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MINISTERE DE LA JUSTICE École Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse Mémoire de validation professionnelle Formation statutaire des éducateurs Promotion 2014 – 2016 DUCHATEAU Sarah LA SANTE / BIEN - ETRE DES JEUNES DE 16 à 18 ANS EN DIFFICULTE D'INSERTION JUIN 2016 Sous la guidance de Madame Séverine PARAYRE, Docteure en sciences de l'éducation à l'université Paris Descartes. En quoi la prise en compte du bien-être, actuel et à venir, des jeunes, peut-elle leur permettre de trouver l'envie et la force de s'ouvrir aux autres, d'élaborer des projets, de croire en leur avenir ?

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MINISTERE DE LA JUSTICEÉcole Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

Mémoire de validation professionnelle Formation statutaire des éducateurs

Promotion 2014 – 2016

DUCHATEAU Sarah

LA SANTE / BIEN - ETRE DES JEUNES DE 16 à 18 ANS EN DIFFICULTED'INSERTION

JUIN 2016

Sous la guidance de Madame Séverine PARAYRE, Docteure en sciences de l'éducation àl'université Paris Descartes.

En quoi la prise en compte du bien-être, actuel et à venir, des jeunes, peut-elle leur permettre de trouver l'envie et la force de s'ouvrir aux autres, d'élaborer des projets, de croire en leur avenir ?

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« Le monde ne vous donnera jamais que la valeur que vous vous donnez vous-même »

Joseph MURPHY

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REMERCIEMENTS

Je tenais à exprimer ma reconnaissance à toutes les personnes qui ont contribué, de près oude loin, à la réalisation de ce mémoire. Merci à ma famille et mes amis pour m'avoir soutenuedurant ce travail.

J'adresse mes sincères remerciements à ma Directrice de mémoire, Madame SéverinePARAYRE ainsi qu'à toutes les personnes qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurscritiques ont nourri ma réflexion et m'ont permis d'approfondir mes connaissances.

Je tiens également à exprimer ma gratitude à toute l'équipe du STEMO Le Raincy. Tous onttoujours accepté de me répondre et de dégager du temps pour moi malgré des emplois du tempschargés.

Enfin, je remercie les jeunes pour avoir accepté de répondre à mes questions.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION

I) Le choix du sujet 1II) Un sujet en lien avec les problématiques des jeunes pris en charge à l'UEMO 2III) Mes Questions de départ 3IV) Présentation de la problématique 4

I) Présentation et définition des notions clés 6

A – La santé 6

B – Le bien-être 71) Le bien-être psychologique 72) Le bien-être social 83) Le bien-être physique 9

C – L'insertion sociale et professionnelle 91) L'insertion sociale 92) L'insertion professionnelle 9

D – Les jeunes 10

II) La période d'adolescence : un temps de passage spécifique 10

A – Le corps au cœur de l'expérience adolescente 11

B – La mise en pensée d'un vécu 12

C – La réactivation du conflit œdipien 13

III) Le mal-être chez les jeunes : causes et conséquences 13

A – L'impact de l'environnement du jeune sur son bien-être 14

B – Des symptômes de mal-être qui interpellent 141) Le passage à l'acte délictuel 152) Les addictions 153) Les scarifications 164) Une mauvaise hygiène corporelle, vestimentaire et alimentaire 175) Les troubles du sommeil 176) L'inactivité 18

PARTIE 1 :

LE BIEN ETRE COMME CLE DE LA REINSERTION

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IV) L'estime de soi : des signes intérieurs et extérieurs de bien-être 18

A – Qu'est ce que l'estime de soi 18

B – La nécessité d'aider le jeune à être soi : « le tuteur de résilience » 20

V) La santé au service de l'action éducative 21

A – L'importance de la sphère santé dans la concrétisation du projet du jeune 21

B – La prise en compte de la santé : l'affaire de tous 22

I) Le projet « PJJ promotrice de santé » 23

A – Le cadre général de la PJJ 23

B – Le lancement du projet « PJJ promotrice de santé » 23

C – La mise en œuvre du projet « PJJ promotrice de santé » au sein du territoire de la Seine - Saint - Denis 24

II) Recueil, analyse et traitement des données 24

A - La santé : perception, pratiques et prise en charge 25

1- L'enquête par observation participative : une méthode qualitative 25a – contexte de l'enquête 25b – les objectifs de l'enquête 25c – les outils utilisés 25d – les avantages et inconvénients de l'enquête par entretien 26

2- Résultats de l'enquête 26a – les jeunes et leur santé 27b – la prise en compte de la santé par les professionnels de la PJJ 29

3- Analyse des résultats 30

B - L'estime de soi des jeunes pris en charge à la PJJ 30

1- L'enquête par questionnaire : une méthode quantitative 30a – Contexte de l'enquête 31b – Les objectifs de l'enquête 31c – L'outil utilisé 31d – Les avantages et inconvénients de l'enquête par questionnaire 31

PARTIE 2 :CONFRONTER LA THEORIE AU TERRAIN

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2- Résultats de l'enquête 31

3- Analyse des résultats 32

III) Analyse d'une situation éducative : la situation de Mohamed 33 A – Présentation et description de la situation 34

1) Le jeune Mohamed 342) La situation rencontrée 35

B – Éléments de compréhension de la situation et pistes de travail 371) Un manque de confiance certain 372) Lien entre l'attachement et l'estime de soi 383) Le comportement de Mohamed : un comportement révélateur d'un sentiment desécurité intérieure fragile 38

I ) Première expérimentation envisagée : l'atelier santé et bien-être 40

A – L'atelier santé et bien-être 40

B – Les objectifs visés 40

C – Les modalités de mise en œuvre 41

D – Les points de vigilance 43

II) Deuxième expérimentation envisagée : La simulation d'entretiens d'embauche ou de stagefilmée 43

A – La simulation d'entretiens 44

B – Les objectifs visés 44

C – Les avantages de la mise en place de cette expérimentations 44

D – Les modalités de mise en œuvre 44

E – Les points de vigilance 46

CONCLUSION

PARTIE 3 :

LES PRECONISATIONS OPERATIONNELLES

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INTRODUCTION

I) Le choix du sujet

En parallèle de mes études de droit, j'ai eu la chance de travailler auprès de jeunes collégiens, entant qu'assistante d'éducation d'une part et assistante pédagogique d'autre part. Étant alors à leurscôtés au quotidien, j'ai pu me rendre compte que certains élèves n'arrivaient pas à suivre en cours,étaient fatigués, découragés, agités, parfois en retrait ou encore totalement isolés. D'autres étaienttrès souvent absents, démissionnaires ou encore «décrocheurs»1 .Ces jeunes, à travers leurs difficultés scolaires et leur comportement, manifestaient un mal-êtreprofond allant parfois jusqu'à l'exclusion définitive de l'établissement.

Ayant développé, durant ces années, une appétence toute particulière pour les jeunes en« difficultés » mais également pour cette étape singulière de la vie qu'est l'adolescence, c'est toutnaturellement que je me suis présentée au concours d'éducateur à la PJJ.

L'année de formation qui a suivi m'a permis de faire le lien avec mes expériences professionnellespassées et ainsi de m'interroger, dans un premier temps, sur la place de l'éducateur dans la prise encharge des jeunes exclus de leur établissement scolaire. J'ai alors pu observer, en échangeant avec les jeunes et leur famille mais également avec lesprofessionnels de l’Éducation Nationale, que l'exclusion scolaire définitive était loin d'être uneultime sanction, exceptionnelle et réservée aux seuls faits graves mais qu'elle était régulièrementappliquée pour sanctionner des comportements jugés inconvenants dans les écoles.Cette exclusion, qui touche alors généralement les jeunes déjà fragilisés, peut engendrer desconséquences néfastes et intensifier le mal-être ressenti. En effet, bien souvent, les jeunes exclussont persuadés de ne pas être capables de réussir et mettent en marche un processus dedévalorisation.

Madame DEBANNE LAMOULEN, formatrice en communication et estime de soi, remet d'ailleursen cause, dans son ouvrage2, les principes mêmes de l’éducation Française qui privilégierait, selonelle, une grande majorité d'élèves au détriment d'une minorité de « laissés pour-compte ». Cesderniers sortiraient alors « prématurément de l'école sans diplôme ni qualification » suite à undécrochage de leur part ou à une exclusion de la part du système scolaire. L'auteur n'hésite pas à mettre en avant les avantages du système finlandais qui atténuerait lesinégalités sociales avec des établissements de petites tailles, des rythmes d'enseignement adaptés àchacun, une prise en compte des progrès accomplis et un soutien individualisé. La difficulté en France paraît, dès lors, résider dans « l'indifférence de la différence ». Autrementdit, il semble que l'école ne tienne pas suffisamment compte de la diversité de ses élèves et de leursdifférents rythmes d'évolution.

Après avoir pris en compte la situation du jeune dans sa globalité et mis en place avec lui et safamille un accompagnement adapté, l'éducateur a alors une mission importante à jouer dans leprocessus de réinsertion du jeune. Or, comment tenter de « raccrocher » le mineur auprès d'uneinstitution dont il n'a certes plus voulue mais où l'inverse est également vrai, dans une certainemesure ? Que mettre en place pour que le mineur reprenne confiance en lui et en ses aptitudes ?

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1 le décrochage scolaire est un processus qui conduit un jeune en formation initiale à se détacher du système deformation jusqu'à le quitter avant d'avoir obtenu un diplôme de niveau 5 (BEP, CAP) ou de niveau supérieur. Ledécrochage est alors, bien souvent, le résultat d'une convergence de plusieurs facteurs dont le mal-être.2 DEBANNE-LAMOULEN Annick « Estime de soi et insertion des jeunes : les laissés pour compte de la cité »,L'Harmattan, 2011.

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Après m'être intéressée à la question de l'insertion, les cinq semaines passées auprès de l'équipepluridisciplinaire de l'UEHC de Dijon m'ont permis, dans un second temps, de me questionner surla prise en compte de la santé des jeunes suivis par les services de la PJJ.

En effet, lorsqu'un mineur placé présente des troubles psychologiques et a été diagnostiqué en cesens avec la prescription d'un traitement médicamenteux très lourd, qui est compétent pour le luiadministrer ? Quel sens peut avoir le placement pour ce jeune alors que l'institution qui le prend encharge est une institution non médicalisée ? De même, quel impact peut avoir la vie en collectivitésur la santé d'un mineur ? Que mettre en place lorsqu'un jeune isolé, introverti, qui manquefortement de confiance en lui doit user de stratégies pour détourner les sollicitations de ses pairs ?Comment faire prendre conscience aux jeunes que dire « non » est aussi une façon de prendre soinde soi, d'exprimer ce que l'on veut ou au contraire, ce que l'on ne veut pas ? Comment faire en sorteque les jeunes prennent conscience de leur état de santé physique et psychique ?

Ayant, à travers ces différentes expériences, développé un réel intérêt pour ces questions, j'ai prisrapidement le parti de travailler sur le thème de la santé/bien être des jeunes en choisissant tout demême d'axer ma réflexion autour de la problématique de l'insertion.Encore fallait-il, cependant, que ce travail soit en cohérence avec les problématiques des jeunes prisen charge au sein de l'unité où je suis pré-affectée et apporte une réelle plus-value à l'ensemble del'équipe éducative.

II) Un sujet en lien avec les problématiques des jeunes pris en charge à L'UEMO de Noisy-Le-Grand

Six communes dépendent de l'UEMO de Noisy-Le-Grand3 : Gagny, Gournay sur Marne, NeuillyPlaisance, Neuilly sur Marne, Noisy-Le Grand et Rosny Sous Bois.Parmi ces six communes, trois se distinguent particulièrement. En effet, Noisy-Le-Grand et Neuillysur Marne représentent chacune 27,8 % des jeunes pris en charge et Gagny 17,7 % 4.Le secteur est marqué par une population issue très largement de l'immigration qui doit faire face àune précarité économique et sociale importante.

Les jeunes pris en charge sur l'unité sont, globalement, déscolarisés et peu ou pas qualifiés ce quirend leur insertion professionnelle plus compliquée.En effet, les jeunes pris en charge connaissent, le plus souvent, des ruptures dans leurs parcours,ont pour la plupart des situations familiales complexes, des relations aux autres difficiles et sontgénéralement en situation d'échec (difficultés scolaires, exclusions…). Tout cela a alors pourconséquence une dévalorisation et un manque de confiance en leurs aptitudes.

Concernant la santé, une étude démontre que «Sur 100 jeunes de 13 à 19 ans interrogés, 91 sedéclarent en bon ou en très bon état de santé tandis qu'ils sont 9 à évoquer un état de santé moyen,mauvais ou très mauvais»5.Ce constat se vérifie nettement auprès des jeunes pris en charge au sein de l'UEMO de Noisy-Le-Grand. En effet, une large majorité des jeunes suivis ont une perception plutôt positive de leursanté.Bon nombre d'entre eux se considèrent alors comme étant en bonne voire en très bonne santé alorsque leur apparence ou leur façon d'agir laissent à penser le contraire. En effet, en apercevant leuraspect physique ou en prenant connaissance de leur situation familiale, personnelle et sociale maisaussi de leur mode de vie, il est aisé de se rendre compte que les problèmes de santé rencontrés sontmultiples.____________________

3 Plaquette de présentation de l'UEMO de Noisy-le-Grand : annexe n°14 source GAME au 31/10/145 Source: DEP-INSEE ; conférence biennale sur la santé des jeunes, 29 octobre 2009.

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Beaucoup de jeunes sont consommateurs de cannabis, d'alcool, et développent même des conduitesaddictives. Certains d'entre eux ont une apparence très négligée, un visage très «marqué». D'autressont fugueurs ou adoptent un mode de vie déstructuré (manque de sommeil, inversion des rythmesde vie…), ce qui a pour conséquence d'engendrer des problèmes de santé tels que des surchargespondérales ou au contraire, de maigreur excessive. Des difficultés psychologiques sont également àsouligner ainsi que des troubles du comportement avec parfois des passages à l'acte violents, enverseux mêmes mais aussi, et ce majoritairement, envers leur entourage (violences intrafamiliales).

Force est alors de constater que tous ces constats repérés aussi bien dans le champ de la santéphysique, psychologique que sociale sont autant d'indicateurs qui laissent à voir le mal être de cejeune public et suscitent, chez moi, de nombreux questionnements.

III) Mes questionnements

Lors de mon arrivée en tant qu'éducatrice pré-affectée, j'ai pu prendre connaissance des différentsécrits inhérents au service et notamment des dossiers des jeunes ainsi que leur contenu.Les documents présents dans ces dossiers ne m'étaient alors pas inconnus : les ordonnances de miseen examen ou de jugement, les DIPC, les notes prises par les professionnels, les rapports éducatifsou encore les RIS6.

Ces Recueils de Santé, totalement vides d'informations ont suscité mon étonnement. En effet, alorsque ce document pourrait permettre au professionnel d'aborder les questions de santé lors desentretiens, pourquoi celui-ci ne s'en saisit-il pas ?

La période allant du mois de septembre à celui de décembre étant une période d'observation et dedécouverte du territoire, j'ai également eu l'occasion, durant ce temps, de participer à différentsentretiens menés par les collègues et de constater que la question de la santé n'était que très peuabordée.

Ces constatations ont alors soulevé plusieurs interrogations : Dans quelles mesures la prise encompte de la santé du jeune peut-elle constituer un levier dans l'action éducative ? L'émergence dela santé peut-elle favoriser la réussite éducative ? Jusqu’où l'éducateur est-il compétent pour traiterces questions de santé ? Qu'est ce que la santé ?

En prenant connaissance des différents partenaires présents sur le territoire, j'ai été agréablementsurprise de constater que L'UEMO de Noisy Le Grand entretenait d'étroites relations avec laMaison Des Adolescents de Clichy sous Bois « AMICA » qui est une structure d'accueil, d'écoute,d'information, d'orientation et de prise en charge dédiée aux jeunes de 12 à 21 ans ainsi qu'à leursparents. Une éducatrice de l'unité est d'ailleurs présente à hauteur de 50 % de son temps de travailau sein de cette association où une consultation jeunes consommateurs se met actuellement enplace.

J'ai également été ravie de la présence d'une Conseillère d'Orientation Psychologue au sein del'unité, un après-midi par semaine. Cette professionnelle qui a pour mission d'informer les jeunessur les possibilités d'orientation, peut également réaliser des bilans de compétences afin d'avoir unemeilleure connaissance du niveau scolaire des mineurs pris en charge.

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6 La note du 16 mars 2007 évoque la mise en œuvre de la loi du 2 janvier 2002 et place le Recueil d'Information Santé(RIS) comme faisant partie intégrante du Document Individuel de Prise en Charge (DIPC)

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V) Choix de la problématique

Madame Najat VALLAUD BELKACEM et Monsieur Manuel VALLS ont présenté en novembre2014, le nouveau plan de lutte contre le décrochage scolaire du gouvernement. Le bilan est alorsplutôt positif puisqu'au 1er décembre 2015, le nombre de jeunes décrocheurs est en baisse. En effet,celui-ci a chuté de 20 % en cinq ans. Environ 110000 jeunes sortent du système éducatif sansaucune qualification contre 135000 il y a cinq ans7. Mais qu'en est-il des jeunes suivis par la PJJ ?

Ces dernières années, la situation des jeunes s'est profondément modifiée. En effet, alors que lajeunesse est généralement la période de la vie où la pathologie est absente, les conditionsfamiliales, de logement, de gain à l'autonomie, d'accès à l'emploi, ont tellement évolué que lesjeunes de plus de seize ans en recherche d'insertion sont confrontés « à des difficultés de santé,autant en terme de fragilités, de souffrances psychologiques et de conditions de vie que decomportements »8.

Une vaste étude concernant les jeunes en difficulté d'insertion démontre d'ailleurs qu'ils « sont enmoins bonne santé tant physique que psychologique que la moyenne. Ils consomment davantage detabac et d'alcool que leurs pairs bien insérés, sont socialement plus fragiles et ne bénéficient pasdu même niveau d'accès aux soins »9.

Les intervenants sociaux sont alors fréquemment confrontés à la souffrance psychologique desjeunes fréquentant les dispositifs d'insertion sociale et professionnelle comme la mission locale parexemple. Pour eux, « cette souffrance constitue un des principaux freins à l'insertion ou à laréinsertion professionnelle et sociale des jeunes en situation de précarité »10.

Persuadée que le passage à l'acte des jeunes pris en charge est symptomatique d'une souffrance bieninstallée, d'un mal-être profond, et convaincue que chacun d'entre eux est capable de reprendre « savie en main », j'ai pris le parti, à travers ce travail de recherche, de réflexion, d'observation,d'analyse mais également d'expérimentation, de traiter la problématique suivante :

En quoi la prise en compte du bien-être, actuel et à venir, des jeunes, peut-elle leur permettrede trouver l'envie et la force de s'ouvrir aux autres, d'élaborer des projets, de croire en leuravenir ?

Pour tenter de répondre à cette question, j'ai choisi de m'appuyer sur trois disciplines en particulierà savoir la psychologie, la psychopathologie et la sociologie qui sont, selon moi, les disciplines lesplus adaptées pour traiter de la santé psychique, de l'estime de soi et du bien-être en général.

De même, j'ai pris le parti de centrer ce travail de recherche et d'analyse sur une catégorie de jeunesbien précise : celle des jeunes âgés de 16 à 18 ans. Ce choix d'exclure les autres tranches d'âgeréside dans le fait que les jeunes âgés de moins de seize ans bénéficient normalement d'uneobligation scolaire11 et ne sont, à priori, pas en difficulté d'insertion. Cette décision réside égalementdans le fait que se joue à la majorité quelque chose de particulier en terme de mal-être et d'estimede soi de la part des jeunes sans insertion, qu'il serait intéressant de traiter dans un autre écrit.

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7 source : le monde.fr « le décrochage scolaire en baisse de 20 % en cinq ans ».8 La santé mentale des jeunes en insertion , étude conduite par les missions locales et les centres d'examen de santé del'assurance maladie- décembre 20099 La santé de l'Homme « Jeunes en difficulté d'insertion : un état de santé plus fragile » n°399 p 2110 Catel P, Deit-Susagna C. Jeunes en insertion : la sante en question. La Sante de l’Homme 2009; (399):1311 Depuis l'ordonnance n°59-45 du 06 janvier 1959, la scolarisation est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans révolus.

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Au moment de cette introduction, trois hypothèses sont formulées :

1. Un jeune qui ne va pas bien, qui ressent un mal-être, aura plus de difficultés à renouer avec lascolarité, à rentrer dans une dynamique de projet, à entamer un processus d'insertion.

2. Les mineurs suivis par les professionnels de la PJJ n'accordent qu'une faible importance à leursanté.

3. Les jeunes pris en charge à la PJJ n'ont que très peu d'estime d'eux- mêmes, ce qui constitue unfrein à leur insertion.

Après avoir procédé à une revue de littérature permettant de recueillir des apports théoriques sur laquestion (I), il conviendra de se pencher sur l'enquête de terrain à l'aide d'un recueil de donnéesmais également en prenant comme base l'étude d'une situation éducative (II) avant, enfin, deconsacrer un troisième point à la partie « expérimentation » (III).

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Pour commencer, il convient de définir les termes clés du sujet afin de savoir précisément de quoion parle et d'orienter au mieux nos recherches et lectures (I). Une fois les termes du sujet définis, ilsemble important de se concentrer sur les spécificités que revêt cette étape de développement touteparticulière qu'est l'adolescence (II), avant de s'intéresser aux différents signaux de mal-être quipeuvent être présents chez les jeunes (III). Il s'agira ensuite de faire un focus sur l'estime de soi(IV), avant de tenter de démontrer que le bien-être contribue largement à la concrétisation d'unprojet d'insertion (V).

I) Définition des termes-clés

A - la santé

La santé, notion assez abstraite et complexe, peut être définie de différentes façons. Il s'agit, eneffet, d'une notion assez relative propre à chaque individu. « Qui pourrait alors la définir sans faireappel non seulement au médecin mais aussi au psychologue, au sociologue, à l'éducateur, aujuriste,… et surtout à l'intéressé lui-même qui est le mieux placé pour parler de sa santé, bonne oumauvaise ? » 12.

Selon René LERICHE, la santé est « la vie dans le silence des organes »13. Autrement dit, ellepourrait être définie comme l'absence de maladie du corps et/ou de l'esprit. Cette définition de la santé est d'ailleurs fortement utilisée dans la vie de tous les jours. En effet iln'est pas rare qu'à la question « êtes vous en bonne santé ? » les réponses données soientgénéralement « oui, je ne suis pas malade » ou « non , je suis malade ».

HIPPOCRATE14, quant à lui, définit la santé comme étant « le résultat d'un équilibre entre lesdifférentes humeurs composant l'être humain ». Il convient de rappeler qu'à cette époque, leshumeurs représentent les désagréments du corps, des éléments qui peuvent provoquer des maladieset des maux. Un rapport entre santé et maladie est donc ici aussi, présent.

L'Organisation Mondiale de la Santé semble, quant à elle, en donner un autre sens puisqu'elledéfinit la santé comme étant « un état complet de bien-être physique, mental et social et passeulement l'absence de maladie ou d'infirmité »15. Cela implique alors que tous les besoinsfondamentaux de la personne soient satisfaits, qu'ils soient affectifs, sanitaires, nutritionnels,sociaux ou culturels. Néanmoins, des critiques concernant le caractère utopique et statique de cettedéfinition ont conduit à sa révision. _______________________

12 Jean-Louis FOUCHARD, Psychologue «Le soin entre acte et parole », Les cahiers de l'actif n°310/311 p 193.13 René LERICHE est chirurgien et physiologiste Français. Cette formule date de 1936 mais continue à être largementreprise dans de nombreux articles aujourd'hui. Https://www.cairn.info/resume.php?ID_article=LRL.091.0047.14 HIPPOCRATE, médecin et philosophe grec, considéré traditionnellement comme « le père de la médecine », « De l'art médical », introduction de P. PELLEGRIN, le livre de poche, 1994, p32. 15 Préambule adopté par la conférence internationale sur la santé, New York, 19-22 juin 1946, signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 États et entré en vigueur la 7 avril 1948 à la constitution de l'Organisation Mondiale de la santé.

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PREMIERE PARTIE: LE BIEN ETRE COMME CLE DE LA REINSERTION

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En effet, en 1982, l'accent est davantage mis sur les potentialités d'adaptation de la personne. Lasanté est alors « la capacité d'une personne à s'adapter à un environnement qui est sans cesse enévolution et aux agressions auxquelles elle peut être confrontée ».

La santé mentale, quant à elle, est définie comme étant « un état de bien-être qui permet à chacunde réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succèset de manière productive et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté »16.

Il semble alors aujourd'hui évident que la santé ne se limite plus seulement à une absence demaladie mais recouvre davantage la notion de bien-être à la fois mental, physique et social et sepose, en ce sens, comme un idéal à atteindre.

B - Le bien-être

1) le bien-être psychologique

En psychologie, deux courants de pensée17 s'opposent : la conception eudémonique et la conceptionhédonique. Selon cette dernière conception, le bien-être est défini comme une satisfaction, un plaisir. « Ilconsisterait alors à vivre beaucoup de moments agréables, peu de moments désagréables et àressentir une grande satisfaction personnelle de sa propre vie ». Il semble, selon cette théorie, quel'individu sera dans un état de bien-être uniquement s'il atteint son but et ce, quel qu'il soit.

La conception eudémonique, quant à elle, donne une autre définition du bien-être qui dépasse leseul concept de bonheur et qui va plutôt vers « l'idée d'un fonctionnement psychologique du sujeten accord avec sa propre nature ». L'eudémonisme soutient alors que certains buts poursuivis ainsique les satisfactions qui en découlent ne sont pas tous « bons ». Il existerait ainsi des formes deplaisir sans aucun lien avec le bien-être psychologique.Le bien-être est ici défini selon six conceptions principales dont l'origine remonte aux théories deROGERS, ERIKSON, BIRREN, JAHODA et MASLOW.

Voici ces conceptions :

- L'autonomie : il s'agit de la capacité d'un individu à penser et à agir seul, à réguler soncomportement de l'intérieur mais également à pouvoir s'évaluer selon ses propres normes.

- La maîtrise de l'environnement, un certain contrôle de son milieu : l'individu devra avoir lacapacité de favoriser des contextes qui conviennent à ses besoins et à ses valeurs personnelles.

- La croissance personnelle : Il est ici question pour l'individu d'avoir le sentiment de réaliser sonpotentiel, d'avoir une meilleure connaissance de lui-même en se rendant compte de ses propresprogrès avec le temps.

- Les relations positives avec les autres : être capable d'empathie, d'affection et d'intimité, sesoucier du bien-être d'autrui améliorerait sensiblement notre propre bien-être.

- Les buts dans la vie, le sens de la vie : avoir le sentiment que sa vie présente et passée a un sens,avoir un but, un projet, des raisons de vivre, participeraient également au bien-être d'une personne.___________________

16 OMS, la santé mentale : renforcer notre action, aide mémoire n°220, août 201417 Laguardia, J.G et RYAN, R.M(2000). Buts personnels , besoins psychologiques fondamentaux et bien-être : théoriede l'autodétermination et applications. Revue québécoise de psychologie, 21. p 281-304.

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- L'acceptation de soi : Il s'agit ici pour l'individu d'avoir un regard positif envers lui-même maisaussi envers sa vie passée.

2) Le bien-être social :

Le bien-être social d'un individu vivant dans une société peut se résumer à la satisfaction de sesbesoins. Selon Abraham MASLOW18, l'individu est en perpétuelle recherche de son bien-être etdoit pour cela satisfaire cinq grands niveaux de besoin. L'idée est alors que l'Homme n'atteindrait laplénitude et le succès que s'il est satisfait sur tous les domaines classés par ordre de priorité commele démontre cette célèbre pyramide :

Dans un premier temps, se trouve le pallier physiologique. Celui-ci regroupe les besoinsfondamentaux nécessaires à la survie de la personne, à savoir le besoin de respirer, de boire, demanger, d'éliminer les déchets mais également le sommeil, la régulation de la températurecorporelle puis le besoin d'hygiène.

En second lieu, notons le besoin de sécurité. Celui-ci est propre à chacun et provient de l'aspirationque l'individu a à être protégé tant physiquement que moralement. Cela englobe alors la sécurité del'emploi, celle des revenus et des ressources, la sécurité physique contre les agressions, la sécuritémorale et psychologique , la stabilité familiale mais aussi la santé.

Vient ensuite le besoin d'appartenance qui englobe, quant à lui, le besoin de communication etd'expression mais également d'adhésion à un groupe. Il est alors ici question du besoin d'intégrationsociale et de reconnaissance.

Le besoin d'estime arrive en quatrième position et fait référence au besoin d'être respecté, de serespecter soi-même et de respecter les autres. Soulignons ici l'importance de se réaliser, de sevaloriser , d'avoir des projets, des objectifs, des convictions.

Enfin, en cinquième et dernier lieu, le besoin d'accomplissement personnel fait appel au besoin decommuniquer avec son entourage et de participer, aussi modestement soit-il, à l'amélioration dumonde.

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18 Abraham MASLOW, célèbre psychologue américain « A theory of human motivation » Psychological Reviewn°50,1943.

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3) Le bien-être physique :

Le bien-être physique fait généralement référence à l'absence de douleur corporelle et au bonfonctionnement organique. Plusieurs items peuvent permettre de déceler si un individu est ou nonen bonne santé physique comme par exemple la condition physique, la souplesse musculaire, le bonfonctionnement articulaire, la récupération physique efficace, une respiration efficiente, unsommeil non perturbé, une digestion facile, etc.

C - L'insertion sociale et professionnelle :

Le mot « insérer » vient du latin « in-sere » qui signifie « introduire dans ». L'insertion serait alorsun processus qui conduit une personne à trouver une place reconnue dans la société. Cette insertionpeut être sociale mais aussi professionnelle.

1) L'insertion sociale

La notion d'insertion se rapproche sensiblement de la notion de socialisation. A ce sujet,Durkheim19 distingue deux types de socialisation : la primaire qui se déroule à l'intérieur du cerclefamilial et la secondaire qui a lieu, quant à elle, au sein de l'espace scolaire, de l'entreprise, au coursdes échanges avec autrui. C'est alors grâce à cette socialisation acquise que l'individu parvient àtrouver sa place dans la société, à adopter les règles, normes et valeurs de l'espace dans lequel ilévolue.

L'insertion sociale serait « l'action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers unesituation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement »20.

L'insertion sociale est certes indissociable de la socialisation mais elle l'est également du facteurtravail. C'est alors la raison pour laquelle insertion sociale et insertion professionnelle sont sisouvent mises conjointement sous la même expression « d'insertion socio-professionnelle ».

2) L'insertion professionnelle

Certains auteurs21 définissent l'insertion professionnelle comme « un processus qui conduit unepersonne sans expérience professionnelle à occuper une position stabilisée dans le systèmed'emploi ».

Le dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation définit l'insertion professionnellecomme « le processus d'accès à l'emploi, qui renvoie donc la capacité d'effectuer avec succès latransition entre l'école et le marché du travail ».

Ces dernières années, l'insertion apparaît plutôt comme un processus complexe et difficiled'alternance de périodes d'emplois précaires, de chômage, de formation, d'acquisitions aboutissantou non à la stabilité professionnelle. Les notions d'insertion professionnelle et d'insertion socialesemblent alors être étroitement liées. En effet, sans être inséré socialement un individu aura degrandes difficultés à s'insérer professionnellement. Cependant la précarité de la vie professionnellepeut aussi entraîner une désintégration du lien social et donc de l'insertion sociale d'un individu.____________________

19 DURKHEIM Émile, considéré comme le fondateur de la sociologie. « Les règles de la méthodesociologique. « L'éducation morale », PUF, Coll, 1992. 20 IIDRIS : Index International et Dictionnaire de la Réadaptation et de l'Intégration Sociale21 B. FOURCADE, J-J PAUL, M VERNIERES, (1994), l'insertion professionnelle dans les pays en développement :concept, résultats, problèmes méthodiques.

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D - Les jeunes :

Le dictionnaire de la langue Française définit la jeunesse comme étant celle qui « représente lapériode de la vie humaine comprise entre l'enfance et l'âge mûr, c'est alors le fait d'être jeune, dene pas être avancé en âge »22.

Olivier GALLAND, semble aller dans ce même sens puisqu'il définit la jeunesse comme étant « unpassage entre un âge et un autre »23. Pour Pierre BOURDIEU, en revanche, la jeunesse n'est« qu'un mot »24.

La relative diversité des définitions que l'on peut donner de la jeunesse explique d'ores et déjà ladifficulté d'en donner un sens unique, ce qui s'explique par l'appréciation subjective que chacunpeut en avoir, mais aussi parce que la notion de jeunesse recouvre des réalités très variées.

Une période est souvent mise en lumière lorsqu'on parle des jeunes : l'adolescence. Mais qu'entend-on par « adolescence » ? La définition donnée par le dictionnaire qui consiste à dire qu'il s'agitd'une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte, débutant à la puberté et se terminant versdix huit ou vingt ans, semble simple. Le terme recouvre cependant une situation plus complexe surlaquelle il conviendra de se pencher.

Selon David LEBRETON, la période de l'adolescence a évolué depuis une vingtaine d'années. Pourlui, « l'idée d'adolescence a volé en éclat, en amont et en aval. Des enfants de plus en plus jeunesprésentent des conduites à risques tandis que d'autres, la trentaine passée, continuent à secomporter comme des gamins et ne veulent pas assumer les responsabilités inhérentes à la vied'adulte ». Toujours selon le sociologue, « ce changement est du à l'évolution de la famille et à lamontée de l'individualisation car chacun est désormais sommé de donner un sens à sa propreexistence. Il n'y a plus de valeurs communes qui puissent soutenir le passage de l'adolescence versl'âge adulte. L'adolescent a alors une infinie liberté avec, en contrepartie, l'absence d'une boussolesymbolique qui lui permettrait de s'orienter »25.

Quoi qu'il en soit, la protection Judiciaire de la Jeunesse qui intervient également pour les jeunesmajeurs a principalement pour cœur de mission l'action éducative pour les mineurs dans le cadrejudiciaire. Un mineur étant « l'individu de l'un ou de l'autre sexe qui n'a point encore atteint l'âgede dix-huit ans accomplis »26.

II) La période d'adolescence : un temps de passage spécifique

L'adolescence est une étape clé de l'autonomisation qui représente une mise à l'épreuve desressources personnelles. Cette sollicitation peut alors faire engager chez l'adolescent ses éventuellesinsuffisances, manques, peurs, attentes.

A contraintes et facteurs de risques semblables, le destin des adolescents peut être radicalementdifférent. En effet, celui-ci dépend bien souvent de la qualité des rencontres avec des personnessignificatives de son entourage, du milieu soignant et/ou éducatif.

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22 Dictionnaire de la langue Française, Le petit Larousse, Édition 1998.23 Olivier GALLAND, Sociologie de la jeunesse, Armand Collin, 200124 Pierre BOURDIEU, site internet : homme-moderne.org.25 David LEBRETON, Sociologue et anthropologue, « ASH n° 2957 en date du 22 avril 2016 p 3026 Article 388 du code civil

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L'adolescent est un « être en devenir » et se caractérise par un besoin de changement,d'indépendance. Cette période de développement inclut une grande densité d'interaction entre lecadre familial, la construction d'un réseau social et d'activités autonomes, les conditionsd'existence, le style de vie, le corps et l'équilibre psychique.

Un adolescent cherche alors à devenir maître de son corps et de sa vie. Cette dynamique impliquedes essais, des découvertes et des prises de risque avec toutes les conséquences potentielles sur lasanté.

Cette traversée vers l'âge adulte qui rend le jeune vulnérable passe par une métamorphose physique(A), psychique et sociale (B) mais également sexuelle (C).

A - Le corps au cœur de l'expérience adolescente

Le début de l'adolescence est habituellement défini par des critères physiques tels que l'apparitiondes signes pubertaires27, tandis que la fin de l'adolescence est davantage définie par des critèressociaux comme l'intégration dans la vie professionnelle et la stabilité affective.

A l'adolescence, le corps subit des changements spectaculaires qu'il s'agisse de la taille, de la voixqui devient plus grave, de la pilosité et des organes génitaux qui se développent ou encore del'apparition de problèmes liés à la peau comme l'acné. Ces changements à l'adolescence sontattribuables aux hormones secrétées par certaines glandes endocriniennes.

La puberté constitue alors un moment délicat de l'évolution humaine en ce sens qu'elle déversel'adolescent dans un autre corps, et par la suite dans une autre identité qu'il doit assumer. En effet,l'adolescent doit accepter un corps d'adulte tout en renonçant à son corps infantile, garant d'unesécurité plus ou moins installée au cours des années.A ce sujet, FREUD évoque la notion « d'inquiétante étrangeté »28 pour décrire le temps oùl'adolescent a face à lui un autre qu'il peine à identifier suite aux différents changements physiquesqui s'opèrent.

L'adolescent, qui connaît tous ces changements, est un être vulnérable. Françoise DOLTO utilised'ailleurs l'expression du « complexe du homard » pour qualifier la vulnérabilité à l’œuvre dans cemouvement qui place le corps comme vecteur de l'expérience adolescente. Selon elle, « pour bien comprendre ce qu'est le dénuement , la faiblesse de l'adolescent, il fautemprunter l'image des homards et des langoustes qui perdent leurs coquilles : ils se cachent sousles rochers à ce moment-là, le temps de sécréter leur nouvelle coquille pour acquérir des défenses.Mais si, pendant qu'ils sont vulnérables, ils reçoivent des coups, ils sont blessés pour toujours, leurcarapace recouvrira les cicatrices et ne les effacera pas »29.

Le corps est souvent au cœur de l'expérience adolescente, le corps change, il peut alors être vucomme un écran de projection des problématiques à l’œuvre chez le jeune. En effet, le corps, levisage, l'aspect physique de l'adolescent peuvent parfois révéler certaines problématiques.Toutefois, il convient de veiller à ce que ce corps ne nous fasse pas, à nous aussi, en tant queprofessionnel, écran. Autrement dit, il convient de ne pas se contenter de ce que l'on voit, de ce quel'on entend mais bel et bien d'aller chercher au-delà.

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27 BIRRAUX Annie « L'adolescent face à son corps », Préface de François MARTY, édition Albin MICHEL , 2013.28 Sigmund FREUND, « l'inquiétante étrangeté ou « Das unheimliche » Essais de psychanalyse appliquée, Paris,Gallimard, Coll. « idées », 1976. 29 Françoise DOLTO, « la cause des adolescents », POCKET, 2003

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L'adolescence est alors, certes, une période de vulnérabilité qui marque, comme dit précédemment,un changement physique important, mais cette période de la vie peut aussi se voir comme un tempspsychique, un processus de reprise de certains éléments du passé.

B - La mise en pensée d'un vécu

Les trois premières années de la vie représentent la période primordiale du développement moteur,cognitif, émotionnel, interpersonnel et des liens d'attachement.

Pour STEINHAUER30, «Un enfant qui n'aurait pas développé avant ses deux ans sa capacitéd'attachement gardera de graves séquelles tant sur le plan social que cognitif».

Selon John BOWLBY31, les fonctions de l'attachement sont «la protection, le réconfort et laconsolation quand l'individu perçoit des menaces extérieures ou internes».

Pour Mary AINSWORTH 32 «être attaché à quelqu'un, c'est éprouver ou rechercher un sentiment de sécurité et de bien être en sa présence et pouvoir l'utiliser comme base de sécurité pour explorerle monde». Elle distingue alors deux grands types d'attachement, celui qualifié de «sécure» et celui désigné comme étant «insécure». Pour ce qui est du premier type d'attachement, le nourrisson a acquis la certitude que l'on va répondre correctement à ses besoins et développe ainsi une image positive de lui même. Dans le second type, les réponses de l'entourage au besoin d'attachement ne sont pas adéquates, le nourrisson ne développe alors qu'une faible estime de lui même.

Différents types d'attachement insécure existent. Il s'agit, en premier lieu, de celui «évitant oufuyant» où l'enfant a une tendance à l'indifférence et où la maman rejette ou coupe constamment lecontact avec l'enfant ou au contraire le stimule exagérément. Il s'agit, en second lieu, de celui«désorganisé» qui concerne bien souvent les enfants maltraités, l'enfant adopte alors descomportements contradictoires. Enfin, il est question, en dernier lieu, de l'attachement insécure detype «ambivalent» où le nourrisson semble perturbé quand il est séparé de la figure d'attachementmais ne semble pas être plus rassuré par ses efforts pour le réconforter. Dans ce dernier cas, lafigure d'attachement est souvent inconstante, dépressive, tantôt disponible, tantôt indisponible.

Se produit ensuite, chez tout enfant, un processus de « séparation-individuation »33. Il s'agit là d'unprocessus qui évolue au gré des différentes acquisitions de l'enfant. L'évolution de ce processus estalors liée aux réponses de l'entourage et à la qualité de l'attachement mis en place. Il est alors pourl'enfant indispensable de bien « s'attacher » pour être capable de bien se « détacher », ce qui est lavoie normale de toute individuation.

L'adolescence s'entend comme un processus qui va parfois révéler les « micros-fractures » del'enfance, réactiver des conflits « en état de veille ». En effet « si tout se prépare pendant l'enfance,tout se noue au cours de la période de latence et se joue à l'adolescence »34. Les rites de passagessemblent aider les jeunes à cette « traversée là ».

D'ailleurs, selon Nathan35, « si les rites disparaissent, on voit chez les jeunes de nos sociétés descomportements que l'on pourrait considérer comme des rites de substitution».

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30 Paul.D Steinhauer, psychiatre « Le moindre mal », Les presses de l'université de Montréal, 1996.31 John BOWLBY, psychiatre et psychanalyste, célèbre pour ses travaux sur l'attachement, la relation mère-enfant.« Les effets sur le comportement d'une rupture des liens affectifs », Hygiène mentale du Canada n°59 p1 à 13.32 .Mary AINSWORTH, psychologue du développement qui a joué un rôle important dans la théorie de l'attachement. 33 Concept introduit par Marguaret MALHER,« Psychose infantile », Payot, Paris, 1977. 34 Kestemberg E « Notule sur la crise de l'adolescence », revue française de psychanalyse, 1980.35 NATHAN T «L'influence qui guérit », Odile Jacob, 1994.

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Peuvent être inclues dans ces nouveaux rites de passage, l'augmentation des consommations chezles adolescents, une délinquance de plus en plus violente et banalisée, une quête de reconnaissanceet de respect (passage par la prison) mais également des conduites suicidaires (relations sexuelles àrisques, conduites ordaliques, scarifications…). Toutes ces conduites marquent un mal-être évidentqu'il convient de repérer.

C – La réactivation du conflit œdipien

Il existe, selon FREUD, trois stades de développement psychosexuel chez l'enfant36. Le stade oralavec la succion, la bouche étant le lieu essentiel des sensations de plaisir de l'enfant. Le stade anal,ensuite, durant lequel l'enfant prend conscience de la défécation et où « le boudin fécal » devient unobjet d'échange sur le plan de l'affectivité avec la mère. Le stade phallique, enfin, où l'enfantdécouvre son sexe et certaines sensations au moment du lavage. Le garçon remarque, bien souvent,l'absence de pénis chez sa mère et nie d'abord l'évidence avant d'accepter et d'avoir peur de perdrele sien (angoisse de la castration). Parallèlement à cela, l'enfant se rend compte que sa mèreéprouve un sentiment tendre avec le père et qu'il n'est pas le seul à combler ses besoins. Cettedécouverte marque l'entrée dans le complexe d’œdipe.

Le complexe d’œdipe se déroule également en trois grandes phases. En effet, débute un tempsfusionnel entre l'enfant et la figure maternelle, un temps d'identification entre soi et l'autre. Peu àpeu, la figure maternelle va s'intéresser à nouveau au père ce qui fera diminuer le sentiment detoute puissance ressenti par l'enfant. Puis, considéré comme faisant obstacle à l'état de fusion entrel'enfant et sa mère, le père sera vu comme un rival. Le complexe d’œdipe est donc caractérisé lorsque le parent du sexe opposé est l'objet de pulsionsd'amour alors que celui du même sexe fait l'objet de pulsions agressives.

Vient ensuite une période de latence où l'enfant tourne sa curiosité vers d'autres activités et d'autresobjets.

Enfin, à l'adolescence, s'opère un regain du conflit œdipien mais ce, dans un corps« agressivement » et « sexuellement » équipé. Selon WINNICOTT 37, « l'adolescent va vouloir seséparer de ses parents pour les protéger de cette émergence pulsionnelle ». C'est notamment, à cemoment, que les adolescents cherchent à exister en dehors de la sphère familiale et que la pressionaux groupes de pairs est importante. C'est également à cette période que les adolescents font ledeuil de leurs désirs œdipiens et (re-) construisent leur orientation sexuelle.

L'adolescence est alors une période périlleuse qui peut faire naître chez les jeunes un mal-êtreévident, mal-être qui peut être plus ou moins profond en fonction de l'environnement dans lequel lejeune évolue et qui peut se manifester de différentes façons.

III) Le mal-être chez les jeunes : causes et conséquences

En France, de plus en plus de jeunes font état d'un mal-être profond. Le fonds des Nations Uniespour l'enfance a, à ce sujet, mené au printemps 2014, une vaste étude auprès des 12-18 ans, qui afait l'objet d'un rapport remis au gouvernement. « Quelque 7000 adolescents ont alors évoqué leurquotidien mais aussi leurs peines, leurs idées suicidaires et conduites addictives, d'une ampleurinquiétante ». « 43 % des jeunes de 15 ans et plus seraient ainsi en situation de souffrancepsychologique »38.______________________36 Freud S, « trois essais sur la théorie de la sexualité », traduit par B. REVERCHON-JOUVE, Paris, Gallimard, 1923.37 winnicott D.W « Jeu et réalité », l'espace potentiel », Gallimard, 1975.38« Près de la moitié des ados français en état de souffrance psychologique, selon l'unicef », le monde.fr , le 23septembre 2014.

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A - L'impact de l'environnement du jeune sur son bien-être

L'état de santé d’une personne se caractérise par des interactions complexes entre plusieursfacteurs, plusieurs déterminants. D'une manière générale, le bien-être des jeunes semble êtreétroitement lié à leur environnement familial, à leurs modes et conditions de vie mais aussi auxrésultats scolaires, et aux relations sociales.

Il convient, tout d'abord, de souligner le fait que la santé et le bien-être sont liés aux traits depersonnalité du jeune. Alors que certains ont tendance à ne pas être sociables, à être pessimistes etinstables émotionnellement, d'autres ont une faculté d'adaptation, de résistance et sont, par nature,optimistes, ce qui a un impact important sur la sensation de bonheur et de bien-être général.

Ensuite, « l'environnement scolaire et familial est perçu de manière plus négative par les jeunesrésidant en île-de-France que par leurs homologues de province : en île-de-France, les jeunes sesentent moins souvent valorisés par leurs parents, sont plus nombreux à avoir redoublé et àprésenter des comportements témoignant d'une mauvaise insertion scolaire »39.

L'impact de l'origine sociale sur la réussite scolaire et le bien être est un sujet qui n'est pas nouveau.En effet, la littérature en sociologie de l'éducation a déjà fait état de nombreux résultats derecherche. Si avant les années 1960, l'échec ou la réussite était, très souvent, expliqués à partir dustatut ou de la réputation de l'école fréquentée, le rapport COLEMAN40 a modifié la question et aouvert de nouvelles pistes d'analyse. Ce rapport avance le fait « que la fréquentation d'une« bonne » ou d'une « mauvaise » école importe peu finalement dans la performance de l'élève.C'est, au contraire, le milieu familial qui peut être préjudiciable à la performance de ce dernier ».

Selon certains auteurs41, le niveau socioculturel de la famille ainsi que l'environnement social sontégalement des indicateurs qui favorisent ou non la réussite scolaire et le bien-être de l'apprenant.

Le style de vie peut aussi être favorable comme défavorable à la santé. Il en est de mêmeconcernant les facteurs économiques qui se rapportent à l'accès au travail, au mode de vie précaire,aux difficultés financières, à l'accès aux services et aux équipements essentiels comme l'habitat,l'eau, les services de santé, la nourriture etc. En effet, « On retrouve une corrélation entre uncapital social bas et des indicateurs d'une mauvaise santé mentale comme le suicide, latoxicomanie les crimes, les violences familiales et la dépression »42.

Ces facteurs, qu'ils soient familiaux, scolaires, socio-économiques ou encore environnementaux ontun impact direct sur la santé et le bien-être des jeunes. Ils sont alors, bien entendu, en partieresponsables du mal-être qui peut être ressenti et qui peut s'exprimer de diverses façons.

B - Des symptômes d'un mal-être qui interpellent

Les symptômes qui montrent qu'un jeune ne va pas bien vont du moins alarmant à ceux plus graveset plus significatifs. Bon nombre de comportements et d'attitudes démontrent un mal-être certainchez les jeunes suivis par les services de la PJJ.

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39 « Conduites à risque chez les jeunes de 12 à 19 ans en Ile-de-France », Analyse régionale du baromètre CFES,Observatoire Régional de santé d'Ile-de-France, Mars 2000, p 117.40 Rapport de Monsieur James COLEMAN, sociologue Américain, publié en 1966. Ce rapport analyse les inégalitésdans le système scolaire Américain.41 Bourdieu, P et Passeron, J.C , 1970, « la reproduction », Paris, édition Minuit.42 « La santé mentale : l'affaire de tous, pour une approche cohérente de la qualité de la vie », Centre d'analysestratégique, la documentation française, rapports publics, novembre 2009.

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J'ai pris ici le parti de ne m'intéresser qu'à ceux que l'on rencontre le plus souvent dans lesdifférentes prises en charge à savoir les addictions, les scarifications, la mauvaise hygiènealimentaire et corporelle, les troubles du sommeil et l'inactivité.

1) Le passage à l'acte délictuel

Du latin deliquentia qui signifie faute, délit, manquer à son devoir, fauter, la délinquance estl'ensemble des délits, infractions et crimes commis en un lieu ou durant une période donnée. C'estégalement une conduite individuelle caractérisée par des infractions répétées. La délinquance aalors un sens essentiellement juridique qui renvoie à la loi et à la transgression.

La délinquance ne peut être que « passagère » , il peut s'agir « d'une erreur de parcours » de la partdu jeune mais cela peut également être le symptôme d'une pathologie installée ou naissante.

Selon Claude BALIER43, « si la délinquance peut être une façon de s'affirmer et si la transgressiondes normes peut permettre d'éprouver et de distinguer les limites extérieures au moment del'adolescence, il peut également s'agir de sujets dont l'acte traduit une incapacité de maîtrise despulsions et dont le moi intérieur n'est pas assez fort pour en assumer les conséquences ».

La gravité des comportements dépasse parfois la seule problématique adolescente. En effet, le sujetrecherche, bien souvent, un moyen ultime pour éviter de vivre une réalité trop difficile.

A travers leurs différents passages à l'acte, les jeunes semblent remettre en scène des problèmesvécus au sein de leur propre famille. Leurs agissements reproduiraient ceux de leurs parents ou deleur entourage ou seraient en réaction à ceux-ci. FREUD parle alors de « compulsion derépétition »44 pour expliquer que sans en avoir conscience, l'individu répète des expériences qui ontété douloureuses pour lui comme si cela témoignait d'un défaut d'élaboration, de prise deconscience, de prise de recul nécessaire.

Enfin, le passage à l'acte tout comme les addictions ou encore la somatisation peut être un moyenpour un sujet « en état limite »45 de surmonter ses souffrances. Le passage à l'acte pourrait alors luipermettre d'évacuer les tensions, être un moyen de survivre psychiquement, sans penser auxconséquences que cela pourrait avoir.

2) Les addictions

Le mot « addiction », vient de la racine latine « ad-dicere » qui signifie « dire à ». Au moyen-âge,« être addicté » signifiait qu'une personne, qui ne pouvait rembourser sa dette, recevait uneordonnance du tribunal l'obligeant à payer son créancier par son travail. Cela exprimait alors uneappartenance en terme d'esclavage. Le dictionnaire46 définit, aujourd'hui, l'addiction comme étant « une conduite qui repose sur uneenvie répétée et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.Une addiction se manifeste par un phénomène de manque lorsque le sujet est privé d'un besoin nonvital ». Le terme addiction recouvre alors plusieurs comportements de consommations, du plusanodin au plus pathologique.______________________43 Balier C, « Psychanalyse des comportements violents », Paris : PUF, 1988.44 FREUD S, « Au delà du principe de plaisir », Édition Presses universitaires de France, 2004. 45 Chez les sujets « en état limite », on retrouve bien souvent une histoire de vie marquée par des violences, desplacements ou des hospitalisations répétés, des défauts d'étayage. De nombreuses carences de soins sont également àsouligner avec une absence de la reconnaissance de la valeur de l'enfant. On retrouve chez ces sujets des tempsd'angoisses massifs qui les submerge. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un diagnostic d'attente, on parle de moment ou defonctionnement limite.46 Dictionnaire, le Petit Larousse, 2010.

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Nous notons une augmentation de la consommation massive et ce, notamment chez les jeunes demoins de 18 ans. En effet, alors qu'il s'agit parfois uniquement d'une consommation à titred'expérimentation, 12 % des jeunes consomment de l'alcool tous les trois jours et 9,2 %consomment régulièrement du cannabis47. Il est à noter aussi que 50 % d'entre eux ont uneAlcoolisation Ponctuelle Importante48 par mois et que 21,8 % ont plus de trois API par mois.

Selon David LEBRETON49, « La dépendance aux drogues coupe court au mal-être en produisant àla longue un contre corps de sensation ». Il s'ensuit qu'au « manque à être », se substitue « lemanque du produit ».

L'attachement aux drogues ou à d'autres substances, comme le tabac ou l'alcool, témoigne alors,bien souvent, de la difficulté du jeune à étayer un sentiment d'être sur des assises suffisammentsignifiantes.

La consommation de produits peut se faire seule ou en groupe, de façon régulière voire quasimentquotidienne. Les mineurs semblent rechercher de plus en plus un effet « défonce », semblable à uneanesthésie de l'esprit et du corps comme s'ils voulaient trouver un moyen d'oublier les problèmes,un moment de rupture indispensable avec le quotidien.

On comprend, dès lors, que l'addiction ne favorise pas l'insertion de ces jeunes voire même lacomplique davantage. D'ailleurs, ce manque d'insertion, d'activité, est bien souvent, à l'origine deces consommations excessives. S'ensuit alors un cercle vicieux auquel les jeunes ne peuventéchapper sans aides extérieures.

3) Les scarifications

Tous les signes, tous les marquages du corps n'ont pas le même sens. En effet, il peut s'agir de ritestraditionnels (tatouages), d'effets de mode (piercings), de modalités d'expression (« body art »)mais aussi de signes de souffrance ou de conduites pathologiques tels que les scarifications ou lesautomutilations.

Le mot scarification vient du latin « scarificare », qui signifie « inciser ». La scarification est alorsune sorte d'entaille de la peau qui provoque, généralement, un écoulement de sang et laisse unetrace irréversible sous forme de trait.

L'agressivité à l'adolescence peut prendre la forme de violences cutanées auto-infligées aussiappelées scarifications. Ces violences sont alors définies comme « une altération intentionnelle,consciente et directe des tissus de l'organisme sans volonté de mourir »50.

L'impossibilité de dire et de parler de sa souffrance est, bien souvent, à l'origine de cette pratique.Les jeunes qui se scarifient préfèrent la douleur physique que cela leur procure à la douleurpsychique qui est, quant à elle insupportable. Les scarifications seraient alors des tentatives des'extirper d'un malaise. En effet, à travers la scarification, le jeune semble avoir besoin d'exprimer,d'évacuer un trop plein de tension ou de « rage intérieure » qui le submerge.

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47 Enquête « ESCAPAD » réalisée par L'Observatoire Français des drogues et des toxicomanies en 201448 Une Alcoolisation Ponctuelle Importante signifie que l'individu a consommé plus de cinq verres sur un laps detemps d'une heure).49 LE BRETON David, « La peau et la trace, sur les blessures de soi », Paris : Métailié, 2003.50 RICHARD (B), « Les comportements de scarifications chez l'adolescent », 2005.

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Le sentiment de sécurité de soi ressenti par le jeune paraît être si fragile que cela ne peut passer quepar des actes concrets. En effet, la notion de marquage est présente et peut être vécue comme unbesoin de matérialiser et externaliser sur soi les souffrances intimes.

D'ailleurs, « La scarification n'a pas valeur de passage à l'acte (psychopathologique) mais d'actede passage (sociologique) pour des jeunes en quête de sens de leur existence »51.

4) Une mauvaise hygiène corporelle, vestimentaire et alimentaire

L'hygiène corporelle et vestimentaire

L'hygiène-propreté joue un rôle important pour la santé individuelle mais également pour la santécollective. Si l'hygiène limite les infections et les microbes, elle renvoie aussi à des codes sociauxpropres aux cultures.

Les pratiques d'hygiène permettent la santé de la peau, le bien-être, la détente du corps maiségalement d'avoir une image positive de soi, essentielle dans la relation aux autres. Il peut alorss'agir de soin du corps (lavage des mains, lavage des dents, soin des cheveux etc). Il peut aussis'agir de l'hygiène vestimentaire (vêtements propres et renouvelés, vêtements adaptés à latempérature ambiante et à la saison etc).

L'hygiène alimentaire

Une alimentation équilibrée permet d'assurer une bonne croissance pendant l'enfance etl'adolescence, favorise le bon fonctionnement de l'organisme mais aussi de prévenir certainesaffections (maladies cardiovasculaires, obésité etc). Elle permet également de lutter contre lescarences responsables de maladies dites nutritionnelles (carences en fer, calcium etc).

Plusieurs troubles du comportement alimentaire existent (se faire vomir, manger énormément avecde la peine à s'arrêter, manger en cachette, manquer d'appétit, manger en très faible quantité…).Ces troubles alimentaires sont d'origine multifactorielle. En effet, il peut s'agir de facteurs d'ordrebiologique (facteurs héréditaires), d'ordre psychologique (dépression, mauvaise estime de soi,anxiété) ou d'ordre culturels, sociaux et familiaux.

5) Les troubles du sommeil

Les troubles du sommeil sont des dysfonctionnements des cycles du sommeil. Ils peuvent êtreclassés en trois catégories52 :

Les dyssomnies : Il s'agit là de troubles perturbant la qualité ou la durée du sommeil. Cesinsomnies sont ici d'origine psychologique, liées à la consommation de substances tel que l'alcoolou à des pathologies comme la narcolepsie.

Les parasomnies : Il est ici question de comportements anormaux pendant le sommeil qui n'ontpas de perturbation importante et qui n'altèrent en rien la vigilance de la personne au cours de lajournée. Nous pouvons noter à titre d'exemple, le somnambulisme ou encore les apnées dusommeil.

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51 LE BRETON (D), « scarifications adolescentes », Enfance & Psy, 32, 45-5752 Revue en ligne Sciences et Avenir « Troubles du sommeil : définition, symptômes, traitements » publié le 08janvier 2016

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Les insomnies: Nous trouvons dans cette dernière catégorie les troubles du sommeil d'originepsychotique, neurologique ou bien liés à d'autres maladies. Les causes de l'insomnie sont alorsnombreuses. En effet, elles peuvent être liées à un état psychologique fragile (anxiété, stress,dépression) ou à l'abus de substances diverses (alcool, drogue, médicaments…). L'hygiène de vie,les horaires décalés peuvent également être des facteurs explicatifs. L'insomnie est dite chroniqueou sévère quand elle survient plus de trois fois par semaine depuis plus de trois mois.

Manquer de sommeil peut avoir de nombreuses conséquences néfastes sur la santé comme lesurpoids, l'aggravation des troubles respiratoires, l'irritabilité, la fatigue, une baisse de performanceetc. En effet, quel que soit l'âge, le sommeil est un bon indicateur de l'état de santé d'une personne.Le manque de sommeil peut affecter le physique mais aussi et surtout les capacités cognitives etsociales. Un jeune qui manque de sommeil aura une mémoire moindre non seulement du point devue de l'acquisition (difficulté de concentration) mais aussi de la rétention d'informations. Lafatigue peut entraîner également une « amnésie du futur » c'est à dire une incapacité à se projeterdans le futur et donc à envisager les conséquences de ses actes.

On comprend dès lors que les troubles du sommeil peuvent être à l'origine d'un échec scolaire etque ceux-ci doivent être pris, tout comme les autres indicateurs de mal-être, en considération.

6) L'inactivité

Si le corps est souvent marqué par un manque ou une mauvaise hygiène physique, il l'est aussi parl'absence de rythme dans la journée. L'inactivité est communément définie comme l'état dequelqu'un qui n'a pas d'occupation. Dominent chez les sujets inactifs des tendances les conduisant àne pas se réaliser à travers les activités extérieures. Ces dernières peuvent être diverses. En effet, ilpeut s'agir d'activités sportives, ludiques, artistiques, culturelles, des déplacements ou encore destâches quotidiennes, qu'elles s'effectuent dans un cadre familial, scolaire ou entre amis.

L'absence de rythme a alors des conséquences inéluctables sur l'insertion. En effet, en vivant « endécalés », les jeunes restent éveillés une grande partie de la nuit et somnolent la journée ouexpriment des difficultés de concentration.

Les jeunes qui sont « inactifs » ou qui le deviennent n'éprouvent, bien souvent, plus d'intérêt àpoursuivre leurs activités habituelles et font part d'un manque d'enthousiasme et de motivationimportant. Bien souvent, ces jeunes sont incapables de dire leur mal-être et même, de le percevoir.

Ritualiser la journée, imposer des horaires et un emploi du temps constituent alors la base del'accompagnement proposé et du travail éducatif.

IV ) L'estime de soi : des signes intérieurs et extérieurs de bien-être

A - Qu'est ce que l'estime de soi

Selon certains auteurs53, l'estime de soi serait « le jugement ou l'évaluation que l'on fait de soi-même, en rapport avec ses propres valeurs ». Ce jugement s’appuierait sur la connaissance de soi,qui « peut évoluer en fonction de ce que l'on vit ».

On peut alors résumer cette définition en affirmant que l'estime de soi, véritable degré desatisfaction de nous-mêmes, constitue une dimension fondamentale de notre personnalité qui seconstruit de manière progressive. _____________________53 MARTINOT D « connaissance de soi et estime de soi : ingrédients pour la réussite scolaire », Revues des Sciencesde l’Éducation, 2001.

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L'estime de soi serait alors une valeur changeante qui peut augmenter ou diminuer selon le regardque l'on porte sur-nous mêmes, selon nos actions et leurs résultats.

Pour William JAMES, « l'estime de soi est la conscience de la valeur du soi, le poids de cettevaleur reposant alors sur l'importance que la personne accorde à ses différents types de moi »54.

Il existerait, toujours selon cet auteur, trois types de moi. Le moi matériel ou physique qui faitréférence au corps, aux vêtements portés, à la famille, aux proches mais également à la maison etaux biens matériels que l'on possède. Le moi social qui comprend les considérations reçues desautres personnes puis le moi spirituel ou mental qui renvoie à l'ensemble de tous les états deconscience de l'individu.

Messieurs ANDRE et LELORS, tous deux psychiatres, évoquent, quant à eux, trois composantesde l'estime de soi : l'amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi 55. L'idée consisterait alorsà dire qu'une estime de soi harmonieuse serait le résultat du « bon dosage » de ces trois ingrédients.

* L'amour de soi :

L'amour que l'on se porte est, sans doute, une des questions centrales de la vie. L'amour de sois'élaborerait alors tout au long de notre développement et serait intimement lié à la façon dont on aété aimé. En effet, il dépendrait, en partie, de l'amour que notre famille nous a prodigué quand nousétions enfant56. Un ensemble d'attitudes découlerait alors de l'amour de soi : se reconnaître unecertaine valeur, se ménager, protéger sa santé physique et psychique, connaître ses intérêts etc.

* La vision de soi :

Il s'agit là du deuxième pilier de l'estime de soi. Il est alors ici question du regard que l'on porte sursoi. Lorsqu'elle est positive, la vision de soi est une force intérieure qui permet de lutter contrel'adversité, de persévérer, de se projeter dans l’avenir, de croire suffisamment en soi pour oser seréaliser. A l'inverse une vision de soi trop négative poussera l'individu à être dépendant vis à visd'autrui.

* La confiance en soi :

Il est courant de confondre confiance en soi et estime de soi, cependant ces deux notions sont biendifférentes. La confiance en soi permet d'agir de manière adéquate dans les situations particulières.Elle permet alors d'entrer en action sans crainte excessive de l'échec et du jugement d'autrui.

Les difficultés liées à l'estime de soi à l'adolescence sont assez présentes chez la grande majoritédes jeunes, cette période étant un temps de construction du sujet. L'estime de soi peut alors êtremise à mal par plusieurs facteurs. En effet, les changements corporels qui s'opèrent à cette périodede la vie peuvent déstabiliser les jeunes et leur donner l'impression d'une perte de contrôle d'euxmêmes.

La difficulté d'appartenir, de s'intégrer à un groupe de pairs peut également en faire souffrircertains. Enfin, l'estime de soi peut aussi être atteinte par des problèmes pré-existants (difficultésliés au poids, problèmes scolaires…).______________________

54 JAMES William, précis de psychologie, trad. Par Nathalie FERRON, éd et prés. Davis LAPOUJADE, Paris : Lesempêcheurs de penser en rond, 2003.55 ANDRE Christophe et LELORD François, « L'estime de soi, s'aimer pour mieux vivre avec les autres », ÉditionOdile Jacob, 1999.56 CYRULNIK Boris « les nourritures affectives », Paris , Odile Jacob, 1993.

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Les jeunes pris en charge à la PJJ sont, le plus souvent, très carencés et ce, notamment sur le planaffectif. En effet, beaucoup d'entre eux ont un passif douloureux (absence d'un des deux parents,abandons, maltraitance, conflits, violences, placements à répétition, exclusion etc), qui ne leur a paspermis de développer les différentes composantes citées précédemment et donc d'avoir une« bonne » estime d'eux-mêmes.

La structure familiale de ces mineurs, défaillante dans la grande majorité des cas, n'a pu leur offrirun cadre propice à la construction d'une personnalité stable. Ce cadre n'a d'ailleurs souvent pas puêtre offert par l'école non plus et ce, pour diverses raisons. En effet, en excluant ces jeunes, l'écoleles a alors privés durablement du peu d'estime de soi indispensable pour se projeter dans l'avenir,pour affronter le monde avec confiance.

D'ailleurs, l'adolescent « délinquant » n'a généralement qu'une piètre estime de lui-même. Il trouvealors, bien souvent, dans le passage à l'acte, « un moyen de diminuer l'autre, de se revaloriser soi-même ou de projeter sur la victime ce qu'il ne peut intégrer afin de préserver son image idéale »57.

Enfin, l'estime de soi semble pouvoir être mise en lien avec la sécurité intérieure que peut ressentirun individu, sécurité intérieure qui constitue le premier stade de la confiance. Il s'agit d'unesensation physique qui s'élabore au contact de nos parents. Si cette confiance fait défaut, l'individua alors le sentiment de ne pas être « solide », de ne pas avoir sa place, ni d'être accepté. Enrevanche si elle est présente, l'individu se sent protégé, ce qui le pousse à aller de l'avant, às'épanouir, à explorer. A ce sujet, précisons que l'enjeu de la relation éducative est d'amener l'autre àse projeter afin de lui donner une sécurité intérieure.

Le professionnel de la PJJ, véritable acteur de l'éducation a alors un rôle important à jouer dans cedomaine.

B - La nécessité d'aider le jeune à être soi : le tuteur de résilience

L'un des rôles de l'éducateur est d'aider l'autre à se construire lui-même, c'est en quelque sorte un«passeur de sens». En se posant en tant que tiers et médiateur, le professionnel peut être une aideextérieure pour le jeune et ainsi être perçu comme un «tuteur de résilience».

Emmy WERNER58, parle d'ailleurs « d'enfants vulnérables mais invincibles » et remarque queceux-ci ont eu un jour un enseignant ou un autre adulte qui a cru en eux en les écoutant, lessollicitant ou en les encourageant. Toujours d'après la psychologue, la résilience s'effectuerait selondeux axes principaux : un axe intrapsychique qui fait référence aux capacités propres à chaqueindividu et un axe relationnel avec le tuteur de résilience.

Boris CYRULNIK59, quant à lui, parle d'un arrangement de la mémoire pour pouvoir survivrepsychiquement après avoir survécu physiquement. Il parle alors du résilient comme un créateur.

Ce tuteur de résilience pourrait permettre au jeune de développer son estime de soi, sa confiance ensoi. En effet « il est évident que l'estime de soi d'un individu peut s'améliorer lorsqu'une personnesignificative à ses yeux lui exprime qu'elle croît en lui, qu'elle considère qu'il a de la valeur»60. _______________________

57 RENGADE Béatrice, Psychologue « La délinquance et la violence à l'adolescence », 2002 site internet:http://b.rengade.over-blog.fr/article-32423005.html.58 Emmy WERNER est une psychologue Américaine. Elle est pionnière du concept de résilience. « Vulnerable butinvincible : Nex York : MC-GRAW Hill Book Company.59 Cyrunlik B « Je me souviens », Odile Jacob, 2010.60 Jacques LECOMTE « Les caractéristiques du tuteur de résilience », Association de Recherche en Soins Infirmiers,Revue n° 82

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L'éducateur pourrait alors amener le jeune dont il assure le suivi à se faire davantage confiance et àêtre plus autonome.

Le travail sur l'estime de soi est, selon moi, indispensable avant d'élaborer avec le jeune tout projetd'insertion. En effet, pour être pleinement acteur de son orientation, le jeune doit pouvoir seconnaître d'avantage et être en mesure d'évaluer les chances qu'il a ou non de réaliser son projet.

Bon nombre de jeunes, ayant été confrontés dès le plus jeune âge à l'échec scolaire, sont persuadésde ne pas être intelligents et se dévalorisent constamment. Cependant, lorsque nous les rencontronset échangeons avec eux, nous nous rendons compte que ces jeunes adultes sont, très souvent, vifs,réactifs, créatifs, présents dans l'échange, ils formulent des remarques pertinentes, en bref, touspossèdent des aptitudes indéniables dans différents domaines.

D'ailleurs, « Chaque personne possède un mélange unique d'intelligences, de moyens, decompréhension, à travers le langage, la logique, les mathématiques, la musique, le physique, lesdonnées spatiales, la découverte des autres et de soi-même. Chacun a également son styled'apprentissage, certains réagiront mieux à l'information visuelle, d'autres encore auront besoin dutoucher ou de l'engagement physique pour comprendre les choses. Une fois que nous avons celabien en tête, il devient impossible d'enseigner comme si l'on s'adressait à des esprits identiques »61.

Il est alors indispensable de repérer le type d'intelligence du mineur, de faire en sorte que celui-cien prenne conscience et de mettre en place, avec lui et sa famille, un projet en cohérence avec sesaptitudes et ses compétences, ce qui favorisera, à priori, l'action éducative.

V) La santé au service de l'action éducative

A – L'importance de la sphère santé dans la concrétisation du projet du jeune

« Un enfant qui ne va pas bien aura plus de mal à renouer avec l'apprentissage, à rentrer dans unedynamique de projet et entamer un processus d'insertion »62. Ce constat constitue le point de départdu programme « PJJ promotrice de santé » lancé en 2013 et met directement en lien la santé dujeune avec la réussite potentielle de son projet d'insertion.

En effet, Lorsque l'on s'intéresse aux deux volets que sont la santé et l'insertion, on se rend vitecompte qu'ils sont intimement liés. En effet, la santé est un facteur de réussite éducative etd'insertion mais l'inverse est également vrai, l'insertion est elle même source de santé et de bien-être.

Parfois même, être en bonne santé constitue un préalable à l'insertion sociale et professionnelle. Eneffet, si un jeune souhaite travailler au contact du public, par exemple, mais que son hygiène estdouteuse, aucun patron ne souhaitera l'embaucher.

En 2008, le pacte européen pour la santé et le bien-être63 énonce que « La santé est un droit del'Homme, elle favorise l'apprentissage, le travail et la participation à la société ».

Ce n'est pas le problème de santé uniquement qui mobilise, mais son impact dans le parcours et leprojet d'insertion du jeune.

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61 Howard GARDNER, Psychologue du développement américain, père de la théorie des intelligences multiples.62 Caroline CARLIER, Conseillère technique à la DIRPJJ Grand Centre suite aux résultats d'une enquête téléphoniqueorganisée par la DIR Grand Centre en partenariat avec l'IREPS de Bourgogne.63 Source : EU – commission européenne – santé publique

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La mission éducative est facilitée par la prise en compte des problèmes sanitaires et du bien-êtreglobal. La santé n'est alors plus vue uniquement comme un objectif à atteindre mais davantagecomme un moyen d'atteindre ses objectifs de réussite, d'insertion, de projet de vie, de prise en mainde son destin.

Aborder les questions de santé, aussi variées soient-elles, permet alors de saisir les freins potentielsà la relation et au travail éducatif et d'ouvrir une porte dans le projet socio-éducatif à construireavec le jeune.

B – La prise en compte de la santé : l'affaire de tous

« Nous avons été surpris de constater que, si les aptitudes psychosociales étaient globalementvalorisées, par exemple via le sport, les éducateurs se sentaient peu légitimes à évoquer la santédes jeunes. Ils avaient très peu conscience de l'impact de leurs pratiques en matière de bien-être etne se percevaient pas comme des acteurs de santé »64.

Il n'est évidement pas question pour les éducateurs de faire à la place des professionnels de santémais d'aborder ces questions de santé afin de repérer et de comprendre les freins à la relation et autravail éducatif.

Il est alors aujourd'hui évident que la prise en compte de la santé des jeunes doit concerner tous lesprofessionnels agissant dans l'intérêt des mineurs. En effet, la préoccupation concernant la santé, lebien être de notre public doit être constante et ce, peu importe la mesure concernée.

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64 Françoise MARCHAND BUTTIN « La santé au service de l'action éducative », ASH n°2938, 18 décembre 2015,p30.

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Avant de s'intéresser à la santé des jeunes suivis au sein de l'UEMO de Noisy-le-Grand et à sa priseen compte, intéressons-nous à la PJJ et plus particulièrement au projet « PJJ Promotrice de santé »et à son déploiement sur le territoire de la Seine-Saint-Denis (I). Un recueil d'informations nouspermettra, ensuite, de mieux saisir les enjeux concernant notre unité et permettra éventuellementd'affirmer, d'infirmer ou de modifier les hypothèses préalablement formulées (II). Nous étudierons,enfin, une situation éducative permettant d'illustrer des problématiques à l’œuvre en terme de santéet de bien-être des jeunes pris en charge (III).

I) Le projet « PJJ promotrice de santé »

Après avoir rappelé brièvement le cadre général de la PJJ (A) et le contexte dans lequel lelancement du projet « PJJ promotrice de santé » (B) a eu lieu , il conviendra de s'intéresser plusparticulièrement à sa mise en œuvre sur le département de la Seine Saint Denis et sur les objectifsqui sont, aujourd'hui, visés (C).

A – Le cadre général de la PJJ

Comme le rappelle La Directrice de la PJJ, dans la note d'orientation en date du 30 septembre 2014,« La direction de la Protection judiciaire de la jeunesse intervient auprès des jeunes et des famillesconcernés par la justice des mineurs pour mettre en œuvre, à travers ses pratiques, la missionéducative que la loi lui confie »65. Elle poursuit en énonçant « la justice des mineurs fait partie dela protection de l'enfance et poursuit les mêmes finalités de protection, d'éducation et d'insertion ».

Trois grands objectifs sont alors poursuivis. En premier lieu, il s'agit de donner les moyens au jeunede se construire personnellement pour pouvoir vivre au sein d'une collectivité sans porter atteinteaux autres ou à lui-même. Il convient, en second lieu, de l'accompagner dans son insertion, dans lamise en place de projets personnels et professionnels, dans l'exercice de ses droits et dans le respectde ses devoirs. Enfin, le but est d'aider le mineur à s'insérer dans son environnement en ayant uneimage positive de lui-même, en valorisant ses compétences et en contribuant à son bien être.

B - Le lancement du projet « PJJ promotrice de santé »

La note du 1er février 2013, qui a lancé le projet « PJJ promotrice de santé », est venue renforcerl'implication pour la santé et le bien-être des jeunes suivis en s'appuyant notamment sur le conceptde promotion de la santé définie par la Charte d'Ottawa de 198666. L'objectif étant « d'améliorer lasanté globale des jeunes suivis par la PJJ en agissant sur l'ensemble des déterminants de santéaccessibles pendant la prise en charge ».

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65 Note d'orientation de la Protection judiciaire de la jeunesse , 30 septembre 2014, Catherine SULTAN .66 http://www.euro.who.int/_data/assets/pdf_file/0003/129675/Ottawa_charter_F.pdf

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DEUXIEME PARTIE: CONFRONTER LA THEORIE AU TERRAIN

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Cette note qui fait suite à deux enquêtes épidémiologiques67 datant de 1997 et de 2004 faitnotamment référence à cinq grands axes de travail.

Ces cinq axes de travail sont la mise en place des politiques positives pour la santé et le bien-être,la création d'environnements favorables à la santé, le fait de favoriser la participation des jeunes etde leurs familles, le développement des aptitudes individuelles mais également l'optimisation et lerecours aux soins et à la prévention.

C - La mise en œuvre du projet « PJJ promotrice de santé » au sein du département de laSeine Saint Denis.

La Direction Territoriale de la Seine Saint Denis a pris le parti de travailler essentiellement sur l'axenuméro un du projet, à savoir la mise en place de politiques positives pour la santé et le bien-être.Trois ans après son lancement, l'idée est aujourd'hui d'aller plus loin dans le déploiement du projet.En effet, même s'il est nécessaire de valoriser ce qui existe déjà en terme de santé/bien-être desjeunes suivis au sein des services, l'objectif est d'inscrire véritablement dans les projets de chaqueunité cette dimension de santé68.Pour ce faire, il est prévu qu'un personnel du CODES se rende sur plusieurs unités de la Seine SaintDenis sur un temps défini durant quatre réunions afin d'apporter un appui méthodologique et devenir en aide aux différentes équipes.

Cinq unités69 éducatives ont été sélectionnées dans un premier temps. Les rencontres auront lieu defévrier à septembre 2016 puis viendra le tour d'autres unités du département. L'objectif étant,encore une fois, de valoriser ce qui existe déjà au sein des structures mais également d'amener denouvelles idées afin de rendre le projet le plus opérationnel possible. Il s'agit ici d'un travail derepérage des pratiques professionnelles au sein des équipes afin de les faciliter et de les améliorer.

Enfin, il est à noter qu'un outil informatique s'intitulant « le selfie de ta vie » est actuellement enphase de test. Ce logiciel qui permet au jeune de pouvoir aborder la santé de façon ludique traite detoutes les questions, des addictions, des relations aux autres, de la fatigue en passant parl'alimentation, le sommeil etc.Le jeune peut alors ouvrir une session de manière anonyme avec la création d'un « avatar » et a lapossibilité de parcourir l'outil autant de fois qu'il le souhaite et même d'imprimer le résultat àl'issue.Le logiciel est intéressant puisqu'il permet de traiter des questions de santé mais égalementd'orienter le jeune vers différentes structures existantes et de lui apporter des informations utiles etsimples d'accès.

Après s'être intéressés à la déclinaison du projet au niveau Territorial, penchons nous désormais, àl'aide d'un recueil de données, sur la prise en compte de la santé des jeunes suivis au sein del'UEMO de Noisy-Le-Grand.

II) Le recueil, l'analyse et le traitement des données

Le recueil de données a été pensé autour de deux grands thèmes : la santé des jeunes et sa prise encompte par les professionnels mais aussi l'estime que les jeunes ont d'eux-mêmes. _______________________

67 « Adolescents (14-21 ans) de la Protection Judiciaire de la Jeunesse et la santé, Inserm, 1998 et « santé des 14-20ans de la Protection Judiciaire de la jeunesse. Sept ans après, Inserm, 2005.68 Information communiquée par Monsieur AMRANI, Infirmier Territorial, lors de la commission santé en date du 12février 2016. 69 L'EPE de Pantin (UEHC et UEHD) , Le CEF d'Epinay Sur Seine, l'UEMO d'Aubervilliers et l'UEMO de Noisy-LeGrand.

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Pour ce faire, deux méthodes différentes ont été utilisées : une méthode qualitative qui génère desdonnées non évaluables en nombre et une méthode quantitative qui produit, quant à elle, desdonnées numériques ou des informations qui peuvent être converties en chiffres.

A- La santé : perception, pratiques et prise en charge

En tant qu'éducatrice pré-affectée, j'ai pu intégrer l'équipe éducative de l'UEMO de Noisy-Le-Grand et en devenir un membre actif. J'ai alors pu observer et participer à bon nombre d'entretiens,de réunions de synthèse et d'analyses de situations éducatives et prendre ainsi la mesure decertaines données relatives à la santé des jeunes pris en charge par l'unité.

1) L'enquête par observation participante : une méthode qualitative

Différentes méthodes peuvent être utilisées pour analyser une situation. L'une d'entre elles,l'enquête par observation participante, consiste à recueillir des propos, à baliser une réalité à étudierou encore à définir les prochaines données à collecter.

De par ma qualité de stagiaire, il était aisé et ce notamment dans les premiers mois, d'adopter uncomportement actif tout en me mêlant aux échanges entre les professionnels et les jeunes suivismais également entre les professionnels eux mêmes.

a- Contexte de l'enquête

Après avoir fait l'objet d'une présentation auprès de l'ensemble de l'équipe pluridisciplinaire,l'enquête s'est déroulée de novembre 2015 à février 2016 au sein de l'UEMO de Noisy-Le-Grand.Les principales informations recueillies l'ont été suite à des entretiens semi-directifs70 entre jeuneset professionnels (six entretiens en tout), à des entretiens avec les professionnels de l'équipe(Psychologue/Assistante sociale/éducateurs/ équipe de direction/ adjointe administrative) maisaussi en observant le quotidien au sein de l'unité. Les jeunes et leurs familles n'ont pas été informésde l'enquête pour ne pas que cela ait une influence sur leurs réponses. Les entretiens ont eu lieudans le cadre du suivi de leur mesure et ont duré entre 30 minutes et 1 heure.

b - Les objectifs de l'enquête

L'objectif de cette enquête est double. Il s'agit de tenter de comprendre les comportements et lesreprésentations en matière de santé des jeunes pris en charge mais également de saisir lesreprésentations et pratiques des professionnels de la PJJ dans le champ de la santé.

c – Les outils utilisés

Trois principaux outils ont été utilisés afin de recueillir des informations : l'étude de documents, laprise de notes et la grille d'entretien.

En effet, il convenait, en premier lieu, de s'intéresser au parcours individuel du jeune pris en chargeafin de cibler sa problématique, son histoire de vie mais également de replacer le cadre de notreintervention. Pour ce faire il était nécessaire d'avoir un échange avec le professionnel référent de lamesure mais également de consacrer un temps à la lecture du dossier du jeune.

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70 Contrairement aux entretiens directifs, ceux non directifs visent à favoriser l'émergence d'une libre parole etpermettent de ne pas trop orienter le discours des personnes interviewées. Il existe également des entretiens « mixtes »dits semi-directifs qui combinent à la fois directivité et non-directivité. Dans ces entretiens, le professionnel qui mènel'entretien oriente la personne qui parle vers certains sujets et lui laisse ensuite toute liberté pour s'exprimer.

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Dans un second temps, il était essentiel de garder en mémoire les éléments clés de l'entretien,verbaux comme non verbaux. J'ai alors pu saisir la difficulté de prendre des notes au cours del'entretien. En effet, il était question de retranscrire ce qu'il se disait afin d'en garder une trace et ce,tout en observant précisément ce qu'il se passait, le tout sans se laisser embarquer par la situationrencontrée. Cet exercice n'est parfois pas réalisable face à des interlocuteurs déstabilisés quidemandent une écoute soutenue et une attention toute particulière. Toutefois, le risque de neprendre aucune note est d'avoir une déperdition d'informations importantes pour la compréhensionde la situation.

Enfin, il était question, dans un dernier temps, de mettre en place une grille d'entretien71 afin d'avoirune trame permettant de donner un cadre et de recentrer l'entretien sur les objectifs préalablementfixés si nécessaire.

d – Les avantages et inconvénients de l'enquête par observation participante

L'entretien, contrairement au questionnaire, permet à l'interviewer de pouvoir adapter la forme,l'ordre et le contenu des questions selon la situation et le niveau de compréhension de l'interviewé.

La dimension relationnelle est également nettement plus présente et permet, parfois, uneélaboration plus importante de la part de la personne interrogée. En effet, l’entretien engage deuxpersonnes en vis-à-vis et ne peut être considéré comme un simple questionnaire où la relation estanonyme.

Il existe également une variété des techniques de traitement des données possibles allant du simplerésumé à l'analyse du contenu. Enfin si les échanges verbaux ont une place prédominante, la communication non verbale apporteaussi beaucoup d'éléments d'analyse. Il convient alors « d'entendre chez l'autre divers langages, lesmots et leurs significations mais aussi le langage corporel : respiration, énergie, gestuelle,positions du corps, regard etc »72.

Cependant, « on ne peut observer une situation telle qu'elle serait si elle n'était pas perturbée parl'observation »73. Trouver sa place en tant qu'observatrice même participante n'a pas été choseaisée. En effet, présentée à l'usager comme étant éducatrice en formation, je me suis vite renduecompte que certaines personnes cherchaient dans mon regard un appui, un soutien voire unacquiescement à leurs propos. J'ai alors rapidement compris que ma présence et ma posture étaientsignificatives.

Enfin, l'entretien, qui demande un temps conséquent, s'adresse à un nombre moins important depersonnes qu'un questionnaire et ne permet donc pas de travailler à grande échelle.

2- Résultats de l'enquête

Six jeunes74 de 16 à 18 ans, suivis par l'UEMO dans un cadre pénal, ont pu être rencontrés , parmilesquels une fille et cinq garçons. Cette répartition est somme toute représentative du public suiviau pénal, parmi lequel les garçons sont majoritaires.

_____________________

71 Annexe n°2 : grille d'entretien 72 Jacques SALOME, « Relation d'aide et formation à l'entretien » , 2003. 73 W. LABOV, 197674 Annexe n° 3 : tableau des jeunes interviewés

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Nous pouvons dresser le constat d'un public relativement éloigné du milieu scolaire. En effet, parmiles six jeunes rencontrés, quatre sont actuellement sans insertion avec des niveaux scolaires trèsfaibles. Enfin, trois jeunes sur six ont déjà connu une prise en charge au titre de la protection del'enfance et/ou de la délinquance.

Aucun d'entre eux n'a été réticent aux questions posées même si quelques jeunes ont tenté des'éloigner du sujet principal en nous emmenant vers d'autres thèmes de discussion.

Outre ces rencontres avec les jeunes, des échanges ont pu avoir lieu avec six professionnels75 parmilesquels trois éducateurs, une psychologue et un infirmier territorial.

a – Les jeunes et leur santé

Pour commencer, tous les jeunes rencontrés donnent, plus ou moins, la même définition de la santé.Il s'agit pour eux d'aller bien, d'être jeune et en pleine forme. Comme exposé dans la partieprécédente, les jeunes interviewés ont, pratiquement tous, une perception plutôt positive de leursanté. Ils justifient d'ailleurs cela en affirmant que leur jeune âge les protège de toute maladie.

En ce qui concerne les consultations de ces jeunes auprès des professionnels de santé, tousaffirment avoir déjà passé une ou plusieurs visites médicales. Ces visites médicales ont étéréalisées, le plus souvent, dans un cadre précis (visite médicale scolaire, visite médicale pour lapratique d'une activité sportive…). Quatre d'entre eux font part d'une mauvaise expérience avec lemonde médical. En effet, certains se plaignent d'une trop longue attente pour programmer unrendez-vous ou encore des frais trop importants à avancer, d'autres mettent en avant l'inutilité deces consultations ainsi que la perte de temps que cela engendre.Nous remarquons que les jeunes n'ont que peu de souvenirs d'avoir été incités à prendre rendez-vous chez le médecin par leurs parents dès l'adolescence. Il semble alors que ces mineurs, guidéspar eux pendant leur enfance, n'ont pas acquis l'habitude de consulter et se retrouvent, bien souvent,seuls et inexpérimentés face aux système de soin comme le montre l'extrait ci dessous :

« [ Au sujet de sa relation avec son petit ami ]

Jeune - [« On se bat souvent tous les deux, mais lui, il parle mal des fois, après on s'énerve et onse frappe, mais je le comprends, parce que parfois j'lui dis des choses s'est abusé, donc c'estnormal qu'il me frappe (elle baisse la tête et se gratte les avants-bras) […]. J'ai souvent des bleus,la dernière fois, j'avais mal aux côtes, juste là, regardez ! (elle soulève son haut et me montre lebandage qu'elle a pris le soin de se faire elle-même)».

- […] Pour revenir à ce que tu m'as expliqué, juste avant, as-tu été consulté un médecin pour luiparler de tes hématomes et de tes douleurs aux côtes ?

- « Non, ça ne sert à rien, j'ai attendu deux, trois jours puis c'est passé, je ne vais pas aller voir unmédecin pour ça !] » [...].

En ce qui concerne le mode de vie de ces jeunes, les résultats ne sont pas tous similaires, unnombre plus important de mineurs interviewés aurait, vraisemblablement, permis d'avoir desrésultats plus significatifs. Cependant nous pouvons remarquer une différence notable entre lesréponses et réactions d'un jeune scolarisé et celles d'un mineur déscolarisé et sans réel projetd'insertion en cours.

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75 Annexe n°4 : tableau des professionnels interviewés

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«[ Échanges avec Abdel, scolarisé en Terminale]

- Peux-tu me décrire une journée type, par exemple me parler de comment se déroule ton lundi ?

Jeune - ( Abdel se redresse) « Alors le lundi, déjà je me lève assez tôt, à six heures trente, je galèretoujours à me lever, plus que les autres jours, ensuite je vais en cours, puis je rentre vers 17heures, ensuite je sors parfois un peu devant chez moi, je reste avec des potes, puis je passe lasoirée à la maison , je m'endors assez tôt en ce moment, je suis claqué »[...].

« [ Échanges avec Mohamed, déscolarisé depuis un an]

- Peux-tu me décrire une journée type, par exemple me parler de comment se déroule ton lundi ?

Jeune - « Vous voulez savoir ce que je fais le lundi c'est ça ? »

- J'aimerais comprendre ce que tu fais de tes journées en semaine alors nous pouvons prendrel'exemple du lundi mais si tu le souhaites, parle moi de ta journée d'hier (jeudi), en commençantpar l'heure à laquelle tu t'es levé.

- « Bah, je me suis levé un peu avant midi j'crois, puis après galère comme d'habitude, y'a rien àfaire toute façon ».

( court silence d'environ trois secondes)

- « Mais au fait, quand je devrais aller devant le juge pour le jugement, ce sera quelle heure ? »

- Nous ne le savons pas actuellement, nous n'aurons l'information que lorsque ta convocation seraenvoyée, mais généralement les audiences se déroulent en matinée.

- « Et ce sera le même juge que la dernière fois [...] ».

- […], Tu es inquiet parce que tu penses ne pas pouvoir te lever tôt si ton jugement à lieu enmatinée ?

- « Ba oui ! Moi en général j'me lève pas avant onze heures ».

- Si tu te lèves à onze heures, j'imagine que tu te couches assez tard le soir ? […].

Ces deux extraits sont intéressants en ce sens que l'on constate une différence notable entre les deuxjeunes, l'un étant scolarisé avec un emploi du temps établi et des journées bien remplies, l'autreétant déscolarisé. Le premier n'hésite pas à nous faire part de son emploi du temps, il semble d'ailleurs en ressentirune certaine fierté. Le second quant à lui, profite d'un silence partagé pour tenter d'éviter le sujet etd'introduire un autre thème dans l'entretien, thème qui semble lui plaire davantage.

Enfin, tous ces entretiens et rencontres ont permis de dresser un constat assez mitigé quant à lafaçon dont les jeunes se présentent, quant à leur aspect physique et leur corps en général. En effet,si certains jeunes ont une apparence plutôt soignée, d'autres, au contraire, affichent un visagemarqué, une maigreur ou une surcharge pondérale importante ou encore des signes de mauvaisehygiène corporelle (traces de saleté, mauvaises odeurs etc).

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b – La prise en compte de la santé par les professionnels de la PJJ

Si la question de la prise en compte de la santé et du bien-être des jeunes suivis ne fait pasl'unanimité chez les professionnels, elle suscite néanmoins, chez tous, de vives réactions.

En effet, alors que certains programment, systématiquement, un bilan de santé pour chaque jeunesuivi, d'autres se contentent d'observer l'aspect extérieur du jeune ainsi que d'échanger avec lui surson état de santé avant de prendre une décision à ce sujet. Tous sont néanmoins d'accord pourprésenter la question du bien-être général comme une des conditions sine qua non de la mise enplace d'un accompagnement au service du jeune et de son projet. En revanche, aucun des professionnels rencontrés ne se saisit, actuellement, du RIS, ils nesouhaitent d'ailleurs pas changer cette pratique, avançant que ce document administratif, trop lourdet contraignant à remplir, peut être mal vécu par le jeune et sa famille et nuire à la relationéducative.

Le travail sur la santé ne semble également pas s'imposer de la même façon selon les structurescomme le montre l'extrait suivant :

[ Échanges avec l'Infirmier territorial]

- « Les structures d'insertion ou d'hébergement qui prennent en charge un collectif peuvent plusfacilement aborder ces questions car les jeunes y sont quotidiennement présents. Les éducateursont une meilleure visibilité des problématiques santé que les éducateurs travaillant en milieuouvert qui ne rencontrent le jeune que ponctuellement. Les éducateurs de milieu ouvert endossentplus un rôle de « relais , d'orientation ».

Si le cadre du Milieu ouvert semble moins propice pour aborder ces questions, il est à noter quedepuis décembre 2015, des choses se sont progressivement mises en place au sein de l'UEMO avecnotamment le lancement d'activités sportives tous les jeudis après-midi.

[ Échanges avec Romain, éducateur référent de ces activités]

- Quelle est l'idée de ce projet ? Les jeunes adhérent-ils au projet ? Selon toi, qu'est ce que celapeut leur apporter ?

- « Il s'agit de repérer un temps, le jeudi après-midi, et de le consacrer aux activités physiques etsportives. Trois activités sont proposées, le kayak, l'escalade et le VTT. L'objectif final est depermettre aux jeunes qui le désirent de s'entraîner, de retrouver une condition physique afin departiciper au trophée sport aventure qui aura lieu cet été. Il s'agit aussi, bien entendu, deremobiliser les jeunes, de créer un autre espace de discussion que ceux prévus dans le cadre del'entretien mais également d'en apprendre davantage sur eux en analysant leurs comportementsen présence d'autres jeunes. Enfin, il est question, à travers le sport, de redonner aux jeunes unecertaine confiance en eux. »

- Deux mois après le commencement de cette activité, quel est le bilan que l'on peut dresser ?

- « Il est sûrement un peu tôt pour dresser un bilan. C'est vrai qu'il n'est pas facile d'accrocherles jeunes, ils viennent parfois deux ou trois jeudis en suivant puis semblent démotivés la semained'après et inventent des excuses pour ne pas venir. Je me retrouve parfois sans aucun jeune pourfaire l'activité, ils savent néanmoins qu'ils sont les bienvenus s'ils souhaitent revenir la semainesuivante et cela semble les rassurer ».

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[ Échanges avec Célia, éducatrice détachée à hauteur de 50 % de son temps de travail sur laMaison des Adolescents « Amica »]

- « Au sein d'AMICA, une éducatrice a mis en place un atelier bien-être à destination des jeunesfilles fréquentant l'association. Cet atelier a lieu tous les vendredis de 16h30 à 19h30, les fillespeuvent venir à l'heure qu'elles le souhaitent pour prendre soin d'elles, se maquiller, faire descolliers de perle, se coiffer, recevoir des conseils beauté. De plus en plus de jeunes filles s'yrendent , elles sont ravies de pouvoir échanger entre elles ou de recevoir des conseils des adultestout en enfilant des perles, c'est pour moi un très bon moyen d'aborder certaines questions quipeuvent être délicates à traiter en entretien ».

3- Analyse des Résultats

Pour commencer, l'enquête réalisée auprès des jeunes suivis nous éclaire sur deux grands points :

Premièrement, il est vrai qu'un lien entre la santé, le bien-être et l'insertion peut être fait. Un jeunequi va bien, qui n'a pas de souci particulier de santé aura plus de facilité à maintenir une formation,une scolarité ou à mettre en place un projet d'insertion qu'un jeune qui ne va pas bien.

Deuxièmement, il semble que la seconde hypothèse formulée consistant à dire que les mineurssuivis par les professionnels de la PJJ n'accordent qu'une faible importance à leur santé doit êtrenuancée. En effet, en rencontrant les jeunes interviewés, on peut affirmer que ceux-ci, à travers leurmode de vie ou leur comportement, négligent leur santé, leur bien-être mais on peut égalementavancer le fait qu'ils ne font pas cela en connaissance de cause. Ayant une définition erronée de cequ'est réellement la santé mais également n'ayant pas conscience de l'impact que cela peut avoir surleur insertion et leur projet de vie, les jeunes la négligent.

Pour ce qui est des professionnels, il paraît évident que la prise en compte de la santé et du bien-être des jeunes fait dorénavant partie intégrante du travail éducatif et que les choses sontprogressivement en train d'évoluer en ce sens.En effet, des activités se mettent, peu à peu, en place, des instances se réunissent pour aborder cesquestions, des partenariats se créent et ce dans l'unique but de proposer des réponses adaptées auxjeunes suivis et viser ainsi à leur développement personnel, leur intégration sociale et à terme leurinsertion professionnelle. Il semble cependant évident que ces avancées sont encore trop fragiles et qu'il est primordiale deles consolider et de les pérenniser.

B) L'estime de soi des jeunes pris en charge

Après avoir tenté de recueillir des éléments sur les pratiques des jeunes et des professionnels enmatière de santé, j'ai souhaité me pencher sur la question de l'estime de soi des jeunes pris encharge. Collecter un maximum d'éléments dans un temps assez restreint, tel était l'objectif de cetteenquête qui a alors, pour ce faire, pris la forme d'un questionnaire.

1- L'enquête par questionnaire : une méthode quantitative

Le questionnaire est une méthode de recueil des informations en vue d'une enquête, un test, unsondage. Il s'agit là d'une méthode quantitative qui s'applique à un échantillon et qui permet dedresser des statistiques.

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a- Contexte de l'enquête

Le questionnaire a pu être soumis aux mineurs à partir du mois de mars et ce, jusque fin avril. Afinde cibler le plus de jeunes possible, une présentation de ce questionnaire a été faite à l'ensemble descollègues du STEMO du Raincy qui regroupe trois unités, celle de Noisy-Le-Grand, du Raincy etcelle de Montreuil. Il était alors question de l'adresser aux jeunes âgés de 16 à 18 ans, insérés ousans insertion particulière76.

b – Les objectifs de l'enquête

Il s'agit, à travers ce questionnaire de s'intéresser au niveau d'estime que les jeunes suivis par la PJJont d'eux mêmes mais également de voir s'il existe une différence notable, à ce sujet, entre lesjeunes scolarisés ou ayant un projet professionnel en cours et ceux sans insertion.

c - L'outil utilisé

Le questionnaire utilisé77 est un questionnaire déjà existant, il est issu du service de psychologie del'université de Moncton au Canada. Le questionnaire est anonyme, seuls quatre renseignementssont demandés : L'âge, le sexe, l'insertion (classe, formation fréquentée, sans insertion), maiségalement depuis quand le jeune est en formation ou en classe ou depuis quand il n'a plus aucuneinsertion. Ces renseignements ont été ajoutés au questionnaire d'origine afin que celui-ci soit adaptéà l'objet de recherce.

Le questionnaire est composé de dix huit affirmations avec pour chacune d'elles, deux choix deréponses, soit vrai soit faux. L'idée est de dire que plus la personne a de « vrai », plus l'estimequ'elle a d'elle même est élevée, si les résultats affichent moins de treize « vrais » alors l'estime quela personne a d'elle même est très faible.

d- Les avantages et inconvénients de l'enquête par questionnaire

Le questionnaire est rapide à utiliser et permet de travailler à une plus grande échelle, le nombre departicipants n'étant pas limité par le temps. Chaque participant peut alors répondre à son rythme etl'aide du professionnel peut permettre une reformulation ou une explication de la question visée.Cependant, le questionnaire ne permet pas d'approfondir ni de compléter les informationsrecueillies.

2- Résultats de l'enquête

Pour présenter les résultats de ces questionnaires, il convient de rappeler les données suivantes :

- 18 « vrais » : l'estime que la personne a d'elle même est très haute- De 16 à 18 « vrais » : la personne a une bonne estime d'elle même- De 13 à 16 « vrais » : la personne a une estime d'elle-même moyenne- En dessous de 13 « vrais » : l'estime que la personne a d'elle même est très faible

Quinze questionnaires ont été réceptionnés sur les trois unités, en voici le détail ainsi que lesrésultats :

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76 Annexe n°5 : consignes diffusées aux collègues concernant le mode de passation du questionnaire77 Annexe n°6 : Questionnaire concernant l'estime de soi.

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Tableau n°1 : Caractéristiques des jeunes ayant complété le questionnaire

AGE GARCONS FILLES INSERTION/SANS INSERTION

16 ans 7 5 jeunes sont scolarisés ou en formation, 2 jeunes sont sans insertion

17 ans 6 1 6 jeunes sont scolarisés ou en formation, 1 jeune est sans insertion

18 ans 1 Le jeune est en formation

TOTAL 14 1 12 jeunes sont scolarisés ou en formation, 3 jeunes sont sans insertion.

Tableau n°2 : Niveau d'estime des jeunes ayant complété le questionnaire

AGE TRES HAUTE ESTIME BONNE ESTIME ESTIMEMOYENNE

FAIBLE ESTIME

16 ans 1 4 2

17 ans 3 1 3

18 ans 1

TOTAL 1 7 1 6

Tableau n°3 : Niveau d'estime des jeunes de 16 à 18 ans en lien avec l'insertion

Jeunes de 16 à 18 ans TRES HAUTEESTIME

BONNEESTIME

ESTIMEMOYENNE

FAIBLEESTIME

Scolarisés 1 5 1

En formation depuis plus de six mois1 1

En formation depuis moins de six mois

Sans activité depuis moins de six mois 1 2

Sans activité depuis plus de six mois 1 2

3 – Analyse des résultats

Avant d'analyser ces données, il est important de noter, qu'à mon sens, peu de questionnaires ont étécomplétés. En effet, lors de la présentation de ma démarche auprès des collègues du STEMO, j'aipu exprimer mon souhait de récolter un minimum de cinquante questionnaires afin que les résultatsobtenus soient les plus significatifs possibles. Cependant, en apercevant que peu de retours avaientlieu, j'ai du, à plusieurs reprises, faire des relances afin d'appuyer et de soutenir ma demande.

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Sur les quinze questionnaires recueillis, cinq ont été présentés aux jeunes par moi-même dans lecadre de mes suivis, dix par les collègues du STEMO qui avancent, pour justifier ce chiffre, unrefus des jeunes de se soumettre à l'exercice.

Comment interpréter ces données ? Que traduit le refus des jeunes de se soumettre auquestionnaire : des difficultés de lecture, de compréhension, des difficultés à aborder cette questionde l'estime de soi ? Ce sujet les bloque t-il au point qu'ils se refusent de remplir un questionnairequi est anonyme ou s'agit-il d'un sujet délicat à aborder par les professionnels ? Ces derniers sesentent-ils mal à l'aise pour proposer aux jeunes un support qui traite de ces questions ?

De même, sur les quinze questionnaires, six jeunes seulement sont sans insertion, les neuf autresétant tous scolarisés ou en formation. Il est évident que ce chiffre n'est pas représentatif del'ensemble des jeunes pris en charge à la PJJ qui sont, pour la plupart, inactifs. D'après ce constat, il semble que les jeunes ayant un projet d'insertion et travaillant dans ce sens,abordent plus aisément la question de l'estime de soi et se prêtent plus facilement à cet exercice queles jeunes qui sont sans activité et pour qui la question du projet professionnel est parfois loin d'êtreune priorité.

Sur l'ensemble des jeunes questionnés, tous âges confondus, un seul a une très bonne estime de lui-même, sept en ont une bonne, l'un d'eux a une estime de lui-même moyenne et six ont unemauvaise estime d'eux.

Si l'on prend en compte l'hypothèse de départ consistant à dire que les jeunes pris en charge à la PJJn’ont que très peu d’estime d’eux-mêmes, ce qui constitue un frein à leur insertion, on peutremarquer que cette supposition n'est pas tout à fait correcte. En effet, si, selon ce recueil dedonnées, il apparaît vrai que peu de jeunes pris en charge ont une très bonne estime d'eux mêmes,on peut tout de même noter que certains d'entre eux ont une bonne estime d'eux mêmes et que seulsquelques uns, parmi eux, ont, il est vrai, une faible estime d'eux mêmes.

Concernant la deuxième partie de l'hypothèse, il convient de se référer au troisième tableau. Eneffet, ce dernier tente de mettre en lien l'estime que les jeunes ont d'eux mêmes avec l'insertion deceux-ci. On peut alors noter que les jeunes scolarisés ou en formation depuis plus de six mois ont une trèsbonne, une bonne ou une moyenne estime d'eux mêmes mais qu'aucun d'entre eux n'a qu'une faibleestime de lui même. A l'inverse, les jeunes sans activité expriment davantage une faible estimed'eux mêmes. Il semble alors, selon ces données, que l'estime de soi puisse être mise en lien avecl'insertion des jeunes suivis.

Avant de tenter de mettre en œuvre des actions en lien avec ces données, analysons, pour conclurecette deuxième partie, une situation éducative en lien avec notre problématique.

III) Analyse d'une Situation éducative : la situation de Mohamed78

Avant de tenter de donner des éléments de compréhension de la situation du jeune Mohamed, auregard des apports théoriques, il convient d'accorder un temps de présentation et de description dela situation rencontrée.

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78 Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité

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A – Présentation et description de la situation

1) Le jeune Mohamed

Mohamed, jeune tout juste âgé de 16 ans, est suivi par l'unité depuis septembre 2015 dans le cadred'une Mesure Judiciaire d'Investigation Éducative au pénal et d'une Liberté Surveillée Préjudicielle.Il lui est reproché d'avoir commis plusieurs faits de vol et d'extorsion avec violence au cours d'unemême période.

En tant qu'éducatrice co-référente des deux mesures, j'ai pu assister et participer activement auxdifférentes rencontres et accompagnements ayant eu lieu avec l'appui de l'éducateur titulaire, del'assistante de service social et de la psychologue. J'ai alors fait la connaissance d'un adolescent, degrande taille, respectueux, poli et très attentif à l'étayage et aux comportements de l'adulte. Le jeunequi reste mutique et très renfermé sur lui-même en présence de ses parents, parvient, tout de même,à être dans l'échange et à s'ouvrir peu à peu lors d'entretiens duels.

Après avoir co-rédigé différents écrits concernant la situation de Mohamed, j'ai pris le parti de neretranscrire que les éléments qui, à mon sens, permettent d'avoir une vision globale de sa situationet de mieux comprendre sa problématique.

▪ Dynamique familiale et sociale :

Les parents de Mohamed ont élevé ensemble quatre enfants, trois filles et un garçon, Mohamedétant le dernier de la fratrie.

L'histoire familiale du couple s'avère être très confuse et compliquée, notamment en ce quiconcerne la filiation de Mohamed et son arrivée au sein de la famille. En effet, le jeune auraitappris, à l'âge de douze ans, que Madame n'était pas sa mère biologique et que seul Monsieur l'avaitofficiellement reconnu à sa naissance. Le mineur semble avoir découvert cela, lors d'un long séjouren Tunisie, pays d'origine de son père, où une femme, qu'il connaissait à peine, lui aurait toutdévoilé. Monsieur, quant à lui, explique avoir recueilli Mohamed parce qu'il n'arrivait pas à avoirde garçon avec sa femme et qu'une amie venait d'accoucher sans pouvoir assumer cet enfant. Touten restant très évasif, il assure alors ne pas être son père biologique.

Le jeune se construit sans vraiment savoir qui sont ses parents biologiques, ses questions à ce sujetétant restées sans réponse. Mohamed est très en colère contre son père pour ses non-dits quant à sesorigines et contre sa mère pour n'avoir fait aucune démarche pour le reconnaître.

Madame verbalise le fait qu'elle a toujours pressenti que son mari menait une double vie,notamment en raison de ses longs séjours en Tunisie et qu'il est bel et bien le père biologique deMohamed. Elle évoque de surcroît des épisodes de violences verbales et physiques de Monsieur àson encontre, qui la contraignent parfois à s'enfuir chez des amis avec ses enfants. Madame etMohamed mettent ces violences en lien avec une consommation excessive et régulière d'alcool.

La question de la séparation a pu être évoquée à plusieurs reprises mais Madame craint les menacesde Monsieur et les conséquences que cela engendrerait au sein de sa famille.

La relation qu'entretient le jeune avec son père est très conflictuelle et la communication semblerompue. Monsieur ne cesse d'ailleurs de répéter que son fils ne veut pas travailler à l'école et qu'ilfréquente des « voyous ». Mohamed a pu verbaliser, à plusieurs reprises, la violence des motsutilisés par son père à son encontre, le qualifiant de « bon à rien », ou encore de « bâtard ».Ces violences et ces conflits étant devenus trop importants pour le jeune, de nombreuses fugues dudomicile familial ont eu lieu, sa dernière période d'errance a d'ailleurs duré plus de deux mois.

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▪ Insertion :

La scolarité de Mohamed est assez compliquée depuis plusieurs années. En effet, le jeune a eu unparcours chaotique jusqu'en classe de 4ème, puis, inscrit en septembre 2015 en classe Relais, il en aété exclu au bout de dix jours pour mauvais comportement. Il justifie alors cette exclusion par lefait de ne pas être en mesure de réfléchir et d'apprendre. Lors de nos différentes rencontres, le jeune a évoqué l'envie de prendre soin des autres, de leurvenir en aide. Il a pu, à ce sujet, nous parler de son désir de devenir pompier mais pense qu'il n'enest pas capable. Même si Mohamed ne se rend plus en cours, il est, aujourd'hui, toujours rattaché àun établissement scolaire et a la possibilité, s'il le souhaite, de se présenter au brevet des collèges enjuin prochain ou au CFG.

▪ Santé :

Mohamed est un jeune qui dégage une profonde tristesse et certains signes nous alertent sur uneéventuelle dépression. En effet, le jeune s'est présenté à de nombreuses reprises avec des marquesde scarification sur les bras et exprime le fait d'avoir parfois des idées noires.Il a également pu nous faire part de sa consommation de tabac mais aussi et surtout de cannabis etd'alcool même s'il affirme être en mesure d'arrêter à tout moment. Enfin, le mineur rencontre de sérieux problèmes d'endormissement. Le moment du coucher semblefaire naître chez lui de nombreuses angoisses qui l'empêchent de trouver le sommeil.

▪ Faits reprochés :

Le jeune, jusqu'alors inconnu des services de la PJJ, explique avoir commis une série de vols aucours d'une même période, en juin dernier. Cette période correspond alors à sa première longuefugue du domicile familial. Mohamed aurait voulu avoir un peu d'argent pour se nourrir et pourpouvoir fumer. Il semble aujourd'hui comprendre la situation dans laquelle il se trouve et saisir lesenjeux du jugement à venir. A ce jour, aucun nouveau passage à l'acte connu n'est à souligner.

2) La situation rencontrée

Ne pouvant plus être hébergé par son ami majeur suite à différents conflits, Mohamed s'est renduseul au service et nous a fait part de sa volonté d'être placé, de préférence en famille d'accueil.Après avoir contacté plusieurs structures, une solution auprès de l'UEHCM d'Aubervilliers a puêtre trouvée mais ce, de manière provisoire.

Le jeune homme a alors été placé, quelques semaines, dans deux familles relais différentes, l'uneétant domiciliée sur la commune de Vitry-Sur-Seine (94), l'autre sur celle de Bondy (93). Cescourts séjours se sont bien déroulés dans l'ensemble, Mohamed a été respectueux du cadre posé. Une place en famille d'accueil à l'UEHD de Pantin a ensuite été trouvée pour une durée de sixmois. Cependant, le jeune a rapidement mis en échec son placement. En effet, suite à desconsommations de cannabis répétées dans la chambre qu'il occupait, il est entré en conflit avec lafamille qui l'accueillait au point qu'une fin de placement ait été demandée par cette dernière.

Après en avoir discuté avec les professionnels de l'UEHD, mais également avec le jeune et safamille, une orientation en Centre Éducatif Renforcé nous a semblé être une solution adaptée.L'objectif était ainsi de trouver un lieu où Mohamed puisse se poser, se recentrer sur lui-même ettravailler sereinement sur sa situation personnelle.

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De plus, un emploi du temps arrêté et lisible serait pour lui l'occasion de retrouver un certainrythme de vie et de définir, puis d'élaborer avec les adultes qui l'entourent, un projet d'insertion enlien avec ses appétences et ses compétences.

Une rencontre entre le Responsable du centre et le jeune a pu avoir lieu afin qu'il ait connaissancedes modalités de fonctionnement et de règlement de la structure. Mohamed a, d'ailleurs, à l'issue del'entretien, exprimé son accord quant à son inscription à la prochaine session.

Cependant, quelques heures avant d'aller accompagner le jeune au CER, plusieurs appels sontréceptionnés à l'unité. Il s'agit de Mohamed qui nous informe que notre déplacement est inutile carsa décision est prise de ne pas y aller. Le jeune avance alors le fait qu'il ne s'agit pas d'un placementordonné par le magistrat lors d'une audience et que son acceptation n'est que la conséquence d'unetrop forte pression de notre part. Nous lui signalons, à ce moment, qu'il s'est engagé à y aller et quenous nous déplacerons, quoi qu'il arrive, pour le récupérer à l'heure convenue et l'accompagner auCER.Le trajet en voiture s'avère être très compliqué. Mohamed qui est assis à côté de Madame à l'arrière,ne cesse de lui réclamer de l'argent et de demander à l'éducateur, qui est au volant, de le déposer à« Gagny » pour qu'il puisse acheter sa consommation. Voyant que ses demandes sont rejetées, lejeune réitère le fait qu'il ne se rendra pas au CER et ordonne au conducteur de faire demi-tour.

Nous tentons alors, non sans difficultés, d'apaiser la situation et restons attentifs aux échanges deMadame et Mohamed à cet instant. Le jeune reproche à Madame de lui avoir promis cet argentmais également de ne jamais l'avoir aimé et lui promet qu'elle va le regretter.

En descendant de la voiture, stationnée à quelques pas du centre, nous n'avons pas été surpris devoir que Mohamed partait dans une autre direction. Nous nous sommes alors rendus, l'éducateur,Madame et moi-même, devant le CER en prenant le soin d'amener avec nous la valise du jeune eten lui indiquant que notre légère avance lui laissait encore la possibilité de nous y rejoindre.

Alors que je pensais le contraire, Mohamed a fait son apparition dans les minutes qui ont suivi. Ils'est entretenu avec les éducateurs du CER puis n'a cessé, durant près d'une heure, de faire desallers-retours souhaitant tantôt intégrer la session, tantôt l'inverse.

Désirant mettre un terme à cela, nous avons choisi le moment où Mohamed partait faire l'inventairede ses affaires personnelles avec un éducateur du CER pour lui dire que nous partions.

En contactant, quelques jours plus tard, le centre pour avoir des nouvelles du jeune, nous apprenonsque Mohamed a déjà fugué à deux reprises mais qu'il est toujours revenu de lui-même. Le chef deservice nous explique également que le jeune a beaucoup de difficultés d'intégration et que lesautres membres du groupe profitent de sa fragilité.

Quinze jours après le début de la session, Mohamed nous appelle au service pour nous expliquer sasituation. Il souhaite rentrer chez lui et fuguer du centre. Il se plaint alors des autres jeunes et ditêtre constamment victime d'insultes et de violences. Mohamed, qui ne souhaite pas se défendre etrépondre aux différentes provocations, craint de « faire une grosse connerie et de péter un plombs'il reste auprès d'eux ». Je discute avec lui durant près d'une heure au téléphone et tente de le conseiller au mieux et del'apaiser mais le jeune ne veut rien entendre et déclare « c'est le pire placement que je connaisseici, je vis l'enfer !, c'est l'enfer !, c'est de ma faute, je n'aurais pas du faire foirer la familled'accueil ».Quelques minutes plus tard, la secrétaire du centre nous informera que Mohamed a fugué unenouvelle fois et qu'une demande de main levée sera effectuée s'il ne rentre pas le lendemain.

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B – Éléments de compréhension de la situation et pistes de travail

Cette situation m'a beaucoup questionnée. En voyant le comportement ambivalent de Mohamedmais également en constatant qu'il était incapable et impuissant face aux autres jeunes, je me suisinterrogée sur ce qui avait pu l'amener à en arriver là. Manquait-il de confiance en lui au point dene pas s'affirmer et se défendre face aux autres jeunes ? Quelle estime le jeune avait-il de lui-même ? Avait-il des difficultés à se projeter sur le long terme ? Quel impact la vie en collectivitépouvait-elle avoir sur sa santé ? Quelque peu perturbée par cette situation, j'ai néanmoins, en prenant un peu de recul, enm'appuyant sur la théorie et en m'intéressant plus particulièrement à l'histoire du jeune, pu dégagercertains éléments de réponse et de compréhension.

La santé et l'estime de soi de Mohamed

▪ La santé :

Comme expliqué en première partie, la santé recouvre aujourd'hui la notion de bien-être à la foismental, physique et social et se pose, en ce sens, comme un idéal à atteindre.

Mohamed est un jeune qui se pose beaucoup de questions quant à ses origines et sa place au sein desa famille. Ces différentes interrogations semblent alors le contrarier au point que le mineur refused'avancer. Il ne réussit d'ailleurs pas à se projeter sur le long terme et fait tout pour mettre en échecson placement ou ses projets dès que ceux-ci excèdent un mois. D'un point de vue social, le jeunen'a que très peu d'amis et se sent vite mal à l'aise en présence de ses pairs. Il est alors évident,d'après ces éléments, que la santé de Mohamed est fragile et que le jeune souffre d'un mal-êtreprofond.

▪ L'estime de soi :

Au vu de ces éléments, il est aisé de dire que Mohamed n'a qu'une faible estime de lui même. Eneffet, le jeune se dévalorise constamment, est très dépendant vis-à-vis des adultes qui l'entourent,ceci explique notamment le fait que le jeune soit constamment aux côtés des éducateurs du CER. Ilmanque fortement de confiance en lui pour s'affirmer et être capable de s'opposer aux autres.

1) Un manque de confiance certain

La confiance en soi est une qualité qui aide l'individu à atteindre ses propres objectifs et à s'affirmeravec sérénité dans la société. Les personnes qui n'ont pas confiance en elles dépendent alors deplusieurs éléments qui leur sont externes tels que les jugements et regards des autres, la pressionsociale ou encore leurs échecs et leurs erreurs qu'elles amplifient et exagèrent.Mohamed est un jeune qui fait preuve d'une grande immaturité.

En effet, alors qu'il sera majeur dans deux ans, il peut adopter un comportement inadapté voiretotalement en décalage pour un mineur de son âge et plutôt digne d'un petit enfant. Le manque deconfiance en lui et la peur de l'inconnu lui interdisent de participer aux activités proposées par lecentre. Il ne s'autorise d'ailleurs à les pratiquer qu'après de nombreuses sollicitations etencouragements de la part de l'équipe et peut, dans l'après, en ressentir une certaine fierté.

Piste de travail: Il serait intéressant d'amener Mohamed à se faire davantage confiance et à être plusautonome.

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Pour ce faire, il serait opportun de valoriser le jeune à chaque démarche effectuée seul et de fixeravec lui un objectif toujours plus grand à atteindre. En effet, le jeune doit aller de l'avant en sesurpassant et ne pas se contenter de ce qu'il connaît ou sait déjà faire. Cependant, il sera nécessairede lui fixer des défis correspondants à ses potentialités, un défi trop élevé risquerait de conduire àl'échec et donc au découragement, un défi trop facile serait, quant à lui, synonyme dedévalorisation. D'ailleurs, comme souligné en première partie, un des rôles de l'éducateur estd'aider le jeune à devenir lui-même, c'est en quelque sorte un passeur de sens.Nous disposons, actuellement, pour mettre en œuvre ce travail du cadre de la Liberté SurveilléePréjudicielle.

2) Le lien entre l'attachement et l'estime de soi

Après avoir rencontré à de nombreuses reprises Mohamed et échangé avec la psychologue duservice, il apparaît, au vu de son histoire personnelle, que le jeune n'a pas disposé d'une base desécurité assez solide lui permettant d'affronter sereinement le monde qui l'entoure. l'hypothèse d'unattachement insécure peut alors être posée. Celui-ci pourrait être, selon la description de la figured'attachement de type évitant ou ambivalent. Force est alors de constater que si cette hypothèse estretenue, Mohamed n'a pas développé une image très positive de lui-même.

Piste de travail: Avant d'entamer toute action, il serait opportun de chercher à connaître le niveaud'estime que Mohamed a de lui-même, à l'aide du questionnaire présenté précédemment. Une foiscela réalisé, il conviendra de verbaliser certaines choses avec le jeune. En effet il est important designaler au mineur qu'il a le droit d'aller mal et que cela est tout à fait compréhensible au vu de sonhistoire personnelle mais Mohamed doit aussi comprendre que s'estimer et se respecter est unpréalable indispensable pour une vie harmonieuse. Il doit alors être lui-même, sans se soucier duregard des autres et ne plus trembler à l'idée d'un éventuel rejet. Il est également nécessaire de luiexpliquer que même si cela n'est pas toujours facile, être capable de dire non est une façon deprendre soin de soi, d'exprimer ce que l'on veut vraiment ou ce que l'on ne veut pas.

Aussi, il sera nécessaire d'engager, en parallèle, un travail avec la famille et en particulier avec lesparents de Mohamed afin d'éclairer certaine zones d'ombre et de permettre au jeune de trouver desréponses à ses questions. Il est alors essentiel que le jeune comprenne d'où il vient pour savoir où ilva.

3) Le comportement de Mohamed : un comportement révélateur d'un sentiment de sécurité intérieure fragile

Lorsque l'on s’intéresse à l'histoire de Mohamed, on peut comprendre que le jeune ne se sente pasaimé, éprouve des difficultés à trouver sa place au sein de sa famille et possède un caractère sifragile. Il exprime d'ailleurs très souvent ce ressenti et ce, notamment lorsqu'il reproche auxmembres de sa famille de « ne pas l'aimer » ou encore « de n'avoir jamais rien fait pour lui ».Concernant l'attitude adoptée par le jeune, il est à noter, comme dit précédemment, uneconsommation importante de cannabis sur laquelle il pense avoir le contrôle. On peut alors comprendre que cette consommation semble être pour lui un moyen d'apaiser sasouffrance, son mal-être.

De même, Mohamed, à travers la scarification, semble avoir besoin d'exprimer, d'évacuer un tropplein de tension ou de « rage intérieure » qui le submerge. Le sentiment de sécurité de soi ressentipar le jeune paraît être si fragile que cela ne peut passer que par des actes concrets. En effet, commevu précédemment, la notion de marquage est présente et peut être vécue comme un besoin dematérialiser et externaliser sur soi les souffrances intimes.

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Enfin, les passages à l'acte du mineur ainsi que ses différentes fugues marquent bel et bien un appelà l'aide, une manière d'exister, d'attirer l'attention sur lui mais également de recherche cettesensation de bien-être instantanée décrite par l'approche hédonique. Il semble alors tester certaineslimites et chercher à se confronter à un cadre, sans doute, plus rassurant pour lui : celui de lajustice.

Piste de travail: Mohamed est un jeune qui reconnaît sa tristesse et qui est capable d'élaborer sur cesujet. Là où d'autres jeunes pourraient être dans l'agitation et la toute puissance, lui, préfère êtrereplié sur lui-même et rester isolé.La pratique d'un sport ou d'une activité en lien avec les animaux pourrait lui permettre dedévelopper une meilleure image de lui-même, de ne pas rester seul et de retrouver le goût de l'efforttout en nouant le contact avec eux. L'équitation, par exemple, pourrait être bénéfique pourMohamed qui aurait la possibilité de s'attacher aux chevaux, d'en prendre soin, sans ressentir lacrainte d'un retour négatif, d'une rupture.

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Il convient, dans cette troisième et dernière partie de proposer quelques axes, quelques idéesd'améliorations opérationnelles en lien avec notre problématique et nos données recueillies.

Dans un souci, essentiellement, de temps, aucune expérimentation n'a pu être mise en place au seinde l'UEMO où je suis pré-affectée cette année. Cependant, des projets ont été réfléchis, pensés etseront, dans les semaines qui suivent, mis en œuvre.

Les expérimentations à venir sont au nombre de deux, l'une étant consacrée au volet bien-être etsanté (I) , l'autre se rapprochant davantage des deux volets que sont l' estime de soi et l'insertion(II).

I ) Première expérimentation envisagée : l'atelier santé et bien-être

Ce travail a permis de mettre en avant l'absence de connaissance des jeunes sur la santé et sur cequ'elle comprend mais aussi de souligner le manque d'accès aux soins de ce public.

Dans l'optique de la mise en place du Dispositif Accueil et Accompagnement au sein de l'UnitéÉducative de Milieu Ouvert de Noisy-le-Grand, il serait opportun de mettre en place une activitéautour de la prévention et de l'éducation à la santé à destination des jeunes pris en charge.

Après avoir présenté cet atelier (A) et défini ses principaux objectifs (B), il conviendra d'en arrêterprécisément les modalités de mises en œuvre ( C) ainsi que les points de vigilance (D).

A – L'atelier santé et bien-être

Comme vu précédemment, les jeunes n'accordent qu'une faible importance à leur santé, à leur bien-être et ont ,généralement, une conception totalement ou partiellement erronée de ce que signifientces termes.Mettre en place, en plus des activités déjà existantes au sein de l'UEMO, un atelier santé et bien-être pourrait être l'occasion pour les jeunes et les professionnels de revenir sur ces notions etd'échanger ensemble autour des représentations de chacun.

Sans avoir l'ambition de changer complètement les pratiques et les idées reçues des jeunes suivis,cet atelier se veut être un lieu convivial, d'échanges, de prévention et d'informations.

B – Les objectifs visés

Trois grands objectifs sont ici visés :

Il s'agit, tout d'abord, de permettre une discussion autour des représentations de chacun vis à vis dela santé et du bien-être et de tenter de faire bouger certaines perceptions à l'aide d'échanges et dediscussions.Il s'agit, ensuite, de tenter de faire entendre que prendre soin de soi est important et ainsi demobiliser le désir chez les jeunes de prendre soin d'eux mêmes.

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TROISIEME PARTIE: LES PRECONISATIONS OPERATIONNELLES

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Il est enfin question de favoriser l'accès à la prévention et aux soins des jeunes et de faire ainsi ensorte qu'ils deviennent acteurs de leur propre santé.

C – Les modalités de mise en œuvre

Afin de définir les modalités de notre expérimentation, il convient d'utiliser la méthode duQQOQCCP, méthode qui, par une série de questionnements, permet une analyse approfondie duprojet.

QQOQCCP

Qui ?

Sont ici concernés les jeunes pris en charge au sein de l'UEMO, sans distinction d'âge ni de sexe.L'atelier sera collectif et constitué d'un groupe de six personnes maximum et sera encadré par deuxprofessionnels (deux éducateurs ou éducateur/psychologue ou éducateur/Assistante de ServiceSocial etc). Certains partenaires extérieurs pourront également être amenés à intervenir.

Quoi ?

Un atelier « santé et bien-être »

Où ?

Au sein de l'UEMO dans la salle qui sert, habituellement, aux réunions.

Quand ?

L'atelier durera deux jours et aura lieu une fois par trimestre.

Comment ?

Chaque éducateur proposera, aux jeunes dont il assure le suivi et s' il juge opportun de le faire, departiciper à cet atelier.L'atelier se déroulera sur deux jours et respectera un emploi du temps fixé en amont. Certaine formations comme celles prévues pour l'animation d'un atelier photo langage ou autresseront, sans doute, nécessaires pour les professionnels encadrant.

Combien ?

L'expérimentation est peu coûteuse et ne demande pas d'investissement particulier.

Pourquoi ?

L'expérimentation à plusieurs intérêts. Elle permet tout d'abord d'associer le jeune à une nouvelleactivité au sein même de l'UEMO et d'observer son comportement en présence de ses pairs,l'atelier étant un atelier collectif.Cela permet également de travailler sur la santé à l'aide d'autres supports que le RIS ou encore lequestionnaire. Enfin, cet atelier permet de remobiliser les jeunes sans activité.

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● Exemple d'activités proposées :

Horaires Jour 1

9h30 – 10h30 Accueil, présentation de chacun, présentation des deux journées passées ensemble.

10h30 – 10h45 Pause

10h45 - 12h30 Photo langage : ex : choisissez une ou deux photos qui représentent selon vous lasanté. Choisissez une photo représentant une personne qui vous ressemble le plus.Échanges et discussions.

12H30 – 14 h Pause déjeuner

14h – 15 h 30Activité créative : Créer un slogan de prévention autour de l'alcool , slogan quisera affiché au sein de l'unité. (Dynamique de création)

15 h 30 – 15 h 45 Pause

15 h 45 – 17 h Activité créative : Poursuite de l'activité et affichage du slogan réalisé au sein del'UEMO

Horaires Jour 2

9h30 – 10h00

Accueil, présentation de la journée et des intervenants

10h00 – 11h00 Intervention des professionnels travaillant au sein d'une Consultation JeunesConsommateurs

10h45 – 11h00 Pause

11 h – 12 h 30 Animation d'un support emprunté à la Mission Métropolitaine de prévention desconduites à risques

12h 30 – 14 h 00 Pause déjeuner

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14 h 00 – 15 h 00 Diffusion d'un film/documentaire/reportage qui traite du thème de la santé, du bien-être

15 h 00 – 15 h 15 Pause

15 h 15 – 16 h 30 Débat sur le film/documentaire/reportage visionné

16 h 30 – 17 h Retour sur ces deux journées passées ensemble

D – Les points de vigilance

Pour commencer, certaines étapes doivent être respectées avant de mettre en place l'ateliersanté/bien-être. En effet, il convient d'arrêter précisément, en présence de l'équipepluridisciplinaire, l'emploi du temps qui sera proposé aux jeunes et d'aller, pour ce faire, à larencontre des différents partenaires.

Une fois le planning des deux journées défini, il semble important de le présenter aux jeunes et deleur expliquer précisément ce qui va être fait ensemble. Fixer un objectif atteignable tel que laréalisation d'un slogan qui sera par la suite affiché au sein de l'UEMO semble être un bon moyen devaloriser les jeunes, de les placer dans une dynamique de créativité et non d'oisiveté.

Enfin, il est, à mon sens, important de faire le « relais » avec l'éducateur référent du jeune ayantparticipé à l'atelier et de le tenir informé du comportement du mineur durant l'atelier ainsi que deson investissement. La participation du jeune pourra ainsi être soulignée et valorisée auprès dumagistrat de la même façon que le seront ses différentes démarches d'insertion par exemple.

II) Deuxième expérimentation envisagée : La simulation d'entretiens d'embauche ou de stagefilmée

L'entretien d'embauche ou de stage demeure la pierre angulaire du processus de recrutement en cesens qu'il est le premier véritable contact du jeune avec l'entreprise. Ce premier entretien permet aurecruteur de jauger le potentiel et le professionnalisme du candidat et ce, dans un temps trèsrestreint. Cet exercice est alors loin d'être simple pour des jeunes qui n'y sont pas habitués mais l'est d'autantplus pour ceux qui n'ont pas confiance en eux.

Après avoir présenté plus en détail ce projet (A) mais également après en avoir défini lesprincipaux objectifs (B), il conviendra, tout comme pour la première expérimentation, d’en définirles avantages (C) et d'en arrêter précisément les modalités de mise en œuvre (D) et, enfin, desouligner les points de vigilance (E).

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A – La simulation d'entretiens

Comme le disent de nombreux Directeurs des Ressources Humaines80, « ce qui manque aux jeunesdans leur parcours vers l'emploi, c'est l'épreuve de la vérité, c'est à dire un retour sur leur posture,leur savoir-être, et globalement, sur l'image qu'ils dégagent lors de l'entretien d'embauche ».

Les simulations d'entretien réalisées auprès des jeunes pourraient alors aider à cela. Cependant,certaines étapes, indispensables, devront être réalisées au préalable. En effet, avant de s'essayer àl'entretien d'embauche ou de stage, il est nécessaire que le jeune puisse prendre un temps pourdéfinir, avec les adultes qui l'entourent, son projet d'insertion. Une fois cela fait, un CurriculumVitae ainsi qu'une lettre de motivation en lien avec ce projet seront rédigés et réutilisés pour lasimulation d'entretien.

L'entretien sera individuel et prendra la forme d'un « jeu de rôles », l'éducateur jouant le rôle durecruteur face au jeune. L'ensemble de l'entretien sera filmé et suivi d'un débriefing.

Trois entretiens en tout auront lieu pour chaque jeune afin de constater les évolutions et les progrèsréalisés.

B – Les objectifs visés

Trois grands objectifs sont visés à travers cette expérimentation. Il s'agit en premier lieu d'évaluerles faiblesses et les forces du candidat à travers une simulation au plus proche de l'entretien réel. Ils'agit, en second lieu, de permettre au mineur de s'essayer à l'exercice, de prendre confiance en luiet de savoir mettre en avant ses compétences mais également de se rendre compte des difficultésqu'il peut rencontrer. Enfin, il est question, en dernier lieu, pour le jeune de se faire une idée plusjuste de l'image qu'il peut renvoyer dans le contexte de l'entretien de recrutement, de constater sesprogrès et de gagner ainsi en estime de soi.

C – Les avantages de la mise en place de cette expérimentation

Cette expérimentation peut être un bon support pour aborder les thèmes de l'insertion et de l'estimede soi avec les jeunes suivis. Elle peut alors permettre aux jeunes qui n'ont qu'une faible estimed'eux-mêmes de gagner en confiance en soi, en vision de soi et en amour de soi. Cet exercice peutégalement permettre de mieux connaître le jeune, de déceler son type d'intelligence et de travaillerce point fort. Les jeunes dont l'estime de soi est élevée, auraient ainsi l'occasion de la renforcer, de s'essayer àl'exercice, ce qui ne pourra leur être que favorable à l'avenir.

D – Les modalités de mise en œuvre

Comme pour la première préconisation, nous utiliserons ici aussi la méthode du QQOQCCP.

_____________________

80 HTTP://.imfis.fr/insertion/optimisez-vos-chances.

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QQOQCCP

Qui ?

Sont ici concernés les jeunes de seize ans et plus, garçons et filles, insérés ou non, qui souhaitents'essayer ou s'entraîner à l'exercice de l'entretien d'embauche.

Quoi ?

Un atelier « simulation d'entretien d'embauche » avec la présence d'un éducateur et du jeune.

Où ?

Au sein de l'UEMO dans un bureau aménagé pour l'occasion.

Quand ?

Les entretiens débuteront en septembre 2016, une demi après-midi par semaine sera consacrée àcet exercice.

Comment ?

Chaque éducateur proposera, aux jeunes dont il assure le suivi et dont il juge opportun de le faire,de participer à ces simulations d'entretien. Une première étape sera consacrée à la rédaction des CVet des lettres de motivation. Une seconde étape sera réservée à une préparation, une explication àdestination du jeune afin que celui-ci sache précisément ce qui va être fait et puisse se mettre encondition. L'exercice de l'entretien filmé aura lieu, quant à lui, dans un troisième temps, suivi, àchaque fin d'entretien, d'un débriefing avec le jeune.Les entretiens dureront environ 30 minutes chacun.

Combien ?

L'expérimentation est peu coûteuse. Il suffira de prévoir une caméra afin de pouvoir filmerl'entretien ainsi qu'un écran d'ordinateur ou de télévision pour diffuser la vidéo lors du débriefing.

Pourquoi ?

L'expérimentation a plusieurs intérêts. Elle permet tout d'abord d'associer le jeune à une nouvelleactivité au sein même de l'UEMO. Elle permet également, comme dit précédemment, de travaillerle projet d'insertion de chacun mais également l'estime que le jeune a de lui-même. Cette mise en situation vise aussi à ce que le jeune ait davantage confiance en lui, en ses capacités,se connaisse mieux et sache mettre ses compétences en avant.Cette confrontation directe avec le monde du travail place les jeunes dans une réalité différente dela leur qui ne peut être que bénéfique pour eux.

● Exemple de déroulement de l'entretien :

En amont : Le recruteur (l'éducateur) a déjà en sa possession le CV et la lettre de motivation ducandidat ( le jeune). Ce dernier a, quant à lui, connaissance de l'annonce à laquelle il a postulé etdu poste visé.

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Le jeune se rend à l'UEMO et se présente à la secrétaire qui joue elle aussi le jeu, le candidat estalors invité à patienter en salle d'attente.Le recruteur invite ensuite le candidat à se rendre dans son bureau pour y débuter l'entretien.

L'entretien :

Le recruteur commence l'entretien par se présenter et présenter brièvement son entreprise. Ilexplique ensuite au candidat que sa candidature a été retenue et que c'est dans ce cadre que cetentretien a lieu. Il peut également faire part du poste ou du stage proposé et en donner lesprincipaux critères (temps, salaires, principales missions etc).

Différentes questions peuvent être posées au candidat et ce en fonction du poste visé et de son CV.

Exemples de questions :

- Pouvez-vous vous présenter ?- Pourquoi avez-vous répondu à notre annonce ?- Quelles sont vos principales qualités ? Vos principaux défauts ?- Pourquoi vous plutôt qu'un autre ?- Au cours de votre dernier emploi, de votre dernier stage, de quoi êtes vous le (la) plus fier(e) ?- Avez -vous des questions ? (etc).

Lorsque l'entretien se termine, le recruteur accompagne le candidat à la salle d'attente.

En aval : L'éducateur demande au jeune de venir à nouveau dans le bureau afin d'échanger dansun premier temps sur ses impressions, sur son ressenti.

La vidéo est ensuite diffusée, le jeune peut alors se rendre compte de la façon dont il se présente,de sa manière de parler, de l'image qu'il renvoie. Certains points à améliorer lui seront notifiés toutcomme ses points forts. Certains axes à travailler seront définis pour le prochain entretien. La vidéo sera conservéejusqu'au troisième entretien afin que le jeune puisse constater son évolution.

E – Les points de vigilance

Deux grands points de vigilance doivent, à mon sens, être pris en compte :

Il s'agit, premièrement, de prévoir un temps de préparation assez conséquent afin de ne pasdécourager totalement le jeune, pour qui le premier entretien ne se passerait pas bien.

Il s'agit, deuxièmement, d'informer qu'il ne s'agit là que d'un exercice et d'éviter ainsi qu'un jeune,trop confiant en lui, ne soit déçu et découragé suite à un réel entretien d'embauche ou de stage quine se déroulerait pas comme il le pensait.

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CONCLUSION

L'intérêt de ce travail était de se demander en quoi la prise en compte du bien-être, actuel et à venir,des jeunes, pouvait leur permettre de trouver l'envie et la force de s'ouvrir aux autres, d'élaborer desprojets, de croire en leur avenir.

Pour ce faire nous avons tenté d'expliquer, à l'aide d'apports théoriques, que la prise en compte dubien-être du jeune joue un rôle important dans sa réinsertion et dans la concrétisation de son projet.

Dans la seconde partie intitulée « confronter la théorie au terrain », nous avons procédé à un recueilde données en deux temps : l'un ayant été consacré aux enquêtes, l'autre à l'analyse d'une situationéducative.

Enfin, dans la troisième et dernière partie, nous avons évoqué des préconisations, desexpérimentations en rapport avec ces données qui seront prochainement mises en place dans l'unitéoù je suis pré-affectée : la mise en place d'un atelier santé et bien-être ainsi que l'organisation desimulation d'entretiens.

Ce mémoire qui vient clôturer deux années de formation riches en expériences personnelles etprofessionnelles a été pour moi l'occasion de m'intéresser et de développer mes connaissances dansun domaine qui me tient particulièrement à cœur mais également de grandir et de construire encoredavantage mon identité professionnelle. Beaucoup de thèmes traités ici seront, bien entendu, àapprofondir tout au long de ma carrière professionnelle.

Quoi qu'il en soit, plus de trois ans après le lancement du projet « PJJ : promotrice de santé », cemémoire a eu pour objectif de contribuer, aussi modestement soit-il, à dresser un état des lieux dela situation et de sensibiliser davantage les professionnels autour de cette question qui est biensouvent centrale dans les différentes prises en charge.

La prévention, les échanges, les discussions, la prise en compte de l'état de santé des jeunes sontautant de sujets à côté desquels nous ne pouvons passer et qui auront, un jour ou l'autre, desrépercussions chez eux. En effet, « les jeunes sont parfois délinquants, parfois déprimés, parfoisnévrosés, parfois obstinés, parfois perturbés, parfois de mauvaise humeur, parfois méfiants,souvent méchants envers les autres et envers vous, et pourtant ils sont attachants parce que chacund'eux a ses espérances, ses difficultés et sa manière propre de les gérer, et parce que chacun d'euxutilise à sa façon l'aide que vous lui donnez»81.

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81.D W. Winicott, Psychiatre et psychanalyste anglais.

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BIBLIOGRAPHIE

Articles/ Enquête :

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Ouvrages

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La santé de l'Homme : « Jeune en insertion : la santé en question » n°399 janvier-février 2009.

La santé de l'Homme : « Jeunes et addictions : évolution des comportements et des pratiquesprofessionnelles » n°429 septembre 2014.

Sites Internet :

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Le monde.fr

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GLOSSAIRE

API : Alcoolisation Ponctuelle Importante

CODES : Comité Départemental d’Éducation à la Santé

CJ : Contrôle Judiciaire

ENPJJ : École Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

EPE : Établissement de Placement Éducatif

DIPC : Document Individuel de Prise en Charge

DIR : Direction Interrégionale

DIRPJJ : Direction Interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

DT : Direction Territoriale

IREPS : Instance Régionale d’Éducation et de Promotion de la Santé

LS : Liberté Surveillée

LSP : Liberté Surveillée Préjudicielle

MDA : Maison des Adolescents

MJIE : Mesure Judiciaire d'Investigation Éducative

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PJJ : Protection Judiciaire de la Jeunesse

RIS : Recueil d'Informations Santé

STEMO : Service Territorial Éducatif de Milieu Ouvert

UEAJ : Unité Éducative d'Activités de Jour

UEMO : Unité Éducative de Milieu Ouvert

UEHC: Unité Éducative d'Hébergement Collectif

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TABLE DES ANNEXES

Annexe n°1 : Plaquette de présentation de l'UEMO de Noisy-le-Grand 1

Annexe n°2 : Grille d'entretien concernant l'enquête qualitative 2

Annexe n°3 : Tableau des jeunes interviewés dans le cadre de l'enquête qualitative 3

Annexe n°4 : Tableau des professionnels interviewés dans le cadre de l'enquête qualitative 4

Annexe n°5 : Questionnaire sur l'estime de soi 5

Annexe n° 6 : Consignes concernant le mode de passation du questionnaire 6

Annexe n° 7 : démarches et participations aux instants institutionnels 8

Annexe n° 8 : encart méthodologique 9

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ANNEXE N°1

Plaquette de présentation de l'UEMO de Noisy-le-Grand

1

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ANNEXE N°2

Grille d'entretien concernant l'enquête qualitative(entretien jeunes)

THEMATIQUES EXEMPLES DEQUESTIONS POSEES

Thématique n° 1 Perception de l'état de santé - Comment vas -tu ?- Es-tu en bonne santé ?- Que signifie , selon toi être en bonne santé ?

Thématique n° 2 Rendez-vous médicaux et suivimédical

- Vas-tu régulièrement consulter un médecin ?- Depuis combien de temps n'es tu pas allé chez le dentiste ?...

Thématique n°3 Pratiques sportives/Alimentation/ Soin du corps/

Sommeil/ Consommation

- tu aimes le sport ?- Que fais-tu comme activité ?- A quelle heure tu te couches et te réveilles en semaine ?

Grille d'entretien concernant l'enquête qualitative(entretien professionnels)

THEMATIQUES EXEMPLES DEQUESTIONS POSEES

Thématique n° 1

Les questions de santé

- Vous sentez vous légitimes pour aborder les questions de la santé ?- Quelle place occupe, pour vous, la santé dans la prise en charge du jeune ?- Des bilans de santé sont-ils réalisés ? ...

Thématique n° 2 Prévention de la santé - Avez vous déjà pu mettre en place des ateliers de prévention ? ...

Thématique n°3Le RIS

- Remplissez vous le RIS ?- Pourquoi ? ...

2

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ANNEXE n°3

Tableau des jeunes interviewés dans le cadre de l'enquête qualitative

PSEUDO AGE SEXE LIEU DE RESIDENCE

NIVEAUSCOLAIRE

INSERTION MESUREEN COURS

ANCIENNETEDU SUIVI

Abdel 17 ans M Noisy-Le-Grand

Terminalegénérale

Terminale S LS Octobre 2015

Amaury 16 ans M Neuillyplaisance

3ème 3ème LSP /réparation

Février 2016

Aziz 17 ans M Gagny 4ème Sans insertion CJ Octobre 2015

Bélinda 17 ans F Neuilly surmarne

CM2 Sans insertion LSP Décembre 2015

Mohamed 16 ans

M Neuilly- sur-marne

5ème Sans insertion LSP/ MJIEPénale

Septembre 2015

Romain 16 ans M Rosny- Sous-Bois

3ème Sans insertion LSP Février 2016

3

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ANNEXE N°4

Tableau des professionnels interviewés dans le cadre de l'enquête qualitative

PSEUDO POSTE OCCUPE FORMATION STRUCTURE Activité en lien avec lasanté

Romain Éducateur à la PJJ depuis plus de 10 ans. Grade de Chef de Service Éducatif.

Formation STAPS( Sciences et

Techniques desActivités

Physiques etSportives)

UEMO Noisy-Le-Grand

Animation d'activitéssportives (VTT,

escalade, canoë kayak)

Célia Éducatrice à la PJJ depuisplus de 10 ans. Grade de Chef de Service Éducatif.

FormationJuridique

UEMO Noisy-Le-Grand

Référente santé au seinde l'unité, détachée à50 % de son temps de

travail à la MDA« Amica »

Jonathan Éducateur à la PJJ depuis plus de 10 ans.Grade de Chef de ServiceÉducatif.

Formation STAPS UEMO Noisy-Le-Grand

Animation d'activitéssportives (Judo)

Ester Psychologue stagiaire à laPJJ .

Psychologie UEMO Noisy-Le-

GrandMise en place de suivi

psychologique

Rabah Infirmier Territorial sur ledépartement de la Seine-Saint-Denis.

Institut deFormation en

Soins Infirmiers

DT Seine Saint Denis Référent santé sur ledépartement de la Seine

Saint Denis

4

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ANNEXE N°5 :

Questionnaire concernant l'estime de soi :

Nous vous remercions de bien vouloir nous accorder quelques minutes pour renseigner ce questionnaire.Celui-ci est destiné à recueillir des informations dans le cadre d'un travail de recherche. Le questionnaireest anonyme et le traitement des réponses sera strictement confidentiel.

Sexe : Age : Niveau scolaire : Vous êtes actuellement*: - Scolarisé(e) - en formation

- sans insertionDepuis quand :

Merci de lire chacune de ces déclarations et d'indiquer si elles sont plutôt vraies ou plutôt fausses :

Déclarations Vrai Faux

1-Je peux reconnaître et admettre mes erreurs.

2-Je peux entrer en contact avec des personnes que je ne connais pas.

3-Je tiens à mes valeurs même lorsque les autres ne les approuvent pas.

4-Je sais accepter un compliment sans me sentir mal à l’aise.

5- Je peux rester moi-même, même en compagnie d’autres personnes.

6-Je m’accepte avec mes défauts et mes faiblesses.

7-Je suis capable de reconnaître mes forces.

8- Je peux éprouver de la joie pour la réussite de quelqu’un d’autre

9- J’évite de me comparer aux autres.

10-J’ai l’esprit en paix.

11-Je peux m’exprimer et m’amuser sans me soucier de ce que les autres pensent de moi.

12-Je crois que je suis unique.

13-J'accepte que les autres soient différents de moi sans les juger.

14-Je m’affirme et je reconnais les autres.

15-J’exprime ouvertement mon amour pour les autres.

16- Je m’aime.

17- J’accepte tous mes sentiments.

18-Je peux me sentir bien lorsque je suis seul.

TOTAL

* Entourez votre réponseMerci pour votre participation.

Source : Service de psychologie Local C-101, Centre étudiant Université de Moncton « Améliorer son estime de soi »

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ANNEXE N°6

Courrier concernant le mode de passation du questionnaire sur l'estime de soi à destination descollègues du STEMO « Le Raincy ».

PASSATION DU QUESTIONNAIRE

Contexte

Mon mémoire de fin d’année traite de la santé/bien-être des jeunes de 16 à 18 ans, en difficultéd’insertion. Trois hypothèses de départ sont alors formulées :

1. Un jeune qui ne va pas bien, qui ressent un mal-être, aura plus de difficultés à renouer avec lascolarité, à rentrer dans une dynamique de projet, à entamer un processus d’insertion.

2. Les mineurs suivis par les professionnels de la PJJ n’accordent qu’une faible importance à leursanté.

3. Les jeunes pris en charge à la PJJ n’ont que très peu d’estime d’eux-mêmes, ce qui constitue unfrein à leur insertion.

Le questionnaire

Le questionnaire présenté est issu d’une étude faite par le service de psychologie local del’Université de Moncton au Canada. Il concerne l’estime de soi et prend la forme d’un vrai ou faux.

L’idée est que plus le jeune a de « vrais», plus l’estime qu’il a de lui-même est élevée. Si lesrésultats affichent moins de treize « vrais », alors l’estime que la personne a d’elle-même est trèsfaible.

L’objectif est alors de recueillir le plus de questionnaires possible afin que les résultats soient leplus significatifs possible. C’est notamment la raison pour laquelle la démarche concerne les troisunités du STEMO Le Raincy.

Mode de passation

* Qui est concerné ? Tous les jeunes âgés de 16 à 18 ans à partir du moment où la prise en chargeest effective.

* Qui présente ce questionnaire ? L’éducateur référent du jeune présente le questionnaire et lecontexte dans lequel celui-ci a lieu. Il informe le jeune que ce questionnaire est anonyme etconfidentiel. Le professionnel peut éventuellement reformuler certaines déclarations si besoin et ce,dans un souci de compréhension de la part du mineur.

* Où ? Il est préférable de faire passer ce questionnaire lors d’un entretien classique mais rien n’estimposé. En revanche, pour respecter la confidentialité et ne pas biaiser les réponses données, il estnécessaire que le questionnaire soit présenté hors de la présence des parents.

* Les réponses ? Il est important de préciser au jeune qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaisesréponses. Une seule réponse par déclaration est possible.

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* Temps ? Aucune indication de temps n’est mentionnée.

Retour des questionnaires

Afin de pouvoir traiter et analyser les résultats de cette enquête dans le temps imparti, un retour desquestionnaires au plus tard le jeudi 21 avril 2016 est fixé.

Je vous remercie par avance pour le temps consacré à ce questionnaire et pour votre aide précieuse.

DUCHATEAU Sarah.Educatrice Pré-affectée UEMO Noisy-Le-Grand

7

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Annexe n°7

Démarches et participation aux temps institutionnels sur le thème de la santé / bien-être

* Les 8 octobre et 10 décembre 2015 : Après-midi débats organisés par la Maison des Adolescents« AMICA » à Montfermeil.

* Les 17 novembre et 20 novembre 2015 : Deux journées passées auprès de la MDA « AMICA »à Clichy-sous-Bois, (participation à l'atelier bien-être).

* Le 22 janvier 2016 : Journée d'études internationale intitulée Professionnels de l'éducation et de lasanté : identités, pratiques et compétences en éducation en santé, organisée par l’association ARDECO(Association pour la recherche et le développement des compétences). Université Paris Descartes,Faculté de médecine.

* Le 12 février 2016 : Commission santé (présentation ITEP et point sur le projet PJJ promotrice desanté).

* Le 12 avril 2016 : Journée de formation auprès des professionnels du CERIASIF (Centre deressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles en Île-de-France).

* Le 13 avril 2016 : Conférence à l'Hôtel Dieu sur la thérapie familiale.

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Annexe n° 8

Encart méthodologique

L'encart méthodologique comprend six grands items allant de la question de départ jusqu'aux pointsforts et limites de la démarche. Dans un souci de cohérence et de clarté, nous détaillerons chaqueitem l'un après l'autre.

A – De la question de départ à la problématique

Stagiaire en première année de formation, j'ai eu l'occasion de partir à la découverte du territoireCôte-d'Or – Saône et Loire et d'appréhender au mieux la prise en charge individuelle et collectivedes jeunes à travers deux stages, l'un en milieu ouvert, l'autre en hébergement. Cette année deformation m'a alors permis de faire le lien avec mes expériences professionnelles passées et ainside m'interroger, dans un premier temps, sur la place de l'éducateur dans la prise en charge desjeunes exclus de leur établissement scolaire et sur la prise en compte de la santé des jeunes suivispar les services de la PJJ, dans un second temps.

Pré-affectée, en deuxième année de formation, au sein de l'Unité Éducative de Milieu Ouvert deNoisy-le-Grand, j'ai pu constater que bon nombre de jeunes étaient déscolarisés et peu ou pasqualifiés ce qui a pour conséquence de rendre leur insertion professionnelle compliquée.J'ai pu, en parallèle, remarquer que beaucoup de jeunes étaient consommateurs de cannabis,d'alcool, et que certains d'entre eux développaient même des conduites addictives. Bon nombre dejeunes suivis ont une apparence très négligée, un visage très «marqué». D'autres sont fugueurs ouadoptent un mode de vie déstructuré. Des difficultés psychologiques sont également à soulignerainsi que des troubles du comportement avec parfois des passages à l'acte violents, envers euxmêmes mais aussi, et ce majoritairement, envers leur entourage (violences intrafamiliales).

Tous ces constats repérés aussi bien dans le champ de la santé physique, psychologique que socialesont autant d'indicateurs qui laissent à voir le mal être de ce jeune public et suscitent, chez moi, denombreux questionnements.

De plus, en prenant le temps de lire quelques dossiers de mineurs mais également en observant eten participant à certains entretiens menés par les collègues, j'ai pu constater que la question de lasanté et du bien-être des jeunes pris en charge n'était que très peu abordée avec eux mais égalementau sein de l'équipe pluridisciplinaire.

Ces constatations ont alors soulevé plusieurs interrogations : Dans quelles mesures la prise encompte de la santé du jeune peut-elle constituer un levier dans l'action éducative? L'émergence dela santé peut-elle favoriser la réussite éducative? Jusqu’où l'éducateur est-il compétent pour traiterces questions de santé? Qu'est ce que la santé?

Il était pour moi évident, après toutes ces interrogations, de traiter dans ce mémoire du thème de lasanté, bien-être des jeunes suivis. Cependant après plusieurs recherches et lectures et notammentaprès avoir parcouru l'ouvrage d'Annick DEBANNE-LAMOULEN qui s'intitule « Estime de soi etinsertion des jeunes : les laissés pour compte de la cité », j'ai pris le parti de définir encore plusprécisément mon sujet de mémoire. Je me suis alors penchée sur le thème de la santé, bien-être desjeunes en difficulté d'insertion et ai travaillé sur la question de savoir en quoi la prise en compte dubien-être, actuel et à venir, des jeunes, pouvait leur permettre de trouver l'envie et la force des'ouvrir aux autres, d'élaborer des projets et de croire en leur avenir

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B – L'élaboration des hypothèses de recherche

Afin de répondre à cette problématique, j'ai choisi de m'appuyer sur trois disciplines en particulier àsavoir la psychologie, la psychopathologie et la sociologie qui sont, selon moi, les disciplines lesplus adaptées pour traiter de la santé psychique, de l'estime de soi et du bien-être en général.

De même, j'ai pris le parti de centrer ce travail de recherche et d'analyse sur une catégorie de jeunesbien précise : celle des jeunes âgés de 16 à 18 ans. Ce choix d'exclure les autres tranches d'âgeréside dans le fait que les jeunes âgés de moins de seize ans bénéficient normalement d'uneobligation scolaire et ne sont, à priori, pas en difficulté d'insertion. Cette décision réside égalementdans le fait que se joue à la majorité quelque chose de particulier en terme de mal-être et d'estimede soi de la part des jeunes sans insertion qu'il conviendrait de traiter séparément.

Ayant quelques connaissances en lien avec le sujet, il était essentiel de les approfondir et de lescompléter à travers une revue de littérature adéquate. Certains ouvrages comme celui d' AnnieBIRRAUX m'ont alors été conseillés par ma directrice de mémoire et d'autres se sont toutnaturellement présentés à moi au fur et à mesure de mes lectures.Des apports théoriques ont été mis en lumière par les ouvrages, les revues et les articles cités dansla bibliographie et m'ont permis de pouvoir analyser une situation éducative et de mieuxcomprendre et appréhender certains comportements de jeunes pris en charge.

C – Méthodes de recueil et d'analyse des données

Au début de ce travail et avant même d'avoir procédé à la revue de littérature, les trois hypothèsesde départ suivantes ont été formulées :

1. Un jeune qui ne va pas bien, qui ressent un mal-être, aura plus de difficultés à renouer avec lascolarité, à rentrer dans une dynamique de projet, à entamer un processus d'insertion.

2. Les mineurs suivis par les professionnels de la PJJ n'accordent qu'une faible importance à leursanté.

3. Les jeunes pris en charge à la PJJ n'ont que très peu d'estime d'eux- mêmes, ce qui constitue unfrein à leur insertion.

Après avoir relevé certains apports théoriques, la seconde partie du mémoire, consacrée à l'enquêtede terrain a permis d'affirmer, d'infirmer ou de modifier ces hypothèses de départ et ce notamment àtravers un recueil de données.

Le recueil de données a été pensé autour de deux grands thèmes : la santé des jeunes et sa prise encompte mais aussi l'estime que les jeunes ont d'eux-mêmes. Deux méthodes différentes ont étéutilisées : une méthode qualitative qui génère des données non évaluables en nombre et uneméthode quantitative qui produit, quant à elle, des données numériques ou des informationspouvant être converties en chiffres.

L'enquête qualitative s'est déroulée de novembre 2015 à février 2016 au sein de l'UEMO de Noisy-Le-Grand. Les principales informations recueillies l'ont été suite à des entretiens semi-directifsentre jeunes et professionnels (six entretiens en tout), à des entretiens avec les professionnels del'équipe (Psychologue/Assistante sociale/éducateurs/ équipe de direction/ adjointe administrative)mais aussi en observant le quotidien au sein de l'unité. Les jeunes et leurs familles n'ont pas étéinformés de l'enquête pour ne pas que cela ait une influence sur leurs réponses. Les entretiens onteu lieu dans le cadre du suivi de leur mesure et ont duré entre 30 minutes et 1 heure.

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Concernant la restitution de cette enquête, j'ai pris le parti de ne retranscrire que des extraitsd'entretien ou d'échange qui permettent, à mon sens, de répondre au mieux aux questions ethypothèses posées.

L'enquête quantitative qui s'est, quant à elle, déroulée de mars à avril, a pris la forme d'unquestionnaire dans le but de collecter un maximum d'éléments dans un temps assez restreint.L'objectif étant de s'intéresser au niveau d'estime que les jeunes suivis par la PJJ ont d'eux mêmesmais également de voir s'il existe une différence notable, à ce sujet, entre les jeunes scolarisés ouayant un projet professionnel en cours et ceux sans insertion.Le questionnaire utilisé est un questionnaire déjà existant, issu du service de psychologie del'université de Moncton au Canada.

La présentation et l'analyse d'une situation éducative illustrant les problématiques en matière desanté et de bien-être que l'on peut rencontrer dans nos différentes prises en charge est venueclôturer cette enquête de terrain.

D – L'élaboration des hypothèses d'action

Après l'analyse des résultats issus du recueil de données, quatre grands points peuvent êtresoulignés.

Premièrement, il semble évident que les jeunes, à travers leur mode de vie ou leur comportement,négligent leur santé, leur bien-être. Cependant, ils ne paraissent pas faire cela en connaissance decause. En effet, ils ont une définition erronée de ce qu'est réellement la santé et n’ont pasconscience de l'impact que cela peut avoir sur leur insertion et leur projet de vie.

Deuxièmement, il est à noter que la prise en compte de la santé et du bien-être des jeunes par lesprofessionnels de la PJJ fait dorénavant partie intégrante du travail éducatif et que les choses sontprogressivement en train d'évoluer en ce sens. En effet, des activités se mettent, peu à peu, en place,des instances se réunissent pour aborder ces questions, des partenariats se créent et ce dans l'uniquebut de proposer des réponses adaptées aux jeunes suivis et viser ainsi à leur développementpersonnel, leur intégration sociale et à terme leur insertion professionnelle. Cependant ces avancéessont encore trop fragiles, il est donc primordial de les consolider et de les pérenniser.

Troisièmement, d'après les questionnaires recueillis, nous remarquons que les jeunes ayant unprojet d'insertion et travaillant dans ce sens, abordent plus aisément la question de l'estime de soi etse prêtent plus facilement à cet exercice que les jeunes qui sont sans activité et pour qui la questiondu projet professionnel est parfois loin d'être une priorité.

Quatrièmement et si l'on prend en compte l'hypothèse de départ consistant à dire que les jeunes prisen charge à la PJJ n’ont que très peu d’estime d’eux-mêmes, ce qui constitue un frein à leurinsertion, on peut remarquer que cette supposition n'est pas tout à fait correcte. En effet, si, selon cerecueil de données, il apparaît vrai que peu de jeunes pris en charge ont une très bonne estime d'euxmêmes, on peut tout de même noter que certains d'entre eux ont une bonne estime d'eux mêmes etque seuls quelques uns, parmi eux, ont, il est vrai, une faible estime d'eux mêmes.

Enfin, cinquièmement, on peut noter que les jeunes scolarisés ou en formation depuis plus de sixmois ont une très bonne, une bonne ou une moyenne estime d'eux mêmes mais qu'aucun d'entreeux n'a qu'une faible estime de lui même. A l'inverse, les jeunes sans activité expriment davantageune faible estime d'eux mêmes. Il semble alors, selon ces données, que l'estime de soi puisse êtremise en lien avec l'insertion des jeunes suivis.

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Il convient dons de prendre en compte chacune des données recueillies afin de mettre en place desactions opérationnelles en lien avec notre problématique.

E – Description de la phase d'expérimentation et évaluation

Dans un souci, essentiellement, de temps, aucune expérimentation en lien avec notre sujet, n'a puêtre mise en place au sein de l'UEMO où je suis pré-affectée cette année. Cependant, des projetsont été réfléchis, pensés et seront, dans les semaines qui suivent, mis en œuvre.

Ces projets sont au nombre de deux, l'un étant consacré au volet bien-être et santé, l'autre serapprochant davantage des deux volets que sont l' estime de soi et l'insertion.

La première expérimentation à mettre en place concerne un atelier de prévention sur la santé et lebien-être. Cet atelier se déroulerait sur deux jours et viserait trois grands objectifs :

- Il s'agit, tout d'abord, de permettre une discussion autour des représentations de chacun vis à visde la santé et du bien-être et de tenter de faire bouger certaines perceptions à l'aide d'échanges et dediscussions.

- Il s'agit, ensuite, de tenter de faire entendre que prendre soin de soi est important et ainsi demobiliser les jeunes à prendre soin d'eux mêmes.

- Il est enfin question de favoriser l'accès à la prévention et aux soins des jeunes et de faire ainsi ensorte qu'ils deviennent acteurs de leur propre santé.

La seconde expérimentation concerne, quant à elle, la simulation d'entretiens d'embauche filmés.En effet, l'entretien d'embauche ou de stage demeure la pierre angulaire du processus derecrutement en ce sens qu'il est le premier véritable contact du jeune avec l'entreprise. Ce premierentretien permet au recruteur de jauger le potentiel et le professionnalisme du candidat et ce, dansun temps très restreint. Cet exercice est alors loin d'être simple pour des jeunes qui n'y sont pashabitués mais l'est d'autant plus pour ceux qui n'ont pas confiance en eux.

Certaines étapes seront indispensables, et devront être réalisées au préalable. En effet, avant des'essayer à l'entretien d'embauche ou de stage, il est nécessaire que le jeune puisse prendre un tempspour définir, avec les adultes qui l'entourent, son projet d'insertion. Une fois cela fait, unCurriculum Vitae ainsi qu'une lettre de motivation en lien avec ce projet seront rédigés et utiliséspour la simulation d'entretien.

L'entretien sera individuel et prendra la forme d'un « jeu de rôles », l'éducateur jouant le rôle durecruteur face au jeune. L'ensemble de l'entretien sera filmé et suivi d'un débriefing. Trois entretiens en tout auront lieu pour chaque jeune afin de constater les évolutions et les progrèsréalisés.

Trois grands objectifs sont également visés à travers cette expérimentation :

- Il s'agit en premier lieu d'évaluer les faiblesses et les forces du candidat à travers une simulation laproche de l'entretien réel.

- Il s'agit, en second lieu, de permettre au mineur de s'essayer à l'exercice, de prendre confiance enlui et de savoir mettre en avant ses compétences mais également de se rendre compte des difficultésqu'il peut rencontrer.

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- En dernier lieu , il est question pour le jeune de se faire une idée plus juste de l'image qu'il peutrenvoyer dans le contexte de l'entretien de recrutement, de constater ses progrès et de gagner ainsien estime de soi.

F – Points forts et limites de la démarche

Ce mémoire est un mémoire professionnel qui permet la validation d'une formation mais égalementune recherche, une investigation, une analyse bien précise sur un thème donné. Ce travail témoignealors de l'assimilation d'une culture de métier à travers un investissement personnel et en vue d'unréinvestissement professionnel.

Cet écrit peut être consulté et venir enrichir d'autres écrits mais il convient de souligner que lespropos qui y sont tenus restent de la responsabilité de son auteur et n'engage que lui.

Comme dit précédemment, deux méthodes de recueil des données ont été utilisées, l'entretien et lequestionnaire. Si chacune d'entre elles possède des avantages, des inconvénients y demeurentégalement.

Pour commencer, l'entretien, contrairement au questionnaire, permet à l'interviewer de pouvoiradapter la forme, l'ordre et le contenu des questions selon la situation et le niveau decompréhension de l'interviewé. La dimension relationnelle est également nettement plus présente etpermet, parfois, une élaboration plus importante de la part de la personne interrogée. En effet,l’entretien engage deux personnes en vis-à-vis et ne peut être considéré comme un simplequestionnaire où la relation est anonyme. Il existe également une variété des techniques detraitement des données possibles allant du simple résumé à l'analyse du contenu. Enfin si leséchanges verbaux ont une place prédominante, la communication non verbale apporte aussibeaucoup d'éléments d'analyse.

Cependant, on ne peut observer une situation telle qu'elle serait si elle n'était pas perturbée parl'observation . Trouver sa place en tant qu'observatrice même participante n'a pas été chose aisée.En effet, présentée à l'usager comme étant éducatrice en formation, je me suis vite rendue compteque certaines personnes cherchaient dans mon regard un appui, un soutien voire un acquiescementà leurs propos. Enfin, l'entretien, qui demande un temps conséquent, s'adresse à un nombre moinsimportant de personnes qu'un questionnaire et ne permet donc pas de travailler à grande échelle.

Le questionnaire, quant à lui, est rapide à utiliser et permet de travailler à une plus grande échelle,le nombre de participants n'étant pas limité par le temps. Chaque participant peut alors répondre àson rythme et l'aide du professionnel peut permettre une reformulation ou une explication de laquestion visée. Cependant, le questionnaire ne permet pas d'approfondir ni de compléter lesinformations recueillies.

Quoi qu'il en soit, ces deux méthodes ont permis de recueillir un nombre suffisant de données pourque celles-ci puissent être exploitées et que des préconisations en découlent.

Les préconisations qui sont au nombre de deux n'ont pu, faute de temps, être mises en place ce quine nous permet pas de vérifier si elles sont judicieuses et de les réaménager si besoin.

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De nos jours, de plus en plus de jeunes quittent prématurément le système scolaire sans diplôme niqualification ce qui rend leur insertion professionnelle plus compliquée. A cette difficulté s'ajoutele fait que les jeunes pris en charge à la PJJ sont souvent très carencés et que leur structurefamiliale, défaillante dans la grande majorité des cas, n'a pu, tout comme l'école, leur offrir uncadre propice à la construction d'une personnalité stable.

Cela touche alors généralement des jeunes déjà fragilisés qui sont persuadés de ne pas êtrecapables de réussir et qui mettent en marche un processus de dévalorisation.

Différents signaux de mal-être allant de l'hygiène alimentaire, vestimentaire ou encore corporelle àl'addiction sont repérables chez ces jeunes qui expriment, à travers leur aspect physique et/ou leurcomportement, un profond mal-être, mal-être qui impacte leur parcours et leur projet d'insertion.

La prise en compte de la santé et du bien-être des jeunes pris en charge ne doit alors plus être vueuniquement comme un objectif à atteindre mais davantage comme un moyen d'atteindre sesobjectifs de réussite, d'insertion, de projet de vie, de prise en main de son destin.

Mots clés : Santé / Bien-être / Mal-être / Estime de soi / Insertion / Action éducative / Levier / Prise en charge.

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