Du bergsonisme à l'existentialisme

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    Du b e rg s o n i s me r e x i s t e n t i a l i s meJ E A N H Y P P O L I T E

    Sorbonne, Pars

    Un des g rands vnem ents ph i losoph iqu es en F ran ce avan t l aguerre de 1914 a t sans aucun doute le dveloppement , la cro iseanceharmonieuse , de la ph i losoph ie be rgson ienne . Le be rgson isme a re -nouvel tous les problmes, i l a l iber une gnra t ion qui ta i t pr i -sonnire d 'une fausse concept ion de la sc ience . Aprs Bergson lera t iona l i sme f rangais ne pouva i t p lus t re l e mm e qu ' av an t . T ou t ens 'opposant d 'abord Bergson, l ' idal isme brunschvicgien prsenta i tune concept ion de l ' in te l l igence souple e t v ivante , que prolonge denos jours les t ravaux pis tmologiques de G. Bachelard , s i a t tent i fau devenir concre t de la pense sc ient i f ique . De mme la phi losophiede l ' espr i t , qu i avec R. Le Sen ne, avai t com men c par s ' inspirer dul iv re d 'Hamel in (Essai sur les lments de la reprsentation), a largises bases de dp ar t . R. Le Senne e t L. Lav el le , d 'u ne fagon dif frented 'a i l leurs , ont su prof i ter du bergsonisme e t de sa concept ion de ladure au tan t que du ra t iona l i sme d 'Hamel in . Les no t ions d ' ex is tence ,d 'obstac le , de valeur ont t repr ises dans une phi losophie qui pr tendres ter f idle a cer ta ines t radi t ions , mais qui , en mme temps, s 'ouvre tou tes le s in f luences qu i pe rmet ten t de s i tue r l ' homme par rappor tau monde e t la valeur .

    Cep endan t , au lendem ain de la guer re de 1939 , un nouv e l vne-me n t p h i lo s o p h iq u e s'est produi t dans la phi losophie f rangaise , c 'es tl ' appar i t ion e t le succs de ce qu 'on a appel l Vexistentialisme. Certescet vnement ne date pas exactement de la guerre . Les pr incipauxt ravaux de Gabr ie l Marce l , en pa r t icu l ie r l e Journal mtaphysique, etl ' a r t ic le dans la Revue de mtaphysique que lu i a consac r Jean Wahl ,son t b ien an t r ieu rs ; de mme les tudes kierkegaardiennes d e J e a n442

    Actas del Primer Congreso Nacional de Filosofa, Mendoza, Argentina, marzo-abril 1949, tomo 1

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    ees doctr ines . S i la pense bergsonienne a marqu un rvei l de laphi losophie f rangaise e l le se dveloppe toutefois dans une a tmosphrequi dpasse t rop la condi t ion humaine; sa phi losophie de la re l ig in,d ' au t re pa r t n ' a r r ive pas t re pour au tan t une ph i losoph ie re l ig ieuse ,deux aspects qui vont nous re teir .

    I IDans sa premire oeuvre , VEssai sur les donnes immdiates, Berg-son oppose deux concept ions d if frentes du moi , sous le nom de moi

    profond et de moi superficiel, qui conduisent deux fagons radicale-men t d i f f ren tes d''exister pour le moi lu i -mme. Dans la p remi re lemoi se voit dans Tespace, et , se rfractant travers le monde et la viesocia le , s ' app ara i t lu i-mm e comm e dispers dans une mu lt ip l ic i t demoments ex t r ieu rs l e s uns aux au t res . Chacun de ees moments , adoptan! le moule du langage, en acquier t la banal i t , de sor te que le su je ten es t un personnage anonyme qui a ime, hai t , ou agi t , comme ona i m e , on ha i t , ore agi t en gen era l . Ce mo i ne v i t pas dan s la d ur econ t inu e t p le in e , ma is dans le tem ps qui n 'es t que la du re rfrac tedans l ' espace . Des lors ce moi es t sans uni t vr i table e t sans l iber t ;i l ne se possde pas lui-mme; i l vit dans l 'oubli de soi-mrae, et est ,pour ra i t -on d i r inauthentique. Nous sommes ce que les autres sonte t nous avons perdu le sens de l 'uni t e t de l 'o r ig inal i t de notre v ie .C'es t au contra ire en nous refusant ce t te d ispers in, en vi tant ce t techu te dans le t emps spa t ia l que nous pouvons conquer i r no t re authen-licit. Nous venons d 'employer les termes ^authenticit et d^inauthen-ticit pour ca rac t r i se r ce que Bergson nomme le moi profond et lemoi superficiel, mais i l e s t t r e s remarquab le que Bergson ne p rsen tepas ce t te opposi t ion comme une cr ise poss ib le . Le phi losophe se borne laborer sa concept ion de la dure qui suppose une cr i t ique dutemps scientif ique et du temps social , et pour cela i l note la distinctionentre le moi profond qui dure e t le moi banal qui extr ior ise les phasesde sa v ie en leur do nn an t la consis tance des choses . I I refu te u n cer ta inassocia t ionisme, la mode ce t te poque, mais sans ins is ter sur leca rac t re t rag ique , ex is ten t ie l d i r ions -nous au jourd 'hu i , de ce t te chu tepresque inevi table , contre laquel le i l faut toujours lu t ter , en tout cas .Bergson a fa it un l iv re su r l e comique du m can iqu e p laqu su r du

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    vivant mais non pas sur le t ragique. Or i l y avai t pour tant danscet te d is t inct ion du moi superf ic ie l e t du moi profond une poss ib i l i td 'analyser l ' ex is tence humaine que le phi losophe a la iss de c6t . Unde ses d isc ip les qui ta i t auss i un grand poete . Char les Pguy, a suau contra ire re l ier ce t te d is t inct ion de Bergson au divertissement d ePascal . Ce n 'es t pas seulement parce que nous avons " l 'habi tude devivre au mil ieu des choses" , ou que "nous nous expr imons ncessai-rement par des mots e t pensons le p lus souvent dans l ' espace" quenous r isquons de nous oubl ier nous-mmes, mais c 'es t parce que nousrefusons la pense de la mort, ou vitons de niditer sur la conditionhumaine que nous nous l ivrons l ' ex tr ior i t . Pguy a expr im cet teidee dans son Eve lo r squ ' i l a dc r i t l e p lus g rand malheur de l ' hommecomme tant le g l issement vers la mdiocr i t . I I avai t d i t a i l leurs quec ' ta i t le meme homme qui "mouil la i t au pech e t la grSce" , desor te que la chute es t moins peut- tre le pech, que ce qu 'on pourra i tappe le r l ' hab i tude du pech o r ig ine l :

    "Et par la vous savez combien Thomme exagereQuand il dit qu ' i l deteste et qviand il dit qu ' i l aimeEt qu ' i l n 'es t poin t de l ieu sur la terre t rangreN i p o u r u n g r a n d a m o u r , n i p o u r u n g r a n d b l a s p h e m e " .Mais la issons ce poete qui a su in terpr ter Bergson d 'une fagonsi profonde, e t souvent s i t rangre Bergson lu i-mme, parce queson in te rp r ta t ion du ph i losophe ta i t en mme temps une in te rp r -ta t ion du chr is t ian isme, e t parce qu ' i l a su , la lumire du bergso-n isme , ape rcevo i r l e ca rac t re p ropremen t ex is ten t ie l de l ' inca rna t ionchr t ienne . Cons id rons un ph i losophe a l lemand , He idegger , qu i aeu une grande inf luence sur l ' ex is tent ia l isme frangais , e t qui a fa i tla mme dif frence que Bergson entre Yexistence authentique et

    Vexistence inauthentique, et a lui aussi caractris ees deux formesd 'exis tence par deux temporal isa t ions d if frentes . Le temps de l ' ex istence au then t ique n ' e s t pas le t emps monda in de l ' ex i s tence inau thent ique . A la quest ion "Qui v i t dans le monde? Quel es t le su je t deVln-der-Welt-Sein?" on peut repondr de deux fagons d if frentes .L 'une abou t i t l ' ex i s tence inau then t ique du On qui se perd dans lemonde au poin t de se confondre presque compltement avec les chosesqui sont dans ce monde e t servent d ' ins t ruments notre ac t ion , ousont les obje ts de n 'o tre souci quot id ien , l ' au tre about i t au contra ire

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    l ' ex i s tence au then t ique qu i nous pe rmet de nous t rouver nous -mmes ,non pas hors du monde, comme c 'es t un peu le cas chez Bergson,mais face au monde dont la t ranscendance es t l ie notre exis tencemm e. Ces deux fagons d 'ex is ter corres pon den t semble-t - il d 'abo rd la d is t inct ion bergsonienne. Dans l 'une e t l ' au tre phi losopl i ie l ' in -aut l ien t ic i t e t l ' au thent ic i t para issent s 'opposer de la mme aqon.Po ur tan t le ton es t b ien d if f ren t , e t Ton pe ut cer ta ins gards m esu rerpar cette diffrrence le foss qui separe la philosophie de la vie d eBergson d 'une philosophie de l'existence. Tand is que , pour Bergson ,il ne semble s'agir que d 'une in te rp r ta t ion d i f f ren te du moi qu icondui t deux fagons poss ib les d 'ex is ter , pour Heidegger la chutedans le On resul te d 'une sor te de fu i te devant so i-mme, d 'un oubl icommand par un recul devant l ' angoisse de notre propre condi t ionhumaine , fu i te devant l ' angoisse d 'assumer ma mort , ma poss ib leimpossib i l i t , la f in de tout pro je t ou l 'hor izon u l t ime qui fa i t mafin i tude i r remediable . D 'autre par t tandis que Bergson oppose ladure cratr ice la concept ion vulgaire e t spat ia l ise du temps, Heidegger par t d 'une analyse de la temporal i t dont la contexture expr ime le drame propre de la v ie humaine , incapable d 'ex is ter sans t re la fois en avant de soi-mme (avenir du souci e t hor izon u l t ime del a m o r t ) , en arriere de soi puis qu 'e l le se t rou ve tant- l sans l ' avoire l le-mme voulu , e t face au monde qu 'e l le se rend prsent dans las i tua t ion fondamenta le .

    Cet te analyse de la ra l i t humaine es t comme on le voi t , en dpi tde cer ta ines analogies , t res d if frente chez les deux phi losophes . Maisc 'est aussi que leurs visees ne sont pas les mmes. Bergson ne parlede la dure du moi dans VEssai que pour pouvo i r re jo indre un jou rl ' lan v i ta l de Vvolution cratrice e t rep lace r l ' homme dans la na tu reuniverse l le , la nature naturante , comme i l le d i t dans les Deux sources;Heidegger pa r t au con t ra i re de la ra l i t humaine pour ten te r pa r t i rd 'e l le , mais par t i r d 'e l le seulement , d 'd if ier une onto logie , e t onest en droi t de se demander s ' i l pourra jamis dpasser ce t te analysed u Dasein humain . La ph i losoph ie be rgson ienne s i tu l ' homme dansce qui le dpasse , la phi losophie exis tent ie l le ne parvient pas dpasse r v ra imen t l e Dasein h u m a i n .L ' ex is ten t ia l i sme f ran j i s , ce lu i de Sar t re pa r exemple , s'estinsp ir de Hu sser l e t de Heidegger , au t ant qu e de Bergson (b ienque Sar tre dans son premier essa i phi losophique sur L'imagination,

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    a i t pa r t icu l i rement ma lmen Bergson) . Sa r t re n ' accep te p lus ladis t inct ion que fa i t Heidegger entre l ' ex is tence inauthent ique e tl ' ex is tence authent ique. I I semble toutefois re t rouver ce t te d is t inct ionquand i l par le de la luc id i t poss ib le de la conscience , sur le p lanrflxif, et de l 'angoisse "seulement comme de la saisie rflxive dela l iber t par e l le-mme". Sar t re ident i f ie le pour-soi a la l iber t , noussomm es condamns a tre libres, de sorte que la conscience n 'estjamis p r i sonn i re que d ' e l le -mme e t qu ' e l le peu t tou t ins tan t(c ' e s t mme ce qu i d f in i t l ' in s tan t ) , rompre avec son p ro je t fonda-menta l qui const i tue son tre-au-monde. Mais s i Sar t re es t un d isc ip letres inf idle de Heidegg er , i l n 'e n fa i t pas moins lu i auss i de l ' ex is tencehumaine le centre de sa mdi ta t ion e t ce qui es t indpassable . Tandisque Bergson expl ique l 'homme par ce qui le precede e t le dpasse ,par l ' lan vital et par le Dieu qui est la source de cet lan et quere trouvent les myst iques , Sar t re comme Heidegger en res te lara l i t humaine , l ' analyse de ce t te exis tence de l 'homme commetre-pour-soi , radicalement oppos l ' t re-en-soi des choses , e t ce t teoppo si t ion , s i d i f fre nte du dual ism e bergso nien nu an c qui la issela conscience se prolonger e t s ' tendre tout l 'univers , se t rouve desson premier essa i sur L'imagination: "si les choses sont pour moi, ellasne sont pas moi'.,, ; "e n au cu n cas ma conscience ne saur a i t t reune chose , parce que sa fagon d ' t re en soi es t prcisment untre-pour-soi . Exis ter pour e l le c 'es t avoir conscience de son exis tence .E l l e a p p a r a i t c o mme u n e pur spon tan i t en face du monde deschoses qui est pur inertie". Cependan t Sa r t re d i s t ingue le cogito p r -rflexif du cogito rflxif. I I ne saura i t y avoir une conscience la tente ,v i r tue l le , comme chez Bergson ; pour tan t nos in ten t ions son t vcuesavant d ' t re penses e t connues . Notre but n 'es t pas cependant de d-ve lopp er ic i l a ph i losoph ie de Sar t re p ou r e l le -mme, nous vou lonsl ' oppose r Bergson su r un po in t fondamenta l : c ' e s t done de Vathismede Sar tre que nous a l lons par ler e t de ses caracteres .

    He idegger a pu t re cons ide r comme un ph i losophe a the maiscet te thse n 'es t pas expl ic i te chez lu i . I I n 'en es t pas de mme deSar t re qu i d f in i t l ' ex i s tence humaine , dans YEtre et le Nant, p a rl ' impossib le projet de se faire Dieu , d'lever son tre-pour-soi l 'ensoi. I I f au t p rse n te r qu e lques rem arqu es p ropos de ce t a th i smede Sar tre . I I a exis te dans l 'h is to ire des idees un a thisme qui consis ta i ts implement a f f i r tne r que "Dieu ta i t ime hypo thse inu t i le" , que

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    t r e a su r tou t ins i s te su r l e co te manqu de l ' aven tu re humaine , dansles dernires pages seulement i l ouvre les perspect ives d 'une mora-le" . Attendons done cet te morale que Sar t re ne nous a pas donne,mais notons le caractre de ce t te descr ip t ion de l ' ex is tence humaine ,si diff rente de celle de Be rgson , et qu i evoq ue parfois la form ulet rag ique de Nie tzche : "Dieu es t mor t " . Mais en p renan t au s r ieuxcette expressin "la mort de Dieu", Sartre fa i t de l ' ex is tence humaine ce qu i p recede tou te e ssence , tou te na tu re : " l ' homme ex is ted 'abord , se reneontre , surgi t dans le monde e t se df in i t aprs" " l ' hom m e . . . e st t e l qu ' i l se veu t , l ' homm e n ' e s t r i en d ' au t re q ue cequ ' i l se fa i t . Tel es t le premier pr incipe de l ' ex is tent ia l isme" . On voi tque, chez Sar tre , l 'homme prend la p lace de Dieu sans pouvoir t reDieu et s 'angoisse devant sa l ibert . Le succs de l 'existentialisme sar-t r ie n , s i on laisse de cote un snobisme indign e du p hi los oph e, m aisqu 'a connu auss i Bergson sous une autre forme, t ient la reneontre decet te phi losophie de l ' angoisse avec les malheurs d 'une poque te l leque jamis sans doute dans l 'h is to ire le des t in humain n 'a paru auss imenac e t auss i prcaire ( l ' ex is tent ia l isme sar t r ien para i t d 'a i l leurss 'or ienter vers un effor t hro iqu e de l 'hom m e pour surm onte r to utdest in) , mais on aura i t tor t de croire que la phi losophie de Sar t re sesitu elle-mme dans le contexte d 'une histoire dont elle se ferait unmoment . Bien que t res inspir par Hegel , Sar t re res te assez car ts ienpour faire une description du pour-soi et de l 'en-soi, de la conscienceet de la chose , qu i a i t un e valeu r ind pen da nte d 'un tem ps h is tor iq ue .II n 'y a pas de philosophie vritable de l 'histoire chez Sartre, et c 'estce qui l 'oppose le p lus aux marxis tes or thodoxes .

    Ainsi l 'ex is tent ia l isme sar t r i en , comm e celu i de Heidegger , s 'oppose la ph i losoph ie be rgson ienne , tou t en lu i emprun tan t peu t t re un"sois ce que tu deviens" , d is t inct du "deviens ce que tu es" des phi loso-phes allemands. II n 'y a pas en effet place chez Bergson pour l 'angoissehumaine ; cu ce t te p lace es t s i min ime qu ' e l le d i spa ra i t immdia te -m ent q uan d on envisage les choses de p lus hau t . M ais c 'es t prcism entcette possibili t de voir les choses de plus haut que se refusent et lesexis tent ia l is tes a thes e t les exis tent ia l is tes chr t iens . Par la mmed 'a i l leurs l ' ex is t ient ia l isme implique un cer ta in renoncement au sys-tme ph i losoph ique .

    Recon naissons ava nt de pousser p lu s en avant toute la d if f icul tde no t re tache . La . com para i son qu e nous vou lons ins t i tue r en t re le

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    bergsonisme et l ' exis tent ia l i sme, symbol ique pour nous d 'un i t inrai resp i r i tue l , supposera i t des ana lyses t echniques que nous ne pouvonssonger dvelopper ic i . N 'oubl ions pas non plus que nous voulonscomparer le bergsonisme aussi bien l ' exis tent ia l i sme athe de Sart requ ' l ' exis tent ia l i sme chrt ien sous les diverses formes qu ' i l a pu rev-t i r , I I nous faut a lors a l ler l ' essent iel . Le bergsonisme a mconnul 'angoisse, i l a dpass l ' exis tence humaine, e t c 'es t au cont rai re decet te angoisse, de cet te exis tence humaine que partent tous les exis ten-t ial istes, les uns pour mont rer que l a ra l i t humaine en dpi t de sonprojet fond am enta l d ' t re Dieu ne sau rai t parv en i r cet te impossiblet ranscendance (Sart re s ' inspi re ic i des analyses bgl iennes de laPhnomnologie: "la ral i t humaine est souffrante dans son t reparce qu ' e l l e surg i t l ' t re comme perp tue l l ement hante par unetotal i t qu 'e l le est sans pouvoir l ' t re , puisque justement el le nepo ur ra i t a t te in dre l ' t re-en-soi sans se pe rd re com me pour-soi . El lee s t done pa r na t u re conscience malheureuse, sans dpassement possi -b le de l ' t a t de malheur" ) , l es au t res pour dcouvr i r der r i re l ' checde l ' aventure humaine une esperance t ranscendante , rv lab le seu le-me nt dans u n ch i ff re ( J as pe rs ) , ou dans un mystre au seu il duq uelpe ut nous condu i re un e re f lex in sur l a re f l ex in (G. M arc e l ) . Dan sle deux cas la phi losophie ne peut a l ler au-del de l ' exis tence humain e , el le disparai t dans une act ion, ou s 'achve dans une foi . Mais eesconsquences qui manifestent une cr i se de la spculat ion phi losophi-que el le-mme, cr i se dj ent revue, au lendemain de l 'hgl ianisme,par un Kierkegaard , un Marx ou un Nie tzsche , ne nous in t ressen tpas spc ia l ement i c i ; nous voulons seu lement repre nd re u ne foi s deplus no t re compara i son en t re l e bergsoni sme e t l ' ex i s t en t i a l i sme pourcerner de plus prs cet te absence d ' inquitude et d 'angoisse dans lebergsonisme, ou s i l 'on veut , pour montrer la srnit firmle de cet tephi losophie qui ne sat i sfai t ni l ' a the contemporain, ni le chrt ien.Si l 'on voulai t pousser da ns le dtai l la com paraiso n q ue n ou sinst i tuons, on dcouvri rai t bien dans le bergsonisme des quivalentsde ce que Heidegger e t Sar t re no mm ent l a tem pora l i sa t ion . L ' ac t ionhumaine , pour t re e f f i cace , suppose b ien un cer t a in dchi rement dela cont inui t de la dure; le pass s 'oppose bien au moi agissant pourqu ' i l puisse s ' lancer vers l ' aveni r , mais cet te sparat ion des momentsdu temps est aussi tt dpasse. Cet te fai l le dans la dure crat r ice estdcri te selon les exigences d 'une act ion, comme la dis t inct ion du moi

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    superf ic ie l e t du moi profond ta i t le rsul ta t d 'une cer ta ine in terpr-ta t ion de la dure e t du temps. Bergson n 'en fa i t pas la s t ructure memade l ' ex is tence humaine e t du pour-soi . I I l ' tudie en phi losophe spcu-latif qui reconnait la ncessit de cette sparation (dont Sartre faitl ' essence du pour-soi) , mais qui sa i t par a i l leurs qu 'e l le n 'es t quunmom ent dans la vie universelle. Avant elle i l y a la vie organique,l 'lan vital , aprs elle i l y a la joie du mystique. La srnit f inalerecouvre le t rag ique humain e t l ' inqu i tude , qu i n 'on t fa i t qu ' appara i -t re un ins tant . Par la Bergson es t sans doute assez proche du spino-z isme, en dpi t de son thisme aff i rm dans sa dernire oeuvre .Mais ce n 'es t pas seulement nous qui par lons ic i de ce t te srni tbergsonienne. C'es t le phi losophe qui a employ lu i-mme cet te ex-press ion dans les Deux sources de la morale et de la religin. C'estdans ce t te oeuvre qu ' appara i t l ' inqu i tude qu 'une in te l l igence cons c iente peut in troduire dans la v ie universe l le . C 'es t comme contre-par t ie de ce t te inqui tude que la Rel ig in y es t tudie . Revenons done ees textes . Bergson avai t d j souvent ins is te sur les faux problmesspcula t i fs que peut se poser l ' in te l l igence lorsqu 'e l le passe de l ' ac t ion(pour laquel le e l le es t d 'abord const i tue) la spcula t ion . Les problmes du Nant ( la hant ise du v ide e t de l ' absence) , du dsordre , sontde faux p rob lmes spcu la t i f s qu i t i ennen t une t ranspos i t ion su rle p lan de la spcula t ion , de cer ta ines exigences pra t iques l imites .Uintuition authentique de la dure permet de d iss iper ees mirages .Mais s i dans L'volution cratrice Bergson dnonce ees faux problmes, i l va p lus lo in encor dans les Deux sources, i l mo n t r e c o mme n tl ' in te ll igence consciente de l 'hom m e, fa i te d 'abo rd p ou r prolonger lemo uvem ente de la v ie e t pa r t ic ip e r l ' lan c ra teu r , t end se re to urn ercontre la v ie . Cet te idee d 'une conscience de la vie qu i va centre lavie ta i t l 'o r ig ine de ce que Hegel noramait conscience malheureuse:"la conscience de la vie, crivait- i l , est la conscience du malheur de lavie". Bergson rep ren d ce them e rom ant iqu e . L ' in te ll igence d ' abordfa i te pour l ' ac t ion esquisse dans l 'ouver ture du creable l 'hor izon despossibles, elle pergoit l 'avenir comme projet, mais alors elle se manifes t comme pouvoir d issolvant , e l le dcouvre le r isque, avec lu il ' chec poss ib le de toute entrepr ise par t icul ire e t peut- tre , par unpassage la l imite , de toute l ' en trepr ise humaine; a l lant du pass l 'avenir elle prend conscience de la mort. Cette conscience de sa morti so le l ' ind iv idu du 'mouvement convergen t du g roupe . De mme que ,

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    dan s la socit c ise , la con tra in t e ins t inct ive des hab i tude s pe ut t rerompue par une ref lexin par t ie l le de l ' in te l l igence , de mme ic i laref lexin un iverse l le de l ' in te l ligence pe ut a l ler jus qu 'au sent im ent dela vani t de tout effor t . Transpose sur le p lan de la spcula t ion ce t tereflexin peut engendrer l 'angoisse et le dsespoir . C'est alors que lare l ig in, comme fonct ion fabula tr ice , in tervient . Ces mythes redon-nen t l ' homme qu i va se dcourager le courage d ' en t rep rendre e t decont inuer v ivre . Et ces mythes ne sont pas pur i l lus ion, car la re l i g in s ta t ique n 'es t e l le-mme qu 'un moment de la re l ig in dynamiquedans laquel le le myst ique, prenant contact avec la source de l ' lancrateur , re t rouve la jo ie d iv ine de l ' amour .Ainsi le moment de l ' inqui tude, ce t te crampe de la v ie , es t seu-lement un moment dpassable . Bergson nous prsente l ' angoisse engen-dre par r in te l l igence consciente comme un faux problme qui doi tncessairement se d issoudre . Ce n 'es t pas que ce t te inqui tude ou cet teangoisse soient toujours int i le s , e l les peu ven t t re la condi t ion d 'u nev ie p lus hau te , l e t e rme in te rmd ia i re en t re ce qu 'on pour ra i t appe le rl ' infra-hu m ain e t le sup ra-hu m ain . L ' in te ll igence ic i f in i t par r ep on dr el le-mme ces faux problemes, mais non pas , en dpi t de l ' apparence ,avec ses seules ressources. Dans un texte de La pense et le mouvantBergson se ser t d 'un exemple banal pour manifes ter , dans ce que nousp r e n o n s p o u r u n plus une s imple dficience d u v o u lo i r : " r a p p e lo n s -nous le douteur qui ferme une fentre , puis re tourne vr i f ier la ferme-ture, puis vrifie sa vrification, et ainsi de suite. Si nous lui deman-don s ses motifs i l nou s rep on dr qu ' i l a pu cha qu fo is ro uvr ir la fentre en tchant de la mieux fermer . Et s ' i l es t phi losophe i l t rans-posera inmdia tement l 'hs i ta t ion de sa condui te en ce t nonc dupro b l m e: comm ent t re su r , d f in i t ivement su r , qu 'on a f a i t ce q u 'onvoulait faire? mais la vrit est que sa puissance d 'agir est lse etque la es t le mal dont i l souffre , i l n 'avai t qu 'une demi-volontd 'accomplir l ' ac te , e t c 'es t pourquoi l ' ac te accompli ne lu i la issequ 'une demi-ce r t i tude . Main tenan t l e p rob lme que ce t homme sepose , le rsolvons nous? Evidemment non, mais nous ne le posonspas .Gardons-nous cependant de croire que Bergson en res te la , d-nongan t s implement ce t te t ranspos i t ion d 'une d f ic ience morb ide su rle p lan spculatif. Cette crampe du vouloir peut sa is i r toute l 'huma-ni t en marche, e t s i l ' in te l l igence peut repondr l ' in te l l igence dans .

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    cet te cr ise , c 'es t parc e que l ' appel cr ateur in spire r in te l l igen ce dan ssa rponse comme la pouse vitale evite mme la question dans levouloir quot id ien sa in . "Autre chose es t la condi t ion quasi animaled 'un tre qui ne se pose aucune quest ion , autre chose l ' ta t semi-div ind 'un espr i t qui ne connai t pas la tenta t ion d 'voquer par un effe t deTinf i rmit humaine des problmes ar t i f ic i is . Pour ce t te pense pr i -vilgie, le problme est toujours sur le point de surgir , mais toujoursa r r t dans ce qu i ' i l a de p roprement in te l lec tue l pa r l a con t re -pa r t iein te l lec tuel le que lu i susci te l ' in tu i t ion . L ' i l lus ion n 'es t pas analyse ,n 'es t pas d iss ipe parce qu 'e l le ne se declare pas , mais e l le le sera i tsi elle se dclarait , et ees deux possibili ts antagonistes qui sontd 'ordre in te l lec tuel , s ' annulent in te l lec tuel lement pour ne p lus la isserde p lace qu ' l ' in tu i t ion du re l . "En prsence de ees textes qui oppo-sent au dsespoir possible, toujours sur le point de surgir , une m-taphysique de l ' esprance dont la source es t auss i b ien infra-humaineque supra-humaine , on ne peut s ' empcher d 'voquer les in tu i t ionspot iques de Pguy sur l 'Esprance , ou les rf lexions exis tent ie l lesde G. Marce l. Mais i l fau t aussi bie n insister su r les diffrences quisont celles du bergsonisme et de l 'existentialisme chrtien. L'esprance chr t ienne, mme s i , comme chez Pguy, e l le sauve le temporel ,es t une esperance en dpi t de Vchec, de la chute qui menace tout letempore l , du pech enf in . Cet te esperance es t un au-del de l ' chec .El le spose une fo i e t n 'es t pas seulement l ' in tu i t ion du re l que Berg-son nous prsente dans la jo ie du myst ique.L'exis tent ia l isme chr t ien , chez un G. Marcel ou chez un Jaspers ,n ' ignore pas l ' chec ou le pech. C 'es t au contra ire en approfondissantcet te not ion d 'chec que Jaspers s ' lve au rapport de l ' ex is tence lat rans cen dan ce. C est par l 'angoisse devan t le pech que G. M arcel nou sc o n d u i t du refus a Vinvocation. Mais Bergson ne connai t n i l ' angoissede l 'existentialiste athe, ni le pech de l 'existentialiste chrtien. II afait dans les Deux sources, une phi losophie de la re l ig in sans par lerde ce sen t imen t du pech qu i han ta i t Kie rk egaard , sans reco nna i t rel ' ab ime qui separe l ' ex is tence humaine de la t ranscendance. Sa phi losophie s ' achve sans doute par une philosophie de la religin d a n slaque l le l ' in tu i t ion mys t ique v ien t a l imen te r l ' in tu i t ion ph i losoph ique ,mais i l n 'es t pas pour autant un philosophe religieux. Char les Pguy ,in terpre te chr t ien de Bergson, avai t su dvelopper sur ce point lapense de son maitre dans une toute autre d irec t ion . I I ins is ta i t sur le

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    vie i l l issement i r remediable , le mouvemeii t de chute de tout le tempo-re l abandonu lu i -mme; e t l a dcouver te du mystre de l 'esp-rance , en dpi t de ce t te chute , avai t un sens inf in iment p lus re l ig ieuxet p lus chr t ien que la srni t bergsonienne.Cet te srni t nous la re t rouvons dans ce texte de Deux sources, q u inous servir la fo is montrer la grandeur du bergsonisme e t ses in-suff isances: "Ainsi les inquie tudes de l 'homme je t sur la terre e t lestenta t ions que l ' indiv idu peut avoir de se prferer lu i-mme la com-munau t , inqu ie tudes e t t en ta t ions qu i son t l e p ropre d 'un t re in te l -l igent , se pr tera ient une numrat ion sans f in . Mais ce t te compli-ca t ion s 'vanoui t s i l 'on replac e l 'hom m e dans l 'ensem ble de la na tu re ,si l 'on co nside re que l ' intell ige nce serait un ob stacle la srnit q u ' o nt rouve pa r tou t a i l l eu rs e t que l ' obs tac le do i t t re su rmont , l ' qu i l ib rer tabl i . Envisag de ce point de vue, qui es t ce lu i de la gense e t nonplus de l ' analyse , tout ce que l ' in te l l igence appl ique la v ie com-porta i t d 'agi ta t ion e t de dfa i l lance avec tout ce que les re l ig ions yappor ten t d ' apa isement dev ien t une chose s imple . Pe r tu rba t ion e t f a -bu la t ion se comp ensen t e t s ' annu len t . A un Dieu qu i regard era i t d ' enhaut , le tout para i t ra i t indivis ib le conune la conf iance des f leurs quis ' o u v r e n t a u p r in t e mp s " .

    C ' es t ce t te s rn i t d 'une na tu re t rangre l ' homme que nousn e s o mme s p lu s a u jo u r d ' h u i c a p a b le s d e c o mp r e n d r e , d e m me q u enous ne pouvons pa rven i r occuper ce t te pos i t ion d 'un "Dieu qu iregardera i t d ' en hau t" e t se me t ra i t a ins i en marge du r i sque humain .Du bergson isme l ' ex i s ten t ia l i sme nous pouvons main tenan t ape rce -voir toute un e volut ion spir i tue l le . S i Berg son df in i t la p hi los oph iedans ce t te fo rmule : " la ph i losoph ie devra i t t re un e f fo r t pour d -passe r l a cond i t ion humaine" , nous devons d i r au con t ra i re quel ' ex is ten t ia l i sme se m ont re impuissan t dpasse r cet te cond i t ion m m e,au t rement que pa r une fo i que la ph i losoph ie ne saura i t ju s t i f i e r pa re l le seule . C 'es t pourquoi l ' ex is tent ia l isme l i une analyse indf in iede la ra l i t humaine (e t sur ce point ce t te analyse re jo in t sans cesseune l i t t ra tu re qu i semble t re pa r t ie in teg ran te de la ph i losoph ieex is ten t ie l le ) impl ique une c r i se de la ph i losoph ie mme. Nous nepouvons p lus que chercher devenir p lus Incides sur ce t te ra l i t humaine que nous sommes nous-mmes e t que nous fa i sons nous -mmes ;un sys tme phi losophique qui nous permettra i t de dpasser ce t te exis-tence , de la rfrer autre chose qu 'e l le-mme, para i t impossib le . La

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    t ranscendance vert icale , comme on di t , n 'es t accessible qu ' la foi .Reste i l est vrai le sens de l 'historici t de cet te existence, et l 'largisse-ment de cet te his tor ici t en his toi re , Comment comprendre le l ien desexi s t an t s humains , l e deveni r h i s tor ique , comment envi sager l e p ro-b l m e du sens de cet te his toi re qui cer tains gards nous est donn,mais qu ' i l faut aussi que nous const i tuions? Le problme ul t ime os 'affrontent au jou rd 'hu i exis tent ia l i s tes , ma rxistes , chr t iens nou sparai t bien t re celui de ce "sens de l ' h i s to i re" .

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