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Du même auteur :

Aux Editions M.D.V . Récits : – Jusqu’au bout de nos rêves à la voile, Tomes 1 et 2

Romans Auto-édités – Les Présents du Passé, Tome 1 – Notre futur est aussi un Présent, Tome 2

Chez Edilivre : Le chant de l’éternité : – Le Grand Khilgas, Tome 1 – Surclasse navale, Tome 2 – Une puissance souveraine, Tome 3 – Et l’Âge d’Or déploya ses ailes, Tome 4

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Ce roman est une œuvre de fiction. Les patronymes, les personnages

ainsi que tous les lieux et événements décrits sont le fruit de l’ imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées serait pure coïncidence.

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Sans pour autant avoir été matelot, qui peut se vanter d’avoir

toujours tiré sur les bonnes drisses ? Vous savez : ces petites bourdes, omissions ou négligences qui donnent une impulsion suffisante pour faire diverger votre destin ?…

Dieu jouerait-il au bonneteau avec nous ? C’est là que nous voyons l’abîme de nos incertitudes…

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Nous, les Humains, espèce évoluée du XXIème siècle, que connaissons-nous vraiment des secrets de la vie ?

La vérité est là, monolithique, incontournable, navrante. Sa toute omnipotente Majesté la Science qui devait libérer l’humanité

de bien des désagréments, malgré les énormes progrès de ces dernières décennies, ne nous mène pas encore sur le chemin de la félicité.

Nous sommes seulement au pied de l’escalier de l’évolution. En effet, malgré tous nos progrès scientifiques, avec leur contingent de

découvertes étonnantes, nos érudits ont seulement soulevé un coin du voile de ce merveilleux prodige qu’est la vie. Ils ont flairé, de-ci de-là, des hypothèses probables, pressenti des causes saugrenues et des interrelations certaines ou plausibles, fait des avancées notoires dans bien des domaines, mais finalement, ces résultats ont fait naître plus de questions qu’ ils n’ont apporté de réponses. Ce que nous connaissons des interactions chimiques et physiques de nos organismes est ridicule par rapport à ce qui nous reste à découvrir.

Situation curieuse et paradoxale où on nous fait croire que la compréhension complète de notre architecture animée est en vue. Ce n’est plus qu’une question de gros sous… Oyez ! Oyez, braves gens ! Il suffit que vous mettiez la main à la poche.

Déclarations un peu hâtives qui n’engagent que les naïfs. Ce n’est pas avec de la suffisance glorifiée par quelques prestigieux

diplômés que les malades que nous sommes, ou que nous serons à coup sûr un jour, vont se débarrasser de leurs cruelles afflictions corporelles et pouvoir se passer de ces deux béquilles que sont l’ indispensable monde médical et son assistance médicamenteuse.

Depuis pas mal d’années et pour diverses raisons, la mondialisation du mensonge – de préférence de bonnes grosses et vieilles ficelles – séduit de

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plus en plus les élites de nos sphères dirigeantes et semble être devenue maintenant la règle plutôt que l’exception.

Je ne tiens pas à déblatérer sur les mérites ou non de nos savants ni à leur jeter la première pierre sur certains dysfonctionnements. Bien au contraire. Je prends ici leur défense car nos corps sont des éprouvettes d’une complexité inouïe où tout est un subtil mélange de chimie et d’énergie. En comparaison, une usine pétrochimique paraît bien rudimentaire.

C’est un fait avéré : depuis toujours, la science procède par essais et par erreurs.

Aussi parfois, nos chercheurs déclenchent-ils, sans le vouloir, des catastrophes en chaîne pour le genre humain. Ce simple adverbe – parfois – est de trop pour moi… sacrément de trop… Sans vouloir être pessimiste, dans l’état déplorable actuel où se trouve notre planète, si nous ne nous montrons pas rapidement raisonnables, nous et notre chère descendance allons salement payer l’addition dans les décennies à venir.

Il nous faudra encore de nombreuses générations de forts en thème pour arriver à décrypter une partie des secrets de l’univers. Ce fabuleux rébus ne cédera pas comme ça, d’un coup de baguette magique. Dans son immense musette, cette merveille qui nous entoure, nous réserve encore bien des surprises !…

Mais maintenant, que dire de cette réalité voilée d’ incertitude qu’est la mort ?

Quand, dans un grand élan philosophique, on jette un regard concret sur ce temps qu’est l’éternité, c’est bien pire !… Là, nous nous heurtons à un vide colossal !… Face à cette sinistre énigme, nous ne pouvons qu’émettre des suppositions, des doutes ou des inquiétudes.

Espérer et prier, c’est tout ce que nous avons à notre disposition pour épancher la bile noire que déverse notre subconscient dans les moments de dépression qui nous empoignent…

Ce futur arrêt inéluctable de notre métabolisme nous met en position de pantins désarmés, le nez devant une page blanche hermétique, en proie à une sacrée dose de perplexité. Et je ne vous parle pas de nos angoisses métaphysiques qui croissent avec l’âge !

Qui a une explication ? Moi, pas. Du moins, pas encore… J’ai un certain mal à faire comme beaucoup qui, par simplicité, ou pour

ne pas se chambouler les méninges, se contentent d’élever un rempart pour se protéger de cette funeste aberration. Souvent empreints d’une résignation déprimante, ils rangent dans l’inexplicable, tout l’inexpliqué.

Attachant arbitraire…

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Quoique un peu brut de décoffrage ! Mais, après tout, ça vaut les réponses « graduées » et autres stupidités

avancées par des agitateurs d’âmes. Dans toutes les religions et dans tous les pays, ils ont la prétention de vouloir vous expliquer, avec moult détails et anecdotes plus vraies que nature, ce monde parfaitement inconnu qu’est l’ Au-delà.

Depuis que les hommes sont doués de raison, il y a de cela bien longtemps, le soir autour des feux de camp, ils se sont toujours posé la question !… Pour arriver à quoi de nos jours ?… À un résultat dérisoire : nous sommes tous égaux devant la mort, c’est tout !…

Après des millénaires de réflexions, ici-bas, face à cette épreuve qui nous guette à chaque instant, on ne peut qu’émettre des suppositions, et encore…

Nous allons tous partir un jour, ça c’est sûr. Quant à savoir ce qui se passe après ?… Bien malin qui peut le dire !…

Et pourtant, ici ou là, des Maîtres spirituels présument… Des intellectuels échafaudent… Des croyants extrapolent… D’autres voudraient bien transposer leurs désirs en réalités… Certains indécrottables athées ou nihilistes pensent qu’après la vie il n’y a plus rien. Les classes défavorisées espèrent et se raccrochent désespérément à cette idée de renaissance. Pour les riches, empêtrés dans leur mauvaise conscience, ils s’ inquiètent de ce sujet, mais seulement en vieillissant. Ce qui fait qu’en général, la majorité des hommes rêve ou aspire à un Après. Bon ou mauvais, qu’ importe !… Ils désirent une suite… Un renouveau. Pas le paradis… Non. Ce serait trop beau ! Simplement avoir une nouvelle chance avec une peine de purgatoire s’il le faut. Ils sont prêts à tout accepter plutôt que de se résigner à se dissoudre à jamais dans le néant.

Qui a raison ? Je ne suis pas là pour débattre des mérites de ces thèses. Je suis un

réaliste et je constate que derrière tout ça, question concret, aujourd’hui, nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent ! Il va falloir nous montrer patients et attendre… Attendre notre fin, pour le savoir.

Mais comme le dit si justement mon oncle Albert, ce grand philosophe toujours prêt à faire étalage de ses pensées humoristiques : « Dans le doute, croire à une résurrection, ça ne coûte rien, et puis ça vous aide à avaler la pilule ! ».

Pour ma part, je renvoie tout le monde dos à dos. Pour l’ instant, personne, je dis bien personne, n’en sait rien.

Vous aurez beau tenter de purifier avec application votre mental, pratiquer la respiration pranayama, utiliser toutes les techniques connues de

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la méditation, jouer aux extralucides et de lire tout ce qui a été écrit sur ce mystère, vous, les petits malins empressés de connaître la réponse, vous risquez d’être déçus !

À ce jour, aucun être vivant n’est jamais revenu du Royaume des morts pour nous raconter ce qui s’y passe réellement, si toutefois il s’y passe quelque chose…

Face à ce mutisme accablant des Cieux, on ne peut que se perdre en conjectures…

Et là, depuis l’aube des temps, les artistes du baratin, les faux prophètes, les médiums et les charlatans en tout genre s’en donnent à cœur joie. Ils profitent de notre désarroi face à la mort pour nous faire gober leurs salades assaisonnées à toutes les sauces. Certaines étant même parfois assez gratinées. Des bobards difficiles à ingurgiter !

Soit dit en passant, je ne crois pas au surnaturel ni aux fables rassurantes. Je me défie – par-dessus tout – de la démesure.

Mais là, c’est le Prince du Grand Khilgas qui vous parle de ces problèmes existentiels. Et ce, grâce à mon collier aux pouvoirs extraordinaires, qui me donne les moyens d’affronter toutes les situations terrestres. Moi, Daniel Palatin, ces derniers jours, j’ai été confronté à une expérience peu banale… Peut-être un début de réponse ?

Cela s’est passé un matin où j’étais parfaitement détendu. J’avais pris un transat et je m’étais installé à l’avant de mon superbe

voilier, L’Annonciation. J’y savourais un délicieux cocktail local composé de jus de fruits exotiques. Dans un coin assez éloigné du grand lagon de Nouvelle-Calédonie, mon navire se balançait nonchalamment dans quelques mètres d’eau turquoise translucide. L’alizé soufflait mollement, apportant par intermittence l’odeur pharmaceutique et entêtante des eucalyptus et des niaoulis d’une île voisine. Il était environ onze heures trente du matin. J’étais seul, mon oncle Albert, à bord de notre Zodiac, ayant accompagné mes enfants qui avaient décidé d’aller pêcher à la traîne à l’extérieur du lagon. Quant à mon épouse, elle s’activait à l’ intérieur à préparer le repas de midi. D’ailleurs, par le capot grand ouvert du salon, un flot continu et persistant d’effluves alléchants s’échappaient et venaient titiller mes narines, me laissant subodorer de réjouissantes perspectives.

Les yeux protégés par des lunettes de soleil, j’admirais pendant un long moment l’éclat du petit îlot désert en forme de croissant, bordé d’une plage de sable d’un blanc insoutenable qui me faisait face. Décontracté, je me plantais le nez au ciel. Là, dans l’azur, je suivais en souriant un vol de frégates, noires, bruyantes, tourbillonnantes, impatientes de chiper aux

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sternes le produit de leur pêche. Il faisait bon et je me sentais bien, ce qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps.

Bercé par le bruit sourd de la mer qui brisait au loin sur la barrière de corail, je laissais mon esprit vagabonder, surfant au gré de mes fantasmes lorsque mon attention fut attirée par une chose insolite.

Sur ma gauche, à cinquante centimètres de mon épaule se tenait un objet terne, sphérique, pas plus gros qu’une bille. Il était là, immobile, se maintenant dans l’air sans émettre le moindre bruit. Dans un premier temps, cette entorse aux lois de la gravitation me laissa bouche bée.

Puis, très vite, une fois que j’eus compris que je ne rêvais pas en me pinçant fortement le bras, j’observai avec minutie cette anomalie. Une poignée de secondes passèrent avant que je puisse avoir l’ idée d’aller interroger mon collier magique sur la provenance de cette excentricité.

Quel ne fut pas mon étonnement devant le manque de réactivité de celui-ci ! Le Grand Khilgas était silencieux !… Pour la première fois depuis que je vivais en osmose avec cet objet venu du fond de l’espace, il était muet. Il n’émettait pas le moindre frémissement, ni aucun signal de danger. Il faisait celui qui était aux abonnés absents ou comme qui ne voyait rien !

De saisissement, je me redressai brutalement de mon siège, sans perdre des yeux cet étrange bidule. Et là, hop !… À une vitesse inimaginable, cette chose changea de position et vint se placer en face de mon visage à une distance respectueuse, toutefois.

Quel était ce tour de magie ? Tandis que je la fixais, avec une sensation aiguë de malaise, j’avais

l’ impression que cette petite sphère m’observait. Pire, je sentais que cette inquisition était indubitable. D’une manière inexpliquée, cette minuscule bille me sondait et me scannait. Mais j’avais beau écarquiller mes yeux ébahis sur cet objet volant non identifié, je ne décelais sur sa surface ni ouverture ni protubérance ni appareil propulseur.

Alors là, pour une surprise, c’en était une !… Et cela d’autant plus que mes dons de devin venaient d’être totalement pris en défaut et que je n’avais pas vu dans mon avenir survenir cette fantaisie des lois de la gravité pour laquelle, bizarrement, je n’éprouvais pas la moindre peur.

J’étais juste éberlué. C’est pourquoi j’eus une réaction logique. Saisi d’excitation, je tendis la

main pour m’emparer de cette chose qui m’agaçait. J’en fus pour mes frais. Telle une mouche douée d’une vitesse de réaction incroyable, elle

échappa à toutes mes tentatives pour la capter. Dans ce combat inégal, ce

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qui devait arriver, arriva. Je renversai le reste de mon verre de jus de fruits sur mon bermuda.

Tout en essuyant à tâtons ces dégâts collants sur mon short avec mon mouchoir, du coin de l’œil, je continuais de suivre les évolutions de cette sphère. Je la voyais monter et descendre, passer de l’ombre au soleil sans que le moindre reflet ne se dégage de sa surface, aller de gauche à droite, comme un tailleur consciencieux le ferait pour prendre vos mesures avec application. Cette fois, j’en étais certain, j’avais affaire à une machinerie intelligente. Pour une raison que j’ ignorais, elle me sondait des pieds à la tête. D’une manière confuse, je sentais que les ondes qui émanaient de cette sphère inconnue s’ infiltraient imperceptiblement dans mon âme et enregistraient les particularités des milliards de cellules qui composent mon corps. Impression bizarre. Sensation inconnue, pas du tout désagréable. Ce qui fit que je supportai stoïquement cet examen, ne pouvant rien faire d’autre…

Combien de minutes cela dura-t-il ? Je ne peux pas évaluer ce laps de temps avec certitude, n’ayant pas pris le soin de mettre ma montre ce jour-là. Peut-être cinq minutes ? Peut-être un peu moins. Et puis, alors que je la fixais toujours avec intensité, soudain, plouf !… elle s’évapora. Elle ne s’envola pas. Non. Elle ne prit aucune direction : j’en suis absolument certain. Elle disparut d’un coup, comme ça, se dissolvant brutalement dans l’ atmosphère, me laissant là, sans la moindre séquelle, perplexe.

Je cogitais ferme sur ce phénomène singulier lorsque j’entendis mes enfants qui, de retour de la pêche m’ interpellaient de loin. Les prises devaient être belles car la joie qu’ ils exprimaient était bruyante. Comme tous les jeunes, ils avaient le sentiment que le plus précieux des trésors était leur propre importance. Sans s’occuper de mes états d’âme, ils dansaient un pas-de-deux, debout à l’avant du Zodiac, sous le regard rieur de mon oncle que cela amusait.

Mes préoccupations éclipsées par l’ambiance de ce retour triomphal firent que, ce jour là, je classais cette affaire dans un coin de ma mémoire sans que cela me tracasse outre mesure.

Ce ne fut que quelques jours plus tard, lorsque cette petite sphère extraordinaire réapparut, que je connus l’expérience la plus fantastique et la plus inimaginable que tout être humain rêve de vivre un jour…

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Mon épouse Florence, ayant elle aussi entendu le tapage suscité par les chants triomphants de nos trois pêcheurs, sortit sur le pont au moment où je passais. Tout sourire, les pans de son flamboyant paréo battant sur ses jambes, elle se joignit à moi. Puis, main dans la main, nous nous dirigeâmes vers la poupe pour accueillir nos fanfarons.

Tonton, les rares cheveux blancs qui lui restaient sur le crâne formant une merveille d’ improvisation due au vent, l’œil rieur, accosta le Zodiac en douceur. Mon fils aîné, Adrien, sauta le premier sur le pont en tenant le bout attaché à l’avant de l’embarcation et alla d’une main experte le tourner au taquet prévu à cet effet. Le second, Denis, s’empara de deux superbes dorades éviscérées qui jonchaient le fond rigide de l’annexe et nous les montra fièrement à bout de bras avant de se hisser victorieusement à bord en bombant le torse.

– T’as vu, Papa, annonça-t-il . Nous en avons attrapé deux ! Nous allons nous régaler. Ce sont de belles pièces !

– Et aussi un fameux plat de poisson cru, rajouta Adrien, en se pourléchant.

– Je suis fier de vous, fistons, fis-je en mimant un salut avec deux doigts portés à ma tempe. Les impératifs qu’ impose une vie sauvage sont en train de porter leurs fruits. Et la pêche est un moyen de survivre parmi d’autres. C’est bien, matelots ! Portez vos prises à l’ intérieur avant que le soleil ne les détériore.

– Eh ben, dites donc ! Moi, j ’ai une soif de tous les diables, s’exclama mon oncle en se massant les reins tout en se redressant dans le canot pneumatique. S’il le fallait, je crois bien que je boirais de l’eau de cale !

Sur ce, un sort malicieux décida de jeter son dévolu sur lui. Il s’avança pour descendre de l’embarcation, monta avec raideur sur le

rebord du Zodiac et se prit le gros orteil dans la ligne de sécurité qui courait sur le boudin. Poussant un juron obscène, que l’alizé se chargea aussitôt de censurer, il se retrouva en équilibre précaire. Il eut beau faire

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quelques gracieux mouvements natatoires du plus joli effet, ce fut en pure perte. Il s’ensuivit une culbute incontrôlable qui le catapulta vers l’avant. Sa Majesté, en atterrissant sur le plan incliné du marchepied humide qui prolongeait la jupe arrière de mon voilier, s’affala avec la grâce d’un gros sac de noix, repoussant avec ses pieds le Zodiac. Ce dernier, fugueur, créa un espace. À partir de ce moment-là, notre malchanceux eut beau tenter de s’accrocher bec et ongles sur la surface du bois humide, dans un lent et inexorable mouvement, trompettant comme un pachyderme furibond, glissa et plouf !… le balourd plongea.

Il refit surface peu après en toussant et crachotant. Puis, il se mit à souffler comme un phoque tout en se mouchant bruyamment avec une main. Battant des cils pour chasser l’eau qui lui dégoulinait dans les yeux, il nous débita avec fougue une tirade d’affreux jurons, ce qui déclencha parmi nous une énorme vague de fou rire.

– Vous allez me laisser encore longtemps à merdoyer dans l’eau ? lança-t-il à mes fils, la respiration sifflante. Vous voulez vous faire essoriller ?

– Toi qui avais soif, fis-je entre deux crises d’hilarité, j’espère que tu as bu la tasse. Ta pépie a sûrement eu des effets secondaires sur le niveau du lagon ! Monsieur s’est servi copieusement dans cette grande corne d’abondance ?

– C’est malin ! se contenta-t-il de me répondre avec un regard lourd de signification. Vous verrez quand vous serez vieux : un excès de sel, ce n’est pas bon pour les artères !

Notre gaieté était à son comble lorsque Tonton se sortit d’affaire. Il faut dire que, sec, il n’est pas d’une beauté confondante. Mais là, après ce plongeon et ses vêtements gorgés d’eau qui pendouillaient en alimentant une flaque autour de ses ripatons bronzés, il ressemblait à un vieux chat mité.

– Je veux bien être pendu au mât d’artimon, beugla le détrempé, mais pour subir une telle avanie, je sens derrière cette malice l’œuvre d’un démon malveillant !

Puis, poussant un soupir à décorner un taureau de combat, tendant un doigt accusateur vers le ciel, il l’invectiva :

– Un démon épris de pulsions scélérates !… Un immonde pourceau !… Faire ça à un homme de mon âge, tout de même !… Vous, là-haut, les diablotins de service, vous n’avez pas d’autres choses à foutre, non ?

Cette diversion se terminant sans autre mal que sa dignité bafouée, il continua en tentant d’analyser les raisons de ce fiasco :

– Albert, ce n’est pas possible que tu sois d’une stupidité pareille !… Faut dire pour ma défense, que ma carcasse ravaudée laborieusement par des toubibs, quoique compétents, me joue de plus en plus des tours

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pendables. En un mot comme en mille, la vieillesse, avec ses perfides défaillances physiques, vous transforme sournoisement en vieux dindons ankylosés. Nous sommes là, impuissants, captifs d’un corps qui vous trahit cruellement chaque jour un peu plus. Un acompte sur une momification annoncée !

Et, d’un ton qui s’excusait à demi : – Mais inutile de se lamenter, c’est la vie… enfin… l’outrage des ans… Puis, cette tirade sur les méfaits d’une existence des plus affligeante,

achevée, il fit une sortie théâtrale et partit se changer. Après ce contretemps, nous gagnâmes à la queue leu leu le carré pour

aller déjeuner. En voyant mon épouse avec sa chevelure flamboyante, sa peau laiteuse

et l’exquise cambrure de ses reins marcher devant moi, toujours aussi amoureux, je ne pus m’empêcher de repenser au jour de notre mariage… Et pourtant ce dernier datait déjà de dix-huit années !…

En effet, avec Florence, nous nous étions unis civilement cinq semaines avant la naissance de l’Enfant Jésus. Pour éviter les inévitables débordements des paparazzis et des journalistes, professionnels qu’ il est à peine exagéré de qualifier de casse-pieds, cela s’était fait discrètement à la mairie du petit village normand, là où était née mon épouse et où ses parents résidaient. Ce bonheur ne réclamant pas de témoins superflus, personne de mon entourage n’avait été le proclamer sur les toits. Famille et invités s’étaient entourés de multiples précautions et de beaucoup de retenue pour que cette union se fasse dans l’ intimité la plus totale. Cela n’empêcha pas la trentaine de personnes qui assistèrent à ce mariage de faire la fête le soir de ce grand jour. Sans pour autant dépasser ce que permettaient les convenances de cette curieuse union.

Cet après-midi-là, depuis son arrivée peu avant l’heure prévue de la cérémonie, ne tenant pas en place, ma mère sautillait comme un oiseau. Et au moment fatidique de l’échange des « oui » devant monsieur le maire, aussi pâle qu’un spectre, inévitablement, elle versa quelques larmes. Mais personne ne sut vraiment si c’était de bonheur ou d’émotion. À part mon beau-père, Serge Graton-Juvigny, qui la soutenait affectueusement, personne ne s’en préoccupa. Avec cette dignité distante qu’ont généralement les vaisseaux du désert, cet homme remarquable était resté imperturbable pendant ce rituel ainsi que ma douzaine d’invités personnels.

Pour ma part, cet engagement solennel avait transformé mon visage en marbre. Et pendant que mon cœur s’emballait et qu’un long frisson de satisfaction parcourait mon échine, un immense bonheur s’ instillait en moi. Ce que je vais vous déclarer peut paraître saugrenu. Ça passera sûrement

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pour un sanctuaire de stupidités issues d’ instincts primaires. Mais ce jour-là, j’avais compris que l’amour de deux êtres était la plus belle chose qui puisse exister au monde. J’avais découvert, ébloui, que l’Amour était une des grandes forces de l’Univers chez les êtres pensants.

Mon ami Michel, mon témoin personnel, une fois nos signatures apposées sur les registres de la mairie, fut le premier à nous féliciter sincèrement. Puis, toutes les personnes présentes. C’est-à-dire tous les associés de la société Nostradamus plus Paul Maisonnage, le musicien, Bertrand Martens de Villeret, le mathématicien belge et les principaux membres de ma belle-famille.

Cette dernière, d’un milieu aisé et un peu hyper glamour, émanation d’une situation sociale bien établie, était toute bouffie d’orgueil. Ébahie par ce gendre – un Cupidon, il faut bien le dire, peu banal – qui illuminait cette cérémonie d’un éclairage inattendu. Elle se montra chaleureuse, mais resta conventionnelle. Ses membres prirent des poses pleines de suffisance pendant les séances de photos qui se déroulèrent dans le joli parc de leur résidence. Ce jour-là, on avait eu de la chance, le temps était frisquet mais exempt de pluie. D’ innombrables et magnifiques compositions florales nous entouraient. Elles rehaussaient ce jour exceptionnel en l’ immortalisant sur de nombreux clichés. Mon oncle et son compère Nicolas, ces deux noceurs, se chargèrent de les ramener les pieds sur terre en faisant taire leur flot de préciosités intarissables. Ils créèrent une ambiance exempte de chichis, minauderies et autres simagrées que se sentent obligés de faire les représentants des milieux fortunés…

Le soir, au cours du repas, avec simplicité, heureux, ils tâtèrent quelque peu aux méfaits de l’ intempérance, mais sans excès. Ils avaient reçu des consignes strictes de ma part. Dans la nuit, nous devions rejoindre en voiture L’Annonciation pour y passer notre nuit de noces tout en nous éclipsant rapidement en haute mer.

Ce fut seulement cinq semaines plus tard, le lendemain de la naissance de l’ Enfant Jésus, profitant de la présence du pape venu spécialement au Portugal pour cet événement, que nous nous mariâmes chrétiennement dans la petite église de Nazaré. Mais, ce ne fut que six mois plus tard, la pression médiatique soulevée par la ferveur extraordinaire de cette naissance étant retombée, que j’organisais une fiesta grandiose dans un hôtel étoilé de la Martinique !

C’était juste avant d’affronter un océan d’évènements qui allaient nous bouleverser pendant de longs mois.

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Après le repas de midi, comme chaque jour, je gagnais ma cabine pour ma séance rituelle de projection dans l’Avenir. En effet, quels que soient les lieux ou les circonstances, je consacrais une heure à passer au crible les prochaines soixante-douze heures afin de me prémunir de vilaines surprises. Pour ce travail, j’avais besoin de tranquillité et de solitude. Ma famille ou mes invités savaient qe dans ces cas là, il ne fallait me déranger sous aucun prétexte.

Avant d’attaquer cette tâche fastidieuse, allongé sur mon lit et pour me détendre, je continuais de me remémorer les semaines qui avaient précédé la naissance de l’Enfant Jésus.

Quatre mois avant cet heureux événement, une fuite avait eut lieu. Avec le temps, cet état de fait était obligé. Tout finit par se savoir… Le secret de son lieu de naissance fut dévoilé par un média du Moyen-

Orient. Cette information, attendue par une large majorité de la population, fit renaître les passions. Cette nouvelle se répandit à la vitesse de la lumière à travers la planète. Aussitôt, des milliers de fervents prirent leurs bâtons de pèlerins et commencèrent, toutes affaires cessantes et dans la confusion générale, à prendre le chemin du Portugal.

Exode malsain. Mais je l’avais prévu. Depuis plusieurs mois, j’avais entretenu des contacts et effectué de

multiples séances de travail avec le gouvernement portugais. Sans compter les responsables de L’O.N.U., de la plupart des grands pays et de diverses autorités religieuses. C’est pourquoi, tout était prêt pour mettre en place des points de contrôle efficaces aux divers endroits que j’avais désignés. Tout le monde était d’accord : on ne pouvait laisser les routes menant à la ville de Nazaré devenir impraticables à cause d’embouteillages monstres. On ne pouvait tolérer des manifestations de masse en laissant le public venir jour et nuit perturber cette paisible ville touristique.

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Cette restriction provoqua bien, de-ci de-là, quelques grincements de dents, mais rien de grave en définitive.

Tandis que les États prenaient des dispositions strictes pour empêcher les candidats à ce pèlerinage prématuré de le faire, un premier cordon sanitaire fut établi à une vingtaine de kilomètres de Nazaré. Il tenait compte de la situation géographique et des zones habitées. Il partait de la ville côtière de Sao Pedro de Moel, passait au sud de Marinha Grande, de Leiria, évitait Batalha, Alcobaça et se terminait au nord de Caldas da Rainha. Cette première barrière était la mission dévolue aux forces de l’ O.N.U. épaulées par des conseillers militaires portugais. Elle bloquait et contrôlait tous les accès de ce territoire préservé avec des moyens en hommes et en matériel considérables. Elle utilisait aussi des moyens électroniques ultra sophistiqués.

Ce premier obstacle fut très efficace. Un deuxième cordon, plus dense et encore plus hermétique, avait été

déployé à dix kilomètres de toutes les entrées de cette ville. Il était composé de policiers portugais renforcés par des milliers de volontaires parlant la langue du pays et issus de diverses religions. Cet étonnant amalgame de gardiens cosmopolites conscients de la responsabilité qui leur incombait, fut plus que parfait. D’une efficacité redoutable, ils déjouèrent toutes les tentatives de fervents pèlerins qui voulaient être les premiers à rendre hommage à la future Mère.

Pour compléter ce dispositif, divers escadrons de l’Armée de l’Air venus de plusieurs pays voisins interdisaient le survol du territoire et veillaient jour et nuit à ce que cet espace ne soit pas violé. En mer, bon nombre de navires de guerre, tels des requins inassouvis, allaient et venaient, surveillant jalousement les abords des limites maritimes interdites. Là non plus, aucune embarcation ne passa à travers les mailles serrées de leurs filets. Et même à l’ intérieur de ce périmètre sécurisé, la totalité de la population locale reçut rapidement une sérieuse préparation psychologique. Dûment chapitrés, sans précipitation et avec le plus grand discernement, les quelques indésirables dont on n’était pas sûr de la moralité furent expulsés et relogés dans d’autres villes. Ce qui fit que pour une très large majorité des habitants de cette ville, des gens fiers de la confiance qu’on leur accordait, se comportèrent d’une manière exemplaire. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour que la vie à Nazaré se déroule comme si de rien n’était.

Pour ma part, connaissant le jour et l’heure de cette indiscrétion médiatique, usant du pouvoir redoutable dont j’étais dépositaire, j’avais enregistré un message télévisé. Celui-ci fut traduit et diffusé pendant plusieurs jours dans le monde entier. Repris et seriné par toutes les radios, la presse écrite, Internet et tous les nouveaux moyens de communication,

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nul ne pouvait l’ ignorer. Pendant cette intervention, j’avais pris un ton solennel, employant des mots simples et apaisants. J’avais pris soin de ne pas trop forcer sur le côté sirupeux, mettant de la chaleur dans le timbre de ma voix pour colorer l’objectivité de mes propos. Ainsi, j’avais exposé l’ unique raison de cette restriction : rien ne devait perturber la vie de notre futur Messie avant sa douzième année. Jusqu’à cette date, il devait avoir une enfance normale. Insoucieuse et joueuse, comme tous les garnements de sa génération. Il ne devait prendre conscience de sa différence que lentement et au fur et à mesure de l’arrivée de sa puberté. Ensuite, ce serait à Lui de nous convaincre qu’il était bien celui qu’on attendait.

Après ce discours, je ne le vis pas, mais je sus qu’un murmure d’assentiment se dégagea de la majorité de la population mondiale.

Pour assurer cette quiétude et éliminer les risques potentiels de débordement, seules cinq équipes de télévision furent choisies. Elles seules, après bien des tractations et des controverses par leurs pairs, furent autorisées à filmer discrètement la vie de cet Enfant exceptionnel. Elles devaient se fondre discrètement dans son environnement. Elles étaient autorisées à diffuser un compte rendu hebdomadaire auquel j’ajoutais parfois mes propres commentaires.

Il faut dire que ma tâche fut grandement facilitée par les nouveaux dirigeants du monde. Des jeunes pénétrés du plus grand respect pour moi. Fait sans précédent, en peu d’années, ils étaient presque parvenus à annihiler la corruption et rayer les mots de profits et de rentabilité immédiate de leurs pensées. Les méfaits de l’argent et de la production, ces deux piliers de base de l’ancien ordre social, n’avaient pas encore totalement disparus, mais ils étaient en sérieuse régression. Ces nouveaux chefs d’Etat avaient tiré les leçons des catastrophes engendrées par l’ incompétence, la démagogie et le carriérisme de leurs prédécesseurs. Des gens malhonnêtes qui s’étaient plus occupés de leurs convenances personnelles que de celles de leurs électeurs. Maintenant, ces nouveaux hommes politiques géraient les problèmes humains avec la logique qu’imposent la fraternité et la solidarité. Que cela plaise ou non, ils avaient éliminé sans pitié les réactionnaires aveugles qui s’attachaient à perpétuer cette espèce révolue. Puis, ils s’étaient attaqués résolument à tous ceux qui craignaient le travail. Vous savez ? Ceux qui ont reçu en héritage cette espèce de haine pour l’effort. Et Dieu sait s’ ils étaient nombreux ! La paresse… Handicap aussi vieux que le monde… Un mal qui, s’ il n’est pas traité dans les vingt premières années de la vie, devient de plus en plus difficile à éradiquer. C’est comme quand vous essayez de redresser un tableau : le cadre a toujours tendance à se remettre tout de suite de traviole. C’est pourquoi, des lois rigoureuses furent prises et fermement appliquées.

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Elles avaient pour but de secouer ces indolents. Tels des fox-terriers agitant un rat dans leurs gueules ce qui, vous vous en doutez, n’eut pas l’heur de plaire à ces oisifs habitués à une inactivité organisée plus ou moins rémunérée. Ce fut un facteur clé pour œuvrer à l’excellence de l’humanité. Elles encourageaient les tendances bénéfiques tout en réprimant sévèrement celles qui étaient exécrables.

Ça n’avait l’air de rien, mais le changement, dans le rapport entre les peuples et les différents États, avait lui aussi radicalement évolué. Sur chaque continent, des regroupements s’étaient effectués. Bien des pays avaient fusionné avec leurs voisins. Le nombre d’ interlocuteurs réduits, les relations internationales s’étaient grandement améliorées. La plupart des tensions bellicistes s’étaient calmées, presque en voie de disparition.

La chute de la démographie mondiale et la diminution de toute une génération de capitalistes cupides avaient bien aidé les choses. Ces épreuves subies en quelques années par une Humanité pas du tout préparée avaient sérieusement remis les pendules à l’heure. Elle avait aussi éveillé bien des consciences.

L’ O.N.U., cette grosse machinerie administrative si longtemps critiquée par le passé, affaiblie par des divisions et des haines inexpiables, avait vu ses pouvoirs se renforcer. Au point de devenir le seul et unique gendarme du monde. Il n’était plus question pour cette Organisation de prendre des résolutions de principe dont tout le monde se moquait royalement. Cette époque stérile était terminée. Maintenant, son Secrétaire Général avait les moyens financiers et militaires de les imposer. Il profitait du fait que les États-Unis d’Amérique, fortement en déclin et ne trouvant plus à financer ses dispendieuses habitudes, se retrouvaient avec un tas de problèmes à résoudre sur les bras. Alors, dans ce contexte d’un meilleur climat international, les États-Unis remettaient de plus en plus leurs forces militaires et leur savoir-faire aux mains des instances dirigeantes mondiales de l’O.N.U.

À partir de là, les prémices d’un renouveau total des mentalités et des habitudes commencèrent à pointer le bout de leur nez. Ce n’était pas trop tôt ! Ce n’était pas encore parfait, loin de là. Il faut du temps pour une prise de conscience générale. Mais on se dirigeait sur une voie pleine d’espérances.

Chose plus sympathique encore, la tradition cédant le pas à la nouveauté, les belliqueux de tous bords avaient, plus ou moins contraints ou forcés, remisé leurs armes. Cela ne s’était pas fait tout seul. Tous les fanatiques le savent : en utilisant sans modération le principe éprouvé du mors aux dents, il est plus facile d’enseigner la haine que l’amour.

Et Maria, dans tout ça ?