LIVRET REF – L. 013 LA DYNASTIE DES MUIZZI DITE DES ESCLAVES

LE SULTANAT DE DELHI

DYNASTIE des MUIZZI dite des ESCLAVES

1206 -1290

Qutub Minar

© www.kergour.com Reproduction Interdite Janvier 2013

PROLOGUE :

Histoire Sommaire : LES SULTANATS DE GAZNI ET DE GHOR

GHAZNI est une ville ancienne dont nous trouvons mention dès les premiers siècles de notre ère.

Cette ville, située sur le plateau afghan, à 150 km au Sud-Ouest de Kabul, à une altitude de 2.000 m, présente un exceptionnel intérêt stratégique car elle contrôle la route qui de Kabul, mène au Sud vers le grand centre de KANDAHAR et la province du BALOUCHISTAN afghan.

En 950, la Dynastie des Samanides qui règne au KHORASSAN, entre AMU-DARIA et HINDU-KUSH, décide de s’implanter en Afghanistan et occupe la ville de GHAZNI, appointant un de ses généraux, un mercenaire turc nommé ALPTEGIN, gouverneur de cette ville.

ALPTEGIN dès 960, se déclarera indépendant de la Dynastie Samanide et prendra le titre de SULTAN. Il meurt en 962 après seulement deux ans de règne. Subuktegîn, qui lui succéda, était comme lui un mercenaire turc qu’il avait adopté et qui l’avait accompagné au cours de sa carrière.

Subuktegîn fut un très grand général et un très grand administrateur.

En tout premier il établit définitivement le Sultanat de GHAZNII, puis créa sa propre Dynastie, la Dynastie des GHAZNEVIDES.

À sa mort en 977, lui succédera son fils Mahmud qui va régner 33 ans, jusqu’en 1030.

Mahmud décidera que cette riche plaine Indo-Gangétique qui se trouve à ses pieds ne serait rien d’autre que « sa réserve de chasse »... c’est à dire un territoire livré au pillage.

Au cours de son règne il descendra dix-sept fois dans la plaine (donc, tous les deux ans). Il y détruira tous les plus beaux temples Hindous joyaux de l’art GUPTA-HARSHA des années 400-800 : KANAUJ, TAXILA, MATHURA, AJMER, SOMMATH et tant d’autres. Il détruira aussi forts, châteaux et monuments publics.

En 1059, Ibrahim, arrière-petit-fils de Mahmud, prend le pouvoir et entreprend de remettre en ordre les services administratifs de l’état. Puis il relance l’économie prenant d’efficaces mesures pour développer le commerce.

En même temps il reprend « régulièrement » les raids sur la Plaine. Il en mènera vingt-sept en quarante ans de règne – plus que Mahmud qui n’en avait mené que dix-sept en trente ans !!

D’autre part, le CALIPHAT rappelle sans cesse à GHAZNI son devoir de prosélytisme. Il faut convertir et Ibrahim qui est un très sincère musulman en est bien d’accord. Le pillage convertit peu et mal. Il faut faire mieux.

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Et c’est ainsi qu’Ibrahim va être le premier souverain musulman à envisager de s’implanter dans la Péninsule.

Et il en est ainsi pendant 51 ans – de la mort d’Ibrahim en 1099 à la prise du pouvoir de KHUSRU en 1150.

KHUSRU lui, est convaincu de la justesse des idées d’Ibrahim. Il reprend les études d’Ibrahim, les complètes et finalement était prêt à se lancer à la conquête de la Plaine lorsqu’un certain Muhamad – SULTAN de GHOR, un petit sultanat situé au sud de HERAT – s’empare en 1173 de GHAZNI qu’il détruit en grande partie et chasse KHUSRU qui se réfugie au PUNJAB où après des années de combat il sera tué en 1201.

Muhamad de GHOR est un personnage remarquable. C’est un homme d’action comme le prouve son « enlèvement » de GHAZNI par surprise avec des forces minimales. Il connaît les plans d’Ibrahim et de KHUSRU. Il prend ces plans en considération mais se garde bien de s’attarder au stade des « études ». Il veut, et vite, se tailler un royaume dans la Plaine, de préférence dans le riche Doab, cette région située entre les deux rivières (Do...Ab) la Yamuna et le GANGES. Et il fonce.

En 1186, il enlève Kabul qui doit lui servir de base arrière et il descend dans la Plaine.

La conquête ne va pas être aussi facile qu’Ibrahim et KHUSRU l’avaient prévu. Les Princes locaux se sont relativement organisés et résistent courageusement.

En 1191, Muhamad de GHOR affronte la fédération des princes Rajpouts regroupés sous la bannière de PRITIVIRAJ. C’est la première bataille de TARAIN. Muhamad de GHOR est vaincu.

En 1192, Muhamad de GHOR prend sa revanche et à la deuxième bataille de TARAIN il écrase les Princes Rajpouts. PRITIVIRAJ est tué et deviendra l’emblème de la résistance hindoue à la poussée musulmane.

Muhamad de GHOR enlève KANAUJ en 1194, puis BENARES en 1196.

En 1199 il occupe le Bengale.

Tout au cours de cette période Muhamad de GHOR se livre à une persécution brutale des hindous. Il détruit leurs temples, leurs bibliothèques, leurs écoles et universités. Leurs pèlerinages sont interdits. Les moines bouddhistes sont systématiquement massacrés.

En 1206, Muhamad de GHOR meurt laissant un empire, s’étendant de l’Afghanistan au Bengale, à Qutub un turc MU’IZZI (un JANISSAIRE) qui était son meilleur général et un fidèle serviteur.

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Empire Ghori de Muhamad de Ghor en 1206.

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1 - Qutub ud-DIN AIBAK – Sultan de DELHI – Règne 4 ans de 1206 à 1210. Nous ne connaissons pas la date de sa naissance. Probablement aux alentours de 1170.

Il était un enfant, peut être Viking de Sicile ou d’ailleurs en méditerranée, qui fut enlevé par les Turcs, comme beaucoup d’autres à cette époque, pour devenir un « janissaire » (c’est-à-dire, un soldat d’élite au service exclusif de l’état).

Nous disons « Viking », parce qu’il était grand, blond, aux yeux clairs !!!

Nous ne savons pas pourquoi Qutub ne poursuivit pas un « cursus » de « janissaire » (écoles, grades subalternes, promotions et parfois la célébrité et la gloire) et fut vendu tout enfant au SULTANAT de GHOR en Afghanistan.

Il passa dans ce sultanat son enfance et adolescence. Intelligent, fort, courageux, il est remarqué et est affecté au service personnel du Sultan d’alors Muhamad de GHOR.

Muhamad apprécie Qutub et, alors qu’il est encore très jeune (18 ans), en fait le chef de ses écuries, ce qui est un poste de grande confiance.

Après trois années de service aux écuries, le Sultan décide qu’il doit rejoindre l’armée. Il y servira brillamment et très vite connaîtra des promotions éclatantes. Il est, personne ne le conteste, un chef de guerre né et il devient un des meilleurs généraux du SULTANAT.

Et nous sommes en 1192. Ça sera la deuxième bataille de TARRAIN (Nord de DELHI) revanche de la première bataille de TARRAIN, livrée par Muhamad de GHOR à une fédération de princes hindous sous la bannière du Rajha PRITIVIRAJ III.

Muhamad avait été vaincu et les populations de la région de DELHI avaient éclaté de joie.

Aujourd’hui le sort a tourné et c’est Muhamad qui sera victorieux, une victoire éclatante. Les troupes de la fédération sont anéanties et massacrées et le Rajha PRITIVIRAJ est tué, devenant pour toujours le symbole de la lutte de l’INDE contre l’ISLAM.

Muhamad est désormais le maître et il va pouvoir se consacrer à imposer sa souveraineté sur les territoires indiens qu’il a déjà conquis et qui restent, au moins partiellement, « insoumis ». Et aussi et surtout se consacrer à la conquête de nouveaux et nombreux territoires.

C’est alors que Muhamad de GHOR est confronté, en Asie Centrale, à de sérieuses révoltes que, semble-t-il, il est le seul à pouvoir mâter. Le CALIPHAT lui-même en est conscient et réclame son assistance.

Rentré à GAZNI, Muhamad de GHOR hésite longuement puis décide de laisser à Qutub, qui est un peu devenu pour lui le fils qu’il n’a pas eu, le soin d’achever son œuvre en INDE en établissant à DELHI un puissant SULTANAT musulman.

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Il fait de Qutub son Vice-Roi et nous pouvons estimer qu’à partir de 1193 Qutub, gouvernera sans aucune entrave les possessions du SULTANAT de GHOR en INDE. Ainsi Muhamad l’a-t-il voulu.

De 1192 à 1194 Qutub réprimera de nombreuses révoltes notamment à AJMER et à MEERUT et imposera paix et sécurité dans tous les territoires précédemment conquis par Muhamad de GHOR.

En 1194 il fait campagne contre le royaume de KANAUJ, défait son souverain à la sanglante bataille de CHANDWARA, enlève la ville de KANAUJ et la détruit.

En 1197 il occupe le GUJERAT après une victorieuse campagne contre son Rajah BHIMA DEVA. Puis en 1198 il conquit le BIHAR et le Bengale. Désormais ses territoires s’étendent de mer (mer d’Arabie) à mer (Golfe du Bengale).

En 1202 il entre en guerre contre les Râjas CHANDELA, il les défait et ruine leur capitale, la cité de MAHOBA, au Nord de KHAJURAHO.

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Empire de Muhamad de Ghor

Sultanat de Delhi gouverné par Qutub

Empire de Muhamad de Ghor et, le Sultanat de Delhi gouverné par Qutub

Mais Qutub n’est pas seulement un grand général. Il est un visionnaire qui veut bâtir un état, solidement structuré et organisé.

Il dotera le SULTANAT de Delhi d’une bonne administration et pour ce faire il n’hésitera pas à s’inspirer d’ASHOKA et de KAUTILYA, les « grands » d’il y a 1 000 ans avant lui.

Il se consacrera longuement à la JUSTICE.

Il ne négligera pas l’ECONOMIE. Le commerce l’intéresse tout particulièrement et il semble avoir parfaitement réalisé que la position géographique de l’INDE entre pays d’Extrême6Asie et Occident était un privilège qu’il faudrait exploiter.

Et l’homme, l’humain ? Il est généreux et follement désintéressé. Il donne tout et ne garde rien pour lui au point que ses sujets lui donnent un surnom « Donneur de Lacks » (le Lack étant l’unité de 100 000 !!).

Enfin Qutub est un bon musulman et son devoir est avant tout de convertir à l’ISLAM les populations qu’il vient de conquérir.

Lorsqu’il arriva en INDE il semble avoir voulu convertir par la conviction. Mais, très vite, il doit se convaincre que la conviction seule ne saurait convertir des êtres aussi profondément enracinés dans leur foi que l’étaient les hindous. Il fallait donc en venir à employer la force – la coercition. Et il va faire une démonstration de force : il rase les 27 temples hindous de DELHI et utilise leurs pierres et leurs piliers pour bâtir :

- La grande mosquée QUWAT-ul-ISLAM, première mosquée de DELHI.

- Le minaret le plus haut du monde (80 mètres) – dit le Qutub MINAR du haut duquel les

muézins proclament au monde que l’ISLAM a pris possession de la Grande Plaine Gangétique.

Les Hindous pleuraient leurs temples mais ne se révoltèrent pas.

Par la suite – surtout dans les Provinces – certaines cérémonies et processions, hindous et bouddhistes, furent à l’origine de heurts avec les forces du SULTANAT. Répression il y eut, mais à de rares exceptions près ces répressions furent « contrôlées » et ne débouchèrent pas sur des massacres.

En 1206, le grand Sultan Muhamad de GHOR meurt.

Qutub accède au trône.

Il se déclare sultan de DELHI, et non sultan de GHOR et il fonde sa propre Dynastie, la Dynastie MU’IZZI, que l’on connaîtra très vite sous le nom de « Dynastie des ESCLAVES ».

En 1210 Qutub meurt des suites d’une chute de cheval au cours d’un match de polo.

Il aura « gouverné » pendant 14 ans comme Vice-Roi, puis régné souverainement en tant que Sultan pendant 4 années.

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Le Qutub Minar et la Grande Mosquée Quwat-ul-Islam à Delhi Qutub uD-DIN ALBAK commence la construction du Qutub MINAR en 1192, mais ne réalise que le premier niveau. Son successeur, ILTUTMISH, lui ajoute trois niveaux supplémentaires et,

en 1368, Firuz SHAH TUGHLUQ construit le cinquième et dernier étage

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Le Qutub MINAR mesure 80 m et comporte un escalier de 379 marches permettant d’en atteindre le sommet. Le diamètre de la base est de 14,3 m tandis que celui du dernier étage est de 2,7 m.

Construit en grès rouge, les deux derniers étages en marbre blanc, il est orné de motifs décoratifs et de vers du coran en anciennes calligraphies arabes.

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Les ruines de la Grande Mosquée Quwat-ul-Islam de Delhi

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Le pilier de fer « IRON PILLAR » dans le complexe de la Grande mosquée.

L’IRON PILLAR est un pilier de fer qui a été érigé au IVe siècle par le Râja CHANDRAGUPTA II de la Dynastie des GUPTA en l'honneur de VISHNOU. À l’origine, il était surmonté par un symbole de

VISHNOU, retiré après l’islamisation du site.

Ce pilier mesure plus de 7 mètres de haut pour 50 centimètres de diamètre et pèse près de 6 tonnes. Composé de 98 % de fer, il a résisté depuis 1 600 ans à la corrosion de l’atmosphère

indienne soumise à la mousson.

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Piliers des 27 temples hindous qui ont servi à la construction de la Grande Mosquée.

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Tombeau du Sultan Qutud ud-Din Aibak.

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2 - ARAM SHA – Règne 8 mois de 1210 à 1211.

Qutub meurt accidentellement en 1210. Il n’a pas de fils et il n’a rien prévu en ce qui concerne sa succession.

Les courtisans et les officiers de la cour de Qutub portent alors sur le trône Aram SHA que certains disent être le frère de Qutub. Cette filiation ne semble pas probable et Aram SHA est probablement, tout simplement, un officier de l’Armée de Qutub.

Une grande partie des officiers du SULTATNAT refusent d’ « accepter » Aram et convainquent ILTUTMISH, gouverneur de Baraun et vieux compagnon de Qutub, de se soulever contre Aram.

ILTUTMISH marcha alors sur DELHI et rencontra à Jud, près de DELHI, Aram qu’il écrasa. Aram fut tué dans la bataille. Il avait régné 8 mois.

3 - SHAMUD-DIN ILTUMISH – Règne 25 ans de 1211 à 1236.

Iltutmish est un turc de la tribu des Ibari (du TURKESTAN).

Il fut vendu tout enfant comme « esclave » et devient dans les années 1190 « esclave » de Qutub qui très vite pris conscience de sa valeur et le garda à ses côtés.

Iltutmish ne quittera plus Qutub qu’il servira fidèlement comme officier puis comme général au cours de toute sa carrière et jusqu’à sa mort.

En 1211, à la mort accidentelle de Qutub, il est élu (oui : élu) et porté au trône par ses pairs, les officiers turcs du SULTANAT.

Son intronisation est violemment contestée, bien sûr par certains courtisans et officiers de la cour du SULTANAT mais aussi, et cela est beaucoup plus grave, par de nombreux gouverneurs de provinces.

À la cour de DELHI il matera facilement ses opposants, mais il n’en sera pas de même dans les provinces et il va lui falloir combattre pendant 4 ans pour établir son autorité sur tous les territoires du SULTANAT.

Dès 1214 il écrasera l’armée de YILDUZ, gouverneur de GHAZNI en Afghanistan, et pacifie tout le Nord-Ouest de la Péninsule. Puis il vaincra NASIR le gouverneur du SIND, une province restée pratiquement indépendante, qu’il annexe au SULTANAT.

En 1216 il gagne le Bengale qu’il pacifie. Puis, à son retour, il s’attaque aux Princes Rajpouts de CHANDELA et de CHAHUMANA. Il les vaincra et enlèvera leur plus prestigieux Fort, celui de Rathambor.

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En 1221, une « bannière » (la « bannière » est de 10.000 cavaliers) de GENGIS KHAN apparaît sur l’INDUS. Iltutmish sait que ses forces ne lui permettront pas de résister à GENGIS KHAN... Alors il négocie, il paye et GENGIS KHAN renonce à conquérir l’INDE. Combien a-t-il payé ? Nous ne le savons pas. Nous savons seulement qu’il fallut 220 chameaux pour transporter les sacs d’or, d’argent et de pierres précieuses du tribut.

En 1230, il annexe au SULTANAT tous les territoires à l’Est du Bengale (l’ASSAM et le BENGLADESH

d’aujourd’hui).

En 1234-1235... devine-t-il que la mort est proche ? Il veut régler le problème Rajpout qui a empoisonné son règne, et il écrase les derniers princes qui n’ont pas voulu se rallier au SULTANAT.

Il prend UJJAIN et BHILSA et il leur impose « sa » paix.

Puis il visite la vallée du Gange et ses grandes villes, KANAUJ, VARANASI... qui parfois ont manifesté des velléités d’émancipations. Partout il affirme sa loi et sa souveraineté.

Iltutmish meurt, en 1236

Sultanat de Delhi sous Iltutmish.

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Avant de mourir il a désigné pour lui succéder, sa fille RAZIYA au détriment de son fils RUKN ud-DIN Firuz qu’il a toujours considéré comme un incapable.

Sa tombe est bien digne de lui, un simple « cube » à côté de la mosquée QUWAT ul-ISLAM à l’ombre du Qutub MINAR (le minaret de Qutub). Les murs extérieurs sont nus, dépourvus de toute décoration, en revanche les parois intérieures sont somptueusement décorées de ciselures à motifs floraux et d’inscriptions religieuses sculptées en lettre arabo-persanes. C’est tout «lui» : simplicité (il ne se voulait qu’un simple esclave) et grandeur (il reconnaissait avoir été un grand souverain).

Quel est le bilan objectif d’Iltutmish ?

- TERRITOIRES :

Il a confirmé l’autorité du SULTANAT sur tous les territoires que lui a laissé Qutub.

Il a agrandi considérablement ces territoires.

À tous ces territoires, pacifiés, il a assuré la paix et la sécurité.

- ADMINISTRATION :

Il a réorganisé l’administration du SULTANAT (souvent en s’inspirant des recommandations de KAUTILYA, le Premier ministre d’ASHOKA qui est l’auteur de l’ARTHASHASTRA).

Il confie tous les postes importants du gouvernement à des fonctionnaires compétents et rémunérés par l’état. De même en Provinces dont les Gouverneurs deviennent des fonctionnaires d’état au lieu de princes ou notables plus ou moins incompétents.

- FINANCIER :

Sur le plan financier, un nouveau système d’évaluation et de perception des impôts est mis en place.

Des monnaies en argent sont frappées (pour la première fois par un pouvoir musulman en INDE).

Les finances sont saines et le SULTANAT est riche.

- CULTUREL :

Sur le plan « culturel » : Iltutmish attire à sa cour, artistes, intellectuels, philosophes d’INDE et de tous les pays voisins et il fait de DELHI en 20 ans un nouveau BAGDAD.

Le bilan est plus que positif.

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Et pourtant une ombre subsiste. Le Peuple HINDOU est certes heureux et il loue son souverain, mais il ne le suit pas sur le plan religieux. En dépit de ses appels pressants, le peuple ne se convertit pas. Bien sûr il y a des conversions à l’ISLAM. Il y en a même beaucoup mais cependant loin d’être suffisantes pour créer une masse d’hindous convertis qui puisse être un contrepoids à la masse hindoue traditionnelle. Iltutmish et ses compagnons ne comprennent pas. Ils sont conscients de leur réussite.

En moins de 30 ans ils ont bâti un état stable et prospère dans une région qui était déchirée par désordres et anarchie... et rien ne se passe. Certes l’hindou ne leur résiste pas activement, l’hindou reste immuable, serein... mais il ne se rallie pas à l’ISLAM.

Dans tous les pays que l’ISLAM a conquis aux siècles précédents les populations se sont « en masse » converties. Ici rien.

Iltutmish, comme ses deux prédécesseurs Muhamad de GHOR et Qutub n’a pratiquement aucun contact avec les religieux et les Sages hindous, qu’en fait il ignore.

Sans se l’avouer Iltutmish craint : il a peur. Il est « un » entouré de quelques dizaines de milliers seulement de fidèles en face de dizaine de millions. Il n’ose faire face et se retire dans un splendide isolement.

Avec beaucoup de courage et de clairvoyance Iltutmish va sortir de cet isolement et prendre contact avec les hiérarchies hindoues et très vite sa terreur augmente. Il découvre qu’il est en face d’une culture et d’une religion puissante égale à la sienne.

Une culture qu’il comprend mal, qu’il situe mal et qu’il craint de ne pouvoir rallier par l’esprit.

Alors si l’esprit est impuissant, il ne reste que la force.

Et Iltutmish qui est un vrai militaire, un vrai chef de guerre va naturellement concevoir un plan de « GUERRE SAINTE ».

L’Hindouisme barre la route de la conversion et des ralliements à l’ISLAM alors il ne reste qu’à détruire l’Hindouisme.

Son plan :

- destruction des lieux de prières : temples, caves...

- interdiction des assemblées cultuelles et religieuses ainsi que des pèlerinages.

- fermeture (et destruction) des écoles, universités hindoues et des bibliothèques.

- imposition stricte et si nécessaire brutale de la taxe sur les « non musulmans » la JIZIYA qui existe alors en théorie mais n’est pas appliquée.

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Nous pensons que c’est là le « Grand Tournant ».

Par crainte de ne pouvoir résister à la masse hindoue, le Pouvoir Islamique s’engage dans la voie de l’intolérance et de la persécution.

Et Iltutmish va appliquer ce plan au cours des dernières années de sa vie.

Ce prince « éclairé » va agir, semble-t-il, sans état d’âme et va persécuter brutalement laissant ainsi une tache indélébile sur un règne exceptionnel.

Extérieur du tombeau de SHAM ud-DIN Iltutmish près du Qutub MINAR.

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Intérieur du tombeau de SHAM ud-DIN Iltutmish

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4 - RUKD ud-DIN Firuz SHAH – Règne à peine un an – 1236

En dépit de la volonté d’Iltutmish qui voulait que sa fille RAZIYA lui succède, les officiers du SULTATNAT portent au trône son fils Firuz.

Firuz était un incapable et de plus il ne voulait pas régner.

Il confia donc le pouvoir à sa mère SHAH TURKAN, ce que les officiers de la cour ne purent supporter. SHAH TURKAN fut mise à mort et Firuz mourut mystérieusement.

Le pouvoir fut alors relevé par RAZIYA avec l’appui du peuple de DELHI.

5 - JALALAT ud-DIN RAZIYA – Règne 4 ans de 1236 à 1240 Fille d’Iltutmish elle est une enfant exceptionnellement brillante, une surdouée dont son père très vite découvrira les aptitudes.

À 8 ans, son père lui permet d’assister à un conseil des ministres au cours duquel elle stupéfait l’assistance en posant deux questions de grand intérêt.

Par la suite, elle assistera à tous les conseils et de plus en plus elle participera, aux côtés de son père, aux grandes décisions politiques du SULTATNAT.

Elle sait que son père l’estime et qu’elle a un avenir puisque ses deux frères sont des médiocres et des incompétents et elle prend conscience qu’elle est la seule capable d’assurer le pouvoir.

A la mort d’Iltutmish, les officiers turcs de la cour refusent de se conformer aux volontés du défunt sultan et de porter au trône sa fille RAZIYA. Au contraire ils intronisent Firuz, le fils d’Iltutmish qui n’est, tout le monde en convient, qu’un incapable.

Firuz sera tué au bout de moins d’un an de règne et RAZIYA revendique alors le pouvoir. Elle est appuyée par la population et les notables de DELHI auprès desquels elle est très populaire.

Les officiers de la cour, craignant un soulèvement, s’inclinent et intronisent RAZIYA en fin 1236.

RAZIYA va devoir faire face aux révoltes de ses opposants.

À la cour, elle redistribue les charges et d’une main de fer élimine ses ennemis.

Dans l’administration, elle place à tous les postes importants ses conseillers abyssins qui lui sont tous dévoués.

Enfin, elle prend la tête de ses troupes en s’improvisant chef de guerre et elle écrase brutalement toutes les révoltes en Province.

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En trois ans, elle a réussi à imposer son autorité. La paix et la sécurité règnent dans tous les territoires du SULTANAT et l’état semble désormais bien établi.

Mais certains de ses opposants n’ont pas désarmés. Ils ont approchés les religieux de la Mecque

prétendant que RAZIYA est une mécréante et n’observe pas les règles de l’ISLAM.

La MECQUE condamnera RAZIYA et à DELHI la pression religieuse se fait de plus en plus forte à son encontre. Beaucoup de ses fidèles la quittent et finalement elle est arrêtée et enfermée dans une puissante forteresse du PUNJAB, sous la garde du Gouverneur de cette province. RAZIYA séduira le gouverneur, son geôlier, et l’épousera.

Tous deux réuniront des troupes et marchent sur DELHI. Ils seront battus dans une grande bataille où RAZIYA se couvrira de gloire. Jugés, ils seront exécutés le 13 octobre 1240.

L’histoire de RAZIYA, telle que décrite ci-dessus, est une histoire que nous pourrions qualifier d’ « officielle » et la plus part des historiens s’y rallient.

Mais il existe une autre histoire, une histoire populaire, souvent historiquement plus exacte que la version « officielle », bien que teintée de romantisme et même de légende. C’est à cette histoire, qu’encore aujourd’hui, les habitants du Nord de l’INDE se réfèrent quand ils nous parlent de « leur » Sultane : la « Sultane Souriante », « Reine des éléphants ».

Nous avons estimé devoir vous donner en ANNEXE, un résumé de cette version populaire de la vie de RAZIYA.

6 - MUIZ ud-DIN BAHRAM SHAH – Règne de 1240 à 1242. Troisième fils d’Iltutmish et donc frère de RAZIYA.

Il est porté au pouvoir en 1240 par la « CLIQUE » des officiers turcs de la cour.

En fait, dès la fin du règne de Qutub, les officiers turcs servant à la cour de DELHI se réunirent en une sorte d’association destinée à défendre leurs intérêts auprès du Sultan. Comme nous l’avons vu au cours des règnes passés, cette association se développa rapidement et devint une véritable et puissante institution qui prit le nom de CLAN ou « CLIQUE des 40 » (40 étant le nombre de ses membres).

Bahram, avec beaucoup de courage, essaiera de s’affranchir de la tutelle de la « CLIQUE des 40 ». Il réussira même à faire assassiner deux des chefs les plus importants de cette CLIQUE et à reprendre un certain pouvoir.

Mais en 1241, les mongols enlèvent LAHORE, capitale du PUNJAB, la détruisent et massacrent tous ses habitants.

Le SULTANAT est ébranlé et des nobles de la cour, associés à la « CLIQUE des 40 » profitent de la situation confuse pour assassiner Bahram

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7 - ALA ud-DIN MASUD SHAH – Règne de 1242 à 1246 Masud est le fils de RUKN ud-DIN Firuz SHAH et donc le petit-fils d’Iltutmish.

Masud est porté au pouvoir par la « CLIQUE des 40 » dont Balban est alors le chef.

Masud et Balban ne réussiront pas à collaborer dans l’exercice du pouvoir. L’administration est paralysée et l’état s’étiole.

En 1245 le Bengale se révolte, puis le BIHAR et à nouveau les mongols envahissent le PUNJAB et assiègent MULTAN.

Balban, excédé de ne pouvoir gouverner à sa guise, se décide à déposer Masud (et à le remplacer par Mahmud).

8 - NASIR ud-DIN MAHMUD– Règne 20 ans de 1246 à 1266. Mahmud s’accommode de la réduction de ses pouvoirs au profit de Balban et de la « CLIQUE des 40 ».

Balban devient « Naib » c’est à dire Premier Ministre. Il est le réel souverain du SULTANAT et Mahmud est réduit à un rôle de marionnette.

Balban doit faire face à de nouvelles incursions mongoles. Il ne peut les empêcher de piller MULTAN et (à nouveau) LAHORE avant de se retirer.

En 1247, Balban anéantit les derniers Rajas CHANDELA. En 1251 Balban enlève GWALIOR.

Mahmud meurt en 1266 (mort naturelle). Balban, sans aucune difficulté, s’empare du pouvoir.

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9. GHIYAS ud-DIN BALBAN – Règne 22 ans de 1265 à 1287. Si on ajoute à ces 22 ans de règne les 20 ans où, sous Mahmud, il a été au pouvoir, Balban a

gouverné pendant 42 ans. Dès sa montée sut le trône, en 1265, Balban entreprend de rétablir l’autorité du SULTANAT sur tous ses territoires.

En 1266, puis 1267, il pacifie le Bengale puis le GUJERAT.

En 1268, il repousse de nouvelles incursions mongoles dans le PUNJAB.

Pendant les deux décennies suivantes il donnera toute son attention à ses frontières du Nord-Ouest et il combattra sans relâche les poussées mongoles.

Symboliquement, un an avant sa mort, son fils préféré Muhamad, dont il avait fait son héritier, fut tué en combattant un raid mongol !!

Devant toute l’Armée il glorifiera son fils, qui était un splendide combattant, répétant que c’était lui qui aurait dû être tué mais Allah n’avait pas exaucé ses suppliques.

Grand guerrier, grand général dans tout le sens du terme, il entreprend dans ses dernières années la réorganisation complète de l’Armée et en fera une force que l’on peut qualifier de moderne.

Sultanat de Delhi sous Ghiyas ud-Din Balban

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Grand administrateur, il donne des « statuts » à ses fonctionnaires.

Il met de l’ordre à la cour en éliminant les groupes d’influence dont la « CLIQUE des 40 ».

Il organise un service de renseignement qui lui permet de suivre les affaires des provinces lointaines et de les contrôler.

Reste le plan religieux. Plus que tout autre il sait qu’il lui faut multiplier le nombre des hindous convertis. C’est une nécessité politique. Et il combattra l’hindouisme sans relâche. Il est en fait un musulman Sunni orthodoxe qu’on peut dire « fanatique », il se fait appeler Ombre de Dieu, et le système de répression, persécution, instauré par ses prédécesseurs ne lui posera pas de problèmes... et il sera, si on peut user ce terme, un massacreur.

Balban meurt (naturellement) en 1286.

Le CALIPHAT portera alors ce jugement sur son œuvre : « Il a sauvé l’état musulman de DELHI, encore en son enfance, d’une disparition quasi-certaine ».

Avant de mourir il a désigné comme son successeur, son petit-fils KAI KHUSRU fils de Muhamad.

Extérieur du tombeau de GHIYAS ud-DIN Balban.

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Tombeau de GHIYAS ud-DIN Balban.

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10 - MUIZ ud-DIN KAIQUBAD – Règne de 1287 à 1290 « Les 40 » ne tiennent pas compte du choix de Balban et refusent d’introniser KAI KHUSRU fils de Muhamad, petit-fils de Balban et au contraire portent sur le trône KAIQUBAD fils de TOGRAH deuxième fils de Balban. KAIQUBAD ne régnera pas effectivement. Débauché et dépravé il diminuera très vite physiquement et laissera le pouvoir aux « 40 » et plus particulièrement à NIZAH ud-DIN, beau-fils du sultan RUKN ud-DIN.

Finalement « les 40 » excédés, se révoltent et mettent sur le trône KAYUMAR, fils de KAIQUBAD, un enfant âgé de seulement trois ans.

JJALAL ud-DIN Firuz KHALJI, alors commandant en chef de l’Armée du SULTANAT, ordonne en 1290 l’enlèvement de l’enfant et l’assassinat de KAIQUBAD. Il sera porté au pouvoir la même année fondant la Dynastie de Khalji.

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BILAN SOMMAIRE de la DYNASTIE des ESCLAVES

Cette DYNASTIE régna de 1206 à 1290 soit : 84 ans.

Elle comporte 10 SULTANS dont :

- 5 SULTANS – des médiocres, sinon minables qui règnent entre quelques mois et trois ans. Ils sont des « accidents de l’HISTOIRE ».

- 1 SULTAN – Mahmud, qui est un souverain respectable.

- 1 SULTANE – RAZIYA, qui est un « cas ». Elle a été une grande souveraine en seulement

quatre ans de règne. Elle aurait pu être une « très grande ».

- 3 SULTANS : Qutub

Iltutmish

Balban

Tous les trois à l’origine sont des « esclaves »

Ils furent des êtres d’exception qui appartiennent à l’Histoire. Ces trois sultans d’exception ont des caractères communs.

Tous les trois sont des bons musulmans. Ils sont obsédés par le devoir de « convertir » et ils n’hésitent pas à recourir aux pires persécutions pour atteindre leur but.

Ils sont de brillants généraux, de grands militaires.

Ils sont de remarquables administrateurs.

Ils sont des passionnés de l’ETAT.

Ils sont de fins lettrés et admirateurs d’art. À ne pas oublier quand on les juge : les territoires de leur SULTANAT étaient immenses. De l’ordre de 2.500.000 km2 soit approximativement 5 fois la superficie de la FRANCE.

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Annexe

Cette « version » de la vie de RAZIYAest la version « populaire », mi histoire,

mi rêve-légende qui se chante encoredans les vallées et villages du DOAB.

JALAT ud-DIN RAZIYA

SULTANE de DELHI (1236 à 1240)

dite « La Sultane souriante » ou la « Reine des éléphants »

RAZIYA est la fille du grand Sultan Iltutmish qui régna 25 ans à DELHI de 1211 à 1236.

Dès sa naissance RAZIYA se fit remarqué car elle était un ravissant bébé. Une petite boule pleine de vie et d’exubérance qui allait très vite, à 3 ans peut être 4, se signaler par un sourire éclatant.

Tout bébé elle manifesta son intérêt pour les éléphants et elle criait de joie en les voyant.

Et le drame arriva. Un jour elle échappa à ses « attendants » et on la retrouva, éclatante d’entrain, dans les écuries, au milieu des éléphants qui semble-t-il l’avaient adopté et jouaient avec elle comme avec un ballon !!!

On essaya, son père essaya, de la raisonner mais rien n’y fit et elle continua à passer une grande partie de son temps au milieu des éléphants qui désormais étaient « ses » éléphants.

A 5-6 ans, elle parlait à l’oreille de l’éléphant chef, un vieux sage énorme, qui la suivait comme un chien docile.

En même temps, le sultan s’était aperçu de l’extrême capacité intellectuelle de l’enfant et dès 8-9 ans il l’initie aux affaires de l’état.

À 10 ans, aux côtés de son père, qui a en lui-même déjà décidé de lui confier le trône à sa disparition, elle prend réellement part à l’administration du SULTANAT.

Toute jeune adolescente elle comprendra qu’elle est l’élue de son père mais elle comprendra aussi qu’il lui faudra assumer son pouvoir contre son frère.... et les hommes en « général ».

Elle va donc se donner les meilleurs maîtres à l’arc et à l’épée et elle va devenir un remarquable archer et une épéiste d’élite.

Et surtout elle redouble d’attention pour « ses » éléphants et elle en fera un corps de combat unique qui assurera son triomphe.

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En 1236, Iltutmish meurt. Les nobles refusent de porter RAZIYA au SULTANAT, comme son père l’avait souhaité, et proclament sultan son frère RUKN ud-DIN qui se révèle un incapable.

Le peuple de DELHI manifeste. Il veut RAZIYA. Et finalement, soulevée par la foule, RAZIYA est reconnue SULTANE. Elle sera : JALALAT ud-DIN RAZIYA.

Et de suite elle se révèle être :

- Un chef de guerre exceptionnel qui écrase tous ceux qui combattent son pouvoir.

- Une administratrice hors pair qui entreprend de grandes réformes.

Le SULTANAT semble bien établi. Mais RAZIYA a un défaut (est-ce un défaut?) elle aime les hommes, elle les aimes beaucoup et ses amants se succèdent.

Cela fait scandale et les religieux s’émeuvent allant jusqu’à saisir les « maîtres » de la MECQUE. Et après deux ans de procès et de tergiversation elle est condamnée.

Ses frères, à la tête d’une armée, veulent l’arrêter. Elle les écrase.

Mais ses « fidèles » les uns après les autres l’abandonnent et elle se retrouve pratiquement seule.

Au cours d’un dernier combat elle est faite prisonnière et elle est enfermée dans un fort du PUNJAB, sous la garde du Gouverneur de la Province.

Elle séduira le Gouverneur, son geôlier, qui fou d’amour l’épousera.

Tous deux reconstitueront une armée et marcheront sur DELHI. Combats au cours desquels, avec ses éléphants, RAZIYA rappelle qu’elle est une extraordinaire combattante. Ils seront écrasés sous le nombre et les deux amants sont faits prisonniers, jugés et exécutés. L’exécution de RAZIYA sera dramatique. Le bourreau tremble et pleure. Les milliers de DELHIWALA accourent pour accompagner « leur » Sultane jusqu’au bout, pleurant et hindous et musulmans prient côte à côte.

Le bourreau ne réussit pas à la décapiter mais lui écrase le dos de sa lourde épée. Un jeune officier, qui fut un de ses amants, se précipite et la décapite.

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