DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

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CENTRE TECHNIQUE NATIONAL D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LES HANDICAPS ET LES INADAPTATIONS 2, rue Auguste-Comte 92 173 VANVES DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE assistance éducative et recherches

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CENTRE TECHNIQUE NATIONAL D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LES HANDICAPS ET LES INADAPTATIONS

2, rue Auguste-Comte 92 173 VANVES

DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

assistance éducative et recherches

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VIENT DE PARAITRE -

- LE SOUTIEN A DOMICILE DES PERSONNES AGEES L'aide aux ~ a t n i t t e b

CNIDFFICTNERHI

- L'ECHEC SCOLAIRE Pnaces~ub d'itentidiedon et p d e en chahge ~péciaei6ée G. COTTIN, CH. CUIN, J-C. GUYOT, P. LOUBET, C. RIOUAL

- FOYER POUR ADULTES HANVICAPES A4ENTAUX Choix d'un &eu de vie ?

G. HAINAUD, 3. LE MEN, A. MOREL, P. VIOSSAT

- TELEALARME AUJOURD'HUI, TEL ECONTACT DEMAIN Uiclièle CONTE

- REPRESENTATIONS DES SITUATIONS DE HANDICAPS ET D'INADAPTATIOW cliez les Cducatem s p é W é b , tes a~~h.tan~2 de bmvice bociat et les emeCgnant4 s p é W e h , en bomation 12 Tomeb) Jean-Séba~Zien Ii4ORVAN

Toute reproduction doit être soumise B l'autorisation du Directeur du C.T.N.

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INTRODUCTION

S O M M A I R E

l ë r e PARTIE : PRESENTATION DE LA RECHERCHE

1 - L'ORGANISME DE RECHERCHE ET L'EQUIPE DE TRAVAIL

II - OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

III - POPULATION

1" - En créche

2" - En école materne l le

3" - Popula t ion témoin

I Y - METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

1" - Recuei l des donnëes

. Les consu l t a t i ons péd ia t r iques

. Les consu l ta t ions psychologiques

. L'enquête soc ia le

. L'enquête s u r l e t e r r a i n d ' accue i l

2" - Rassemblement des données e t dépoui l lement

V - DEROULEMENT

2ème PARTIE : INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN CRECHE

1 - ANALYSE DES DONNES RECUEILLIES

1" - L ' i n t é g r a t i o n par rappo r t aux données concernant 1 ' en fant

a ) L'âge, l a durée de l ' i n t é g r a t i o n b ) Le handicap de 1 ' en fan t c ) La personna l i té de 1 ' en fan t d) Le comportement de l ' e n f a n t dans son groupe e) L ' é v o l u t i o n de l ' i n t é g r a t i o n

2" - L ' i n t é g r a t i o n par rappo r t aux données i n s t i t u t i o n n e l l e s

a ) Les cond i t i ons d 'admission b) Le t ype d ' i n s t i t u t i o n c ) Les cond i t i ons de t r a v a i l dans c e t t e i n s t i -

t u t i o n e t l e s sec t ions concernées d) La prépara t ion du personne1 e l Les a t t i t u d e s des êducat r ices f ) La v i e du groupe d 'enfants

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g) Les réactions des autres parents h) Le rôle du Centre d'Assistance Educative

du Tout-Petit

. Sa prise en charge de l'enfant

. En tant que soutien extérieur apporté à 1 'établissement

i) Autres types de soutien

3' - L i intégration par rapport aux données familiales a) La situation familiale, le couple parental

et le handicap b) Les données socio-économiques c) Les motivations des parents d ) Les relations parents-crêche ef Vécu parental de 1 'intégration

II - BILAN DE L'INTEGRATION EN CRECHE 1" - Pour 1 <enfant (avantages, inconvénients) 2" - Pour sa famille (avantages, inconvénientsf 3" - Pour l'institution (avantages, inconvénients) 4" - Pour son devenir (avantages, inconvénients)

III - CONCLUSION

3&e PARTIE : INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN ECOLE MATERNELLE OU EN JARDIN D'ENFANTS

1 - ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES 1" - L'intégration par rapport aux données

concernant 1 "enfant

a) L'âge, la durée de l'intégration b) Le handicap de 1 'enfant c) La personnalité de I 'enfant d) Le comportement de 1 'enfant dans son groupe e) L'évolution de 1 'intégration

2' - L'intégration par rapport aux données institutionnel les

a) Les conditions d'admission b) Le type dl insti tution cf Les conditions de travail dans ces

institutions et les sections concernées

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d) La prépara t ion du personnel e ) Les a t t i t u d e s des i n s t i t u t r i c e s e t

des éducat r ices f ) La v i e du groupe d 'enfants g) Les réac t i ons des au t res parents h ) Le r ô l e du Centre d 'Assistance Educat ive

du Tout-Peti t

. Sa p r i s e en charge de l ' e n f a n t

. En t a n t que sou t i en e x t é r i e u r apporté à 1 'établ issement

i ) Autres types de sou t i en

3" - L ' i n t é g r a t i o n par rappo r t aux données fami- l i a l e s

a ) La s i t u a t i o n f a m i l i a l e , l e couple parenta l e t l e handicap

b) Les données socio-économiques c f Les mot iva t ions des parents d) Les r e l a t i o n s parents-établ issements e f Le vécu parental de i ' i n t é g r a t i o n

II - BILAN DE L'INTEGRATION EN ECOLE MATERNELLE OU EN JARDIN D'ENFANTS

1" - Pour l i e n f a n t (avantages, inconvénients)

2" - Pour sa f a m i l l e (avantages, inconvénients)

3' - Pour l ' i n s t i t u t i o n (avantages, inconvénients)

4" - Pour son devenir (avantages, inconvénients)

III - LES REFUS D' INTEGRATION

I V - CONCLUSION

4t?me PARTIE : CONCLUSIONS GENER.4LES

1 - BILAN DE L'INTEGRATION DE 40 ENFANTS HANDICAPES

EN CRECHE, ECOLE MATERNELLE ET JARDIN D'ENFANTS

1" - Bénéfices observés

a ) Sur l e p lan du développement psychomoteur e t mental

b) Sur l e p lan du développement s o c i o - a f f e c t i f c ) Sur l e p lan de son comportement a d a p t a t i f d ) Sur l e p lan s o c i o - f a m i l i a l

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2" - Inconvénients ou échecs observés

3" - Evo lu t i on de l ' i n t é g r a t i o n dans l e temps

II - CRITERES DE REUSSITE OU D'ECHEC DE L'INTEGRATION

III - FACTEURS DE REUSSITE OU D'ECHEC DE L'INTEGRATION

1" - L 'en fan t

2" - L ' i n s t i t u t i o n

3" - La f a m i l l e

I V - PERSPECTIVES D'AVENIR ET PROPOSITIONS

5 h e PARTIE : ANNEXES

1 - MONOGRAPHIES DES 15 ENFANTS INTEGRES EN CRECHE

II - MONOGRAPHIES DES 25 ENFANTS INTEGRES EN ECOLE MATERNELLE OU EN JARDIN D'ENFANTS

III - RESULTATS DU DEPOUILLEMENT DE 126 QUESTIONNAIRES CONCERNANT L'INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN CRECHE (S. SAUSSE)

I V - BIBLIOGRAPHIE

REPERTOIRE DES SIGLES UTILISES

C.A.E.

A.E.R.

C.M.P.P.

G.A.P.P.

I.M.P.

E.M.P.

1 .M.C.

A.S.E.

9.0.

Centre d 'Assistance Educative du Tou t -Pe t i t

Assistance Educat ive e t Recherches

Centre Médico-Psycho-Pédagogique

Groupe d 'Ac t i on Psycho-Pédagogique

I n t e r n a t Médico-Pédagogique

Ex te rna t Médico-Pédagogique

I n f i r m i t é Mo t r i ce Cérébrale

Aide Soc ia le à l 'En fance

Quo t i en t de Développement

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I N T R O D U C T I O N

Depuis une dizaine d'années, I i î n t & r 6 t susc l té par les probllmes de l y n t é g r a t i o n sociale des enfants e t des adultes handicapés ne cessp d'augmenter. Des textes l é g i s l a t i f s récents (15 a, b,) e t l es rêact ionr souvent vives q u ' i 1s ont soulevées, en témoignent, Des publ icat ions variees (a r t i c les , thèses, l i v r e s ) se sont mul t ip l iées su r ce su jet . E l les por tent tan tô t su r son ensemble e t touchent a lors un publSc p lus large (3. 4. 5.1, tan tô t su r un aspect p a r t i c u l i e r de l a question (1. 2. 6. 7. 8. 9 . ) . Leur vu lgar isat ion par les moyens audio-visuels d' information des masses, entraînent insensiblement une évolut.ion des at t i tudes sociales vis-à-vis de ces problemes, e t on assiste à une amé2ioration vo i re une accélérat ion des réponses qui doivent ê t r e appor- tees, du moins dans certains domaines, AlnsS, l e s mi l i e u x éducati fs qu i n%ccuei l la ient habituellement que des enfants bien portants ne r e j e t - t e n t plus systêmatiquenent l e s enfants handicap85 e t lèvent I ' isolement qu i pesai t su r eux e t s u r l e u r famil le. Dans un centre aussi spécia l isê que l e CENTRE dtASSISTIWCE EDUCATIVE DU TOUT-FETIT (10) comme dans les consultat ions hospi ta l iêres, il est de p lus en p lus fréquent de v o i r de jeunes handicapés i n t ê g w s dans des c&ches ( 131, dans des jard ins d'en- fants, dans des écoles maternelles.

Dans les années à venir, on peut espérer qu'un nombre croissant dlenfants handicap& pourront ê t r e d i r igés vers ce type de c o l l e c t i v i t é . Mais ce t te intégrat ion, souhait& par tous, n 'est pas sans soulever un cer ta in nom- bre de questions. Cette inser t ion es t -e l le réellement bénéfique pour l 'enfant , ou n 'est -e l le qu'un soulagement p rov iso i re pour sa fami l l e ? S ' a g i t - i l d'une vér i tab le in tégra t ion soc ia le e t pédagogique, p e r m e t t a n t à l ' en fan t de p a r t i c i p e r aux a c t i v i t é s éducatives e t à f a v i e du groupe, ou n'est-ce qu'un gardiennage, a t t e n t i f mais passif , vo i re une sirriple tolérance ? Cette in tégrat ion, en f in ne por te - t -e l le pas en elle-même une sor te de "Zeurre" pour l a fami 1 l e qui recule devant l a VZalftê du handicap e t l ' o r i e n t a t i o n vers un établissement spécia l isé dont l ' en fan t p o u r r a i t béné f i c ie r p l us t ô t ?

Les c h i f f r e s ent re parenthèses renvoient aux doc?rments c f tes dans 1 "nnexe bibliographique.

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Face à ces interrogations, 1 "SOCIATION ASSISTMCE EDUCATIVE ET RECHERCHES a étudié f e déroulement de IVnsertion, en crèche, jardin d'enfînts, e t école maternelle de quarante enfants handicapés suivis au CENTRE dtASSISTAt?CE EI!UCATIVE DU TOUT-PETIT. Nous rapporterons ici les résultats de cette étude e t d'une expérience encore limitée, certes, msis qui ne manque pas de se généraliser.

Le dépistage e t le traitement prGeoce des troubles du développement psycho-moteur facf Iitent la &adaptation ultérieure des enfants han- dicapés. C'est à partir de cette idée qu'a été c&é à Paris, te CENTRE dt&SISTANCE EDUCATXVE DU TOUT-PETIT qui reçoit des enfants depuis la naissance jusqu'à 6 ans e t associe gtroitement les parents à la réedu- cati on.

Les enfants suivis p&sentent des handicaps moteurs, sensoriels, mufti- ples, des troubles caractériels e t psychologiqttes . Des enfants moins sêvèrement atteints, qui n'entrent pas dans une classification rfgide mais dont le développement inquiëte, y sont traités au &me t i t r e que leur famille.

Ce Centre est un lieu de consu'ltation, de régducation individuelle ou de groupe, e t un lieu de guidance de l a fanitle qui y trouve le réconfort, le soutien , e t les conseils dont elle a besoin. Car l'éducation, la rééducation de l'enfant handicapé e t le soutien de l a famille ne peuvent être dissociés.

Ce Centre n'est n i médical. ni scolaire mais un ?$eu oD les enfants viennent avec leurs pawnts retrouver &ducateut%, rééducateurs e t ddecfns, pour sumonter leur handicap.

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~ E R E PARTIE

PRESENTATION DE LA RECHERCHE

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1 - L'ORGANISME DE RECHERCHE e t 1'EQUIPE DE TRAVAIL.

L'ASSOCIATION ASSISTANCE EDUCATIVE ET RECHERCHE, chargée d ' é t u - d i e r , dans l e c a d r e de l a p r é s e n t e r e c h e r c h e , l ' i n t é g r a t i o n de q u a r a n t e j e u n e s e n f a n t s h a n d i c a p é s en c o l l e c t i v i t é non s p é c i a- l i s é e , a é t é fondée p a r l ' é q u i p e du CENTRE d'ASSISTANCE EDUCATIVE DU TOUT-PETIT q u i s u i t ces mêmes e n f a n t s . Ce C e n t r e e s t g é r é p a r 1 ' E n t r i A i d e U n i v e r s i t a i r e e t d i r i g é p a r J a n i n e LEVY, k i n é s i t h é - r a p e u t e , e t l e P r o f e s s e u r agrégé RICHARDET, p é d i a t r e . Créé en 1970, il f o n c t i o n n e a c t u e l l e m e n t comme C e n t r e d ' A c t i o n Méd ico- S o c i a l e p récoce , a s s u r a n t l e s t r a i t e m e n t s de j e u n e s e n f a n t s hand icapés m o t e u r s , s e n s o r i e l s e t mentaux, a i n s i que l e s o u t i e n e t l ' a i d e é d u c a t i v e de l e u r s p a r e n t s . En mai 1973 , 1 ' é q u i p e de ce C e n t r e , s o u h a i t a n t é1 a r g i r son e x p é r i e n c e c l i n i q u e e t s ' o u - v r i r à des f o n c t i o n s de r e c h e r c h e s e t de f o r m a t i o n , fonde l 'ASSOCIATION ASSISTANCE EDUCATIVE ET RECHERCHE. La f o r m a t i o n e t l ' i n f o r m a t i o n des f a m i l l e s e t des é q u i p e s s a n i t a i r e s e t s o c i a l e s , a i n s i que f a r e c h e r c h e e t l ' é t u d e des moyens suscep- t i b l e s de f a v o r i s e r l e développement du j e u n e e n f a n t en d i f f i - c u l t é f o n t p a r t i e de ses p r i n c i p a u x o b j e c t i f s . Parmi ces moyens, l ' i n t é g r a t i o n de l ' e n f a n t h a n d i c a p é en c r è c h e e t en é c o l e m a t e r - n e l l e e s t au p r e m i e r p l a n des p r é o c c u p a t i o n s (10 . 11.).

L ' é q u i p e p l u r i d i s c i p l i n a i r e chargée de l a p r é s e n t e r e c h e r c h e s ' e s t composée de deux p é d i a t r e s ( P r o f e s s e u r agrégé RICHARDET, D o c t e u r D a n i e l l e TOUSSAINT) de deux p s y c h o l o g u e s ( D a n i e l l e RAPOPORT, Simone SAUSSE), d ' u n e k i n é s i t h é r a p e u t e ( J a n i n e LEVY), de deux é d u c a t e u r s p s y c h o m o t r i c i e n s ( B e r n a d e t t e MALLAURAN, R a c h i d GRIM) , de q u a t r e a s s i s t a n t e s s o c i a l e s ( M i c h è l e GUENIN, C l a i r e SAUTEL, M i c h è l e RUIMY, C h r i s t i n e WAQUET), d ' u n e i n s t i - t u t r i c e s p é c i a l i s é e dé tachée p a r 1 ' E d u c a t i o n N a t i o n a l e ( M a r i e - F r a n ç o i s e RAFFIN).

11 - OBJECTIFS de l a RECHERCHE,

Les o b j e c t i f s p r i n c i p a u x de ce t r a v a i l s o n t l e s s u i v a n t s :

- E v a l u e r l a r é a l i t é e t l a q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n des jeunes e n f a n t s h a n d i c a p é s en c rèches , j a r d i n s d ' e n f a n t s , é c o l e s m a t e r n e l l e s , en e s s a y a n t d ' a p p r é c i e r l e s r é s u l t a t s de c e t t e i n t é g r a t i o n , à c o u r t te rme d ' u n e p a r t ( s ' a g i t - i l d ' u n e v é r i - t a b l e i n t é g r a t i o n s o c i a l e e t pédagog ique ou d ' u n soulagement p r o v i s o i r e p o u r l a f a m i l l e ? ) e t à l o n g te rme d ' a u t r e p a r t , ( q u e l l e s en s o n t l e s conséquences s u r l ' é v o l u t i o n de l ' e n f a n t e t de sa f a m i l l e ? ) .

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- I so l e r e t déc r i r e des c r i t è r e s de rgussi t e d ' i n t ég ra t i on ,

- Mettre en évidence l e s moyens a mettre en oeuvre auprgs des mi l ieux d 'accuei l pour f ac iS I t e r l eu r ouverture aux enfants handicapés e t l a prat ique d'une in tégra t ion vé r i t ab l e .

I I I - PDBULATXON.

L' intégrat ion de quinze enfants handt capés en crèche? e t * de vingt-cinq enfants handicapes en écofs maternelle ou ~ a r d l n d f en fan t s , a Gté étudiée. Trofs enfan ts sont passés de c r lche en gcole maternelle durant c e t t e étude e t fon t p a r t i e des deux groupes.

Cette population a étG retenue su r l e s c r i t è r e s suivants : taus ces enfants ont des handicaps importants à dominance motrice, sensor ie l t e ou mentale; S I S sont su iv i s au C E N T R E d'ASSISTANCE EDUCATIVE DU TOUT-PETIT; i l s ont é t é cho i s i s pour Otre observés dans l e cadre de c e t t e Gtude au f u r e t tk mesure que l eu r î n t ég ra t i on dans ces établ issements coEncSdart avec l e s phases de l a recherche,

3 " - t o e u l a t i o n , d e s , e n f b n $ ~ 5 _ e n n ~ r ~ c h e e r r ~ a b 1 e Sur h u i t f s l l e s e t s e p t garçons de 1 an 112 à 4 ans :

- 4 enfan ts son t a t t e i n t s de d i f f i c u l t 8 s v i sue l l e s importantes, associ&es 2 u n r e t a rd de développement psychomoteur e t des t roubles du comportement plus ou moins accentués (1. 2 . 13 , 1 4 * ) .

- 4 enfan ts sont a t t e i n t s d ' i n f i rmi t é motrfce cérgbrale sans t roubles du comportement ni re ta rd mental pour deux cas (12. 15,) associP à un r e t a rd global pour deux cas ( 4 . 7.1,

- 3 enfan ts sont a t t e i n t s d'un r e t a rd de développment psycho- moteur g loba l , sans t roubles associCis, mais un e s t t r i soml- que 2 1 { B . 9, lO.f,

- 4 enfan ts sont a t t e i n t s d'un r e t a rd de d&veloppment psycho- moteur associé à des t roubles graves du comportement à tona- l i t & psychotique ( 3 . 5. 6 . I I . ) .

( L ) Dans l e s tabteaux, comme dans l e s monographies, on a chois i d e c l a s s e r l e s enfants en prenant f ' o rd re a l p h a - betique de l eu r prénon*

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Deux de ces e n f a n t s n ' o n t pu & t r e s u i v i s de f a ç o n l o n g i t u - d i n a l e s a t i s f a i s a n t e e n r a i s o n de l e u r d é p a r t en p r o v i n c e ( 3 . 13 . ) .

Sur 16 f i l l e s e t 9 garçons 296s de 4 à 7 ans :

- 9 e n f a n t s s o n t a t t e i n t s d ' u n e i n f i r m i t é m o t r i c e c é r é b r a l e ; p o u r 5 cas ( 17 . 19, 35. 36 . 4 0 . ) , e l l e e s t i s o l é e sans t r o u b l e s du comportement n i r e t a r d ; p o u r 4 cas , e l l e e s t a s s o c i é e à un r e t a r d de développement p l u s a c c e n t u é ( 2 4 . 30 . 31. 34.) e t des t r o u b l e s d i v e r s .

- 3 e n f a n t s s o n t a t t e i n t s d ' u n e h é m i p l é g i e , a s s o c i é e à un r e - t a r d de déve loppement m e n t a l p l u s ou moins a c c e n t u é e t à des t r o u b l e s du comportement e t de l a commun ica t ion ( 2 5 . 28. 3 7 . ) .

- 8 e n f a n t s s o n t a t t e i n t s d ' u n r e t a r d de déve loppement m e n t a l , p l u s ou moins a c c e n t u é , a s s o c i é p o u r deux cas ( 2 0 . 27.) à une dysmorph ie , p o u r q u a t r e cas (22 . 23. 26. 3 3 . ) une t r i s o m i e 21, p o u r un cas ( 3 8 . ) à un r e t a r d m o t e u r i m p o r t a n t , p o u r un cas ( 2 1 . ) à des t r o u b l e s du comportement .

- 4 e n f a n t s s o n t a t t e i n t s de c é c i t é , sans r e t a r d de développement m e n t a l ( 1 6 . 32. 3 9 . ) , s a u f p o u r un cas ( 1 8 . ) .

- 1 e n f a n t e s t a t t e i n t de s u r d i t é avec t r o u b l e s du comportement ( 2 9 . ) .

T r o i s des e n f a n t s de c e t t e p o p u l a t i o n v i e n n e n t de c r e c h e e t l e u r passage d ' u n t y p e d ' é t a b l i s s e m e n t à l ' a u t r e a p u ê t r e é t u d i é (1. 16. 9. 22. 15. 24, ) .

L ' é t u d e du r e f u s d ' i n t é g r a t i o n de 20 e n f a n t s e t de l e u r é v o l u - t i o n a v a i t é t é e n v i s a g é e . E l l e n ' a p u ê t r e e f f e c t u é e en r a i s o n du peu de r e f u s d ' i n s e r t i o n r e n c o n t r é dans l a p o p u l a t i o n s u i v i e au C e n t r e d ' A s s i s t a n c e E d u c a t i v e du T o u t - P e t i t . T r o i s cas o n t cependan t p u ê t r e a n a l y s é s e t ces o b s e r v a t i o n s , q u o i q u e l i m i t é e s ,

( 8 ) Dans l e s t a b l e a u x , comme dans l e s monograph ies , on a c h o i s i de c l a s s e r l e s e n f a n t s en p r e n a n t l ' o r d r e a l p h a b é t i q u e de l e u r prénom.

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A G e AU StObiENT DE LA RECHERCHE

T A B L E A U N ' l -- POPULATION ETUDIEE EN a\ECHE

DIAONOSTIC. DEGRE ET RELATIVITE DES KANDIUPg

, - Amblyopie t r h s sévere (f ibroplasie r l t ro-centrale, prémaf;tuit8) Troubler

1 1 ANDRE relat ionnels e t du comportement, développement raantal t r k s l e n t fusqu*l 2-4 ans 2 ans, Q.D. zone 70 - EvolUtiOn tcès favorable sur tous l e s plans,

BRIGITTE Cécitd to ta le , microphtalmie avec cataracte, aspect proche de l'anoph- '' 3-6 ans talm2e. Déficience mentale associ&& des troubles psychotiques important8 / Absence de langage, marche non acquise, 9.0. =one 50 --- - CAROLINE 1 Retard précoce et global du développement, assoc16 h une psyciioss infan-

3 ) 3-4 ans t i l e (é t io lo l ( ie non dkcelle) . ,

UAUDE Infirmité motrice cdrébrale (a tex ie cérébelleuse congénitale) sssoci6e h 4 ) 3-5 ans une déficience mentale rroyennta i ~ . ~ . z o n e 60-70) sans troubles du wmpor-

tcs~euit. Stat ion debeut non acquise. - DANIEL Retard de dévelotpement psychomoteur tprématuxit6) asaoCiB à des troublas

5) 1% - 3 ans 1 moyensi du Eomportement avec suspicion de psychose fnfan t i l t . Evolutiorr favorable

EhXANE Déficience mentale associée à un comportement psychotique avec iuspic%on de 6 f 13, - 3 arts & surd i té Q.D.zone 50 (sequelles de déshydratation grave aveç l t a t de mal

convulsif. -

EVE Inf imi t r i motrice cér&bralel hémf-syndrome cdrébelleru. gauche et syndrortia 1 an -2 ans p y r d d a l f rus t re des E.J. associle h un re ta rd de développement psychomrrteur

(Q.D.zone 60) sans troubles du comportement (Lpandynome c&rebelleux)

FABIEN 2 - 4 a n s

Déficience mentale importants (Q.D. 50-55) Epilspsic sévhre avec c r i ses frC- quentes e t prolongCes nécessitant des ho-pital isat ions répétées (hydrocé ha- lie valvée, chorio-cdtinite sans handica; visuel (toxoplcsmos. ccngénitafsi

HYACINTHE Déficience mentate moyenne (C.B. zone 60-70) associée à une tryomie 21 9' 2 - 6 ans 1 sans troubles du comportement. -

I

LUC Déficience mentale modérée (Q.D. zone 70-80) associée une hypotrophie 10) 21 3 ans )r / considérable e t des earences SOC~O-affeclives <jumeau prématux6 e t ~ y a m a t ~ ) ~

MUSTAPHA Déficience mentale importante ((1.0, zone 50) aasoci& A une i n s t a b i l i t 6 *y- 11) 2/ 3 ans k chomotrice conaidlrabls e t des dyswrphies fanomalie chruraw>somique 19-20y

Evolution favorable. I

SOLANGE rnfirmité motrice cérdbrale ( spa t ic i té ) avec a t t e i n t e prédominante dei6 N.I 12) 2f 3 ans 1 sans troubles du comportement n i déficience mentale (Q.D. p a r t i s 1 aoae 90)

SONIA cdcité malformative (colobcome, anomalie du c l iva e) associée ma d61i- l3 ) 2/ 3 ans cience mentale profonde fQ.o. fnfdrieur 501 e t 61 des troubles du campor-

tement de type psychotic~ue. Visage dysmorphique;

SUZANNE Cécité congénitale par atrophie optique, microcéphalie wdérée, a s s o ~ i d e h 315 ans une déficience mentale importante (Q.O. zone 5 6 5 5 ) avec troubles passagers

du comportement (potornanie, merycisme, blindisme) - .&li

SYLVbIN Ir if i rni td motrice cérébrale mineure, léger retarQ. psychomoteur Sens trouble 1% Z/ 4 ans 1 du comportement (mais bave incontrtllrie) {Q.D. zqne 80)

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I b M c 4 C<;CILCP>I r~brap2aoia rbtmrnntsle <prdr*stwic#f. Rdublitlon an r r 2-0 en* sepraaS.re 78 d'un p ~ l t iC~lOv v i ~ u ~ l d r r i i t ~ V C C utllimZLCLbn.

Ii>~11iqem0e OE lm*o)* n?IaOUX

13 Cht'lsLln~ ln$&I~116 mtrjee CEIID~OI~ ttyhelOmO çfr(lb~11B~~ SUI-€Oit€ f>ham 5-b me tiqiquc) avec azlaamrnt sanwli* ar rrwblrs a r t i eu la ro l r ca In-

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Page 18: DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

a p p o r t e n t un c e r t a i n é c l a i r a g e s u r c e t a s p e c t du p rob lème ( c f . q u a t r i è m e p a r t i e ) .

I V - METHODOLDGIE.

t e r e c u e i l des données s ' e s t e f f e c t u é au c o u r s :

. Des c o n s u l t a t i o n s p é d i a t r i ues, au r y t h m e moyen de deux p a r an, p e r m e t t a n t de c o n s t i t u e r ïin d o s s i e r m é d i c a l d é t a i l l é du cas de l ' e n f a n t e n r a p p o r t avec l e b u t même de l a r e c h e r c h e .

. Des c o n s u l t a t i o n s s y c h o l o i ues, c o m p o r t a n t d ' u n e p a r t des e e e s p a r e n t s , p e r m e t t a n t de r e c u e i l l i r des r e n s e i q n e m e n t s p a r r a p p o r t au b u t de l a r e - c h e r c h e t o u t en r e s p e c t a n t l e u r l i b r e a s s o c i a t i o n d ' i d é e s , e t d ' a u t r e p a r t des o b s e r v a t i o n s p s y c h o l o q i q u e s de chaque e n f a n t , é t a y é e s p a r des examens de l e u r déve loppement p s y c h o - m o t e u r e t m e n t a l au r y t h m e de deux p a r an, au moyen de 1 E c h e l l e de déve loppement psychomoteur de O. RRUNET e t d ' l . LEZXNE e t de l a N o u v e l l e E c h e l l e M é t r i q u e de l ' i n t e l l i q e n c e , de R. ZAZZO e t co11ègue.

. D'une e n q u ê t e s o c i a l e e t p s y c h o l o g i q u e , auprés des f a m i l l e s , à l e u r d o m i c i l e , de f a ç o n à a p p r é c i e r p l u s l a r g e m e n t e t p l u s c o n c r è t e m e n t , dans sa r é a l i t é q u o t i d i e n n e , l e c o n t e x t e s o c i o - f a m i l i a l e n v i r o n n a n t 1 ' e n f a n t .

. D'une e n q u ê t e s u r l e t e r r a i n , en c r ë c h e , au j a r d i n d ' e n f a n t s ou à 1 "école m a t e r n e l l e . D e r m e t t a n t d ' u n e D a r t des o b s e r v a t i o n s d i r e c t e s des a c t i v i t é s de' 1 ' e n f a n t dans 1 a ' c o l l e c t i v i t é , de son i n s e r t i o n e t de sa p a r t i c i p a t i o n à l a v i e du groupe e t d ' a u t r e p a r t des e n t r e t i e n s avec l e r e s p o n s a b l e de l ' é t a b l i s - sement e t l e p e r s o n n e l concerné . L ' u t i l i s a t i o n de q u e s t i o n - n a i r e s s o u p l e s a s e r v i de cadre à ces e n t r e t i e n s e t à ces o b s e r v a t i o n s , p o u r f a c i l i t e r un d é p o u i l l e m e n t homogène e t nuancé, e t m e t t r e e n é v i d e n c e s i p o s s i b l e l e s m o t i v a t i o n s s o u s - j a c e n t e s aux réponses données.

Les données a i n s i r e c u e i l l i e s o n t é t é c e n t r a l i s é e s p o u r chaque e n f a n t dans un d o s s i e r g l o b a l ( d o n t on t r o u v e r a l e s é l é m e n t s c o n s t i t u t i f s en annexe) en vue de l ' a n a l y s e du c o n t e n u e t de l a phase de d é p o u i l l e m e n t .

Page 19: DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

L'analyse des données a i n s i r e c u e i l l i e s s ' e s t f a i t e au cours de réunions de syn thèse , où l e s responsables de chaque spé- c i a l i t é on t mis en commun l e ma té r i e l obtenu. La r é c a p i t u l a t i o n des données a i n s i s y n t h é t i s é e a permis d ' a p p r é c i e r l a r é u s s i t e ou 1 "chec de 1 ' i n s e r t i o n de 1 ' e n f a n t , pu i s de c o n s i d é r e r q u e l s f a c t e u r s i n t e r v e n a i e n t i c i . Enf in , dans u n d e r n i e r temps, des réunions p lus r é f l e x i v e s o n t eu pour o b j e t , pa r d e l a chaque cas p a r t i c u l i e r , l a mise en évidence des f a c t e u r s communs qéné- r a l i s a b l e s , e t l e s conséquences p r a t i q u e s e t t héor iques de 1 'ensemble de l a recherche .

V - DEROULEMEMT.

L 'étude de l ' i n t é g r a t i o n de 40 e n f a n t s a commencé l o r s de l a r e n t r é e s c o l a i r e de septembre 1977 e t s ' e s t achevée en j u i n 1979. Dans l ' ensemble , l e déroulement de l a recherche s ' e s t e f f e c t u é se lon l e s phases prévues avec quelques a jus tements méthodologiques ponc tue l s , Les p r i n c i p a l e s d i f f i c u l t é s rencon- t r é e s on t e s s e n t i e l l e m e n t p o r t é s u r 1 ' i m p o s s i b i l i t é de ga rde r une s t r i c t e n e u t r a l i t é d ' o b s e r v a t e u r ou d ' enquê teu r , l o r s de s i t u a t i o n s qui p o r t e n t en elles-mêmes des d é t r e s s e s profondes ou des demandes q u i f o n t appel à une r e l a t i o n e t u n t r a v a i l s u i v i s , dépassant l e cadre de c e t t e é tude . Mais l a dimension l o n g i t u d i n a l e e t l e s mu1 t i p l e s c o n f r o n t a t i o n s f a c i l i t é e s par l e s réunions de l ' é q u i p e o n t permis une analyse c r i t i q u e e t une p r i s e de d i s t a n c e p a r r appor t à c e t t e i m p l i c a t i o n .

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~ È M E PARTIE

INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN CRECHE

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1 - ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES.

( c f . éga lement annexe III e t monograph ies )

1" - L ~ f n t ~ s r a t l o n ~ e a r ~ r a e e ~ r t t ~ u & ~ ~ ~ n n ~ e ~ t ~ o ~ ~ ~ r n a ~ t 1 ' e n f a n t

L ' â q e d ' e n t r é e en c r è c h e e s t t r è s v a r i a b l e . On p e u t d i s t i n g u e r deux g roupes : l e s e n f a n t s q u i e n t r e n t en c r è c h e a v a n t 8 mois, c ' e s t - à - d i r e à l a f i n du congé de m a t e r n i t é ( 6 c a s ) e t ceux q u i e n t r e n t a p r è s un an ( 9 c a s ) .

Dans l e p r e m i e r cas, l ' e n f a n t é t a i t l e p l u s s o u v e n t i n s c r i t a v a n t sa n a i s s a n c e e t a é t é a c c u e i l l i en c r è c h e s o i t sans que l e h a n d i c a p s o i t connu, s o i t en c o n n a i s s a n c e de cause. Dans l e s cas où l e h a n d i c a p a é t é d é c o u v e r t a p r è s l ' a d m i s s i o n en c r é c h e ou l o r s q u ' i l y a e u une a g g r a v a t i o n du h a n d i c a p connu l a d é c i s i o n a é t é p r i s e de c o n t i n u e r à a c c u e i l l i r 1 ' e n f a n t . L ' a t t a c h e m e n t a f f e c t i f d é j à é t a b l i à l ' e n f a n t f a v o r i s e l e d é s i r de l e m a i n t e n i r avec ou m a l g r é son h a n d i c a p . Les données f a m i - l i a l e s e t s o c i a l e s i n t e r v i e n n e n t b i e n s û r a u s s i dans c e t t e d é c i s i o n de m a i n t i e n .

En c e q u i concerne l e s e n t r é e s t a r d i v e s ( q u i s ' é c h e l o n - n e n t de 1 an à 4 a n s ) il ne s ' a g i t a l o r s pas d ' u n s i m p l e mode de garde ma is d ' u n e s o l u t i o n a des d i f f i c u l t é s s p é c i f i q u e s de l a f a m i l l e ou de 1 ' e n f a n t , d i f f i c u l t é s l e p l u s s o u v e n t l i é e s au h a n d i c a p de l ' e n f a n t .

Au moment de n o t r e o b s e r v a t i o n , t o u s l e s e n f a n t s s o n t i n t é g r é s dans des g roupes d ' e n f a n t s p l u s j e u n e s q u ' e u x : de q u e l q u e s mo is à d i x - h u i t mo is d ' é c a r t . Les d i r e c t r i c e s t i e n n e n t compte des p o s s i b i l i t é s r é e l l e s de l ' e n f a n t e t c r a i g n e n t q u ' i l ne s o i t s o u r c e de p e r t u r b a t i o n dans l e u r groupe d ' â g e . De p l u s , on se h e u r t e p a r f o i s à l a r é t i c e n c e du p e r s o n n e l r e s p o n s a b l e du groupe s u i v a n t , comme c ' e s t l e cas p o u r Solange q u i se t r o u v e , à t r o i s ans, dans un groupe d ' e n f a n t s de deux mois à deux ans . Dans l e cas d l E v e , i n f i r m e m o t r i c e , l e p e r s o n n e l assez s u r p r o t e c t e u r , c r a i n t q u ' e l l e ne s o i t b o u s c u l é e p a r des e n f a n t s p l us g r a n d s .

I l nous a semblé que l e s échanges e n t r e l ' e n f a n t h a n d i c a p é e t ses camarades é t a i e n t p l u s s t i m u l a n t s e t e n r i - c h i s s a n t ~ l o r s q u ' i l y a peu d ' é c a r t d 'âge , même s i l ' é c a r t e s t p l u s a c c e n t u é s u r l e p l a n du déve loppement m e n t a l .

Page 24: DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

La gene qui en r é s u l t e pour l e groupe s ' e s t avérée moins impor tante que l e personnel ne l e c r a i g n a i t . Néanmoins, une i n t e r v e n t i o n du c e n t r e s p é c i a l i s é a é t é souvent n é c e s s a i r e pour f a v o r i s e r e t p r é p a r e r ces passages de s e c t i o n , e t é l u c i - d e r l e s r é s i s t a n c e s d u pe r sonne l .

Cependant, au f u r e t à mesure que 1 ' e n f a n t g r a n d i t , l ' é c a r t e n t r e s e s p o s s i b i l i t é s e t c e l l e s du groupe se c reuse e t dev ien t p lus é v i d e n t . Solange, 18 mois, IMC, a dans l e groupe u n comportement q u ' i l e s t d i f f i c i l e de d i s t i n g u e r des a u t r e s : t r è s a c t i v e , e l l e m u l t i p l i e l e s échanges avec t e s a u t r e s e n f a n t s q u ' e l f e i m i t e . Fabien, 3 a n s , a t r è s peu d 'échan- ges avec l e s a u t r e s e n f a n t s , i l joue peu e t t o u j o u r s s e u l , ne s u i t pas l e s mouvements du groupe, mais i l cherche beaucoup l e s c o n t a c t s a f f e c t i f s avec l e s a d u l t e s , Avec l ' â g e , l e s l i m i t e s de 1 k n f a n t handicapé deviennent pl us é v i d e n t e s e t 1 ' i n t é g r a t i o n c o n n a i t p a r f o i s des pé r iodes d é l i c a t e s l o r s q u e l e s é d u c a t r i c e s accep ten t di f f i c i Tement c e t t e r é a l i t é .

La durée d u s é j o u r e s t l u i a u s s l var iab:e . Mais, en dehors de Luc que sa mère a r e t i r é a u bout de 5 mois, l e s a u t r e s e n f a n t s s o n t r e s t é s e n t r e un an e t demi e t q u a t r e ans

Presque tous l e s e n f a n t s handicapés r e s t e n t en c réche jusqu 'à q u a t r e a n s , c ' e s t - à - d i r e que l ' é t a b l i s s e m e n t demande une dé roga t ion a f i n de garder l ' e n f a n t au-delà de s e s t r o i s a n s , âge l i m i t e de l a c rèche . Ce t t e année supplémenta i re permet , s o i t f ' a c c e s s i o n de l ' e n f a n t à u n niveau de développenent e t de maturi t é compatible avec une i n t é g r a t i o n en m a t e r n e l l e , s o i t l a p répa ra t ion d 'une o r i e n t a t i o n s p 6 c i a l i s é e . C ' e s t souvent au cours de c e t t e année , que 1 ' e n f a n t p r o f i t e l e p lus des p o s s i b i - l i t é s pédagogiques que l u i o f f r e l e j a r d i n d ' e n f a n t s de l a c rèche . Cependant, i l y a u n r i s q u e de l a s s i t u d e de l a p a r t de l a c r è c h e , s u r t o u t s i l ' o r i e n t a t i o n u l t é r i e u r e e s t d i f f i c i l e e t longue à p r é p a r e r e t s i 1 ' e n f a n t e s t gravement handicapé. La crèche a , a l o r s , l ' impress ion qu 'on l u i "laisse t'enfant sur Zes bras" e t des sen t imen t s de c u l p a b i l i t é accompagnent l e d é s i r que l ' e n f a n t s o i t o r i e n t é a i l l e u r s . L ' e n f a n t , l u i , r i s q u e de s t a g n e r dans s e s progrès e t de s o u f f r i r d 'une impress ion de r e j e t . L ' i n t é g r a t i o n r i s q u e a l o r s de l a i s s e r au personnel de l a creche une d e r n i è r e impress ion pén ib le qui peut comprore t t r e l ' a c c u e i l d ' a u t r e s e n f a n t s handicapés . Nous avons r encon t ré ce phénomène p r inc ipa lemen t pour des e n f a n t s ayan t des t r o u b l e s du comportement. I l nous semble donc t r è s impor tant que l e Centre s p é c i a l i s é prévoie l e s o r l e n t a t i o n s qui s o n t p r é j u d i - c i a b l e s pour l ' e n f a n t e t pour l a c rèche .

b) l.$_ha.fifç~e_~--l'~pfant ( c f . t a b l e a u I j

Le type e t l e degré du handicap déterminent pour cha- que e n f a n t dans q u e l l e !nesure i l peut b e n é f i c i e r des appor t s

Page 25: DU JEUNE EN ANT HANDICAPE EN CRECHE ET EN MATERNELLE

s p é c i f i q u e s de l a c r e c h e e t y p a r t i c i p e r . Chaque e n f a n t a p l u s o u mo ins de p o s s i b i l i t é s i n t e l l e c t u e l l e s ou de f a c i l i é s de c o n t a c t p o u r p a r t i c i p e r aux j e u x p roposés , communiquer avec l ' a d u l t e e t l e s a u t r e s e n f a n t s .

Prenons deux exemples ex t rêmes :

E l i a n e , q u i p r é s e n t e d ' i m p o r t a n t e s m a n i f e s t a t i o n s psychotiques, nous a p a r u pendan t t o u t e l ' o b s e r v a t i o n t r è s en dehors du g roupe : e l l e s ' i s o l e s u r une t a b l e ou agresse l e s a u t r e s e n f a n t s de man iè re i m p r é v i s i b l e , a l o r s que Claude, m a l - g r é son h a n d i c a p moteur , v e u t p a r t i c i p e r à t o u t e s l e s a c t i v i t é s , Smi te l e s a u t r e s e n f a n t s , échange avec eux. Au d é p a r t , l e s édu- c a t r i c e s a v a i e n t c h e r c h é des j o u e t s chez l e s p l u s p e t i t s p o u r l u i , mais r a p i d e m e n t Claude a m a n i f e s t é l e d é s i r de j o u e r avec l e s mêmes j e u x que l e s a u t r e s , avec une a i d e de l ' a d u l t e . Ces deux o b s e r v a t i o n s donnen t , b i e n en tendu , une i m p r e s s i o n t r è s d i f f é r e n t e ma is il f a u t se g a r d e r d ' a t t r i b u e r à l a q u a l i t é de l ' i n t é g r a t i o n c e q u i r e l è v e du t y p e e t de l a g r a v i t é du h a n d i cap ,

C ' e s t en c e sens q u ' u n g a r d i e n n a g e p a s s i f sans p a r t i - c i p a t i o n a c t t v e de 1 ' e n f a n t n ' e s t pas f o r c é m e n t une mauvaise i n t é g r a t i o n . Il e s t i m p o r t a n t p o u r chaque cas de v o i r s i l ' e n f a n t a, dans d ' a u t r e s l i e u x , l e s p o s s i b i l i t é s d ' u n e p a r t i c i p a t i o n a c t i v e ou non. Fab ien , e n f a n t t r è s p a s s i f a u s s i b i e n en c r è c h e que chez l u i , e t q u ' a u C.A.E., nous a p a r u p o u r t a n t p l u s é v e i l - l é dans l a c r è c h e q u ' a i l l e u r s , c a r beaucoup p l u s s o l l i c i t é à l a f o i s p a r l a v i e e t l e b r u i t du groupe e t p a r des c o n t a c t s t r è s a f f e c t i f s avec 1 ' a d u l t e ,

N o t r e p o p u l a t i o n de 1 5 e n f a n t s p e r m e t de dégager c e r - t a i n e s c o n s t a n t e s s e l o n l e s d i f f é r e n t e s c a t é g o r i e s de h a n d i c a p s .

Les h a n d i c a p s moteurs a s s o c i é s à un r e t a r d de d g v e l o p - pement p l u s o u mo ins j m p o r t a n t e t sans t r o u b l e s du compor te - ment s o n t c e r t a i n e m e n t l e s p l u s f a c i l e s à i n v e s t i r p a r l e s é d u c a t r i c e s e t à i n t é g r e r dans l e g roupe : Luc, Claude, Solange, S y l v a i n : q u a t r e cas.

Les e n f a n t s a t t e i n t s d 'une a n o m a l i e chromosomique s o n t eux a u s s i i n t é g r é s r e l a t i v e m e n t f a c i l e m e n t : H y a c i n t h e , Musta- pha : deux cas.

Les e n f a n t s a t t e i n t s de c é c i t é ou d ' a m b l y o p i e s é v e r e : André, B r i g i t t e , S o n i a , Suzanne, 1 ' i n t é g r a t i o n semble a v o i r é t é p a r t i c u l i è r e m e n t i m p o r t a n t e a u s s i b i e n p o u r l ' e n f a n t que p o u r l a c rèche . Les e n f a n t s s u s c i t e n t chez l e u r é d u c a t r i c e un i n v e s t i s s e m e n t s p a r t i c u l i è r e m e n t f o r t : a t t a c h e m e n t a f f e c t i f ma is a u s s i r e c h e r c h e pédagog ique . Pour t r o i s de ces e n f a n t s ,

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l a crèche a mis en p lace une v é r i t a b l e p r i s e en charge t h é r a - peu t ique , ob tenan t une t r è s impor tante amél io ra t ion de l ' e n f a n t , notamment s u r l e plan de l ' au tonomie .

11 s e r a i t i n t é r e s s a n t , dans une a u t r e é t u d e , de r eche r - c h e r t e s mot ivat îons de l ' i n v e s t i s s e m e n t p a r t i c u l i e r dont f a i t 1 ' o b j e t l 'enfant aveugle en c rèche , On s a i t que l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s aveug les , s i d é r é s par 1 ' ango i s se devant c e t e n f a n t qui ne l e s v o i t pas , on t souvent des a t t i t u d e s phobiques é v i - t a n t de l e s t o u c h e r , b loquant a i n s i s e s p o t e n t i a l i t é s évolu- t i v e s . Dans ces condi t i o n s , on comprend que l a crèche s o i t pour 1 ' e n f a n t aveugle u n appor t v i t a l . L ' i n t é g r a t i o n en crèche a ide auss i l e s p a r e n t s à v o i r l e u r e n f a n t autrement e t à évo- l u e r dans l e u r r e l a t i o n à l u i .

Notre groupe d ' e n f a n t s comprend deux cas d ' e n f a n t s psychot iques ou ayan t des t r o u b l e s graves de l a p e r s o n n a l i t é , a i n s i qu 'un e n f a n t p répsycho t ique , e t t r o i s des e n f a n t s aveu- g l e s p r é s e n t e n t auss i des t r o u b l e s d u comportement e t de l a p e r s o n n a l i t é . L ' i n t é g r a t i o n pose dans ces cas des problèmes s p é c i f i q u e s e t p a r t i c u l i è r e m e n t d i f f i c i l e s .

Le c o n t a c t f l u c t u a n t e t r e s t r e i n t , l e s r é g r e s s i o n s , l e s s t é r é o t y p i e s , l e s b i z a r r e r i e s , l e s comportements a g r e s s i f s s o n t t r è s a n g o i s s a n t s pour l e s é d u c a t r i c e s . Par exemple, Carol ine p r é s e n t e des c r i s e s d ' a u t o - a g r e s s i v i t é ( e l l e se mord, s e g r i f f e ju squ ' au sang) qui s u s c i t e n t chez l e personnel une f o r t e ango i s se . I l y a u n a n , Ca ro l ine a perdu c e r t a i n e s a c q u i s i t i o n s : déplacement à q u t r e p a t t e s , préhension des ob- j e t s . Ce t t e r é g r e s s i o n é t a i t i n suppor tab le e t a donné l i e u à un mouvement de dépress ion e t de dés inves t i s semen t . Cependant, Caro l ine a pu c o n t i n u e r à ë t r e i n t é g r é e dans son groupe e t n o t r e deuxième o b s e r v a t i o n , s i x mois p lus t a r d , nous a donné l ' i m p r e s s i o n à l a f o i s d 'une évo lu t ion de Caro l ine elle-même dans s e s échanges avec l e s e n f a n t s e t l e s a d u l t e s e t d 'un r é - inves t i s semen t de l a p a r t des a d u l t e s à son éga rd .

C e r t a i n s progrès obtenus avec ces e n f a n t s en crèche qui c o n s t i t u e n t ind i scu tab lemen t un t r è s grand benéf i ce n ' a u r a i e n t probablement pas pu a v o i r l i e u dans l a f a m i l l e ou chez une n o u r r i c e . C i tons , en exemple, Sonia é c l a t a n t de r i r e en i m i t a n t l e s a u t r e s e n f a n t s qui e n l è v e n t tous l e s po t s des c a s i e r s ; B r i g i t t e qui commence à p a r l e r e t r econnaf t t r e s bien l e s a u t r e s . Daniel s e p r é s e n t a i t avan t son e n t r é e en crèche comme u n e n f a n t prépsychot ique . 1 ' i n t é g r a t i o n para1 1è- lement à une p r i s e en charge t r è s i n t e n s i v e de l ' e n f a n t e t de l a mère au C . A . E . l u i on t permis de s o r t i r complètement de son é t a t prépsychot ique e t d ' ê t r e maintenant à l a crèche comme un a u t r e e n f a n t .

Pour une e n f a n t a u t i s t e comme C a r o l i n e , 1 ' é v o l u t i o n e s t beaucoup p l u s l e n t e e t d i s c r è t e .

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Cependant, l e p r i x à p a y e r p o u r ces p r o g r è s e s t un énorme i n v e s t i s s e m e n t en temps e t en é n e r g i e de l a p a r t de l ' é q u i p e de l a c r è c h e . Ce t i n v e s t i s s e m e n t ne p e u t se f a i r e q u ' à p l u s i e u r s c o n d i t i o n s :

- n é c e s s i t é d ' u n s o u t i e n t r è s r é g u l i e r de l a p a r t du c e n t r e s p é c i a l i s é ;

- e x i s t e n c e d ' u n t r a v a i l d ' é q u i p e e t d ' u n n i v e a u s u f - f i s a n t de t r a v a i l pédagog ique e t p s y c h o l o g i q u e avec l e j e u n e e n f a n t ;

- l ' e x p é r i e n c e de c e t t e i n t é g r a t i o n d o i t ê t r e r e s t r e i n t e dans l e temps, un an e t demi à deux ans maximum;

- p r i s e e n c h a r g e p s y c h o l o g i q u e ou p s y c h o t h é r a p i q u e des p a r e n t s e t é v e n t u e l l e m e n t de l ' e n f a n t au c e n t r e s p é c i a l i s é .

S i ces c o n d i t i o n s ne s o n t pas r é u n i e s , l ' i n t é g r a t i o n r i s q u e d ' ë t r e vécue à l a longue comme d e s t r u c t r i c e p o u r l a c r è c h e . L ' e n f a n t d e v i e n t l e "mauvais objet" s u s c i t a n t des sen- t i m e n t s de r e j e t s q u i s o n t n é f a s t e s p o u r son é v o l u t i o n e t son épanou issement , e t t r è s c u l p a b i l i s a n t s p o u r l e p e r s o n n e l .

C ' e s t ce t y p e de s i t u a t i o n que nous avons vu p o u r E l i a n e l o r s d 'une 3ème o b s e r v a t i o n a p r è s deux ans e t demi d ' i n t é g r a t i o n . Les é d u c a t r i c e s p a r l e n t d ' e l l e en te rmes essen- t i e l l e m e n t n é g a t i f s , ne v o y a n t p l u s du t o u t ses p r o g r è s . E l i a n e semble beaucoup p l u s détendue e t p l u s é v e i l l é e l o r s des séances du C.A.E. que l o r s de nos o b s e r v a t i o n s en c r è c h e . Ce q u i e s t en cause i c i c ' e s t à l a f o i s l a g r a v i t é des t r o u b l e s d l E l i a n e e t notamment ses comportements a g r e s s i f s e t une s i t u a - t i o n i n s t i t u t i o n n e l l e où l e p e r s o n n e l , m a i n t e n u en p o s i t i o n de n o n - r e s p o n s a b i l i t é , ne p e u t que r e j e t e r l ' e x p é r i e n c e n o u v e l l e de l ' i n t é g r a t i o n . Les d i f f i c u l t é s q u i s u r g i s s e n t a u t o u r du h a n d i c a p d i E l i a n e s o n t r é v é l a t r i c e s des c o n f l i t s i n s t i t u t i o n - n e l s .

L ' i n t é g r a t i o n d ' e n f a n t s a y a n t des t r o u b l e s du compor- tement e t s u r t o u t des comportements a g r e s s i f s , p a r a f t p a r t i c u - l i è r e m e n t d i f f i c i l e . Les b é n é f i c e s b i e n que p l u s d i f f i c i l e s à p e r c e v o i r s o n t cependan t é v i d e n t s . M a i s , il ne f a u t pas o u b l i e r q u ' i l y a peu de p o s s i b i l i t é s a u t r e s p o u r ces e n f a n t s e t que l ' a s p e c t de s o u t i e n e t de sou lagement de l a f a m i l l e e s t i c i t r è s i m p o r t a n t . La compara ison e n t r e i n t é g r a t i o n en c r é c h e avec s o u t i e n e x t é r i e u r e t p r i s e en c h a r g e en i n s t i t u t i o n s p é c i a l i s é e ( t y p e h ô p i t a l de j o u r p o u r t r è s j e u n e s e n f a n t s comme il s ' e n c r é e beaucoup a c t u e l t e m e n t ) nous p a r a î t une d i r e c t i o n d ' é t u d e i n t é r e s s a n t e ma is d é p a s s a n t l e c a d r e de ce t r a v a i l .

Le cas de F a b i e n pose l e p r o b l è m e du r i s q u e de c r i s e s c o n v u l s i v e s à l a c r è c h e . F a b i e n a des c r i s e s à l a c r è c h e :

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c e l l e s - c i mob i l i sen t t o u t e l ' é q u i p e l o r s q u ' e l l l e s de p rodu i sen t e t s o n t t r è s redoutées au p o i n t que l a d i r e c t r i c e peut d i f f i c i - lement s ' a b s e n t e r de l a c rèche . L 'équipe de c e t t e crèche a pu assumer c e t t e d i f f i c u l t é grâce au t r è s bon niveau de t r a v a i l d ' équ ipe mais dans d ' a u t r e s crèches l e r i s q u e de consu l s ions e s t u n o b s t a c l e insurmontable à l ' i n t é g r a t i o n .

Luc e s t un exemple d f i n t é g r a t t o n en crèche d 'un e n f a n t ayant s u r t o u t un "handicap s o c i a t " , L'échec r e l a t i f de c e t t e i n t é g r a t i o n ( s a mère 1 ' a r e t i r é au bout de c inq mois , mais e n t r e temps Luc s ' é t a i t beaucoup épanoui) pose l e problème de l a p ré - p a r a t i o n des c rèches à aborde r Ce type de f a m i l l e t r è s margina- l e e t à c o l l a b o r e r avec l e s équipes s p é c i a l i s é e s . I l semble que l ' é q u i p e de c e t t e c rèche , nouvellement o u v e r t e , n ' a i t pas é t é en mesure a l o r s de f a i r e f ace à ces d i f f i c u l t é s qui peuvent p o u r t a n t , dans d ' a u t r e s c a s , ê t r e assumées dans l e cadre de l a crèche.

Eve sou lève l e probïëme des e n f a n t s dont l e p r o n o s t i c v i t a l e s t r é s e r v é . Ce d i a g n o s t i c t r è s lou rd e s t b i en entendu t r è s d i f f i c i l e à assumer p a r l ' é q u i p e de l a crèche. Mais i l paraTt t r è s bénéf ique pour 1 ' e n f a n t d ' ê t r e à l a crgche dans u n m i l i e u malgré tolrt moins angoissé e t s u r p r o t e c t e u r que l e m i l i e u f a m i l i a l .

Ces quelques c o n s t a n t e s r e l a t i v e s au type de h a n d i c a ~ s o n t , bien sOr , à met t re en c o r r é l a t i o n avec l e s a u t r e s v a r i a - b l e s de l ' i n t é g r a t i o n : données f a m i l i a l e s , données i n s t i t u - t i o n n e l l e s , e t c , Le type de handicap ne p a r a f t pas en s o i u n f a c t e u r dé te rminan t de r é u s s i t e ou d ' échec de l ' i n t é g r a t i o n : p a r exenp le , l e s convuls ions de Fabien n ' o n t pas errpeché une t r è s bonne i n t é g r a t i o n grâce au t r a v a i l d 'équipe de l a c rèche e t du l i e n mère-crèche.

Au-delà d 'un c e r t a i n s e u i 1 de g r a v i t é du handicap e t s u r t o u t en cas de t r o u b l e s graves de l a p e r s o n n a l i t é , l ' i n t é - g r a t i o n d e v i e n t d i f f i c i l e . Mais ce s e u i l e s t t r è s v a r i a b l e s e l o n l e s é q u i p e s , de même que v a r i e l e deven i r du handicap de 1 ' e n f a n t se lon son environnement f a m i l i a l .

La p e r s o n n a l i t é de l ' e n f a n t nous semble u n f a c t e u r de r é u s s i t e ou d ' é c h e c t r è s impor tan t . C e r t a i n s t r a i t s de person- n a l i t é s u s c i t e n t 1 ' i n t é r ê t de 1 ' é d u c a t r i c e qui s e s e n t i r a moti- vée pour s ' o c c u p e r de 1 k n f a n t , f a v o r i s a n t a i n s i son épanouis- s e n e n t .

- La vo lon té e t l e couraqe : pour Claude, l e s u r c r o î t de t r a v a i l dû à l ' a b s e n c e de son autonomie m o t r i c e , e s t t r è s

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b i e n s u p p o r t é p a r c e q u ' i l s ' a g i t d ' u n e n f a n t t r è s v o l o n t a i r e , m a n i f e s t a n t c l a i r e m e n t sa v o l o n t é de f a i r e l e p l u s p o s s i b l e comme l e s a u t r e s .

- La c o m m u n i c a b i l i t é (n8me non v e r b a l e ) : So lange c h e r - che à se f a i r e comprendre e t répond de m a n i è r e adap tée aux s o l l i c i t a t i o n s . Grâce à ce d é s i r de commun ica t ion , e l l e a des c o n t a c t s r i c h e s avec l e s e n f a n t s e t l e s é d u c a t r i c e s , b i e n q u ' e l l e ne p a r l e pas du t o u t . I n v e r s e m e n t , 1 'absence de commun ica t ion ( e n f a n t s p s y c h o t i q u e s ) ou de langaoe ( e n f a n t s d é f i c i e n t s . . . ) e s t s o u v e n t d i f f i c i l e à s u p p o r t e r e t l e s é d u c a t r i c e s , t o u t comme l e s p a r e n t s , a t t e n d e n t impat iemment l ' a p p a r i t i o n du l a n g a q e . Cer- t a i n e s se s e n t e n t démunies avec un e n f a n t q u i ne p a r l e pas du t o u t : a i n s i , Mustapha a é t é l o r s de sa p r e m i è r e année en c r è c h e beaucoup s t i m u l é s u r l e p l a n moteur , où il a f a i t d 'énormes p r o s r è s , ce q u i é t a i t vécu comme t r è s v a l o r i s a n t . Mais a c t u e l - l e m e n t l e s é d u c a t r i c e s ne s a v e n t p l u s t r è s b i e n comment s t i m u - l e r c e t e n f a n t q u i n ' a e n c o r e aucun langaae . On p e u t c o r r é l e r ces a t t i t u d e s avec une c e r t a i n e p a u v r e t é de l ' i n v e n t i o n péda- s o n i q u e q u i ne p e r m e t de t r o u v e r d ' a u t r e r é s e a u de c o ~ m u n i c a t i o n que p a r l e langage .

- L ' a t t a c h e m e n t a f f e c t i f à l ' a d u l t e : F a b i e n , b i e n que peu é v e i 1 l é , r é p o n d p a r l a j o i e aux m a n i f e s t a t i o n s a f f e c t u e u s e s des é d u c a t r i c e s s u s c i t a n t a i n s i chez e l l e s une r e l a t i o n a f f e c - t i v e p o s i t i v e . Cependant, il nous a semblé dans q u e l q u e s cas , que l ' a t t a c h e m e n t a f f e c t i f p e u t ê t r e t r o p f o r t au d é t r i m e n t de l ' a u t o n o m i s a t i o n de l ' e n f a n t . A i n s i , H y a c i n t h e , t r è s aimée e t e n t o u r é e ( t r o p ? ) p a r ses p r e m i è r e s é d u c a t r i c e s , a du mal à s ' a d a p t e r à sa n o u v e l l e é d u c a t r i c e , p l u s e x i g e a n t e avec e l l e .

- L ' a s p e c t p h y s i q u e de l ' e n f a n t nous semble i n t e r v e n i r beaucoup moins q u ' o n ne p o u r r a i t l e c r o i r e à p r i o r i , e t moins en t o u t cas que l a q u a l i t é e t l a v i v a c i t é du r e s a r d ou du s o u r i r e . A i n s i , B r i g i t t e q u i a un f a c i è s t r è s dysmorphique ma is e x p r e s s i f , e s t d é c r i t e a c t u e l l ement comme "vignanne" p a r sen é d u c a t r i c e q u i a r a c o n t é , p a r a i l l e u r s , a v o i r su rmonté un c e r - t a i n d é q o û t dans l e s p r e s i e r s j o u r s . S y l v a i n bave énormément : c e t t e c a r a c t é r i s t i q u e a r e b u t é c e r t a i n e s personnes q u i s ' o c c u - p a i e n t de l u i , ma is a p u ê t r e s u p p o r t é e p a r d ' a u t r e s . Le s e u i l de t o l é r a n c e e s t donc t r è s v a r i a b l e , e t s ' a b a i s s e l o r s q u ' u n e r e l a t i o n a f f e c t i v e s ' e s t é t a b l i e avec 1 ' e n f a n t .

Il nous semble donc que c e r t a i n s t r a i t s de p e r s o n n a l i t é , notamment l a p r é s e n c e a f f e c t i v e e t l a q u a l i t é du c o n t a c t , c o n t r e b a l a n c e n t l e s d i f f i c u l t é s dues au h a n d i c a p . P a r exemple, Eve e x e r c e une s é d u c t i o n de p a r son c a r a c t è r e v i f e t e s p i è g l e q u i a i d e c e r t a i n e m e n t l e p e r s o n n e l à assumer l ' a n g o i s s e l i é e à son h a n d i cap.

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Le c o m p o r t e ~ e n t de l ' e n f a n t , p a r r a p p o r t à ses camara- des, à l e u r s a c t i v i t é s e t aux r è g l e s du groupe, p e u t f a c i l i t e r ou non son i n s e r t i o n dans l e a roupe .

En p r e m i e r l i e u , l e s comportements q u i gênen t ou d é r a n - g e n t a c t i v e m e n t l a v i e du groupe s o n t vécus de m a n i è r e n é g a t i - ve. C ' e s t s u r t o u t d e p u i s q u ' e l l e marche q u l E l i a n e e s t vécue comme r e n d a n t l a v i e du qroupe i m p o s s i b l e . E l f e a une m a n i e r e i m p u l s i v e e t a g r e s s i v e d ' a p p r é h e n d e r l e s o b j e t s e t l e s e n f a n t s ( a g r i p p e r , t i r e r l e s cheveux, m o r d r e ) . Les é d u c a t r i c e s o n t renoncé à c o n s t r u i r e un co in -poupée c a r de t o u t e f a ç o n "eZZe Ze dder~irait", B r i g i t t e témo i one une g rande a v i d i t é de c o n t a c t demandant q u ' o n s ' o c c u p e d ' e l l e q u a s i m e n t en permanence e t b i e n que l e s é d u c a t r i c e s c h e r c h e n t à r é p o n d r e à ce b e s o i n , c e l a f i n i t p a r r e n d r e i m p o s s i b l e c e r t a i n e s a c t i v i t é s du qroupe.

Cependant , l a qêne a c t i v e e s t r a r e . P l u s f r é q u e n t e e s t l a p r é s e n c e p a s s i v e d ' u n e n f a n t q u i ne p e u t pas p a r t i c i p e r aux a c t i v i t é s e t mouvements du qroupe. Cependant , i 1 f a u d r a i t d é f i - n i r p l u s i e u r s n i v e a u x de p a r t i c i p a t i o n . Dans l a p l u p a r t des cas l ' e n f a n t r é u s s i t quand même à p a r t i c i p e r e t b é n é f i c i e r des a c - t i v i t é s dans l a mesure de ses movens. P a r t i c i p a t i o n p a r l a p a - r o l e des e n f a n t s a v e u g l e s , p a r t i c i p a t i o n p a r l e r e g a r d des en- f a n t s t r è s d é f i c i e n t s , p a r t i c i p a t i o n f l u c t u a n t e e t f u y a n t e des e n f a n t s p s y c h o t i q u e s . I l nous a semblé q u ' u n e n f a n t , même t r è s d é f i c i t a i r e , e s t t r è s s e n s i b l e e t t r è s r é c e p t i f aux s t i m u l a t i o n s venan t du g roupe e t que l a t o l é r a n c e du n roupe e t de l ' a d u l t e à c e t t e p r é s e n c e p a s s i v e e s t t r è s g rande . Cependant, p o u r l e s é d u c a t r i c e s , c e t t e t o l é r a n c e a des l i m i t e s dans l e temps : au- d e l à , l a n o n - p a r t i c i p a t i o n de 1 ' e n f a n t e s t r e s s e n t i e comme un échec de l e u r p a r t e t f i n i t p a r ê t r e vécue comme une aêne. P a r exemple, nos deux o b s e r v a t i o n s de Suzanne, l ' u n e peu a p r è s l ' a d m i s s i o n en c r è c h e , l ' a u t r e 9 mo is après , m o n t r e n t l e g l i s - sement e n t r e 1 ' e s p o i r de f a i r e p a r t i c i p e r Suzanne aux a c t i v i t é s ( t r è s m u l t i p l e s e t v a r i é e s dans c e t t e c r è c h e ) v e r s l e d é c o u r a - gement d e v a n t une e n f a n t q u i e s t en d é c a l a g e c o n s t a n t avec l e qroupe.

L e c o n t a c t de l ' e n f a n t h a n d i c a p é avec l e s a u t r e s en- f a n t s e s t a u s s i un f a c t e u r i m p o r t a n t . S i 1 ' e n f a n t répond p a r l e r i r e , l e r e s a r d , aux s o l l i c i t a t i o n s des a u t r e s e n f a n t s , c e u x - c i c o n t i n u e r o n t 8 v e n i r à l u i , à r e c h e r c h e r l e c o n t a c t avec l u i , même s i l ' e n f a n t h a n d i c a p é ne p e u t pas j o u e r a c t i v e - ment avec l ' a u t r e . C ' e s t l e cas de Mustapha e t de Claude, p a r exemple. C ' a u t r e s e n f a n t s , p a r c o n t r e , s e s i t u e n t eux-mêmes h o r s d u g roupe ma is p r i v i l é g i e n t l a r e l a t i o n a f f e c t i v e avec l ' a d u l t e : a i n s i , H y a c i n t h e communique beaucoup avec ses éduca- t r i c e s m z i s e l l e j o u e t o u j o u r s s e u l e . Ce comportement il l u s t r e p e u t - ê t r e l e p r o b l è m e t r è s s p e c i f i q u e de l ' i d e n t i t é des e n f a n t s t r i s o m i q u e s . F a b i e n e s t ext rêmement p a s s i f dans l e g roupe mais

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s ' a n i m e au c o n t a c t des a d u l t e s . Dans ces c a s , l e s a u t r e s e n - f a n t s ne f o n t pas a t t e n t i o n à eux . D ' a u t r e s cas - E l i a n e ou C a r o l i n e - r e f u s e n t l e c o n t a c t avec a u t r u i e t l e s a u t r e s e n f a n t s f i n i s s e n t p a r l e s é v i t e r ou l e s i g n o r e r . Cependant , même E l i a n e nous a semb lé p a r t i c i p e r dans une c e r t a i n e mesure p a r l e r e g a r d aux j e u x e t mouvements des a u t r e s e n f a n t s . On p e u t se demander s i c e t t e p a r t i c i p a t i o n q u i p a r a S t min ime, n ' e s t pas t r ë s i m p o r - t a n t e p o u r e l l e e t p o u r son é v o l u t i o n f u t u r e . L 'absence c o m p l è t e de c o n t a c t nous semble t r è s r a r e e t c ' e s t c e r t a i n e m e n t un f a c - t e u r q u i r e n d I ' i n t é q r a t i o n t r è s p r o b l é m a t i q u e .

L ' i m i t a t i o n des a u t r e s e n f a n t s nous a semblé un f a c t e u r t r è s b é n é f i q u e p o u r 1 ' e n f a n t hand icapé . E l l e n ' e s t p o s s i b l e que c h e z l e s e n f a n t s a y a n t a t t e i n t un c e r t a i n s t a d e de d é v e l o p p e - ment e t e s t dès l o r s un é l é m e n t de s t i m u l a t i o n t r ë s i m p o r t a n t . E l l e l e s f a i t beaucoup é v o l u e r a u s s i b i e n s u r l e p l a n de l ' a u - t o n o m i e (manqer comme l e s a u t r e s , a l l e r s u r l e p o t comme l e s a u t r e s ) que des j e u x , p a r exemple, Mustapha a a c q u i s , en c r è c h e , un n i v e a u d ' a u t o n o m i e t r è s bon p a r r a p p o r t â son n i v e a u de développement .

P o u r un c e r t a i n nombre d ' e n f a n t s , nous avons p u o b s e r v e r une é v o l u t i o n de l e u r i n t é r ê t q u i é t a i t d ' a b o r d e x c l u s i v e m e n t c e n t r é s u r l ' a d u l t e , p u i s s ' e s t p r o g r e s s i v e m e n t p o r t é de p l u s en p l u s v e r s l e s a u t r e s e n f a n t s . C e t t e o u v e r t u r e v e r s l e g roupe nous semble f o n c t i o n à l a f o i s d ' u n e é v o l u t i o n du n i v e a u de l e u r déve loppement e t d ' u n e p l us qrande perméabi l i t 6 a f f e c t i v e e t l u d i q u e . E l l e o u v r e à 1 ' e n f a n t d 'énormes p o s s i b i l i t é s d ' é v o - l u t i o n e t de p l a i s i r . C e r t a i n s e n f a n t s y a c c è d e n t d i f f i c i l e m e n t : Fab ien , du f a i t de ses p o s s i b i l i t é s l i m i t é e s , C a r o l i n e , d u f a i t de ses t r o u b l e s de l a commun ica t ion , H y a c i n t h e , d u f a i t d ' u n e o p p o s i t i o n . D ' a u t r e s e n f a n t s s o n t d 'emb lée dans l e g roupe - S o n i a , C laude - c e q u i semble ê t r e en c o r r é l a t i o n avec un n i v e a u de déve loppement p r o c h e de l a moyenne. Mais l a m a j o r i t e des e n f a n t s é v o l u e n t d ' u n i n t é r ê t p r i v i l é g i é p o u r l ' a d u l t e , v e r s une o u v e r t u r e au g roupe : B r i g i t t e , t r è s "coZ2antefl e t e x i g e a n t e a u d é p a r t dans son c o n t a c t à l ' a d u l t e , p r e n d c o n s c i e n c e p e u à peu des a u t r e s e t s ' y i n t é r e s s e de p l u s e n p l u s . C e t i n t é - r ê t g r a n d i s s a n t p o u r l e g roupe donne à l ' e n f a n t h a n d i c a p é une c e r t a i n e au tonomie d ' a u t a n t p l u s p r e c i e u s e q u ' e l l e e s t p o u r l u i s i d i f f i c i l e e t s i l i m i t é e .

Cans S i e n des cas , l e s e x i g e n c e s des e d u c a t r i c e s ne s o n t pas l e s nêmes à l ' é g a r d de 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é que des a u t r e s e n f a n t s , s o i t du f a i t de l a r é a l i t é du h a n d i c a p ( f a p l u p a r t ne p e u v e n t s a n ç e r s e u l , n i s ' h a b i l l e r , e t c . ) , s o i t du f a i t d ' u n e a t t i t u d e s u r p r o t e c t r i c e de l a p a r t de l ' é d u c a t r i c e , C e l a met 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é dans une s i t u a t i o n t r è s p a r t i c u l i è r e a u s e i n du groupe. Les a u t r e s e n f a n t s remarquen t t r P s v i t e c e t t e d i f f é - rence , de même q u ' i l s r e m a r q u e n t e t d i s e n t o u v e r t e m e n t l e han- d i c a p p h y s i q u e l o r s q u ' i l e s t v i s i b l e . Les e n f a n t s de n o t r e

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échanti 1 Ion sont encore t r ë s j e ~ n e s pour prendre conscience c l a f r e m n t de c e t t e s i t u a t i o n e t y r éag i r . Cependant, chez l e s plus grands, on vo i t s e desslner des rêac t ions , Ainsi, Hyacinthe pa ra t t en opposition au groupe dont e l l e s ' i s o l e v o l o n t a i r e ~ ~ e n t . O n peut s e demander s i e l l e n 'aff i rme pas a ins i par l a n6gatSve son i d e n t i t g , s a d i f fgrence , q u ' e l l e ne peut aff i rmer autrement. En e f f e t , c e t t e d i f fé rence e s t niëe à l a f o i s par l a crèche qui veut Fa considerer S t ou t p r ix " c o m ~ e Zss autrese f e t par l a nère qui ne peut pas envisager I%ven i r de sa f i 5 t e , Tt nous se~nble que c ' e s t justement lorsque l e s adul tes peuvent verba l i - s e r c e t t e d j f fé rence qu ' e l l e peut devenir u n elément s t r u c t u - ran t pour l % n f a n t e t qu ' e l l e peut ê t r e intégrge dans l e groupe,

Le comportement de 2 a majori té des enfan ts handi capes observes dans Seur groupe nous semble tendre vers une p a r t i c i - pation maximum 8 tous l e s mauvements du groupe, compte tenu de l eu r s d i f f i c u l t é s ( d i f f i c u l t é s l i é e s au d é f i c i t ou à l a perron- nà l i tE ) e t 5 1 nous a semblé que, f a p lupar t en r e t i r a i t u n grand p l a i s i r , nriirrre dans l e cas d'une pa r t i c ipa t i on t r & s f a i b l e . C'est certainement un des grands béneft ces de 1 ' i n t êg ra t i on .

9 enfan ts ont pu Otre observes s u r une periode de 19 mofs (de 2 a 4 observat ions) Ces observat ions on t permis d ' e tud j e r I 'évolut ian de 1 ' l n tegra t ion dans t e temps, e t en p a r t i c u l i e r de mettre en lum2ère l e s mouvements e t l e s f l uc - tua t ions de c e t t e i n t ég ra t l on , f 1 nous semble necessaire d'ana- l y s e r c e t t e évolut ion para71èlement chez 1 "enfant, sa fami l le e t l ' i n s t i t u t i o n , t a n t l e s d i f f ê r en t s fac teurs sont i n t r fqués ,

Sch@matiquement, on peut déc r i r e pour tous l e s cas une premi&re phase de progrès spec tacu la i res chez l k n f a n t , dVnves- t issement t r è s f o r t de l a par t des adul tes de t a crache e t de jo7e e t de soulagement de l a pa r t des paren ts ; puis une phase de s tagnat ion ou de ralent issement de 1 ' évolut ion chez l ' enfan t , de l a s s i t ude chez 7e personnel e t de doutes e t d ' i n c e r l i tudes chez l e s parents . Nos observations l e s plus longues montrent ensui t e une t r a i s f è s e phase d3 f f é r en t e selon l e s cas : s o i t reinvestissement de t a p a r t du personnel à un nfvoau plus rga- l j s t e e t ccnt inuat ion de t "n tegra t ion de 1 ' en fan t oQ I "ccennt e s t mis plus sur s o ~ blen-être que sur ses progrest l e s parents é t a n t eux aussi dans une nouvella phase où l e handicap de l ' en - f a n t a pu ê t r e sinon accepté, du moins assumé. S o i t impossibi- l i t é de r ê l n v e s t l r 3 k n f a n t e t I 1 i n t & g r a t i e n n ' e s t plus a lo r s qu'un temps d ' a t t en t e d k n e o r i en t a t i on spéci a l i s e e , temps vgcu de mani ère nagative par l a crèche, l e s parents e t f ' enfant .

X I fau t no te r que ces t r o i s temps de 7 ' évolut ion sont d ' au tan t Plus marqués quo las d i f f i c u l t ë s sont arandes (o r av i t 8

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d u handicap, présence de t roubles d u comportement, d i f f i c u l t é s i n s t i t u t i o n n e l l e s , r e l a t i ons parents-crèche d i f f i c i l e s ) .

Wous a l lons aborder ce t t e i?volution d u point de vue de l ' e n f a n t , puis d u point de vue i n s t i t u t i onne l e t famil ia l dans l e s chapi t res u l t é r i e u r s .

En ce q u i concerne l ' en f an t en t r an t en crèche avec u n handicap connu (11 cas sur 151, une première période (qui s ' é tend approximativement sur t a premjère année mais sur tou t s u r l e s s i x premiers mois de I ' i n t eg ra t i on ) e s t marquée par une explosion spec tacu la i re de progrès : acquis i t ion de l a marche pour ftustapha, acquis i t ion de fa s t a t i o n a s s i s e e t débuts de s o c i a b i l i t é pour Eve, d i r inu t ion des s té réo typies e t grands progrès de langage e t d'autonomie pour André.

Puis , l e s proçrès r a l en t i s s en t , l e s l im i t e s dues au handicap deviennent ptus évidentes , La se pose u n problème pour l e s adul tes (éduca t r ices , parents) mais i l ne ne répercute de manière negative sur l ' en f an t que s i l e s adul tes en question ne peuvent pas dépasser ce problème. Sinon, ce ralentissement des progres ne s i g n i f i e pas d u t ou t que l ' i n t é g r a t i o n devient moins bénéfique pour l ' e n f a n t , Une analyse ptus f i ne montre tous l e s avantages que l ' i n t ég ra t i on continue à lu i apporter , I l s ' a g i t , t ou t d'abord, d u sentlment de bien-8tre e t de sécu- r i t é a f f ec t i ve due à l a consclence d 'avoi r sa place dans u n groupe, place parmi l e s au t res nêne s i ce n ' e s t pas comme l e s au t res . Ceci e s t valable sur tou t pour l e s enfants u n peu ? lus grands, comme André, Claude, B r ig i t t e . I I s ' a g i t , en su i t e , d u contact a f f e c t i f avec des adul tes au t res que l e s parents e t des multiples s t imulat ions dues au contact avec l e s au t res enfan ts ; ne s e r a i t - ce que t e f a i t de les voir jouer,

I I nous semble donc que l e s f luc tua t ions de 1 ' i n tégra- t ion sont plus sens ib les au nlveau des adul tes qu'au niveau de 7 ' enfant handicapé lui - m ê ~ e , t e cadre instf tut ionnel e t l e groupe des au t res enfants pouvant en quelque so r t e compenser des défai 1 lances tenporai res de 1 ' adu l t e , éducatr ice ou parent .

Ce n ' e s t que dans l e troisième temps e t $ans l e s cas où fa l a s s i t ude n 'a pas p u ê t r e surmontée que nous avons obser- vé des s i t ua t i ons ayant réellement des répercussions néfastes pour l ' en f an t : l ' o r i e n t a t i o n spéc i a l i s ée de B r i g i t t e n'ayant p u ê t r e réalisGe à temps, f %ducatr ice a pu d i f f i c i ten~ent assumer t a présence de c e t t e f i l l e t t e aveugle e t p sycho t i~uc de près de 4 ans en même temps que son nouveau groupe d 'enfants de 2 ans, e t e l t e a é t é obligée de l a séparer à ce r t a in s mo- ments d u groupe. Les nouveaux progrès r éa l i s é s par Br+ g i t t e l o r s de son en t rée en écale spéc i a l i s ée (acquis i t ion de l a mar- che) montrent que l e s dern ie rs mois passés à l a crèche n ' é t a i e n t plus aussi bénéfiques pour e l l e . Pour Eli ane, l a perception

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t r è s négative de 1 ' enfant par l e s éduca t r ices , Indique une dé té r iora t ion de l a r e l a t i on avec c e t t e enfant e t une impos- s i b i l f t é de l u i proposer autre chose qu'un gardiennage : meme l e s procrès d 'E l i ane f i n i s s e n t par e t r e pergus comria néga t i f s ("Os a un gros problème, eZZe comneneo à olrvrir Zes p o ~ . t e s " ) . On f i n i t même par f a i r e obstacle à se s progres : pour l e gO0- t e r , Eljane r e ç o i t de l a semoule au l i e u des gâteaux proposés aux au t res en fan t s , a l o r s q u ' e l l e mange t r è s bien des gtteaux l o r s des séances de réëducation au C . A . E .

Sur l e plan a f f e c t i f , 7 'enfant r e s t e souvent t r e s a t taché à l a première personne qui s 'occupai t de l u i , à c e t t e période qui é t a i t s i intense à t ou t po in t de vue, Rous avons vu Fabien part icul ièrement détendu e t sour ian t l o r s d'une v i s i t e de sa première berceuse dans sa sec t ion a c t u e l l e ; Hyacinthe, e l l e , s e f a u f i l e dans l a sec t ion des moyens dès que l a porte e s t entr 'oi iver te , pour y retrouver l ' a u x i l i a i r e t r e s aime@ de f 'année dern iè re , Pour And?-&, c ' e s t l a d i r e c t r i c e (que sa mere a su iv i e dans sa nouvelle crèche) q u i t i e n t l e rBle de personne p r iv i l ég i ée qu ' i l va voir dans l e s aoments de régression e t qu ' i l a même appelé "'mamana pendant quelque temps. Tout se passe comme s i l ' e n f a n t , p3r un phdnomene ana- logue à celui de "t*emprai~af.e", é t a b l i s s a i t une r e l a t l on p r i - v i lég iée avec une personne de rgférence, quf e s t dans ? a majo- r l t 6 des cas , l a premiere personne q u i s ' e s t occupée de luS. Cet attachement e s t dans tous l e s cas réciproque e t se retrouve aussi au niveau des paren ts , Le phénomène e s t t r è s spCçifiqua de l ' e n f a n t handicapé, e t ne s e retrouve pas chez l e s au t res enfants de l a crèche qul son t t e plus souvent plus at tachgs à à l a derniere personne q u 5 s ' e s t occupée d'eux, Un besoin plus grand de s écu r i t é a f f ec t i ve e t de repères f î x e s , de même qu'une moins grande propension % se p ro j e t e r dans l "venir e s t Peut- ê t r e à 1 ' o r ig ine de ce phanomène, Plus géneralement, l a notion du temps semble avoi r une au t re s i gn i f f ca t i on dans l a r e l a t i on avec l ' enfant handicapé qui évolue moins v i t e e t e s t appel6 à a l l e r moins loin.

Sur l e s 15 enfan ts :

- 5 enfan ts ont ét6 in tégrés l a demande des parents e t i l s ' a g i t d ' enfan ts i n s c r i t s avant l a naissance.

- t e s 11 aut res ont e t ë tntPgrés avec'une in te rvent ion bu C.A,E , s o I t que l e C.A.E..aSt appuyé l a demande e t pr&paré l ' équ ipe de l a crèche : Fabren, Claude, Suzanne, Sylvain, s o i t que l a

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nécess i té de lYn t9g ra t i on s o i t apparue au cours du t r a v a i l c l in ique au C . A , E . : B r i g i t t e , Daniel, Luc, André.

- Dans 2 cas : Mustapha, Eve, t ' a s s i s t ance soc ia le de sec teur e s t intervenue aupres des parents e t de l a creche en faveur de I ' i n t ég ra t i on .

X I e s t donc 8 noter que, dans p lu s i eu r s cas , l '6quipe therapeutique a eu u n rô le a c t i f d8Smpulsion pour que 1 ' enfan t s o i t a ccue i l l i dans une crèche, 11 s ' a g i t a t o r s d'une dëclsion thérapeutique pr i se à cause des conditions socio-economfques ou du handicap de 1 ' enfant (enfants mal-voyants) de l ' é t a t psychologique de l a mère.

l 'admission relëve de l a responsabi l i t6 de l a Dlrec- t r i c e , mais i l semble qu'un nouveau règlement ten te à remettre dangereusement en quest3on c e t t e responsabil l té, 11 e s t beau- coup à craindre que la décision d'admission des enfants handi- capés dépende d'une commission q u i ne connaft ni l e cas e t l % i s t o i r e de l k n f a n t , n i l e s motivations ou l e s rét icences de l ' équipe de l a crèche.

Dans l a majori te des cas , l a décis ion d'adopter l ' en - f an t e s t soumise en premier l i e u & une discussion avec l e per- sonnel concerné [vol r l a préparat ion d u personnel) ,

l ' a u t o r i s a t i o n du pouvoir adminis t ra t i f ou mëdi cal i n t e r v i e n t ensui t e , mais semble avoir u n poids plus formel que rée l . Le vécu des responsabili t é s repose sur l a Direc t r ice Dans tes deux cas prëçentant un rtsque : r isque de convuTsions pour Fabien, r isque plus grave pour Eve, l e s absences de l a D i r e c t r i c e sont vécues comme angofssantes, t a n t t a Di rec t r i ce e s t perçue à l a f o i s comme l a personne compétente e t l a per- sonne responsable en cas d'accf dent. Dès l o r s , i f e s t évident que des cas aussi lourds ne peuvent Ctre in tégres en crëche que s i l a Dfrectr ice peut , elle-même, assumer c e t t e responsa- b t l 3 t é e t t e n i r ce r6 le secur i san t à l ' bgard de son personnel, Cependant, i l f a u t a jou te r que l a responsabi l i t é e s t vëcue comme angoissante par rapport à tous l e s enfan ts , handicapés ou non, e t que ce l a dépend aussi beaucoup de l a personnal i té de chacun,

bf Le,txes,bli~sfl$gSl9~ Sur l e s 15 établ issements v i s i t é s , i f y a :

- I I crèches de l a P.N.X. (de Parfs ou des départements de l a Couronne).

- 2 crèches P.M,I, ayant u n j a rd in d 'enfan ts de 3 B 4 ans, - I creche municipale. - 1 crèche d%ntreprSse,

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Les d i f fê rences dans l e type d ' i n s t i t u t i o n ne semblent pas avoir di incf dences s u r 1 ' i n tégra t ion de I 'enfant handicape.

Sur l e s 15 crèches :

- 10 fonctionnent avec l e nombre habi tuel de personnel [un auxi l i a i r e de puér icu l ture pour 5 ou 6 enfan ts , ou une édu- c a t r i c e de jeunes enfants pour l a sect ion des grands, c ' e s t - a-dire de 12 à 16 en fan t s ) .

- 3, crèche municipale a des condit ions t r è s favorables ( un a u x i l i a i r e pour 4 enfan ts ) ,

- 4 crèches ont diatinué l e u r e f f e c t i f d'un enfan t .

L ' insuf f i sance du personnel, déjà t r è s prablèmatique en temps normal, devient encore plus c ruc i a l e t o r s q u ' i l y a u n enfan t handicapé dans l a sec t ton . Tous l e s é tabl issements v i s i t é s soulèvent ce problème e t c ' e s t une des toutes premiè- res condit ions à l a généra l i sa t ion de 1 ' i n t ég ra t i on d 'enfan ts handicapés .

t a présence des s t ag ra i r e s dans presque tou tes t e s crèches, permet en p a r t i e de remedier à ce probleme mais i l ne s ' a g i t bien s u r que d'un p a l l i a t i f . Par exemple, B r i g l t t e exige une présence e t une s t imulat ion quasi-permanente e t c e l a n ' e s t poss ib le que parce que t %éducatrice a avec e l f e une s lagiaf re-éducatr ice q u i l a remplace auprès du groupe quand elfe-meme s'occupe de B r i g i t t e , ou vice-versa. Les sec t ions de grands posent tou tes ce probf ème : I '&duca t r ice , seu le avec son groupe, ne peut à l a f o i s s 'occuper de son groupe e t donner l e s soins ind iv idua l i sés que demande 1 ' enfant handicapé,

Le temps consacré à l ' en f an t handicapé e s t pour tous les cas plus important que celui consacré aux au t res enfan ts , Ce temps va r i e , bien s û r , selon l e s cas . Dans tous l e s é t a - bf isçements, à ce r t a in s moments de l a journée, une personne s'occupe uniquement de l ' e n f a n t handicapé, pendant que ses collègues s 'occupent du groupe : repas, t o i l e t t e , deplacements, a c t i v i t é s . . . Dans l a presque t o t a l i t é des cas , l e s educatr ices amënagent, en p lus , des moments de s t imulat ion indl viduel le avec I ' enfant handicapé, Le cas de B r i g i t t e e s t à l a f o i s exemplaire e t extreme à c e t égard : on peut d i r e q u ' l l y a en persanence une personne qui s'occupe uniquement d ' e l l e .

Les éduca t r ices ressen ten t d ' au tan t plus ce besoin que l e s enfan ts de l a sec t ion sont plus grands e t ont donc plus d ' a c t l v i t é s de groupe, auxquel l e s 1 ' en fan t handicapé ne peut

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pas p a r t i c i p e r . Le "Zaisser de côtd" e s t r e s s e n t i comme i n s u p - p o r t a b l e , au p o i n t que 1 ' é d u c a t r i c e de Claude a renoncé à f a i r e des rondes avec s o n groupe p a r c e que Claude, h a n d i c a p é moteur , ne p e u t pas y p a r t i c i p e r , I l l e u r semble n é c e s s a i r e d ' ê t r e t o u - j o u r s au moins 2 p a r groupe, c a r i l e s t d i f f i c i l e de r é p o n d r e à l a f o i s aux b e s o i n s du g roupe e t de l ' e n f a n t hand icapé .

Les c o n d i t i o n s de l o c a u x o u de m a t é r i e l , b i e n que va- r i a b l e s d ' u n é t a b l i s s e m e n t à l ' a u t r e , ne s e m b l e n t pas a v o i r de c o r r é l a t i o n p a r t i c u l i è r e avec 1 ' i n t é g r a t i o n . P e u t - ê t r e p a r c e q u ' e n c r è c h e l e s e n f a n t s v i v e n t dans un espace r e s t r e i n t ( p l u s r e s t r e i n t q u ' à l ' é c o l e , p a r exemple) e t e n t i è r e m e n t conçu p o u r eux. Les d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s s o n t a l o r s l e s mêmes que p o u r l e s a u t r e s e n f a n t s .

d l la-ereearatlon_bu_eersonneI Dans l a p r e s q u e t o t a l i t é des cas ( 8 cas s u r 91, l a

d i r e c t r i c e de l a c r e c h e a i n f o r m é e t c o n s u l t é son p e r s o n n e l e t l a d é c i s i o n de l ' i n t é g r a t i o n a é t é p r i s e en a c c o r d avec l e s a u x i l i a i r e s concernées . C e t t e c o n s u l t a t i o n p r e n d l a forme, s o i t de d i s c u s s i o n s i n f o r m e 1 1 es, s o i t de r é u n i o n s p r é p a r a t o i r e s avec t o u t e l ' é q u i p e , s e l o n l e mode de f o n c t i o n n e m e n t de chaque c r é - che. Dans l e cas de r é u n i o n s de t o u t e s l ' é q u i p e , il nous semble que t o u t l e p e r s o n n e l se s e n t concerné e t s o l i d a i r e , a s s u r e un s o u t i e n e t une c o l l a b o r a t i o n à l a personne q u i s ' o c c u p e de 1 ' e n f a n t e t pe rmet de f a i r e f a c e à des s i t u a t i o n s d i f f i c i l e s : F a b i e n a été gardé , m a l g r é l e s c r i s e s c o n v u l s i v e s à l a c r è c h e p a r c e que l ' é q u i p e a beaucoup d 'échanges i n t e r - p e r s o n n e l e t f a i t d e p u i s p l u s i e u r s annëes un t r a v a i l de r é f l e x i o n en g roupes q u i l e u r permet d 'assumer 1 ' a n g o i s s e s u s c i t é e p a r l e s c r i s e s . Dans l e s é q u i p e s n ' a y a n t pas de t r a v a i l de g roupe , l e s a u x i - l i a i r e s se s e n t e n t beaucoup p l u s démunies f a c e à 1 ' a n g o i s s e s u s c i t é e p a r l e h a n d i c a p de l ' e n f a n t , l e s phases de décourage- ment s o n t p l u s d i f f i c i l e s à su rmonte r .

Dans une s e u l e c rèche , i 1 n ' y a pas e u de c o n s u l t a t i o n du p e r s o n n e l q u i d o i t p r e n d r e en charge une e n f a n t t r è s h a n d i - capée, s u r d é c i s i o n de l a d i r e c t r i c e , t r é s f a v o r a b l e à I ' i n t é - g r a t t o n . 11 e s t i n t é r e s s a n t de n o t e r que c ' e s t j u s t e m e n t p o u r ce cas que 1 ' i n t é g r a t i o n ne nous a pas p a r u t r è s r é u s s i e - i c i , E l i a n e - même s i d ' a u t r e s f a c t e u r s ( e n p a r t i c u l i e r l a d é t é r i o - r a t i o n p r o p r e au cas de 1 ' e n f a n t ) s o n t , i c i , i n t e r v e n u s .

Les c o n t a c t s q u i o n t eu l i e u e n t r e l e C.A.E. e t f a c r è - che a v a n t l ' a d m i s s i o n de l k n f a n t ou peu de temps après ( c o n - t a c t s t é l é p h o n i q u e s , v i s i t e de l a k i n é s i t h é r a p e u t e ou de l ' a s s i s t a n t e s o c i a l e ) s e m b l e n t a v o i r beaucoup a i d é dans l e sens d ' u n e p r é p a r a t i o n . Lo rsque c e l a n ' a pas é t é l e cas, de t e l s c o n t a c t s s o n t r é c l a m é s p a r l a c rèche .

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Dans tous l e s cas , nous avons observé une importante mobil isat ion, aussi bien en teaps qu 'en investissement a f f ec - t i f . Nous avons rencontre des personnes dont l e s a t t i t u d e s va r i a i en t , c e r t e s , nais qui ê t a i e n t touSaurs profondément con- cernëes e t motivées. L'une des a u x i l i a i r e s d T v e - cas pnr t tcu- f ièrement dramatique - nous a raconté qu ' e l l e ava i t f a i t peu apras l "arrivée d %ve des cauchemars l a concernant. Cet exemple montre à quel le profondeur émotionne12e l e s éducatr ices sont touçhées par 1 %enfant handicapé.

Dans l a p lupar t des cas , 1 ' en fan t handicape a une édu- c a t r i c e qui sioccupo de l u$ plus que ses col lègues, Dans cer- t a i ne s crèches, i l njy a pas de r e l a t i on p r iv i l ég i ée avec l e s au t res enfan ts , mais e l l e e x i s t e pour l ' e n f a n t handicapé. C'est de manière spontanée que s ' é t a b l i t c e t t e r e l a t i on : s a i t que l 'une des ëduca t r ices se propose pour s b c c u p e r de l ' e n f a n t handicapé l o r s des discussions prépara to i res à son accuei 1 , s o l t qu'une r e l a t i on p r iv i l ég i ée s ' é t a b l i s s e d8s l e début de son sé jour à l a crèche. XI s ' a g i t d'une r e l a t i on t r è s chargée affect ivement , s u r t o u t avec l a premiëre personne responsable de 1 ' en fan t , Nous avons pu observer à plus ieurs r ep r i s e s que l e s changements de personnes posent al o rs des probl émes. Myaclnthe e s t actuellement au jardin d % n f f a t s * mais e l l e cherche souvent retourner chez l e s "mayt?ns" oOÙ s e trouve une éducatr ice avec qui e l l e a une r e l a t i on a f f ec t i ve t r e s Forte . La j a rd ln i&re supporte assez mal c e t t e s i t u a t l a n d 'au tan t plus q u ' e l l e e s t nouvellement a r r ivée dans c e t t e creche e t n'a donc pas du t ou t p a r t l c i p é à ? ' a r r i v é e e t ?%histoire de Hyacinthe dans l a créche, E l le exprime son malaise en c r i t i q u a n t l e s mé- thodes educat4ves de ses col lègues (''EEttas ZuC o n t trop cédB... avec ces enfan*@-td, $ 2 f as t &ers ferme"),

La r e l a t i on pr5vi fég iëe e n t r e l ' e n f a n t handicapé e t une Dducatrice e s t certainement l 'un des fac teurs favor i san t l ' i n t é g r a t i o n , mais e t t e pose aussi des problèmes d 'ordre a f - fectZf : peur de perdre c e t t e r e l a t i o n , par exemple, d f f f 7 c u l t é à t a i s s e r part?%- l ' en f an t , r ivaSi te avec l e s au t r e s personnes appelées à s 'occuper de f ' en fan t , f r e i n à l 'autonomisation de I % n f a n t , j a lous ie de l a pa~ r t des au t r e s enfan ts , Afnsi, c ' e s t l a mCme a u x i t i a i r e qui s'occupe de Sonia depuis son en t rée en crèche, c ' e s t - à -d i r e à t r o i s ans e t demi e t son l i e n p r iv f l é - g i é avec Sonia, a i n s i qu'avec ta mere de Sonla e t avec l e C.A .E . f i n i t par l a mettre en porte-à-faux par rapport a l a d i r e c t r i c e e t ses col3égues q u i l u t reprochent de ne plus assurer son t r a - va41 avec l e s au t r e s enfan ts . 11 e s t c e r t a i n , cependant, que c e t t e r e l a t i on t r è s p r iv i l ég i ée a é t é extremement bénefique pour 1 ' en fan t e t t r è s va lor i san te pour 1 ' a u x l f i a t r e , Mais 1 'ab- sence de médiation e t de sout ien de l 'équipe met c e t t e a u x i l i - a i r e dans une s i t u a t i o n d i f f l c i l e e t l e départ de 1 ' en fan t se ra

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pén ib le à s u p p o r t e r . P l u s i e u r s auxi 1 i a i r e s s e s o n t beaucoup a t t a c h é e s à Eve e t l o r s de no t re v i s i t e i l a p p a r a î t que c e l l e - c i b é n é f i c i e r a i t ce r t a inement beaucoup d ' a l l e r en v i s i t e au j a r d i n d ' e n f a n t s , comme l e f o n t l e s a u t r e s e n f a n t s de l a sec - t i o n . Les a u x i l i a i r e s ne 1 ' a v a i e n t pas e n v i s a g é , c r a i g n a n t qu'Eve s o i t bousculée pa r l e s grands ou que ceux-ci posent des q u e s t i o n s q u ' e l l e s n 'on t pas envie d ' en tendre . On r e t rouve l à une a t t i t u d e de s u r p r o t e c t i o n a n a l o ~ u e à c e l l e d é c r i t e chez l e s pa ren t s d ' e n f a n t s handicapes.

A l ' i n v e r s e , on peut auss i v o i r des a t t i t u d e s phobiques e t de recul p a r r appor t à 1 ' e n f a n t handicapé. Ces a t t i t u d e s ont e t ë observées dans peu Ce cas c a r aans üne C q ~ ~ i p e r'e c r ~ c h t ? c i , i l y a presque coujours t ou personnes p a r s e c t i o n , ce s o n t l e s personnes motivées qui s ' occupen t de 1 ' e n f a n t . Dans deux c a s , i l s ' a g i t d ' é d u c a t r i c e s de jeunes e n f a n t s qui o n t eu dans l e u r s e c t i o n un e n f a n t handicapé i n t e g r é dans l a créche depuis longtemps. E l l e s n ' o n t pas eu de cho ix . De p l u s , e l f e s vena ien t à l a s u i t e d 'une a u x i l i a i r e t r è s aimée de l ' e n f a n t e t , dans l e s deux c a s , i l s ' a g i t d ' é d u c a t r i c e s a r r i v a n t nouvellement à l a c r è c h e , donc n ' a y a n t pas p a r t i c i p é à 1 ' h i s t o i r e de l ' e n f a n t dans l a c rèche , ni à l a déc i s ion i n i t i a l e . Ces c o r r é l a t i o n s montrent bien que l ' i n t é g r a t i o n en crèche e s t l e f a i t d 'une équipe e t non d 'une personne s e u l e .

Dans d ' a u t r e s c a s , ce son t des c a r a c t é r i s t i q u e s propres au handicap (bave chez S y l v a i n , a g r e s s i v i t é chez E l i ane ) qui s u s c i t e n t des mouvements de r e j e t de l a p a r t de c e r t a i n e s édu- c a t r i c e s . Ces mouvements s o n t , bien s û r , i n é v i t a b l e s e t i l semble q u ' i l s peuvent ê t r e s o i t dépasses s o i t r e s p e c t é s , l o r sque l e t r a v a i l d ' équ ipe en permet l a v e r b a l i s a t i o n e t l ' é l a b o r a t i o n approfondie . Par c o n t r e , lorsque l e s é d u c a t r i c e s s e s e n t e n t s e u l e s e t c u l p a b i l i s é e s par c e l a , s a n s p o s s i b i l i t é d ' en p a r t a - g e r l e po ids , e l l e s f i n i s s e n t par en v o u l o i r a 1 ' e n f a n t de l e u r f a i r e r e s s e n t i r des sen t imen t s a u s s i n é g a t i f s . Toute p ropor t ion ga rdée , on r e t rouve l à encore des processus analogues ceux que v iven t l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s handicapés.

Les mot iva t ions qui poussent a i n s i c e r t a i n e s auxi l i - a i r e s à s ' occuper de façon p r i v i l é g i é e des e n f a n t s qui présen- t e n t u n problème s o n t , b ien s û r , t r è s d i f f i c i f e s à met t re en lumière . Nous r encon t rons , à u n premier n iveau, l e s r a i s o n s pour l e s q u e l l e s e l l e s se s e n t e n t f avorab les à l ' i n t é g r a t i o n :

- 11 e s t s t i m u l a n t pour l ' e n f a n t d ' ê t r e avec des e n f a n t s nor- maux,

- Dans une i n s t i t u t i o n s p ë c i a l i s é e , i l r i s q u e d ' ê t r e avec des e n f a n t s p lus a t t e i n t s que l u i e t de r é g r e s s e r .

- Les p a r e n t s s o n t r a s s u r é s de s a v o i r l e u r e n f a n t avec des en - f a n t s normaux.

- I l e s t bon, pour l e s a u t r e s e n f a n t s , de c ô t o y e r , des l e $ l u s jeune âge , ut? camarade handicapé,

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- Le t r a v a i l e s t p ius d i f f i c i l e , mais a u s s i p lus v a r i é e t p l u s i n t é r e s s a n t .

Lors de nos e n t r e t i e n s avec l e s é d u c a t r i c e s , c e r t a i n e s nous o n t c o n f i é l e s r a i s o n s p lus p e r s o n n e l l e s e t p l u s profondes qui l e s mot ivent à s ' occuper de l ' e n f a n t handicapé :

- t ' é d u c a t r i c e de Sonia a , elle-meme, un e n f a n t handicapé qui e s t ac tue l l emen t en E . ? I . P . e t c ' e s t e l l e qui s 'occupe t o u j o u r s des e n f a n t s "à prob'lème".

- D'au t re s o n t t r a v a i l l é auparavant en pouponnière ou en hô- pi t a 1 .

If e s t à n o t e r a u s s i que p l u s i e u r s é d u c a t r i c e s qui s e s a n t occupêes p a r t i c u t i è r e m e n t d 'un e n f a n t handicapé, a i m e r a i e n t a c c u e t l l i r un a u t r e e n f a n t handicapé. C e t t e expér i ence l e u r appor t e quelque chose de t r è s p a r t i c u l i e r e t de d i f f é r e n t . Ce t r a v a i l e s t vécu comme p l u s v a l o r i s a n t parce q u ' e l l e s o n t 7 ' impress ion d ' a p p o r t e r à c e t e n f a n t "queEque chose en p l u s " , de s p é c i f i q u e , à l a f o i s à t r a v e r s l e u r p ropre competence e t à t r a v e r s l e f a i t de l a c o l l e c t i v i t é . Ce t t e s p é c i f i c i t é l e u r permet une p l u s grande d i f f é r e n c i a t i o n d ' avec l e s p a r e n t s e t s u r t o u t l a mère, e t donc de se s e n t i r moins en r i v a l i t é ,

Pour 2 e n f a n t s s u r 1 5 , c e t t e r e l a t i o n p r i v i l é g i é e semble e t r e beaucoup p lus d i f f i c i l e à é t a b l i r . I l s ' a g i t de deux e n f a n t s p r é s e n t a n t de t r è s gros t r o u b l e s d u comportement ( s t é r é o t y p i e s , communication t r è s d i f f i c i l e , aucune autonomie, pé r iodes r é g r e s s i v e s , a u t o - a g r e s s i v i t é ou h é t é r o - a g r e s s i v i t é ) . Ces m a n i f e s t a t i o n s s o n t extremement a n g o i s s a n t e , s u r t o u t pour des personnes non p répa rées e t non formées à prendre en charge ce type d ' e n f a n t s . Dans l e s deux c a s , l e s é d u c a t r i c e s p r ë f ë r e n t s ' occuper de 1 ' e n f a n t à t o u r de r o l e , é v i t a n t a i n s i d ' é t a b l i r une r e l a t i o n p l u s poussée qu i e s t à l a f o i s t r è s d i f f i c i l e e t tres angoi s s a n t e .

Les é d u c a t r i c e s suppor t en t p l u s ou moins b ien f a p ré - sence p a s s i v e e t hors du groupe de 1 ' e n f a n t handicapé, à c e r - t a i n s moments de f a journée . On peu t schématiquement d i s t i n g u e r deux a t t i t u d e s extrêmes :

- Pour c e r t a i n e s é d u c a t r i c e s , 1 ' e n f a n t handicapé d o i t t t r e c o n s i d é r é , à t ous p o i n t s de vue, comme l e s a u t r e s e n f a n t s : nDéfends-toi, Sonia", d i t -on à Sonia l o r s q u ' u n a u t r e e n f a n t l u i prend son j o u e t , a l o r s que manifes tement Sonia n 'a pas l e s p o s s i b i l i t é s de r é a g i r e t de s e défendre . On peu t s e demander s ' i l ne s ' a g i t pas l à d 'une forme de néga t ion du handicap, t e l l e qu'on peu t l ' o b s e r v e r chez c e r t a i n s p a r e n t s .

Ce t t e a t t i t u d e de deni e s t p e u t - S t r e a u s s i due a une méconnaissance du handicap. On peu t l a c o r r é l e r , dans au moSns deux cas : Hyacinthe , Son ia , avec d 'une p a r t une c e r t a i n e

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pauvrete pédagogique, auszi h ien avec 1 ' e n f a n t handi cape qu ' avec l e s a u t r e s e n f a n t s , e t d ' a u t r e p a r t avec une v i s i o n peu r é a l i s t e du handicap e t de l ' a v e n i r de l ' e n f a n t chez l a mère,

- Inversement, à 1 ' a u t r e extrGme, c e r t a i n e s c reches me t t en t e s p l ace une v é r i t a b l e p r i s e en charge t r è s i n d i v i d u a l i s é e e t t r é s e l a b o r é e en f o n c t i o n du handicap de l ' e n f a n t , C ' e s t l e c a s d'André, p a r exemple, qui a pu apprendre à s e d i r i g e r de façon autonome dans t o u t e l a crèche. Là encore l a vême a t t i t u d e s e r e t rouve a l ' é g a r d des a u t r e s e n f a n t s : l e s é d u c a t r i c e s s o n t t r ë s a t t e n t i v e s aux besoins s p é c i f i q u e s de chaque e n f a n t e t on e s s a i e de l e u r aménager u n rythme i n d i v i d u e l .

A ins i , i l a p p a r a f t que l e s a t t f t u d e s des e d u c a t r i c e s avec l ' e n f a n t handicape ne d i f f è r e n t pas fondamentalement de c e l l e s q u ' e l l e s o n t avec l e s a u t r e s e n f a n t s de l e u r s e c t i o n . Par exemple, nous remarquons qu'on p a r l e t r è s peu a Hyacinthe, on l a d i r i g e p a r g e s t e s comme s i e l l e ne pouvai t r i e n compren- d r e . Or, avec l e s a u t r e s e n f a n t s a u s s i , nous observons une grande pauvre té des échanges verbaux.

Les a t t i t u d e s avec l ' e n f a n t handicape s o n t l e r e f l e t , p a r f o i s p lus é v i d e n t , de ce qui s e f a i t avec l e s a u t r e s en- f a n t s , avec t o u t e f o i s une c o l o r a t i o n a f f e c t i v e a s sez p a r t i - c u l i è r e .

Nous voudrions maintenant a n a l y s e r 1 ' é v o l u t i o n de l ' f n t e g r a t i o n du p o i n t de vue des a t t i t u d e s des & d u c a t r i c e s . La première phase de p rogres de l ' e n f a n t e s t r e s s e n t i e comme t r ë s g r a t i f i a n t e e t v a l o r i s a n t e pour e l l e s . P a i s , de méme q u ' e l l e s s e s e n t e n t responsables des progrès de l ' e n f a n t , e l l e s s e s e n t e n t a u s s i responsables de l ' absence de p rogrès ou des é v e n t u e l l e s r é g r e s s i o n s , A ins i , l e s pé r iodes i n é v i t a - b l e s de plafonnement chez t ' e n f a n t s o n t t r è s d i f f i c i l e s 2 s u p p o r t e r e t provoquent des mouvements d é p r e s s i f s e t un des in - ves t i s semen t chez l e s é d u c a t r i c e s . Les q u e s t i o n s qui r ev iennen t a l o r s I s o n t :

- "Est -ce qu'on e s t ~ r a i r n e n t u t i Z e ?'<.

- "Est -ce que nous f a i s a n s a s s e z pour l ' e n f a n t ?",

- " P e u t - ê t r e s e r a i t - i l mieux a i ZZeurs ?".

I l s e r a i t i n t é r e s s a n t d - tud ie r p l u s à fond ce que r e p r é s e n t e n t pour l e s é d u c a t r i c e s ces p rogrès , notamment p a r r appor t au t r a v a i l q u ' e l l e s f o n t avec l e s e n f a n t s normaux. "On s e s e n t u t i l e " , d i t 1 'une d ' e l t e s . "Ca change de l a rau- $ $ n e w , d i t une a u t r e .

Dans p l u s i e u r s c a s , i l y a phénomène de l a s s î t u d e bien que, à nos yeux, l ' e n f a n t n ' a i t pas cessé de p r o g r e s s e r . Simplement, l e s é d u c a t r i c e s ne vo ien t p lus l e s p r o g r è s , l e s n i e n t ou l e s minimisent . Par exemple, pour Solange, a p r è s une

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première année à l a crèche t r è s s a t i s f a i s a n t e , l e s e d u c a t r i c e s p a r l e n t d 'une absence d ' é v o l u t i o n , En r é a l i t é , i l s ' a g i t e s - s e n t i e l l e m e n t de l a non a p p a r i t i o n du langage chez c e t t e en- f a n t handicapée mot r i ce , Une obse rva t ion f i n e à l a crèche permet de met t re en évidence que l ' e n f a n t cont inue d ' é v o l u e r : progrès de comprkhension du langage, de l a communication p a r g e s t e s , de l ' au tonomie des échanges avec l e s a u t r e s e n f a n t s . . . Ce cas montre q u ' i l s ' a g i t d 'une p a r t d 'un problème de forma- t i o n : l a formation d ' a u x i l i a i r e de p u é r i c u l t r i c e ne permet pas d ' a n a l y s e r l e développement d'un e n f a n t , n i de p ropose r à l ' e n f a n t handicapé des a c t i v i t é s adaptées à son cas e t à s e s p o s s i b i l i t é s . Nous abordons l à l e problème du s o u t i e n e x t é r i e u r que nous développons p l u s l o i n . Plus profondément, c e t t e mécon- na i s sance des p rogrès de 1 ' e n f a n t , dans l a mesure où i l s s o n t l e n t s e t l i m i t é s , correspond probablement à l a d i f f i c u l t é d ' a c c e p t e r 1 a r é a l i t é du handi cap.

Une des mot iva t ions ( p l u s ou moins i n c o n s c i e n t e ) pour s ' o c c u p e r d 'un e n f a n t handi capé e s t ce r t a inement de s ' imag ine r qu'on va pouvoir l e g u é r i r . En ce s e n s , l e s progrès de I ' e n f a n t p a r a i s s e n t t o u j o u r s t r o p l e n t s e t t r o p minimes pa r r appor t à ce qu'on a v a i t imaginé e t e s p é r é . Tout s e passe comme s i l ' é d u c a - t r i c e s e t r o u v a i t , p a r r appor t au handicap de l ' e n f a n t dans l a méme p o s i t i o n que l e s p a r e n t s .

Aprës l a pé r iode de l a s s i t u d e , i l y a p o s s i b i l i t é d 'une t r o i s i è m e phase , où l e s é d u c a t r i c e s peuvent r é i n v e s t i r l ' e n f a n t en des termes p e u t - ê t r e p l u s r é a l i s t e s , e t f a i r e avec l u i un t r a v a i l p l u s a p p r o p r i é grâce à 1 ' a p p o r t f o r m a t i f des v i s i t e s . 11 nous semble que l e s phases de l a s s i t u d e e t de dépress ion s o n t p l u s f a c i l e m e n t assumées e t dépassées dans une c rèche qui fonc t ionne avec u n v é r i t a b l e t r a v a i l d ' équ ipe ( r é u n i o n s , r é - f l e x i o n s en commun, présence d 'une psychologue. . . ) que dans une crèche où l ' é d u c a t r i c e e s t p l u s i s o l é e . Les a u x i l i a i r e s qui o n t E l i ane dans l e u r s e c t i o n , ne s e s e n t e n t ni mot ivées , ni soutenues dans l e u r t r a v a i l . I l n ' y a pas de t r a v a i l d ' équ ipe ou de r é f l e x i o n s en commun qui p e r m e t t r a i e n t d ' é l u c i d e r l e u r s sen t imen t s n é g a t i f s e t de t r o u v e r ensemble des p r o p o s i t i o n s de jeu ou de s t i m u l a t i o n . E l l e s ne peuvent assumer c e t t e t âche qui l e u r e s t imposée. A l ' i n v e r s e , l o r sque B r i g i t t e pose de r é e l s problèmes à son é d u c a t r i c e , c e l l e - c i peu t compter s u r l a compréhension de s e s c o l l ë g u e s . Quant à Eve, l ' a n g o i s s e soulevée p a r son handicap peu t ê t r e assumée dans l a mesure où l e s aux i - l i a i r e s peuvent en d i s c u t e r l o r s de réunions avec tous l e s a u t r e s membres de 1 ' équ ipe . C ' e s t ensemble q u ' e l l e s f o n t f a c e à c e t t e r e s p o n s a b i l i t é .

I I semble que l o r s de ce t r o i s i è m e temps, l e s ob jec - t i f s des é d u c a t r i c e s s e modi f i en t : e l l e s o n t des p e r s p e c t i v e s p lus modestes e t p lus r é a l i s t e s en ce qui concerne l e dévelop- pement de 1 ' e n f a n t e t s e s l i m i t e s , mais e l l e s v a l o r i s e n t p lus son b i e n - e t r e , son p l a i s i r d ' ê t r e avec e l l e s e t l e s a u t r e s e n f a n t s . La c réche e s t a l o r s perçue comme u n l i e u de v i e poss i b l e pour 1 ' e n f a n t handicapé.

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La p l a c e de l ' e n f a n t h a n d i c a p é v a r i e énormément s e l o n sa p e r s o n n a l i t é ( v o i r comportement de l ' e n f a n t dans son g r o u - pe) e t s e l o n l e c l i m a t de chaque groupe.

I I nous semble que 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é r e s t e p l u s f réquem- ment dans une r e l a t i o n p r i v i l é g i é e à l ' a d u l t e , du f a i t t r ë s p r o b a b l e m e n t de sa p l u s grande dépendance r é e l l e ,

Q u a n t aux a u t r e s e n f a n t s , il f a u t d i s t i n g u e r l e s g r o u - pes de moins de 2 ans oO l e s e n f a n t s m a n i f e s t e n t peu d ' i n t é r e t p o u r l e u r camarade h a n d i c a p é e t l e remarquen t peu.

Après 2 ans, l e g roupe e s t t r è s c o n s c i e n t de l a p r 6 - sence d ' e n f a n t hand icapé , C e t t e c o n s c i e n c e s ' e x p r i m e o u v e r - tement . t e s p l u s g rands p o s e n t des q u e s t i o n s : P o u r q u o i Claude ne marche pas , ne p a r l e pas ? P o u r q u o i t u t ' o c c u p e s de B r i - g i t t e p o u r l a f a i r e manger ? D ' a u t r e s f o n t des remarques, p a r - f o i s d é s a g r é a b l e s . A S y l v a i n , on d i t : > ) r Z bave, i l n ' e s t pas beau, $ 2 e s t sa te" , e t c e r t a i n s e n f a n t s ne v e u l e n t pas l u i donner l a ma in l o r s de l a ronde. Ces remarques s o n t vécues de m a n i è r e p é n i b l e p a r 1 ' a d u l t e , ma is il nous semble que 1 ' e x p l i - c i t a t i o n o u v e r t e du h a n d i c a p e s t mofns t r a u m a t i s a n t e p o u r l ' e n - f a n t h a n d i c a p é q u ' u n n o n - d i t q u i l a i s s e l e s q u e s t i o n s e n sus- pens e t ne r e c o n n a f t pas l ' e n f a n t dans sa d i f f é r e n c e e t son i d e n t i t é .

C e r t a i n e s é d u c a t r i c e s p a r l e n t à l e u r g roupe des d i f f i - c u l t é s de 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é a v a n t son a r r i v é e : B r i g i t t e . D ' a u t r e s p r é f è r e n t a t t e n d r e l e s q u e s t i o n s e t y r é p o n d e n t : Claude. Dans q u e l q u e s cas, l e s é d u c a t r i c e s é v i t e n t ces ques- t i o n s , n ' a i m a n t pas p a r l e r du h a n d i c a p . La p l u p a r t o n t du mal à t r o u v e r l e s mots p o u r e x p l i q u e r l e h a n d i c a p e t Se b o r n e n t 6 d i r e : "EZZe e s t p e t i t e ( a l o r s q u ' e l l e e s t p l u s g rande que l e s a u t r e s . . .), . f a i s a t t e n t i o n à eZZeff . P l u s p r o f o n d é m e n t l e u r p r o p r e a n g o l s s e p a r r a p p o r t au h a n d l c a p l e u r r e n d d i f f i c i l e d ' e n p a r l e r : Eve,

Les a t t i t u d e s observées e t d é c r i t e s chez l e s p l u s g rands s o n t s u r t o u t des a t t i t u d e s de p r o t e c t i o n e t d ' a i d e , Dans p l u s i e u r s cas, il s ' a g i t s u r t o u t d 'une i d e n t i f i c a t i o n à 1 ' a d u l t e ( f a i r e comme 1 ' é d u c a t r i c e ) d ' a u t a n t p l u s que ces a t t i t u d e s s o n t t r è s encouragées e t v a l o r i s é e s p a r l ' a d u l t e que d ' u n e v é r i t a b l e r e l a t i o n avec l ' e n f a n t lu i -même. Dans d ' a u t r e s cas, l e s e n f a n t s m a n i f e s t e n t un r é e l i n t é r g t p o u r l e u r camarade e t c h e r c h e n t à j o u e r avec l u i dans l e mesure de ses p o s s i b i l i t é s .

L ' e n f a n t h a n d i c a p é nous semble p l u t ô t mo ins s o u v e n t a g r e s s e que ses camarades, c a r c e l a e s t t r è s ma1 s u p p o r t é p a r l ' a d u l t e q u i l e p r o t è g e p l u s que l e s a u t r e s e t i n t e r v i e n t

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p lus souvent en c a s de c o n f l i t . C ' e s t u n s igne de bonne i n t é - g r a t i o n lo r sque l e s a d u l t e s s e s e n t e n t a s s e z r a s s u r é s pour l a i s s e r l ' e n f a n t handicapé a v o i r avec s e s camarades des r e l a - t i o n s complètes , c ' e s t - à - d i r e auss i bien d ' a m i t i é que de con- f l i t . Ceci d i t , dans l a p l u p a r t des c a s , l ' e n f a n t handicapé a e f f e c t i v e m e n t moins de moyens de défense que l e s a u t r e s e t , l à encore , dëpend p l u s de Y ' a d u l t e que des camarades.

Les comportements a g r e s s i f s s o n t presque t o u j o u r s l e f a i t d'un ou deux e n f a n t s , t o u j o u r s l e s memes. S ' a g i t - i l d 'une r é a c t i o n de j a l o u s i e à l ' é g a r d de c e t e n f a n t dont on $ 'occupe t o u t p a r t i c u l i ë r e m e n t ? O u 1 ' e n f a n t a g r e s s i f e s t - i l l e p o r t e u r de l ' a g r e s s i v i t é , v o i r e de 1 ' ango i s se du groupe ?

Nous avons observé auss i des comportements r é g r e s s j f s de l a p a r t d ' a u t r e s e n f a n t s . I l s expr iment p a r l à l e u r s e n t i - ment de j a l o u s i e à 1 "gard de l ' a t t e n t i o n p a r t i c u l i ê r e p o r t é e à 1 ' e n f a n t handicapé. Nous 1 ' avons remarqué t o u t p a r t i cul i ê r e - ment pour l e s e n f a n t s mal-voyants, l a n é c e s s i t é d ' a i d e é t a n t l à p a r t i c u l i è r e m e n t man i fes t e e t f r é q u e n t e . Cer t a ins e n f a n t s réclament d ' ê t r e eux auss i a i d é s l o r s du r e p a s , de l ' h a b i l l a g e , e t c . Ces comportements a v a i e n t l i e u a l o r s méme q u ' i l s ' a g l t de s e c t i o n s où l e handicap de l ' e n f a n t , s e s d i f f i c u l t é s , s a p l a c e dans l e groupe o n t é t é v o l o n t i e r s v e r b a l i s é s p a r l ' a d u l t e .

A t r a v e r s t o u s ces comportements, i l a p p a r a î t que l ' e n - f a n t handicapé a vé r i t ab lemen t s a p l a c e s p é c i f i q u e dans u n groupe d ' e n f a n t s de p l u s de 2 a n s , c ' e s t - à - d i r e ayan t accès au langage. L ' e n f a n t handicapé y a mgme une p l a c e impor tan te : l e s e n f a n t s en p a r l e n t beaucoup, s ' a d r e s s e n t souvent à l u i , meme s i c e s échanges r e s t e n t souvent uni l a t é r a u x , posent beaucoup de q u e s t i o n s e t comprennent t r è s bien ce qu'on l e u r d i t du handicap de l e u r camarade, 11 nous semble que l e s a u t r e s r e c o n n a i s s e n t d 'emblée à l e u r camarade handicapé une p l a c e t o u t à f a i t sp t i c i f ique , d i f f é r e n t e de l a l e u r , mais parmi eux. Ceci e s t s u r t o u t v ra i l o r sque l ' e n f a n t a u n handicap t r é s é v i d e n t ( a v e u g l e , p a r exemple) e t l o r sque l e s a d u l t e s peuvent l e ver- b a l i s e r . La s i t u a t i o n e s t p lus complexe lo r sque l e handScap e s t peu é v i d e n t , ou encore lorsque l e s a d u l t e s n ' en p a r l e n t pas v o l o n t i e r s ou e s s a i e n t eux-mêmes de t r a i t e r 1 ' e n f a n t "comme les autresn en n i a n t 'ta d i f f é r e n c e .

Ainsi l e groupe nous semble non seulement u n f a c t e u r de p rogrès e t de s t i m u l a t i o n mais a u s s i u n élément pe rmet t an t à l ' e n f a n t handicapé d ' g t r e reconnu dans s a d i f f é r e n c e e t son i d e n t i t é .

Aucune crèche n ' a noté de r é a c t i o n h o s t i l e ou défavo- r a b l e de l a p a r t des a u t r e s p a r e n t s à 1 ' éga rd de l ' i n t é g r a t i o n

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d'un e n f a n t handicapé. Deux crèches o n t remarqué des "regards mauvaisw, "une e u r i o s i t d rnaZsainel', mai s i 1 s ' ag i t de réac- t i o n s i s o l é e s . Dans p l u s i e u r s c a s , cependant , l e s a u t r e s Pa- r e n t s remarquent l ' e n f a n t , posent des q u e s t i o n s , s ' y i n t é r e s - s e n t .

L ' en fan t handicapé é v e i l l e chez chacun d ' e n t r e nous des i n t e r r o g a t i o n s ango i s sées e t une émotion t r è s f o r t e . Cela e s t bien na tu re l l emen t auss i l e cas pour l e s a u t r e s p a r e n t s de l a c rèche , d ' a u t a n t p lus q u ' i l s ' a g i t de couples jeunes sus- c e p t i b l e s d ' a v o i r d ' a u t r e s e n f a n t s e t s e s e n t a n t donc d i r e c t e - ment concernés p a r ce problème.

Les équipes de f a crèche r é a g i s s e n t différemment à ces q u e s t i o n s : l a p l u p a r t s u s c i t e n t l e s q u e s t i o n s e t y répondent ouvertement. Dans deux c rèches , 'îe personnel é v i t e ces ques- t i o n s , e t a peur d ' y répondre ! "Ca ne Zes regarde pas. . . c ' e s t gsnant par rapport aus parents de Z ' e n f a n t handicapd".

Cependant, i l f a u t n o t e r que, dans ces c a s , j u s t emen t , l e s r appor t s e n t r e l a créche e t l e s p a r e n t s de l ' e n f a n t handi- capé s o n t a s sez t endus . On reproche notamment à ces p a r e n t s de "na pas parler" , d ' a v o i r du mal à d i s c u t e r avec eux. E t nous t rouvons une c o r r é l a t i o n e n t r e l a p o s s i b i l i t é d 'un dia logue c rèche -au t re s p a r e n t s , e t l a poss i bi 1 i t é du dia logue creche- p a r e n t s de l ' e n f a n t handicapé. S ' i l y a u n non-di t au tour du handicap avec l e s pa ren t s de l ' e n f a n t , ce non-d i t s e r e t rouve avec l e s a u t r e s p a r e n t s , l e s a u t r e s e n f a n t s .

h ) te_ri le-d~_Centrg-d1.As~i ,s ta!!se-Ed~sat1~e_~d~-t~~$:ee2it ( c f . t a b l e a u I I I )

Le r61e de l a p r i s e en charge au Centre e s t e x t r ê - mement v a r i a b l e s e l o n l e s c a s . l e nombre de séances au Centre ( c o n s u l t a t i o n s méd4 c a l e s ou psychologiques , r ééduca t ion k iné - s i t h é r a p e u t i q u e , psychomotri ce ou or thophonique, psycho té ra - p i e . , . v a r i e de une c o n s u l t a t i o n tous l e s deux mois jusqu ' à t r o i s séances pa r semaine se lon l e s e n f a n t s .

L' importance de l a p r i s e en charge i n t e r v i e n t en t a n t que f a c t e u r de 1 ' i n t é g r a t i o n a p l u s i e u r s n iveaux,

Tout d ' abord , au niveau de 1 k n f a n t : 1 ' é v o l u t i o n l e p l u s souvent f avorab le (dans l a mesure des p o s s i b i l i t é s ) l o r s d 'une p r i s e en charge r é g u l i è r e f a c i l i t e l ' i n t é g r a t i o n e t favo- r i s e l ' i n t é r ê t des é d u c a t r i c e s pour c e t e n f a n t . A l n s i , Daniel

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s ' e s t réellement transformé au cours de l a p r i s e en charge t r e s intensive au Centre (rééducation psychomotrice de 1 'en- fan t e t psychothérapie bi-hebdomadai re de l a m6re). Son i n se r - t ion en crèche e s t maintenant t r è s bonne, on peut p révoi r pour lu i une s c o l a r i t é normale.

Ensuite, au niveau des parents : l eu r p r i s e en charge semble bien en co r r é l a t i on avec fa r é u s s i t e de 1 ' i n t ég ra t t on e t particuliGrement à f a f i n , l o r s d u passage en maternelle ou établ issement spgc i a l i s é . t a mère de Luc e s t t r è s d i f f i c i l e à mobiliser e t n ' e s t venue que quelques f o i s au Centre : e l t e a enlevé Luc de l a crèche au bout de quelques moSs au moment 00 justement l ' e n f a n t p a r a i s s a i t t r è s épanoui dans son nouveau mil ieu.

La p r i s e en charge au Centre joue à un t rois ième niveau : celui des rapports avec l ' i n s t i t u t i o n où e s t i n t ég ré l ' en f an t . Une p r i s e en charge bien su iv i e implique toujours des contacts avec l ' é tab l i ssement où v i t l ' e n f a n t e t ces con- t a c t s sout iennent 1 ' i n t ég ra t i on ,

I l nous semble donc qu'une p r i s e en charge régul iê re au Centre s p é c i a l i s é e s t u n f a c t eu r qui f a c i l i t e 1 ' i n t eg ra t i on . Inversement, l e s p r i s e s en charge i r r é g u l i è r e s ou i n su f f i s an t e s qui son t souvent l e signe d'une d i f f i c u l t é ou d'un manque de mobilisation au niveau de l a fami l le , vont presque toujours de p a i r avec des d i f f i c u l t é s de l ' i n t é g r a t i o n . I l s ' a g i t su r tou t de d i f f i c u l t é s crèche-parents qui surg issen t l e p l us souvent au moment de l ' o r i e n t a t i o n u l t é r i eu re . Pa r fo i s , ce n ' e s t pas 7a suf f i sance de l a p r i s e en charge qui e s t en cause mais l a d i f f f c u l t é ou l ' imposs ib i l i t ê d'aborder dans c e t t e p r i s e e n charge ce r t a in s problèmes e t notamment l ' a v e n i r de l ' e n f a n t . Ainsi , Soni a a é t é sui vie régulièrement mai s au moment de prg- parer sa s o r t i e de f a crèche i l apparaf t que I "venir de Sonia n% djamais pu e t r e abordé de manière c l a i r e avec Tes parents . De m&me, pour Hyacinthe, des d i f f i c u J t ê s surg issen t au moment du passage en maternelle qui indiquent que sa mère a v a i t vecu 1 ' i n t ég ra t i on comme une normalisation,

Les 15 crèches v i s i t é e s on t tou tes une demande d 'a ide ex t é r i eu re pour l e s sou t en i r dans l ' i n t é g r a t i o n d'un enfan t handicapé.

R chaque fo i s . nous avions l ' impression que notre v i s i t e é t a i t vivement at tendue. une f o i s s u r p lace , recherche e t act ion é t a i e n t forcément mélangées dans notre in te rvent ion te l lement é t a i e n t pressantes l e s demandes de conse i l s , d ' i n - formation ou simplement, l e besoin de p a r l e r de l ' e n f a n t , de ses progrès, des d i f f i c u l t é s rencontrées. Dans tou tes l e s crèches, on nous a demandé de revenir .

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P R I S E BN C B b R G E A U C E N T R E D ' A S S I S T h N C B

~ D W C A T X P D U T O U T P E T I T mes E N B A N T S B N

. . (MIE& : P e r i e r 7 9 :Oc~78Juin79: : : : 3: 3: : : : : 71 3: 4:19119: : ; : : : : 2 5 4 : 29 j

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(LUC )

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: : : : : : : : : : : : . : : : : : : : : : : : : . . . . . . . . f . , : . : : : i i : . . . . . . . . . . . . . . : ) 1

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Cependant, c e t t e demande de sout ien var ie selon l e s cas : e l l e nous a paru moins pressante dans 4 cas : Daniel a t a n t évolué depuis l e début de 1 ' i n t ég ra t i on qu'aucun problème spécif ique ne se pose plus; Fabien e t Eve peuvent P t re conside- rés comme des cas t r è s "Zourds", mais l e t r a v a i l d 'équipe, l e s réunions, l e s ré f lex ions en commun, l e sout ien apporté par l e médecin e t l a psychologue de l a crèche sont s i importants q u ' i l y a peu de demande à f 'égard du v i s i t e u r ex t é r i eu r . De p lu s , pour Eve, l a rééducation a l i e u part ie l lement dans l a crèche e t ces v i s i t e s régul iè res permettent d'aborder avec 1 a k inés i théra- peute tous l e s problèmes qui se posent. Pour Sofange, l e person- nel de l a sec t ion des p e t i t s a v a i t beaucoup de quest ions à poser, mais l ' éduca t r i c e de jeunes enfan ts de l a sec t ion des grands a elle-même t r a v a i l l é en i n s t i t u t i o n spéc i a l i s ée e t demande beau- coup moins au Centre s p é c i a l i s é : e l l e s ' appuie su r sa forma- t ion e t son expérience,

Dans l e s onze au t res c a s r l a demande é t a i t beaucoup plus pressante e t t ou t par t icul ièrement en ce qui concerne l e s enfants ayant des t roubles d u comportement.

Toutes l e s crëches ont eu des contacts avec l e C . A . E . s o i t que l e s d i r e c t r i c e s ou l e s ëducatr ices so i en t venues au C . A . E . , s o i t que l e s rééducateurs d u C . A . E . s o i en t a l l é s à l a crèche. C 'es t c e t t e dernière formule qui a paru plus en r i ch i s - san te e t qui e s t souhaitée dans tous l e s cas . t e s éduca t r ices dés i ren t demander des consei ls dans l e cadre même où e l f e s t r a v a i l l e n t , e t ont probablement aussi besoin qu'une personne ex té r ieure apporte u n éc la i rage nouveau s u r l e comportement de l ' en f an t dans l e groupe e t avec e l l e s .

Dans 1 - t a t ac tue l des choses, l e s contacts avec l e Centre spéciaf isE para i ssen t i n su f f i s an t s dans dlx cas , P f u- s i e u r s éléments en t r en t en l igne de compte :

- Les contacts sont p r i s trop t a rd . C 'es t avant l ' a r r i v é e d'un enfant handicapé que l e s éducatr ices souhai tent des informa- t ions s u r l ' e n f a n t , son handicap, l e p ronos t ic , e t c .

- La réguf a r i t é : f e s éducatr ices ont besoin de pouvoir compter s u r des contacts t r è s régul ie rs qui l e s s écu r i s en t e t l e s sout iennent dans f eurs d i f f i c u l t é s .

A t r ave r s ce sout ien ex t é r i eu r , c ' e s t u n vé r i t ab l e complément de formation que demandent l e s ëducatr i ces pour pou- voir assumer 1 ' enfan t handicapé : conse i l s p réc i s (quels joue ts , que l les a c t i v i t é s proposer ? ) , informations médicales s u r l e handicap, e t c .

Aussi nous p a r a f t - i l important de s i gna l e r i c i que sur les 15 crëches ayant a ccue i l l i l e s en fan t s , 9 00 se t rou-

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vaient B r i g i t t e , Hyacinthe, kndré, Claude, Mustapha, Eve, Sylvain, Suzanne e t Fabien ont bénéficié de 1 ' enseî gnement complet de l ' é v e i l du t ou t -pe t i t par notre Association dans l e cadre de l a formation organisée par l a P.M.I. Les 6 aut res où se t rouvaient Sonia, Caroline, Sojange, Daniel, Luc e t Etiane on t bénéficié du sout ien de I 'équipe, qu i , à 1 'occasion de 1 ' i n tggra t ion de ces enfan ts , a s e n s i b i l i s é l e personnel des étabf i ssements aux techniques d 'ëvei 1, Ces techniques d 'éve i l du t ou t p e t i t cons t i tuen t u n sout ien t r è s important su r tou t l o r s de l a première année à fa crèche. Le personnel s ' e s t occupé intensivement de Mustapha e t de Sylvain, par exemple, à l ' a i d e de ces techniques l eu r permettant de bien progresser su r l e plan de l a mot r ic i té e t de l ' é v e i l . Ensuite, l e personnel se trouve u n peu désemparé s i d ' au t r e s techniques plus proprement pédagogiques ne viennent pas souten t r son act ion auprès de l ' en f an t . Mustapha, par exemple, e s t mainte- nant bien débroui l lë su r l e plan moteur e t celui de l 'autono- mie, mais l e s a u x i l i a i r e s ne savent pas t r é s bien l e s t imuler à t r ave r s l e jeu e t l e langage, C'est l a formation des auxi- I l a i r e s de puér icu l ture qui e s t i c i en ques t ion , e t ce pro- blème se pose, nous tenons à l e sou l igner , pour tous l e s en- f an t s de l a crèche.

t e sou t ien du Centre spëc i a l i s ë appara4t comme néces- s a i r e dans tous l e s cas , en t a n t que ré fé ren t ex t e r i eu r : par exemple, pour B r i g i t t e , l e t rava i 1 avec l a psychologue de l a crèche (qui s e trouve ê t r e u n membre de l 'équipe de recherche) n 'a p u remplacer l e s contacts avec tes personnes d u Centre s p e c i a l i s é q u i ont réel lement l ' e n f a n t en charge, e t qui appor- t e n t u n regard ex t é r i eu r permettant d 'analyser ce r t a in s points t r é s spécif iques de f ' enfant .

Au t o t a l , i l apparaPt que f a demande de sout ien ex- t e r i e u r l o r s de I ' i n t ëg ra t i on en créche d'un enfant handicapë var ie :

- d'une p a r t , selon f e handicap d e 1 ' enfant (demande plus pressante pour enfan ts avec t roubles de l a personnal i të , demande presque nul le pour tes enfan ts t r è s peu handicapes);

- d ' au t r e p a r t , selon l e niveau du t r a v a i l psychologique e t pédagogique de f 'équipe ou de l a personne qui s'occupe de l ' enfant .

Dans ce r t a in s cas , l e sou t ien e s t nécessaire comme u n simple regard e x t é r i e u r , dans d 'au t res l e sout ien devra i t s e s u b s t i t u e r à un t r a v a i l de formation ou de ré f lex+on, ce q u i , bien entendu, e s t impossible. La demande e s t a lors sauvent ambivalente comme nous avons pu 1 'observer avec Eliane. Lors d'une v i s i t e de 1 ' éduca t r ice spéc i a l i s ée qui s "occupe d 'E l i ane* l e personne1 r eg re t t e que l e sout ien ne s o i t pas plus r egu l i e r e t demande une v i s i t e par mots. Mais lorsque l ' 6duca t r l c e

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r e v i e n t e f f e c t i v e m e n t au b o u t d'un mois, e l l e a l ' i m p r e s s i o n de n ' é t r e n i a t tendue n i entendue.

Cet exemple naus montre q u ' i l f a u t d i s c e r n e r dans l a demande de soue ien d i f f é r e n t s aspects :

- Beso in d 'un r é f é r e n t e x t é r i e u r e t r e g u l i e r quS permet de f a i r e I e p o i n t s u r l ' é v o l u t i o n de l ' e n f a n t , s u r son aven i r , e t d ' a p p o r t e r des c o n s e i l s ou des I n f o r m a t i o n s .

- Recherche d ' u n s a v o i r i m p o s s i b l e ( l e p r o n o s t i c , l e pourquo i du handicap s o n t souvent des ques t i ons sans réponse).

- Recherche d'une compétence p a r f o i s mythique t r a v e r s l e recou rs aux s p 6 c i a l i s t e s . Souha i t d'une f o r m a t i o n q u i n ' e s t pas assurée p a r a i l l e u r s ,

- R e j e t s u r l e Centre du sen t imen t d iëchouer avec l ' e n f a n t e t de l a c u l p a b i l i t e qu i s ' y a t t a c h e (dans ces cas, l a demande de s o u t i e n s 'expr ime sous forme de reproches) .

De p l u s , l e s demandes du personne l recouv ren t p a r f o i s c e l l e s des pa ren ts , quand il s ' a g i t , p a r exemples de demande d 'o r thophon ie pou r 1 ' en fan t , a l o r s que c e l u i - c l n ' a encore aucun langage. Nous touchons 1 8 de nouveau t a d i f f i c u l t é d ' ac - c e p t e r l a r é a l i t é du handicap, t e l l e q u ' e l l e e s t v$cue p a r l a personne ayant en charge l ' e n f a n t .

Une q u e s t i o n i m p o r t a n t e l o r s du s o u t i e n l a crèche e s t de s a v o i r ce q u i p e u t @ t r e communiqué p a r l ' é q u i p e t h g r a - peu t i que compte t e n u du s e c r e t p r o f e s s i o n n e l p a r exemple. Par exemple, pour Eue, on p e u t se demander s ' i l B t a i t néces- s a i r e de d i r e l e p r o n o s t i c i n c e r t a i ~ n q u i pese s u r sa v i e . On p e u t c r a i n d r e que c e t t e i n c e r t i t u d e ne rende l a r e l a t i o n avec Eve t r e s ango issante e t l a r e l a t i o n aux p a r e n t s t r & s d i f f i c i f e ("Savez-vous qrre nous savons , , , ) à p a r t $ r de l à , l e d ia logue e s t b loqué) .

E n f i n , p a r a l l è l e m e n t B ces obse rva t i ons e t à ces c o n s t a t s concernant l e r61e du C.A.E. en t a n t que s o u t i e n e x t é r i e u r appo r té 8 . 1 ' é t ab l i ssemen t , on p e u t v o i r , en se r e p o r t a n t au t a b l e a u I I I , comment se s o n t r ë p a r t î s f a f réquence e t l e t y p e de p r i s e en charge de 1 ' e n f a n t , avant e t après son i n t é g r a t i o n .

En dehors du s o u t i e n appor té p a r l e Centre spéc ia t i s i 3 e t du s o u t i e n p r o p r e à l a crèche (psycho laguep médecin) 1 ' i n - t é g r a t i o n de l ' e n f a n t handicapé a é t é f a c i l i t G e dans quelques cas p a r d ' a u t r e s t ypes de s o u t i e n .

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Nous avons deux cas oQ d 'au t res parents de l a crèche ont apporté des informations ou des conse i l s : dans f a crèche de Hyacinthe, une au t r e mère t r a v a i l l e avec des enfan ts t r t - somiques 2 1 e t apporte au personnel son expérience e t son savoi r . Pour Fabien, c ' e s t u n parent de f a crèche qui a trouvé l e Centre s p é c i a l i s é o ù e s t Fabien actuetfement, lorsque sa mère a é t é soudainement mutée en province. Les crèches de Caroline e t de Sonia ont une psycho-motricienne at tachée à l a crèche : c e t t e personne é t a i t disponible pour s 'occuper de l 'enfant handicapé de manière t r è s ind iv idua l i sée e t régul iè re ce qui é t a i t à l a f o i s u n soulagement pour l e personnel e t u n apport t r è s p o s i t i f pour 1 ' en fan t .

D'autre p a r t , i l f au t s i gna l e r l e sout ien apporté par d ' au t r e s centres (C.M.P.P. Dispensaire d'hygiène me.ntale) l o r s - que 1 ' enfan t y e s t p r i s en charge, l e plus souvent en vue d ' u n r e l a i s ou à cause de l 'éloignement géographique de l a fami l le du Centre;

a ) t a - ç l t ~ a t i o n - f a m i l i a I e ~ - I z - c o i e l e ~ e a r s n C ~ l - z ~ - l ~ h a n i f c a e ( c f . tableau IV)

Le handicap d ' u n ' enfant e s t pour tou te sa fami'kle u n profond bouleversement à l a f o i s sur l e plan psychologique e t su r celui d u mode vie . - .

La présence de t ' e n f a n t handicapé implique des d i f f i - cul t é s matérief l e s , de logement, d'accompagnements, e t c . Par exemple, l a q u a s i - t o t a l i t e des parents de notre groupe (14 cas s u r 15) accompagnent l eu r enfan t à des séances de réé- ducation régul iè res . Cela en t r a lne par fo is de 1 ourds sacr i f i - ces s u r l e temps de l o i s i r ou de repos : l a mère d iEl iane do? t venir au Centre une f o i s par semaine t ô t le matin a f i n d ' ê t r e à l ' heure à son t r a v a i l . D'autres parents ont des aménagements (pas toujours f a c i l e s à ob ten i r ) de l eu r s hora i res . Mais i 1s s e sen ten t presque toujours gênés d 'ob ten i r ces aménagements qui sont vécus comme u n " p r i v i Z d g e " par eux-memes ou l eu r s col lègues. Sur l e s 15 f ami l l e s , 9 ont u n t r a j e t d'une heure ou plus pour venir au Centre ! ( c f . tableau I I I ) .

Sur l e plan psychologique, l e s deux parents sont pro- fondément bouleversés par ce traumatisme qu ' e s t pour eux l e handicap de l eu r enfan t . Les premiers mois ou l e s premières annees sont marqués par une impression de "vide", des périodes de dépression avec pa r fo i s des idées de ' su i c ide , des t roubles psycho-somatiques.

Ces d i f f i c u l t é s s e répercutent sur l a vie conjugale, Surtout pendant t e s premières années, l e couple a tendance à

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M)NNEES SOCID-ECONOHIQVES e t FAMILIAtES conceniant les ENFANTS EN CRECHE - Tableau %V

2 ) Habi t a t : 6 famil les o n t un espace d e v i e proportionn6 au nombre 3 . ) Le3 ro fes s ions des pa ren t s s e r é p a r t i s s e n t pour 14 pbres e*:3 cadres d'occupants - 5 hab i t en t en ap ta r t encn t avec ascenseur

2 sont lu7i.es e n p a v i l l o n - .7 occupent des appartements e n Supi-cadre moyen - 5 employés - 5 0uvrietS. Pour 15 mères en : 2 cadres sup6rieurs - 2 c a d r e s moyens - 7 employées

t t ages sans ascenseur - 4 d'entre e l l e ? o n t une s u r t a c s d rhab i t a t inr.i+~a elnta- (dont 1 en d i s p o n i b i l i t é ) 2 au foyer - 2 o u v r i e r e s -

* ~ œ ~ ~ ~ = ~ . = , m - - - = ~ " ~ - ~ ~ ~ - . = - ~ ~ ~ ~ = ~ ~ . ~ ~ . = ~ ~ = - = = = = = ~ n * = = ~ - ~ = = - - ~ . = ~ ~ ~ ~ ~ = = ~ ~ ~ - ~ ~ ~ ' ~ - ~ - - - n - . ~ œ - - - - - n n = - = = = n = - - - - . . - - - - - - - œ - - - - - - = - - - - - - - - = - ~ - = = - - - - - - - - - ~ - - - - - - f

Temps. d e Niveau socio-économfque ProblBmes . AGE 1 t r anspor t socio-

- --- --------".a--.

5 en fan t s ont une chambre q u ' i l s occupent s e u l ; 7 l a par- 4.) F r a t r i e r 7 enfants s o n t des en fan t s uniques. t agen t ( 5 avec des f r b r e s e t soeurs - 2 avec l e u r mhre) 2 enfan t s peuvent p r o f i t e r dlun Jardin. 2 e n f a n t s sont des a i n é s

1 ANDRE

~BRXGITTE

~ C A R O L X ~

S CL AU DE

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10 LUC

11 tNSTAPHA

12 SCLANGE

1 3 SOIIA

1 4 S~JZAN~T

*s SYLVAIN

1) ~ r a n s t o z t x 6 fami l l e s s o n t domici l iées 3 3 0 mn. ou'moins du c e n t r e Sur les 15 logements : 4 o n t t o u t le confo r t - 5 o n t un confo.rt m i s par l a 9 f ami l l e s met tent environ 1 h. h v e n i r famil'ïe - 2 son t de type I:.L.M. - 4 s o n t vétustes .

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o u v r i é r e

employée

cadre sup.

.cadre moy. -

5 p.

employé

ouvr i e r

ouvr i e r

ouvr i e r

employé

-

au foyer

ouvr i é re

employée

employée

employée

employée

non(dortoi4 s/ consort.

id*

confort.

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id*

s/ confo r t

avec mère

avec soeur

avec soeur

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o u i

non

ou1

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s e r e p l i e r s u r lui-meme, a moins de goût aux s o r t i e s , aux vacances.

Sur l e s 15 f a m i l l e s de n o t r e é c h a n t i l l o n , i l y a 3 d ivorces (ou s é p a r a t i o n s ) qui ont eu l i e u peu de temps ap rès l a r é v é l a t i o n d u handicap. A 1 ' ana lyse de ces cas on peut penser que l e handicap i n t e r v i e n t comme u n f a c t e u r déclenchant qui p r é c i p i t e e t r é v è l e des d i f f i c u l t é s p r é e x i s t a n t e s . De pl us , i 1 s ' a g i t d 'une pe r iode p a r t i c u l i è r e m e n t f r a g i l i s a n t e pour l e s deux p a r e n t s , ce qui peut a c c é l é r e r l a r u p t u r e .

Dans 2 a u t r e s c a s , l e père n'assume qu'une p e t i t e p a r t de l a charge que r e p r é s e n t e 1 ' e n f a n t e t son handicap. Une mère e s t c é l i b a t a i r e e t assume s e u l e son e n f a n t .

Pour l e s femmes qui doivent f a i r e f ace s e u l e ou presque à l a charge e t à l a r e s p o n s a b i l i t é que r e p r é s e n t e l ' e n f a n t han,dicapé, 1 ' i n t é g r a t i o n en crèche e s t extrêmement impor tante . Dans quelques c a s , c ' e s t ce qui permet à l a mère de ga rde r l ' e n f a n t . I l s ' a g i t , pour e l l e , d 'un énorme s o u t i e n a u s s i bien ma té r i e l que psychologique dans c e t t e épreuve q u ' e l l e t r a v e r s e . Par exemple, pour l a mère de Fabien, c ' e s t t o u t e l ' é q u i p e de l a crèche qui l a s o u t i e n t , s u i t l e s progrès de Fabien, 1 ' a i d e a t r o u v e r une s o l u t i o n pour l ' a v e n i r , e t s 'occupe de Fabien même en dehors des h o r a i r e s h a b i t u e l s , puisque c e r t a i n e s édu- c a t r i c e s o n t accep té de ga rde r Fabien chez l u i , l e s o i r , l o r sque l a mère d o i t s ' a b s e n t e r pour des r a i s o n s p r o f e s s i o n n e l l e s .

La m a j o r i t é des pa ren t s assument ensemble l e handicap de l e u r e n f a n t , e t dans p l u s i e u r s f a m i l l e s l e père a u n r ô l e t r è s a c t i f auprès de 1 ' e n f a n t handicapé. C ' e s t l e père de Claude qui a s s u r e l a garde de l ' e n f a n t ( i l e s t au chsrnage), l o r sque c e l l e - c i n ' e s t p lus a c c u e i l l i e en crèche e t pas encore en h ô p i t a l de j o u r .

Lorsque l e père e s t p r é s e n t dans sa f a m i l l e e t auprès de son e n f a n t , i l l ' e s t a u s s i à l a crèche. Inversement , l e s pè res qui p a r t i c i p e n t peu à 1 a maison, semblent e v i t e r de v e n i r à l a crèche.

Q u a t r e des 15 e n f a n t s on t u n f r è r e ou une soeur p lus Sgés , mais on observe que deux seulement ont ac tue l l emen t u n f r è r e p lus jeune. E n dehors du f a i t que l e s e n f a n t s de n o t r e é c h a n t i l l o n s o n t encore jeunes (moins de 4 a n s ) , i l semble que l e d é s i r d ' a v o i r d ' a u t r e s e n f a n t s s o i t for tement i n h i b é p a r l ' a n g o i s s e d ' a v o i r u n a u t r e e n f a n t "an0rrna2'~. P l u s i e u r s p a r e n t s expriment c e t t e c r a i n t e , qui dev ien t p a r f o i s 1 ' o b j e t d 'un désaccord e n t r e eux.

Nous avons remarqué des p e r t u r b a t i o n s psychologiques e t psycho- somatiques chez p l u s i e u r s f r è r e s e t s o e u r s . Le f r e r e de Sonia p a r exemple. I l s s e s e n t e n t abandonnés p a r des p a r e n t s t r è s ango i s sés e t t r è s préoccupés pa r 1 ' e n f a n t handicapé e t o n t des sen t imen t s t r è s complexes ( c u l p a b i l i t é , r i v a l i t é , i d e n t i f i c a - t i o n ) à son égard .

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La présence e t s u r t o u t l ' a b s e n c e de l a f a m i l l e é l a r - g i e , nous p a r a t t u n f a c t e u r impor tant . L ' i n t é g r a t i o n a d ' au - t a n t p lus d ' impor tance pour l e s p a r e n t s q u ' i l s s o n t p lus i s o l é s s u r l e p lan f a m i l i a l e t s o c i a l . S a u f , cas ext rême, l a f a m i l l e de Luc qui e s t t e l l e m e n t i s o l é e s u r l e plan s o c i a l qu'une r e - l a t i o n p o s i t i v e c rèche - fami l l e n ' a pas pu ê t r e é t a b l i e , Lorsque l a f a m i l l e a peu de moyens f ami l i aux ( p o s s i b i l i t é de f a i r e ga rde r l ' e n f a n t ou de p a r t a g e r l e s s o u c i s ) m a t é r i e l s ( p o s s i b i - l i t é d ' ê t r e déchargée de c e r t a i n s s o u c i s m a t é r i e l s , p o s s i b i l i t é de f a i r e ga rde r l ' e n f a n t ) e t c u l t u r e l s ( i n t é r ê t s e x t é r i e u r s ) pour s o r t i r de son r e p l i , 1 "solement s ' a c c e n t u e e t l e béné f i ce de 1 ' i n t é g r a t i o n p a r a i t p a r t i c u l i è r e m e n t impor tan t .

Le déracinement des f a m i l l e s é t r a n g è r e s rend l a ç i t u a - t i o n encore p l u s d i f f i c i l e , vo i re a c c a b l a n t e : l a mère de Fabien, s e u l e en France , s a n s mar i , l o i n de sa f a m i l l e qui v i t en Sardaigne, v i t t r è s r e p l i é e s u r son f i l s , avec peu de pos- s i b i l i t é s de d i s t r a c t i o n ou de p r i s e de d i s t a n c e . Sa p r o f e s s i o n ( e n s e i g n a n t e ) e s t l e seu l élément v a l o r i s a n t e t i n t é r e s s a n t de s a v i e , e t e l l e ne s e permet de s ' é l o i g n e r de Fabien que pour des voyages p r o f e s s i o n n e l s .

Cependant, l a p e r s o n n a l i t é des p a r e n t s semble j o u e r u n r61e e s s e n t i e l dans l a manière de v iv re avec l e handicap de l ' e n f a n t , e t de f a i r e f ace aux d i f f i c u l t é s avec l e s moyens dont i l s d i sposen t . Ains i l a mere de Claude, qui d o i t assumer une s i t u a t i o n t r è s p r é c a i r e ( d i f f i c u l t é s f i n a n c i è r e s , p a r e n t s t r è s j eunes , c o n f l i t s avec l e mari e t avec l e s g rands -pa ren t s qui 1 ' a i d e n t peu) semble a v o i r complètement remonté l a pen te ap rès deux ans d ' i n t é g r a t i o n . E l l e a su t i r e r p r o f i t de ce s o u t i e n e t de c e t t e p o s s i b i l i t é pour s u i v r e une formation p r o f e s s i o n - n e l l e e t a v o i r p l u s d 'autonomie. En p l u s , l e s d i f f i c u l t é s f a m i l i a l e s semblent maintenant dépassées .

L ' i n t é g r a t i o n e s t dans bien des cas ( cas de n o t r e é c h a n t i l l o n ) non pas t e l l e m e n t u n mode de garde mais une r é - ponse, à u n moment donné, au problème s p e c i f i q u e que pose â l a f a m i l l e l e handicap de l ' e n f a n t , L ' i n t é g r a t i o n Z n c rèche a permis dans p l u s i e u r s cas ce que nous appelons sauvetagef f , c ' e s t - à - d i r e que l a f a m i l l e a pu, g râce à l a c rèche , f a i r e f a c e à une s i t u a t i o n qui s e p r é s e n t a i t de manière t r è s d i f f i c i l e , v o i r e c a t a s t r o p h i q u e ( r i s q u e de passage à l ' a c t e : abandon de l ' e n f a n t , s u i c i d e , décompensation psychot ique . . .).

A i n s i , l a na i s sance de Hyacinthe , t r i somique 21, pro- voque une profonde dépress ion cher l a mère, avec placement en pouponnière de l ' e n f a n t . C ' e s t l a réponse de l a d i r e c t r i c e c o n t a c t é e avan t l a n a i s s a n c e , e t proposant de prendre Hyacinthe avec son handicap, qui permet à l a mère de r ep rendre ça f i l l e .

La mère de B r i g i t t e , p e r s o n n a l i t é t r è s pa tho log ique , s ' e s t montrée, au cours d 'un épisode d é p r e s s i f p lus a i g u , de

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~ à u > 0 3 ~ c u Q>W Q . ~ - F O V Cr"+-) r o o In m vt 3a-t O m w o . - O ( U r ü E ( U r n i . G w W = J ~ S I L @ a ,

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V) E r t W P J @ Q I * ( U O . m a , m O. 0 E W Q - O u r u w ~ w r n r r - r < u & t 3rrrn%.<l)i%3(UL~W W r c - % - 3 tJ%- 4d.r ~ w ~ C O . l - E w m I , ( U - +r- al E b SlJ E O w f i-%- 4.3- J 3 Q V

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o c o t i r s r

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Le f a i t d ' a v o i r pu i n t é g r e r l ' e n f a n t handicapé à une crëche permet de ma in ten i r un deuxième s a l a i r e , ce qui e s t fondamental dans onze f a m i l l e s s u r quinze . 11 s ' a g i t de f ami l - l e s de c a t é g o r i e s socio-économiques modestes ( 8 c a s ) , de mères s e u l e s ( 2 c a s ) ou de père au chornage (un c a s ) .

Dans 6 c a s , l a crèche compense en e space e t en c o n f o r t l ' ex t r ême méd ioc r i t é du logement. Pour p l u s i e u r s a u t r e s en- f a n t s , l a crèche o f f r e l ' e s p a c e e t l e m a t é r i e l de jeu que l ' e n f a n t n ' a pas cher l u i , f a u t e de p lace .

4 f a m i f i e s s u r 15 o n t des probiSmes d ' i n t é g r a t i o n en France. Dans l e s c a s de fami f l e s immigrées, l e déracinement , e t p a r f o i s l e déclassement ( l e s p a r e n t s de Mustapha t r a v a i l - l e n t , en France , comme o u v r i e r s bien q u ' i l s a i e n t eu une format ion professSonne1le dans l e u r pays) semblent doub le r l e problème du handicap de l ' e n f a n t de ce qu'on p o u r r a i t a p p e l e r u n handicap s o c i a l . Dans l e s cas ext rêmes l e s p a r e n t s s o n t t e l lement envah i s p a r l e s problèmes sociaux q u ' i l s n ' a r r i v e n t pas à s e m o b i l i s e r pour l ' i n t é g r a t i o n de l e u r e n f a n t e t i l s e pose a l o r s l e problème de l ' a b s e n t é i s m e , des r e l a t i o n s d i f f i - c i l e s pa ren t s -c rèche , Le problème de l a langue peut encore compliquer ces r e l a t i o n s . Les p a r e n t s ayan t ces probiëmes de langue e t d ' i n t é g r a t i o n s e s e n t e n t doublement menacGs de r e j e t , de p a r l e u r o r i g i n e e t de p a r l e handicap de 1 ' e n f a n t .

Du c â t é de ? a creche cependant, l e f a i t d ' e t r e é t r a n - g e r , d é r a c i n é ou c a s s o c i a l , j o u e r a i t p f u t b t en f a v e u r de f 'intégration e t d k n e c e r t a i n e t o l é r a n c e aux d i f f i c u l t é s avec l e s p a r e n t s . La c rèche r e s t e marquée p a r une i d é o l o g i e dlaSde aux cas soc iaux q u ' e l l e prend souvent en p r i o r i t é . Les d i f f i c u l t é s de c e s p a r e n t s ne s o n t Jamais méconnues à f a c r g c h e , au c o n t r a i r e on en t i e n t compte e t e l f e s c o n s t i t u e r a i e n t p l u t 8 t une mot7vation supp lémen ta i r e à i n t P g r e r un e n f a n t handicapé,

L'absence de f r a t r i e pour 7 des e n f a n t s donne à 1 ' i n t é - g r a t i o n en crèche une r a i s o n suppl6menta i re : I ' e n f a n t handi- capé a r à l a c rèche , l e s c o n t a c t s avec d ' a u t r e s e n f a n t s q u ' i l n ' a pas à l a maison e t q u ' i l a p l u s difficilement qu 'un a u t r e à l ' e x t é r i e u r , Les p a r e n t s h é s i t e n t souvent à a l l e r au squa re du f a i t des d i f f i c u l t é s des t r a j e t s ( e n f a n t s qui ne marchent pas ) ou de l a c r a i n t e du regard d ' a u t r u i .

Au d é p a r t , l e s p a r e n t s o n t des r a i s o n s t r è s d i f f é r e n t e s de m e t t r e l e u r e n f a n t à l a crèche, Pour l e s e n f a n t s i n s c r i t s avant l a n a i s s a n c e , l a mot iva t ion première e s t l a garde de I ' e n f a n t . Mais rapidement , l o r sque l e handicap d e v i e n t connu,

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l e s mot iva t ions des p a r e n t s debordent l a s imple garde dans l e s e n t r e t l e n s , t ous ces pa ren t s (Hyacinthe , Caro l ine , Son ia ) p a r l e n t de l ' a p p o r t s p é c i f i q u e de l a crèche é t a n t donné l e handicap de l e u r e n f a n t .

I l y a d ' a u t r e p a r t l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s qul son t e n t r é s en crèche p l u s t a r d i veinent, l o r sque l e handicap é t a i t d é j à connu. t a mot ivat ion première en e s t l a r e p r i s e du t r a - vai 1 de l a mère. Ce t t e r e p r i s e répond d 'une p a r t aux besoins f i n a n c i e r s de l a f a m i l l e e t , d ' a u t r e p a r t à l a n é c e s s i t é pour permet t re à l a mère de prendre u n peu de d i s t a n c e s u r l e plan a f f e c t i f , pa r r a p p o r t au problème du handicap de son e n f a n t . A ins i , l a mere de Claude d é s i r e r e t r a v a i l l e r pour des q u e s t i o n s f i n a n c i è r e s , mais c e l a l u i permet a u s s i d ' en t r ep rendre une formation p ro fess ionne l l e e t d ' a v o i r des c o n t a c t s soc iaux , Cela l u i e s t d ' a u t a n t p lus bénéf ique s u r Te plan a f f e c t i f q u ' e l l e s e r e t rouve à 19 a n s , ayant q u i t t é l e lycée pour accoucher , i s o l é e avec son f l l s handicapé, sans s o u t i e n du mari . La mère d i E l i a n e , e l l e , angoissëe p a r l e p r o n o s t i c gncer- t a i n concernant s a f i l l e , t r ë s dëpendante de s a propre mère cher qui e l l e v i t , a tendance à s e r e p l i e r s u r son e n f a n t e t à l a s u r p r o t é g e r . La r e p r i s e de son t r a v a i l e s t pour e l l e une manière de s ' i n t é r e s s e r e t de s ' o u v r j r au monde e x t é r i e u r .

Dans d ' a u t r e s cas d ' e n t r é e t a r d i v e à l a c rèche , 1 ' i n - t é g r a t i o n s e f a i t jus tement pour des r a i s o n s l i é e s au handicap ( e n f a n t s aveug les , p a r exemple, ou dépress ion de l a mère) ; l a crèche e s t a l o r s reconnue comme appor t an t quelque chose dont 1 ' e n f a n t a p a r t i c u l i è r e m e n t besoin é t a n t donné son handicap.

t e s mot iva t ions évoqu&es p a r l e s p a r e n t s l o r s des e n t r e t t e n s avec eux s o n t l e s s u i v a n t e s :

- La présence d ' e n f a n t s "normaux" e s t l a mot iva t ion p r i n c i p a l e , Pour t e s p a r e n t s , i l semble que 1 ' e n f a n t handicapé a i t besoin p lus qu'un a u t r e de l a s t i m u l a t i o n d ' a u t r e s e n f a n t s . La c r ë - che e s t a l o r s opposée p a r eux a u s s i bien à l a garde p a r l a mi2re ou une nour r i ce (où l ' e n f a n t s e r a i t s e u l ) qu'aux 6 t a - b l i s semen t s s p é c i a l i s é s où i 1 s e r a 1 t avec d ' a u t r e s e n f a n t s handicapés , Les p a r e n t s pensent que des e n f a n t s handicapés ne peuvent r i e n a p p o r t e r de p o s i t i f à l e u r e n f a n t , vo l re meme q u ' i l s a u r a i e n t une i n f l u e n c e n é f a s t e s u r l u i . S i , a p r é s l a c rèche , 1 ' e n f a n t e s t o r i e n t é ve r s u n é t a b l i s s e m e n t s p é c i a - l i s é , bien des r é s i s t a n c e s de c e t o r d r e s o n t à v a i n c r e .

- t a v i e du groupe : l e f a i t pour I ' e n f a n t handicapé d'avof r sa p lace dans une c o l t e c t i v i t é d k n f a n t s e s t profondément r a s - s u r a n t pour s e s p a r e n t s , I l s s e n t e n t que l e u r e n f a n t peu t ê t r e appréc ié e t accep té malgr& ou avec son handicap. 17 a , quelque p a r t , s a p l ace .

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- La compétence des éducatr ices : l e s parents pensent que du f a i t de l eu r formation e t de l eu r appartenance à une équipe l e s éducatr ices sont plus à méme qu'une nourrice ou même qu'une mère, de s 'occuper d ' u n enfant handicapé e t de f a i r e face aux problémes éducat i fs specif iques qui pourraient se poser.

- La confiance en l a d i r e c t r i c e e s t une motivation qui r e s so r t dans quelques cas . La d i r e c t r i c e e s t perçue, par ces paren ts , comme l a personne l a plus compétente e t t a plus responsable de l a crèche. C'est e l l e q u ' i l s voient en premier e t qui prend l a décis ion de prendre leur enfan t , e t à qui i l s ont l ' impression de conf ie r l eu r enfant . C 'est a ins i que l a mère d'André a changé son f i l s de crèche pour su ivre l a d i rec- t r i c e lorsque ceTle-ci a p r i s l a responsabi l i t é d'une nou- ve 1 f e crèche.

- L'espace e t l e matér iel de jeu sont des motivations évoquées p l u t ô t par l e s parents de ni veau socio-économique modeste.

Derrière des raisons évoquées par l e s paren ts , une a-proche plus approfondie permet t ra i t de dégager d ' au t r e s motivations.

D'abord, i l e s t plus f a c i l e pour l e s parents (comme d ' a i l l e u r s pour beaucoup d 'au t res paren ts ) de conf ie r l eu r enfant à une i n s t i t u t i o n qu'à une personne. La r i v a l i t é e s t moins vivement r e s sen t i e du f a i t d'une dispersion de l ' a t t a - chement a f f e c t i f de l ' en f an t à plus ieurs personnes. D'autre p a r t , l ' ex i s t ence de p lus ieurs personnes réunies en équipe paraTt aux parents une protect ion contre l e s comportements de r e j e t . Presque tous l e s parents par len t de c e t t e c r a in t e du r e J e t à l ' éga rd de l eu r enfant handicapé.

11 f au t d ' a i l l e u r s noter que 3 enfants su r 15 ont d'abord é t é gardés par une o u plusieurs nourr ices , Cette solu- t ion n ' ava i t pas donné s a t i s f a c t i o n à cause des c o n f l i t s parents-nourr ice, e t à cause de la pauvreté éducative de l a nourr ice, Une au t re motivation plus profonde, e t pas tou jours admise, e s t c e l l e de l a normalisation. Etre a c c u e i l l i , en crèche, parmi des enfan ts t*normaux", ce1 a évei 1 l e toujours 1 ' e spo i r que 1 ' enfan t continuera à vivre en milieu "norsaZfra e t pourra peut-être avoi r une s c o l a r i t é e t une vie comme l e s au t r e s , Surtout au début, lorsque l ' a v e n i r de l ' e n f a n t e s t mal connu. Mais même par l a s u i t e , lorsque l e handicap de l ' e n f a n t e s t mieux connu e t que l e s parents ont p r i s conscicence des problémes qui vont se poser , i l s continuent de garder en eux secrètement c e t espoi r . I I nous semble que c e t t e ambigüité s e retrouve chez l a p lupar t des parents d ' enfan ts handicapés, su r tou t l o r s des premieres années. El le correspond au fond au deui 1 d i f f i c i l e , voire impossible, de 1 ' en fan t souhai té par rapport à 1 ' en fan t r é e l . L ' intégrat ion en crèche peut fonctionner comme u n support à c e t t e i l l u s i o n mais e l l e n'en e s t pas l a cause.

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t e sout ien apporté aux parents dans ce cheminement douloureux, à t a f o i s au C . A . £ . e t dans l a crèche méme, p a r a i t icS e s s e n t i e l , If s ' a g i t d ' é v i t e r que l e s parents en s ' i n s t a i - l e n t dans I ' i I l u s i o n d'une normalisation ou l a négation du handicap, t ou t en ne mettant pas d 'obs tac le aux p o s s i b i l i t é s évof u t ives de f ' enfant .

Le premier contact des parents avec l a crëche a l i e u avec l a d i r e c t r i c e qui prend l a décision d ' a c c u e i l l i r ou non l ' e n f a n t . Dans l 'ensemble, l e s parents sont peu conscients que l a décision a é t é p r i s e par toute l 'equipe. Pour eux, c ' e s t l a d i r e c t r i c e l a personne responsable e t ré fé ren te t o u t au long de l ' i n t é g r a t i o n . Ensuite, vont se t i s s e r des t i en s quot idiens avec l e s éduca t r ices qui s 'occupent de 1 "enfant,

Les l i e n s , aussi bien avec l a d i r e c t r t c e qu'avec l e personnel, son t dans l a grande majorité des cas ( 1 4 cas) vécus comme p o s i t i f s de pa r t e t d ' au t r e , mais i l s sont aussi empreints d'une cer ta ine ambivalence.

Dans u n cas seulement, l a r e l a t i on crèche-parents e s t négative e t abou t i t a u r e t r a i t de l ' e n f a n t au bout de 5 mois. I I s ' a g i t de Luc dont l a mère, t r è s marginale sur l e plan s o c i a l , r e s t e extremement méfiante. 11 semble que ce s o i t 1 'amélioration e t 1 'épanouissement de Luc, au bout de 5 mois à l a crèche, qu ' e l f e ne supporte pas. En venant l e chercher un s o i r à l a crèche, e l l e ne l e repère pas tou t de s u i t e t ravers l a porte v i t r é e : que son f i l s s o i t devenu "comme Zss a u t r e s w dans son aspect e t dans son comportement, e l l e l e r e t i r e en d i san t qu'SI n'a pas "besoin de Za orèche",

Dans Tes au t res cas , l a crèche e s t vécue comme t r é s pos i t ive e t l e s parents lui expriment une grande confiance.

Cependant, dans plusieurs cas , c e t t e confiance e s t RG- l é e B des sentiments plus néga t i f s : r i v a l i t ê avec l e personnel perçu comme plus competent qu'eux, peur que l ' e n f a n t s o i t r e j e t é ou pas assez aimé, c r a in t e que l a créche ne veui l le pas garder l ' en f an t .

Ainsi, dans plusieurs cas , l e s r e l a t i ons parents-créche sont t r è s complexes e t l e s équipes des crèches se sen ten t par- f o i s t r è s démunies face à ces parents plus f r a g i l e s e t plus d i f f i c i l e s à aborder que l e s au t res ,

La mëre de Mustapha parle aux a u x i l i a i r e s en d j san t "Quand Mustapha passePa son bac.. . ". Les auxi l i a i res , Si dérees devant c e t t e perception totalement i r r ê a l i s t e de 1 ' e n f an t , ne

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s a v e n t que r é p o n d r e , c r a i g n a n t s o i t de r e n f o r c e r l a mère dans son i l l u s i o n , s o i t de l a b l e s s e r e t de p r o v o q u e r sa d é p r e s s i o n . La mère de Mustapha r e c h e r c h e p a r l à à n i e r l a r é a l i t é q u ' e l l e connaTt p o u r t a n t e t il e s t c u r i e u x de remarquer q u ' e l l e ne p a r l e j a m a i s en c:es te rmes à l a d i r e c t r i c e q u i , e l l e , l u i f e r a i t r e m a r q u e r son i 11 u s i on.

La mère de S o n i a p a r l e s o u v e n t d ' é c o l e p o u r 1 ' a v e n i r de sa f i l l e , ce q u i ne c o r r e s p o n d pas du t o u t à ses p o s s i b i - l i t é s . Un j o u r , l a d i r e c t r i c e a p a r l é à l a mère des p o s s i b i - l i t é s d ' a v e n i r r é e l l e s de S o n i a e t de l a d a t e l i m i t e de 1 ' i n - t é g r a t i o n . C e t t e i n t e r v e n t i o n a p e r m i s une p r i s e de c o n s c i e n c e e t une o r i e n t a t i o n v a l a b l e ma is il a f a l l u p o u r c e l a que l a d i r e c t r i c e s u p p o r t e l a r é a c t i o n a g r e s s i v e de l a mère.

Dans l e cas de C a r o l i n e , l a d i r e c t r i c e e t l e s p a r e n t s o n t t o u j o u r s é v i t é de p a r l e r o u v e r t e m e n t de l ' â g e l i m i t e au- q u e l l ' e n f a n t ne s e r a i t p l u s admise en c r è c h e , e s s a y a n t t o u s deux de p a s s e r p a r le C . A . E . p o u r r é g l e r ce prob lème. C ' e s t p e u t - ê t r e p o u r c e l a que l e s p a r e n t s a c c e p t e n t d i f f i c i l e m e n t l ' o r i e n t a t i o n en h ô p i t a l de j o u r e t e s s a i e n t sans cesse de l a r e p o u s s e r . La r é a c t i o n de f u i t e de l a c r è c h e d e v a n t un c o n t a c t o u v e r t e t d i r e c t avec ces p a r e n t s e s t l i é e aux s e n t i m e n t s non é l u c i d é s f a c e a u h a n d i c a p : p e u r de r e j e t e r , d ' a g r e s s e r .

L a c u l p a b i l i t é r e s s e n t i e p a r p r e s q u e t o u s l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s h a n d i c a p é s v i e n t c o m p l i q u e r l e s r e l a t i o n s p a r e n t s - c r è c h e . La c r è c h e r e p r é s e n t e a u s s i l e r e g a r d des a u t r e s , r e g a r d t a n t r e d o u t é p a r l e s p a r e n t s : r e g a r d q u i f a i t h o n t e , q u i d é s i g n e , q u i accuse. A i n s i l e s p a r e n t s de C a r o l i n e p r o - j e t t e n t s u r l a c r è c h e l e u r c u l p a b i l i t é en p e n s a n t que c e r t a i n s évènements p r o d u i t s à l a c r è c h e dans l a p r e m i è r e année de l ' e n f a n t s o n t p e u t - ê t r e l i é s à ses t r o u b l e s .

D'une m a n i è r e g é n é r a l e , l e s r a p p o r t s mère-c rèche p a - r a i s s e n t mo ins d i f f i c i l e s que l e s r a p p o r t s p è r e - c r è c h e . D ' a b o r d l e s mères s e u l e s s o n t p e r ç u e s de m a n i è r e t r è s p o s i t i v e p a r l a c r è c h e , p r o b a b l e m e n t dans un mouvement d ' i d e n t i f i c a t i o n e t d ' e n t r ' a i d e . Réc ip roquement , l e s mères s e u l e , p a r t i c u l i è r e m e n t dépendan tes de l a c r è c h e , e x p r i m e n t une g rande c o n f i a n c e . Les cas de r e l a t i o n s d i f f i c i l e s avec des p a r e n t s e n dehors de Luc, c o n c e r n e n t s u r t o u t des p è r e s ( 2 c a s ) e t l a d i f f i c u l t é évoquée e s t 1 ' absence de c o n t a c t . Le p è r e de S o n i a e s t p e r ç u comme t r è s d é p r i m é p a r l e h a n d i c a p de sa f i l l e e t il n ' a r r i v e à l ' e x p r i m e r que p a r l a r e v e n d i c a t i o n ou l a r é c l a m a t i o n . Q u a n t au p è r e d f E v e , l e s a u x i l i a i r e s s o n t i m p r e s s i o n n é e s e t b l o q u é e s p a r son s i l e n c e à l e u r é g a r d e t n ' a r r i v e n t à é t a b l i r aucun d i a l o g u e avec l u i . Il semble que ce q u i e s t en j e u i c i , h o r m i s l e f a i t que l e s r e l a t i o n s avec l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s h a n d i c a p é s s o n t d é l i c a t e s , c ' e s t l a d i f f i c u l t é en g é n é r a l p o u r l e s p è r e s d ' a v o i r une p l a c e dans l e mi l i e u e s s e n t i e l l e m e n t f é m i n i n q u ' e s t l a c r è c h e .

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Dans nos e n t r e t i e n s a v e c l e s p a r e n t s , c ' e s t l e v é c u p o s i t i f de 1 ' i n t é g r a t i o n q u i e s t l e p l u s s o u v e n t a p p a r u . L e v é c u n é g a t i f n ' a é t é e x p r i m é que l o r s d ' u n t r a v a i l c l i n i q u e p l u s a p p r o f o n d i e t r e l a t i v e m e n t l o n g . Il s e m b l e que l e s p a r e n t s d i s e n t d i f f i c i l e m e n t l e u r s s e n t i m e n t s a m b i v a l e n t s o u n é g a t i f s , l e u r s c r i t i q u e s o u r e p r o c h e s à 1 ' é g a r d de 1 a c r è c h e . I l s se t r o u v e n t dans l e même cas que l e s a u t r e s p a r e n t s de c r è c h e , à s a v o i r q u ' i 1 " f a u t s ' e s t i m e r heureux d ' a v o i r une pZaceV, e t l e u r c r a i n t e de p e r d r e c e t t e p l a c e e s t d ' a u t a n t p l u s a c c e n t u é e q u e l e u r e n f a n t e s t h a n d i c a p é . Dans l e cas de L u c , l a mère n ' a p u d i r e à p e r s o n n e ce q u ' e l l e r e s s e n t a i t de v o i r s o n f i l s s ' é p a n o u i r à l a c r è c h e , e t e l l e n ' a p u s ' e x p r i m e r que p a r l e p a s s a g e à l ' a c t e d u r e t r a i t .

Le s o u t i e n immense q u ' a p p o r t e l a c r è c h e aux p a r e n t s dans c e r t a i n s cas p e u t s u s c i t e r des s e n t i m e n t s de c u l p a b i l i t é : c o u p a b l e s de se s e n t i r s o u l a g é s , p e u r de r e j e t e r l ' e n f a n t . Il e s t t r è s i m p o r t a n t que ces s e n t i m e n t s p u i s s e n t ê t r e v e r b a l i s é s dans l e t r a v a i l c l i n i q u e au C.A.E. A i n s i , l a mère de D a n i e l se s e n t t r è s c o u p a b l e de c o n f i e r son e n f a n t à l a c r è c h e a l o r s q u ' e l l e ne t r a v a i l l e pas . C ' e s t p a r 1 ' i n t e r m é d i a i r e d u t r a v a i l p s y c h o t h é r a p i q u e a u C.A.E . q u ' e l l e se r e c o n n a f t l e d r o i t d ' ê t r e d é p r i m é e , d ' ê t r e m a l a d e e t d ' a v o i r b e s o i n des a u t r e s dans l ' é d u c a t i o n de s o n f i l s . L ' a m é l i o r a t i o n de D a n i e l à l a f o i s l a j u s t i f i e dans ce c h o i x , , e t l a r e n v o i e à l a r i v a l i t é a v e c l e s é d u c a t r i c e s q u i r é u s s i s s e n t l à o ù e l l e même a é c h o u é . M a i s , 1 ' a s p e c t i n s t i t u t i o n n e l de l a c r è c h e r e n d l a r i v a l i t é b e a u c o u p m o i n s d i f f i c i l e à v i v r e .

Ces s e n t i m e n t s de c u l p a b i l i t é e t de r i v a l i t é e x i s t e n t , b i e n e n t e n d u , c h e z t o u t e s l e s mères q u i m e t t e n t l e u r e n f a n t e n c r è c h e . Il s ' a g i t i c i de 1 ' a c c e n t u a t i o n , d u f a i t d u h a n d i c a p , d ' u n v é c u b a n a l c h e z t o u s l e s p a r e n t s .

Le v é c u p a r e n t a l de 1 ' i n t é g r a t i o n se d é r o u l e a u s s i à t r a v e r s p l u s i e u r s p h a s e s . A v a n t l ' i n t é g r a t i o n , l e s p a r e n t s v i v e n t dans l ' a n g o i s s e d u r e j e t : r e f u s d ' i n s c r i p t i o n , o u r e j e t de l e u r e n f a n t s i c e l u i - c i e s t a d m i s . C ' e s t p o u r q u o i 1 ' a p p u i d u C.A.E. a é t é p r e s q u e t o u j o u r s n é c e s s a i r e . L ' e n t r é e e n c r è c h e e s t p o u r l e s p a r e n t s une p é r i o d e d ' e n t h o u s i a s m e : d é c o u v e r t e de ce n o u v e a u m i l i e u p a r eux e t p a r 1 ' e n f a n t , d é c o u v e r t e de l e u r e n f a n t dans c e ' n o u v e a u m i l i e u , n o u v e a u r e g a r d s u r l e u r e n f a n t . L e s p r e m i e r s p r o g r è s de l ' e n f a n t v o n t de p a i r a v e c l a c o n f i a n c e sans l i m i t e s des p a r e n t s dans l a c r è c h e . L a d e u x i è m e p h a s e que nous a v o n s d é c r i t e c h e z l ' e n f a n t ( s t a b i l i s a t i o n des p r o g r è s ) e t c h e z l e p e r s o n n e l de l a c r è c h e ( l a s s i t u d e , d é c o u - r a g e m e n t ) se r e t r o u v e c h e z l e s p a r e n t s : a p p a r i t i o n des s e n t i - m e n t s p l u s a m b i v a l e n t s d o n t n o u s a v o n s p a r l é p l u s h a u t . L a t r o i s i è m e p h a s e p e u t se t r a d u i r e p a r l a r e p r i s e de c o n f i a n c e o u a l o r s p a r 1 ' i n s t a l l a t i o n de l a m é f i a n c e . A i n s i p o u r S o n i a , l o r s q u e l a d i r e c t r i c e s ' e s t i n t e r r o g é e s u r l a s u i t e de 1 ' i n t é - g r a t i o n , l a mère s ' e s t r e p l i é e s u r e l l e - m ê m e , ne g a r d a n t l e

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c o n t a c t q u ' a v e c 1 ' a u x i l i a i r e de S o n i a , ma is é v i t a n t t o u t e s l e s a u t r e s . C e t t e s i t u a t i o n tendue n ' a u r a i t c e r t a i n e m e n t pas p u d u r e r s i l a d i r e c t r i c e n ' a v a i t p rovoqué un e n t r e t i e n o u v e r t où l e s d i f f i c u l t é s o n t p u ê t r e d i t e s de p a r t e t d ' a u t r e , p e r m e t - t a n t que l e s é j o u r de S o n i a à l a c r è c h e se t e r m i n e dans de bonnes c o n d i t i o n s .

La c o m p l e x i t é des r e l a t i o n s e n t r e l e s i n s t i t u t i o n s e t l e s p a r e n t s , a i n s i que l e vécu p a r e n t a l de l ' i n t é g r a t i o n nous o n t c o n d u i t s à l e s d é c r i r e sans cependan t p o u v o i r l e s e x p l i q u e r t o u j o u r s avec p r é c i s i o n , n i en démonter l e s mécanismes. M a i s , il e s t c e r t a i n que c e t a s p e c t m é r i t e r a i t une r e c h e r c h e p l u s a p p r o f o n d i e .

I I - BILAN de I'INTEGRATION en CRECHE.

Les b é n é f i c e s de 1 ' i n t é g r a t i o n en c r è c h e p o u r 1 ' e n f a n t s o n t é v i d e n t s dans l a q u a s i - t o t a l i t é des cas o b s e r v é s . Dans c e r t a i n s cas , l e d i a g n o s t i c a complètement changé au b o u t de deux ou t r o i s ans : Mustapha se p r é s e n t a i t comme un d é b i l e p r o f o n d avec des t r o u b l e s du comportement , il se range a c t u e l - l e m e n t dans l a c a t é g o r i e des d é f i c i e n c e s i n t e l l e c t u e l l e s moyen- n e s . André é t a i t a v e u g l e e t a u t i s t e , il ne p r é s e n t e a c t u e l l e m e n t p r e s q u e p l u s de r i s q u e s p s y c h o t i q u e s . En p l u s , des e f f e t s de l a p r i s e en charge t h é r a p e u t i q u e de 1 ' e n f a n t e t de ses p a r e n t s , l ' i n t é g r a t i o n e n c r è c h e nous semble j o u e r un r ô l e e s s e n t i e l dans c e t t e é v o l u t i o n du d i a g n o s t i c .

La c r è c h e o f f r e à 1 ' e n f a n t des p o s s i b i l i t é s de s t i m u l a t i o n , d ' é v e i l e t d 'échanges t r è s r i c h e s à l a f o i s à t r a v e r s l ' a p p o r t pédagog ique , e t à t r a v e r s l e groupe d ' e n f a n t s . Les e n f a n t s de f a m i l l e de n i v e a u soc io -économique f a i b l e e t n ' a y a n t pas de f r è r e s e t de s o e u r s b é n é f i c i e n t e n c o r e p l u s de 1 ' e n v i r o n n e m e n t de l a c r è c h e . S e l o n l e t y p e e t l a g r a v i t é du h a n d i c a p , chaque e n f a n t b é n é f i c i e à des degrés d i v e r s de l ' a p p o r t pédagog ique , ma is il nous semble que t o u s l e s e n f a n t s , même ceux q u i o n t des p o s s i b i l i t é s d 'échange t r è s l i m i t é e s , b é n é f i c i e n t d ' u n e m a n i è r e ou d ' u n e a u t r e de l a p résence des a u t r e s e n f a n t s . Le groupe d ' e n f a n t s p e u t même dans c e r t a i n s cas, s u p p l é e r à des d é f a i l - l a n c e s des a d u l t e s , l o r s d 'une p é r i o d e de découragement p a r exemple.

A l a c r è c h e , l ' e n f a n t hand icapé e s t en r e l a t i o n avec des a d u l t e s q u i ne se s e n t e n t pas d i r e c t e m e n t i m p l i q u é s p a r son h a n d i c a p , comme l e s p a r e n t s , C e t t e ambiance a f f e c t i v e p l u s n e u t r e , mo ins b o u l e v e r s é e , permet c e r t a i n e m e n t à 1 ' e n f a n t

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f a m i l l e s u r 1 ' e n f a n t e t s u r e l le-même. Le b é n é f i c e e s t p a r t i - c u l i è r e m e n t i m p o r t a n t p o u r l e s f a m i l l e s t r a n s p l a n t é e s e t d é r a - c i nées.

La c r è c h e e s t un v é r i t a b l e s o u t i e n p o u r l e s f a m i l l e s dans l a l o u r d e charge q u ' e l l e s d o i v e n t assumer : s o u t i e n m a t é r i e l , sou lagement , r é c o n f o r t . Ce s o u t i e n va p a r f o i s p l u s l o i n e t p e r m e t une r é e l l e é v o l u t i o n de l ' u n des p a r e n t s , p a r exemple, dans l e sens de l a p r i s e de c o n s c i e n c e du h a n d i c a p ou même de l a g u é r i s o n d ' u n é t a t d é p r e s s i f , ou e n c o r e d ' u n e i m p l i c a t i o n dans l e s p rob lèmes s o c i o - é d u c a t i f s que p o s e n t l e h a n d i c a p de 1 ' e n f a n t .

Pour t o u s l e s p a r e n t s , v o i r l e u r e n f a n t i n t é g r é dans un groupe d ' e n f a n t s "normaux" c ' e s t v o i r l e u r e n f a n t avec un a u t r e r e g a r d . I l s p e u v e n t l e v o i r comme un e n f a n t e t pas s e u l e m e n t ( à t r a v e r s l e r e g a r d m é d i c a l ) comme un e n f a n t hand icapé ; v o i r que l e u r e n f a n t p e u t ê t r e accep té , aimé, i n v e s t i p a r d ' a u t r e s qu'eux-mêmes, c ' e s t une r e v a l o r i s a t i o n n a r c i s s i q u e p o u r ces p a r e n t s p ro fondément b l e s s é s .

La compara ison avec l e s a u t r e s e n f a n t s n ' e s t r e s s e n t i e comme d o u l o u r e u s e q u ' a u moment de l a p r i s e de c o n s c i e n c e du h a n d i c a p , q u i e s t de t o u t e f a ç o n une p é r i o d e t r è s d o u l o u r e u s e . La p e u r du r e j e t des a d u l t e s ou de l a c r u a u t é des e n f a n t s e s t t r è s v i v e , m a i s ne t r o u v e que t r è s r a r e m e n t un s u p p o r t dans l a r é a l i t é .

Dans l a p l u p a r t des cas , 1 ' i n t é g r a t i o n e n c r è c h e e s t beau- coup p l u s q u ' u n s i m p l e mode de g a r d e de l ' e n f a n t , ma is une s o l u t i o n aux p rob lèmes s p é c i f i q u e s que pose l e h a n d i c a p de 1 ' e n f a n t . Dans q u e l q u e s cas, i l s ' e s t a g i d ' u n v é r i t a b l e "sau- vetage ' ' d ' u n e f a m i l l e d ramat iquement b o u l e v e r s é e p a r 1 ' a r r i v é e d ' u n e n f a n t h a n d i c a p é .

L ' i n t è g r a t i o n d ' u n e n f a n t h a n d i c a p é c o n s t i t u e p o u r l e p e r s o n n e l r e s p o n s a b l e une v a l o r i s a t i o n de son t r a v a i l q u o t i - d i e n . Les é d u c a t r i c e s o n t un r s l e d i f f é r e n t , s p é c i f i q u e , dans l a mesure O U 1 ' e n f a n t hand icapé a des b e s o i n s p r o p r e s . E l l e s se d i f f é r e n c i e n t donc p l u s des p a r e n t s , e t se s e n t e n t mo ins en r i v a l i t é . E l l e s se s e n t e n t r e s p o n s a b l e s de t o u s l e s p r o g r è s de l ' e n f a n t , ma is a u s s i de ses p l a f o n n e m e n t s , ce q u i e s t à 1 ' o r i g i n e de c e r t a i n e s f l u c t u a t i o n s dans l e u r s a t t i t u d e s ( e n t h o u s i a s m e , découragement ...) q u i p e u v e n t p a r f o i s se com- p r e n d r e en r é f é r e n c e à c e q u i se passe chez l e s p a r e n t s d ' e n - f a n t s hand icapés .

Les p rob lèmes s p é c i f i q u e s de 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é p e u v e n t ê t r e une p o s s i b i l i t é d ' o u v e r t u r e e t même de f o r m a t i o n (échanges avec l e k i n é s i t h é r a p e u t e , l a p s y c h o l o g u e , l ' a s s i s t a n t e s o c i a l e . , . )

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pour l e personnel de l a crgche, Dans tous l e s c a s , l a p répa ra - t i o n de l ' i n t é g r a t i o n e t l e s o u t i e n e x t é r i e u r du Centre spé- c i a l i s ê s o n t i n d i s p e n s a b l e s bien que son i n t e n s i t i ? v a r i e s e l o n l ' i n s t i t u t i o n e t s e lon 1 ' e n f a n t ,

Nous avons Y U que l a présence d 'un e n f a n t handtcapé fonc- t i o n n e comne un r é v é l a t e u r dans l ' i n s t i t u t i o n : c o n f l i t s , a t t i t ubes , pgdagogie.. . t o r s q ü ' i t e x i s t e dans 1 ' i n s t i t u t S o n un d é s i r d ' é v o l u e r e t un t r a v a i l en équ ipe , ce r é v é l a t e u r permet un approfondissement du t r a v a i l quS p r o f i t e f i nafement à t ous l e s e n f a n t s , même non handicapgs.

La p résence de I ' e n f a n t handicapé a g i t également comme un révéf a t e u r des d i f f i c u l t é s h a b i t u e l l e s de l a crèche : p a r exemple, parce q u ' i l demande u n s u r c r o î t de t r ava21 , 1 ' e n f a n t handicapé met c rue l l emen t en lumière l e non remplacement en personnel ma1 ade.

Sur l e p lan a f f e c t i f , l a r e t a t ' i on avec l ' e n f a n t handicapé e s t p a r t i c u l i è r e m e n t impf iquan te , ce qui e s t ce r t a inement u n f a c t e u r de p rogrès pour l ' e n f a n t mais qui peu t p a r f o i s B t re d i f f i c i l e â v iv re pour 1 ' a d u l t e ( d i f f i c u l t é à l a i s s e r p a r t i r 1 ' e n f a n t , r i v a l i t é ) . Les r e l a t i o n s avec l e s p a r e n t s s o n t , p a r f o i s , d é l i c a t e s , f a i t e s de gêne e t de non-d i t s de p a r t e t d ' a u t r e , mais dans 1 'ensemble e l f e s s o n t vécues comme l a r g e - ment p o s i t i v e s .

Les handicaps t r è s lou rds ( c o n v u l s i o n s , p r o n o s t i c v i t a l i n c e r t a f n ) , e t l e s comportements de type psycholog%que rendent l ' i n t g g r a t i o n p a r t i c u l i è r e m e n t d i f f i c i f e , Cer t a ines c o n d i t i o n s s o n t a f o r s n é c e s s a i r e s : s o l i d i t é de l ' équ ipe , s o u t i e n e x t é - r i e u r , i n t e g r a t i o n l i m i t é e dans f e temps. Mais, l e s l i m i t e s de l ' i n t e g r a t i o n t i e n n e n t p l u s aux f a c t e u r s i n s t i t u t i o n n e l s qu%u type de handi cap.

t e s l i m i t e s dans f e temps pa ra i s s e n t p a r t i c u l i Grement impor tan tes : l e s problèmes a p p a r a i s s e n t en géné ra l au cours de t a t r o i s i è m e année d ' i n t é g r a t i o n , s u r t o u t pour l e s handi- caps t r è s l o u r d s e t quand une o r i e n t a t i o n u l t é r i e u r e n ' e s t pas encore prévue, If r e s s o r t de n o t r e r eche rche que Sa p r é v i s i o n de l a d a t e l i m i t e de l ' i n t é g r a t i o n e t de I ' o r i e n t a t S o n SPec2a- i i s é e e s t i n d i s p e n s a b l e pour é v i t e r l a l a s s i t u d e e t l e dés in - ves t i s semen t du pe r sonne l , une s t a g n a t f o n de l ' e n f a n t e t un s u r c r o î t d ' ango i s se chez l e s p a r e n t s .

En c rèche , T ' i n t é g r a t i o n d 'un e n f a n t handicapfi e s t en f i n de compte l e f a i t d'une équipe e t non d 'une personne s e u l e . C ' e s t l e consensus de p l u s i e u r s personnes t r a v a i l l a n t en équipe qui permet d 'assumer l e s problèmes m a t é r i e l s affectifs, s o c i a u x , pédagogiques, que pose l e cas de 1 ' e n f a n t handicape, e t de s o u t e n i r l e s mot iva t ions personnel l e s de l a personne responsa- b l e . Le s o u t i e n du Centre c o n s t i t u e ? a rg fé rence e x t e r i e u r e qui permet, â i n t e r v a l l e s r é g u l i e r s mais non f i x e s de f a i r e l e p o i n t de c e t t e expér i ence .

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Sur l e s 15 cas observés, 4 enfan ts sont a l l é s en mater- n e l l e , 6 en établ issement spéc i a l i s é , pour l e s 5 aut res 1 ' o r ien- t a t i on n ' e s t pas encore décidée.

L ' in tégra t ion en crèche permet une cer ta ine progression dans Xe passage : temps d 'observer l ' e n f a n t , temps de préparer l a fami l le . En out re , l ' i n t ég ra t i on donne à l ' e n f a n t des pos- s i b i l i t é s supplémentaires d ' u t i l t s e r ses potent l a l i t e s . Au bout de S ou 3 ans d ' i n t ég ra t i on , 1 ' o r ien ta t ion n ' e s t pas tou- jours c e l l e qui a u r a i t é t é prévue au départ e t qui a u r a i t peut- e t r e enfermé l ' e n f a n t dans un ce r t a in c i r c u i t .

L 'o r ien ta t ion de l ' en f an t se dessine à t r ave r s t e s en t r e - t i en s avec l a fami l le , 78 pr i se en charge de f "enfant e t l a col laborat ion en t r e Ta crèche e t l e Centre spéc?a l i s é ,

Le r isque de l ' i n t é g r a t i a n e s t de f a i r e croSre une nar- malisation e t de souten î r l es parents dans une i l l u s i o n concer- nant l ' a v e n i r de l eu r enfant . C'est 3 t ravers l e t r a v a l l thPra- peutique d u Centre, e t aussi à t ravers l e s échanges crëche- parents , notamment en ce qui concerne l a date l imi te de I ' i n tP - grat ion en crèche e t l a recherche d'une o r i en t a t fon , que l e s parents prendront conscience des p o s s i b i l i t é s d ' aveni r de l eu r enfan t .

Le passage e s t souvent u n moment t r è s d i f f f c i l e pour l e s parents , de même que l e r e l a i s de l a p r i s e en charge dans un au t re Centre. Mais l e passage de l a crèche a donné a I ' enfan t , comme à ses paren ts , pendant l es années déterminantes de son ex is tence , un l i e u de v i e , d'&changes chaleureuxt d'exp6rîences joyeuses où i l é t a i t accepté avec sa d i f fé rence* e t non malgré e l l e , XI nous semble que c e t t e expérience favorise s e s facul tCs dit2vofution, d'épanouissement e t d 'adaptat ion quel que s o i t son devenir,

1 x 1 - CONCLUSION.

Nous avons é tud ié 1 ' i n t ég ra t i on en crèche de 1 5 enfants handi- capés - 7 garçons e t 8 f i l l e s , âgés, au moment de notre ëtude, de u n à quatre ans -, La plupart de ces enfants avaient des handicaps graves e t assoc2és : quatre enfan ts a t t e i n t s de céc i t é au de t roubles visuels importants associés à des t rou- bles du comportement ou à u n re ta rd de développement mental, quatre enfan ts a t t e i n t s de re ta rd global associé à des t roubles du comportement ou de t a s t ruc tu ra t i on de l a personnali t g , deux

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e n f a n t a t t e i n t s d ' i n f i r m i t é m o t r i c e c é r é b r a l e a s s o c i é e à un r e t a r d de développement . C inq e n f a n t s p r é s e n t a i e n t un h a n d i c a p i s o l é : deux a t t e i n t s d ' i n f i r m i t é m o t r i c e c é r é b r a l e , t r o i s d 'une d é f i c i e n c e m e n t a l e , sans t r o u b l e s a s s o c i é s .

Dans l a q u a s i - t o t a l i t é des cas , on p e u t p a r l e r d ' u n e r é u s s i t e de l ' i n t é g r a t i o n p o r t a n t s u r ces t r o i s p o i n t s p r i n - c i p a u x :

- Les a p p o r t s p o s i t i f s . - pédagog jques e t s o c i o - a f f e c t i f s - de l a c r è c h e à l a v i e e t au déve loppement de ces e n f a n t s s o n t r e l e v é s de f a ç o n c o n s t a n t e , e t c e c i même dans l e s cas où l e u r s p o s s i b i l i t é s d 'échanges ou d ' a c q u i s i t i o n s s ' a v é r a i e n t au d é p a r t p a r t i c u l i è r e m e n t l i m i t é s . Le d i a g n o s t i c e t l e p r o n o s t i c en o n t é t é p a r f o i s r a d i c a l e m e n t m o d i f i é s .

Cependant, une c e r t a i n e v i g i l a n c e e s t n e c e s s a i r e q u a n t à l a durée de c e t t e i n t é g r a t i o n . Au b o u t d ' u n c e r t a i n temps, e n g é n é r a l à p a r t i r de l a f i n de l a deuxiéme année, e t s ' i l y a absence de p r o g r è s , une c e r t a i n e l a s s i t u d e , un c e r t a i n r e j e t t e i n t é d ' a n x i é t é a p p a r a i s s e n t ,

- L ' i n t é r g t s o c i o - f a m i l i a l de c e t t e i n s e r t i o n e s t éga lement m a n i f e s t e :

. l a c r è c h e p e r m e t à l a mère d ' a v o i r une a c t i v i t é p r o f e s s i o n - n e l l e e t de n e pas s ' i s o l e r f a c e aux p rob lèmes de son e n f a n t ;

. de p a r l a compétence du p e r s o n n e l e t l ' a c c u e i l de t y p e i n s t i t u t i o n n e l , e l l e o f f r e aux p a r e n t s un s o u t i e n m a t é r i e l e t p s y c h o l o g i q u e q u ' u n e n o u r r i c e ne p e u t pas t o u j o u r s f o u r n i r ;

. e l l e l e u r o f f r e , e n f i n , des p o s s i b i l i t é s de comparer l e u r e n f a n t aux a u t r e s , d ' o b s e r v e r ses c a p a c i t é s d ' i n s e r t i o n e n d é c o u v r a n t a u s s i b i e n ses 1 i m i t e s que ses p o t e n t i a l i t é s , L ' o r i e n t a t i o n u l t é r i e u r e - s i e l l e ne s ' e n t r o u v e pas repoussee de f a ç o n i n j u s t i f i é e - b é n é f i c i e r a de ce temps d ' o b s e r v a t i o n e t de p r é p a r a t i o n à 1 ' a v e n i r .

- L ' i n t é r ê t , p o u r l ' i n s t i t u t i o n e l le-même, de c e t t e i n t é g r a - t i o n , e s t é g a l e m e n t n o t é dans l a m a j o r i t é des cas : v a l o r i - s a t i o n des r e s p o n s a b i l i t é s e t des compétences du p e r s o n n e l , r e t e n t i s s a n t s u r l ' e n s e m b l e de t ' é q u i p e , o u v e r t u r e du t r a v a i l q u o t i d i e n v e r s d ' a u t r e s i n t é r ê t s , p a r t i c i p a t i o n à un p r o j e t t h é r a p e u t i q u e e t pédagog ique .

Cependant, il e s t i m p o r t a n t de s o u t e n i r c e t t e é q u i p e dans l e p r e s e n t q u o t i d i e n de l ' i n s e r t i o n ( c a r e l l e s o u f f r e s o u v e n t d ' u n manque d ' i n f o r m a t i o n s , de f o r m a t i o n e t d ' e f f e c t i f en p e r s o n n e l ) , e t de b i e n d é l i m i t e r c e t t e i n t é g r a t i o n dans un temps i m p a r t i e t p r é v i s i b l e .

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Par l a quali té de ses réuss i tes , t e l l e qu ' e l l e e s t é tabl ie dans ce t t e étude, l "intégration de 1 'enfant handicapé, en crethe, semble devoir étre amplement encouragée, Cependant, l e soutien de l ' i n s t i t u t i o n e t de l a famille ne doit pas se relâcher pendant cet te periode qui , s i pos i t ive soi t - e l l e pour l ' enfant e t Ses parents, e s t trans i to ire .

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~ È M E PARTIE

INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE

EN ECOLE MATERNELLE OU EN JARDIN D'ENFANTS

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I - ANALYSE DES D O N N E E S R E C U E I L L I E S ,

L'Zge de l ' en f an t i n t e rv i en t moins i c i que pour l e s enfants in tégrés en crèche, en raison sans doute des besoins t r è s d i f f é r e n t s d'un t r è s jeune enfant comparés à ceux des enfan ts de 3 à 6 ans. On d o i t , cependant, observer que 3 seu- lement des 25 enfan ts sont dans l a sec t ion de l eu r &ge, André, Yves ( a t t e i n t s de c é c i t é ) e t Chris t ine (IMC i n t e l l i g e n t e ) . l a majori té des enfan ts ont au moins une année de r e t a rd par rap- por t à l a sect ion correspondant à l eu r &ge réel , ce qui n ' e s t pas sans poser, p a r f o i s , des problèmes de t a i l l e . O n note enfin que pour p lus ieurs enfan ts , i l s ' a g i t d'une tolerance ind iv idue l le de l a pa r t de 1 ' i n s t i t u t r i c e p lu td t que d'une correspondance de ni veau de développement.

La durée de 1 ' i n t ég ra t i on i n t e r v i e n t également moins su r l a q u a l i t é de ce l l e - c i qu'en crèche (où 1 'on a méme pu observer des phases, u n s eu i l de tolérance au-delà d'une cer- t a i ne durée) , Dans Ta majori té des cas, l o r s q u ' i l y a maintien en maternel le , ce n ' e s t pas pour des raSsons soc io- fami l ia les mais dans 1 ' i n t é r ê t de l ' e n f a n t : ses progrès conduisent à sur- s e o i r & l ' o r i e n t a t i o n e t à ne l ' e f f e c t u e r qu'en tou te connais- sance de ses p o s s i b i l i t é s qui sont en p le ine éclosion ( 8 cas ) - t l e s t vrai que l a notion d 'o r ien ta t ion e s t ancrée ac tue l t e - ment dans Tes habitudes e t Tes pra t iques s c o l a i r e s , e n t r e 5 e t 6 ans - e t t a n t que l a date f a t i d ique n ' e s t pas a t t e i n t e , l a tolérance e t l a souplesse d 'accuei l son t , i c i , intervenues en faveur d u maintien.

S i on met en r e l a t i on l e degr& ou l e s types de handicap des enfan ts { c f . tableau f 1, page.15) avec l e s donnees récapi- t u l a t i v e s du déroulement de l e u r ~ n t é g r a t i o n ( c f . Monographies), i l devient rapidement évident que l a g r av i t é d u handicap n ' i n - t e r v i e n t pas sur l a q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n . La r é p a r t i t i o n des t roubles dont sont a t t e i n t s l e s en fan t s , permet méme des compa- raisons t r è s s i g n i f i c a t i v e s . Louis ou Thierry ont une inf i rmi t é motrice beaucoup moins inva l i dante que Syf v ie , Çhri s t i ne ou Sgverine, mais ce sont ces dern iè res qui p r o f i t e n t l e plus de l ' é co l e maternel le , e t pour Thierry, l e groupe s co l a i r e a même e t é source d'angoisse e t de c o n f l i t s . Ju l ien e s t plus é v e i l l é que Françoise, e t son comportement a c t l f e t autonome au C . A . E .

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en témoigne : i l e s t pourtant plus i s o l é e t r e j e t é que Fran- çoise pour qut l ? n s t i t u t r i c e a cherché ce dont e l l e pour ra i t bénéf ic ie r . Ju l i en , c e r t e s , e s t mongolien e t dans 12 cas sur 25, dans I 1 l n t e r r o g a t o i r e avec l e s d i r e c t r i c e s ou l e s i n s t i - t u t r i c e s , l e ' % m o g n Z t ~ m e ' ~ ê t a i t u n cas de r e j e t par avance, Mais, on décele envers c e t handicap p a r t i c u l i e r une a t t i t u d e - u n préjugé - qui va peut-être diminuer massivement dans l e s prochaines années, 11 aut res établ îssements é t a n t ouverts à l eu r i n se r t i on e t 2 établ%ssements en ayant a ccue i l l i aupara- vant, De même, Thierry, s ' i l a des t roubles moteurs mineurs par rapport à d ' au t r e s , a l u i , des t roubfes d u comportement surajoutés . Or, dans l e s mêmes i n t e r roga to i r e s , l e s t roubles de l a personnal i té e t du comportement sont r e j e t é s dans 1 7 cas sur 25.

Ic i a u s s i , cependant, on peut s ' i n t e r r o g e r su r c e t a p r io r i : s i nous considérons 1 'insertion des s i x enfants ayant des t roubles de type psychotique, nous observons que non seulement l eu r in tégra t ion a é t é réuss ie dans 5 cas su r 6 mais qu ' e l l e a é t é thérapeut ique, modifiant meme l e s impres- sions diagnostiques e t pronostiques i n i t i a l e s ,

A l l ana ty se des données, nous avons découvert que l e s échecs, t r a n s i t o i r e s ou durables , n ' é t a i en t en f a i t pas dus au handicap - y compris pour l e s t roubles du comportement e t de l a personnal i té . On a pu l e s r e l i e r à l a f r a g i l i t é soc io-af fec t ive fami l ia le entourant I "enfant bien avant l ' i n t é g r a t i o n , aux ca- rences pédagogiques des établ issements , 3 une préparat ion i n su f f i s an t e . O n peut conclure, i c i , que des handicaps moteurs, ou s enso r i e l s , ou mentaux, ne sont pas une entrave à une bonne in tégra t ion en maternel le , En ce qui concerne l e s t roubles d u comportement e t de fa personnal i té , i l s n 'ont pas é t é fac teurs d'échec pour notre population dans l a mesure où, à f 'observa- t ion longi tud ina le , i l s on t meme régressé. Cer tes , l e s or ien- t a t i o n s spéc i a l i s ée s sont , nous semble-t-il intervenues à temps, lorsque l e s eu i l de tolérance de l ' é tab l i ssement r i squa i t d ' ê t r e dépassé t a n t sur l e plan du fonctionnement que su r l e plan r e l a - t ionne l . E t l e s in te rvent ions du C.A.E. ont ê t e s pour ces cas , importantes, a i n s i que des sout iens ex t é r i eu r s (C.M.P.P., e t c , f ,

Comme en crèche ( c f . page 2 1 ) e l l e joue un r s f e consi- dérable dans l a r éus s i t e de l ' i n t ég ra t i on . Les p o s s i b i l i t é s de communicatSon soc io-af fec t ive , 1 'appétence de 1 ' enfant pour 1 'environnement, son " i n t d r e " t W pour Tes a c t i v i t é s meme s ' i l ne l e s " r d a Z i s e W pas, provoque l ' a t t en t i on de I ' adu l t e , motive l e s éduca t r ices , susci t e même l eu r admiration. O n retrouve, icf , l e s mêmes observations qu'en crèche : l a t é n a c i t é , l e courage e t l a g a i t é de ce r t a in s enfan ts sont des Facteurs de r éus s i t e de premier plan, par exemple, pour André, Chr i s t ine , Inès , Les,

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Syfvaine, Sylvie , Yves. Par fo is cependant, f ' i n s t i t u t r i c e ne s a i t pas exp lo i t e r tou tes l e s ressources de l ' e n f a n t comme c ' e s t l e cas pour Sophie dont l a cécitC e s t vécue comme i n e r t i e Or, son manque d ' i n i t i a t i v e s personnelles tombe dès qu'on e s t en r e l a t i on ind iv idue l le avec e l l e , pour f a i r e place à des a c t i v i t é s organisees t r è s surprenantes, De même pour Jul %en , s i a c t i f au C,A .E . mais s i peu fnd iv idua l i sê dans sa sec t ion , ce n ' e s t pas seulement f a t r isomie 2 1 en t a n t que rfmongoZiçme'i qui e s t f a c t eu r d*échec de son in tégra t ion , mats un environne- ment s c o l a i r e pauvre e t peu stimulant pour tous; ceci 3 ' i s o l e e t l ' a t t r i s t e plus que l e s au t res en fan t s , ca r i l a moins de p o s s i b i l i t é s qu'eux pour compenser.

La communicabilit&, l e charme, l e s possjbi l { t é s d ' a t - t i r e r l ' a t t e n t i o n , de s ' i n t é r e s s e r à l 'environnement sont , également, mis en évidence en t a n t que f ac t eu r s de r e u s s i t e , Ainsi, l e f ac i e s i ng ra t de Françoise e t l % s p e c t lourd e t r t ~ î e î Z Z o * " de Léa n'ont pas en t ra tné de r e j e t : Françoise e s t vécue eamme "fz.agiZe e t esnsibZen, Léa comme "drÔZe eç suscep- t6bZsU.

Ce que nous avons d i t pour l a creche se retrouve pour 1 'ècofe maternelle f c f . Monographie). L k n f a n t handicape n'y e s t pas "commeN l e s au t r e s , mais "p'pa~mi Zss au t res" . A un moment ou à u n a u t r e , i l ne pourra p a r t i c i p e r qu'à u n degré moindre, ou pas du t ou t , Mais fa manière " d @ ê t r e S parmi l e s au t r e s peut e t r e qual i ta t ivement totalement d i f f é r e n t e e t détermine dans une l a rge mesure l ' impression d-chec ou de rt5sussite de I ' i n t ég ra t fon . I f a r r i ve même que des i n s t i t u - t r i c e s expriment avec su rp r i s e que l ' e n f a n t e s t tgcomme Zes au t res" , par exemple pour Inès , ou pour deux enfan ts aveugles, André e t Yves. Dans 1 'ensemble, peu d 'enfan ts ont eu des d i f - f i c u l t é s avec l e u r groupe, Celui-ci e s t s o l i d a i r e de 1 ' enfant handi cape, nous t e verrons pf us l o i n ; c e r t a in s p e t i t s camara- des deviennent m&me des i n t e r i ocu t eu r s ou des pro tec teurs p r i v i l é g i é s , Mai s on observe cependant une cer ta ine f r a g i l i t e Léa, Fouis ont eu des périodes perturbées en récréa t ion e t emmenaient u n ob j e t t r ans i t i onne l , Igor provoquait de ve r i t a - bles agressions. Thierry s ' e s t i s o l é de tou tes l e s a c t i v i t é s communes l a première année, devenant encaprétique. Dans l a p lupar t des cas , il s ' a g i t de d i f f i c u l t é s t r a n s i t o f r e s , qui ne sont d ' a i l l e u r s pas toujours l i é e s à fa c o ? l e c t i v i t @ mais a des problèmes familiaux. Lorsque 1 ' enfant , de par son handicap, ne peut p a r t i c i p e r aux a c t i v i t é s e t aux r é a l i s a t i o n s du groupe, nous avons noté qu ' i l en béné f i c i a i t malgré t ou t : $ 1 observe, i l i n t e r roge , i l imite à son rythme ( c f , Monographie]. SV1 ne peut vraiment 6 t r e concerné, l ' i n s t i t u t r i c e l u i prepare des a c t i v i t é s i nd iv idue l l e s , ne 1 ' i s o l e pas dans l a p a s s i v i t é ,

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&ins i n ' e s t - i l pas "eze2u" : c ' e s t u n des fac teurs de r éus s i t e d ' in tegra t ion l e s plus fréquents que nous ayons noté (19 cas su r 25) . L'enfant n ' e s t pas " g a r d l " dans u n groupe, i f v i t avec ce groupe, à sa manière qui e s t respectée e t reconnue,

Le carac tè re relativement Tongitudinal de nos obser- vations - dont deux t i e r s se sont poursuivies sur deux ans - a permis de mettre en évidence ce r t a in s types de f luc tua t ions dans l e déroulement de l ' i n t é g r a t i o n ( c f . Monographies).

Dans ce r t a in s cas , une premier@ t en t a t fve , voire tou te l a première année, a &chou6 e t a nécess i té u n changement d ' é tab l i ssement , où l ' i n t é g r a t i o n e s t a l o r s réuss ie . Ainsi, pour Sylvain, pour Irène, mais aussi pour Clément, qui a v a i t su sc i t é t a n t d 'espoirs e t d ' e f f o r t s de l a par t des i n s t i t u - t r i c e s qu ' e l l e s ont jugé l e s r é s u l t a t s comme u n echec trnsmis à 1 a mère. Louis, comme Sophie, Suad, Sylvaîn ou ThTerry, ne se sont affirmés e t épanouis véritablement que l a deuxième année, F r a n ~ o i s , Virginie , ont véritablement bensf ic lé d'une In tégra t ion t r è s progressive, à temps p a r t t e l pour s ' i n s ê r e r réellement, eux a u s s i , en deuxième année.

On peut en t i r e r plusieurs conclusions : l a q u a l i t é de 1 ' i n t ég ra t i on ne se juge que sur u n c e r t a in laps de temps e t l a maturation de 1 ' enfant handicapé, l a l en teur de son "organisa$ionf f personnelle face à de nouveaux reperes multi- formes interviennent certainement i c i pour une la rge pa r t . Mals l a q u a l i t é du premier accuef l - re la t ionne l e t pédagogique - joue u n r a t e de premier plan egalement, Enfin, Ta préparation de l ' en f an t e t de sa fami l le ne sont pas négl igeables; l e s premiers apprent issages de I a c o l l e c t i v i t é au G.A.E. {en grou- pes d 'éve i l e t en groupes pédagogiques) ou encore en ha l te - garder ie , des e s s a i s réguf i e r s mais espacés, une Fois par semaine, dans l ' é tab l i ssement d ' accue i l , on t tous porte l eu r s f r u i t s .

On note également des f luc tua t ions ponctue3 les , des "f2kchissementç" dans f a qua l i t é de 1 ' i n s e r t i on : à l 'analyse on retrouve comme fac teurs décienchants des problèmes famil iaux, des changements d ' éduca t r ices , des tensions en t r e 1 ' é t a b l i s s e - ment e t l e s parents . A long terme, i l s sont assez curieusement 'J90mm4s'' an regard des bénéfices constants que l 'enf & n t r e t i re de sa frequentat ion s c o l a i r e . Thierry, su r ce plan, e s t exem- p l a i r e : ce dont l ' i n s t i t u t r i c e de deuxième annde se p l a i n t l e p lus , c ' e s t , . . d e son absentéisme.

Enfin, l $ s - ~ $ c f s i o ~ s b'gbigg:g;igg e t l e s problèmes de l ' a v e n i r de 7 ' enfant inPléc6fssent certainement dans u n sens ou u n au t r e , l e déroulement de 1 ' i n t ég ra t i on , Pour Françotse,

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c k s t parce que son passage é t a i t vécu comme pér iode t r a n s i - t o i r e ( avan t t ' o r i e n t a t i o n dont e l l e a v a i t besoin) q u ' e l l e a é t é t o l é r é e pu i s i n d i v t d u a l i s é e de façon s i p o s i t i v e . Pour I r è n e , pour V i r g i n i e , au c o n t r a i r e , on r e t a r d e 1 b r i e n t a t l o n : devant l e s progrès de ces e n f a n t s , 1 ' é c o l e s u i t l e C . A . E . ou l e C . M . P . P . pour l e u r o f f r i r une o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e p lus adaptée à l e u r s nouve l l e s p o s s i b i l i t é s e t m a i n t i e n t I ' i n t ê g r a - t i o n . Pour J u l j e n , c ' e s t parce que 1 ' i n t é g r a t i o n é t a i t un échec que 1 ' o r i e n t a t i o n en E.M.P. a é t é a c c é l é r é e a l o r s qu'on observe l a s i t u a t i o n i n v e r s e pour S u a d , a t t e i n t e du meme handicap. Dans l a m a j o r i t é des c a s , nous l e ve r rons , 1 ' i n t é g r a t i o n , analysée dans son déroulement tgmoigne d 'une é v o l u t i o n qui s e f a i t dans i ' i n t g r ê t de l ' e n f a n t , Ceci e s t va lab le également pour l e s échecs , source de r é f l e x i o n s , de remises en q u e s t i o n e t de déci s i ons .

Dans 16 cas s u r 25, l e s premières démarches o n t é t é a s s u r é e s pa r l e s p a r e n t s avec l ' a p p u i ou l 'encouragement du C . A . € . qu4 pouva i t d ' a u t a n t p lus l e s f a c i l i t e r que 20 e n f a n t s s u r 25 b é n é f i c i a i e n t d é j à des "groupes d * d v e i t f l ( 12 ) . Dans c e r t a i n s c a s , l e s p a r e n t s o n t devancé l e Cen t re , e n p a r t i c u l i e r lo r sque l a p r i s e en charge y é t a i t espacée , ou que l e u r con- na i s sance des é c o l e s du q u a r t i e r l e u r p e r m e t t a i t c e t t e i n i t i a - t i v e , appuyée s u r une mot ivat ion p e r s o n n e l l e suffisamment i n t e n s e , Pour André, I n è s , Léa ou Yves, l e f a i t d ' a v o i r eu des f r è r e s ou soeurs a î n ê s ayant f r é q u e n t é 1 ' é t a b l i s s e m e n t a f a c i - l i t é l e s demarches de l a mere e t l e u r admission. Dans 6 c a s , c ' e s t l e Centre qui a suggéré aux p a r e n t s l e s démarches, l e s a f a c i l i t e e s , e t pour 3 c a s , i l en a p r t s t o u t e 1 ' i n i t i a t i v e de 1 ' i n t é g r a t i o n ; comme pour l a c rèche , l e Centre joue c e r t a i n e - ment u n r b l e impor tan t dans l e s c o n d i t i o n s d 'admiss ion - ce qui n ' e s t pas sans pose r de problèmes de d i s p o n i b i l i t é pa r l a s u i t e f ace aux demandes de s o u t i e n .

Dans 2 1 cas s u r 25, I ' admiss ion s ' e s t f a i t e s u r accep- t a t i o n de l a D i r e c t r i c e e t de 1 " n s t i t u t r i c e qui a l l a i t ê t r e concernée. C b s t secondaFement que l ' a c c o r d de l ' I n s p e c t r i c e e s t demandé, avec c e r t i f i c a t médical , pour c o u v r i r l e s respon- s a b f l i t é s s p é c i f i q u e s engagées pa r l e cas p a r t i c u l i e r de ces e n f a n t s . L ' I n s p e c t r i c e r e p r é s e n t e , en g é n ê r a l , une a u t o r i t é admjn i s t r a t4ve - l e w v d c u ' q e s r e s p o n s a b l l î t é s é t a n t assumé e s s e n t i e l l e m e n t p a r l a D i r e c t r i c e , en p a r t i c u l i e r pour l e s r i s q u e s acc rus d ' a c c i d e n t s , L ' i n s t i t u t r i c e s e s e n t " p r o t d g d e " par l a D i r e c t r i c e . Mais c e t t e not ion de r e s p o n s a b i l i t é qui incombe à l a D i r e c t r i c e va p e s e r , p a r f o i s , au-delà de 1 'admis- s i o n , en g é n é r a l , s u r s e s r e l a t i o n s avec l e s p a r e n t s p lus que

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s u r l ' i n s e r t i o n quo t id ienne de 1 ' e n f a n t . I I e s t p l u s r a r e que l e Se rv ice Soc ia l a i t à i n t e r v e n i r d i r e c t e m e n t , ou l e s Inspec- t r i c e s f a v o r a b l e s à l ' i n s e r t i o n s c o l a i r e de quelques e n f a n t s handicapés s u r l e u r s e c t e u r , O n observe une c e r t a i n e ambivalence de l a D i r e c t r i c e pour l e cas de T h i e r r y , If semble que son a c c e p t a t i o n a l t é t é d i f f ê r g e en r a i s o n du d é s i r de m a i n t e n i r l e " p r e s t i g e 3 ' de 1 ' é t a b ? i ssement, dés igné comme " p i l o t e " e t dont l e s locaux s o n t p a r t i c u l i ê r e m e n t luxueux; on d o i t remarquer que pour t h i e r r y e t J u l i e n jus tement , l ' i n s e r t i o n s o c i a l e e t péda- gogique a posé des problèmes e t n ' a pas é t é franchement r é u s s i e . L' importance du r ô l e déterminant de l a D i r e c t r i c e a é t é mis en évidence avec une c l a r t é p a r t i c u l i ê r e pour Léa : & u n changement de D i r e c t r i c e , 1 ' a ccep t ion de 1 ' e n f a n t a é t é to t a l emen t remise en q u e s t i o n a i n s i que son o r i e n t a t i o n , l e s arguments adminSstra- t i f s , l e s " a u t o r i s a t i o n s " de 1 ' E n s p e c t r i c e , e t c . qui n ' a v a i e n t guPre posé de problèmes auparavant , s u r g i r e n t a u s s i t d t ; mais , l ' a c q u i s de l a p e t i t e f i l l e e t l a q u a l i t é de son i n t é g r a t i o n s e s o n t avé rés s u f f i s a n t s pour l e revi rement ne p r ë t e pas a conséquence. Dans bien des c a s , l e s r é t i c e n c e s au moment de l ' admiss ion ou dans l e s premieres semaines s e s o n t v i t e d i s - s o u t e s dans l ' i n t é r ê t pédagogique e t a f f e c t i f p o r t é p r o g r e s s i - vement à 1 ' e n f a n t : IfOn s ' e s t p r i û e s au jeu", d i s e n t de nom- breuses I n s t i t u t r i c e s , "heureusement q u ' i l a l e & admisn.

O n note 1 9 é c a l e s m a t e r n e l l e s publ iques e t s i x j a r d i n s d ' e n f a n t s p r ivés . Deux de c e s d e r n i e r s s o n t eux-mêmes i n t é g r é s dans une éco le p r ima i re .

Dans l e s 6 j a r d i n s d ' e n f a n t s , André, C h r i s t i n e , I n è s , Clément, Séver ine e t Sophie, q u i s o n t des c a s t r è s f a u r d s ( c f . t a b l e a u d j a g n o s t i c ) , son t bjen i n t é g r é s e t o n t une bonne i n s e r - t i o n s o c i a l e e t pédagogique. Le f a i t q u ' i l s ' a g i s s e de "$a~dixs d 3 @ n f a n t s " f a v o r i s e peut-Être 1 ' i nd iv idua3 i s a t i o n en r a i son du c a r a c t è r e p lus in t ime de c e s i n s t i t u t i o n s par r appor t à c e r - t a i n e s des é c o t e s m a t e r n e l l e s é t u d i é e s - de l '<mage de l e u r vocat ion pédagogique, de l e u r s r e l a t i o n s i n d i v i d u e l l e s p l u s p e r s o n n a l i s é e s avec l e u r "cL ien t4Zev . 11 e s t v r a i que l e s 3 échecs que nous rencontrons se t r o u v e n t en m a t e r n e l l e , mais nous devons nuancer : Florence n ' é t a i t pas p répa rée à une c o l l e c t i v i t é normale, l e c a s de Lydle ( s u r d i t é accompagnée de t r o u b l e s psychofogiques) r e s t e i s o l ë ; s e u l , l ' é t a b l i s s e m e n t r e s t e en cause dans l ' é c h e c d ' i n t é g r a t i o n de J u i e n , pour 19 m a t e r n e l l e s !

$ 3 on pousse p l u s l o i n l ' a n a l y s e , e n f i n , on observe que l ' - i n t é g r a t i o n , r é u s s i , en m a t e r n e l l e de I r êne e t de Sy lv je é t a i t précédée d ' u n échec en j a r d l n d ' e n f a n t s p r i v é , e t que c ' e s t l ' i n v e r s e pour Clement, E n f a l t , on ne note pas de d i f f é r e n c e s i g n i f i c a t i v e puisqu 'on a observé d ' exce l l e n t s groupes pédagogiques en m a t e r n e l l e comme en j a r d i n d ' e n f a n t s ,

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q u i sont , en d e r n i e r r e s s o r t , f o n c t i o n de l ' i n s t i t u t r i c e de l a c l a s s e mgme, e t non pas du type d ' i n s t i t u t i o n ,

Pour l e s 25 en fan ts , nous n 'avons pas r e n c o n t r e d ' é t a - b l i ssemen ts q u i a i e n t pu o b t e n i r des c o n d i t i o n s de t r a v a i l f a v o r i s é e s en r a i s o n de l e u r présence souvent l ou rde . Auss i , l e s personnes concernées p a r l ' e n f a n t évoquent presque t o u t e s l e supplément de t r a v a i l f o u r n i l o r s q u 4 e 1 1 e s o n t i n v e s t i e t i n d i v i d u a l i s é l ' e n f a n t (20 cas sur 25). t ' a i d e des a u x i l i a i r e s e t des s t a g i a i r e s , i n t e r m i t t e n t e , e s t vécue comme p réc ieuse (20 f o f s su r 2 5 ) e t s u r t o u t c e t l e des femmes de se rv i ce , en p a r t i c u l i e r l o r s q u e des problPmes moteurs (po r tage , déplacements compl iqu&s) se posent , mais remarquen t -e l l es , "EZZes ont, eZZes aussi, beaucoup de travailv.

L ' i n a d a p t a t i o n des locaux e s t également avancée pour argumenter des mauvaises c o n d i t i o n s d ' a c c u e i l d ' u n e n f a n t handicapé. Cet argument t i e n t s u r t o u t l o r s de l a deuxième ou t r o i s i f l m e année de c e r t a i n s e n f a n t s handicapés moteurs, sans empêcher f a montée de c l a s s e ( p a r exemple, pour S y l v i e ) . Noté, au début, pour l e s e n f a n t s aveug les . c e t argument n ' a p l u s tenu, au c o n t r a i r e . l e u r s f a c i l i t é s de déplacement, l e u r cons- t r u c t i o n p e r s o n n e l l e de repè res a s u r p r i s , v o i r e e m e r v e i f l e l e s equ ipes d ' a c c u e i l .

t e s e f f e c t i f s o n t expr imé mass3vement comme '%rop Lourds*, sau f pour u n j a r d i n d ' e n f a n t s e t deux éco les ma te r - n e l l e s n ' a y a n t pas 20 e n f a n t s p a r s e c t i o n , mais c e l a semble indgpendant de l a présence de l ' e n f a n t handicapé e t o b j e c t i v e p a r l e nombre (moyenne de 35 e n f a n t s p a r s e c t i o n ) . I l s pèsent cependant s u r 1 a d i s p o n i b i l i t é consacrée à 1 ' e n f a n t handicapé e t s u r son comportement dans l e groupe. I l s o n t j o u é dans l t e c h e c de F lo rence e t de J u l i e n , E t c e t argument e s t un des p rem ie rs q u i s o i t m i s en avan t pa r 1 ' i n s t i t u t r i c e l o r squ ' i i f y a d i f f i c u 7 t é s t r a n s i t o i r e s dans l e déroulement de l ' j n s e r t i o n - q u ' i l y a i t a l o r s problème spéc i f i que , l a s s i t u d e ou i n q u i é t u d e personne l quant à sa cornpetence e l son u t i l i t é .

E n f i n , on d o i t obse rve r que 2 2 6 tab l i ssemen ts su r 25 o u v e r t s au p r i n c i p e de l ' i n t é g r a t i o n de l ' e n f a n t handicapé e t en ayan t même reçu avan t ceux de n o t r e p o p u l a t i o n , o n t e x p r i - mé q u ' i l s l e s r é a l i s e r a i e n t p l u s fréquemment e t pJus ouve r te - ment s i on a m é l i o r a i t l e u r s c o n d i t i o n s d ' a c c u e i l e t de t r a v a i l *

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Dans u n p r e m i e r temps, l e r ô l e de l a D i r e c t r i c e e s t t r è s i m p o r t a n t dans l a p r é p a r a t i o n de l ' i n s t i t u t r i c e ou éduca- t r i c e en c e q u i c o n c e r n e l ' a c c u e i l de l ' e n f a n t h a n d i c a p é e t p a r f o i s , c ' e s t e l le-même q u i m o t i v e e t s o u t i e n t 1 ' e n s e i g n a n t e , p a r exemple, p o u r André, C h r i s t i n e , Léa I g o r , I n è s ou Sophie. Ma is , p o u r Française, l a D i r e c t r i c e a é t é poussée p a r 1 ' I n s - p e c t r i c e (mère d ' u n e n f a n t hand icapé) ; p o u r T h i e r r y , l a D i r e c - t r i c e e s t r e s t é e a m b i v a l e n t e . J u l i e n , comme Yves, o n t é t é a c c e p t é s p a r c e que l e u r s a î n é s a v a i e n t f r é q u e n t é l e même é t a - b l i s s e m e n t : l e s D i r e c t r i c e s ne se s o n t p l u s occupées de c e s problèmes; c ' e s t a i n s i que l ' i n s t i t u t r i c e de Yves e s t r e s t é e p a r t i c u l i è r e m e n t i soSée,

Dans l a m a j o r i t é des cas cependan t ( 19 s u r 251, l a D i r e c t r i c e assume l ' i m p o r t a n c e de son r ô l e à ce n i v e a u e t dans b i e n des cas, e l l e a i d e l ' i n s t i t u t r i c e à e x p r i m e r ses r é t i c e n c e s , ses r é s e r v e s , ses c r a i n t e s e n s a c h a n t q u ' e l l e a c c u e i l l e r a 1 ' e n f a n t "maZgrd tout".

Dans u n deuxième temps, l ' i n s t i t u t r i c e p r e n d assez r a p i d e m e n t l e r e l a i s , m a i s s i nous comparons avec l a c r è c h e , e l l e e s t r e l a t i v e m e n t i s o l é e , p r o b a b l e m e n t en r a i s o n du f o n c t i o n n e m e n t i n s t i t u t i o n n e l commun aux é c o l e s m a t e r n e l l e s e t de l ' a t t i t u d e g é n é r a l e q u i c o n s i s t e à n ' a v o i r q u ' u n minimum de personnes r e s p o n s a b l e s de l ' é d u c a t i o n de l ' e n f a n t . q u o i - q u 9 1 en s o i t , c o n t r a i r e m e n t à l a c r è c h e , nous n ' a v o n s pas eu 1 l i m p r e s s i o n d 'une c o n c e r t a t i o n de "Z'équipe" g l o b a l e , m a i s d ' u n e c o m m u n i c a t i o n l i m i t é e aux personnes d i r e c t e m e n t c o n c e r - nées : D i r e c t r i c e , I n s t i t u t r i c e , p a r f o i s femme de s e r v i c e . Ce c l o i s o n n e m e n t a c c e n t u e l ' a n g o i s s e des i n s t i t u t r i c e s des sec- t i o n s s u p é r i e u r e s q u i s e r a i e n t s u s c e p t i b l e s de p r e n d r e l ' e n f a n t en charge m a i s f r e i n e n t l e passge (9 c a s ) comme nous l e v e r r o n s p l u s l o i n ,

L e r ô l e du C . A . E . dans l a p r é p a r a t i o n du p e r s o n n e l e s t c e r t a i n m a i s l i m i t é ; son r ô l e é t a n t p l u s a c t i f e t m a n i f e s t e e n c o u r s d ' i n t é g r a t i o n e t quand u n p rob lème de pose. Avan t l ' a c c u e i l , il y a t o u j o u r s des c o n t a c t s t é l é p h o n i q u e s ou é c r i t s e n t r e l e r é f é r e n t t h é r a p e u t i q u e du C.A.E. e t l a D i r e c - t r i c e e t l ' i n s t i t u t r i c e de l ' e n f a n t , C e p e n j a n t , p o u r l e s e n f a n t s hand icapés m o t e u r s e t s e n s o r i e l s , l o r s q u e l e k i n é s i t h é - r a p e u t e ou l e r é é d u c a t e u r se d é p l a c e u l t é r i e u r e m e n t , l a "deman- de" de l ' é t a b l i s s e m e n t e s t a l o r s c o n s i d é r a b l e ( v o i r p l u s l o i n : l a demande de s o u t i o n e x t g r i e u r ) , v i s - à - v i s de c e u x - c i e t on r e g r e t t e "qu%Zs ne soient pas venus avant". Il y a donc une a m é l i o r a t i o n à e n v i s a g e r c e r t a i n e m e n t d a n s c e r e g i s t r e de l a "prdparation". L o r s q u e l e r é é d u c a t e u r s ' e s t d é p a l c é au moment mème de l ' a c c u e i l ( 9 c a s s u r 2 5 ) , il e s t c e r t a i n en e f f e t , que l e démarrage de l ' i n t é g r a t i o n en a ê t é q u a l i t a t i v e m e n t a m é l i o r é .

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L'enfan t e s t t ransformé quand i l v o i t son r ééduca teu r s u r l e l i e u même de sa s c o l a r i t é e t cecf e s t t r è s i n s t r u c t i f pour 1 ' i n s t i t u t r i c e qui 1 ' a c c u e i l l e . 11 a r r i v e a l o r s q u ' e l l e v i en - ne , elle-même, au C . A . E . a s s e z rapldement , p a r f o i s avec l a D i r e c t r i c e .

Comme en c rèche , nous avons c o n s t a t é , dans l a m a j o r i t é des c a s , une impor tan te m o b i l i s a t i o n pédagogique e t a f f e c t i v e , de l a p a r t des i n s t i t u t r i c e s e t des é d u c a t r i c e s . Dans 1 4 c a s s u r 25, e l l e s p r é p a r e n t , i n v e n t e n t même, en dehors de l e u r s heures s c o l a i r e s , une pédagogie s p é c i a l e pour l u i . E l l e s do i - ven t donc o r g a n i s e r a u s s i l a v i e du groupe en f o n c t i o n de c e s a c t i v i t é s e t de l a p l a c e p a r t i c u l i è r e de l ' e n f a n t handicape. C ' e s t en grande p a r t i e , g râce à c e t t e a t t i t u d e que nombre de c e s e n f a n t s s e s o n t progressivement adap tés à une c o l l e c t i v i t é pédagogique normale, c o n t i n u e n t e t c o n t i n u e r o n t d ' en béné f i - c i e r en première année de p r ima i re ( c f . Monographies). Pour- t a n t , dans quelques c a s , l e s i n s t i t u t r i c e s ne p r a t i q u e n t pas de pédagogie s p é c i a l e e t l a p l ace donnêe à l ' e n f a n t handicapé r e f l è t e d ' a i l l e u r s l a q u a l i t é de l 'ensemble de l a pédagogie f o u r n i e aux a u t r e s e n f a n t s : uniforme, i n d i f f é r e n c i é e , peu i n v e n t i v e . Mais, l a c o l l e c t i v i t é appor t e par elle-même s u f f i - samment de s t i m u l a t i o n s pour l a p l u p a r t des e n f a n t s , Comme C h r i s t i n e , pa r exemple, qui s ' e s t t rouvée 2 p r o t e c t e u r s , en b é n é f i c i e ind i scu tab lemen t , de 1 eur s e u l e vo lon té . Pour Française ou Clément, l ' i n s t i t u t r i c e a renonce à l e u r imposer des a c t i v i t é s s p é c i f i q u e s , mais e l l e a a l o r s c h o i s i d h m é l i o - r e r 1 e u r a d a p t a t i o n g l o b a l e e t l e u r autonomie { h a b i l l a g e , i n i t i a t i v e s ) , de f a v o r i s e r l e u r i m i t a t i o n s o c i a l e : l fJ faE vu que c ' é t a i t s u r t o u t dans c e domaine que j e pouvais l u i " a p p o r t e r " queZque chose t f , nous d i s e n t - e l l e s . Ce qui s e r e t r o u v e pour F r a n ç o i s , Louis , Marguer i te , V i r g i n i e .

Enf in , comme à l a c r è c h e , l e problème du passage d 'une i n s t i t u t r i c e a l ' a u t r e s e pose e t l e s a t t i t u d e s de l a seconde ne s o n t pas t o u j o u r s dans l a c o n t i n u i t e pédagogique e t s o c i o - a f f e c t i v e de l a première . La D i r e c t r i c e e t t e s p a r e n t s en s o n t c o n s c i e n t s , e t c e c i e n t r e a u s s i en j e u , nous l ' a v o n s vu dans l e rrredoubZament" de l a s e c t i o n , observé s i frequemment - l e r y t h - me de dévetoppement de l ' e n f a n t é t a n t évidemment en cause éga- lement. Nous devons, cependant , appro fond i r l a dimension pédagogique qui i n t e r v i e n t i c i : l e s p a r e n t s , en e f f e t , s o n t souvent ambiva len t s , eux-mêmes, v i s - à - v i s de c e passage, e t pas uniquement en r a i s o n de l e u r a t tachement à 1 ' i n s t i t u t r i c e . Le l 'passage" e s t une p r o g r e s s i o n , c e r t e s , mais a u s s i s i g n e du temps qui p a s s e , des problèmes de l ' a v e n i r . de l a f i n de l ' & c o l e m a t e r n e l l e . De p l u s , l e passage marque un changement de personne, c ' e s t - à - d i r e l ' a n g o i s s e d ' a v o i r à r e v i v r e avec e l l e t o u t e s l e s

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é t a p e s d é j à s i s o u v e n t r e n c o n t r é e s : r e p a r l e r des h a n d i c a p s , r a c o n t e r à nouveau son h i s t o i r e , c o n v a i n c r e , f a i r e r e c o n n a î - t r e l e u r e n f a n t ..., ê t r e à nouveau p a r e n t s - d ' u n - e n f a n t - h a n d i - c a p é . C e c i se p o s e d i f f é r e m m e n t e n c r è c h e où l a c o l l e c t i v i t é , beaucoup m o i n s nombreuse , v i t beaucoup p l u s en communauté .

De même, " l ' a t t a c h e m e n t t r d o n t on a e s s a y é de f a i r e u n e p r e m i è r e a p p r o c h e p o u r l a p o p u l a t i o n des c r è c h e s ( c f . page 4 1 ) e s t beaucoup m o i n s i n t e n s e e t e n v a h i t m o i n s l a v i e p r o f e s s i o n - n e l l e des i n s t i t u t r i c e s e t l e s r e l a t i o n s avec l e s p a r e n t s que dans l e s c r è c h e s . Nous a v o n s p u d é g a g e r t r o i s r a i s o n s à c e c o n s t a t :

- L e s e n f a n t s s o n t , i c i , p l u s â g é s e t p l u s au tonomes s u r l e p l a n s o c i o - a f f e c t i f (même s ' i l s n e l e s o n t p a s t o u s s u r l e p l a n m o t e u r ) . I l s o n t a c q u i s d é j à une " o ~ g a n i s a t i o n ~ ~ p e r s o n n e l l e v i s - à - v i s de l e u r d é f i c i t ( s e l o n 1 ' e x p r e s s i o n d u P r o f e s s e u r AJURIAGUERRA), d e s c o m p e n s a t i o n s , d e s mécan i smes de d é f e n s e , e t i l s a p p a r a i s s e n t m o i n s f r a g i l e s , m o i n s d é m u n i s , m o i n s t o t a l e m e n t d é p e n d a n t d ' a u t r u i , q u e l ' e s t t o u t e n f a n t d e m o i n s de t r o i s a n s .

- Le g r o u p e de l a c l a s s e l e s p r e n d e n c h a r g e , o u q u e l - ques e n f a n t s q u i o n t a v e c l e p e t i t h a n d i c a p é u n e r e l a t i o n p r i v i l é g i é e , f a i t e même d e t â c h e s p r é c i s e s . C ' e s t , p e u t - ê t r e , u n d e s f a c t e u r s de r é u s s i t e q u i a é t é j u s q u ' i c i l e p l u s mécon- nu : c e t t e v i e d u g r o u p e "avec e t a u t o u r t r d e l ' e n f a n t h a n d i c a p é , d é c h a r g e c e r t a i n e m e n t 1 ' i n s t i t u t r i c e - c e q u i n ' e s t pas l e c a s e n c r è c h e - e t d i l u e l a r e l a t i o n d u e l l e e t l ' a t t a c h e m e n t r é c i - p r o q u e ; e l l e f a v o r i s e l ' é l a r g i s s e m e n t s o c i o - a f f e c t i f à un âge où il d o i t j u s t e m e n t s ' i n s c r i r e dans l e d é v e l o p p e m e n t d e t o u t e n f a n t . L ' i n s t i t u t r i c e , d ' a i l l e u r s , d a n s b i e n d e s c a s , n e c h e r c h e pas à " s e d d g a g e r t t . C ' e s t l a s i t u a t i o n de l ' e n f a n t en g r o u p e q u i c r é é c e t t e n o u v e l l e d i m e n s i o n : l ' e n f a n t n ' a c c e p t e s o u v e n t c e q u i l u i e s t demandé que p a r c e que c e l a v i e n t d e s o n p e t i t camarade , p a r i m i t a t i o n e t s e n t i m e n t d ' é g a l i t é , a l o r s q u ' i l l e r e f u s e à 1 ' a d u l t e ; il y a de n o n L r e u x p r o g r è s q u i p a s s e n t p a r l a r e l a t i o n e n f a n t - e n f a n t , e t il e s t p o s i t i f q u e 1 ' i n s t i t u t r i c e , i c i , s ' e f f a c e .

- E n f i n , l a r e l a t i o n à 1 ' e n f a n t h a n d i c a p é e s t c e r - t a i n e m e n t p l u s " m é d i a t i s é e r t e n m a t e r n e l l e , p a r l e s a c t i v i t é s p é d a g o g i q u e s q u ' e l l e n e l ' e s t e n c r è c h e , où l e s c o n d u i t e s de m a t e r n a g e r e s t e n t p r é p o n d é r a n t e s avec l ' e n f a n t h a n d i c a p é - même s ' i l e s t s o u h a i t a b l e d e l e u r e n a s s o c i e r d ' a u t r e s p o u r f a v o r i s e r s o n a u t o n o m i e . Au j a r d i n d ' e n f a n t s e t à l ' é c o l e ma- t e r n e l l e , nous a v o n s même é t é f r a p p é s p a r l a c r é a t i v i t é e t l ' i n g é n i o s i t é des i n s t i t u t r i c e s dans l e u r r e c h e r c h e d ' u n e p é d a g o g i e a d a p t é e aux d i f f i c u l t é s s o u v e n t c o n s i d é r a b l e s de l ' e n f a n t , e t d ' u n d é r o u l e m e n t de l e u r j o u r n é e à l ' é c o l e " l e p l u s é p a n o u i s s a n t t ' p o s s i b l e . On v o i t i c i que l ' i n v e s t i s s e m e n t d e l ' e n f a n t s e f a i t à u n n i v e a u d ' a t t a c h e m e n t m o i n s a r c h a ï q u e e t t r è s d i f f é r e n t q u ' e n c r è c h e .

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Ceci s e t r a d u i t a u s s i dans l e u r s r e l a t i o n s avec l e s p a r e n t s . Dans I 'ensemble, e l l e s son t beaucoup moins i n t i m e s e t moins proches de l a v i e f a m i l i a l e que c e l l e s de l e u r s co l l ègues de c rèche . Mais, on r e j o i n t , i c i , une obse rva t ion h a b i t u e l l e : l e s i n s t i t u t r i c e s d ' é c o l e m a t e r n e l l e , e t peut - ê t r e l e personnel "étlucation na t iona le" , en g é n é r a l , on t avec l e s f a m i l l e s des r e l a t i o n s e s s e n t i e l l e m e n t l i m i t é e s aux ques- t i o n s s c o l a i r e s , a l o r s que l e personnel des c r è c h e s , e t peu t - ê t r e l e personnel "de santé1\ en g é n é r a l , p l a c e n t l e u r s r e l a - t i o n s avec l e s p a r e n t s dans l a v i e g l o b a l e de 1 ' e n f a n t . Sep t i n s t i t u t r i c e s o n t exprimé q u ' e l l e s ne v o u l a i e n t pas '%nnuyerfi l e s p a r e n t s davantage par des c o n s e i l s ou des q u e s t i o n s i n d i - v i d u a l i s é s , que "ceux-ci é t a i e n t d é j à b i e n é p ~ o u v é s " , ou encore qu'on ne pouva i t pas "se mê2er de Z1éducat ion famiZia2eM. Mais encore f a u t - i l , i c i , a u s s i , appro fond i r l a dimension psychologique venant des p a r e n t s : presque t o u s s o n t mot ivés , à c e t âge de l e u r e n f a n t , par l e s a c q u i s i t i o n s de type s c o l a i - r e . De nombreuses i n s t i t u t r i c e s o n t exprimé que, si e l l e s e s s a y e n t de l e u r f a i r e "regarder ou deouter a u t r e s choseM, e l l e s ne s o n t guère entendues . E t , i l s ' a g i t souvent de p e t i t s d é t a i l s t r è s c o n c r e t s : par exemple, t e s p a r e n t s de Louis l e m e t t a i e n t t o u j o u r s en d i f f i c u l t é s u r l e plan des vêtements : a t t a c h e s , bonnets , emmanchures compliquées. L ' i n s t i t u t r i c e n 'a jamais pu modi f i e r c e t t e a t t i t u d e , r e f l e t d 'un déni p l u s pro- fond du handicap - e t n ' a p l u s cherché à aborder l e problème au bout d 'un c e r t a i n temps, Par c o n t r e , l e s c o n t a c t s r e s t a i e n t o u v e r t s s u r l e "travaiZ scoZaire0 f C e r t a i n e s o n t p r é c i s é : "Nous avons Z'impression de déranger t e s parents en abordant Za v i e de Leur e n f a n t "hors écoZeM e t da s loocuper de c e q u i ne nous concerne pas; s f C 2 s se renferment , nous ne serons p2us consuZtées pour quoi que ce s o i t où nous ser ions u t 4 é e s V .

Quoi q u ' i l en s o i t , l ' a t t i t u d e g é n é r a l e de l ' i n s t i - t u t r i c e e s t u n f a c t e u r de premier plan dans l a r é u s s i t e de l ' i n t é g r a t i o n , e t l e s causes d 'échec ou de changement d ' e t a - b l i s semen t s en r e l è v e n t t o u j o u r s .

Les échanges avec l e s a u t r e s e n f a n t s s ' a ~ è r e n t ê t r e également au premier plan de l a q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n de l ' e n f a n t dans l e groupe. P a r f o i s même, nous l ' a v o n s vu, i l s compensent 1 ' absence d ' i n d i v i d u a l i s a t i o n pédagogique ou l e manque d e p a r t i c i p a t i o n aux a c t i v i t P s "scoZaires" .

Pour S y l v i e , C h r i s t i n e , Sophie , Séve r ine , pa r exemple, l e groupe e s t s o l i d a i r e , a t t e n t i f , p a r f o i s t r o p p r o t e c t e u r . Yves e t André s e défendent même de c e t t e p r o t e c t i o n !

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Mais on d o i t no te r que, pour T h i e r r y , Louis ou F lo rence , l a c o l l e c t i v i t é d ' e n f a n t s a é t é p a r f o i s vécue de façon menaçante e t a g r e s s i v e . Léa a même t r a v e r s é , s u r ce p l a n , une pér iode d i f f i c i l e , mais q u ' e l l e a ac tue I l emen t pa r fa i t emen t surmontée, f r a n c h i s s a n t s u r l e plan de sa propre a g r e s s i v i t é u n p a l i e r de matura t ion impor tan t , ce qui n ' a u r a i t p e u t - ê t r e pas é t é l e cas s i e l l e é t a i t r e s t é e dans l e cocon f a m i l i a l ou dans u n mi l i eu p lus p ro tégé . I g o r , au c o n t r a i r e , a é t é vécu comme a g r e s s i f e t menaçant pour l e s a u t r e s , a u po in t d ' e n t r a î n e r u n v é r i t a b l e r e j e t de l a c o l l e c t i v i t é - j u squ ' à ce que l ' a m é l i o r a t i o n de son propre comportement modifie c e t t e r é a c t i o n .

Dans 14 c a s , 1 ' i n s t i t u t r i c e a " p ~ é p a r 6 ~ ' l e s a u t r e s e n f a n t s à l ' a r r i v é e de l ' e n f a n t handicapé, s o i t l o r s q u ' i l e n t r a i t en cours d ' année , s o i t en p r o f i t a n t du f a i t qu 'on r e t a r d a i t de 3 ou 4 jou r s son e n t r é e par r a p p o r t à l a d a t e o f f i c i e l l e de l a r e n t r é e s c o l a i r e . Si non, dans l e s a u t r e s c a s , l ' i n s t i t u t r i c e a a t t endu une occas ion p rop ice , une s i t u a t i o n c o n c r è t e l u i pe rme t t an t de v e r b a l i s e r au groupe l e s d i f f i c u l t é s de T ' en fan t . Cer t a ins e n f a n t s posen t , par l a s u i t e , des ques t ions d i r e c t e s , t rGs spontanées , à l ' i n s t i t u - t r i c e , s u r l e s handicaps , de l e u r camarade e t c e l l e s qui nous l ' o n t s i g n a l é ne s ' y dérobent p a s , mais sans s ' a t t a r d e r ,

L ' a c c e p t a t i o n , par l e s a u t r e s e n f a n t s , de l ' e n f a n t handicapé, e s t u n f a c t e u r de r é u s s i t e qui nous p a r a î t devo i r ê t r e sou l igné c a r i l s ' a g i t d ' une a c c e p t a t i o n "p2eine1 ' de s i g n i f i c a t i o n s , s o c i a l e s e t a f f e c t i v e s , e t non d 'une simple t o l é r a n c e , L ' en fan t handicapé ne s ' y trompe pas , ni s e s pa- r e n t s . Dans l a m a j o r i t é des cas ( 2 0 s u r 25 ) . nous re t rouvons l e même c o n s t a t qu'en crèche ( c f . page 42) Dans l a v i e du groupe, l ' e n f a n t handicapé a "sa" p l a c e , d i f f é r e n t e de c e l l e des a u t r e s e n f a n t s , mais parmi eux, o ù i l peut é t r e reconnu t r è s précocement dans sa d i f f é r e n c e e t son i d e n t i t é .

. Dans 21 cas s u r 25, à c e t t e q u e s t i o n , I ' é t a b l i s s e - ment a répondu " Q u f i Z s n f Q t a i e n t pas d i r e c t e m e n t concernés par c e problème", que "Cela ne p o s a i t pas de d i f f i c u l t é s r f , que "Cela ne r e g a r d a i t pas Tes a u t r e s paren t s " . I l n ' y a pas de réc lamat ions d i r e c t e s , d ' e n t r e t i e n s à ce s u j e t ; p a r f o i s , t o u t au p lus s u r g i t une ques t ion à l ' i n s t i t u t r i c e , vécue comme une r lma~que d l i n t é r ê t b ienve iZZant l ' e t non "comme une c u r i o s i t d dép lacée . Igor f a i t donc, i c i , excep t ion . puisque son compor- tement a g r e s s i f a v a i t s u s c i t é à u n moment l a p é t i t i o n d ' u n c e r t a i n nombre de pa ren t s pour son renvoi - mais i l é t a i t " o b f e c t i v e m s n t " t r è s pe r tu rban t e t p rovoca teu r , e t son "mongo- Zisme" n ' é t a i t p e u t - ê t r e pas en cause .

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. Dans 2 c a s , cependant , l e s p a r e n t s on t s i g n a l é que l e u r propre e n f a n t i m i t a i t l e s handicaps de c e s p e t i t e s f i l - l e s e t en é t a i e n t u n peu i n q u i e t s - s a n s que cec i s o i t r e p r i s par 1 ' i n s t i t u t r i c e ou l a D i r e c t r i c e , u n peu démunies a l o r s devant ces c o n s t a t a t i o n s ,

I l nous p r a r a i t i n t é r e s s a n t , dans une a u t r e é t u d e , de mieux c o n n a i t r e l e ltvdcuB des a u t r e s p a r e n t s p u i s q u ' i l n ' a p p a r a î t pas i c i dans des r é a c t i o n s ou des c o n t a c t s avec l e s i n s t i t u t r i c e s e t l a D i r e c t r i c e .

Par c o n t r e , c e r t a i n s des p a r e n t s d ' e n f a n t s handicapés nous o n t p a r l é , eux-mëmes, fréquemment du FJregrzrd'p des a u t r e s p a r e n t s , e t de c e r t a i n e s ques t ions qui l e u r é t a i e n t d i r e c t e - ment posées , ce don t i l s s o u f f r e n t . D ' a u t r e s , comme ceux d4Andr&, nous o n t s i g n a f ë que , g race à l ' i n s e r t i o n en j a r d i n d ' e n f a n t s , i l a v a i t é t é i n v i t é chez des p e t i t s camarades (d ' abord 3 l ' o c c a s i o n d ' a n n i v e r s a i r e s ) , q u ' i l a v a i t rendu t e s i n v i t a t i o n s e t que c e s échanges hor s -éco les devenaient cou- r a n t s . I l s ' a g i t , à n o t r e conna i s sance , d 'un cas i s o l é , à a s - s o c i e r p e u t - ê t r e en p a r t i e d u moins, aux habi tudes s o c i a l e s du mi l i eu t r ë s p r i v i l é g i é qui f r é q u e n t e c e t é t a b l i s s e m e n t .

hl t e ~ r Q 7 e ~ b ~ ~ C ~ n t r e ~ d ~ A ~ ~ 5 s t ~ ~ ~ e ~ E d u c ~ _ t i ~ ~ ~ ~ u ~ I ~ ~ i ~ F%iis ( c f . t a b l e a u V )

Le t a b l e a u V témoigne de l a p r i s e en charge de c e s e n f a n t s au Centre avan t e t ap rès l e u r admission â l ' é c o l e m a t e r n e l l e ou au j a r d i n d ' e n f a n t s . Même s i c e t t e p r i s e en charge s e r é d u i t a l o r s pour beaucoup d ' e n t r e eux, p lus ou moins progr.essivemei?t, i l s con t inuen t d ' y ê t r e s b i v i s e t l e u r é v o l u t i o n e s t donc s u r v e f l l é e . Selon l e s c a s , c ' e s t l a r é é ~ u - c a t i o n psychomotrice e t l e s groupes pédagogiques, t r è s i n d i - v idual i s é s , qui s o n t p o u r s u i v i s (colonne groupe d 'Eve i1 ) pour d ' a u t r e s , l a k i n é s i t h é r a p i e a dû ê t r e in tensément maintenue, pour d ' a u t r e e n f i n , a commencé l ' o r t h o p h o n i e . O n a d i s t i n g u é l e s c o n s u l t a t i o n s psychologiques qui o n t pour b u t f ' o r i e n t a - t i o n ou l ' é v a l u a t i o n des p o s s i b i l i t é s d e 1 ' e n f a n t , e t c e l l e s qui répondent à une demande p lus a f f e c t i v e , e t on v o i t q u ' e l - l e s s o n t i n t e r v e n u e s , dans Tes 2 c a s , à un rythme r é g u l i e r .

Comme pour l a c rèche , l a q u a t i t é de l a p r i s e en charge de l ' e n f a n t , au Cen t re , e s t en c o r r é l a t i o n avec l e bon déroulement de son i n t é g r a t i o n - mais e l l e n 'en e s t qu'un des f a c t e u r s e t n ' e s t pas t o u j o u r s au premier p l an . P o u r t a n t , pour F lo rence , pour Lydie , c ' e s t 1 ' i n s u f f i s a n c e de l a p r i s e en charge au C . A . E . , à l a q u e l l e i l e s t remëdié, qui e s t apparue

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dans l e s f a c t e u r s p o s s i b l e s de l ' é c h e c . Ce qui n ' a pu s e f a i r e pour Th ie r ry . De même, dans l e s f l u c t u a t i o n s de l ' i n t é - g r a t i o n , l e s o u t i e n des pa ren t s de 1 ' e n f a n t joue u n r ô l e im- p o r t a n t , t a n t au niveau psychologique que s o c i a l ( t a b l e a u V ) .

Dans t o u s l e s c a s , l e Centre d ' A s s i s t a n c e Educatlve du T o u t - P e t i t a é t é en l i a i s o n avec des é t a b l i s s e m e n t s d ' a c - c u e i l . Cependant, l o r s q u ' i 1 s ' a g i t de s imples c o n t a c t s t é l é - phoniques ou de c o u r r i e r , s i u t i l e s s o i e n t - i l s , i l s ne s o n t pas vécus pa r c e l u i - c i comme u n " s o u t i e n " , c ' e s t l o r s q u e l e k i n é s i t h é r a p e u t e , l a psychologue ou l e r ééduca teu r en psycho- m o t r i c i t é o n t pu s e d é p l a c e r , que l e Centre e s t vé r i t ab lemen t vécu comme s o u t i e n e x t é r i e u r .

Ce s o u t i e n e x t é r i e u r e s t demandé unanimement, y compris par des é t a b l i s s e m e n t s ambivalents . Dans ces d e r n i e r s c a s , i l d e v i e n t cur ieusement l a c o n d i t i o n au ma in t i en de l ' e n - f a n t ( T h i e r r y , J u l i e n ) . Mais c e t appel n ' e s t pas t o u j o u r s a d r e s - s é d i r ec temen t au Cen t re , e t de nombreux é t a b l i s s e m e n t s s e p l a i g n e n t de c e que l e s s t r u c t u r e s env i ronnan tes ou même r a t - t a c h é e s à eux (C.M.P.P., G . A . P . P . , c o n s u l t a t i o n s h o s p i t a l i è r e s , e t c . ) ne l e s s o u t i e n n e n t pas , e t a i d e n t insuffisamment l ' e n f a n t . Le c a s de T h i e r r y e s t malheureusement exemplai re , même s i l a f a m i l l e e s t également en cause . A l a demande de s o u t i e n f o r - mulée au C . A . E . s ' a s s o c i e , au minimum, une demande d ' informa- t i o n s ( 2 3 c a s s u r 2 5 1 , e t au maximum une demande de format ion s p é c i a l i s é e ( s e s s i o n s ou r ecyc lages l i m i t é s dans l e temps, mais permet tant de répondre mieux aux d é f i c i t s de l ' e n f a n t ) . Les i n s t i t u t r i c e s pensent qu 'avec u n a l lègement p a r t i e l de l e u r s e f f e c t i f s , ou une a i d e supp lémen ta i r e , c e l a l e u r per- m e t t r a i t de mieux a c c u e i l l i r , e t en p lus grand nombre, ces e n f a n t s .

Comme pour l a crèche ( c f . page 41), l e s v i s i t e s du t h e r a p e u t e p r i v i l é g i é de l ' e n f a n t - q u e l l e que s o i t s a s p é c l a - l i t @ - s o n t énormément i n v e s t i e s e t v a l o r i s é e s : c ' e s t l u i qui peu t p a r l e r de 1 ' e n f a n t , dans sa c o n t i n u i t é e t sa g l o b a l i t é , e t de 1 ' h i s t o i r e de d é f i c i t . C ' e s t l u i qui appor t e des con- s e i l s , des i d é e s , un a u t r e regard sur l ' e n f a n t . I I e s t u n f f spéc iaZis te f ' qui " s a i t " e t peut a p p o r t e r des s o l u t i o n s , un r e f é r e n t e x t é r i e u r précieux ( c f . pages 41-42 ) . Dans bien des c a s , n o t r e " s p é c i a l i s t e " n ' a pu qu ' admi re r l ' i n g é n i o s i t é e t l ' i n v e n t i o n des i n s t i t u t r i c e s - c e l l e s - l à même qui pour- r a i e n t dou te r d ' ê t r e e f f i c a c e s pour l ' e n f a n t . 11 n ' a f a i t que l e u r a p p o r t e r une conf i rma t ion , u n appui quant à l a d i r e c t i o n

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p r i s e par l e u r p r o j e t é d u c a t i f . Mais c ' é t a i t justement ce dont e l l e s a v a i e n t besoin . I l e s t v r a i a u s s i que c ' e s t g râce à l a v i s i t e du t h é r a p e u t e de l ' e n f a n t que. dans bien des c a s , c e r t a i n e s d i f f i c u l t é s o n t é t é dénoncées e t cec i s u r des p lans t r è s d i v e r s : par exemple, donner des moyens d ' a i d e r l a s t a - t i o n a s s i s e ou l a marche de C h r i s t i n e , de S y l v i e , ou encore de f a v o r i s e r l a compréhension d ' I r è n e , de sou lage r l ' a n g o i s s e de V i r g i n i e e t l ' a g r e s s i v i t é d ' I g o r , ou c e l l e s de l ' i n s t i t u - t r i c e e t de l a D i r e c t r i c e f a c e à c e r t a i n s p a r e n t s .

Devant l a demande mass ive , unanime d ' u n sou t i en e x t é r i e u r e t f a c e à l ' i n v e s t i s s e m e n t dont i l e s t p o r t e u r , on mesure l ' i s o l e m e n t e t l ' a n x i é t é r e s s e n t i s par c e s é d u c a t r i c e s conf ron tées quotidiennement à un e n f a n t handicapé. Dans blen des c a s , l e s e n t r e t i e n s de s o u t i e n o n t dépassé l e c a s p r é c i s de l ' e n f a n t , r é v é l a t e u r de t ' ampleur du problème; par d e l à l a q u a l i t é pédagogique de l ' é d u c a t r i c e e t l a v i e de son groupe, c ' e s t l a p l a c e , p résen te e t f u t u r e , de c e s e n f a n t s handicapes , dans l a v i e s c o l a i r e e t s o c i a l e , qui e s t posée. Le s o u t i e n e x t é r i e u r du C.A.€. soulage c e t t e a n x i é t é e t s o r t l ' é d u c a - t r i c e (comme l ' e n f a n t ) de son i so lemen t , e t v a l o r i s e son a c t i o n u l t é r i e u r e . O n comprend q u ' i l s o i t u n f a c t e u r de r é u s - s i t e impor tan t , dont on d e v r a i t amé l io re r encore l ' o r g a n i s a - t i o n .

Pa ra l l è l emen t à ces o b s e r v a t i o n s e t à ces c o n s t a t s concernant l e r ô l e du C . A . E . en t a n t que s o u t i e n e x t é r i e u r appor t é à l ' é t a b l i s s e m e n t , on peut n o t e r , en se r e p o r t a n t au t ab leau V , comment s e son t r é p a r t i s l a f réquence e t l e type de p r i s e en charge de l ' e n f a n t , avan t e t ap rès son i n t é g r a - t i o n .

Pour l e s e n f a n t s i n t é g r é s en é c o l e m a t e r n e l l e , l e Centre é t a b l i t de p l u s en p lus fréquemment des r e l a i s avec l e s s t r u c t u r e s médico-psychopédagog iques qui s o n t en l i a i s o n p r i v i l é g i é e avec c e s é t a b l i s s e m e n t s . Nous avons vu que l e r e l a i s n ' e s t pas t o u j o u r s f a c i l e , q u ' i l échoue même p a r f o i s . 11 e s t , p e u t - ê t r e , r e j e t é ou remis dans l e temps, par l e s p a r e n t s . Dans quelques c a s , i l e s t devenu ind i spensab le : pour C h r i s t i n e , Léa, V i r g i n i e . Les s t r u c t u r e s médico-psycho- pédagogiques s e son t a v é r é e s , pour nous, f a c t e u r s de r é u s s i t e dans l a r rcon t inu i tdr t de 1 ' i n t é g r a t i o n qui s e s i t u e , g râce à c e s p r i s e s en charge e x t é r i e u r e s , dans u n p r o j e t à p l u s long terme pour l ' e n f a n t . Mais, l e s é t a b l i s s e m e n t s n ' e n pe rço iven t pas t o u j o u r s l ' a p p o r t s u r c e plan p r é c i s , e t r e g r e t t e n t de ne pas ê t r e p lus soutenus dans l a p r a t i q u e quo t id ienne .

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a ) L a - s i Z ~ a t i ~ n - f a r n l l i a l e ~ ~ 1 c - c 0 ! ~ 1 e - ~ a r e ! t a I - ~ t lg-ha~cijigp ( c f . t a b l e a u V I )

Nous a v o n s v u c o m b i e n l e h a n d i c a p d ' u n e n f a n t b o u l e - v e r s e , s u r t o u t l e s p l a n s , u n e f a m i l l e ( c f . page 4 3 ) . A 1 ' â g e de l ' i n t é g r a t i o n e n é c o l e m a t e r n e l l e , c ' e s t - à - d i r e e n moyenne e n t r e 3 e t 5 a n s , p o u r n o t r e p o p u l a t i o n , c e s b o u l e v e r s e m e n t s ne s o n t p a s t o u j o u r s s u r m o n t é s . C e r t e s , l a f a m i l l e s ' e s t r é o r - g a n i s é e dans s o n mode d e v i e e t a é l a b o r é s u r l e p l a n p s y c h o - l o g i q u e d e s mécan i smes d ' a d a p t a t i o n ou d e d é f e n s e q u i l u i p e r m e t t e n t d e f a i r e f a c e . M a i s o n r e s t e f r a p p é p a r l e nombre d e c a s , e n c o r e i m p o r t a n t s , q u i g a r d e n t d e t r è s g r a n d e s d i f f i - c u l t é s s o c i o - f a m i l i a l e s o u p s y c h o l o g i q u e s ( 1 3 c a s s u r 2 5 ) . Comme d a n s l a p o p u l a t i o n d e s c r è c h e s , c e s d i f f i c u l t é s p r é e x i s - t e n t s o u v e n t , a v a n t l a v e n u e d e l ' e n f a n t h a n d i c a p é . M a i s l e h a n d i c a p l e s a g g r a v e ou l e s r é v è l e . Dans b i e n d e s c a s é g a l e m e n t , il e n f a i t s u r g i r d e f a ç o n t o u t à f a i t i m p r é v i s i b l e e n t r a î n a n t d e s d i f f i c u l t é s d i v e r s e s q u i v o n t d e l a p e r t e d u t r a v a i l à l a d é p r e s s i o n ( c f . M o n o g r a p h i e s ) .

P a r e x e m p l e , l e s p a r e n t s d ' A n d r é n ' o n t a u c u n e d i f f i - c u l t é s o c i o - f a m i l i a l e . I l s s o n t a i s é s e t u n i s . M a i s l e b o u l e - v e r s e m e n t c r é é p a r l a c é c i t é n ' e s t p a s e n c o r e s u r m o n t é . De même, à 1 ' o p p o s é d e 1 ' é c h e l l e s o c i a l e , l e s p a r e n t s d ' I g o r a v a i e n t c h o i s i un mode d e v i e m a r g i n a l i s é , m a i s é q u i l i b r é e t c r é a t i f . La v e n u e d e 1 ' e n f a n t m o n g o l i e n a c r é é d e s c a s s u r e s q u i ne s o n t p a s e n c o r e c i c a t r i s é e s . Dans c e s deux e x e m p l e s , l ' e n f a n t e s t a i m é e t a sa v r a i e p l a c e .

P o u r beaucoup d ' e n t r e e u x , l e s r é é d u c a t i o n s s o n t e n c o r e n é c e s s a i r e s e t , comme dans l a p o p u l a t i o n d e s c r è c h e s , c e l a e n t r a î n e d e s s a c r i f i c e s l o u r d s e t p é n i b l e s s u r l e t emps d e l o i s i r , d e r e p o s , o u d a n s l a v i e p r o f e s s i o n n e l l e : p a r e x e m p l e , l e p è r e d e S y l v i e g a r d e u n é c h e l o n m o d e s t e dans l ' e n - t r e p r i s e où il t r a v a i l l e e t r e n o n c e à u n e c e r t a i n e "ambi t ion" q u i n é c e s s i t e r a i t d e s v o y a g e s , p o u r s ' o c c u p e r d ' e l l e , e t l e k i n é s i t h é r a p e u t e v a a u d o m i c i l e p o u r s o u l a g e r u n p e u 1 ' e n f a n t d o n t l ' e m p l o i d u t emps e s t s i c h a r g é .

La v i e c o n j u g a l e e s t , e l l e - m ê m e , t r è s f r a g i l e p o u r beaucoup d e c o u p l e s , m a i s q u a t r e c o u p l e s s e u l e m e n t p a r l e n t r é e l l e m e n t d e s é p a r a t i o n . . . s a n s l a r é a l i s e r : a r r i v é s à c e t â g e d e l e u r e n f a n t , i l s h é s i t e n t à r o m p r e l ' o r g a n i s a t i o n f a m i - l i a l e m i s e e n p l a c e , ou à "en foncer dans La d é p r e s s i o n encore p l u s v l ' u n d e s c o n j o i n t s : p a r e n t s d e C l é m e n t , d e F r a n ç o i s e , d ' I r è n e , p a r e x e m p l e . P o u r t a n t , nous d e v o n s s i g n a l e r c o m b i e n c e r t a i n s c o u p l e s s e s o n t soudés f a c e à l e u r drame, e t l a m o i - t i é d ' e n t r e eux n e p r é s e n t e a u c u n e d i f f i c u l t é .

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Dans quelques cas c e r t e s , l ' a t t i t u d e du père e s t une charge supplémenta i re pour l a mère : s o i t q u ' i l démissionne to t a l emen t (pour I n è s , par exemple), s o i t q u ' i l c r é e , par son comportement e t s e s r é a c t i o n s , des problèmes s u r a j o u t é s souvent a i g u s (chez I r è n e , par exemple). Mais i l a r r i v e qu'on s e trompe s u r l a s i g n i f i c a t i o n des a t t i t u d e s p a r e n t a l e s : l e père de S y l v i e , par exemple, n ' a jamais p a r t i c i p é aux t r a i t e - ments de l ' e n f a n t e t nous p a r a i s s a i t f u i r t o t a l emen t son pro- blème; l ' e n q u ê t e à domici le a découver t u n père qui s a c r i f i e t o u t e sa v i e à 1 ' e n f a n t , l a su rp ro tège même, o r g a n i s e t o u t son a v e n i r en f o n c t i o n de c e l l e - c i .

La f r a t r i e de c e s e n f a n t s , comme pour l a c rèche , pose des problèmes d i r ec temen t l i é s au handicap de l e u r f r è r e ou s o e u r , e t même p a r f o i s à l e u r i n t é g r a t i o n s c o l a i r e . L o r s q u ' i l s s e t rouven t dans l e même groupe s c o l a i r e , i l s son t souvent " r e p d r é s f t par l e s p e t i t s camarades comme l e f r è r e ou l a soeur d 'un e n f a n t handicapé. L ' ango i s se , l ' a g r e s s i v i t é , l a cu lpab i - l i t é s e p a r t a g e n t l e u r mode de r é a c t i o n s , l e s pa ren t s son t p a r f o i s démunis e t nous en p a r l e n t fréquemment. E n g é n é r a l , c ' e s t à t r a v e r s eux que nous a idons l a f r a t r i e de l ' e n f a n t handicapé mais i l a r r i v e qu 'une a i d e ponc tue l l e s o i t o rgan i - s é e , s o i t en c o n s u l t a t i o n au C . A . E . , s o i t s u r l e s e c t e u r . O n d o i t o b s e r v e r , i c i , que 9 e n f a n t s handicapés su r 2 5 , on t eu u n p e t i t f r è r e ou une p e t i t e soeur . Dans 2 c a s , l e s p a r e n t s 1 ' o n t d é s i r é t'pour n o r m a l i s e r La v i e de L ' e n f a n t handicapé , pour q u ' i l ne s o i t pas l e c e n t r e de t o u t , pour q u ' i l a i t un compagnon

Mais dans l a m a j o r i t é des a u t r e s c a s , l e s pa ren t s donnent comme argument l e handicap de l ' e n f a n t pour ne pas env i sage r une a u t r e g rossesse . O n note cependant une c e r t a i n e ambivalence : "Mon mar i ne v e u t pas, j ' e s s a i e r a i b i e n t t , e t "Main tenant q u ' i l va à l ' é c o l e , on s e pose Za q u e s t i o n , mais c ' e s t v r a i , on a peur . . , p o u r t a n t , c e s e r a i t b i en . . . " . L ' i n t é g r a t i o n s c o l a i r e , dans ce q u ' e l l e appor t e de normal i san t , s ' expr ime dans l e d é s i r d ' u n a u t r e e n f a n t à 6 r e p r i s e s - s o i t au cours des c o n s u l t a t i o n s psychologiques , s o i t dans l ' e n q u ê t e s o c i a l e .

La f a m i l l e é l a r g i e e s t p r é s e n t e dans l a m o i t i é des c a s , de façon p o s i t i v e , s o i t s u r l e plan m a t é r i e l , s o i t s u r l e p lan a f f e c t i f , s o i t pour une a i d e ponc tue l l e ( g a r d e , vacances ) . Pour l ' a u t r e m o i t i é , e l l e manque e t p lus c r u e l l e - ment que " S i on n ' a v a i t pas un e n f a n t a t t e i n t " : q u a t r e cou- p l e s on t d ' a i l l e u r s pensé déménager pour s e rapprocher de l e u r f a m i l l e . L ' i n t é g r a t i o n en éco le m a t e r n e l l e , a s s o c i é e à une p r i s e en charge comme c e l l e d u C . A . E . , p è s e - t - e l l e su r l a d é c i s i o n de s e f i x e r à P a r i s ou en proche banl ieue ? Ces ques- t i o n s s e posent à chaqüe é t ape de l ' o r i e n t a t i o n . Dans c e r t a i n s c a s , l a f a m i l l e é l a r g i e a u n r ô l e n é g a t i f : r e j e t , accusa t ions géné t iques d i v e r s e s , f u i t e s qui s o n t source d'amertume e t aggravent l e s d i s s e n s s i o n s con juga les . Mais, i l nous semble que l e s sen t imen t s à c e t é5at -d spn t p lus " s t a b i Z i s é s t t à c e t

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Sge ci^ l ' e n f a n t que dans notre population de crèche. De nom- breux parents , dans ces s i t ua t i ons , nous ont d i t l10n en a p ~ 5 s n o t r e p a r t i s f , Dans 3 cas : CiPment, frt.ne, Marguerite, l ' i s o - lement par rapport a l a fami l le é l a rg i e réac t ive des blessures anciennes, profondes, qui semblaient woubt ideo f f ,

t e dératinemefit des fami l les é trangères a t rauvê - beaucoup plus que dans l a poputation des crèches - une j u s t i f i c a t i o n ou une r eva lo r i s a t i on inat tendue dans l e f a i t que ? ' enfant "Ic i , au mo-èna, b d n d f i c i e d e Z ' écoZeV* Surtout pour l e s fami l les qui sont venues en France lrAfin d e t o u t f a i r e , de tout t e n t e r , pour Zeur enfant haradioapétl. Mais, l ' i solement des parents de Marguerite, l e bonheur de ceux de Thjerry, quand i l s son t en vacances dans l eu r s pays d ' o r i g ine , témoignent du poids de ce deracinement.

Dans l 'ensemble, l e s é tabl issements s co l a$ re s comme l e s j a rd in s d ' en fan t s , perçoivent t r è s bien l ' i nc idence de la v ie famil i a i e su r l e comportement adap t a t i f de 1 ' en fan t handi- capé q u ' i l s a ccue i l l en t . Mais, nous l ' avons v u , c e t aspect e s t peu abordé, d ' au t an t que, dans l 'ensemble, l ' j n t ê g r a t i o n sco- l a i r e améliore l a place e t l 'autonomie de c e t enfant dans sa fami l le , même lorsque ce l l e - c i e s t per turbée, Thierry, Ju l i en e t Florence f o n t , i c i , exception,

( c f , tableau V I )

Cette population e s t moins dêfavorisée que c e l l e concern&e par l e s crèches : u n t i e r s des famiIfes e s t t r 2 s a i s @ ; u n t i e r s n ' a pas de d i f f i c u l t é s socio-économiques ma- jeures . Nous avons v u ( c f . page 481, l e s crèches f avo r i s e r 1 'admission e t f 'i ntégra t ian e t i l a r r i v e qu'en écof e mater- nef fe , c e t argument a i t également joué en faveur de t ' e n f a n t ( 6 cas su r 25). Majs d u l i e n e s t r e s t é r e j e t é , exclu de l a c an t i ne , demandée pourtant à t i t r e temporaire, lorsque sa f ami l l e t r a v e r s a i t des d i f f i c u l t é s graves, heureusement su r - montees. Hous n 'avons p a s observe, en crèche, d ' e x ç l u s i a n comparable,

Dans l 'ensemble, l e s données socio-économiques i n t e r f è r en t moins sur l e déroulement e t l a q u a l i t é de 1 ' i n t ég ra t i on s c o l a i r e e t e l l e s y sont vécues - ou verba l t sées - avec moins acu i t é que dans l e s crèches.

De mGme, dans l a mesure oü l e s r e l a t j ons parents- école sont moins e t r o i t e s qu'en crèche, i l e s t plus d i f f i c i l e

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de cerner s i l e s motjvatlons parentales vont i n f l é c h i r sur l e cours de l ' i n se r t i on . Dans f 'ensemble, une f o i s franchi 3 'ob- s t a c l e de l 'admission e t des premières pr i ses de contac ts , 1 'organisat ion de l a v ie s co l a i r e de 1 'enfant s ' é t a b l i t assez rapidement e t , l e s premières inquiétudes passées, l e s parents vivent l ' é c o l e maternelle ou l e j a rd in d 'enfants comme une s o r t e de p a l i e r , de pause, de premier r é p i t , même s V 1 s l ' o n t revendiquée ouvertement comme u n d r o i t .

Au bout de quelques mois, e t sur tou t lorsque t ' i n t é - g ra t ion e s t b$néfique, on a s s i s t e à une p r i s e de conscience e t aussi 1 'expression des motivations : rfL'écoZe t r a d i t i o n - netXe &-riide Ze g h e t t o , , . i 2 faut a lZer Ze plus Zain poss ib le t a n t que osSn e s t possibZe", disen t l e s parents d q n è s . "rZ n ' e s t pas supportable que nos e n f a n t s s o i e n t considdr&s conrme Zes a u t r e s , a u s s i in teZZigen t s e t ddbroui tZards , pour se re t rouver en C .P . dans un s i n i s t r e Z n s t i t u t dSaveugZes", d i sen t l e s parents de Sandra, d y v e s , diAndré. Beaucoup ont *fot*cétl 1 ' en t rge en materne1 l e pour " t e n t e r " quelque chose, " d l f i e r i t isaZernent e t Z1égoZsme de t o u s H , mais aussi par déni incons- c i e n t des d i f f i c u l t é s , Dans ce dern ie r c a s , l a p r i se de cons- cience que l ' i n t é r ê t de l ' en f an t e s t d f l l e u r s , s e f a i t plus ou moins rapidement, mais s e f a i t . Dës l o r s que 1 ' école e s t soutenue, e l l e pa t ien te jusqu'à ce que l e s parents so ien t p r e t s à envisager une ré -or ien ta t ion ; on f a i t in te rveni r u n mediateur : l e C.A.E., l e G . A . P . , l a C . D , E . S . , l e médecin s co l a i r e . , .

On vo i t a i n s i évoluer t e s motivations parentales au cours de ces deux années, en fonct ion de f ' évofu t ion de leur enfant dans l a c o f i e c t i v i t é e t sans q u q i y a i t une incidence d i r e c t e de l eu r s opinions sur 1 ' i n s e r t i on seme d e leur enfant . Cseç t dans l e sens inverse que s e joue l e mécanisme, ce sont l e s bénéfices ou l e s échecs de l ' i n t é g r a t i o n qui Vont, peu à peu, moduler l eu r s motivations vis-à-vis de c e l l e - c i . Ainsf, en a - t - i l é t é pour l e s parents d ' I g o r , de Françoise, de J u l l e n , de Séverine. Par cont re , dans l e s cas de Clément, de Florence, de Marguerite, l e s motivations parentales sont res tées f i gée s sur une posi t ion de malntien en école maternel le , par c r a i n t e de l ' a v e n i r , par refus de pr i se de conscience, par revendica- t i o n , qu5 e s t aussi u n appel e t une remise en question des prat iques soc ia les courantes vis-3-vis des personnes handi- capaes,

Nous l 'avons v u , e l l e s s e s i t u e n t sur u n mode beau- coup moins fntime e t personnalisé q u ' à ta creche. l e s contacts en t r e l e s parents e t l ' i n s t i t u t r j ç e ou l a Di rec t r ice sont essent iel lement d u domajne pedagogique : acqu i s i t i ons , o r len- t a t i o n , v ie à l ' é c o l e . L 'enfant , souvent, l e s f a c i l i t e en racontant ce qui s e passe dans sa v ie s c o l a i r e , c ' e s t l e cas d'André, Igor, Léa, Yves, Sophie e t Séverine,

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La r é s e r v e observée chez l e s p a r e n t s e s t vécue comme une c e r t a i n e d i s c r e t i o n ou une a u t o - p r o t e c t i o n par l e s édu- c a t r i c e s qui l a r e s p e c t e , mais e l l e peut ê t r e une gêne à l ' i n t é g r a t i o n de 1 ' e n f a n t . La mère de Th ie r ry a eu "hontett l o r sque l a D i r e c t r i c e l u i a s i g n a l é l e s p e t i t s t r o u b l e s de p r o p r e t é de Th ie r ry ; ceux-ci s ' e n s o n t t r o u v é s ma jo rés , pro- bablement parce q u ' i l n 'y a v a i t pas d ' a u t r e s c o n t a c t s e n t r e e l l e s . Le Centre a dû i n t e r v e n i r pour que l ' é c o l e prenne mieux en charge l e cas de J u l i e n e t l u i donne l e s mêmes pos- s i b i l i t é s de c a n t i n e , s i e s t e , p l e in - t emps , q u ' à sa soeur pendant l e chômage du p è r e , t a n t l e s c o n t a c t s é t a b l i s s e m e n t s - p a r e n t s é t a i e n t d i s t a n t s .

La "vie scoZaire8 de l ' e n f a n t e s t t r è s i n v e s t i e par l e s p a r e n t s , y compris l e s pé res qui a s s u r e n t souvent l a t r a n s p o r t de l ' e n f a n t à l ' é c o l e , ou en p a r t a g e n t l a charge avec l a mère (14 f o i s s u r 251, p a r f o i s au dé t r imen t de l e u r v i e p ro fes ion- n e l l e . Cet inves t i s semen t e s t vivement r e s s e n t i par l e s i n s - t i t u t r i c e s e t c ' e s t , en d e r n i e r r e s s o r t . c e qui e s t impor tant dans l e s r e l a t i o n s pa ren t s -é t ab l i s semen t : c e sent iment que l ' i n t é g r a t i o n e t l a v i e s c o l a i r e de t ' e n f a n t son t in tensément v a l o r i s é e s .

P lus que l a c r è c h e , probablement parce q u ' e l l e r e n t r e dans 1 ' image s o c i a l e du c y c l e s c o l a i r e de t o u t e n f a n t , 1 ' é c o - l e m a t e r n e l l e "normaZisefl l a v i e s o c i o - f a m i l i a l e , f a i t v i v r e l ' e n f a n t handicapé e t sa f a m i l l e au même rythme que l e s a u t r e s , "eomms: eux". C e t t e no rmal i sa t ion a souvent un r e t e n t i s s e m e n t impor tant s u r l a c e l l u l e f a m i l i a l e e t s u r l e vécu des handicaps par l e s p a r e n t s . C e r t e s , pour beaucoup de p a r e n t s , nous l ' a v o n s vu, i 1 s o n t a u s s i "gagn8 du temps, l e pZus l o i n poss ib le t f .

C e t t e no rmal i sa t ion s'accompagne dans c e r t a i n s c a s , d 'une s é c u r i t é s o c i o - p r o f e s s i o n n e l l e pour l e s mères. L ' éco le m a t e r n e l l e f a c i l i t e l a c o n t i n u i t é de l e u r t r a v a i l , 1 ' a p p o r t d ' un deuxième s a l a i r e e t l ' o u v e r t u r e à des a c t i v i t é s où n ' i n - t e r v i e n t pas l e problème de l ' e n f a n t handicapé, Dans d ' a u t r e s c a s , l e s conséquences de l ' i n t é g r a t i o n s o n t s u r t o u t psycholo- g iques : au c o n t a c t de j a r d i n d ' e n f a n t s , l a mère de Sophie , par exemple, a dépassé l a dépress ion con juga le ; e l l e v o u d r a i t u n a u t r e e n f a n t e t a p r i s conscience de l ' h y p e r p r o t e c t i o n e t du fond d é p r e s s i f de son mar i . La mère de F ranço i se , a u s s i , a eu u n second e n f a n t , r e t r a v a i l l e , e t s ' e s t dé tachée de son mar i , t r è s d é p r e s s i f encore .

Nous avons v u , par c o n t r e , que dans bien des c a s , c e t t e "normal isat ion" de l a v i e quo t id ienne cau t ionne chez l e s p a r e n t s u n déni des d i f f i c u l t é s , un r ecu l v i s - à - v i s de

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l'avenir, et alimente les espolrs éloignés de la réalité. On rencontre aussi la situation inverse où la scolarité en classe maternelle a confirmé un potentiel qui n'était pas toujours évident et fait envisager une orientation subnormale mieux adaptée - comme elle a permis, pour d'autres parents, d'accepter et d'investir l'orientation spécialisée qui sera, à présent, plus bénéfique à leurs enfants.

En fait, comme à la crèche, l'intégration de l'enfant handicapé en maternelle doit toujours s'accompagner d'un tra- vail avec les parents sur 'ta valeur et la signif7cation - ac- tuelle et à long terme - de cette intégration qui influence l'avenir de leur enfant.

Quant à 1 'incidence de 1 'ensemble des données fami- liales sur le déroulement de I 'intégration scolaire elle-même, celles-ci semblent avoir un rôle moins direct qu'en crgche. Elles n%n sont pas moins très importantes, mais elles ne sont pas chargées de fa même intensité affective,

II - BILAN DE L'INTEGRATION EN ECOLE NATERNELLE OU EN

JARDIN D'ENFANTS. (cf. Monographies)

Les bénéfices de l'intégration en école maternelle sont manifestes pour 22 enfants sur 25. Dans six cas, te diagnostic initial a considérablement évolué : pour André, dont la cécjté est devenue amblyopie sévère, et le P.O. (Quotient de Dévelop- pement) s'est normalisé, pour Inès dont la normalisation s'est effectuée sur tous les plans pour ne laisser que le déficit isole - et compris mal compris - du langage, pour Sylvaine et Syivie dont 1 'infirmité motrice cérébrale était telle qu'el le bloquait complètement tout avenir d'insertion ( 1 'une entre au C.P., 1 "utre au C.E.), pour Yves q u i , comme André, comme Sophie, s'est à ce point normalisé, que se posera en fait, comme problème, l'absence de structures adaptées à l'enfant aveugle en milieu normal. On note pour Clément et Léa une progression nettement plus rapide des acquisitions - qui se traduit, d'ailleurs, sur leur Q.D., et pour François, Igor, Irène, Séveri ne, Vtrginie, une telle amélioration des troubles du comportement - voire de la structuration de leur personna- lité, que l'orientation prévue a ét@ modifiée ou repoussée ultérieurement.

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S i on analyse l e s r éus s i t e s d ' i n t ég ra t i on - moins spec- t a cu l a i r e s que ces 13 cas - pour 9 au t r e s enfants , on note q u ' e l l e s reposent, comme à t a crêche { c f , pages 60-61 ) sur l3&larg issement social e t pédagogique dont l ' e n f a n t bénéficie : ses acquis i t ions s ' a ccé l è r en t , même s i e l l e s r e s t en t l en t e s , sont i n t é r e t e t ses échanges se d i v e r s i f i e n t , son autonomiet su r tou t* s ' a f f i rme ,

Enfin, nous f 'avons vu, des i n se r t i ons qui nous parai s- sen t f r a g i l e s 7a première annëe, ou supe r f9c i e? l e s , on t é t é réuss ies l a deuxième année. Dans ces dern te rs c a s , 41 e s t v r a i , 1 ' enfant a besoin qu'on respecte sa maturation, mais i l nous p a r a i t , à long terme, avoir p r o f i t é de l a c o l l e ç t i v i t é en en reg i s t r an t e t en accumulant des repères , dans une phase récept ive pos i t ive , par fo is par comparaison avec u n mf l ieu fami l ia l encore peu mobilisé pour l u i ou ne sachant pas l e st3mu'ler,

Dans quelques ca s , des inconvénients apparafssent con- jointement aux bénéfices : maintien des parents dans une a t t i t u d e i r r é a l i s t e , période de régression l o r s de changements d ' éduca t r ices ou de sec t ion chez l e s enfants f r a g i l e s , inadé- quation de 1 ' l n s t i t u t r i c e aux d i f f i c u l t é s ou aux acqu î s i t i ons de l ' e n f a n t , e f f o r t s t rop importants demandés à des enfan ts d6jà surchargés e t f a t i g a b l e s ,

Enfin, nous observons t r o i s échecs d ' i n t ég ra t i on : F?orence n ' é t a i t pas bien préparée à une confrontat ion avec l a c o l l e c t i v i t é de l ' é c o l e , Ju l ien n'a pos trouvé une s t ruc - t u r e pëdagogique capable de l ' a c c u e i l l i r e t e l l e seule e s t en cause; Lydie, e l l e , a sou f f e r t de ces deux fac teurs : prépa- r a t i on i n su f f i s an t e e t s t r uc tu re d 'accuei l dépassée par son handt'cap,

Nous avons v u que 1 ' i n t ég ra t i on de 1 "nfant handicapé en ecole maternel Te ou en ja rd in d 'enfan ts "n0rma2ise'~ 1 a v i e quotidienne de l a c e l l u l e f a m i l i a l e , dans ses rythmes, dans son ouverture au monde ex t é r i eu r , dans l e maintien de l a v i e professionnel le des mères.

A c e t âge de l a v i e de l ' e n f a n t , dans l a grande major i té des ca s , l e s parents ont p r i s conscience du handicap - ce qui n ' e s t pas toujours l e cas à l a crèche - mais f l s n'en mesu- r en t pas toujours l e s conséquences pour l ' a v e n i r , e t l e wtrsrnps" de l a maternel le , l a comparaison avec l e s au t r e s en- f a n t s l e s a ide à évoluer. C 'es t sur tou t l e s réac t tons e t l '&vo lu t i on de leur enfant rfdans" c e t t e i n se r t i on sco ' la i re , au f i l des mois, qui vont l e s convaincre dans u n sens ou dans u n au t r e - l ' a v i s de l ' i n s t i t u t r i c e , des thérapeutes , des spé- c l a l i s t e s ne f a i s a n t q u e ponctuer l e plus souvent ce parcours.

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11 r e s t e l ' i n c o n v é n i e n t de donner t r o p d ' e s p o i r s à c e r - t a i n s p a r e n t s , mais nous avons V ~ J , en dimension l o n g i t u d i n a l e , que , t ô t ou t a r d , c e t t e phase va ê t r e dépassée ( c e qui ne veut pas d i r e : surmontée pour t o u s ) .

L ' i n t é g r a t i o n d 'un e n f a n t handicape ne l a i s s e jamais i n d i f f é r e n t e l ' i n s t i t u t i o n , même l o r s q u ' i l y a échec; c e l l e de J u l i e n f a i t , i c i , excep t ion . C e r t e s , au j a r d i n d ' e n f a n t s ou à l ' é c o l e m a t e r n e l l e , l ' i n s t i t u t r i c e e s t p l u s i s o l é e q u ' a t a c reche e t , s e u l e , responsable de sa s e c t i o n . Cependant, t o u t I ' é t a b l i s s e m e n t e s t concerné par l e s moments d ' a c t i v i t é s communes ( e n t r é e s , s o r t i e s , r é c r é a t i o n s , c a n t i n e ) e t par l e s passages de s e c t i o n ,

Dans l a t r è s grande m a j o r i t é , l a r é u s s i t e de l ' i n t é g r a t i o n a r e v a l o r i s é 1 ' i n s t i t u t i o n e t s u r t o u t 1 ' i n s t i t u t r i c e : e l l e s o n t , dans 1 9 c a s s u r 25, exprimé l e s r e t e n t i s s e m e n t s , a f f e c t i f e t pe r sonne l , qu 'on t eu s u r e l l e s l a c o n s t a t a t i o n des progrès de l ' e n f a n t , l a r e v a l o r i s a t i o n venant des pa ren t s e t du C . A . E . E l l e s r econna i s sen t a v o i r évolué dans l e u r s p r a t i q u e s - e t p a r f o i s , p lus profondément, s u r u n plan personnel - c e dont e l l e s p a r l e n t avec l e u r s co l l ègues . Mais, l e s u r c r o î t de t r a - v a i l e s t impor tan t , e t e l l e s s o u h a i t e r a i e n t , pour poursu iv re e t é l a r g i r c e t t e i n t é g r a t i o n , une format ion e t u n s o u t i e n appropr i é s .

Sur l e s 25 c a s s u i v i s , 4 e n f a n t s o n t é t é o r i e n t é s en E.H.P. dans de bonnes c o n d i t i o n s , 5 en c l a s s e i n t é g r é e ou de perfec t ionnement , 7 e n f a n t s s u i v e n t une s c o l a r i t é normale pour l e u r âge; 3 e n f a n t s s o n t maintenus en é c o l e m a t e r n e l l e pour s u i v r e l e u r é v o l u t i o n , en accord avec l ' é t a b l i s s e m e n t , If r e s t e , a i n s i , 4 e n f a n t s en a t t e n t e d ' o r i e n t a t i o n , maintenus c e r t e s dans l ' é t a b l i s s e m e n t mais dont l e s p a r e n t s e t 7 ' i n s t i - t u t r i c e saven t qu'une d é c l s i o n e s t en cours de r é f l e x i o n , e t q u ' i l s y p a r t i c i p e n t tous .

A i n s i , l ' i n t é g r a t i o n s c o l a i r e n ' e s t pas une impasse, mais une pér iode de v i e e t de changements ou l ' i n t é r ê t de l ' e n f a n t e s t r e s t é au premier plan des préoccupat ions de t o u s , même dans l e s 3 c a s d ' échecs . Nous r e t rouvons , i c i , l e même c o n s t a t que dans l e b i l an des c rèches { c f . page 6 5 ) .

Nous voudr ions , cependant , i s o l e r un groupe p a r t i c u l i e r d ' e n f a n t s quant à l e u r d e v e n i r : c e l u i des 3 e n f a n t s a t t e i n t s d e c é c i t é , i n t e l l i g e n t s , don t t o u s l e s t r o u b l e s du comportement

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* W L M r " 3 1 Z W M

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Zorha f o b s e r v a t i o n N e 40 dans n o t r e r e c h e r c h e ) a d ' a b o r d é t é r e w dans une p r e m i è r e é c o l e a v a n t d ' é t r e i n t é g r é e dans c e l l e où nous l ' a v o n s s u i v i e . C e t t e e n f a n t a des s o e u r s p l u s âgées, s c o l a r i s é e s dans une é c o l e p r o c h e du d o m i c i l e . C e t t e é c o l e p r e n a n t p r é t e x t e de c l a s s e s s u r c h a r g é e s , de l a t r o p g r a n d e r e s p o n s a b i l i t é des m a î t r e s s e s c r a i g n a n t des c h u t e s , a r e f u s é l ' a d m i s s i o n de Zorha. Le s e r v i c e s o c i a l du C.A.E. en i n v o q u a n t des p rob lèmes f a m i l i a u x a demandé à t ' a s s i s t a n t e de s e c t e u r de b i e n v o u l o i r i n t e r v e n i r p o u r o b t e n i r une admis - s i o n ( d é r o g a t i o n dans un a u t r e g r o u p e s c o l a i r e ) . C e t t e i n t é - g r a t i o n s ' e s t f a i t e avec c e r t a i n e s r é t i c e n c e s , l ' e n f a n t âgée de 4 ans a y a n t un développement i n t e l l e c t u e l normal n ' é t a i t admise q u ' e n p e t i t e s e c t i o n c a r c e t t e c l a s s e se t r o u v a i t au rez -de-chaussée . L ' i n t e r v e n t i o n de l ' i n s t i t u t r i c e de moyenne s e c t i o n , q u i a v a i t p a r une une f o r m a t i o n c o m p l é m e n t a j r e , une bonne c o n n a i s s a n c e des p rob lèmes des e n f a n t s i n f l r m e s m o t e u r s , a p e r m i s à c e t t e p e t i t e f i l l e d ' é t r e a c c e p t é e dans l a c l a s s e de c e t t e f n s t i t u t r i c e avec l e s e n f a n t s de son âge, b i e n que l a s a l l e se t r o u v e au p r e m i e r é tage . La c o n d i t i o n m i s e p a r l a d i r e c t r i c e à c e changement f u t l ' o b l i g a t i o n , p o u r l ' e n f a n t , de p o r t e r u n casque. Après un t r i m e s t r e , l a d i r e c t r i c e , a i n s i que l e p e r s o n n e l , o n t t o u t a f a i t i n t é g r é l a f i l l e t t e , 1 ' e n - f a n t ne p o r t e p l u s de casque, monte l ' e s c a l i e r s e u l e , p a r t i c i p e t r è s a c t i v e m e n t à l a v i e de l a c l a s s e , E l l e e s t reconnue p a r l a d i r e c t r i c e comme u n é l é m e n t s t i m u l a n t p o u r l e s a u t r e s e n f a n t s .

Suzanne, deux ans e t demi, e s t a t t e i n t e d ' u n h a n d i c a p m o t e u r a e s m e m b r e s i n f é r i e u r s s é q u e l l e s de p o l i o m y é l i t e .

Sa maman a p r i s c o n t a c t , en mars 1978, avec l a d i r e c - t r i c e de l ' é c o l e m a t e r n e l l e de son s e c t e u r , q u i p r o p o s e une c l a s s e d e p l e i n a i r à p a r t i r de mai ou d e j u i n 1978, La maman n ' a c c e p t e pas c e t t e s o l u t i o n ensant q u ' i l s t a g i t d 'une

"; e l l e s o u h a i t a i t Une i n t é g r a t i o n t o u s l e s m a t i n s , l u i ~ r o ~ o s a i t deux a ~ r è s - m i d i Dour u n d é b u t . E l l e

se met 'en r a p p o r t a i e c 1 ' ~ n s p e c t e u r de 1 k ka dé mie a f i n de l u i demander l ' a d m i s s i o n de Suzanne dans une c l a s s e n o u v e l l e , m a i s i l n ' y a p l u s de p l a c e ,

En novembre 1978, Suzanne e s t i n t é g r é e à m i - temps en c l a s s e de p l e i n a i r où e l l e e s t b i e n a c c u e i l l i e p a r son i n s - t i t u t r i c e . C e t t e c l a s s e r e ç o i t des e n f a n t s de 3 5 ans, en a t e l i e r de 2 5 e n f a n t s . La maman pense a l o r s que l ' i n t e r v e n - t i o n de l ' I n s p e c t e u r a p e u t - ê t r e p e r m i s une i n s e r t i o n p l u s r a p i d e , e t l e c h o i x de l a c l a s s e . M a i s e l l e e s t i m e q u ' u n e "&eoZe nouve2ZeW f t y p e D e c r o l y ) o f f r i r a i t à Suzanne une me? l - l e u r e é v o l u t i o n . Le D i r e c t e u r r é p o n d p a r u n r e f u s p o u r t r o t s r a i s o n s : I l s p r e n n e n t l e s f r è r e s e t s o e u r s des e n f a n t s d é j à i n t é g r é s ; i l s ne p e u v e n t r é p o n d r e d é j à aux demandes anc iennes ; e t , en p l u s , l e s e n f a n t s admis s o n t t i r é s au s o r t . l e C.A.E. p r o p o s e a l o r s une p r i s e en c h a r g e en g roupes pédagog iques ,

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Suzanne e s t t r e s rapidement admise à l ' é c o l e m a t e r n e l l e du s e c t e u r ! En f a i t , l a d i r e c t r i c e e s t c o n s c i e n t e des p rob lè - mes des e n f a n t s handicapés e t n ' a v a i t émis quelque r é t i c e n c e , au cours des premiers c o n t a c t s "que dans L f i n t d r & t de Z'en- f an t " . Mais l a maman ne 1 ' a v a i t pas vécu a i n s i .

IV - CONCLUSION.

Nous avons é t u d i é l ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e , ou en j a r d i n d ' e n f a n t s , de 25 e n f a n t s handicapés - IO garçons e t 15 f i l l e s â g é s , au moment de n o t r e é t u d e , e n t r e 3 e t 7 ans . C4nq e n f a n t s é t a i e n t a t t e i n t s de d é f i c i e n c e menta le (don t q u a t r e t r i somiques 211, s e p t d ' i n f i r m i t é mot r i ce c é r é b r a l e , t r o i s de c é c i t é , s ans t r o u b l e s a s s o c i é s . Cinq e n f a n t s é t a t e n t a t t e i n t s d ' i n f i r m i t é mot r i ce c é r é b r a l e a s s o c i é e à u n r e t a r d de développement mental e t des t r o u b l e s du comportement; c inq a u t r e s de d é f i c i e n c e menta le a s s o c i é e à des t r o u b l e s du com- portement e t de l a p e r s o n n a l i t é , dont un a t t e i n t de s u r d i t é .

Dans 2 2 c a s s u r 25, on peut p a r l e r d 'une r é u s s i t e de c e t t e i n t é g r a t i o n p o r t a n t s u r l e s q u a t r e p o i n t s s u i v a n t s :

- Pour c e s 22 e n f a n t s , l e s a p p o r t s pédagogiques e t soc io - a f f e c t i f s de I ' é c o l e maternel l e , ou du j a r d i n d ' e n f a n t s , o n t é t é c o n s t a n t s . I l s s e son t t r a d u i t s pa r une a c c é l é r a t i o n du rythme de l e u r s a c q u i s i t i o n s dans t o u s l e s c a s e t p a r f o i s d 'une normal i sa t ion de l e u r 9.0. par une d i v e r s i f i c a t i o r i de l e u r s p o s s i b i l t t e s d ' i n t é r ê t e t d 'échanges r e t e n t i s s a n t s u r l a s t r u c t u r a t i o n de l e u r p e r s o n n a l i t é e t l ' a f f i r m a t i o n de l e u r autonomie. Pour s i x c a s , l e d i a g n o s t i c i n i t i a l en a é t é cons i - dérablement modif ié a i n s i que l ' o r i e n t a t i o n prévue.

Cependant, on a observé conjointement quelques d i f f i - c u l t é s , en p a r t i c u l i e r l ' e n t r e t i e n d ' u n e i l l u s i o n d e normali- s a t i o n , à long terme, pour c e r t a i n s p a r e n t s , e t d ' e f f o r t s d ' a d a p t a t i o n t r o p impor tan t s demandés p a r moment à c e r t a i n s e n f a n t s . Enf in , t r o i s échecs d ' i n t é g r a t i o n d o i v e n t ê t r e n o t é s , dus à une p r é p a r a t i o n i n s u f f i s a n t e de l ' e n f a n t à l a c o l l e c - t i v i t é s c o l a i r e , ou à une s t r u c t u r e d ' a c c u e i l mal adap tée au handicap de l ' e n f a n t ,

- L ' i n t é r ê t de l ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e e s t également man i fes t e pour l a f a m i l l e : main t i en de l ' a c t i v i t é p r o f e s s i o n n e l l e de l a m@re, rythme de v i e de t ' e n f a n t handi- capé en homogénéité avec ceux d e sa f r a t r i e e t d e s e s p a r e n t s , obse rva t ion des p o s s i b i l i t é s r é e l l e s de l e u r e n f a n t c o n f r o n t é à c e t t e i n s e r t i o n pendant p l u s i e u r s mois.

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- L'intégration des enfants handicapés revalorise 1'5ns- titution qui les accueille et surtout les investissements affectif s professionnef s des institutrices. S i toutes ont réclam& une aide en raison du surcroTt de travail ainsl qu'une information, voire une formation plus poussée, elles ont toutes constaté un enrichissement dans leurs pratiques pro- fessionnelles et sauvent une évolution personnelle plus pro- fonde.

- Enfin, la rëussite de cette intëgration est confirmée jusque dans Ikrientation des enfants, qui s'est faite au mieux de leur intërPt, dans un établissement speçialisé comme en Srcirou.it" normal ou subnormaf ( 1 2 sur 25). L'Bvolut$on et la qualitë de l%daptation des enfants aveugles posent l e probleme de leur integration en milieu non spêcialisé et ouvrent, %ci, une nouvelle voie de recherche et d'action,

Aussi, en tenant compte de certaines difficultGs, I"ntégration de l%nfant handScapG en école maternelle ou en Jardin d'enfants, apparaît au terme de cette etude comme une rëuçsi te qui devrait Stre encouragée et général içée. Elle necessite cependant un sautlen particulfer de l'institutrice et de la famil3e, et une surveillance de l'êvolution de l'enfant, d'autant plus nécessaire que cette période coZncide souvent avec celle de son orientation scolaire ultérieure.

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~ E M E PARTIE

CONCLUSIONS GENERALES

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CONCLUSIONS GENERALES.

C e t t e r e c h e r c h e , p o r t a n t s u r l ' i n t é g r a t i o n s o c i a l e du j e u n e e n f a n t h a n d i c a p é e n c o l l e c t i v i t é é d u c a t i v e non s p é - c i a l i s é e , nous a p e r m i s d ' a p p r é c i e r l e s r é s u l t a t s d e l ' i n - s e r t i o n e n c r è c h e , e n é c o l e m a t e r n e l l e ou en j a r d i n d ' e n f a n t s , d e 40 j e u n e s e n f a n t s a t t e i n t s de h a n d i c a p s d i v e r s s u r l e p l a n m o t e u r , s e n s o r i e l ou m e n t a l .

Nos p r i n c i p a u x o b j e c t i f s é t a i e n t , d a n s u n p r e m i e r t emps , d ' é v a l u e r l a r é a l i t é e t l a q u a l i t é d e c e t t e i n s e r t i o n d a n s s o n d é r o u l e m e n t e t d a n s l a p e r s p e c t i v e d e l ' a v e n i r d e l ' e n f a n t . Dans u n d e u x i è m e temps, n o u s s o u h a i t i o n s p r é c i s e r s u r q u e l s c r i t è r e s d e r é u s s i t e ou d ' é c h e c n o u s a p p r e c l l o n s l e s b é n é f i c e s o u l e s i n c o n v é n i e n t s d e c e t t e i n t é g r a t i o n . Dans u n t r o i s i P m e temps , n o u s a v o n s v o u l u d é g a g e r l e s f a c t e u r s q u i s o n t i n t e r v e n u s dans c e s r é u s s i t e s o u c e s é c h e k s . E n f i n , n o u s a v o n s e s s a y é d e m e t t r e e n é v i d e n c e l e s mo e n s à m e t t r e + e n o e u v r e p o u r f a c i l i e r l ' o u v e r t u r e d e c e s m i i e u x d ' a c c u e i l aux e n f a n t s h a n d i c a p é s e t l a p r a t i q u e d ' u n e i n t é g r a t i o n v é r i - t a b l e .

1 - BILAN DE L' INTEGRATION DES 40 ENFANTS HANDICAPES

EN CRECHE, ECOLE MATERNELLE ET JARDIN D'ENFANTS.

37 e n f a n t s s u r 40 o n t b é n é f i c i é d e f a ç o n é v i d e n t e d e l e u r i n t é g r a t i o n dans c e s c o l l e c t i v i t é s .

L o i n d e f r e i n e r , l a c r è c h e , comme 1 ' é c o l e m a t e r n e l l e , o f f r e à l ' e n f a n t h a n d i c a p é des p o s s i b i l i t é s d e r o g r è s e t d ' a c q u i s i t i o n s d ' a u t a n t p l u s a p p r é c i a b l e s q u ' o n p p o u v a i t c r a i n d r e u n e c e r t a i n e s t a g n a t i o n p o u r c e s e n f a n t s , en c o l l e c - t i v i t e , a l o r s q u ' i l s o n t b e s o i n d e s t i m u l a t i o n s t r è s i n d i v i - d u a l i s é e s . Dans d e nombreux c a s , nous l ' a v o n s vu, e l l e l e s f a v o r i s e méme, comme e n t é m o i g n e 1 ' a c c é l é r a t i o n d e l a p r o - g r e s s i o n o b s e r v é e aux examens p s y c h o l o g i q u e s , o u l o r s d e s o b s e r v a t i o n s s u r l e t e r r a i n , e f f e c t u é e s a u c o u r s d e l a d e u - x i è m e année.

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Ces c o l l e c t i v i t é s o f f r e n t à l ' e n f a n t h a n d i c a p é un l i e u de v i e é d u c a t - i f "norrnaZisan$" dans l a mesure où t o u s l e s a u t r e s e n f a n t s p e u v e n t en b é n é f i c i e r e t où il n ' e s t p l u s l e c e n t r e des a n g o i s s e s ou des t e n s i o n s q u i se r e p o r t e n t s u r l u i dans son m i l i e u f a m i l i a l , 1 1 y a l à une s o r t e de dé a ement q u o t i d i e n , où l ' e n f a n t p e u t ê t r e lu i -même, de f a c o n d* de c e que l ' o n o b s e r v e dans sa f a m i l l e où il e s t p o r t e u r de p r é o c c u p a t i a n s l o u r d e s de c h a r g e a f f e c t i v e , que c e s o i t a u n i v e a u du r e j e t ou de l ' h y p e r p r o t e c t i o n . Nous voyons, i c i , une des causes à l ' é p a n o u i s s e m e n t que nous o b s e r v o n s chez ces e n f a n t s dans l a c o l ? e c t i v i t é , e t q u i r e t e n t i t s u r l e u r v i e en f a m i l l e .

t a g r a n d e m a j o r i t é des e n f a n t s , y c o m p r i s ceux q u i o n t p r o g r e s s é t r è s l e n t e m e n t , o n t a c q u i s une m e i l l e u r e au- tonomie , e t se s o n t a f f i r m é s . De p l u s , c o n t r a i r e m e n t à nos c r a i n t e s p r é a l a b l e s , l e s e n f a n t s a t t e i n t s de t r o u b l e s du compor tement e t de l a c o m m u n i c a t i o n se s o n t a m é l i o r é s , p a r f o i s c o n s i d ë r a b l e m e n t , m o d i f i a n t f a v o r a b l e m e n t l a s t r u c t u r a t i o n de l e u r p e r s o n n a l i t é .

E T r é s u l t e de c e s t r o i s p r e m i e r s p o i n t s que des d i a g n o s t i c s i n i t i a u x o n t changé f a v o r a b l e m e n t , a i n s i que l e s d i r e c t i o n s d ' o r i e n t a t i o n .

Ces c o l l e c t i v i t é s p e r m e t t e n t à l a mère de t r a v a i l l e r , avec c e que c e l a p e u t c o m p o r t e r d ' a v a n t a g e s m a t é r i e l s e t p s y c h o l o g i q u e s , Dans c e r t a i n s c a s , l e f a i t de " Z i b d r e r " l e s p a r e n t s de l ' e n f a n t h a n d i c a p é dans l a j o u r n é e - p l u s s y m b o l i - quement p e u t - ê t r e p o u r l e s p è r e s , t r & s c o n c r P t e m e n t p o u r l e s méres - a a m é l i o r é p a r f o i s s p e c t a c u l a i r e m e n t des é p i s o d e s d é p r e s s i f s g r a v e s , au p o i n t q u ' o n a p u p a r l e r de " s a u v e t a g e " dans s i x cas ( e n f a n t s en danger d ' a g r e s s i o n , mères s u i c i d a i - r e s , pPres au b o r d de l ' a b a n d o n ) . Or, l ' e n f a n t h a n d i c a p e n e p e u t pas t i t r e appréhendé indépendamment de sa f a m i l l e e t il b é n é f i c i e , l u i a u s s i , d e s a i d e s q u i l a s o u l a g e n t .

D ' a u t r e p a r t , c o n f r o n t é s à l a c o m p a r a i s o n avec l e s a u t r e s e n f a n t s , f a c e a u r y t h m e d ' a c q u i s i t i o n s de l e u r p r o p r e e n f a n t p a r r a p p o r t aux e x i g e n c e s g é n é r a l e s e t c o n n a i s s a n t son b e s o i n d ' a i d e s s p é c i a l i s ë e s , l e s p a r e n t s , peu à peu, p r e n n e n t c o n s c i e n c e de l a r é a l i t é des d i f f i c u l t é s de l e u r e n f a n t e t accompagnent l e s d é c i s i o n s d ' o r i e n t a t i o n p r i s e s au moment o p p o r t u n . I l s l e f o n t d ' a u t a n t p l u s a c t i v e m e n t q u ' a

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ê t é reconnu, à un moment donné, l e d r o i t pour 1 ' e n f a n t de b é n é f i c i e r d'une c o l l e c t i v i t é "norma2e1' e t q u ' i l s on t pu c o n s t a t e r par eux-mémes que c e l l e - c l ne convena i t p l u s , L ' i n s e r t i o n de l ' e n f a n t handicapé dans ces c o l l e c t i v i t é s a f a c i l i t é , dans de nombreux c a s , c e t t e évo lu t ion p a r e n t a l e don t l ' e n f a n t b é n é f i c i e également.

Les échecs son t r a r e s , nous l ' a v o n s v u ( 3 c a s s u r 40) e t c o n s i d e r é s comme t e l s lo r sque : l ' e n f a n t ne f a i t pas d ' a c q u i s i t i o n s , s t a g n e , n ' e s t pas i n d i v i d u a l i s é , s ' i s o l e , semble abandonné, e t p a r a î t p lus t r i s t e e t p lus p a s s i f dans l a c o l l e c t i v i t é qu'en f a m i l l e ou au Centre . Lorsque l ' e n f a n t s e dégrade s u r l e plan s o c i o - a d a p t a t i f , avec a p p a r i t i o n ou aggrava t ion des t r o u b l e s du comportement.

Autre inconvénient : dans c e r t a i n s c a s , l a q u a l i t é de t ' i n t é g r a t i o n e t 1 '@panouissment de 1 ' e n f a n t "ZeurrentW l e s p a r e n t s , ou l e s c o n f o r t e n t dans un c e r t a i n r e f u s de l a r é a - l i t é de s e s handicaps, r e c u l a n t d ' a u t a n t 3a p r i s e de cons- c i e n c e n é c e s s a i r e à l ' a p p a r i t i o n de dé fenses ou d ' u n e r é o r - g a n i s a t i o n p lus adap tées , Ce déni profond e s t e n t r e t e n u par l a r é u s s i t e p a r t i e l l e de l ' i n s e r t i o n , mais a u s s i , l e p lus souvent , par u n r é p i t que ces f a m i l l e s s e donnent : défense t r a n s i t o i r e c o n t r e l ' a n g o i s s e e t l a dépress ion .

Enf in , s u r un plan plus l a r g e , nous avons observé des conséquences de l ' i n t é g r a t i o n sur l a p e r s o n n a l i t é e t l a v i e quo t id ienne de l ' e n f a n t handicapé que nous n ' av ions pas pré- vues , e t q u ' i l nous p a r a i t impor tant de dégager : no t re volonté d ' i n t é g r e r c e s e n f a n t s en mi l ieu normal a comporté en e l l e - même, u n r e v e r s d i f f i c i l e à assumer pour c e r t a i n s de c e s en- f a n t s à u n moment donné : ê t r e "un* seul , parmi d ' a u t r e s , s ans r e f l e t s , s ans image semblable, s ans "pare22 que Zui f l . ê t r e seu l p o r t e u r d ' u n handicap p e r c e p t i b l e à l ' â g e où se s t r u c t u r e n t lentement l e moi e t l ' image de s o i , n ' e s t pas sans inc idence . C e r t a i n s e n f a n t s , dans l e u r évo lu t ion obse r - vée au C . A . E . en s i t u a t i o n t r è s i n d i v i d u a l i s é e e t i n t i m e , nous o n t paru découvr i r l e u r i d e n t i t é de manière néga t ive : "Je s u i s ceZui qu i ne v o i t pasw, "Qui ne marche pasv, "Qui n ' a pas Les mêmes yeuxt f , "Qui n 'a pas l a même t ê t e H . C ' e s t - à - d i r e qu 'à t r a v e r s "son" h i s t o i r e e t NL'ensembZe des c i rcons tances qu i font qu'une personne es2 b ien teZZe personne determinde (Caroussel e t non une au t re" , e t que rlsous t o u s s e s a s p e c t s " , l ' enfant , peu à peu, prend conscience "qu ' i2 e s t un" (Larousse ) , i l découvre que c e t t e " i d e n t i t d de son Moi ne gagne de foree rêeZZe que par La reconnaissance s inedre e t seab le d'une rdus- s i t e vdr i tabZe , q u i a i t un sens dans sa c u 2 t u r e s (Er ik son , Enfance e t SoeiBtd 1959, DeZachaux e-t. IhTestZe'l. Or, 1 ' e n f a n t

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p e r ç o i t son h a n d i c a p d ' a u t a n t mieux e t d ' a u t a n t p l u s f réquem- ment que l e s d i f f é r e n c e s e t l e s c a r a c t é r i s t i q u e s q u i l u i s o n t p r o p r e s marquen t des v i c i s s i t u d e s e t des d i f f i c u l t é s p a r r a p - p o r t aux a u t r e s , q u ' i l se t r o u v e constamment parmi l e s a u t r e s , e t non p l u s c o n f i n é dans l e s e u l m i l i e u f a m i l i a l . P s y c h a n a l y - t i q u e m e n t , on s a i t combien l e s r e f l e t s , l e s images de Soi que l ' e n f a n t r e s s e n t à t r a v e r s ce q u ' e x p r i m e n t l e s a u t r e s de l u i , s o n t d é t e r m i n a n t e s dans l e s p r o c e s s u s de l ' i d e n t i f i c a t i o n . On s a i t , avec WALLON, comment l ' e n f a n t c o n s t r u i t peu à peu c e t t e image de s o i p o u r p a r v e n i r à l a "consc i ence de s o i " ( s t a d e d u p e r s o n n a l i s m e ) , combien c e t t e p é r i o d e , e n t r e deux ans e t demi e t s i x ans e s t f r a g i l e , j u s t e m e n t à 1 'âge de 1 ' i n t é g r a t i o n s c o l a i r e des e n f a n t s de n o t r e é t u d e . 11 n ' e s t donc pas é t o n - n a n t que l e c o u r s e t l e c o n t e n u de c e r t a i n e s p s y c h o t h é r a p i e s ou des séances de p s y c h o m o t r i c i t é s ' e n s o i e n t t r o u v é s m o d i - f i é s ; l a n é c e s s i t é de p a r l e r beaucoup p l u s t ô t à " c e t t t e n f a n t ( e t non p l u s à ses p a r e n t s ) de ltson" h a n d i c a p , s ' e s t n o u v e l - l e m e n t imposée. M a i s a u s s i , nous commençons à p o s e r l a ques- t i o n : ne s e r a i t - i l pas p l u s s a i n d ' i n t é g r e r p l u s i e u r s e n f a n t s h a n d i c a p é s , ensemble. . . m a i s c ' e s t , p r o b a b l e m e n t . une a u t r e é t a p e .

De même, nous n ' a v i o n s pas t o u j o u r s p e r ç u q u e l s e f f o r t s é t a i e n t q u o t i d i e n n e m e n t demandés à c e r t a i n s de ces e n f a n t s dans c e t t e i n t é g r a t i o n . où se p a s s a i t l e u r "enfance" m a l g r é l a g r a t u i t é q u ' i m p l i q u e c e t t e phase de l a v i e .

L ' o b s e r v a t i o n l o n g i t u d i n a l e a p e r m i s de nuancer l e s p r e m i é r e s i m p r e s s i o n s de r é u s s f t e s ou d ' é c h e c s , de b é n é f i c e s ou d ' i n c o n v é n i e n t s . Nous avons, en e f f e t , n o t é des p é r i o d e s p o s i t i v e s a l t e r n a n t avec des p é r i o d e s p l u s d i f f i c i l e s , ou e n c o r e des a l é a s b i e n t ô t su rmontés . Nous avons d é c r i t des phases, des phénomènes de l a s s i t u d e ou de s c e p t i c i s m e q u i s u c c é d a i e n t à une ou deux années d ' i n v e s t i s s e m e n t e t q u i n ' é t a i e n t pas t o u j o u r s j u s t i f i é s o b j e c t i v e m e n t . I l s s ' i n s - c r i v a i e n t dans un c o n t e x t e de r é p é t i t i o n s , i m i n e n c e d ' u n e o r i e n t a t i o n t r o p s o u v e n t r e c u l é e ou e n c o r e mal p r é c i s é e , changement d ' é d u c a t r i c e . r y t h m e de p r o g r è s m o i n s s p e c t a c u l a i r e ou m o i n s r e v a l o r i s a n t p o u r l ' e n t o u r a g e é d u c a t i f . M a i s nous avons, également , r e n c o n t r é des s i t u a t i o n s i n v e r s e s , où l a p o u r s u i t e de l ' i n t é g r a t i o n dans l e temps a p e r m i s une r é u s s i t e non n é g l i g e a b l e e t des b é n é f i c e s a p p r é c i a b l e s . Dans l ' e n s e m b l e , c e t t e d i m e n s i o n é v o l u t i v e a m i s en é v i d e n c e l e r ô l e de l ' i n t é - g r a t i o n en t a n t que p é r i o d e de t r a n s i t i o n e t d ' o b s e r v a t i o n t r è s p r é c i e u s e s , f a c i l i t a n t l e s d é c i s i o n s d ' o r i e n t a t i o n à p r e n d r e - s o u v e n t d é l i c a t e s l o r s q u ' i l s ' a g i t d ' e n f a n t s a t t e i n t s de h a n d i c a p s s u r a j o u t é s m a i s en p l e i n deve loppement .

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II - CRITERES DE REUSSITE OU D'ECHEC DE L'INTEGRATION.

Sur q u e l s c r i t è r e s , au terme de c e t t e r e c h e r c h e , pouvons- nous d é t e r m i n e r s i une i n t é g r a t i o n e s t r é u s s i e ou non ?

. Au p r e m i e r p l a n , nous t r o u v o n s l a p r o g r e s s i o n de l ' e n - f a n t à u n âge où il d e v r a i t ê t r e en p l e i n développement , l a s t a g n a t i o n , l e s r é g r e s s i o n s , l ' a b s e n c e de p r o g r è s r e p r é s e n - t e n t u n s i g n e d ' a l a r m e o b j e c t i f , q u i e s t j u s t e m e n t vécu comme u n échec.

. C e t t e p r o g r e s s i o n n e se s i t u e pas t o u j o u r s au s i m p l e p l a n des a c q u i s i t i o n s p s y c h o m o t r i c e s ou m e n t a l e s , m a i s a u s s i au p l a n d e l a s o c i a b i l i t é , e t l ' é p a n o u i s s e m e n t ; u n g a r d i e n n a g e apparemment peu i n d i v i d u a l i s é , m a i s q u i s u s c i t e 1 ' i n t é r ê t de 1 ' e n f a n t e t é l a r g i t son u n i v e r s s o c i a l s ' e s t a v é r é , dans p l u - s i e u r s cas p o s i t i f p o u r 1 ' e n f a n t .

. L ' i n d i v i d u a l i s a t i o n de l ' e n f a n t hand icapé , l e f a i t q u ' i l s o i t "reconnu" avec son h a n d i c a p e t son d r o i t de l ' ê t r e a s s o c i é e il une p é r i o d e p l u s a d a p t é e p o u r l u i , e s t éga lement u n c r i t è r e de l a r é u s s i t e de l ' i n s e r t i o n .

. En c o r o l l a i r e , sa p a r t i c i p a t i o n au g r o u p e e t à l ' e n - semble de l a v i e é d u c a t i v e e s t éga lement un c r i t è r e i m p o r t a n t , même s i c ' e s t â son r y t h m e e t s e l o n u n t y p e d ' i n t e r - r e l a t i o n s d i f f é r e n t .

. On d o i t , e n f i n , é v a l u e r ces c r i t è r e s en f o n c t i o n de deux a u t r e s p o i n t s :

- Les v a r i a b l e s soc io -économiques e t p s y c h o l o g i q u e s f a m i l l e s , q u i d o n n e n t dans c e r t a i n s cas une v a l e u r i n e s t i m a b l e à une i n s e r t i o n en c o l l e c t i v i t é de ce t y p e .

- l a q u a l i t é de c e q u i s e r a i t o f f e r t à l ' e n f a n t en f a - m i l l e dans son m i l i e u q u o t i d i e n , ou en n o u r r i c e , quand il a pu y ê t r e g a r d é q u e l q u e s mo is , e t q u i dans c e r t a i n s cas s ' e s t a v é r é e s i m é d i o c r e que, 1 8 a u s s i , l ' i n s e r t i o n en c o l l e c t i v i t é é d u c a t i v e a p r i s une v a l e u r s u p p l é m e n t a i r e non n é g l i g e a b l e .

Il n ' e n r e s t e pas mo ins v r a i que l a f r a g i l i t é de c e s e n f a n t s n é c e s s i t e des a t t i t u d e s é d u c a t i v e s t r è s i n d i v i d u a l i s é e s e t que l e s é d u c a t r i c e s f o u r n i s s e n t p o u r eux des e f f o r t s q u i m é r i t e r a i e n t d ' ê t r e mieux sou tenus , t a n t i l s s o n t au p r e m i e r p l a n des f a c t e u r s de r é u s s i t e de c e t t e i n s e r t i o n .

Q u o i q u ' i l en s o i t , s i l ' i n s e r t i o n d ' u n e n f a n t ne c o r r e s - pond pas au m o i n s à un ou deux des c r i t è r e s résumés c i - d e s s u s , o n p e u t d o u t e r d e l a q u a l i t é de c e t t e i n t é g r a t i o n e t p e u t ê t r e même, p a r l e r d ' é c h e c .

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I I I - FACTEURS D E REUSSITE O U D ' E C H E C D E L'IMTEGRATION.

La r é u s s i t e de 1 ' i n s e r t i o n s o c i a l e d 'un e n f a n t handi- capé , en c rèche ou en m a t e r n e l l e , dépend d ' u n ensemble de f a c t e u r s dont l a r encon t re e s t s ans c e s s e dynamique e t c r é a - t r i c e . I l e s t p e u t - ê t r e donc a r t i f i c i e l de t e s i s o l e r l e s uns des a u t r e s . De même, i l e s t t r è s d i f f i c i l e , à no t re a v i s , de l e s h i é r a r c h i s e r c a r , se lon l e s c a s , u n f a c t e u r de r é u s - s i t e ou d ' é c h e c e s t p r i v i l é g i é par r a p p o r t à l ' a u t r e e t nous observons c e c i pour l e m6me c a s au cours de l a durée de l ' i n - t é g r a t i o n , Ce t t e r é s e r v e é t a n t P a i r e , nous pouvons l e s cons i - r e r sous t r o i s a n g l e s :

Nous avons v u que l e degré , l a g r a v i t é ou l a spé- c i f i c i t é des handicaps n ' i n t e r v e n a i e n t pas dans l a q u a l i t é de t ' i n t é g r a t i o n e t nous en avons é t é p a r t i c u l i è r e m e n t s u r - p r i s ?o r sque l e s e n f a n t s a v a i e n t des t r o u b l e s du comportement ou de l a p e r s o n n a l i t é . Par c o n t r e , l a p e r s o n n a l i t e de l ' e n f a n t , sa communicabi l i té , s e s p o s s i b i l i t é s de compensation, son i n t é r ê t pour I 'environnement jouen t u n grand r ô l e , e t bien entendu, t o u t e a c q u i s i t i o n , t o u t e p rogress ion .

La D i r e c t r i c e , une c e r t a i n e s o l i d a r i t é de 1 ' é q u i p e , une ou deux é d u c a t r i c e s p r i v i l é g i é e s i n t e r v i e n n e n t , en c r è c h e , a l o r s qu 'en m a t e r n e l l e , c ' e s t e s s e n t i e l l e m e n t s u r une s e u l e i n s t i t u t r i c e que r epose ra l ' é v o l u t i o n p o s i t i v e ou non de l ' i n - s e r t i o n de l ' e n f a n t - l a D i r e c t r i c e i n t e r v e n a n t s u r t o u t au d é p a r t , e t comme s o u t i e n i n t e r m i t t a n t - Dans tous l e s c a s , l e r ô l e d 'une s e u l e personne nous a paru r'lelf f a c t e u r i n s t i - t u t i o n n e l l e p lus impor tant pour i n f l é c h i r dans u n sens ou dans u n a u t r e l a q u a l i t é de l ' i n t é g r a t i o n .

Le groupe, également, joue u n r ô l e c o n s i d é r a b l e puisque c ' e s t l u i qui r e l a y e souvent 1 ' é d u c a t r i c e , e t que l e s i n t e r - r e l a t i o n s qui s ' é t a b l i s s e n t e n t r e l u i e t T ' en fan t dépen- dra ? a manière dont 1 ' e n f a n t "pas comme l e s au t r e s r f s e r a "parmi" l e s a u t r e s .

Les données s o c i o - f a m i l i a l e s i n t e r v i e n n e n t en f i n de compte a s s e z peu s u r l e s v a r i a t i o n s de l ' i n s e r t i o n d e

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1 ' e n f a n t , dès l o r s q u ' i l a é t é a c c e p t é , i n d i v i d u a l i s é , e t i n v e s t i . E l l e e s t même p l u t ô t f a v o r i s é e l o r s q u e l e s d i f f i - c u l t é s soc io -économiques ou p s y c h o l o g i q u e s s o n t g r a v e s . Cependant, l a commun ica t ion avec l a f a m i f l e , que 1 ' o n r e t r o u v e dans p resque t o u s l e s cas , même s i e l l e e s t de n a t u r e d i f f é - r e n t e en c r è c h e e t en m a t e r n e l l e , j o u r c e r t a i n e m e n t un r ô l e p o s i t i f c a r l ' a b s e n c e ou l e s d i f f i c u l t é s de commun ica t ion m è r e - i n s t i t u t i o n o n t é t é n o t é e s dans des cas d ' é c h e c e t dans l e s phases d i f f i c i l e s .

4 " - E n f i n . à ces t r o i s n i v e a u x . i n t e r v i e n t c e r t a i n e m e n t comme f a c t e u r d e - r é u s s i t e , l e s o u t i e n - d u C.A.E. , s o i t d i r e c t e - ment. dans son r ô l e t h é r a ~ e u t i a u e auorès de l ' e n f a n t e t de sa f a m i i l e , s o i t en t a n t que ' s o u t i e n e x i é r i e u r c o n s e i l l a n t e t r e v a l o r i s a n t 1 ' é t a b l i s s e m e n t , i n d i v i d u a l i s a n t 1 ' h i s t o i r e de 1 ' e n f a n t e t a c c r o i s s a n t a i n s i l e s e u i l de t o l é r a n c e de son m i l i e u d ' a c c u e i l . M a i s , p e u t - ê t r e , a u s s i j o u e - t - i l u n r ô l e p o s i t i f en p e r m e t t a n t de donner des l i m i t e s à l ' i n t é g r a t i o n , en d e v a n ç a n t l e d é s i r d ' o r i e n t a t i o n , en i n t e r v e n a n t au n i v e a u des t h é r a p e u t i q u e s de l ' e n f a n t , des p a r e n t s , p o u r ne pas t o u t f a i r e s u p p o r t e r à 1 ' i n t é g r a t i o n e t à 1 ' é t a b l i s s e m e n t e t e n a l l é g e a n t , en q u e l q u e s o r t e , l e s r e s p o n s a b i l i t é s des personnes concernées .

Les f a c t e u r s d ' é c h e c s se r e t r o u v e n t aux mêmes n i v e a u x :

- à c e l u i de l ' e n f a n t , l o r s q u e l e s t r o u b l e s du comportement ou de l a p e r s o n n a l i t é ne s o n t pas compensés p a r des p r o g r è s ou des b é n é f i c e s d i v e r s , e n v a h i s s e n t l a v i e q u o t i d i e n n e , p e r t u r b e n t l e g r o u p e e t a c c a b l e n t l e p e r s o n n e l ;

- à c e l u i de l ' i n s t i t u t i o n l o r s q u ' e l l e a a c c e p t é l ' e n f a n t h a n d i c a p é p a r t o l é r a n c e , sans l ' i n d i v i d u a l i s e r e t l e r e s p e c t e r en t a n t que t e l ;

- à c e l u i des p a r e n t s , l o r s q u e l e u r a n x i é t é , l e u r a g r e s s i v i t é ne p e r m e t t e n t pas à l ' e n f a n t de s u r m o n t e r sa p r o p r e a n g o i s s e ;

- à c e l u i du C.A.E., l o r s q u e son s o u t i e n e s t i n s u f f i s a n t , i n o p p o r t u n , ou q u ' i l a t e n t é l ' i n t é g r a t i o n sans p r é p a r e r s u f f i s a m m e n t l ' e n f a n t .

A p p a r a i s s e n t a l o r s , au p r e m i e r p l a n , des arguments p o u r j u s t i f i e r l e r e j e t ou l e s d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s : manque de p e r s o n n e l , e f f e c t i f s s u r c h a r g é s , l o c a u x i n a d a p t é s ou dangereux , e f f o r t s i n u t i l e s e t i n e f f i c a c e s , incompétence , manque de f o r m a t i o n , p e u r d ' u n a c c i d e n t . . . Les arguments ne s o n t pas des a l i b i s ; i l s s o n t éga lement e x p r i m é s l o r s q u e l ' i n - t é g r a t i o n e s t r é u s s i e , m a i s en second p l a n , comme des demandes d ' a i d e e t des a p p e l s .

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I V - PERSPECTIVES D'AVENIR E T PROPOSITIONS.

La r éus s i t e de ces i n t ég ra t i ons , pour des enfants a t t e i n t s souvent de handicaps t r è s lourds, devra i t encourager f a géné- r a l i s a t i o n de ce qui n ' e s t encore qu'expériences, e s s a i s , acceptat ions except ionnet les . Mais encore f aud ra i t - i l recan- n a i t r e l e s e f f o r t s que fon t ces s t ruc tu re s d 'accuei l pour s ' adapter à l a f r a g i l i t é de ces enfan ts , I l s demandent des a t t i t u d e s éducat ives t rPs ind iv idua l i sées , dans des cof 1 e c t i - v i t e s dont l e s e f f e c t i f s r e s t e n t surchargés malgré f a denata- I i t é . Des mesures devraient donc Otre p r i s e s s i l ' o n veut f avo r i s e r l ~ i n é g r a t t i o n des enfan ts handicapés en mifieu nar- mal, E n premier l i e u , soulager f ' éduca t r i c e privifégit5e à c e r t a l n s moments, rédui re l e s e f f e c t i f s , apporter f ' information e t l a formatfan compl&mentaire sur t e s besoins spécif tques de 1 ' enfant selon son handicap, renforcer l a co l labora t ion des équiper th6rapeutiques avec l ' é tab l i ssement , enf in i n s c r i r e l ' i n t é g r a t i o n dans tou t l e devenlr de l ' en f an t .

A u n niveau plus l a rge , i l s e r a i t important d 'aaef i o r e r fa l é g i s l a t i o n sur l a responsabi l i t é c i v i l e de l a d i r e c t r i c e e t d u personnel, de f inancer l e s aménagements archi tecturaux plus adaptés , de repenser 1 'ensemble du problème en fonct ion de 1 ' i n t gg ra t i on non plus di8"un" enfant handicapé, comme u n cas i s o l é e t p a r t i c u l l e r , mais de tous l e s enfants handica- pés, nombreux, p u 3 peuvent en bénéf ic ie r e t y ont d r o i t ,

Cela sous-entend qu'on f a c i l i t e u n changement des a t t l - tudes soc i a l e s e t des menta l i t és , qu'on accepte de vu lgar i se r ce problème au l i e u de l a i s s e r l e s fami l les e t quelques s t ruc tu re s sp6c la t i sées s ' épu i se r à l e résoudre, qu'on f a s se connaftre e t va lo r i s e r l e s expériences réuss ies . Nous espérons que l e s r é s u l t a t s de c e t t e recherche, même modestement, y contr ibueront ,

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~ È M E PARTIE

A N N E X E S

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A N N E X E I -

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MONOGRAPHIES DES 15 ENFANTS INTEGRES EN CRECHE

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f 4 O N O G R A P H I E S D E S E N F A N T S E N C R E ê H E

I - A N D R E

2 - B R I G I T T E

3 - C A R O L I N E

4 - C L A U D E

5 - D A N I E L

6 - E L I A N E

7 - E V E

8 - F A B I E N

9 - H Y A C I N T H E

10 - L U C

I I - M U S T A P H A

12 - S O L A N G E

13 - S O N X A

14 - S U Z A N N E

15 - S Y L V A I N

1 a n 8 mois

1 an 3 mois

d@ambul ateur

3 a n s I O mois

3 ans 8 mois

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I - HONOGRAPHIES DES 15 ENFANTS INTEGRES E N C R E C H E ,

DBSERVATXON N e 1 : A N D R E ( 2 a 3 ans)

André e s t u n p e t i t garçon menu e t pâle , a t t e i n t d'une amblyopie t r è s sévère, Grand prématuré né au 6ème mois, pesant lk300 avec hémorragie intracrânienne; ses parents ont rendu responsable de sa ré t inopa th ie l a suroxigenation en couveuse e t l e procès q u ' i l s ont Sntenté au service hosp i t a l i e r e s t encore en cours. Le d iagnos t ic de céc i t 6 absolue a pesé su r l a premtère année de l a v i e de l ' en f an t qui s ' e s t présenté jus- qu 'à 2 ans e t demf avec u n re ta rd de développement psychomoteur c e r t a i n (9.D. = 70) a in s i que des t roubles r e l a t i onne l s e t u n comportement souvent sttiréotypé (rythmies du corps e t de l a t g t e , blindismes, é cho l a l i e s f .

La p r i s e en charge au C . B . E . a commencb à 11 mois, sous forme de consul ta t ions , de guidance paren ta le , l a mère @ t a n t t r e s dépressive e t "phobique" à l ' égard de l ' e n f a n t , ce qul a j u s t î f f é l a demande d ' i n t ég ra t i on en creche 4 mois, plus tard associée au t rai tement d u cen t re (psychomotricité une f o i s par semaine en groupe d ' é v e i l ) .

Le milieu socio-famil ia l e s t , en e f f e t , t r & s a i s e , cu l t u r e l lement favor i sé , e t jamals ses parents n ' aura len t pensé â une crèche pour leur enfan t ; l a soeur aînée a e t & gar - dée par une nurse e t f 1 y a également une bonne qui s'occupe de l 'appartement t r è s c lassique e t spacieux, t e père d'André s ' e s t cependant s en t i totalement impuissant e t démuni devant l e handicap de T'enfant mais e s t t r è s présent dans sa v i e , La mëre e s t encore profondément nchoqtiSe" par ce drame, ne l ' accepte pas encore vraiment mais au f u r e t à mesure de la r é u s s i t e de t "intégration, e l l e a r e p r i s une énergie conside- r ab l e e t l u t t e pour innover des medalites pédagogiques adap- tées au cas de ces enfan ts .

Le déroulement de l a i n t e r a t i on a subi quelques f iuc tua t ion ; ;Tnais dès i i e n ~ ~ ~ $ n ~ x 5 - c E e c _ w g - 1 5 mois, l e l i e n en t r e l a d t r e c t r i c e e t l a mëre a ë t e t r e s ~ n t e n n'a cessé de s e consol ider , t andis que son a u x i l i a i r e s ' a t t a - c h a i t par t icul ièrement à f u i , Grâce à e l l e s , l a creche à mîs en place, pour André, une vê r i t ab l e p r i s e en charge thgrapeu- t i que , l u 3 apprenant progressivement à se dgplacer dans tou t I 'Gtablissement e t à en connaî t re tou tes l e s personnes {de l a cu is ine à l a Tingerie ou au bureau de l a d i r e c t r $ c e ) , a i n s i à 2 ans 3 mois, à u n changement de sect ion e t à l a per te d'une auxiliaire p r iv i l eg i ée , au départ de l a d i r e c t r i c e qui prend u n nouvel Btablissement, au départ enf in de sa rgéducatr ice

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au C . A . € . des t r o u b l e s du comportement r é a p p a r a i s s e n t chez l ' e n f a n t t a n d i s que l a mère ne p a r v i e n t pas à surmonter non p lus c e s changements : e l l e déclde de s u i v r e l a d i r e c t r i c e (donc de changer l e s r e p è r e s e t l e s hab i tudes d 'André ) , pour r e t r o u v e r dans l e nouvel é t ab l i s semen t l a même r e l a t i o n pro- t e c t r i c e e t cont inue . André b é n é f i c i e a l o r s d 'une s e c t i o n de " j a r d i n d ' e n f a n t s " p a r t i c u l i è r e m e n t a t t e n t i v e aux besoins i n d i v i d u a l i s é s de chacun, où l e s c o n t a c t s chaleureux, soc io - a f f e c t i f s , son t p r i v i l é g i é s pa r r a p p o r t aux s t i m u l a t i o n s pédagogiques. 11 s o r t t o u t â f a i t de son r e p l i sur s o i , pour- s u i t l a conquête de l ' e s p a c e e t de son autonomie de façon a l o r s s p e c t a c u l a i r e e t in in ter rompue. La r é v é l a t i o n d 'un r é s i d u v i s u e l q u ' i l u t i l i s e dé jà de p l u s en p lus s e confirme quelques mois p lus t a r d , à l ' e n t r é e en é c o l e m a t e r n e l l e ( c f . obse rva t ion 16).

Les béné f i ces de c e t t e i n t é g r a t i o n r é u s s i e o n t donc permis une-évolution f a v o r a b l e d 'André sur p l u s i e u r s p l ans :

- r é g r e s s i o n des t r o u b l e s du comportement; - d i s p a r ~ t i o n des mecanismes a u t i s t i q u e s ; - a c c é l é r a t i o n du rythme de c e s a c q u i s i t i o n s permet- t a n t d ' a t t e i n d r e à 3 ans u n niveau de développement normal 4Q.D. = 90) .

Le s o u t i e n de l a mère a é t e fondamental .

Les d i f f i c u l t é s qui p e r s i s t e n t s o n t i nhé ren tes au handicap de l ' e n f a n t : s o r t i de son confinement s o c i a l , i l joue encore peu avec l e s a u t r e s e n f a n t s e t semble enfermé dans u n langage sans f i n , qui n ' e s t cependant p l u s é c h o l a l i q u e e t q u ' i l v i e n t , c e r t e s , de découvr i r .

Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t ce r t a inement : s u r l a p e r s o n n a l i t é de l a d i r e c t r i c e , commune aux deux c r e c h e s , à son inves t i s semen t a f f e c t i f de l a s i t u a t i o n mère-enfant e t â c e l u i de l a j a r d i n i è r e , s u r l e type de t r a v a i l f a i t dans c e t é t a b l i s s e m e n t e t dont l a concept ion s ' a p p u i e s u r une i n d i v i - d u a l i s a t i o n de t o u s l e s e n f a n t s e t de l e u r s p a r e n t s , dont l a p l ace r e s t e impor tan te .

OBSERVATION N o 2 : BRIGITTE (3 8 4 a n s )

B r i g i t t e e s t une j o l i e p e t i t e f i l l e ac tue l l emen t a t t e i n t e de c é c i t é complète , d i agnos t iquée dès l a na i s sance devant sa microphtalmie extrëme (p resque l ' a s p e c t d 'une ano- ph ta lmie ) avec c a t a r a c t e . Les t r o u b l e s du comportement, de type psychot ique , s o n t ma jeur s , avec absence t o t a l e de commu-

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n i c a t i o n v e r b a l e , e t l a marche n ' e s t pas a c q u i s e . C ' e s t d e v a n t l a d é p r e s s i o n m a t e r n e l l e m a j e u r e , l a f r a g i l i t é c o n j u g a l e e t l e s conséquences des h a n d i c a p s de l ' e n f a n t s u r sa f r a t r i e que l ' i n s e r t i o n en c r è c h e a é t é p roposée p a r l e C.A.E. e t a c c e p t é e , p o u r une p ë r i o d e c o u r t e q u i d e v a i t ë t r e t r a n s i t o i r e , en a t t e n - d a n t l ' o r g a n i s a t i o n d ' u n e o r i e n t a t i o n adaptée.

L e m i l i e u s o c i o - f a m i l i a l de 1 ' e n f a n t e s t . e n e f f e t , t r ë s f r a g i l e e t l e s p a r e n t s se s o n t s é p a r é s e n c o u r s d ' i n t é g r a - t i o n . Le p è r e , a p r ë s une p é r i o d e de chômage, a d e p u i s u n p o s t e d ' o u v r i e r s p é c i a l i s ë . I i v o i t r a r e m e n t t ' e n f a n t ( 3 f o i s e n 6 m o l s f . La mëre e l ë v e I e s 3 e n f a n t s p u i s q u e B r i g i t t e a une s o e u r âgée de 10 ans, e t un f r è r e p l u s j e u n e âgé de 2 ans. Cadre moyen dans 1 ' A d m i n i s t r a t i o n , e l l e e s t en d i s p o n i b i 1 i t é d e p u i s 2 ans e t d e v r a i t r e p r e n d r e son t r a v a i l dans q u e l q u e s mo is . B r i g i t t e é t a n t e n i n t e r n a t à p r é s e n t .

La p r i s e en c h a r g e au C . A . E . a é t é r e l a t i v e m e n t i m v o r t a n t e : a s v c h o t h P r a o i e de l ' e n f a n t a s s o c i a n t é t r o i t e m e n t l a ' mère, p s y c h o i o t r i c i t é ' au g roupe d ' é v e i l , 2 f o i s p a r semaine, e t l e s l i a i s o n s avec l ' é t a b l i s s e m e n t d ' a c c u e i l assez f r ë q u e n - t e s sans q u ' i l s ' a g i s s e malheureusement d ' u n s o u t i e n r é g u l i e r .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n s ' e s t e f f e c t u é sans d i f f i c u l t é s i m p o r t a n t e s p o u r l ' e n f a n t , compte t e n u de son h a n d i c a p e t du c o n t e x t e f a m i l i a l ; B r i g i t t e a é t é p r i s e en c h a r g e de m a n i è r e t r ë s i n t e n s i v e e t i n d i v i d u a l i s é e p a r 1 ' édu- c a t r i c e , e t a eu p r a t i q u e m e n t en permanence une personne p o u r s ' o c c u p e r d ' e l l e . C e t t e a t t e n t i o n p a r t i c u l i ë r e p o r t é e à l ' e n f a n t , a, p a r moments s u s c i t é une c e r t a i n e j a l o u s i e dans l e g roupe , m a i s l e s h a n d i c a p s de B r i g i t t e o n t é t é e x p l i q u é s e t a c c e p t é s . L ' é d u c a t r i c e a f a i t p r e u v e de v é r i t a b l e s r e c h e r c h e s p o u r cammunjquer avec B r i g i t t e e t l e s q u a l i t é s pédagog iques d o n t e l l e s ' e s t s e r v i e o n t r e t e n t i s u r l ' e n s e m b l e de l a sec- t i o n .

On n o t e , cependan t , a p r ë s une p é r i o d e de p l u s i e u r s m o i s où B r i g i t t e a énormément p r o g r e s s é s u r l e p l a n du c o n t a c t , de l ' a u t o n o m i e e t e n f i n du langage , une p ë r i o d e p l u s d i f f i c i l e où 1 ' o r i e n t a t i o n s p ë c i a l i s é e de f ' e n f a n t a t t e n d u e ne se r é a l i - s a i t pas. Les p r o g r è s é t a n t p l u s l e n t s , l e c a s de B r i g i t t e de t o u t e f a ç o n t r ë s l o u r d , une c e r t a i n e f a s s i t u d e , v o i r e une c e r - t a i n e a n g o i s s e & son é g a r d s o n t apparues , a c c e n t u é e s p a r l e s r é a c t i o n s m a t e r n e l l e s .

En c o n c l u s i o n , $ 1 s ' a g i t d ' u n e i n t é g r a t i o n r e l a t i v e - ment r é u s s i e q u a n t aux b é n é f i c e s o b s e r v é s :

- l ' e n f a n t a c e s s é de s t a g n e r e t de s ' e n f o n c e r dans une s t r u c t u r e p s y c h o t i q u e de sa p e r s o n n a l i t é p o u r f a i r e des p r o g r è s n o t a b l e s .

- La mère, b i e n que g a r d a n t des d i f f i c u l t e s p e r s o n - n e l l e s i m p o r t a n t e s ( m a i s p r é - e x i s t a n t e s ) e s t s o r t i e de sa phase d é p r e s s i v e a i g u ë .

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Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t :

- s u r l e s mot iva t ions e t I ' i m a g ~ n a t i o n pëdagogique e t r e l a t i o n n e l l e d 'une éducatrice;

- au tour de qui cependant , l e consensus e t l e s o u t i e n de 1 ' équipe s e son t m a n i f e s t é s , s u r l e s progres psychomoteurs e t a f f e c t ~ f s de B r l g l t t e ,

Les jnconvénients son t cependant no tab les :

- I ' i n t é g r a t i o n a é t é t r o p longue; - 1 ' o r i e n t a t i o n s p é c l a l l s é e t a r d i v e .

A U S S I , t e s d e r n l e r s mois o n t e t e vécus pèniblement , a l o u r a l s par l a r e l a t i o n r e j e t a n t e de l a mère VIS-à-vis de i ' e n f a n t e t vfs-d-vis du t r a v a i l de fa c rèche .

- I c i , l e s o u t i e n d u C . A . E . a é t ë ce r t a inement i n s u f f i s a n t .

Pers e f t i v e s : B r i g i t t e e s t ac tue l l emen t dans ü n Centre Spaa- répond beaucoup mieux s e s besoins e t à s e s p o s s i b i l i t é s que ne l e f a i s a i t l a c o f l e c t i v i t é de l a c rèche l e s d e r n i e r s mois) , En j a r d i n d ' e n f a n t s avec i n t e r - na t ( s é p a r é e d u mi l i eu f a m i l i a l ) , e l l e a a c q u i s dsembl@e l a marche e t con t inue s e s progrès . E7Ic r e v i e n t dans sa f a m i l f e en f i n de semaine, e t l a formule a c t u e l l e semble p o s i t i v e .

OBSERVATION No 3 : CAROLIfjE ( 4 a n s )

Caro l ine e s t une j o l i e p e t l t e f i l l e un peu obèse , a t t e i n t e d'un aut lsme grave e t d 'un d e f i c i t psychomoteur impor tant : e l l e ne marche pas , n ' a aucune autonomie. E l l e a t r a v e r s é des pé r lodes d e a u t o m u t i l a t i o n , de c o l è r e s s u b i t e s e t non mot ivées , de balancements i n t e n s e s , pü i s de f u i t e s devant l e s o b j e t s e t l e s personnes t r a d u i s a n t des pé r iodes de r é g r e s s i o n . &c tue l l emen t , on observe des progrès e t une a m é l i o r a t i o n dans l e s c o n t a c t s v i s u e l s , physiques e t verbaux avec un i n t é r g t pour a u t r t i i .

L a p r i s e en cha rge au C . A . & .

E l l e a é t é impor tante : k i n é s i t h é r a p i e deux f o i s par semaine e t c o n s ü l t a t i o n ç psychologiques t o u t e s l e s 6 semaines. Les p a r e n t s s o n t p r i s en psycho thé rap ie en c o n s u l t a - t i o n e x t e r n e à l ' h ô p i t a l T R O U S S E A U , mais c ' e s t s u r t o u t l e p6re q u i y va r égu l i è remen t .

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t e milieu fami l ia l

f l e s t , en e f f e t , f r a g i l e : l e s parents sont tour â tour cu lpab i l i s@s , désempar@s e t revendica t i f s . I l s ont peur d ' avoi r un au t r e enfan t , mais l e dé s i r e . t a mère, obèse, e s t envahissante, logorrhEïque, u n peu phobique devant l e s symp- tômes de l ' en f an t , mais chaleureuse. En e f f e t , c ' e s t sur tou t l e père qui assume l e s d i f f i c u l t é s de l ' e n f a n t , joue u n ro le maternant, l a garde depuis son départ de l a crèche (mars 1979). ChOmeur, i l e s t en reconversion professionnel le , I l s espèrent q u i t t e r Paris pour se rapprocher de l eu r fami l le e t in tégrer Caroline en hôpi tal de Jour {Chambêry).

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n

I l a subi des f luc tua t ions . Admise à 2 mois, Caroline s e p r é sen t a i t comme u n béb& normal, ses t roubles du comporte- ment, son r e t a rd ont é t é notês par l e s aux i l i a f r e s au cours de l a première année. A u début, e l l e s l u i ont port6 beaucoup d ' a t t e n t i o n , puis se sont découragées avec l e s p6rSodes de régression e t de perturbat ion, au cours de l a deuxième année, En t rotsf&ne année, e l l e s ont r é inves t i l e cas de l ' en f an t devant s e s progrès e t l ' appa r ï t i on du r i r e , d u regard i n t e - ressé pour ce r t a in s jeux e t l e groupe. Pourtant, ceci a , en p a r t i e , poussé t e s parents â l a mhintenir en crèche, malgré l ' o r i e n t a t i o n spéc i a l i s ée , e t l e s dern ie rs mois ont é t é t rop longs : l e chômage du père a permis à l ' é tab l i ssement de l u i reconfier l ' e n f a n t jusqu'au déménagement à Chambéry ( é t é 1 9 7 9 ) .

t e s bénéfices que l ' en f an t a r e t i r é s de c e t t e i n t é - a r a t i on s o n t e s e m e n t des ~ o s s i b i l i t é s d lévolu t ion . mais on d o i t mettre en premier plan l e sout ien que c e t t e i n t e - g ra t ion a représenté pour l e s parents . D'autre pa r t , l e s inconvenients on t @ t e aussi importants : r e l a t i o n s parents- creche tendues, revendicat ives , in tégra t ion t rop longue qui a r e t a rdé l ' o r i e n t a t i o n spec i a l i s ëe , sout ien i n su f f f s an t d u C . A , E . pour u n cas aussi lourd; pêrfodes de régression de l ' e n f a n t venant peut-être de l a collectivité. Les f ac t eu r s de r é u s s i t e , ou d u moins de maintien, reposent sur 14admission précoce, & 2 mois, avant f ' appar i t ion des t roubles diagnostiqués par l a Crèche elle-même, l a motivation de la d i r e c t r l c e , l e s bonnes condit ions de t r ava i l (crèche municipale) e t l e sou t ien , même in su f f i s an t , d u C . A . E .

Avenir : vien t d ' e n t r e r d f lhOpi ta l de jour de Chambéry. -

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OBSERVATION N o 4 : C L A U D E ( 4 ans) - Claude, u n beau p e t i t garçon joueur e t coquin , e s t

a t t e i n t d ' m f i r m i t é mot r i ce c é r é b r a l e a s s o c i é e à u n c e r - t a i n r e t a r d de développement ( Q . D . zone 60-70) p l u s accen tué encore s u r l e plan du langage. Hais i l a u n regard mal ic ieux e t a t t i r a n t , recherche Ja communication. Très v o l o n t a i r e , i l e s t capab le d ' u n e grande c o n c e n t r a t i o n e t d ' e f f o r t s pour ê t r e autonome, mais i l e s t p a r f o i s c r a i n t i f e t un peu t r o p sage .

La p r i s e en charge du C . A , E . a é t é i r r é g u l i è r e , l a mère ayan t peu i n v e s t i l e c e n t r e ,

Le mi l i e u f a m i l i a l , il e s t v r a i . a des d i f f i c u l t é s dont l ' o r i g i n e e s t a n t é r i e u r e aux problèmes de l ' e n f a n t , La mère a q u t t t é l e lycée à 1 7 ans pour accoucher de Claude e t s ' e s t mariée pour q u i t t e r s e s p a r e n t s . Dépendante de l a c r & - che , e l l e e s t t r è s courageuse e t f a i t une format ion de s e c r é - t a i r e de c o l l e c t i v i t é . Le père e s t peu p r é s e n t , i l n ' a pas i n v e s t i son f i l s dont i l n'assume pas l e handicap e t ne sou- t i e n t guère l a mère, souvent dépress ive . Mais l e couple r e s t e un i .

Le déroulement de 1 ' i n t é g r a t i o n a posé peu de d i f - f i c u l t é s . Prooosée Dar l e C . l \ . t . oour a i d e r o r o f e s s i o n n e l i e - ment l a mère k t é l a F g i r I'univers'socio-édacbtif de l ' e n f a n t {ga rdé pa r e l l e e t des grands mères jusqu ' â l ' â g e de 3 a n s ] , e l f e a immédiatement p r o f i t é à Claude q u i , dès l e s t r o i s premiers mois, a f a i t des p rogrès s p e c t a c u l a i r e s : i l s ' e s t dép lacé s e u l , a acqu i s l a p r o p r e t é , a commencé à manipuler avec p r é c i s i o n . O n a obse rve une pé r iode de s t a b i l i s a t i o n , mais l e découragement du personnel a é t é de c o u r t e durée c a r l e s p rogrès s e s o n t f a i t s s u r d ' a u t r e s p l ans : s o c i o b i l i s a t i o n échanges avec l e groupe, i m i t a t i o n .

Les béné f i ces r e t i r é s par l ' e n f a n t son t donc é v i - d e n t s : progrës psychomoteurs e t soc iaux , épanouissement, a i n s i que l ' a i d e f o u r n i e à sa mère. Les d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s s o n t i n h é r e n t e s au handicap moteur d e l ' e n f a n t au i demande beaucoup d ' e f f o r t s au personnel dans l e u r s g e s t e s q u o t i d i e n s . Les f a c t e u r s de r s u s s i t e s o n t f i é s e s s e n t i e l l e m e n t à l a per- s o n n a l i t é t r è s a t t a c h a n t e de Claude, à s e s p rogrès cons idé ra - b l e s dans l e s premiers mois , au personnel f a v o r a b l e à son ma in t i en .

Avenir : La q u a l i t 6 de c e t t e i n t é g r a t i o n a p e u t - ê t r e é t é en p a r m cause du r e t r a i t de Claude, par sa mère, de l a c l a s s e s p é c i a l i s é e où i l e s t e n t r é en septembre , pour une t e n t a t i v e d ' i n t é g r a t i o n dans u n a u t r e é t a b i issement s p é c i a l i - s é dont e l l e e s t ac tue l l emen t s a t i s f a i t e .

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E l l e a é t é opérée à 4 m o i s d ' u n bec de l i è v r e dans de bonnes c o n d i t i o n s . En f a i t , c ' e s t s u r t o u t a p r è s un é t a t de mal con- v u l s i f à 7 m o i s , l o r s d ' u n e d i a r r h é e s é v è r e avec d é s h y d r a t a - t i o n , que 1 ' e n f a n t ne f a i t p l u s d ' a c q u i s i t i o n s .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a é t é t a r d i v e , à 18 m o i s , d ' a b o r d en k i n é s i t h é r a p i e ( l a marche s e r a a c q u i s e à 2 a n s ) . p u i s en s rouDe d ' é v e i l e t p s y c h o t h é r a p i e . Les l i a i s o n s - . a v e f - l à c r è c h e q u i I ' a c c u e i l l e d e p u i s 1 'âge ' de 2 m o i s s e r o n t r é a u l i è r e s . C ' e s t a u ' t l i a n e é t a i t d ' e m b l é e un beau bébé a u i a ;té r e - a d m i s e en ' c r è c h e sans d i f f i c u l t é s a p r è s son é p i s o d e c o n v u l s i f e t son h o s p i t a l i s a t i o n . M a i s t r è s v i t e , on s ' i n - q u i è t e de l a d é t é r i o r a t i o n de son comportement e t o n s u s p e c t e même une s u r d i t é p o u r l e s q u e l l e s l ' a i d e du C.A.E. e s t deman- dée en a c c o r d avec l a c o n s u l t a t i o n h o s p i t a l i è r e .

Le m i l i e u f a m i l i a l de l ' e n f a n t e s t t r è s u n i e t cha- l e u r e u x . P o r t u g a i s , i l s o n t a c c u e i l l i une g r a n d ' m è r e e t une j e u n e n i è c e . Le f r è r e d l E l i a n e , de 5 ans son a i n é , s o u f f r e des h a n d i c a p s de sa p e t i t e s o e u r , q u i é t a i t t r è s d é s i r é e dans l a f a m i l l e . I l s s o n t t r è s t o l é r a n t s à son é g a r d e t l e u r c o u - r a g e , l e u r s d i f f i c u l t é s soc io -economiques o n t e s s e n t i e l l e m e n t m o t i v é l a c r è c h e à g a r d e r l ' e n f a n t .

Le d é r o u l e m e n t de 1 ' i n t é g r a t i o n en c r è c h e a, en e f f e t , posé des d i f f i c u l t é s . La d i r e c t r i c e a d é c i d é du m a i n - t i e n de l ' e n f a n t sans l ' a c c o r d des a u x i l i a i r e s , q u i se s o n t t r o u v é e s r a p i d e m e n t démunies d e v a n t l e s t r o u b l e s c r o i s s a n t s de l ' e n f a n t : a g r e s s i v i t é permanente dans l e g r o u p e ou i s o l e - ment , absence de p a r t i c i p a t i o n , dépendance t o t a l e p o u r l e s r e p a s , l e s changes, e t c . La demande d ' a i d e au C.A.E. e s t a p p a r u e v i t e a m b i v a l e n t e c a r , s u i v i e de v i s i t e s e t de sou- t i e n s , e l l e n ' a pas eu d ' é c h o s v é r i t a b l e s .

Les b é n é f i c e s de c e t t e i n t é g r a t i o n r e v i e n n e n t e s s e n t i e l l e m e n t à l a f a m i l l e e t au s o u t i e n de l a mère. Leç i n c o n v é n i e n t s r e s t e n t i m p o r t a n t s : i n t é g r a t i o n t r o p l o n g u e e t p e s a n t s u r l a v i e du g r o u p e e t du p e r s o n n e l . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e i n c o m b e n t s u r t o u t à l a mère, vécue comme t r è s courageuse e t s i m p l e , f o r ç a n t une c e r t a i n e a d m i r a t i o n e t l e d é s i r de t o u s l e s a i d e r . Les f a c t e u r s d ' é c h e c v i e n n e n t du cas même d ' E l i a n e , t r è s p e r t u r b a n t e en c o l l e c t i v i t é , de son m a i n - t i e n t r o p l o n g dans l a même s e c t i o n ( e n r a i s o n de f a p r é s e n c e d ' u n a u t r e e n f a n t h a n d i c a p é dans l a s e c t i o n s u p é r i e u r e ) , du manque de consensus de l ' é q u i p e .

A v e n i r : E l i a n e v i e n t de r e n t r e r dans un E.M.P.

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OBSERYATIOR No 7 : EYE f E ans)

E I E e s t une p e t i t e f i l l e b r u n e de 2 ans, au v i s a g e r o n d , a u n r é p a t é , s o u r i a n t e , un peu f o r t e . Opérée à 8 m o i s d ' u n épendynome du f o b e c e r e b e l l e u x gauche e t du v e r n i s avec c o b a l t o t h é r a p i e , e l l e g a r d e des s é q u e l l e s m o t r i c e s : syndrome p y r a m i d a l des membres i n f é r i e u r s e t hémi - syndrome c e r e b e l - l e u x gauche, a s s o c i é à un r e t a r d de déve loppement g l o b a l ( Q . D . = zone 6 0 ) , sans t r o u b l e s du comportement .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a commencé à 14 m o i s avec k i n é s i t h é r a p i e une f o i s pas semaine e t s o u t j e n p s y c h o - l o g i q u e p a r e n t a l , s u r t o u t de l a mère , une f o i s p a r m o i s .

Le m i l i e u f a m i l i a l , en e f f e t , s o u f f r e de d i f f i c u l t é s m a t é r i e l l e s a g g r a v a n t l ' a n g o i s s e i n h é r e n t e au c a s d 'Eve; l e r l s q u e de r é c i d i v e e s t connu, l e s c o n s u l t a t i o n s de n e u r o c h i - r u r g i e mal vécues. Le p è r e , é t u d i a n t , t r a v a i l l e a u s s i comme m a g a s i n i e r ; l a mère, g r â c e à l ' i n t é g r a t i o n r é u s s i e en c r é c h e , t r o u v e du t r a v a i l m a i s r e s t e assez d é p r e s s i v e .

Le d é r o u l e m e n t a c t u e l de l ' i n t é g r a t i o n e s t t r è s r é u s s i , c a r Eve f a i t des p r o g r è s i m p o r t a n t s ; à f a f o i s s u r l e p l a n m o t e u r : à 2 ans e l l e commence à s ' a s s e o i r , u t i l i s e l e " 4 p a t t e s " , m a i s a u s s i s u r l e p l a n du l a n g a g e e t des m a n i - p u l a t i o n s , à u n n i v e a u beaucoup p l u s é v o l u é p r o c h e de 1 5 mo is . Eve se p l a i t à l a c r é c h e , a un bon c o n t a c t e t ses p a r e n t s en s o n t s o u l a g é s .

Les b é n é f i c e s de c e t t e i n t é g r a t i o n p o r t e n t s u r t o u t s u r T ' é v o l u t i o n v s v c h o m o t r i c e e t s o c i o - a f f e c t i v e t r è s f a v o - r a b l e de ~ ' e n f a n k e t s u r l e sou lagement f a m i l i a l . Les i n c o n - v é n i e n t s r e s t e n t t i é s à l a g r a v i t é du p r o n o s t i c e t à f a s u r - p r o t e c t h n que c e l a e n t r a î n e d e 7a p a r t du p e r s o n n e l , t r è s i m p l i q u é - c e c i é t a n t a c c e n t u é p a r l e s d i f f i c u l t é s de c o n t a c t avec l e s p a r e n t s * s u r t o u t l e p è r e q u i s ' e s t r e p l i é s u r f u i - même e t r e f u s e f a c a m m u n i c a t i o n s u r c e s u j e t a c t u e l l e m e n t - Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t s u r t o u t s u r Eve, d o n t l a p e r s o n n a l i t é e s t a t t a c h a n t e e t l e s p r o g r è s s o n t g r a t i f i a n t s ; s u r l e t r a v a i l de l ' é q u i p e , e t s u r l e s o u t i e n e t l a r é é d u c a - t i o n du C.A.E.

A v e n i r : P r i s e en c h a r g e e n c o r e r é c e n t e . M a i n t i e n en c r è c h e .

OBSERVATION No 8 : FABIEN ( 3 a n s )

FABIEN e s t un p e t i t g a r c o n de m o r p h o l o g i e i n g r a t e , t r @ s p a s s i f , t r è s dépendan t m a i s a f f e c t u e u x , s o u r i a n t e t , à

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plus long terme, attachant (Q.D. zone 50).

La rise en char e au C.A.E. été relativement restreinte,+- en que-<ou -TA!-" ai ée, en raison des problèmes d'or- ganisation matérielle de la mère et de ses réactions.

Le milieu familial, en effet, a été très perturbé par la découverte progressive des handicaps de l'enfant, les convulsions, le rejet de la nourrice. Le père a quitté le foyer, sa mère a rejeté sa femme et l'enfant. Il les aide matériellement, mais le divorce est en cours. La %ère, de nationalité étrangère, comme son mari, s'est retrouvée, malgré une profession intéressante - cadre supérieur - déra- cinée et seule. Elle assez rigide, triste et obsessionnelle, vit le handicap de l'enfant comme un malheur et une punition et une aide psychothérapique est restée superficielle.

Le déroulement de ]"intégration s'est effectué sans difficultés sauf au moment des convul'sions, vécues avec ançoi sse par i 'ensemble de 1 'équipe mais chaque fois assumées. Les bénéfices retirés par l'enfant s3nt essentiellement psycho- sociaux : très passif et trop sage, i l est aevenu plus ouvert, plus éveillé, même si ses acquisitions sont lentes et peu spectaculaires : le soutien à la mère a eté massif. Il n'y a pas d'inconvénients car les éptsodes convulsifs sont assumés. Les facteurs de réussite qui interviennent, ici, reposent sur le travaii en é a u i ~ e favec réunions). la conscience de l'aide . , fournie à la mère, au comportement affectueux et tranquille de Fabien.

Avenir : Non suivi; la mère a été mutée en province de façon inattendue et Fabien est entré, à 4 ans, en E . M . P .

OBSERVATION N a 9 : HYACINTHE (3 ans - 5 ans)

HYACINTHE est une petite fille atteinte de trlsomie 21 : très mignonne et rondelette, dont le retard psychomoteur est harmonieux et associé à un bon contact.

ta prise en charge au C.A.E., au début kinésithéra- pie, s'est effectuée en sroupe dyveil pour consolider les acquisitions faites en crèche où l'enfant avait été admise dès l'âge de 2 mois. En effet, les parents avaient craint, au aiagnostic porté dès sa naissance, un refus d'intégration en créche où l'enfant était inscrite, et l'avaient placée en pou- ponnière. C'est la directrice de l'établissement qui les a fondamentalement aidés alors.

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L e m i l i e u f a m i l i a l i n i t i a l e m e n t a m b i v a l e n t , a r e p r i s c o n f i a n c e e t l a v i e p a r e n t a f e s ' e s t n o r m a l i s é e sans changement n o t a b l e a l o r s . Les p a r e n t s , c a d r e s moyens, n ' o n t pas de d i f f i - c u l t é s m a t é r i e l l e s e t l ' e n f a n t a sa chambre. E l l e a eu récem- ment une p e t i t e s o e u r q u i e s t en n o u r r i c e de j o u r , l a q u e l l e g a r d e H y a c i n t h e éga lement a p r è s l ' é c o l e m a t e r n e l l e ( c f . Obser - v a t i o n 22) .

L e d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n a é t é t r è s p o s i t i f l e s p r e m i è r e s années, p u i s p l u s p r o b l é m a t i q u e l a t r o i s i è m e année. Ses p r o g r è s o n t é t é t r è s g r a t i f i a n t s p o u r un p e r s o n n e l i n q u i e t de l ' a t t e i n t e de l ' e n f a n t q u i , de p l u s , a v a i t des p é r i o d e s de d i f f i c u l t é s a l i m e n t a i r e s e t de s t a g n a t i o n g l o b a l e . E n f i n , en deuxième s e c t i o n , une a u x i l i a i r e s ' e s t a t t a c h ê e p a r - t i c u l i è r e m e n t à H y a c i n t h e e t ses p r o g r è s , son i n s e r t i o n e t sa p a r t i c i p a t i o n au g r o u p e o n t é t é a l o r s c o n s t a n t s , M a l h e u r e u s e - ment , en r a i s o n de c e t a t t a c h e m e n t , m a i s a u s s i d ' u n changement de d i r e c t r i c e e t d ' u n e é d u c a t r i c e de g r a n d e s e c t i o n t r è s r é t i - c e n t e , H y a c i n t h e a eu une i n t é g r a t i o n mo ins p o s i t i v e à 3 ans : e l l e j o u e l e p l u s s o u v e n t s e u l e , se m ê l e peu aux a u t r e s , r e c h e r c h e l e s c o n t a c t s avec l e s a d u l t e s .

Les b é n é f i c e s de c e t t e i n s e r t i o n r e s t e n t c e p e n d a n t m a n i f e s t e s c a r l ' e n f a n t c o n t i n u e de p r o g r e s s e r e t e s t à l ' a i s e , épanou ie e t g a i e . Les d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s s o n t à l i e r aux changements de s e c t i o n e t de d i r e c t r i c e , e t aux r é a c t i o n s p a r e n t a l e s , peu r é a l i s t e s p e u t - ê t r e , ma is a u s s i de d é f e n s e p o u r m a i n t e n i r l e p l u s p o s s i b l e une "normalisation" de 1 ' e n - f a n t . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e ( q u i l ' e m p o r t e n t s u r l e s i n c o n - v é n i e n t s ) r e p o s e n t s u r l e consensus de 1 ' é q u i p e a u t o u r de l a p r e m i è r e d i r e c t r i c e , aux p r o g r è s e t au c a r a c t è r e a f f e c t u e u x de H y a c i n t h e q u i o n t é v i t é t o u t e r u p t u r e e n d e r n i è r e année.

A v e n i r : E c o l e m a t e r n e l l e ( c f . O b s e r v a t i o n 2 2 ) .

OBSERVATION No 10 : LUC ( 3 ans e t demi )

LUC e s t un p e t i t ga rçon c h é t i f , apeuré , t r è s hypo- t r o p h i q u e , T r a i s s a n t d ' a u t a n t p l u s démuni que son f r è r e jumeau e s t b i e n déve loppé . Ses p rob lèmes de déve loppement e t de c a r e n c e s o c i o - f a m i l i a l e o n t é t é d é c o u v e r t s t a r d i v e m e n t l o r s d ' u n e h o s p i t a l i s a t i o n .

L a p r i s e en c h a r g e au C.A.E. c o n s i s t e à r e l a y e r l e s e r v i c e s o c i a l s p é c i a l i s é q u i échoue a u p r è s de c e t t e f a m i l l e e t à t e n t e r d ' i n t é g r e r l ' e n f a n t en c r è c h e m a l g r é son âge.

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Le mi l i eu f a m i l i a l , en e f f e t , e s t connu des s e r v i c e s sociaux d 'Aide à l 'Enfance oour l e s 3 a î n é s . Les o a r e n t s , â a é s , f r a g i l e s , à l a l i m i t e de l a ' d é b i l i t ê , son t r e p l i é \ s u r eux-" memes e t r é t i c e n t s à t o u t e i n t e r v e n t i o n ,

Le déroulement de 1 ' i n t é g r a t i o n e s t a l é a t o i r e . Sans r a i s o n , l a mère n'amène p lus Luc, p u i s l e r econdu i t . L ' équ ipe d ' a c c u e i l r e s t e c o n s t a n t e , ouver t e e t t o l é r a n t e . Les pé r iodes où Luc s ' i n t è g r e s o n t t r è s p o s i t i v e s pour l u i s u r t o u s l e s p lans - é d u c a t i f s e t s ta turo-pondéraux - e t if g a r d e , en gené- r a l , l e s a c q u i s i t i o n s f a i t e s ou l e s récupëre rapidement. Les b é n é f i c e s r e t i r é s par l ' e n f a n t s o n t donc é v i d e n t s , mais f e s d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s - e s s e n t i e l l e m e n t d ' o r i g i n e soc io - f a m i l i a l e s - ne s o n t pas surmontées. Les f a c t e u r s de r é u s s i t e s o n t dus e s s e n t i e l l e m e n t à l a t o l é r a n c e de l ' é q u i p e d l a c c u e i T e t aux progrës de 1 ' e n f a n t dans l a c o l l e c t i v i t é . L echec t i e l de c e t t e i n t é g r a t i o n , d i s c o n t i n u e , e s t c e p e n w n t T7'h-à l ' a b s e n c e d ' a c t i o n commune e n t r e l a c r è c h e e t l e s e r v i c e s o c i a l (dépassé ? ) s u r l eque l l ' é q u i p e s o c i a l e d u C . A . E . a également peu d ' i m p a c t s .

Avenir : Luc a r e j o i n t son f r è r e jumeau à l ' é c o l e m a t e r n e l l e ~ e l a i s avec l e G . A . P . P . e s t en c o u r s , en r a i s o n de l a p e r s i s t a n c e de c e r t a i n e s d i f f i c u l t é s de l ' e n f a n t .

O B S E R V A T I O N N o 11 : H U S T A P N A ( 3 a n s )

M U S T A P H A e s t un p e t i t garçon brun, t r é s menu, au f a c i è s dysmorphique ( f r o n t t r è s bombe, f e n t e s p a l p é b r a l e s en an temongo lo~des ) dont l e caryotype a r é v é l e une anomalie chromosomique ( 1 9 - 2 0 ) .

La p r i s e en charge au C . A . E . e s t t o u j o u r s en cours c a r 1 ' e n f a n t n ' a marché q u ' à 3 ans e t l a s u r v e i l l a n c e o r t h o - pédique lou rde - s e s t r o u b l e s de l ' a t t e n t i o n , son i n s t a b i l i t é , s e s c o n t a c t s t r é s f 4 u c t u a n t s n é c e s s i t a i e n t u n s o u t i e n psycho- log ique f r é q u e n t , a s s o c i a n t l a mëre.

Le mi l i eu f a m i l i a l , en e f f e t , a é t é un moment d i s - s o c i é . La mère s ' e s t déprimée au cours de l ' i n s t a n c e en d i v o r c e , d ' a u t a n t p lus que l e d é p a r t du pè re a c o ï n c i d é avec l a confirma- t i o n des handicaps de l i e n f a n t a l o r s &gé de un an . La s i t u a t i o n socio-économique des p a r e n t s é t a n t t r è s modeste, l ' A s s i s t a n t e s o c i a l e de s e c t e u r a a l o r s obtenu pour l u i une p lace en c rèche avec l e s o u t i e n d u C . A . E . P u i s , l e couple pa ren ta l s ' e s t r e s - soudé mais l a s i t u a t i o n r e s t e p r é c a i r e , l e père é t a n t , par p é r i o d e s , v i o l e n t , a l c o o l i q u e , de peu de s o u t i e n pour sa femme, f r a g i l e e t d é p r e s s i v e , mais s ' o c c u p a n t à nouveau de l ' e n f a n t .

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L' in tégra t ion en crèche, à 2 1 mois, s ' e s t immedia- tement accompagnée de progrês spec tacufa i res . Gardé par sa grand'msre, puis par une nourr ice, l ' en f an t ava i t é t é aupara- vant t r & s peu stimufé, Alors qu ' i l appa ra i s s a i t comme un débi le psychotique, présentant des balancements fréquents , des acc@s de r l r e immotivés, i l a acquis f a marche, l e s jeux construc- t i f s , l a pa r t i c ipa t i on aux a c t i v i t e s du groupe en quelques mois. La persts tance cependant d'un décalage important en t r e ses p o s s i b i l i t é s r é e l l e s , l imi tees e t son age, en t ra inent chez l e s auxiliaires l e maintien d'une ce r t a ine surpro tec t ion e t d k n e aêne v is -à -v is de l a mere s u i , rassuree Dar l e s Droargs, mani- Feste souvent une a t t i t u d e ' i r r é a l i s t e . es benéfice; de c e t t e inser t ion sont . r'l e s t v r a i , considérables : m o m a t l o n du pronost ic i n i t ; a l de débi 1 i té profande e t psychose, progrês psychomoteurs va lor i san t l 'équipe de c e t t e crèche, t r g s ou- ver te e t impliquée. reposent sur l k p p a r î - t ion de doutes fonde mQme de fbenfan t> aggra- vés par une convulsf de soutien à ces moments ponctuels de la pa r t du C.A.E. - e t sur l e s reac t tons de la m&re qui cherche à se rassurer par l e personnel, de r eus s i t e reposent sur l a prësence e t l a motjva n r e c t r i c e qui maintient la cohérence e t 1 "nformation de son équipe, l e s progres e t l e carac tè re de plus en plus ouvert e t a t tachant de Mustapha,

Avenir : Maintien en crëche.

OBSERVATION No 12 : SOLANGE ( 2 ans)

SOLAMGE e s t une t r e s mignonne p e t l t a f i l l e , ac t ive , sour ian te , Vive e t a t t i r a n t e , i n t e l l i g e n t e , e l l e compense ses probt&mes moteurs, t r è s importantsr par une communication soc io-af fec t ive e t un comportement de jeux t r e s êvolu6s,

a essentieilerrrent repose strr n 'ayant aucune demande d'un au t r e type d%ide.

Le milieu famil ia l a , en e f f e t , rapidement dépassé l e choc e t l ' angoisse de mort entourant l e s condit ions de vie néo-natale, e t a tendance à présent que Solange &volue bien, à l e s nier . Les parents sont même ex?geants , voire r i g ide s , avec e l l e e t revendica t i f s avec l a crèche qu-1s connaissent bSen, c a r l eu r f i l l e arnée l ' a fréquentée a in s i qu'une p e t i t e cousine. Mais c e t t e a t t i t u d e repose aussi sur une ce r t a lne confiance envers f ' é tab l i ssement e t l ' évo lu t i on de leur enfan t , t r é s stimulée par sa soeur ainêe.

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t e déroulement de l ' i n t é g r a t i o n témoigne, d'ailleurs, de c e s deux a s a e c t s . La d i r e c t r i c e e t l e ae r sonne l . t r e s moti- vés , on t pu surmonter pour Solange l e s d i f f i c u l t é s - v e n a n t de locaux e t de c o n d i t i o n s de t r a v a i l p a r t i c u l i è r e m e n t défavora- b l e s dans c e t t e c rèche d ' e n t r e p r i s e . E t Solange, par son c a r a c t è r e v o l o n t a i r e e t a f f ec tueux a s é d u i t t o u t son entou- r a g e , de s e c t i o n en s e c t i o n , t e s béné f i ces de c e t t e i n t é g r a - t i o n o n t donc é t é permanents : progrès c o n s t a n t s , autonomie de l ' e n f a n t qui t r anche avec s e s handicaps encore impor tan t s , s o c i a b i l i t é joyeuse qui provoque l ' i n t é r ê t ê d u c a t i f de t o u s . Les inconvén ien t s s o n t p l u t e t f i e s au c a r a c t è r e p a r f o i s ag res - s i f des p a r e n t s , q u i , en f a i t , n ' o n t pas accep té l e handicap de Solange. Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t sur Solange, sa t e n a c i t é , son i n t e l f i g e n c e e t son o u v e r t u r e aux a u t r e s , a i n s i que s u r l a q u a l i t é soc io -&duca t ive de l a d i r e c t r i c e e t de son ëquSpe dans des focaux pour t an t pa r t i cu l iGrement Snadaptés.

Avenir : Grande s e c t i o n de c réche en cours . Ecole m a t e r n e l l e prévue.

OBSERVATION No 23 : SONIA ( 3 ans )

SONIA e s t une p e t i t e f i l l e a t t e i n t e de c g c i t ë , t r è s mol l e r pas= envahie p a r f o i s de s t é r é o t y p i e s . Mais e l l e e s t s e n s i b l e aux s t i m u l a t i o n s par l e s jeux e t l a vo ix , e t y prend p l a S s i r . Son r e t a r d e s t c o n s i d é r a b l e a i n s i que son absence d 'autonomie.

t a p r i s e en charge au C . A . E , a é t é e s s e n t i e l l e m e n t k i n @ s t t h ë r a p i q u e , l ' e n f a n t é t a n t également s u i v i e en consu l - t a t i o n h o s p i t a l i è r e e t l a mère f a i s a n t t o u t e conf i ance à l a c rèche qui l ' a i d e à s ' a d a p t e r à l a r ë a l i t e .

Le mi l i eu f a m i f i a l a , en e f f e t , une a t t l t u d e a s s e z d i s t a n t e e t r a t i o n a l i s a n t e , un peu abandonique. Le p è r e , o u v r i e r , s ' occupe s u r t o u t de son f i l s a i n é - 6 ans - t r è s j a loux e t a f f e c t é p a r f ' a t t e n t i o n p o r t é e à sa soeur . Seu le , 1a mère, qui ne t r a v a i l l e p l u s , e s t en c o n t a c t avec l a c rèche - Ils o n t déménagé pour un appartement p l u s g rand , en rez-de- chaussée , a p r è s f a découver t e du handicap de l ' e n f a n t à sa n a i s s a n c e , p u i s v i ennen t de déménager en province pour a v 0 - i ~ encore p lus de f a c i l i t é s .

L ' i n t é g r a t i o n en c rëche où l ' e n f a n t é t a i t i n s c r l t e p u l s accep tée à t r o i s ans e t demi malgré l e diagnostic de sa c é c i t é , a reposé s u r l ' i n v e s t i s s e m e n t d 'une a u x i l f a l r e q u i , mère elle-même, d 'un e n f a n t handicapé, s ' e s t p a r t i c u l l è r e m e n t consacrée à Sonia. E l l e a permis à Sonia de ne pas s ' e n f o n c e r

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dans l ' a u t i s m e , d ' e n t r e r en c o n t a c t avec l e s a u t r e s , d 'acqué- r i r un peu d 'autonomie, Mais s e s c o l l è g u e s n ' o n t jamais p r i s l e r e l a i s devant l a découver te de l a d é b i l i t é de l ' e n f a n t , e t Sonia e s t r e s t é e dans l a meme s e c t i o n j u s q u ' à 4 ans . Les béné- f i c e s en son t cependant c e r t a i n s c a r e l l e n ' a v a i t pas l e niveau -intégrer à u n groupe d ' e n f a n t s de p lus de 18 mois e t l ' a u x i l i a i r e a é t é t r è s v a l o r i s é e par c e t t e p r i s e en charge con t inue , Les inconvénients son t cependant i n é v i t a b l e s : i n t é - g r a t i o n t r o p longue pour t a c rèche , r e l a t i o n s p a r f o i s tendues avec l a mère (mais permet tant l a p r i s e de conscience de l a n é c e s s i t é d 'une o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e ) , Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t , I c i , s u r l a permanence dans l ' i n v e s t i s - sement de T ' a u x i l i a i r e e t l e sou t i en de l a d i r e c t r i c e e t du G . A . E .

Avenir : E.M.P. s p é c i a 3 i s ë en province où l e s p a r e n t s v i ennen t de déménager.

OBSERVATION N o 1 4 : S U Z A N N E ( 5 ans ) ----- S U Z A N N E e s t une j o l i e p e t i t e f i l l e b londe, t r è s

p a s s i v e , aTXSï7kT de c é c i t é a s s o c i é e à des t r o u b l e s du compor- tement en voie de n e t t e a m é l i o r a t i o n e t à un r e t a r d impor tant (mic rocépha l i e modérée), Très hypotonique e t obèse , e l f e e s t devenue, avec l ' au tonomie de l a marche â 5 a n s , beaucoup p l u s mince e t a c t i v e .

a é t é impor tan te , en k i n é s i t h è r a i s c ' e s t e s s e n t i e t l e - ment l a t é n a c i t é de l a mère qui a permis 1 ' i n t é g r a t i o n en c rèche à 4 ans .

Le mi l i eu f a m i l i a l , en e f f e t , a voulu à t o u t p r i x normal i se r l e c a s de Suzanne e t s u r t o u t l a mère, t r è s dynami- que mais s e u l e au d é p a r t dans l e s r ééduca t ions e t l e s m u l t i - p l e s démarches pour que l ' e n f a n t e n t r e en c rèche ou en j a r d i n d ' e n f a n t s . Bien que t r a v a i l l a n t beaucoup, c ' e s t e l l e qui s 'occupe de Suzanne pour t o u s l e s t r a i t e m e n t s , l e s changements de n o u r r i c e - l e père s ' occupan t p lus de l a f i l l e a î n é e (10 a n s ) e t de l a c o n s t r u c t i o n de son p a v i l l o n , Mais, i l a i d e ac tue l l emen t l a mère à assumer l a r é a l i t é des d i f f i c u l t é s de sa p e t i t e f i l l e e t 1 ' o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e .

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n en c rèche , en e f f e t , s ' i l a é t é g e n t des problèmes. Bien accep tée au d é b u t , e l l e a v a l o r i s é e t ' ê q u l p e par d e s progrès n o t a b l e s : l ' a c q u i s i t i o n de l a marche e t de

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l a propreté , t'autonomie al imentaire . Hais, l a deuxième année e s t marquée par u n e c e r t a ine 7assi tude car l e s acquSsitions psychomotrices de f ' en f an t sont f r a g i l e s e t ponctuées d'ano- malies d u comportement peu g r a t i f i a n t e s pour l e s au t r e s enfan ts e t l e s ëducatr ices (potomanie, blindisme, mérycisme, écho l a l i e s ) .

Les bénéfices de l ' i n s e r t i o n sont cependant nota- bles : progrès de Suzanne, temps d 'observat ion e t de p r i s e de conscience des parents pour une o r i en t a t i on adaptée, Les inconvenients sont inhérents au cas de l ' e n f a n t : i n s e r t i o n Teop t a rd ive en raison des r e j e t s précédents, mais aussi t rop lonsue. On Y p a l l i e Dar l e dêbut d ' o r i en t a t i on ~ ~ é c i a î i s é e en cours, Les f ac t eu r s de r é u s s i t e reposent sur l a Q u a i f t é de l %accueT1 i n i t i a l puis de la trilérance dans l ' a t t e n t e d'une or ien ta t fon plus adaptée , de l ' évo lu t ion pos i t i ve des parents e t du sout ien d u C.A .E .

Avenir : Maintien en crPche assac ié à 2 demi-journées au ja rd in m n t s de l ' i n s t i t u t Départemental des Aveugles.

OBSERVATION No 15 : SYLVAIN ( 3 ans]

SYLVAIN e s t un beau p e t i t garyon, brun, ouver t , a t t e f n t d i m i r m i t é motrice cerébra le mineure gtrnant 'aa marche* l e s manipulations puis sur tou t l e langage, O n ne note pas de t roubles du comportement mais une base souvent consi- dérable .

en kinésithtrrapfe, psi s en groupe ion en crfiche, dans u n é tabl issement s e n s i b i t i s ë aux techniques d ' éve i l d u Tout-Pet i t e t touché par l e s d i f f i c u l t é s de l a mère.

Le milieu famif ia i de l ' e n f a n t e s t , en e f f e t , res - t r e i n t : l a mere de Syf vain* espagnole, e s t c é l i b a t a i r e ; sa fami l le a v a i t r e j e t é 3a s rossesse e t ne l ' a i d e Pas. E l le a v a i t peu de contac ts avec la nourr ice, a des condit ions de t r a v a i l (employee de maison) e t de logement difficiles.

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n commençêe ti 2 mois s ' e s t e f fec tue sans d i f f i c u l t é la premï&re année, en raison de l ' inves t i s sement d'une a u x i l i a i r e sui a é t a b l i avec l u i u n 1 ien p r iv i l ég i é . Les progrès moteurs é t soc io -a f f ec l l f s ont é t é d kmbl ée importants e t r eva lo r i s an t s , au point d k n v i sager 1 ' i n s e r t i o n en grande sec t ion normalement. I c i , l a jardin- ière a é t é plus réservée quant aux poss ib i l i tGs de l ' e n f a n t , t r è s gené sur l e plan d u langage, e t dont l a bave dégoutal t aussi

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bien l ' é d u c a t r i c e que l e s a u t r e s e n f a n t s , p lus âgés qu'en moyenne s e c t i o n . Mais Sylvain a con t inué à p r o g r e s s e r , à p a r t i c i p e r à t o u t e s l e s a c t i v i t é s , r e s t a n t ga i e t â l ' a i s e . Be p l u s , l a mëre a maintenu avec l a c rèche d ' e x c e l l e n t s r a p p o r t s . Les béne f i ces de c e t t e i n s e r t i o n son t donc n o t a b l e s , e t d ' a u t a n t p lus que, par l e r e j e t d'un j a r d i n d ' e n f a n t s , Sylvain a dû ê t r e maintenu ( e t a c c e p t é ) à l a c rèche u n t r i - mest re de p lus que prévu, conso l idan t a i n s i s e s a c q u i s i t i o n s e t l e s o u t i e n à l a mère. Les inconvén ien t s s o n t l i é s à l a bave de l ' e n f a n t , à u n a t tachement t r o p personnel d 'une a u x i l i a i r e en r i v a l i t é avec l a i a r d i n i è r e , oeu i n v e n t i v e dans sa r e l a t i o n pédagogique à l ' e n f a n t . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e reposent s u r I ' i nves tSssemen t d 'une a u x l l i a i r e e t l e s o u t i e n de l a d i r e c t r i c e , e t des bons r a p p o r t s e n t r e l a mère e t l a c rèche .

Avenir : Ecole m a t e r n e l l e e t a i d e en C.M.P.P. ( c f . O b s e r m N o 3 4 ) .

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A N N E X E I I

MNQGWPRXES DES 25 ENFANTS INTEGRES

EN ECOLE bNTERNELLE DU EN JARDIN DTNFANTS

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- 1 3 5 - MONOGRAPHIES DES ENFANTS EN MATERNELLE

16.- ANDRE ...... 17.- CHRISTINE .. 18,- CLEMENT ,*,.

19.- FLORENCE ..O

20,- FRANCOISE .. 21.- FRANCOIS

22.- HYACINTHE .. 23.- IGOR,.***,.-

24,- INES ....... 25.- IRENE ...... 26.- JULIEN ..... 27.- LEA ........ 28.- LOULS ...a*.

29,- LYDIE ...... 4 ans 8 m.

30,- MARGUERITE . 3 ans 8 m, 2 ans 10 m.

31.- SEVERINE .., 32,- SOPHIE

33.- SUAD ....... 34,- SYLVAIN .... 35.- SYLVAINE .,, 3 ans 1 6 ans

36,- SYLVIE ..... 37.- THIERRY .*,.

38.- VIRGINIE ,.. 39.- YVES ..,..,. 40.- ZOHRA ,.....

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1 - M O N O G R A P H I E S D E S 25 EW F A N T S I N T E G R E S EN E C O L E M A T E R N E L L E P

O U EN J A R D I N D'ENFANTS,

OBSERVAT lOM No 16 : A N U R E { 4 ans)

( c f , Observation No If

A N D R E e s t devenu u n p e t j t garçon f i n , g a i , r i e u r . tongiligne,nd e t pa l ey i l e s t t r è s communicatif en raison d'une exce l len te u t i fSsa t i on du langage e t d'une i n t e l l i gence normale. I l a cependant encore quelques blindismes,

La r i s e en char e au C.A.E. s ' e s t poursu$vie au rythme d'une !ors par sematne en p syc~omot r i c i t é , associée à des e n t r e t i e n s ~ s ~ c h o ~ o s i s u e s esoacés, à l a demande de l a - . mère ou du rééducateur,

Le milfeu f ami l i a l , t r è s a i s é , o f f r e B 1 b n f a n t e t sa soeur aPnée tou tes $ o s s i b i l i t é s de r é u s s i t e s co l a i r e e t soc io-af fec t ive , Le handicap d'André r e s t e u n point t r e s dou- loureux, e t provoque des piSriodes de grande a c t i v l t g pour t rouver ou imaginer, c réer des s t r u c t u r e s scolaires plus adap- t é e s mais aussi de cons ta t d' impuissancei de f u f t e du regard des a u t r e s .

à 3 ans, à encore en crèche, a & t é immédiatement une r éus s i t e . Sa soeur f r êquen t a i t d é j à c e t é tabl issement , mais l e s e f f e c t i f s y sont lourds e t l e s locaux peu adaptés , Mais, Andr6 a étonné t ou t l ' en tourage par son aisance de deplacement, son langage. ZI e s t i n v i t é à présent dans d ' au t r e s f ami l l e s , accepté pour l a sec t ion supérieure l ' é c o l e demandant u n certaSn sautnen du C.A.E. à ce s u j e t . E n e f f e t , Andre e s t t r è s sens jb le aux chan- gements d e personnes, beaucoup plus qu%au xhangments de locaux e t régresse a7ors. Les bengfices de c e t t e i n t ég ra t i on , s u i t e à l a crèche, sont importants : André ne s % s t pas r e - trouvé dans une impasse, ni sa f ami l l e , l ' o rgan i sa t i on de v i e e s t r e s t é e normale, ses acqu i s i t i ons sont c e l l e s des enfan ts de son âge. Enfin, l e diagnost ic i n i t i a l a Bvolufi. Les f ac t eu r s de rgus s i t e v5ennent beaucoup de l ' e n f a n t , de son d m o p p e m e n t car " k ' e ~ s a 2 ~ a u r a i t pu ne pas 6 t r e concluant. 13 n" a pas d ' 3 nconvénients.

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OBSERVATION No 1 7 : CHRISTINE ( 5 ans)

CHRISTINE e s t une p e t i t e f i l l e mignonne e t v i v e , a t t e i n t e d'une i n f i r m i t é m o t r i c e c é r é b r a l e q u i e n t r a î n e s u r t o u t a c t u e l l e m e n t une m a l a d r e s s e m a n u e l l e , des t r o u b l e s a r t i c u l a i r e s , une g r a n d e l e n t e u r . M a i s sa v o l o n t é e t sa t é - n a c i t é s o n t c o n s t a n t e s .

La p r i s e en c h a r g e au C . A . E . v i e n t d ' ê t r e r e l a y é e p a r une c o n s u l t a t i o n s p é c i a l i s é e p l u s p roche de l ' é c o l e e t q u i p o u r r a s u i v r e l ' e n f a n t à son e n t r e e en C.P.

Le m i l i e u f a m i l i a l e s t a i s é e t a p r è s une p é r i o d e d i f f i c i l e -premières années de l a v i e e t à l a n a i s s a n c e d ' u n p e t i t f r è r e ( 3 a n s ) , l a v i e f a m i l i a l e s ' e s t n o r m a l i s é e e t l a mère r e t r a v a i l l e à m i - temps . Les p a r e n t s s o n t t r è s a t t a c h é s à l ' e n f a n t e t , en r a i s o n de son bon n i v e a u , o n t tendance à n i e r "ce q u i n ' e s t qu 'un r e t a r d moteur", p r é f é - r a n t " t o u t à un r e t a r d men ta l " ,

L ' i n t é g r a t i o n dans l e j a r d i n d ' e n f a n t s p r i v é a, d ' a i l l e u r s , é t é a c c e p t é e p a r l a d i r e c t r i c e s u r l e s memes a r g u - ments ( e l l e a u r a i t r e f u s é un e n f a n t d é b i l e ou t r i s o m i q u e ) . C h r i s t i n e e s t t r è s b i e n i n s é r é e , p a r t i c i p e à son r y t h m e à t o u t e s l e s a c t i v i t é s , s ' e s t t r o u v é un ou deux p r o t e c t e u r s , r e s t e deux f o i s p a r semaine à l a c a n t i n e avec p l a i s i r , se f a i t m ieux comprendre p a r l e s e n f a n t s que p a r l e s a d u l t e s ! Les b é n é f i c e s de c e t t e i n t é g r a t i o n r e p o s e n t s u r l a n o r m a l i s a - t i o n de l a v i e s o c i o - s c o l a i r e e t f a m i l i a l e de C h r i s t i n e , q u i p o u r s u i t ses a c q u i s i t i o n s à un r y t h m e c o n s t a n t e t c o r r e s p o n - d a n t à c e l u i de son âge, sans i n c o n v é n i e n t s . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t s u r t o u t s u r l ' e n f a n t , s u r sa v o t o n t é , e t p e u t - ê t r e , s u r l e f a i t que ses h a n d i c a p s s o n t t r è s su rmonta - b l e s , c a r l a t o l é r a n c e de l ' é q u i p e p a r a î t en d e r n i è r e a n a l y s e l i m i t é e ,

A v e n i r : D e r n i è r e s e c t i o n en c o u r s , p u i s e n t r é e en C.P. avec - i te des r é é d u c a t i o n s p s y c h o m o t r i c e s ( g r a p h i q u e ) e t o r t h o p h o n i q u e .

OBSERVATION No 18 : CLEMENT ( 5 ans)

CLEMENT e s t u n g r a n d g a r ç o n assez t r i s t e e t f r a g i l e , a t t e i n t de c é c i t é c o r t i c a l e a s s o c i é e à u n i m p o r t a n t r e t a r d de

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développement en v o i e d ' a m é l i o r a t i o n (4.5. p r o g r e s s a n t de 5 5 à 70) e t à des t r o u b l e s du compor tement : i n s t a b i l i t é , o p p o s i t i o n , l a n g a g e s t é r é o t y p é ou i n c o h é r e n t , c o n t a c t s f l u c t u a n t s , p é r i o d e s de r é g r e s s i o n e t de d é p r e s s i o n .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. commencée à l ' â g e de 2 ans a l o r s que Clément commenqait à f a i r e des p r o g r è s en c r è c h e ( a p r ë s un é l e v a g e c a r e n c é en n o u r r i c e ) a c o n s i s t é en k i n é s i t h é r a p i e , p u i s p s y c h o t h é r a p i e une f o i s p a r semaine.

Le m i l i e u f a m i l i a l d é j à f r a g i l e , a é t é t r ë s p e r t u r b e p a r l e h a n d i c a p de l ' e n f a n t e t s u r t o u t l a mère. Employée, comme son m a r i , à l a S.N.C.F., e l l e a 10 ans de p l u s que l u i e t a f a i t p l u s i e u r s p é r i o d e s d é p r e s s i v e s n e c e s s i t a n t des h o s p i t a - l i s a t i o n s e t des s é p a r a t i o n s d ' a v e c l ' e n f a n t . Le p è r e e s t éga lement f r a g i l e e t s u i v i p o u r d é p r e s s i o n s . m a i s i l r e s t e t r ë s p r o c h e de C lément , C e l u i - c i e s t r e s t é en c r è c h e j u s q u ' à l ' â g e de 4 ans, p u i s un an en é c o l e m a t e r n e l l e , à p a r t i r de 3 ans .

L ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e a é t é u n échec, s u r t o u t p o u r l a mère, e t l ' e n f a n t f r é q u e n t e a c t u e l l e m e n t un j a r d i n d ' e n f a n t s p r i v é . En f a i t , l e s i n s t i t u t r i c e s de l a p r e - m i è r e é c o l e se s o n t e s s o u f f l é e s à v o u l o i r f a i r e é v o l u e r 1 ' e n - f a n t e t o n t f a i t u n c o n s t a t d ' é c h e c s u a n t aux p o s s i b i l i t é s de l ' e n f a n t , t o u t en l u i g a r d a n t sa p l a c e , M a i s l a mère a s e n t i u n c e r t a i n d é s i n v e s t i s s e m e n t e t en a s o u f f e r t . Dans l e j a r d i n d ' e n f a n t s a c t u e l , l e s b é n é f i c e s de l ' i n t é g r a t i o n o n t é t é p l u s m a n i f e s t e s , s u r l e p i a n de l a s o c i a l i s a t i o n e t des r e l a t i o n s a f f e c t i v e s . t e s i n c o n v é n i e n t s r e s t e n t i n h é r e n t s à l a m u l t i p l i - c i t é des d i f f i c u l t é s de l ' e n f a n t ; p l u s que l a c é c i t é , c e s o n t t e s t r o u b l e s de son comportement , l a f r a g i l i t é de sa s a n t é , ses r é g r e s s i o n s q u i d é r o u t e n t 1 ' i n s t i t u t r i c e e t l a d i r e c t r i c e e t 1 ' o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e , r e c u l é e l e p l u s p o s s i b l e , a @ t é e n f i n posée. Les f a c t e u r s de r é u s s i t e o n t donc r e p o s é s u r l a t o l é r a n c e e t l a t é n a c i t é de l ' i n s t i t u t r i c e , q u i a c h e r c h é des a c t i v i t é s i n d i v i d u a l i s é e s oour l ' e n f a n t e t a p e r m i s aux P a r e n t s de p r e n d r e c o n s c i e n c e que c e l u i - c i a v a i t b e s o i n d ' u n e p é d a g o g i e p l u s adap tée ,

A v e n i r : Clément e s t i n t é g r é e n h ô p i t a l de j o u r e t c e t t e i n s e m e s t b é n é f i c e p o u r l u i . La mère c o n t i n u e à ê t r e a i d é e en p s y c h o t h é r a p i e c a r l e changement, b i e n que p r o g r e s s i f , a r é a c t i v é , p o u r e l t e , l e s chocs é m o t i o n n e l s p r é c é d e n t s .

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aBSERV4lION N o 19 : FLORENCE ( 3 ans e t demi)

FLORENCE e s t une p e t t t e f l l l e mignonne e t soc iab le , a t t e i n t e d'une i n f i rmi t é motrice cérébra le a t t e ignan t sur tou t l e s membres i n f é r i eu r s e t rendant l a marche d i f f i c i l e , avec cannes ou maintenue, El le e s t i n t e l l i g e n t e , bavarde, malgré ses t roubles a r t i c u l a t o i r e s , son langage e s t r i che e t expres- s i f .

La p r i s e en charge au C , A . E , , commencée à I I mois, pour cé bé5é a lo r s t r è s pataud e t hypotonique, e s t e s s e n t i e l - lement kinési thérapique, 2 f o i s par semaine, puis une f o i s ( t r a j e t important) , Le sout ien psychologique a Gté sans doute t rop espacé (vo i r plus f o i n ) .

Le milieu fami l ia l e s t socio-cul turel lement favor i sé mai$ l a mère, c é l i b a t a i r e , n'a accepte sa grossesse que parce que l e pere d é s i r a i t l ' e n f a n t e t l e mariage. 11s sont t r & s chaleureux avec e l l e , mais ambivalents dans leur a t t i t u d e v i s - à-vis de l ' aven i r ( d é s i r de normalisation, r e j e t du corps medical t rop opt imis te , e t c . ) , La mère a cessé son t r ava i l pour s 'occuper de t ' e n f a n t , élevée uniquement avec e l l e jusqu'à l a farmulation d'une demanda d 'éco le maternel le pour l a socio- b i l i s e r .

Le déroulement de I ' l n t ég ra t i on a é t é t rPs perturbé; o n a commencé par 2 après-midi par semaine e t l e s premiers e s s a i s ont @ t é réuss i s . Progressivement, 1"nfant en revenai t a f fo l ée e t en larmes, bousculée physiquement e t par l e s ques- t ions des au t r e s enfan ts , T r i s t e , anxieuse, e l l e a communiqué son échec à sa mère dont l ' ango i s se a é t é réac t ivée , I l semble que 1 a confrontat ion subi te a une c o l l e c t i v i t é d ' en fan t s val i - des a i t @ t é mal supportée.

Les f ac t eu r s d 'échec de c e t t e in tégra t ion sont , sans doute, à r e l i e r à l a f r a g i l i t e " soc io-af fec t ive de l ' en f an t e t de sa mère e t à u n sout ien i n su f f i s an t sur ce plan du C . A . E . (problèmes de t r a j e t ne permettant pas l e s groupes d8Evei l e t une soc i a l i s a t i on progressive] .

Avenir : Organisation en cours pour f avo r i s e r avec l a k tnés i thérap te une sociabiYisation. Centre spéc i a l i s& en vue, mais l e s parents ne sont pas p r s t s .

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OBSERVATION No 20 : FRANCOISE ( 4 a n s )

FRANCOISE e s t une p e t i t e f i l l e a s sez f a d e , au v i sage dysmorphique d ' a s p e c t mongoloTde, p r é s e n t a n t u n r e t a r d g lobal de développement ( Q . D . zone 6 0 ) , s ans t r o u b l e s du comportement no tab les s i c e n ' é t a i t , pa r moments, d e s impufsions a g r e s s i v e s s u r u n fond de grande p a s s i v i t é .

La p r i s e en charge au C . A . E . a é t é s u r t o u t man i fes t e avan t 1 ' a c q u i s i t i o n de l a marche, en k i n é s i t h é r a p i e , p u i s i l s ' e s t ag i s u r t o u t de guidance p a r e n t a l e e t d ' o r i e n t a t i o n .

Le mi l i eu f a m i l i a l , en e f f e t , n ' a p r i s conscience que t r è s lentement d u r e t a r d de l ' e n f a n t , l a dén ié longuement e t l a s c o l a r i t é en é c o l e ma%erne l l e , obtenue par l e s p a r e n t s pour s e c o n f o r t e r dans c e t t e op t ique de n o r m a l i t é , l e s a a i d é s à prendre conscience . Mais i l s o n t eu u n deuxième e n f a n t , s u r - t o u t pour F ranço i se , pour l a s t i m u l e r , e t l a mère, en r e t r a - v a i l l a n t e t en dépassan t c e t t e phase d i f f i c i l e a envisagé de s e s é p a r e r de son mar i , comptable i n s a t i s f a i t de sa v i e pro- f e s s i o n n e l l e , d é p r e s s i f . Le problème de l ' a v e n i r f a m i l i a l s ' e s t r e - s t a b t l i s é ac tue l l emen t g râce à 1'E.M.P. ( v o i r p lus l o i n ) .

Le deroulement de l ' i n t é g r a t i o n n ' a pas posé de problèmes p a r t i c u l i e r s en r a i s o n de l a t o l é r a n c e de I ' i n s t i - t u t r i c e e t des béné f i ces - même l i m i t é s - qu ' en a r e t i r é s l ' e n f a n t : autonomie nouve l l e , i m i t a t i o n p o s i t i v e , d i s p a r i t i o n p r o g r e s s i v e des impuls ions . Mais e l l e e s t r e s t é e peu i n t é r e s - sée pa r l e s s t i m u l a t i o n s , t r è s l i m i t é e dans s e s p o s s i b i l i t é s . La comparaison avec l e s a u t r e s e n f a n t s , l a t o l é r a n c e de 1 ' i n s - t i t u t r i c e o n t permis aux p a r e n t s de p r o f i t e r de c e t t e pé r iode de t r a n s i t i o n pour s e poser l a q u e s t i o n de l ' i n t é r ê t de l ' e n - f a n t e t d ' e n v i s a g e r une o r i e n t a t i o n s u é c i a l i s é e uour s e s 5 -6 ans . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t s u r l e f a i t que c e t t e i n t é g r a t i o n n ' a pas é t e t r o p longue e t u t i l i s é e avec p r o f i t par F ranço i se comme par l e mi l ieu f a m i l i a l .

Avenir : L'enfan t e s t bien i n t é g r é e ac tue l l emen t dans u n ~.=ù e l l e a progressebeaucoup p l u s rapidement - son c a s r e l e v a n t d ' a i d e pédagogique t r è s i n d i v i d u a l i s é e . Le couple pa ren ta l a accep té une a i d e psychothérapique e t m a i n t i e n t une s t a b i l i t é r e l a t i v e a c t u e l l e m e n t .

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OBSERVATION No 2 1 : FRANCOIS ( 5 ans)

FRANCOIS e s t un e n f a n t de t r è s g rande t a i l l e , au f a c i è s peu e x p r e s s i f e t dysmorphique. Il p r é s e n t e un r e t a r d m e n t a l c e r t a i n a g g r a v é p a r des t r o u b l e s du comportement i m p o r t a n t s , de t y p e phob ique , à t o n a l i t é g l o b a l e p s y c h o t i q u e .

La p r i s e en c h a r g e au C . A . E . a é t é t a r d i v e c a r l e s p a r e n t s c o n s c i e n t s assez précocément des d i f f i c u l t é s de l ' e n - f a n t n ' o n t c o n s u l t é que v e r s 2 ans. Il s ' e s t a g i s u r t o u t de p s y c h o t h é r a p i e e t d ' i n t é g r a t i o n en g roupe d l E v e i l , 2 f o i s p a r semai ne.

Le m i l i e u f a m i l i a l de n i v e a u soc io -économique moyen a e u des d i f f i c u l t é s r e l a t i o n n e l l e s p r é c o c e s avec c e t e n f a n t , Le p è r e a é v o l u é v e r s une a t t i t u d e s u r p r o t e c t r i c e a i n s i que l a s o e u r a i n é e q u i se s e n t t r è s i m p l i q u é e ( 8 ans) p a r l e s d i f f i c u l t é s de son p e t i t f r è r e . La mère r e s t e p l u s d i s t a n t e e t tendue .

Le d e r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e n ' a posé aucun p rob lème, à mi- temps, p u i s m a t i n e t a p r è s - m i d i , e t c e t t e année avec l a c a n t i n e , a c c e p t é e avec o t a i s i r . F r a n c o i s p a r t i c i p e aux a c t i v i t é s du g roupe e t ' communique de p l u s en p l u s avec l e s e n f a n t s de son âge, q u i l e comprennent e t s o n t i n t é - r e s s é s p a r l u i . Il r e s t e m u t i q u e e t opposan t avec t o u t a d u l t e m a i s l ' i n s t i t u t r i c e l ' a b i e n a c c e p t é .

L e s b é n é f i c e s de l ' i n s e r t i o n s o n t , s u r l e p l a n de 1 ' a d a p t a t i v i t é g l o b a l e , du comportement de j e u x , des p h o b i e s , t r è s i m p o r t a n t s - e t l e s d i f f i c u l t é s massivement a p p a r e n t e s de l ' e n f a n t o n t d i s p a r u , Ma is , l a s t r u c t u r a t i o n p r o f o n d e de sa p e r s o n n a l i t é r e s t e t r è s p e r t u r b é e e t son r e t a r d i m p o r t a n t . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t e s s e n t i e l l e m e n t s u r 1 ' i n s - t i t u t r i c e q u i l ' a s u i v i s u r deux s e c t i o n s d e p u i s deux ans, e t s u r 1 es bonnes r e l a t i o n s d i r e c t r i c e - m è r e , p e r m e t t a n t d ' o f f r i r à c e t t e d e r n i è r e une image mo ins d é v a l o r i s a n t e de son e n f a n t .

A v e n i r : M a i n t i e n en é c o l e m a t e r n e l l e , g rande s e c t i o n à 6 ans a v e c e n t a t i o n p r o b a b l e p l u s s p é c i a l i s é e e t p o u r s u i t e a c t u e l l e de l a p s y c h o t h é r a p i e au C . A . E .

OBSERVATION No 22 : HYACINTHE ( 5 a n s )

HYACINTHE ( c f . O b s e r v a t l o n No 9 ) a t t e i n t e de t r i s o m i e 21, a q u i t é l a c r è c h e à 4 ans p o u r l ' é c o l e m a t e r n e l l e ,

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La p r i s e en charge au C . A . E . s ' e s t considérablement e spacée , c o n s i s t a n t une surveiT3ance psychologique, un sou- t i e n p a r e n t a l , des l i a i s o n s avec l ' é c o l e .

Le mi l ieu f a m i l i a l ne s ' e s t pas détendu au cours de c e t t e i n t é g r a t i o n , l e s p a r e n t s , j e u n e s , cad res moyens, a c t i f s , v i v a n t dans un appartement ag réab le e t g a i , on t eu une a u t r e p e t i t e f i l l e é l e v é e en nour r i ce de j o u r , qui a c c u e i t l e Hyacinthe a p r è s f ' é c o l e . Hyacinthe n 'a pas vraiment i n v e s t i l e bébé. Le pè re semble p lus demuni v i s - à - v i s d ' e l l e que l o r s q u ' e l l e é t a i t en c rèche ; l a mère ga rde l a même r é t i c e n c e , A p l u s i e u r s r e p r i s e s , i l s on t éprouvé l e besoin ( e t s u r t o u t e l l e ) de " d r a m e t $ s e ~ " c e r t a i n s Gvènements s c o l a i r e s e t l a d i r e c t r i c e e t 1 ' i n s t i t u t r i c e , qui jugen t 1 ' i n t é g r a t i o n r é u s s i e on t e x ~ r i m é l e u r s d i f f i c u l t é s r e l a t i o n n e l i e s avec l e s pa ren t s . Les béné f i ces r e t i r é s par 1 ' e n f a n t s o n t c e r t a i n s : progres c o n s t a n t s , o r a i s i r d ' a l l e r â l ' é c o l e où on s ' e s t adao té à s e s besoins e t où on juge q u ' e l l e a des p o s s i b i l i t é s . O n ' souhai- t e r a i t que l e C . A . E . s ' e f f a c e pour l a i s s e r l e G . A . P . P . t r a - v a i l l e r s u r son cas e t f a v o r i s e r une a i d e f fcalat<nuel l grâce à l ' i n t é g r a t i o n en c l a s s e de perfec t ionnement . Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r eposen t ce r t a inement s u r l ' a c c e p t a t i o n des l i m i t e s e t des p o s s i b i l i t é s r e e l l e s de l ' e n f a n t , pour qui on a adap té c e r t a i n e s a c t i v i t é s , mais a u s s i s u r l e p r o j e t à long t e r n e qu'on a pour e l l e . Les inconvénients r eposen t s u r l ' a t t i t u d e p a r e n t a l e , qui n ' o n t pas profondément a c c e p t é l e c a s de Hyacinthet e t éprouvent l e besoin de compliquer des s i t u a t i o n s s imples , s ans aborder l e s v r a i s problèmes. O n r e t rouve c e t t e f u i t e dans l e s c o n s u l t a t i o n s au C . A . E . , maintenues de façon espacées mais r é g u l i è r e s .

Avenir : Maint ien en moyenne s e c t i o n de m a t e r n e l l e e t c l a s s e ~ f e c t i o n n e m e n t . R e l a i s de p r i s e en charge en cours .

OBSERVATION N o 23 : IGOR ( 6 ans )

l G O R e s t un beau p e t i t garçon, t r i somique 21 , pré- s e n t a n t u n x a r d modéré (Q.D. zone 70) avec t r o u b l e s du comportement ( o p p o s i t i o n , a g r e s s i v i t é , i n s t a b i l i t é ) en vo ie de r é g r e s s i o n . Sa f o r t e p e r s o n n a l i t é , i n h a b i t u e l l e n e n t d é c r i t e dans l a t r i s o m i e 2 1 e s t l e r e f l e t de l a m a r g i n a l i t é e t de 1 ' o r i g i n a l i t é p a r e n t a l e s , e t r é v é l a t r i c e de t o u t e s l e s r g f l e - x ions que peuvent s u s c i t e r l e s a p r i o r i , non fondés , a s s o c i é s à 1 ' e n f a n t mongolien.

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L a p r i s e en c h a r g e au C.A.E. e s t e r é g u l i è r e en o r t h o - p h o n l e e t p s y c h o m o t r i c i t é . 2 f o i s p a r semalne,

Le m i l i e u f a m i î i a l e s t p a r t i c u l i e r : l e p e r e , a g e n t h o s p i t a l i e r , a une d o u z a i n e d 'années de p l u s que sa femme, au chbmage; l a g r o s s e s s e é t a i t t r è s d é s i r é e e t l e d i a g n o s t i c r é v é l 8 t a r d i v e m e n t , 3 m o i s a p r è s l a n a i s s a n c e , a s u s c i t é u n v é r i t a b t e e f fondrement ; l e p è r e , d e p u i s , l e v i t comme un p e r - p é t u e l c o s b a t p a r r a p p o r t 6 l a s o c i é t é e t lui-meme; l a mère passe p a r des phases d é p r e s s i v e s t o u j o u r s surmontées. t e s r e l a t i o n s avec I g o r s o n t i n t e n s e s , p a s s i o n n e l l e s .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n n ' a pas é t é sans d i f f i c u l t & s m a i g r é 1 ' a c c u e i l c h a l e u r e u x de l a d i r e c t r l c e e t de l ' i n s t i t u t r i c e . dans c e t t e é c o l e m a t e r n e l l e s u i a c c u e i l l e s o u v e n t des e n f a n t s hand icapés . L e s s o u r c e s de d i f f i c u l t é s $ o n t venues de o l u s i e u r s facteurs-trice, t a i l l e de l ' e n f a n t - p l u s g r a n d que l e s a u t r e s , f a c i l i t a n t son a g r e s s i v i t é en r é c r é a t i o n , r é a c t i o n s d i v e r s e s m a i s &ga lement p a s s i o n n e l l e s des a u t r e s p a r e n t s .

L e s b é n é f i c e s q u ' e n t i r e l ' e n f a n t s o n t t r e s p r o f o n d s m a i s demandent un i m p o r t a n t s o u t i e n : a m é l i o r a t i o n p r o g e s s i v e de ses c o n d u i t e s a g r e s s i v e s e t de son i n s t a b i l i t é m a j e u r e , p r o g r e s s i o n de t o u t e s l e s a c q u i s i t i o n s , p r i s e de c o n s c i e n c e de sa p r o p r e image e t a c c e p t a t i o n ; é v o l u t i o n des p a r e n t s e t m a t u r a t i o n p a r r a p p o r t à l e u r p r o p r e p h i l o s o p h i e .

L e s f a c t e u r s de r é u s s i t e s o n t l i é s à l a q u a l i t é de l a d i r e c t r i c e f s a o e r s o n n a l i t é l e t d ' u n e des i n s t i t u t r i c e s a u t a n t q u ' à c e i l e d ' f g o r , p e r s & n n a l i t é t r è s p r o v o c a t r i c e e t t r e s r i c h e , à u n p r o j e t à l o n g t e r m e p o u r l ' e n f a n t q u i l u i p e r m e t de p o u r s u i v r e en é t a b l i s s e m e n t de t o u t - v e n a n t sa sco- f a r i t 6 p r i m a i r e , à l a p r i s e en c h a r g e t r è s s o l i d e du E-A.E,

A v e n j r : I g o r v i e n t d ' e n t r e r en c l a s s e i n t é g r é e d ' u n e e c o m m a i r e ,

OBSERVATION No 24 : INES ( 4 ans)

INES e s t une t r è s mignonne p e t j t e F511e, u n peu pa taude , q-résente des t r o u b l e s m o t e u r s c o n s i d é r a b l e s , p u i s du l a n g a g e , a s s o c i é s à une d y s p r a x i e b u c c o f a c i a l e , e t une s u s p i c i o n de c é c i t é , p u i s de psychose i n f a n t i l e p r é c o c e dans l a p r e m i è r e année de sa v i e . A u s s i , son P v o l u t i o n e s t - e l l e s p e c t a c u l a i r e d e p u i s son a r r i v é e au C e n t r e à 2 ans 3 m o i s ,

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Ca r i s e en char e au C . A . E . a é t é t r è s complète : k i n é s i t h é r ~ p i ; jusquJa 2 ans e t de-puis en observation au groupe dlEvei l jusqu'à 3 ans e t demi, avant son in tégra t ion à l ' é c o l e , El le e s t actuellement aidée en orthophonie une f o i s par semaine, e t deux f o i s en psychomotriclté.

Le milieu fami l ia l a i s é , a é t é complètement dépassé aar l e s d i ~ f i c u ~ t e s de dëveioooement de l ' e n f a n t . en Province a l o r s (absence t o t a l e de contac ts avec l e monde é x t é r i e u r f . Puis l a p r î s e en charge de l ' en f an t a é t é assumée par l a mère (sa f i l l e aînée ne posant aucun probl6me) e t l e père s ' é t a n t f i x é sur une posi t ion démissionnaire.

Le dérou , en ja rd in d 'enfan ts pr ivé (fréquente" ne pose aucun pro- blème en p e t i t e sect ion ) mi-temps, u n t r imes t r e , Inès e s t passée en moyenne sec t ion à temps complet avec une i n s t i t u - t r i c e t r è s expérimentée, consciente du poten t ie l i n t e l l e c t u e l i n t a c t de c e t t e enfant qui n'exprime aucun mot mais dont chaque r éus s i t e e s t partagée e t i nves t i e , Le groupe (de 35 enfan ts ) e s t autour d ' e l l e a t t e n t i f e t s o l i d a i r e , u n peu surpro tec teur ,

Les bénéfices de c e t t e i n se r t i on sont manifestes :

- normalisation progressive du comportement soc io -a f f ec t i f de l ' e n f a n t dont l e s conduites soc i a l e s sont devenues c e l l e s de son groupe d'age;

- progres praxiques cons tan ts , e t dans fa compréhension du langage, maintien de l a v ie profess ionne l le de l a mére qui " s a c r 2 f i a i t t o u t " à 1 ' enfant s i non,

I I n'y a aucune d i f f i c u l t é actuellement (1).

Les f ac t eu r s de r éus s i t e sont d ivers :

- l a personnal i té d ' I n è s , vo lonta i re , calme, curieuse de tout e t coopérante, e t ses progrès;

- implication e t renouvellement des méthodes pédagogiques de 1 ' i n s t i t u t r i c e ;

- l e sout ien du C . A . E .

AvenSr : Passage en dern iè re sec t ion . Tentat ive d ' i m p l i c a t ~ o g r e s s i v e du père. Tentat ive d'une meil leure compréhension ét iologique en cours.

(1) Mais l e s r e l a t i ons mère - in s t i t u t r t c e s e sont é t a b l i e s assez lentement au début.

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OBSERVATION No 25 : IRENE ( 6 ans)

IRENE e s t une p e t i t e f i l l e t r è s a t t a c h a n t e e t a f f e c - t u e u s e , m a ~ c e s s i v e m e n t a n g o i s s é e e t i n s t a b l e , d o n t l e r e t a r d psychomoteur semble a g g r a v é p a r l ' i m m a t u r i t é a f f e c t i v e e t l e s t r o u b l e s du comportement p l u s que p a r 1 ' h é m i p l é g i e .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a commencé à 4 ans p a r une i n t é g r a t i o n en g roupe pédagogique deux f o i s p a r semaine e t une p s y c h o t h é r a p i e de l a mère, q u i se p o u r s u i v e n t a c t u e l l e - ment .

Le m i l i e u f a m i l i a l , en e f f e t , e s t t r è s f r a g i l e . I r è n e e s t née en é t a t de m o r t a p p a r e n t e e t l ' o p é r a t i o n u l t é - r i e u r e à c o e u r o u v e r t n ' a f a i t q u ' a g g r a v e r l ' a n g o i s s e e t l a f a t i g u e des p a r e n t s . Le p è r e , o u v r i e r , v i t l ' é t a t de l ' e n f a n t comme une "honte" e t b o i t souven t ; l a mère met constamment I r è n e en compara ison e t en r i v a l i t é avec l a soeur a î n é e , m a i s m a l g r é son a m b i v a l e n c e e l l e t r è s dévouée à 1 ' e n f a n t . Le c o u p l e s ' e n t e n d mal e t l e s t r o u b l e s du comportement d ' I r è n e o n t p a r u t r g s r e l i é s à c e c l i m a t p l u t â t q u ' à ses h a n d i c a p s .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n a é t é d i f f i c i l e dans un p r e m i e r temps, dans un j a r d i n d ' e n f a n t s p r i v é q u i a p a r u , à l a mère, r i g i d e e t p u n i t i f . Depu is u n an, l ' e n f a n t e s t i n t é - g r é e dans une é c o l e m a t e r n e l l e , en moyenne s e c t i o n , avec une b i e n m e i l l e u r e t o l é r a n c e : ses i n s t a b i l i t é s , m a i s a u s s i ses b l o c a g e s e t son i n h i b i t i o n v e r b a l e , t r a d u i s a n t une g rande a n g o i s s e , o n t d é r o u t é au d é b u t 1 ' i n s t i t u t r i c e m a i s l e s o u t i e n du C.A.E. a p o r t é ses f r u i t s .

Les b é n é f i c e s r e t i r é s p a r l ' e n f a n t , peu à peu, s o n t apparus p l u s n e t t e m e n t : i n t é g r a t i o n au g roupe , s t a b i l i s a t i o n , a c c e p t a t i o n des f r u s t r a t i o n s , i n t é r ê t nouveau p o u r c e r t a i n e s r é a l i s a t i o n s é v o l u é e s au p o i n t q u ' o n r e t a r d e , à p r é s e n t , une o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e . s a c h a n t que l ' é v o l u t i o n de l ' e n f a n t e s t f a v o r a b l e .

Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t e s s e n t i e l l e m e n t s u r c e t t e a m é l i o r a t i o n , l e n t e , m a i s n o t a b l e e t l e s o u t i e n du C.A.E.

A v e n i r : M a i n t i e n d ' u n e année en m a t e r n e l l e e t o b s e r v a t i o ~ ' é v o 1 u t i o n d ' I r è n e e t de l ' e n v i r o n n e m e n t f a m i l i a l .

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OBSERVATION No 26 : JULIEN ( 5 ans)

JULIEN e s t un p e t i t g a r ç o n t r e s a c t i f , mignon, g a i e t m a l i c i e - t e i n t d ' u n e t r i s o m i e 21, Le r e t a r d psychomoteur e s t n o t a b l e (Q.D. zone 50-60) e t c o n s i d é r a b l e s u r Te p l a n du l a n g a g e , ce q u i a c c e n t u e p a r f o i s ses r é a c t i o n s d ' o p p o s i t i o n ou de c o l è r e .

L a p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a commencé dës l e s p r e - m i e r s m o i s de l a v i e p a r une k i n é s i t h g r a p i e e t une g u i d a n c e p a r e n t a l e , p u i s à 2 ans une i n t é g r a t i o n en g r o u p e d g E v e i l une f o i s p a r semaine p o u r f a c i l i t e r l ' i n s e r t i o n p r é v u e en m a t e r - n e l l e .

L e m i l i e u f a m i l i a l a é t é t r è s c o o p é r a n t e t c h a l e u r e u x . Les d i f f i c u l t é s soc io -économiques des p a r e n t s se s o n t a m é l i o - r é e s e t i l s o n t eu u n t r o i s i ë m e e n f a n t . J u l i e n a t o u j o u r s é t é b i e n i n s é r é e t s t i m u l é dans sa f a m i l l e sans s u r p r o t e c t i o n , c e q u i e x p l i q u e en g r a n d e p a r t i e l a bonne au tonomie de l ' e n f a n t . A u s s i , l a f a m i l l e a - t - e l l e mal r e s s e n t i l e r e j e t s c o l a i r e .

L e d é r o u l e m e n t de 1 ' i n t é g r a t i o n , en e f f e t , n ' a pas é t é p o s i t i f . T o l é r é à m i - temps , avec r e f u s de c a n t i n e , m a l g r é l e s d i f f i c u l t é s m a t é r i e l l e s des p a r e n t s , l ' e n f a n t a eu une p r e - m i è r e année p é n i b l e , où il a é t 6 i s o l é "dans son coin", m a l g r é deux c o n t a c t s de l a p a r t du C.A.E. p o u r l ' i n d i v i d u a l i s e r . Un changement d ' i n s t i t u t r i c e s e t de d i r e c t r i c e a l a i s s é e s p é r e r une a m é l i o r a t i o n m a i s J u l i e n e s t r e s t é d é v a l o r i s é , non s t i m u l é . L ' i n t e r v e n t i o n du C.A.E. a é t é a l o r s r e s s e n t i e avec a m b i v a l e n c e , J u l i e n é t a n t t r a n s f o r m é , a c t i f e t p l e i n d ' i n i t i a t i v e en p r é s e n c e de sa r é é d u c a t r i c e e t l ' i n s t i t u t r i c e n ' a pas f a c i l i t é l e r e l a i s du C . M . P . P . e t du G.A.P.P., q u i a é t é i n e x i s t a n t . 11 e s t à n o t e r , que l ' e n s e m b l e du g roupe é t a i t abandonné pédagog iquement , l e s e n f a n t s é t a i e n t l i v r é s à eux-mêmes, f a t i g u é s ou a g r e s s i f s .

Les f a c t e u r s d ' é c h e c , i c i , s e m b l e n t un iquement impu- t a b l e s à l a s t r u c t u r e d ' a c c u e i l .

A v e n i r : E n f a n t b i e n i n t é g r é a c t u e l l e m e n t en E.M.P. au g r a n d s-ment de ses p a r e n t s .

OBSERVATION No 27 : LEA ( 6 ans)

LEA e s t une p e t i t e f i l l e l o u r d e e t pa taude , myope, au v i s a g e =grac ieux . Son r e t a r d psychomoteur i m p o r t a n t dans l e s p r e m i è r e s années de l a v i e s ' e s t à peu p r è s compensé (9.0. 60 - Q.I. zone 8 0 ) . E l l e e s t o u v e r t e e t c o o p é r a n t e , e t son a s p e c t l ' a c e r t a i n e m e n t d é v a l o r i s é e dans u n p r e m i e r temps.

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La p r i s e en c h a r g e du C.A.E., k i n é s i t h é r a p i e au d é b u t , a s u r t o u t é v o l u é v e r s une a u i d a n c e ~ a r e n t a l e e t une s u r v e i l l a n c e p s y c h o l o g i q u e f a v o r i s a n t 1; s o c i a b i i i s a t i o n p u i s l a s c o l a r i s a - t i o n de Léa.

Le m i l i e u f a m i l i a l , en e f f e t , a i s é , c a d r e s u p é r i e u r e t e n s e i g n a n t , e s t a n x i e u x e t m o t i v é d e p u i s l e d é b u t p o u r une v i e s c o l a i r e "norrnaZerf de Léa. Les deux a î n é s f a i s a n t une s c o l a r i t é f a c i l e e t r e v a l o r i s a n t e .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n n ' a g u è r e posé de p rob lème, s i ce n ' e s t l ' a n g o i s s e des p a r e n t s à chaque " m o n t é e u de s e c t i o n s o u l e v a n t des h é s i t a t i o n s j u s t i f i é e s des i n s t i t u - t r i c e s , j u s q u ' a u m a i n t i e n d ' u n e année-de p l u s en d e r n i è r e s e c t i o n . Le c e n t r e e s t i n t e r v e n u p l u s i e u r s f o i s p o u r l ' o r i e n t a - t i o n de l ' e n f a n t au changement d ' u n e d i r e c t r i c e en r a i s o n des d i f f i c u l t é s r e l a t i o n n e l l e s p a r e n t s - d i r e c t r i c e . m a i s l a v i e s c o l a i r e q u o t i d i e n n e , Léa n ' e n a pas p â t i .

Les b é n é f i c e s de c e t t e i n t é g r a t i o n r e p o s e n t s u r l e f a i t que Léa a pu m a n i f e s t e r dans l e groupe, de s e c t i o n en s e c t i o n , ses p o s s i b i l i t é s r é e l l e s . E l l e a s u r p r i s au d é p a r t l e s i n s t i t u t r i c e s ( e t l e C.A.E.) p u i s c o n v a i n c u .

Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t s u r e l l e , m a i s a u s s i s u r ses i n s t i t u t r i c e s e t , de f a ç o n p o n c t u e l l e , c e r t a i n e s i n t e r v e n t i o n s du C . A . E .

A v e n i r : Léa v i e n t de r e n t r e r dans un C.P. à p e t i t e f f e c t i f , -un m a i n t i e n en m a t e r n e l l e de 6 à 7 ans. Les D a r e n t s ne s o n t pas h o s t i l e s à une c l a s s e de ~ e r f e c t i o n n e m e n t u l t é r i e u r e m e n t (ou une é c o l e p r i v é e a d a p t é e ) . ' R e l a i s p r i s p a r l e G.A.P.P.

OBSERVATION No 28 : LOUIS ( 5 ans)

LOUIS e s t u n p e t i t g a r ç o n v i f e t s o c i a b l e , dépendan t e t i m m a t u r ~ f e c t u e u x , m a i s f a c i l e m e n t i n s t a b l e e t a g i t é . D ' u n é t a t de mal c o n v u l s i f à 4 m o i s , il garde une h é m i p l é g i e e t une d é f i c i e n c e m e n t a l e modérée ( Q . D . zone 7 5 ) , une c e r t a i n e l e n t e u r de r é a l i s a t i o n s .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E., à 2 ans, a r e p o s é s u r une i n t é g r a t i o n en g roupe d ' E v e i l e t une ~ s v c h o t h é r a o i e o a r e n t s - . - e n f a n t , p u i s récemmënt en o r t h o p h o n i e .

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Le milieu familial. en effet, est très fragile. La mère a été surmenée par la naissance puis la maladie de Louis, survenue alors que sa fille ainée n'avait q u k n an et demi. Elle passe par des phases de rejet et d'hyperprotection qui perturbent Louis. Le père a nié ces difficultés, s'est montré très exigeant avec son fils et commence seulement à voir 1 'avenir avec objectivité.

t e déroulement de l'intégration en école maternelle s'est modiTié favorablement. L'insertion a été moyenne la pre- mière année, où l'enfant paraissait assez passif et isolé, avec un rejet, ou un déni de ses difficultés; mais i l profi- tait sur le plan de la sociabilisation, de la collectivité. La deuxième année semble positive : Louis n'est plus vécu comme une charge (en raison de sa lenteur à 1 'habillement, pour la propreté, dans les escaliers, etc.) et ses difficultés sont evoquées en leur opposant les acquisitions, qui sont impor- tantes actuellement, en particulier sur le plan du langage et de la stabilisation du comportement.

Les facteurs d'échec de la première année semblent liés aux difficultés mëme de louis et de ses parents, mais aussi à la pédagogie peu dynamique pour tout l'ensemble de sa classe de 1 'institutrice.

Les facteurs de réussite actuelle reposent sur l'ins- titutrice et la maturation de l'enfant.

L'avenir : Proposition d'un maintien en maternelle pour effectuer une orientation correspondant à l'évolution actuellement favorable à Louis. Aide du C.A.E. poursuivie.

OBSERVATION No 29 : LYDIE (4 ans et demi)

LYDIE est une petite fille brune, fragile si elle n'est pas familiarjsée avec 1 'environnement, atteinte de surdi té.

La prise en charge au C.A.E., en orthophonie, deux fois par semaine, a pris la suite, à d ans, d'une rééducation commencée à 3 ans dans un autre centre et interrompue par les ennuis de santé d e sa mère : Lydie fut envoyée quelques mois en Algérie.

Le milieu familial est, en effet, trës fragile et en particuTier la mëre (algériens, ils se sentent déracinés). La famille paternelle reproche à la mëre , de santé précaire et dépressive, la surdité de l'enfant, dépistee tardivement

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par u n bi lan de san té . f r e s i so l ée dans u n logement d*une pièce avec sa mère, Lydie a peu de contac ts avec d ' au t r e s enfants . t e C.A.E, a donc demandé une i n se r t i on s co l a i r e e t un relogement.

Le déroulement de SrintGgrat ion à I J 6 c o f e maternefje du q u a r t i e r es t u n 6chec. Lydie n ' ava i t pu bénéf ic ie r de grou- pe dYveZ3 au C . A . E . en raison des t r a j e t s e t on a demandé pour e17e une in tégra t ion progressive, mais qui n'a pas é t é supportée par l ' en f an t . Son comportement s k s t dé t é r i o r é e t f a f r a g i l i t é de sa personnal i té e s t apparue : mécanisme de défense peu s t r u c t u r é , r ep l i sur elle-meme, s té réo typies .

Les f ac t eu r s d'échec sont d ivers : pr i se en charge sp6c ia l i sée e t préparat ion i n su f f i s an t e pour c e t t e p e t i t e f i l l e t r è s f r a q i l e , pédaqosie de l a c l a s se t rop organisée e t de l ' â g e réel de Lydie, Q u ? a u r a i t mieux benéflcier d'une moyenne sec t ion , anxiété de 1 ' é t ab l issement,

Avenir : Pr ise en charge plus intensive au C . A . E . , or i en t ée a m e m e n t sur la psychotherapie avec arthiophonie, e t en groupe pédagogique pour observer l ' évo lu t ion de T k n f a n t ,

O B S E R V A T I O N No 30 : M A R G U E R I T E ( 5 ans e t demi)

EARGUERETE e s t une p e t i t e lourde e t pataude, a t t e i n t e d'une i n f i rmi t é motrice cérébra le associée â u n re ta rd de développement global . Sans t roubles du comportement. E l l e e s t affectueuse e t calme.

La r i s e en char e au C , A , E . a commencé 3 2 ans e t deni , en kinefi th6rapfe, a \ors que Marguerite, d'abord en nourr ice, e t a i t élevée avec une tolérance inégale dans l a crèche où sa mgre t r a v a i l 3 a i t . LQaide s ' e s t d ive r s i f i ge avec l ' o r i e n t a t i o n de l "enfant en materneffe, d 4 ans : groupe deEve i f , puis orthophonie e t psychomatricité une f o i s par semaine.

Le milieu fami l ia l e s t coopérant avec des périodes dépressives venant d u handicap de l ' en f an t qui ne marche toujours pas. Modestes, t r è s un is , dlooriqine ~ o l o n a i s e , i l s s 'occupent beaucoup de Narguerite, mais Sont f aci f ement reven- d i c a t j f s à l ' égard de son cas. Son f r è r e ainé (11 ans) e s t ambivalent à son égard, protecteur , ou "hrsn$euo", e t r e j e t an t .

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n e s t s a t i s f a i s a n t , En première sec t ion , l i enfan t s ' e s t trouvée sous la p ro tec t ion de la d i r e c t r i c e , stimulante. Le passage en moyenne sect ion ne

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correspond pas à ses p o s s i b i l i t é s , l im i t ée s , mais 1 ' i n s e r t i on socio-affect ive e s t bonne; on l a i s s e Marguerite s'occuper a son rythme sans T ' i so l e r , e t l e personnel de service e s t s o l i - da i r e de l ' en f an t ( e t peut-être de l a mPre) pour a ider l ' i n s - t i t u t r i c e ,

t e s bénéfices de c e t t e i n se r t i on sont donc e s sen t i e f - fement sociaux : Warguerite aime I'envtronnement s co l a i r e e t Ses parents ne s e sen ten t pas r e j e t é s avec "une e n f a n t de 6 ans quz ne marckre pasm, mais qui progresse lentement.

Les inconvénients, I l s reposent sur l ' a t t i t u d e dou- loureuse des parents devant l ' a v e n i r , entretenue par une sco- l a r i s a t i o n "norma2ett obtenue par l e C . A . E .

Avenir : Maintien en école maternel le avec tolérance i n d i v i d u e l l e a i d e des parents pour accepter une o r l en t a t î on spécSalisée à l aque l le on a toujours du mal à l e s préparer ,

O B S E R V A T I O N Nu 3 1 : S E V E R I N E ( 6 ans)

S E V E R I N E e s t une p e t i t e f i l l e encore l e n t e e t pas- s i ve , a t t e i n t e d'une i n f i rmi t é motrice cérébra le a t t e ignan t sur tou t l e s membres supér ieurs , e l l e ne marche pas, associée à une déflcience mentale (Q.D. zone 651, mais e l l e e s t bavarde e t a t tachante , e t ce sont sur tou t s e s dS f f i cu l t é s de r é a l i s a - t i on qui en t r a înen t une ce r t a ine pa s s iv i t é e t des f l uc tua t i ons d ' a t t en t i on .

La p r i s e en charge au C . A . E . a é t P t a rd ive ; de 3 à 5 ans; 1 ' e g a n t a v a i t é t é mise à Fiarcfies en i n t e r n a t avec réac t ions d 'hospi tal isme grave necess i tan t l e retour au foyer . La k inés i thérap ie a é t é régul iè re e t poursuivie jusqu'à 1 ' o r i en t a t i on ac tue l t e .

t e milieu famif ia l a é t é t r è s touché par l e d iagnos t ic e t l i évo fu t i on de l ' e n f a n t , t r e s dés2rge après 6 ans d ' a t t e n t e e t née prématurée avec dé t r e s se r e s p i r a t o i r e . La mère, après 3 ans de mult iples consul ta t ions e t même u n placement à Garches, a r e p r i s son t r a v a i l de co i f feuse e t l e père, ingënieur commer- c i a l , t r è s touché par l e cas de l ' e n f a n t , voyage baucoup. C 'es t su r tou t l a grand'mëre qui l e s relaye a l o r s pres de Severine.

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n , en école pr ivée, a mi-temps, a é t é t r è s p o s i t i f comme une t r a n s i t i o n en t r e Garches e t l ' ë tab l i ssement spéc i a l i s é en ex te rna t 00 e l l e e s t actuel lement.

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Les b é n é f i c e s q u ' e n a t i r é l ' e n f a n t s o n t s u r t o u t q u a l i t a t i f s : i n t é r ë t nouveau p o u r l ' e n t o u r a g e , r é a s s u r a n c e , m é m o r i s a t i o n des s t i m u l a t i o n s de l a c o l f e c t i v i t é , s o c i a b i l i - s a t i o n . 11 n ' y a pas eu d ' i n c o n v é n i e n t s .

Les f a c t e u r s de r é u s s t t e s o n t , i c i , m u l t i p l e s :

- q u a l i t é s pédagog iques de l ' i n s t i t u t r i c e ; - g roupe d ' e n f a n t s ca lmes, o r g a n i s é s , s o l i d a i r e s de l ' e n f a n t ; - mi- temps; - bonne c o l l a b o r a t i o n avec l a g rand 'mère ; - s o u t i e n du C.A.E.; - i n t é g r a t i o n non p r o l o n g é e i n u t i l e m e n t .

A v e n i r : Bonne a d a p t a t i o n a c t u e l l e en E.M.P. spé- c i a l i s é . -

OBSERVATION No 3 2 : SOPHIE ( 5 ans)

SOPHIE e s t une charmante p e t i t e f i l l e , j o u f f l u e e t - c o q u i n e , g a l e : v o l o n t a i r e , a t t e i n t e de c é c i t é . E l l e e s t ba- v a r d e , c o m m u n i c a t i v e ( l a n g a g e é v o l u é r i c h e ) , m a i s g a r d e q u e l - ques p e t i t e s i n h i b i t i o n s m o t r i c e s .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a commencé à 2 ans e t demi, en p s y c h o m o t r i c i t é , deux f o i s p a r semaine avec des p é r i o d e s de f l u c t u a t i o n - l a mère e n v i s a g e a n t un e t a b l i s s e m e n t s p é c i a l i s é p o u r l ' e n f a n t - p u i s une a i d e avec l e C.M.P.P. a t t a c h é au j a r d i n d ' e n f a n t s , p u i s r é i n v e s t i s s a n t avec l e C.A.E. en r a i s o n de t ' é v o l u t i o n de l ' e n f a n t e t d ' u n changement de r é é d u c a t e u r .

Le m i l i e u f a m i l i a l e s t t r è s t o u c h é p a r l e cas de 1 ' e n f a n t q u ' i l s u r p r o t è g e t r è s l o n g t e m p s . A c t u e l l e m e n t , l e p è r e , g a r d i e n d ' u s i n e , q u i ne s ' e s t j a m a i s i m p l i q u é dans l e s r é é d u c a t i o n s de Sophie, e s t s e u l dans c e t t e a t t i t u d e , e t ne v e u t pas d ' a u t r e s e n f a n t s . L a mère a beaucoup é v o l u é , en même temps que Soph ie , e t a u r a i t s o u h a i t é "normaliser1' sa v i e , e l l e g a r d e un a u t r e e n f a n t .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n en j a r d i n d ' e n f a n t s p r i v é s ' e s t e f f e c t u e de f a ç o n t r è s p o s i t i v e , m a i s c ' e s t t r è s p r o g r e s s i v e m e n t que l e s b é n é f i c e s r e t i r é s p a r l ' e n f a n t s o n t apparus a u s s i p r o f o n a s e t i m p o r t a n t s . La p r e m i è r e année a é t é s u r t o u t marquée p a r une bonne i n s e r t i o n dans l e g roupe , l a c o n s t i t u t i o n de r é p è r e s , l a v a l o r i s a t i o n de i a commun ica t ion v e r b a l e , l a s o r t i e d ' u n m i l i e u f a m i l i a l c o n f i n é . La deuxième

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année est celle où t'enfant a fait de réelles acquisitions, normalisant tout à fait ses possibilités psychomotrices, ses déplacements, sa présence socio-affective en groupe.

Les inconvénients. Ils reposent sur l'institutrice aui n'a pas suivi la normalisation de l'enfant. vit sa cécité comme une inertie sans percevoir ses demandes,'ne répond pas à l'évolution maternelle. Les relations se sont tendues sans que les progrès de l'enfant n'en pâtissent, bien qu'ils soient peu utilisés.

Avenir : Sophie pose le problème des enfants at- teints de cécité isolée, qui pourrait suivre un C.P. si les structures d'accueil existaient.

OBSERVATION No 33 : SUAD (5 ans et demi)

SUAD est une jolie petite fille atteinte de trisomie 21, présenTEE une déficience mentale globale modérée, sans troubles du comportement.

La prise en charge au C.A.E. a été très espacée au début, lorsqu'elle avait 3 ans (consultations psychologiques) en raison de la domiciliation en Algérie, mais c'est l'aide du C.A.E. qui a décidé les parents à venir s'installer à Paris pour 1 'enfant.

Le milieu familial de l'enfant est aisé. Suad a un frère aîné et une ~ e t i t e soeur oui a éaalement été source d'anxiété pour ses'parents (angrimie)."~lle a été, par moments, un peu sous éduquée dans la fratrie, au cours des déménage- ments et en raison des réactions un peu dépressives de l a mère, Mais, on se remobilise rapidement pour elle dès qu'on le peut.

Le déroulement en école maternelle de l'intégration, suivie par le C.A.E. proche, s'effectue sans difficulté.

Les bénéfices observés se manifestent lentement. mais sürement, activités de plus en plus personnelles et autonomie, investissement récent du langage et de la commu- nication avec les autres enfants. Alors qu'elle le réservait surtout à son institutrice. Mise en place, récente, aussi du graphisme. Il n'y a pas d'inconvénients.

Les facteurs de réussite : tiennent, ici, à la qua- lité pédagogique de l'établissement, à f'évolution douce mais réelle de Suad, au soutien du C.A.E. Autant de justifications pour les parents de leur séjour à Paris.

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A v e n i r : M a i n t i e n en moyenne a c t i o n avec p a r t i c i p a t i o n p a r t i e l l e m n d e s e c t i o n ( p o u r o b s e r v a t i o n des p o s s i b i l i t é s d ' o r i e n t a t i o n en c l a s s e i n t é g r é e ) e t r é é d u c a t i o n o r t h o p h o n i q u e commencée.

OBSERVATION N o 34 : SYLVAIN ( 4 a n s ]

( c f . O b s e r v a t i o n No 1 5 ) .

E v o l u t i o n a c t u e l l e : SYLVAIN e s t u n beau p e t i t g a r -

C o n q u i g a r d e des d i f f i c u l t g s m i n e u r e s s u r l e p l a n m o t e u r l e n t e u r , m a l a d r e s s e ) , un c e r t a i n d é c a l a g e s u r l e p l a n du

déve loppement m e n t a l (Q.D. zone 80) e t u n r e t a r d du l a n g a g e t r è s i m p o r t a n t , a c c e n t u é sans d o u t e p a r l e b i l i n g u i s m e m a t e r n e l .

Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e ( a p r è s un échec en j a r d i n d ' e n f a n t s p r i v é ) e s t s a t i s f a i s a n t e t l ' e n f a n t e n r e t i r e de nombreux b ë n ë f i c e s :

- i n t é g r a t i o n dans une s e c t i o n d ' e n f a n t s p l u s j e u n e s de u n an; - il e s t à l e u r n i v e a u ; - p a r t i c i p e à t o u t e s l e s a c t i v i t é s , ne s ' e n d i s t i n g u e pas; - l e s &changes nombreux se f o n t à é g a l i t é e t sans s u r p r o t e c - t i o n .

Les f a c t e u r s de c e t t e r é u s s i t e s o n t à r e l i e r aux q u a l i t é s pédagog iques g l o b a l e s de l ' i n s t i t u t r i c e ( s a c l a s s e e s t dé tendues , c h a l e u r e u s e ) , à l ' a t t i t u d e de l a d i r e c t r i c e d o n t 1 ' é c o f e e s t t r è s o u v e r t e , q u i se "sent responsabZsw des p r o g r è s de S y l v a i n . E l l e s o n t beaucoup mo ins de demandes à l ' é g a r d de l ' e n f a n t e t l e u r t o l é r a n c e à l ' é g a r d des r é a c t i o n s de bave, l e u r comprëhens ion de l a d i m e n s i o n p s y c h o - a f f e c t i v e q u t s ' y r a t t a c h e à p r é s e n t , en t é m o i g n e n t , m a i s e l l e s se p r é o c - c u p e n t de son a v e n i r e t du r e t a r d de l a n g a g e : S y l v a i n e s t t r è s g a i , épanou i e t s ' a f f i r m e a c t u e l l e m e n t . m a i s e l l e s c r a i g n e n t que l e d é c a l a g e avec l e s a u t r e s e n f a n t s ne s ' a c c e n t u e v e r s 5-6 ans.

A v e n i r : E n f a n t i n d i v i d u a l i s é à l a C . D . E . S . e t s u i v i a c t u e l l e m e ~ o r t h o p h o n i e au C.M.P.P. A i d e p s y c h o t h é r a p i q u e mere e n f a n t e n v i s a g é e .

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OBSERVATION N o 35 : Ç Y L V A I N E (5 ans)

S Y L V A I N E e s t une adorable p e t i t e f i l l e , de p e t i t e t a i f t e , a tFe in te d'une i n f i rmi t é motrice cérébra le , rendant l a marche d i f f i c i l e , mais autonome, e t en t ra inant une grande len teur dans l e s r é a l i s a t i o n s manuelles e t l ' a r t i c u l a t i o n . Sociable, i n t e l l i g e n t e , vo lonta i re , e l l e e s t d rô le e t a t t a - chante,

commencée à u n an e t demi, par v ie avec une grande r é ~ u - l a r i t é e t t r è s i nves t i e malgré l e s t r a j e t s . E l le cons is te ac- tuellement en un sout ien pedagogique, avec orthophonie deux f o i s par semaine.

t e milieu fami l ia l e s t chaleureux e t s t ab l e . Les paren ts , enseignants , m i e n t beaucoup 'I ' enfant (dont on l eu r a d i t q u ' e l l e s e r a i t une "pZanta ueree" dès t a na issance) , e t ont f a i t face aus s i t 6 t . I l s Se sont f a i t a i de r par une cousine e t une garde à domicile, en réorganisant l eu r s hora i res professionnels , l e père a é t é d ' u n grand sout ien pour l a mere, plus dépressive e t anxieuse e t a étc2 pour beaucoup dans l a normalfsation de l a v ie quotidienne, 17s viennent d ' avoi r u n au t r e enfan t ,

en école maternel le a &te Paci a ~ r e m i è r e annge, l e personnel @ t a n t z plus r é t i c e n t . Les pragrPs e t 1 ' i n s e r t i on soc i a l e trGs a i s ée de Sylvaine ont convaincu l e s i n s t i t u t r i c e s e t Sylvaine s u i t ac tue l lenent une moyenne sect ion.

Les bgnéfices qu'en r e t i r e l ' e n f a n t sont évtdents sur l e p l a n - - S ~ i ~ ~ t S o n s : i l e x i s t e un déca lage encore net en t r e ses p o t e n t i a l i t e s normales e t ses p o s s i b i l i t é s de r é a l i s a t i o n e t ?a c o l l e c t i v i t é s c o l a i r e e s t une source d 'emu- l a t i o n e t d e s t imulat ions pour e l l e . El le v i t dans un milieu fami l ia l favor i sé qui a u r a i t sur tou t privilégic2 son bien e t r e e t son @qu i l i b r e a f f e c t i f e t qu i , t r è s conscient des e f f o r t s que 1 "col e f a i t . f a i r e â 1 ' enfant e t de ses acqu i s i t i ons , r eva lo r i s e l ' a c t i o n de l Y n s t i t u t r i c e ,

Les inconvénients portent sur S 'avenir : Sytvaine a de grandes d i f f i c u f t e s encore su r l e plan du rythme e t du langage e t ses parents , t r è s a t tachés à l a normalisation apportge par I ' é co l e , ne souhai tent pas NanvZsager" u n & ta - bl issement sp6r ia t i s é .

Les f ac t eu r s de r e u s s l t e reposent sur ce t ensemble : enfant a t tachante e t g r a t i f i a n t e dans s e s progres, Gcole mobi- l i s é e , parents t r è s présents par rapport è 1 ' in tBgra t ion .

Avenir : Espoir de grande sect ion prévu 6 ans avec malntfen des rêéducations au C . A . E . e t peut-être essa i d'un C.P.

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OBSERVATION No 3 6 : SYLYIE f 7 ans)

SYLVE€ e s t une j o l i e p e t i t e f i l l e , douce e t s o c i a - bf e , don t 7"infirmité mot r i ce c é r é b r a l e rend encore l a marche d i f f t c i l e , a c t u e l lement, e t l e n t e , b ien que autonome. f n t e t - l i g e n t e , v o l o n t a i r e mais emotive, e l l e e s t a t t a c h a n t e e t t r è s mignonne.

t a p r i s e en charge au C . A . E . a é t é t r è s r é g u l i è r e - ment s u i v i e e t t r è s i n v e s t f e , a l o r s que l a p e t i t e f i l l e a v a i t P U é t r e r é i n t é a r é e à l a c rèche , a u ' e l f e a v a i t a u i t t é e duran t P l u s i e u r s mois'en r a i s o n de son handicap. A l a ' k i n é s i t h é r a p i e ( 3 f o i s par semaine) e t poursu iv ie au domic i l e , a succédé l a p r i s e en charge psychomotrice e t orthophonique une f o i s par semaine, t o u j o u r s maintenue.

t e m i l i e u f a m i l i a l t r è s coopéran t a é t é t r e s touché pa r l e d é f i c i t de S y l v i e e t s u r t o u t l e pè re , qui prend en cha r - ge l e s t r a j e t s , l e s r ééduca t ions , s ' e s t l i m i t é dans son t r a v a i l e t son a v e n i r p ro fess ionne l (couvreur dans une e n t r e p r i s e où 11 a u r a i t pu a v o i r des ambi t ions e t des i n i t î a t i v e s person- n e l l e s ) . La mère a revécu, à t r a v e r s l e s démarches m u l t i p l e s pour i n t é g r e r S y l v i e à 1 ' é c o l e , son ango i s se e t son a g r e s s i v i t é envers 1 e s médecins e t l e s condi t j o n s d 'accouchement, Opera- t r l c e en imprimer ie , l a mère e s t une jeune femme t r è s a c t i v e e t dynamique e t e l l e bouscule beaucoup S y l v i e . Le père é g a l e - ment e s t ex igean t pour l ' e n f a n t e t s ' i l s j u s t i f i e n t c e t t e a t t i t u d e pour I t L 'armer envers 2 'avenir", c ' e s t probablement pour surmonter eux-memes. I l s on t eu une a u t r e p e t i t e f i l l e i f y a deux ans , "pour S y l v i e sur-toui;".

Le dérouiement de 7 ' i n t é g r a t i o n en Pcole maternel l e s ' e s t e f f e c t u é sans d i f f i c u l t e s , La r é u s s i t e d e ? ' i n s e r t i o n en c rèche e t des e s s a i s en m a t e r n e l l e une f o i s Dar semaine c o n t r i b u a n t ce r t a inement à c e t t e i n s e r t i o n en moyenne s e c t i o n ,

Les béné f i ces que l ' e n f a n t en a r e t i r é on t Gté c o n s t a n t s : rythme d ' a c q u i s i t i o n s correspondant à l a s e c t i o n ( s o i t un déca iage de un a n ) , s o c i a b i l i s a t i o n r i c h e e t i n t e n s e , l ' e n f a n t s u s c i t a n t pa r son charme e t sa vo lon té des a m i t i é s e t une grande s o l i d a r i t é . Poursu i t e d ' u n e v i e F a m i l i a l e normale.

Les f a c t e u r s de r e u s s i t e r eposen t s u r l a q u a l i t é g l o b a l e d e c e t t e é c o l e , l e s e f f e c t i f s r e l a t ivemen t moins l o u r d s q u ' a i l l e u r s , l a s o l i d a r i t é du personnel de s e r v i c e , mais a u s s i l a p e r s o n n a l i t é de Sy lv ie . II n ' y a pas eu d13n- convén ien t s . S i c e n ' e s t que devant l e s bénPf ices de c e t t e i n s e r t i o n e t a p r è s l ' a d a p t a t i o n remarquable de l ' e n f a n t en grande s e c t i o n , un &,P. a é t é proposé.

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L' in tégra t ion en école primaire a é t é plus d i f f i c i l e , en raison de ~f ' h o s t i l i t é du d i r ec t eu r , du moins pour l e s pa- r en t s (qui ont revécu l e s r e j e t s des précédents é tabl issements p r i v é s ) , mais c ' e s t une r éus s i t e pour Sylvie. Avec u n an de r e t a rd , e l l e a acquis l e niveau d u C,P. e t s ' i n t é r e s s e énor- mément à l a v ie s co l a i r e .

Des inconvénients pourtant apparaissent : c e t t e s c o l a r i t é a demandé à l ' en f an t des e f f o r t s considérables , a jou tés à ceux qui l u i sont demandés dans ses rééducations e t dans sa v ie f ami l i a l e , e t on l a s e n t , pa r fo i s , u n peu plus passive avec u n d é s i r de régression, Le groupe s co l a i r e e s t u n peu moins protecteur qu'en maternel le e t on peut c ra indre des d i f f i c u l t é s soc io-af fec t ives u l t é r i eu re s .

Avenir : Pourtant , l e s bénéfices l 'emportent à t e l point sur ces inconvénients que Sylvie , c e t t e année, e s t en C.E.1. oïl l ' i n s t i t u t e u r l ' a acceptée, e t où e l l e continue de bien s ' adapter .

OBSERVATION N o 37 : T H I E R R Y ( 5 ans)

T H I E R R Y e s t u n beau p e t i t garçon brun, f i n , r i e u r , t r è s émotif, int d'une hémiplégie e t d'un ce r t a in re ta rd dans s e s acquis i t ions g loba les , i l a présenté des blocages, une i nh ib i t i on verbale (qui a f a i t c ra indre une s u r d i t é ) a l - t e rnan t avec des réac t ions d ' ag i t a t i on e t de régression. Les f ac t eu r s psychosociaux sont apparus a l o r s prédominants.

La p r i s e en charge au C . A . E . a é t é t r è s i r r é g u l i è r e en raison justement des d i f f i c u l t & s soc io- fami l ia les ( f ami l l e portugaise t r è s modeste, naissance d ' u n deuxième enfan t , t r a - j e t s importants) e t des handicaps non majeurs de l ' e n f a n t : peu de t roubles de l a marche, p o s s i b i l i t é s d ' u t i f i s a t i on des membres supér ieurs -

t e milieu socio-famil ia l e s t chaleureux mais f r a g i l e e t dépassé. Les condit ions de logement sont t r è s mauvaises e t l a mPre n ' i n v e s t i t aucune aide oour l ' e n f a n t . Toutes l e s ten- t a t i v e s de reço is (C .M.P .P . - G:A.P.F.) ont échoué. t a maman ne s ' é c l a i r e que l o r squ ' e l l e e s t sur l e point de p a r t i r dans son pays, ou à son re tour , En dehors de c e t t e période, e l l e f u i t l e s contac ts e t aucun p ro j e t éducat i f ne peut ê t r e f o r - mulé, Le père, ouvrier maçon, e s t présent e t affectueux, mais ne s ' implique pas plus. Une troisième naissance e s t intervenue récemment qui favor i se ra au moins u n relogement.

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Le d é r o u l e m e n t de l ' i n t é g r a t i o n en é c o l e m a t e r n e l l e a s u b i d ' i m p o r t a n t e s f l u c t u a t i o n s , l a p r e m i è r e année, p u i s s ' e s t a m é l i o r é e c e t t e année. Les r e l a t i o n s e n t r e l a mère e t l ' é c o l e , s u r t o u t l a d i r e c t r i c e , o n t é t é t r è s tendues au d é b u t en r a i s o n des d i f f i c u l t é s de l ' e n f a n t ( i n s t a b i l i t é e t s u r t o u t e n c o p r e s i e q u i a n g o i s s a i t e t b l e s s a i t l a mère) . L ' a b s e n t é i s m e de l ' e n f a n t a é t é f r é q u e n t p u i s l a s c o l a r i t é s ' e s t d é t é r i o r é e au p o i n t de f a i r e u n c o n s t a t d ' é c h e c . Sur i n t e r v e n t i o n du C.A.E. une m e i l l e u r e t o l é r a n c e a é t é ob tenue au n i v e a u de l ' i n s - t i t u t r i c e , e t 1 ' e n f a n t a, peu à peu, t r o u v é sa p l a c e dans l e g r o u p e e t l e s a c t i v i t é s , sans q u ' o n p u i s s e e n c o r e p a r l e r de b é n é f i c e s r é e l s m a i s en c o n s t a t a n t que l ' é c o l e n ' é t a i t p l u s p o u r l u i e t sa mère une s o u r c e d ' a n g o i s s e . La deuxième année e s t b é n é f i q u e , l ' e n f a n t e s t monté dans une s e c t i o n de moyens où l ' i n s t i t u t r i c e a commencé une pédagog ie s p é c i a l e p o u r T h i e r r y e t u t i l i s é l e g r o u p e p o u r l ' a i d e r ( b i e n que c e s o i t des e n f a n t s p l u s j e u n e s ) . T h i e r r y i m i t e , " c o p i e f 1 , s ' é p a n o u i t , communique e n f i n .

Les b é n e f i c e s s o n t , i c i , é v i d e n t s e t l e s t r o u b l e s du compor tement o n t p r a t i q u e m e n t d i s p a r u .

Les f a c t e u r s de r é u s s i t e s o n t i m p u t a b l e s à l ' i n s t i - t u t r i c e e t p e u t - ë t r e à une a m é l i o r a t i o n des t e n s i o n s f a m i - l i a l e s à p a r t i r des s é j o u r s au P o r t u g a l .

Les i n c o n v é n i e n t s r e s t e n t s e n s i b l e s : aucune a i d e , n i p s y c h o m o t r i c e , n i o r t h o p h o n i q u e n ' e s t p r é v u e ou o r g a n i s é e p o u r l ' e n f a n t s u r p l a c e e t l e p rob lème se pose s i c e m a i n t i e n en m a t e r n e l l e n'empêche pas l a f r é q u e n t a t i o n d ' u n E.M.P. où T h i e r r y b é n é f i c i e r a i t de c e t y p e d ' a i d e .

A v e n i r : T e n t a t i v e s r e n o u v e l é e s d ' u n e a i d e ambula- t o i r e a s s o m u m a i n t i e n en é c o l e m a t e r n e l l e , c e d o n t l e cas de T h i e r r y r e l è v e ; o r i e n t a t i o n en E.M.P. r é s e r v é e , m a i s e n v i s a g é e .

OBSERVATION N o 38 : VIRGlNIE ( 4 ans e t demi )

VIRGINIE e s t une p e t i t e f i l l e b l o n d e , assez i n e x - p r e s s i v e e t m o l l e , p r é s e n t a n t un r e t a r d g l o b a l i m p o r t a n t [Q.D. zone 5 5 ) e t des t r o u b l e s m o t e u r s t y p i q u e s , c h u t e s v o l o n t a i r e s i m p r e s s i o n n a n t e s , r é a c t i o n s s u b i t e s d ' a g r i p p e m e n t , m a j o r a n t l e h a n d i c a p g l o b a l de l ' e n f a n t .

La p r i s e en c h a r g e au C . A . E . commencée à 18 m o i s en k i n é s i t h g r a p i e deux f o i s p a r semaine, s ' e s t p o u r s u i v i e au g r o u p e d ' E v e i l à 2 ans e t demi à 1 ' a c q u i s i t i o n de l a marche,

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p u i s en p s y c h o m o t r i c i t é . La d i m e n s i o n r e l a t i o n n e l l e dans l a p e r s i s t a n c e de c e r t a i n s t r o u b l e s a c o n d u i t à une p s y c h o t h é - r a p i e f a i t e à p r é s e n t s u r l e C.M.P.P. de s e c t e u r .

L e m i l i e u f a m i l i a l , modeste, a é t é t r è s t o u c h é p a r l ' é v o l u t i o n de 1 ' e n f a n t , mai's a u s s i démuni e t mal a d a p t é à ses d i f f i c u l t é s . L e chômage de l a mère a cependan t f a v o r i s é une c e r t a i n e m o b i l i s a t i o n de c e l l e - c i a u p r è s d ' e l l e , d ' a u t a n t p l u s que l e p è r e , c u i s i n i e r , p a r t i c i p e aux r é é d u c a t i o n s , p u i s l a s c o l a r i t é e t l e s p r o g r è s de l ' e n f a n t l e s o n t encouragés .

Le d é r o u l e m e n t de 1 ' i n t é g r a t i o n , en e f f e t , s ' e s t e f f e c t u é de f a ç o n p o s i t i v e compte t e n u des d i f f i c u l t é s m u l t i - p l e s de V i r g i n i e . E l l e a commencé en p e t i t e s e c t i o n , avec l a d i r e c t r i c e , 2 f o i s p a r semaine, e t ses t r o u b l e s du comportement ( c r i s , h u r l e m e n t s , c h u t e s ) se s o n t r a p i d e m e n t a t t é n u é s . L e C.A.E. a f a v o r i s é , c e t t e année, u n a c c u e i l à mi- temps q u i e s t r é u s s i .

Les b é n é f i c e s , p o u r l ' e n f a n t , s o n t m a n i f e s t e s . E l l e e s t i n t é a r é e e t s t imu ié 'e . s ' i n t é r e s s e aux a c t i v i t é s de mus iaue e t d ' e x p r e s s i o n c o r p o r e l l e , p u i s à des r é a l i s a t i o n s de j e u x : Son Q.D. e s t a c t u e l l e m e n t dans l a zone 70-75, a s s o c i é à une c o m m u n i c a t i o n p l u s g a i e e t p l u s sou tenue , à une dépendance mo ins l o u r d e . Cec i a é t é une r é v é l a t i o n p o u r l a mère q u i a a c c e p t é l e r e l a i s p s y c h o t h é r a p i q u e e t comprend 1 ' i n t é r ê t d ' u n E.M.P. Il n ' y a pas d ' i n c o n v é n i e n t s .

Les f a c t e u r s de r é u s s i t e r e p o s e n t s u r l a q u a l i t é pédagog ique de l ' a c c u e i l e t l e s p r o g r è s de l ' e n f a n t .

A v e n i r : L e C.M.P.P. s o u h a i t e une p o u r s u i t e de c e t t e i n t é g r a t i o m a n t une année, a c c e p t é e p a r 1 ' é c o l e q u i s a i t q u ' u n e o r i e n t a t i o n s p é c i a l i s é e s ' o r g a n i s e .

OBSERVATION No 3 9 : YVES ( 3 ans e t d e m i )

YVES e s t un b e l e n f a n t , s o c i a b l e e t bavard , a t t e i n t de c é c i t é . ~ e l l i g e n t , il u t i l i s e d é j à u n l a n g a g e é v o l u é e t n ' a p l u s de t r o u b l e s du comportement ( m a l a d i e de L e b e r ) .

La p r i s e en c h a r g e au C.A.E. a commencé en psycho- m o t r i c i t é à 2 ans, avec i n q u i é t u d e s u r l e p r o n o s t i c . Yves p r é s e n t a i t un c e r t a i n r e t a r d dans ses a c q u j s i t i o n s e t des t r o u b l e s du comportement ( s t é r é o t y p i e s , p a s s i v i t é ) . En f a i t il é t a i t peu s o l l i c i t é p a r ses p a r e n t s d é p r e s s i f s .

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Le milieu familial, en effet, a été doublement tou- ché. la soeur de Yves. 6 ans. est atteinte de la même maladie et ies parents accusefit les médecins de ne pas les avoir avertis du risque. Très repliés sur eux-mêmes, ils ne sont pas venus régulièrement au C.A.E. au début, puis Yves a été amené régulièrement par une aide familiale. Sa soeur aînée va à la même école que lui et ceci n'a pas posé de problèmes. (Mais, l'orientation de Magali en C.P . pose à présent, pour elle, le même problème que pour les autres enfants aveugles, intefli- gents, que nous connaissons).

Le déroulement de l'intégration n'a posé aucune difficulté puisque 1 'école avait déjà intégré Magal i depuis 2 ans. l'institutrice ce~endant. oui n'avait jamais été con- frontée à ce type de situation,-a'eu des réactions d'affole- ment dans les premiers temps, et le soutien du C.A.E. a été nécessaire (classe de 35 enfants). Très vite, elle a été conquise par les possibilités de l'enfant, lui prépare cer- taines activités, fait participer le groupe à la présence de Yves, qui d'ailleurs se défend de la surprotection parfois de ses amis.

Les bénéfices qu'en a retirés 1 'enfant sont considé- rables : dépendant et phobique au début, pleurant à la sépa- ration, passif, i l a acquis progressivement (avec l'aide du C.A.E.) des repères, une autonomie, a dépassé la dépression au profit d'une intense participation aux activités et des progrès spectaculaires du langage, la normalisation est totale et le retentissement sur la mère très important. (Mais la fragilité de celle-ci reste importante, comme le témoigne la dépression par rapport à 1 'orientation de Magali, et 1 'enfant, encore petit, en dépend).

Les inconvénients résident dans le fait que l'adap- tation parTaite de ces enfants rendent insupportable une ségré- gation scolaire. Or, i l n'existe pas de classe intégrée pour eux, ni de structures habituel les aménageables.

Les facteurs de réussite reposent sur l'évolution de l'enfant et sa personnalité, le soutien du C.k.E. à des moments ponctuels mais déterminants, aux qualités d'accueil de 1 'école et de l'institutrice.

Avenir : Moyenne section d'école maternelle, aide du C.A.E. -

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OBSERVATION No 40 : Z O R H A (6 ans)

Z O R H A e s t une p e t i t e f i l l e souriante e t gracieuse, a t t e i n t e d'une i n f i rmi t é motrice cérébra le rendant l a marche encore l en t e e t d i f f i c i l e (mais acquise à 4 ans e t demi), associée à u n re ta rd de développement mental (Q.D. i n i t i a l zone 70) e t une acu i t é v i sue l l e f a i b l e ( p e t i t e microcéphalie). Mais Zorha e s t sociable , ouverte , t r è s sensible .

La p r i s e en charge au C . A . E . a commencé à 3 ans de façon t r è s espacée, en k inés i thérap ie avec guidance paren ta le , l a fami l le habi tant en Algérie . La f ami l l e s ' e s t i n s t a l l é e en banlieue u n an après pour une p r i s e en charge r égu l i è r e de 1 ' enfan t , en k inés i thérap ie , associée, 1 'année suivante , à des séances de psychomotricité, puis de groupes pédagogiques, deux f o i s par semaine, avant 1 ' i n s e r t i on en école maternel le .

Le milieu f a m i l i a l , cu l t i vé e t a i s é en Algérie , v i t i c i dans des conditions modestes dont l e père souf f re . Mais l a v ie f ami l i a l e e s t chaleureuse autour de Zorha qui adeux soeurs e t u n f r è r e aîné e t u n f r è r e plus jeune.

Le déroulement de l ' i n t é g r a t i o n en école maternel le s ' e s t e f fec tué ( à ple in temps avec des repos aménagés en fonc- t ion de l a f a t i que de Zorhal sans d i f f i c u l t é . ce aui e s t nota- ble puisque f 'éCole du sec teur 1 "vait refusée.

'

L'école maternelle é t an t plus éloignée du domicile, c ' e s t l e s e rv i ce social du sec teur qui e s t intervenu e t 1 ' i n s t i t u t r i c e de l a moyenne s ec t i on , monitrice d 'enfan ts handicapés en é t é , a accepté de f a i r e t ' e s s a i . Actuellement, en grande s ec t i on , l e s bénéfices que Zorha en r e t i r e sont importants, O n note une progressfon plus rapide de ses acquis i t ions sur Cous l e s plans, langage, graphisme, aff i rmation de s o i .

Les fac teurs de r éus s i t e sont imputables à l ' i n s - t i t u t r i c e e t l a sec t ion elle-meme. comnosée d 'enfan ts socio- cul turel lement défavor i sés , regroupés pour une pédagogie adaptée, La fami l le a é t é également t r è s soulagée e t vo i t ses s a c r i f i c e s j u s t i f i é s .

Avenir : Devant l e s progrès ac tue l s de l ' e n f a n t , maintenue V n d e sec t ion , on envisage u n C.P. pour inf i rmes moteurs, en c l a s s e in tégrée dans u n a n .

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A N N E X E I I I

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RESULTATS DU DEPOUILLEMENT DE 126 QUESTIONNAIRES

CONCERNANT L'INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN CRECHE

(S. SAUSSE)

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INTEGRATION DE L'ENFANT HANDICAPE EN CRECHE

S imone SAUSSE, psychologue du Centre d'Assistance Educative du Tout-Peti t

Cette kt& pdsente les rdsuZtat.8 diune enqlrête que Ze Centre d'Assistance

EhatZve a &alisde en 1977 auprds des crdcks dcrns Ze but de nttezlic

cm.Ctpe les b e s o h , Zes &fficuZ@s, Zee &m&s de soutien que

susdte Z Y n t é g m t i a d l m ënfmt han&eq& en crache.

Ce'çte enque46e réalisde prul q u e s t i o m i m a dSd anatysée e t rddigde

par &b S. SAUSSE. Ses pwnriezw dsu2tats amient &td pFBsent&s en

2978 aux mddecins de PMI e t pubZids drms le Bevw Rdadaptatia

(no 243 - septembre/octobre 1978).

~6poui l l s rnent de 126 questionnaires remplis par des crèches, des crèches fami l i a l es e t des consultat ions de

l a P.K.X. de Par i s et d e l a Région parisienne.

Xe- Les crèches.

1 ) l 'admission 2) les types de handicaps 3) les téac t ions des a u t r e s enfants 4) les $&actions des a u t r e s parents 5 ) l e s $&actions du personnel 62 les difficultés rencontrées 7 ) l e problème de l a formation et du

sout ien ex té r i eu r 8 ) Bila& et ffmites,

11.- Les crèches XarniLSaXes.

f ~ f , - es consulta t iens ,

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Nous avons regu en t o u t 126 quest ionnaires remplis par des établ issements de l a P .M. I .

80 crèches dont 13 de Paris i n t r a muros 67 de l a région paris ienne

(départements de l a couronne)

7 crèches f ami l i a l e s

39 consul tat ions.

f - LES CREGHES.

Une première donnéet assez surprenante e t s i gn i f i c a - t i v e : 4 1 % des crèches n'ont jamais regu de demande d ' i n s - c r i p t i on pour u n enfant handicapé. Ce pourcentage t r è s élevé montre bien l a c r a i n t e des parents d ' enfan ts handicapés à s ' ad re s se r à u n établissement pour "enfants s a i n s ee normaurrf.

Prendre une inscr ip t ion en crèche, c ' e s t pour l e s paren ts , o f f r i r l eu r enfant handicapé au regard d%uutrui, r i squer d ' ê t r e refusé, r e j e t é . De plus , c e r t a ine s mères ont l e d é s i r de s ' a r r ê t e r de t r a v a i l l e r pour c e t enfant qui a besoin qu'on ssoccupe de l u i plus qu'un au t re . Rotons cepen- dant que de plus en plus souvent l e s parents surmontent ces hé s i t a t i ons e t ces c r a in t e s e t chois i ssen t 5a crèche non seu- lement comme mode de garde mais comme u n milieu s t imulant pour l eu r enfan t , e t rassuran t pour eux-mê~es.

Parmi l e s 80 crèches qui nous ont répondu, 52 { s o i t 65 % ) ont f a i t l 'expérience de l ' i n t é g r a t i o n d'au moins u n enfant handicapé. Pour u n c e r t a in nombre de ces enfants (que l e s données du quest ionnaire ne permettent pas de p r éc i s e r ) l e handicap a é t é decouvert en cours de séjour â l a crèche e t l a décision a a lo r s é t é pr i se de continuer â a c c u e i l l i r l ' e n f a n t . Dans l a majoritii des cas , l a crèche a admis 1 'en- f an t en connaissant , au moins pa r t i e l lement, 1 ' exis tence d'une d i f f j c u l t é , L'âge d k n t r r e en crgche ne permettant pas, l e plus souvent, u n diagnost ic ni u n pronost ic préc is . 11 e s t in té ressan t de voir que plus de la moi t ié , s o i t une bonne vingtaine, des crèches ont déjà l 'expérience de deux ou t r o i s enfan ts handicapés, voire même p lus , Une f o i s surmontées l e s

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p r e m i è r e s c r a i n t e s d e v a n t l ' i n c o n n u e t a y a n t vu que " c ' e s t poss ib le" , l e p e r s o n n e l des c r è c h e s semble a v o i r u n c e r t a i n i n t é r ê t p o u r c e s e n f a n t s q u i l e u r p e r m e t t e n t d l a v o $ r une c o n c e p t i o n e n r i c h i e de l e u r t r a v a i l e t c h e r c h e â r é p é t e r t ' e x p é r i e n c e .

Dans deux t i e r s des cas, l e s e n f a n t s e n t r e n t a l a c r è c h e a v a n t 6 mo is . Pour u n t i e r s , l ' e n t r é e s ' é c h e l o n n e e n t r e 6 m o i s e t deux ans e t demi. Pour l e s e n t r é e s t a r d i v e s , il s ' a g i t p r o b a b l e m e n t d ' u n d é s i r d ' i n t é g r a t i o n en c o l l e c t i - v i t é p l u t ô t q u ' u n s i m p l e mode de g a r d e .

En c e q u i c o n c e r n e l ' i i g e de s o r t i e , un t i e r s des en- f a n t s r e s t e n t en c r è c h e a u - d e l à de l ' â g e de 3 ans. Dans c e s cas, o n e s t i m e . q u e l ' e n f a n t p e u t e n c o r e b é n é f i c i e r de l a v i e en c r è c h e ou o n a t t e n d qu 'une s o l u t i o n s a t i s f a i s a n t e s o i t t r o u v é e p o u r l a s u i t e , C ' e s t d i r e que l e r è g l e m e n t de l a c r è c h e s % d a p t e a l o r s aux b e s o i n s i n d i v i d u e l s de l ' e n f a n t .

La m o i t i é à peu p r è s des e n f a n t s i n t é g r é s e n c r e c h e p r é s e n t e n t un r e t a r d du déve loppement psycho-moteur d ' ë t i o - l o g i e s d i v e r s e s ( t r i s o m i e 21, m i c r o c é p h a l i e ...) ou sans é t i o l o g i e . E n s u i t e , v i e n n e n t l e s h a n d i c a p s m o t e u r s (115 à peu p r e s ) de g r a v i t é t r è s v a r i a b l e , l e s h a n d i c a p s s e n s o r i e l s ( 1 5 â peu p r è s ) . I l n ' y a que t r è s peu de t r o u b l e s du compor- tement o u de psychose i n f a n t i l e ( 6 % ) , m a i s c e s o n t p o u r t a n t c e s c a s q u i p o s e n t l e p l u s de p rob lèmes . On ne p e u t p r o b a b l e - ment pas d i r e que c ' e s t p o u r c e l a q u ' i l y e n a s i peu, c a r c e s d i f f i c u l t é s ne d e v i e n n e n t v i s < b l e s que b i e n a p r è s 1 'âge h a b i t u e l d ' e n t r é e en c r è c h e ,

Les t y p e s de h a n d i c a p s q u i p a r a i s s e n t c o m p a t i b l e s ou i n c o m p a t i b l e s avec l ' i n t é g r a t i o n e n c r è c h e s o n t t r è s v a r i a b l e s b i e n s û r s e l o n l e s c r è c h e s . C e r t a i n e s D i r e c t r i c e s m e t t e n t des l i m i t e s assez r e s t r e i n t e s à l ' i n t é g r a t i o n : ' 'enfants ayant Za marche pour q u ' i l s pu i s sen t p a r t i c i p e r aux a c t i v i t é s " , h a n d i - caps m o t e u r s pas t r o p i m p o r t a n t s . D ' a u t r e s , au c o n t r a i r e , p e n s e n t q u ' i l n ' y a pas de h a n d i c a p s i n c o m p a t i b l e s avec l a v i e en c r é c h e : "Je pense que t o u t en fan t handicapé qui peut Gtre gardd dans sa f a m i l l e , peut ê t r e gardé en crèche, avec un personnel s u f f i s a n t , inform6, formé".

Cependant, p l u s i e u r s tendances se dégagen t . Les h a n d i - caps q u i p a r a i s s e n t i n c o m p a t i b l e s avec l a v i e en c r è c h e , ou en t o u t cas p o s e n t beaucoup p l u s de p rob lèmes , t r o u b l e s d u compor tement ( e n f a n t s "carac tér ieZs" ) e t p a r t i c u l i è r e m e n t comportements a g r e s s i f s ("IZ y a t r o p de r i s q u e s pous l e s a u t r e s e n f a n t s sachant que t e s parents r é a g i s s e n t ddjd * r d @ mal quand l e u r en fan t a é t é mordu ou a une b o s s e u ) .

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- Enfants dont l e pronost ic v i t a l e s t en jeu "ceZa provoque t r o p d t ~ n g o i s s e " , Cependant, deux temoignages nous par len t d'un enfant décédé en creche comme une expérience d i f f i c i l e mais qui cons t i tue u n "immense secours f r pour l e s parents de l ' en f an t , une col laborat ion e t un sout ien t r è s é t r o i t parents-crèche e t à l ' i n t é r i e u r d e l 'équipe.

- Handicaps t r è s graves ou mul t ip les ou pouvant s e compfiquer à brève échéance,

En dehors de ces cas p a r t i c u l i e r s , i l semble que pour f a p lupar t des crèches l e problème de f ' i n t ég ra t i on n ' e s t pas principalement ce lu i d u type de handicap : "Peu importe Ze handicap s i t ' e n f a n t e s t b i e n entouré par Ze personneZv, I l e s t in te ressan t de noter que l e type de handicap qui pa r a i t compatible avec l ' i n t t i g r a t i ~ n e s t souvent ce lu i dont l a crPche a l ' expér ience , e t l e handicap qui p a r a i t incompatible ce lu i qu'on ne connaît pas ou qui e s t plus grave.

Les quest ionnaires sont quasi-unanimes : l e s réac t ions des au t res enfants sont bonnes, i l n 'y a aucun problème p a r - t i c u l i e r à in t rodui re u n enfant handicapé dans u n groupe d 'enfan ts normaux.

V o i c i l e s mats qui reviennent pour dec r i r e l e $ compor- tements des au t res enfants : f rpro tec teurs" , vaocaptent b ien Zeur camarade handicapén, "2 ' e n t o u r a i e n t énormémentw, "cam- portement normaZ ",

11 y a aussi quelques réserves : l f ~ & g r e s s i o n du groupe s i t ' e n f a n t handicap& e s t peu autonome", "L 'en fan t e s t Ze pZus grand de sa s e c t i o n , i Z e s t a g r e s s i f , Zes a u t r e s o n t peur e t Zui c.édentlt, 8 ragress iv i td des e n f a n t s (qufeZZe ennuyai t cows- tamment dans Zsurs j e u x ) ".

Ce sont des d i f f i c u l t é s assez i so l ée s mais qui peuvent certainement s e poser à u n moment donné pour chaque enfant handicapé, comme pour chaque enfan t tou t cour t .

Les réac t ions var ien t , bien sUr, sefon l ' age : c ' e s t vers 18 mois-2 ans que tes d i r e c t r i c e s s i t u e n t t e moment où l e $ au t r e s enfants passent de I ' i nd i f f é r ence à l a p r i se de conscience du handicap de leur camarade, avec l ' appa r i t i on de c u r i o s i t é e t de quest ions, des comportements d ' a ide e t de protect ion. "A p a r t i r de 2 ans , i Z s s ' aperço iven t du handicap mais Z'admsttent t r è s v i t e e t n ' y font pZus a t t e n t i o n " . "Tendance d a i d e r chez Zes 2-3 ans, chez Ses pZus p e t i t s , i Z s jouent avec eux comme avec Zes au t res" .

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Q u e l q u e s q u e s t i o n n a i r e s o n t eu des e n f a n t s p o r t e u r s d ' u n a p p a r e i l e t il e s t i n t é r e s s a n t de v o i r l a r é a c t i o n des a u t r e s : ttAvec Z ' e n f a n t sourd, l e s a u t r e s e n f a n t s d t a i e n t parfai tement hab i tués à son appareiZZage e t n ' y touchaient pas O .

On p e u t se demander dans q u e l l e mesure l e s comportements p r o t e c t e u r s d é c r i t s p a r l e s p u é r i c u l t r i c e s s o n t spon tanés ou i n d u i t s p a r l ' a d u l t e . En t o u t cas, on p e u t f a i r e l ' h y p o t h è s e que l e s r é a c t i o n s des a u t r e s e n f a n t s dépenden t beaucoup de l ' a m b i a n c e du g r o u p e e t de l ' a t t i t u d e des a d u l t e s : m a n i è r e d ' a c c u e i l l i r l ' e n f a n t hand icapé , de r é p o n d r e aux q u e s t i o n s d e s e n f a n t s , d ' i n t e r v e n i r ou non dans l e s h a n d i c a p s , éven- t u e l l e m e n t a g r e s s i f s , e n t r e e n f a n t s . 11 nous semble que l a p r é s e n c e d ' u n e n f a n t h a n d i c a p é s u s c i t e c h e z l ' a d u l t e des mou- vements a f f e c t i f s t r è s f o r t s q u i p e u v e n t se t r a d u i r e p a r des a t t i t u d e s ex t rêmes : d é s i r de t r a i t e r I ' e n f a n t h a n d i c a p é comme l e s a u t r e s , au r i s q u e de m é c o n n a î t r e l a d i f f é r e n c e e t de n i e r l e h a n d i c a p - d é s i r de p r o t é g e r c e t e n f a n t f a i b l e , ma lade , avec l e r i s q u e de l e f r e i n e r dans son au tonomie e t de b i a i s e r l e s échanges avec l e s a u t r e s e n f a n t s .

C ' e s t une des d i f f i c u l t é s de l ' i n t é g r a t i o n d ' u n e n f a n t h a n d i c a p é en c r è c h e , e t non des m o i n d r e s , que de se s i t u e r e n t r e c e s deux p ô l e s e t de p e r m e t t r e à l ' e n f a n t d ' a v o i r des échanges, meme a g r e s s i f s , avec ses camarades, t o u t e n t e n a n t compte de ses l i m i t e s e t de son b e s o i n d ' ê t r e a i d é .

Non seu lement p o u r l ' e n f a n t hand icapé , l a v i e en g r o u p e e s t , b i e n s û r , une s o u r c e de s t i m u l a t i o n c o n s i d é r a b l e , m a i s encore , p o u r l e s a u t r e s e n f a n t s , comme l e d i s e n t l e s d i r e c - t r i c e s , " 1 2 e s t bon pour eus d r ê d r e au c o n t a c t des r d a t i t d s q u ' i t s rencon t reron t pZus tardt t .

"Les e n f a n t s accepteront peut-gtre mieux l e s handicapés p lus tard s ' i Z s Zes o n t côtoyds t r è s p e t i t s " .

P l u s de l a m o i t i é des r é p o n s e s à c e t t e q u e s t i o n i n d i - q u e n t q u ' i l n ' y a eu aucune r é a c t i o n p a r t i c u l i è r e de l a p a r t des a u t r e s p a r e n t s . D ' a u t r e s p a r l e n t d ' u n e r é a c t i o n p o s i t i v e d 'emblée. . . p a r e n t s heureux de c e t t e d é c i s i o n .

Les a u t r e s r é p o n s e s d é c r i v e n t des a t t i t u d e s de " p i t i i " , w c u r i o s i t é " , "étonnement Ir, une c e r t a i n e i n q u i é t u d e q u i se t r a d u i t p a r des q u e s t i o n s .

L ' e n f a n t h a n d i c a p é é v e i l l e c h e z chacun d ' e n t r e nous des i n t e r r o g a t i o n s a n g o i s s é e s e t une é m o t i o n t r è s f o r t e . Ce la e s t

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b i e n n a t u r e l l e m e n t a u s s i l e cas p o u r l e s a u t r e s p a r e n t s de l a c r è c h e , d ' a u t a n t q u ' i l s ' a g i t de c o u p l e s j e u n e s suscep- t i b l e s d ' a v o i r d ' a u t r e s e n f a n t s e t se s e n t a n t donc d i r e c t e m e n t concernés p a r c e p rob lème.

C e t t e a n g o i s s e s ' e x p r i m e p l u s ou mo ins s e l o n l e s c r è - ches; l e s q u e s t i o n s é v e n t u e l l e s s o n t r e s s e n t i e s comme "embar- rassantes" ou a l o r s p e r m e t t a n t aux p a r e n t s de p r e n d r e cons- c i e n c e du p r o b l è m e e t de l ' a c c e p t e r . Un témo ignage r a c o n t e q u ' u n e n f a n t m o n g o l i e n é t a i t mal a c c e p t é p a r l e s a u t r e s pa- r e n t s , m a i s q u ' u n e r é u n i o n de p a r e n t s a p e r m i s u n changement d ' a t t i t u d e . , . "12s ont pris conscience des difficuZtés et de La souffrance des parents d'enfants handicapds". 'fBeaucoup s'intdressent aux progrès des enfants qui ont u n retardff. En f t n de compte, l ' a t t i t u d e des a u t r e s p a r e n t s dépend c e r t a i n e - ment de l a p o s s i b i l i t é de p a r l e r spon tanément avec l ' é q u i p e de l a c r è c h e de c e p rob lème comme des a u t r e s p rob lèmes que pose l a v i e en c r è c h e .

Les r é a c t i o n s s o n t d é c r i t e s comme "bonnes" dans l a g r a n d e m a j o r i t é des cas , t o u t en s o u l i g n a n t l e s d i f f i c u l t é s r e n c o n t r é e s ( v o i r p l u s l o i n ) e t l e s r é s i s t a n c e s . L e p o i n t l e p l u s i m p o r t a n t p a r a i t ê t r e l ' a c c o r d e t t a p r é p a r a t i o n du p e r s o n n e l :

" A d m i s s i o n en a c c o r d avec l e p e r s o n n e l , donc p a r de p rob lème m a j e u r ".

" Chaque e n f a n t e s t a c c e p t é p a r l ' a u x i l i a i r e a v a n t son e n t r é e ".

" Ce la a t o u j o u r s é t é d é c i d é ensemble; il n ' y a j a m a i s eu de r e j e t d ' e m b l é e , e l l e s o n t t o u j o u r s v o u l u e s s a y e r ".

" Le p e r s o n n e l e s t d ' a c c o r d e t j e pense q u ' i l e s t t r è s i m p o r t a n t q u ' i l se s e n t e concerné ".

La r é u s s i t e de 1 ' i n t 8 g r a t i o n dépend à l a f o i s de l ' e x i s t e n c e d ' u n e é q u i p e q u i s o u t i e n t e t coopère , e t d ' u n e personne q u i se s e n t m o t i v é e e t c a p a b l e de p r e n d r e en c h a r g e un e n f a n t hand icapé . Ce la i m p l i q u e de t e n i r compte e t de r e s - p e c t e r l e s l i m i t e s de chacun. Comme l e d i t une d i r e c t r i c e : "IL est difficile d'imposer à queZqufun de donner des soins à un handicapé si eZZe n'est pas d'accord. Si j'avais une demande, je chercherais d'abord comment rsndre possible cette adaptation et qui s'occuperait de L'enfant".

Une f o i s l e s p r e m i è r e s r é s i s t a n c e s surmontées ce s o n t s o u v e n t "Zes progrès de L'enfant Zui-même qui encouragent Ze personne2 If,

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I l e s t p e u t - Z t r e u t i l e de r a p p e l e r , i c i , l a l i s t e de d i f f i c u l t é s que nous a v i o n s p roposée :

Le manque de f o r m a t i o n ( c i t é 23 f o i s ) e s t de l o i n l a d i f f i c u l t é l a p l u s i m p o r t a n t e que r e n c o n t r e l a c r è c h e en i n t é g r a n t un e n f a n t hand icapé .

" Pas assez de s o u t i e n , s e n t i m e n t d ' ê t r e i s o l é e , peu aimée ".

" Manque d ' i n f o r m a t i o n s é d u c a t i v e s p o u r l e s e n f a n t s a y a n t des t r o u b l e s du comportement ".

Les d i f f i c u l t é s l e p l u s s o u v e n t c i t é e s s o n t e n s u i t e : l e manque de p e r s o n n e l ( c i t é 14 f o i s ) ( p r o b l è m e auque l c e r - t a i n e s c r è c h e s t e n t e n t de r é p o n d r e en r é d u i s a n t l ' e f f e c t i f de l a s e c t i o n d ' u n e n f a n t ) . La p e u r de l ' a c c i d e n t ( 1 4 f o i s ) e t l a c r a i n t e des r e s p o n s a b i l i t é s encourues ( 8 f o i s ) . Cec i semble v a r i e r en f o n c t i o n du h a n d i c a p de l ' e n f a n t ( s u r t o u t h y d r o c é p h a l i e , c a r d i o p a t h i e , c o n v u l s i o n s . . . ) . Une c r è c h e p r é c i s e : " Peur de l ' a c c i d e n t e t des p o u r s u i t e s " . Une a u t r e , en r e v a n c h e , d i t ' Pas p l u s que p o u r l e s a u t r e s en- f a n t s ". La p e u r de mal f a i r e ( 1 4 exemples ) nous semble c o r r e s p o n d r e a u s s i au d é s i r de f o r m a t i o n d o n t nous a l l o n s p a r l e r p l u s l o i n .

Le manque de p l a c e ( 5 exemples) e t l a c r a i n t e des r é - a c t i o n s du p e r s o n n e l ( 6 exemples) ne s e m b l e n t pas ê t r e des p r o b l èmes ma jeurs .

Une s e u l e c r è c h e c i t é l a c r a i n t e des r é a c t i o n s des a u t r e s p a r e n t s .

C e t t e l i s t e n ' e s t c e r t a i n e m e n t pas e x h a u s t i v e e t d ' a u t r e s d i f f i c u l t é s p e u v e n t se r e n c o n t r e r l o r s de l ' i n t é g r a - t i o n d ' u n e n f a n t hand icapé . L ' u n e d ' e l l e s r e v i e n t à p l u s i e u r s r e p r i s e s dans l e s r é p o n s e s e t nous semble p a r t i c u l i è r e m e n t i m p o r t a n t e : L e s - d i f f i c u l t é s p s y c h o l o g i q u e s des c o n t a c t s avec l e s p a r e n t s de l ' e n f a n t h a n d i c a p é ". Ces c o n t a c t s n e v o n t pas de s o i , i l s s o n t s o u v e n t comp lexes . Souven t ces con- t a c t s s o n t c h a l e u r e u x e t c o n f i a n t s , e t p o u r l a g r a n d e m a j o r i t é des c r è c h e s , l ' i n t é g r a t i o n e s t b é n é f i q u e p o u r l e s p a r e n t s de l ' e n f a n t : "Les p a r e n t s s o n t t r è s heureux d e v o i r l e u r e n f a n t évoZuer a v e c l e s a u t r e s e t s a v o i r q u ' e l l e é t a i t c o n s i d é r é e comme eux". "Très b é n é f i q u e pour l a mère d é j à t ~ a u m a t i s é e d ' a v o i r un e n f a n t d i f f d r e n t d e s a u t r e s " .

Cependant , p l u s i e u r s d i f f i c u l t é s p e u v e n t se p r é s e n t e r .

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Lorsque l e handicap e s t découvert en cours de séjour a l a crèche, l a crèche Soue par fo is t e r 6 l e d é l i c a t de révé- 1at7on du handlcap e t l e s r e l a t i ons avec des parents en p le in processus de p r i s e de conscS ence, bouleversés, par fo is agres- s i f s ou revend5cantst ne sont pas simples, Plusieurs crèches par len t de ce problème.

" Les parenta o n t nits Ze i ra~d icap e f ; o n t refssusd dtaZZer d Za aonsuZtat ion spdciaZisds qu'on Seur n s a i t con- se5 Etés ".

If Les parents o n t r e t i r d l ' e n f a n t de La crache (au bout d e s i z mois) appas qke l e mkdecin d e l a e ~ $ o h e ait demandé une c o = s u t t a t i o n spde ia t i sda

11 peut a r r i v e r auss i que l a crèche accepte t r è s bien un enfant handScapé e t ne supporte pas une a t t i t u d e r e j e t a n t e de l a pa r t des parents .

'# DDzfj'i~arZtls avsa Zee parents de t'enfcr.1: qrri n ' a r r i - uent pas a l k 5 m e r comme ux a u t r e

" D i f f d o u L t l s de aontact asec Z@s parents qu2 r e j e e t e n t Z ' e n f a n t , Notre o b j e c t i f es5 d ' a r r i v e r à f a i r e accepter Z ' e n - fant par Zes $$ans $#.

Dans ce c a s i l e s t d i f f i c i l e pour l a crèche de s e dégager d'une posi t ion moralisante qui ne f ? i t qu'aggraver l a s i t u a t i o n en cul pabi! i san t l e s parents e t susci t a n t 1 a aéf iance d e pa r t e t d ' au t r e . L a encore i l s ' a g i t d ' u n prob18me de forma- t ion e t de sens ibSl i sa t ion a 13 psychologie des parents d'un enfant handicape.

A 'la question 'iitvez-vous é td a idge dans c e t t e pr.Lsa an charge", i l y a presque au t an t de réponses négatives que pos i t i ve s , c ' e s t d i r e que l e sout ien ex t ê r i eu r e s t i nsuf f i san t .

t o r squ ' e l l e a e x i s t é , c e t t e a ide c o n s i s t a i t sur tou t en v i s i t e s de kinési thérapeutes ou de psychomotriciennes venant assurer l a rééducation de l ' e n f a n t à l a crèche e t former e t sou ten i r l e personnel. Une séance de rééducation dans l a s a l l e d e jeux, en presence d u personnel cons t i tue en s a i d S j à une formation e t un sout ien.

t a grande majvr i te des enfants handicapés sont cepen- dant s u i v i s dans u n établissement (hôp i t a l , cen t re s p é c i a l i - s é , . , e t on peut donc penser que l e s r e l a t i o n s en t r e ces établ issements e t l a crèche sont i n su f f i s an t s , voire i nex i s t an t .

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Les c r è c h e s r e g r e t t e n t c e t t e absence de c o o p é r a t i o n , non seu- l e m e n t p a r c e que l e p e r s o n n e l s o u h a i t e a v o i r u n a p p o r t d ' i n - f o r m a t i o n s , m a i s a u s s i p a r c e q u ' i l pense à j u s t e t i t r e p o u v o i r a p p o r t e r à l ' é q u i p e s p é c i a l i s é e , des o b s e r v a t i o n s i n t é r e s s a n - t e s c o n c e r n a n t 1 ' e n f a n t .

C e r t a i n e s c r è c h e s p r é c i s e n t que t a p r é s e n c e r é g u l i è r e d ' u n e p s y c h o l o g u e l e s a a i d é e s dans c e t t e e x p é r i e n c e .

D ' a u t r e p a r t , u n c e r t a i n nombre de c r è c h e s (17) o n t e u l a f o r m a t i o n aux t e c h n i q u e s de 1 ' E v e i l du T o u t - P e t i t .

T r è s peu de c r è c h e s m e n t i o n n e n t t a p o s s i b i l i t é d ' a v o i r du p e r s o n n e l s u p p l é m e n t a i r e , c ' e s t p o u r t a n t u n s o u h a i t q u i r e v i e n t t r è s s o u v e n t : rrSouhaitons du personnez supp8dmentaire car t ' e n f a n t handicapd demande pZus de pat ience, de d i s p o n i b i - l i t k , de temps, de compétenceu,

Au n i v e a u des s o u h a i t s , c ' e s t l ' a i d e d ' u n "spdciaZis. ta" q u i e s t demandée l e p l u s s o u v e n t .

"Des s p é c i a l i s t e s de chaque handicap " ,

"Contact avec personne compktente q u i s u i t dé jà Z'en- fan tv .

I l s ' a g i t à l a f o i s de l a demande d ' u n s a v o i r '%nforrna- t i o n s sur 2 ' a v e n i r scciaZ de Z ' e n f a n t v . "Documentation, fiZms sur Zes handicapés" e t d ' u n s a v o i r - f a i r e .

"Bien in former l e personne2 de g e s t e s à f a i r e en cas d ' a c c i d e n t s ".

"Apporter quelques d i r e c t i v e s a f i n de mieux l e s a ider e t l e s comprendre".

' lExpZications s imples e t pra t iques pour une a c t i o n p o s i t i v e auprès de l ' e n f a n t " .

A i n s i , l e b e s o i n d ' u n e a i d e e t d ' u n s o u t i e n e x t é r i e u r e t f a n é c e s s i t é d ' u n e f o r m a t i o n s o n t é t r o i t e m e n t l i é s e t c o n s t i t u e n t , à n o t r e sens, avec c e l u i de l a s u f f i s a n c e du p e r s o n n e l , l e p o i n t c e n t r a l d o n t dépend l a r é u s s i t e de l ' i n - t é g r a t i o n de l ' e n f a n t h a n d i c a p é en c r è c h e .

Cependant, c e s p rob lemes ne s o n t pas s p é c i f i q u e s à l ' i n t é g r a t i o n d ' u n e n f a n t hand icapé . I l s se p o s e n t a u s s i avec a c u i t é p a r r a p p o r t aux a u t r e s e n f a n t s de Ja c r è c h e : pas assez de p e r s o n n e l . f o r m a t i o n i n s u f f i s a n t e , b e s o i n d ' u n e personne e x t é r i e u r e à l a c r è c h e ( p s y c h o l o g u e , p s y c h o m o t r i c i e n n e , méde- c i n ) .

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S u r l e s 5 2 c r è c h e s q u i o n t a c c u e i l l i au m o i n s u n e n f a n t h a n d i c a p é , 6 c a s s e u l e m e n t o n t dû r e n o n c e r . Dans u n c a s , c e s o n t l e s p a r e n t s q u i o n t r e t i r é l ' e n f a n t d e l a c r è c h e , a p r è s que l e m é d e c i n d e l a c r è c h e a i t demandé une c o n s u l t a t i o n s p é c i a - l i s é e ; d a n s l e s a u t r e s c a s , c ' e s t l a c r è c h e q u i a d û r e n o n c e r à g a r d e r l ' e n f a n t à l a s u i t e d ' u n e a g g r a v a t i o n du h a n d i c a p q u i n e p o u v a i t ê t r e assumée p a r l e p e r s o n n e l ( 2 c a s d e t r i s o m i e 2 1 a v e c c a r d i o p a t h i e e t u n c a s de p s y c h o s e i n f a n t i l e ) .

Dans t o u s l e s a u t r e s c a s , l ' e x p é r i e n c e a p u ê t r e menée j u s q u ' a u b o u t e t t o u t e s l e s r é p o n s e s s o n t u n a n i m e s p o u r d i r e que l ' i n t é g r a t i o n e s t b é n é f i q u e p o u r l ' e n f a n t l u i - m ê m e .

Q u a n t à l a q u e s t i o n : "Souhai tez -vous a v o i r d ' a u t r e s e n f a n t s handicapés ?", l a r é p o n s e e s t r a r e m e n t n o n ( 2 ) , p a r f o i s o u i ( 1 3 c a s ) , m a i s l e p l u s s o u v e n t ( 3 0 c a s ) u n e r é p o n s e p o s i t i v e a s s o r t i e d e r é s e r v e s e t d e c o n d i t i o n s .

Ces c o n d i t i o n s e t c e s r é s e r v e s s o n t :

- l e t y p e d e h a n d i c a p : " t o u t dépend du handicap";

- u n s e u i l à n e p a s d é p a s s e r : " o u i , mais pas p l u s d ' u n ou deux e n f a n t s à l a f o i s a f i n de f a i r e du bon t r a v a i l avec Ze personnel e t pe rme t t r e à l ' e n f a n t de s ' i n t é g r e r " ;

- 1 ' a c c o r d d u p e r s o n n e l : "chaque c a s d o i t ê t r e examiné avec Ze personnel" ;

- l a f o r m a t i o n : " o u i , s i nous avons une format ionrr;

- p e r s o n n e l s u f f i s a n t : " o u i , s i personnet supp témen ta i r e" .

S i l e s d i f f i c u l t é s s o n t m u l t i p l e s , 1 ' i n t é g r a t i o n d ' u n e n f a n t h a n d i c a p é p e u t ê t r e u n e e x p é r i e n c e e n r i c h i s s a n t e p o u r t o u t e l a c r è c h e .

" L a p r é s e n c e d ' u n h a n d i c a p é o b l i g e à r é f l é c h i r , f a i t p r o g r e s s e r l e p e r s o n n e l s u r l e p l a n p é d a g o g i q u e , c e q u i l e s v a l o r i s e , e t d ' a u t r e s e n f a n t s sans h a n d i c a p p e u v e n t b é n é f i - c i e r d e c e t a c q u i s ", n o u s d i t une d i r e c t r i c e .

II - LES CRECHES FAMILIALES.

Nous a v o n s r e ç u 7 r é p o n s e s d e c r è c h e s f a m i l i a l e s q u i p o s e n t q u e l q u e s p r o b l è m e s s p é c i f i q u e s .

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Q u a t r e p a r m i e l l e s o n t r e ç u des demandes d ' i n s c r i p t i o n p o u r u n e n f a n t hand icapé . Dans un cas, i t n ' a pas é t é p o s s i - b l e de t r o u v e r une n o u r r i c e h a b i t a n t en rez -de-chaussée e t p o u v a n t assumer l e t r a v a i l que c e l a r e p r é s e n t a i t , c ' e s t - à - d i r e q u ' e l l e n ' a u r a i t dû g a r d e r que c e t e n f a n t . Les a u t r e s e n f a n t s o n t p u ê t r e a c c u e i l l i s chez d e s n o u r r i c e s q u i o n t t r è s b i e n r é a g i une f o i s q u ' e l l e s a v a i e n t accep té . L ' u n e des d i r e c t r i c e s n o t e , cependan t , qye " s u r nos 50 n o u r r i c e s il n ' y en a que t r è s peu ( 4 a 5) a q u i nous p o u r r i o n s demander c e g e n r e de t r a v a i l , e t aucun supp lément s a l a r i a l n ' e s t p r é v u " .

Les d i r e c t r i c e s ne n o t e n t aucun p r o b l è m e avec l e s a u t r e s e n f a n t s , ma is , en r e v a n c h e , " c e r t a i n s p a r e n t s o n t r e f u s é de m e t t r e l e u r e n f a n t chez des g a r d i e n n e s g a r d a n t ou a y a n t u n e n f a n t t r i s o r n i q u e 21. D ' a u t r e s o n t a c c e p t é comprenan t f a c i l e - ment l e s d i f f i c u l t é s des f a m i l l e s " .

Les l i m i t e s s e m b l e n t donc u n peu p l u s é t r o i t e s dans l e c a s de f a c r è c h e f a m i l i a l e , c a r l a n o u r r i c e se t r o u v e s e u l e avec l ' e n f a n t hand icapé , sans s o u t i e n d i r e c t d ' u n e é q u i p e e t sans c o m p e n s a t i o n s a l a r i a l e à u n t r a v a i l p l u s i m p o r t a n t .

I I I - LES CONSULTATIONS.

Une q u a r a n t a i n e de c e n t r e s P.M.I. de P a r i s e t s u r t o u t de l a b a n l i e u e p a r i s i e n n e nous o n t r e n v o y é l e q u e s t i o n n a i r e s u r l ' i n t é g r a t i o n des e n f a n t s h a n d i c a p é s en c o n s u l t a t i o n P .M. I .

Un p r e m i e r c h i f f r e : une d t t a f n e de c e s 40 c e n t r e s P.H.1. s o i t l e q u a r t , n ' a c c u e i l l e n t pas d ' e n f a n t s h a n d i c a p é s , c a r il ne s ' e n e s t j a m a i s p r é s e n t é . C e t t e p r o p o r t i o n assez i m p o r t a n t e p o u r r a i t f a i r e c r o i r e que l e s p a r e n t s d ' e n f a n t s h a n d i c a p é s se d é t o u r n e n t des c e n t r e s P.M.I. p o u r f a i r e s u i v r e p l u t ô t l e u r e n f a n t en p r i v é . I l s c r o i e n t , p e u t - ê t r e , comme p o u r l e s c r è - ches, que f a P.M.I. e s t r é s e r v é e aux e n f a n t s normaux, ou c r a i g n e n t l e r e g a r d d ' u n e é q u i p e p l u s nombreuse que chez u n médec in p r i v é , ou l e s r é a c t i o n s des a u t r e s mères e n s a l l e d ' a t t e n t e .

Dans une t r e n t a i n e de c o n s u l t a t i o n s , des e n f a n t s h a n d i - capés s o n t s u i v i s r é g u l i è r e m e n t . P a r f o i s , il s ' a g i t de c a s i s o l é s , m a i s p l u s s o u v e n t une même c o n s u l t a t i o n a e n c h a r g e 5 ou 6 e n f a n t s . Au t o t a l , l e s 30 c o n s u l t a t i o n s s u i v e n t e n v i - r o n 8 0 e n f a n t s .

Tous l e s h a n d i c a p s s o n t r e p r é s e n t é s . : l e s h a n d i c a p s m o t e u r s e t mentaux e n p r e m i e r l i e u , s e n s o r i e l s e n s u i t e , p u i s

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c e qui a é t é regroupé sous l e terme de "'caractt .rieZn.

Le degré de p r i s e en charge des e n f a n t s e s t extrêmement v a r i a b l e se lon l a c o n s u l t a t i o n . Dans quelques c a s , peu nom- breux, l a c o n s u l t a t i o n ne t i e n t pas à s u i v r e l ' e n f a n t handi- capé e t l'oriente d'emblée v e r s u n s e r v i c e de p é d i a t r i e . Mais l e p lus souvent , l e c e n t r e P.M.I. con t inue à s u i v r e l ' e n f a n t , t o u t en l ' a d r e s s a n t dans l a m a j o r i t é des c a s , à une s t r u c t u r e s p @ c i a l i s é e . Comme l e note une p u é r i c u l t r i c e , c e t t e o r i e n t a t i o n pose p a r f o i s des problèmes r e l a t i o n n e l s t r è s complexes avec l e s p a r e n t s , c a r e l l e peut ê t r e l e premier pas de l a r é v é l a t i o n d ' u n handicap passé j u s q u ' a l o r s inaperçu.

La c o l l a b o r a t i o n avec l e s s t r u c t u r e s s p é c i a l i s é e s e s t s o u h a i t é e dans t o u s l e s c a s , mais ne semble pas t o u j o u r s f a c i l e .

Un c e r t a i n nombre de c o n s u l t a t i o n s P.M.I. t r a v a i l l e n t de façon p r i v i l é g i é e avec u n d i s p e n s a i r e de l ' i n t e r s e c t e u r de p s y c h i a t r i e i n f a n t i l e , un c e n t r e de guidance i n f a n t i l e , ou u n C.M.P.P. Ces l i e n s s o n t f a v o r i s é s par l a proximité des 1 ieux ou c e r t a i n e s s o l u t i o n s o r i g i n a f e s , t e l l e s que des réunions communes, p o s s i b i l i t é pour une psychologue ou une r é é d u c a t r i c e de v e n i r aux c o n s u l t a t i o n s de l a P.N.I., p o s s i - b i l i t é pour l e personnel P.M.I. d ' a s s i s t e r aux réunions de syn thèses concernant l e s e n f a n t s s u i v i s en commun.

La c o l l a b o r a t i o n e s t p lus d i f f i c i l e quand i l s ' a g i t de s e r v i c e s h o s p i t a l i e r s ou de c e n t r e s de r ééduca t ion s p é c i a l i - s e s . L ' i n s u f f i s a n c e des l i a i s o n s , l e manque d ' in fo rmat ion donnent, bien souvent , aux responsables de l a c o n s u l t a t i o n 1 9 m p r e s s i o n que l a p r i s e en charge de l ' e n f a n t l e u r échappe e t qu 'on ne t i e n t compte ni de l e u r s p o s s i b i l i t é s , ni de l e u r vo lon té d ' a i d e r l ' e n f a n t handicapé, n i de l e u r p o s i t i o n au- p rès de l a f a m i l l e , p l u s proche de l a r é a l i t é quo t id ienne e t des problèmes c o n c r e t s que l e s e r v i c e s p é c i a l i s é . Ecoutons une p u é r i c u l t r i c e : z'Nous a imertons t ravaiZZer pZus en 2.ia-Z- eon avec l e s s e r v i c e s spdciuZisEt> uurqtceZs nous avons à f a i r e . Etant en ban l i eue , nous cherchons à d v i t e r au maximum l e s dé- placements pén ib les aux f a m i l l e s . S i l e s s e r v i c e s h o s p i t a z i e r s vouZaient b i e n comprendre c e s probzèrnes e t c e s d i f f i e u z t é s sociaZes auxque l l e s nous nous heurtons , nous pourrions ê t r e u t i l i s é s comme r e l a i s , e t je pense que nous pourrions f a i r e éoonomiser beaucoup de temps e t d 'argen t à t o u t l e mondev,

Cet te i n s a t i s f a c t i o n e s t à l ' o r i g i n e d u s o u h a i t de c e r - taSnes c o n s u l t a t i o n s d ' a v o i r en l e u r s e i n u n personnel spé- c i a l i s é pour pouvoir f a i r e f a c e B t ous l e s problemes posés par l e s d i v e r s handicaps. A i n s i , l e s p u é r i c u l t r i c e s s o u h a i t e n t l a présence de psychologues, de k i n é s i t h é r a p e u t e s ou psychomo- t r i c i e n s , e t même de t r a v a i l l e u r s sociaux.

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Cependant, i l est bien êvident que pour la plupart des types de handicaps, la structure spécialisée a un rôle speci- fique et Srrempiaçable et que le contact direct et privilégié parents-centre spêcialfsé est à prgserver. te problème est celui de fa liaison entre Ie centre spécialisé et la consul- tation P,M-1.

Un peu moins de fa moitîe des consultations bénéficie de la prgsence régulière d'un collaborateur attaché à l a consultation : psychologues (13 cas), kin&sith&rapeutes (4) et - ou - psychomotriciennes f 3 f . Comme nous f'avonr not& plus haut, un certain nombre de consultations souhaitent ce type de coi laboration régulière. If nous semble effectivement que, de même que toutes les prises en charge ne peuvent être assurées au centre P.M.I., de même une collaboratSon mëme étroite avec un centre de guidance ne peut remplacer une activité régulière au sein de la consultation : travail de réflexion sur les problèmes spécifiques de la P " M . 1 . (rela- tions avec les familles, visites à domicile, travail de l'équipe, probfémes posés par les familles immigr8es ...).

Quelques consultations abordent le problème de liaison avec les crèches et maternelles du quartier et l4int@gration des enfants handicapés dans ces coflectivités. Mats i l sem- ble que ces relations soient encore peu développées.

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A N N E X E I V

BIBLIOGRAPHIE

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Édit8 par le C.T.N.E.R.H.I. Tirage par la Division Reprographie

D8pÔt l8gal : Mai 1988

Le Directeur : Christine PATRON

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