E. Chavannes - Trois généraux chinois de la dynastie des Han orientaux

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    TROIS GNRAUX CHINOISde laDYNASTIE DES HAN ORIENTAUX

    Chapitre LXXVII duHEOU HAN CHOU

    Traduit par

    Edouard CHAVANNES

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    Trois gnraux chinois

    partir de :

    TROIS GNRAUX CHINOISde la DYNASTIE DES HAN ORIENTAUXPan Tchao (32-102 p.C.) son fils Pan Yong Leang Kin ( 112 p.C.)

    Chapitre LXXVII du HEOU HAN CHOUTraduit par douard CHAVANNES

    Toung pao, Volume 2:7, 1906, pages 210-269.

    Article numris parPierre Palpant

    [email protected]

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    TABLE DES MATIRES

    Introduction

    Biographies : Pan Tchao Pan Yong Leang Kin Ho hi.

    Index

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    p.210 Le gnral Pan Tchao na jamais port les armes chinoises

    jusque sur les bords de la mer Caspienne. Mais, pour navoir pas

    accompli cet exploit imaginaire que certains auteurs Europens lui ont

    faussement attribu 1, il nen est pas moins un des hommes qui

    contriburent le plus puissamment maintenir, sa vie durant, le prestige

    et lautorit de la Chine dans le Turkestan oriental ; sa biographie est

    insparable de lhistoire des pays de lOuest lpoque des Hanpostrieurs. Devant prochainement traduire le chapitre du Heou Han

    chou relatif aux contres dOccident, nous avons donc pens que la vie

    de Pan Tchao et de son fils Pan Yong serait une utile introduction

    ltude de ce chapitre ; cest ce qui justifie la publication que voici.

    Le texte que nous traduisons est tir du Heou Han chou qui fut

    compos par Fan Ye, mort en 445 p. C. Lauteur est donc notablement

    postrieur aux vnements quil raconte ; mais son uvre avait tprpare et rendue possible par toute une srie de travaux antrieurs

    sur lesquels nous sommes assez bien renseigns par une notice que

    rdigrent en 1035 YuTsing et Wang Chou ;je reproduis intgralement

    cette notice qui est insre la fin de ldition du Heou Han chou faite

    par ordre de Kien-long (rimpression de Chang-hai, 1888) : p.211

    (Notice de Yu Tsing et Wang Chou sur les divers travaux

    auxquels donna lieu lhistoire des Han orientaux.)

    Le neuvime mois de la premire anne king-yeou (1034), le sous-

    directeur des archives secrtes (pi chou tcheng) Yu Tsing 2 a adress

    lempereur un rapport o il disait :

    1Entre autres, Macgowan, A history of China, p. 119, note.2

    La biographie de Yu Tsing se trouve dans le chap. CCCXX du Song che.

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    Dans limpression faite par le kouo tseu kien des deux

    histoires des Han1,il y a des fautes de texte et il est craindre

    que ces fautes ninduisent en erreur ceux qui plus tard selivreront ltude. Moi, votre sujet, jai rassembl avec soin les

    diverses ditions, et accessoirement je me suis appuy sur

    dautres livres ; jai class ces textes et jen ai discut la

    valeur, dans lesprance de faire que limpression devienne

    plus correcte2.

    Un dcret imprial transmit ce travail au han lin hio che

    Tchang Kouan3 et dautres pour quils en fissent une rvision

    minutieuse ; p.212 quand ils eurent soumis leur rapport,

    lempereur ordonna encore au prpos aux explications dans le

    kouo tseu kien, Wang Chou4,daller avec moi, (Yu) Tsing, dans

    le btiment du tchong wen yuan5 pour y collationner (les

    textes qui sy trouvent) 6. Aprs des recherches attentives, jai

    1Cette dition imprime avait t faite, en ce qui concerne le Heou Han chou, en lanne1022, sous la direction de Souen Che. (cf. le Tche tchai chou lou kiai tide Tchen Tchen-

    souen [sur lequel, voyez Wylie, Notes..., p. 60], cit dans le Sseu kou tsiuan chou tsongmou, chap. XLV, p. 24 v ; sur Souen Che, qui vcut de 962 1033, voyez le chap.CCCCXXXI du Song che). Il me semble que cette dition est ldition princeps ; en effet,quand Tsi Chao-nan, dans la postface ldition de 1739 du Tsien Han chou(rimpression de Chang-hai, 1888) dit que la premire dition imprime des troishistoriens (le Che kide Sseu-ma Tsien, le Tsien Han chou de Pan kou et le Heou Hanchou de Fan Ye) fut dcrte par lempereur pendant la priode chouen-houa (990-994),il sagit dune dition quon allait entreprendre, et non dune dition termine ; il est fortpossible que limpression du Heou Han chou, dcide en principe pendant la priodechouen-houa, nait t finie quen 1022, puisque ce livre tait le dernier des troisouvrages quon stait propos de publier par le nouveau procd des planches graves.2Le Song che (chap. CCIII, p. 1 r) cite sous le nom de YuTsing louvrage intitul : Erreurs de ldition imprime du Han chou , en 30 chapitres. Cest sans doute cetravail qui fut prsent lempereur en 1034.3 La biographie de TchangKouan se trouve dans le chap. CCXCII du Song che. Noussavons que, sous le rgne de Jen Tsong (1023-1063), cet rudit fut charg, avecquelques autres lettrs dont le plus notable est Wang Yao-tchen, de dresser le cataloguedes livres contenus dans la bibliothque impriale qui venait dtre rdifie et qui portaitle nom de Tchong wen yuan ; ce catalogue tait intitul Tchong wen tsong mou (Songche, chap. CCII, p. 1 v ; sur le Tchong wen tsong mou, voyez une bonne notice de Hirthdans le Toung pao de 1895, p. 426-28).4La biographie de Wang Chou se trouve dans le chapitre CCXCIV du Song che.5La bibliothque impriale que venait de faire construireJen Tsong.6Yu Tsing fut charg daller avec WangChou collationner le texte de Sseu-ma Tsien et celuide Fan Ye (Song che, chap. CCCXX, p. 5 r). Ainsi, YuTsing avait commenc par rdigerdes observations critiques sur le Tsien Han chou (cf. plus haut, p. 211, n. 3) ; lempereur le

    chargea ensuite de faire, en collaboration avec WangChou, un travail analogue sur le Che ki

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    constat que, sous lempereur Ming (58-75 p.C.) de la

    dynastie des Han postrieurs, un dcret imprial chargea

    PanKou ( 92 p.C.), TchenTsong, YinMin1

    et MongKi2

    derdiger les annales principales de Chetsou (25-57 p.C.) ainsi

    que les biographies des sujets illustres de lpoque kien-wou

    (25-55 p.C.). Plus tard, il y eut LieouTchen et LiTchong qui

    composrent, sans suivre un plan systmatique, les Annales

    et les Biographies pour la priode qui suit lpoque kien-wou

    (25-55 p.C.) et qui va jusqu lpoque yong-tchou (107-113

    p.C.). En outre, lempereur ordonna Fou Wou-ki et

    Houang King de composer (les tableaux p.213 synoptiques)

    des rois, des fils de rois et de ceux qui furent faits marquis

    par faveur, ainsi que (les monographies concernant) le chan-

    yu3 et les Kiang occidentaux, et le trait sur la gographie.

    Puis Pien Chao, Tsouei Che, Tchou Mou et Tsao Cheou

    composrent les chapitres sur les impratrices et sur les

    parents de lempereur par les femmes, ainsi que le tableau

    des cent sortes de fonctionnaires, et les biographies dessujets illustres du rgne de lempereur Chouen (126-144

    p.C.) ; cela forma un total de 114 chapitres quon appela le

    HanKi4. Pendant la priode hi-ping5(172-177 p.C.), Ma Mi-

    de Sseu-maTsien et sur le Heou Han chou de FanYe ; on aurait de la sorte prpar la voie une dition de ces trois historiens meilleure que ldition princeps du Kouo tseu kien. Lerapport que nous traduisons en ce moment est celui par lequel Yu Tsing montre comment luiet Wang Chou sy sont pris pour tablir le texte du Heou Han chou.

    1Voyez la biographie de Yin Min dans le chap. CIXa du Heou Han chou.2Ce personnage est appel Mong Yidans la biographie de Pan Kou (Heou Han chou,chap. LXX, a, p. 4 r).3Ce chapitre traitait vraisemblablement des Hiong-nou mridionaux. Dans la table desmatires du Heou Han chou de FanYe, au dessous du titre du chapitre CXIX les Hiong-nou mridionaux , on lit que, dans le Tong kouan ki (cf. p. 213, l. 13), le chapitrecorrespondant tait intitul le chan-yu mridional des Hiong-nou .4Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec un livre de mme titre qui fut compos lafin du deuxime sicle de notre re par Siun Yue et qui est une histoire des Hanantrieurs (cf. Wylie, Notes..., p. 19).5Ldition de Chang-hai donne la leon kia-ping et cette leon se retrouve dans le Cheliode Kan Sseu-souen (d. du Kou yi tsong chou) ; malgr cette double autorit, je crois

    quil faut lire hi-ping.

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    ti, Tsai Yong1 (133-192 p.C.), Yang Kiet LouTche2 ( 192

    p.C.) firent une suite cet ouvrage sous le nom de Tongkouan

    Han ki3

    . A lpoque de la dynastie Wou (222-277 p.C.), legouverneur de Wou-ling, Sie Tcheng, composa le Hanchou en

    130 chapitres. Sous la dynastie Tsin (265-419 p.C.), le san ki

    tchang cheSieYing 4 ( 282 p.C.) p.214 composa le Heou Han

    kien 100 chapitres. Pendant la priode tai-che (265-274 p.C.),

    le sous-directeur des archives secrtes (pi chou tcheng) Sseu-

    ma Piao (240-305 p.C.) rassembla le premier tous ces rcits,

    et, commenant avec lempereur Kouang-wou (25-57 p.C.)

    pour finir avec lempereur Hiao-hien (190-220 p.C.), il

    composa le Siu Han-chou5. Ensuite, le san ki tchang che Houa

    Kiao6 amenda et rectifia le Tong kouan kidont il fit le Heou

    Han chou en 97 chapitres. Le tseu pou lang Sie Chen7composa un Heou Han chou en 122 chapitres. Le surveillant

    des archives secrtes (pi chou kien) Yuan Chan-song8 composa

    (un autre ouvrage en) 100 chapitres. Puis, sous la dynastie

    Song (420-478 p.C.), le gouverneur de Siuan-tcheng Fan Ye9

    ( 445 p.C.), rassembla et complta tous ces auteurs ; il

    1Cf. Heou Han chou, chap. XC a et b.2Cf. Heou Han chou, chap. XCIV.3Cet ouvrage a t reconstitu au moyen des extraits cits dans le Yong lo ta tien etrimprim dans le Wou ying tien tsin tchen pan chou (cf. Wylie, Notes..., p. 208) ainsique dans le Sao ye chan fang (cf. Pelliot, BEFEO, t. II, p. 334, n. 4).4La biographie de Sie Ying se trouve dans le San kouo tche (section Wou tche, chap.VIII, p. 5 v-6 r).5Daprs le Tsin chou (chap. LXXXII, p. 3 r) qui nous donne la biographie de Sseu-maPiao, le Siu Han chou comprenait 60 chapitres.6Le Che lio (chap. II, p. 17 v de ld. du Kou yi tsong chou) nous fournit une petitenotice sur Houa Kiao, mais sans prciser lpoque laquelle il vivait sous la dynastieTsin.7Voyez Tsin chou, chap. LXXXII, p. 7 r. A lpoque o Kao Sseu-souen crivait sonChe lio (chap. II, p. 18 v de ld. du Kou yi tsong chou), cest--dire vers lanne 1225,les ouvrages de Sie Tcheng, Sseu-ma Piao, Sie Ying et SieChen taient dj perdus.8Voyez Tsin Chou, chap. LXXXIII, p. 3 v. Il ne faut pas confondre le Heou Han chouen 100 chap. de Yuan Chan-song avec le Heou Han kien 30 chap. de Yuan Hong (328-376 p.C.) ; cf. Tsin chou, chap. XCII, p. 12 v) ; il est assez singulier que ce dernierouvrage ne soit pas mentionn dans la notice que nous traduisons ici.9Cf. Giles, Biog. Dict.., n 547.

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    composa 10 chapitres dAnnales principales, 10 Traits et 80

    Monographies, soit en tout 100 chapitres ; cependant, avant

    que les Traits fussent termins, (Fan) Ye fut mis mort (445p.C.). A lpoque de la dynastie Leang (502-556 p.C.), il y eut

    le sous-prfet de Yen, p.215 Lieou Tchao1 qui complta et

    acheva ces traits. Sous les Tang, (Li) Hien, hritier

    prsomptif Tchang-houai, ordonna par dcret de runir les

    rudits les plus clbres de ce temps, savoir le yeou chou

    tseu Tchang Tai-ngan, le si ma Lieou Na-yen et le sseu hou

    tsan kiun de larrondissement de Lo, Ko Hi-hiuan, les hio che

    Hiu Chou-ya, TchengHiuan-yi, Che Tsang-tchou, Tcheou Pao-

    ning et dautres, qui composrent ensemble un Commentaire

    du Heou Han chou de FanYe ; ce Commentaire fut prsent

    lempereur au dbut de la priode yi-fong (676-678 p.C.) ; un

    dcret ordonna de le dposer dans le dpartement des archives

    secrtes et il a t transmis jusqu maintenant. (Quant

    nous, Yu) Tsing et (Wang) Chou, nous avons pris tous les

    divers exemplaires des bibliothques officielles pour lescollationner. Le neuvime mois de la deuxime anne (1035

    p.C.), cette collation a t acheve ; nous avons ajout en tout

    512 caractres ; nous en avons retranch 143 ; nous en avons

    rectifi 411 .

    En terminant, jajouterai que ldition du Heou Han chou faite par

    ordre de Kien-long contient, ct du commentaire rdig en 676 sous

    la direction de lhritier prsomptifTchang-houai, des critiques de textequi ont pour auteur Lieou Pan ; ce Lieou Pan avait t nomm, en

    lanne 1063, membre dune commission charge de rviser le texte du

    Heou Han chou ; mais, au bout de deux ans environ, tous les

    1Daprs le Wei lio de Kao Sseu-souen (chap. 11, p. 19 r), un certain SieYen avait tcharg par Fan Ye de rdiger les traits ; cette uvre tait prs dtre acheve lorsqueFanYe fut mis mort ; Sie Yen renona alors publier son travail. Ce fut LieouTchaoqui, au commencement du sixime sicle, complta et commenta luvre de SieYen ; il

    fit ainsi les trente chapitres de Traits qui sont incorpore dans le Heou Han chou.

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    collaborateurs de LieouPan se trouvrent appels dautres fonctions et

    il resta seul pour mener bien la tche entreprise 2.

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    2Ces renseignements sur LieouPan nous sont fournis par le Che lio de KaoSseu-souen ;cet ouvrage, dont la prface est date de lanne 1225, tait perdu en Chine ; il a tretrouv au Japon et rimprim en 1884 dans la collection intitule Kou i tsong chou (sur

    laquelle voyez lexcellente tude de Pelliot dans BEFEO, t. III, p. 315-840).

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    BIOGRAPHIE DE PAN TCHAO(32-102 p.C.)

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    p.216 Pan Tchao avait pour appellation Tchong-cheng ; il tait originaire

    de (la prfecture de) Ping-ling1 dans (la commanderie de) Fou-fong ; il

    tait le fils cadet de (Pan) Piao2,prfet de Siu3.Ctait un homme rsolu

    qui nobservait pas les rgles minutieuses de la politesse ; dans sa vie

    prive cependant, il se conduisait avec pit filiale et diligence ; quand il

    tait dans sa famille, il se donnait sans cesse de la peine et ne rougissait

    pas de se livrer aux besognes fatigantes et humiliantes. Il tait habile

    discourir et avait fait un examen rapide des livres historiques.

    La cinquime anne (62 p.C.) yong-ping, son frre an, (Pan) Kou4, fut

    appel par lempereur et se rendit la capitale pour y tre kiao chou lang ;

    (Pan) Tchao et sa mre vinrent sa suite Lo-yang. Comme leur famille

    tait pauvre, (Pan) Tchao louait constamment ses services des

    fonctionnaires pour faire des travaux de copie et ainsi il subvenait son

    entretien ; aprs avoir pein de la sorte pendant longtemps, un beau jour il

    cessa son labeur et jeta son pinceau en scriant :

    Un homme suprieur, sil na pas dautre p.217 plan quil

    puisse mener bien, doit du moins imiter Fou Kiai-tseu5 et

    1A 15 liau N.O. de la sous-prfecture de Hien-yang (prf. de Si-ngan, prov. de Chn-si).2

    Pan Piao vcut de lan 3 lan 54 de notre re ; sa biographie se trouve dans le chap.LXX a du Tsien Han chou.3Lancienne prfecture de Siu tait 80 liau N.O. de la sous-prfecture actuelle du Hiu-yi(prf. sec. de Sseu, prov. de Ngan-houei).4Pan Kou mourut en lanne 92, g de 61 ans (Heou Hanchou, chap. LXX, b, p. 9 r) ;il serait donc n en lanne 32. Mais nous savons, dautre part, que son frre cadet PanTchao mourut en lanne 102, g de 71 ans ; lui aussi serait donc n en lanne 32 ;cela parat impossible, puisquil est le frre cadet de Pan Kou ; la rigueur on pourraitcependant admettre que ces deux naissances eurent entre elles un intervalle de moins dedouze mois et purent avoir lieu dans une seule et mme anne.5En 77 av. J.C., Fou Kiai-tseu fut charg par le gnral en chef Ho Kouang-po de faireprir le roi de Leou-lan ; il y russit en attirant ce prince dans un guet-apens et futrcompens de cet exploit par le titre de marquis de Yi-yang (Tsien Han chou, chap.

    XCVI, a, p. 3 r).

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    Tchang Kien1 et se rendre glorieux dans les pays trangers

    afin dobtenir dtre anobli ; comment pourrait-il sattarder

    dans un emploi subalterne parmi les pinceaux et les encriers ?Ceux qui taient auprs de lui stant moqus de cette parole, (Pan)

    Tchao leur dit :

    Vous, gens vulgaires, comment connatriez-vous les

    rsolutions dun homme hardi ?

    Quelque temps plus tard, il alla voir un diseur de bonne aventure qui lui

    dclara :

    O vous quon charge doffrir les libations 2,vous tes dans la

    catgorie des hommes de valeur qui sont vtus de toile 3 ;mais

    vous devez tre anobli dix mille li de distance dici.

    (Pan) Tchao lui demandant quoi il le voyait, le diseur de bonne

    aventure lui rpondit en le montrant avec le doigt :

    Vous avez un menton dhirondelle et un cou de tigre ; voler

    (dans les airs) et dvorer de la chair4

    ,

    cela prsage quon seraanobli dix mille li de distance.

    A quelque temps de l, Hien-tsong (58 -75 p.C.) demanda (Pan)

    Kou :

    Dans quelle situation se trouve votre frre cadet ?

    p.218 (Pan) Kou rpondit :

    1Tchang Kien , la suite de la glorieuse mission qui le mena en 128 av. J.-C. jusquesur les bords de lOxus, fut honor du titre de marquis de Po-wang. La biographie deTchang Kien, telle quelle se trouve dans le chap. LXI du Tsien Hanchou, a t traduitepar Wylie (Journal of the Anthropological Institute, Vol. X, Aot 1880, p. 66-73).2Le terme dsignait proprement celui qui, dans une assemble, tait charg doffrir leslibations ; comme on choisissait pour ces fonctions celui des assistants qui tait le plusrespect, cette expression devint une simple formule honorifique quon employait quandon sadressait quelquun ; tel est lusage qui en est fait ici.3Cest--dire qui sont encore confondus dans la foule des gens du peuple.4Pan Tchao porte sur son corps des indices qui le font ressembler une hirondelle quivole et un tigre qui dvore ; ces particularits permettent de prvoir quil sera anobli en

    allant au loin.

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    Il est scribe au service dun fonctionnaire ; il reoit un

    salaire avec lequel il entretient sa vieille mre.

    (Pan) Tchao fut alors nomm par lempereur au poste de Lan tai lingche1, mais ensuite il perdit sa place pour quelque faute.

    La seizime anne (73 p.C.), le fong kiu tou wei Teou Kou2sortit pour

    attaquer les Hiong-nou ; il prit (Pan) Tchao pour sseu-ma titre

    provisoire ; celui-ci, la tte de ses troupes, fut dtach lattaque de

    Yi-wou (Hami) et livra bataille prs du lac Pou-lei (Barkoul) ; il revint

    aprs avoir dcapit beaucoup de barbares. (Teou) Kou le jugeant

    capable, lenvoya en mission dans les pays dOccident en compagnie dutsong-che Kouo Siun.

    Quand (Pan) Tchao arriva Chan-chan, Kouang, roi de Chan-chan,

    traita (Pan) Tchao avec les plus grands gards ; mais ensuite, faisant

    soudain volte-face, il se montra ngligent ; (Pan) Tchao dit aux officiers

    qui taient sous ses ordres :

    Ne vous tes-vous pas aperu que les intentions polies de

    Kouang ont diminu ? Cela vient sans doute de ce quunenvoy des barbares du Nord a d arriver ; cest pourquoi

    Kouang hsite et ne sait pas encore quel parti il suivra. Or

    lhomme intelligent aperoit ce qui nest pas encore en

    bourgeon ; combien plus facilement verra-t-il ce qui est dj

    manifeste.

    Alors il appela un Hou qui tait son service et lui dit par ruse :

    Lenvoy des Hiong-nou est venu depuis plusieurs jours.

    Maintenant, o est-il ?

    Le serviteur Hou, stupfait et saisi de crainte, avoua tout ce qui en tait.

    1Les Lan tai ling che, dit le commentaire de 676, taient au nombre de six ; ils avaientdes moluments de 100 che ; ils soccupaient des lettres, des accusations, des requteset des sceaux et prsidaient la rdaction des pices officielles.

    2Sur TeouKou, qui mourut en lan 88, voyez le chap. LIII du Heou Han chou, chap. LIII,

    p. 5 v-6 r.

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    (Pan) Tchao alors fit enfermer le serviteur Hou ; puis il runit tous ses

    officiers au nombre de trente-six et se mit boire du vin avec eux ;

    quand ils furent chauffs par p.219 la boisson, il excita leur colre endisant :

    Vous et moi, nous nous trouvons tous dans une contre

    lointaine ; nous dsirons accomplir de grands exploits pour

    obtenir la richesse et les honneurs. Maintenant, un envoy des

    barbares est arriv depuis quelques jours peine et aussitt

    les gards et le respect que nous tmoignait le roi Kouang ont

    disparu ; si cet envoy ordonne (au roi de) Chan-chan desemparer de nous et de nous remettre aux Hiong-nou, nos

    ossements seront jamais la pture des loups ; que faut-il

    faire ?

    Ses officiers rpondirent tous :

    Nous sommes maintenant dans une situation de pril

    extrme ; nous vous suivrons, sseu-ma, dans la vie et dans

    la mort.

    (Pan) Tchao leur dit :

    Celui qui ne pntre pas dans lantre du tigre ne prend pas

    les petits du tigre. Pour ce qui est du plan auquel il nous faut

    aviser aujourdhui, le seul parti auquel nous puissions nous

    arrter est de profiter de la nuit pour attaquer par lincendie les

    envoys barbares ; ceux-ci ne sauront pas quel est notre

    nombre ; ils seront certainement en proie une grande

    panique et nous pourrons les exterminer. Quand nous aurons

    fait prir les envoys barbares, alors (le roi de) Chan-chan

    sentira se briser son courage. Nos exploits seront accomplis et

    notre entreprise aura russi.

    Tous rpondirent :

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    Il nous faut dlibrer ce sujet avec le tsong-che (Kouo

    Siun) 1.

    (Pan) Tchao rpliqua avec colre :

    Notre bonne ou notre mauvaise fortune se dcide

    aujourdhui ; le tsong-che (Kouo Siun) est un vulgaire officier

    civil ; si on linforme de ce plan, il aura certainement peur et

    nos projets seront divulgus. Mourir sans gloire, ce nest pas le

    fait de gens vaillants.

    Tous alors lapprouvrent. Dans la premire partie de la nuit, (Pan

    Tchao), la tte de ses officiers, courut vers le camp des p.220 barbares ;

    un grand vent tait survenu ; (Pan) Tchao ordonna dix hommes de

    prendre des tambours et de se cacher derrire les baraquements des

    barbares ; il tait convenu avec eux que, ds quils verraient les flammes

    slever, ils feraient tous rsonner leurs tambours, et pousseraient de

    grands cris. Le reste de ses gens prit des armes et des arbaltes et se

    dissimula des deux cts de la porte. (Pan) Tchao alors dchana

    lincendie dans la direction du vent ; ceux qui taient devant et ceux quitaient derrire frapprent des tambours et poussrent des clameurs. La

    foule des barbares fut plonge dans la terreur et la confusion. (Pan)

    Tchao tua de sa propre main trois hommes ; ses officiers et ses soldats

    dcapitrent lenvoy et plus de trente hommes de son escorte ; quant

    au reste des barbares, savoir une centaine dhommes, ils prirent tous

    brls.

    Le lendemain, (Pan Tchao) revint informer Kouo Siun de ce qui staitpass ; (Kouo) Siun fut trs effray et ensuite changea de couleur. (Pan)

    Tchao, comprenant quels taient ses sentiments, leva la main et dit :

    1Ce KouoSiun fut plus tard nomm commandant militaire en second et fut plac sousles ordres du Protecteur gnral TchenMou ; il prit avec ce dernier en lanne 75, lorsde la rvolte des rois de Yen-ki(Karachar) et de Kieou-tsou (Koutcha) ; cf. Heou Han

    chou, chap. CXVIII, p. 8 r.

    14

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    Trois gnraux chinois

    O officier en second, quoique vous ne soyez pas all avec

    nous, comment moi, Pan Tchao, voudrais-je marroger tout le

    mrite ?(Kouo) Siun fut alors satisfait. Ensuite, Pan Tchao appela auprs de lui

    Kouang, roi de Chan-chan, et lui montra la tte de lenvoy barbare ; le

    royaume entier fut saisi de crainte ; (Pan) Tchao publia des explications

    pour le rassurer ; puis il prit un des fils du roi en guise dotage ; il revint

    faire son rapport TeouKou ; celui-ci, trs content, informa en dtail

    lempereur des exploits de (Pan) Tchao ; il demanda en mme temps

    quon ft choix dun envoy pour lenvoyer dans les pays dOccident.

    Lempereur loua la belle conduite de (Pan) Tchao et adressa (Teou)

    Kou un dcret dans lequel il disait :

    Quand vous avez un officier tel que PanTchao, pourquoi ne

    lenvoyez vous pas en mission et quest-il besoin de choisir

    quelque autre personne ? p.221 Maintenant je nomme Pan

    Tchao au poste de kiun sseu-ma afin quil puisse poursuivre

    ses premiers exploits.Quand (Pan) Tchao fut derechef charg dune mission, (Teou) Kou

    voulut augmenter le nombre de ses soldats ; mais (Pan) Tchao lui dit :

    Je dsire prendre avec moi les trente et quelques hommes

    qui mont suivi prcdemment ; ils me suffiront ; sil y a

    quelque vnement imprvu, un plus grand nombre ne

    causerait que de lembarras.

    En ce temps, le roi de Yu-tien (Khoten), Kouang-t, venait dattaquer et

    de vaincre le (royaume de) So-kiu (Yarkand) ; il tait devenu tout-puissant

    sur la route du Sud ; cependant les Hiong-nou avaient dlgu un envoy

    pour surveiller et garder son royaume. (Pan) Tchao, stant dirig vers

    lOuest, commena par arriver Yu-tien (Khoten) ; Kouang-t le traita

    avec fort peu dgards ; en outre, il tait accoutum croire aux sorciers ;

    or le sorcier lui avait dit :

    15

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    Trois gnraux chinois

    Le dieu sest irrit (et a dit) : Pour quelle raison dsirez-vous

    vous tourner vers les Han ? Lenvoy des Han possde un

    cheval bai ; demandez-le lui promptement et prenez-le pourme le sacrifier.

    Kouang-t envoya donc un missaire se rendre auprs de (Pan) Tchao

    pour lui demander son cheval. (Pan) Tchao avait t inform

    secrtement de toute laffaire ; il rpondit quil consentait, mais voulut

    que le sorcier vnt lui-mme prendre le cheval ; au bout dun moment, le

    sorcier arriva ; (Pan) Tchao le dcapita aussitt et envoya sa tte

    Kouang-t ; il en profita pour exprimer ses reproches ce dernier.

    Kouang-t avait souvent entendu raconter comment (Pan) Tchao,

    lorsquil se trouvait Chan-chan, avait fait prir tous les envoys des

    barbares ; il eut grand peur ; il attaqua donc et tua les envoys des

    Hiong-nou, puis il fit sa soumission (Pan) Tchao ; (Pan) Tchao fit de

    grands prsents ce roi et ses subordonns et ainsi il les domina et les

    calma.

    En ce temps, le roi de Kieou-tseu (Koutcha), Kien, avait t p.222 mis

    sur le trne par les Hiong-nou ; confiant dans le prestige des barbares, il

    stait assur la possession de la route du Nord ; il avait attaqu et

    vaincu Sou-le (Kachgar) et avait tu son roi ; puis il avait nomm roi de

    Sou-le (Kachgar) un homme de Kieou-tseu (Koutcha) appel Teou-ti.

    Lanne suivante (74 p.C.), au printemps, (Pan) Tchao, prenant des

    chemins dtourns, arriva dans le royaume de Sou-le ; quand il ne fut

    plus qu quatre-vingt dix lide la ville de Pan-to1, qui tait la rsidence

    de Teou-ti, il envoya en avant son officier Tien Lu pour obtenir la

    soumission de Teou-ti; il avait donn (Tien) Lu ces instructions :

    Teou-tinest pas dorigine un homme du peuple de Sou-le

    (Kachgar) et les habitants du royaume certainement nobiront

    pas ses ordres ; sil ne se soumet pas sur le champ, vous

    tes autoris vous saisir de lui.

    1Cette ville apparat dans le chap. CXVIII, p. 7 v, du Heou Han chou, sous le nom de

    Pan-kao.

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    Trois gnraux chinois

    Quand Tien Lu fut arriv, Teou-ti, voyant quil ntait accompagn que

    dune faible escorte, neut aucun dsir de faire sa soumission ; mais

    (Tien) Lu, profitant de ce quil ntait pas sur ses gardes, savanaaussitt et, usant de violence, le chargea de liens ; pris limproviste,

    ceux qui taient aux cts de Teou-ti furent tous saisis de crainte et

    senfuirent. (Tien) Lu informa en toute hte Pan Tchao de ce qui stait

    pass ; (Pan) Tchao accourut aussitt ; il convoqua tous les gnraux et

    les fonctionnaires civils de Sou-le (Kachgar) ; il leur exposa que Kieou-

    tseu (Koutcha) stait conduit dune manire injuste, puis il nomma roi

    Tchong, fils du frre an de leur ancien roi. Les habitants du royaume

    furent trs satisfaits ; Tchong et ses subordonns demandrent faire

    prir Teou-ti; mais (Pan) Tchao ny consentit pas ; voulant faire preuve

    de son prestige et de sa bonne foi, il le relcha et le renvoya chez lui. A

    partir de ce moment, Sou-le (Kachgar) eut de linimiti pour Kieou-tseu

    (Koutcha).

    p.223 La dix-huitime anne (75 p.C.), lempereur mourut. (Le roi de)

    Yen-ki (Karachar), profitant du grand deuil de lEmpire du Milieu,

    attaqua aussitt et fit prir le Protecteur gnral Tchen Mou. (Pan)

    Tchao se trouva isol et dpourvu de tout secours ; dautre part, Kieou-

    tseu (Koutcha) et Kou-mo (Aksou) 1 lancrent plusieurs reprises des

    troupes lattaque de Sou-le (Kachgar) ; (Pan) Tchao se garda derrire

    les remparts de Pan-to et fit cause commune avec Tchong. Ses soldats

    et ses officiers taient peu nombreux ; quand il se fut tenu sur la

    dfensive pendant plus dun an, Sou tsong (76-88 p.C.), qui venait de

    monter sur le trne et qui avait prsent lesprit le rcent dsastre deTchen Mou, craignit que (Pan) Tchao, expos seul au danger, ft

    incapable de tenir bon ; il rendit donc un dcret pour le rappeler. (Pan)

    Tchao se mit en route pour revenir ; tous les habitants de Sou-le

    (Kachgar) taient saisis dinquitude et de crainte ; un tou-wei de ce

    pays, nomm Li Yen, dit :

    1

    Cf. Toung pao, Dec. 1905, p. 553, n. 1.

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    Trois gnraux chinois

    Puisque lenvoy des Han nous abandonne, nous serons

    certainement de nouveau dtruits par Kieou-tseu (Koutcha) ;

    en vrit, je ne puis supporter de voir lenvoy des Han nousquitter.

    A ces mots, il se coupa la gorge avec son pe.

    (Pan) Tchao, poursuivant son voyage de retour, arriva Yu-tien

    (Khoten). Le roi, les nobles et tous ceux qui taient au-dessous deux,

    vinrent lui dire en criant et en pleurant :

    Nous nous appuyons sur lenvoy des Han comme sur un

    pre ou une mre ; en vrit, il ne doit pas nous quitter.

    Ils tenaient troitement embrasses les jambes du cheval de (Pan)

    Tchao et lempchaient davancer. Pan Tchao craignit que les gens de

    Yu-tien fussent dfinitivement rsolus ne pas le laisser aller vers

    lOrient ; en outre, il souhaitait mettre excution ses plans primitifs ;

    changeant donc davis, il revint Sou-le (Kachgar).

    p.224 Cependant, aprs le dpart de (Pan) Tchao, les deux villes1 de

    Sou-le (Kachgar) avaient fait de nouveau leur soumission Kieou-tseu

    (Koutcha) et avaient runi leurs troupes celles de Wei-teou (Safyr

    bay ?) 2. (A son retour, Pan) Tchao se saisit des rvolts et les

    dcapita ; il attaqua et vainquit Wei-teou auquel il tua plus de six cents

    hommes. Sou-le (Kachgar) se trouva de nouveau pacifi.

    La troisime anne kien-tchou (78 p.C.), (Pan) Tchao, la tte de

    dix mille soldats de Sou-le (Kachgar), du Kang-kiu (Sogdiane), de Yu-

    tien (Khoten) et de Kiu-mi (Uzun tati ?), attaqua Kou-mo (Aksou) et

    Che-tcheng (Ouch-Tourfan) 3et les vainquit ; il coupa sept cents ttes.

    (Pan) Tchao aurait voulu profiter de cela pour tablir aussitt sa

    1 Il sagit sans doute de la ville proprement dite de Sou-le et de la ville de Pan-to ouPan-kao (cf. p. 222, n. 1).2Cf. Toung pao, Dc. 1905, pp. 554, n 1.3Nous apprenons par le Tang chou (chap. XLIII, b, p. 14 r) que la ville de Wen-souporte aussi le nom de grande ville de Che (cest--dire de pierre) ; or Wen-soucorrespond Ouch-Tourfan ; par consquent les localits dsignes sous les noms de

    Kou-mo et Che-tcheng ne sont autres que Aksou et Ouch-Tourfan.

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    Trois gnraux chinois

    domination sur tous les divers royaumes ; il adressa donc une requte

    lempereur pour demander des troupes de renfort en ces termes :

    Jai vu que lempereur votre prdcesseur dsirait souvrir lescontres dOccident ; cest pourquoi, au Nord, il attaqua les

    Hiong-nou ; vers lOuest, il envoya des ambassadeurs dans les

    royaumes trangers. (Les princes de) Chan-chan (au Sud du

    Lop-nor) et Yu-tien (Khoten) se tournrent alors vers notre

    influence rgnratrice. Maintenant, (les pays de) Kiu-mi(Uzun

    tati ?) 1, So-kiu (Yarkand), Sou-le (Kachgar), les Yue-tche

    (Indoscythes), les Wou-souen (dans la valle dIli) et le Kang-

    kiu (Sogdiane), dsirent derechef venir se p.225 rfugier auprs

    de nous. Je voudrais runir toutes leurs forces pour craser et

    dtruire Kieou-tseu (Koutcha), pour rouvrir et pacifier la route

    qui mne en Chine ; quand nous nous serons empars de

    Kieou-tseu (Koutcha), alors parmi les pays dOccident, il ny en

    aura plus gure quun sur cent qui ne se soumettra pas encore.

    Votre sujet se prosterne humblement pour faire cette

    rflexion : moi qui suis un officier militaire subalterne, je

    souhaite en vrit suivre lexemple de Kou Ki2 qui sacrifia sa

    vie dans les pays lointains, approcher de TchangKien3qui se

    lana corps perdu dans les vastes solitudes. Autrefois Wei

    Kiang4,qui ntait que grand officier dans un royaume fodal,

    put cependant rassembler dans la concorde toutes les

    peuplades Jong ; plus forte raison, moi votre sujet, qui suis

    le dpositaire du prestige de la grande dynastie Han, commentnaurai-je pas lutilit du couteau de plomb qui peut couper au

    1La leon Ham-miparat prfrable ; cf. Toung pao, Dc. 1905, p. 538, n. 1.2Une note du commentaire de 676 nous apprend que, sons le rgne de lempereur Yuan(48-33 av. J.-C.), Kou Ki, originaire de Tchang-ngan, fut charg descorter un jeuneprince Hiong-nou qui, aprs tre rest quelque temps en otage la cour de Chine,retournait auprs du Tche-tchechan-yu ; Kou Kifut mis mort par le Tche-tche chan-yu.3Cf. p. 217, n. 2.4 En 570 av. J.-C., Wei Kiang, haut dignitaire du pays de Tsin, rtablit lordre et la

    concorde parmi les tribus barbares ; cf. Sseu-ma Tsien, trad. fr., t. V, p. 135-136.

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    Trois gnraux chinois

    moins une fois ? 1Dans les gnrations qui nous ont prcds,

    quand on a tenu une dlibration, tous ont dit : Semparer

    des trente-six royaumes2

    ,

    cest ce dont on peut dire que cestcouper le bras droit 3 des Hiong-nou . Maintenant les divers

    royaumes des contres dOccident, partir du lieu o se p.226

    couche le soleil 4, se tournent tous vers notre influence

    rgnratrice ; grands et petits sont trs satisfaits ; les tributs

    et les prsents ne sinterrompent pas. Seuls (les royaumes de)

    Yen-ki(Karachar) et Kieou-tseu (Koutcha) ne sont pas encore

    soumis et asservis. Auparavant, avec trente-six officiers mes

    subordonns 5, je fus charg dune mission dans les contres

    lointaines ; je rencontrai beaucoup de difficults et

    dobstacles ; depuis le moment o, abandonn de tous, je me

    gardai Sou-le (Kachgar) jusqu maintenant, cinq annes se

    sont coules ; les barbares Hou sont versatiles, je le sais fort

    bien ; cependant, si vous interrogez les habitants des villes,

    grandes ou petites, tous vous diront quils se confient aux Han

    comme ils se confieraient au Ciel. Si on tire parti de cesdispositions, alors les Tsong-ling (Pamirs) pourront tre

    traverss ; quand les Tsong-ling auront t traverss, alors

    Kieou-tseu (Koutcha) pourra tre attaqu. Maintenant, il faut

    nommer roi de Kieou-tseu (Koutcha) PoPa, fils du roi de ce

    royaume, qui est en otage auprs de lempereur ; vous le ferez

    escorter par plusieurs centaines de fantassins et de cavaliers et

    vous lui adjoindrez les troupes runies des divers royaumes ;en quelques mois, Kieou-tseu (Koutcha) pourra tre conquis.

    1 Comme lindique le commentaire de 676, la mtaphore du couteau de plomb seretrouve dans une posie de Kia Yi(198-165 av. J.-C.) et dans une des odes de Tchou.2Au temps de lempereur Wou (140-87 av. J.-C.), on valuait trente-six le nombre desprincipauts du Turkestan Oriental et de la Dzoungarie (Tsien Han chou, chap. XCVI, a,p. 1 r).3Ou, comme nous dirions, laile occidentale.4Le pays o se couche le soleil est le pays le plus lointain du ct de lOuest ; il estmentionn dans le chap. CXVIII, p. 5 r, du Heou Han chou, ainsi que dans le Wei lio (cf.Toung pao, 1906, p. 656).5

    Cf. p. 218, lignes 25-26.

    20

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    Se servir des barbares pour attaquer les barbares, cest l le

    meilleur parti suivre. Moi, votre sujet, je considre que, So-

    kiu (Yarkand) et Sou-le (Kachgar), le sol cultiv est fertile ettendu ; les pturages y sont luxuriants et vastes ; cette

    rgion nest pas comparable celle qui stend entre Touen-

    houang et Chan-chan1 ;aussi les soldats (quon y cantonnera)

    pourront-ils ne rien coter lEmpire du Milieu et avoir en

    suffisance des grains et des vivres. Dautre part, les deux rois

    de Kou-mo (Aksou) et de p.227 Wen-sou (Ouch-Tourfan) ont t

    mis sur le trne par un choix exprs (du roi de) Kieou-tseu

    (Koutcha) ; comme ils ne sont pas issus des peuples quils

    gouvernent, eux et leurs peuples ont de laversion rciproque

    et sont charge lun lautre ; dans ces conditions, nous

    obtiendrons srement la soumission des rebelles. Quand ces

    deux royaumes seront venus se soumettre, alors Kieou-tseu

    (Koutcha) sera ruin par l mme. Je dsire que Votre Majest

    dfre mon rapport ( ses ministres) pour quils dlibrent et

    discutent sur la conduite tenir. Si en vrit je dois trouver lune mort certaine, comment en aurais-je du regret ? Votre

    sujet, (Pan) Tchao, avec sa trs chtive personne se trouve

    spcialement investi de linfluence divine (de lempereur) ;

    jespre que, avant le moment o je serai renvers terre,

    mes yeux verront, les contres dOccident tant pacifies,

    Votre Majest soulever la coupe avec laquelle on souhaite dix

    mille annes de vie, prsenter sa gloire dans le temple de sesanctres et rpandre une grande joie dans tout le monde.

    Quand ce rapport eut t soumis lempereur, celui-ci comprit que

    cette entreprise pouvait tre excute, et, dans la dlibration, il

    exprima son dsir de fournir les soldats (demands par Pan Tchao). Siu

    Kan, originaire de Ping-ling, partageait depuis longtemps les intentions

    de (Pan) Tchao ; il adressa lempereur une requte pour exprimer son

    1

    Le dsert qui stend entre Chatcheou et le Lop nor.

    21

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    Trois gnraux chinois

    dsir de dployer toutes ses forces aider (Pan) Tchao.

    La cinquime anne (80 p.C.), (Siu) Kan fut donc nomm au poste de

    sseu-ma intrimaire ; il se mit la tte dun millier dhommes recrutsparmi les condamns gracis et les volontaires et se rendit auprs de

    (Pan) Tchao.

    Auparavant, So-kiu (Yarkand), croyant que les soldats des Han ne

    sortiraient pas, avait fait sa soumission Kieou-tseu (Koutcha) ; dautre

    part, le tou-weide Sou-le (Kachgar), Pan Chen, stait de son ct de

    nouveau rvolt. Sur ces entrefaites, Siu Kan arriva ; (Pan) Tchao

    aussitt, de concert avec Siu Kan, attaqua p.228 PanChen et lui fit subirune grande dfaite ; il coupa plus de mille ttes et prit un grand nombre

    de prisonniers vivants.

    Aprs avoir vaincu Pan Chen, (Pan) Tchao aurait voulu se porter

    lattaque de Kieou-tseu (Koutcha) ; considrant que les Wou-souen

    avaient une grande puissance militaire et quil fallait profiter de leur

    force, il sadressa lempereur pour lui dire :

    Les Wou-souen forment un grand royaume ; ils ont cent mille

    archers ; cest pourquoi lempereur Wou (140 -87 av. J.C.)

    donna une princesse de sa famille en mariage leur roi 1 ;

    quand rgna lempereur Hiao-siuan (73-49 av. J.-C.), il finit

    par tirer profit deux. Maintenant, il nous faut leur envoyer un

    ambassadeur qui les attire nous et les rassure, afin quils

    unissent leurs forces aux ntres.

    Lempereur approuva ces suggestions.

    La huitime anne (83 p.C.), lempereur nomma (Pan) Tchao

    tchang-che commandant des troupes et lautorisa provisoirement avoir

    des tambours, des fltes, des drapeaux et des tendards ; Siu Kan fut

    nomm kiun sseu-ma. Dautre part, lempereur chargea le wei-heou Li

    Yi, qui escortait et accompagnait un ambassadeur des Wou-souen, de

    1 Cf. Tsien Han chou, chap. XCVI, seconde partie ; trad. Wylie, Journal of the

    Anthropological Institute, vol. XI, 1881, p. 85-87.

    22

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    donner en prsent au grand et au petit kouen-mi1, ainsi qu leurs

    subordonns, des pices de soie ornes et unies. Li Yicommena par

    arriver Yu-tien (Khoten) ; or, prcisment en ce moment, Kieou-tseu(Koutcha) attaquait Sou-le (Kachgar) ; Li Yifut saisi de crainte et nosa

    pas aller plus avant ; la suite de cela, il fit un rapport pour exposer que

    lexpdition entreprise dans les pays dOccident ne pouvait russir ; en

    outre, il calomniait p.229 gravement Pan Tchao qui, disait-il, embrassant

    sa femme chrie et tenant dans ses bras son fils chri, vivait tranquille et

    joyeux dans les pays trangers, sans songer sinquiter de sa patrie.

    (Pan) Tchao fut inform (de ces calomnies) et dit en soupirant :

    Je ne suis point comme Tseng Chen dont trois personnes

    parlrent mal en arrivant successivement 2 ; je crains dtre

    souponn par mes contemporains.

    Alors il fit partir sa femme. Lempereur connaissait le loyalisme de Pan

    Tchao ; il blma donc svrement (Li) Yien disant :

    A supposer que (Pan) Tchao embrasse sa femme chrie et

    tienne dans ses bras son fils chri, il a avec lui plus de millehommes qui dsirent revenir dans leur patrie ; comment ceux-

    ci peuvent-ils tous tre daccord avec Pan Tchao ?

    Il ordonna (Li) Yide se rendre auprs de (Pan) Tchao pour se mettre

    sa disposition ; dautre part, il informait par un dcret (Pan) Tchao que,

    si (Li) Yi tait capable de remplir une charge ltranger, (lui Pan

    Tchao) pouvait le retenir pour le faire collaborer son uvre. Mais

    (Pan) Tchao renvoya (Li) Yi la capitale en lui confiant le fils du roi des

    1Kouen-mi (autrefois crit kouen-mo) tait le titre royal chez les Wou-souen ; cest partir de lpoque de lempereur Siuan (73-49 av. J.-C.) que, la suite dune usurpationquil fallut ratifier, le pouvoir se trouva divis chez les Wou-souen entre le grand kouen-miqui tait le roi lgitime et le petit kouen-miqui tait lusurpateur (cf. Tsien Han chou,chap. XCVI, b, p. 3 r).2On vint annoncer trois reprises diffrentes la mre de Tseng Cheu (505-437 av. J.-C. ; Giles, Biog. Dict.., n 2022) la fausse nouvelle que son fils tait coupable dunmeurtre ; ce ne fut qu la troisime fois quelle smut, cessa de tisser et jeta sa navette

    (cf. La sculpture sur pierre en Chine, p. 8-9).

    23

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    Wou-souen quon expdiait en otage la cour ; Siu Kan dit (Pan)

    Tchao :

    (Li) Yivous a prcdemment lui-mme calomni et voulaitruiner (votre entreprise dans) les contres dOccident. Pourquoi

    maintenant ne profitez-vous pas du dcret imprial pour le

    retenir et pourquoi nenvoyez-vous pas quelque autre officier

    escorter le prince otage ?

    (Pan) Tchao rpliqua :

    Quelle parole mprisable ! Cest prcisment parce que (Li)

    Yima calomni que je lenvoie ( la capitale) ; si jexamine ma

    conscience, je nai rien me reprocher ; pourquoi

    minquiterais-je des propos p.230 dun homme ? Retenir (LiYi)

    pour ma propre satisfaction ne serait pas le fait dun sujet

    loyal.

    Lanne suivante (84 p.C.), lempereur envoya encore (Pan) Tchao

    le sseu-ma par intrim Ho Kong et trois autres officiers, la tte de huit

    cents soldats. (Pan) Tchao en profita pour mettre en campagne les

    troupes de Sou-le (Kachgar) et de Yu-tien (Khoten) avec lesquelles il

    attaqua So-kiu (Yarkand) ; (les gens de) So-kiu (Yarkand) se mirent

    secrtement en rapports avec Tchong, roi de Sou-le (Kachgar) et

    lallchrent par de gros avantages ; Tchong alors se rvolta et suivit

    leur parti ; il dfendit lOuest la ville de Wou-tsi1. (Pan) Tchao alors

    nomma sa place comme roi de Sou-le (Kachgar) le fou-tcheng de ce

    pays, Tcheng-ta ; il mit en campagne pour attaquer Tchong ceux de ceroyaume qui ne staient pas rvolts ; cela dura pendant une demi-

    anne, mais alors le Kang-kiu (Sogdiane) envoya des soldats dlite au

    secours de Tchong, et (Pan) Tchao ne put soumettre ce dernier. En ce

    temps, comme les Yue-tche (Indoscythes) venaient de sallier par un

    mariage avec le Kang-kiu (Sogdiane), Pan Tchao chargea un

    1Cette ville, qui serait lOuest de Kachgar, nest, ma connaissance, mentionne dans

    aucun autre texte.

    24

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    Trois gnraux chinois

    ambassadeur dapporter des prsents considrables en toffes de soie au

    roi des Yue-tche (Indoscythes) et de linviter faire des remontrances au

    roi de Kang-kiu (Sogdiane) ; le roi de Kang-kiu (Sogdiane) cessa alorsles hostilits, et, se saisissant de Tchong, il revint avec lui dans son

    pays ; la ville de Wou-tsise soumit aussitt (Pan) Tchao.

    Trois ans plus tard (87 p.C.), Tchong conseilla au roi de Kang-kiu

    (Sogdiane) de lui prter des soldats et il revint stablir Souen-

    tchong1 ; il complotait secrtement avec Kieou-tseu (Koutcha), mais il

    envoya un missaire pour proposer faussement (Pan) Tchao de se

    soumettre lui ; (Pan) Tchao connaissait part lui sa p.231 perversit ;cependant il feignit extrieurement daccepter sa soumission ; Tchong,

    trs joyeux, se rendit, accompagn de sa cavalerie lgre, auprs de

    (Pan) Tchao ; celui-ci avait dissimul des soldats bien arms pour

    lattendre ; il fit en son honneur de grands prparatifs et disposa des

    rjouissances ; quand le vin eut circul, il commanda ses officiers de

    charger Tchong de liens, puis il le dcapita ; ensuite il attaqua et

    vainquit les troupes (que Tchong avait amenes avec lui) et tua plus de

    sept cents hommes. La route du sud se trouva alors ouverte.

    Lanne suivante (88 p.C.), (Pan) Tchao mit en campagne vingt-cinq

    mille hommes tirs de Yu-tien (Khoten) et des autres royaumes pour

    attaquer So-kiu (Yarkand) ; mais le roi de Kieou-tseu (Koutcha) envoya

    au secours de So-kiu (Yarkand) son gnral de gauche la tte dune

    masse de cinquante mille hommes venus de Wen-sou (Ouch-Tourfan),

    Kou-mo (Aksou) et Wei-teou (Safyr bay ?). (Pan) Tchao convoqua ses

    gnraux et ses commandants, ainsi que le roi de Yu-tien (Khoten) et

    dit dans la dlibration :

    Maintenant nos soldats sont en petit nombre et ne peuvent

    tenir tte leur multitude. Le mieux est que nous nous

    dbandions et que chacun de nous parte de son ct ; (le roi

    de) Yu-tien (Khoten) sen ira vers lEst ; quand moi, le

    1

    Cf. Toung pao, Dc. 1905, p. 554, n. 2.

    25

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    Trois gnraux chinois

    tchang-che, je men retournerai alors vers lOuest ; attendons

    que la nuit soit venue, et, quand le tambour rsonnera, nous

    partirons.(Pan Tchao) fit relcher secrtement les prisonniers vivants quil avait,

    et le roi de Kieou-tseu (Koutcha) fut ainsi inform (de ses plans) ; trs

    joyeux, il se porta avec dix mille cavaliers dans la partie occidentale pour

    barrer la route (Pan) Tchao ; le roi de Wen-sou (Ouch-Tourfan), la

    tte de huit mille cavaliers, se rendit dans le territoire oriental pour

    surprendre (le roi de) Yu-tien (Khoten). Quand (Pan) Tchao sut que les

    deux chefs barbares taient partis, il appela secrtement les diverses

    hordes et tint leurs soldats en haleine, puis, au chant p.232 du coq, il se

    prcipita avec eux sur le campement (des gens de) So-kiu (Yarkand) ;

    les barbares Hou, saisis de panique, senfuirent en dsordre ; (les

    soldats de Pan Tchao) les poursuivirent, couprent plus de cinq mille

    ttes et firent un immense butin en chevaux, btes de somme et objets

    de valeur ; So-kiu (Yarkand) alors fit sa soumission. Quant Kieou-tseu

    (Koutcha) et aux (soldats des) autres (royaumes), ils se retirrent

    chacun de son ct. A partir de ce moment, le prestige (de Pan Tchao)

    fit trembler les contres dOccident.

    Prcdemment les Yue-tche (Indoscythes) avaient aid les Chinois

    attaquer Kiu-che (Tourfan) et leur avaient rendu des services signals ;

    cette anne-l (88 p.C.), ils offrirent en tribut des joyaux prcieux, des

    fou-pa1 et des lions ; ils prirent cette occasion pour demander en

    mariage une princesse de la maison des Han2 ; Pan Tchao arrta et

    renvoya leur ambassadeur ; partir de ce moment, il y eut de linimiti

    et du ressentiment (entre les Yue-tche et les Chinois).

    La deuxime anne yong-yuan (90 p.C.), les Yue-tche (Indoscythes)

    1 Von Gutschmid (Geschichte Irans..., p. 140) a identifi le fou-pa avec lantilope.2Il est fort regrettable que la chronologie des rois dits Indoscythes ne soit pas encoreassez bien fixe pour quon sache quel est celui dentre eux qui avait voulu pouser uneprincesse chinoise. Si en admet la thse du P. Boyer (Journal Asiatique, mai-juin 1900)qui reporte lavnement de Kaniska vers la fin du premier sicle de notre re, ce pourrait

    tre Kaniska lui-mme qui prtendit la main dune infante de Chine.

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    Trois gnraux chinois

    envoyrent leur vice-roi Sie, la tte de soixante-dix mille soldats,

    attaquer (Pan) Tchao ; les gens de (Pan) Tchao taient peu nombreux

    et ils avaient tous grand peur ; (Pan) Tchao compara les forcesmilitaires (qui se trouvaient en prsence) en disant :

    Quoique les soldats des Yue-tche (Indoscythes) soient

    nombreux, ils sont venus de plusieurs milliers de lide distance

    en franchissant p.233 les Tsong-ling (Pamirs) ; ils nont pas de

    convois dapprovisionnements ; est-ce la peine de sinquiter ?

    Bornons-nous rassembler toutes les crales et nous bien

    garder. Les autres seront affams et puiss et se soumettrontdeux-mmes ; en quelques dizaines de jours peine tout sera

    fini.

    Sie savana donc et attaqua (Pan) Tchao ; mais il ne put le soumettre

    et en outre il ne put semparer de rien par le pillage. (Pan) Tchao,

    calculant que les approvisionnements de Sie allaient tre puiss et que

    certainement il demanderait des secours Kieou-tseu (Koutcha),

    dpcha quelques centaines de soldats dans le territoire oriental pourattendre au passage (les Yue-tche) ; Sie envoya en effet des cavaliers

    qui taient chargs dor, dargent, de perles et de pierres prcieuses

    pour en faire prsent Kieou-tseu (Koutcha) ; les soldats de (Pan)

    Tchao, qui taient en embuscade, leur barrrent la route, les

    attaqurent et les turent tous ; ils prirent la tte de lambassadeur pour

    la montrer Sie ; celui-ci eut grandpeur et dlgua un missaire pour

    savouer coupable et exprimer son dsir de pouvoir sen retourner sain et

    sauf ; (Pan) Tchao le laissa aller et le renvoya. A partir de ce moment

    les Yue-tche (Indoscythes) furent grandement effrays et offrirent

    chaque anne un tribut et des prsents.

    Lanne suivante (91 p.C.), Kieou-tseu (Koutcha), Sou-mo (Aksou),

    Wen-sou (Ouch-Tourfan) se soumirent tous. Alors (Pan) Tchao reut le

    titre de Protecteur gnral (tou-hou), et Siu Kan celui de tchang-che.

    (Lempereur) nomma Po Pa roi de Kieou-tseu (Koutcha) et envoya le

    27

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    Trois gnraux chinois

    sseu-ma Yao Kouang pour lescorter ; (Pan) Tchao et (Yao) Kouang

    unirent leurs efforts pour obliger les gens de Kieou-tseu (Koutcha)

    dtrner leur roi Yeou-li-to et mettre sa place Po Pa ; (Pan Tchao)chargea (Yao) Kouang de ramener Yeou-li-to la capitale ; lui-mme

    tablit sa rsidence dans la ville de p.234 To-kien, (du pays) de Kieou-

    tseu (Koutcha) ; Siu Kan avait ses cantonnements Sou-le (Kachgar).

    Parmi les pays dOccident, il ny eut plus que Yen-ki(Karachar), Wei-siu

    et Wei-li1, qui, parce quils avaient autrefois fait prir le Protecteur

    gnral, conservaient des sentiments hsitants ; tous les autres taient

    entirement soumis.

    La sixime anne (94 p.C.), en automne, (Pan) Tchao mit en

    campagne les soldats de huit royaumes, savoir Kieou-tseu (Koutcha),

    Chan-chan et les autres, formant un total de soixante-dix mille

    hommes ; il y joignit les fonctionnaires civils et les marchands, au

    nombre de quatorze cents hommes, et, avec ces forces, il attaqua Yen-

    ki(Karachar). Quand les soldats furent arrivs sur le territoire de Wei-li,

    (Pan) Tchao envoya des missaires pour expliquer clairement ses

    intentions Yen-ki(Karachar), Wei-liet Wei-siu en disant :

    Si le Protecteur gnral est venu, cest parce quil veut

    dominer et rassurer vos trois royaumes ; si vous dsirez

    vraiment vous repentir de vos fautes et vous tourner vers le

    bien, il vous faut envoyer de hauts dignitaires sa rencontre ;

    il devra vous rcompenser, vous tous, rois, nobles et officiers

    subalternes ; quand il aura termin cette affaire, il sen

    retournera aussitt. En ce moment, il vous fait prsent, rois,

    de cinq cents pices de soie de couleurs varies.

    Kouang, roi de Yen-ki(Karachar), chargea son gnral de gauche, Pei-

    kien-tche daller avec des bufs et du vin la rencontre de (Pan)

    Tchao ; celui-ci rprimanda (Pei-)kien-tche en lui disant :

    1Wei-siu et Wei-litaient dans les environs du lac Bagratch ; cf. Toung pao, Dc. 1905,p. 552, n. 5 et 6. Cest en lan 75 p.C. que les rois de Yen-ki, de Wei-liet de Wei-sia

    avaient attaqu et tu le Protecteur gnral TchenMou ; cf. p. 223, lignes 1-3.

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    Quoique vous ayez t un jeune prince Hiong-nou qui servit

    la cour de Chine, vous exercez maintenant lautorit dans ce

    royaume (de Karachar) ; quand moi, le Protecteur gnral,p.235je suis arriv ici en personne, si le roi nest pas venu ma

    rencontre au temps voulu, cest entirement votre faute.

    Quelquun ayant dit (Pan) Tchao quil devrait faire prir sur le champ

    (Pei-kien-tche), Pan Tchao rpliqua :

    Ce sont l des choses qui sont au-dessus de votre porte ;

    cet homme jouit dune grande autorit auprs du roi ; si

    maintenant nous le mettons mort avant mme quil ait purentrer dans son pays, nous ferons que (les gens de ce pays)

    seront inquiets sur leur propre sort ; ils se prpareront

    rsister et dfendront les points stratgiques ; comment

    pourrons-nous alors arriver au pied des remparts de leur ville ?

    A ces mots, (Pan Tchao) fit des prsents ( Pei-kien-tche), puis le

    renvoya. Kouang vint alors avec ses hauts dignitaires la rencontre de

    (Pan) Tchao Wei-li(prs de Kourla) et lui fit don dobjets prcieux.

    Dans le royaume de Yen-ki(Karachar), il y avait le passage difficile

    franchir du pont de roseaux ; Kouang fit alors couper ce pont, car il

    dsirait empcher larme chinoise de pntrer dans son royaume ; mais

    (Pan) Tchao prit un autre chemin et effectua son passage en ayant de

    leau jusquau-dessus de la ceinture ; le dernier jour du septime mois

    (94 p.C.), il arriva Yen-ki(Karachar) ; quand il fut vingt lide la ville,

    il tablit son camp au milieu de grands marais. Kouang, pris limproviste, eut grand peur ; il voulait se rfugier dans les montagnes

    en poussant devant lui tout son peuple ; cependant un certain Yuan

    Mong, qui tait tso-heou (dans le royaume) de Yen-ki(Karachar) et qui

    avait t autrefois en otage la capitale, envoya secrtement un

    missaire pour informer (Pan) Tchao de ce qui se passait ; mais (Pan)

    Tchao dcapita le messager pour montrer quil najoutait pas foi ses

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    Trois gnraux chinois

    p.236 paroles et ne suivrait pas ses avis1 ; puis il fixa une date pour une

    runion gnrale des rois de tous ces pays, proclamant cette occasion

    quil les gratifierait de prsents considrables ; alors donc Kouang, roi deYen-ki (Karachar), Fan, roi de Wei-li (prs de Kourla), ainsi que Pei-

    kien-tche et dautres, se rendirent ensemble au nombre de trente

    personnes auprs de (Pan) Tchao ; cependant Fou Kieou, grand

    conseiller de ce royaume (de Yen-ki), et seize autre personnes 2avec lui

    craignirent dtre mises mort et senfuirent toutes en naviguant sur le

    lac ; quant au roi de Wei-siu (prs de Karachar), il ne vint pas non plus.

    Quand on se fut assis, (Pan) Tchao interrogea avec colre Kouang en

    disant :

    Pourquoi le roi de Wei-siu nest-il pas venu ? pour quelle

    raison Fou-Kieou et les autres se sont-ils enfuis ?

    Il ordonna alors ses officiers de saisir Kouang, Fan et les autres ; dans

    la ville o avait autrefois rsid Tchen Mou il les dcapita, puis envoya

    leurs ttes la capitale. Ensuite il lcha ses soldats au pillage ; ils

    couprent plus de cinq mille ttes, prirent vivantes quinze mille

    personnes, semparrent de plus de trois cent mille ttes de btail,

    chevaux, bufs ou moutons. Puis (Pan Tchao) nomma Yuan Mong roi de

    Yen-ki (Karachar). (Pan) Tchao resta Yen-ki (Karachar) une demi-

    anne et y rtablit le calme et la scurit ; alors plus de cinquante

    royaumes des contres dOccident lui livrrent tous des otages et firent

    leur soumission lempire.

    Lanne suivante (96 p.C.), lempereur rendit un dcret en ces

    termes :

    Autrefois, les Hiong-nou sarrogeaient une domination

    exclusive sur les contres dOccident et saccageaient le Ho-si;

    la fin de la priode yong-ping (58-75 p.C.), les portes des

    1En ralit cependant Pan Tchao sut gr Yuan Mong de lavis quil lui avait donn eton verra plus loin que Yuan Mong fut nomm par lui roi de Yen-kiaprs que Kouang eutt mis mort.2

    En tout, dix sept personnes. Un texte donne la leon soixante-dix .

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    Trois gnraux chinois

    villes p.237 restaient fermes en plein jour ; lempereur mon

    prdcesseur 1 eut grande piti des colonies agricoles de la

    frontire qui taient environnes de ravages et de meurtres ;alors il ordonna ses gnraux dattaquer le territoire de droite

    (des Hiong-nou) ; (ces gnraux) vainquirent (les tribus des)

    Po-chan2 (montagnes blanches) et sapprochrent du Pou-lei

    (rgion du lac Barkoul) ; ils prirent la ville et les faubourgs de

    Kiu-che (Tourfan) ; les divers royaumes furent terroriss et se

    soumirent avec la docilit de lcho qui rpond au son ; alors

    on ouvrit les contres dOccident et on y tablit un Protecteur

    gnral. Cependant Chouen, roi de Yen-ki (Karachar), et

    Tchong, fils de Chouen, continuaient seuls fomenter des

    projets de rvolte ; se fiant sur ce que leur pays tait difficile

    daccs, ils renversrent et firent prir le Protecteur gnral

    ainsi que tous ses officiers 3. Lempereur mon prdcesseur

    attachait du prix la vie des hommes de son peuple et

    redoutait les grandes expditions militaires ; cest pourquoi il

    se borna envoyer le kiun sseu-maPan Tchao avec missionde gagner pacifiquement notre cause Yu-tien (Khoten) et les

    pays situs plus lOuest. (Pan) Tchao alors traversa les

    Tsong-ling (les Pamirs) et arriva jusquaux Passages

    suspendus 4 ;il alla de et de l pendant vingt-deux ans et il

    ny eut personne qui ne vnt se soumettre ses ordres ; il

    nomma dautres rois dans ces pays et rassura les populations ;

    sans branler lEmpire du Milieu, sans harasser les soldats, il

    obtint lamiti des barbares lointains p.238 et gagna les curs de

    1Il ne sagit pas ici de lempereur Tchang (76-88) qui fut le prdcesseur immdiat delempereur Ho (89-105) ; cest sous lempereur Ming (58-75) en effet que furentenvoyes les expditions de 73 et 74 qui furent victorieuses dans la rgion du lac Barkoul(Heou Han chou, chap. II, p. 8 r, chap. LIII, p. 5 v ;Dix inscriptions chinoises de lAsieCentrale, p. 19-20).2On appelait Po chan la partie des Tien chan qui tait au Sud du lac Barkoul.3Cf. p.223, 1. 1-3.

    4Il est difficile de savoir si nous avons affaire ici une simple figure de rhtorique ou si

    Pan Tchao franchit rellement les Pamirs pour aller dans la valle de Gilgit.

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    gens qui ont dautres murs que nous. Ensuite il a fait venir le

    chtiment cleste ; il lava lancien affront pour donner

    vengeance au ressentiment de nos gnraux et de nos soldats.Le code militaire dit : La rcompense ne doit pas se faire

    attendre plus dun mois . (Cette prescription a t formule

    parce quon voulait que les hommes aperussent promptement

    lintrt quils ont se bien conduire. En consquence, janoblis

    (Pan) Tchao en le faisant marquis de Ting-yuan1 ; il aura un

    apanage de mille foyers 2.

    La douzime anne (100 p.C.), (Pan) Tchao, considrant quil tait

    depuis fort longtemps dans les contres lointaines, se sentant vieux et

    dsirant revoir son. pays, adressa la requte suivante lempereur :

    Votre sujet a entendu dire que, lorsque Tai-kong eut reu en

    fief le pays de Tsi, lui et ses descendants pendant quatre

    gnrations 3 furent encore enterrs dans le pays des Tcheou ;

    tel le renard qui, au moment de mourir, tourne la tte vers sa

    colline 4, ou tel le cheval du pays de Taiqui se dirige vers le

    vent (du nord) 5.Cependant le pays des Tcheou et celui des Tsi

    taient tous deux dans le territoire du Milieu et ntaient

    distants que de mille li. A plus forte raison, moi votre humble

    sujet, me trouvant dans un pays recul dune rgion lointaine,

    comment naurais-je pas le dsir daller vers le vent et de

    tourner la tte vers la p.239 colline6 ? Les barbares ont

    1Cette localit tait au Sud de la sous-prfecture actuelle de Si-hiang (prf. de Han-tchong, prov. de Chn-si).2Lauteur de la biographie de Pan Tchao va passer brusquement de lanne 95 lanne100 ; il omet de rappeler que, en lan 97 p.C., Pan Tchao chargea son lieutenant KanYing de tenter de se rendre dans le pays de Ta Tsin (cf. Heou Hanchou, chap. CXVIII, p.4 v).3En tout donc cinq gnrations. Cest le Li ki(chap. Tan Kong, trad. Legge, SBE, vol.XXVII, p. 131) qui fournit le renseignement quinvoque ici Pan Tchao.4Cf. Li ki (chap. Tan Kong, trad. Legge, SBE, vol. XXVII, p. 131).5Le pays de Taiest la rgion de Ta-tong fou dans lextrme Nord du Chan-si; daprs leHanche waitchouan, les chevaux originaires de cette rgion septentrionale se sentaientattirs par le vent du Nord qui leur rappelait leur pays natal.6

    Allusion au renard et au cheval dont il a t question plus haut.

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    Trois gnraux chinois

    coutume de redouter ceux qui sont dans la force de lge et de

    mpriser les vieillards ; moi, votre sujet (Pan) Tchao,

    semblable un chien ou un cheval (qui a longtemps servi sonmatre), mes dents sont uses ; je crains constamment que,

    affaibli par lge, je ne maffaisse soudain et que mon me

    solitaire mabandonne. Autrefois, quand Sou Wou resta chez

    les Hiong-nou, ce ne fut encore que pendant dix-neuf annes 1.

    Moi, votre sujet, jai eu la bonne fortune de tenir linsigne de

    dlgation, de porter ma ceinture les sceaux dor et dargent

    et de protger les contres dOccident ; si je viens mourir de

    vieillesse dans la colonie militaire qui ma t assigne, en

    vrit je nen aurai aucun regret ; mais je crains que dans la

    postrit on ne me qualifie peut-tre dhomme qui disparut en

    transfuge dans les contres dOccident. Je nose pas esprer

    arriver jusqu la commanderie de Tsieou-tsiuan (Sou tcheou),

    mais je voudrais du moins franchir encore vivant la passe de

    Yu-men. Moi, votre sujet, je suis vieux, malade, dcrpit et

    souffrant ; je brave la mort en parlant comme un aveugle 2.

    Jaieu soin denvoyer mon fils (Pan) Yong qui entrera lintrieur

    de la frontire la suite des porteurs de prsents 3, et ainsi,

    pendant que je suis encore en vie, je ferai en sorte que (Pan)

    Yong voie de ses propres yeux le territoire du Milieu.

    Dautre part, (Pan) Tchao4,sur cadette de (Pan) Tchao, et femme

    de Tsao Cheou, qui tait originaire de la mme commanderie, p.240

    adressa elle aussi une requte, lempereur pour intercder en faveurde (Pan) Tchao ; elle disait :

    1Sur lambassadeur chinois SouWou qui fut retenu prisonnier chez les Hiong-nou de lan100 lan 81 av. J.-C., voyez Giles, Biog. Dict.., n 1792.

    2Cest--dire comme un homme qui ne se rend pas compte du danger quil court parcequil ne le voit pas.3Daprs le Tong Kouan Ki(cf. p. 213, note 5), lambassade laquelle tait adjoint PanYong tait envoye par le Ngan-si(Parthie).4

    Cf. Giles, Biog. Dict.., n 1597.

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    Trois gnraux chinois

    Le frre an de votre servante, n de la mme mre quelle,

    le Protecteur gnral des contres dOccident, marquis de

    Ting-yuan, (Pan) Tchao, a eu la bonne fortune dobtenir pourses faibles exploits la distinction toute spciale dune grande

    rcompense ; son titre nobiliaire le met au rang des marquis

    apanags ; son rang est celui dun fonctionnaire aux

    appointements de deux mille che. Net t lextraordinaire

    bont impriale, en vrit ce sont l des faveurs que cet

    humble sujet naurait pu recevoir. Quand (Pan) Tchao sortit

    pour la premire fois (de lempire), il tait rsolu sacrifier sa

    propre vie dans lespoir de gagner un peu de gloire pour

    montrer son dvouement ; survint la catastrophe o prit

    Tchen Mou1 ; les routes se trouvrent interceptes ; (Pan)

    Tchao, lui tout seul, se transporta de ct et dautre dans les

    contres lointaines, endoctrina les divers royaumes et utilisa

    leurs soldats ; chaque fois quil y eut une attaque, il fut

    aussitt le premier monter lassaut ; son corps fut couvert

    de blessures faites par le fer et il ne chercha jamais viter lamort. Grce au fait quil tait investi du divin prestige de Votre

    Majest, il a cependant pu prolonger sa vie dans les dserts

    sablonneux (cha mo) ; voici maintenant trente ans que cela

    dure. Lui et nous qui sommes les mmes os et la mme chair

    que lui, nous sommes spars tout vivants et nous ne nous

    reconnatrions plus. De la foule des gens qui autrefois partirent

    avec lui, il nen est aucun qui ne soit trpass. (Pan) Tchao est

    extrmement g ; il va atteindre sa soixante-dixime anne. ;

    il est dcrpit, vieux et malade ; ses cheveux ne sont plus

    noirs ; ses deux mains ne lui obissent plus ; son oue nest

    plus fine et sa vue nest plus claire ; ce nest quen sappuyant

    sur un bton quil peut marcher ; mme p.241 sil voulait puiser

    toutes ses forces pour rpondre tant bien que mal la faveur

    1

    Cf. p.223, 1. 1-3.

    34

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    Trois gnraux chinois

    impriale, il serait accabl par son grand ge. Comme un chien

    ou un cheval (qui a longtemps servi son matre), ses dents

    sont bout. Le caractre des barbares est tel quils rsistent la raison et mprisent les vieillards ; or (Pan) Tchao peut du

    matin au soir entrer sous terre ; si pendant quelque temps

    encore il nest pas remplac, il est craindre que cela nouvre

    la source des crimes et des meutes, que cela ne suscite des

    sentiments de rvolte et de dsordre. Vos hauts dignitaires et

    vos grands officiers y songent tous, mais il nest aucun deux

    tous qui veuille prvoir un avenir lointain. Si cependant il y a

    quelque violence soudaine et que les forces de (Pan) Tchao ne

    lui permettent pas dagir comme il le voudrait, alors en haut

    cela portera atteinte une gloire que notre gouvernement sest

    acquise travers plusieurs gnrations, en bas cela annihilera

    les services qua rendus un sujet loyal en y consacrant tous ces

    efforts ; ce sera en vrit une chose navrante. Voil pourquoi

    (Pan) Tchao, dix mille lide distance, vous a fait hommage de

    sa sincrit et vous a expos lui-mme son extrmeembarras ; le cou tendu, il regarde au loin avec espoir ; mais

    voici maintenant trois ans dcouls sans quil ait pu faire

    statuer (sur sa requte). Votre servante a entendu dire que,

    dans lantiquit, un homme recevait ses armes quinze ans et

    les rendait soixante ans 1 ;et dailleurs il avait des moments

    de relche o il ne remplissait aucune fonction. Comme Votre

    Majest administre le monde avec une parfaite pit filiale et

    quelle a gagn laffection des dix mille principauts, vous ne

    ngligez mme pas les sujets p.242 des plus petits royaumes ;

    plus forte raison ne ngligerez-vous pas (Pan) Tchao qui a

    1Le commentaire de 676 rappelle ici un passage du Tcheou li(article du Liang ta fou ;trad. Biot, Vol. I, p. 241-242) o il est dit que les gens de la ville sont astreints auxservices exigs depuis le moment o ils ont la taille de sept pieds (ce qui correspond lge de vingt ans) jusqu lge de soixante ans et que les gens de la campagne y sontastreints depuis le moment o ils ont la taille de six pieds (quinze ans) jusqu lge de

    soixante-quinze ans.

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    http://opt/scribd/conversion/tmp/scratch2513/tch_li_1.doc#t11105http://opt/scribd/conversion/tmp/scratch2513/tch_li_1.doc#t11105
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    obtenu dtre mis au rang des marquis et des comtes ; voil

    pourquoi jose affronter la mort en implorant votre piti pour

    (Pan) Tchao et en demandant que vous lui accordiez lesquelques annes de vie qui lui restent ; quand il aura pu

    revenir ici vivant et revoir le palais imprial, cela fera que

    lempire naura plus les soucis des entreprises pnibles et

    lointaines, et que les contres dOccident nauront plus se

    tourmenter au sujet de troubles soudains. Ainsi (Pan) Tchao

    bnficiera pour toujours dune bienfaisance semblable celle

    du roi Wen enterrant des ossements 1, dune bont semblable

    celle de (Tien) Tseu fang ayant compassion de la vieillesse 2.

    Les Posies disent : Le peuple vraiment est accabl de

    fatigues, mais peut-tre pourrait-il avoir un peu de tranquillit.

    Commencez par faire du bien ce royaume du Milieu et par l

    vous assurerez le calme dans les quatre rgions de lespace 3.

    (Pan) Tchao ma crit une lettre pour me faire, encore en vie,

    ses derniers adieux ; je crains de ne pas le revoir ; en vrit je

    mafflige de ce que (Pan) Tchao, aprs avoir durant samaturit dploy tout son loyalisme et toute sa pit filiale

    dans le dsert de sable (cha mo), soit abandonn, lorsquil est

    vieux et fatigu, pour mourir dans limmensit solitaire ; en

    vrit, p.243 on peut sapitoyer son sujet. Si je ne parviens

    pas secourir et protger (Pan) Tchao, et si par la suite il se

    1Allusion une anecdote qui se trouve raconte dans le Tchouen tsieou de Lu Pou-weiet dans le Sin siu de Lieou Hiang ; en faisant faire des travaux de terrassement, le roiWen, anctre des rois de la dynastie Tcheou, exhuma des ossements ; il les fit aussittmettre dans un cercueil et enterrer suivant les rites. Cf. De Groot, The religious systemof China, vol. III, p. 916. Le texte de Lu Pou-weiest cit dans le commentaire de 676 auchap. VI, p. 8 r du Heou Han chou.2 Tien Tseu fang tait le prcepteur du marquis Wen (424-387 av. J.-C.), de Wei;voyant un vieux cheval que le prince avait abandonn parce quil ne pouvait plus tredaucune utilit, il dit : Aprs avoir employ toutes les forces de cet animal quand iltait jeune, labandonner quand il est vieux, ce nest pas se conduire avec bont . Ilrecueillit donc ce vieux cheval et le nourrit. Daprs le commentaire de 676, cetteanecdote se trouve dans les Mmoires historiques de Sseu-ma Tsien.3

    Dbut de lode 9 de la seconde dcade du Ta ya.

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    Trois gnraux chinois

    produit quelque jour une catastrophe 1, jespre que la famille

    de (Pan) Tchao aura la chance dobtenir le mme pardon

    quimplorrent autrefois par avance la mre de Tchao2

    et laconcubine Wei 3. Moi, votre servante, peu intelligente et

    ignorante, je ne connais pas les grandes rgles et jai parl au

    mpris de toutes les interdictions concernant ce qui ne doit pas

    tre dit.

    Quand cette supplique eut t remise lempereur, celui-ci fut touch

    de ces paroles et rappela (Pan) Tchao. (Pan) Tchao tait demeur

    trente et un ans dans les contres dOccident. La quatorzime anne

    (102 p.C.), le huitime mois, il arriva Lo-yang. On lui confra le titre

    de ch-cheng hiao-wei. (Pan) Tchao avait depuis longtemps une maladie

    de la poitrine et des ctes ; quand il fut revenu, cette maladie saggrava.

    Lempereur lui envoya un eunuque du palais pour sinformer de sa

    maladie et pour lui donner des remdes. Le neuvime mois (102 p.C.), il

    mourut ; il tait g de soixante et onze ans. Lempereur exprima son

    affliction et ses regrets ; un dlgu imprial prit part aux lamentations

    et au sacrifice et fit des prsents funraires trs considrables.

    Le fils de (Pan) Tchao, nomm (Pan) Hiong, lui succda.

    Auparavant, quand (Pan) Tchao avait t rappel, le wou-ki p.244

    hiao-wei4JenChang avait t nomm Protecteur gnral ; au moment

    1 Au cas o la puissance impriale prouverait dans les contres doccident quelquerevers retentissant par la faute de Pan Tchao devenu trop vieux et incapable, sa surdemande par avance que la famille de Pan Tchao ne soit pas implique dans le

    chtiment.2Lorsque, en 259 av. J.-C., Tchao Kouo fut mis la tte des troupes du pays de Tchao,sa mre avertit le roi de Tchao quil avait tort de choisir un tel gnralissime ; le roipersistant dans sa rsolution, elle lui fit alors promettre que, si Tchao Kouo se rendaitcoupable de quelque lourde faute militaire, elle ne serait point rendue solidaire de soncrime ; cf. Sseu-ma Tsien, chap. LXXXI, p. 4 r.3 La concubine Wei est un terme qui sapplique deux concubines du duc Houan(686-643 av. J.-C.), de Tsi, qui taient toutes deux originaires du pays de Wei; lorsquele duc Houan projeta denvahir le pays de Wei, lane des concubines Weiintercda enfaveur de ce pays.4Le commentateur Lieou Pan fait remarquer que, en ce temps, il ny avait plus que letitre de wou kiao wei; le mot kiserait donc une superftation ; mais cest une questioncontroverse de savoir si lexpression wou ki hiao wei sappliquait un seul et mme

    personnage, ou si elle dsignait deux fonctionnaires distincts, le wou kiao weiet le ki

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    Trois gnraux chinois

    de la transmission des pouvoirs, (Jen) Chang dit (Pan) Tchao :

    Votre seigneurie a rsid pendant plus de trente annes

    dans les pays trangers ; ma chtive personne reoit avechumilit votre succession ; mais la charge est lourde et ma

    perspicacit est superficielle ; vous devez avoir des instructions

    me donner.

    (Pan) Tchao lui rpondit :

    Je suis vieux et jai perdu ma clairvoyance ; on vous a dj

    confi plusieurs reprises des postes levs ; comment moi,

    (Pan) Tchao, aurais-je pu atteindre si haut ? Cependant,

    comme je ne puis faire autrement (que de cder vos

    instances), je dsire vous proposer humblement un avis : les

    officiers qui sont en-dehors de la barrire ne sont pas

    naturellement des fils pieux et des petits-fils obissants ; tous

    ont t dports pour quelque faute et chargs de remplir un

    poste dans les colonies militaires de la frontire ; dautre part

    les barbares ont des sentiments doiseaux et de btessauvages ; il est difficile dentretenir leurs bonnes dispositions

    et ais de les dtruire. Maintenant, vous avez un caractre

    austre et rigoureux ; or, quand une rivire est limpide, elle

    na pas de grands poissons ; un gouvernement trop minutieux

    nobtient pas la sympathie de ses infrieurs ; il vous faut tre

    coulant et accommodant ; soyez indulgent pour les petites

    fautes et bornez-vous tenir la main aux principes gnraux.

    Aprs que (Pan) Tchao fut parti, (Jen) Chang dit en particulier ses

    familiers :

    Je pensais que le seigneur Pan possdait quelques recettes

    merveilleuses ; mais ce quil ma dit est fort ordinaire.

    Quand (Jen) Chang se fut rendu son poste, au bout de quelques

    annes les contres dOccident se rvoltrent. (JenChang) fut rappel

    hiao wei.

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    Trois gnraux chinois

    pour avoir p.245 commis des fautes qui taient prcisment celles contre

    lesquelles (Pan) Tchao lavait mis en garde 1.

    (Pan) Tchao eut trois fils. Lan, (Pan) Hiong, parvint graduellement

    au poste de touen-ki hiao-wei(commandant des cavaliers des colonies

    militaires) ; quand se produisit lincursion des Kiang rvolts qui

    ravagrent les trois commanderies voisines de la capitale 2, un dcret

    imprial chargea (Pan) Hiong de prendre le commandement des soldats

    des cinq camps 3 et de stablir Tchang-ngan (Si-ngan fou) ; il fut alors

    nomm prfet de la capitale.

    A la mort de (Pan) Hiong, son fils, (Pan) Che lui succda ; il eutlhonneur dpouser la princesse de Yin-tcheng, fille du roi Hiao de

    Tsing-ho, et tante de lempereur Chouen ; cette femme, orgueilleuse de

    son haut rang, se livrait la dbauche ; un jour quelle se trouvait

    derrire les rideaux avec son amant, elle invita (Pan) Che entrer et le

    fora se cacher sous le lit. (Pan) Che en conut du ressentiment ; la

    cinquime anne yong-kien (130 p.C.), il tira son pe et tua la

    princesse ; lempereur en fut grandement irrit ; il fit couper par le

    milieu du corps (Pan) Che dont toute la famille fut mise mort sur la

    place publique.

    Le fils cadet de (Pan) Tchao fut (Pan) Yong.

    @

    1Cest en lanne 118, aprs avoir exerc des fonctions diverses en Occident pendantseize annes, queJen Chang fut rappel et mis mort ; cf. Heou Han chou, chap. V, p. 7r.2Il sagit vraisemblablement ici des faits qui se passrent en lanne 97 ; cf. Heou Hanchou, chap. CXVII, p. 6 r.3 Les cinq camps taient aussi dsigns par le titre des cinq commandants qui les

    dirigeaient (Heou Han chou, chap. CXVII, p. 6 r, commentaire).

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    BIOGRAPHIE DE PAN YONG

    @(Pan) Yong, dont lappellation tait Yi-leao, eut ds son jeune ge les

    mmes dispositions que son pre. La premire anne p.246 yong-tchou

    (107 p.C.), les contres dOccident stant rvoltes, (Pan) Yong fut

    nomm kian sseu-ma ; lui et son frre an (Pan) Hiong sortirent

    ensemble par Touen-houang et se portrent la rencontre du Protecteur

    gnral 1 ainsi que des soldats cuirasss des contres dOccident, puis ils

    revinrent ; cest alors quon supprima le poste de Protecteur gnral ; la suite de cela, les contres dOccident cessrent tout rapport avec nous

    et neurent plus de fonctionnaires chinois pendant plus de dix annes.

    La sixime anne yuan-tchou (119 p.C.), le gouverneur de Touen-

    houang, Tsan Tsong, envoya le tchang-cheSouoPan, la tte dun millier

    dhommes, tablir une colonie militaire Yi-wou (Hami) ; le roi antrieur

    de Kiu-che (Tourfan) ainsi que le roi de Chan-chan (au Sud du Lop-nor)

    vinrent tous deux faire leur soumission (Souo) Pan. Quelques mois plustard, le chan-yu du Nord et la tribu postrieure de Kiu-che (Dsimsa, prs

    de Goutchen), assaillirent ensemble et firent prir (Souo) Pan, puis

    savancrent lattaque du roi antrieur (Tourfan) et conquirent la route

    du Nord. Le roi de Chan-chan demanda avec instances du secours Tsao

    Tsong ; celui-ci proposa alors quon ft sortir cinq mille soldats pour

    attaquer les Hiong-nou, venger laffront qui nous avait t fait en la

    personne de SouoPan et profiter de loccasion pour reprendre les contres

    dOccident. Limpratrice-douairire Teng convoqua alors (Pan) Yong dans

    la salle du trne pour quil participt la discussion ; tout dabord, les ducs

    du palais et les hauts dignitaires avaient pour la plupart exprim lavis quil

    fallait fermer la passe de Yu-men et abandonner donc les contres

    dOccident ; (Pan) Yong proposa au souverain son opinion en disant :

    1Pour le secourir. Le Protecteur gnral tait alors ceJen Chang qni avait succd Pan

    Tchao.

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    Autrefois lempereur Hiao-wou (140-87 av. J.-C.) sinquita

    de ce que les Hiong-nou taient fort puissants et de ce quils

    avaient rassembl sous leur p.247 autorit les cent peupladesbarbares en sorte quils exeraient une pression sur nos

    forteresses et notre barrire ; alors il ouvrit des

    communications avec les contres dOccident et dsagrgea la

    coalition (des barbares) ; ceux qui dissertent (sur lhistoire)

    considrent que, (de cette manire, lempereur Wou) dpouilla

    les Hiong-nou de leurs magasins et de leurs trsors et quil

    coupa leur bras droit. Lorsque survint lusurpateur Wang Mang

    (9-22 p.C.), il eut des exigences insatiables ; les barbares Hou

    sirritrent de sa mchancet et cest pourquoi ils se

    rvoltrent. Lorsque Kouang-wou (25--57 p.C.) eut triomph

    en Chine, il neut pas encore le loisir de soccuper des affaires

    de lextrieur ; cest pourquoi les Hiong-nou, confiants dans

    leur force, poussrent devant eux ou entranrent derrire eux

    les divers royaumes. Puis, quand arriva la priode yong-ping

    (58-75 p.C.) ils attaqurent deux reprises Touen-houang ;dans les commanderies du Ho-siles portes des villes restrent

    fermes en plein jour. Lempereur Hiao-ming (58-75 p.C.)

    mdita profondment sur la politique consacre par ses

    anctres ; il ordonna alors ses officiers vaillants comme des

    tigres de sortir pour rprimer les contres dOccident. Cest

    pourquoi les Hiong-nou se cachrent au loin et la rgion de la

    frontire obtint le calme. Lorsquarriva la priode yong-yuan(89-104 p.C.), il ntait personne qui ne ft soumis lempire.

    Sur ces entrefaites, les Kiang (Tibtains) se rvoltrent et les

    contres dOccident furent de nouveau spares de nous ; les

    barbares du Nord envoyrent alors des missaires pour exiger

    des divers royaumes quils acquittassent entirement les

    redevances arrires, pour lever le montant de ces impts et

    pour assigner au paiement un dlai rigoureux ; (les royaumes

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    de) Chan-chan et Kiu-che en conurent de lindignation et de la

    colre ; ils songeaient quils auraient plaisir servir les Han,

    mais ils nen trouvaient pas le moyen. Si auparavant il y avaiteu parfois des rbellions, cela avait toujours tenu quelque

    faute des administrateurs qui, au lieu p.248 de leur faire du bien,

    leur avaient fait du mal. Maintenant Tsao Tsong se borne

    ressentir un affront antrieur et veut laver linjure qui lui a t

    faite par les Hiong-nou ; mais il ne sest pas inform des

    anciennes traditions relatives aux exp