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¶. L QUELQUES NOTES EXTRAITES DU CARTULAIRE 1ïAUUE1L LOUIS GUIBERT 'e TULLE IMPRIMEIIIE CRAUFFON ADMINISTRATIVE ET COMMEBCIALE Rue du Fouret et place saint Dcrilard, 1 1883 Document il il il II il III illi 11111111 !III 0000005776979

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¶. L

QUELQUES NOTES

EXTRAITES

DU CARTULAIRE 1ïAUUE1L

LOUIS GUIBERT

'e

TULLE

IMPRIMEIIIE CRAUFFON ADMINISTRATIVE ET COMMEBCIALERue du Fouret et place saint Dcrilard, 1

1883

Document

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En l'année 1 070 (1), un anachorète du nom deGaucher, originaire de Meulan, fonda, à douzekilomètres environ de Limoges, le monastère deSaint-Jean l'Evangéliste d'Aurei], sous la règle desaint Augustin. Le chapitre cathédral paraît avoirété le premier et le principal bienfaiteur du nouvelétahiissernent qui demeura dans sa dépendance ).Le prieur élu par .les frères devait être confirmé parles chanoines de Saint-Etienne et avait, de droit, unsiège parmi eux. Les religieux d'Aweil acquirent enpeu de temps une grande renommée de sainteté. Lesfamilles noUes des environs leur concédèrent desfonds et des rentes; les pauvres paysans de la contrée,surpassant cii générosité les seigneurs, donnèrent le

(1) Le cartulaire lui-môme dont nous allons nous occuper, fournitcette date

Sumpsit ex anno niilleno septuageno,Primo prie cipiurn cellula nostra suum.

On pourrait, en dèplaçat la virgule, reporter à 1071 la fondationd'Aureil.

Ce distique est (l'une écriture du Nrv e siècle.

() Les droits du chapitre sur Aureil sont attestés par une bulle dePascal Il, datée du 1106.

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fruit de leur travail, leurs moutons, leurs laines,leurs poules, leurs grains, et se donnèrent eux-mômes.Non-seulement, le haut et bas pa s de Limousin, maisle Périgord, la Marche et le Berry contribuèrent, dèsa lin du Xie et le commencement du mi e, siècles,

à doter l'humble monastère qui compta des posses-sions et des prieurés jusque dans la Normandie.Après une existence dont nous ne saurions rappelerici les phases, la conventualité s'éteignit à Aureil aucours du XVIC s i ècle, et le dernier prieur, SimonPalais, résigna, au mois de j anvier I 98, son prieuréen faveur des Jésuites. Aureil et ses dépendancesfurent unis, cette année-là môme, avec l'autorisationdu roi homologuée par le parlement (le Bordeaux, aucollège que la célèbre coinpagiiie venait do fonder àLimoges.

Les archives du département de la Haute-Viennepossèdent un cartulaire provenant du monastèred'Aureil et dont un certain nombre d'actes reinon-tent an Xle siècle. D'autres reçueils du mêmegenre, les cartulaires de l'église de Saint-Etierine deLimoges, des abbayes de Bcaulieu, d'tizerc.he et deSolignac, - pour ne pas chercher d'exemple endehors du Liiiiuusin - offrent des textes plus anciens.Aucun document analogue ne présente un ensembleplus intéressant, et les archives de la Haute-Viennene possèdent rien (le plus précieux, bien qu'ellesconservent encore, Dieu merci, de véritables trésorséchappés comme par miracle aux vicissitudes diverses,aux pillages et aux incendies qu'elles ont subis àplusieurs époques.

Dans l'inventaire du fonds du collège de Limo-ges(l), M. Leroux, archiviste delaHaute-Vienne, donttous les hommes studieux de notre Limousin con-naissent la bienveillante obligeance et la sûre et scru-

(1) Cet inventaire est en cours de publication.

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-7---puleuse érudition, décrit cet intéressant manuscrit, àprésent catalogué sous le n° 656 de la série D. C'estun registre de 82 feuillets de parchemin, format in-8°,renfermant la transcription de Plus de cent quaranteactes et la mention et l'analyse d'un beaucoup plusgrand nombre. Les dates extrêmes de ces actes sont1091 et 1189. Il semble toutefois que les dernièrespages dénotent une écriture tin XIne siècle, oumème du siècle suivant, et il est presque certain, d'unautre côté, que plusieurs actes nori datés sont anté-rieurs à 1091. Le premier feuillet porte mm certainnombre d'inscriptions et de distiques d'une main diXIye siècle, avec la signature Ge. Bruni deCambonio. Ce fut à cette époque, en effet, qu'unprieur de ce nom fit relier le cartulaire dont il s agit.

On nous fait espérer (JUÛ ce curieux manuscrit vaêtre sous peu édité, avec tout le soin qu'il mérite,par M. G. de Senneville, conseiller à la cour descomptes. Aussi nous bornerons-nous à en détacherquelques pages et à y puiser quelques notes. Cesremarques très superficielles et ces courts extraitspermettront d'apprécier l'intérêt de notre cartulairelimousin et le seul résultat que nous recherchionssera obtenu, si nous avons appelé sur ce précieuxrecueil l'atteiition de nos corilières de la Corrèze et detoutes les personnes qui aiment à retrouver, dans desdocuments non suspects, l'histoire vraie et vivantedu passé.

Sans avoir jamais été fort considérables, les posses-sions d' Aureil dans le Bas-Liiiiousiii eurent minecertaine importance. Eustorge, évêque de Limoges,donna, vers 1130, aux disciples de saint Gaucher,l'église de Corrèze. Son successeur, Gérald, confirmacette libéralité et dès le XiIIC siècle, le curé de laparoisse pava à Aureil une pension de 2() sols, quifut plus tard portée à 7 livres. Les documents desarchives mentionnent parmi les prieurs de Corrèze

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Martial Juge, chanoine d'Anreil; Julien Sage ou dela Chassagne (1, en 1501 ; Pierre Cliariière, 1502;Pierre Sac, 1503-1514 Ajitoine Plurnouzd, avant1588; Jean de la Garde, '1588-i 593; Jean Vinheron,1593; Léonard Marilias ; Jean Dubois, pourvu en1614 et mentionné en 1623 et 1635; Jacqtes deSaint-Priest, 1686; N. Rivière, prêtre, mort cii 172tJean-Léonard Darlot,.. .? - 1?47 ; Joseï h (le Saint-Priest, 1747 - ...?; Léonard Meieiel, 1761; Jac-ques de Bellefond, 1783.

En 1190, un autre évéque de Limoges, SébrandChahut, le chef de l'expédition organisée contre les

Jrotiers et que marqua la graticle déroute de Male-donna à Awefl l'église de 1-liihac ; divers actes

(lu XIlle siècle, établissent que les seigneurs de Hi-ihac et d'Escorailles devaient hommage au prieurd'Aureil pour plusieurs terres dont ce dernier était Su-

zerain et j usticiei. Le culé de Ililliac payait au mo-nastère une pension de 40 sols qui fut plus tardréduite à 30.

Un troisième prieuré-cure, situé dans le Bas-Li-inonsin, appartenait à Aureil dès la fin du Xle sièclecelui de Soursac, il avait été dominé à Gaucher parl'évè(jue llumhaud, que le pape Urbain II déposa àson passage à Limoges en 1093. Les revenus de Sour-sac et de Beaulicu, son annexe, étaient a!Iei'més I ,100livres en 1626.

Le prieuré de Montgibaut-Meuzac avait une partiede ses possessions sur le territoire du départementactuel de la Corrèze. Les archives de la haute-Viennepossèdent un assez grand nombre de pièces concer-nant ces dépendances.

L'arrondissement de Brive est celui des trois arron-

(1) Cc prieur parait avoir appartenu à la même famille que Pierrede Chassagne ü lu Savy n (Sapientis), mari dAimodie, fondatrice dela vicairie dite de la MoUine à l'église de Saint-Martial de Limoges.

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dissements de la Corrèze où Aureil avait le plus defonds et de revenus; il en possédait notamment dansles paroisses do Lubersac, Mon tgiband, Saint-MartinSepert (de septem Pins), Cliabrignac, Juillac, Ro-siers, Voutezac et probal)le[Ilent dans les environsd'Uzerelie et d'Aven ; les paroisses de Soursac, Bar,Orliac, Corrèze et 1{ilhac qui appartiennent aujourd'huià l'arrondissement de Tulle renfermaient aussi uncertain nombre de terres et de redevances donnéesaux disciples de saint Gaucher.

Le cartulaire des archives de la Haute-Vienne noustransporte à une époque où beaucoup de noms con-servent dans toute leur rudesse la forme ger[narfluèdont le XIIe siècle fera disparaître les aspérités pour nelaisser> du vocable primitif, qu'une racine plis oumoins dissimulée sous une enveloppe romane.

Les personnages que le rédacteur ou plutôt les ré-dacteurs du cartulaire font défiler devant nous s'ap-

Èlilent Arbert us, Achardus, Adalard us, Archarnhal-s, Catardus, Arnaldus, Atto, Engeifredus, Erber-

tus, Fulco, Fulcald us, Fulehori us, Fuichard us,Gittardus, Gualterius, Hildegarius, Ililduinus, lIilde-nus, Ilisimbardus, lzem]iertus, Hugo, Ilumbaldus,Leodegarius, Matfredus, Marl)odius, Otgerius, Rot-bertus, Hmm aldus, iligahlus, 11an n rilfu s, Sigihertus,Sicardus, Turpinus, TJm]iertus, Wido. On sent que laterminaison us est Lotit ce qu'il y a (le latin dans lesnoms comme dans les personnages, et qu'elle se place,pour la forme seulement, au bout de la plume duscribe, lidèle à la tradition romaine et à la langue de1'Eglise. Plus doux, mais tout aussi caractéristiquessont les noms de femmes : Alinodis, Aicelina, Alpaïsou Alpaïdis, Akiegard is, Ahleardis, Ermengardis,Goalberga, Guithiirgis, Hildegardis, Matildis, Miii-sendis, Otherta, llotberga, Sautruana, Samargana.

On pourrait faire, d'après le seul document quinous occupe, une très intéressante étude sur les noms

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propres. Le nom se trouve souvent soit seul, soitaccompagné d'un surnom, sans aucune trace de nomde famille. - Ainsi il est question, dans un acte, d'unchevalier « (lu nom de Raymond, surnommé l'An( , »-Miles nomine Raymuridus, cognomento Asin us.Ailleurs on rencontre « Jean surnommé le Porcher »- Joannes coqnomento Porcharius - et un pay-san qui se nommait Le Vert ou Au Vert - rusticusqui ?wmina.batur Viridi. Parfois le mot cogne-mento disparaît.; c'est alors Pierre de Bon IEil -Petrus de Boue Oculo, - Etienne Barbe d'orge, -Stephanus Barba de /iordeo, - Pierre le Brun, - Pc-trus Brunus. Une seconde catégorie de dénominationsoffre le nom accompagné d'ure désignation de lieuindiquant l'origine ou la dwrieure du personnageAudebert de Limoges, A udebertns de Lemotges ; Geof-froi du Puvmarot, Gaufridus de Pex Marot; Pierre duMont, Petrus de Monte; Geoffroi de Jioziers, Gau-frid'us de Roziers; Guillaume de Bujaleuf, Guillel-mus de Bujalou. - Un antre ordre de surnoms se tirede la profession, des fonctions : Pierre le Faure ou leForgeron, Petrus 1i'a ber; Pierre le Cordonnier, le Su-dour, le Sueur, Petrus Sutor; Jourdain l'Orfèvre,Jordani au Dorezi (1); Bernard le Vigier, IiernarduVigerius; Jean le Gainier, Johannes Gaasnador;Gaucelin le Guetteur, Gaucelinus Gacha ou la Ga-cha ; Etienne Balle, le balle, Stephanus liaju lus. -Enfin le nom du père ou de l'aïeul apparaît accoléau prénomde l'individu, tantôt au génitif, commec'est le cas le plus fréquent jus(fl1 ' L la fin du XIVC siè-cle : Petrus Mathei, Geraldus Gau.zberti, PetrusBernardi; tantôt au même cas que le nom lui-mrneGeraldus Izembertus, 11go Fulclierius, Petrus Iii-

(I) Ce nom ne se trouve qu'au possessif, et on sait que le roman in-tercale aux cas indirects, comme au nominatif et à l'accusatif, l'articleentre le nom propre et le substantif servant de qualificatif.

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gaudus, Pet.r us Bernard us, G uiilelrnus Frolgeri us.11 faut noter qu'on rencontre cette dernière forme versla fin du xi" siècle et que dès cette époque, par con-séquerit, le nom patronymique proprement dit existeen Limousin.

Plusieurs passages nous fournissent des indicationssur l'état du clergé, son organisation, sa hiérarchie,l'action respective de ses divers ordres. Nous corista-tons que beaucoup de paroisses des environs deLimoges existent et sont nommées avant 1150. No-tons celles de Saint-Paul, Saint_Bonnet-la--Rivière,Sai nt-Amand-le-Petit, Vicq, Saint-Genest, Linards,Boisseuil, E vj eaux, Saint-Jean- Ligoure, Saint-Denis,la Geiieytouse, Roziers, Eybouleuf, l'église de Sainte-Croix de Pierrebufflère, celles de Bersac, du chàteau deNoblac, d'Aureil, etc. (I). Chaque église paroissiale a sacirconscription bien déterminée (2). Les curés ne do've, i t pas empiéter sur le lot de territoire et d'âmesqui a été attribué à leurs voisins.

On peut relever pi. asieurs mentions d'archidiaconéset d'archidiacres. Ces derniers, que des documents duonzième siècle montrentiouant un rôle impor-tant dans l'élection des évêques, nous apparaissent,dans le cartulaire d'Aureil, tantôt comme une sortede conseil diocésain analogue au conseil actuellementformé par les vicaires généraux, ou comme un ordresupérieur faisant partie intégrante du chapitre cathé-

(I) « Parrochia S. Pauli, P. S. Boniti. p. S. Amandi, p. de Vico,D p S. Gensii. p. S. Martini de Linars, par. dn Ilossoil ; ecclesia• S. Prejecti de Esjau, parrofia S. Joanni de Ligora, p. S. Dionisii,• par. de la Genestoza, ec. de Roziers, cc. de Ebolou, cc. de I3ersaco,» prepositus Sancte Crucis do Petra bulîeria, ec. de Castello Nobiliaci,

de Aurelio.

(2) « in circuitu quod ad parrochiam illius ecclesie pertinebat. »

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dral (1), tantôt comme les administrateurs do circons-criptions ecclésiastiques bien déterminées. Ainsi ilest dit que Sigebert, prieur do Cole, exerce les fonc-tions d'archiprêtre dans l'archidiaconé d'Auclebert.,archidiacre do Saint-Etienno On voit ailleurs lesarchidiacres venant ratifier les donations de fiefsecclésiastiques, absolument comme les suzerains etles seigneurs fonciers Ou justiciers interviennent pourconfirmer les libéralités faites par leurs vassaux ouleurs hommes. En 1110, l'église de Bersac (3) estdonnée à Aureil en présence et du consentementformel de l'archiprêtre Jourdain et de l'archidiacreitamnulfe. D'autres dignitaires ecclésiastiques, dontun archidiacre, figurent à l'acte, mais à titre detémoins seulement", l'église do Bersac ne dépendantpoint de leur juridiction 4). A illeurs l'évêque Géraldconfirme la donation de l'église d'Evjeau (5), del'avis d'Adémar de Charrières, « archidiacre (le l'é-glise d'Eyjeaux. » (C) Nous avons du reste trouvé (lesexemples du même fait dans d'autres cartulaires li-mousins, en particulier dans celui d'Jzerche.

Les mentions de libéralités reçues par les chanoinesd'Aureil au moment du départ des donateurs pour la

(1) « Qtiando accepimus donum de Aureliensi monasterio ab ar-» chidiaconis, et Canon icis et omni conventu Sancti Stephani Lemovi-

censis, presente episcopo Widone.

() K Sigibertus, prior Colensis monasterii atque archipreshiter in» archidiaconatu domini Audeberti, decanj et archi4iaconj Sancti

Stephani.(3) canton de Laurière, arrondissement de Limoges (Haute-Vienne).(4) .' Aur)ir ,4TE ET CONCEDENTE Ramnulfo, archidiacono; AUDENTE

• ET CONCEDENTE Jordano, archipresbitero, et AUDIENrIBOS Aldeberto,• archidiacono, Lamherto, precentore, etc.

(5) Canton de Pierrebuffière, arrondissement de Limoges (haute-Vienne).

(G)Adomaro de Charrieras, archidiacono ecclesie de Esgallo.

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croisade sont fréquentes. La plupart des actes qui s'yrapportent appartiennent à la fin du XIC siècleles donateurs 011t donc été les compagnons de Godefroide Bouillon, de Gouffler de Lastours, de Gérald (10Malefay.le et de Raymond de riD'autres ontsuivi des expédituws postérieures, surtout celle con-duite pal' Louis VII 'f,. Les formules qui mention-nent le départ pour la croisade des bienfaiteurs (lumonastère sont oit du reste ) aussi peu expli-cites que ieu variées et le nom du prieur (luirecoit les dons, parfois ceux des témoins, peuventseuls fournir une indication chronol giq ue. On n'ytrouve aucun détail sur les préparatifs de l'ex1)éditiorlni sur les mesures prises par les croisés pour la gardeon la gestion de leurs biens durant leur absence.

Souvent c'était en terre sainte, ou au cours duvoyage, que le croisé, aux apprccIies de la mort,faisait connaître à ses compagnons ses dispositionsdernières (3. De ceux qu'il chargeait de les exécuterbeaucoup ne devaient pas revoir leur patrie; ceuxqui étaient assez heureux pour échapper aux fatigues,aux maladies, aux dangers de la navigation, au ferdes infidèles, avaient à coeur de s'acquitter dés leurretour d'une mission qu'ils considéraient commesacrée. Ils se présentaient devant les évêques ou lessupérieurs des monastères et déclaraient, en présencede témoins, les legs des défunts dont ils étaient lesexécuteurs testamentaires.

(I) Tempore quo Lodoïcus, rex Francie, cum exercituJerosolimampermit, Bernardus (le Jauniaco et frater eju, cum illo pergere eu-

o pientes, etc.(2) « Fuicherius, quando perrexit in Liierusaiem... Geraldus (leMonte, voiens ire in Jherusalem.,. Petrus de Vizinio, cum veliet ire

o in JherusaIam...

(3) GuilIeimuB de Bujalo, quando venit in ohitum in via de Jhe-n rusaiem. donavit Deo et sancto Johanni pro anima sua Xii de-» narios in villa que dicitur Villamonteis. »

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Le pèlerinage aux lieux saints n'est pas le seulvoyage lointain inspiré par la dévotion et que mon-tionne le cartulaire d'Aureil. Il y est question, aumoins une fois, du pèlerinage de Saint-Jacques (leCompostelle (I), longtemps fort en honneur dans notrepays et dont la tradition se conserva jusqu'au XV1C Siè-cle. Dès le XlVe, il existait, dans diverses villes duLimousin, des confréries oâ on n'était admis qu'aprèsun pèlerinage à Saint-Jacques. Les statuts de ces as-sociations durent bientôt se relâcher de leur rigueur,et il suffit pour être admis au nombre (le leurs inem-bres, d'avoir l'intention ou même simplement le dé-sir de visiter le célèbre sanctuaire (2.

Nous avons dit que le seigneur foncier intervenaitaux actes de donation ou de concession, afin de con-firmer la libéralité. 11 s'y associait parfois en aban-donnant ses droits au monastère. le cartulaire d'Au-reil nous en fournit plusieurs exemples. On en trouvedu reste dans un grand nombre de chartes. - Parcontre, il arrive souvent que le seigneur, ayant dé-membré la propriété primitive et ayant cédé à untiers certains droits (la justice par exemple, ou cer-tains revenus, ne peut plus faire qu'une libéralité in-complète. Il s'adresse alors au vigier ou au bailli àqui ces droits ou ces revenus ont été inféodés et l'in-vite à intervenir à l'acte et à s'associer à la donation.Ainsi, quand la veuve de Bertrand do Sainte-Mariecède à Aureil, en prenant le voile, une borderie fai-

(I) Bernardus de Meiras, volens ire peregrinus ad Beatum Jaco-s buin...

(2) La confrérie des Pèlerins (le Saint-Jacques se réorganisa à Li-moges après la Révolution. Elle comptait deux cents membres ciii 807,s'il faut en croire un rapport adressé au gouvernement è. cette époqueparle préfet de la Haute-Vienne.

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sant partie de sa dot, elle supplie son bailli, Etiennede La Brosse, d'abandonner ses droits, pour Iamourd'elle, au monastère, ou pour mieux dire à saintJean (1), - car ce n'est pas en faveur de tel ou telprieur ou même d'une communauté ou d'un éta-blissement religieux que les donateurs se dépouil-lent de leurs biens : ils donnent à Dieu, à Notre-Dame, à saint Jean, à saint Etienne, à saint Martial,au patron de l'église ou du couvent.

Et ce ne sont pas seulement des fonds, des droitsimmobiliers, des rentes que concèdent les donateurs;ils transportent au couvent le mas garni de ses habi-tants, ou leurs droits sur tel ou tel serf et sa famille.Et il faut bien croire que la condition du cheptel hu-main ainsi cédé n'est pas trop malheureuse puisqu'onvoit l'état de serf de l'Eglise ambitionné, sollicité,parfois même recherché à prix d'argent (2). Beau-coup de gens se donnent eux-mêmes (3). Béatrix (leCorpsun cède à Aureil, dans la première moitié duXfle siècle, le mas de Blacizat, et son fils Boson yajoure le paysan qui l'habite, avec sa femme, ses filset ses filles (4); Hugues Lavaux, fils de Chatard La-vaux, fait don, pour le salut de son âme et le reposde celle de ses parents, d'un homme nommé Bernard

(I) Et precata est hajulum suum, Stephanum (le la Brucia ut, pro» amure sue, daret sancto Joanni balliam suam quam habebat in ista

bordaria.

(2) Nous avons trouvé aux archives de la Haute-Vienne, fonds de laRègle, une pièce qui montre deux hommes de la léproserie de la Mai-son-Dieu de Limoges, traitant avec le précepteur d'une maison (luTemple pour se faire racheter et devenir siens.

(3) Bernardus de Charnac donavit Deo et sancto Johanni de Aurel» se ipsum vivum et mortaum, concedente uxore sua. »

(-%) r Ilec est terra quam donavit... Beatrix de Corpsun... mansus» qui vocatur Blacizat, in quo manet quidam rnsticus qui vocatur» Petrus Gener ; ipsum et uxorem et ftlios et Qlias suas donavit Bosu» prose, etc.

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et de tonte la descendance née on à naître de lui (1).Bernard de Charnac se donne lui-même avec le con-sentement de sa femme (2).

Parfois la donation est ratifiée par le baiser sym-bolique qui est le signe de l'engagement pris ou de laremise au nouveau propriétaire ou possesseur desobjets concédés. On rencontre souvent mention decette formalité. Pierre Aimeric de Bré, partant pourJérusalem, s'oblige i. faire un don au couvent et em-brasse le prieur pour ratifier sa promesse 3). Après unarrangement conclu entre le chapitre et Bernard deMoiras et autres membres de sa famille, ces derniersviennent baiser le prieur (4). D'autres fois, surtout dansles premiers temps, le donateur se contente de baiserla main du prieur. Ainsi un acte relatif à une libéralitéreçue par saint Gaucher finit par cette phrase « Ilnous remit ensuite la charte constatant cette conces-sion, en baisant la main du frère Gaucher, qui a écritces lignes (.

Plusieurs actes témoignent des empiètement com-mis par le pouvoir laïque sur les biens de l'Eglise.Force avait été souvent aux évêques de tolérer oumême de consacrer en quelque sorte certains abuspour en éviter de plus grands. Les chroniques limou-sines nous montrent, dès le Xe siècle, le roi Louisd'Outremer remettant l'abbaye de Saint-Martial â un

(t) « Ugo Laveus, fihius Chatardi Laeus pro anima sua et parentumsuorum, dedit et coneossit... quendain hominem nomine Bernar-dum et omnem progeniem que ah eo exierat vol exilura erat.

(2) Voir page 215, note 3.(3 Voir page 217, note 3.(4) ... Prions, quem ipso tune osculatus est pro his donis sic tenen-

» Iloc fihius Fuicherii... etneposeorum, osculantes fratrem nos-» trum Stephanum... tenere concesserunt.

(5) « Cartam postea concessit, oscuiata manu ftatris Gaiischeriix' prions, qui hoc scnipsit. »

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séculier du nom d'Aimeric, pour préserver le monas-tère des vexations de ce seigneur - tiinens ejus tiran-nidem. - Le cartulaire d' teil nous apprend qiiel'é-glise de Soursac, ecclesia a'eSourciaco, (lOflt trois évè-qiies, Humbaud, Pierre et Eustorge confirmèrent suc-cessivement la possession au monastère lui avaitd'abord été donnée par deux seigneurs laïcs (1); ceux-cijouissaient « en vertuvertu de la coutume laïque » ouPlutôt du droit de l'usurpation, des biens qui consti-tuaient la dotation, le fief presbitra1 (le cette église.

Parmi les dons que reçoivent les chanoines régu-liers ti 'Aureil, beaucoup proviennent (le personnesqui, à l'article de la mort, demandent à ètro enseve-lies dans leur église ou à être revêtues de l'habit deleur ordre 2'. Le plus souvent c'est à titre de dot pourun fils cii un parent qui veut, entrer au couvent, p ourune fille qui prend l'habit à Bust, las Monjas (lue desrevenus ou des fonds sont concédés aux religieux (3).

Nous venons de parler (le Bost las Moiijas '.C'était une communauté de religieuses fondée parsaint Gaucher liii-niême, à peu de distance du iiio-riastère et dora la direction était réservée au prieur.On ne connaît pas les circonstances decette fondation.Peut-être faut-il cii chercher l'origine dans un laitsignalé à notre cartulaire. Urie teriiiiie, nommée Pé-trouille, s'étant retirée dans une forêt pour y mener

()que prius fecerant viri nubiles et proli, Matfredus ilEs-curaiha et Mauricius de Mouteclaro, qui iaïcali potestate et cousue-

* tudino pniis eam tenuerant. »(2) Quidam miles... positus in infirmitate de qua mortuus est,

» vomit sepeliri in Aurelio... Guillelinus... positus in infirmitate,voluit fieri canonicus, etc. - Domina quedain nomine Almodis,voluit rnonacha fieni et sepeliri in mouastenio.

(3) « Petrus Aiminicus de Bre voleus ire in Ilierusalem, qutesivitmisciicordiam priori et canonicis de sua hua, ad monacam facien-dam. »

(4) Appelé aussi Marboau dans d'anciens titres.

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la vie érémitique, obtint du comte de la Marche,Boson (l) - Boson 111, qui succéda à Aldebert II en4088 - qu'il lui ahandounàt cette forêt et la remîtau monastère d'Aureil, auquel elle se donna elle-même (2). Ni Bonaventure de Saint-Amahle ni Collinne donnent de détails sur la fondation de Bost lasMonj as.

Tout n'était pas profit pour les monastères et leséglises dans les libéralités qu'ils recevaient. Les do-nateurs ne leur abandonnaient souvout que des droitscontestés et plus d'une fois, dans les actes dressés àl'eflet de rappeler leur pieuse munificence, ils dé-claraient céder tout ce qu ils possédaient actuellementsur un mas ou une terre, à droit ou à tort, justementou injustement 3)... Singulières formules, sans doute,et qu'on relève avec quelque surprise dans de pareillesdonations. De là, comme on peut l'imaginer, de nom-breuses contestations avec les anciens propriétaires,parfois tout récemment dépouillés et(pi jugent avecraison (lue le fait, par le spoliateur, d avoir transféréle bénéfice tic ses usurpations à une église n'est pasde. nature à créer un titre contre eux et à imposer si-lence à leurs revendications. 11 y a, au cartulaired'Aureil, de nombreuses traces de difficultés, deprocès,

(t) ' Bozon, comte du Doignon d'après un registre du xviii e siècle.(Archives de la Haute-Vienne D 898).

() « Quedam mulier, nomine Petronilla, misit se in quoilam luco« pro amore Christi; que si]va erat Bosonis comitis. Ad quem venit« predicLi mulier et postulavit ah eo ut pro amore Dei et pro remedio

anime sue donaret illi partem illius silve et donum illud concederet» monasterio Sancti Johannis de Aurelio, coi ipsa se condonaret.

Quicomes donavit, etc.(3) c Petrus Vigerius et Gauberthus et Ravmundus Petri Vigeriinepotes, dederunt et concederunt quidquid hahebant juste vel in-

» juste, etc. » - On relève des mentions semblables dans le cartulaired'Uzerclie et dans nos autres cartulaires limousins.

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parfois de scènes de violence ayant pour cause desfaits de ce genre.

Ce n'étaient pas toujours les usurpateurs qui fai-saient à 1'4--lise, (111 produit de leurs rapines deslibéralités peu coûteuses. Elle voyait aussi venir à elleles victimes tantôt pour solliciter son intervention,tantôt pour lui transporter la propriété ou la jouissancedes Liens dont elles avaient été dépouillées. Ayantperdu l'espérance de les regagner, elles se décidaient,sans au fond s'imposer un très grand sacrifice, àabandonner leurs titres à une paroisse ou à un couventqui le plus souvent réussissait, sinon à tout reconquérir,dii moins à tirer profit de la cession. Cet abandonn'était pas toujours gratuit et le plus souvent nepas dans l'origine irrévocable. Au cartulaire d'Aureil,comme aux registres de l'évôché de Limoges, il estassez fréquemment parlé (le prôtS sollicités des cha-noines ou de l'autorité ecclésiastique par des seigneurs(fui leur engageaient en garantie des terres dont leursvoisins ne les laissaient pas jouir en paix. Ainsi lesSylvains qui doivent plus tard donner à Aureil le lieude Pressac (1, le remettent d'abord engage entreles mains du prieur, « ne pouvant le tenir en paix» à cause des mauvaises coutumes qu'y ont d'autres» chevaliers.(2)

Parfois des seigneurs peu scrupuleux, redoutantmédiocrement les foudres de l'excommunication eten fuit de droit n'eii connaissant d'autre que celui duplus fort, mettaient la main sur les Liens monastiquesà leur convenance et en percevaient les h'uits jusqu'auJour où lepropriétaire avait trouvé des championscapables de leur reprendre les terres dont ils s'étaientemparés.

(1) Pressac, commune de Feytiat, canton sud de Limoges.

(2) u Quia ipsi non poterant tenere eam paciffice propter matasconsuetudines quas alii milites liabebant in ea.

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L'Église n'était donc pas à l'abri des violences etdes spoliations; sa faiblesse matérielle l'y eût mémoexposée plus que tout autre possesseur, si elle n'avaittrouvé contre ces violences, dans la foi grossière, maisvive des populations, des familles féodales notamment,une protection souvent efficace. Cette foi néanmoinsne suflisait pas à réprimer tous les mauvais instincts.Sauf à faire plus tard amende honorable, les seigneursdonnaient carrière à leurs passions et ne s'arrètaientpas toujours devant la porte que protégeait la croix.

[ne donation de peu d'importance fut plus d'unefois, pour un couvent, la source do difficultés et devexations sans nombre. Dans pliiicurs passages denotre cartulaire, saint Gaucher lui-mèriie rappelle lessoucis que lui causèrent certaines libéralités. Ecoutons-le raconter une scène qui a trait à une difliculté sur-venue à ce propos en Bas-Limousin

Pour le mas de Montégout (1) qu'ont W nuéDieu et à saint Jean Pierre Sylvain et son frère Itam-nulfe, moi, frère Gaucher, ai éprouvé Lien des con-testations, soutenu bien des procès de la part deplusieurs qui, après le don de ce mas à saint. Jean,n'avaient pas craint de l'en dépouiller. Enfin, aprèsque le monastère cii eût été privé nombre d'années,on assembla un plaid auquel se rendirent beaucoupde noblcs et do chevaliers. A cette assemblée assis-tèrent. nos adversaires, ceux qui nous avaient dépouillésJean Escarpit et les hommes de la Quintaine. Le plaidse tint près d'un village qui a nom Lesteirie, non loinde l'église Sainte-Eulalie. Après de longs discours de

(1) Le nom de ce mas est écrit Montegun au cartulaire. S'agit-il deMontegout, paroisse de Condat, prés Uzerche? Le lieu du plaid, situéprès de l'église Sainte-Eulalie, le ferait penser. Mais quel est leNobiliacum dont il est parlé clans l'acte ci-a1,r's reproduit? Nous étionstenté de croire qu'il sagit d Xuailliac lirs -Mu-ssac M. O. LacombeIcest pas de cet avis.

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part et, d'autre, nos adversaires amenèrent devantIassemblée un homme, honnête et véridique à cequ'ils assurèrent, afin qu'il déclarât (levant tous lavérité sur les pourparlers durit il avait été témoin. Cethomme, qui s'appelait Foucher de la Gauterie, lit ladéclaration suivante Gérald Escarpit, Gérald Vitaliset moi, nous sommes rendus à Noblac au sujet du.mas en question, que nous voulions obtenir des Syl-vains, Pierre et Ramnulce ; nous prîmes avec nousAlduin de Nohiac, Pierre Gauzbert et Gérald Jean,que nous priâmes de nous accompagner pour nousprêter leur concours. Après de longs pourparlers, lesSylvains ayant pris conseil, assensèrent le mas à GéraldEscarpit et à Gérald Yitalis à la condition que chacunde ces derniers leur paierait par an 9 deniers, soiten tout 18, pendant tout le temps qu'ils pourraienttenir la terre et l'améliorer (l). Telle fut la déclarationfaite par Foucher devant tout le monde. Les chevaliersqui étaient présents jugèrent d'après ce témoignageque le mas appartenait absolument et sans contesteà saint Jean. Furent témoins : Hélio d'Aven, Uti-tran, Ademnar et Gui de Carterras, frères, le secondchanoine de Saint-Etienne; Bernard de la Marche,Geoffroi de la Péruse; Pierre Foucher; Bernard Gaus-bert; Pierre Alduin do Vais ; Pierre Roger, FoucherRobert de la Péruse; Pierre Gérald et beaucoupd'autres. » (2)

Nous avons cité le passage tout entier parce que ce

(I) Le passage n'est pas très clair. II établit néanmoins que lesusurpateurs du Mas tenaient celui-i en assense des propriétaire.s quil'avaient donné à Aureil, par suite qu'ils n'en étaient pas légitimespropriétaires.

(2) « Pro manso de Montegun, quem donavit Deo et Sancto Johanni» Petrus Silvanus et frater ejus Ramnulfus, substinui ego, frarer Gaus-» elieriu, multas, contrarietates et muita placita a pluribus, qui post

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récit d'un plaid au Xle siècle nous a paru devoir êtrelu avec intérêt. Il n'y a point là de juge en titreet ce n'est pas au nom du roi ou d'un seigneur quela justice est rendue. Un propriétaire a été privé delaj onissance de son bien. 11 fait appel, - à qui? A u ducd'Aquitaine? Au vicomte? Aux vicaires ou vigiers dece dernier? Non, mais aux voisins, aux principauxhabitants du canton. Ceux-ci s'assemblent et formentune sorte de jury d'arbitres qui, après avoir entendules deux parties, prononce la sentence. 11 y a là untrait de moeurs indiqué avec précision et qui mérited'être noté.

» donum predictorum virorum, abstulerunt ilium Sancto Johanni.n Tandem, post multos annos quibus perilideramus eum, congregatum» est placitum coeuntibus plunbus noliilibus vins et militihus, in quon placito fueriint adversarii et alilatores nostri, Petrus Escarpit et» hommes de Quintana. 11cc placituin fuit apuil villani que vocaturn Alesteiria, prope ecclesiam Sancte Eulalie. Itaque multis verbis exn ulraque parte habitis, tandem in presencia omnium traxerunt quen-

dam virum, ut ipsi testifficati sont, prohum atque veriilicum, utipse, qui ver bis eorum interfuerat, coram omnibus veriiatem diceret.

n Vocabatur autein vir ifle Fulciterius le la Gauteria. Qui corani» positusEgo, inquit, et Geraldus Esearpit et Geraldus Vitalis,» perrexiiflus pro lice inanso ad Nobiliacuni, volentes eum liahere den Silvanis Petro et Ranulro. Assunipsimus nobiscum Aldiiynum de» Nobiliaco et Petrum Gaushortum, et Geraldum Garinum, rogantes

ut irent nobiseum et ailjuvare:it nos Silvani vero, post multosn sermones,aCceptO consilio, comendaverunt mansurn Geraldo Escarpit

et Gerablo Vitali, tali pacte ut uïioquoque aniio redderent il]is unus-n quisque novem denarios, idest atiibo decem et oeto denarios, tandiun (1011Cc ipsi aut vesLire aut meliorari possent terram suain. » - Iloc» fuit testimonium quod Fuicherius coram moitis testifficatus est. ExP hoc testimonio, judicaverunt 1ïresentes milites sanctum Joannemn absolute et sine calumpnia possidere mansum. Testes sunt Helias» de Aient; Dutrannus et Ademarus, canonicus Sancti Stephani, etn Guido, l'ratres, de Carterras Bernarilus de la Marcha ; Gaufreilon (sic) de Petrocia Petrus Fulcherius ; J3ernardus Gaushertus; Petrus» Albuinus de Vart ; Petrus Bot nus; Fulehenius Robertus de Po-» trocia ; l'eirus Geraldus, et ujulti ahi.

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Les difficultés, dans beaucoup de cas, venaient desdonateurs eux-mêmes ou de leurs proches. Parfois,un seigneur, après avoir fait une libéralité ît I'Eglise, re-grettait les terres (]ont il s'était volontairement dessaisi,ou bien ses bonnes relations avec les religieux 011 le curése trouvant modifiées par un évènement q uelconae,il cherchait à leur reprendre ce qu'en un autre tempsil leur avait donné avec plaisir. li arrivait aussi qu'a-près avoir généreusement doté un monastère, le dona-teur voulit faire une acquisition, entreprendre linvoyage, un pèlerinage et se trouvât gêné. Les reli-gieux étaient alors en butte à toutes sortes de récla-mations, de tracasseries, parfois de violences, et pres-que toujours ils consentaient à faire un sacrifice pourobtenir la paix.

Anreil devait à la générosité (l'un seigneur de Mci-ras tous les biens qui constituaient le fief presby-téral de l'église d'Evjeanx. Les fils du donateur con-firmèrent cette libéralité. L'un d'eux, toutefois, ayantle désir de faire lepèletinage de Saint-Jacques deCompostelle, demanda l'assistance des chanoines duprieuré ait moment d'entreprendre un si lon g vo age.Ceux-ci iLli donnèrent une male, qu'ils avaient ache-tée quatre livres, et obtinrent en échange une nou-velle ratification de lut' premier titre de propriété.Mais, à son retour d'Espagne, Bernard ne tint aucuncompte de ces engagements réj)étés, et, saisissant nuprétexte futile, reprit les i)fldS et cens affectés à l'é-glise d'Eyjeaux. Heureusement pour les fils de saintGaucher, l'humeur vagabonde de ce seigneur ne luipermit pas (le demeurer longtemps dans le pays.L'envie lui prit d'aller à Jérusalem; il conclut alorsun nouvel arrangement avec le prieur d'Aureil. Celui-ci lui compta deux (eut trente Sols et, à ce prix, Ber-nard déclara solennellement qu'il reuonrait à touteprétention sur le fief presl)itéral d'Evjeaux et prenaitl'engagenient de ne plus troubler sous aucun prétextela possession des religieux. Son frère Gèrald et son

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neveu se portèrent garants de ces promesses (f.Un autre personnage, Brunet duTreuil - deu Trei

- après avoir donné à Aureil sa part de l'alleu (luTreuil, avec le dessein de prendre au monastère l'ha-bit religieux, se ravisa et voulut aussi partir pourJérusalem. 11 pria alors les chanoines de pourvoir àson équipement, et ceux-ci lui rendirent une partiede ce qu'ils avaient eu de lui. Ils n'en reçurent pasmoins un autre chanoine à la place de Brunet et sansexiger une nouvelle dot, à ce qu'il semble.

1)e ces exemples et de plusieurs autres, on doit con-clure que parmi les biens donnés aux monastèresbeaucoup avaient été en somme acquis à titre oné-reux et payés d'une façon plus ou moins indirecte,mais très réelle; on ne le saitpas assez, et il estutile de le rappeler. Le proverbe (lit « Rien n'estmieux à nous que ce qu'on nous donne. Une pro-priété qu 'on a pavée, après l'avoir reçue en don,nous semble devoir être deux fois sacrée. Beaucoup depropriétés ecclésiastiques fuient dans ce cas.

Le cartulaire d'Aureil renferme un certain nombrede pièces concernant le Périgord et le Bas-Limousin.Nous en citerons deux ou trois

« Un chevalier, nommé Adémar de, Tulle, voulantabandonner le siècle et servir Dieu en embrassant la

(1) Bernardus de Moiras, volens ire peregrinus ad sanctum Jaco-hum, quesivit canonicis pro feudo presbiteraii quem canonici hahe-

• bantapud Esjau, secundum niorem laïcalem, do illo et do fratrihus suis,• et etiam (le patre suo, ut a(ljutoriuln ad tantam viam peragendam sibi

facerent. Et canonici aucliontes, inulani quatuor hhrarurn, a Caflonicoemptam, illi dederunt... Deinde reversuajani predictum feudum con-tra justiciam arripuit... Novissime volons ire Rierusaleri&, novumplacituin cum canonicis fecit, vi elicet ducentos triginta solidos tau

» conventu ah cia accipiens, ut pro nulla injuria quam sibi caronicifacerent, feudum supradictum preshiterale in perpetuum non inva-

» deret, etc.

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- -vie canoniale dans le monastère d'Aureil, donna àDieu et à saint Jean un mas (1) et un borderage aulieu (2) de La Valette, près de l'église de Seilhac. Levicomte Bernard (3), dans la mouvance duquel étaitce fief, se dessaisit de ses droits sur lui et les céda,pour le salut de son âme, à Dieu et à saint Jean, enprésence de Guillaume de Saint-Yrieix et de Pierreloger. Pierre Aimoin, frère d'Adémar, consentit éga-lement à cette donation dans le chapitre de saint Jean,en présence des frères et des témoins dont suivent lesnoms : Albert de la Hochette, Pierre Roger, PierreRigaud de Saint-Bonnet, Etienne Adémar.

» Le même Adémar et son frère, Pierre Aimoin,donnèrent également à Dieu et à saint Jean, dans lecas où ils n'auraient pas d'enfants en légitime ma-riage, tous les droits qu'ils possédaient sur l'église deCorrèze et dans l'étendue de sa paroisse, et aussi surl'église de Bar et dans cette paroisse, plus un borde-rage situé dans la paroisse de Perpezac et appelé AuBois. Ce don fut fait dans le chapitre en présence desfières et eut (le plus pour témoins Albert de LaRoche (4), Pierre Roger, Pierre Rigaud, Etienne. Ilfut confirmé dans les mains de frère Gaucher, prieur,par le vicomte Archambaud et par Ebles, son frère (s),dont mouvaient ces terres et qui les abandonnèrent à

(I) Le mot mas, mansus, parait être l'équivalent de domaine. Bor-daria indique, comme aujourd'hui, un établ i ssemeut de moindre im-portance.

(2) Nous traduisons villa par lieu. A ce moment ce mot a perdu sapremière signification; mais il n'a pas encore celle de village ou bourg,quil prend à partir du xme. siècle.

(3) 11 s'agit probablement ici de Bernard, vicomte de Comborn, frèred'A rchambaud,

( Ii) Il est évident que Albert de La Roche (Arberlo de Roca) etAlbert de La Rochette ou de La Rochelle (Arberto de flocula), nomméci-après, ne sont qu'un seul et même personnage.

(5) Archambaud III de Comborn et Ebtes, vicomte de Ventadour.

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Dieu et à saint Jean pour le salut de leurs âmes : Ar-chambaud, en présence d'Amélius de Sainte-Marie;Elles, cii présence d'Albert LIC la Rochette et de PierreMathieu (1).

Aimar de Friac et son frère Pierre donnèrent kDieu et à saint Jean, pour le salut de leurs âmes etpour leur soeur Aldegarde qu'ils placèrent à saintJean pour y servir Dieu, quatre setiers (le seigle surleurs mouliiis; plus, sur le mas appelé de \Tarazac,dans la paroisse de Sepert, dix-huit deniers, quatresetiers de seigle et quatre d'avoine, mesure d'Uzer-clic (2) et une poule; plus un pré avec la terre adja-ceiite, situés au bord du chemin qui conduit de,..à Bré ; plus un petit borderage dans la paroisse deVillac (3), entre le mas de Tort et.... . Témoins

(t) Quidam miles nomine Ademarus de Tutela voluit seculum» relinquere et sub canonica vita in Aurelio Deo servire. Dimisit• unum mansum et unam borderiam Duo et sancto Johanni in villa• que dicitur La Valeta, prope ecclesiam de Seilbac. Quod doiium• concessit Duo et sancto ,Tolianni pro anima sua Dernardus viceco-• mes, do quo movebat. Audientbus Guillelmo de Sancto Aredio,• Petro Rotgerio. Hue donum concessit et detiit Petrus Aimoynus,• frater predicti Ademari, in capitulo sancti Johannis, coram fratri-• bus. Testibus illis Arberto de Rocilla, Petro Rotgero (sic), Petro• Rigaldo de Sancto Bonito, Stephano Ademaro.

» Donavit similiter Ademarus et frater ejus, Petrus Aimoynus, Deo• et Sancto Johanni, si non haberet infantem (le legitimauxore, omnia» quecunque habebant in ecclesia de Correza et in parrofia, et similiter

in ecelesia de Bar et in parrofia, et unam borderiam que est in par-» rof'ia de Perpezac, que dicitur al Busc, in capitulo corain fratribus,s Aurlientibus predictis testibus, Arberto de Roca, 1- »rtro Itotgerio,» Petro Rigaldo, Stepliano.

» Roc donum cancessit Deo et sancto Johanni Archambaldus vice-cornes, et frater (Jus Ebolus, de quibus movebat, pro animabus suis,

» in manu fratris Gausche.rii, prions Archambuldus,audientc Ameliode Sancta Maria; Ebolus, audientibus Arlierto de RecUla et Petro

» Matheo. »(2) Le setier d'Uzerche était très Usité en Bas-Limousin.(3) Commune du canton de Terrasson (Dordogne).

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Bernard de Corpsalot, Pierre Le Vert, Etienne LeBlanc (1).

» ... Auprès de notre terre de Tort, au-delà du ruis-seau, du côté de nos possessions, le seigneur hier deBorn possédait deux sétérées de terre que lui demandanotre frère Guillaume Bernard pour l'utilité (le saintJean ; hier les donna à Pieu et à saint Jean pour lesalut de son âme. Bernard sollicita de lui une autreterre, jadis plan Lée en vignes et alors inculte. Et Itierla donna pareillement à saint Jean pour le salut deson àine, et il envoya audit Guillaume un homme dunom d'Aymeric, son régisseur, pour lui désigner cetteterre. Cet Ayrneric est témoin et aussi Cappeiz, clientd'Hélie Faydit, qui fut présent à cette visite. - Adé-mar de Lespinasse avait auprès du même mas, etau-delà du ruisseau, une terre où se trouvait unegrande vergne (2) et qu'il donna à Dieu et à saintJean, de la manière qui suit la moitié de cette terre,destinée à être transformée en pré, fut remise, del'avis de ses fils, Gérald et Amanieu, en la main denotre frère Guillaume qui tenait alors notre obédience,de Tort. L'autre moitié était la propriété de GuiAdémar et de son frère, qui la donnèrent à Pieu età saint Jean pour le salut de leurs âmes, dans lamain de notre frère Guillaume Bernard, en présencede Pierre, de Bernard et de Gérald. - De l'autre côté

(I) « Aimarus de Friac, et frater ejus Petrus, dederunt Deo et sancto» Johanni, pro animabus suis et pro sorore sua nomine Aldogardis,

quam constituerunt servire Deo ail sanctum Johannem. in molen-dinis quatuor sextarios de sigile in manso qui vocatur Varzac, inparrofia de Sept îers dederuttt decem et octo denarios, et quatuorsextarios sigilis, et quatuor de avena, mensure Usrcensis. et unam

» galinam, pratum urium eum adjacenti sihi terra juxta viam que ducit» de Selunnac t Bren ; bordariolam unain in parrolia de \ill,c, inter» mansum de Tort et.. . dederunt sirniliter. Testes sunt Bernardus de

Cursaletz, Petrus Viridez. Stephanus bu Bfans. »

(2) Lieu planté d'aulnes.

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du ruisseau, Foucher Adémar de ViIlac avait une terreque lui et son frère, Geoffroi, prêtre de Chabrignac,et son autre frère, Gérald Adémar, donnèrent égale-ment pour le salut de leur âme, à Dieu et à saintJean, cilles mains de notre Guillaume Bernard, lequeltenait alors notre obédience de Tort. (I).

» Raymond de \rilIac et les fils d'Alduin: Bernardet son frère, le clerc, donnèrent à Dieu et à saintJean,pour le salut de leurs âmes, la vergne (f131 estsise le long du pré de Tort, et la remirent en la mainde notre frère Guillaume. Les témoins sont Pierre,prêtre (2); Pierre du Puy; Gérald, notre chapelain,Bernard.

Adémar Morseau donna à Dieu et à saint Jean,pour 1e salut de son fime, la terre placée au-dessousdu chemin qui va de la maison de Tort à Villac et

(1) « Juxia terram nostram que vocatur Tort, haliebat dorninusIcterius de Born duas sextarias de terra, ultra rivum ex parte nostra,

» quam terram quesivit ab 00 frater nosler Guillelmus Bernardus,xl ad opus sancti Joliannis; quam donavit Deo et sancto Johanni proIl anima sua. Similiter quesiwit et aliam terrain fuit vinalis, que» tune erat ahsa; quam (ledit pro anima sua sancto Johanni. Et reddilit» predicto Guillelmo quendam procuratorm suum, nomine A ymi-

ricum Cliabaza, ut osterideret ci illain terrain Testis est de hiis ipsoAirniricus, et Cappeiz, cliens Hello Faidi, qui interfuit demonstra-

» cioni. Jiixta islum mansurn habebat Ademarus de Lespinat quandamterram que erat ultra rivum, in qua erat magna verna, quam ipso

» dedit Deo et sancto Joharinj, scilicet medietatem ail facienduin pra-« tum, in manu fratris nostri Guilleimi qui lune temporis tenebat obe-

dientiarn riosiram (le Tort, ad sapero fihioruin suorum Geraldi et» Amanei alia medietas de ista terra erat Guidonjs Ademari et fra-» tris sui; ivam donaverunt ipso et frater (jus Deo et sancto Johanni

pro artimabus suis in manu fratris nostri GuiUelmi Beriiardi. Audien -tibus istis : Petro Bernardo, Geraldo. Ex altera parte rivi habehat

» Fuicherius Ademari de Villac unam terram quam donavit ipso et» Gaulredus presbiter, frater ejus, (le Eschabrinae, etGeralilus Adomari» fraler (jus, Doo et sancto Johanni, pro animahus suis in manu nostri» Guillelmi Ilernardi, qui tune tenebat obedienciam de Tort. »

(2) Cc pourrait ôlre un nom propre. Pri4re ou Leprêtre.

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qui confronte à la vigne de Pierre le prêtre, sise au-dessus de la fontaine, de l'autre côté duruisseau; il nousdonna tout ce qu'il possédait à cet endroit, jusqu'audessous du moulin et, par en haut, jusqu'au cheminqui conduit à Ayen. Ce don fut fait dans la maisonde Tort, en la main du frère Gaucher, prieur. Lestémoins sont Pierre Tourneur et Bernard (1).

Quant ait de Tort, il fut donné à bien et àsaint Jean par notre ami Etienne de Jougnac (2) etpar son fils Avineric, pour le salut de l'âme d'Ayme-ric, frère dEtienne, et des frères de ce dernier. Etienneavait sur re trias le cens, la juridiction (3), et un droitde gîte. À cette donation consentit le vicomte Adé-mar (4) qui l'avait dans sa mouvance ; et le vicomtede son côté abandonna à saint Jean toutes les rede-vances qu'il possédait sur ce mas, savoir une truie,des chapons, des pains de seigle (il et tout le reste.

» Gui d'Ayeri donna pareillement à Dieu et àsaint Jean, pour le salut de son âme, tout ce qu'il

(I) « flaymundus de ViIlac et fibi Alduini, Bernardus et frater ejus,, clericus, donavc'runt fleo et sancto Johanni, pro animahus suis,

vortiam que est juxta pratum de Tort, in manu fratris nosiri (uil-• lelnii. Testes sunt l'etrus, presbiter; Letrus del Poi, Geraldus, ca-• pellan us noster, Bernardus.

» Ademarus Morsellus donavit Deo et sancto Johanni pro animasua, terram que est subtus viam que de domo de Tort vadit ad Vil-

» lac, quam deterniinat vinea Petri Presbiteri super fontem de ultrarivum, quantum ipso habebat ibi de terra, usque subtu q niolendi-

• num, et superius ad viam que vadit ad Aient. Iloc donum factum est• in domo (le Tort, in manu fratris Gaucherii prions. Testes sunt Pc-• trus Tornator et Bernardus. »

(2) Les membres de la famille de Jounae ou Jaunhac —de lori-niaco, de Jaunhaco - comptent au nombre des principaux bienfai-teurs d'Aureil.

(3) Le mot exp!etarn signifie aussi usage, exploitation.

(4) S'agit-il d'Adémar 11 ou d'Adémar III? il est difficile de le décider.

(5) Nous donnons ce sens d'après I)ti Cange, mais sous réserve, caril ne nous parait pas suffisamment justifié.

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Possédait sur ce mas, en la main du frère Gaucher,prieur, en présence d'Etierine de Jougnac. Tout cequi précède a été écrit par moi, Gaucher.

» Sur le même mas, Geoffroi Bernard et BernardAmalvin avaient une redevance d'une poule, dont ilsfirent remise à Dieu et à saint Jean, pour le salut doleurs âmes, en présence de Gui, piètre, et d'EtienneConstantin. De même Bernard Gaubert abandonnaà saint Jean, pour le repos de l'âme de son père, unedemi-poule qui lui était due sur ce mas. Les témoinssont Foucher, clerc de Saint-Genest, et GeoffroiBernard.

- Au nom de Dieu, moi, Geoffroi Jourdain, j'a-bandonne à saint Jean l'ivangèIiste, à Gaucher, prieuret à tous les chanoines desservant le monastère d'Au-reil, la juridiction de Sauviac et de Tort; et si quel-qu'un veut violer cette concession, qu'il encoure auplus haut point la colère de Dieu et qu'il soit plongédans les enfers avec i)athan et Abii'oii. Les témoinssont : Pierre, prêtre; Pierre Foucher ; Bernard, cha-noine; Etienne Jean; Gérald Martin; Gonsantin (1.»

(t) Mansum qui vocatur Tort, doriavit Stephanus (le Joviniaco,amicus noster, et fihius ejus Aimericus Deo dt sancto Jahanni, pro

» anima patris sui Aymeriei et fratrum suorum; in quo manso habe-» bat ipse Stephanus cerisum et explect et unum receptum. - Quem» mansum donare concessit Aimarus vicecomes, de quo movebat, et

ipse vicecomes donavit quicquid habebat sancto Johanne, scilicet» troiam, capons, popata et quicquid alind hahehat.

» Guitto de Aient don vit similiter quicquid habebat in hoc manso» pro anima sua sancto Fohanni in manu Domini Gaucherii prions,» vidente Stephano de Jviniaco. Ego Gaucherius hoc scripsi.

In hoc manse habebat Gaufredus bernardus et Bernardus Amal-» vinus unam gaIIiiam, quam donaverunt Deo et sancto Johaniii

pro animabus suis. Testes sunt Guida preshiter, Stephanus Cons-tancius. Similiter donavit sancto Johanni Bernardus Gausbertus di-

» mitliam galinam quam habebat in hoc manso pro anima paris sui.s lestes sont Fuicherius, clericus de sancto Genesio, Gaufredus Ber-» nardus.

Ego, Gaufredus Jordanus, in nomine Dei absolvo explectum (?) de

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I ÇL

Si ces derniers extraits ne présententpas un IZIPZÈV"^exceptionnel, du moins méritent-ils l'attention parquelques détails caractéristiques, par les noms delieux et do personnes qu'ils renferment; enfin parleur date, qui ne saurait être postérieure à 1140,époque de la mort de saint Gaucher.

Terminons cet article par une note qui nous a parumériter d'être relevée. Beaucoup d'historiens ont répétéque la lèpre, cette affreuse maladie, heureureusementde plus en plus rare, avait été importée dans nospays à la suite des croisades. Un passage du cartulaired'Aureil tendrait à infirmer cette opinion si ré-pandue

« Dieu, écrit saint Gaucher, voulut, dans sa misé-ricorde, châtier Bernard de la Brugère (1), et le renditmalade de la lèpre. Celui-ci se voua tout entier auservice de Dieu et de saint Jean, et, du conseil deses parents et de ses amis, voulut élever sur son alleuun oratoire en l'honneur de la bienheureuse Marietoujours vierge, etc. » - L'acte est daté de 1092, et.,trois ans plus tard seulement, le pape Urbain IIprêchait la première croisade.

• Sauviac (?) et de Tort, sancto Johanni evangeliste et priori Gauche-• rio, atque omnibus canonicis monasterii aureliacensi servientihus.

• Et si aliqnis homo istam absolucionem infringere robent, in primis• iram Dei incurrat coin Datham et Abiron in infernis demergat

» Testes sunt Petrus sacerdos et Petrus Fuleherius, et flernardus ca-noiiicus, et Stephanus Johannes et Geraidus Martinus et Constan-

» tinus. »(1) Berriardus de I» Brugera... qucmDominusv Oleflscastigal'e per

» misericoriliam, dedit ei infirmitatem lepre. Gontulit se totum Deo» et sancto Johanni de Aureiio, etc. »

Au surplus les capitulaires de la seconde race font mention do lalèpre et des lépreux