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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 84 e année - Hebdomadaire 3136 - 17 octobre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 Brunor : Le début d’une enquête interdite Louis et Zélie Martin La sainteté ordinaire FRANCE Catholique

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84e année - Hebdomadaire n° 3136 - 17 octobre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 €

Brunor :Le débutd’une enquêteinterdite

Louis et Zélie Martin

La sainteté ordinaire

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

MONDEPRIX NOBEL: Le Prix de physique a été attribué le 7 octobre à un Américain et deux Japonais pour leurs travaux sur la physique des particules. Celui de chimie le 8 octobre à deux Américains et un Japonais pour leurs travaux sur les protéines fluo-rescentes. Le Nobel de la Paix est revenu le 10 octobre à l’ancien président finlan-dais Martti Ahtisaari pour les médiations qu’il a menées à travers le monde. Le prix Nobel de médecine 2008 a récompensé le 6 octobre les travaux de deux Français, Françoise Barré et Luc Montagnier, sur le sida et ceux d’un Allemand, Harald zur Hausen, sur le cancer de l’utérus. Le Nobel de littérature est revenu le 8 octobre à Jean-Marie Le Clézio, premier écri-vain français à obtenir cette distinc-tion depuis Gao Xingjian en 2000 et surtout Claude Simon en 1985.POLLutION : Des experts venus de toute l’Europe se sont réunis le 7 octobre à Paris pour améliorer la lutte devenue urgente contre les trafics internationaux de déchets toxiques.RuSSIE : C’est sur les bords du Léman que Nicolas Sarkozy a rencontré le président Medvedev lors d’une conférence interna-tionale le 8 octobre à Évian ; ce dernier désire restaurer la confiance des inves-tisseurs étrangers qui ont retiré 10 à 15 milliards d’euros de la bourse de Moscou depuis le début du conflit avec la Géorgie ; il a présenté un projet de « traité de sécu-rité de l’Europe ».AutRIchE : Le leader d’extrême-droite Jorg Haider s’est tué le 10 octobre dans un acci-dent de voiture ; il était âgé de 58 ans.cORéE : Les États-Unis ont retiré le 11 octobre la Corée du Nord de la liste des pays soutenant le terrorisme après un accord sur la procédure de vérification de son programme nucléaire.

FRANcEécONOMIE : Selon les prévisions de crois-sance du FMI publiées le 8 octobre, le PIB de la France ne progresserait que de 0,8% cette année et de 0,2% en 2009. L’inflation moyenne atteindrait 3,4% en 2008 et 1,6% l’an prochain. Le taux de chômage remon-terait à 7,7% en 2008 et 8,3% en 2009.BOuRSE : Le CAC 40 a battu un nouveau record de chute depuis sa création : 9% le 6 octobre et 22% sur l’ensemble de la semaine.

POLItIquE : à un mois du congrès de Reims, l’effondrement des marchés donne une nouvelle visibilité à l’aile gauche du parti socialiste ; dans un texte unique, elle réclame une relance économique euro-péenne et des restrictions au libre-échange. Certains se disent favorables au report du

congrès, les motions présentées ne tenant pas compte des conséquences de la crise.cOMMéMORAtION : Cinquante ans après la rencontre historique entre de Gaulle et Adenauer, N. Sarkozy et A. Merkel ont inau-guré le 11 octobre à Colombey-les-Deux-Églises le mémorial Charles de Gaulle.cuLtuRE : Le Centquatre ou « 104 », fleuron de la politique culturelle de la municipa-lité parisienne, a ouvert ses portes le 10 octobre après deux ans de travaux pour un coût de 104 millions ; il s’agit d’un passage ouvert sur l’art contemporain entre la rue d’Aubervilliers et la rue Curial dans le XIXe

arrondissement.FIScALIté : Le maire de Paris a reconnu le 7 octobre qu’une augmentation des impôts locaux de 9% aurait lieu l’an prochain ; à cela s’ajoutera la création en 2009 d’une nouvelle taxe foncière départementale de 3%.Au plan national, l’hypothèse d’une amnis-tie fiscale pour les capitaux rapatriés en France a été jugée inopportune le 10 oc- tobre par le président Sarkozy.ENVIRONNEMENt : Le projet de loi sur le Grenelle de l’environnement examiné à l’Assemblée depuis le 8 octobre est encadré par les députés UMP qui ont écarté une extension des bonus-malus coûteuse pour les finances publiques et une fiscalité éco-logique pesant sur les ménages.SANté : Le vaccin contre la grippe saison-nière est en pharmacie depuis le 9 octobre avec pour cibles environ 9 millions de per-sonnes invitées à l’utiliser gratuitement.PARAchutES DORéS : Le Medef a dévoilé le 6 octobre ses propositions pour l’enca-

drement des rémunérations des dirigeants ; proposition phare, l’indemnité de départ d’un patron ne serait possible que si la performance de l’entreprise est jugée satis-faisante ; elle ne pourra excéder deux ans de rémunération ; quant aux stocks-options, elles devront bénéficier à tous les salariés ; mais le plafonnement des salaires et indem-nités des dirigeants n’est pas envisagé. Si les entreprises n’adoptent pas ces recomman-

dations d’ici la fin de l’année, le gouver-nement les imposera par la loi.JuStIcE : Le parquet de Paris a requis

le 7 octobre le renvoi de Dominique de Villepin en correctionnelle pour complicité de dénonciation calom-nieuse dans l’affaire Clearstream ; plusieurs députés UMP ont dénon-cé un acharnement contre l’ancien Premier ministre.Les policiers de la Sûreté de Marseille ont saisi le 9 octobre 17 000 euros

en fausses coupures de 20, 50 et 100 dans un appartement de Miramas ; c’est la plus grosse affaire de fausse monnaie des dernières années.DIScRIMINAtIONS : La Haute autorité de lutte contre les discriminations a validé l’exclusion d’une femme immigrée entière-ment voilée qui prenait des cours de fran-çais dans le cadre de son intégration ; les professeurs estimaient que le voile intégral entrave le bon apprentissage de la langue. Le Conseil d’Etat avait ouvert une brèche en juin dernier en refusant la naturalisation d’une Marocaine portant la burqa.IMMOBILIER : à Paris, les ventes d’ap-partements anciens ont baissé de 10% au deuxième trimestre et les prix de 3%. Dans un rapport publié le 9 octobre, le Conseil d’analyse économique recom- mande le développement de l’hypothèque pour loger les classes moyennes ; il s’agirait d’opter pour un modèle de crédit hybride dans lequel seraient prises en compte la solvabilité de l’emprunteur et la valeur du bien acquis.tRAVAIL : Le gouvernement a réaffirmé le 12 octobre sa volonté d’assouplir la législation sur le travail du dimanche ; un projet de loi devrait être débattu d’ici la fin de l’année.égLISE : Narcisse de Jésus Martillo y Moran (1832-1869), laïque équatorienne, et Marie-Bernarde Bütler (1848-1924), vierge, fondatrice de la Congrégation des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie Auxiliatrice, longtemps missionnaire en Equateur et en Colombie, ont été cano-nisées le 12 octobre par Benoît XV

J.L.

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SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 CRISE FINANCIERE La réponse européenne Alice Tulle

5 AFRIQUE L'Angolagate Yves La Marck

6 SCIENCES Du médecin au devin Tugdual Derville

DOSSIER 10 LOUIS ET ZÉLIE MARTIN Les saints de l'ordinaire Hélène Mongin

13 La fille de ses parents Gérard Leclerc

ESPRIT 8 EN MÉMOIRE DES jOURS Le monde au défi Robert Masson

16 LECTURES 29e dimanche ordinaire Mgr Mansour Labaky

17 B.D. Saint Benoît, l'âme de l'Europe 6/44 Noël Gloesner-Monique Amiel

19 B.D. La Question interdite 1 à 7 Brunor

MAGAZINE 26 LETTRES Redécouvrir Henri Ghéon Georges Daix

28 DÉBATS La crise, le marché... Jacques Garello...

29 CINÉMA "Tokyo !", "Course à la mort""Le crime est notre affaire",

"Coluche, l'histoire d'un mec" Marie-Lorraine Roussel - Marie-Christine Renaud d'André

30 MUSIQUE Le Palais Royal Jean-Philippe Sarcos / François-Xavier Lacroux

32 ExPOSITIONS Georges Rouault Alain Solari

34 THEâTRE "Alouette", "Chorals amateurs" Pierre François

35 TÉLÉvISION "Françoise Dolto","Guy Môquet" "Deux vies plus une", "L'enquête corse" Marie-Christine Renaud d’André

36 TÉLÉvISION votre début de soirée M.-C. d'A.

38 BLOC-NOTES vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

CouveRTuRe© Conception graphique Louis-vincent Lejeune

© Pèlerinage de Lisieux

ÉDITORIAL

FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 3

Le synode des évêques qui se tient à Rome, en ce moment, sur la Parole de Dieu, devrait retenir l'attention passionnée de tous les membres de l'Église. D'ailleurs les échos des échanges, qui nous parviennent, nous donnent une idée tout à fait précise de l'objet des discussions. Les évêques

ont, incontestablement, un souci prioritairement pastoral. Il leur importe d'abord de vérifier si la Parole de Dieu est fidèlement transmise dans toutes les cultures du monde. et, sur ce point, on a la surprise de constater que si la Bible est bien l'ouvrage le plus répandu de la planète, il n'a pas encore été complètement traduit dans toutes les langues en usage. Mgr vincenzo Paplea, président de la Fédération biblique catholique, a ainsi démontré que la Bible n'est intégralement traduite que dans 480 des 6 000 langues parlées (1 168 pour le Nouveau Testament). Sans doute s'agit-il d'idiomes très minoritaires, dépassés par les systèmes modernes de communication. Mais l'évangélisation suppose une totale inculturation de la Parole de Dieu, qui ne saurait demeurer étrangère à la plus infime réalité anthropolo-gique.

Le synode est aussi l'occasion de revenir sur un des textes les plus importants de vatican II, souvent complète-ment ignoré de la masse des fidèles. Peut-être trouverait-on là une des causes essentielles du défaut de Transmission de l'enseignement du Concile. Trop souvent, on a réduit cet événement essentiel à l'af-frontement d'une majorité et d'une minorité, elles-mêmes ramenées à des catégories idéologiques (le progressisme et le conservatisme), alors qu'il y avait des lectures autrement pertinentes du labeur conciliaire et des textes unanimement approuvés par les Pères. Le génie de vatican II consiste précisément dans le dépassement des oppositions binaires par un approfondissement doctrinal rendu possible par un recours à la grande Tradition de l'Église. Ainsi, la constitution Dei Verbum permit-elle de se libérer de la séparation que l'on faisait entre l'Écriture et la Tradition, conçues comme deux sources distinctes de la Révélation.

Benoît XvI, dans sa conférence des Bernardins, avait montré comment « la méditation et l'interprétation de la Parole sont néces-sairement liées aux communautés successives qui ont reçu le texte biblique ». Certains de nos amis protestants ont acquiescé à ces propos du Pape, reconnaissant que les oppositions du temps de la Réforme « n'étaient plus d'actualité ». on peut espérer que, dans cette logique, le synode progresse vers une meilleure transmission d'une Parole reçue par la communauté des croyants. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

Importancedu synode

par Gérard LECLERC

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Toute la semaine bour-sière, du lundi 6 au vendredi 10 octobre, fut catastrophique : chutes abyssales,

vent de panique. Pourtant, toutes les organisations internationales, européennes et mondiales, sont mobilisées et les réunions se sont multi-pliées pendant la première quinzaine de ce mois. Or l’addition des séances de concertation et de déclara-tions solennelles crée une impression de confusion qui ne porte pas à l’optimisme.

On y verra plus clair si l’on observe la répartition du « travail » qui s’est faite entre les organisations internatio-nales et les gouvernements nationaux. Les premières ont pour objectif de rassu-rer les places financières et les épargnants : par divers signes et messages il faut tenter d’éviter que les dépo-sants ne retirent massivement leur argent des banques. Les États nationaux et leur Banque centrale ont, quant à eux, des mesures immédiates et concrè-tes à prendre pour sauver les banques menacées de faillite et garantir hic et nunc la circulation de la monnaie et la distribution du crédit.

Sur le plan international, nous avons ainsi assisté à trois réunions de première impor-tance : - Le 4 octobre à Paris, réunion

du G4, c’est-à-dire des quatre pays européens qui sont membres du club mondial – le G8 – qui réunit les pays les plus puissants de la planète. Cette réunion a été décevante : la nécessité de la concertation a été proclamée haut et fort mais la chancelière allemande a pris dès le lendemain des

mesures spécifiques desti-nées à garantir les épargnants allemands et les Espagnols, furieux de ne pas avoir été invités, ont déclaré que cette réunion parisienne avait été un « fiasco ». Les apparences ont été cependant sauvées car la France a accepté de ne pas lancer l’idée d’un plan de sauvetage européen qui était récusé dans son principe par Angela Merkel. - Le 10 octobre à Washington, la réunion des ministres des finances et des banques

centrales du G7 (les Russes membres du G8 n’étaient pas invités) a abouti à des réso-lutions de principe qui enté-rinent des actions en cours : injections de liquidités par les banques centrales, protection des banques, garantie de la sécurité des dépôts et surtout nationalisation des établis-

sements financiers en diffi-culté. La veille, les principales banques centrales à l’exception du Japon (États-Unis, Grande-Bretagne, Suisse, Banque centrale européenne...) avaient abaissé leurs taux directeurs d’un commun accord – sans calmer la tempête boursière. - le 12 octobre à Paris, la réunion de l ’Eurogroupe – au tre ment dit les pays-membres de la zone euro. La déclaration finale a réaffirmé la nécessité de se concerter, d’assurer le fonctionnement

normal des banques – au besoin en les recapitalisant -, d’assou-plir les règles comptables et surtout de créer une sorte de cellule de crise pour « renfor-cer les procédures permettant l'échange d'informations entre nos gouvernements ». Cette nouvelle structure provisoire réunira « le Président en exer-cice du Conseil européen, le Président de la Commission, le Président de la Banque cen trale européenne et le Président de l'Eurogroupe» si

le Conseil européen entérine cette proposition.

Ces réunions ont leur im portance mais elles créent un processus de concertation complexe et insatisfaisant : par exemple, la Grande-Bretagne est membre du G7 mais pas de l’Eurogroupe ; l’Espagne ne fait pas partie du G7 mais participe à l’Euro-goupe.

Il faut surtout souligner que ce sont les banques cen trales nationales (et la Banque centrale européenne) et les États nationaux qui

prennent les décisions les plus concrètes et les plus rapides sans concertation avec l ’ensemble de leurs partenaires : les Anglais ont nationalisé la banque Bradford and Bingley, les Belges et les Néerlandais la banque Fortis, l'État fédéral allemand natio-nalise la banque privée Hypo Real Estate, les Belges et les Français se sont entendus pour sauver Dexia, les Américains sont également engagés dans une politique de nationalisa-tions.

Dans le chaos de la crise, on commence à percevoir une logique... n

ACTUALITÉCRISE FINANCIÈRE

Garantir la circulation de la monnaie et la distribution du crédit

4 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

par Alice TULLE

(

Face à la crise financière, les pays-membres de l’Union européenne proclament résolument leur unité mais continuent de prendre des mesures en ordre dispersé.

Réponse européenne

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La france traîne un certain nombre d’af-faires qui, pour ce qui concerne l’Afri-que, remontent à une

quinzaine d’années, au temps de la fin du mandat du prési-dent Mitterrand et de la coha-bitation avec le gouvernement d'Édouard Balladur : l’une est le Rwanda dont on ne voit pas la fin ; l’autre l’Angola dont le procès ouvert le 6 Octobre devant les magistrats de la 11e

chambre correctionnelle de Paris devrait durer six mois.

Le gouvernement ango-lais, de tendance marxiste, indépendant depuis 1975, avait été aidé depuis cette date jusqu’en 1991 par l’ar-mée cubaine. Confronté, après le départ de celle-ci, à une nouvelle offensive de l’opposition armée de l’UNITA de Jonas Savimbi (qui sera tué en 2002), le président Dos Santos (au pouvoir depuis 1979) s’était tourné vers la France dès 1992. Entre temps, le gouverne-ment en France avait changé de mains (en avril 1993) et s’opposait à toute livraison d’armes. Certains membres du nouveau gouvernement, dont le mi nistre de la Défense, François Léo tard, passait pour plutôt favorables à Savimbi. C’est dans ces conditions qu’une filière compliquée fut montée pour faire parve-nir des armes à Luanda par l’homme d’affaires Pierre Falcone, principal accusé. Le président Dos Santos put ainsi rétablir la situation en sa faveur.

Aujourd’hui, quinze ans après les faits, la France tient une place de choix en Angola, second producteur de pétrole africain après le Nigéria. Total y réalise le tiers de l’exploita-tion. Le président Sarkozy, qui s’est déjà rendu à Luanda en mai dernier, voudrait pouvoir conforter les relations entre les deux pays.

Mais les magistrats n’en ont cure, tant d’irrégularités étant attachées à ce dossier, impli-quant des ré seaux de relations, à tous niveaux, dans tous les milieux, tant à droite qu’à gauche. La diplomatie fran-çaise voudrait bien que les deux aspects soient disjoints : les accusations de corrup-tion en France et la relation franco-angolaise. Sans aller jusqu’à parler comme un de

nos confrères de « chemin de croix », il faut dire que nos diplomates à l’étranger peinent à suivre les méandres des instructions de la justice française. On l’a vu au Rwanda, mais c’est aussi le cas de la Libye, du Congo, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de Djibouti, du Gabon,

du Tchad

(arche de Zoé)... À croire que toute l’Afrique passe en juge-ment à Paris.

L’Afrique ou les Français en Afrique ? Si la justice fran-çaise s’en mêle, c’est que les relations de Français, le plus souvent non officiels, avec l’Afrique sont délictueuses au regard du droit français. C’est aussi que trop souvent nos propres dirigeants ne savent pas trop ce qu’ils veulent.

Le Quai d’Orsay, à l’époque (93-95) sous Alain Juppé, était pris en tenaille entre l’Ély-sée qui, sous un Mitterrand luttant contre la maladie, avait accumulé déjà douze années d’habi tudes, d’amitiés ou de réseaux, d’autres liens noués par exemple autour de Charles Pasqua, et la volonté plus ou moins d’abandon mani festée par Édouard Balladur. Comment démê-ler un pareil écheveau ? Les magistrats vont s’y employer. Le risque est que l’on projette sur la réalité d’aujourd’hui les pratiques de ce passé que l’on veut croire révolu. Il ne faudrait pas que l’avenir de nos relations soit hypothé-qué par des révélations qui ne manqueront pas d’être sulfureuses.

A la condition toutefois que, désormais, l’on soit sûr qu’une ligne est fixée, qu’elle est légitime, comprise de tous, sur des règles de jeux claires et transparentes. Le pouvoir exécutif donne encore trop souvent à l’opinion l’image qu’il cède à des diktats émanant de chefs d’État étrangers ou qu’il cherche à couvrir des amis ou des inté-rêts particuliers. Un effort d’explication est plus que jamais nécessaire. Elle ne peut pas être que mercantile, par exemple, comme en Angola, parce qu’il y a du pétrole et que les Chinois en ont fait leur plaque tournante en Afrique. Nous avons aussi besoin d’un discours politique, de droit, de paix et de générosité. n

ACTUALITÉ

par Yves LA MARCK

AngolagateAFRIQUE

FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 5

)à croire que toute l'Afrique passe en jugement à Paris

Un grand procès de ventes d’armes et de trafics d’influence met en cause la cohérence de notre politique étrangère.

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Est-ce une réponse au vœu élyséen de popu­lariser la bioéthique ? Devenu président de la Cité des Sciences et de

l’Industrie, l’ancien mi nistre de la Recherche François d’Aubert lance une exposition sur « l’ex­plosion » de la médecine prédic­tive. L’événement précède les États généraux de la bioéthique prévus début 2009.

Avec la médecine prédic­tive, il ne s’agit plus de diag­nostiquer pour soigner, mais d’alerter pour prédire. Pour le meilleur ou pour le pire ? Cette mutation va­t­elle ébranler l’humanité ? La question est sérieuse. En France, le concept est déjà à l’œuvre, au travers du diagnostic préimplantatoire (DPI). Il permet de déceler chez l’embryon conçu in vitro la présence des gènes d’affections évolutives comme la myopathie ou la mucoviscidose. En ce cas, la loi autorise, depuis 1999, à trier les embryons, et à détruire ceux qui seront malades.

Le diagnostic prénatal est bénéfique, en termes de préven­tion, s’il permet, par exem­ple, de détecter une anomalie car diaque du fœtus nécessitant une intervention chirurgicale précoce. Mais, de plus en plus, il vise à éliminer le patient dès la détection anténatale de sa maladie. Cet eugénisme s’ex­prime surtout dans la para­doxale tentative d’éradiquer,

par l’avortement, des pathologies comme la trisomie 21 ou le spina­bifida. Sept mille fœtus en sont vic times chaque année. Est­ce par manque d'avocats pour ces victimes ? Un quasi­consensus s’est établi autour de cette pratique.

La terrible chorée d’Huntington est l’af­fection emblématique des enjeux actuels de la médecine prédictive car elle se déclare au milieu de la vie tout en restant incurable. Est­ce une raison pour empêcher de naître les embryons qui en sont mena­cés ? Test génétique, imagerie médicale… les progrès diagnos­tics n’en finissent pas de poser de nouveaux dilemmes.

C’est le cas pour l’annonce de simples prédispositions à contracter une maladie. En 2006, une équipe de Strasbourg a fait scandale en ajoutant à la liste des affections susceptibles de légitimer un tri embryonnaire certains cancers héréditaires, dits « familiaux », dont on n’est pas certain qu’ils se développe­ront. Faut­il provoquer la pani­que, peut­être inutilement ? Et quand s’arrêter dans la course à l’homme « sans défaut » ?

D’autant que la prédisposi­tion génétique n’entre que pour une faible part dans le risque

de c e r t a i ne s p a t h o l o g i e s r e c h e r c h é e s . Mais, pour le cancer du sein, on a identifié un gène indi­quant un risque de 65%. Certes, d’autres facteurs comme l ’ âge d’une première g rossesse ou l’activité physi­que ont aussi un impact en termes de menace ou de

protection. Mais il est essentiel de « savoir », dès lors que cela permet de soigner pour guérir. Quand la médecine prédictive ne joue plus le seul rôle d’oiseau de mauvais augure, elle est plus que salutaire.

En revanche, les consul­tations génétiques constatent qu’une faible part des person­nes concernées par la chorée d’Hun tington vont jusqu’au bout des démarches diagnosti­ques. Et qui aimerait vraiment savoir par avance sa prédisposi­tion à l’Alzheimer ? Sans comp­ter qu’entre l’annonce d’un risque génétique et la survenue éventuelle de la maladie, il peut y avoir des progrès thérapeu­tiques. Entre­temps, ce qu’on nomme des « surdiagnostics » peut in citer, dans l’affolement, à des suicides ou à des traite­ments inutiles ou dangereux.

Les praticiens se montrent par conséquent circonspects devant l’explosion de l’offre des tests génétiques à dispo­sition sur Internet, ne serait­ce qu’en raison de leur fiabilité douteuse.

Sans­doute n’arrête­t­on pas le progrès. La technolo­gie vend toutefois aux êtres humains de quoi nourrir des angoisses régressives. Car, para­doxalement, la toute­puissance dans laquelle la connaissance de l’avenir semblait projeter l’indi­vidu peut le laisser impuissant et passif, noyé dans la fatalité. On se rassurera peut­être en notant que, par essence « la vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible » selon le mot de Woody Allen.

Il reste que des dérives tota­litaires menacent. La suppres­sion de millions de fœtus de sexe féminin chaque année en Asie est déjà liée à l’emballe­ment des pratiques diagnos­tiques. Et si la graphologie aide une entreprise à recruter le bon profil, que fera­t­elle de la médecine prédictive ? Les auteurs de science­fiction ont déjà imaginé des sociétés où la carte génétique balaierait tout idéal d’égalité voire de liberté (cf. le film américain de 1998 : « Bienvenue à Gattaca »).

Faut­il alors se réjouir ou s’atterrer de découvrir, à la Villette, qu’aux États­Unis 3 % des cliniques pratiquant le DPI l’auraient déjà utilisé pour trans­mettre le handicap ? Pied de nez au meilleur des mondes, des parents souffrant de nanisme ou de surdité réclamaient des enfants ayant les mêmes affec­tions. Ils auraient fait éliminer les « bien portants ». n

ACTUALITÉSCIENCES

Quand s'arrêter dans la courseà l'homme « sans défaut » ?

6 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

par Tugdual DERVILLE

(

La « médecine prédictive » s’expose jusqu’en février à la Cité des sciences de La Villette. Un concept et une pratique en pleine évolution.

Du médecin au devin

œuvre de christian Globensky / silhouette Génétique

© csi / sophie chivet

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En mémoire des jours

L 'histoire, dont le cours est incertain, nous réserve décidément

bien des surprises en ce temps où les banqueroutes se font menaçantes en des lieux où en surplus on ne s'y attendait pas. La puis­sante Amérique pour com­mencer.

Remonte à la mé moire le souvenir d'une faillite qui avait ébranlé tout le devenir du monde. C'était déjà un choc f i nancier d'une ampleur jus qu'alors inconnue. On ne parlait pas encore d'une mon­dialisation, mais il y avait bien quelque chose de cela dans cet ébranlement généralisé dont l'onde de choc ne de vait pas se limi­ter au continent américain. On était en 1929, sombre époque qu'on ne peut évo­quer sans une certaine an goisse.

Ainsi donc pouvait se produire dans nos sociétés ce qu'on pouvait tenir pour une panne de civilisation. Le chômage, ce chancre d'ordre social, prit les pro­

portions d'un fléau, avec toutes ses conséquences et pour tout le monde.

Dans une Allemagne mal remise de sa défaite, on connut le pire. Avec ces mouvements de dépression qui faussaient les rapports les plus élémentaires.

Il n'est pas si étonnant que nos peurs ac tuelles ravivent le souvenir de ce que l'on avait alors connu et qui était plus qu'une crise, comme une malédiction ancestrale. Le monde évidemment a bien changé sous le signe de progrès qui sont d'une ampleur telle que nos envi­ronnements sont devenus méconnaissables. C'est là toute la différence avec cet hier dramatique que l'on croyait avoir conjuré vu les capacités dont nous nous sommes montrés capables. Il n'empêche que nos pouvoirs actuels semblent devoir trouver leurs limites.

Ce n'est pas l'argent qui nous manque, mais son emploi qui est loin d'être équitable. On avait sans doute un peu vite pris son parti de distorsions de revenus qui sont un signe de grave dé sordre. L'argent n'est plus un serviteur mais une sorte de souverain maléfique qui ramène tout à lui sans autres justifica­tions que d'assurer, à ceux qui en ont, des moyens toujours plus grands.

Les épisodes récents des indemnités de départ de grands managers sont

révélateurs de cette insa­tiable prétention. La stu­peur de l'opinion devant les chiffres évoqués montre bien qu'elle n'est pas prête à accepter et encore moins à comprendre de pareilles prétentions.

Ces scandales sont encore plus criants quand on juge des choses à l'échelle du monde et pas seulement à la nôtre. Les urgences humani taires en Afrique relèvent en effet de l'insoutenable. Et ce n'est pas sans raison qu'on assiste aujourd'hui à des exodes de la faim. Comment ces populations déshéritées pourraient­elles renoncer à la tenta­tion de frapper à la porte d'un continent qui leur fait face ? Sur l'autre rive, c'est tout qui vient à man­quer. La sorte de panique qui saisit nos respon sables devant la crise financière en paraît presque dérisoire.

Nous sommes, d'une certaine façon, les appren­tis sorciers qui se trouvent dépassés et d'une manière dramatique quand il s'agit de ces choses essen tielles qui manquent à des popu­lations qui auraient des droits équivalents aux nôtres. Personne ne peut se réjouir de cette sorte d'exode qui accentue les déséquilibres de notre uni­vers. Il faut faire face dans l'immédiat sans oublier les nécessités qui se font plus pressantes avec le temps. C'est du souci de l'homme dont il s'agit.

Que peuvent son­ger tous ces malheureux, qui par des embarcations entières essaient d'at­teindre nos côtes, quand ils apprennent la valse incroyable de disponi bilités financières annoncées, qui dépassent la capacité ordi­naire de nos évaluations.

Le seul bénéfice, si l'on peut dire, de la crise actuelle, c'est de révéler le désarroi de ceux qui sont en charge de notre univers. L'évidence est qu'il se fait bien tard à l'horloge de nos nécessités les plus élémen­taires. On est loin d'y faire face. à preuve ce retour en force que semble faire à la porte de nos besoins élé­mentaires ce qu'on appelle des chômeurs.

Nous sommes donc loin de maîtriser ces réalités qui s'imposent à nouveau. 1929, c'est bien loin et tout proche encore. Et qui ne se souvient des fu nestes consé quences politiques de ce réel humain qui devait conduire jusqu'au pire ? à ce moment­là, et sans qu'on y prît garde, il y avait un dénommé Hitler auquel on ne sut pas faire échec quand il en aurait été temps.

Il y a d'étranges impuis­sances qui ont la force d'un aveu. Le progrès tech­nique et ses prouesses ne suffisent pas à tout. C'est notre monde qu'il faut rendre plus équitable. Vaste ambition qui est la véritable mesure des défis de l'heure. n

Le mondeau défi

ParRobert Masson

8 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

ESPRIT

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Louis Martin et Zélie Guérin naissent en 1823 et 1831 dans deux familles de militaires catholiques qui viennent prendre leur retraite dans la petite ville normande d’Alençon. Tous deux sont élevés dans la foi et dès leur jeu-nesse désirent vouer leur vie au Sei-

gneur. Les monastères où ils demandent à être admis sont révélateurs de leur caractère : Louis, jeune homme contemplatif pétri de la sensibilité romantique de son époque désire rejoindre les chanoines du Grand-Saint-Bernard, monastère alpin où les frères partagent leur temps entre prière et sauvetage en montagne ; Zélie, jeune femme active et généreuse, brigue l’habit des Filles de la Charité, communauté apostolique au service des plus pauvres. Mais c’est à un autre type de don de soi-même que Dieu les appelle, et les supérieurs refusent leur entrée. Louis et Zélie se lancent alors dans l’apprentissage d’un métier, là encore avec un goût commun, celui de l’arti-sanat de précision et de silence : Louis ouvre une horlogerie pendant que Zélie, avec une certaine audace, fonde sa propre entreprise de dentelle de point d’Alençon.

C’est au printemps 1858 que les deux jeunes gens se croisent pour la première fois et très vite, s’aiment : ils se marient le 13 juillet suivant et dé-couvrent la beauté de leur vocation d’époux. Ils se lancent dans la grande aventure de l’accueil de la vie avec pour objectif « d’avoir beaucoup d’enfants, afin de les élever pour le Ciel ». Le Sei-gneur va les prendre au mot car parmi leurs neuf enfants, quatre rejoindront très tôt la Patrie, et les cinq filles restantes deviendront religieuses.

Tout au long de leurs dix-neuf années de ma-riage, l’amour plein de tendresse qu’ils ont l’un pour l’autre ne fait que croître. Peu avant sa mort, Zélie ne supporte même plus d’être séparée de son mari et lui écrit : « Cependant, je me raisonne et tâche de prendre le dessus ; je te suis en esprit toute la journée ; je me dis : « Il fait telle chose en ce moment ». Il me tarde bien d’être auprès de toi, mon cher Louis ; je t’aime de tout mon cœur, et je sens encore redoubler mon affection par la privation que j’éprouve de ta présence ; il me

DOSSIER

Pourquoi l’Église béatifie-t-elle en ce 19 octobre un couple qui, de loin, ressemble à Monsieur et Madame Tout le monde ? Louis et Zélie Martin ne sont ni des consacrés, ni des martyrs, ni des thaumaturges. Petits bourgeois de la France du XIXe, ils ont travaillé dans l’artisanat, élevé leurs enfants, connu les joies et les peines d’une famille ordinaire. Mais avec un but : la sainteté. En lisant Hélène Mongin, licenciée en philosophie qui travaille à l'Office central de Lisieux, et qui a écrit une belle biographie des époux Martin, on aura vite fait de s'incliner devant leur humanité à la fois tendre et héroïque. Leur existence est frappante de modernité. Au milieu des contraintes, des épreuves et des joies ordinaires de la vie familiale, ils nous montrent un chemin extraordinaire. Celui d'une confiance et d'une amitié sans faille avec Dieu toujours premier servi. Nous serons nombreux à Lisieux dimanche prochain pour dire que nous voudrions tenter de nous approcher de cette sainteté-là.

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Les saints de l'ordinaireLOUIS ET ZÉLIE MARTIN

Éditions de l'Emmanuel,

186 pages, 16 e

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serait impossible de vivre éloignée de toi. […] Je t’embrasse comme je t’aime. »

Dans l’éducation de leurs filles, les parents Martin ne se recherchent pas : les enfants sont à leurs yeux un cadeau de Dieu qui ne leur ap-partient pas. Mais si le but est de faire de leurs filles des saintes, la maison familiale n’a rien d’un couvent, comme le comprendront bien les familles nombreuses. C’est de l’Évangile que les parents Martin tirent leurs principes d’éducation, et ils sont pour leur fille un témoi-gnage vivant de l’amour de Dieu.

Louis et Zélie savent qu’ils ne peuvent puiser ailleurs qu’en Lui la charité qui unit leur couple, leur famille et qu’ils répandent à profu-sion autour d’eux : amis, employés, voisins… chacun est accueilli com-me un envoyé de Dieu par ce cou-ple qui ne commence pas la journée sans se rendre à la messe, ponctue son emploi du temps de prières personnelles, familiales ou parois-siales, et s’en remet pour tout à la Vierge. « Dieu premier servi » est la devise Martin. Loin de la sensibilité janséniste qui sévit alors, ils recon-naissent en Dieu un « bon Père » qui veille sur eux et en qui ils peuvent mettre toute leur confiance.

Et cela, même au sein des épreuves dont les époux Martin ne manquent pas. Ils connaissent les difficultés des parents qui travaillent tout en élevant leurs enfants. Le commerce de Zélie prend de l’ampleur et en 187O Louis décide d’abandon-ner son horlogerie pour s’y consacrer. Il s’occupe de l’écoulement de la marchandise pendant que son épouse veille à sa fabrication, employant une petite dizaine d’ouvrières et prenant elle-même bien souvent l’aiguille. Les angoisses des petits chefs d’entreprises soumis aux aléas de la mode et de l’économie ne leur sont pas étrangères mais ils confient leur travail à la Providence qui ne leur fera pas défaut : partis de presque rien les Martin finissent à la tête d’une petite fortune. Ils

choisissent de continuer à vivre dans la simplicité et donnent une large part de leurs bénéfices aux pauvres et à l’Église. « Donne, donne toujours et fais des heureux » écrira Louis à ses filles.

Mais c’est dans la perte de leurs enfants que Louis et Zélie connaissent leurs plus grandes épreuves. De 1867 à 1870, ils enterrent qua-

tre enfants : trois bébés meurent d’entérite et une petite Hélène de cinq ans s’éteint dans les bras de sa mère, brisée. Le père, en dé-couvrant ce triste spectacle, fond en larmes, puis tous deux s’age-nouillent et offrent leur enfant au Seigneur. Au lieu de se révol-ter, les Martin s’abandonnent de plus en plus à la volonté de Dieu et se consolent en se réjouissant du bonheur de leurs petits au Ciel. La mort des enfants n’est pas pour ces parents éprouvés un tabou : leurs « anges » sont des membres bien vivants de la famille, dont on parle, à qui l’on parle, et que l’on fait participer en les priant à la vie familiale, en attendant la joie de les revoir là-haut.

Au sein de toutes ces épreuves, Louis et Zélie approfondissent ce qu’on peut appeler leur spiritualité, qui tend vers le Ciel par deux axes :

l’accueil inconditionnel de la volonté de Dieu qu’ils reconnaissent dans tous les événements de leur vie et l’offrande toujours renouvelée d’eux-mêmes. Car ils savent, comme Benoît XVI le rap-pelle dans son encyclique Spe Salvi, que toute souffrance offerte à Dieu rejoint le sacrifice de la Croix et coopère ainsi au salut des âmes, que les Martin ont toujours à l’esprit. Cette spiritua-lité confiante et oblative n’est-elle pas la base de celle qui, quelques années plus tard, ravivera la flamme de toute l’Église, la petite voie d’enfance de leur fille Thérèse ?

Passée au creuset de la souffrance, Zélie at-teint un sommet d’abandon confiant quand elle apprend, fin 1876, qu’elle va mourir d’un cancer

Les saints de l'ordinaire

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par Hélène Mongin

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12 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

DOSSIERdu sein. Elle offre ses souffrances, terribles, pour Léonie, sa troisième fille dont le caractère très difficile est le plus grand sujet d’inquiétude de ses parents. Léonie, future visitandine qui mourra en odeur de sainteté. Le 28 août 1877, Zélie rejoint son « bon Père », laissant cinq filles, âgées de 4 à 17 ans, et un mari éplorés.

Pour rapprocher ses enfants du frère et de la belle-sœur de Zélie, les Guérin, Louis décide d’em-ménager à Lisieux. Cette famille endeuillée ne se replie pas alors tant sur elle-même que sur Dieu : dans la charmante maison des Buissonnets dont le père est le « roi » adoré, les Martin coulent de paisibles années entre prière, éducation, douces soirées et sorties familiales.

Si Louis et Zélie n’ont jamais pressé leurs filles dans ce sens, l’éducation qu’ils leur ont donnée est propice à l’éclosion de vocations religieuses. L’une après l’autre, les filles Martin vont en- tendre l’appel à se consacrer à Dieu et Louis, nou-vel Abraham déchiré mais heureux va bravement

les offrir au Seigneur. « Le bon Dieu me fait un grand honneur en me demandant tous mes en-fants. Si je possédais quelque chose de mieux, je m’empresserais de lui offrir. »

Ce « quelque chose de mieux », ce sera lui-même : au mois de mai 1888, après s’être rendu sur la tombe de son épouse, Louis se sent appelé à s’offrir à son tour. Dès le mois suivant, il perd pied : une artériosclérose cérébrale et des poussées d’urémie prennent d’assaut ses facultés mentales. Le jour où il se saisit d’un pistolet pour défendre ses filles qu’il croit en danger, sa famille doit se ré-soudre à l’interner en hôpital psychiatrique. Sou-vent lucide, Louis accepte pleinement l’épreuve : « Tout pour la plus grande gloire de Dieu », répète-t-il sans cesse. Au sein de l’hôpital même, il se fixe comme but d’être apôtre auprès des malades, refusant un appartement séparé pour vivre avec les plus pauvres d’entre eux. Il y reste trois ans, pendant lesquels il revient progressivement à un état de très douce enfance. Années d’épreuves pour lui et ses filles, mais témoignage fort pour les chrétiens d’aujourd’hui : la vie en hôpital psy-chiatrique et la perte de ses facultés n’est pas un obstacle à la sainteté. rendu inoffensif par une paralysie des jambes, le vieillard peut retourner chez les siens en 1892 et meurt en paix auprès de sa fille Céline deux ans plus tard.

La sainteté de Louis et Zélie n’est pas celle de l’extraordinaire et du miraculeux : non, comme leur fille Thérèse, ils montrent à l’Église d’aujourd’hui que la sainteté est une grâce et un choix offerts à tous, religieux comme laïc, dans l’épreuve com-me dans la joie, en hôpital psychiatrique comme dans son travail ou en famille. En les donnant pour exemple aux familles du monde entier, l’Église donne une réponse magistrale aux attaques viru-lentes dont la famille est aujourd’hui l’objet : c’est en vivant pleinement, comme les Martin, leur vo-cation à la sainteté que les couples contemporains peuvent trouver bonheur, unité et fécondité. n

Programme de la béatificationdu jeudi 16 au samedi 18 octobre, Triduum :(11h) Messe jeudi et vendredi à la crypte. (À partir de 14h jusqu’à 18h) visites guidées des lieux thérésiens. (15h) Conférence sur la famille Martin à l’amphithéâtre du Centre d’Accueil de la Basilique. (20h30 ) Veillée[Jeudi : visite nocturne en costume d’époque de l’exposition « Histoire d’une famille, Louis et Zélie Martin » à l’église St-Jacques ; Vendredi : veillée de prière au Carmel avec les carmélites, animée par le Service diocésain des Vocations ; Samedi : à la cathédrale St-Pierre, veillée de prière animée par les Pères carmes].

Samedi 18 octobre à Alençon, veille de la béatification(14h) Expositions à la Halle aux Toiles, sur les métiers de Louis et Zélie Martin, objets ayant appartenu à la famille Martin, dont leur médaille de mariage. Ouverture de la chapelle de la Maison natale avec une animation spirituelle. Visite du pavillon de Louis Martin. Accueil au Monastère des Clarisses. (16h15) « La Famille Martin », par Mgr Jean-Claude Boulanger, en l’église St-Pierre de Montsort.(18h) Cérémonie d’ouverture en vue de la béatification, messe présidée par le Cardinal Saraiva Martins en l’église Notre Dame. (21h) « Pour l’Amour de Dieu », spectacle à partir de lettres de Zélie Martin, à l’église Notre-Dame.

Dimanche 19 octobre, à la Basilique de Lisieux,béatification de Louis et Zélie Martinsous la présidence du Cardinal Saraiva Martins (Légat de S.S. le Pape Benoît XVI).(10h) Messe Pontificale à la Basilique retransmise à la Crypte et sur le parvis.(13h30) Visites animées dans les lieux thérésiens. (15h) Spectacle dans la Basilique, évocation de la famille Martin, entrée libre. (16h30) Vêpres solennelles à la Basilique. (20h30) Feu d’artifice sur le parvis de la Basilique.Lundi 20 octobre :(10h) Messe pontificale des Bienheureux Louis et Zélie Martin à la Basilique.(14h) Visite des lieux thérésiens.(15h) Conférence sur la famille Martin à l’amphithéâtre du Centre d’Accueil de la Basilique.(16h) Vêpres à la Basilique. n

Cardinal JoseSaraiva Martins

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FRANCECatholique n°3129 août 2008 11FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 13

Thérèse est le premier témoin irrécu-sable de la sainteté de ses parents : « Le Bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre ». une telle formule,

sous la plume de la « la plus grande sainte des temps modernes » et du dernier en date des docteurs de l'Église, constitue plus qu'une attestation d'amour fi-lial. Elle nous renvoie au secret de cette éton-nante famille qui, plus le temps s'a vance, rayonne d'un éclat qui éclaire et réchauffe le cœur des hommes et des fem-mes du monde entier. D'ailleurs, y a-t-il jamais eu le moindre doute parmi les innombrables fervents de Thérèse ? Tous ceux qui sont entrés dans l'histoire de sa vie savent que tous les dons qu'elle a reçus de la Providence lui ont été transmis par son père et par sa mère, ainsi que par ses sœurs, sans oublier les quatre petits tôt partis pour le Ciel, qui lui furent toujours pré-sents comme intercesseurs de la grâce d'en haut. Dès sa naissance, Thérèse est comme enveloppée d'un climat d'affection qui trouve dans l'amour de Dieu sa force et sa douceur.

Lorsqu'elle commence à rédiger l'histoire de sa vie, elle est en action de grâce devant le ca-deau providentiel que fut sa toute petite enfance. Elle est pleinement libre dans cette évocation.

Elle n'a aucune-ment conscience d'écrire ce qui sera un des best-sellers du vingtième siè-cle. On peut même dire qu'elle se laisse aller au charme de ses souvenirs fa-miliaux, persuadée qu'elle est qu'ils ne toucheront que ses proches. Sa sœur Céline expliquera que si Thérèse n'a pas reculé devant le rappel de cer-tains détails enfan-

tins, c'est qu'elle était convaincue de ne pas sortir « du cercle fraternel ». C'est pourquoi elle cite la correspondance de sa maman, Zélie, qui raconte, au fil de la plume, ce qu'une mère peut livrer des premiers vagissements de ses bébés. Cela a pu paraître déplacé à certains esprits distingués qui, ne pouvant accepter ces enfantillages, ont cru pouvoir nourrir leur réprobation contre la pué-rilité de cette spiritualité dix-neuviémiste. Fort heureusement, d'autres esprits, aussi distingués, ont tout de suite perçu comment ces confidences

Marie à 21 ans,Cliché de 1881.

Marraine de Thérèse,carmélite à Lisieux,

sœur Marie du Sacré-Cœur

Pauline à 21 ans,Cliché de 1882.

Carmélite à Lisieux,Mère Agnès de Jésus

Thérèse à 13 ans,Cliché de 1886.

Carmélite à Lisieux,sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus

et de la Sainte Face

Céline à 20 ans,Cliché de 1889.

Carmélite à Lisieux, sœur genevièvede la Sainte Face

Léonie à 32 ans,Cliché de 1895.

Visitandine à Caen,sœur Françoise-Thérèse

Un monde catholique

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DOSSIER

La fille de ses parents par gérard LECLERC

10 000 personnes sont attendues pour la béatification des époux Martin à Lisieux.

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14 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

DOSSIERspontanées nous introduisaient dans un monde catholique que la morsure du jansénisme n'attei-gnait pas.

Que l'on compare avec certaines pages de Port royal, même celle de la famille admirable de Blaise Pascal, et on saisira la différence. Le Dieu de la famille Martin, d'Alençon et de Lisieux, n'est pas un Dieu de peur et de sévérité. C'est un Dieu d'amour qui donne à l'existence de ceux qui bai-gnent dans le mystère de sa paternité, un goût du bonheur contagieux. Louis et Zélie Martin appor-tent à tous leurs enfants ce goût du bonheur, qui se transmet par le sourire dont Benoît XVI a parlé à Lourdes. Ce savoir qui est celui de la Vierge qui réconfortera la petite fille - « Ce qui me pénétra jusqu'au fond de l'âme ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge ». Même la mort perd sa tona-lité janséniste. Dieu sait si la famille Martin - mais en cela elle subit le lot commun de la mortalité infantile qui exerça ses ravages jusqu'aux décou-vertes de la médecine moderne - n'échappa pas à cette douleur lancinante de la disparition des tout petits. Mais la certitude du bonheur qui leur est réservé éloigne la famille Martin de ce dolo-risme, et même de cette inhumanité janséniste qui écrasait tout senti-ment humain de compas-sion, jusqu'à étouffer une sensibilité que le grand Pascal refoulait du côté de « la nature corrompue et déçue ».

Que l'on compare avec les souvenirs de Thérèse ! « Que j'étais heureuse à cet âge, déjà je commençais à jouir de la vie, la vertu avait pour moi des charmes et j'étais, il me semble, dans les mêmes dispositions où je me trouve maintenant, ayant déjà un grand em-pire sur mes actions - Ah ! comme elles ont passé rapidement les années ensoleillées de ma petite enfance, mais quelle douce empreinte elles ont laissé dans mon âme ! » La nature est en accord avec la grâce, si bien que Thérèse n'hésite pas à évoquer ses « impressions poétiques ». Tout lui souriait sur la terre… Et pourtant, à quatre ans, elle perd cette maman tant chérie. On pourrait penser qu'une telle rupture, qui s'ajoute à tous les deuils qui ont précédé sa naissance, provo-que une dépression profonde qui marque à jamais l'enfant, l'adolescente et la jeune fille. un auteur n'a-t-il pas voulu explorer une telle piste, en par-lant d'une véritable « Berezina » mentale ? Mais

une telle interprétation se heurte au témoignage formel de l'intéressée.

Certes, Thérèse expliquera comment « à par-tir de la mort de maman, mon heureux caractère changea complètement, moi si vive, si expansive, je devins timide et douce, sensible à l'excès. un regard suffisait pour me faire fondre en larmes ». Mais il n'y a là rien que de tout naturel. Les épreu-ves inhérentes à la vie qu'elle va traverser vont lui permettre de développer un espace intérieur où l'esprit d'enfance la fera accéder à une précoce maturité. Ce cheminement, elle le devra bien sûr à l'attention de la Providence, mais celle-ci aura sucité, pour servir ses desseins, l'univers fami-lial créé par le génie de tendresse de ses parents Louis et Zélie.

Voilà qui devrait nous permettre d'observer d'un autre regard le XIXe siècle trop souvent mé-prisé, surtout lorsqu'on veut faire le bilan du chris-tianisme d'alors. Il semblerait que toute la gloire du temps rejaillisse sur l'humanisme a-chrétien ou le spiritualisme de type illuministe d'un Victor Hugo et d'une George Sand, les catholiques d'alors étant refoulés dans le seul refus des valeurs de

progrès. un Phi-lippe Muray a fait justice de cette carica-ture, en mon-trant comment l'idéologie pro-gressiste était contaminée par un ésotérisme funèbre et des pratiques ma-giques. Les Martin ont bien connu ce XIXe siècle-là. Louis Martin s'insur-geait contre le goût morbide des tables tour-nantes auquel cédaient nom-bre de ses pro-ches. Lui et les

siens avaient mieux à faire que de laisser-aller aux modes équivoques. Ils avaient le trésor de la foi, avec l'eucharistie quotidienne avant la pointe de l'aube, l'amour conjugal et la tendresse familiale sans oublier l'action constante en faveur des plus pauvres. Tout cela, sans omettre la vie profession-nelle, le métier d'horloger pour Louis, la dentelle pour Zélie. L'entreprise de celle-ci prendra bientôt le dessus, le père abandonnant sa première pro-fession pour aider à l'expansion de l'entreprise fondée par Zélie. Elle leur apportera une honnête aisance, mais elle permettra aussi la subsistance

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Maison des Buissonnets, à Lisieux. © Pè

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FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 15

DOSSIERdes ouvrières de l'atelier, et elle aidera Louis et Zélie à secourir les plus démunis d'Alençon.

Mgr Lagoutte, recteur de la basilique de Li-sieux, a tout à fait raison d'affirmer que « cette histoire n'était pas différente de celle de bien de nos ancêtres dans la seconde partie du dix-neu-vième siècle ». C'est notre généalogie de familles catholiques que nous retrouvons en prenant connaissance de la famille Martin, et nous nous apercevons que nous n'avons pas à en rougir. Le XIXe siècle catholique fut celui des missions. Ce n'est pas pour rien que Thérèse est devenue, pré-cisément, patronne des missions. C'est qu'avec les siens, elle communiait profondément à cette épo-pée qui aboutit aux Églises actuelles d'Afrique et d'Asie. Il est bon de nous rappeler ainsi la grandeur d'une chrétienté qui surpasse toutes les mesqui-neries dont on voudrait l'accabler. On dira que la grandeur singu-lière de Thérèse lui fait échapper à la médiocrité de son temps. Mais ce n'est pas vrai. Thérèse n'est devenue l'extraordinaire génie de sain-teté que nous connaissons qu'à cause de son en-racinement dans une tradition dont ses parents étaient, en leur temps, les plus beaux fleurons, humbles certes. Ils avaient bien conscience eux-mêmes de leur appartenance à un tissu social chrétien auquel ils devaient tout. nous-mêmes devrions redécou-vrir la joie d'être héritiers d'une telle lignée.

Mais il faut revenir, in fine, à la gloire et la croix, telles qu'elles se manifestent au terme de la vie de Zélie et Louis Martin. Mgr Lagoutte a raconté l'émotion qui fut la sienne, et celle des autres participants, lors de l'inhumation des res-tes des parents de Thérèse. On découvrit alors que Zélie était morte des suites d'un cancer des os. Ainsi s'expliquent les souffrances qu'elle avait supportées. Et que dire du chemin de croix en-duré par Louis Martin ? Celui qui avait consenti à l'entrée en religion de toutes ses filles, connut le sacrifice le plus dur qui se puisse concevoir. Le Père de Thérèse, interné à l'hôpital psychiatrique de Caen. On ne pouvait concevoir pire humilia-

tion. Il faut savoir pourtant, que ce n'est nulle-ment la mélancolie de la solitude qui l'a amené là ; mais les handicaps physiques - l'urémie et l'artériosclérose. « Je ne savais pas, écrit Thérèse, que le 12 février, un mois après ma prise d'habit, notre Père chéri boirait à la plus amère, à la plus humiliante de toutes les coupes. » Et pourtant elle parlera de glorieuses épreuves, alors même que les larmes coulaient sur son visage. Son père tant chéri a accumulé « un trésor inestimable qui doit causer une sainte jalousie aux Anges de la Cour céleste... »

n'y a-t-il pas une certaine audace de la part de l'Église à béatifier un malade psychiatrique ? Thé-rèse, d'avance, a perçu toute la signification et le poids de gloire de la terrible épreuve. Ainsi com-prend-on mieux sa phrase sur ses parents « plus dignes du Ciel que de la terre ». Ils nous permettent de comprendre qu'une vie ordinaire peut être une vie bienheureuse, sanctifiée et qu'il n'y eut de mi-racle Thérèse que parce qu'il y avait eu le miracle Louis et Zélie Martin. Ainsi pouvons-nous conclure avec nos amis de Lisieux : » Louis, Zélie et leur fille Thérèse de l'Enfant Jésus, sont un don de Dieu pour notre temps, ils sont des pierres vivantes et pré-cieuses, sculptées par l'Esprit Saint, insérées dans l'édifice spirituel et surnaturel qu'est l'Église, corps mystique du Christ. » (Thérèse de Lisieux, journal des sanctuaires, juillet-août 2008). n

Il n'y eut de miracle

Thérèseque parce

qu'il y avait eu le miracle Louis et Zélie

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La maison d'Alençon.

La chapelle du Carmel rénovéeLe carmel de Lisieux a été fondé en 1838, c'est-à-dire 35 ans avant la naissance de Thérèse Martin. 111 ans après sa mort, en 1897, ce carmel continue d’être un lieu bien vivant, un lieu de prière et de silence dans lequel des femmes témoignent de la foi en la mystérieuse présence de Dieu au cœur du monde. Elles y mènent une vie simple et silencieuse. Elles travaillent pour gagner de quoi vivre. Une rencontre fraternelle quotidienne donne d’échanger quelques nouvelles, de se confier les intentions recommandées à la prière de la communauté, de s’encourager sur ce chemin exigeant de la recherche de Dieu et de l’union à sa volonté qui n’est qu’Amour. Très visitée, la chapelle réclamait des travaux visant à satisfaire la curiosité des pèlerins, en leur montrant

par exemple différents objets dont certains utilisés par Thérèse elle-même, tout en garantissant une meilleure insonorisation plus propice à la prière des carmélites. Les nouveaux aménagements ont été conçus par un grand architecte et méritent d'être vus. Les sœurs ont engagé dans ces travaux 5 millions d’euros. Grâce à l’activité de l’association « Les Amis de Thérèse de Lisieux », ces travaux seront financés par

des dons provenant de France et des USA.

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© Editions du Triomphe, 7 rue Bayen, 75017 Paris, tél. 01.40.54.06.91, [email protected], www.editionsdutriomphe.fr

Saint BenoîtL'âme de l'Europe

6/44Noël GloesnerMonique Amiel

FRANCE CATHOLIQUE

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18 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

Depuis la visite du pape à paris et à lourdes, nous sentons que notre énergie mis-sionnaire a décuplé. Notre journal n’a pas seulement le projet d’entretenir les catholiques dans leur foi, il veut aussi

leur permettre de devenir plus missionnaires. Et nous avions depuis longtemps un projet éditorial fondé sur l’expérience d’un artiste qui a fait ses preuves en matière de dialogue avec les jeunes générations.

C’est décidé, avec votre soutien, nous nous lançons ! Il s’agit donc de travailler avec Brunor, auteur de bandes dessinées déjà bien connu, chanteur à texte, anima-teur recherché par les catéchistes... Nous avons décidé de lui offrir, presque chaque semaine, un cahier de France Catholique - en rajoutant un certain nombre de pages quand cela sera nécessaire - pour publier, en feuilleton, une partie de son enquête théologique : « La Question interdite ».

Il s’agit, grâce à Brunor, de transmettre, au moyen d’un procédé de « bandes dessinées sans cases », très moderne et non sans rapports avec la mode du « manga », les résultats d’une enquête originale et approfondie sur la personne du Christ. Vous serez confondus par l’érudition de Brunor sur les conciles, les théologiens, les phi-losophes de tous les temps. Et vous vous laisserez embarquer par sa capacité de tout présenter sim-plement avec le meilleur humour ! Surtout, vous

serez surpris de vous sentir soudain capables d’af-fronter la contradiction, en famille notamment !

Nous savons que l’esthétique et la logique de ce moyen d’expression peuvent en heurter plus d’un. Il est surtout adapté à un public habitué à la Bande Dessinée, mais aussi à Internet. Et pourtant ! Des personnes de tous âges, ayant le souci de dialoguer avec des jeunes de 14 à 30 ans, ont pu faire l’expérience de l’impact du travail de Brunor, lors d’animations ou simplement par ses albums qui sont des invitations au dialogue

avec un public très large. Ces habiles « leçons » dessinées peuvent en effet s’adresser aussi bien à un public cultivé, en recherche spirituelle ou non, qu’à un public qui ne connaîtrait l’Église que par le... « Da Vinci Code ».

Comme cette publication en feuille-ton ne doit pas, même si nous en atten-dons des retombées positives, être une charge pour le journal, elle devra être

entièrement financée par l’édition du livre tout en couleur de plus de 300 pages !!!

Le succès des précédents livres de Brunor, la grande nouveauté et la beauté de cette édition nous incitent au plus grand optimisme à ce sujet. Cependant nous vous serions très reconnaissants de souscrire dès aujourd’hui en remplissant le bon de com mande ci-dessous. Ce livre sera dis ponible dès la première se maine de décembre 2008...

BULLETIN DE COMMANDE à RETOURNER à FRANCE CATHOLIQUE60, RUE DE FONTENAY 92350 LE PLESSIS-ROBINSON

Nom/PréNom :

adresse comPlète :

Souscrit à o 1 exemplaire du livre LA QUESTION INTERDITE - Prix = 22 euros * o 2 exemplaires = 42 euros o 3 exemplaires = 60 euros o 4 exemplaires = 76 euros o 5 exemplaires = 92 euros o 6 exemplaires et plus, multiplier le nombre de livres par 18 euros x . . . . . . = . . . . . . . . . . euros

Ajoute les frais de port du livre = 7 euros * quel que soit le nombre de livres en tout.

(Indique les adresses d’expédition sur un papier séparé si ce n’est pas celle inscrite sur le chèque.)Après le 8 décembre, plus aucune réduction ne pourra être faite sur le prix du livre qui sera alorsdisponible dans toutes les bonnes librairies religieuses - diffusion Serdif.

* 1 exemplaire de «La Question Interdite» = 22 euros + 7 euros de port = 29 euros franco de port

Tarifs dégressifs

avant le 8 décembre !

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FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 19

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Ainsi commence la biographie qu’une universitaire, Catherine Boschian-Campaner, vient de consacrer à Henri Ghéon.(1) Ce dernier appartient à la

génération qui est à cheval sur la fin du XIXe siècle et le début du XXe. C’est la génération de Paul Claudel (né en 1868), de Francis Jammes (1868), de Maurras (1868), de Gide (1869), de Proust et de Valéry (1871), de Péguy (1873), de Copeau (1878). Henri Léon Vangeon, lui, est né le 15 mars 1875, à Bray-sur-Seine en Seine-et-Marne. Il fait ses études secondaires au lycée de Sens, étudie la médecine à Paris, puis, sa thèse achevée, s’établit dans son bourg natal, où il partage son temps entre l’exercice de sa profession et la littérature, dans laquelle il débute, en 1896, sous le pseudonyme d’Henri Ghéon. Il écrit dans L’Ermitage et dans Le

Mercure de France. Il publie deux recueils de poèmes : Chansons d’Aube (1867) et Solitude de l’été (1898) et se lie d’amitié avec André Gide.

Malheureusement, Catherine Bos -chian-Campaner insiste beaucoup trop sur cette « amitié » dont nous étions déjà suffisamment renseignés par les deux gros volumes de la Correspondance entre les deux écrivains, publiée chez Gallimard en 1976. Elle en fait pratiquement la trame de son livre et c’est dommage.

On notera cependant que malgré sa vie dissolue, le Dr Henri Vangeon était un médecin consciencieux. Il n’hésita pas à passer plusieurs heures pendant de nombreuses semaines auprès d’une malade. « Épuisé, Ghéon affirme qu’il s’agit là de son meilleur poème. Une œuvre vécue qui, si elle a mis un frein à ses activités poétiques et littéraires, contribue à la transformation future de celui qui se flattait de faire de son exis-tence une course au plaisir ».

La rencontre du Lieutenant de Vaisseau Pierre Dupouey, qui allait mourir sur le front de l’Yser, et la guerre elle-même, allaient être décisives pour cet homme de quarante ans, né dans la religion catholique, baptisé, mais qui depuis sa quinzième année vivait dans l’indifférence religieuse et le plaisir. La réalité quotidienne de la souffrance, de la pauvreté et de la mort conduisirent Henri Ghéon, engagé comme médecin militaire, à une conversion totale qu’il a racontée en 1919 dans L’Homme né de la guerre.

Le 15 mai 1919, il écrit à Eugène Rouart : « La passion du travail littéraire m’a ressaisi avec frénésie depuis quatre ans ; j’ai le sentiment que j’avance, et d’abord j’ai un but, qui n’est plus la délectation d’un art, vain, mais l’utilité générale : recatholiciser et remonarchiser la France. Je creuse cela depuis quatre ans et suis décidé à lutter, fort des deux grandes vérités que je tiens ». Une orien-tation qui va de pair avec sa sympathie pour l’Action française à laquelle il colla-borera désormais. En 1935, il réunira ses articles en un volume intitulé Parti pris.

Dans une série de conférences prononcées en 1923 sur la scène du Vieux Co lom bier, Henri Ghéon déclarait : « À l’opposé d’une certaine école qui a considéré la scène comme une chambre où il se passe quelque chose et dont on abattrait une cloison, je l’imagine plus humainement comme un tréteau d’échange perpétuel ».

Quelques semaines plus tard sur cette même scène du Vieux Colombier, il faisait cette confession : « À la suite d’un événe-ment qui a bouleversé complètement ma vie, déclarait-il le 4 mai 1923, en m’incor-porant au ‘peuple fidèle’, dont j’avais de bonne heure déserté les rangs, j’ai songé à mettre mon art en accord avec ma croyance. Ou plutôt non : cela s’est fait sans moi. J’ai rencontré un sujet de drame chrétien, il m’a tenté et je l’ai traité de mon mieux, sans le moindre souci de sa réalisation à la scène ni de l’accueil qu’il pourrait recevoir ». (2)

LETTRESUN POÈTE ET DRAMATURGE CHRÉTIEN

Un précurseur qui n'a pas la place à laquelle il a droit

26 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

(

« Henri Léon Vangeon, Ghéon, Frère Pierre-Dominique. Trois noms pour un seul homme, talentueux, généreux, bouillonnant de vie, partial. Un homme de désirs, qu’André Gide n’a cessé d’aimer, même après la fin d’une amitié fusionnelle. Un croyant fervent, qui a dompté sa sensualité effrénée pour se jeter à corps perdu dans une foi qu’il voulait ardemment transmettre. Un homme d’exception, oublié, mal connu, à découvrir, chronologiquement ».

Redécouvrir Henri Ghéon

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par Georges DAIX

FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 27

Cette œuvre, Les trois miracles de Sainte Cécile, ne fut jouée que par les « Sévriennes » catholiques en 1921. Il écrit spécialement pour Copeau et le Vieux Colombier Le pauvre sous l’escalier, d’après la vie de Saint Alexis, créée également en 1921.

Il aborda tous les genres : le drame avec Le Comédien et la Grâce, son chef-d’œuvre peut-être, inspiré de la légende de Saint Genest ; la tragédie avec Saint Maurice et Œdipe ; la tragédie-ballet avec Justine et Cyprien ; le mélodrame avec La Complainte de Pranzini ; le miracle avec La mort à cheval ; le mystère avec Le Mystère de l’in-vention de la Croix ; la célébration avec La Vie profonde de Saint François d’Assise ; la pastorale sacrée avec La Bergère aux pays des loups ; la parabole avec Les Travaux et les Jeux ; le conte dramatique avec La Reine endormie ; la féérie avec La Petite Fille aux allumettes ; les jeux avec Le Noël sur la place ; la comédie avec Le Songe d’une nuit d’été en Vivarais ; la farce avec La Parade du Pont du diable, etc.

En 1925, avec une troupe d’amateurs, réunis autour de lui et d’Henri Brochet, il fonde « Les Compagnons de Notre-Dame » dont la devise était : « Pour la Foi, par l’Art dramatique. Pour l’Art dramatique en esprit de Foi » et s’installe sur la scène du Vieux Colombier abandonnée par Jacques Copeau. Les Compagnons devinrent très rapidement une troupe type, sur le modèle de laquelle essaimèrent d’innombrables compagnies en France et à l’étranger.

Pendant six ans, les Compagnons de Notre-Dame vont donner près de cent quatre-vingt représentations, dans toute la France mais aussi en Belgique et en Espagne. Remplis d’énergie, stimulés par l’enthousiasme de Ghéon qu’ils nomment « le patron », les comédiens sont à la fois des acteurs, des décorateurs et des ouvriers capables de réparer les tréteaux. Leur répertoire, s’il comporte de nombreuses pièces de l’écrivain, fait aussi une large part aux mystères flamands, aux œuvres de Calderón, de Tirso de Molina et d’auteurs peu connus.

À Lourdes, à Reims, en Angleterre, en Belgique, au Canada, Ghéon rassemble des foules immenses – 200 000 spectateurs, en août 1938, à Montréal, pour le Jeu de Saint Laurent du fleuve.

Qu’il s’agisse de la fonda-tion de la plus importante revue littéraire du siècle, la N.R.F., qu’il s’agisse de la restauration dramatique par le Vieux Colombier de son ami Jacques Copeau, qu’il s’agisse de celle du théâtre religieux contemporain, du théâtre populaire, du théâtre de plein-air et de festival, du théâtre de célébration, Ghéon est présent comme un précurseur qui n’a pas la place à laquelle il a droit.

Henri Ghéon mourut le 13 juin 1944 et fut enterré dans son habit blanc de tertiaire dominicain.

Au lendemain de sa mort, Robert Brasillach écrivait dans La Chronique de Paris de juillet 1944 : « Une œuvre d’une extraordinaire abondance, une fidélité à la fois passionnée et souriante à quelques idées et à quelques principes d’esthétique n’ont certes pas donné à Henri Ghéon toute la place à laquelle il avait droit. […] Je ne puis douter qu’un beau jour on redécouvre Henri Ghéon, sa fécondité, sa grâce, avec une sorte d’émerveillement analogue à celui qui accompagne la redé-couverte, de temps à autre, du siècle d’or espagnol ».

Vingt ans après sa mort, Jacques Reynaud (3), fidèle parmi les fidèles, alors président de la Fédération catholique du théâtre amateur français, dressait le bilan de l’œuvre « considérable » d’Henri Ghéon. Il laisse quatre-vingt-seize pièces de théâtre, sept recueils de poésie, cinq romans, six ouvrages hagiographiques dans la collection Les grands cœurs, six ouvrages de critique, des centaines d’ar-

ticles dans Le Mercure de France, dans L’Ermitage, La Nouvelle Revue française, Voix françaises, L’Action française et L’Art sacré…

Puisse la biographie de Catherine Boschian-Campaner, malgré ses mala-dresses, aider à redécouvrir une œuvre, dont une grande partie mériterait la réédi-tion. n

Redécouvrir Henri Ghéon

(1) Catherine Boshian-Campaner, Henri Ghéon, camarade de Gide, Biographie d’un homme de désirs, Presses de La Renaissance, 318 pages, 22€.(2) Henri Ghéon, Dramaturge d’hier et d’aujourd’hui, Éd. Emmanuel Vitte, 1963, 186 pages.(3) La France Catholique a publié un texte de Jacques Reynaud le 1er juin 1951.(4) Biographies hagiographiques d'Henri Ghénon :1/ Le Saint Curé d'Ars, 19282/ Sainte Thérèse de Lisieux, 19343/ Saint Jean Bosco, 19354/ Saint Vincent Ferrier, 19395/ Saint Martin,19416/ Sainte Claire d'Assise, 1944

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DÉBATS

28 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

LA RAISON DU MARCHÉEST TOUJOURS LA MEILLEURE

par Jacques Garello,professeur d'économie

S erait "folle" l’idée que les marchés ont « toujours raison ». Mais le marché n’est jamais qu’une procédure de

libre choix, de coordination et de décou-verte. Pour la plupart des commentateurs, la secousse financière actuelle est de la responsabilité des marchés, il conviendrait donc de leur faire entendre raison. Mais peut-on tenir pour responsable quelqu’un qui n’existe pas ? Le marché n’est pas une personne, ni une société secrète (« les gnomes de Zurich » ou « les spéculateurs de Wall Street »). S’il y a des gens à incriminer ce sont ceux qui opèrent sur les marchés, et non pas la procédure marchande.

Cette procédure s’est progressivement imposée dans l’histoire de l’humanité. Les hommes ont compris l’avantage d’échanger, de conclure des contrats, de passer des marchés.

Quant à la raison du marché, c’est préci-sément d’échanger. L’échange permet de tirer avantage de la diversité des besoins et des moyens : nous ne désirons pas tous la même chose, nous n’avons pas tous les mêmes facilités. L’échange est une rencontre entre êtres humains divers, auxquels est laissé le libre choix de leur mode de vie. Aller au marché, faire son marché, c’est avoir le choix. Voilà pourquoi le marché est exclu des sociétés totalitaires.

C’est l’extension des marchés qui a fait « la richesse des nations » (Adam Smith). L’élargissement de l’espace d’échange représente toujours un bond en avant et un facteur de compréhension entre les peuples : nous nous enrichissons de nos mutuelles différences. L’élargissement du temps est aussi un progrès : au contraire du troc instantané, le recours à la monnaie et au crédit permet de réserver et de capitaliser les droits acquis dans le marché passé.

Le rôle du marché est irremplaçable quand des milliers de personnes disposent d’une liberté de choix. Comment des plans individuels si nombreux et si divergents peuvent-ils se concilier ? Peut-on confier ce soin à une autorité centralisée, répar-tissant les moyens et ordonnant les besoins

selon un plan global ? Les planificateurs ont-ils la connaissance de ce que veulent et ce que peuvent des acteurs économiques libres ? Faute de l’avoir, il ne leur reste plus qu’à modeler les préférences et niveler les talents ; ce qui s’est produit, jusqu’au jour où la nature et la dignité de l’être humain ont repris le dessus.

Il n’existe nul cerveau humain, nulle mécanique disposant d’une information complète mais aussi d’une anticipation sur les millions de choix à coordonner. Par contraste, le marché peut le faire. Ainsi les théologiens de Salamanque, au XVIIe siècle, avaient-ils conclu que le marché est « d’essence divine », il réalise ce qu’aucun homme ne peut penser, et que seule la Providence pourrait réaliser. Le marché est un processus de coordination sociale, il concilie des approches différentes, des intérêts divergents, il apaise les conflits.

Mais le marché, coordinateur du présent, est-il capable de maîtriser le futur ? On a souvent évoqué la « myopie du marché » : le marché devrait être accompagné de prévi-sions à plus long terme par des autorités compétentes. En réalité, le marché est aussi une procédure de découverte. Les informa-tions données aux entrepreneurs par les prix et les profits actuels permettent de déceler les pénuries et les excédents, et suscitent des innovations pour les résorber dans le futur. C’est donc priver le marché de l’une de ses fonctions essentielles que de mani-puler les prix et les profits. Les seuls « justes prix » sont ceux qui résultent de la libre rencontre sur des marchés où les concur-rents ac cèdent librement, ils ne peuvent pas être fixés « de l’extérieur ».

Finalement, le marché est bien comme la musique. Il n’exclut pas les fausses notes, dues à de mauvais musiciens. Mais, correc-tement interprété, il est facteur d’harmonie, alors même que chacun de ceux qui y parti-cipent joue sa propre partition. n

AU CœUR DE LA CRISE :fAIRE CRÉDIT, fAIRE CONfIANCE

par les évêques de France

L a crise que nous traversons témoigne de l’importance de la finance pour l’économie et la paix sociale.

La financiarisation de l’économie a accéléré la mondialisation dont il serait injuste de dire qu’elle n’a que des effets négatifs. Elle a facilité le transfert des richesses et des technologies. Elle a été un levier puissant pour des projets d’in-vestissements dans des pays en voie de développement.

Le marché libre, à condition de respecter certaines exigences, demeure sans doute l’instrument le plus efficace pour utiliser

les ressources et répondre aux besoins des hommes et des sociétés de façon efficace.

Mais la crise nous révèle nombre de conséquences négatives lorsque les lo- giques financières poussées à l’extrême sont déconnectées de l’économie et ont pour seule fin la recherche d’un profit immédiat.

Nos sociétés sont ébranlées. Et comme toujours, en pareil cas, les plus pauvres sont les premières et bien innocentes victimes.

Cette crise nous invite tous à nous interroger sur nos modes de vie, sur notre rapport à l’argent, sur nos manières de faire fructifier notre épargne et de recourir au crédit.

Nous ne pouvons que saluer les efforts des gouvernements et des responsables politiques pour faire face à la situation.

Il est essentiel que les mesures préco-nisées se donnent une autre fin que le seul maintien d’un système financier qui a révélé ses faiblesses et leurs conséquences humaines.

Ceci ne pourra se faire : sans une coopé-ration entre les États et naturellement pour nous en Europe, sans la mise en place d’ins-titutions nationales et internationales effi-caces d’organisation des marchés financiers, sans se donner les moyens de réorienter nos économies pour qu’elles soient au service des personnes et non du seul profit.

Ceci suppose une réflexion éthique et un engagement : pour que l’on s’interroge sur des pratiques spéculatives visant la rentabilité maximum à court terme, pour que l’on revoie les systèmes de rémuné-ration et de gratification des dirigeants d’institutions financières surtout quand ils ont contribué à la crise ou pourraient en tirer profit de manière inconsidérée, pour que soient mis en place les moyens d’une plus grande traçabilité de l’argent et d’une meilleure identification des risques, pour que l’économie développe un recours plus raisonné au crédit, pour que le marché financier, par des investissements sociale-ment responsables, soit réorienté au service d’une économie productive et modulée par les exigences environnementales.

La crise actuelle peut être l’occasion de resserrer notre lien social.

Quand la finance prétend être sa propre fin et n’est plus animée que par le désir exclusif du profit, elle perd la tête.

Quand le souci de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes redevient prioritaire, la confiance renaît. n

Les évêques du Conseil pour les questions familiales et sociales Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen, Michel Dubost, évêque d’Evry, Michel Guyard, évêque du Havre, François Jacolin, évêque de Mende, Michel Pansard, évêque de Chartres.

Voici deux textes parus récemment sur le site internet www.france-catholique.frNous engageons vivement nos amis internautes à nourrir ce débat passionnant... ainsi que les autres débats « mis en ligne »...

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CINéMA

Il y a des écrivains qui conviennent parfaitement à certains cinéastes. C’est le cas d’Agatha Christie, dont

deux des œuvres ont déjà été portées à l’écran par Pascal Thomas. Que ce soient l’atmosphère des romans ou les person-nages, on sent que le cinéaste y retrouve des éléments qui correspondent à son univers personnel.

Bélisaire et Prudence Beresford, re traités des services secrets, passent les fêtes de fin d'année dans les Alpes. Mais Prudence s'ennuie, dans cette paisible atmosphère, et rêve d'aventure. C’est une excentrique cousine en route pour l'Amérique du Sud, qui va lui fournir ce qu’elle espère, en lui assurant avoir été témoin d'un assassinat dans un train qui croisait le sien, peu avant d'arriver à la gare. Profitant d'une absence de Béli-

saire, parti à un congrès, Prudence va explorer les environs et se fait em -baucher comme cuisinière dans un manoir habité par un vieillard irascible. Après «Mon petit doigt m'a dit», Pascal Thomas retrouve Agatha Christie et le couple Beresford, dé sormais bien rodé par André Dussollier, flegmatique et méticuleux, et Ca therine Frot, pé ti l lante de fantaisie. I ls sont ir résistibles dans cette délicieuse co médie criminelle, plus aboutie que la précédente. Personnages savoureux,

péripéties originales et cocasses, dialogues brillants, tempo impeccable, tout est réuni pour notre plaisir. Il s’agit là d’un pur divertisse ment qui n’a d’autre intention que de dis traire et y parvient avec élé gance. Les deux héros forment un couple solide, lié par une indéfectible amitié et une belle com plicité. Ce discret hommage à l’amour conjugal est des plus sympathiques. ■

Le crime est notre affaire. Policier français (2008) de Pascal Thomas, avec Catherine Frot (Prudence Beresford), André Dussollier (Bélisaire Beresford), Claude Rich (Roderick Charpentier), Chiara Mastroianni (Emma), Melvil Poupaud (Frédéric), Alexandre Lafaurie, Christian Vadim, Hippolyte Girardot (1h49). (Adolescents). Sortie le 15 octobre 2008.

Tokyo !Trois histoires ont pour cadre la capitale japonaise. Si les trois histoires ont recours à une forme de fantastique pour symboliser au mieux l’âme de la ville, le résultat s’avère plus ou moins convaincant. Le premier épisode, celui de Michel Gondry, est le plus réussi. On retrouve toute sa fantaisie créative, mais aussi sa tendresse pour ses personnages. Le ton se fait à la fois drôle et touchant, et le réalisateur parvient, avec intelligence et humour, à symboliser la solitude de la jeune femme et sa difficulté à trouver sa place dans cette société. Le film de Léos Carax est original, mais pénible. Celui de Bong Joon-ho est plus intéressant, car il aborde, avec une certaine finesse, le thème de la solitude urbaine. Les films évoquent le mal-être que peut engendrer une mégalopole, ce qui donne à l’ensemble une certaine densité humaine. Mais celui de Leos Carax est éprouvant.

M.-L. R.Comédie dramatique (2008) de Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-ho, avec Ayako Fujitani, Denis Lavant, Jean-François Balmer (1h50). (Grands adoles cents). Sortie le15 octobre 2008.

Course à la mortLa directrice d’une prison organise des courses automobiles avec les condamnés à perpétuité. L’enjeu est l’élimination physique de ses adversaires. Le vainqueur sera libéré. Paul W. S. Anderson a utilisé comme modèle «Death race 2000», un film de 1975, produit par Roger Corman. La plus grande partie du film est consacrée aux courses, et le cinéaste nous offre un spectacle total qui ravira les amateurs. Malheureusement, l’humour du film original est bien absent, tout comme la réflexion philosophique. Les amateurs des films de Paul W. S. Anderson risquent d’être déçus. Le schéma est classique : le héros est un innocent injustement accusé, et les violences sont extrêmes. Âmes sensibles s’abstenir. M.-L. R.

Aventures américaines de Paul W. S. Anderson, avec Jashon Statham (Jensen Ames),Tyrese Gibson, Ian McShane,Natalie Martinez, Joan Allen (1h45). (Grands adolescents). Sortie le 15 octobre 2008.

Coluche, l’histoire d’un mecEn automne 1980, Coluche est l’un des humoristes préférés des Français. Il décide de se présenter aux élections présidentielles. Antoine de Caunes restitue habilement l’atmosphère de l’époque, et sa mise en scène comporte quelques bonnes trouvailles. François-Xavier Demaison est un Coluche

excellent, mais il lui manque l’extraordinaire présence de son modèle. On peine un peu à se captiver pour le récit, qui ne prend pas assez de distance avec son sujet. Le cinéaste porte un regard plein de tendresse sur l’audace et l’impertinence de Coluche. Mais les provocations de celui-ci sont souvent faciles et vulgaires, et son discours parfois démagogique, même si l’on peut reconnaître sa sensibilité aux grandes causes. Ses dérives autodestructrices (il consommait beaucoup de drogues), les trivialités et une brève scène suggestive appellent des réserves. Marie-Lorraine ROUSSELComédie dramatique française (2008) d’Antoine de Caunes, avec François-Xavier Demaison (Coluche), Léa Drucker (Véronique), Olivier Gourmet (Jacques, l’impresario), Laurent Bateau, Jean-Pierre Martins, Alexandre Astier, Denis Podalydès (1h43). (Adultes). Sortie le 15 octobre 2008.

Pascal Thomas retrouve l’univers «so british» d’Agatha Christie, dans une comédie policièretrès amusante.

Délicieux divertissementle CrIMe esT NoTre AffAIre par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Des aventures pleinesde fantaisie et délicieu-sement surannées(

FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 29

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n Parlez-nous de votre ensemble et de son approche musicale.

J’ai choisi le nom de Palais-Royal pour rappeler les chapelles des cours royales aux XVIIe et XVIIIe siècles. Au début, cet ensemble était une Maîtrise de Petits Chanteurs. Mais je me suis confronté à la difficulté d’avoir des enfants d’un bon niveau. Maintenir une Maîtrise est quelque chose de difficile. J’ai donc eu l’idée de recruter de jeunes chanteurs profes-sionnels. Aujourd’hui, notre ensemble regroupe un orchestre sur instruments anciens et un chœur de jeunes chanteurs, tous professionnels.

Le travail s’axe sur deux critères. Un critère musical : je recherche des musiciens qui ont fait de vraies études de musique baroque. Ce qui ne signifie pas que nous nous cantonnons dans ce répertoire. Ces jeunes ont une couleur vocale très fraîche ; ils ne sont pas tous réellement adultes vocalement. Ce qui nous rapproche des couleurs des voix du XVIIe siècle où les carrières étaient plus courtes, car la vie l’était aussi. Il n’y avait pas de chanteurs de 60 ans dans un chœur, comme aujourd’hui.

Le deuxième critère est celui de la passion. Il faut que les musiciens aient envie de travailler dans l’esprit que je propose et qu'ils s’intéressent au sens de ce que nous chantons.

n Quelle est votre personnalité musicale justement ?

Les membres de l’ensemble, chan-teurs et instrumentistes, sont comme des amis, des membres d’une même famille. Je souhaite un échange, des relations autres que simplement musicales, car c’est se souvenir que la musique n’est qu’un moyen de partager et d’unir. Je ne veux pas d’un professionnalisme froid. Je veux donc gagner mes musiciens à une relation de confiance, construire une véritable estime entre nous. Pour se livrer émotionnellement dans l’art, dans la musique, il faut une vérité de relations. Dans les grands orchestres, il n’y a pas toujours ce sentiment. Dans la direction, je me mets complètement à nu. ça demande donc une grande confiance les uns vis-à-vis des autres.

n Quel répertoire abordez-vous ?

J’ai été influencé principalement par trois chefs. William Christie, que j’ai côtoyé pendant trois années au conser-vatoire national supérieur de musique de Paris, m’a appris, à travers l’interpré-tation baroque, une façon de travailler qui mêle la connaissance des traités et des styles d’interprétation, le retour aux textes authentiques des compositeurs, et l'échange avec les autres. Dans sa manière de diriger, le chef doit tenir compte du matériau dont il dispose, ins truments et voix, mais aussi des sensibilités des artistes qu’il dirige. Chaque interpréta-tion, avec des musiciens différents, est donc comme une création nouvelle.

Le deuxième chef, et le plus marquant pour moi, est Georges Prêtre. Il m’a appris à habiter la musique. Il a su me donner envie de développer mon imagination pour donner un sens à chaque phrase

musicale. Aucun thème ne doit être joué sans que le chef ne sache précisément quelle couleur, quel sentiment, quel caractère il souhaite lui donner. Il faut savoir pourquoi l’on fait telle nuance, tel phrasé et les faire jusqu’au bout.

Enfin, John Elliot Gardiner est un modèle pour moi. Il est ouvert sur un répertoire très large. Ce qui m’intéresse, c’est exactement cela ! Pouvoir inter-préter les musiques du XVIIe au XXe siècle, sans ostracisme. Chacune de ces musiques doit être envisagée avec son style propre, avec ses caractéristiques, instruments d’époque et style d’interpré-tation d’époque, non pour faire du rétro mais pour se rapprocher des véritables intentions des compositeurs.

Un seul style de musique ne me suffit pas. Après avoir dirigé de l’opéra roman-tique, je suis heureux de me plonger dans la musique de Charpentier. Les musiciens que je dirige doivent aussi adhérer à ces différents styles. Ce qui leur permet, en outre, un perfectionnement continu et très large. Par ailleurs, je pense que le développement des voix doit passer aussi par l’étude de la musique romantique. On ne peut aujourd’hui se limiter au baroque, qui, mal compris, peut coincer les voix et les mécanismes d’interprétation naturelle. Il faut donc à mes chanteurs le désir de la diversité des styles, aimer également la mise en scène…

Les programmes sont tous chantés par cœur au Palais Royal. Les solistes y compris. Ce par cœur oblige les gens à s’investir totalement. Le public d’aujourd’hui y est sensible. Il a l’impres-sion que cela vient vraiment du cœur, que la musique n’a pas ce côté rébarbatif de la partition, qui évoque immanquablement le solfège… c’est un véritable effort de vérité et de sincérité. Moi aussi, je dirige par cœur. Après avoir beaucoup travaillé, on peut oublier la technique et s’immerger complètement dans la musique, on peut mieux s’écouter et se comprendre. C’est un moyen d’accéder à la liberté.

MUSIQUEBAROQUE

Les programmes sont tous chantéspar cœur au Palais Royal

30 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

propos recueillis par François-Xavier LACROUX

(

Rencontre avec Jean-Philippe Sarcos fondateur de l’ensemble Le Palais-Royal qu’il dirige. Il nous fait part de sa pas- sion pour le travail musical et le répertoire sacré.

Le Palais royal

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n Parlez-nous du programme que vous donnez fin octobre en Aquitaine et à Paris.

Il s’articule autour de Bach et de Charpentier. S’il n’y a rien d’inédit dans les œuvres abordées (le Magnificat et le Te Deum »), elles sont reliées par l’action de grâce, de façon différente mais dans un même élan d’expression. En étudiant le Te Deum de Charpentier, je me suis rendu compte qu’il était bâti sur le plan d’une tragédie lyrique, avec son prologue, deux actes comme des tableaux, sorte de retable musical (Dieu le Père en Majesté et la Trinité), un troisième acte lieu du drame – si on peut être sauvé, c’est par le sang versé du Christ -, un quatrième acte qui présente les supplications et un cinquième qui amène le dénouement, ici heureux puisqu’il s’agit du Salut éternel. C’est de la pure rhétorique classique. Je veux par conséquent essayer de donner une interprétation en accord avec l’esprit de la création, c’est-à-dire très théâtrale.

Le Magnificat de Bach, quant à lui, souligne avec force le texte évangélique et le déroule comme une sorte d’exulta-tion permanente. L’orchestre que Bach emploie dans cette œuvre n’a jamais

été aussi riche. Il utilise beaucoup de figures rhétoriques, dont le seul but est d’imprimer dans l’âme de l’auditeur ce que dit, ou chante, la Sainte Vierge, avec figuralisme. Le langage musical est parti-culièrement foisonnant car la langue est d’une richesse infinie. L’interprétation de cette œuvre n’est pas si difficile, car tout est tellement porteur de sentiments…

n Quel rapport vivez-vous entre la musique liturgique et la musique sacrée ?

J’ai été organiste dès l’âge de 14 ans et j’ai toujours fait de la musique liturgique depuis. J’aime ce rapport à la liturgie. Mais je reste un peu sur ma faim quant à ce que propose l’Église dans ses cérémonies. L’orchestre, la poly-phonie, le grégorien, tout cela est devenu impossible, ou si rare aujourd’hui dans la liturgie catholique. Toute cette musique sacrée, notamment les « messes », intègre rarement les offices. Ce serait un rêve de pouvoir le faire. Il ne reste donc plus qu’à l’interpréter en concert… mais en essayant de mettre la même sincérité, la même prière que dans un office. Les concerts sont aussi des moments dans lesquels ma foi s’exprime. Et de même,

je ne me vois pas interpréter des œuvres dont les textes véhiculeraient des idées en opposition avec mes convictions, même en concert. C’est un problème de sincérité qui me paraît essentiel.

n Quel projet vous tient particulièrement à cœur ?

Nous organisons une saison musi-cale à Sèvres au collège des religieux Mekhitaristes, une très ancienne congré-gation catholique arménienne. Ces reli-gieux conservent un riche patrimoine culturel. Leur maison principale est à Venise, sur l’île San Lazzaro. Tout ce patrimoine y est conservé et a toujours été reconnu et respecté, y compris par Bonaparte quand il saccagea honteu-sement Venise. La congrégation, qui est assez peu nombreuse, a plusieurs collèges dans le monde. Les pères nous ont demandé d’organiser une saison musi-cale, autour de la Voix. Nous créerons cette année notamment Richard Cœur de Lion, un opéra de Gretry, le compositeur préféré de Marie-Antoinette. Il y aura des Master Classes, et des concerts à la fois à Paris et à Venise. Elle se déroulera sur toute l’année. n

Prochains concerts : Magnificat de Bach & Te Deum de Charpentier25 octobre : Festival d’art sacré de Dax, Cathédrale de Dax26 octobre : Olympia d’Arcachon28 octobre : Basilique Sainte-Clotilde de Paris30 octobre : Église Saint-Roch de Parisavec, notamment, Isabelle Desrochers, Robert Expert, Sébastien Obrecht, Anna Reinhold et Sébastien Lemoine en solistes ; chœur et orchestre du Palais royal www.ensemble-palaisroyal.com

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àl’occasion du cinquantième anni-versa i re de la d ispar i t ion de Georges Rouault (1871 – 1958), la Pinacothèque de Paris présente 70 œuvres du peintre mystique. Cette

sélection exposée pour la première fois à Paris, a été réalisée au sein de la collection Idemitsu qui comprend plus de 400 œuvres de Rouault. Le Japon, les États-Unis et la plupart des pays européens rendent à l’artiste des hommages réguliers qui sont trop rares en France. Le public le considère trop souvent comme un artiste triste et austère. De plus, le peintre est inclas-sable et ne peut être pleinement rattaché à un mouvement. Si certains aspects de ses toiles peuvent faire penser au fauvisme ou à l’expres-sionnisme, il ne peut se réduire à l’un ou l’autre courant. Avec son art très personnel, fondé sur

sa vision spirituelle du monde, Rouault occupe une place singulière dans l’art du XXe siècle. « Cette ambiguïté naît avant tout de la diffi-culté à cerner un style qui ne se rapproche de celui d’aucun autre artiste de l’époque, tout en découlant directement de plusieurs courants de l’art français », écrit Marc Restellini, le commis-saire d’une exposition qui constitue un évène-ment heureux.

Des peintres importants au Japon, Ryû-zaburô Umehara et Katsuzô Satomi ont été les premiers découvreurs nippons de Rouault. Le second écrivait en 1928 : « on peut dire qu’il est le peintre religieux le plus pieux de la scène picturale française actuelle ». La constitution de la collection Idemitsu doit pourtant beau-coup au hasard. En 1971, le marchand japonais Yoshii obtient de Christian Galea, héritier d’Am- broise Vollard, la possibilité d’exposer et d’ac-quérir 54 peintures de la série « Passion ». Pour que celles-ci restent à Tokyo, Yoshii finit par s’adresser à l’un des plus puissants industriels du pays, Sazo Idemitsu (1885 – 1981). Grand collectionneur d’art asiatique, l’homme a peu d’expérience de l’art occidental. De plus, il est shintoïste et n’a aucune connaissance du chris-tianisme. Pourtant, il est fasciné par les œuvres que lui présente Yoshii. « Il retrouve immédia-tement dans l’écriture de Rouault de grandes similitudes avec la calligraphie japonaise… Les lignes noires de Rouault lui procurent la même impression que le Sumi-e, la peinture à l’encre japonaise, la calligraphie et les estampes »*. Cette première acquisition, suivie de nom- breuses autres, est à l’origine de la plus impor-tante collection de Rouault au monde. Au Japon, son œuvre est interprétée comme une référence à la philosophie méditative. Ce pays, dominé par le bouddhisme et le shintoïsme, où le respect de l’ordre social est primordial, est donc depuis longtemps séduit par une des œuvres les plus engagées dans le christianisme au XXe siècle.

Selon les organisateurs de l’exposition, « le choix n’est pas de retracer un parcours chro-nologique, mais de le replacer dans une dimen-sion littéraire et poétique, hors du prisme seul du christianisme ». Le pari est réussi, mais la

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La Pinacothèque de Paris rend un hommage très attendu à Georges Rouault. Elle présente en effet des chefs-d'œuvre sélectionnés au sein de la prestigieuse collection Idemitsu.

Pinacothèque de Paris

exPositions

Georgesrouaultpar Alain SolAri

© AD

AGP

PARI

S 20

08

Les premiers découvreursnipponsde Rouault

Paysage biblique1953-1956

Huile sur cartonfixé sur panneau

45 x 59.9 cm

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dimension spirituelle de Rouault, incontour-nable, demeure évidemment omniprésente. Il n’est que de nommer quelques toiles : « Paysage biblique », « Christ et larrons », « Christ et Pharisiens » ou « Que Jésus soit venu te pardon-ner », une œuvre à l’encre de Chine et au pastel belle comme une icône.

La scénographie de l’exposition est struc-turée autour des rencontres qui jalonnent la vie de Rouault, pour lesquelles des car-touches explicatifs donnent un éclairage sur son œuvre : Gustave Moreau, Matisse, Léon Bloy, le marchand Ambroise Vollard, Raïssa et Jacques Maritain, André Suarès. Si « Gustave Moreau fut son maître, il savait bien que ce disciple ne serait pas un imita-teur »**. Il suffit d’observer quelques toiles pour s’en convaincre. Avec Matisse, rencon-tré dans l’atelier de Moreau, Rouault est lié non seulement par l’amitié, mais aussi par une compréhension mutuelle de leur travail. Pourtant, si l’on contemple les « Bacchanales » ou « Les baigneuses », si la composition et la gestuelle des personnages rappellent Matisse, on est loin de la peinture « simplificatrice » de ce dernier. Chez Rouault, l’emploi de la couleur pure ne revêt pas la violence chromatique des Fauves. Une toile comme « La petite écuyère » (1925, environ) - le thème du cirque est fré-quent chez de nombreux peintres à l’époque - révèle que Rouault peut être un coloriste subtil.

Tout en restant lui-même, l’artiste peut aussi surprendre. Le « Souvenir de Sierre », une toile de 1930 presque abstraite, est l’une des plus inattendues de l’exposition. Avec Léon Bloy, le peintre partageait un caractère intransigeant. Une œuvre comme le « Débat au jury du Salon d’Automne » peut faire penser à la férocité d’un Daumier. Mais Rouault n’est pas Daumier. La fréquente utilisation de cernes noirs - le peintre possède une expérience du vitrail - donne de la force à son expression. Au-delà des conven-tions, il sonde les âmes, dépeint sans complai-sance ce qu’il observe. Mais, profondément croyant, Rouault ne se pose pas en juge : il montre, et cela suffit.

Georges Rouault fait la connaissance de Raïssa et Jacques Maritain en 1905, chez Léon

Bloy. Les rencontres sont quasi hebdomadaires. « Rouault fut dès lors pour nous la révéla-tion de l’art contemporain », écrit Raïssa. Et, pour Jacques Maritain, la peinture de Rouault « … tire sa vie de l’univers intime de l’âme, des profondeurs de la vision intérieure et de l’in-tuition poétique ». C’est bien ce qui ressort de l’exposition. ■

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Georgesrouault

Profondément croyant, Rouaultne se posepas en juge : il montre, et cela suffit * Marc Restellini

** Raymond Cogniat, « Georges Rouault », les Editions G. Crès & Cie, Paris, 1930.

« Georges Rouault : les chefs-d'œuvre de la collection Idemitsu », jusqu’au 18 janvier, à la Pinacothèque de Paris, 28 place de la Madeleine, 75008 Paris, tél. 01.42.68.02.01. Ouverture tous les jours (10h30-18h). Nocturne tous les premiers mercredis du mois (jusqu’à 21h).

exPositionsChrist et disciples, 1901

Fusain, aquarelle, gouache,pastel et encre sur papier

renforcé sur papier.26,9 x 20 cm.

© AD

AGP

PAR

IS 2

008

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«Alouette » fait partie de ces pièces dans lesquelles les mots servent moins à transmettre des infor-mations qu'à créer un univers. Pourtant, c'est à travers des nota-

tions faussement neutres que la comédienne recrée une atmosphère comique. Dire d'une per-sonne qu'elle a « des boutons de chaleur couleur griotte mûre » est une notation parfaitement pré-cise et objective, et pourtant chacun comprend immédiatement toute la nuance d'humour qui se cache derrière cette illustration. Un humour qui préfère flirter avec la poésie plutôt que de s'exer-

cer aux dépens d'autrui. Ainsi entend-on, lors de la description du départ en vacances de la fille : « comme saisi d'effroi, le train a sifflé ».

Le prétexte à l'édification de l'univers poé-tico-humoristico-onirique qui se cache derrière ce pseudo-réalisme est la chronique de la semaine de vie de deux parents en l’absence de leur fille laide. Les notations pince-sans-rire dont est émaillé ce récit sont toujours pleines de sel, comme cette incise dite en passant : « à la façon du moins dont il était capable de s’occuper d’une femme », pour décrire les attentions du mari envers sa femme. Le public se demande avec enchantement quelle va être la prochaine saillie à laquelle il va assister, et est régulièrement sur-

pris en même temps qu'amusé.Un pianiste dialogue avec le récit joué

par la comédienne, le plus souvent sur un ton qui confirme son propos. Alternés au début, leurs langages se superposent ensuite parfois, sans créer de confusion. Et si les larmes lavent « l’âme tourmen-tée » d’un des personnages, elles ne sont pas loin de réjouir le cœur du spectateur. Avec finesse, ce dont on se sent redevable

envers auteur et interprètes en ces temps où le comique rime trop souvent avec la vulgarité. n

théâtre

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(1) « Alouette », de Dezsö Kosztolànyi. Avec Danièle Douet, et Alphonse Cemin au piano. Mise en scène : Sylvia Folgoas. Jeudi, ven-dredi et samedi (20h45) jusqu’au 25 octobre au Théâtre Daniel-Sorano, 16, rue Charles Pathé, 94300 Vincennes, tél. 01.43.74.73.74, [email protected]

Chorals amateurs de qualité professionnelleSpectacle annuel qui met sur scène ceux qui sont habituellement dans la salle, le Festival « Nuits de Champagne » (1) honore cette année Bernard Lavilliers. Car c’est pour chanter avec un auteur-compositeur (et non un chanteur qui ne serait qu’interprète) de chanson française que ces amateurs viennent de la France entière. Ils ont répété des mois durant, parfois dans le cadre d’un collège (et l’enseignement catholique y participe aussi), parfois seuls après une journée de travail. Car ces amateurs ont tous les âges et sont tous mis en valeur : le choral du premier jour (2) est celui des huit cents collégiens de la région, celui du dernier (3) étant réservé aux mille passionnés qui, venant de toute la France, ont eu besoin de la semaine pour se synchroniser. Entre deux, plus de trente artistes ou groupes, de Francis Cabrel à Tryo en passant par le Cubain Raul Paz, l’Angolais Bonga, Juliette ou les deux plateaux que Bernard Lavilliers partagera, d’une part avec Alain Bashung, d’autre part avec Mino Cinelu. Enfin, pour la deuxième année consécutive, les professeurs des classes élémentaires des onze communes de l’agglomération ont préparé avec leurs 400 élèves un troisième choral. (4) ■

(1) Nuits de Champagne, Bureau du festival, La Maison du boulanger, Centre culturel, 16, rue Champeaux, Troyes. Du 26 octobre au 1er novembre. Tarifs de 6 à 45 e, passeports à 25 e. Rens. 03.25.40.02.03, www.nuitsdechampagne.com(2) le 26 octobre (18h30 et 21h), Espace Argence.(3) le 31 octobre (20h30) et le 1er novembre (16h et 21h).(4) les 22, 23 et 24 octobre (19h) à la Maison pour Tous de Ste-Savine.

Dans un langage aussi tendre qu’apparemment neutre, on assiste au récit d’une semaine de vacances hors normes. à savourer…

« Alouette »

humouret tendresse

Les mots servent à créer un univers

par Pierre François

D.R.

D.R.

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Seigneur ! Décidément, rien ne t'aura été épargné et tu auras réellement traversé toutes les vicissitudes de notre condition humaine. Après qu'ils t'ont

en tendu raconter la parabole des vi­gnerons homicides, les Pharisiens et les grands prêtres sont ulcérés. Ils se sont sentis visés ! Il est temps pour eux de se débarrasser de toi. Pour cela, il faut te compromettre aux yeux de la foule. Ils élaborent un piège subtil. Il s'agira à la fois de l'honneur de Dieu et de l'honneur national. Tu ne pourras répondre que par « oui » ou par « non ». Mais quelle que soit ta réponse, elle te condamnera. Les pauvres ! Ils n'ont pas encore compris que ton raisonnement va bien au­delà de ce genre de dialectique. Ton attitude nous est un enseignement précieux.

rendant hommage à ta droiture, à ton impartialité et à ton zèle pour la Vérité, les Pharisiens et les Hérodiens (qu'ils sont allés chercher en renfort) font mine de t'aborder avec une grande déférence et un réel souci de se conformer à ton enseignement. « Est­il permis ou non de payer l'impôt à César ? » Question piège ! Cas de conscience qui divisait les différents partis. Fallait­il se soumettre à l'occupant romain, accepter sa monnaie, lui payer tribut ? Pour les zélotes, les Juifs pieux, seul Dieu par son Messie pouvait régner sur eux. Les Hérodiens, au contraire,

étaient favorables au pouvoir romain. Sortes de collaborateurs de l'occupant, ils étaient même tout disposés à livrer à l'empereur l'un des leurs. Les Pharisiens, eux, se soumettaient au pouvoir pour ne pas perdre leurs prérogatives. Quant au peuple, il y voyait la marque d'un asservissement. Ainsi, si tu répondais « non », tu étais immédiatement dé­noncé au pouvoir romain comme opposant voire comme agitateur. Si tu répondais « oui », tu étais discrédité auprès des foules qui mettaient en toi leurs espoirs.

mais toi, tu sais tout. Tu sais que ton Heure approche et que tu as encore beaucoup de choses à enseigner à tes disciples. Tu connais les intentions cachées de tes interlocuteurs du moment. Tu ne te laisses pas troubler. Tranquillement, avec une assurance qui les met mal à l'aise, tu leur demandes de te montrer une pièce de cette monnaie de l'impôt. Ce n'était pas la monnaie des échanges courants. Il n'était donc pas nécessaire qu'ils en aient sur eux. Mais, si ceux qui te posent la question possèdent dans leur ceinture une telle pièce, c'est bien qu'ils s'en servent. Le piège se referme sur eux. Leur hypocrisie est dénoncée.

au lieu d'opposer, comme ils s'y attendent, droit politique et droit divin, tu ouvres une troisième voie. Il incombe à tout homme de se soumettre à César et à Dieu, selon une hiérarchie et dans un

équilibre à préserver. Ne diras­tu pas à Pilate : « Tu n'aurais nul pouvoir sur moi s'il ne t'était donné d'en haut » ? Cela ne t'empêchera pas de te soumettre à l'ordre établi. Ainsi, tu naîtras à Bethléem à cause de l'ordre impérial de recensement. Tu n'as jamais prêché l'évasion des réalités terrestres. à ton exemple, l'église à travers ses papes, ne cesse de nous dire : « Rendez à César ce qui est à César ». Ce qui signifie que la politique n'est pas interdite aux disciples du Christ. Au contraire ! Non seulement nous avons des devoirs civiques mais, dans la mesure de nos dons et de nos moyens, nous devons nous engager au service du bien commun de notre société. Car si nous sommes responsables à notre mesure du bon fonctionnement de la communauté dans laquelle nous vivons, nous sommes solidaires de toute la famille humaine. Or, nous le savons, le but de toute créature est d'être un jour réunie en toi. C'est ton désir le plus profond. Le motif pour lequel tu t'es incarné. Tu es venu à la rencontre de l'homme. Tu es venu nous chercher, nous montrer la voie qui mène à toi. C'est pourquoi tu ajoutes « et rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». Avons­nous le droit de nous lamenter si nous ne faisons rien pour insuffler à notre société un peu de notre foi et de notre charité ? Pouvons­nous nous plaindre d'étouffer si nous n'ouvrons pas les fenêtres à l'Esprit ? Nous sommes appelés à ne pas fuir notre rôle de disciples car grande est notre responsabilité d'avoir été choisis pour t'appartenir. n

* Mgr Mansour Labaky, L'Évangile en prière, éditions du Jubilé - Le Sarment, 920 p., 29 e.

Lectures du dimanche 19 octobre :Première Lecture : Isaïe 45.1, 4-6Psaume 96.1, 3-5, 7-10Deuxième Lecture : 1·Thessaloniciens 1.1-5Évangile : Matthieu 22.15-21

L'impôtdû à César

LECTURES29e dimanChE oRdinaiRE (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

15 Les Pharisiens se déplacèrent pour voir ensemble comment prendre Jésus au piège dans ses propres paroles. 16 Ils lui envoyèrent donc leurs disciples en même temps que des Hérodiens, et ces gens lui dirent : « Maître, nous savons que tu es droit et que tu enseignes les chemins de Dieu selon la vérité, sans te laisser influencer par personne ; car tu ne cherches pas à te faire bien voir. 17 Dis-nous donc ton avis : est-il permis de payer l'impôt à César ou non ? »18 Jésus a déjà vu leurs mauvaises intentions ; il leur répond : « Hypocrites, pourquoi essayez-vous de m'avoir ? 19 Faites-moi voir la monnaie qu'on donne pour l'impôt. » Et ils lui présentent un denier.20 Jésus leur dit : « Cette tête, et ce nom qu'on a gravé, de qui sont-ils ? ».21 Ils répondent : « De César ! » Alors Jésus leur dit : « Rendez à César ce qui est de César, et à Dieu ce qui est de Dieu. »

par Mgr Mansour Labaky*

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Un premier film se caractérise sou vent par un désir de bien faire, voire d'impressionner, qui se mue

parfois en maladresses. Le premier film d’Idit Cébula évite tous ces écueils et touche par sa justesse de ton et sa profondeur.

Entre son travail d'institutrice, son mari protecteur, sa fille adolescente et sa mère pour le moins envahissante, Éliane, la quarantaine, n'a guère de temps pour elle. Le peu de moment qui lui reste, elle le consacre à l'écriture. Un jour, elle décide d'envoyer un manuscrit à plusieurs éditeurs, et l'un deux, David Klein, décide de la rencontrer pour lui prodiguer quelques conseils. L'existence d'Éliane prend alors une nouvelle tour-

nure, ce qui n'est pas sans susciter quel-ques inquiétudes dans son entourage. Cette histoire écrite par Idit Cébula elle-même, en collaboration avec Emmanuel Michelet, surprend agréable-ment par son souci de la nuance, loin d'un ton revendicateur souvent réduc-teur. Le thème du film n'est pas spécia-lement original (une femme prise entre sa famille et sa passion), mais c'est sa façon de l'aborder, tout en subtilité, qui

tranche avec celle des films contempo-rains. Les personnages sont croqués avec finesse et interprétés avec beaucoup de brio, notamment par Emmanuelle Devos, qui est toujours impeccable. Éliane est un très beau person-nage, en quête d'épanouissement per sonnel, tout en restant profondé-ment attachée à sa vie familiale. ■

Deux vies plus une. Comédie dramatique française (2006) de Idit Cébula, avec Emmanuelle Devos (Éliane Weiss), Gérard Darmon (Sylvain Weiss), Jocelyn Quivrin (David Klein), Michel Jonasz (Guidalé), Valérie Benguigui (Valentine), Solange Najman (Reine, la mère), Jackie Berroyer (le directeur) (1h29). Diffusion mercredi22 octobre, sur Canal +, à 20h50.

Françoise Dolto,le désir de vivre

À la Libération, Françoise Dolto, alors jeune médecin, installe son cabinet de psychana-lyse à l'hôpital Trousseau. Elle se spécia- lise dans le traitement des jeunes enfants, en commençant par s'occuper de Claude, 10 ans, dont la mère, une résistante communiste, est morte dans un camp de concentration. Il est étonnant que la télévision ne se soit pas intéressée plus tôt à cette femme qui, la première, comprit que les bébés étaient des personnes à part entière. Josiane Balasko était tout indiquée pour interpréter ce personnage, mais, curieuse-ment, elle ne joue pas très naturellement, au début. D'ailleurs, c'est tout le téléfilm qui semble un peu empesé. Mais l'histoire est émouvante et assez prenante. Cette femme de cœur avait une écoute extraordinaire des enfants.Téléfilm français (2008) de Serge Le Péron, avec Josiane Balasko (Françoise Dolto), Maxime Berger (Claude), Milan Argaud (Ben), Florence Pernel (Jenny), Jean-Michel Vovk (Maurice), Georges Siatidis (Tom), Chantal Banlier (Madeleine), Philippe Laudenbach (1h35). Diffusion le lundi 20 octobre, sur TF1, à 20h50.

Guy Môquet,un amour fusilléFils d'un militant communiste, Guy Môquet, 16 ans, est arrêté pour avoir distribué des tracts. Il est interné au camp de Châteaubriant. À partir de faits authentiques, les scénaristes ont bâti un film émouvant. C'est un peu confus, au début, et peu palpitant, mais le téléfilm représente une sorte de documentaire intéressant sur la vie d'un camp, à cette époque. La fin est très émouvante. Courageux et chien fou, le héros est un gosse attachant pris dans la tourmente de l'Histoire.Téléfilm français (2008) de Philippe Bérenger, avec Théo Frilet (Guy Môquet), Audrey DeWilder (Odette Leclan), Patrick Catalifo (le lieutenant Parrain), Eric Théobald (Jean-Pierre Timbaud), Radha Valli, Anne Le Ny (1h40). Diffusion le mardi 21 octobre,sur France 2, à 20h50.

TÉLÉVISION

L’enquête corseContacté par un notaire provincial, Jack Palmer, un détective privé, doit retrouver un certain Ange Leoni, qui vient d'hériter, d'un lointain parent, une luxueuse propriété dans le Gâtinais. Mais Ange Leoni est Corse, et le notaire a bien prévenu Palmer : là-bas, c'est spécial ! Christian Clavier et Jean Reno forment un

couple de cinéma des plus classiques, mais très efficace. De leur confrontation et de celle du héros avec la culture corse naît fréquemment le rire. Car les dialogues sont très amusants, les péripéties nombreuses et les paysages corses splendides. Cette adaptation d'une bande dessinée célèbre de Pétillon (elle a, d'ailleurs, connu un grand succès en Corse) joue sur une partition classique (on a, parfois, l'impression d'être dans un film de Gérard Oury), mais le thème est des plus actuels et il fournit une matière inépuisable de gags. Bien sûr, le héros est un nationaliste qui passe son temps à poser des bombes (mais il ne tue jamais !). Un détail mineur dans une comédie bon enfant qui n'est jamais vulgaire.

Comédie française (2004) d’Alain Berberian, d'après la BD de Pétillon, avec Christian Clavier (Jack Palmer), Jean Reno (Ange Leoni), Caterina Murino (Léa), Didier Flamand (Dargent), Pierre Salasca (Matéo), Pido (Figoli), Alain Maratrat, Orsini (1h30). Diffusion le mardi 21 octobre, sur TF1, à 20h50.

Le film s'attache à dépeindre avec une belle délicatesseaussi bien l'évolution de l'héroïne que celle de son mari.

Deux vies plus unepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La jeune réalisatrice Idit Cébula signeune œuvre subtileet joliment maîtrisée

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TF120.50 Français : La grande interro ! Divertissement présen-té par Laurence Boccolini et Jean-Pierre Foucault, avec Bernard Pivot.23.15 New York, unité spé­ciale. Série avec Christopher Meloni, Mariska Hargitay 3.France 220.50 Le plus grand caba­ret du monde. Divertissement présenté par Patrick Sébastien, avec Pierre Palmade, Sofia Essaidi, Stéphane Guillon, Marie Gillain, Cali, Antoine Duléry, Jean-Luc Moreau, Bruno Solo, etc.23.15 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.50 Famille d’accueil : «Terre d’accueil», «Fille de personne» GA. Série avec Virgine Lemoine, Christian Charmetant. Deux épisodes bien ficelés, mais le second banalise l’homosexua-lité.23.20 Affaires classées «L’affaire Roland Bondonny (Corrèze)». Documentaire.Arte21.00 L’aventure humaine «Les trésors perdus de Salomon» J. Pas mal, mais un peu lourd.21.50 L’aventure humaine «La cité perdue d’Akhénaton». 22.40 L’été d’Isabelle GA. Téléfilm en VO avec Natacha Régnier, B. Tentimyshov (1h38). Original et bien fait.M6La trilogie du samedi20.50 Journeyman : «Retour vers le passé», «La fille du ciel». Série avec Kevin McKidd.22.10 Supernatural. Série avec Jensen Ackles 3.23.45 Smallville. Série 2.Canal +

20.50 La dernière légion J. Aventures (2007) de Doug Lefler, avec Colin Firth, Sir Ben Kingsley (1h38) 2. Un péplum sympathique, mais un peu trop conventionnel.KTO20.40 VIP «Jean-Marie Kerwich». Rencontre avec un écrivain tsigane.21.40 Concert «Messe en si mineur de Bach».23.35 Inde «Être catholique au quotidien».

télévision

36 FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008

TF120.50 Les experts : «Un mal de chien», «Le taureau par les cor-nes», «Petits meurtres entre col-lègues». Série avec W. Petersen 2.23.20 8 mm A/Ø. Policier (1999) de J. Schumacher, avec Nicolas Cage (2h03) 4. Pre-nant, mais atroce et cru.France 2

20.55 Otage GA. Thriller (2005) de Florent Siri, avec Bruce Willis (1h49) 3. Un bon suspense.22.55 The island GA. Science-fiction (2005) de Michael Bay, avec Ewan McGregor, Scarlett Johansson (2h12) 2. Un excellent film, mais avec beaucoup de violences.France 320.55 Inspecteur Barnaby «Le mystère du bois des Moines». Téléfilm avec John Nettles 3.23.10 Haute tension «Pigalle». Documentaire 2.01.05 Le masque de Dimitrios GA. Drame en VO et NB (1944) de Jean Negulesco, avec Sydney Greenstreet (1h35). Un superbe film noir.ArteOliver Stone20.40 The Doors A/Ø. Drame (1991) de Oliver Stone, avec Val Kilmer (2h15). Une magnifique reconstitution de la vie de Jim Morrison (drogue, alcool, sexe, etc.). Mais les ima-ges sont complaisantes.23.00 Oliver Stone, un rebelle à Hollywood J. Un portrait sans fard d’un personnage contesté.M620.50 Capital «Jobs, salaires, 35 heures : Ce qui va changer pour vous». Magazine.22.50 Enquête exclusive «Rou-tiers : Le salaire de la peur». Canal +20.50 Football «Valenciennes/Marseille».KTO10.00 Béatification des parents de sainte Thérèse de lisieux, en direct de Lisieux.20.40 La foi prise au mot «Grati-tude», avec le frère F. Cassingena-Trévedy et Dominique Ponnau.21.40 Vu de Rome. 22.00 À force de rêves. 23.25 Jean­Paul II : «Son pontifi-cat», «Sa vie».

TF120.50 Françoise Dolto, le désir de vivre J. Téléfilm avec Josiane Balasko, Maxime Berger (1h35). (voir notre analyse page 35)22.35 Esprits criminels. Série avec Joe Mantegna 3.France 220.50 Cold case : «Talents fra-ternels», «Prisonniers», «Une

journée inoubliable». Série avec Kathryn Morris 3.23.15 Complément d’en­quête «Voiture propre : Le marché de dupes». Magazine de Benoît Duquesne.France 320.55 Vie privée, vie pu blique «Bas les masques

avec Françoise Hardy, Christian Clavier, Pierre Palmade, Sylvain Augier, Mylène Demongeot, Boris Cyrulnik». Magazine de Mireille Darc.23.25 Ce soir (ou jamais !). France 5

20.35 L’enfer de Matignon (1/4) «L’antichambre» J. (voir notre analyse ci-contre)Arte21.00 Ma petite entreprise A/Ø. Comédie (1999) de Pierre Jolivet, avec Vincent Lindon (1h26). Une excellente comédie, mais le sujet est mince et les scènes érotiques crues.22.25 Musica «Julia Varady : Le passage du flambeau». 23.25 C’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé A. Comé-die (2005) de Michel Piccoli avec Roger Jemdly (1h12). Original, mais sinistre.M6Soirée spéciale Kad Merad20.50 Un ticket pour l’espace J. Comédie (2006) de Éric Lartigau, avec Kad Merad, Olivier Barroux (1h29). Sympathique, mais mineur.22.40 Le meilleur de Kad Merad. Magazine présenté par Laurent Boyer, avec Gérard Jugnot, Olivier Barroux, Clovis Cornillac, Jonathan Lambert, etc.Canal +20.50 Vie de fous. Documentaire.KTO20.40 Saint François d’Assise, le petit pauvre. Enquête au sein des communautés franciscaines.21.45 L’année saint Paul.22.20 Jean­Paul II : «Son pontifi-cat», «Sa vie».

TF120.50 L’enquête corse J. Comédie (2004) de Alain Berberian, avec Christian Clavier, Jean Reno, Caterina Murino (1h30). (voir notre ana-lyse page 35)22.30 Pascal, le grand frère. Magazine.00.00 Au Field de la nuit. Magazine présenté par Michel Field.France 2

20.50 Guy Môquet, un amour fusillé J. Téléfilm avec Théo Frilet, Audrey Dewilder, Patrick Catalifo, Éric Théobald (1h40). (voir notre analyse page 35)22.40 Faites entrer l’accusé «Les Meurtres de Perpignan». Magazine présenté par Christophe Hondelatte 3.France 320.50 Le Saint GA. Aventures (1997) de Philip Noyce, avec Val Kilmer, Elisabeth Sue (1h50). Une bonne adaptation de Leslie Charteris, mais une caricature déplaisante d'un pen-sionnat religieux.23.20 Ce soir (ou jamais !). Magazine de Frédéric Taddéï.ArteAvoir 20 ans en Amérique21.00 American paradox. Documentaire.21.45 Génération Irak. Documentaire.22.30 Débat.23.05 Who’s afraid of America ? (1 et 2/4) : «Foi et liberté», «Guerre et paix». Série documentaire.M620.50 Desperate housewives : «Une vie sans secret», «Le grand jeu» GA. Série avec Teri Hatcher, Eva Longoria 2. Toujours aussi réussi et corrosif.22.30 Nip/Tuck. Série avec Julian McMahon 3.Canal +20.45 Football «La grande soirée de Champions League : Steaua Bucarest/Lyon».KTO20.40 Les mardis des Bernar­dins «Réactivité de l’entreprise et tensions humaines», avec P. Leydier, H. du Mesnil et G. Pellissier.21.45 Églises du monde.22.20 VIP «Jean-Marie Kerwich».

samedi 18 octobre Dimanche 19 octobre lundi 20 octobre Mardi 21 octobre

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Retour de mission à Wallis et Futuna» - 11h00 Messe des 350 ans des Missions étrangères de Paris, en direct de l’église de l’Épiphanie, à Paris.

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FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 37

sur France 5Lundi 20 octobre à 20h35L’enfer de Matignon JFrançois Fillon et tous les anciens Premiers ministres ont acepté de témoigner (sauf Jacques Chirac) de ce que fut leur vie au cœur du pouvoir. C'est passionnant d'avoir l'opi nion (pas toujours flatteuse) de ceux qui ont exercé cette «fonction sacrificielle». Ils racontent comment ils ont appris leur nomination (c'est souvent incroyable), comment ils vivaient au jour le jour, etc. Michel Rocard est, sans doute, l'un des plus intéressants, et Dominique de Villepin, l'un des moins lucides.

TF120.35 Football «Ligue des champions : PSV Eindhoven/Marseille».22.50 Les experts, Manhattan. Série avec Gary Sinise 3.23.15. Série 3.France 220.50 Louis Page «Dans la peau d’un autre» GA. Téléfilm avec Frédéric Van den Driessche, Stéphan Guérin-Tillié, Frédérique Bonnal, Solène Bouton, (1h25). Il y a des longueurs et ses scènes inutiles dans cet épisode qui traite bien superficiellement de la vocation du prêtre.22.35 Les infiltrés «Chronique d’une maltraitance ordinaire». Magazine présenté par David Pujadas.France 320.50 Droit d’inventaire «Scoops, scandales et censure». Magazine présenté par Marie Drucker et Max Gallo.22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.ArteCrise financière21.00 Chronique d’un nouveau désordre mondial. Documentaire.21.55 Débat.

22.35 Bombon le chien J. Comédie dramatique en VO (2004) de Carlos Sorin, avec Juan Villegas (1h33). Une peinture sobre et attachante de la vie des gens simples en Argentine.M620.50 Merci, les enfants vont bien i : «Congé paternité !», «Système B.». Série avec Pascale Arbillot, Bernard Yerlès.22.50 Derrière l’uniforme, les soldats du feu.Canal +20.50 Deux vies plus une GA. Comédie dramatique (2006) de Idit Cébula, avec Emmanuelle Devos, Gérard Darmon (1h26). (voir notre analyse page 35)KTO20.40 À chacun son cap «Faire sortir l’hôpital de l’hôpital». Por-trait d’un association caritative originale. 21.45 La famille en questions.22.20 La foi prise au mot «Gratitude».

TF120.50 Star Academy. Divertissement présenté par Nikos Aliagas.23.25 Sans aucun doute. Magazine présenté par Christophe Moulin.France 220.50 Boulevard du Palais «Autopsie d’un couple» A. Téléfilm avec Anne Richard, Jean-François Balmer, Philippe Ambrosini, Stéphane de Groodt, Samuel Labarthe (1h34) 2. Excellent, bourré d’hu-mour et d’émotion. Mais le milieu abordé est très malsain.22.40 Taratata. Divertissement de Nagui, avec Julien Doré, Carla Bruni, Laurent Voul zy, Katy Perry, Daniel Powter, Ro ger Hodgson, etc.France 320.55 Thalassa «Dans le secret des sous-marins». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.25 Comme un vendredi. Magazine présenté par Samuel Étienne.Arte21.00 Nés en 68 Ø. Téléfilm avec Laetitia Casta, Yannick Rénier, Yann Trégouët (3h20). Cette glorification des idéaux de mai 68 est bienlongue et naïve. Entre triolisme, avortement, drogue, pacs, scè-nes érotiques, etc., le fond est très contestable.00.20 Tracks. Magazine.M620.50 NCIS : «Un garçon d’ex-ception», «Héros d’un jour...», «Le monstre». Série avec Mark Harmon, Michael Weatherly 2.23.20 Journal intime d’une call­girl. Série avec B. Piper 4.23.50 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +

20.50 Un secret GA. Drame (2007) de Claude Miller, avec Cécile de France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu (1h42) 2. Cette histoire d’adultère est une excellente adaptation du roman de Philippe Grimbert.KTO20.40 Vagabonds de Dieu. Enquête sur les pèlerins.21.45 La vie des diocèses.22.20 Les mardis des Bernardins «Réactivité de l’entreprise et ten-sions humaines».

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20.50 Paris enquêtes crimi­nelles : «La grande vie», «La quête», «Le serment» GA. Série avec Vincent Perez, Audrey Looten, Laure Killing, 2. Des épisodes inégaux et un héros qui trouve tout trop vite.23.35 La méthode Cauet. Divertissement.France 220.55 Envoyé spécial : «La crise de l’immobilier fait ses pre-mières victimes…», «Portrait de Sarah Palin», «Carte blanche à Francis Perrin : Un enfantpresque comme les autres». Magazine.23.00 Infrarouge «Maréchal nous voilà : La propagande de Vichy». Documentaire.France 320.55 Louis la brocante «Louis n’en dort plus». Téléfilm avec Victor Lanoux, Évelyne Buyle, Nadia Barentin, Jean-Paul Roussillon, Arthur Dupont. 22.40 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.Arte21.00 Arte live «Arte rock in the city». Concert avec Camille, The Kills, Asa, Micky Green, Ayo, Jane Birkin, Olivia Ruiz, etc.23.00 Grand format «Les guer-riers du bac à sable». M620.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet.22.50 Shark. Série avec James Woods 2.00.25 Mon nom est Personne GA. Western (1973) de Tonino Valerii, avec Terence Hill, Henry Fonda, Jean Martin (1h35). Un excellent western se dérou-lant devant des décors superbes.Canal +20.50 Dirty sexy money (1 et 2/10) : «Portrait de famille», «Les lions» GA. Série avec Donald Sutherland, Peter Krause. Une satire amusante des gens très riches, mais un personnage choquant de pasteur.KTO20.40 Hors les murs «Lisieux, la béatification de Louis et Zélie Martin».21.45 Questions ouvertes.22.20 Concert «Messe en si mineur de Bach».

Mercredi 22 octobre Jeudi 23 octobre vendredi 24 octobre

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 18 octobre19h30 Grand Témoin Le Père Jean-Baptiste Etcharren (Supérieur général des missions étrangères de paris)21h De concert avec vous Piotr Illich Tchaïkovski, concerto pour piano et orchestre n°1 et 6 pièces pour piano de Sergei Rachmaninoff22h Perspectives "La béatification de Louis et Zélie Martin, les parents de Thérèse de Lisieux", avec Mgr Guy Gaucher.23h Halte Spirituelle, l'intégrale "Thérèse de Lisieux, un chemin de conversion", avec Françoise Vazille (accompagnatrice dans un centre spiri-tuel de jésuites)Dimanche 19 octobreClôture de la Semaine mission-naire mondiale10h "Messe de béatification des Parents de Sainte Thérèse de Li sieux, patronne des missions, en la Basilique de Lisieux" Commen- taires : Irène Degroote16h La voix du petit chanteur "Kurt Thomas dirige Bach avec le Chœur de St Thomas de Leipzig"17h Dialogue "Une bonne ques-tion pour aujourd'hui : qu'est-ce qu'être homme ?", avec Chantal Delsol (philosophe)18h15 Regard sur l'événement "Spécial Elections américaines", sys-tème électoral et démocratie (1/3)Lundi 20 octobre14h30 Halte spirituelle "La vie spirituelle au travers de nos 5 sens", avec le père Louis Crausaz.(1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45)Mercredi 22 octobre14h Musiphonie "Les symphonies de Bruckner" par Wilhem Furtwängler.10h A votre service "Quoi faire au jardin fin octobre ?" avec Michel Chéroux (ingénieur agricole). France CultureDimanche 19 octobre10h Messe, depuis l'église Saint-Rémi, 11 rue des Bretons, 94700 Maisons-Alfort, commentée par Frère Laurent Lemoine, Prédica-teur : Père René d'Huy.

Marie Bizien

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Paris✔ L'Association des écrivains croyants d'expression française (AECEF) vous invite à une vente-signature de livres au Collège des Bernardins le 19 octobre (14h-19h), 18-24 rue de Poissy, 75005 Paris.✔ Dans le cadre de l’association "Écouter avec l’Eglise", des confé-rences par le Père Michel Viot sont prévues à l'Espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris. "Spe Salvi", « Sauvés dans l’Espérance », encyclique du Pape Benoît XVI. Programme : "Introduction : Sortir des Fausses Espérances", le 21 octobre ; "Croire c’est espérer" [avec le Pasteur Alain Joly, (Président du Consistoire Luthérien de Paris et mem-bre observateur de l’Association)], le 25 novembre ; "Qu’est-ce que la vie éternelle ?", le 16 décem-bre ; "C’est ensemble que nous sommes sauvés", le 27 janvier 2009 ; "Lendemains qui chantent et espérance chrétienne", le 17 février ; "La Prière, une école d’es-pérance", le 24 mars ; "Espérance dans la souffrance", le 21 avril ; "Le Christ Sauveur et Juge", le 26 mai ; "Marie, Reine d’Espérance", le 13 juin. Il est recommandé de se procurer l’encyclique Spe Salvi

et de préparer les paragraphes annoncés. Ces Conférences ont lieu de 18h30 à 19h30. A l’issue de de la 1ère conférence, le Père Viot célèbrera la Messe.✔ A l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et forts du suc-cès et de l’impact de l’exposition "Pauvres et dignes" à Genève, New York et Naples, ces 34 pho-tos sont présentées, jusqu'au 26 octobre, au couvent des domini-cains, 222 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris, avec les Points-Cœur (association internatio-nale à caractère humanitaire, née en France en 1990 à l’initiative du Père Thierry de Roucy). Accompagnées de citations de grandes figures de notre temps, de récits d’enfants ainsi que de témoignages de bénévoles de Points-Cœur, le par-cours met en lumière la beauté et la dignité qui paradoxalement transparaît chez les plus pauvres. Rens. ✆ 06.98.84.66.72/www.pointscoeur.org✔ Les Semeurs d'Espérance or- ganisent une Nuit d’Adoration, « La profondeur des sexes : pour une mystique de la chair ! », avec Fabrice Hadjadj (Philosophe et juif converti au catholicisme). Rendez-

vous le 24 octobre (20h) à la pa roisse St-Séverin, 75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le 3 rue des Prêtres. Au programme : ensei-gnement… messe animée… adoration guidée… relais devant Jésus… sacrement de réconcilia-tion… petit-déjeuner. Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.org✔ La Légion de Marie propose la projection d’un documentaire d’Armand Isnard "Edel Quinn, La Messagère de Notre-Dame", le 20 octobre (16h), à la Maison de l’Im-maculée, 43 rue Boileau, 75016 Paris. Edel Quinn, née en Irlande en 1907, fut envoyée de la Légion de Marie en Afrique orientale de 1936 à 1944. Emportée par la tuberculose, elle repose à Nairobi au terme de plusieurs années d’un héroïque apostolat. Elle "était des-tinée, dira Mgr Riberi, à infléchir le cours de l’Histoire par la seule force de l’exemple". Elle faisait preuve d’un dévouement extérieur qui reflétait une union intime avec Notre-Seigneur et d’un amour intense pour la Mère de Dieu. Déclarée vénérable par le pape Jean-Paul II en 1994, elle fut, dira Frank Duff, l’incarnation parfaite de l’idéal légionnaire. Rens. ✆ 01.

46.51.92.03, ou 06.80.14.84.76, [email protected]✔ Une retraite organisée par l’Association Les Amis du Père Bill ([loi 1901], BP 63, 38330 Saint Ismier) aura lieu du 9 au 15 novembre à Lisieux sur le thème de la guérison "Ame-Esprit-Corps". Retraite, en silence, prê-chée par le Père Anthony (fils spirituel du Père Bill), rythmée par des temps de louange, des enseignements fondamentaux, l’Eucharistie, le sacrement du Pardon, la prière et l’Adoration.Messe finale ouverte à tous (15h) à la crypte de la basilique Sainte Thérèse. Rens. ✆ 04.42.26.86.07 tous les jours (11h-13h45) ou ✆ 04.42.27.82.84 tous les jours (20h-22h). Inscriptions : JP Gros Béthanie 2152 Chemin d’Asse-mont, 14100 Saint-Désir, bulle-tins d’inscription téléchargeables sur le site www.perebill.frCourriel : [email protected]✔ La communauté des Béatitudes vous invite à une cérémonie "des Pétales de Roses", en l'honneur de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus", le samedi 25 octobre (14h-17h), en l'église de Lièvremont

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

Avec un premier abonnement, en cadeau,1 DVD de "Un modèle pour Matisse"

Histoire de la CHapelle du rosaire à VenCe

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….......................................... ....................................................................................................................................................

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À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

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hebdomadaire

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(25650). Les enfants seront réunis à part. Un enseignement, coupé de chants, vous permettra de mieux connaître celle que Jean-Paul II a proclamée Docteur de l'Église. Vous pourrez lui confier vos intentions sur une feuille de papier, dans une enveloppe à votre nom, que nous déposerons devant sa statue, ainsi qu'une rose car Thérèse avait promis de répandre sur nous une pluie de grâces, après sa mort. La cérémo-nie se terminera par une bénédic-tion du Saint-Sacrement. L'église sera chauffée.Hauts-de-Seine✔ "Octobre 1978, Jean-Paul II était élu Pape. 30 ans après, quel héritage ?". Le père Bertrand Auville (Garches), en lien avec le Service Diocésain des Vocations, est heureux de vous inviter à une soirée avec le Cardinal Paul Poupard, le mardi 21 octobre, en présence de Mgr Nicolas Brouwet (évêque auxiliaire de Nanterre), à la Paroisse Saint-Louis de Garches, 2 bis rue de l’église, 92380 Garches. (19h15) vêpres solen-nelles, (20h-21h) cocktail-dîna-toire, (21h) veillée dans l’église. Devant le Saint-Sacrement, le Cardinal (préfet émérite du Conseil Pontifical de la Culture) nous fera méditer sur des écrits significatifs de l’enseignement de Jean-Paul II dont il fut un des plus proches col-laborateurs. Rens. ✆ 01.47.41.01. 61 / [email protected]✔ L'association Entraide Mission Amitié propose leur prochaine soirée dansante le 18 octobre (à partir de 21h30) à l'espace Saint Pierre de Neuilly, 121 av. Achille Péretti, 92200 Neuilly-sur-Seine. http://sesameettalents.free.fr/http://www.ema.asso.frSavoie✔ Le 6 novembre (20h30), salle Jean Renoir, Rue Nicolas Parent, 73000 Chambéry, une confé-rence est prévue sur le thème "Fin de vie : quels choix éthi-ques pour la France ? Euthanasie, acharnement thérapeutique, soins palliatifs", animé(e) par le docteur Xavier Mirabel (cancé-rologue et président de l’Alliance pour les Droits de la Vie). Rens. : I. Manceron, ✆ 06.34.55.04.46.Enfance et sainteté✔ 4e colloque organisé par l'As-sociation Enfance et Sainteté à Paray-le-Monial du 26 au 30 oc-tobre, destiné aux parents, grands- parents, éducateurs, religieux, prêtres et enfants. Le thème por-tera sur l'Adoration et le sens du sacré. De nombreux intervenants dont Mgr Cattenoz, Mgr Labaky, le Père Daniel-Ange, Thibault Collin (professeur de philoso-

phie), Lucienne Sallé (psycho- logue), Père Colomb (Mep), Père de la Divine Enfance (carme), Père Guilmard (osb),... animé par Marie-Joëlle Guillaume. Rens. ✆ 01.42.67.07.11/colloque2008 @enfanceetsaintete.orgwww.enfanceetsaintete.orgAssociation Parole-Bégaiement✔ La 11e Journée Mondiale du Bégaiement aura lieu le 22 octobre "N’ayons pas peur du bégaiement !", avec l’Association Parole-Bégaiement (BP 72, 75622 Paris Cedex 13). Cette date est une occasion donnée aux per-sonnes qui bégaient de se faire entendre et aux personnes plus ou moins concernées de décou-vrir ce trouble de la communica-tion. Des membres de l’associa-tion répondent toute la journée sur le ✆ 0810.800.470 (prix appel local). http://www.begaiement.orgL’Association soutient le 2e congrès africain sur le bégaiement

qui aura lieu à Ouagadougou (Burkina Faso) du 27 au 30 octo-bre, sur le thème "Le bégaiement en Afrique : quelles stratégies pour une réelle prise de conscience ?" http://ouaga2008.ifrance.com/http://www.africastuttering.org/Salon du Chocolat✔ Du 29 octobre au 2 novembre aura lieu le "Salon du Chocolat" (10h-19h) à la Porte de Versailles, Hall 5, à Paris. Toutes les heures, un cycle de conférences-dégusta-tions animées par des personnali-tés et des amateurs. Notamment le 29 (11h) "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Chocolat", (14h) "Chocolat et Santé" ; le 31 (17h) "Le choco-lat, cet aliment qui vous veut du bien" ; le 1er (18h) "De la Plantation à la Chocolaterie"... Tarifs : 12 e, enfants 6 e, gratuit jusqu'à 3 ansRens. ✆ 01.40.72.51.62.www.salonduchocolat.frPour passer un communiqué, contactez :

[email protected] : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :

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BLOC-NOTES

FRANCECatholique n°3136 17 octobre 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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