conclusion est déjà contenue dans les prémisses. La conclusion ne va pas au-delà de ce qui est présent dans les prémisses, elle ne fait qu'expliciter une information qui est déjà contenue logiquement dans les prémisses. C’est pourquoi l’inférence déductive n’est pas risquée : si les prémisses sont vraies, alors il est nécessaire que la conclusion soit vraie.Si l’inférence inductive se caractérise par un tel saut, alors le problème est de savoir dans quelle mesure un tel saut est légitime. Russell, pour mettre en évidence ce problème, fait la remarque suivante : « Les animaux domestiques s’attendent à manger dès qu’ils voient la personne qui leur apporte d’ordinaire leur nourriture. Nous savons bien qu’en raison de leur caractère rudimentaire ces attentes de l’uniformité peuvent être déçues. L’homme qui a nourri le poulet tous les jours de sa vie !nit par lui tordre le cou […] Le simple fait qu’un événement s’est produit un certain nombre de fois provoque chez l’animal comme chez l’homme l’attente de son retour. Et il est bien certain que nos instincts causent notre croyance que le soleil se lèvera demain : mais peut-être ne sommes-nous pas en meilleure position que le poulet à qui, sans qu’il s’y attende, on a tordu le cou. » (Problèmes de philosophie, VI, p. 86 trad. Rivenc).Nous sommes en effet intuitivement persuadés que le soleil se lèvera demain et cette croyance est fondée sur notre observation de la régularité du lever du soleil et sur notre supposition de l’existence de lois dans la nature. Mais cette supposition de l’existence de lois dans la nature semble à son tour fondée sur notre observation de certaines régularités dans la nature. Par conséquent, lorsque nous croyons que le soleil se lèvera demain, en quoi sommes-nous différent du poulet qui va se faire tordre le cou alors qu’il s’attend à ce qu’on le nourrisse tous les jours ? Qu’est-ce qui nous permet de penser que le futur obéira aux mêmes lois que le passé ?

L’inférence inductive comme passage de propositions particulières à une proposition universelle

Nous venons de dire que l’inférence inductive se caractérise par une sorte de saut. Plus précisément, l’inférence inductive consiste le plus souvent en un saut qui fait passer de propositions particulières à une proposition universelle.Une proposition particulière est une proposition à propos d’une réalité particulière, à propos d’une chose ou d’un événement observables en un lieu et à un moment donnés. Par exemple : « Ce corbeau est noir. » On inclut également dans la catégorie des propositions particulières les propositions à propos d’un ensemble particulier de choses d’un certain type. Par exemple « Tous les corbeaux que j’ai observé sont noirs. »Une proposition universelle est une proposition à propos de la totalité des choses ou événements d’un certain type. Par exemple : « Tous les corbeaux sont noirs. »L’inférence inductive consiste effectivement le plus souvent en passage de propositions particulières à une proposition universelle. C’est le cas dans les deux exemples suivants :

L’inférence inductive dans le sens commun, et dans les sciences

L’inférence inductive, ou plus simplement l’induction, est au cœur du sens commun. Bon nombre de nos croyances ordinaires reposent sur de telles inférences (par exemple, si je pense que les brocolis ont un goût détestable, c’est que je généralise à partir de certains cas ; si, pour faire en sorte que la porte s’ouvre, j’estime qu’il faut tourner la poignée et non avancer de manière con!ante vers la porte, il s’agit encore d’une généralisation à partir de l’expérience). Nous avons naturellement tendance à pratiquer des inférences inductives et cette capacité est également partagée par les animaux (la grenouille, une fois qu’elle a fait l’expérience douloureuse d’avoir mangé un frelon, ne cherche plus à s’en nourrir).Mais Popper s’intéresse dans cette œuvre aux sciences empiriques. Il faut donc comprendre quel rôle l’induction peut prétendre jouer dans les sciences empiriques. Pour cela, il faut préciser ce qui peut correspondre, en science, aux propositions universelles et aux propositions particulières.

Les propositions universelles en science : théorie et hypothèse

Les propositions universelles en science correspondent aux lois formulées par les scienti!ques. Les lois des sciences de la nature consistent en des formules mathématiques exprimant un rapport déterminé entre des grandeurs physiques (par exemple, la loi d’Ohm : U=R.I ; ou encore la loi de la chute des corps : e=½.g.t2).

Ce matin le soleil s’est levéHier matin, le soleil s’est levé…DONCTous les matins, le soleil se lèvera

Le premier corbeau que j’ai vu est noirLe deuxième corbeau que j’ai vu est noir…DONCTous les corbeaux sont noirs

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Popper fait une différence entre les théories et les hypothèses. Comment comprendre cette différence ? On peut supposer que les hypothèses font référence aux tentatives d’explication d’un certain type de phénomène particulier (on parlera en ce sens de l’hypothèse de Galilée sur la chute des corps, ou de l’hypothèse de Kepler sur la révolution des planètes). Les théories feront alors référence aux tentatives d’explications d’un ensemble de phénomènes de types différent par quelques principes fondamentaux (on parlera en ce sens de la théorie de Newton, qui permet d’expliquer à la fois la chute des corps (phénomène terrestre) et la révolution des planètes (phénomène céleste)).

Les propositions particulières en science : expérimentation et observation

Le scienti!que ne se contente évidemment pas de formuler des hypothèses et des théories. Les sciences empiriques se caractérisent également par la place qu’elles accordent à l’expérimentation. Qu’est-ce que l’expérimentation ? Expérimenter, c’est provoquer un phénomène pour tester une hypothèse ou une théorie. Les scienti!ques cherchent à provoquer le phénomène a!n de pouvoir l’observer dans des conditions idéales. Il faut ainsi éviter toute perturbation (Édouard Launet, dans Au fond du labo à gauche, nous apprend ainsi qu’il a fallu rendre le LEP – un accélérateur de particules – insensible au passage des TGV, ainsi qu’à la fonte des neiges du Jura). L’expérimentation est donc faite à partir d’une théorie et en vue de l’observation. Mais qu’est-ce que l’observation ? Ce n’est pas une simple perception. L’observation suppose une attitude active, une perception attentive ; l’observation est sélective. « Imaginons Heinrich Hertz, en 1888, effectuant l'expérience électrique qui lui permit d'être le premier à produire et à détecter des ondes radio. S'il avait été parfaitement innocent en effectuant ces observations, il aurait été obligé de noter […] la couleur des mètres, les dimensions du laboratoire, le temps qu'il faisait, la pointure de ses chaussures et un fatras de détails sans aucun rapport avec le type de théorie qui l'intéressait et qu'il était en train de tester. » (Alan Chalmers, Qu’est-ce que la science, p.66-67). Un scienti!que observe tout ce qui lui semble pertinent par rapport à l'hypothèse qu'il est en train de tester. Sans théorie, il n’y pas d’observation possible, l'observation est guidée par la théorie : le scienti!que sélectionne, dans l'expérience, ce qui se rapporte à son objectif, qui est de tester sa théorie et de résoudre un problème scienti!que.

Le problème de l’induction

Nous avons tous les éléments pour poser le problème de l’induction dans les sciences. La question qui nous guide dans l’étude de cette œuvre est la suivante : « Peut-on prouver à partir de l’expérience qu’une théorie est vrai ? ». Nous venons ici d’analyse cette question, que l’on peut désormais reformuler ainsi : Est-il légitime à partir de propositions particulières, qui rapportent des observations faites dans le cadre d’une expérimentation, d’inférer, par induction, la vérité de propositions universelles qui énoncent des lois scienti!ques organisées sous forme d’hypothèses et de théories ? Cette question est appelé le problème de l’induction. De manière plus générale, le problème de l'induction est celui de savoir dans quelle mesure une inférence inductive est légitime.

PLAN DU TEXTE

a) Première partie (premier paragraphe)

Popper se positionne : il s’oppose à l’inductivisme, selon lequel il est possible de prouver à partir de l’expérience qu’une théorie est vraie. Popper va dans la suite du texte analyser cette conception.Remarques : il y a peu de choses à dire sur ce paragraphe introductif, passez vite à l’explication de la suite du texte.

b) Deuxième partie (deuxième paragraphe)

Popper analyse l’inductivisme. L’inductivisme prétend que les théories scienti!ques sont justi!ées par induction à partir de l’expérience. Il faudra expliquer ce qu’est une inférence, expliquer en quel sens l’induction est une inférence qui va de propositions particulières à des propositions universelles, et expliquer ce que sont les propositions particulières et les propositions universelles dans les sciences.Remarques : c’est le paragraphe central de ce texte ; il y a beaucoup de choses à expliquer ; prenez votre temps.

c) Troisième partie (troisième paragraphe)

L’inductivisme accorde un rôle essentiel à l’induction dans les sciences et Popper dégage ici la caractéristique essentielle de l’induction : il s’agit d’une inférence riquée, elle peut toujours se révéler fausse. Il faudra montrer ici la différence entre l’induction et la déduction (qui est, quant à elle, une inférence sans risque : si les prémisses sont vraies, la conséquence est nécessairement vraie).

d) Quatrième partie (quatrième et cinquième paragraphe)

Popper pose alors le problème de l’induction, qui est de savoir dans quelle mesure l’inférence inductive est légitime. Il faudra ici expliquer ce problème et en analyser les enjeux (cf. plus haut, « Le problème que pose l’inférence inductive ») : si l’induction n’est pas légitime, notre croyance en l’existence de lois de la nature est-elle encore justi!ée ?

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ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

La solution de l’inductivisme au problème de l’induction : le principe de l’induction

Pour les inductivistes, on peut résoudre le problème de l’induction en énonçant les conditions que doit sati!saire une inférence inductive pour pouvoir être considérée comme légitime. Il faut alors formuler un principe d’induction, une règle qui permet de dire quand est-ce qu’une inférence inductive est légitime.Pour pouvoir formuler ce principe d’induction, il suf!t de se demander quand est-ce qu’une généralisation est clairement abusive. Il semble par exemple clair que l’on ne peut généraliser à partir d’un seul cas, il faudra donc disposer d’un grand nombre d’observations. D’autre part, quand bien même on aurait fait de nombreuses observations, si toutes ces observations dépendent de la même circonstance particulière, d’une même condition particulière, alors la généralisation n’est pas légitime, il faudra donc que les observations soient faites dans des circonstances variées. En!n, la simple observation d’un cas contraire à la loi que l’on cherche à justi!er, suf!t à rendre illégitime la généralisation, il faudra donc qu’aucun contre-exemple n’ait été observé.Le principe d’induction se formule alors de la manière suivante : si un grand nombre de A (par exemple : des corbeaux) ont été observées, dans des circonstances variées, et si tous les A observés, sans exception, ont la propriété B (par exemple : la propriété « être noir »), alors, on peut en inférer légitimement que tous les A sont des B (dans notre exemple : tous les corbeaux sont noirs).

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

Objectif général : montrer que le principe d’induction n’est pas vrai

L’objectif de Popper dans ce texte est de montrer que le principe d’induction n’est pas vrai. Popper cherche en effet à critiquer l’inductivisme, qui prétend que les théories scienti!ques sont justi!ées par induction à partir de l’expérience. Or l’inductivisme est fondée sur le principe d’induction. Par conséquent, si Popper parvient à montrer que le principe d’induction n’est pas vrai, alors il aura montré que l’inductivisme n’est pas vrai.

Forme générale de l’argumentation

Pour prouver que le principe d’induction n’est pas vrai, Popper se fonde sur l’idée qu’il y a deux manières seulement dont une proposition peut être vraie. Soit une proposition est vraie en vertu de sa signi!cation (il s’agit alors d’une proposition analytique), soit une proposition est vraie en vertu des faits (il s’agit alors d’une proposition synthétique). Popper va montrer que le principe d’induction n’est ni une proposition analytique, ni une proposition synthétique. La conclusion sera alors que le principe d’induction n’est pas vrai.Pour comprendre cette argumentation, il faut d’abord comprendre ce que signi!e les notions de propositions analytiques et de propositions synthétiques.

Propositions analytiques et propositions synthétiques

Une proposition analytique est une proposition dont la valeur de vérité est déterminée uniquement par la signi!cation des termes qui le composent. Il suf!t de comprendre ce que cette proposition signi!e pour savoir qu’elle est vraie. Les propositions de ce genre sont appelées analytiques, car il suf!t d’analyser le sens des termes qui composent cette proposition pour savoir qu’elle est vraie. Voici quelques exemples de propositions analytiques : « les barbus ont une barbe », « les musiciens jouent d’un instrument », « si un homme est célibataire, alors il n'est pas marié », « le rouge est une couleur », « tous les triangles ont trois côtés », « aucun carré n'est un homme ».Une proposition synthétique est une proposition dont la valeur de vérité est déterminée par certaines caractéristiques du monde réel qui rendent vraie cette proposition. Il ne suf!t pas de comprendre ce que signi!e cette proposition pour savoir qu’elle est vraie, il est nécessaire de savoir si ce qui est af!rmé est véri!é dans le monde réel. Les propositions de ce genre sont appelées synthétiques, car la vérité de ces propositions repose sur une synthèse entre ce qui est dit et ce qui est ; une proposition synthétique est vraie dans la mesure où ce qui est af!rmé est conformé à la réalité : la vérité de l’af!rmation que j’ai deux stylos dans ma main gauche repose sur le fait que j’ai bien deux stylos dans la main gauche. Voici quelques exemples de propositions synthétiques : « J’ai deux stylos dans ma main gauche ». « Il y a une trousse sur cette table ».

Un préalable : qu’est-ce qu’une tautologie ?

Le texte que nous étudions présente un autre terme technique, celui de tautologie. Étymologiquement, tautologie signi!e « dire la même chose ». On dira ainsi que les énoncés suivants sont des tautologies : « un sou est un sou », « une promesse est une promesse ». Mais Popper emploie le terme tautologie en un sens technique. Une tautologie désigne alors une proposition qui dit la même chose, au sens où elle dit toujours une vérité. Une

Transition du texte 1 au texte 2

Texte 2

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tautologie signi!e en effet une proposition toujours vraie. Toutefois cette dé!nition n’est pas encore assez précise. L’af!rmation que « tous les corps s’attirent entre eux suivant la loi de gravitation universelle de Newton » constitue une proposition toujours vraie, mais ce n’est pas une tautologie, il s’agit simplement d’une proposition toujours vraie dans le monde réel, alors qu’une tautologie est une proposition toujours vraie, dans tous les mondes possibles. Nous dirons donc que les tautologies sont des propositions qui sont nécessairement vraies, des propositions telles qu’il est absolument inconcevable de concevoir qu’elles soient fausses (je peux par exemple concevoir un monde dans lequel les corps ne s’attirent pas entre eux, c’est pourquoi l’af!rmation précédent n’est pas une tautologie). Mais alors y a-t-il vraiment des tautologies ?Pour comprendre ce que sont ces tautologies dont nous parlons, il faut comprendre quelques rudiments de logique. En effet, les propositions nécessairement vraies qui constituent des tautologies sont en fait ce que l’on appelle des lois logiques.En logique, on cherche à formaliser le langage naturel, à exprimer avec des symboles certaines caractéristiques du langage que nous utilisons de manière ordinaire. On désigne ainsi par des lettres n’importe quelle proposition : par exemple p pourra signi!er : Jean vient à la soirée, et q : Marie vient à la soirée. Ensuite, on adopte une notation pour désigner des opérateurs sur ces propositions : par exemple non-p signi!era : Jean ne vient pas à la soirée, p et q signi!era : Jean vient à la soirée et Marie vient à la soirée ; si p, alors q signi!era : si Jean vient à la soirée, alors Marie vient à la soirée.On peut alors exprimer les lois logiques en utilisant cette notation. Par exemple : si (p et q), alors p désigne une loi logique. Ce sera toujours vrai d’af!rmer cela. Si Jean vient à la soirée et Marie vient à la soirée, alors il est vrai que … Jean vient à la soirée. p ou non-p désigne également une loi logique. En effet, soit Jean vient à la soirée, soit Jean ne vient pas à la soirée. Ce sont ces lois logiques qui constituent des tautologies.Les tautologies sont donc en dé!nitive des propositions qui sont nécessairement vraies, car elles sont des lois logiques.

Tautologies et propositions analytiques

Popper, dans ce texte, considère qu’il y a une équivalence entre les tautologies et les propositions analytiques (cette équivalence est marquée par une simple virgule : « Un tel principe d’induction ne peut pas être une tautologie, une proposition analytique »). Il faut rendre compte de cette équivalence ; nous allons montrer qu’elle est justi!ée.

a) Les tautologies sont-elles des propositions analytiques ?

Autrement dit, suf!t-il de comprendre ce que signi!e une proposition qui formule une loi logique pour savoir qu’elle est vraie ? Pour savoir que la proposition Si Jean vient à la soirée et Marie vient à la soirée, alors il est vrai que Jean vient à la soirée est vraie, je n’ai pas besoin de comprendre ce que signi!e “venir à la soirée”. Par exemple, je sais que la proposition Si Jean tchacatchoucke et Marie tchacatchoucke, alors il est vrai que Jean tchacatchoucke est vraie sans avoir besoin de savoir ce que signi!e tchacatchoucke (sous la condition que tcahcatchoucke désigne bien quelque chose). De même, je sais que la proposition Si (p et q), alors p est vraie (sous la condition que p et q désignent bien des propositions), sans avoir besoin de préciser à quelles propositions particulières p et q font référence.Pour savoir qu’une tautologie est vraie, il suf!t de comprendre le sens des opérateurs logiques qui la composent. En effet, pour savoir que Si (p et q), alors p est vraie, il me suf!t de comprendre le sens du conditionnel si…, alors… et de la conjonction et. Par conséquent, dans la mesure où une tautologie est une proposition vraie en vertu des opérateurs logiques qui composent cette proposition, il suf!t de comprendre le sens de ces opérateurs logiques pour savoir que cette proposition est vraie. Les tautologies sont donc bien des propositions vraies en vertu de leur signi!cation. Les tautologies sont des propositions analytiques.

b) Les propositions analytiques sont-elles des tautologies ?

Autrement dit, les propositions qui sont vraies en vertu de leur signi!cation sont-elles vraies parce qu’elles expriment une loi logique ? Dans leur forme explicite, les propositions analytiques ne sont pas des tautologies. La proposition « Si un homme est célibataire, alors il n’est pas marié » n’est pas vraie simplement en vertu des opérateurs logiques (ici, le conditionnel si…, alors…) qui composent cette proposition. Il faut aussi connaître le sens de « célibataire » et de « marié » pour savoir que cette proposition est vraie.Toutefois, nous allons voir que, de manière implicite, les propositions analytiques sont bel et bien des tautologies. L’idée est que l’on peut, en remplaçant certains des termes d’une proposition analytique par leur signi!cation, montrer que cette proposition est une tautologie. Prenons quelques exemples. La proposition « Si un homme est célibataire, alors il n’est pas marié » est une proposition analytique. Or être célibataire signi!e être une personne en âge d'être mariée, qui n’est pas marié actuellement, et ne l'a jamais été. Par conséquent, en remplaçant dans notre proposition de départ le terme « célibataire » par sa signi!cation, on obtient la proposition suivante : « Si un homme est une personne en âge d’être mariée, qui n’est pas mariée actuellement, et ne l’a jamais été, alors il n’est pas marié ». Cette proposition est bien une tautologie (on ne fait que dire à nouveau ce qui était déjà dans la dé!nition). De même, la proposition « Le rouge est une couleur » est une proposition analytique. Or pour expliquer ce qu’est le rouge, il faudra montrer quelque chose de rouge et dire que le rouge est la couleur de ceci. Par conséquent, par remplacement, on obtient la proposition « La couleur de ceci est une couleur », qui est bien une tautologie.

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Comment prouver de manière générale que les propositions analytiques sont des tautologies ? Une proposition analytique est une proposition dont la valeur de vérité est simplement déterminée par la signi!cation des termes qui composent cette proposition. La vérité d’une proposition analytique ne repose pas sur les caractéristiques du monde réel. Cela signi!e qu’une proposition analytique sera vraie dans n’importe quel monde possible. Or c’est le propre d’une tautologie d’être vraie dans n’importe quel monde possible. Par conséquent les propositions analytiques sont bien des tautologies.

1er sous objectif : montrer que le principe d’induction n’est pas une proposition analytique

Nous venons de préciser le sens des concepts essentiels de ce texte, il faut maintenant revenir à l’argumentation de Popper. L’objectif général est de prouver que le principe d’induction n’est pas vrai. En premier lieu, Popper va montrer que le principe d’induction n’est pas une proposition analytique : il n’est pas vrai en vertu de sa signi!cation. L’argument de Popper est un argument par l’absurde. On suppose que le principe d’induction est une proposition analytique et on en dérive une absurdité, ce qui prouve que le principe d’induction ne peut pas être une proposition analytique.En effet, si le principe d’induction était une proposition analytique, alors il serait une tautologie (en vertu de l’équivalence que nous avons déjà démontrée entre propositions analytiques et tautologies) ; et dans ce cas, il serait absolument inconcevable que le principe d’induction soit faux (en vertu de la dé!nition des tautologies). Or il est concevable que le principe d’induction soit faux. On peut en effet concevoir que l’on ait fait un grand nombre d’observations de corbeaux, dans des conditions variées, et que tous ces corbeaux soient noirs, bien que pourtant il existe sur une île déserte encore inconnue au moins un corbeau rose. Cela est à tout le moins concevable. Et le fait que cela soit concevable suf!t à montrer qu’il n’est pas absolument inconcevable que le principe d’induction soit faux. Par conséquent, si le principe d’induction était une proposition analytique, alors nous serions conduits à une absurdité. Donc, le principe d’induction ne peut pas être une proposition analytique.L’idée directrice derrière cet argument est qu’il y a une distinction fondamentale entre l’induction et la déduction (cf. plus haut « Inférence inductives et inférences déductives »). Dans une inférence inductive, la conséquence n’est pas nécessairement vraie. C’est pourquoi l’induction ne peut être être fondée sur la simple logique. En effet, si c’était le cas, l’induction serait fondée sur des lois logiques, qui permettraient de faire des inférences dont les conséquences sont nécessairement vraies, ce qui n’est pas le cas dans l’induction.

2e sous objectif : montrer que le principe d’induction n’est pas une proposition synthétique

Nous venons de montrer que le principe d’induction n’est pas une proposition analytique, il nous reste à montrer que le principe d’induction n’est pas une proposition synthétique, a!n de pouvoir prouver que le principe d’induction n’est pas vrai. L’argument de Popper est encore un argument par l’absurde. On suppose que le principe d’induction est une proposition synthétique et on en dérive une absurdité, ce qui prouve que le principe d’induction ne peut pas être une proposition synthétique.En effet, si le principe d’induction était une proposition synthétique, alors pour savoir si le principe d’induction est vrai, il faudrait savoir s’il est véri!é dans le monde réel (en vertu de la dé!nition des propositions synthétiques). Mais comment savoir si le principe d’induction est véri!é dans le monde réel ? Pour savoir si la proposition « Tous les corbeaux sont noirs » est véri!é dans le monde réel, il faut avoir observé, dans des circonstances variées, un grand nombre de corbeaux noirs, et ne pas avoir observé de contre-exemple, et il faut disposer d’un principe d’induction pour pouvoir à partir de ces observations en inférer légitimement que tous les corbeaux sont noirs. Mais, pour savoir si la proposition « Le principe d’induction fonctionne dans tous les cas » est véri!é dans le monde réel, il faudrait, de la même manière, avoir observé, dans des circonstances variées, un grand nombre de cas où le principe d’induction a fonctionné, et il faudrait disposer d’un principe d’induction pour pouvoir à partir de ces observations en inférer légitimement que le principe d’induction fonctionne dans tous les cas. Par conséquent, pour savoir si le principe d’induction est vrai, il faudrait déjà disposer d’un principe d’induction. Si le principe d’induction était une proposition synthétique, la justi!cation du principe d’induction reposerait sur le principe d’induction, ce qui est absurde, donc le principe d’induction n’est pas une proposition synthétique.L’idée directrice derrière cet argument est que le principe d’induction ne peut être fondée sur l’expérience, car l’expérience ne peut pas garantir la vérité d’une proposition universelle (ici : « le principe d’induction fonctionne dans tous les cas »), à moins que le principe d’induction ne soit vrai. La tentative de justi!er le principe d’induction échoue parce qu’elle conduit à une argumentation circulaire : si le principe d’induction était fondée sur l’expérience, cela signi!erait qu’il serait fondée sur le principe d’induction.

Conclusion de l’argumentation : le principe d’induction n’est pas vrai

Le principe d’induction n’est ni vrai en vertu de sa signi!cation, ni vrai en vertu des faits. Or il n’y a que ces deux manières dont une proposition peut être vraie. le principe d’induction n’est donc pas vrai. L’inductivisme, qui prétend que les théories scienti!ques sont justi!ées par induction à partir de l’expérience, n’est par conséquent pas une position acceptable, car l’inductivisme est fondée sur le principe d’induction, dont on vient de démontrer la fausseté

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PLAN DU TEXTE

a) Première partie (premier paragraphe)

Popper montre que le principe d’induction n’est pas une proposition analytique. Le principe d’induction devrait donc être une proposition synthétique (mais Popper va également montrer que cela n’est pas possible).Remarques : l’argumentation est implicite, à vous de la rendre explicite.

b) Deuxième partie (deuxième paragraphe)

Popper précise bien qu’il s’agit de trouver une justi!cation au principe d’induction. Le principe d’induction est certes accepté par tous (dans les sciences et dans la vie quotidienne, cf. plus haut : « L’inférence inductive dans le sens commun et dans les sciences »), mais la question ici est de savoir si ce principe est acceptable d’un point de vue rationnel.

c) Troisième partie (troisième paragraphe)

Popper montre que le principe d’induction n’est pas une proposition synthétique, dont la vérité pourrait reposer sur l’expérience (le principe d’induction ne peut pas être conçu comme un principe « empiriquement valide »).Remarques : la conclusion de l’argumentation n’est pas énoncée dans le texte : le principe d’induction n’est pas vrai, car il n’est ni vrai en vertu de sa signi!cation (ce n’est pas une proposition analytique), ni vrai en vertu des faits (ce n’est pas une proposition synthétique).

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

Deux tentatives ont été faites pour défendre le principe d’induction, mais ces tentatives échouent d’après Popper

a) La tentative de Kant

Kant propose une défense du principe de causalité, qui peut s’interpréter comme une défense d’une version restreinte du principe d’induction. Le principe de causalité consiste à soutenir que tout phénomène a une cause et que dans les mêmes conditions, la même cause est suivie du même effet. Pourquoi peut-on considérer le principe de causalité comme une version restreinte du principe d’induction ? L’idée est la suivante : si j’observe dans un grand nombre de cas et dans des circonstances variées qu’un événement X (par exemple : une personne lâche son stylo des mains) est suivi d’un événement Y (le stylo tombe), et que je n’ai pas observé de contre-exemple, alors je peux en inférer légitimement d’après le principe de causalité, que tous les événements X sont suivis d’un événement Y (dans notre exemple : à chaque fois qu’une personne lâche son stylo des mains, il tombe), dans la mesure où X est la cause de Y (le stylo tombe parce que la personne qui le tenait dans ses mains l’a lâché) et que les mêmes causes sont suivies du même effet. Nous venons donc de voir que si la défense de Kant du principe de causalité est concluante, alors le principe d’induction - restreint à la forme que lui donne le principe de causalité - est justi!é. Mais comment Kant s’efforce-t-il de défendre le principe de causalité ?L’idée de Kant est que le principe de causalité est un jugement synthétique a priori. Comme tous les jugements synthétiques, il serait vrai dans la mesure où il est véri!é dans le monde réel, mais il ne serait pas nécessaire de recourir à l’expérience pour savoir qu’il est vrai (a priori signi!e « avant même toute expérience »). La justi!cation du principe de causalité ne serait donc pas fondée sur l’expérience, ce qui permettrait d’éviter la circularité que nous avions mis en évidence dans la justi!cation du principe d’induction (si le principe d’induction était fondée sur l’expérience, cela signi!erait qu’il serait fondée sur le principe d’induction). La défense de Kant du principe de causalité comme jugement synthétique a priori permettrait ainsi de défendre l’idée que le principe d’induction est bien un jugement synthétique, sans toutefois tomber dans l’absurdité d’une argumentation circulaire.La notion de jugement synthétique a priori est toutefois étonnante. Il s’agirait d’un jugement qui serait véri!é dans le monde réel, mais dont je pourrais connaître la vérité sans faire aucune expérience du monde réel. Mais comment puis-je prétendre connaître quelque chose du monde réel si je ne con!rme pas mon jugement par l’observation ?Pour comprendre comment, selon Kant, de tels jugements synthétiques a priori sont possibles, il faut d’abord comprendre ce que signi!e ce que nous appelons le monde réel, étant donné que les jugements synthétiques sont des jugements dont la vérité repose sur certaines caractéristiques du monde réel. Selon Kant, l’expression « le monde réel » devrait désigner les choses telles qu’elles sont en elles-mêmes, ce qu’il appelle les choses en soi. Mais nous n’avons pas accès aux choses en soi, nous n’avons accès qu’à des phénomènes ; ce à quoi nous avons accès, c’est ce qui nous apparaît (« phénomène » signi!e étymologiquement : ce qui apparaît). Je n’ai accès qu’à ce qui m’est donné par la sensation, la perception. Si j’af!rme qu’il y a une table en face de moi, puis-je af!rmer que je perçois la table en elle-même ? Ce que je perçois c’est un certain ensemble de couleurs, de formes, de sensations de dureté au toucher, qui varient selon mes déplacements. Je ne perçois pas la table en soi. C’est

Transition du texte 2 au texte 3

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pourquoi ce que nous appelons « le monde réel » désigne en fait, non les choses en soi, mais ce qu’il y a d’objectif dans ce qui nous apparaît. Dans l’ensemble de me sensations de couleurs, de formes, etc., il y a un certain ordre, les variations dans mes sensations ne se font pas au hasard, et tout cela me fait penser que quiconque entrera dans la pièce verra la même chose que moi, à quelques variations près. Dans tout ce qui m’apparaît, je distingue quelque chose d’objectif : cette table qui est devant moi.Le monde réel est donc en fait ce qu’il y a d’objectif dans les phénomènes. Selon Kant, le contenu d’un phénomène est objectif seulement s’il satisfait à certaines conditions d’objectivité. Par exemple, pour que le contenu d’un phénomène soit considéré comme objectif, il faut qu’il ait une certaine permanence ; la variation incessante ne permet pas de penser l’existence d’un objet. La permanence serait donc l’une de ces conditions d’objectivité qui permettent de distinguer dans les phénomènes ce qui relève du monde réel objectif.Selon Kant, ces conditions d’objectivité sont dé!nies par la structure même de l’esprit humain. En effet, le monde réel est ce qui est considéré comme objectif dans ce qui apparaît à l’esprit et c’est l’esprit lui-même qui fait cette distinction. Il doit donc d’après Kant être possible de découvrir ces conditions d’objectivité de manière purement a priori, sans faire recours à aucune expérience. Il suf!rait en effet de ré"échir aux conditions qui sont nécessaires pour que l’esprit puisse se représenter un objet. Il suf!t par exemple de se rendre compte, par une pure ré"exion, que la variation incessante ne permet pas à l’esprit de se représenter un objet, pour découvrir que la permanence est une condition d’objectivité.Les jugements énonçant les conditions d’objectivité sont donc des jugements a priori. C’est le cas par exemple du jugement : « Les objets perdurent dans le temps ». Ce jugement est connu a priori, simplement à partir d’une ré"exion sur l’impossibilité de concevoir quelque chose d’objectif dans les phénomènes s’il n’y avait aucune permanence dans ce qui nous apparaît.Les jugements énonçant les conditions d’objectivité sont d’autre part des jugements synthétiques. Leur valeur de vérité dépend en effet de certaines caractéristiques du monde réel. La proposition « les objets perdurent dans le temps » n’est pas une proposition analytique, elle n’est pas vraie en raison de la dé!nition même de ce qu’est un objet. Elle est vraie en raison de ce qu’est le monde réel. Le monde réel est ce qu’il y a d’objectif dans les phénomènes, et ce qui est objectif dans les phénomènes a nécessairement une certaine permanence en raison de la structure de notre esprit.Par conséquent, les jugements qui énoncent les conditions d’objectivité sont des jugements synthétiques a priori. Nous allons maintenant montrer que le principe de causalité est l’une de ces conditions d’objectivité, a!n d’établir que le principe de causalité un jugement synthétique a priori.Le principe de causalité permet d’expliquer certaines successions de phénomènes (le stylo qu’on lâche des mains, suivi du stylo qui tombe) en déterminant l’un des phénomènes comme la cause de l’autre (le lâcher de stylo est la cause de la chute du stylo). Mais lorsque je regarde un tableau, il y a aussi une succession de phénomènes (je regarde le visage de la Joconde puis la disposition de ses mains), et je n’explique pas cette succession par un principe de causalité. Il s’agit alors d’une succession purement arbitraire – j’aurais pu regarder d’abord la disposition de ses mains, puis son visage, et je ne peux pas attribuer cette succession à la réalité elle-même. On a dans ce cas un simple succession subjective de phénomènes, tandis que l’on estime que le lâcher de stylo suivi de sa chute constitue une succession objective. Le principe de causalité est nécessaire selon Kant pour pouvoir faire la différence entre une simple succession subjective et une succession objective. Pour que je puisse attribuer à la réalité elle-même la succession, je dois pouvoir penser que cette succession n’est pas une succession arbitraire, mais qu’elle se fonde sur un rapport de cause à effet.Le principe de causalité est nécessaire pour pouvoir saisir ce qu’il y a d’objectif dans une succession de phénomènes, il fait donc bien partie des conditions d’objectivité, et, dans la mesure où les jugements énonçant les conditions d’objectivité sont des jugements synthétiques a priori, le principe de causalité est un jugement synthétique a priori.Par conséquent, étant donné que le principe de causalité peut également s’énoncer comme une version restreinte du principe d’induction, la défense kantienne du principe de causalité permettrait de justi!er le principe d’induction. Le principe d’induction serait bien un jugement synthétique, véri!é dans le monde réel, mais dont on pourrait connaître la vérité, sans avoir besoin de faire recours à l’expérience, ce qui permettrait de ne pas tomber dans l’absurdité d’une justi!cation circulaire du principe d’induction.Popper af!rme simplement, à propos de cette défense de Kant du principe de causalité, que « son ingénieuse tentative pour justi!er a priori des jugements synthétiques n’a pas réussi. ». Il n’explique pas dans ce texte les raisons pour lesquelles il estime que cette tentative échoue. Dans un ouvrage intitulé Conjectures et réfutations, Popper af!rme certes que l'on peut savoir de manière a priori que des lois doivent s'appliquer aux phénomènes pour pouvoir les comprendre. Mais d'une part le fait qu'il doit y avoir des lois pour pouvoir comprendre les phénomènes n'implique pas qu'il doit y avoir des lois, tout court. Kant présuppose que les phénomènes doivent pouvoir être compris, ce qui n’est pas a priori valide. D'autre part, si Popper admet que l'on puisse savoir a priori qu'il doit y avoir des lois pour pouvoir comprendre les phénomènes, il refuse l'idée que l'on puisse savoir a priori que telle ou telle loi précise et déterminée (notamment le principe de causalité) est nécessaire pour pouvoir comprendre les phénomènes. On ne peut déterminer une fois pour toutes et de manière a priori les lois qui s’appliquent aux phénomènes, il est nécessaire de faire des conjectures, des hypothèses, qui seront confrontées à l’expérience. En!n, Popper est un réaliste qui s’oppose à toutes les formes d’idéalisme, dont l’idéalisme kantien qui soutient que l’esprit ne peut pas connaître le réel en tant que tel, mais seulement ce que l’esprit peut considérer comme objectif dans les phénomènes. C’est pour ces raisons que Popper estime que la défense du principe d’induction sur la base d’un raisonnement de type kantien échoue.

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b) La version probabiliste du principe d’induction

Pour défendre l’inductivisme (l’idée que les théories scienti!ques sont justi!ées par induction à partir de l’expérience), certains philosophes ont proposé d’affaiblir le principe d’induction. L’idée est la suivante : certes, nous ne pouvons pas être absolument sûrs que le soleil se lèvera tous les matins, mais nous pourrions au moins af!rmer qu’il est très probable que le soleil se lèvera tous les matins. L’observation d’un grand nombre de cas, dans des circonstances variées, et sans exception constatée, ne garantirait pas la vérité de la généralisation, mais renforcerait sa probabilité.Le principe d’induction dans cette version probabiliste peut se formuler ainsi : si un grand nombre de A ont été observées, dans des circonstances variées, et si tous les A observés, sans exception, ont la propriété B, alors, on peut en inférer légitimement que tous les A ont très probablement la propriété B.Mais le principe d’induction, formulé de cette manière, ne peut toujours pas être conçu comme un énoncé analytique, vrai en vertu de sa signi!cation. Supposons la situation suivante : admettons qu'il existe dans le monde (sans que nous le sachions) 1000 corbeaux, dont 500 corbeaux noirs et 500 corbeaux roses, Nous avons observé, dans des circonstances variées, un grand nombre de corbeaux, disons 300, et tous les corbeaux observés, sans exception, sont noirs. Il ne sera pas pour autant vrai que tous les corbeaux sont très probablement noirs, puisque la probabilité pour qu'un corbeau soit noir est de ½. Par conséquent, le simple fait qu’il soit concevable que le principe d’induction, dans sa version probabiliste soit faux, prouve qu’il n’est pas un énoncé analytique.D’autre part, le principe d’induction ne peut pas non plus être conçu comme énoncé synthétique. S’il était fondée sur l’expérience, nous serions à nouveau conduit dans le même type d’argument circulaire que nous avions mis en évidence pour la version non-probabiliste du principe d’induction : si le principe d’induction était fondée sur l’expérience, alors le principe d’induction serait fondée sur le principe d’induction. Le fait de proposer une version probabiliste du principe d’induction ne permet pas de sortir de cette circularité : le principe d’induction dans cette version probabiliste est toujours un énoncé universel qui ne peut être justi!é à partir de l’expérience, qu’en supposant la vérité du principe d’induction.

L’inductivisme est faux, mais il a toutefois une apparence de vérité

Popper vient de montrer que l’inductivisme est faux, et que les tentatives pour le défendre échouent. Les théories scienti!ques ne sont pas justi!ées par induction à partir de l’expérience. Pourtant, bien que l’inductivisme ne constitue pas une conception acceptable de la justi!cation des théories scienti!ques, il est très largement accepté. Il y a même, dit Popper, un préjugé en faveur de l’inductivisme. Popper va s’efforcer, avant de défendre sa propre conception de la justi!cation des théories scienti!ques, d’expliquer la source de ce préjugé. Pourquoi l’inductivisme a-t-il une apparence de vérité, bien qu’il soit faux ? Selon Popper, cette apparence de vérité est due à une confusion qu’il essaie d’analyser dans le texte 3.

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

Deux moments constitutifs de l’activité du scienti!que

Popper distingue deux aspects du travail du scienti!que. Le chercheur formule des théories et il contrôle des théories. Le contrôle des théories fait référence à l’expérimentation qui consiste à provoquer un phénomène a!n de tester une théorie, de contrôler sa validité empirique. Il s’agit alors de comparer ce qui était prévu par la théorie et ce qui a été observé. La distinction entre formulation de la théorie et contrôle de la théorie s’inscrit donc à la fois dans un ordre chronologique : le contrôle de la théorie, l’expérimentation vient après la formulation de la théorie, et dans un ordre logique : l’expérimentation présuppose la théorie ; il n’y a pas d’expérimentation sans théorie à tester. Plus profondément, la logique même qui gouverne cette distinction s’articule en référence à un autre moment : celui de la position d’un problème. En effet, la formulation de la théorie correspond à la proposition d’une réponse au problème, et le contrôle de la théorie correspond à la phase de test de cette solution. Les deux moments de la formulation de la théorie et du contrôle de la théorie se pensent donc par rapport à ce moment fondamental de l’activité scienti!que qu’est la position d’un problème. Bachelard écrit ainsi en ce sens que « [l]’esprit scienti!que nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise dans la vie scienti!que, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scienti!que. Pour un esprit scienti!que, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scienti!que » (Bachelard, La Formation de l’esprit scienti!que).

Deux questions à propos de l’activité du scienti!que

À ces deux moments correspondent deux questions qui peuvent être posées à propos de l’activité du scienti!que.

Texte 3

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À propos de la formulation de la théorie, on peut se demander comment le scienti!que est parvenu à formuler cette théorie, comment cette théorie lui est petit à petit venu à l’esprit. On s’intéresse alors à ce qu’on appelle le contexte de découverte et la question sera donc la suivante : « Comment cette théorie a-t-elle été découverte ? ». Cette question est une question de fait. Poser une question de fait, c’est s’interroger à propos de l’existence même de quelque chose ou bien s’interroger en vue de mieux comprendre quelque chose. Or se demander comment une théorie a été découverte consiste bien à s’interroger en vue de mieux comprendre les conditions de sa découverte ; il y a eu une découverte – voici le fait – on se demande comment cette découverte a eu lieu – on essaie de mieux comprendre ce fait. Comment répondre à cette question ? Selon Popper, la réponse nécessitera une psychologie de la connaissance. La découverte d’une théorie scienti!que est en effet le résultat de processus intellectuels qui sont d’abord l’objet d’étude de la psychologie. Cela ne signi!e pas pour autant que cette psychologie de la connaissance ne s’intéressera pas aux conditions sociales et historiques de la découverte. La psychologie de la connaissance intègre certainement pour Popper tout ce qui peut relever de la sociologie de la connaissance et de l’histoire des sciences, dans la mesure où ces disciplines dégagent les conditions des processus intellectuels qui conduisent à la découverte d’une théorie scienti!que. Il y a en effet des conditions sociales de la découverte scienti!que (le travail scienti!que se fait à plusieurs, au sein d’organisations et d’institutions, dont on peut étudier les relations) et des conditions historiques (le travail scienti!que s’effectue à partir des découvertes précédentes et en fonction de certains programmes de recherche qui se succèdent au cours du temps).À propos du contrôle de la théorie, on peut se demander si cette théorie est con!rmée par les résultats expérimentaux, et dans quelle mesure ces résultats justi!ent la théorie. On s’intéresse alors à ce qu’on appelle le contexte de justi!cation. La question sera donc la suivante : « Cette théorie est-elle justi!ée ? ». Cette question est une question de droit. Poser une question de droit, c’est s’interroger à propos de la légitimité de quelque chose, c’est se demander si ce qui est, est fondé en droit, est acceptable d’un point de vue rationnel ou moral. Or se demander si la théorie est justi!ée consiste bien à s’interroger à propos de la légitimité de la théorie ; on se demande si cette théorie est acceptable d’un point de vue rationnel, étant donné les résultats expérimentaux dont on dispose. Comment répondre à cette question ? Selon Popper, la réponse nécessitera une logique de la connaissance. La distinction entre psychologie et logique provient de Kant, il faut donc se référer à la manière dont Kant formule cette distinction pour mieux comprendre cette distinction. On trouve dans la Logique de Kant la formulation de cette distinction : « Certains logiciens supposent, à vrai dire, des principes psychologiques dans la logique. Mais admettre de tels principes en logique est aussi absurde que de tirer la morale de la vie. Si nous cherchions les principes dans la psychologie, c’est-à-dire dans les observations que nous ferions sur notre entendement, nous verrions simplement comment se produit la pensée et comment elle est assujettie à diverses entraves et conditions subjectives […] Mais en logique il s’agit […] non de la façon dont nous pensons, mais de la façon dont nous devons penser. […] Dans la logique, ce que nous voulons savoir, ce n’est pas comment l’entendement est, comment il pense, comment il a procédé jusqu’ici pour penser, mais bien comment il devrait procéder dans la pensée. » (Logique, éd. Vrin, p.12). La différence entre psychologie et logique s’explique donc ainsi : la psychologie vise à décrire et expliquer le fonctionnement réel de l’esprit, elle vise à comprendre les processus intellectuels, tandis que la logique vise à mettre en évidence des normes de rationalité qui s’imposent à notre esprit (la logique nous impose notamment de ne pas être contradictoire). Or pour savoir qu’une théorie est justi!ée, il faut savoir si elle satisfait les normes qui régissent en droit la justi!cation de toute théorie, il faut donc savoir si elle satisfait les normes de rationalité. La réponse à la question de savoir si la théorie est justi!ée présuppose bien une logique de la connaissance.

Deux formes d’inductivisme

À partir de ces distinctions, nous pouvons faire une distinction entre deux formes d’inductivisme. Cette distinction n’est pas explicitement formulée dans le texte, mais rend sa compréhension plus aisée. Nous parlerons ainsi de l’inductivisme de la découverte, qui s’efforce de répondre à la question « Comment la théorie a-t-elle été découverte ? » et propose la réponse suivante : les théories scienti!ques sont découvertes par induction. Nous distinguerons cette forme d’inductivisme de l’inductivisme de la justi!cation, qui s’efforce de répondre à la question : « La théorie est-elle justi!ée ? » et propose la réponse suivante : les théories scienti!ques sont justi!ées par induction. Remarquons que c’est bien de l’inductivisme de la justi!cation dont nous avons parlé jusqu’à présent, dans les textes précédents.L’idée directrice qui fonde l’inductivisme de la découverte est que les sciences empiriques proviennent de l’observation. Le travail du scienti!que consisterait à accumuler des faits observables et à en dégager des régularités, de manière à pouvoir formuler des lois, par généralisation à partir de l’expérience.Selon Popper cette forme d’inductivisme est tout à fait fausse. La formulation d’une théorie vient avant la confrontation avec l’expérience, elle vient avant l’observation. Il faut d’abord faire une conjecture, formuler une hypothèse, avant de la tester dans des expérimentations. L’inductivisme de la découverte est donc faux, mais il a une apparence de vérité car il repose sur une confusion à propos de ce que sont les sciences empiriques. Les sciences empiriques se caractérisent par leur rapport à l’expérience. Les sciences empiriques portent sur des faits observables (à la différence des mathématiques qui portent des réalités abstraites), mais l’inductivisme de la découverte commet une erreur en estimant que les sciences empiriques partent des faits observables. L’inductivisme de la découverte se trompe sur la nature du rapport des sciences empiriques à l‘expérience. Les faits observables ne sont pas la base du travail du scienti!que. Ce qui vient en premier c’est l’activité de position

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de problème, puis la formulation d’une théorie, et en!n seulement l’observation dans le cadre d’une expérimentation visant à tester la théorie. L’inductivisme de la découverte tire en dé!nitive son apparence de vérité de cette confusion à propos du rapport des sciences empiriques à l’expérience. Et cette apparence de vérité de l’inductivisme de la découverte se transmet à l’inductivisme de la justi!cation par le biais d’une autre confusion, entre les deux formes d’inductivisme. L’inductivisme de la découverte prétend que les théories scienti!ques sont fondées sur l’expérience, au sens où elles partent de l’expérience, tandis que l’inductivisme de la justi!cation prétend que les théories scienti!ques sont fondées sur l’expérience, au sens où elles sont justi!ées par l’expérience. La confusion entre l’inductivisme de la découverte et l’inductivisme de la justi!cation s’explique par la confusion entre ces deux sens de la notion de fondement.L’objectif de ce texte était justement de clari!er la distinction entre ces deux formes d’inductivisme, a!n de pouvoir expliquer l’apparence de vérité de l’inductivisme.

PLAN DU TEXTE

a) Première partie (premier paragraphe - les deux premières lignes)

Popper formule la distinction entre deux moments constitutifs de l’activité du scienti!que : la formulation des théories et le contrôle des théoriesRemarques : À vous de rendre compte de la logique de cette distinction.

b) Deuxième partie (deuxième paragraphe)

Popper montre qu’à ces deux moments constitutifs de l’activité du scienti!que correspondent deux questions que l’on peut se poser à propos des théories scienti!ques : la question « Comment la théorie a-t-elle été découverte ? » et la question « La théorie est-elle justi!ée ? ».

c) Troisième partie (troisième paragraphe)

Popper souligne l’importance qu’il y a à maintenir une distinction stricte entre ces deux questions. Il faut expliquer ici l’enjeu de cette distinction, qui est de prévenir la confusion entre deux formes d’inductivisme (l’inductivisme de la découverte et l’inductivisme de la justi!cation), confusion qui est en partie à la source de l’apparence de vérité de l’inductivisme de la justi!cation.Remarques : L’importance que Popper accorde à cette distinction se remarque dans les expressions suivantes : « nous distinguons rigoureusement », « nous nous en tiendrons à cette dé!nition », « elle a uniquement à examiner ».

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

L’inductivisme de la découverte est faux

Popper a déjà montré que l’inductivisme de la justi!cation est faux (cf. texte 2). Il af!rme, après avoir à nouveau insisté sur l’importance des distinctions qu’il vient de faire, que l’inductivisme de la découverte est également faux. On ne peut reconstruire rationnellement le processus de découverte d’une théorie scienti!que. La découverte ne se fait pas par induction à partir de l’expérience. Pour Popper, il n’y a pas de sens à imposer une méthode à la découverte. L’essentiel est de formuler des conjectures audacieuses qui puissent faire par la suite l’objet de tests expérimentaux. Imposer une méthode à la découverte, ce serait pour Popper, interdire a priori l’audace dans la formulation des conjectures. Il faut au contraire, pour rendre possible cette audace, accepter qu’il y ait une part d’irrationnel dans la découverte scienti!que, que la science puisse reposer sur des intuitions, ou encore sur une métaphysique (sur une conception générale de la réalité).

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE

La méthode de contrôle critique

Après avoir analysé (texte 1), critiqué l’inductivisme (texte 2), et expliqué son apparence de vérité (texte 3), Popper va défendre sa propre conception de la justi!cation des théories scienti!ques. Selon l’inductivisme, les théories scienti!ques sont justi!ées par induction à partir de l’expérience. Selon Popper, on ne peut pas dire que les théories scienti!ques sont justi!ées par l’expérience, on peut seulement soutenir qu’il est justi!é d’accepter provisoirement une théorie scienti!que qui se soumet avec succès à ce qu’il appelle la méthode de contrôle critique. Popper af!rme que cette méthode de contrôle critique ne fait pas du tout appel à l’induction, elle ne repose que sur des procédures déductives.

Transition du texte 3 au texte 4

Texte 4

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Le contrôle de la théorie se fait en quatre étapes

La méthode de contrôle critique des théories comporte quatre étapes.

a) La première étape consiste à établir que la théorie est logiquement possible.

Une théorie logiquement possible est une théorie qui n’implique pas de contradiction. Si une théorie implique une contradiction, cela signi!e qu’elle est nécessairement fausse (une contradiction ne peut pas être vraie), or il n’est pas justi!é d’accepter une théorie nécessairement fausse. Par conséquent il faut bien contrôler que la théorie est logiquement possible.

b) La deuxième étape consiste à établir que la théorie est logiquement non nécessaire.

Si une théorie est logiquement nécessaire, cela signi!e qu’elle consiste en un ensemble de lois logiques, de tautologies, vraies dans tous les mondes possibles. Or les tautologies sont des propositions analytiques (cf. plus haut : « Tautologies et propositions analytiques »), leur valeur de vérité ne dépend pas des caractéristiques du monde réel. Mais, dans la mesure où l’objectif d’une théorie scienti!que est de formuler les lois du monde réel, la valeur de vérité d’une théorie scienti!que doit dépendre des caractéristiques du monde réel. Les sciences empiriques se caractérisent par le fait qu’elles portent sur des faits observables, les théories scienti!ques ne doivent donc pas simplement être vraies en vertu de leur signi!cation, leur valeur de vérité doit dépendre des faits observables. Par conséquent, il faut bien contrôler que la théorie est logiquement non nécessaire, a!n de s’assurer que la théorie porte bien sur le monde réel, qu’il s’agit bien d’une théorie empirique.

c) La troisième étape consiste à établir que la théorie est empiriquement pertinente.

Une théorie empiriquement pertinente est une théorie empirique qui permettrait un progrès dans la connaissance. Popper ne donne pas dans ce texte les critères de la pertinence d’une théorie empirique, mais plus loin dans la Logique de la découverte scienti!que, il propose deux critères. Le premier critère est celui de l’universalité : plus une théorie est universelle, c’est-à-dire plus elle rend compte d’un grand nombre de phénomènes différents, plus elle est pertinente. Ce critère est un critère quantitatif dans la mesure où il concerne la quantité de phénomènes expliqués par la théorie. La théorie de Newton est en ce sens une théorie plus universelle que celle de Galilée, car elle permet à la fois d’expliquer les phénomènes expliqués par Galilée (la chute des corps) et d’autres phénomènes (notamment les orbites des planètes). Le deuxième critère est celui de la précision : plus une théorie est précise, c’est-à-dire plus elle explique dans le détail un phénomène, plus elle est pertinente. Ce critère est un critère qualitatif dans la mesure où il concerne la qualité de l’explication d’un phénomène par la théorie. La théorie de la relativité restreinte d’Einstein est en ce sens une théorie plus précse que celle de Newton, car elle explique plus précisément les mouvements des corps (la physique newtonienne ne permet pas de rendre compte de manière aussi précise que la relativité restreinte, du mouvement des corps dont la vitesse est proche de la vitesse de la lumière, même si elle constitue toujours une bonne approximation pour les corps se déplaçant à faible vitesse).

d) La quatrième étape consiste à établir que la théorie est empiriquement valide.

Une théorie empiriquement valide est une théorie con!rmée par l’expérience. Cette con!rmation se traduit selon Popper à la fois par le succès prédictif de la théorie (les conséquences prévues par la théories sont observables dans le cadre d’une expérimentation) et par son succès technique (la théorie rend possible la réalisation d’applications techniques). Le succès prédictif manifeste la maîtrise théorique de l’homme sur la nature (la théorie permet d’anticiper le cours de la nature), tandis que le succès technique manifeste la maîtrise pratique de l’homme sur la nature (la théorie permet d’utiliser les forces de la nature).

Le contrôle de la théorie repose sur des procédures déductives

Popper af!rme que la méthode de contrôle critique des théories ne fait appel à aucune induction, mais repose seulement sur des procédures déductives. En effet, pour établir que la théorie est logiquement possible, il faut montrer que l’on ne peut pas déduire une contradiction à partir des énoncés de la théorie. Pour établir que la théorie est logiquement non nécessaire, il faut montrer que la négation de la théorie est logiquement possible, ce qui revient à montrer que l’on ne peut pas déduire une contradiction à partir de la négation de la théorie. Pour établir qu’une théorie A est empiriquement plus pertinente qu’une théorie B, il faut montrer que l’on peut déduire de la théorie A des conséquences empiriques qui concernent plus de phénomènes et qui sont plus précises que la théorie B. En!n, pour établir qu’une théorie est empiriquement valide, il n’y a pas besoin de faire recours à l’induction. Une théorie empiriquement valide n’est pas une théorie justi!ée par induction à partir de l’expérience. C’est selon Popper une théorie qui parvient pour le moment à résister aux tests expérimentaux. L’expérimentation vise à tester une théorie : si les phénomènes observés dans le cadre de l’expérimentation correspondent aux phénomènes prévus par la théorie, cela ne signi!e pas, selon Popper, que la théorie est vraie, ni même probable. Il n’y a pas besoin de faire une induction à partir d’un grand nombre de résultats expérimentaux. À partir du succès prédictif et du succès technique de la théorie, on ne peut selon Popper en inférer la vérité ou même la probabilité de la théorie, car cette inférence ferait appel à une procédure inductive dont Popper a déjà critiqué les fondements. En revanche, on peut à partir d’un échec en inférer la fausseté de la théorie, et cela de manière purement déductive. En effet, si la théorie T prévoit que la conséquence C va se

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produire, et si la conséquence C ne se produit pas, alors on peut en déduire que la théorie T est fausse par un raisonnement logique que l’on appelle modus tollens. La forme logique de ce raisonnement est la suivante : si T, alors C, or non-C, donc non-T. Dans le cas où la théorie fait une telle prédiction fausse, la théorie est dite falsi!ée, réfutée par l’expérience. On ne peut pas prouver à partir de l’expérience qu’une théorie est vraie, mais on peut prouver à partir de l’expérience qu’une théorie est fausse. Une théorie empiriquement valide sera alors pour Popper une théorie que l’on a essayé de réfuter par l’expérience, mais qui n’est pas encore réfutée par l’expérience. Par conséquent, pour savoir si une théorie est empiriquement valide, il n’y a pas besoin de faire appel à une procédure inductive, il faut mettre en place des expérimentations pour chaque conséquence empirique de la théorie et examiner si l’on peut déduire, ou non, à partir des résultats expérimentaux la fausseté de la théorie.

Pourquoi parler de « décision » à propos des résultats expérimentaux ?

La quatrième étape de la méthode de contrôle critique des théories consiste à mettre en place des dispositifs expérimentaux pour tester la théorie. L’expérimentation vise à provoquer un phénomène pour l’observer dans des conditions idéales. Le scienti!que cherche à déterminer s’il est effectivement possible d’observer l’un des phénomènes prévus par la théorie. À l’issue de l’expérience, le scienti!que obtient des résultats expérimentaux qui devraient par eux-mêmes pouvoir con!rmer ou réfuter la théorie. Or Popper parle à propos de ces résultats expérimentaux d’une « décision » à prendre. Le scienti!que doit décider si les résultats expérimentaux con!rment ou réfutent la théorie. Voilà qui semble surprenant ! Les résultats expérimentaux ne parlent-ils pas d’eux-même ? Dans quelle mesure peut-il y avoir une décision à prendre ?La décision dont parle Popper ne concerne pas le fait même que les résultats expérimentaux con!rment ou réfutent la théorie, mais signi!e plutôt le fait que les scienti!que décident d’accorder à certains résultats expérimentaux une valeur. Pour Popper il s’agit là d’une pure décision. La base empirique de la science (les résultats expérimentaux) se constitue par la décision des scienti!ques d’accepter certains résultats d’expérience.

Le falsi!cationisme

Si une théorie se soumet avec succès à la méthode de contrôle critique, il est justi!é selon Popper de l’accepter. Mais cette acceptation n’a qu’un caractère provisoire. Même si la théorie a passé avec succès plusieurs tests expérimentaux, on ne peut en inférer la vérité ou même la probabilité de cette théorie. Il est toujours possible que des tests expérimentaux futurs prouvent la fausseté de cette théorie. Et les résultats expérimentaux eux-mêmes doivent être soumis à un contrôle critique et peuvent être remis en question ; ils sont acceptés sur la base d’une décision qui elle aussi n’a qu’un caractère provisoire. Les théories scienti!ques ne constituent donc pas des réponses dé!nitives, certaines et absolues. Les théories empiriquement valides sont seulement des théories non encore réfutées. Une théorie con!rmée par l’expérience est simplement une théorie soumise à des tests qui ne la falsi!ent pas encore.Toutefois Popper ne nie pas que les théories scienti!ques visent la vérité. Popper est un réaliste, il s’oppose à l’instrumentalisme : il ne pense pas que les théories scienti!ques sont de simples instruments destinées à prédire des phénomènes et à produire des applications techniques. Comment est-ce possible alors même qu’il prétend que l’on ne peut jamais prouver par l’expérience qu’une théorie est vraie ou même simplement probable ? Dans quelle mesure le falsi!cationisme de Popper est-il compatible avec le réalisme, avec l’idée que les théories scienti!ques visent la vérité ?Il s’agit là d’une question dif!cile et les interprètes de Popper ne sont pas tous d’accord sur la possibilité d’une compatibilité entre le falsi!cationisme et le réalisme. Nous allons défendre ici que le falsi!cationisme et le réalisme sont compatibles. Nous allons en ce sens montrer que la méthode de contrôle critique des théories, qui est au fondement du falsi!cationisme, permet de sélectionner les théories qui se rapprochent le plus de la vérité. Mais que signi!e l’idée qu’une théorie A se rapproche plus de la vérité qu’une théorie B ? L’idée est la suivante : pour chaque théorie, on associe l'ensemble des mondes possibles qui sont compatibles avec la vérité de la théorie. La théorie qui est absolument vraie est la théorie à laquelle est associé l'ensemble qui ne contient que le monde réel. On se rend compte alors que si l’on désire que les théories se rapprochent le plus de la vérité, il faut sélectionner des théories auxquelles sont associées le moins de monde possible (car la théorie la plus proche de la vérité ne contient qu’un seul monde : le monde réel) et des théories qui contiennent des mondes qui ressemblent le plus possible au monde réel. Or, plus une théorie est empiriquement pertinente, plus elle est précise et plus elle explique un grand nombre de phénomènes, par conséquent, plus une théorie est empiriquement pertinente, moins il y a de mondes possibles qui sont compatibles avec la vérité de cette théorie. Le critère de la pertinence empirique permet donc de sélectionner des théories auxquelles sont associées le moins de monde possible. D’autre part, plus une théorie est empiriquement valide, plus les mondes possibles qui sont compatibles avec la vérité de la théorie doivent ressembler au monde réel. Par conséquent le critère de la validité empirique permet de sélectionner des théories qui contiennent des mondes qui ressemblent le plus possible au monde réel. Nous pouvons donc af!rmer que la méthode de contrôle critique, qui est au fondement du falsi!cationisme, permet de sélectionner les théories qui se rapprochent le plus de la vérité. Le falsi!cationisme et le réalisme sont bel et bien compatibles. La science n’est donc pas simplement une succession d’erreurs, elle représente un progrès de la connaissance et une meilleure approximation de la vérité.

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Popper caractérise en dé!nitive la science ainsi : 1°) la science est une tentative de résolution de problèmes (cf. plus haut, texte 3, « Deux moments constitutifs de l’activité du scienti!que »), 2°) dont le caractère scienti!que réside dans le fait qu’elle soumet ses réponses à une méthode de contrôle critique, et notamment à des tests empiriques 3°) qui ne peuvent pas prouver que la théorie est vraie (cf. l’analyse et la critique de l’inductivisme dans les textes 1 et 2), mais 4°) qui peuvent prouver qu’une théorie est fausse. Par conséquent, 5°) la science ne peut prétendre fournir des réponses dé!nitives, certaines et absolues, 6°) mais il est possible de distinguer, parmi les théories, celles qui se rapprochent le plus de la vérité.

PLAN DU TEXTE

a) Première partie (premier paragraphe et début du deuxième paragraphe jusqu’à « … application technique pratique »)

Popper expose les quatre étapes de la méthode de contrôle critique des théories.

b) Deuxième partie (suite du deuxième paragraphe)

Popper af!rme que la méthode de contrôle critique des théories ne fait pas appel à l’induction mais repose sur des procédures déductives.

c) Troisième partie (troisième et quatrième paragraphe)

Si une théorie se soumet avec succès à la méthode de contrôle critique des théories, il est justi!é de l’accepter de manière provisoire, mais cela ne signi!e pas qu’elle est une théorie vraie ou même probable. Cette idée est au fondement de ce qu’on appelle le falsi!cationisme.Remarques : Exposez ici au moins le problème de la compatibilité entre le falsi!cationisme de Popper et son réalisme. La résolution, dans le détail, du problème est dif!cile, mais vous pouvez essayer d’en dégager l’idée directrice.