Dyslexie claire paoletti

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bisllexyk disllexic Claire Paoletti Diplômes 2014

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bisllexykdisllexic

Claire Paoletti

Diplômes 2014

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COMMENT EN TANT QUE DESIGNER

PUIS-JE AIDER LE DYSLEXIQUE À

VIVRE AVEC SON HANDICAP ?

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La dyslexie est définie comme un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture ; la réalité nous apprend qu’elle est tellement plus. Le travail de Claire Paoletti met à jour l’iceberg. La dyslexie que l’on a crue un temps réservée à l’enfant, révèle petit-à-petit son impact phénoménal sur l’individu dyslexique dans sa globalité et durant toute sa vie. En effet ce déficit langagier touche la sphère de la communication et vient ainsi parasiter les interactions avec l’entourage. L’insertion du dyslexique dans la société va être contrainte par ce déficit (de façon évidente si l’on pense au parcours scolaire). La dyslexie va ainsi jalonner la route de l’individu d’épreuves et de stigmatisations qui vont influer sur sa trajectoire de vie. Pourtant l’intelligence des dyslexiques est normale voire supérieure (si l’intelligence est défaillante on ne parle plus de dyslexie). Et il s’avère que même si le diagnostic repose sur les capacités de lecture, de nombreuses autres caractéristiques et spécificités sont observées chez ces enfants : mauvais en orthographe, maladroits, distraits mais aussi créatifs et avec parfois des capacités visuo-spatiales surdéveloppées. L’engagement de Claire Paoletti d’explorer comment le design peut au quotidien aider les dyslexiques à agir et à interagir avec leur handicap me parait être très pertinent. Le design est envisagé ici comme un support aidant et décloisonnant. Tout un programme !

Fanny Meunier directeur de projet

PRÉFACE

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PréfaceIntroduction

1. La dyslexie vision d’un monde désorienté.

A.Regard croisés sur la dyslexiea) Qu’est ce que la dyslexie ?b) Les différents types de dyslexiec) Une histoire scientifique récented) L’origine génétique de la dyslexiee) Diagnostic: comment dépister les dyslexiques ?

B. Une disjonction corps et esprita) Quelle est l’utilité du langage ?b) Les troubles de la dyslexie de surfacec) Les troubles de la dyslexique profonde

C. Une perception différentea) L’écritureb) La lecturec) L’audition

D. Des problèmes de perception aux problèmes de compréhension et de concentrationa) Une concentration à rude épreuveb) Compréhension

2. Le recadrage de la société

A. Les pistes de résolution dites classiquesa) Les loi, les aides mises en placesb) Les associations

SOMMAIRE

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B.Des pistes innovantes de résolution des problèmes a) Les outils à disposition et les limites d’un phénomène commercialb) Les rééducations miraculeuses ont un prix

3. Les pistes de résolution des problèmes et les atouts qu’il faut savoir conforter

A. Le regard porté sur les dyslexiquesa) L’estime de soib) Les familles Dysc) L’exclusion sociale

B. Les atouts des dyslexiquesa) Conséquence b) Les atouts qu’il faut savoir conforterc) Une intégration porteuse d’avenir ou comment le design peut il transcender le dyslexique

ConclusionRemerciements

Glossaire

BibliographieAnnexes

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INTRODUCTION La dyslexie fait partie des troubles « dys » comme la dyspraxie, la dyscalculie, la dysphasie et la dysorthographie.

La dyslexie est un trouble de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture aujourd’hui reconnu comme handicap cognitif. Selon l’Association Française de Parent d’Enfant en Difficulté d’Apprentissage du langage écrit et oral (APEDA), la dyslexie est un trouble du développement de l’apprentissage du langage écrit, d’intensité et d’expression variable, les performances restant suffisamment en deçà de ce qui est attendu pour l’âge et l’intelligence de l’enfant.

Pour l’essentiel il s’agit d’une difficulté à mettre en place les correspondances graphème-phonème nécessaire à l’apprentissage de la lecture les sons qui composent les mots. Dans environ 30% des cas, elle est précédée par des troubles du langage oral, allant du simple retard de langage à la dysphasie. Dans environ 20% des cas, des troubles spécifiques de l’attention, avec ou sans hyperactivité, s’y associent.

Le dyslexique a des difficultés de mémorisation à court terme, de discrimination auditive et visuelle, d’analyse et de mémoire séquentielle, d’acquisition des automatismes de la langue écrite, mais aussi d’orientation dans le temps et l’espace.

Ce handicap se caractérise donc par des difficultés au chapitre de la reconnaissance de mots (exactitude et/ou fluidité), des difficultés orthographiques et de décodage. Ces difficultés sont le résultat d’un déficit d’une composante phonologique du langage fréquemment inattendue étant

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donné les habiletés cognitives et les méthodes d’enseignement appropriées appliquées en classe. Les conséquences secondaires peuvent inclurent une difficulté de compréhension de lecture et une faiblesse au niveau de la richesse de vocabulaire et de certaines connaissances qui sont directement attribuables à un manque d’exposition à la lecture1. Parmi les symptômes de la dyslexie on trouve : renverser, tourner une lettre horizontalement selon son axe vertical (lire dédé pour bébé, dien pour bien), inverser, retourner une lettre de haut en bas (u-n, w-m), transposer, changer de place 2 lettres adjacentes (ex : chein pour chien),…

De ce fait, la dyslexie est la cause la plus connue et la plus répandue des problèmes d’apprentissage et la plus grande cause de l’abandon scolaire. Ainsi, à l’école, la dyslexie représente à elle seule plus de 90% des troubles de l’apprentissage. De nombreux enfants touchés sont catégorisés comme étant limités intellectuellement par leur professeur d’école primaire.

La dyslexie par les troubles et les souffrances qu’elle provoque est la cause la plus rependue d’échec scolaire. « Nos “mauvais élèves” (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l’école. C’est un oignon qui entre dans la classe : quelques couches de chagrin, de peur, d’inquiétude, de rancœur, de colère, d’envies inassouvies, de renoncement furieux, accumulées sur fond de passé honteux, de présent menaçant, de futur condamné. Regardez, les voilà qui arrivent, leur corps en devenir et leur famille dans leur sac à dos. Le cours ne peut vraiment commencer qu’une fois le fardeau posé à terre et l’oignon épluché. » 2 Ces échecs sont durables, et contrairement à ce qu’on peut voir dans les médias la dyslexie concerne aussi les adultes. La dyslexie est un dysfonctionnement cérébral. «On naît avec, on meurt avec.»

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, entre 8 et 12% des personnes sont dyslexiques dans le monde. La dyslexie affecterait 1 enfant sur 5 aux Etats-Unis, alors qu’en France ce nombre serait de 5 à 8% soit plus de 3 millions de français. La prévalence de la dyslexie varie selon les langues : plus la langue est irrégulière dans son passage de l’écrit à l’oral, plus la prévalence de la dyslexie augmente.

Or il est impossible aujourd’hui de s’insérer dans la société sans maîtriser

1 Selon The International dyslexia association, Annals 20032 Daniel Pennac, Chagrin d’école, Gallimard, « Folio », 2009, 304 pages

5 à 8% des français sont

dyslexique = 3 000 000

personnes

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lecture et écriture. L’écriture est en effet le média qui permet de communiquer, de pérenniser le contenu des échanges et d’enregistrer les différents moments importants de la vie. L’écriture sert aussi de projection pour imaginer un avenir potentiel. La lecture quant à elle permet de faire vivre tout ce qui est écrit que ce soit le passé, le présent ou le futur. Elle permet par ailleurs de s’instruire.

La dyslexie devient ainsi une question d’actualité du fait de la mesure grandissante du nombre de dyslexiques qui se précise dans le monde avec le développement de la scolarisation. De nombreuses disciplines scientifiques s’intéressent ainsi à ce handicap dont furent victimes quelques célébrités et non des moindres puisque l’on peut compter parmi eux : Léonard de Vinci, Galilée, Pascal, Newton, Einstein, Rodin,…

Le point commun de tous ces dyslexiques est de s’être adaptés à leur handicap pour faire exploser leur génie. L’adaptation est donc la clé si ce n’est du génie, a minima d’une bonne intégration du dyslexique dans le monde actuel. Ce dernier pour s’adapter développe souvent un nombre important de compensations via diverses capacités en particulier sur le plan de la représentation visuelle et spatiale. Ce phénomène remarqué par certains psychologues a fait l’objet d’études tendant à montrer qu’il s’agit là d’une forme d’intelligence comme peut l’être l’intelligence verbale, l’intelligence logico-mathématique ou encore d’autres formes d’intelligences. Ainsi sur le versant positif de ce trouble, on peut noter que les dyslexiques sont également décrits comme plus créatifs, plus originaux, plus persévérants.

Cette forme d’intelligence ne correspond certainement pas à l’enseignement qui a été le nôtre. Il ne s’agit pas de se focaliser sur les fondamentaux que sont la lecture ou l’écriture mais de privilégier les représentations comme le faisait Léonard mais avec en plus une foule de données supplémentaires connues, voire disponibles librement (open data). Laissons aux ordinateurs la tâche rébarbative d’écrire ou de nous lire les documents, et focalisons-nous sur le raisonnement. A l’instar du Dr Larry Smarr, physicien, astronome et directeur d’un centre de macro-informatique, qui observe: « Au cours de mes conférences, j’ai souvent fait valoir que le processus de l’enseignement universitaire des cycles supérieurs est biaisé en faveur des personnes possédant des capacités analytiques, au détriment de celles douées de capacités visuelles ou holistiques. J’ai prétendu que la montée de la visualisation comme un nouveau mode de découverte scientifique entraînerait l’apparition d’une nouvelle catégorie de scientifiques. Quant a moi, mon gourou en informatique était dyslexique: sa vision du monde était différente de celle de ses collègues, et beaucoup plus efficace... »

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En quoi suis-je concernée ? Je suis dyslexique, ma mère l’est, mon oncle l’est aussi, et mes enfants le seront probablement. Tout au long de ma scolarité, comme eux et comme tous les dyslexiques, j’ai été confrontée à des difficultés qui ont influencé la personne que je suis devenue. A l’heure où je rédige ce mémoire je mesure à la fois les difficultés que j’ai eues et le plaisir que j’éprouve dans l’exercice de ma formation de designer.

Ce mémoire est donc l’occasion de mettre en lumière le dyslexique, d’en évoquer les faiblesses et surtout les atouts afin d’aider, dans la mesure de mes capacités de designer, toutes les victimes de ce handicap, leurs parents ou les enseignants qui les accompagnent. C’est aussi un moyen de participer au changement de regard porté sur ce trouble qui à l’ère informatique n’a plus lieu d’être si stigmatisant tant le rapport à l’écrit peut être secondé (par l’outil informatique notamment).

La question initiale de mon mémoire est :

Comment en tant que designer puis-je aider le dyslexique à vivre avec son handicap ?

Ce mémoire est composé de trois grandes parties. Dans la première partie nous allons exposer la dyslexie sous le regard croisé des scientifiques. Cette partie décrit les troubles de la dyslexie et traite de la désorientation. Dans la seconde partie nous aborderons la prise en charge de cette dyslexie par la société, pour finir en troisième partie par l’espoir d’un nouveau regard porté sur la dyslexie.

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LA DYSLEXIE VISION D’UN MONDE DÉSORIENTÉ. 1 Selon les études, entre 5 et 10 % de la population française serait touchée par la dyslexie. Ce handicap a pourtant touché quelques génies. Ainsi Léonard de Vinci, quatre cent ans avant l’invention du système à propulsion de l’hélicoptère, invente une machine permettant de s’envoler. Et pourtant il a véritablement appris à lire à 40 ans... Albert Einstein n’aurait parlé qu’à l’âge de 5 ans et Auguste Rodin ne savait distinguer ni les lettres ni les mots.

Dans un premier temps nous aborderons les dysfonctionnements de la dyslexie décrits par le monde scientifique puis la différence de perception du monde par les dyslexiques pour finir par les implications de ce handicap.

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A. Regards croisés sur la dyslexieDans cette partie nous allons définir la dyslexie, et ses origines. Nous allons ensuite expliquer comment celle-ci peut être diagnostiquée.

a) Qu’est-ce que la dyslexie ?

L’étymologie de dyslexie [dislksi], nom commun/féminin vient du morphème «dys » signifiant difficulté et « lexis » le lexique, les mots. La dyslexie est fondamentalement un trouble du langage.

La dyslexie se révèle pendant la scolarité de l’enfant. C’est un trouble de l’apprentissage écrit indépendant de la capacité intellectuelle. Ce trouble de l’apprentissage s’exprime par plusieurs symptômes mais aussi par plusieurs « atouts ». Il se manifeste par une difficulté durable dans l’apprentissage de la lecture en dépit d’un enseignement dit normal, d’une intelligence appropriée et de conditions socioculturelles satisfaisantes. Ce trouble est durable et accompagne l’individu dès le début son apprentissage de la lecture jusqu’à l’âge adulte. Cependant il est à noter que l’apprentissage existe mais qu’il est bien plus lent qu’à la normale.

b) Les différents types de dyslexie

Trois types de dyslexie sont décrits dans la littérature. Il s’agit de la dyslexie profonde, la dyslexie de surface et la dyslexie mixte. La dyslexie profonde aussi appelée dyslexie phonologique représente la grande majorité (70%) des dyslexiques. Il s’agit essentiellement d’une difficulté à mettre en place la correspondance graphème/phonème1. Elle se caractérise par :• Une omission ou substitution de mots • Une inversion ou ajout de lettresPar exemple « soucoupe » devient « socoupe ».

La dyslexie de surface, aussi appelé dyséidètique ou morphémique, représente 10% des dyslexiques. Elle se caractérise par :• Une lecture lente et hachée par manque d’automatisation • Un lexique orthographique interne pauvre • Une difficulté à orthographier les mots irréguliers normalement stockés

1 Par exemple, le phonème [o] pourra être transcrit par les graphèmes o, ô, eau, au.

DYSLEXIE OMISSION INVERSION LECTURE LENTE ET HACHÉEDYSLEXIE PROFONDE, SURFACE, ET MIXTE

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C’est un trouble de l’apprentissage écrit indépendant de la capacité intellectuelle.

De surface 10%

Mixte 20%

Profonde 70%

• Une omission ou substitution de mots • Une inversion ou ajout de lettres

• Une lecture laborieuse • Une orthographe très approximative • Des inversions ou ajout de lettres

• Une lecture lente et hachée par manque d’automatisation • Un lexique orthographique interne pauvre • Une difficulté à orthographier les mots irréguliers normalement stockés dans le lexique mental• Une orthographe phonétique, par exemple la mézon au lieu de la maison.

EN OPTION: dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie et dysgraphie

LA DYSLEXIE dans le lexique mental• Une orthographe phonétique, par exemple la mézon au lieu de la maison.

La dyslexie mixte quant à elle représente 20% des dyslexiques. C’est une combinaison des deux dyslexies décrites ci-dessus. Elle se caractérise par :• Une lecture laborieuse • Une orthographe très approximative • Des inversions ou ajout de lettres Par exemple le dyslexique n’arrive pas à faire coïncider la bande son (les mots parlés) avec la bande visuelle (les mots écrits).

Quatre autres grands troubles « dys » sont parfois observés en plus de la dyslexie (profonde, surface ou mixte). Premièrement, la dyspraxie qui est un dysfonctionnement de la coordination et de la planification des gestes. La dyscalculie quant à elle est un trouble dans les domaines de la logique de la construction des nombres et des opérations sur ces nombres. La dysorthographie est un trouble de l’acquisition et de la maîtrise de l’orthographe et pour finir la dysgraphie qui est un trouble affectant les gestes graphiques, lorsque la personne écrit.

c) Une histoire scientifique récente

Trois corps de métier se sont intéressés au fil du temps à la dyslexie, pour tenter d’en comprendre les origines :Le courant organiciste, à savoir les médecins, Le courant instrumental mené par les psychologues et orthophonistes Le courant pédagogique constitué des enseignants.

Tout commence avec le courant organiciste au 19e siècle avec des cliniciens spécialisés dans la vision. Ils s’intéressent à des enfants incapables d’apprendre à lire mais doués en calcul. Une cécité congénitale pour les mots est évoquée, la dyslexie est alors décrite comme un exclusivement trouble visuel. Il faut attendre le 20e siècle pour que des médecins mettent en évidence que ces enfants possèdent une intelligence normale mais une infirmité pour lire et comprendre le langage écrit. Le terme « dyslexie » apparaît ainsi en 1937.

Le psychologue Ombredanne l’emploie pour décrire le même profil d’élève. Ce sont des enfants qui n’apprennent pas à lire mais qui se développent normalement par ailleurs. Samuel T. Orton, neurologue parle lui d’ « alexie développementale », cela signifie qu’un enfant n’acquiert pas la lecture pendant son développement mais que tout le reste de son développement est normal. Il met alors en avant l’hypothèse d’une forte participation de

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l’hémisphère droit ou d’un mauvais développement de la latéralité. Il met aussi en évidence le caractère d’hérédité structurelle du cerveau.

Entre les années 1950 et 1970 des théories émergent :- S. Borel-Maisonny2 classe les erreurs de lecture. Il permet de connaître exactement les erreurs que font les dyslexiques. Les confusions des sons et des lettres, les inversions, la difficulté avec les graphiques complexes comme « ain » ou les ajouts.- Zazzo3 s’interroge sur la latéralité, la structuration dans l’espace, ... Par exemple les lettres miroir comme le B et le D qui lorsqu’elles sont en minuscules semblent se refléter (b et d).- Debray-Ritzen4 dans les années 70 adopte un point de vue neurologique et fonde des hypothèses de lésions cérébrales. La dyslexie serait due à des dysfonctionnements cérébraux minimes, de retard de maturation cérébrale et d’hérédité.

Ces trois hypothèses correspondent aux grands axes des recherches actuelles.

- Inizan5 et Lobrot6 en 1972 vont élaborer des batteries de test et s’interroger sur les liens entre la dyslexie et les méthodes d’enseignement de la lecture. La méthode globale est-elle adaptée à tous ?

On observe ainsi que de nombreuses personnes, savants, professeurs, psychologues, médecins, se sont intéressées de près ou de loin à la dyslexie. Ce handicap fascine par sa complexité car les questions qui se posent restent nombreuses.

2 S. Borel-Maisonny est une des fondatrices de l’orthophonie en France.3 Zazzo est un psychologue français.4 Debray-Ritzen est un médecin et écrivain français5 André INIZAN, docteur d’Etat, professeur émérite des universités6 Michel Lobrot est un psychopédagogue français.

On naît, on meurt avec.

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d) L’origine génétique de la dyslexie

Aujourd’hui c’est la théorie génétique qui nous est le plus souvent présentée. Il semble que la migration des neurones pendant la phase embryonnaire ne se déroule pas normalement, suite notamment à un taux d’hormones mâles anormal chez la mère au troisième mois de grossesse.

En 1968, un médecin observe chez un enfant dyslexique décédé une anomalie du cerveau qui témoigne d’un défaut de maturation des aires corticales du langage. De ce fait nait un premier constat qui sera prouvé par la suite; normalement les deux hémisphères sont de tailles différentes chez un individu normal, le gauche, particulièrement spécialisé dans le traitement du langage, étant plus gros. Ce qui n’est pas le cas chez les enfants dyslexiques, dont le système nerveux central présente une meilleure symétrie.

Autre distinction, un enfant dyslexique à des parents dyslexiques qui s’ignorent parfois. Ainsi lors du sondage que j’ai effectué auprès d’une population d’une centaine de dyslexiques j’ai observé que 78% des dyslexiques ont des parents proches dyslexiques (parents, sœurs, frères mais aussi grands-parents). Par ailleurs le dépistage, plus courant de nos jours, de la dyslexie de ces individus a parfois occasionné l’explication du handicap d’un ou des parents. Et enfin la dyslexie n’atteint pas autant de fille que de garçon. Des études montrent que le risque d’être dyslexique pour un garçon est de 40% si son père l’est et de 35% si sa mère l’est. Pour une petite fille ce chiffre passe à 17% quelque soit le parent dyslexique.

Le phénomène héréditaire bien que prouvé fait encore aujourd’hui l’objet d’études génétiques pour trouver les origines exactes. Tout laisse à penser que ces travaux seront longs.

e) Diagnostic : comment dépister les dyslexiques ?

Un enfant non diagnostiqué est en situation d’échec, il développe des troubles durables de l’apprentissage et de la lecture qui peuvent le mener jusqu’à la déscolarisation. Il est donc très important de procéder à ce diagnostic afin de pouvoir bénéficier des aides existantes qui permettent d’alléger le handicap, de le comprendre et d’accéder aux études. Par ailleurs, le diagnostic permet de poser un mot sur le trouble dont est victime l’individu. Ce sujet est sensible et touche directement les enfants ainsi que leur estime d’eux-mêmes. En effet le stigmate, que l’école va poser sur le trouble, peut entrainer des failles psychologiques, en étiquetant l’enfant comme « mauvais en classe » par exemple.

Le diagnostic est prescrit par le médecin traitant puis établi par un orthophoniste. Il nécessite une prise en charge du patient pendant au moins deux ans. Il est constitué de nombreux entretiens avec la famille pour connaître les antécédents familiaux, les conditions de vie et l’historique de la vie de la personne diagnostiquée. Durant ce diagnostic l’orthophoniste évalue les capacités et les déficits de la personne prise en charge.

Le diagnostic est construit selon un principe d’exclusion, on élimine parmi une liste toutes les causes pour lesquelles la personne pourrait avoir un trouble de l’apprentissage. Dans cette liste on trouve : • Le Qi verbal qui doit être inférieur au Qi performance (c’est-à-dire que les tests d’intelligence doivent présenter un profil marquant la spécificité d’un déficit dans la sphère langagière). • Une scolarité adéquate • L’absence de carence éducative• L’absence de troubles perceptifs (déficit d’acuité visuelle, auditive ou d’affection neurologique)• L’intégrité du système nerveux central, aucun trouble nerveux• L’absence de troubles psychiatriques

Il est important de savoir quand établir un diagnostic. Si le diagnostic est fait trop tôt le résultat ne peut pas être certain et s’il est fait trop tard des séquelles psychologiques peuvent apparaître, et des erreurs d’orientation être faites. Ainsi le diagnostic est complexe s’il est établi avant le CE1 car l’enfant peut ne pas avoir encore appris à lire ou rencontrer des difficultés passagères.

Pour autant, il est possible de détecter les facteurs à risques avant l’apprentissage de la lecture, avant le CP. Certains d’entres eux peuvent en effet être visibles précocement comme un trouble du langage oral tels que, • La capacité d’analyse phonologique et le niveau de connaissance des lettres• La capacité de mémoire phonologique à court terme• La capacité de dénomination rapide• Les troubles de la perception catégorielle

Tel est le cas par exemple d’un enfant ayant une perception catégorielle floue, celui-ci entend trop de détails acoustiques et ne parvient pas à ranger les sons dans différentes catégories. Ceci a été mis en évidence par Sprenger-Charolles7. Lorsque que l’enfant entend le mot « baobab » avec 3 /b/ qui sont tous différents du fait de leur place dans le mot : l’enfant dyslexique les entend bien différemment et peut donc se demander si ce n’est pas un autre

7 Directrice de recherche émérite au CNRS, Aix-Marseille Université, associée Paris-Descartes

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17%83%60% 40%

17%83%65% 35%

phonème comme le /p/. Ainsi il comprendra paobab, baopab,… Un individu non dyslexique catégorisera les 3 « b » comme « b » et n’aura pas conscience des légères différences acoustiques entre les 3 productions de « b ».

Plus le diagnostic est fait tôt et plus l’apprentissage des « parades » peut être établi permettant de bénéficier d’une rééducation dans les cas les plus simples voire d’aller au-delà de son handicap en le transformant en avantage. Des aménagements peuvent également être mis en place.

B. Une disjonction corps et esprita) Quelle est l’utilité du langage ?

Le langage, du latin lingua « langue » et du suffixe –age est la faculté d’expression que possède l’homme qui lui permet de communiquer sa pensée grâce à la parole ou à l’écriture.

Le langage permet donc de transmettre de l’information.

Dans son article « Grooming, Gossip and the Evolution of Language », Robin Dunbar8 soutient que le langage chez les humains tient aussi le même rôle que l’épouillage dans les sociétés de singes. Selon lui, le langage est donc une façon d’entretenir les relations sociales, peut-être même plus qu’un moyen de transmettre les informations.

R. Dunbar s’appuie sur sa thèse « les conversations courantes ». Il s’est interrogé sur le contenu des discussions échangées tous les jours dans les cafés. « Nous avons étudié des conversations spontanées dans des lieux divers (cafétérias d’université, bars, trains...), nous avons découvert que 65 % environ du temps de conversation est consacré à des sujets sociaux : qui fait quoi, avec qui, ce que j›aime ou n’aime pas, etc. »

Il en tire cette conclusion : le langage agit donc aussi comme un « épouilleur social », il facilite la sociabilité et permet aux individus de partager leur « vision » du monde, appelée aussi leurs représentations mentales.

b) Les troubles de la dyslexie de surface

8 Robin Dunbar, professeur de psychologie évolutionniste à l’université de Liverpool.

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Repérage de difficultés d’apprentissage par la famille, l’école ou un professionnel de santé

Surveillance Persistance des difficultées

Dépistage par des professionnels de

santé

Signes évocateurs d’un trouble

Bilan pluridisciplinaire

Diagnostic

Identification d’un trouble «dys»

Identification d’un trouble qui n’est pas un trouble

«dys»

Pas de signes évocateurs d’un

trouble: surveillance et conseil

Évolution favorable

LE DIAGNOSTIC Le dyslexique pense en image c’est-à-dire que lorsqu’il lit une phrase, il se fait une représentation en image de celle-ci pendant sa lecture.

Dans son livre Ronald D. Davis9 nous fait une liste de mots déclencheurs de désorientation. C’est mot sont « le », « la », « sans », « alors »,… Ils n’ont pas d’image les représentant. C’est donc pour cela qu’ils font buter le dyslexique dans sa lecture. Davis nous propose donc dans son livre de donner une image à ces mots pour qu’ils ne posent plus problème. Il propose à ses élèves d’illustrer « le » avec de la pâte à modeler, ou de faire un dessin. Lorsque l’enfant à illustré toute la liste de mots déclencheurs de la désorientation, il n’a plus de problème pour les lire ni les illustrer dans ses phrases.

Toujours selon le livre de « le don de dyslexie » de Ronal D. Davis, le mot voiture est associé par un dyslexique à une multitude d’images telles que la voiture face avant, face arrière, face dessous, la porte de la voiture, le volant,.. La pensée d’une personne non-dyslexique peut ainsi rassembler 150 images par seconde, alors qu’un dyslexique peut lui rassembler 1500-4000 images par seconde. Le dyslexique a donc un traitement de l’information plus long, mais aussi plus complet. « Les dyslexiques sont plus lents parce qu’ils utilisent 30% de leur cerveau en plus, un peu comme les surdoués » selon Béatrice Sauvageot.

L’individu atteint d’une dyslexie de surface visuo-perceptuelle doit constamment utiliser soit une stratégie d’assemblage de ces images, soit chercher la correspondance graphème-phonème-image. Dans tous les cas, le processus est complexe.

La dyslexie de surface oblige donc l’enfant à décoder tous les mots qu’il lit. Il ne peut pas utiliser sa mémoire visuelle pourtant essentielle pour les mots irréguliers comme « femme » ou « monsieur ». Elle entraîne une grande lenteur de décodage ce qui nuit à la compréhension du texte lu. La dyslexie de surface, dyslexie visuo-perceptuelle se base sur un problème au niveau de l’image des mots où on observe donc :• Des substitutions visuelles (b - d, q – u, u – n, a – o, m – n)• Des inversions bal > bla• Des transpositions équipe > épique• Difficulté dans les mots irréguliers comme femme

9 Ronald D. Davis et Eldon-M Braun, Le don de dyslexie, Desclée de Brouwer/La Méridienne 2012, 265 pages

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• La compréhension du texte est difficile• Lecture à voie haute lente• Difficulté avec la ponctuation• Saut de ligne

Lorsque l’enfant lit une phrase et qu’il rencontre le mot chapeau, il décode en premier lieu la syllabe [cha], il doit ensuite réfléchir pour trouver « e-a-u » qui se lit [o], lorsqu’il l’associe à la lettre « p » il obtient alors la syllabe [po], ce dernier effort peut provoquer chez l’enfant dyslexique l’oubli de la première partie du mot, il continuera donc sa lecture en retenant la signification de « peau » au lieu de « chapeau », le tout en ayant fortement sollicité sa mémoire immédiate.

Les dyslexiques de surface lisent plus vite les non-mots que les dyslexiques profonds parce qu’ils décodent les mots en syllabes mais, leur cerveau étant trop concentré sur la prononciation, ils comprennent moins bien ce qu’ils lisent.

c) Les troubles de la dyslexique profonde

Le processus de lecture est complexe, il met en relation le décodage des lettres en sons, la compréhension, la mémoire, les connaissances générales. Le problème central de la dyslexie profonde est la phonologie (i.e. les sons de la langue). Elle touche la voie d’assemblage, de conversion graphème-phonème. Il est difficile d’analyser les sons qui composent la parole il s’agit donc d’une anomalie qui précède de quelque années le début de la lecture.

Elle se manifeste par une incapacité à décoder le mot en chacun des sons dont il est constitué. L’enfant compense en se servant de sa mémoire et du sens de la phrase. La lecture chez ces enfants dyslexiques n’étant pas automatique, le cerveau se concentre plus sur la lecture et la décomposition de chaque syllabe que sur la compréhension du texte. C’est pour cela qu’il est fréquent qu’un enfant dyslexique ne comprenne pas ce qu’il lit. Décoder le texte en syllabe demande trop d’effort au dyslexique, il va donc très vite déduire le mot à lire en fonction du contexte du texte. C’est ainsi qu’on peut voir un dyslexique remplacer un mot par un synonyme pendant la lecture. Au lieu de dire « si tu as froid met un chandail » il dira « si tu as froid met un manteau ». Cela ne change pas le sens du texte, néanmoins dans un devoir de sciences ou de mathématiques, où l’énoncé est très important, cela peut être très handicapant.

Le dyslexique phonologique ne peut pas répondre à la question : « que devient le mot « parapluie » si j’enlève le « ra » ? L’enfant aura aussi du mal à lire les « non-mots » tel que « poti » ou « drivagane », car ce sont des mots inventés qui n’existent pas dans le langage réel. Le dyslexique ne peut donc pas s’aider du contexte de l’histoire ni de sa mémoire lexicale. Il lira donc ce type de mot plus lentement qu’un individu normal et en faisant plus d’erreurs.

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bd

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bdqp

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La phonologie est floue pour l’enfant dyslexique. Il y a un problème au niveau du message transmis entre l’oreille et le cerveau. Le dyslexique répertorie ses sons différemment des non dyslexiques. Ainsi en temps que dyslexique je classerai dans la « boîte » correspondant au son « ha » des petites « boîtes » avec les « ha » de différentes intonations. Le dyslexique serait donc capable de différencier un « ha » passionné d’un « ha » désintéressé permettant ainsi une déduction et une intuition plus importantes que les non-dyslexiques.

Dans ce contexte, et à titre d’exemple, l’apprentissage d’une langue étrangère apparaît difficile car elle nécessite de bien percevoir et mémoriser les nouvelles sonorités pour les écrire et les lire. Par exemple, le nombre de phonèmes en anglais est beaucoup plus important qu’en français. L’imagerie fonctionnelle cérébrale montre que l’anglais sollicite un peu plus la région occipito-temporale10 gauche, chargée de la forme visuelle des mots, et la région frontale inférieure gauche selon Paulesul11. Comme nous l’avons vu la dyslexie profonde, aussi appelée dyslexie phonologique, se base sur un problème au niveau de l’association entre des lettres et des sons on observe donc :• Des substitutions phonétiques (b - p, f – v, t – d, ch – j, s – z)• Des additions coûte > croute• Des omissions contre > conte • Difficulté dans les « non-mots » comme « poti, tuboc »• La compréhension générale du texte est préservée• La lecture à voie haute est difficile• De nombreuses erreurs de décodage• Substitution sémantique (mot de même sens)

Les dyslexiques que j’ai pu interrogés m’ont confortée dans cette idée. Ainsi 86% d’entre eux considèrent comme « très dure à suivre » ou « impossible » l’apprentissage de l’anglais. En 2001 l’équipe du Professeur Eraldo Paulesu1, a montré qu’à trouble biologique égal, les symptômes de la dyslexie sont plus graves quand l’orthographe de la langue est irrégulière.

La majorité des enfants dyslexiques souffrent de troubles phonologiques. Une minorité souffre de troubles de nature visuelle. Beaucoup d’enfants présentent les deux (dyslexie mixte), ce qui complexifie d’autant la rééducation.

10 Occipito-temporale : région du cerveau se rapportant à l’os occipital et temporal.11 Eraldo Paulesu, chercheur à l’Université de Milan

C. Une perception différentea) L’écriture

L’écriture est le média qui vous permet de communiquer à distance et qui permet aux hommes de rester en contact malgré la distance c’est une forme d’expression inventée en -3500 av. J-C.

L’écriture est une forme de projection, elle reflète la personnalité de la personne qui écrit. A travers l’écriture on peut véhiculer plus qu’un message, on peut sentir une présence, une intention.

Pour que tout le monde puisse lire un texte il faut suivre des règles. Le respect de la calligraphie, de la grammaire ou l’orthographe sont à ce titre des facteurs de compréhension ou indicatifs de sentiments.

Ainsi le poids des mots est encore plus fort lorsqu’il s’agit d’un texte manuscrit. Contrairement à un texte tapé, il transmet plus d’émotions car on peut sentir le temps qu’à passé une personne à l’écrire et à s’appliquer sur son contenu. Tout comme un dessinateur peut être jugé sur un dessin, toute personne peut être jugée sur son écriture ou son style parce qu’elle est universelle.

À ce titre, la moyenne des gens interprète les fautes d’orthographe comme un manque d’intelligence, de sérieux ou d’attention. La donnée écrite perd donc en crédibilité aux yeux du lecteur. C’est un handicap de tous les jours. Une lettre de motivation, un mail, un tweet,... bref l’écriture est essentielle pour communiquer avec nos semblables.

Être handicapé au niveau de l’écriture à l’instar du dyslexique induit donc des difficultés pour transmettre ou recevoir des informations.

Léonard de Vinci 12 était gaucher et écrivait de droite à gauche, tout ceci en écriture phonétique et miroir. Deux hypothèses s’opposent ou se complètent, l’une dit qu’il faisait cela pour mettre ses écrits à l’abri des regards indiscrets l’autre dit qu’étant gaucher cela lui évitait de se mettre de l’encre sur les mains. Mais peut-être n’aimait-il pas, tout simplement, qu’on le juge sur son

12 Léonard de Vinci 1452-1519 artiste et homme de science italien.

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orthographe ?

b) La lecture

La lecture permet de faire vivre tout ce qui est écrit que ce soit le passé, le présent ou le futur. Elle permet donc de s’instruire en fournissant une quantité inépuisable d’informations. L’écriture est donc un facteur de développement des sociétés qui surpasse largement la transmission de l’information par l’oral qui ne laisse aucune trace hormis dans les mémoires même si l’arrivée des techniques informatiques perturbent cet acquis.

La lecture étant associée à un moment désagréable le dyslexique aura tendance à l’exclure.

Une personne dyslexique ayant de fortes difficultés en lecture préfèrera aller chercher l’information orale quitte à l’assimiler en développant esprit de synthèse, association d’idée et mémorisation.

Pour un dyslexique, il est donc nécessaire voire vital de développer un relationnel fort auprès des personnes qui possèdent cette connaissance et d’échanger avec eux. Un dyslexique se faisant s’appuiera sur la connaissance de ceux qui ont lu plus que lui et développera donc, pour les plus empathiques, un tissu relationnel de très bon niveau.

Néanmoins certain dyslexiques se découvrent de grands lecteurs avec le temps. En effet, si l’on enlève le problème de déchiffrage que provoque la lecture, les mots ne sont plus que la représentation d’image. Si sa mémoire le lui permet, il peut faire les bons liens. Le dyslexique est alors capable de vivre la pensée comme si elle était réelle, et peut-être de lire plus intensément. Ceci expliquerait pourquoi nous observons chez les dyslexiques deux extrêmes, des grands lecteurs et des opposants totalement hermétiques à la lecture.

c) L’audition

Le troisième problème de perception est le problème de l’audition.

L’audition est une des fonctions primaire de l’homme. Elle lui permet de voir venir le danger, et d’analyser son environnement.

L’audition permet aussi aux hommes de communiquer par voie orale. Etre amputé de cette fonction amène forcément et irrémédiablement à un isolement

LES DYSLEXIQUES SE CACHENT DERRIÈRE LEURS DIFFICULTÉS

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si des solutions alternatives ne sont pas apportées.

Comme pour la vision, une personne dyslexique va entendre plus de détails qu’un individu normal. A l’instar de la perception en image (1500 images/s « lues » contre 150 pour un individu normal), le dyslexique peut déceler des nuances de son et parfois donner une appréciation plus exacte du contenu entendu. Ainsi, les dyslexiques seraient capables de distinguer les mensonges plus facilement que la moyenne des gens.

Selon sa langue maternelle, l’enfant dyslexique aura plus ou moins des difficultés d’apprentissage. Par exemple, en anglais, il existe 1120 combinaisons de graphèmes pour représenter 40 phonèmes, en français, 190 graphèmes environ pour 35 phonèmes, alors qu’en italien, 33 graphèmes suffisent à représenter 25 phonèmes. Il est donc plus ou moins facile d’effectuer les conversions grapho-phonémiques selon les règles de correspondance graphème-phonème des langues.

D. Des problèmes de perception aux problèmes de compréhension et de concentrationDans cette dernière partie nous allons voir en quoi l’écriture, la lecture et l’audition amènent le dyslexique à des problèmes de concentration et de compréhension.

a) Une concentration à rude épreuve

Le problème de perception évoqué plus haut induit de multiples messages au cerveau qui doit traiter en même temps l’introduction de multiples données en images et sons qui peuvent perturber la synthèse globale.

Le dyslexique procédera donc à la mise en œuvre de stratégies plus ou moins élaborées pour synthétiser sa pensée telle que l’utilisation du schéma, la hiérarchisation des idées principales ou la simple prise de temps pour laisser le cerveau traiter la multitude des informations.

Albert Einstein a ainsi mis en place un exercice pour améliorer sa concentration lors de la lecture. Cet exercice est constitué en 9 étapes que voici : • Étape 1 : Pour cette première étape vous aurez besoin d’une montre, une feuille de papier et un crayon. Pour commencer nous allons nous concentrer pendant 3 min, nous augmenterons le temps de travail par la suite.• Étape 2 : Ecrire dans le haut de votre feuille, «je ne serai pas distrait par ça.»• Étape 3 : Choisissez quelque chose à lire et commencer la lecture.

DES PROBLÈMES DE PERCEPTION AUX PROBLÈMES DE COMPRÉHENSION ET DE CONCENTRATION

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• Étape 4 : Lorsque vous rencontrez un moment de désorientation13, maintenez votre doigt sur la phrase où vous butez et faites une croix sur votre feuille de papier.• Étape 5 : Regardez la partie du texte située avant votre doigt et dites vous à voix basse, «je ne serai plus distrait par cela ».• Étape 6 : Maintenant, poursuivez votre lecture là où vous l’avez laissée.• Étape 7 : Répétez les étapes 4 à 6 chaque fois que vous rencontrez une distraction. Il suffit de répéter ces étapes, cocher votre feuille et à vous dire « je ne serai plus distrait par cela », chaque fois que vous rencontrez une distraction.• L’étape 8 : Au bout de 3 minutes, arrêtez de lire et compter le nombre de croix sur votre papier. Cela vous indiquera le nombre de fois où vous avez été distraits.• Étape 9 : Maintenant, répétez l’exercice encore une fois. Il suffit de continuer la lecture là où vous l’avez laissée. Vous remarquerez qu’à chaque fois que vous répétez l’exercice, vous avez moins de croix de distraction. Le but est maintenant de ne plus avoir de croix au bout des 3 minutes. Une fois que vous avez atteint cet objectif, vous pouvez augmenter votre temps de lecture de 2 minutes de plus, et ainsi de suite. (5mins, puis 7 min, …)

Albert Einstein avait besoin de jouer au piano pour se résoudre des problèmes.

« Il se mettait volontiers à jouer, puis, après quelques temps, se relevait brusquement en disant : «ça y est j’ai compris !” »

b) Compréhension

Le fait de ne pas maîtriser les éléments qui nous parviennent nuit gravement à la compréhension.

Lorsqu’elle écrit ou lit la personne dyslexique se concentre et perçoit plus distinctement les sons qui l’entourent. Ces sons participent au manque de concentration, une personne dyslexique va donc devoir faire un effort de concentration plus important, se concentrer d’avantage qu’une personne normale pour un résultat parfois inférieur.

13 Désorientation terme symbolisant une distraction dans Ronald D. Davis et Eldon-M Braun, Le don de dyslexie, Desclée de Brouwer/La Méridienne 2012, 265 pages (voir glossaire)

Un exercice simple comme recopier un texte est un exercice particulièrement pénible pour un dyslexique « C’est comme chanter la Marseillaise et en même temps faire une multiplication à 3 chiffres »14. Il doit lire la phrase, la retenir puis la transcrire. Les autres élèves commencent à faire l’exercice lorsque l’enfant dyslexique, qui aura déjà eu du mal à recopier l’énoncé lettre par lettre, essaie seulement de comprendre l’énoncé qu’il a mal recopié.

Ce problème de perception amène également un problème de compréhension. Si l’élève ne comprend pas l’énoncé ou inverse des termes comme nous l’avons vu dans les cas de dyslexie profonde. Décoder le texte en syllabe demande trop d’effort au dyslexique, il va donc très vite déduire le mot à lire en fonction du contexte du texte. Dans un énoncé le texte étant tellement précis ces déductions peuvent mener à des erreurs de compréhension qui se concluent souvent par de mauvais résultats.

La dyslexie occasionne donc des troubles graves de la lecture et de l’écriture et donc en conséquence de l’apprentissage. Ces troubles peuvent aboutir dans les cas les plus graves au rejet de l’individu dans son groupe (école, famille,…) avec des suites potentielles pouvant aboutir a minima à un mal être profond. Les scientifiques, pour leur part, ont décrit récemment la nature de ses troubles, leurs origines et leurs conséquences sans toutefois pouvoir résoudre le problème par un traitement définitif. Devant ce constat, comment la société pouvait-elle réagir ?

14 Citation tirée de l’émission « c’est pas sorcier, les troubles Dys»

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2 Dans la première partie nous avons vu que la dyslexie trouve son origine dans la génétique, et qu’elle engendre un problème de perception que ce soit aussi bien au niveau écrit qu’au niveau de la lecture ou au niveau de l’audition? Or ce défaut de perception peut entraîner une exclusion sociale. Dans cette deuxième partie nous allons voir comment la société prend en charge cette problématique.

LE RECADRAGE DE LA SOCIÉTÉ

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BLABLABALA. Les pistes de résolution des problèmes dites classiques

a) Les lois, les aides mises en places

Des aides sont mises en place pour les dyslexiques. Ainsi le rapport Ringard aboutira à la circulaire du 21 janvier 2002 relative au « plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage orale ou écrit ».

Suivant le degré de difficulté de l’enfant, la mise en place de dispositifs spécifiques seront ainsi proposés à la famille au travers de trois programmes: le programme Personnalisé de Réussite Educative (PPRE) ; le projet d’Accueil Individualisé (PAI) ; le Projet Personnalisé de Scolarité (PPS).

Le programme Personnalisé de Réussite Educative permet d’obtenir un soutien pédagogique spécifique de manière modulable mais pour une courte durée.

Le projet d’Accueil Individualisé permet l’aménagement de la scolarité (orthophoniste, psychologue) et la possibilité de prise en charge au sein de l’établissement.

Le projet Personnalisé de Scolarité permet lui l’aménagement de la scolarité, des mesures d’accompagnement AVS (aide de vie scolaire), l’attribution de matériels pédagogique adaptés come l’ordinateur et l’aménagement des examens. Sont ainsi cités :«1. Les conditions de déroulement des épreuves, de nature à leur permettre de bénéficier des conditions matérielles, des aides techniques, des aides humaines, appropriées à leur situation ;2. Une majoration du temps imparti pour une ou plusieurs épreuves, qui ne peut excéder le tiers du temps normalement prévu pour chacune d’elle. Toutefois, cette majoration peut être allongée, eu égard à la situation exceptionnelle du candidat, sur demande motivée du médecin, dans l’avis mentionné à l’article 4 du présent décret ;3. La conservation, durant cinq ans, des notes à des épreuves ou des unités obtenues à l’un des examens mentionnés à l’article 2, ainsi que le bénéfice d’acquis obtenus dans le cadre de la procédure de validation des acquis de l’expérience, le cas échéant ;4. L’étalement sur plusieurs sessions du passage des épreuves de l’un des examens mentionnés à l’article 2 ;5. Des adaptations d’épreuves ou des dispenses d’épreuves, rendues nécessaires par certaines situations de handicap, dans les conditions prévues

par arrêté du ministre chargé de l’éducation nationale, du ministre chargé de l’enseignement supérieur ou du président ou directeur de l’établissement. »1

Les aides mises en place pour aider les dyslexiques ne sont pas toujours utilisée par fautes d’information, ou par peur de l’exclusion sociale. Les enfants dyslexiques n’utilisent que rarement leur AVS synonyme pour eux de l’affirmation non consentie d’un handicap et donc porteur d’une éclusions sociale. Tout bon dyslexique doit donc s’entourer de camarade bon en matières littéraires, du moins s’il a les qualités d’empathie nécessaire.

Ainsi, selon mon enquête 53% des dyslexiques n’ont pas demandé de tiers temps aux examens, la principale raison étant qu’ils n’estimaient pas que du temps supplémentaire les aident à mieux se relire, les épreuves étant trop longues. Pour une plus petite partie, les élèves n’ont pas voulu avoir à expliquer à leurs camarades pourquoi ils sortent plus tard lors des épreuves.

b) Les associations

De nombreuses associations se réunissent lors de la journée des Dys. Cette année cette manifestation a eu lieu le 12 octobre 2013 et j’ai donc pu y participer.

Une grande majorité des associations sont composées de parents d’enfants dyslexiques comme l’ANAPEDYS2. Cette dernière milite pour la mise en place des mesures préconisées par la loi du 11 février 2005 dont la formation aux troubles des apprentissages pour les professeurs, médecins, pédiatres, pédopsychiatres et psychologues, la mise en place de structures de dépistage systématique, dès la maternelle, en élémentaire et au-delà, la création de classes CLIS, spécialisées sur ces troubles en élémentaire et de classe ULIS au collège et au lycée.

1 Extrait du décret 2005-1617 du 21/12/05 relatif aux aménagements des examens et concours de l’enseignement scolaire et de l’enseignement supérieur pour les candidats présentant un handicap2 ANAPEDYS : Association Nationale d’Associations d’Adultes et de Parents d’enfants Dys présente à la journée du Dys. Le site de l’ANAPEDYS est très complet, toute personne s’intéressent à la dyslexie ou autres troubles Dys peut trouver se dont il a besoin.

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Ces associations permettent aux parents de se tenir au courant de différentes avancées scientifiques sur la dyslexie, des nouveaux outils de rééducation, des bonnes adresses d’orthophoniste, etc.

Les réseaux sociaux participent aussi à l’information sur la dyslexie. Ainsi, les groupes Facebook dédiés à la dyslexie sont très nombreux. C’est grâce à ce réseau d’entraide que j’ai pu réaliser mon enquête avec une richesse de parcours et de contextes différents mais avec un point quasi commun puisque 74% des dyslexiques ayant répondu à mon questionnaire estiment que rencontrer un adulte dyslexique ayant réussi serait bénéfique à l’enfant dyslexique pendant son apprentissage.

B. Des pistes innovantes de résolution des problèmesLa dyslexie étant devenue un problème de société reconnu, de nombreux produits voient le jour pour aider le dyslexique, nous nommerons ce phénomène l’ouverture du marché de la dyslexie.

a) Les outils à disposition et les limites d’un phénomène commercial

Sachant que 73% des dyslexiques adultes estiment que leur dyslexie nécessite une prise en charge sur leur lieu de travail, constatant le marché potentiel de la dyslexie (trois millions de français), jouant sur la culpabilité ressentie des parents, les entreprises peuvent voir la dyslexie comme une opportunité formidable de développement.

b) Les rééducations miraculeuses ont un prix

Depuis peu de nouveaux stages intensifs de rééducation voient le jour. Ils sont proposés par des associations.

Anne-Marie Gaignard est une pédagogue française. Elle a publié plusieurs ouvrages sur la pédagogie notamment sur la question de l’application des règles de grammaire. Son livre « Hugo et les rois Etre et Avoir » est un livre qui aide les enfants à comprendre la grammaire grâce à un conte de fée. Les auxiliaires « être » et « avoir » sont représentés par des rois et les irrégularités de chacun d’eux sont représentées par leurs traits de

DES PISTES INNOVANTES DE RÉSOLUTION DES PROBLÈMES

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caractères. Le roi « être » est gentil, « nous savons toujours l’habiller »3 il est donc facile de l’accorder. Elle précise « mais il aime bien se cacher » pour expliquer la présence des participes passés. Le roi « avoir » lui n’est pas gentil ce qui explique toutes ses irrégularités…

Ce livre est très intéressant dans sa manière d’aborder la grammaire.

Anne-Marie Gaignard propose aussi des stages de rééducation pour les dysorthographiques. Pour comprendre sa démarche nous devons comprendre son histoire. A 9 ans elle fut diagnostiquée dyslexique (en 1970), subissant alors toutes les moqueries et préjugés qui sont rattachés à ce trouble. Elle eut un apprentissage et des études chaotiques mais elle est malgré tout parvenue à devenir secrétaire. A 35 ans elle comprend lors d’une conférence qu’elle n’est pas dyslexique mais « juste » dysorthographique.

Elle pense alors que son trouble de l’orthographe n’est pas la cause d’un dysfonctionnement cérébral mais que se sont juste les méthodes d’apprentissage qui n’étaient pas adaptées. Elle se lance donc le défi de trouver une méthode efficace pour éliminer ses fautes d’orthographes. Elle créer une association « Plus jamais zéro » où elle applique une méthode pour « réparer » les dysorthographiques. Elle estime pouvoir « guérir » un adulte en 12 heures pour une somme de 600 euros.

Elle utilise la crédibilité qu’elle gagne avec ses ouvrages pour transmettre son message, « La dyslexie est une étiquette que l’on colle systématiquement sur l›élève récalcitrant à l’écrit et que les enseignants ne parviennent pas à faire progresser. J’en veux au système, pas aux enseignants qui sont souvent mal formés. On est en train de fabriquer 50 % de gamins qui auront plus tard de grosses difficultés au plan professionnel. »4.

Au cours de l’entretien téléphonique que nous avons eu pour parler de mon sujet de mémoire, elle a fermé la conversation assez rapidement en me disant « Vous ne pouvez pas être, en même temps, dyslexique et en 5e année de design ; vous êtes sûrement juste dysorthographique comme moi ! ».

Pour m’aider à prendre du recul sur cet appel, j’ai contacté mon directeur de projet à savoir Fanny Meunier directeur de Recherche CNRS. Elle m’a

3 Extrait Anne-Marie Gaignard, Hugo et les rois Être et Avoir, - La méthode intégrale pour ne plus faire de fautes, 2013, 96 pages

4 Extrait d’un appel téléphonique passé avec Anne Marie Gaignard. (aussi présent sur wikipédia étant écrit par Anne Marie Gaignard elle même)

confirmé qu’il était tout à fait possible que je sois dyslexique et en 5e année de design, et qu’elle connaissait de nombreux dyslexiques qui étaient de brillants étudiants en thèse et qui faisaient de très belles carrières universitaires. De plus, les orthophonistes que j’ai pu rencontrer m’ont dit qu’il est très rare que des dysorthographiques soient juste dysorthographiques et pas dyslexiques. Je ne peux me prononcer sur le stage de 12 heures, proposé par A.-M. Gaignard, n’ayant pas trouvé de personne participant à celle-ci.

En poursuivant mes recherches j’ai pu trouver une autre formation, les tarifs sont de 150 euros la journée. Cette formation est organisée par une orthophoniste, Béatrice Sauvageot, fondatrice de l’association puissance dys. Le nombre de séances nécessaires pour développer une autonomie satisfaisante n’est pas indiqué sur le site.

Il est possible de visionner sur le site de l’association des témoignages de personnes ayant participé aux ateliers.

Autre méthode, la technique de concentration conçue par le docteur Vittoz, et utilisée par Albert Einstein, consiste à entraîner progressivement son esprit à se concentrer. Avec un objectif : être capable de se concentrer sur ce que l’on veut, où l’on veut, le temps que l’on veut.

La méthode se répartit sur quatre séries d’exercices simples qu’il convient de pratiquer régulièrement, si possible deux à trois fois par jour. Il est en outre nécessaire de bien acquérir les bénéfices d’une série pour passer à la suivante.

Toutes se décomposent comme suit :

Première série• Exercice 1 : imaginer une rangée d’arbres bordant une route et les suivre du regard, du plus proche au plus éloigné ;• Exercice 2 : imaginer un enfant sur une balançoire et le regarder se balancer de plus en plus lentement ;• Exercice 3 : fixer un panneau sur l’arrière d’un train à l’arrêt, regarder le train démarrer et le suivre jusqu’à l’horizon.

Deuxième série• Exercice 1 : tracer dans l’espace les yeux ouverts le signe de l’infini puis reproduire ce geste mentalement, les yeux fermés.• Exercice 2 : tracer des colimaçons dans l’espace avec ses deux mains, les faire tourner dans un sens, puis dans l’autre, fermer les yeux et imaginer faire de même.• Exercice 3 : imaginer mentalement une fleur en bouton qui s’ouvre peu à peu.

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Troisième série• Exercice 1 : poser quatre ou cinq objets sur une table, puis les retirer un à un ; effectuer le même exercice, mais cette fois mentalement.• Exercice 2 : écrire mentalement des chiffres de 1 à 3 sur un tableau puis les retirer un à un.• Exercice 3 : écrire mentalement le mot « NEW YORK » puis retirer les lettres une à une.

Quatrième série :• Exercice 1 : travailler sa respiration et la concentration sur sa respiration avec des rythmes d’inspiration et d’expiration.• Exercice 2 : s’exercer à la respiration comptée.• Exercice 3 : s’exercer à la respiration lente, avec des phases de trois ou quatre seconds.

Einstein à propos cette méthode déclarera « Le Vittoz révolutionnera le monde ». 5

De nombreuses « solutions » sont donc en train de voir le jour. Les parents démunis par la situation sont souvent prêts à tout pour aider leur progéniture, et donc notamment prêts à investir une somme non négligeable dans l’avenir de leur enfant. Une multitude d’outils anecdotiques sont aussi en vente sur de multiples plateformes internet. Ces « solutions » dont l’efficacité n’est pas scientifiquement prouvée ne sont pas forcément à rejeter dans la mesure où elles permettent à l’enfant de travailler sur son handicap et donc sur sa confiance.

L’Etat accompagné par de nombreuses associations c’est donc saisi du problème de la dyslexie. Ils proposent ensemble une panoplie de lois, d’aides ou de méthodes qui limitent le handicap de la dyslexie. Il est remarquable de constater que le secteur marchand s’est lui aussi saisi de la dyslexie en en faisant un marché comme un autre. Pour autant, les handicaps réels cachent des qualités qui peuvent transformer voire transcender le dyslexique à l’instar des nombreux génies dyslexiques. Sortir de la norme, n’est-il pas un moyen de sortir de la fatalité ?

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3 Des précédents chapitres nous concluons qu’une perception différente de l’écrit, la lecture et l’audition, associées à des difficultés langagières, peut amener à une perte de confiance en soi. Cette perte de confiance en soi peut ensuite engendrer une exclusion sociale voulue ou subie qui place le dyslexique et son entourage en accusation.

Pour autant, Beatrice Sauvageot1 donne espoir en déclarant que pour elle les fautes des dyslexiques seraient en fait les termes d’une langue différente.

___________

1 Beatrice Sauvageot : Orthophoniste et directrice d’un centre pédagogique et thérapeutique au sein duquel elle pratique sa propre méthode.

LA NÉCESSITÉ D’UN AUTRE REGARD.

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« Les dyslexiques sont le fruit de la dernière mutation neurologique de l’espèce humaine »2. Béatrice Sauvageot, orthophoniste et co-fondatrice de l’association Puissance DYS, en est persuadée, la dyslexie est loin d’être une tare. Bien au contraire. « Ils sont comme les gauchers », explique-t-elle. Un gaucher à qui l’on apprend à écrire de la main droite devient souvent ambidextre. Il en va de même pour les dyslexiques. « Ils utilisent la langue neurologique, mais si on leur enseigne notre lexique, ils sauront utiliser les deux. Ils seront alors bilexiques ». Parce que leur traitement de l’information linguistique fait appel à des régions cérébrales qui ne servent pas forcément au traitement du langage, ils sont doués d’une façon originale d’appréhender la lecture et l’écriture.

Les dyslexiques auraient par ailleurs une appréciation élevée des couleurs, des tons et des textures qualité évidente chez Vinci ou même Rodin.

A. Le regard porté sur les dyslexiques a) L’estime de soi

L’estime de soi est basée sur trois piliers qui sont l’amour de soi, la vision de soi, et la confiance en soi.

L’estime de soi se divise en plusieurs domaines. L’individu se pose plusieurs questions qui déterminent s’il est ou non compétent dans ce domaine.• L’aspect physique entre autre « est-ce que je plais aux autres ? »• Les compétences athlétiques « est-ce que je suis bon(ne) en sport, je cours vite, je sais me défendre ? »• La popularité auprès des pairs : est-ce qu’on m’aime bien dans ma classe, dans mon école, est-ce que j’ai beaucoup d’amis ?• La conformité comportementale : est-ce que je suis considérée comme quelqu’un de faible par les adultes. Est-ce que je respecte les règles sociales (politesse, discipline)• La réussite scolaire « ai-je des résultats corrects ? »

C’est dans ce dernier domaine de la réussite scolaire que l’enfant dyslexique aura des difficultés à se considérer. Ainsi, dans mon questionnaire les dyslexiques interrogés déclarent avoir été qualifiés d’élèves fainéants, paresseux, limités, dissipés, stupides, rêveurs, éparpillés, et lents durant leur scolarité. Il est en effet difficile de se construire une bonne image de soi en entendant des choses telles que celles-là, puisque l’enfant non

2 Citation de Béatrice Sauvageot

LE REGARD PORTÉ SUR LES DYSLEXIQUES

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Estime de soi

Évaluation

IMAGE DE SOI

SOI IDÉAL

• L’aspect physique entre autre « est-ce que je plais aux autres ? »

• Les compétences athlétiques « est-ce que je suis bon(ne) en sport, je cours vite, je sais me défendre ? »

• La popularité auprès des pairs : est-ce qu’on m’aime bien dans ma classe, dans mon école, est-ce que j’ai beaucoup d’amis ?

• La conformité comportementale : est-ce que je suis considérée comme quelqu’un de faible par les adultes. Est-ce que je respecte les règles sociales (politesse, discipline)

• La réussite scolaire « ai-je des résultats corrects ? »

Vision de soiAmour de soi Confiance en soi

L’ESTIME DE SOI diagnostiqué n’a pas d’appui pour douter de ces jugements.

Pour palier cet échec scolaire directement lié à son handicap, le dyslexique rassemble en général toute son énergie et sa concentration dans une activité extra scolaire où il peut exceller du fait de sa vision différente des choses. C’est en effet un bon moyen de s’intégrer dans la vie sociale de la classe. Un élève dyslexique ne sera donc pas admiré par ses camarades pour son niveau de lecture mais plus par ses performances en athlétisme, en danse, en dessin ou en mathématiques. Ainsi les dyslexiques de mon questionnaire se considèrent comme doués dans les arts plastiques, le sport, les sciences et les mathématiques. Bien que 84% des dyslexiques de mon questionnaire n’avaient pas confiance en eux à l’école, et même si 62% des dyslexiques manquent de confiance en eux en phase de lecture ou d’écriture dans le monde du travail, il est intéressant de remarquer que 90% s’estiment comme épanouis dans leur vie professionnelle.

L’estime de soi étant définie comme le jugement que l’on a de soi et que l’on porte sur soi,elle est donc mise à rude épreuve pour un dyslexique qu’il soit enfant ou adulte, et ce, dés sa scolarisation. Pour autant, l’estime de soi reste accessible en sortant la problématique de son contexte scolaire.

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b) Les familles Dys

Comme nous avons pu le voir précédemment, la dyslexie est héréditaire. L’enfant est donc souvent soutenu, du moins si les parents reconnaissent leur propre handicap. 27% des personnes interrogées estiment que mettre un nom sur leur trouble a amélioré leurs relations familiales. Néanmoins la relation entre les parents et l’équipe enseignante n’est pas toujours sereine en particulier lorsque l’équipe enseignante ne connait pas la problématique.

Les difficultés familiales sont nombreuses. Outre l’acceptation du handicap et le deuil de l’enfant « parfait », les familles doivent faire face aux devoirs. « Le dyslexique disparaît et à juste titre, dès que le mot devoir est prononcé» 90% des dyslexiques estiment en effet avoir travaillé plus que les autres pour le même résultat. L’attention à l’enfant doit être soutenue d’autant plus que ce dernier ce mésestime et à tendance à s’exclure de sa classe. De plus, les parents doivent souvent faire face aux remarques désobligeantes portées à leur enfant durant les réunions parents professeurs.

Ainsi lors des premiers résultats scolaires les parents sont souvent désarmés et ne réagissent pas forcement bien. « À la fin du trimestre, vint la dictée qui permettait de nous situer au classement général. Je me suis retrouvé le dernier, le plus mauvais. Quand j’ai ramené mon bulletin à mes parents ils m’ont fait beaucoup de reproches. C’étaient la première fois : « Tu n’es pas assez attentif ! », « Tu es trop dissipé ! », « Tu ne penses qu’à t’amuser », « C’est un fainéant ! », « Qu’est-ce qu’on va faire de lui ? », etc. »3.

Dans la relation parent-enfant la confiance est primordiale. Les dyslexiques sont souvent tentés de mentir à leurs parents pour leur « faire plaisir » et ne pas les inquiéter. Le mensonge est la seule réponse que les enfants trouvent pour se défendre des accusations, ou du moins pour les éviter. « Alors, pour leur faire plaisir, j’ai commencé à mentir : « Tu as bien fait attention pendant la dictée ? », « Oui je n’ai fait que trois fautes, la maîtresse m’a dit que c’était très bien », « Tu as fait tes devoirs? » « Oui maman!»4. Il n’est pas non plus exceptionnel qu’un enfant dyslexique simule un mal au ventre le jour de la dictée.

Permettre l’acceptation réciproque du handicap dans la relation tripartite

3 Le blog de Pascal Perrat4 Idem 22

IL EXCELLE EN ACTIVITÉ EXTRA

SCOLAIRE

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enfant-parent-professeur est une nécessité vitale à la confiance et au développement de l’enfant dyslexique.

c) Exclusion sociale

La vie scolaire et la vie sociale imposent de nombreuses situations éprouvantes pour le dyslexique : lecture à voix haute, dictée, ... L’enfant ou l’adulte dyslexique met donc en place des stratégies de compensations ou de détournements qui peuvent engendrer une exclusion volontaire ou subie.

Ainsi les réseaux sociaux les plus en vogue recourent uniquement à l’écrit avec des pseudos ou des tweets comme Facebook et Twitter.

Il sont donc difficilement accessibles aux dyslexiques. « Je dois systématiquement faire relire le commentaire que je veux mettre sur un pseudo pour que l’on me prenne au sérieux. »

Cette exclusion naturelle s’estompe car on commence à voir apparaître de nouveau réseaux sociaux basés sur l’image et la vidéo comme Pinterest, Frontback et Vine. Ils sont donc plus accessibles aux dyslexiques.

B. Les atouts des dyslexiques La dyslexie se caractérise selon Ronald D. Davis par des individus :• Étant apparemment potentiellement brillants, possédant une intelligence normale (donc présentant la même variabilité que la population générale), s’exprimant bien à l’oral, mais incapables de lire, d’écrire ou d’orthographier normalement.• Étant étiquetés paresseux, sots, peu soigneux, immatures, qu’on juge comme «ne travaillant pas assez» ou « ayant des problèmes de comportement ».• Ayant des évaluations scolaires pas en rapport avec le QI. Cependant réussissant mieux à l’oral qu’à l’écrit.• Se croyant bêtes et ayant peu d’estime d’eux-mêmes. Ils dissimulent leurs faiblesses grâce à des stratégies de compensation ingénieuses. Ils possèdent un niveau de frustration et de stress élevé face à la lecture et aux contrôles.• Ayant rapidement des prédispositions pour les arts, le théâtre, la musique, les sports, la mécanique, l’art du conte, le business, les affaires, le design, la construction ou les métiers d’ingénieur.• Se dispersant et rêvant souvent. Se perdant facilement et n’ayant pas la notion du temps qui passe.

• Ayant du mal à soutenir leur attention. Pouvant paraître hyperactifs ou absents.• Apprenant plus facilement à travers la manipulation, les démonstrations, l’expérimentation, l’observation et les supports visuels.

Même si ce point de vue est très discutable, il n’en demeure pas moins que le traitement de la masse d’informations par l’image permet aux dyslexiques de développer des mécanismes de réflexion et de compréhension qui leur sont propres.

a) Conséquence

La dyslexie est source de créativité.

Dans son livre Ronald D. Davis a commencé par remarquer que les effets de sa dyslexie n’étaient pas constants, (il y avait des moments plus difficiles que d’autres). Il a ensuite identifié les moments où la dyslexie était la plus forte pour en déduire que plus il était créatif moins il souffrait de sa dyslexie.

De toutes ses analyses il déduit que les dyslexiques pensent de façon prépondérante en images mentales ou sensorielles plutôt qu’avec le support de mots, de phrases ou de dialogues internes.

Ainsi dans ma classe préparatoire artistique plus de la moitié de la classe était dyslexique. De la même manière dans mon école de design je rencontre beaucoup de dyslexiques. De plus dans mon questionnaire un grand nombre de personnes dyslexiques se décrivent comme douées dans les arts plastiques.

Les dyslexiques développent donc une forte imagination et l’utilisent pour résoudre les problèmes avec une réflexion basée sur l’image et le ressenti plutôt qu’une origine verbale. Ainsi la représentation en trois dimensions ou la perspective des objets est aisée pour la plupart des dyslexiques.

R.D Davis conclut de toutes ses études que les dyslexiques :• Peuvent utiliser l’aptitude de leur cerveau pour transformer ou créer des perceptions (l’aptitude primaire).• Sont très conscients de leur environnement.• Se montrent plus curieux que la moyenne des gens• Pensent essentiellement en images plutôt qu’en mots• Sont très intuitifs• Pensent et perçoivent de manière multidimensionnelle (en utilisant tout leur sens)

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GOOD NEWS !

• Sont capables de vivre la pensée comme si c’était la réalité• Ont une imagination débordante.

On comprend dès lors qu’un dyslexique préférera s’exprimer par un schéma très précis plutôt qu’une argumentation.

La dyslexie constitue un handicap dans l’appréhension de la lecture et de l’écriture. Mais elle constitue aussi un atout dans un bon nombre de situations. Ainsi, certains employeurs au Canada ou aux Etats-Unis commencent à chercher des dyslexiques pour compléter leur équipe.

b) Les atouts qu’il faut savoir conforter

Les dyslexiques commencent à être vus d’une nouvelle manière dans le monde professionnel. On commence à prendre conscience de leurs atouts.

Selon plusieurs entrepreneurs, la diversité intellectuelle au sein d’une entreprise dès les débuts est la clé du succès. Les dyslexiques sont recherchés pour leur manière de penser et de résoudre les problèmes. Ils n’ont pas peur de sortir des sentiers battus, ce qui constitue un réel atout dans le début d’une startup par exemple. Ils sont moins vulnérables suite à leur parcours de vie souvent chaotique et difficile.

Par exemple dans l’univers de la Startup, Damir Perge5 a publié un article sur « entrepreneurdex » où il expose que la présence d’un dyslexique dans les premières années d’une startup est primordiale. Il conclut par «Pensez-y. Ce ne serait pas génial si vous aviez Richard Branson ou Charles Schwab sur votre équipe de démarrage? Les deux sont dyslexiques. Ai-je besoin d’en dire plus ?».

5 Damir Perge est le fondateur de entrepreneurdex

CRÉATIFS ORIGINAUX PERSÉVÉRANTS

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c) Une intégration porteuse d’avenir ou comment le design peut il transcender le dyslexique

Durant mes recherches sur la dyslexie j’ai rencontré plusieurs contextes où le design pourrait apporter à la dyslexie. J’ai pu ainsi établir une cartographie des territoires et des problématiques.

Dans le cadre de l’éducation, comment aider les dys à mieux s’intégrer dans le système scolaire et éviter la stigmatisation de l’enfant dyslexique ? Comment mieux se concentrer en classe ? Comment préparer l’enseignant à être confrontés aux enfants dyslexiques ?

Dans le cadre de l’autonomie, comment permettre aux dyslexiques adultes de répondre dans l’immédiat ? Par exemple comment leurs permettre de rédiger un mail sans fautes ? Dans le même ordre d’idée comment permettre aux dyslexiques de ne pas avoir besoin de relecture ?

Dans le thème de la mémoire, comment aider le dys à mieux retenir les informations ? Comment augmenter la capacité de concentration ?

Sur la question des réseaux sociaux / privés, comment mettre en relation les enfants dyslexiques en difficulté et les adultes dyslexiques ayant réussi ?

Sur la question du langage (expression et écriture), comment permettre aux dyslexiques de parler ou d’écrire avec son propre langage et d’être compris par les non-dyslexiques ?

Quant à la créativité, comment mettre en évidence ou provoquer la créativité des dyslexiques ?

Sur le thème de perte de confiance, comment permettre au dyslexique de compenser sa baisse d’estime de soi dans le milieu scolaire ?

In fine concernant la relation enfant - parent - ortho – équipe enseignante, comment lier les parties prenantes dans un processus de développement de la confiance.

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CONCLUSION Comme le disait Einstein « Une personne qui n’a jamais commis d’erreur n’a jamais tenté d’innover. » Il reste donc à innover !Dans ce mémoire nous avons pu comprendre la dyslexie, ses origines, ses conséquences et les quelques solutions partielles existantes pour en limiter l’aspect néfaste ou au contraire en développer les bénéfices.

La désorientation, dont sont victimes les dyslexiques vient d’un désordre neurologique. Ce problème se manifeste par des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Ces problèmes de perception entrainent des problèmes de compréhension et de concentration.

La société est normée et répond à ce problème de dyslexie par la mise en place d’un cadrage légale et par des aides financières pour des traitements tels que l’orthophonie. Différentes associations se sont aussi crées pour soutenir les familles de dyslexiques.

Néanmoins la dyslexie apporte aussi quelques atouts tels que la créativité, l’originalité du raisonnement, une autre vision plus complète des choses et une oppiniatreté que l’on pourrait qualifier aussi de courage ce qui n’a d’ailleurs pas échappés à des entreprises qui commencent à rechercher ces profils pour rejoindre leur équipe.

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Ce mémoire permet donc de définir plusieurs domaines pour reformuler la problématique :

Education : • Comment aider les dyslexiques à mieux s’intégrer dans le système scolaire / éviter la stigmatisation de l’enfant dyslexique ?• Comment mieux se concentrer en classe ?• Comment préparer l’enseignant à être confronté aux enfants dyslexiques ?

Autonomie : • Comment permettre aux dyslexiques adultes de répondre dans l’immédiat ? Exemple: mail sans relecture.• Comment permettre aux dyslexiques de ne pas avoir besoin de relecture ?

Mémoire :• Comment aider le dyslexique à mieux retenir les informations ?• Comment aux dyslexiques d’augmenter ? (concentration/jeux d’action)

Réseaux sociaux :• Comment mettre en relation les enfants dyslexiques en difficulté et les adultes dyslexiques ayant réussi ?

Langage : expression (écriture)• Comment permettre à un dyslexique de parler dans sa langue maternelle et d’être compris par les non-dyslexiques ?

La créativité :• Comment mettre en évidence la créativité des dyslexiques ?

Estime de soi :• Comment permettre à un dyslexique de compenser sa baisse d’estime de soi dans le milieu scolaire ?

Relation enfant - parent - ortho - équipe enseignante• Comment permettre aux différents acteurs de l’éducation du dyslexique de mieux communiquer entre eux ?• Comment créer un lien direct entre ses différents acteurs ?

Pour finir sur le domaine de l’attention est donc la difficulté cruciale qu’il convient de traiter. Elle se définit comme la mobilisation des ressources cognitives orientée vers un but, entraînant un accroissement d’efficacité des

processus de perception, de prise de décision et d’action. Réussir à fixer l’attention du dyslexique peut aider à fixer sa concentration et donc limiter les erreurs.

William James, psychologue et philosophe américain, la définit comme: « Prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles […]. Implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres ».

Ma problématique finale est donc :

• Comment en tant que designer puis-je aider le dyslexique à fixer son attention ?

Circé a prévenu Ulysse du charme fatal des Sirènes, celui qui écoute leurs chants est perdu.

Désireux malgré tout d’entendre ces tentatrices, Ulysse se fait attacher au mât de son navire après avoir bouché à la cire les oreilles de ses compagnons. Quand les voix enchanteresses commencent, le héros cède à leur désir et demande à être délivré. Au contraire, ses compagnons resserrent ses liens comme il l’avait lui même prévu. Le vaisseau s’éloigne de l’île sans dommage. La cire dans les oreilles de ses compagnons permet de fixer leur attention sur l’objectif de la mission, à savoir naviguer vers Charybde et Scylla.

Nous devons prévenir les dyslexiques de leur désorientation.

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REMERCIEMENTS Je voudrais tout d’abord adresser toute ma gratitude à ma directrice de projet, Fanny Meunier, pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma réflexion.

Je désire aussi remercier l’équipe de Strate College, qui m’a fourni les outils nécessaires à la réussite de mes études. Je tiens à remercier spécialement Dominique Sciamma et Benoit Drouillat.

Je remercie mes très chers parents et ma famille, qui ont toujours été là pour moi.

Un grand merci à tous mes relecteurs et à leur patience Jean Paoletti, Nicolas Fallourd, …

Enfin je remercie mes amis que j’aime tant, Nicolas Fallourd, Paul Idrobo, Sandra Scalisi, Cyzil Zhao, pour leur encouragement et support moral tout au long de ma démarche.

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GLOSSAIRE Orthophoniste :Les études d’orthophonies durent 4 années, à la faculté de médecine. Le rôle de l’orthophoniste est de dépister évaluer et rééduquer les troubles de la communication (expression et compréhension langage écrit oral voix).Il intervient auprès de l’enfant dyslexique, trisomique, déficient intellectuel, sourd, infirme moteur cérébral (IMC), autiste, de porteur d’un syndrome ou d’une maladie spécifique.Le travail vise à donner de l’autonomie à l’enfant, à favoriser la communication verbale ou non verbale, à rééduquer.

Estime de soi :D’après François LELORD ET Christophe ANDRE Editions Odile JACOB 1999, l’estime de soi est définie comme étant le jugement que l’on a de soi et que l’on porte sur soi. L’estime de soi est basée sur trois piliers que sont l’amour de soi, la vision de soi, et la confiance en soi. L’estime de soi se divise en plusieurs domaines. L’individu se pose plusieurs questions qui déterminent si il est ou non compétent dans ce domaine.L’aspect physique entre autre « est-ce que je plais aux autres ? »Les compétences athlétiques « est-ce que je suis bon(ne) en sport, je cours vite, je sais me défendre ? »La popularité auprès des pairs : est-ce quand même bien dans ma classe, dans mon école, est-ce que j’ai beaucoup d’amis ?La conformité comportementale : est-ce que je suis considérée comme quelqu’un de faible par les adultes. Est-ce que je respecte les règles sociales (politesse, discipline)La réussite scolaire « ai-je des résultats corrects ? »

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Dyslexie :Selon l’APEDA, l’Association Française de Parent d’Enfant en Difficulté d’Apprentissage du langage écrit et oral la dyslexie est un trouble de l’apprentissage du langage écrit, d’intensité et d’expression variable, les performances restant suffisamment en deçà de ce qui est attendu pour l’âge et l’intelligence de l’enfant. Pour l’essentiel il s’agit d’une difficulté à manipuler les sons qui composent les mots. Dans environ 30% des cas, elle est précédée par des troubles du langage oral, allant du simple retard de langage à la dysphasie. Dans environ 20% des cas, des troubles spécifiques de l’attention, avec ou sans hyperactivité, s’y associent. Le dyslexique a des difficultés de mémorisation à court terme, de discrimination auditive et visuelle, d’analyse et de mémoire séquentielle, d’acquisition des automatismes de la langue écrite mais aussi d’orientation dans le temps et l’espace.La dyslexie est fréquente, présentée par environ 8 à 10% de la population. Ni les parent ni les enseignants ou leurs méthodes d’enseignement ne sont à l’origine de ces troubles. Même si l’utilisation de la méthode de la lecture syllabique est vivement recommandée.

Désorientation :La désorientation selon Ronald D. Davis est une perte de la position ou de la direction en relation à d’autres choses ; état d’esprit dans lequel les perceptions mentales ne sont pas en accord avec les faits et les conditions réelles de l’environnement ; chez certaines personnes, la désorientation est une réponse automatique à la confusion. Au cours de la désorientation, les perceptions sont transformées.

Dyspraxie :Difficultés motrices qui peuvent affecter les mouvements et les gestes. La dyspraxie peut se manifester dans la maladresse, les difficultés d’écriture ou les difficultés d’élocution.

Dysgraphie :Forme de dyslexie où les difficultés apparaissent essentiellement au niveau du graphisme. Les personnes souffrant de dysgraphie ont des problèmes de calligraphie.

Dysphasie :La dysphasie est un trouble centrale lié à la communication verbale.

Dysorthographie : Forme de dyslexie où les difficultés apparaissent au niveau de l’orthographe.

Dyscalculie :Forme de dyslexie où les difficultés apparaissent essentiellement dans le domaine des mathématiques et des nombres. Un symptôme banal de la dyscalculie est l’impossibilité d’apprendre par cœur des numéros de téléphone.

Perception :Information qui parvient au cerveau par les organes et les canaux sensoriels.

Langue :Ensemble de sons qui on un sens ; signes graphiques qui représentent des sons du discours ; parole et écriture d ‘un pays ou d’un groupe de gens.

Concentration :Limiter son champ de conscience à une chose, exclusivement. Une concentration intense engendre un état hypnotique.

Adaptation :D’après www.psychologies.com/, ensemble des réponses physiques, psychiques, d’un individu soumis à des circonstances stressantes, notamment à une agression imprévue. Il s’agit des tentatives du sujet pour faire face activement aux évènements de la vie. Cet ensemble de phénomènes complexes sert à modérer l’impact de tels évènements sur le fonctionnement physique, social et émotionnel.

Phonème :Il s’agit d’après le CNRTL d’un élément sonore du langage articulé considéré d’un point de vue physiologique (disposition des organes vocaux) et d’un point de vue acoustique (perception auditive).

Enthousiasme :Émotion puissante qui s’empare de quelqu’un à propos de quelqu’un ou de quelque chose et qui se manifeste par des signes extérieurs d’admiration, de contentement ; exaltation : Acclamer un orateur avec enthousiasme. (Larousse.fr)

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Méthode syllabique :Méthode d’apprentissage de la lecture qui se base sur les sons de la langue parlée par assemblage de syllabes. Elle se repose sur les propriétés phonétiques de notre alphabet et a comme base les lettres et les sons.

Méthode globale :Méthode d’apprentissage de la lecture qui a pour ambition de faire acquérir à l’élève une stratégie de déchiffrage des mots, voire des phrases, en tant qu’image visuelle indicisible.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrage :• Odile Golliet, L’anglais pour les dyslexiques Tome 2, Golliet Odile, 2011, 152 pages• Ronald D. Davis et Eldon-M Braun, Le don de dyslexie, Desclée de Brouwer/La Méridienne 2012, 265 pages• Annie Dumont, La Dyslexie, Le cavalier bleu, « idées reçues » 2008, 125 pages• Anne-Marie Gaignard, Hugo et les rois Être et Avoir, - La méthode intégrale pour ne plus faire de fautes, 2013, 96 pages• Béatrice Sauvageot Jean Métellus, Vive la dyslexie, Editions Nil, 2002, 269 pages• Marie Coulon, J’aide mon enfant dyslexique, Eyrolles, « Eyrolles Pratique », 2013, 200 pages• Dr Evelyne Pannetier, Comprendre la dyslexie, Ambre, « Développement p », 2010, 160 pages• Alexandre Jardin, Dyslexie, Josette Lyon, 2003, 255 pages• Rick Riordan, Persil Jackson, Albin Michel, « Wiz » 2005, 532 pages• Daniel Pennac, Chagrin d’école, Gallimard, « Folio », 2009, 304 pages• Cyril Traquinio et Elisabeth Spitz, Psychologie de l’adaptation, De Boeck, « Overtures Psycologiques », 2012, 525 pages• Alain Taché, L’adaptation : un concept sociologique systémique, Editions L’Harmattan « Pratique de la systémique », 2004, 364 pages

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Filmographie :• « Malabar princess » Gilles Legrand 2004• « C’est pas sorcier, les troubles DYS » dimanche 24 juin 2012 • « Mon oncle » Jacques Tati 1958• « Percy Jackson : le voleur de foudre » Chris Columbus, adaptation de la saga Percy jackson écrite par Rick Riordan 2010

Article sur internet :• Damir Perge « Startup Dyslexia: Dyslexic Members in Your Startup Team = Competitive Advantage » entrepreneurdex, 22 mai 2013• « Action Video Games Make Dyslexic Children Read Better », Curren Biology, volume 23 Sandro Franceschini, Simone Gori, Milena Ruffino, Simona Viola, Massimo Molteni, Andrea Facoettisend, 28 février 2013

Site internet :• Pingonline, Christian Theo Boer «La police Dyslexie» 2003 : www.auxilidys.fr/• Le point, Chloé Durand-Parenti, «Une solution miracle pour les dyslexiques ?» 07/06/2012: http://www.lepoint.fr/science/une-solution-miracle-pour-les-dyslexiques-07-06-2012-1470523_25.php• Sophian Bourire, «Les jeux vidéo pour apprendre à lire», The Scientist, 1/03/13 :http://www.7sur7.be/7s7/fr/1523/Famille/article/detail/1588471/2013/03/01/Les-jeux-video-pourraient-aider-les-enfants-dyslexiques.dhtml• Pascal Perrat, «Entre 2 lettres», : http://www.entre2lettres.com/• Avil Beckford, The invisible mentor, «EINSTEIN DISTRACTION INDEX: A METHOD OF DEEP FOCUS» Mai 2010: http://theinvisiblementor.com/einstein-distraction-index-a-method-of-deep-focus/• Flore de Fouchier, Réflexion sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques, juin 2007, http://www.resodys.org/IMG/pdf/Fouchier.pdf

Contact :• Directeur de projet: Directeur de Recherche CNRS Laboratoire L2C2 (UMR 5304 ) : Fanny MEUNIER 04 37 91 12 59 – 06 89 17 89 71 [email protected] rue des Capucins69001 LYON• Coach en orthographe : Anne-Marie Gaignard 06 72 06 13 14• Administratrice des associations APEDA-France et Fédération Française

des Dys: Catherine Butikofer – [email protected]• Orthophoniste : Laurence Bonete - [email protected]• Stagiaire orthophoniste : Shirley Routier - 06 17 47 68 70

Emission de radio :• Le 07 janvier 2013 : « La dyslexie » - avec Annie Dumont, orthophoniste sur RTL• Le 27 septembre 2013 : « Recherche médicale : les troubles du langage chez l’enfant » sur RTL• Le 22 mai 2014 : « Les expert Europe 1- Comment réussir ses études malgré la dyslexie ? » sur europe 1

Conférence durant la journée des Dys:• Les fédérations APAJH et FFDys dans l’accompagnement des troubes Dys. Jean-Louis Garcie – Président de la fédération des APAJH et Diane Cabouat – Vice présidente, Fédération Française des Dys• Quel regard portons nous sur les Dys ? • Les réseaux de soins : la coordination au service d’un accompagnement adapté aux besoins : Sylviane Lewik-Deraison, Présidente Fédération Nationale des Réseaux de Santé Troubles du Langage et des Apprentissages (FNRS TLA)• La question qui fâche : quel regard portons nous au quotidien sur ceux qui apprennent et travaillent différemment ? Patrick Gohet, inspecteur générale des affaires sociales, Anne Marie Montchamp, présidente d’entreprises et handicap et Paul Raoult, président de la FCPE.

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ANNEXE

Sexe:

• 60% Feminin• 40% Masculin

Qui a évoqué ce

diagnostic?

• Famille 26%• Professeur 29%

Médecin scolaire 4%• Orthophoniste 24%• Autre 16% (pas de réponse ou

«moi même»)

Je suis:• Dans le monde professionnel 44%• Au collège 25%• En post bac 19%• Au lycée 11%

ANNEXE 1:ÉTUDE FAITE SUR UNE POPULATION DE 71 PERSONNES

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Je suis allé chez l’orthophoniste?

• Oui 87%• Non 13%

• Rêveur 19%

• Autre 8%

• Élève créatif 9%

• Élève dissipé 13%

• Élève stupide 7%

• Élève limité 11%

• Élève paresseux 17%

• Élève fainéant 16%

J’ai déjà eu des remarques de mes professeurs

J’ai eu l’impression de travailler plus que les autres

pour le même résultat durant ma scolarité ?

J’ai demandé un 1/3 temps pour mes concours ?

• Oui 88%• Non 12%

Je suis doué(e) pour:• La musique 12%• Les arts plastiques, le dessin, etc 27%• La lecture 6%• L’orthographe 2%• Le sport 28%• Autre 26%: l’écoute des personnes, jeu de société, imagination, les sciences, et l’informatique.

• Oui 47%• Non 53%

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• En images 71%• En mots 10%• En sons 16%• Autre 3%

• Impossible 33%• Très dur à suivre 45%• Facile 16%• Comme une autre matière 6%

J’ai des problèmes en• Maths 11%• Français, écriture 24%• Français, lecture 18%• Anglais, espagnole, allemand 18%• Arts plastiques 6%• Sport 6%• Histoire 9%• Svt 7%• Autre 2%

Je pense

L’anglais c’est...

• De ne plus avoir besoin de faire relire mes écrit à l’un de mes proches 17%• De pouvoir lire aussi vite que la moyenne des gens 16%• Qu’on ne me reprenne plus sur mon orthographe 19%

• D’être autonome 8%• Qu’on ne me rabaisse plus 25%

• Autre 14%

Je rêve

Je m’épanouie dans ma vie

professionnelle ?

• À égalité 20%

• En difficulté 29%

• En avance, grâce à ma façon de voir

les choses différemment 27%

• Autre 24%

• Non 50%

• Oui 50%

Désormais je me sens comment par rapport à mes camarades ?

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Avez-vous la sensation d’avoir une logique particulière, différente de celle des autres ?(Avertissement texte non corrigé)

dur à expliquer ! • Oui, ça dépend pour quoi. C’est un peu plus compliqué. Mais le point positif c’est que ça m’a appris à mieux me connaître. • oui j’ai toujours dit que j’avais une logique dys-fonctionnelle , qui fonctionne que pour les dys. par moment les personnes m’esplique quelque chose et quand moi je le resplique j’ai compris mais les autre ne me compréne pas par ce que je passe par un chemin plus long. • oui • je suis différent dans ma logique, dans ma pensée, la vie en général, et je ne suis pas très apprécié pour cela. mais je suis très intuitif, ca m’aide et ca m’aide pas • NON • un raisonnement plus directe • oui tout en image en ressentit une autre façon de voir d’entendre et de parler tout en couleur et en rêve • oui j’ai repondu à la place de ma fille, et je pense qu’elle est très différente dans sa logique, elle a une logique excellente, elle raisonne très bien, elle est très attentive, mais c’est dommage, elle est aussi très sensible, elle se sent qu’elle est un peu différente, elle n’a pas beaucoup des amis, je suis sûre qu’elle souffre malgré ma présence • oui plus cartésienne • detre plus logique • o est mois limité que les «normaux» • non • oui • sur le design et la synthétisation • très observateur • oui, d’où ma grande créativité oui j’effectue des calcules que les profs ne comprennent pas car au lieu d’apprendre des formule (j’ai beaucoup de mal) en chimi ou autres matiéres je refléchie en produit en croix des que je peut (biensure les profs aiment pas mais tant que j’arrive au bon resultats ca passe) . j’ai aussi des moyen mémotechnique que personne ne comprent Oui, et une bonne analyse des situations • Totalement. • je repond au questionnaire pour mon fils de 10 ans, et oui il a vraiment une logique • différente de la mienne mais son pere dys aussi comprend sa logique. • J’observe beaucoup et je déduis plus vite que les autres. Je déchiffre les situations plus vite. On ne peut pas beaucoup me cacher les choses car je les devine. • oui ,pour résoudre des problèmes de math Oui difficile d expliqué ma logique procédé par bond et j ai des capacité très développer en terme de mémoire visuel malgré 142 QI j ai une très mauvaise mémoire instantanée a prendre par cœur et compliqué pour moi. En revanche j oublie rarement une connaissance se qui me procure une grande culture général et en même temps m interroge si cette capacité a en magasiner l information n est pas une limite en avançant en âge. J ai l impression d avoir vécu 2 vie celle de mes parents et la mienne ensuite. J ai 43 ans • Je visualise très bien dans l’espace. Je pense plutôt dans le sens inverse des autres • oui je vois toujours les choses en dimenssions Désolé je ne serait pas l’expliquer

• oui!!! je suis différent donc je ressents les choses différenment • oui • Oui mais cela ne vient pas de la dyslexie. • je ne sais pas • non pas specialement • je pense à l’envers. Par exemple en lors d’un exercice de math, je trouve la solution sans procéder aux étapes précédentes. Mais la plus part du temps je me trompe, voilà pourquoi je suis mauvaise en math. ou alors pour mes cours d’histoire, pour pouvoir m’en rappeler et aussi les comprendre, je les dessinais. • élève plus intelligente que la moyenne et plus travailleuse... • oh que oui ! • Oui , approche non scolaire • Non • oui • c est clair plus rapide sur les choses a enticiper plus facile de planifier mon temps mais j ai 46 ans et éléve 6 enfants donc j ai pu refaire plusieur foirs le primaire et des regles jamais comprises enfin assimilés aujourd hui yes yes yeset éléve 6 enfants donc j ai pu refaire plusieur foirs le primaire et des regles jamais comprises enfin assimilés aujourd hui yes yes yes

Si quelque chose pouvait être fait pour mon problème de dyslexie j’aimerais que...(Avertissement texte non corrigé)

ce soit l enseignement • Il est réglé depuis fort longtemps parce qu’il a été détecté et réglé très tôt. • AVOIR LES COURS PHOTOCOPIES POUR APPRENDRE PLUS VITE • Être juger sur le fond, non sur la forme. • y avoir accès • pouvoir mettre es idée par écrit • ? • ce soit plus facile d’obtenir de l’aide (avs, ordi avec logiciel à reconnaissance vocale, ouvrages adaptés aux dys... • Réapprendre l’orthographe et la grammaire jamais rabaisser l’enfant toujours l’encourager • savoir ecrire sans fautes le rpobleme c’est les autres et la socièté • ce soit mieux connu • je n’ai plus à me relire • on me le dise • Ne pas tenir compte de l’orthographe et tenir compte de l’oral de manière privilégiée • que cela n’est jamais existé • que les profs prennent en compte les problèmes • j’ai 35 ans et je suis diagnostiqué depuis moin d’un an. • des gens sur qui je peux compter • les médecin et les enseignant soit mieux former pour etre detecter plus tôt et mieux compris • Arrêter d’être rabaissé • on nous accepte comme ça • j aimerais pouvoir lire normalement • apprendre à se concentrer • la ritaline l’deja aidé • les personnes de l’extérieur me compréne • J’aimerai ne plus avoir de soucis pour lire les aiguilles d’une montre.

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J’ai demandé un 1/3 temps pour mes concours ?

Est- ce que j’évitais des situations à l’école ?

• La lecture à voix haute 49%• La dictée 29%• Les interrogations orales 5%• Autre 17%

Comment j’évitais ces situations?

• Ne pas se faire remarquer 34%• Ne pas regarder le professeur 21%

• Écrire approximativement pour laisser le lecteur déduire l’orthographe 17%

• Une très bonne copine était toujours là pour moi 4%• Rédaction sur l’ordinateur avec correcteur

d’orthographe 12%

Est ce que j’avais confiance en moi à l’école ?

• Non 53%• Oui 47%

• Non 75%• Oui 20%• Autre 5%

• oui 45%• non 45% Autre 9%

J’ai des astuces pour apprendre les cours ?

(Avertissement texte non corrigé)Imager, symboliser! • Je résume • j’écoute • RECITATION A VOIX HAUTE ET MOTS IMORTANTS A L ECRIT • je m’enregistre sur mon ipod • j avais des astuces je travaillais sur plusieurs jours et si j avais pas le temps je le travaillais le soir dormais 3h et retravaillais plus redormais et je partais a l ecole j etais fatigué e mais mon cerveaux l avais vu plusieurs fois ;) • Lire et répéter à haute voix • écrire le mot en dessiné les endroit qui sont difficile a retenir • Code couleurs pour voir les points essentiels. Schéma • travailler beaucoup plus qu’un autre! • carts mentales • dessin • allusion • réécrire les cours le soir • mémos techniques diverses • représentez vos cours en illustrations • Recopier 100 fois ma leçon (mais long) • maman • CARTES EURISTIQUES ET FICHES MEMO • il chante trop long à expliquere • Il existe des trucs mnémotechniques pour mieux calculer • mettre en image • apprendre une poésie avec des dessins, ou des gestes. apprendre la liste des résultats des tables de multiplcation et les appliquer en ensuite à l’opération, ex : table du 3, apprendre par coeur 3-6-9-12-15-18-21-24-27 • Je trouve des moyen mémo technique.

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D’autres personnes de votre famille sont-elles dyslexiques ?

Actuellement, pensez-vous que votre dyslexie nécessite une prise en compte dans votre emploi ou votre vie étudiante ?

• Oui 87%• Non 13%

• oui 69%• non 30%• Autre 2%

Quel ressenti vous laisse votre dyslexie ? (plusieurs choix possibles)

Estimez-vous que votre dyslexie se soit compensée avec le temps ?

• Un manque de confiance en soi 31%• Une difficulté de contact social 12%• Une honte : vous la cachez 9%• Une envie d’aider et de faire avancer les choses 17%• Une force : cela vous a appris à surmonter des difficultés 28%• Autre 4%

• Non, j’ai toujours les mêmes difficultés.18%

• En partie, j’ai fait des progrès mais j’ai toujours des difficultés. 65%

• Oui, beaucoup, et cela ne me pose plus vraiment problème au quotidien

17%

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Avez-vous déjà été obligé(e) de cacher

votre dyslexie ?

Auriez vous aimé ou aimeriez vous être mis en relation avec d’autres dyslexiques pour parler de votre ressenti ?

• Non 50%

• Oui 50%

• Oui 61%• Non 27%

• Autre 11%

ANNEXE 2:BAC BLANC FRANÇAIS

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La dyslexie est définie comme un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture ; la réalité nous apprend qu’elle est tellement plus. Le travail de Claire Paoletti met à jour l’iceberg. La dyslexie que l’on a crue un temps réservée à l’enfant, révèle petit-à-petit son impact phénoménal sur l’individu dyslexique dans sa globalité et durant toute sa vie. En effet ce déficit langagier touche la sphère de la communication et vient ainsi parasiter les interactions avec l’entourage. L’insertion du dyslexique dans la société va être contrainte par ce déficit (de façon évidente si l’on pense au parcours scolaire). La dyslexie va ainsi jalonner la route de l’individu d’épreuves et de stigmatisations qui vont influer sur sa trajectoire de vie. Pourtant l’intelligence des dyslexiques est normale voire supérieure (si l’intelligence est défaillante on ne parle plus de dyslexie). Et il s’avère que même si le diagnostic repose sur les capacités de lecture, de nombreuses autres caractéristiques et spécificités sont observées chez ces enfants : mauvais en orthographe, maladroits, distraits mais aussi créatifs et avec parfois des capacités visuo-spatiales surdéveloppées.

Preface de Fanny Meunier, directeur de projet.

bisllexykClairePAOLETTI

Diplômes 2014

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