Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance,...

72
Beauté dangereuse: Raisin blanc de zinfandel à travers le microscope Effets, dangers, protection Alcool et drogues Drägerheft La technologie pour la vie Revue Dräger 7 spécial Alcool et drogues Revue Dräger 7 spécial

Transcript of Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance,...

Page 1: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

Beauté dangereuse:Raisin blanc de zinfandel à travers le microscope

Effets, dangers, protection Alcool et drogues

DrägerheftLa technologie pour la vie

R

evue Dräger 7 spécial

Alcool et drogues

Revue Dräger 7 spécial

Draeger_F_001 1 29.07.13 14:00

Page 2: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

2 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

SOMMAIRE

Env. 60 milliards d’euros, voilà les dommages économiques occasionnés chaque année au sein de l’UE par des collaborateurs alcoolisés – plus d’infos à partir de la page 32.

CO

UV

ER

TU

RE

: B

EV

SH

OT

S-E

UR

OP

E.C

OM

/ A

CT

ION

PR

ES

S

12 MÂCHER 14 SOUFFLER

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

CA

RLO

S V

ILL

ALO

N /

RE

DU

X/L

AIF

4 STUPÉFIANTS Propagation : on s’est rendu compte très tôt que certaines substances modifi aient les sensations – quelques repères.

6 DROGUESHistoire : les stupéfiants agissent sur le corps et l’esprit mais aussi sur l’économie et la société.

10 ALCOOL Histoire : l’éthanol grise l’humanité depuis l’âge de pierre.

12 CONSOMMATION Comportement : peut-on imaginer l’homme sans alcool et sans drogue ?

14 PIONNIER Alcotest Dräger : on souffle depuis 1953, pas seulement en Allemagne.

20 MESURE DU TAUX D’ALCOOL Nouveaux procédés : des bracelets électroniques permettent la surveillance, tout en laissant une liberté de mouvement.

22 EFFETS Éthanol : comment et où l’alcool influence les personnes.

23 IVRESSE LÉGALE Sels de bain : ils jouent un rôle croissant sur le marché des drogues.

24 TEST DE DROGUE Test de salive : en Belgique, on repère les conducteurs drogués avec des tests salivaires modernes.

28 FACTEUR DE RISQUES L’homme : Ivre au travail ? Cela occasionne des accidents tragiques.

32 LE MONDE DU TRAVAIL Addiction : quand l’haleine des collaborateurs sent l’alcool ou lorsqu’ils sont sous l’emprise de médicaments, c’est délicat.

38 ADDICTION Aide : l’addiction à l’alcool et aux drogues est une maladie qui nuit aussi aux tiers. Il existe différentes approches pour la désintoxication.

42 TRAFIC ROUTIER Taux max. d’alcoolémie : comment ils ont évolué pour protéger les usagers de la route.

Draeger_F_002 2 29.07.13 14:01

Page 3: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

3REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

62 FUMER58 AVALER

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

PIC

TU

RE

AL

LIA

NC

E /

AP

PH

OTO

En Couverture : le zinfandel blanc, un cépage, présente une esthétique

cachée révélée par le microscope. Michael W. Davidson, de la Florida State

Uni verstiy aux USA, photographie différents stupéfiants avec cette

technique depuis 1992. De gauche à droite : bière, Tequila Sunrise et

méth cathinone, un psychostimulant

46 SÉCURITÉ ROUTIÈRE Interlocks-Alcool : l’haleine sert de «clé de contact». Seul un conducteur sobre peut démarrer son véhicule.

50 SANTÉ Mythes et légendes : l’alcool s’évapore à la cuisson ? Quasiment pas et bien d’autres surprises encore…

52 ÉCRIVAINS Grisés : de nombreux chefs d’œuvres de la littérature mondiale sont dus «aux drogues et à l’ivresse » (Ernst Jünger, 1970).

56 TERMINUS Aux urgences : c’est la destination de nombreux fêtards, surtout les week-ends.

58 SOCIÉTÉ Dopage cérébral : une réussite personnelle toujours en hausse grâce à la consommation de drogue n’est pas sans risque.

61 CLASSEMENT Drogues : les 20 stupéfiants les plus dangereux.

62 DROGUES Politique : les Etats américains du Colorado et de Washington légalisent la culture et la possession de marijuana.

66 JUSTICE Société : peut-on faire valoir un droit à l’ivresse ?

68 MINI-LEXIQUE Stupéfiants : principes actifs, consommation, risques.

Draeger_F_003 3 29.07.13 14:01

Page 4: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL 4

PH

OTO

S :

PIC

TU

RE

AL

LIA

NC

E,

AC

TIO

N P

RE

SS

, M

AU

RIT

IUS

IM

AG

ES

/ A

LA

MY,

WM

E,

IMA

GO

/ F

RIE

DR

ICH

STA

RK

, A

RC

HIV

, S

HU

TT

ER

STO

CK

, IR

YN

A R

AS

KO

/DD

P I

MA

GE

S,

IMA

GO

/MC

PH

OTO

/ W

OL

F-F

EIX

, A

CT

ION

PR

ES

S /

BR

AU

N,

MA

TT

HIA

S V

Mixeteco Mountains, Mexique : champignons magiques (1955)Le banquier américain R. Gordon est le premier étranger à participer à une cérémonie avec des champignons psychoac-tifs. En 1957, son reportage dans «LIFE» fait sensation.

Consommation globale de droguesOn a su très tôt que certaines substances modifiaient les sensations. Depuis, l’homme les cherche et les produit de façon ciblée, d’abord pour communiquer avec les dieux, ensuite comme stimulant naturel. Un petit verre de vin peut faire du bien mais une bouteille est dangereuse, pour soi-même et les autres. Quelques JALONS du monde de l’ivresse.

Atlanta/Géorgie, USA : Coca-Cola (1887)Le médecin et pharmacien John

Stith Permberton a in-venté le « Coca-Cola», qui contient au départ «des feuilles de coca péruviennes, du vin et de la noix de cola».

Bethel/New York, USA : My Generation (1969)Sans la drogue sur scène et chez les partici-pants, le légendaire et pluvieux festival de Wood-stock n’aurait certaine-ment jamais existé.

Lima, Pérou : cadeau (1859)Le bateau autrichien de l’expédition «Novara» transporte un ballot de 60 livres de feuilles de coca. Un an plus tard, Alfred Niemann isole la «cocaïne» à Göttingen.

Ouagadougou/Burkina Faso, Afrique de l’ouest : hominisation des singes (env. 2 000 avant J.C.)Les indigènes du Sub-Sahara cultivaient le millet pour brasser de la bière ce qui, selonla légende, en fit de vrais hommes sans fourrure ni queue.

Vienne, Autriche : rapport sur les drogues (2012) Selon le «World Drug Report» (www.unodc.org), 320 millions de personnes, soit env. 3 % de la population mondiale, ont déjà consommé des drogues illégales. Héroïne, cocaïne & cie. tuent 200 000 personnes chaque année.

Terre de Feu et Patagonie : minimalismeIci, pas de plantes à fermenter. Les habitants ne pouvaient donc pas fabriquer de boissons alcoolisées.

Akron/Ohio, USA : sobres (1935)William Griffith Wilson et Robert Holbrook Smith fondent l’as-sociation d’entraide des «alcoo-liques anonymes», qui compte aujourd’hui env. deux millions de membres dans plus de 180 pays.

Kincardine O’Neil, Ecosse : bière forte (2012)Teneur en alcool de 65 % pour la bière la plus forte au monde. «L’Armageddon» des brasseurs (Type: «Eisbock»).

Pacifique Sud : KavaOn y produit une boisson euphorisante à base de piper me thysticum.

BMSscpaplustome

Draeger_F_004 4 29.07.13 14:01

Page 5: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

PROPAGATION STUPÉFIANTS

REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL 5

Java, Indonésie : monopole (XIXème siècle)Jusqu’à 15 pour cent des revenus des colonies hollandaises proviennent de la vente d’opium.

Canton, Chine : première guerre de l’opium (1839–42)Les Anglais introduisent l’opium d’Inde en Chine. Quand les Mandchous l’interdisent, c’est la guerre de l’opium, perdue par la Chine avec, entre autre, la cession de Hong Kong à la Grande-Bretagne.

Hauts Plateaux/Ethiopie, Afrique de l’est : l’origine du katLa drogue de cette région. La cathine des feuilles de kat a un effet psychostimulant.

Vietnam : Apocalypse Now (1971)L’héroïne Nº 4 est produite dans le «Triangle d’or» (Laos, Thaïlande, Myanmar). Les médecins de l’armée US estiment que 10 à 15 pour cent des soldats US stationnés au Vietnam en consomment.

Saigon, Vietnam : transporteur (1970)Un pilote de l’am-bassade US est arrêté avec de l’héroïne pour une valeur de huit millions d’US $.

Darmstadt, Alle-magne : drogue de synthèse (1912)Le groupe pharma-ceutique Merck synthétise le MDMA, connu plus tard sous le nom d’«Ecstasy».

Çatal Höyük, Turquie : ancien millésime (env. 5 500 avant J.C.) En 1961, James Mellaart trouve des résidus de vin, le plus ancien témoignage attestant de cette boisson.

Nowaja Semlya, Russie : demi-esprit (1924)Pour les chamanes, chaque tue-mouche incarne un esprit. Ils mangent deux champignons et demi car chaque moitié d’esprit cherche son autre moitié, maintenant le chamane en contact avec l’esprit.

New Delhi, Inde : bételLes feuilles de ce palmier composent la «chique de bétel» à l’effet euphorisant, citée dans les textes sans-crits anciens. Une des plus anciennes drogues au monde.

Alamut, Iran : haschich (env. 1 000 après J.C.)La société secrète des Assassins («fumeurs de haschich») menaçait et tuait les notables. On ignore s’ils se grisaient avec le haschich ou si c’était leur récom-pense.

e-e de )

ie :

aque esprit. pignons et demi prit cherche

Draeger_F_005 5 29.07.13 14:02

Page 6: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

6 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

DROGUES HISTOIRE

Entre rêve et cauchemarL’éternel souhait de l’homme visant à se transcender, à s’enivrer et à se libérer des restrictions et conventions de l’existence a déjà engendré des guerres, changé des sociétés entières et permis de construire des empires économiques – ILLÉGAUX ET LÉGAUX.

T out a commencé avec ces plantes qui se sont défendues contre leurs ennemis. Au cours de l’évolution,

elles ont mis au point de nombr euses protections chimiques pour ne pas êtr e ingérées ; des ing rédients toxiques ou indigestes pour les animaux. Dès l’âge de pierre, les premiers hommes savaient que ces plantes étaient toxiques pour eux aussi. Et ils ont découvert encore autre chose : de nombreuses feuilles, racines, des champignons et cactus possédaient des vertus surprenantes si on utilisait le bon dosage. Ces plantes soulageaient la douleur, soignaient des maladies e t pou-vaient parfois même mettre en contact les hommes avec les esprits, les dieux ou les ancêtres. Il leur fallait pour cela des gué-risseurs et des chamanes car ils étaient les seuls à connaître la différence entre transe et empoisonnement.

Ivresse depuis l’antiquité

Depuis, les plantes psychotropes accompa-gnent toute l’histoire de l’humanité. L’An-cien Testament cite l’effet hallucinant de la racine de mandragore (Mandragora) et de la myrrhe, une résine tropicale qui, à un dosage élevé, à un ef fet antalgique similaire à l’opium. Depuis des millé-naires, les hommes se laissent enivrer par le chanvre et le haschich, qu’on fabrique à partir de cette plante. Hérodote parle des Scythes, un peuple nomade qui, au VIIème siècle avant J.C., peuplait les steppes d’Eu-rope de l’est. Ils ét alaient des graines de chanvre sur des pierres chaudes, ce qui les rendait «si heureux qu’ils rugissaient».

Avec l’Islam et ses règles très strictes, les sociétés orientales ont connu de pr o-

Quelles leçons tirer de la nature ? Comment l’homme peut-il la reconstituer pour son bien ? Les alchimistes cherchaient déjà la solution

Draeger_F_006 6 29.07.13 14:02

Page 7: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

7REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Sur la voie de la cigarette :

Enfants aux USA lors de la

récolte de tabac et du

traitement des feuilles (1916)

fondes modifications depuis le VIIIème siècle. En proscrivant l’alcool, des drogues comme l’opium, le haschich, la stramoine et le kat ont joué un rôle plus important. Les histoires exotiques de Shéhérazade des Mille et une nuits semblent venues tout droit d’une ivresse colorée due au haschich. Mais, dans les sociétés isla-miques de l’antiquité, le haschich était plutôt la plante des pauvres. Les milieux aisés fumaient de l’opium. Le haschich était également connu depuis l’âge de pierre en Chine et en Inde. En Inde, sa consommation était soumise à des rituels très stricts, ce qui est encore le cas dans le culte lié à la déesse de la fertilité, Shiva.

A l’ère moderne, après une époque noire de persécution des sorcières, durant laquelle des dr ogues hallucinogènes comme la jusquiame et la belladone ont joué un rôle important, on assiste à une phase d’expériences spatiales et men-tales, qui ont eu des ef fets directs sur la consommation de drogues. Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492. La plante du tabac arrive en Europe avec les conquérants espagnols. De là, des explo-rateurs et commerçants la pr opagent dans le monde entier. On commence à en consommer pour son ef fet stimulant comme plante médicinale, sur tout à la Cour et il se vulgarise parmi médecins et biologistes. A la f in du XVIème siècle, on commence à fumer les feuilles, comme le faisait les Indiens. Cette nouvelle mode se répand rapidement mais les aut ori-tés et le clergé s’efforcent très tôt d’in-terdire ce nouvel usage. Les nombreuses tentatives pour endiguer la consomma-tion de tabac ayant échoué, les souverains

essaient au moins d’en tir er une source de revenus. C’est le début de la t axe sur le tabac, jusqu’à nos jours : les revenus fiscaux annuels de plus de q uatorze mil-liards d’euros (rien qu’en Allemagne en 2011) contribuent «largement à équili-brer les problèmes sociaux et médicaux qui y sont liés», dit le Dr Henrik Junga-berle, spécialiste en prévention de l’ad-diction et des drogues de l’Université de Heidelberg.

Le génie dans la lampe

L’histoire culturelle du tabac, que cer-tains peuples de l’ Amazonie utilisent encore aujourd’hui comme plante médi-cinale et religieuse, est un exemple du changement de paradigmes que de nom-breuses substances psychoactives ont connu au cours de l’histoire, du sacre-ment ritualisé à la saveur individualisée pour se faire plaisir.

L’exemple de l’opium permet de s’en rendre parfaitement compte et de voir comment la plante se transf orme en substance isolée et enivrante. Le méde-cin et naturaliste Paracelsus (1493–1541) a transformé l’opium en un médicament contre les maux courant avec le lauda-num («ce qu’il faut louer»), une teinture d’opium contenant de l’alcool, comme c’est le cas aujourd’hui pour l’aspirine. Ce fut sans doute le médicament le plus utilisé pendant 400 ans dans les pays occi-dentaux et c’était probablement aussi la première drogue à avoir été anal ysée scientifiquement.

En 1804, le pharmacien F. W. Ser-türner est parvenu à isoler la «substance qui procure le sommeil» dans l’opium, >

Une beauté effrayante : pavot somnifère – la source de l’opium

PH

OTO

S :

AK

G-I

MA

GE

S (

2),

TH

INK

STO

CK

Draeger_F_007 7 29.07.13 14:02

Page 8: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

DROGUES HISTOIRE

8 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

la morphine. On avait ainsi réussi pour la première fois a isoler le pr incipe actif d’une plante. Dès 1827, la société Merck de Darmstadt commence à produire la morphine en sér ie. Quand on invent a l’aiguille creuse en 1841, ce fut un pas de géant pour les hôpit aux militaires et les blessés durant la guerre franco-alle-mande de 1870/71. La morphine devint la «médecine du soldat». De nombreux soldats devinrent toxicomanes.

Pour préserver l’effet antalgique en excluant le danger de l’addiction, on com-mença, en 1899, à produire de «l’héroïne» (en hommage aux héros blessés) avec de la morphine et de l’acide acétique pour vendre ce produit en masse. Le génie était lâché. L’héroïne reste encore aujourd’hui la drogue la plus dangereuse. Selon un rapport de l’UE de 2012, une personne est décédée en moyenne par heure d’une

overdose d’opiacés au cours de ces dix dernières années. Il s ’agit le plus sou-vent d’héroïne.

Guerre contre la drogue

La chimie moderne et l’industrialisation naissante ont été les moteurs d’un chan-gement fondamental : avec les substances isolées, les transes préparées rituellement ont cédé définitivement la place aux biens de consommation pharmacologiques, soit pour se doper, soit pour oublier. En 1860, Albert Niemann parvient à isoler la cocaïne de la plante de coca. Il n’était plus guère éloigné des «„Roaring Twen-ties», quand la bohème et la «jet-set» à Ber-lin et Paris se jetaient à corps perdus dans une vie nocturne avec de la cocaïne.

Au cours du XXème siècle, on conclut plusieurs accords internationaux, visant à limiter la production de morphine et

de cocaïne dans le monde entier . Avec la convention internationale sur l’opium de 1912, les pays de la SDN * voulaient pour la première fois contrôler la production de morphine et de cocaïne dans le monde entier. Des substances utilisées jusqu’alors légalement et comme médicaments dans le monde entier ont été déclarées illégales. Plusieurs autres accords ont suivi avant de voir la conclusion, en 1961, d’un accord de droit international obligatoire pour plus de 180 États avec la convention sur les narcotiques (Single Convention on Nar-cotic Drugs), qui interdit le pavot, le coca et le cannabis ainsi que les matières pre-mières et des dérivés strictement contrô-lés et interdits pour toute utilisation non médicale.

Mais la distinction entre drogues légales et illégales est contr oversée. Comme lors des époques de prohibition

Les interdictions sur la drogue et l’alcool libèrent des énergies criminelles

>

Moindres efforts, grand rendement : des paysans mélangent du natron à des feuilles de coca, qui suent ainsi encore mieux la cocaïne avec les rayons solaires

De l’or blanc : un dealer en Colombie prépare de la cocaïne pour la vendre dans la rue

* SDN : Société des Nations

Draeger_F_008 8 29.07.13 14:02

Page 9: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

9REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

(alcool : USA, 1919–1933 ; opium : Chine, XIXème siècle), on libère d’énormes éner-gies économiques et criminelles pour contourner ces interdictions. On peut gagner beaucoup d’argent en f aisant du trafic de drogues, comme l’a prou-vé l’East-India Company britannique en Inde et en Chine au XIXème siècle. En important illégalement de l’ opium en Chine, cette société commerciale tentait de compenser le déf icit du commerce extérieur britannique résultant du com-merce de thé avec la Chine. La Chine, qui ne pouvait pas se défendre contre cette invasion de drogues, a été contrainte d’ou-vrir ses marchés et tolérer le commerce de l’opium après deux guerres de l’opium (1839–1842 et 1856–1860).

A ce jour, de nombreuses personnes gagnent beaucoup d’argent avec des plan-tations de drogues illégales et leur com-merce. La mise en place de la prohibition de la drogue à l’échelle mondiale, la «War on Drugs», initiée par l’ancien président américain Richard Nixon, a été un échec. C’est ce que dit la Commission mondiale de règlementation de la drogues dans son rapport pour 2011. Les cartels des drogues font partie du grand banditisme organi-sé avec le blanchiment d’argent, le trafic d’armes et la traite d’êtres humains. Avec plus de succès que jamais.

Eternelle poursuite

Le jeu des dr ogues s’emballe. En UE, une nouvelle drogue sort sur le marché chaque semaine, relate le Centre euro-péen de surveillance dans son rapport annuel pour 2011. C’est une course pour-suite éternelle, qui s’occupe surtout des

«Legal Drugs», des substances psychoac-tives synthétiques, vendues prêtes à la consommation. Elles contiennent des cannabinoïdes et des cathinones synthé-tiques (dérivés des substances de can-nabis et de kat). Elles contournent ain-si la loi sur les stupéf iants (BTM) parce qu’elles ne sont pas explicitement inter -dites. Dès qu’elles sont listées dans la loi BTM et sont ainsi interdites, de nou-velles variantes apparaissent, auxquelles le BTM ne s’applique pas (encore). Par-mi ces substances figurent les «sels de bain» (cf. aussi p. 23), des subst ances d’amphétamines comme la méphé-drone et la bupropione mais aussi des cathinones dans les mélanges d’herbes comme le spice e t K2. Selon Cecilia Malmström, membre de la Commission européenne «Les stimulants et drogues

synthétiques jouent un rôle crucial pour la drogue en Europe car elles créent un marché en constante mutation, incons-tant et difficile à contrôler.»

Viennent s’y ajouter des dopants e t hallucinogènes connus de longue date comme l’Ecstasy, LSD, GHB, Crack Co caïne, Crystal Meth, Désomorphine (Krok) – une hydre à mille têtes, impos-sible à vaincre. Les experts en drogues s’ac-cordent donc à dire que cette évolution ne pourra plus être stoppée uniquement avec des mesures pénales. Outre la démystifica-tion et le fait de prendre en charge active-ment des groupes les plus en danger quant à l’addiction aux drogues, nombreux sont ceux qui pensent que la solution consiste-rait à assouplir les inter dictions strictes, par exemple pour des drogues comme le cannabis. Regina Naumann

Cérémonie : les hindous du Rajasthan/Inde du nord se préparent pour un voyage virtuel. Tout est prêt pour le voyage avec le «véhicule de l’opium»

PH

OTO

S :

ALV

AR

O Y

BA

RR

A Z

AV

AL

A /

ED

IT B

Y G

ET

TY

IM

AG

ES

, T

IM G

RA

HA

M /

PH

OTO

NIC

A W

OR

LD

/ G

ET

TY

IM

AG

ES

, E

YE

UB

IQU

ITO

US

/ H

UTC

HIN

SO

N /

GLO

W I

MA

GE

S

Draeger_F_009 9 29.07.13 14:02

Page 10: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

10 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

ALCOOL HISTOIRE

De la vigne biblique à la plaie de l’ivresseLes hommes ont de tout temps fabriqué des boissons con tenant de l’alcool à boire, L’ÉTHANOL, avec des interactions entre évolution sociale, économique et technique.

Dans la Chine ancienne, on ser -vait un cocktail composé de vin, d’hydromel et de bièr e de r iz.

Les hommes, qui vivaient près du Fleuve Jaune dès 7 000 avant J.C., faisaient fer-menter des jus de raisi n et d’aubépine avec du miel et du riz. Cette boisson à 10% est considérée comme la plus ancienne boisson alcoolisée au monde.

L’archéologue moléculaire améri-cain Patrick McGovern a reconstitué ce cocktail néolithique. Il analyse les résidus dans des jarres en céramique, trouvées lors de fouilles dans la province chinoise du Henan. Il a décodé ce tte boisson pré-historique dans «Uncorking the Past», le titre de son livre.

Affiner les ingrédients

Pour la fermentation, on mâc hait les grains de blé pour en extrair e l’amidon. Les amylases de la salive fissionnent les polysaccharides en sucre. Une procédure grossière à nos yeux mais importante pour l’histoire des boissons alcoolisées. Il y a 9 000 ans, la sensation venait moins de la consommation de l’alcool q ue de sa fabrication ciblée. L’alcool est un stupé-fiant présent naturellement, plus vieux que l’histoire de l’homme moderne. De nombreux animaux apprécient l’effet gri-sant de fruits très mûrs, dont le sucre est transformé en alcool par des amidons.

La production ciblée de boissons alcoolisées coïncide avec la révolution agraire néolithique. Les civilisations antiques ont amélioré les méthodes de culture agricole, des fruits et de la vigne, obtenant ainsi plus d’ing rédients pour l’alcool. Les vignerons et brasseurs affinè-

Travail dans les vignes, Strasbourg, France (1519) : des vendanges aux fûts, rien que du travail manuel

Draeger_F_010 10 29.07.13 14:03

Page 11: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

11REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

AC

TIO

N P

RE

SS

/UL

LS

TE

IN,

AK

G /

SC

IEN

CE

PH

OTO

LIB

RA

RY,

J.

ZH

AN

G U

ND

Z.

ZH

AN

G,

INS

TIT

UT

E O

F C

ULT

UR

AL

RE

LIC

S A

ND

AR

CH

AE

OLO

GY

OF

HE

NA

N

rent le choix des ingrédients, des procédés de fermentation, de distillation et de stoc-kage. La fermentation a sans doute été découverte par hasard. Une bouillie de blé fermentée permettait d’obtenir une bière ancienne et des fruits fermentés du vin. Les effets physiologiques et psycholo-giques étaient toujours présents.

La bière est née notamment en Mésopotamie, où il en existait de nom-breuses variétés. En Europe centrale, la bière était un aliment important jusqu’au XVIIème siècle. Wolfgang Schi-velbusch, historien, associe même l’em-bonpoint sur les tableaux d’Europe du nord au XVIIème siècle à la cuisine mar-quée par la bière. La loi bavaroise sur la bière, autorisant uniquement le malt, la levure et le houblon, était déjà en vigueur dès 1516. Cette loi est connue sous le nom de «loi de pureté» (cf. aussi la Revue Drä-ger 6, p. 18–21).

La fabrication de vin est une tec h-nique culturelle très précoce. L’expert en vin britannique Oz Clarke rapporte que la viticulture était très répandue dans l’ancienne Egypte. Les serveurs différenciaient les crus, comme de nos jours. Les métaphores sur le vin dans la bible témoignent de l’importance de la viticulture.

Fonctionner à l’alcool

Pour fabriquer des alcools concentrés, l’éthanol doit être distillé, ce qu’on fit pour la pr emière fois vers l’an 1 000 avec un alambic, per mettant de sépa-rer les substances. Les eaux de vie haut de gamme sont encore produites ainsi aujourd’hui. Outre les vendanges foulées

de blé et de fruits, on utilise aussi des pommes de terre (vodka) et de la canne à sucre (rhum).

L’alambic a entraîné des innova-tions techniques liées aux boissons alcoo-lisées, parmi lesquelles figurent la fer-mentation en bouteilles du champagne (XVIIème siècle), le bouchon (XVIIIème siècle), les réfrigérateurs pour les bras-series et la distillation pour les spiri-tueux (XIXème siècle). En 1889, Johann Heinrich Dräger a contribué à tirer la bière en toute sécurité avec une instal-lation à haute pression.

L’industrialisation de la fabrication, du stockage et de la commercialisation de boissons alcoolisées garantit une qua-lité constante et des prix réduits. Mais les spiritueux bon marché (à la pomme de terre) sont rendus responsables de «l’alcoolisme des miséreux». Ce terme désigne l’abus d’alcool dans les classes sociales défavorisées, pendant la révolu-tion industrielle.

De nos jour s, l’éthanol industriel, produit à partir de produits agricoles, joue un rôle important comme source d’énergie, par ex. pour le carburant E10 (10% d’éthanol) et E85 (85% d’éthanol). Les bio-carburants de deuxième généra-tion ne proviennent plus de la même source que l’alcool à boire, plutôt de fibres de cellulose. Peter Thomas

A lire : „Uncorking the Past – The Quest for Wine, Beer, and Other Alcoholic Beverages“ / University of California Press, 348 pages

Restes de fête : l’archéologue moléculaire américain Patrick McGovern a découvert des traces dans des jarres de céramique de l’âge de pierre et a pu reconstituer la fabrication de boissons alcoolisées

Draeger_F_011 11 29.07.13 14:03

Page 12: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

CONSOMMATION COMPORTEMENT

12 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

CA

RLO

S V

ILL

ALO

N /

RE

DU

X /

LA

IF,

CH

INA

FO

TOP

RE

SS

/ L

AIF

, U

LL

ST

EIN

BIL

D-I

MA

GE

BR

OK

ER

.N

ET

/ U

LR

ICH

DO

ER

ING

, P

ICT

UR

E A

LL

IAN

CE

, S

CO

TT

HO

US

TON

/ S

YGM

A /

CO

RB

IS

Les ailes de l’âmePeut-on imaginer l’homme sans drogues ? Des SUBSTANCES, qui modifient ses pensées, sensations et actions l’accompagnent presque partout.

Q uand, à m idi, les jeunes gens rentrent après une nuit d’Ecstasy à L os Angeles, la

journée en Chine débute avec des boissons contenant de la caféine. Des millions de tasses de café, de thé et de verres de coca, des cigarettes et amphéta-mines nous accompagnent tout au long de la journée. En Afrique de l’ouest, on discute en fumant du haschich et, en Europe, en fin de journée, on boit de la bière en masse.

Rares sont les cultures qui ne connais-sent pas les drogues grisantes, euphori-santes ou stimulantes. «L’ivresse fait par-tie des besoins fondamentaux, comme manger, boire ou encore le sexe.» C’est ce que dit Wolfgang Nešković, ancien juge près de la cour de cassation alle-mande, pour justifier la libéralisation du cannabis (cf. aussi p. 66–67). «L’homme tend à ritualiser la consommation de stu-péfiants, à lui conférer une signification tangible pour lui donner une signif ica-tion et pour communiquer sa propre

identité et son statut», dit le Dr Henr ik Jungaberle, chercheur et spécialiste de la prévention et des drogues de l’Univer-sité de Heidelberg.

Les rituels structurent la consommation

Des formes ritualisées et religieuses de consommation se retrouvent surtout en Amérique centrale et du sud, en Asie du sud-est et en Océanie. Les plantes à effets psychoactifs y jouent un r ôle important pour les chamanes et guérisseurs (cf. aussi p. 6–9). Cham pignons Teonana-catl, cactus Peyote ou stramoine ne sont que quelques «ailes de l’âme» pour les Indiens d’Amérique centrale et du sud pour communiquer avec les dieux, les esprits et les ancêtres.

De nombreuses drogues font par-tie du quotidien comme boire du Kava (piper methysticum) dans le Pacifique sud et mâcher des feuilles de coca, par ex. en Bolivie. Boire du Kava est un rituel pour nouer des liens et les feuilles de

New York City, USA : pour Lara, l’Ecstasy est ce qu’il y a de meilleur

Lac Eyasi, Tanzanie, Afrique : jeunes gens avec une pipe de haschich

Nuku’alofa, îles Tonga : kava euphorisant, produit à partir de racines

coca facilitent le quotidien. Ces consom-mations de dr ogues sont enracinées dans ces cultures.

Les drogues stimulantes comme le café, le thé ou le tabac sont des compa-gnons conviviaux et des marques d’hos-pitalité. Elles jouent un r ôle crucial dans les pays musulmans, en raison de l’abstinence de l’alcool. Mais les rituels peuvent changer, surtout dans les pays industrialisés. «Dans nos sociétés plu-rielles, on cr ée de nouveaux r ituels, présentés dans les médias, pour pr o-téger ou pousser à la consom mation», dit Jungaberle. Comme un coucher de soleil, savouré avec une boisson alcooli-sée ou des raves techno ritualisées dans des halls industriels avec de la dr ogue. D’un autre côté, on assiste à des rituels de jeûne et d’abstinence, pas seulement dans les milieux chrétiens.

L’alcool, qui remonte à plus de 9 000 ans, a conq uis le monde entier et remporte depuis un succès q ui ne se dément pas. Avec la mondialisation,

Draeger_F_012 12 29.07.13 14:03

Page 13: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

13REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

de problèmes pour détruire les cultures indigènes en Amérique et en Océanie. L’alcool, un stupéfiant connu depuis très longtemps, est un élément cér émoniel utilisé dans la plupart des cultures pour fêter les différentes étapes de la vie. Cela va de la fin de la journée avec le «Happy Hour» aux festivités pour célébr er la fin de la scolarité entre bacheliers. Les métis au Pérou boivent de la bièr e de maïs pour célébrer les baptêmes, la première coupe de cheveux des garçons ou les premières boucles d’oreilles des filles. Dans d’autres cultures, l’alcool sert à faire le plein d’énergie pour une journée de travail. En Normandie, on boit du calvados et, au Pérou, on boit de l’alcool avant les travaux très physiques, très éprouvants. Toutes les cultures s’ac-cordent à dire que la consommation d’alcool à domicile est suspecte, donc mal vue. Regina Naumann

Lihuan, Chine : le thé Bangbangcha est une drogue réputée en Asie

les cultures abstinentes ont du mal à se défendre contre l’influence de l’al-cool. Une culture, où l’alcool est par ve-nu à s’implanter durablement, ne peut plus en être débarrassée. Des interdic-tions spectaculaires, comme la pr o-hibition aux USA de 1 919 à 1933, ont

échoué et ont favorisé le grand bandi-tisme organisé. La majeure partie des pays musulmans connaît une inter dic-tion religieuse de l’alcool, basée sur les préceptes du coran. Les ver sets corres-pondants du coran ne contiennent pas le terme de «haram» (interdire) et une minorité de religieux mulsumans est d’avis que seuls l’excès et l’abus d’alco-ol seraient interdits. Mais leur position reste minoritaire.

Interdictions ou libéralisme –Des arguments pour les deux

Sur le plan génétique, les habitants de l’est de l’Asie, les Aborigènes et Indiens d’Amérique supportent moins bien l’al-cool que les Européens. Ils ont moins d’enzymes permettant au foie d’élimi-ner l’alcool et ils ressentent donc ses effets plus rapidement. C’est pour quoi les conquérants n’ont guère rencontré

El Alto, Bolivie : un vieillard consomme des feuilles de coca, comme ses ancêtres

Draeger_F_013 13 29.07.13 14:03

Page 14: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

14 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Le progrès : le premier alcotest à

souffler sort en 1953. Aujourd’hui,

il s’agit d’appa-reils de mesure

rapides et précis, qui travaillent

avec des capteurs électrochimiques

Souffle, qui peut… L’alcool au volant est dangereux. Il manquait un procédé de mesure pour déterminer rapidement le TAUX

D’IMPREGNATION. En 1953, Dräger a posé des jalons avec le ballon «Alcotest». Aujourd’hui, les mesures d’alcoolémie dans l’air expiré sont reconnues par les tribunaux, en cas d’utilisation d’un éthylomètre Dräger 7110.

qu’une infraction au parag raphe 24a a été commise par le conducteur. «L’éthy-lomètre Dräger 7110 MK III (éthylomètre ayant valeur de preuve) dispose d’un agré-ment par l’office fédéral de technique physique», explique le Dr Jürgen Sohège, Chef de Produit chez Dräger.

Par contre, le premier alcootest Drä-ger avec un ballon (pour un contr ôle du volume utilisant un sac) est sur tout utilisé pour effectuer des tests prélimi-naires permettant de constater une éven-

Soufflez, lisez, c’est ter miné. Quand, en 1953, Dräger a sor-ti le ballon Alco test, il était pos-

sible pour la première fois de constater si le chauffeur a bu de l’alcool. A vec ses recherches sur les mesures d’alcoolémie dans l’air expiré, cette société de Lübeck a implanté sur le mar ché différentes méthodes, basées sur des sy stèmes de capteurs électroniques. Les résultats des mesures font foi dans les tribunaux pour attester, (par exemple en Allemagne),

tuelle imprégnation d’alcool. Les bal-lons contiennent de l’acide sulfur ique et du dichromate de potassium de cou-leur jaune. Ces éléments réagissent avec l’acétaldéhyde et du chrome vert, lorsque l’éthanol passe avec l’air dans le ballon. L’intensité de la coloration permet d’éta-blir la concentration d’éthanol. Si le test préliminaire fait apparaître une infrac-tion ou un délit (c’est à dir e une inca-pacité absolue de conduire), on procède ensuite à une analyse de confirmation.

Draeger_F_014 14 29.07.13 17:54

Page 15: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ALCOTEST DRÄGER PIONNIER

15REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

>

d’importants débouchés pour Dräger. A l’époque, l’image de Dräger est associée au dépistage d’alcool dans plusieurs pays.

Intoxication et machines à vapeur

Le problème avec l’alcool au volant n’est pas un phénomène nouveau, déjà au milieu du XXème siècle et il n’est pas lié directement au trafic routier. Ainsi, la voiture n’existait pas encore que le parle-ment britannique punissait déjà l’alcool au volant avec un «Licensing Act», édicté à Westminster en 1872, visant à limiter les dangers liés à des conducteurs ivres. Il faut attendre 1894 avant de voir débar-quer en Angleterre la première voiture motorisée de Daimler et Benz, datant de 1886. Dès 1870, l’intense trafic sur les routes de Grande-Bretagne conduit le parlement à prononcer l’interdiction

«de conduire, en état d’ivresse, un cha-riot, un cheval, un bœuf ou une machine à vapeur sur la route». Le «Licensing Act» de 1872 reste sans effet. Ce problème reste lié à toute l’histoire de la mobilité dans le monde entier avec des inter dic-tions, des contrôles et des mesures pré-ventives les plus diverses.

Mais que signifie «ivre» ? Jusqu’au milieu du XXème siècle, les f orces de police ne disposent pas de pr océdés rapides et fiables leur per mettant de contrôler le t aux d’alcool des conduc-teurs. Il est difficile de mesurer l’effet de l’al cool sur la vitesse de réaction mais on peut déterminer la concentration d’alcool dans le sang (Blood Alcohol Content, BAC) ou la quantité d’alcool dans l’urine. Mais pour les contrôles routiers, ces procédés onéreux ne peuvent pas êtr e utilisés fré-quemment, ni à grande échelle.

L’évolution de ce type d’alco test est un exemple typique du transf ert de con-naissances, mises à profit pour d’autres applications. Ce savoir-faire vient des sys-tèmes de détection de gaz dans lesq uels Dräger travaille et innove depuis 1930, nous dit le docteur en électr ochimie J. Sohège. Les ingénieur s de Dräger ont eu l’idée de mettre au point ce pr océdé au bon moment car le nombre de véhi-cules et donc le nombre d’accidents dus à l’alcool avaient explosé après la secon-de guerre mondiale. Cela s ’est reflété également dans la législation. En 1953, l’Allemagne fixe une alcoolémie maxi-male de 1,5 gramme d’alcool par litr e de sang pour déterminer une incapaci-té totale de conduire. Des valeurs limi-tes sont également f ixées dans d’autres pays. La conduite sous l’ef fet de l’alcool est un problème international, synonyme

Draeger_F_015 15 29.07.13 17:55

Page 16: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

16 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

>On connaît la relation entre teneur d’alcool dans le sang et l’haleine depuis les années 1920/30

«Dans les années 1920/30, on a prouvé que la concentration d’alcool dans le sang pouvait être déterminée par l’haleine», dit le Dr Sohège. En 1 927, le médecin américain Emil Bogen propose d’utiliser l’air expiré pour mesurer le BAC. Les étu-des des pharmacologues suédois Göran Liljestrand et Paul Linde, publiées en 1930, ont fait date dans ce domaine («De l’expiration de l’alcool avec l’air expiré »). Liljestrand et Linde prouvent qu’il existe une relation entre l’air expiré et la con-centration d’alcool dans le sang. Ils pen-sent que ce phénomène est dû à l’échange gazeux qui se produit entre l’air et le sang dans les poumons. Plus t ard cependant, la diffusion d’alcool dans le sy stème res-piratoire est reconnue comme la base du lien entre la concentration d’alcool dans le sang (BAC) et la concentration d’alcool dans l’air expiré (BrAC).

Les ballons Dräger, le premier test rapide

Les deux scientifiques suédois concluent que «deux litres d’air expiré (à 34° C) contiennent autant d’alcool qu’un cen-timètre cube de sang». Dans la plupar t des pays, on utilise le facteur 2,100 pour calculer le rapport moyen des v aleurs mesurées de concentration d’alcool dans le sang et dans l’air expiré (Blood Breath Ratio, BBR), soit par ex 0,50 mg/l x 2,1 = 1,05 g/l de sang. Etant donné que ce ratio varie entre 2 et 2,3 en fonction des per-sonnes dépistées, il n’est pas permis d’ap-pliquer directement ce ratio pour passer d’une unité à l’autre devant un tribunal. Des valeurs limites ont été imposées de manière indépendante par les gouver -

nements pour les tests d’air expir é et d’alcool dans le sang. En Allemagne, le paragraphe 24 a stipule : «Est en état d’in-fraction toute personne qui conduit un véhicule avec 0,25 mg/l ou plus d’al cool dans l’air expiré ou 0,5 g ou plus d’al-cool dans le sang ou une q uantité d’al-cool dans le corps, entraînant une telle concen tration d’alcool dans l’haleine ou le sang.» Le résultat des tests sanguins est indiqué en milligrammes d’éthanol par kg de sang ou par litre de sang («pour mille») et le résultat des tests par l’air alvéolaire (poumons) en millig rammes d’éthanol par litre d’air expiré.

La première tentative pour appli-quer la découver te du lien entr e l’al-cool dans le sang e t dans l’air expir é dans le cadre de contrôles routiers est le «Drunkometer», inventé par R olla N. Harger aux Etats-Unis en 1938, utili-sant des procédés chimiques mouillés. «Il s’agissait en f ait d’un laborat oire portable et non d’un appareil mobile», dit le Dr Sohège. Quand Dräger lance son Alcotest en 1953, Robert F. Borkenstein sort le «Breathalyzer» aux USA, mesurant l’air expiré avec une réaction chimique, évaluée électriquement. Dräger se charge ensuite de la fabrication et commerciali-sation du Breathalyzer.

Mais le ballon de Dräger est le pr e-mier test utilisé régulièrement pour une mesure objective du taux d’alcool dans l’air expiré. «La police sait depuis les années 1950 que les mesures sur place sont nécessaires pour une pr évention fiable», dit le Dr Sohège. Les ballons s’imposent donc r apidement. Ils sont acceptés par les forces de l’ordre et par

Le «Drunkometer» américain fonctionne avec un procédé chimique mouillé

Borkenstein (à gauche) et son «Breathalyzer»

Prototype «Alcytron» : 1er appareil de mesure à capteur optique à infrarouge

1938

Le classique : l’alcootest de Dräger avec ballon

1953 1953 1978

Draeger_F_016 16 29.07.13 14:04

Page 17: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ALCOTEST DRÄGER PIONNIER

17REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

>

Capteur à infrarouge ou électrochimique : les deux procédés de mesure usuels pour déterminer la concentration d’alcool dans l’air expiré reposent sur différents principes. Le capteur optique à infrarouge mesure l’absorption de la lumière par l’éthanol. Le signal du capteur électrotechnique provient de l’oxydation des molécules sur une couche de catalyseur

les conduc teurs pour leur affichage clair et net. L’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède et l’Australie sont les marchés de la première heure.Les experts Dräger savaient que les exi-gences dans ce domaine ne cesseraient d’augmenter. «Il fallait garantir des résultats plus rapides et plus précis, uti-lisables par les tr ibunaux», explique le Dr Sohège. Ici, le test avec l’haleine est le procédé le plus direct. L’alcool dans l’haleine, provenant de la dif fusion de sang artériel, indique plus directement la concentration d’alcool agissant sur le cerveau que l’alcool dans le sang, déter -miné avec le sang veineux ou son sérum au moyen de la chromatographie gazeuse ou de la déhydrogénase d’alcool.

Technique de mesure électrotechnique d’avenir

Les nouveaux appar eils pour mesu-rer l’alcool dans l’haleine, conçus par Dräger dans les années 1970/80, fonc-tionnent avec des sy stèmes électriques et électroniques. «Pour mettre au point cette technique, nous mettons à profit les possibilités offertes par les capteurs miniaturisés de la toute nouvelle géné-ration», raconte le Dr Sohège. Les inno-vations sont issues du domaine de la mesure des gaz dangereux.

Dräger anticipe cette évolution dès 1978 avec «l’Acyltron», un prototype à cap-teur optique à infrarouge. Sur ce modèle, une source lumineuse envoie des rayons infrarouges d’une cer taine longueur d’ondes, qui sont ensuite transmis à une chambre, avant d’être mesurés par une cellule photoélectrique. Si le gaz à détecter

CAPTEUR ELECTROCHIMIQUE

CAPTEUR OPTIQUE A INFRAROUGE

Principe de mesure schématique

Lampe Fenêtre Fenêtre Spectre infrarouge

Filtre d’interférences

Détecteur

GazLignesspectrales

Système de mesure électrochimique

Capteur électrochimique

Moteur de pompe électriquePiston

Chambre de prélèvement

Dräger reprend la production du «Breathalyzer» de Smith & Wesson

1980

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

, C

OR

BIS

(1)

, IN

DIA

NA

UN

IVE

RS

ITY

(1)

Draeger_F_017 17 29.07.13 14:04

Page 18: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

18 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

>L’électrotechnique moderne est la clé pour des mesures pour les tribunaux

se trouve dans la chambre, il absorbe une partie des rayons, réduisant la puissance du signal afin de calculer la concentration de gaz. Quatre ans plus tard, l’Alcotest 7010 à poste fixe est mis sur le marché.

Parallèlement à la technique infra-rouge, Dräger lance un cap teur semi-conducteur à base d’oxyde de zinc. L’Al-cotest 7310, lancé sur le marché en 1980, est équipé de cette cellule de mesure. La valeur mesurée peut être lue en seule-ment quelques secondes. Les cap teurs électrochimiques posent de nouveaux jalons dans le domaine des contrôles rapides et précis de l’air expiré. Dans ces appareils, la chambre de mesure est munie d’un certain volume d’air prédé-fini. Dans la chambre, l’éthanol contenu dans l’air s’oxyde électrochimiquement sur la couche du catalyseur de l’électrode, produisant un flux permettant de procé-der au calcul de la mesur e. Ce capteur électrochimique réagit à l’alcool dès que les cétones contenues dans l’air expir é, comme l’acétone, ne peuvent plus falsi-fier les résultats. Ce capteur a été lancé dans la gamme des Alcotests 7410 en 1988.

Dräger a mis en oeuvre ces deux procé-dés vers 1990, posant des repères pour de véritables innovations. A partir du premier Alcotest 7410, nous avons mis au point une gamme d’appareils allant jusqu’au 7410 Plus, avec un affichage numérique et un transfert électronique de données. «Les résultats obtenus et affichés dans les dif-férents langages sont intuitifs», dit le Dr Sohège. Ces appareils de mesure à cap-teur électrochimique sont les les appareils standard utilisés pour ef fectuer les tests préliminaires. En Allemagne, chaque voi-

ture des forces de l’ordre est équipée de ce type d’appareil. En 2004, Dräger présente l’Alcotest 6510, en 2005 l’Alcotest 6810, et en 2008, l’Alcotest 7510.

La technologie infrarouge fait égale-ment de grands progrès. En 1985, Drä-ger lance l’Alcotest 7110 avec un cap-teur spécial à infrarouge. La troisième génération de ces appareils (2004) pro-pose une combinaison avec un capteur électrochimique. Ce système de double capteur est produit en série quatre ans plus tard avec l’Alcotest 7110 Evidenti-al pour des mesures reconnues par les tribunaux. «C’est vraiment une r évolu-tion car cet appareil fournit des résultats sûrs, assimilés à ceux des prises de sang», précise le Dr Sohège. Les performances techniques sont confirmées par l’office fédéral de physique et technique, qui a admis l’éthylomètre 7110 MK III comme appareil agréé pour les tribunaux. L’Al-cotest 9510, présenté en 2007, fonctionne aussi avec un système à double capteur, utilisable en poste fixe ou mobile.

Changements fondamentaux pour les mesures d’alcool

Après la présentation du premier ballon en 1953, les chercheurs ont travaillé à des éthylotests plus rapides pour pouvoir effectuer des contrôles fréquents. «C’est la tendance pour l’avenir», dit Sohège, Chef de Produit chez Dräger. La tech-nique de filtres optiques doit être amélio-rée pour des capteurs à infrarouge plus précis. Une nouvelle option consiste à pro-céder à des mesures transdermiques pour déterminer la concentration d’alcool par la peau (cf. aussi p. 20–21).

Alcotest 7010 avec capteur optique à infrarouge

Capteur électrochimique : Alcotest 7410

Dispositif anti-démarrage : Interlock

Mesure pour les tribunaux avec l’Alcotest 7110 Evidential

1988 1998 20031982

Draeger_F_018 18 29.07.13 14:04

Page 19: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ALCOTEST DRÄGER PIONNIER

19REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Contrairement au test par le souf fle et au test sanguin, ce tte technologie pré-sente l’avantage de pouvoir ef fctuer des mesures sans la coopération de la per-sonne dépistée. Cette technologie pour-rait être utilisée dans d’autres domaines que la circulation routière comme par ex. dans le secteur de la médecine d’urgence, pour examiner des patients alcoolisés (cf. aussi p. 56–57).

Mais les experts en mesure d’alcoo-lémie vont encore plus loin. Il faut pro-céder à un changement fondamental en abandonnant les contrôles au profit de mesures préventives, pour empêcher la conduite de véhicules sous l’ef fet d’alco-ol. Voilà donc le système d’éthylotest anti-démarrage : Interlock XT Dräger, instal-lé dans des moyens de transports comme les bus, les taxis et les locomotives afin de protéger les passagers. Les systèmes Inter-lock XT sont aussi utilisés dans les voi-tures particulières, dont les conducteurs ont bu afin de les empêcher de prendre le volant lorsqu’ils sont alcoolisés (cf. aus-si p. 46–49). Le premier Interlock Dräger, effectuant un contrôle de l’alcoolémie avant de démarrer, a été lancé en 1994.

Qu’il s’agisse de contrôles routiers, d’Interlock ou de contrôles de longue durée, de capteurs électrochimiques ou à infrarouge, chaque génération de Drä-ger innove pour plus de sécurité. Dräger s’en porte garant depuis 1953, avec le premier éthylotest chimique pour auto-mobilistes. Peter Thomas

Ecran tactile : Alcotest 9510 Evidential

2007

Comparaison avec la valeur limite

Comparaison directe avec la valeur limite

1 x prise de sang veineux

2 x prises d’air expiré avec l’air des poumons

Alcool dans l’esto-mac/les intestins

Artères du cerveau

Calcul du sérum sanguin par rapport au sang veineux (o/oo)

avec diviseur moyen d’1,2

4 x détermination de la concentration d’alcool

(o/oo) dans le sérum sanguin (concentration liquid)

Sérum de sang

Séparation des composants fermes

Transport

Veines des bras

Artères des bras

Cœur

Sang capillaire dans les poumons

Resp. détermination de la concentration d’alcool (mg/l) dans l’air des poumons

(concentration de gaz)

Air/poumons (Loi Henry)

Sang / Cœur

Informations : Mesures précises avec les appareils Drägerwww.draeger.com/7/diagnostic

COMMENT MESURER L’ALCOOL DANS LE CORPS

En buvant, l’alcool passe dans différentes parties du corps, par ex. le sang, l’air

respiré, l’urine et la sueur. Le graphique présente la détermination de la

valeur déterminante d’alcool dans le sang (à gauche) et dans l’air respiré

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

Draeger_F_019 19 29.07.13 14:04

Page 20: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

MESURE DU TAUX D’ALCOOL NOUVEAUX PROCÉDÉS

20 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

A travers la peauAux Etats-Unis, où règne une forte criminalité liée à l’alcool et à son addiction, les autorités souhaitent pouvoir contrôler encore plus efficacement les DÉLINQUANTS ACOOLIQUES libérés avec sursis. Dans ce pays, on va même jusqu’à utiliser des bracelets électroniques.

Pour pouvoir contrôler en perma-nence la concentration d’alcool, on ne peut pas utiliser des tests

aléatoires intermittents (basés sur le sang, l’haleine ou l’urine). Ces tests sont chers, souvent effectués sous contrôle médical et ne contribuent pas à modi-fier les comportements. La mesure de l’alcool dans la sueur et la transpira-tion est plus avantageuse et plus facile à effectuer. Un pourcentage de cinq à dix pour cent de l’alcool que vous buvez n’est pas éliminé par le foie mais direc-tement par l’air expiré, la peau, l’urine et la sueur. Avec seulement 1 pour cent, l’élimination à travers la peau est certes peu élevée mais elle présente l’avantage suivant : cette quantité d’alcool reflète, avec un décalage de 30 minutes à deux heures, la concentration d’alcool dans le corps. C’est un marqueur facilement accessible pour déterminer la consom-mation d’alcool.

Avec un petit appareil, le SCRAM®, de la société Alcohol Monitoring Systems, qui se fixe à la cheville, les mesures sont automatisées 24 heures sur 24 et les résultats sont envoyés à un ser veur central pour analyse. Le délinquant n’a aucune chance. Chaque violation des

conditions de sursis est sanctionnée. La technique du bracelet électronique est très complexe. «La mesure de l’alcool via la peau fonctionne comme un éthylotest électronique, avec un capteur électrochi-mique spécial», explique le Dr Jürgen Sohège, Chef de Pr oduit chez Dräger. «Toutes les demi-heur es, l’appareil prend des échantillons via la peau. Le capteur électrochimique transforme l’al-cool en f lux de courant, qui est ensuite mesuré.» Environ 10 000 appareils de ce type sont utilisés aux Et ats-Unis et les expériences sont très positives. Trois condamnés sur quatre respectent les conditions de mise en sursis. Quand les délinquants sont assignés à domicile, ils sont contrôlés au moyen d’un émetteur GPS situé dans l’appareil de mesure et 90% des délinquants se conforment aux restrictions imposées.

La lumière dans la peau

La mesure de l’alcoolémie n’est pas tou-jours utilisée pour sanctionner les délits liés à l’alcool. Il serait également pos-sible de s’en servir dans le domaine de la prévention routière, lorsque la conduite doit être interdite pour raisons de sécu-rité mais aussi sur le lieu de trav ail,

quand il faut être sobre pour utiliser cer-taines installations présentant un dan-ger. Ici, il n’est pas imaginable de stig-matiser des personnes irréprochables en leur imposant le port d’un détecteur d’alcool.

Les contrôles alternatifs avec des systèmes Interlock sont ici déjà réalité (cf. aussi p. 46–49). Mais il est aussi pos-sible de se ser vir de mesures optiques pour déterminer le taux d’alcool via la peau, en se basant sur les doigts. Des recherches aux Etats-Unis, effectuées avec le système Driver Alcohol Detec-tion System for Safety, DADSS, étu-dient les méthodes optiques à lumière infrarouge (NIR) dans le domaine de la circulation routière. Ces ondes élec-tromagnétiques de 0,7 à 2,5 µm pénè-trent dans le doigt à une pr ofondeur d’environ cinq mil limètres. Les rayons lumineux sont reflétés par les tissus. La réflexion de la lumière permet de déterminer le taux de concentration d’alcool dans les tissus et peut empê-cher de démarrer un véhicule. Un appa-reil fixe, équipé de cette technologie, le TruTouch® 2500 de TruTouch Techno-logies, est déjà disponible sur le mar -ché. Il est utilisé à titr e préventif dans P

HO

TOS

: J

FX

IM

AG

ES

/ C

OLO

UR

PR

ES

S.C

OM

, A

CT

ION

PR

ES

S /

BA

UE

R-G

RIF

FIN

, B

AR

TE

E P

HO

TOG

RA

PH

Y /

SC

RA

M (

2)

Draeger_F_020 20 29.07.13 14:04

Page 21: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

21REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

les métiers à hauts risques pour garan-tir que les collaborateurs soient vrai-ment à jeun.

«Cette technologie à infrarouge n’est pas encore tout à fait au point mais elle s’avère intéressante pour l’avenir», explique le Dr Sohège. En Allemagne, une société de Hambourg (Der malog

Identification Systems GmbH) travaille sur le développement des mesures trans-dermiques basées sur la tec hnologie à infrarouge de proximité. Dans ses essais, la physicienne Clarissa Hengfoss a prouvé qu’une mesure spectroscopique de l’alcool pouvait être effectuée au moyen des tissus des doigts. Mais cette méthode

rencontre des problèmes dans la pra-tique : diffusion de la lumière dans les tissus, recoupements des lignes spec-trales de l’alcool e t des lignes de pr o-téines et graisses, calibrage insuffisant. «Nous avons fait des progrès mais cela prendra encore du temps», dit le gérant Günther Mull. Regina Naumann

Di debitem autem ipsam harciis alicip-

sus exeruptaqui nestrum as-

sedic tem eos eic tem id mo diandebisque sit quam que volupta illist

isitibus

Le bracelet électro-nique SCRAM surveille constamment le taux d’alcool d’un délinquant

Une actrice américaine avec bracelet : Lindsay Lohan a conduit en état d’ébriété – et a dû porter un bracelet élec tronique. A droite : Andy Dick lors d’une première à Los Angeles (2009)

Idée captivante Ceux qui pêchent paient. Mais on peut aussi miser sur la prise de conscience et le changement des comportements. Le moyen : un contrôle continu (24/24) des comportements avec un bracelet électronique de SCRAM (Secure Continuous Alcohol Monitor). Il mesure l’alcool via la peau toutes les 30 minutes et envoie ces valeurs et le contrôle de température à un serveur central, soit directement via une puce intégrée, soit via une station de base.

Draeger_F_021 21 30.07.13 16:31

Page 22: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

22 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

EFFETS ÉTHANOL

ILLU

ST

RA

TIO

N :

PIC

FO

UR

Affaire de nerfs Petites quantités, gros effets : même de faibles quantités d’alcool réduisent la COORDINATION ET LES RÉACTIONS.

Souvent, l’alcool semble une é vi-dence. Un verre de vin nous donne des ailes et la bière nous rend gais.

L’effet inhibant d’une boisson alcooli-sée (une «boisson standard» en Europe contient dix grammes d’éthanol) n’est rien d’autre que le premier effet d’un processus complexe qui affecte le sy s-tème nerveux central (SNC). Les molé-cules d’éthanol se déposent dans les pro-téines des cellules nerveuses et modifient leurs fonctions. Les canaux d’ions, r es-ponsables de la transmission des signaux

entre le système nerveux central et les muscles, sont influencés par l’éthanol. Certains stimuli s’en trouvent renforcés, d’autres sont au contrair e réduits. Le cerveau perd par exemple la capacité de reconnaître les situations dangereuses et de réagir en conséquence. Une étude du National Institute on Alcohol A buse and Alcoholism dans le Mar yland, aux Etats-Unis, a démontré ces effets sur le cerveau au moyen d’une IRM.

L’effet se f ait sentir envir on deux minutes après la consommation de la pre-

mière boisson et augmente proportion-nellement en fonction de la concentra-tion d’alcool, pouvant aller jusqu’à des dysfonctionnements graves. Subjective-ment, l’éthanol a tout d’abord un effet sti-mulant, anesthésiant et réconfortant. Des doses plus élevées occasionnent agressivi-té et baisse des capacités mentales, orales et visuelles. On finit par être étourdi et par perdre connaissance. Le niveau fixé pour la perte de la coor dination et des réac-tions diffère selon les individus. L’Insti-tut Allemand pour la Sécurité au Travail constate ce qui suit dans la banq ue de données GESTIS : «Les performances du SNC peuvent diminuer avec une concen-tration d’éthanol de 200 à 300 mg/litre de sang (0,2 à 0,3 g/litre de sang). De 0,6 à 0,7 g/litre de sang, l’influence de l’al cool sur l’organisme est souvent extrême.»

Carrousel des sens

Certains effets consistent en un large éven-tail de symptômes combinés. Les vertiges, liés à l’intoxication à l’alcool, sont occa-sionnés par une per turbation de la syn-chronisation neurologique des sens néces-saires à l’équilibre. Les vertiges, liés aux changements de position, sont dus à la dif-fusion d’éthanol dans la cupule de l’or-gane responsable du sens de rotation. Nor-malement, la cupule et les lymphes ont le même poids spécifique. Avec un taux d’al-cool de 0,3 g/litre de sang, le poids spéci-fique de la cupule diminue nettement par rapport à celui de la lymphe, qui réagit aux rotations et aux changements de position de la tête. Cela occasionne les vertiges, qui peuvent aussi survenir lorsque l’éthanol est de nouveau éliminé. Peter Thomas

Cerveau : diminution du nombre de cellules, perte de mémoire, de concentration, de jugement, d’intelligence, jusqu’à une déficience mentale totale

Cœur :haute tension, troubles cardiaques, inflammations du muscle cardiaque

Pancréas : dysfonctionne ments, inflammations (pancréatite)

Organes génitaux : baisse de libido, impuissance

Peau : pâteuse, gonflée

Estomac et intestins :inflammations (gastrites), dysfonctionnements, cancer

Personnalité : manque de fiabilité, irritabilité, jalousie maladive, angoisses, dépression, envies suicidaires

Nerfs :perturbations, crampes, tremblements, picotements

Foie : gras, gonflé, cirrhose, cancer

Bouche, pharynx, œsophage : cancer

Nez :gonflé

Estomac :surpoids

Comment l’alcool nuitConséquences d’une consommation exagérée

Draeger_F_022 22 29.07.13 14:05

Page 23: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

23REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

SELS DE BAIN IVRESSE LÉGALE

PH

OTO

S :

PIC

TU

RE

AL

LIA

NC

E,

STA

R-M

ED

IA

Substances artificielles Le monde de la drogue est en mutation, surtout pour les DROGUES SYNTHÉTIQUES, avec sans cesse de nouveaux produits sur le marché. Les stupéfiants, vendus sous le nom de «sels de bain», se vulgarisent. Leurs effets ébranlent même les médecins les plus expérimentés.

Sels de bain, Spice, eng rais natu-rels, ce qui a l’air si anodin peut en fait s’avérer très dangereux.

Outre les stupéfiants classiques connus, les ivresses légales, vendues sous des noms fantaisistes, jouent un r ôle de plus en plus important. Ces substances synthétiques ne sont légales q ue dans la mesure où elles ne sont pas encore illicites. Mais les gouver nements tra-vaillent à les interdire dans de nom-breux pays. Cela reste partout et tou-jours une course contre la montre car les producteurs devancent toujours les interdictions en inventant de nouveaux mélanges.

En Allemagne, la commer cialisa-tion et la cons ommation de ces dr o-gues ne peut être effective que tant que ces substances n’apparaissent pas au registre légal des stu péfiants. Les pro-duits, déclarés comme sels de bain ou comme mélanges à fumer, ne sont pas proposés officiellement pour la consom-mation humaine, ce qui rend leur inter-diction difficile, même aux Etats-Unis.

Tendances régionales

Le problème doit être résolu d’urgence. En 2012, le Centre Européen d’Observa-tion des Drogues et l’Addiction (EBDD) a découvert 57 nouvelles variantes de drogues synthétiques. Trois ans plus tôt, elles n’étaient encore qu’au nombre de 24. Wolfgang Götz, président de l’EBDD, tire la sonnette d’alarme. Il faut mettre en place un registre international pour endiguer la prolifération de substances psychoactives. Un aperçu des nouvelles substances synthétiques présente une

image très hétérogène. Leurs effets res-semblent à ceux des stupéfiants mais les substances synthétiques ont une com-position chimique différente. Cela vaut pour les cannabinoïdes synt hétiques, qui se fixent sur les récepteurs du cer-veau, contenus dans les mélanges à fumer. Les cathinones synthétiques sont vendus comme sels de bain. Les ivresses légales sont souvent plus t oxiques et plus fortes que les drogues habituelles. Leurs risques psychiques et physiques sont donc supérieurs à ceux des stupé-

fiants habituels et peuvent les démul-tiplier, par exemple si on les combine avec d’autres produits.

Des histoires affreuses ont cir cu-lé sur les effets des substances conte-nues dans les «sels de bain», comme la méphédrone ou la méthylène dioxypro-valérone. Aux Etats-Unis, selon le «New York Times», un homme aurait grimpé à un poteau et aurait sauté sur la route, en plein milieu du trafic. Un autre se serait introduit dans un couvent et aurait poi-gnardé un prêtre. Peter Thomas

Fausses étiquettes : les producteurs de drogues essaient de contourner les interdictions avec de nouvelles substances, comme ce mélange d’herbes, contenant des drogues, qui n’est pas destiné à la cuisine ou à préparer un thé à la camomille. Il s’agit de s’enivrer et ces échantillons ont fini dans le service de chimie de l’office de la police judiciaire de Francfort-sur-le-Main

Draeger_F_023 23 29.07.13 14:05

Page 24: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

24 REVUE DRÄGER 7 / SPÉCIAL

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

La trace de la saliveLes dépistages sanguins et urinaires habituels sont coûteux et parfois trompeurs quand il s’agit de démasquer des personnes droguées au volant. Depuis quelques années, en Belgique, la police détecte les chauffeurs sous l’emprise de la drogue au moyen de TESTS DE SALIVE MODERNES et en Australie, il faut même s’attendre à un contrôle inopiné sur le lieu du travail.

Ross Rebagliati a marqué l’histoire du sport. En 1998, à Nagano, au Japon, ce snowboarder canadien a

remporté la première médaille d’or dans cette discipline lors des Jeux olympiques d’hiver. Il a également été le pr emier sportif des Jeux olympiques à être démas-qué pour avoir consommé du cannabis. Rebagliati figure malgré tout encore dans la liste des vainqueurs olympiques.

Aujourd’hui, le cannabis, une plante de chanvre, fumé sous forme de résine séchée (haschich) ou d’herbe séchée (marijuana), figure sur la liste des subs-tances de dopage interdites, non pas parce que le cannabis augmente la r ésistance physique du corps à l’infini mais parce que son composant actif, le tétrahydrocan-nabinol (THC) déshinibe les at hlètes et augmente leurs prédispositions à prendre des risques. Cela peut s’avérer très dan-gereux sur les pistes escar pées. «Ceux qui fument des joints pr ennent plus de risques !». C’est en ces termes que le ser-vice suisse spécialisé dans les problèmes liés à l’alcool et aux autres drogues a tiré la sonnette d’alarme dès 2002 en parlant des pipes de cannabis. Mais, pour les fans, les pistes de snowboard attractives doivent toujours continuer à s’appeler «Halfpipe».

Valeurs limites pour les drogues

Le cannabis est la drogue «illégale» la plus consommée au monde. Selon les estima-tions de l’United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC), en 2010, jusqu’à cinq pour cent de la population terrestre, âgée de 15 à 64 ans, soit une per sonne sur 25, auraient fumé au minimum un joint au cours de leur vie. Les dr ogues

dites dures comme l’héroïne, la cocaïne ou l’ecstasy sont consommées nettement moins fréquemment (tableau 1).

Outre l’alcool, le cannabis est la dro-gue qu’on retrouve le plus fréquemment sur les routes, comme le prouve l’étude DRUID (Driving Under Influence of Drugs, Alcohol and Medecines) de l’ of-fice fédéral allemand en charge de la cir-culation routière, publiée en 2011. Dans le cadre de cette étude, presque 50 000 conducteurs ont été arrêtés et contrôlés pour leur taux d’alcool, de stupéfiants ou de médicaments. Les auteur s de cette étude ont finalement recommandé d’ins-taurer des seuils limites pour fixer l’inca-pacité de conduire sur la base de ce q ui existe déjà pour l’alcool.

Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Pour l’alcool, il n’existe pas seulement des valeurs limites bien ét ablies mais aussi des appareils de contrôles mobiles et simples d’utilisation, qui permettent d’obtenir directement sur place des ana-lyses fiables et exploitables devant les tri-bunaux (cf. aussi p. 14 –19). En revanche pour le contr ôle de dr ogues, les poli-ciers doivent par exemple, en Allemagne, faire procéder à une pr ise de sang sur les conducteurs suspects. Les r ésultats des tests d’urine quant à eux ne sont que «relativement fiables».

Les Etats-Unis réclament de nou-veaux procédés de tests. «N os policiers ont besoin d’une technologie qui, comme pour les appareils de contrôle d’alcoolé-mie basés sur l’air expir é, permette de constater en temps réel l’incapacité de conduire en cas de consommation de drogues», constate le sénateur amér i-

Frais dans le blister : poreux, pour des échan-tillons et tests de drogues

Draeger_F_024 24 29.07.13 14:05

Page 25: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

TEST DE SALIVE TEST DE DROGUE

25REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

cain Charles Schumer en janvier 2012. «Donc avant que ces conducteurs ne puis-sent causer des dommages irréparables.»

Bien que drogues et médicaments lais-sent de nombreuses traces indubitables dans l’organisme, la plupar t des subs-tances métabolisées ne sont pas adap-tées pour un test apide e t fiable. Ces substances sont présentes pendant plu-sieurs mois, par exemple dans les cheveux et les ongles. Elles ne permettent cepen-dant pas de dire exactement quand une substance a été ingérée. C’est également impossible avec des patches, qui doivent

Tableau 1 : Consommation mondiale de drogues illégales

Source : UNODC 2012 ; 1.) Question : combien de personnes entre 15 et 64 ans ont consommé cette drogue pendant les 12 derniers mois ? ; 2.) = Estimations minimales et maximales

Drogue Consommation [(en pour cent : 1.), 2.)]

Cannabis 2,5 – 5,0

Opioïdes (p. ex. héroïne)

0,6 – 0,8

Opiacés 0,3 – 0,5

Cocaïne 0,3 – 0,4

Stimulants similaires aux amphétamines

0,3 – 1,2

Ecstasy 0,2 – 0,4

Autres drogues 3,4 – 6,6

rester appliqués sur la peau pendant plu-sieurs jours.

Mais le sang humain est très différent. Il fournit des résultats rapides étant don-né que les stupéfiants sont absorbés immé-diatement après avoir été consommés et qu’ils se diffusent dans tout le corps. La composition chimique du sang est sem-blable chez tous les hommes et ne peut pas être manipulée pendant la prise de sang. Ainsi, les analyses sont très fiables. En outre, la concentration d’une subst ance dans le sang per met de statuer directe-ment sur ses effets induits sur le système nerveux. Cependant il existe un inconvé-nient majeur lorsqu’il s’agit de contrôles routiers spontanés. Les prises de sang sont invasives et ne peuvent être effectuées que par du personnel médical.

Test de salive efficace

Le test d’urine, qui sert souvent de préli-minaire avant une prise de sang, ne contri-bue que peu à un test de drogues rapide et fiable. Pour préserver la sphère intime des personnes testées, il faut effectuer les tests de façon discrète et les résultats peuvent donc être manipulés facilement. Un autre problème se pose : ce tte solution induit régulièrement des «faux-positifs», provo-quant des analyses de sang coûteuses et inutiles. En effet, le sous-produit métabo-lique du principe actif du cannabis (THC) réagit nettement plus longtemps lors d’un test urinaire que la substance elle-même. Cela augmente le r isque de voir annuler juridiquement le test sanguin car les tr i-bunaux ne reconnaissent que les preuves directes de présence de THC, afin de confirmer une incapacité de conduir e.

Le cannabis est la drogue «illégale» la plus consommée au monde. Selon des estimations, jusqu’à cinq pour cent des adultes à travers le monde entier ont fumé au moins un joint dans leur vie. Les dro gues dures (héroïne, cocaïne ou ecstasy) sont consommées moins fréquemment >

Hygiénique dans les labos : avec

le DCD 5000, échantillons en

bas, manche en haut

Ça suffit : un marquage

coloré indique la quantité de

salive suffisante pour une

analyse

Draeger_F_025 25 30.07.13 15:09

Page 26: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

26 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

Maniement hygiénique du DrugTest 5000 :

Echantillon avec cassette-test préparée

Marquage coloré pour la limite de salive

Insérer dans l’appareil d’analyse

Analyse et résultat en quelques minutes

1. 2. 3. 4. 5.

> La manifestation du sous-produit méta-bolique seul est légalement inexploitable.

En Belgique, le pourcentage des «faux-positifs», relevant des tests urinaires, s’est élevé à 15 pour cent. Une prise de sang sur sept se révélait donc inutile, mais géné-rant des désagréments, tant pour les per-sonnes contrôlées, que pour les forces de l’ordre. Longtemps, il n’y a pas eu d’alter-native à cette pratique. Avec l’obligation légale de procéder à des tests saliv aires en 2010, ce pay s s’est engagé sur une nouvelle voie. Depuis, les contr ôles rou-tiers suivent une procédure très stricte. Si un conducteur se com porte de façon suspecte, on procède à un test saliv aire in situ. Si la concentration de différentes substances dépasse un certain seuil (cf. le tableau 2), on prélève un second échan-tillon de salive et on envoie l’analyse dans un laboratoire pour confirmation. Si le conducteur s’y refuse ou s’il ne peut pas faire le test salivaire, une prise de sang est effectuée à l’hôpital le plus proche. Les études prouvent que le nombre de conducteurs contrôlés «positifs» a aug-menté depuis l’introduction de ces tests. En France, le test salivaire est également prévu par la loi, tout comme en Espagne, où il n’existe actuellement pas de seuils de détection.

A point

La salive propose d’aussi bonnes proprié-tés pour un test de dr ogues que le sang. Elle se compose à 99 pour cent d’eau, qui parvient dans les g landes salivaires depuis les vaisseaux sanguins et dépose ainsi de nombreuses substances solubles dans la bouc he et le phar ynx, notam-

0,28 millilitres de salive suffisent pour détecter différentes drogues rapidement avec le DrugTest 5000 (voir ci-dessus), comme ici, en Australie

L’appareil est conçu pour un maniement simple, hygiénique et autonome, même dans des conditions difficiles

Draeger_F_026 26 29.07.13 14:05

Page 27: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

TEST DE SALIVE TEST DE DROGUE

27REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Le THC est détectable aussi longtemps dans la salive que ses effets

ment les substances actives contenues dans les drogues. Comme pour le sang, il est possible de déterminer précisément le moment d’ingestion des drogues ainsi que leurs effets induits sur le système ner-veux. L’échantillon peut être prélevé faci-lement, rapidement et de façon fiable. Ce procédé est également adapté au canna-bis (THC) bien que cette substance passe en très petite quantité du sang dans la salive. Car les traces de ce tte substance, qui s’accumulent dans les muqueuses, peuvent être détectées tant que les effets de la drogue persistent sur l’organisme.

Comme à la chaîne

En outre, les solutions de dépist age sali-vaire, comme le DrugTests 5000 de Dräger lancé en 2008, fournissent des résultats très fiables. Cet appareil détecte des quan-tités infimes de substances (THC : cinq nanogrammes par millilitre) et dépiste les substances illicites dans une fenêtre de cinq à huit heures, avec un échantillon de seulement 0,28 millilitres de salive. «Ainsi, il est possible de déterminer préci sément si une personne a récemment consommé de la drogue et si elle est toujours sous l’in-fluence de cette substance», explique le Dr Stefan Steinmeyer, responsable des «tests de drogues» chez Dräger.

Outre la tec hnique, les bases jur i-diques sont importantes aussi. Les tests salivaires ne sont donc effectués en masse qu’en Australie. Là, les contr ôles de dro-gues sont ef fectués en g rand nombre depuis 2004. Mais la consommation de cannabis y est nettement plus élevée que partout ailleurs dans le monde. Selon l’UNODC, en Australie e t en Nouvelle-

Selon l’UNODC, au moins un adulte sur neuf a consommé du cannabis en 2012 en Australie et en Nouvelle-Zélande

Source : UNODC 2012, question : combien de personnes entre 15 et 64 ans ont consommé cette drogue pendant les 12 derniers mois ?

Zélande, un adulte sur neuf a consommé du cannabis en 2012 (cf. le tableau 3). En Australie, les contrôles commencent sur la route. Contrairement à la Belgi que, où l’on ne contrôle pas en cas de suspicion mais systématiquement, à titre préventif. Entre 2004 et 2009, plus de 100 000 auto-mobilistes ont été contrôlés rien que dans l’Etat de Victoria. Ici, les tests rapides de salive sur le bord de la route fonctionnent comme à la chaîne (cf. aussi Revue Drä-ger 4, p. 16 et suivantes).

Les contrôles sur le lieu de travail ont également augmenté, comme l’indique Michael Wheeldon, Directeur Général de la société Integrity Sampling Ltd, fournis-seur de tests de drogues. Cette société a été fondée en 2001 avec l’idée de contrôler les salariés à la demande de leurs employeurs. Comme lors de contrôles routiers, le pour-centage de contrôles positifs est d’environ deux pour cent. «Durant les dix dernières années, le nombre de tests a constamment augmenté», dit Wheeldon. «En 2012, nous avons effectué environ 35 000 dépistages d’alcool et de drogues avec les éq uipe-ments Dräger.» Au début, il s’agissait sur-tout d’exploitants de mines. Aujourd’hui, les demandes viennent de toutes les indus-tries où la sécurité joue un rôle important.

Le directeur n’a pas peur de voir la demande baisser. «Les employeurs aus-traliens sont légalement tenus de veiller à la sécurité de leurs employés sur le lieu de travail.» Pour cela, il faut que tous les col-laborateurs soient sobres. Frank Grünberg

Substance Test prél. Conformation

Salive Salive Sang(plasma)

THC (Cannabis)

25 10 1

Amphétamine, Ecstasy

50 25 25

Opiacés 10 5 10

Cocaïne, Ben zoylecgonine

20 10 25

Tableau 2 : contrôles de drogues en Belgique : Valeurs limites (les «Cutoffs») en ng/ml de substances

Source : DRUID : Oral fluid and blood confirmation compared in Belgium. Van der Linden T, Legrand SA, Silverans P, Verstraete AG. J Anal Toxicol. 2012 Jul ; 36(6) : 418–21

Région Consommation (%)

Océanie 9,1–14,6

Amérique du Nord 10,8

Afrique de l’ouest/centrale 5,2–13,5

Europe de l’ouest/centrale 7,0

Asie 2,2

Tableau 3 : consommation de cannabis par région

En Belgique, en cas de doute, les contrôles routiers se conforment à une réglementation très stricte. Si les automobilistes présentent des signes suspects, on prélève un échantillon de salive. Si la concentration dépasse un certain seuil, on effectue un deuxième test plus strict. Si l’automobiliste refuse, on demande une prise de sang à l’hôpital le plus proche

Programme UE «DRUID» : Appareils/Tests de drogues rapides, pour plus de sécurité routièrewww.draeger.com/7/ddt5000

Draeger_F_027 27 30.07.13 15:09

Page 28: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

FACTEUR DE RISQUES L’HOMME

28 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

: U

LL

ST

EIN

BIL

D –

ST

ILL

PIC

TU

RE

S/A

L G

RIL

LO

RRREVURRREREREEVUEVUEVUEVEVVEVUVUEVUEVUEVUEVEVUEVUEVUREVUREVVURRRREEVUEVUEVUEVUEVUREVUUUUUEVUVUEEVUEVUEVUEVUEVUEVUUUUUREEEVEVUVUVUEEVUEVUVVUE UE UUUUREREVUVUUEVUREEVUEVUVUURREVUVUVUVUUEEVVUREVUVUVR VUVVVUVVEVURR VVUUUUE DRE DRE DRE DREE DRE DRDRE DRE DRE DRDRE DRE DE DDRE DRDE DRE DRE DRE DRE DRE DRE DREE DRDRDDDE DRRRRE DE DRDDRRRE DRE DRE DRE DRDRDRE DRE DRE DRE DRDDDRDRE DRRE DRDRDE DDE DRE DRE DRE DRE DRE DRDDDRRE DRRDRE DRDE DRDRREE DDRE DDEE DRE DE DE DDRDRÄGEÄGÄGEÄGÄGÄÄGEÄÄÄGÄGÄGÄGÄGGÄGÄGEÄGEGEGEEEREEREERERERERERERRERERERÄGÄGÄÄGÄGEGEGEGERERÄÄGEÄGÄGGEÄGGEEERERERRÄÄGÄGGERERÄGÄÄGÄGEEÄGÄGEGEEERÄGEÄGEGEREEERERERÄÄGÄGÄGEEEEEEEEERÄÄÄGGÄG RRRRGERÄGGEGEEEEGEEERERRRRRERÄGÄGGGGEEEEERRERRÄGÄGGGEERRGERRRRGEGEERREERGERRRRÄÄÄÄÄÄGGEEERRRÄÄGGGEEEEEEERÄ EEEÄÄÄÄGGEÄÄÄ ERÄ EEEE 7 7 7 7 7 77 7 7 7 |||| 7 77 7 ||||7 |7 7 777 7 ||7 7 7 777 7 ||77 7 7 7777 7 7 7 7 |7 777 |77777 ||||||| SPÉSPÉ SPSPSSS S SP S SSSSSSSPSPPÉPÉPÉSPÉPÉPÉÉPÉPÉÉÉÉÉSP SPÉ SPSPÉSPÉPSPÉPÉÉ SPSSPPÉSPSPSPÉPÉSPÉSPÉ SPSSPÉPÉSPÉPÉS ÉPÉPÉÉÉÉÉPÉÉ SPÉÉÉSSPÉ SSPÉÉÉPÉSPÉPÉÉPPÉPPÉPÉSPÉSPPÉÉÉÉSPÉÉSS S ÉÉÉÉÉÉSS ÉÉCICIACIACICICIALCIALCIALALCIALCIAAACIAAAAALALALALALALALLCICCIACIALCICIAACIACIALAAALALALCIALIACIAIACIALALALAAALALIIACIAAAAALALALLALLCIACC AAAACICIALCIAALLCICIAALLCCICIAAALLLCCIC AAAAALAAAAALLCCCIAAAAAACICIAALAAALALLC ALALC AAALAAALLLLLLC AAAALC AAAL

Risques et effets secondairesUne chaîne n’est jamais plus résistante que son maillon le plus faible. Chaque MESURE DE SÉCURITÉ ne peut être plus efficace que celui qui l’applique. S’il est ivre, il ne risque pas seulement sa propre sécurité.

P eut-on encore vraiment distin-guer la route de la piste d’atterris-sage après avoir bu une bouteille

de vin ? Ou ser iez-vous encore en état de prendre le volant ? Toute personne sensée répondrait alors «Non !». Mais, en 1968, le journal allemand «Die Zeit» commentait encore avec épouvante le projet de loi du Bundesrat d’abaisser le taux d’alcool autorisé de 1,3 à 0,8 g/litre de sang (cf . aussi p. 42–45). «Un modèle d’absurdité», écrivait le jour -nal qui se plaignait qu’on retirât aux citoyens la liberté de juger s’ils étaient en état de conduire et de pénaliser ceux qui conduisaient correctement, même sous l’emprise de l’alcool. L’évaluation subjective du danger comptait encore beaucoup à l’époque.

Haschich aux commandes

Nous savons aujourd’hui que toute auto-évaluation concernant ses propres capa-cités à conduire après avoir bu est une vraie loterie. Parfois on gagne, parfois on perd. Certains pilotes peuvent peut-être encore réussir les atterrissages pendant des années comme Denzel W ashing-ton dans «Flight» après plusieurs verres de vodka et de la cocaïne. D’autr es en revanche, manqueront la piste d’atter -rissage juste avec une bonne gueule de bois. Les systèmes de pilotes automa-tiques ne peuvent pas r emplacer les pilotes attentifs et les voitures équipées d’airbags ne peuvent pas em pêcher les collisions frontales.

Un avion de ligne r usse s’est écrasé sur les rails du Transsibérien peu avant d’arriver à destination en 2008. L’ivresse

du pilote a coûté la vie à 88 per sonnes. En revanche, la marée noire au large des côtes de l’Alaska ne peut pas être imputée au capitaine du pétrolier Exxon Valdez, échoué en 1989 car il était couché ivre mort dans sa cabine alors que son équi-page provoquait l’une des plus g randes catastrophes écologiques de l’histoire de la navigation maritime. Deux ans plus tôt, un train Amtrak s’était fracassé sur des locomotives Conrail à 174 km/h dans le Maryland, aux Etats-Unis, entraînant le décès de 16 personnes et 170 blessés. L’équipe du convoi Conrail av ait fumé un joint 18 minutes plus tôt et avait igno-ré un signal. Un ingénieur alcoolique et dépendant aux drogues, a été ensuite désigné comme principal responsable de cet accident.

Aujourd’hui, on tient com pte de tous les risques possibles en matière de sécurité. Les machines sont conçues pour une interaction optimale avec l’homme. On prévoit toutes les situa-tions et variantes et on met au point des scénarii pour rendre l’inprévisible aus-si prévisible que possible, à savoir le fac-teur humain. Entre-temps, le taux d’al-cool de 0,5 mg/litre d’air expiré est entré en vigueur en Allemagne. Dans de nom-breux pays slaves et baltes, les automo-bilistes doivent être entièrement à jeun. A juste titre, comme le pense Mic hael Klein, professeur à l’Institut allemand de recherche sur l’addiction et la pré-vention de l’Université catholique de Rhénanie- Westphalie : «Le pr oblème avec l’alcool, c’est qu’on ne ressent pas encore ses effets alors que la perception est déjà affectée.» C’est déjà le cas bien >

Draeger_F_028 28 29.07.13 14:05

Page 29: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

Marée noire : le capitaine ivre du pétrolier Exxon Valdez a

provoqué une des plus grandes catastrophes environne-

mentales de tous les temps

Faits et chiffres u Une personne sur dix, tuée sur les routes en Allemagne, est victime de l’alcool u Les médicaments et drogues sont impliqués dans environ 14 à 17 pour cent des accidents de la route avec des morts et des blessés u En Amérique du Nord, le nombre d’automobilistes consommant des drogues illicites dépasse le nombre de conducteurs en état d’ébriété u La combinaison de drogues, de médicaments et d’alcool augmente nettement le risque d’être blessé ou tué

Draeger_F_029 29 29.07.13 14:05

Page 30: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

30 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

avant l’ivresse manifeste et donc parfois dès 0,3 g/litre de sang.

Le problème, qui fait des hommes un facteur de r isque sur les r outes et dans les domaines liés à la sécurité, est l’effet inhibant. Les c hoses, qui sont normalement endiguées, sont libérées par les subst ances psychotropes. On perd la crainte de faire des manœuvres dangereuses car la peur est bloq uée. «Le comportement humain est un fra-gile équilibre entre esprit d’initiative et inhibition», explique Michael Klein. «Les personnes parfaitement socialisées

ont acquis un degré élevé de contrôle de l’agressivité. Mais ce contrôle est inhibé par la consommation d’alcool et d’autres drogues. Cela libère un certain potentiel d’agressivité.»

Quand les émotions ne peuvent plus être interprétées

Une étude du National Institute on Alco-hol Abuse an Alcoholism (NIAAA) dans le Maryland démontre que l’alcool peut modifier la perception du cerveau. Les IRM ont permis aux chercheurs d’étu-dier le traitement des émo tions. Un

groupe de participants à cette étude a reçu des infusions d’alcool e t un autre des sérums physio logiques. Ensuite, on a présenté différents visages et dif-férentes expressions aux deux groupes et on a scanné leur cer veau. Dans cer-taines zones du cer veau, les personnes testées, qui étaient sobres, ont réagi dif-féremment aux expressions neutres ou de terreur. Les participants alcoolisés n’ont fait aucune différence. Les per-sonnes alcoolisées ne r econnaissent pas le danger émanant d’une autre per-sonne et elles ne peuvent pas dé velop-per de stratégies pour éviter les conflits.

Une étude de l’U niversité de Gre-nade, en Espagne, a f ait ressortir des résultats similaires selon lesquels les personnes sous influence de drogues ont des difficultés à interpréter les émotions dans les visages de leur vis-à-vis. Plus la consommation était élevée dans le passé, plus il était difficile de recon-naître la colère, la rage ou la peur. Une autre étude de cette université a fait res-sortir que 70 pour cent des dépendants à la drogue souffraient de troubles neuro-psychologiques de la mémoire, du trai-tement des émotions et de la capacité à prendre des décisions, indépendam-ment du fait qu’il s’agisse de consom-mation d’alcool, de cannabis, d’amphé-tamines ou de cocaïne.

Les conséquences ne se limitent pas aux métiers à risques. C’est surtout le manque de discernement dans certaines situations qui rend les drogues ou l’al-cool dangereux lors de matches de foot-ball, de manifestations et en société au quotidien. Viennent s’y ajouter les chan-

Ennemis du système nerveuxIls font partie du système nerveux végétatif avec des fonctions diverses : le nerf grand sympathique et le parasympathique. Ils sont adversaires et gèrent les fonctions corporelles importantes. L’alcool et les drogues perturbent leur travail

>

Cœur :fréquence �force �tension artérielle �

Bronches :anévrisme

Système nerveux central :enthousiasmeattention

Foie :réduction des glycogènes dégagement de glucose

Yeux :extension des pupilles

Salive : faible quantité, visqueuse

Estomac et intestins :péristaltique �tonus du sphincter �circulation sanguine � Vessie :

tonus du sphincter �tonus du muscle �

Muscle du squelette :tonus du sphincter �tonus du muscle �Nerf sympathique

Attaque/Fuite

PH

OTO

S :

SH

UT

TE

RS

TOC

K,

ISTO

CK

PH

OTO

Draeger_F_030 30 29.07.13 14:06

Page 31: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

L’HOMME FACTEUR DE RISQUES

31REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

gements de personnalité et la prédispo-sition à la violence, liés sur tout à l’al-cool. «La question de savoir si quelqu’un va devenir violent ou non est une q ues-tion de probabilité. Le problème, c’est que de nombreuses personnes pensent avoir le droit de devenir agressives sous l’influence de l’alcool», explique le Dr Klein, spécialiste de l’addiction. Ce n’est pas le cas partout. En Allemagne, on ten-drait à excuser plus rapidement qu’en Chine ou dans les sociétés islamiques les délits commis sous l’inf luence de l’al-cool. «Les Américains appellent cela le ‘German Discount’ : ceux qui sont ivres ne sont pas tenus pour entièrement res-ponsables et bénéficient d’une respon-sabilité pénale atténuée.»

Dans de nombreux domaines, on tente d’exclure les risques liés à l’in-fluence de substances psychotropes en interdisant strictement l’alcool et les drogues. Dans l’aviation, on inter dit la consommation d’alcool au per son-nel volant et au sol et on effectue des tests inopinés sur le plan internatio-nal. En fonction du pays et des conven-tions conclues, les pilo tes sont tenus de ne pas consommer d’alcool un cer -tain nombre d’heures avant leur ser-vice. Mais dans la réalité, les tests sont rares. Même des examens médicaux effectués sur plusieurs années ne révè-lent pas toujours une addiction.

Il semble décisif de com prendre le danger, comme le conf irme Markus Wahl, de l’association allemande des pilotes allemands : «Nous voulons être sûrs de trav ailler en t oute sécurité. C’est l’essentiel.» Il pense que les rela-

tions entre collègues soient plus impor-tantes que des tests irréguliers. «On est irrité quand le pilote se met à bégayer ou sent l’alcool. On a des soupçons quand il prend des décisions bizarres.» Reconnaître ces signes f ait partie de notre formation. Il faut en parler et ne pas taire les faits. Même les jeunes pilotes doivent en parler aux collègues expérimentés et agir. «Avec toutes les conséquences imaginables, y compris l’annulation du vol !»

Nombreux règlements,peu de standards

La législation n’est pas cohérente, que ce soit en Allemagne ou à l’inter natio-nal. Le danger potentiel occasionné par une entreprise, par exemple une usine chimique, le métier exercé, comme par exemple un grutier ou simplement les prescriptions de sécurité au travail et de prévention des accidents, résulte d’une interdiction diffuse de consom-mer des drogues ou de l’alcool pendant les heures de travail. Cela vaut aussi pour les conducteurs de transports de matières dangereuses et de personnes ainsi que

Cœur :fréquence �tension artérielle �

Bronches :rétrécissementsécrétion �

Yeux :vision de près rétrécissement des pupilles

Salive :grande quantité, fluide

Estomac et intestin :sécrétion �péristaltique �tonus du sphincter �

Vessie :tonus du sphincter �tonus du muscle �

pour les policiers, les pompiers ou les urgentistes. Des règlements nationaux s’appliquent pour la plupart des métiers à hauts risques, mais peu de st andards existent au niveau inter national. A la demande de l’Allemagne, l’organisation maritime internationale (IMO) a fixé une limite du taux d’alcool de 0,5 g/litr e de sang pour toutes les personnes qui occu-pent des postes à r esponsabilité sur des navires. Mais dans d’autres domaines, les règlements sont moins clairs et seules des conventions collectives fixent les règles. Ces conventions prévoient des dépistages de drogues et d’alcool dans les contrats mais ne rendent pas l’homme plus pr é-visible. Isabell Spilker

ParasympathiqueDétente/Décontraction

Liens (en anglais) u Projet DRUID (Conduire sous l’influence de drogues, d’alcool et de médicaments) : www.druid-project.eu u Etude : «Why we like to drink», NIAA, Maryland, USA, publiée dans le Journal de neuroscience : http://www.jneurosci.org/content/28/18/4583.short u Etude : «Alcohol and fear-potentiated startle : the role of competing cognitive demands in the stress-reducing effects of intoxication», publiée dans le Journal de la psychologie déviante : http://psycnet.apa.org/journals/abn/107/4/

Draeger_F_031 31 30.07.13 15:09

Page 32: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

32 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

FO

TO:

BL

IND

Au travail aussi, l’addiction à l’alcool

peut être un fléau, faire perdre le sens

des réalités et conduire à la solitude

Ivreau

travail

Draeger_F_032 32 29.07.13 14:06

Page 33: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ADDICT ION LE MONDE DU TRAVAIL

33REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL * nom modifié

Que ce soit de l’alcool fort avant le travail, un verre de prosecco à midi, un joint le soir devant la télé ou la cocaïne quotidienne aux toilettes, travail, alcool et drogue ne font pas bon ménage. Surtout quand la SÉCURITÉ ET LA QUALITÉ DU TRAVAIL en pâtissent. Une situation difficile pour les managers, les collègues et les consommateurs eux-mêmes.

L e lundi, les teinturiers chômaient. Sur les cordes pendaient les tissus teints en indigo en attendant q ue

le soleil transforme cette couleur en un bleu lumineux. Quelques mètres plus loin, les ouvriers étaient étendus dans l’herbe et faisaient honneur à la boisson. A ce stade du processus, on avait besoin de beaucoup d’urine pour la transfor-mation chimique de l’indigo en bleu, on consommait donc de l’alcool sans modé-ration. 400 ans plus tard, quand Ludwig Eickemeyer* est responsable d’un acci-dent de la r oute, il a un t aux d’alcool de 0,9 mg/l d’air expir é. Il ne teint pas de tissus. Il sort de son poste de nuit. Il n’a encore rien bu ce matin-là mais son sang contient un pourcentage d’alcool résiduel qui en aurait assommé d’autres. Mais pour cet électricien des mines, c’est son état normal depuis 18 ans, pas seulement le matin.

Echange permis contre nouvelle vie

C’est un vrai miracle q u’il n’ait pas provoqué d’accident durant toutes ces années. Jusqu’à 30 pour cent de tous les accidents du travail surviennent sous l’influence de l’alcool et d’autres dro-gues. Selon des estimations du ser vice

central pour les questions d’addiction (DHS), au moins cinq pour cent des sala-riés en Allemagne sont dépendants de l’alcool. L’International Labour Organi-sation (ILO) suppose que, dans le monde entier, jusqu’à 25 pour cent des salariés boivent tellement d’alcool qu’ils sont à classer dans la catégorie des personnes à risque.

Les dommages économiques pour les entreprises sont énor mes. Les organisations patronales allemandes estiment que les dommages écono-miques dus à la consommation d’al cool s’élèvent à 15 milliards d’euros et des chiffres plus pessimistes vont jusq u’à 30 milliards. 92 000 Allemands sont chaque année en incapacité de trav ail suite à des problèmes avec l’alcool ou des psychoses. Quand la consommation augmente, les collaborateurs manquent 16 fois plus souvent et perdent 25 pour cent de leurs performances au travail. Il n’existe pas de statistiques comparables attestant des effets de la consommation de cannabis, de cocaïne, d’hér oïne et d’autres substances psychotropes sur le lieu de travail. On estime que cinq à sept pour cent des salar iés consom-ment plus ou moins régulièrement des drogues diverses.

Ludwig Eickemeyer ne s’est jamais fait remarquer. Pour ses amis, c’était le pote sympa qui aimait bien boire un verre. Il faisait son travail de façon à ce que per-sonne ne se pr éoccupe de son addic-tion, ni les collègues, ni ses managers. «Avec un certain taux d’alcool, je pouvais travailler de façon à ce que tous soient contents», dit Eickemeyer. «Mais ce taux n’a certainement jamais été inférieur à 0,6 mg/ l d’air expiré. J’en avais besoin pour fonctionner.» Jusqu’à ce petit acci-dent banal après le travail, où la police lui retira son permis, lui offrant ainsi une nouvelle vie.

Le co-alcoolisme renforce la maladie

«Parfois, je suis choqué et triste quand je pense à tout ce que j’aurais pu faire différemment si ma dépendance à l’al-cool avait été remarquée plus tôt,» dit Ludwig Eickemeyer, aujourd’hui pré-sident d’un groupe d’entraide dans la Ruhr. Reconnaître l’addiction à l’al cool ou à d’autres drogues et aider les per -sonnes concernées est donc un sujet cri-tique des actions et projets menés dans le monde entier, qui traitent des pr o-blèmes de dépendance. La tolérance de l’alcoolisme par les collègues ou mana- > P

HO

TO :

HE

NR

IK S

OR

EN

SE

N /

GE

TT

Y I

MA

GE

S

Draeger_F_033 33 29.07.13 14:06

Page 34: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

34 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Des recommandations claires doivent aider à sortir de la dépendance

* nom modifié

gers, appelée co-alcoolisme, qui consiste à tolérer ou à couvrir les manquements dus à l’alcool, nuit au trav ail au sein de l’entreprise et renforce la maladie. Les managers sont légalement tenus de garantir la sécurité et la santé au travail, d’aider le salarié dans ses tâches et de l’exhorter à se faire accompagner.

Les collègues, plus encor e que les managers, doivent être attentifs à un manque de f iabilité croissant, à des absences répétées et aux changements d’humeur. «Les personnes dépendantes

>

Mesures de préventions et d’assistance u Changer les habitudes : boit-on de l’alcool en la société ? Les fêtes sont-elles toujours bien arrosées et fait-on sauter les bouchons avant les vacances ou pour un événement important ? On pourrait envisager d’interdire l’alcool mais ce n’est pas la solution car cela ne ferait que déplacer les problèmes. u Vérifier l’offre proposée à la cantine : y-a-t-il toujours une bouteille de mousseux au frais ? La caisse de bière dans les couloirs du bureau ou dans les locaux de repos du chantier devrait être remplacée par de l’eau. u Parler avec les salariés : quand et où nait l’addiction, les dangers représentés par des beuveries occasionnelles, comment un week-end trop arrosé influe sur le rendement et la disposition à prendre des risques, voilà ce dont il faut informer le personnel. u Sensibiliser à la santé : prévenir l’addiction fait partie de la prévention sanitaire à laquelle managers et directeurs doivent inciter leurs salariés. u Créer des services de conseil : toutes les sociétés ne peuvent pas embaucher un responsable qui s’occupe de la dépendance. Des auxiliaires bénévoles, spécialement formés, peuvent être une solution. u Proposer des thérapies : contacts avec des experts, groupes d’entraide et thérapies ciblées sont possibles. Mais on ne peut contraindre personne à suivre une thérapie. Sauf si on souffre trop, et l’on se rend compte alors, qu’il faut agir.

sont passées maîtres dans la dissimula-tion,» raconte Sabine Morati*. Elle est allée travailler chaque jour pendant plus de 20 ans. A jeun, mais en état de manque, ce qu’elle compensait par un excès de zèle exagéré. «Surtout ne pas se faire remarquer.» Ses collègues à la banque l’appréciaient mais elle passait pour avoir mauvais caractère. C’était sa couverture. Fritz Lehmann* a réussi à mener à bien son apprentissage de cou-vreur alors qu’il était dépendant à l’hé-roïne. Le soir, il volait du matér iel de

l’entreprise et les week-ends, il faisait du trafic de drogues transfrontalier. Il a fait son service militaire et, plus tard, il a travaillé sur différents chantiers, sou-vent sous l’inf luence de la drogue, tou-jours sans aucune conséquence. Il s’était peut-être fait remarquer mais personne ne lui avait proposé d’aide ou conseillé une thérapie.

Augmenter la pression, ne pas oublier les obligations sociales

La société allemande d’assurance (DGUV) recommande une liste claire de mesures qui doit, dans un pr emier temps, faire prendre conscience à la personne concernée qu’elle a un pro-blème pour qu’elle aille ensuite suivre une thérapie. L’accent est toujours mis sur les explications (dans l’espoir que le salarié reconnaisse le risque d’addic-tion et le danger qui lui est lié). Apr ès plusieurs manquements, le ton devrait être plus rude dans le cadre des entre-tiens. Pour finir, le DGUV recommande de faire intervenir des experts spéciali-sés en addiction, le comité d’entreprise, la direction et des personnes du cercle privé pour ouvrir les yeux à la personne concernée et la pousser à agir. Si son comportement ne change pas, les sanc-tions et le renvoi sont les étapes ultimes, tout en prévoyant une clause de r éem-bauche si la personne redevient sobre. En général, la perte de leur emploi est la pire punition pour les personnes dépen-dantes de l’alcool, souvent encore plus néfaste que les brouilles avec la famille ou les amis. Selon le DGUV , c’est une obligation sociale de tenir compte du

Draeger_F_034 34 29.07.13 14:06

Page 35: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ADDICT ION LE MONDE DU TRAVAIL

35REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

retour dans la société pour motiver ces personnes.

La menace qui pèse sur l’emploi est souvent la raison pour laq uelle les per-sonnes concernées et les collègues, qui se rendent compte du problème, préfè-rent ne rien faire. Souvent, même les collègues courageux ne savent pas com-ment se comporter devant une telle situation. Le collègue est-il vraiment dépendant ou est-ce qu’il aime seule-ment faire la fête ? Comment s ’adres-ser à quelqu’un dont on pense qu’il ne peut pas faire son travail dans cet état, et demain probablement pas non plus ? Les collègues se font beaucoup de soucis quant aux conséquences. Sera-t-on un paria sur le plan social, sera-t-on discré-dité, voire renvoyé ? Rares sont les sala-riés qui savent que leur emploi n’est pas vraiment directement menacé mais qu’ils risquent de perdre la couverture d’assurance en cas d’accident du travail si l’assuré, donc le salarié, a de l’alcool ou de l’alcool résiduel dans le sang ou s’il est sous l’inf luence de drogues. Le renvoi est le moyen ultime. L’addiction est considérée comme une maladie et n’est pas un motif de renvoi en soi.

Procédures universelles,différences culturelles

A travers le monde, de nombr eux hôpi-taux, associations, fédérations et univer-sités travaillent à des stratégies pour for-mer les salariés et les employeurs sur la façon de traiter les danger s de l’addic-tion, dans le domaine de la prévention et du traitement des ex cès d’alcool et de drogue. La manière de procéder est

Au sein de l’UE, les collaborateurs alcoolisés occa-sionnent des dom-mages s’élevant à 60 milliards d’euros – par an

> PH

OTO

: I

STO

CK

PH

OTO

Draeger_F_035 35 29.07.13 14:06

Page 36: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

36 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

«Seules de rares entreprises ont des conditions de travail qui tiennent compte du stress et de l’environnement culturel»

universelle mais il existe des différences culturelles et légales. «Ce qui compte, c’est le triangle des actions, soit trois points qui esquissent ce thème dans son ensemble et l’influence», explique Steve Allsop, expert diplômé du National Drug Research Institue australien. «On a l’in-dividu, la drogue et les circonstances.» Pour une prévention adaptée, il faut déjà contrôler la disponibilité des substances, voir si de l’alcool est par ex emple ven-du au sein de la société ou peut-être pas-sé en notes de frais. «Nous devons aller vers les gens ou les aider à suivr e une thérapie», continue Allsop en f aisant remarquer : «C’est sur ces deux points que l’attention des entreprises se foca-lise le plus au niveau mondial. Très peu d’entre elles ont des conditions de travail qui tiennent compte du stress et de l’envi-ronnement culturel.» Il faut absolument tenir compte du fait que pour les chan-tiers de montage et les mines, il n’existe quasiment aucune possibilité d’occuper ses loisirs, loin de toute activité sociale.

Les interdictions strictes sont rares

Pour les mesures de prévention au sein de l’entreprise, il faut mettre l’accent sur les explications concernant l’aspect sanitaire de la consommation d’al cool et de drogues, sur ses conséq uences sociales et liées à la sécurité, égale-ment en Nouvelle-Zélande, en Austra-lie ou aux Etats-Unis. Ces pays autori-sent de fréquents contrôles d’alcool et de drogues pour les collaborateurs pour certains corps de métier. En revanche, en Allemagne, pour des raisons jur i-

>

Jusqu’à 30 pour cent de tous les accidents du travail s ont dus à l’influence de l’alcool ou d’autres drogues

PH

OTO

: C

HR

IS J

AC

KS

ON

/ G

ET

TY

IM

AG

ES

Draeger_F_036 36 29.07.13 14:06

Page 37: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ADDICT ION LE MONDE DU TRAVAIL

37REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

«L’Allemagne ne s’en tire pas trop mal»Les stratégies des entreprises pour la prévention de l’addiction sont-elles judicieuses et efficaces ? C’est ce qu’étudie le Service Central Allemand pour les Questions d’Addiction (DHS) en tant que partenaire national du projet européen European Workplace and Alcohol (EWA) jusqu’au deuxième semestre 2013. CHRISTINA RUMMEL du DHS avec les premiers résultats.

Le projet EWA étudie la prévention dans les entreprises en Europe. Où se place l’Allemagne ?L’Allemagne ne s’en sort pas si mal par rapport aux autres pays européens. Il existe des mesures établies pour prévenir les dangers de l’addiction dans les entreprises. Nous avons aussi l’un des meilleurs systèmes d’aide en cas d’addiction avec des réseaux-conseils, un réseau flexible de réhabi litation et nous sommes actifs dans la recherche. En Allemagne, la prévention dans les entreprises est un sujet d’actualité depuis 30 ans. D’autres pays commencent seulement à découvrir ce problème. Mais même chez nous, il reste encore beaucoup à faire. Où faut-il agir ?Surtout dans les petites et moyennes entreprises. La prévention a surtout lieu dans les grandes entreprises avec des comités d’entreprise, des médecins du travail et des structures établies. Les propriétaires de petites ou de moyennes entreprises ont souvent d’autres soucis. Ils manquent de capacité pour des programmes d’aide.Comment le projet EWA peut-il aider les entreprises ?Nous essayons d’apprendre mutuellement et d’évaluer nos mesures nationales. Nous avons effectué des enquêtes en Allemagne et nous avons mis en place différentes activités, avec des dépliants ou des formations. Puis nous ferons une nouvelle enquête. Nous verrons ce qui a changé dans la perception. Les résultats de tous les partenaires seront regroupés dans une «boîte à outils» pour les petites sociétés. Tiendra-t-on compte des différences nationales ? Oui, cette boîte à outils est adaptée aux conditions spécifiques des différents pays car il existe des différences culturelles en termes d’alcool et de drogue. Nous regardons ce que les autres peuvent nous apprendre. La Grande-Bretagne est très en avance sur l’utilisation des nouveaux médias. des applications permettant de s’auto-tester et des centres de conseil sont acceptés plus naturellement. Ce sont d’excel-lentes suggestions.

diques, c’est totalement exclu. Un test d’al cool ou de drogues ne peut être exi-gé et effectué qu’avant l’embauche.

Aujourd’hui, de nombreuses entre-prises misent sur les conventions col-lectives, qui régissent les mesures dans le cadre de la pr évention de l’addic-tion. Elles proposent des orientations pour les actions à mener avec des per -sonnes confrontées à une dépendance à l’alcool ou aux dr ogues et fixent un cadre légal clair. Fritz Lehmann, Lud-wig Eicke meyer et Sabine Morati ne peuvent plus imaginer comment ils pouvaient autrefois réussir à travailler enivrés, à un niveau suppor table ou au-delà parce que l’organisme était en manque de stupéfiants. Après leur cure de désintoxication, ils ont changé et ont pu continuer à exercer leur métier. Ils n’ont pas rechuté. «J’ai vraiment pr is conscience de qui je suis vraiment et de ce que je veux faire», dit Eickemeyer. Il avait aussi pris très peur peur en voyant dans quel état il avait travaillé pendant des années. Une raison suffisante pour renoncer à la bière pendant les fêtes de l’entreprise et pour jouir de l’admira-tion des collègues. Isabell Spilker

Liens conseillés (en anglais) u «Management of alcohol- and drug-related issues in the workplace», International Labor Organization, www.ilo.org u «Alcohol, Work and Productivity», European Commission, http://ec.europa.eu/health/alcohol/docs/science_02_en.pdf u Projet European Workplace and Alcohol : www.eurocare.org/eu_projects/ewa u Projet Maximising employees performance by minimising the impact of substance in the workplace (Mepmis) : http://www.alcoholdrugsandwork.eu/

Draeger_F_037 37 29.07.13 14:06

Page 38: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

FO

TO:

BL

IND

L’aide par la thérapie Selon l’une des idées-clefs des THÉRAPIES DE L’ADDICTION, «ce n’est pas une honte d’être malade, c’est une honte, de ne rien faire pour guérir». Reconnaître et comprendre l’addiction, c’est le rôle des thérapies de l’addiction, même 20 ans après la dernière bière ou le dernier joint. Un thème complexe traité à travers l’interview d’un expert, un entretien avec un patient et les différentes étapes thérapeutiques.

L’addiction est comme une prison. Elle empêche la personnalité de se développer. Des concepts éprouvés aident à sortir de cette prison

38 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Draeger_F_038 38 29.07.13 14:06

Page 39: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

AIDE ADDICTION

39REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Monsieur Röhr, quelles sont les personnes qui viennent chez vous ?L’image de la per sonne dépendante change. Nous avons beaucoup de patients qui consomment des drogues différentes. L’alcoolique seul devient rare. Beaucoup prennent du cannabis, de la cocaïne, des amphétamines ou des dr ogues synthé-tiques. L’héroïnomane est aussi de plus en plus rare mais l’addiction n’en reste pas moins danger euse. Les soit-disant «drogues douces», comme le cannabis, ne doivent pas être considérées ainsi. Les gens souffrent d’un changement de per-sonnalité dû à ces drogues.Une drogue comme l’héroïne est plus destructrice pour l’homme que le mélange d’alcool et de cannabis.Ça peut paraîtr e ainsi mais la courbe va vers le bas. Ce q ui a l’air inof fensif au début conduit l’homme au plus bas, Lorsque la pression est trop forte, ils vien-nent chez nous.La pression extérieure ?Rares sont ceux qui viennent de leur plein gré. C’est plutôt parce que l’em-ployeur les y oblige, q ue la famille en a assez ou que le corps lâche. Dès que des troubles physiques graves se manifestent, les patients sentent que s’ils ne font rien, la fin est peut-être proche.Cela ne semble pas encore être tout à fait une prise de conscience. Ces raisons sont-elles suffisam-ment prometteuses pour commen-cer une thérapie ? La prise de conscience et la motivation de rester abstinent ne résulte souvent que de la communauté t hérapeutique. La volonté du patient ne joue en fait

«L’objectif de la thérapie est de comprendre pourquoi on est malade»Seuls ceux qui comprennent leur addiction pourront mener une vie abstinente. C’est l’expérience de Heinz-Peter Röhr. Depuis plus de 30 ans, ce thérapeute de l’addiction travaille à la clinique spéciallisée de Fredeburg (Allemagne). Il a déjà aidé des centaines de personnes.

aucun rôle réel. L’objectif de la théra-pie est que le patient prenne conscience de sa maladie et se motive pour être abs-tinent pour comprendre pourquoi il est devenu dépendant. Vous recherchez les causes ?Nous essayons de reconnaître et de com-prendre les motifs. La personne concer-née doit comprendre qu’elle dépend en fait d’autre chose, peut-être d’une rela-tion tendue avec ses par ents ou avec d’autres personnes et qu’elle n’éprouve pas assez d’estime envers elle-même. Combien de temps faut-il à un patient pour réaliser cette prise de conscience ?C’est variable. Cela dépend de la façon dont il arrive pour suivre la thérapie et s’il est prêt à prendre rapidement ses problèmes en main. Y a-t-il une raison d’arrêter la thérapie ?Par exemple une rechute mais même cela n’entraîne pas obligatoirement la fin de la cure. Nous analysons la rechute et tentons de la com prendre dans le cadre de la thérapie. Les différentes addictions aux stupéfiants permettent-elles de tirer des conclusions sur les gens et d’aider pour la thérapie ?Oui, sans aucun doute. Les gens avec des problèmes narcissiques prennent de la cocaïne parce que cette drogue apporte ce qu’ils recherchent. Cela les entraîne

dans une des g randeurs. Les patients à la limite de cette attitude préfèrentdes drogues calmantes : alcool, héroïne, tranquillisants. Mais l’addiction est un problème très personnel.Comment préparez-vous vos patients à ne pas rechuter ?Nous analysons les dif férentes situa-tions de consommation à la loupe. Les patients reçoivent une formation pour être en mesure de réagir différemment dans ces moments-là. La plupart quitte la clinique avec une meilleure estime de soi et une certaine compréhension de leur maladie. S tatistiquement, les rechutes ont souvent lieu dans les tr ois mois suivants. En général, il f aut assu-rer un suivi, par exemple avec des entre-tiens en g roupe ou d’autres mesures thérapeutiques.

Heinz-Peter Röhr est membred’une équipe multiprofes-sionnelle de thérapeutes qui soigne les personnes dépendantes

39

PH

OTO

S :

EIK

O O

JAL

A /

IKO

N I

MA

GE

S /

CO

RB

IS ;

PR

IVÉ

ES

Littérature u Katherine van Wormer, Diane Rae Davis : Addiction Treatment : A Strengths Perspective (Substance Abuse Counseling), Brooks Cole

Draeger_F_039 39 29.07.13 14:06

Page 40: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

ADDICTION AIDE

40 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

J ’ai été alcooliq ue pendant tr ente ans et j’ai failli mettre le feu à mon appartement trois fois. Ivre, je suis

rentrée en plein dans un mur , je suis tombée la tête la première dans un esca-lier, je suis tombée d’une échelle dans la salle de bain et j’ai arraché le lavabo de son ancrage dans le mur. Gare à ceux qui me parlaient de mon problème avec l’al-cool, je n’avais pas de problème !

Au travail, on ne r emarquait rien. Je travaillais au service des ressources humaines d’une grande entreprise et je n’ai jamais bu avant d’aller au travail. La journée, je me sentais souvent mal. Je tremblais et transpirais fortement. En plus, j’avais du diabète et c’était mon excuse officielle. J’ai fini par en parler à mon médecin. Il voulait m’envoyer à l’hôpital pour une désintoxication et que je puisse y voir plus clair . J’ai accepté à contre-cœur. J’ai pris quelques jours de congés et suis allée dans un établisse-ment psychiatrique pendant dix jour s. Ensuite, je me suis sentie bien e t j’ai

acheté une bouteille d’eau-de-vie avant de rentrer à la maison. A l’hôpit al, une assistante sociale, chargée des problèmes d’alcool et des drogues, s’était mise en rapport avec moi. Elle m’a conseillé une thérapie de jour et des entretiens indivi-duels. J’ai fait les deux et j’ai continué à boire.

Le chef est tombé des nues

L’assistante sociale m’a procuré une thérapie en ét ablissement qui a duré 16 semaines. J’ai dû inf ormer mon employeur, qui est tombé des nues. J’ai commencé la t hérapie. Le problème, c’est que je l’ai suivie uniquement pour mon employeur, mon thérapeute, ma famille et mes amis, mais pas pour moi. Au bout de 10 semaines, j’ai quitté l’éta-blissement, j’avais été ivre les weekends, ce qui signifiait la fin du traitement.

Après avoir bu à la maison pour lut-ter contre ma frustration, j’ai contacté mon employeur deux jours plus tard. Il a reconnu l’interruption de la thérapie

et ne m’a pas laissée trav ailler. Mainte-nant, j’avais beaucoup de temps. Chaque jour, je buvais presque jusqu’à perdre conscience. Cette démesure m’a finale-ment sauvé la vie. J’ai atteint la limite au point de vouloir me suicider. J’avais déjà choisi l’arbre pour me pendre. Je voulais simplement encore aller à un r endez-vous avec mon thérapeute. Il a remar-qué immédiatement ce qui m’arrivait et a fait quelque chose qu’il n’avait encore fait auparavant avec un patient : il m’a avoué être un ancien alcoolique et savoir très exactement à quel point j’allais mal.

«Je voulais faire quelque chose pour moi»

C’est ce qui a tout changé pour moi. Il y avait quelqu’un qui me comprenait et qui m’a fait comprendre que l’alcoo-lisme était une maladie. Une maladie, qu’on ne peut guérir, mais qu’on peut endiguer, à une condition, q u’on le veuille vraiment. J’ai enf in pu avouer être alcoolique. J’avais la ferme inten-tion de faire quelque chose pour moi et j’ai pu reprendre les six semaines de thé-rapie restantes en établissement hospi-talier.

Ensuite, j’ai suivi une thérapie ambu-latoire et, depuis, je vais chaque semaine dans un g roupe d’entraide des Alcoo-liques anonymes, sans lesquels j’au-rais du mal à conserver ma sta bilité. Je ne peux pas dir e que je ne v ais pas boire la semaine ou l’année pr ochaine. Mais je peux parler pour aujourd’hui : aujourd’hui, je ne vais pas boire. C’est ce que je dis depuis maintenant 14 ans.» Propos receuillis par Isabell Spilker

«Ce sont mes excès, qui m’ont sauvé la vie»Maren S. a bu la moitié de sa vie et ne voulait pas voir qu’elle avait un gros problème. Même pas pendant la thérapie. Nous lirons ci-dessous sa lutte contre l’addiction racontée dans un entretien.

40

Draeger_F_040 40 29.07.13 14:06

Page 41: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

1ère étape : Reconnaître le problème et demander de l’aideLe médecin ou un service-conseil est le premier interlocuteur. Important : le problème de la dépendance doit être reconnu, sinon tout progrès est exclu. L’ampleur de l’addiction doit être recon-nue et les conditions de vie person-nelle tirées au clair avant la thérapie.

2ème étape : Désintoxication physiqueTraitement de jour : la désintoxication ambulatoire s’effectue avec le médecin. Durant la première semaine, le médecin contrôle l’état de santé et prescrit des médicaments pour atténuer les états de manque. La 2ème semaine, il faut aller chez le médecin tous les deux jours. Le malade reçoit une attestation d’incapacité de travail.Hospitalisation : en cas de forte dépendance physique, le séjour en établissement peut être utile pour la désintoxication physique. Les dés-intoxications sont proposées dans les services de mé decine interne des hôpitaux ou des cliniques, où du per-sonnel spécialement formé contrôle la désintoxication et mène des entre-tiens d’accompagnement.

3ème étape :Désaccoutumance, la thérapieTraitement de jour : le traitement ambulatoire dure de 12 à 18 mois. Il s’agit de groupes thérapeutiques et de mener des entretiens individuels,

Thérapie : le succès en quatre étapesL’objectif d’une thérapie d’addiction est que le patient devienne abstinent à long terme. Atteindre cet état, toujours en péril, nécessite une prise de conscience, assistance professionnelle et discipline.

une ou deux fois par semaine. Il faut pour cela avoir un bon contact avec le thérapeute et avoir une confiance mutuelle. Sinon, le traitement a peu de chances de réussir. L’avantage de la thérapie ambulatoire est que les patients restent dans leur environnement habituel, avec leur famille et qu’ils peuvent continuer à travailler. Mais cela peut aussi avoir des inconvénients car la journée se déroule de la même façon qu’avant la désintoxication et certaines personnes ont tendance à rechuter dans leur environnement habituel.Hospitalisation : les cliniques spécia-lisées proposent des séjours de 6 à 16 semaines loin du quotidien, en

fonction des différentes addictions et des groupes de patients. Lors d’entre-tiens individuels ou en groupe, on analyse les motifs de l’addiction pour identifier des typologies et les traiter de façon ciblée. Dans les traitements thérapeutiques suivants (méthodes de relaxation, formation à la créativité, propositions d’activités de loisirs, etc.), on essaie de faciliter les premiers pas dans une vie libérée de la drogue. Le contact avec la famille et les amis est en général limité au début et se ren-force à la fin de la thérapie, quand il faut prendre en compte l’environnement professionnel et social.

4ème étape : Suivi a posteriori Thérapies de la parole : on a créé la base pour une vie abstinente mais le risque de rechute subsiste. Des entre-tiens réguliers avec un médecin, dans un centre-conseil ou une psychothérapie ambulatoire permettent de mieux résister à la tentation.Groupes d’entraide : les Alcooliques anonymes, le Kreuzbund ou la Arbeiter-wohlfahrt (en Allemagne). Les groupes d’entraide sont devenus l’un des principaux piliers de la lutte contre l’addic tion. Ici, des personnes dépendantes et leurs familles rencontrent d’autres per sonnes, ayant le même vécu qu’elles.

41REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

EIK

O O

JAL

A /

IKO

N I

MA

GE

S /

CO

RB

IS

Liens (en anglais) u National Institute of Drug Abuse : Principles of Drug Addiction Treatment : A Research-Based Guide, www.drugabuse.gov (USA) u Un aperçu des groupes d’entraide US : www.mentalhelp.net u Un aperçu des groupes d’entraide australiens : www.coshg.org.au/grouplinks.html

Draeger_F_041 41 29.07.13 14:06

Page 42: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

42 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

0,25 mg / l d’air expiré

0,10 mg / l d’air expiré

La loquacité augmente, les inhibitions diminuent et les temps de réac-tion s’allongent.

Verre après verreLes effets aigus de l’alcool sont multiples et dépendent de nombreux facteurs. Mais ils peuvent être associés à différentes concentra-tions d’alcool dans le sang.

Quelle est la bonne limite ?Ils sont controversés depuis qu’ils existent : LES TAUX D’ALCOOL SUR LA ROUTE. Zéro virgule zéro serait parfait pour être performant au volant. Au quotidien, les limites libérales et nuancées ont fait leurs preuves. Quelle est la philosophie des 0,15, 0,25 et 0,4 mg/l d’alcool par litre d’air expiré ?

L’alcool fait disparaître

la réalité. Surtout quand

on roule vite

Draeger_F_042 42 29.07.13 14:07

Page 43: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

TAUX MA X. D’ALCOOLÉMIE TRAFIC ROUTIER

43REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

L es deux visiteurs répondent aux cli-chés sur les vétérans du mar iage : Mariés depuis des décennies, ils

ont tout fait ensemble. Entraînés pour reconnaître les petites faiblesses du par-tenaire sans ronchonner. Lui, concen-tré et sûr de lui, au volant du simulateur de conduite avec alcool de la police de Hambourg. Elle commente la conduite de plus en plus sinueuse avec une ironie bienveillante.

Le problème est que cette voiture simulée rend la conduite de plus en plus compliquée car le taux d’alcool, piloté par ordinateur, augmente. Il rétrécit le champ de vision, rend le pilotage approxi-matif et imprécis. Il rallonge les dis-tances de freinage et les temps de réac-tion. Des chevreuils sautent sur la route, des véhicules ar rivent à l’improviste, des enfants trébuchent sur la c haus-sée. Après deux ou trois verres virtuels, l’homme ne peut plus freiner à temps. «Tu vois» dit sa femme. «Combien de fois te l’ai-je déjà dit ?»

Les dangers bien expliqués

Pour les policiers, c’est le moment de montrer leur autorité. Ils connaissent bien ce mélange de conf iance en soi et d’assurance erronée. Ce type de conduc-teur se fait souvent remarquer : il est sûr de toujours parfaitement rouler. Et pour-tant : dès 0,25 à 0,45 mg/l d’air expiré, le risque de mourir dans un accident est de 11 à 13 fois supérieur, même si un seul véhicule est impliqué. Ce taux est multi-plié par 50 à 0,50 ou 0,70 mg/l d’air expi-ré. Au-delà de 0,75 mg/l d’air expiré, le risque est 400 fois supérieur.

Il faut expliquer clairement le danger qui est caché, dit Michael Wenzien, officier de police de l’unité 620 à Ham-bourg, en charge de la pé vention. Le simulateur va sur le terrain jusqu’à 200 fois par an, dans des écoles pr ofession-nelles, des salons, des centres commer-ciaux. Comme dans la vie, les policiers y retrouvent les types de conducteur s qu’ils voient sur les r outes : «Nous fai-sons rouler ceux qui se surestiment sur une route nationale où la vitesse aut o-risée est de 70 km/h. Il sor tent de la route dans le virage à 90 km/h. Aus-si frappant : ceux qui sont prudents et savent qu’ils ne devraient pas conduire mais qui le font quand même. Nous les rencontrons la nuit à 40 km/h sur une route à plusieurs voies. Il su ivent la ligne blanche.» Ces conducteurs savent qu’ils sont en infraction, l’un parce que ça l’excite et l’autre, parce qu’il a peur. Mais aucun ne renonce à conduire.

Outre la prévention avec des argu-ments, on mise sur la dissuasion avec des contrôles. Et quand le taux d’alcoolémie est dépassé, il y a une sanction. C’est néces-saire et c’est l’affaire de l’État de proté-ger les tiers. Un cas typique : kermesse à Brême, en avril 2010. Après minuit, une voiture fonce dans un arbre dans une zone limitée à 30 km/h. Le compteur est bloqué à 130 km/h. La vitesse ef fective déterminée plus tard est de 107 km/h. Les ambulanciers trouvent six jeunes gens. Trois sont morts. Le conducteur décède peu après aux urgences. Son alcoolémie était de 0,70 mg/l d’air expiré.

«Interdiction absolue de l’alcool au volant», c’est ce qu’exige le Conseil Alle-

mand de la Sécur ité Routière, représen-tant 200 organisations, dont les ministères allemands des transports, les assurances-accident, les fabricants automobiles et clubs automobiles. La «valeur zéro», appli-quée autrefois dans l’ancienne RDA, a été supprimée dans les nouveaux Länder au 1er janvier 1993. La limite était dès lors de 0,40 mg/l d’air expiré et de 0,25 mg/l d’air expiré dans toute l’Allemagne depuis le 1er avril 2001. Exceptions : conducteurs débutants et conducteurs de moins de 21 ans. Depuis le 1er août 2007 , ils doivent être à jeun, tout comme les chauffeurs de bus et de taxi ainsi que les conducteurs de transport de matières dangereuses. Une interdiction totale semble improbable. La philosophie des sociétés occidentales se fie à la raison et au jugement des indivi-dus. Elle veut trouver un équilibre entre liberté du conducteur et droits des tiers. Cela vient de la conception juridique du philosophe des Lumières de Königsberg, Immanuel Kant : «Le droit, ce sont toutes les conditions où l’arbitraire de l’un et l’arbitraire de l’autre s’unissent selon la loi générale de la liber té.» C’est pour-quoi il existe des valeurs limites, donc des «compromis chiffrés».

Dissuasion comme objectif

La règle allemande des 0,25 mg/l d’air expiré est inscrite dans la loi r outière édictée en 1973 et renforcée en 2001 au § 24a. La philosophie de l’inter diction est une dissuasion générale. Fonctionne-t-elle ? «Le nombre des accidents sous l’influence de l’alcool e t autres subs-tances euphorisantes a diminué d’en-viron 40 pour cent de 200 1 à 2011. Et >

0,40 mg / l d’air expiré

0,50 mg / l d’air expiré

L’analgésie diminue, l’acuité visuelle et l’ouïe baissent. Mauvaise estimation des vitesses.

On assiste aux premiers troubles de l’équilibre, l’acuité visuelle est réduite, les temps de réaction augmentent de 30 à 50 pour cent.

L’ébriété com-mence véritable-ment : emotions et comporte-ments changent très nettement.

PH

OTO

: T

HIN

KS

TOC

K

Draeger_F_043 43 29.07.13 14:07

Page 44: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

44 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

-

-

0,00 mg/l d’air expiré

0,05 mg/l d’air expiré

0,10 mg/l d’air expiré

0,15 mg/l d’air expiré

0,20 mg/l d’air expiré

0,25 mg/l d’air expiré

0,35 mg/l d’air expiré

0,40 mg/l d’air expiré

0,50 mg/l d’air expiré*

aucune information

sans restriction (pas de valeur limite)

cela bien que, depuis 2001, il n’y ait pas eu de durcissement de la loi, de ne tte augmentation des contrôles routiers», constate le Dr Beate Mer k, Ministre de la Justice de Bavière, après une bonne décennie de «0,25».

Les valeurs vacillent

L’application de la loi et de ses limites est plus compliquée quand un conducteur alcoolisé se fait remarquer ou provoque un accident. Mais chaque conducteur le

>

L’alcool a parfois l’effet d’un somnifère puissant et l’élocution devient peu claire. On assiste à des pertes de mémoire et à des troubles de la vision. Les muscles se relâchent, les pupilles rétrécissent.

Comparaison internationaleMême si les effets physiologiques de l’alcool sont les mêmes dans le monde entier, il existe des valeurs limites différentes en fonction des pays, autorisées sur les routes – entre 0,0 et 0,50 mg/l d’air expiré. La carte est un instantané (début 2013).

sait bien : on applique alors le § 316 du code pénal allemand. Il est de 20 ans plus ancien que le taux limite d’alcool auto-risé, datant de 1953. Tous ceux qui «ne sont pas en mesure de conduire un véhi-cule de façon sûre suite à la consomma-tion de boissons alcoolisées ou d’autr es substances euphorisantes» risquent jusqu’à douze mois de pr ison. Mais le § 316 StGB ne cite pas de chiffres. C’est l’affaire des juges. Les plus hautes ins-tances se sont adap tées notamment à

l’état de la r echerche. La philosophie de ces valeurs limites fait la différence entre incapacité de conduire «absolue» et «relative».

L’incapacité absolue de conduire est supposée quand la science déter mine une valeur au-delà de laquelle personne ne peut plus rouler de façon sûre. En 1953, la Cour de Cassation a interprété l’état de la technique en disant que ce serait le cas avec 0,75 mg/l d’air expiré. En 1966, après une expertise de l’ancien

1,0 mg / l d’air expiré

1,25 mg / l d’air expiré

* USA : différent en fonction des États –jusqu’à 0,50 mg/l d’air expiré

Draeger_F_044 44 29.07.13 14:07

Page 45: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

TAUX MA X. D’ALCOOLÉMIE TRAFIC ROUTIER

45REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Maintenant, l’effet se transforme en une sorte d’anesthésie. Les pupilles s’élargissent, tous les troubles cités se renforcent. Le buveur peut maintenant perdre conscience rapidement et souffrir d’un choc. S’il continue à boire, il risque le coma et la mort, soit par hypotonie, suppression des réflexes respiratoires ou hypo- thermie parce que la température du corps ne cesse de baisser.

Office de la Sant é Publique, la valeur est passée à 0,65 mg/l d’air expir é : les médecins ont constaté que les sujets tes-tés ne pouvaient plus conduire correcte-ment à partir de 0,55 mg/l d’air expiré. Le tribunal a ajouté 0,10 mg/l d’air expi-ré à cette valeur, en cas de doute pour l’accusé. Depuis 1990, le «domaine abso-lu» commence à 0,55 mg/l d’air expi-ré : ceux qui sont accusés aux ter mes du § 316 StGB ne peuvent pas pr ouver individuellement le contraire s’ils attei-gnent ou dépassent 0,55 mg/l d’air expi-ré. Aucune importance s’il a pu faire la démonstration d’une conduite parfaite. Il sera condamné.

Contrairement à l’incapacité r ela-tive de conduire, où il y av ait à la fois une alcoolisation et des troubles liés à l’alcool. Ce serait le cas si un conduc-teur «roulait en faisant des serpentins». L’exigence de la preuve est stricte, mais il importe peu que la concentration d’al-cool soit inférieure à 0,25 mg/l d’air expiré. Après un accident, il peut y avoir des sanctions sévères dès 0,15 mg/l d’air expiré. Comme ces valeurs limites ne ser-vent qu’à fournir des preuves envers une condamnation, on les appelle v aleurs limites de preuves. Comme leur impact est décisif, l’évaluation de ces preuves est strictement règlementée.

«Souffler» sur la route sert à lever les premiers soupçons. Le test d’ha-leine, utilisable par les tr ibunaux , est décisif et, en Allemagne, il est ef fectué avec l’Alcotest Dräger 7110 Evidential, seul autorisé à cet effet ou une prise de sang, t oujours exigée à par tir de 0,55 mg/l d’air expiré et plus. En ce qui

concerne le prélèvement d’échantillons, il faut respecter strictement les procé-dures. Il est ainsi entr e autre prescrit de les faire effectuer par un médecin. S’il souhaite se décharger de cette res-ponsabilité, par ex. sur une inf irmière, c’est possible avec le consentement du suspect. Les erreurs de procédure sont donc un risque réel : un avocat rompu à cette pratique pourrait s’en servir pour obtenir un non-lieu.

Changement de mentalité

Le tribunal administratif supérieur de Coblence a précisé clairement les dif-férentes approches juridiques dans une décision de 2010 : un retrait du permis de conduire par voie administrative sert à éliminer à titre préventif les dangers qui menacent les autres personnes sur la route en raison de conducteurs non aptes à la conduite. Les procédures judi-ciaires punissent des délits cr iminels

ultérieurement. Si on suit ce raisonne-ment, il faut se demander : est-ce un «crime» quand un conducteur roule avec 0,55 mg/l d’air expir é et arrive à bon port sans problème ? Concrète-ment, il ne nuit à personne mais les tri-bunaux disent «oui» car les dangers sont suffisants, comme quand quelqu’un manipule des explosifs de façon non conforme dans une zone piétonne.

Selon un sondage de la Dekra de 2012, pour les Allemands, la valeur limite pour-rait même être de zéro : 78 pour cent des sondés y sont favorables. Les nombreux experts pensent que c’est judicieux, fon-dé et peut-être imposable un jour, suite à un changement général des mentali-tés : autrefois, les gens semblaient accep-ter de se vanter de ne pas avoir été pr is. «Complètement bourré et ils ne m’ont pas eu !». Si on raconte cela de nos jours, les gens secouent la tête : «Tu es complè-tement dingue !» Silke Umbach IIL

LUS

TR

AT

ION

: P

ICF

OU

R

Enrichissant : dans le simulateur de conduite, on peut se faire une idée de la façon dont la route se présente à différents niveaux d’ébriété

PH

OTO

: F

OE

RS

T G

MB

H

Draeger_F_045 45 29.07.13 14:07

Page 46: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

SÉCURITÉ ROUTIÈRE INTERLOCKS -ALCOOL

46 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

FO

TO:

BL

IND

Simple et convaincantLe principe d’un DISPOSITIF ANTI-DÉMARRAGE POUR L’ALCOOL est très simple : il ne permet de démarrer le véhicule que lorsque le test d’alcoolémie a été validé.

Prévention contre l’alcool au volant : l’Interlock XT est la clé de contact intelli-gente qui empêche la con-duite en état d’ivresse

Draeger_F_046 46 29.07.13 14:07

Page 47: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

47REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

F aire un test d’alcoolémie pour que la voiture démarre ? Ce qui a l’air inha-bituel est déjà bien souvent devenu

une réalité. L’automobiliste souffle dans l’embout d’un appareil manuel discret qui analyse l’alcoolémie dans l’air expi-ré. Si le résultat est bon, l’électronique du véhicule permet de démarrer le moteur seulement quelques secondes plus tard. Avec ce dispositif anti-démarrage, appe-lé Interlock, il ne s’agit pas d’empêcher les vols mais de réduire de façon ciblée la conduite en état d’ivresse. Les appareils modernes fonctionnent avec un capteur életrochimique, comme l’Interlock XT de Dräger, qui sert à mesurer l’alcoolémie.

Pour le contrôle de la sécur ité rou-tière, les sy stèmes Interlock représen-tent un changement important de para-digmes car le test est ef fectué à titr e préventif, avant de même de faire démar-rer le moteur. En revanche, les contrôles routiers ordinaires sont des mesur es ponctuelles permettant d’identifier les conducteurs ivres déjà en cir culation, afin de pouvoir sanctionner leur compor-tement comme infraction ou délit.

Les USA sont les précurseurs

Les Etats-Unis et le Canada ont joué un rôle de précurseur pour le lancement de dispositifs anti-démarrage pour l’alcool dans les années 1980 (avec aujourd’hui plus de 200 000 appareils de ce type déjà utilisés). En Australie, on les utilise aus-si à une grande échelle, tout comme en Europe. Les premiers programmes ont été lancés en Suède (à par tir de 1999 au plan régional et en 2004 dans tout le pays), en France (avec une première

étude en 2004) et en Finlande (depuis 2008 avec valeur de loi depuis 2011). Les résultats positifs des essais sur le terrain ont poussé les gouvernements de diffé-rents pays européens à introduire des sys-tèmes Interlock. Ainsi, d’ici 2015, tous les bus scolaires en France devront être équipés de systèmes anti-démarrage. En Suède, cette mesure est déjà obligatoire pour les transports en commun régis par l’Etat.

Le principe d’un Interlock pour l’al-cool est aussi simple que convaincant : toute personne qui a bu ne peut pas démarrer le moteur de son véhicule. Même si l’installation d’un dispositif anti-démarrage semble judicieux dans tous les véhicules, un éq uipement glo-bal est dif ficile à imposer, tant sur le plan juridique qu’économique. Mais il existe suffisamment d’exemples prou-vant que l’utilisation de ces appareils a fait ses preuves et est globalement bien acceptée. On peut citer par exemple les transports en commun (bus, taxis) ou les transports de mar chandises (par ex. pour les produits dangereux). Dans les deux cas, les conducteur s assument une grande responsabilité vis-à-vis des passagers, de la population e t de l’en-vironnement. D’autre part, l’utilisa-tion de dispositifs anti-démarrage sert à ce que les personnes, qui ont déjà pris le volant en état d’ivresse auparavant, apprennent à séparer strictement bois-son et conduite. Aux Pays-Bas, plus de 1 000 véhicules sont maintenant éq ui-pés de ce type de systèmes après l’adop-tion d’une loi f in 2011 (cf. aussi Revue Dräger 6, p. 44–47).

Mais cette technique ne fonctionne de façon fiable que si elle résiste aux tenta-tives de manipulation. L’Interlock XT de Dräger dispose de différents mécanismes qui garantissent que le taux d’alcool soit analysé avec précision et qui reconnais-sent les tent atives de manipulation. Lorsqu’un test d’haleine a été ef fectué et accepté, cette dernière est dirigée vers le capteur électrochimique. Si le test est bon, l’appareil envoie un signal cor res-pondant à l’électronique du véhicule pour autoriser le démarrage.

Plus de sécurité

Dans le cas de l’installation dans des véhi-cules pour le transpor t de personnes ou de marchandises, on parle de «prévention primaire». Ici, il n’y a pas de soupçons concrets à l’encontre du conducteur. «De plus, l’utilisation d’un Interlock répond aux exigences de sécur ité des passagers et de l’environnement», explique Betti-na Velten, Chef de Produit chez Dräger. «Cela les met en confiance et souligne la responsabilité assumée par les conduc-teurs et exploitants.»

Les choses sont différentes quand les appareils sont installés dans des véhicules de conducteurs ayant déjà été surpris en état d’ivresse au volant. Cette «préven-tion secondaire» sert à prévenir d’autres conduites en état d’ivresse et est décrétée à la place d’un retrait de permis. L’effica-cité des Interlocks pour l’alcool est confir-mée par des publications scientif iques comme l’étude américaine du «Guid to Community Preventive Services», publiée en 2011 ou encore l’étude Cochrane de 2009. L’étude, menée à la demande de la

Incorruptible : à l’intérieur d’un Dräger Interlock XT,

protégé contre les mani pulations, se cache

une technique de mesure de l’alcool

>

Interlock XT : D’abord souffler, ensuite rouler. Le principe du dispositif anti-démarrage pour l’alcoolwww.draeger.com/7/interlock

PH

OTO

S :

MIQ

UE

L G

ON

ZA

LE

Z ;

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

Draeger_F_047 47 29.07.13 14:07

Page 48: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

SÉCURITÉ ROUTIÈRE INTERLOCKS -ALCOOL

48 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Commission européenne, présentée en 2009 sous le titre «Alcolock Implementa-tion in the European Union», souligne la pertinence de cette technique pour diffé-rents usages. Ce projet a été mené avec des chauffeurs routiers et des chauffeurs de bus comme tests. Les chauffeurs, déjà surpris en conduite en état d’ivresse, ont formé des groupes tests supplémentaires dans le domaine de la prévention secon-daire.

Prévention

Pour les chauffeurs ayant déjà été sur -pris en état d’ivresse, les Interlocks sont une méthode efficace pour les em pê-cher de prendre le volant lorsqu’ils ont bu de l’alcool. Cela v aut en particulier par rapport au r etrait de permis car, sous l’influence de l’alcool, les gens sont apparemment prêts à prendre le volant malgré ce risque. Un dispositif anti-démarrage empêche les conduc-teurs ivres de prendre la route. Certains

peuvent être tentés d’essayer de frauder avec l’appareil. Fiabilité et protection contre les manipulations sont donc ici des qualités primordiales. Les appareils qui, comme l’Interlock de Dräger, répon-dent à la norme européenne EN 50436, correspondent aux exigences légales e t au fonctionnement imposé.

Tous les r ésultats, comme par exemple le taux d’alcoolémie mesuré dans l’air expiré et la durée du trajet, sont mémorisés et peuvent être lus par du personnel spécialement formé, auto-risé à accéder aux données avec les logi-ciels et le hardware correspondants. Les contrôles sont effectués dans un inter-valle de seulement quelques semaines. Les données de l’utilisateur sont codées et les tiers ne peuvent pas y accéder. Dans le cadre d’une thérapie, les résultats per-mettent par exemple de conclure si le comportement de la personne concernée a effectivement changé. Selon les études menées, certaines personnes, repérées

à plusieurs reprises, conduisent de nou-veau en état d’ivresse dès que l’appareil est démonté à la fin du programme. Pour profiter pleinement du po tentiel d’un programme de dispositif anti-démarrage, il faut donc combiner cet appareil avec d’autres mesures d’accompagnement.

Procédé de mesure rapide

Les premiers concepts de la technique des systèmes anti-démarrage remontent aux années 1960. Un des précurseurs dans ce domaine est le Dr Robert B. Voas de la National Highway Traffic safety Administration (NHTSA) aux Etats-Unis qui, avec son système «Cars that Drunks Can’t Drive», a déjà auguré de la tech-nique Interlock moderne. Voas a travaillé avec la spécification technique Interlock (Model Specifications for Breath Alcohol Ignition Interlock Devices), en vigueur aux Etats-Unis et publiée en 1992. Dans un premier temps, les études correspon-dantes n’ont été menées qu’en Amérique

>

Les Interlocks pour l’alcool sont essentiels pour la prévention primaire

Dräger Interlock XT dans le transport de marchandises

Dräger DrugTest 5000 pour la sécurité au travail

Draeger_F_048 48 29.07.13 14:07

Page 49: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

49REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

du nord. Elles étaient destinées à tester les effets de l’alcool sur la capacité de conduire. Finalement, c’est le test d’alco-ol dans l’haleine qui s’est imposé avant le démarrage pour servir de preuve directe et rapide. Depuis, le principe de base n’a guère changé. Avec la propagation crois-

sante de dispositifs anti-démarrage dans les véhicules, ce sont sur tout les exi-gences pour les appareils et la gestion des données qui ont augmenté. «Avec notre expérience dans ce domaine, nous appor-tons notre soutien à ceux qui travaillent à introduire un programme pour venir en

aide conducteurs ivres», souligne Bettina Velten. Les chauffeurs impliqués en pro-fitent car ils t estent leur haleine dans des conditions sans équivoque et repro-ductibles. Ce plus en matière de sécuri-té avec l’utilisation des Interlocks profite à tous. Peter Thomas

1. Quand l’allumage doit démarrer …

3. Le taux d’alcool de l’haleine est analysé …

2. … l’Interlock XT demande un test d’haleine

4. … et si le test est bon, le système démarre le véhicule

5. Maintenant, le moteur peut démarrer

au travail

Contrôle de l’haleine sous terre

PH

OTO

S :

DR

ÄG

ER

WE

RK

AG

& C

O.

KG

AA

Draeger_F_049 49 29.07.13 14:07

Page 50: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

50 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

SANTÉ MY THES ET LÉGENDES

La légende des drogues sainesDe nombreux mythes entourent les EFFETS DE L’ALCOOL ET DES DROGUES. Ils servent souvent à dédramatiser les dangers ou à faire croire à des effets sains. La plupart des mythes n’est en fait rien d’autres que des contes de fées bizarres.

S ans aucun doute, un ver re de vin et une cigarette entre amis ne peuvent pas faire de mal. On

discute plus facilement et l’ambiance est plus détendue. Ça f ait plaisir et on n’aime pas se laisser gâc her ces bons moments, par exemple avec des avertis-sements sur les dangers liés à l’alcool et aux autres drogues. On préfère pen-ser que l’alcool en pe tite quantité est bon pour la santé ou qu’on peut contrô-ler les effets des drogues avec de petites astuces. Mais est-ce vrai ?

L’alcool sain

Les études scientifiques ont décerné la palme d’or à la consommation de vin rouge depuis que des études épidémio-logiques ont constaté qu’une consom-mation modérée d’alcool permettait de réduire le nombre de maladies cardio-vasculaires. Mais ce n’est pas toujours vrai. «Seule une consommation modé-rée d’alcool semble avoir un effet positif sur les vaisseaux», explique le Dr Renate

Schnabel, cardiologue au CHU de Ham-bourg Eppendorf. «Pour le vin rouge, les flavonoïdes et polyphénols comme le resvératrol semblent également jouer un rôle pour éviter que les plaquettes du sang s’agglutinent, ce qui est un facteur de risque pour les crises cardiaques». Un verre de vin ou de bière est donc encore dans la quantité de consommation favo-rable à la santé mais des quantités plus élevées représentent un r isque pour le cœur. «Le ‘Holiday-Heart-Syndrom’ désigne des tr oubles du r ythme car-diaque et des fibrillations auriculaires, ressenties fréquemment après des fêtes bien arrosées», dit ce médecin.

Mais après un bon repas, un verre d’eau-de-vie active la digestion. C’est faux, disent des chercheurs suisses. Ils ont fait manger de la fondue au fromage avec 200 grammes de fromage à 20 per-sonnes, le tout avec du pain e t ensuite soit du vin, une eau-de-vie ou un t hé. Surprise : les buveurs d’alcool ont digé-ré moins vite que les buveurs de thé. L’al-

cool relâche certes les muscles de l’es-tomac et provoque ainsi subjectivement une amélioration de la sensation de bal-lonnement mais cela retarde les effets de la digestion.

Drogues sous contrôle

L’alcool ne tient pas non plus ses pr o-messes comme somnifère. L’alcool favo-rise la fatigue et on s’endort plus faci-lement mais ce n’est pas un sommeil réparateur. L’alcool empêche le som-meil profond pendant la première moi-tié de la nuit. On r oule de gauche à droite sans rêver. On se réveille fréquem-ment, les muscles se relâchent et on se met à beaucoup ronfler. Mais le danger vient surtout des apnées respiratoires, qui peuvent augmenter sous l’ef fet de l’alcool. Malheureusement, les buveurs réguliers ne peuvent pas se débar ras-ser de leurs troubles du sommeil sim-plement en arrêtant de consommer de l’alcool. Viennent s’y ajouter alors de graves insomnies, qu’ils combattent de

Le vin rouge bon pour le cœur ?

L’alcool favorise-t-il le sommeil ?

zzZZZzzZZZ

zzZZZzzZZZ zzZ

Draeger_F_050 50 29.07.13 14:08

Page 51: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

51REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Grisé par un bain au champagne ? Décadent mais prouvé scientifiquement : un bain au champagne peut faire passer le taux d’alcool dans l’haleine à plus de 0,75 /l d’air expiré – mais seulement pendant 15 minutes après le bain. La concentration d’alcool reste stable à environ 0,05 mg/l d’air expiré. L’alcool ne pénètre pas dans le sang à travers la peau et on reste donc presque sobre, même en se baignant dans du champagne.

manière inappropriée souvent avec de l’alcool.

Encore quelques gouttes de vin dans le plat de poisson ? Pas de problèmes. Ça s’évapore à la cuisson ! C’est aussi une erreur qui se dément sur c haque mar-ché de Noël car le vin chaud, qui cuit pen-dant des heures, contient encore suffi-samment de quoi «faire tourner les têtes». L’alcool bout dès 78 degrés et s’évapore dans des mélanges à base d’eau mais uni-quement jusqu’à une concentration de cinq pour cent. Dans ce pourcentage, ce mélange est un azéotrope qui présente un point d’ébullition constant. C’est pour-quoi, même après 2,5 heures de cuisson, la sauce au vin r ouge contient encore cinq pour cent d’alcool.

Les pipes à eau sont tr ès à la mode comme façon soit disant plus saine de fumer. La fumée traverse de l’eau avant d’être inhalée et elle serait ain-si nettoyée. Les danger s pour la san-té sont largement sous-estimés en rai-son des arômes sucrés et parce que ce

n’est ni irritant, ni amer. La concentra-tion de nicotine dans le sang est ne tte-ment plus élevée après un narguilé que des cigarettes. Au cours d’une séance, les consommateurs inhalent environ autant de fumée qu’avec 100 cigarettes sans filtre, indique l’Organisation Mon-diale de la Santé.

Astuces pour déterminer l’alcool

Un café serré, une petite sieste, transpirer en courant, ça permet d’éliminer l’alco-ol résiduel. Mais c’est sans com pter sur le foie qui ne se laisse pas impressionner aussi facilement et qui élimine l’alcool

de façon constante avec 0,05 à 0,10 mg/l d’air expiré par heure. Et ceux qui ren-trent à la maison en voiture après une nuit bien arrosée et se trouvent face à des policiers, ne pourront pas les duper en leur faisant sentir leur haleine d’ail ou de bonbon à la menthe. Les appareils de mesure, comme l’Alcotest 9510 de Drä-ger, ne peuvent être dupés. Les arômes étrangers n’affectent pas les mesures et, même avec des températures plus froides, quand l’appareil indique un taux d’al cool plus réduit, l’Alcotest calcule automati-quement l’alcoolémie à température nor-male. Regina Naumann

Narguilé : plus sain que la cigarette ?

L’alcool s’évapore-t-il à la cuisson ?

L’eau-de-vie favorise la digestion ?

PH

OTO

: S

HU

TT

ER

STO

CK

; I

LLU

ST

RA

TIO

NS

: P

ICF

OU

R

Draeger_F_051 51 29.07.13 14:08

Page 52: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

52 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Plus prochesUne balade à travers la LITTÉRATURE TÉMOIGNE DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL dans de nombreuses variantes : joie et souffrances de l’intoxication, fascination et force destructrice des excès se retrouvent dans de nombreuses œuvres et biographies de ces derniers siècles. Mais l’éloge a changé.

A la santé de la poésie : Charles Bukowski fait le plein

d’inspiration lors d’une séance de lecture à Paris (1978)

Draeger_F_052 52 29.07.13 14:08

Page 53: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

GRISÉS ÉCRIVAINS

53REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

B enjamin von Stuckrad-Barre a bu sa dernière bière avant de faire une cure de désintoxication. Une

dernière gorgée. Un des plus célèbres auteurs allemands est un alcooliq ue repenti depuis quelques années, comme il dit. Après des années d’ivresse perma-nente, il ne lui restait qu’à aller dans une clinique, dans un train q ui aurait éga-lement pu accueillir Johann Wolfgang Goethe, E.T.A. Hoffmann ou Charles Baudelaire. Ou encore Edgar Allan Poe, Ernest Hemingway et Charles Bukowski, Oscar Wilde, Jean Paul et Jack London.

Les cheveux teints en vert

Ils auraient formé un groupe intéres-sant pour la discussion e t la thérapie. Goethe, qui parle de ses deux à trois bouteilles de vin par jour e t comment sa femme Christiane a souffert de son alcoolisme alors qu’il continuait à boire à Weimar comme si de rien n’était. Bau-delaire, qui se droguait, avoue avoir teint ses cheveux en vert sous l’influence de l’absinthe (combinée à de l’ opium). Hoffmann excitait sa fantaisie le soir avec du vin e t du punch. Ils auraient tous été gentiment réunis et auraient décidé de dire «non, merci» à l’avenir si quelqu’un leur avait proposé un verre d’alcool fort. Et chacun d’eux aurait cer-tainement vécu 20 à 30 années de plus. Mis à part Goethe qui, malgré ses 60 ans d’abus d’alcool, a atteint l’âge de 82 ans. Hoffmann ne serait pas décédé d’une cirrhose du foie à l’âge de 46 ans. Wilde n’aurait pas raconté à son der nier visi-teur, à l’âge de 46 ans : «Je suis en train de me battre en duel avec ma t apisse-

«Presque tous les romans policiers ne se supportent que saoul»MICHAEL KRÜGER est éditeur, auteur et publiciste. Dans sa satire scientifique «Littérature & Alcool», il a rédigé une liste amusante de la littérature existante et possible en état d’ivresse.

Monsieur Krüger, en tant qu’auteur et éditeur, vous le savez : Ecrit-on mieux sous l’effet de l’alcool ? Mieux, sûrement pas, mais plus facilement. Dans l’histoire, il y a eu des auteurs qui ne pouvaient écrire que saouls. Nous connaissons cette perception depuis l’antiquité. Dieu délie les langues et parle par l’intermédiaire de l’auteur. Aujourd’hui, dans notre monde bourgeois, cela a changé parce que l’alcool est considéré comme une drogue et un stupéfiant. En tant qu’éditeur, sentez-vous d’après les manuscrits si un auteur a bu ? Non. L’alcool délie les langues mais ça ne se voit pas dans les manuscrits. Peut-être n’aurais-je pas été touché sans l’influence de l’alcool mais en tant que lecteur, je n’ai aucun moyen de le savoir.Les écrivains et l’alcool vont bien ensemble. Est-on plus sensible à la consommation d’alcool chez les écrivains ? Sûrement. Je ne dirais pas qu’il y a plus d’alcooliques parmi les écrivains que dans les autres groupes socio-professionnels. Aujourd’hui, les jeunes boivent aussi énormément et ce sont vraiment tout sauf des poètes. Mais il doit bien y avoir une raison pour cette proximité entre l’alcool et la création ? L’alcool est un thème d’actualité pour les écrivains. C’est un moyen de calmer la peur d’échouer. Le métier d’écrivain free-lance n’est pas facile et marqué par la crainte des échecs. Il faut se demander : ce que j’ai écrit, c’est bien ? L’alcool peut nous libérer de cette crainte.Les lecteurs aiment aussi boire un verre de vin rouge. Le vin donne-t-il des ailes à la fantaisie et permet-il d’imaginer des histoires ? La question est de savoir pourquoi on lit. Le soir, pour se détendre, par exemple. Presque tous les romans policiers sont si mauvais qu’on ne peut les supporter qu’avec de l’alcool. Le lendemain, on ne se souvient pas de ce qu’on a lu. Et ça n’en vaut d’ailleurs pas la peine. En tant qu’éditeur, je ne peux en aucun cas boire en lisant, ça me perturberait. Pour moi, lire c’est du travail et ça ne peut se faire qu’à jeun.> P

HO

TO :

SO

PH

IE B

AS

SO

UL

S /

SYG

MA

/CO

RB

IS ;

PE

TE

R-A

ND

RE

AS

HA

SS

IEP

EN

/ H

AN

SE

R

Draeger_F_053 53 29.07.13 14:08

Page 54: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

54 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

«Je déteste de défendre les drogues, l’alcool, la violence ou la folie pour qui que ce soit – mais moi, ça m’a aidé» Hunter S. Thompson

rie. Un de nous doit disparaîtr e !» Jack London ne se serait sans doute pas suici-dé à 40 ans, Hemingway aurait suivi une thérapie contre ses dépressions et ne se serait pas tiré une balle dans la tête (cf. aussi p. 22–23). Mais les œuvres de leur période d’abstinence nous auraient-elles autant fascinés que celles nées de leur beuverie ?

Quand on pense aux g rands écri-vains, on voit l’image de l’alcooliq ue. Qu’il s’agisse d’un, de deux, de tr ois verres pour écrire en toute décontrac-tion ou de drogues psychédéliques, l’al-cool et la littérature semblent aller étrangement de pair. Pas seulement parce que, depuis l’antiquité, de nom-breux auteurs ont pris position sur leur consommation d’alcool ou de dr ogues dans leurs écrits, anecdotes, histoires

et anthologies, sans en parler franche-ment. L’image de l’écrivain en train de boire n’est pas, à pr oprement parler, mauvaise. Les excès d’alcool et les dro-gues sont vus de façon nettement moins négative pour les poètes morts que pour ceux vivant aujourd’hui, qui sont immé-diatement considérés comme menant une vie dissolue, sans gêne, q u’on ne doit pas prendre au sérieux.

Appât pour le titre

On peut encore supporter Günter Grass un verre de vin à la main. Pour Michel Houellebecq, il est de bon t on de sou-ligner sans cesse que le sexe serait la meilleure drogue qui soit. Chr istian Kracht et Benjamin von Stuckrad-Barre se sont rendus compte de ce que l’al-cool a fait d’eux. Ils en avaient fait leur

Ernest Hemingway à Pampelune (1959) : le vieil homme et la boisson (à gauche). A droite : Hunter Thompson, qui inventa un nouveau type de reportage en état d’ivresse et qui qualifia son style dissolu avec des drogues de tous types de «Journalisme Gonzo»

> signe distinctif il y a des années, quand les excès démesurés et la littérature pop allaient encore main dans la main. Et ils ont fait leur signe distinctif d’avoir réussi à surmonter cette addiction.

Dans l’un de ses ouvrages, l’ Améri-cain Augusten Burroughs a parlé de sa désintoxication. Joachim Lottmann uti-lise l’alcool comme appât pour le titr e mais il assure en permanence qu’il n’ap-précie pas l’alcool. L’image du buveur moderne a changé, autant pour le lec-teur que pour l’auteur. On semble s’être lassé de l’illusion que tous les écrits ne pourraient naître que sous l’inf luence de l’alcool. Peut-être que cette consom-mation est simplement mieux cachée de nos jours ou qu’on assiste à une r éelle abstinence. Cela r este le secr et des auteurs. Isabell Spilker

PH

OTO

S :

ON

LIN

E U

SA

, IN

C. /

AC

TIO

N P

RE

SS

, MA

UR

ITIU

S IM

AG

ES

/ U

NIT

ED

AR

CH

IVE

S, P

R(9

)

Draeger_F_054 54 29.07.13 14:08

Page 55: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

GRISÉS ÉCRIVAINS

55REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Johann Wolfgang von Goethe (1749–1832) : «Faust» Où Méphisto aurait-il pu emmener Faust pour lui montrer la «vraie vie», sinon dans la taverne Auerbachs Keller, où le vin coulait à flots ? Goethe y avait souvent séjourné devant un bon verre de vin.

Jean Paul (1763–1825) : «Siebenkäs», «Hesperus» Vin, liqueur, bière coulent à flots pour ce contemporain de Goethe. Cela n’a pas nui à ses œuvres. Auraient-elles été meilleures sans ivresse ? Ce poète avait dit : «l’alcoolisme démultiplie deux choses : le courage et l’amour.»

Edgar Allan Poe (1809–1849) : «Le Corbeau» Bien que déjà ivre après un verre de vin, cet auteur, durement éprouvé par la vie, ne pouvait pas se passer d’alcool. De nombreuses œuvres d’autres auteurs s’inspirent de Poe et nous aurions manqué des ouvrages passionnants s’il n’avait pas écrit.

Charles Baudelaire (1821–1867) : «Les Fleurs du Mal» On doit l’œuvre principale de Baudelaire à l’absinthe. On dit de ces poèmes, qui ont fait de lui l’un des plus grands auteurs lyriques français, que seuls le vin ou l’absinthe pouvaient produire de telles œuvres.

Jack London (1876–1916) : «John Barleycorn» Un grand classique pour les alcools forts. A la fin, et c’est ce qui manque dans son roman auto biographique sur son addiction à l’alcool, il s’est suicidé sous l’influence des drogues qu’il avait prises.

Gottfried Benn (1886–1956) : «Ode à la bière» Un éloge à cette boisson brune qui avait conquis le cœur de Benn. Ce n’est pas sans ironie que le poète et Docteur Gottfried Benn se penche ici sur son plus grand vice.

Ernest Hemingway (1899–1961) : «Le vieil homme et la mer» Cette œuvre, prix Pulitzer et prix Nobel, se déroule à Cuba, où il a longtemps vécu. Il buvait toujours des daiquiris (à base de jus de canne à sucre, de citron vert et de rhum), des mojitos, des quantités de bouteilles de vin, du whisky et de la tequila.

Malcolm Lowry (1909–1957) : «Au-dessous du volcan» Le roman à succès de Lowry, avec des traits autobiographiques, raconte le destin d’un alcoolique. A la fin de son long cheminement avec l’alcool, le protagoniste vit une descente aux enfers qui est en même temps le paradis.

Charles Bukowski (1920–1994) : «Le Postier» Aucune des œuvres, que nous apprécions, ne serait ce qu’elle est sans l’alcool. Seuls ceux qui, comme le grand buveur Bukowski, connaissent les hauts et les bas de l’ivresse et cette auto-destruction peuvent écrire de façon aussi impres-sionnante.

Hunter S. Thompson (1937–2005) : «Rhum Express» Il est question d’alcool et cet ouvrage a été créé avec de l’alcool. Avec son ouvrage excen-trique «The Rum Diary», cet enfant terrible a érigé un monument à la mémoire du Journalisme-Gonzo, qu’il a inventé.

Les meilleures œuvres de l’alcoolisme Malgré ou grâce à l’alcool : ces œuvres n’auraient jamais vu le jour telles que nous les connaissons sans l’alcoolisme avant, pendant ou après. Ce n’est qu’un petit aperçu, auquel on pourrait aussi ajouter le «Kuttel Daddeldu» de Ringelnatz.

Draeger_F_055 55 29.07.13 14:09

Page 56: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

TERMINUS AUX URGENCES

56 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

PA

TR

ICK

OH

LIG

SC

HL

ÄG

ER

La dernière étapeLes urgences, c’est le terminus pour de nombreux FÊTARDS, surtout le week-end. Ceux qui arrivent ici ont consommé trop d’alcool ou de drogues et ne se contrôlent plus. Il y a de plus en plus de jeunes traités pour une intoxication à l’alcool.

Ç a sonne comme un r éveil que personne n’éteint. Ce qui énerve les autres, c’est le son qui accom-

pagne l’infirmière Judith Szücs depuis cinq ans. Agée de 26 ans, elle travaille au service central des urgences du CHU de Hambourg Eppendorf (UKE). Les bruits incessants des moniteurs signalent le pouls des patients pr is en charge dans son service. Sur les écrans, les courbes de couleur, accompagnées des bips, indi-quent la plupart du temps, que tout est en ordre chez les patients.

Ceux qui arrivent chez Judith Szücs et ses collègues ont souvent trop bu et/ou pris des drogues, comme Christa, âgée de 47 ans. «Elle est ar rivée dans la chambre U18 après une intoxication aux barbituriques», dit l’inf irmière. Mais c’est le résultat de la prise de sang qui révèle la vérité au sujet des subs-tances contenues dans le corps.

150 à 300 patients par jour

Cette nuit de samedi est encore relati-vement tranquille dans l’UKE. «Nous recevons deux à cinq patients avec des problèmes de drogues et d’al cool par jour. Cela dépend d’éventuelles grandes manifestations à Hambourg», dit le Dr Ulrich Mayer, Chef du service des urgences de l’UKE. Depuis 2007, il organise, avec ses collègues, une assis-tance rapide. Ils soignent des infarctus, des plaies ou des fractures. Chaque jour, ils traitent entre 150 et 300 patients. En hiver, les alcooliques égarés forment le gros des patients. «Ce n ’est pas un hasard si ces personnes se retrouvent toujours dans nos services. Elles se sen-

tent mieux chez nous que dans un centre d’hébergement d’urgence», dit le Dr Mayer. Et juste à ce moment-là, un Rou-main arrive en titubant. «Il nous quitte de lui-même, ça arrive fré quemment», dit Judith. Il arrive un moment où les alcooliques sont en manque et où ils doi-vent «refaire le plein» pour avoir leur dose quotidienne. «Quand quelqu’un avec un taux d’alcool de trois grammes

ou plus arrive chez nous, il a déjà sou-vent bu deux bouteilles d’eau-de-vie.» En outre, les alcooliques chroniques souf-frent souvent de delirium tremens (cf. l’encadré). «Ces cas sont envoyés dans les services de soins intensifs.«

De plus en plus de jeunes vien-nent aux urgences après des beuveries du week-end. Nombreux sont ceux qui veulent boire sans limite. Ils consom-ment des alcools f orts en un tem ps record et se filment pour l’Internet.

Alors qu’en 2005, 19 423 enfants et adolescents avaient dû être traités en Allemagne pour intoxication à l’alcool, six ans plus tard, ce chiffre s’élevait déjà à 26 349 cas. Outre l’alcool, les drogues sont un autre motif de prise en charge aux urgences «sur tout la mar ijuana, la cocaïne, la méthadone et les subs-tances hallucinogènes. Les dr ogues syn thétiques comme le Cr ystal Meth sont quasiment inexistantes ici», dit le Dr Mayer.

Ce n’est pas non plus le cas ce tte nuit, où un père emmène sa f ille aux urgences. Cette jeune f ille de 15 ans balance sa tête d’un côté et de l’autre. «Je me sens si mal», gémit-elle. Judit h et Christopher, les infirmiers, accou-rent. Après un bref entretien, ils savent qu’elle a bu tr op de vodka. Le père a retrouvé sa f ille en pleine r ue. Après une prise de sang, cette adolescente de 15 ans est allongée sur un brancard dans le couloir. Ici, près de la réception et sous la lumièr e des néons, elle est placée sous la surveillance constante du personnel. Elle aurait aussi bien pu se dessouler à la maison mais son père

Dr Ulrich Mayer, Chef du Service des Ur-gences au CHU de Hambourg Eppendorf

Draeger_F_056 56 29.07.13 14:09

Page 57: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

57REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

souhaite la laisser là. «Comme mesure disciplinaire», souligne-t-il. A peine a-t-il disparu qu’arrive l’ambulance suivante avec une urgence.

«Eau» dangereuse

Manuela est couchée sur une civière, accompagnée de deux médecins e t de deux policiers. Cette jeune fille de 15 ans ne peut plus parler. Elle dort. Son ami doit donc expliquer pourquoi elle est là. Cette fois aussi, elle a bu trop de vod-ka. Le mot slave «Wodka» est un terme découlant de «Woda» (‘eau’ en Fran-çais). La jeune fille a bu de la vodka pure à la bouteille en compagnie de ses amis, certainement pas pour la première fois, comme le jeune homme q ui l’accom-pagne. Pendant que Manuela doit se dessouler dans le couloir des urgences, les policiers tentent d’inf ormer ses parents. Ces derniers, prévenus par la police, pensaient que leur fille était bien sagement dans sa chambre. Au bout de 30 minutes, l es parents arrivent aux urgences. Ils ne manifestent pas de pitié pour leur fille et le père prend une photo avec son mobile. «Cette photo aura une place d’honneur et Manuela pourra se souvenir de cette soirée.»

Alors que ses par ents quittent la clinique vers 3 heures du matin, les moniteurs continuent de fonctionner à plein régime, les courbes sur les appa-reils continuant de signaler que tout est en ordre. Thomas Soltau

Naïve : après une demi-bouteille

de vodka, cette jeune fille se dégrise au

service des urgences

Qu’est-ce que le delirium tremens ? Le delirium tremens (ou «tremblement fou»), aussi appelé délire de l’alcool, est une complication dangereuse due à un alcoolisme chronique, nécessitant l’intervention d’un médecin. Il survient quelques heures à quelques jours après la dernière consommation d’alcool chez 5 à 15 pour cent des alcooliques. Sans traitement, le taux de mortalité est d’environ 20% et, avec un traitement, d’environ 2%. Les états de manque et leur durée dépendent de la constitution des alcooliques et de leurs habitudes en matière de consom-mation d’alcool. La peur, les insomnies et les troubles végétatifs peuvent durer jusqu’à six mois et provoquer des rechutes chez le patient qui tente de se soigner de lui-même.

Interview : Prof. Dr Rainer Thomasius au sujet du delirium tremens et les jeux de boissons chez les jeunes.www.draeger.com/7/urgence

Draeger_F_057 57 29.07.13 14:09

Page 58: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

SOCIÉTÉ DOPAGE CÉRÉBRAL

58 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Le muscle cérébral peut-il être dopé

comme un fémur ? Pas tout à fait

mais presque. Ce n’est pas seule-

ment injuste mais peut aussi être

dangereux

Dilemme moralÇa semble alléchant : prendre une pilule pour devenir plus intelligent. Les adeptes du COGNITIVE

ENHANCEMENT pensent que ça fonctionne. Mais est-ce vrai et quel en est le prix ?

REVUE DRÄGER

cle cérébral l être dopéun fémur ? tout à fait

resque. Ce pas seule-

njuste maist aussi êtredangereux

Draeger_F_058 58 29.07.13 14:09

Page 59: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

59REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

IM

AG

E S

OU

RC

E /

CO

RB

IS ;

IS

TOC

KP

HO

TO

S upposons que quelqu’un gagne un million : il répond à toutes les questions du quiz, peu importe le

thème. Le candidat inter prète chaque émotion subtile du pr ésentateur et gagne le cœur des spect ateurs en étant percutant. Le pays célèbre le vainqueur. Jusqu’à ce q u’il avoue : «Je me suis dopé !» L’hommage rendu au héros se transforme en indignation, comme chez Lance Armstrong, l’ancien cycliste pro-fessionnel. Le dopage est malhonnête, c’est de la triche, non ?

L’effet de subst ances dopantes sur les sportifs de haut niveau est f acile à expliquer : plus d’oxygène dans le sang. Mais quel est l’équivalent «mental» du dopage «physique» ? Pourquoi les tournois d’échecs interdisent-ils les subst ances chimiques, ce q ue contrôle l’agence internationale contre le dopage WADA ? Quelles sont les substances soupçonnées d’être utilisées pour la fraude mentale ?

Travailler toute la nuit

Une série de mécanismes peut y êtr e associée. Apprendre des faits par cœur demande une concentration maximale. La ritaline, médicament pour enfant tur-bulents, pourrait aider. Quand la fatigue nous tient, on peut travailler toute la nuit en prenant du Modafinil. Et les émotions du présentateur sont plus faciles à inter-préter que pour les concurrents : l’hor-mone humaine sociale oxytocine pour-rait avoir cet effet. Elle est disponible en spray nasal.

C’est l’image que nous avons du dopage cérébral. Les scientifiques

n’apprécient pas ce ter me, qui serait une notion populaire. Ces substances pour augmenter les per formances cérébrales s’appellent en réalité des «Cognitive Enhancers». La recherche actuelle travaille sous la pression des résultats, «démence» étant l’une des notions-clefs. Si la phar macologie par-venait à st opper la déc héance céré-brale d’Alzheimer pendant un cer tain temps, ce serait une a vancée scienti-fique comparable à la découverte des antibiotiques. Comme pour les systèmes de défense antibactériens, l’utilisation des Cognitive Enhancer s’étendra au-delà des personnes qui en ont besoin. On voit ici le dilemme moral du dopage cérébral.

Le dopage est-il bon pour la société ?

Ceux qui utilisent des antibio tiques sans nécessité nuisent à t ous. Les bac-téries deviennent résistantes. Mais quelqu’un qui dope son cerveau ou ren-force sa concentration, comment pour -rait-il nuire aux autres ? Sa productivité accrue ne serait-elle pas plutô t profi-table à la société ? En 2008, des c her-cheurs en Grande-Bretagne et aux USA ont défendu ce point de vue dans le jour-nal «Nature», comme par ex. le cher-cheur Michael Gazzaniga, le professeur de droit de Stanford Henry Greely et la professeure d’éthique Martha Farah. Leur recette : «ces Cognitive Enhancers présentent beaucoup d’avantages pour les individus et la société. Une réponse sociale adaptée consistera à les r endre disponibles et à gérer leurs risques.» >

Là où il n’y a rien, les produits

pour doper les performances ne

peuvent rien faire, même s’ils

rendent les con naissances

existantes plus rapidement

disponibles

Les candidatsQuelles substances dopent le cerveau ? u Les psychostimulants comme les amphétamines sont des classiques pour doper le cerveau. Ils ne sont pas utilisés uniquement illégalement mais aussi quasi-inofficiellement, pour maintenir pilotes et soldats éveillés. Dans la médecine, ils sont remplacés par des substances semblables aux amphétamines (ritaline). Ils augmentent l’attention mais peuvent faire qu’on se surestime. La cocaïne et ses dérivés encore plus dangereux sont des stimu-lants durs interdits. u La fatigue est combattue avec du Modafinil, substance prescrite contre la narcolepsie, qui donne envie de dormir. u Les dopeurs du cerveau ont déjà expérimenté des médicaments contre la démence, les inhibiteurs d’acetyl-cholinestérase et la mémantine. u Les antidépresseurs sont utilisés pour plus de performance dans la bonne humeur. Ce sont les substances les plus fréquemment citées. De nombreuses vitamines, similaires aux substances ci-dessus et d’autres substances autorisées, comme le café ou la nicotine, sont utilisées pour augmenter les performances. Des approches exotiques vont des hormones comme l’oxytocine (censée augmenter l’intelligence sociale) aux dérivés de cannabis pour effacer des expériences perturbant l’apprentissage. A ce jour, pour les substances plus fortes, des béné-fices réduits sont éclipsés par de nombreux effets secondaires sérieux.

Draeger_F_059 59 29.07.13 14:09

Page 60: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

60 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

FR

AN

K B

OX

LE

R,

PIC

TU

RE

-AL

LIA

NC

E /

ZB

Les experts l’ont écrit en sachant que l’utilisation de médicaments, presque tous soumis à une pr escription médi-cale, comme par ex. la ritaline, sou-mise à la loi sur les stupéf iants, était illégale pour les personnes saines. Une utilisation contrôlée serait une alter -native à une consommation sauv age. Cela apparaît également tr ès tentant pour ceux qui pratiquent une activi-té intellectuelle, même en dehor s des périodes d’examen, dit le neuropsycho-logue Thomas Metzinger de Mayence. Un consommateur de produits dopants pourrait écrire, calculer ou inventer entre 12 et 14 heures de suite, dans la

nuit du vendredi au samedi. Il se repo-serait le reste du week-end, resterait en bonne santé et gagnerait ainsi une semaine complète de travail par mois, un avantage concurrentiel dans notre société où tout s’accélère.

Il n’y a pas que les performances

La vérité, c’est que les avantages réels des dopages mentaux actuels sont plu-tôt réduits. Avec des stimulants comme la ritaline, une utilisation non conforme peut même nuire aux résultats des exa-mens. La capacité d’auto-critique dimi-nue et les personnes testées ont même

Le rêve d’un long éveilAugmenter les capacités mentales, c’est un rêve. Des pratiques millénaires aident à atteindre cet objectif, comme par exemple la méditation. Leurs techniques d’entraînement peuvent modifier le pouvoir de concentration ainsi que la structure et la chimie du cerveau.

Mais le moyen rapide pour une attention accrue (pour les soldats), l’endurance (pour les porteurs et les chasseurs) et les capacités mentales souhaitées (visions des chamanes, conseils des sages) conduit toujours dans le «jardin de la nature» : le kat, la drogue de l’Afrique du nord, agit comme les amphétamines. Le café et le thé inhibent les signes de fatigue. Les feuilles de coca sont un moyen d’endurance, qui permet de travailler longtemps et de façon concentrée.

Mais les substances pures ne sont utilisées qu’à partir du XIXème siècle, avec le triomphe de la chimie : les amphétamines ont été synthétisées en 1887 et son frère plus puissant, le „meth“, en 1893. La ritaline existe depuis 1944 et les antidépresseurs modernes depuis 1984. Mais notre compréhension actuelle de la neurochimie et de la structure du cerveau nous permet de créer des substances précises pour doper cet organe : la pharmacologie, par exemple avec les produits contre la démence, est encore une science très jeune. De grands progrès seront probablement réalisés à l’avenir.

coché des réponses erronées. Il n’y a donc pas vraiment d’ef fet significatif sur le cerveau. Mais il y a de nombreux effets secondaires. Pour les substances euphorisantes, on risque au minimum de devenir dépendant. P our les pr o-duits ayant une influence importante sur le métabolisme cérébral, les effets à long terme sur les changements per-manents de la personnalité, la régula-tion des émotions et la mémoire n’ont pas encore été suffisamment étudiés.

Peu après les auteurs de «Nature», sept experts allemands, ont pr is posi-tion dans leur manifeste «Le cerveau optimisé». Ils y affirment que «personne ne peut vouloir que la pression concur-rentielle augmente encore davantage avec des ‘Enhancers’. Une vie, entière-ment fondée sur les per formances et l’efficacité, serait inhumaine et mar-ginalisante.» Mais la meilleur e com-préhension des pr ocessus cérébraux de l’apprentissage et de la régulation émotionnelle présente aussi des avan-tages. Les experts se prononcent pour la recherche, mais pas pour une of fre en libre-service sur internet : de nom-breuses applications des «Enhancers» seraient imaginables pour obtenir des progrès sur le plan humain. Il f aut mettre en place des règles : «Il serait en particulier judicieux de f ixer des stan-dards de sécurité et d’efficacité plus élevés pour ces substances que dans la recherche pharmaceutique thérapeu-tique parce qu’il s’agit ‘uniquement’ d’améliorer les performances et le bien-être, et non pas de sauver, soigner ou soulager les maux.» Silke Umbach

Question d’entraînement ? Cachet de ritaline dans la main d’un enfant (à gauche). A droite, 450 étudiants pendant un examen de statistiques. Quelques-un peut-être avec de la ritaline. Le dopage cérébral dans les universités est bien plus fréquent qu’on ne pense

>

Draeger_F_060 60 29.07.13 14:09

Page 61: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

61REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

SO

UR

CE

(G

RA

PH

IQU

E)

: W

WW

.TH

EL

AN

CE

T.C

OM

, V

OL

376

, N

OV

EM

BE

R 6

, 20

10 ;

IL

LUS

TR

AT

ION

: P

ICF

OU

R

Les 20 drogues les plus dangereusesCe sont toujours les autres qui consomment des STUPÉFIANTS : les drogués devant la gare et les fêtards, qui se dopent avec de l’Ecstasy et du Speed. Deux ou trois verres de bière le soir, c’est différent, non ?

Q uand il s ’agit des r isques des drogues, on met l’accent sur le potentiel d’addiction psychique

et physique et sur la gravité des états de manque, sans oublier les dommages cor-porels. Mais pour pouvoir mesurer les «risques» globaux de la consommation de drogue, il faut tenir compte de bien d’autres facteurs encore.

C’est exactement ce qu’a fait David J. Nutt de l’Imperial College à Londres. Nutt est neuropharmacologue, en tant que directeur de l’Advisory Council of the Misuse of Dr ugs (ACMD), il était chargé des questions liées à la dr ogue dans le gouvernement de Gordon Brown, avant d’être renvoyé en 2009 pour s’être engagé en faveur d’une évaluation objec-tive des dangers des drogues légales et illégales. Ensuite, il a fondé l’Indepen-dent Scientific Committee on Dr ugs, qui a permis de réaliser un étude. En 2010, Nutt a donc anal ysé en détail les 20 drogues légales et illégales les plus consommées en Grande-Bretagne. Avec son équipe, il ont fixé différents critères selon lesquels ils évaluent les drogues avec un système de 100 points. Plus de la moitié des cr itères se rapporte aux dommages chez les individus : dom-mages physiques, comme la destr uc-tion physique et la mort, dommages psy-chiques comme la dépendance, troubles mentaux ainsi que dommages sociaux comme la perte de patrimoine person-nel et de relations humaines.

Les autres critères leur servent à éva-luer les dommages de la consommation de drogues sur les tiers : blessures phy-siques et psychiques au sein des familles

nement du consommateur e t sur la société. C’est aussi dû au nombr e de consommateurs d’alcool, plus impor-tant que celui de ceux q ui prennent héroïne, crack ou cocaïne. Loin der-rière arrivent le LSD, les substances euphorisantes et la buprénorphine opiacée. Même si de pe tites quantités de ces drogues suffisent pour se griser, les dommages globaux sont nettement plus réduits pour les consommateurs et presque nuls pour la société. «Mais une valeur réduite ne signifie pas que la drogue soit inoffensive», prévient Nutt. «Chaque drogue est dangereuse dans certaines conditions.» Regina Naumann

Nocivité pour les consommateurs KG 46 Nocivité pour des tiers : KG 54

80

70

60

50

40

30

20

10

0

So

mm

e d

es n

oci

vité

s in

div

idue

lles

Alcool

Héroï

ne

Crack

(coc

aïne)

Cocaïn

e

Taba

c

Amph

étam

ines

Canna

bis

GHB

Benzo

diaz

épin

e

Kétam

ine

Métha

done

Méphé

dron

e

Butan

eKat

Stéro

ïdes

ana

bolis

ants

Ecsta

syLS

D

Bupré

norp

hine

Subst

ance

s eup

horis

ante

s

Métha

mph

étam

ines

A haut risque, y compris pour les tiersLe graphique indique différentes drogues en fonction de leur nocivité pour les consommateurs et les tiers. Les valeurs sont normalisées (de 0 à 100) et ensuite pondérées : 46 pour cent sont imputables aux consommateurs, 54 pour cent aux tiers. KG = Répartition cumulative du poids GHB = Acide gamma- hydroxybutyrique LSD = Acide lysergique diéthylamide.

et de l’environnement, criminalité, pré-carisation, dommages écologiques, dom-mages pour la société e t coûts écono-miques, par ex. le suivi médical.

Alcool et héroïne se retrouvent en tête

Héroïne, crack/cocaïne et méthamphé-tamines sont les drogues les plus dan-gereuses en matière de dépendance, de dommages mentaux et de mortali-té. L’alcool arrive en quatrième posi-tion en raison de son potentiel d’addic-tion élevé. Mais il ar rive sans conteste en tête q uand on se penc he sur les dommages occasionnés sur l’environ-

DROGUES CLASSEMENT

Draeger_F_061 61 29.07.13 14:09

Page 62: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

62 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Ambiance mitigéeDans les Etats du COLORADO ET DE WASHINGTON, la marijuana est autorisée mais l’euphorie s’est envolée avec l’ivresse des premiers joints. Des règles limitent la nouvelle liberté : les villes interdisent les clubs de marijuana et les lois en interdisent commerce et consommation.

Les règles s’appliquent, même au paradis de la drogue : pieds de cannabis à Denver (Colorado) avec étiquette de traçabilité

Draeger_F_062 62 29.07.13 14:09

Page 63: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

POLIT IQUE DROGUES

63REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

PIC

TU

RE

AL

LIA

NC

E /

AP

PH

OTO

; U

PI/

LA

IF

F rigorifiées mais visiblement de bonne humeur, plus de cent per -sonnes se sont rassemblées dans la

nuit du 6 décembre 2012 sous la Space Needle, l’emblème de Seattle. A minuit pile, la joie était à son comble. «L’Initia-tive 502» entre en vigueur , légalisant ain-si pour la première fois la marijuana dans un Etat américain.

Les premiers joints ont été fumés en ricanant. Les policiers observent le spec-tacle sans intervenir. Ils se sont conformés aux instructions du blog de leur commis-sariat : «jusqu’à nouvel ordre, les policiers n’intenteront aucune action pour des vio-lations de l’I 502, hor mis des avertisse-ments verbaux. Nous allons vous accorder un délai généreux pour vous habituer à ce nouveau monde un peu fumeux.»

Depuis, toutes les personnes de plus de 21 ans peuvent posséder une once de marijuana (env. 30 grammes) pour leur consommation personnelle et en privé. Il reste interdit de fumer en public, de conduire sous l’effet de stupéfiants, de produire et de vendre de la drogue, sauf à des fins médicales. L’Etat dispose d’une année pour mettre au point des règles sur la culture du cannabis et son commerce.

Un mois après l’euphorie de Seattle, des scènes similaires se sont déroulées au Colorado. L’addendum à la loi 64 sur la légalisation de la marijuana y est entré en vigueur le 5 janvier 2013. Cet article, approuvé par 55 pour cent des électeurs, permet depuis aux personnes de plus de 21 ans de posséder une once de marijua-na. En outre, les majeurs peuvent plan-ter jusqu’à six pieds de cannabis dans des locaux fermés. Il est cer tes interdit

de vendre la récolte mais pas d’en f aire cadeau. Ici aussi, il est interdit de fumer des cigarettes en public et de conduire sous l’influence de la mar ijuana. Des magasins de marijuana dans un rayon 300 mètres autour d’écoles, de ter rains de jeu, de mater nelles et de parcs sont également interdits.

Etat fédéral contre fédération

La situation est complexe. Ainsi, le droit fédéral américain classe encore le can-nabis comme stupéf iant de catégor ie maximale sans bénéf ice médical avec un risque d’addiction élevé, comme l’hé-roïne, le L SD et l’Ecstasy. Possession, achat, vente et production sont stricte-ment sanctionnés. Même l’utilisation de cannabis pour des usages médicaux, autorisée entre-temps dans 18 Etats amé-ricains et dans le district de Columbia, est interdite selon la loi fédérale.

Ces contradictions entraînent des zones d’ombre au travail. Les employés de l’Etat sont soumis à la loi f édérale, qu’il s’agisse de policiers, d’enseignants, de gardes forestiers ou de c hauffeurs de bus. La situation est dif férente pour les sociétés privées. Souvent, un test de drogues fait partie de l’entretien d’em-bauche. Des échantillons sont courants. A ce jour, la marijuana dans le sang était un motif de non-embauche ou de licencie-ment. Boeing ne veut pas c hanger cette pratique dans un premier temps, alors que d’autres sociétés ont décidé de revoir l’ensemble de leurs contrats de travail. Dans les Etats qui ont légalisé la marijua-na, il semble dif ficile de sanctionner la consommation de drogue en privé, même

si cela influe négativement sur les perfor-mances au travail.

«Ce sera intér essant de voir com-ment les gouvernements des Etats fédé-raux vont traiter les nouveaux règlements, comment Washington D. C. et l’industrie vont réagir et, et bien sûr ce que feront les consommateurs», dit le Professeur Mark Kleiman. Cet expert en droit pénal et poli-tique de drogues de l’Institut de Sciences Politiques Luskin de l’Université de Cali-fornie à Los Angeles s’engage depuis des années pour plus de recherche sur la léga-lisation de la marijuana. Il reproche aux pros et contres de faire trop de propa-gande et ne pas être assez objectifs. «Il n’est pas possible de faire des études sur l’usage légal de la marijuana, tant qu’elle est interdite. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’encourage les Etats du Colo-rado et de Washington a continuer leur expérimentation. Nous devons trouver et maintenant nous en avons la possibilité».

Le cinéaste Eugene Jar ecki est un fervent défenseur de la légalisation de la marijuana. Dans «The House I Live In», il présente les conséquences fatales de la «War on Drugs». La guerre contre la dro-gue, lancée en 1971, a coûté à ce jour plus d’un milliard de dollars et combat surtout les pauvres et les gens de couleur. Elle contribue à la surpopulation carcérale aux USA. Là-bas, environ un demi-mil-lion de personnes est emprisonné pour des délits relatifs à la drogues, dont envi-ron dix pour cent pour violation de la loi sur la marijuana.

Tout le monde attend avec im pati-ence de savoir si l’Et at de Washington va changer sa politique sur la drogue. Fin

Médecine : Michael Dare

de Seattle espère que la

marijuana va soulager ses

douleurs et il consomme la

drogue ostensi-blement en

public

>

Draeger_F_063 63 29.07.13 14:09

Page 64: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

DROGUES POLIT IQUE

64 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

2012, le président américain Obama a déclaré que la priorité de son gouverne-ment était de faire aboutir cette loi fédé-rale. «Nous avons autre chose à faire que de poursuivre des fumeurs de marijuana occasionnels dans les Etats fédéraux qui l’ont autorisé.» Le président de la Com-mission Judiciaire du sénat amér icain, le démocrate Patrick Leahy, évoque un possible compromis : «Nous pourrions compléter la loi fédérale de manière à légaliser la possession d’une once de marijuana dans les Et ats fédéraux qui l’autorisent.» Mais il y a aussi des oppo-sants à cette légalisation. Ils bénéf ici-ent entre autres du soutien des Nations Unies. Ils expliquent que les décisions des électeurs à Washington et au Colo-rado violent les accords internationaux et menacent la santé de manièr e géné-rale, surtout celle des jeunes.

Mais la critique envers la politique américaine n’est pas la seule à modi-

«La légalisation empêche la guerre des drogues»Depuis 1989, le magazine renommé «The Economist» défend la thèse selon laquelle : «L’interdiction est un échec, la légalisation est la moins mauvaise solution.» Ces libéraux londoniens justifient cela de plusieurs manières. Aux Etats-Unis par exemple, 40 milliards de dollars sont dépensés pour lutter contre la contre bande. Plus de 6 000 policiers et soldats meurent chaque année dans cette guerre. L’énorme différence entre coûts de fabrication et prix finaux permettent de financer des structures crimi-nelles. La légalisation permettrait d’y mettre fin et les drogues deviendraient un thème médical et juridique. Comme pour le tabac, en cas libéra lisation, les explications sur les risques permettraient de limiter la consommation. «Notre proposition est complexe», écrit le magazine, «mais un siècle d’échec requiert une alternative.»

> fier la balance en f aveur d’une légalisa-tion. Au vu de dettes élevées et de caisses vides, les communes, les Et ats fédéraux et le gouvernement à Washington voient un potentiel non exploité de recettes fis-cales de plusieurs milliards. Un groupe de trois cents économistes, dont des prix Nobels, s’est prononcé en faveur d’une analyse bienveillante de la légalisation de la marijuana.

Impôts et bénéfices

Ces derniers citent une étude de l’éco-nomiste Jeffrey Miron de Harvard, selon laquelle les USA pourraient encaisser six milliards de dollars supplémentaires par an, s’ils taxaient cette drogue comme l’alcool et le tabac. Dans le même temps, une somme considérable pour rait être économisée, occasionnée par les pour -suites pénales engagées. D’autres études évaluent les bénéfices potentiels d’une industrie légalisée de la marijuana entre

45 et 100 milliards de dollars par an. Le professeur Kleiman s’inquiète cepen-dant de l’éventualité d’un commerce profitable de marijuana : «Les entrepre-neurs du cannabis ne s ’intéressent pas qu’aux fumeurs occasionnels.» Il r en-voie à l’industrie du tabac et de l’alcool. Elle réalise 80 pour cent de ses af faires avec des fumeurs et buveurs invétérés. «A mon avis, il ne de vrait pas y avoir de négoce de mar ijuana. Bien sûr, cette approche ne génèrerait ni marges éle-vées, ni recettes fiscales.»

Depuis la légalisation de la mar ijua-na, les Etats du Colorado et de Washing-ton travaillent à réguler la production et le commerce de la drogue. Au Colorado, hommes politiques, experts en sécurité, activistes en faveur de la mar ijuana et associations entrepreneuriales travaillent à un cadre légal. A partir d’octobre 2013, les autorités devront pouvoir accorder des licences. Dans l’Etat de Washington, c’est l’autorité compétente en matière de licences d’alcool qui est responsable du développement d’un cadre légal équi-valent pour la mar ijuana. Cela inquiète l’expert en règlementation sur les dro-gues Kleiman. A son avis, l’évolution des licences d’alcool aux USA après la prohi-bition est le meilleur exemple qui prouve que la légalisation des drogues ne devrait pas être règlementée : «Aux USA, l’alcool cause plus de dommages que toutes les autres drogues illégales !»

Les jeunes dans le collimateur

Si la marijuana est légalisée, Kleiman craint que l’industrie ne fasse de la publicité pour ces produits et ne cible

Tant qu’on risque une descente de police, la marijuana ne sera pas un modèle de business

Draeger_F_064 64 29.07.13 14:10

Page 65: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

65REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

S :

PIC

TUR

E A

LLIA

NC

E /

AP

PH

OTO

(2)

, P

ETE

R H

ALL

EY

/ TH

E N

EW

S T

RIB

UN

E (

1)

De l’herbe verte : Jake Dimmock, co-propriétaire du Northwest Patient Resource Center à Seattle, soigne sa plantation de cannabis pour une utilisation médici-nale de la récolte

A Seattle, la marijuana est pesée et emballée légalement. Ceux qui ont plus de 21 ans peuvent acheter de l’herbe contrôlée par l’Etat dans l’un de ses magasins

Nancy Jo Armstrong (à gauche) et Nancy

King dépouillent les bulletins de la

pétition sur la marijuana dans

l’Etat de Washing-ton : 341 000 élec-teurs ont dit «Oui»

les jeunes avec son marketing. Les inves-tisseurs et créateurs d’entreprises sont dans les starting-blocks pour conquérir ce nouveau marché.

Etudiants à de Yale, Brendan Ken-nedy et Michael Blue, ont fondé la pre-mière société à capitaux à risques avec la Privateer Holdings. Ils investissent uni-quement dans des idées commer ciales liées à la marijuana. Du distributeur de marijuana «Medbox», en passant par le service d’évaluation pour les magasins de marijuana et le club de lux e «Diego Pellicer», dirigé par l’ancien manager de Microsoft Jamen Shively à Seattle, il n’y a plus de limites.

Si seulement il n ’y avait pas cette situation juridique floue entre le gouver-nement fédéral et les différents Etats ! Tant qu’il existe un risque de descentes policières, que les autorités américaines en charge des drogues ferment des entre-prises, que l’administration fiscale amé-ricaine saisit les recettes et peut engager des poursuites judiciaires pour activités illégales, les banques ne financeront pas ce nouveau secteur de l’industr ie. Les créateurs d’entreprise ne reçoivent ni cartes de crédit, ni comptes bancaires. Les transactions entre producteurs, dis-tributeurs et clients ainsi qu’entre pro-priétaires de magasins et collaborateurs sont donc effectuées en liquide. Même les loueurs hésitent à mettre des locaux ou des entrepôts à disposition de socié-tés en lien avec la marijuana.

Il faudra des années av ant de dis-poser de résultats scientifiques, écono-miques et médicaux per tinents sur la légalisation. Kerstin Zilm

Draeger_F_065 65 29.07.13 14:10

Page 66: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

66 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

JUSTICE SOCIÉTÉ

Non, non et encore non !A-t-on le «DROIT DE S’ENIVRER» ? L’Etat veut toujours interdire beaucoup de choses aux citoyens, comme par exemple certaines drogues. Ce serait pour leur bien, dit-on. Mais l’ivresse est autorisée par l’Etat dans de nombreux domaines. Une contradiction ?

Non», dit la Cour de Cassation alle-mande (BVerfG) à Karlsruhe. Non, non et encore non. Le 9 mar s

1994, le tribunal a fait connaître sa «déci-sion sur le cannabis». Les juges ont étudié si les citoyens avaient le droit de s’enivrer comme ils l’entendaient, avec des subs-tances que le législateur avait interdites. Il était aussi question d’une possible tolé-rance erronée pour l’alcool. Le premier «Non» est le plus com plet : «Ce sont les restrictions de l’art. 2 al.1 GG qui s’ap-pliquent pour les drogues. Il n’y a pas de “droit à l’ivresse”, qui ne serait pas sou-mis à ces restrictions.»

L’ivresse ne peut pas être poursuivie

L’article 2 de la loi fondamentale garantit le droit à «un libre épanouissement de la personnalité». Chacun peut faire ce qui lui plaît. Mais cette promesse intégrale se limite d’elle-même : chacun peut tout faire «dans la mesure où il ne viole pas les droits de tiers, l’ordre constitutionnel ou les bonnes mœurs».

Que fait donc un consommateur de drogues ? Cette question a posé de grands

problèmes aux juges. Le nombre de pro-cès sur les stupéf iants (BtMG) a aug-menté de façon explosive dans les années 1970 et 1980. Entre la vague de haschich et la tragédie de l’hér oïne de «Moi, Christiane F.», l’Etat a été contraint de prendre des mesures pour endiguer une évolution considérée comme une vraie menace. Les procès devant la cour de cassation étaient programmés d’avance.

Wolfgang Nešković, actuellement député du Bundestag, autrefois juge au tribunal d’instance de Lübeck, a déclen-ché la v ague en 1992 : La c hambre pénale de Nešković n’avait pas été en mesure de condamner un accusé aux termes du BtMG. Les principaux argu-ments :• le législateur traite les consommateurs d’alcool de façon plus tolérante et viole ainsi le principe d’égalité prescrit dans l’article 3 de la loi fondamentale,• l’ivresse est depuis toujours un cas culturel normal et fait donc partie de l’épanouissement de la personnalité, protégé par l’article 2,• la politique punitive de prévention des drogues a échoué.

Mais la Cour de Cassation a répondu que «l’interdiction de vendre des produits à base de cannabis n’obligeait personne à se rabattre sur d’autres stupéfiants (comme l’alcool), qui n’étaient pas sou-mis à la loi sur les stupéfiants». Pour des raisons d’harmonisation juridique, le législateur a décidé d’ét ablir une liste obligatoire des substances interdites. On ne serait pas poursuivi pour l’ivresse elle-même. Et d’ailleurs, comment ? Sinon, le législateur serait contraint d’interdire le dissolvant pour vernis à ongles, les colles et l’essence dès lors que certains se met-tent à les renifler.

Lutter contre l’addiction

Le deuxième «Non» du BVerfG était donc clair : Tous les poisons ne doivent pas être traités de la même façon. Une léga-lisation des drogues n’est pas à l’ordre du jour, même si ces der nières n’occa-sionnent guère de problèmes dans notre pays. Des contrats inter nationaux obli-gent depuis longtemps l’Allemagne à établir une liste de ces substances. En font partie le cannabis, les am phéta-mines, le LSD, l’héroïne et la cocaïne. P

HO

TO :

SH

UT

TE

RS

TOC

K

Draeger_F_066 66 29.07.13 13:54

Page 67: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

67REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Ce qui compte, c’est la pratiq ue juri-dique. L’Etat combat-il seulement ce qu’il veut combattre ? Il ne s ’agit alors pas de l’ivresse mais de l’addiction.

Le docteur Clemens Veltrup, psycho-thérapeute et directeur de la clinique de Freudenholm-Ruhleben dans le Land de Schleswig-Holstein, constate une contra-diction entre le traitement juridique des différents stupéfiants et de leurs dangers réels. Les 1,3 millions de dépendants aux médicaments en Allemagne n’apparais-sent quasiment pas dans les traitements de jour de l’addiction. «Seules 700 sont allées dans un ét ablissement hospita-lier en 2012», dit-il. Dans le domaine de l’aide aux drogués, pour les substances illégales, on a mis en place de grandes structures depuis des décennies. Les lois comportent aussi des risques et des effets secondaires.

Les partisans du pragmatisme le savent bien : il n’y a pas de lois idéales. Mais il y a des champs d’actions concrets où il est possible d’améliorer les choses. Pour la circulation routière, il existe aus-si un risque important dû aux médica-ments légaux. Ce sont sur tout les tran-

quillisants qui rendent acros. Mais le danger pour les tier s sera un mo teur important à l’avenir dans la politiq ue de prévention. Il a déjà f ait ses preuves dans la protection des non-fumeurs et les dommages pour les fumeurs eux-mêmes ont également diminué.

Une question de proportionnalité

La Cour de Cassation a expressément autorisé le législateur à traiter les inter-dictions de façon différente en 1994. Les juges ont posé des l imites aux autorités avec un 3ème «Non» Il ne faut pas juger tous ceux qui sont pris en f lagrant délit avec une petite quantité de haschich. Idée centrale : «Prononcer des peines cri-minelles à l’encontre de consommateurs curieux et occasionnels, qui goûtent de petites quantités de cannabis, peut avoir des effets inadaptés sur les différents cou-pables et avoir des résultats néfastes pour la prévention.»

Personne ne dispose du droit de s’eni-vrer. Mais pour la lutte contre l’addic-tion, il faut veiller à la proportionnalité. Une politique dure ne donne pas le droit à tous les excès. Silke Umbach

Qu’est-ce que l’Etat peut interdire à ses citoyens ? Les juristes discutent, avec des effets concrets dans la pratique

Draeger_F_067 67 29.07.13 13:54

Page 68: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

MINI-LEXIQUE STUPÉFIANTS

68

ABC des droguesUn aperçu sur les DROGUES USUELLES, sur les agents qui les composent, leurs formes de consommation, les risques, la fréquence d’utilisation, leur origine et leur histoire.

AlcoolAgent : Alcool éthylique (Ethanol)Forme de consommation : bu sous différentes formes et dans divers mélanges avec une teneur en alcool différente, entre 2 pour cent (lait de jument fermenté «Kumis») et 95 pour cent (eau-de-vie de maïs «Everclear»). Effet : lire page 22Fréquence de consommation : Dans les Etats de l’UE, la consommation des plus de 15 ans est de 12,5 litres d’alcool par an, donc deux fois plus élevée que la moyenne mondiale. Risques : L’UE et l’OMS ont listé plus de 40 maladies de l’alcool. En outre, l’alcool joue «un rôle important pour les blessures et décès sur la route». En 2004, dans les Etats de l’UE, 10,8 pour cent de tous les décès de personnes entre 15 et 64 ans étaient liés à leur propre consommation d’alcool, 3,3 pour cent sont décédés de la consomma-tion d’alcool de tiers. Origine et histoire : lire pages 10–11Synonymes : tord-boyaux, gnôleTonus : Vers 3 100 avant J.C., les ouvriers des pyramides recevaient chaque jour cinq litres de bière en complément de leur alimentation.

BenzodiazépineAgent : groupe de composés, formés à la base de 1,4 ou 1,5 benzodiazépine. Développés comme tranquillisants et somnifères, dont les noms se terminent souvent par -azepam : Diazepam, Lorazepam et Oxazepam. Les noms commerciaux sont Valium, Librium, Rohypnol, Tavor et Praxites.

On ne voit jamais au premier coup d’œil l’effet et les risques d’une drogue

REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Draeger_F_068 68 29.07.13 13:52

Page 69: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

69REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

PH

OTO

: G

ET

TY

IM

AG

ES

Forme de consommation : cachets ou injections intraveineusesEffet : anxiolytique, relaxantRisques : troubles de la mémoire, capacités de réaction et de perception restreintes avec incapacité de conduire, dépendance en cas de prise durable sans contrôle médical Origine et histoire : traces de benzodiazépines dans le sang humain et animal et des plantes. Les benzo-diazépines ont été découvertes aux USA en 1957. Le 1er médicament de ce groupe, le Librium, est sorti en 1960. Le Valium a suivi en 1963. Ce n’est que dans les années 1980 qu’on a reconnu le risque de dépendance mais en 2008, une étude prédisait qu’il serait «encore prescrit très longtemps». Synonymes : Tranx, Benzos, Pilules ; Rosch et Rohys pour Rohypnol Insomnies : «Ma femme ne m’autorise pas à prendre du Valium !», a dit Leo Sternbach, découvreur de la benzodia-zépine, au «The New Yorker».

Cannabis famille du chanvre Agent : Tetrahydrocannabinol (THC)Forme de consommation : fumé, mêlé à du tabac dans des cigarettes ou dans une pipe spéciale. L’effet se fait sentir presque immédiatement mais l’apparition des effets est retardée quand on le prend dans des boissons, du yaourt ou des biscuits.Effet : renforce les ambiances positives ou négatives et améliore l’humeur. Sensation de relaxation, paix intérieure et sérénité ; souvent manque de motivation. On observe une gaieté et une communication sociale accrues.Fréquence de consommation : Environ 25 pour cent des Européens entre 15 et 64 ans ont consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie. 6,8 pour cent du même groupe l’ont consommé dans les 12 der niers mois, un tiers des personnes ayant fait des expérien ces avec le cannabis. Risques : capacités physiques et mentales réduites, mais avec une estime de soi surdimensionnée ; incapacité de

conduire. En cas de forte consom-mation régulière, dépendance physique, passivité Origine et histoire : probablement originaire d’Asie Centrale et du Moyen-Orient. Utilisé en médecine (diminution des seuils de douleur en cas de névralgie, de migraines et d’attaques) mais aussi comme stupéfiant. Mentionné pour la 1ère fois en 2 700 avant J.C. dans un recueil chinois. En Europe, l’utilisation comme médicament à effet euphorisant débute au XIXème siècle. Synonymes : dope, fanja, herbe, tabac vert, kiff, piece, shit, spliff, weedReine fumant des joints : Des médecins ont prescrit du cannabis à la reine Victoria (1819 – 1901) contre ses dysménorrhées.

Cocaïne poudre claire et cristalline, issue des feuilles de coca Agent : CocaïneForme de consommation : inhalée, injections intraveineuses et fuméeEffet : forte stimulation du système nerveux central par inhibition de la rétro-accumulation de noradrenaline, dopamine et sérotonine dans les vésicules synaptiques. Effet immédiat, euphorisant, réduisant le stress. On n’est plus inhibé. On a une énergie et une créativité accrues.Fréquence de consommation : Environ 4,6 pour cent des Européens entre 15 et 64 ans ont consommé au moins une fois de la cocaïne dans leur vie. 1,2 pour cent du même groupe ont consommé de la cocaïne durant les douze derniers mois, une personne sur quatre ayant des expériences avec la cocaïne. Risques : dépendance psychique rapide et «psychose de la cocaïne». Les impuretés et agents pour couper la drogue augmentent les effets secondairesOrigine et histoire : Le buisson de coca est cultivé en Amérique du sud depuis 5 000 ans. Les feuilles ne pouvaient être mâchées que rituelle-ment. Avec la paupérisation après la conquête par les Espagnols, une partie

de la population s’en est servie pour soulager les sensations de faim et de froid et pour augmenter ses perfor-mance. Après l’isolation de l’agent vers 1860, utilisation comme anesthésique local et anti dépresseur. «Invasion de cocaïne» dans les milieux artistiques et intellectuels des années 1920, renaissance dans les années 1970 et «drogue de performances» depuis les années 1990.Synonymes : coke, poudreuse, koks ; crack et rocks (pour le crack)Toujours plus bas : «If you wanna get down, down on the ground, Cocaine», JJ Cale, 1976

Crack un hydrochloride de cocaïne avec des alcali Ò La cocaïne Se fume. Elle est apparue pour la première fois en 1983/84 sur la côte ouest des USA.

Diazepam Ò Benzodiazépine Indispensable : Il figure dans une liste des «Essentiell Medicines» de l’OMS et doit donc figurer dans la liste des médicaments de base d’une pharmacie d’hôpital.

«Drogues synthétiques» Amphétamines («Speed») et méthamphétamines («Ecstasy»)Agents : Ces drogues synthétiques, aux structures similaires, produites synthé-tiquement, font partie des beta-phenylal-kylamines (béta-phénéthylamines). Forme de consommation : le plus souvent avalées, rarement inhalées, en injections intraveineuses ou fumées (méthamphétamines). Effet : En analeptiques, elles ont un effet dopant. On devient performant et sûr de soi. Les méthamphéta-mines font plus d’effet que les amphéta-mines (cf. aussi p. 23).Fréquence de consommation des amphétamines : Environ 3,8 pour cent des Européens entre 15 et 64 ans ont consommé au moins une fois des am phétamines dans leur vie. 0,6 pour

Draeger_F_069 69 29.07.13 13:52

Page 70: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

MINI-LEXIQUE STUPÉFIANTS

70 REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

cent du même groupe ont con sommé des amphétamines dans les 12 derniers mois, une personne sur six ayant des expériences avec des amphétamines. Fréquence de consommation de l’Ecstasy : Environ 3,4 pour cent des Européens entre 15 et 64 ans ont consommé de l’Ecstasy au moins une fois dans leur vie. 0,6 pour cent du même groupe ont consommé de l’Ecstasy au cours des douze derniers mois, une personne sur six ayant des expériences avec l’Ecstasy. Risques : overdose et effets secondaires, surtout pour la drogue coupée et utilisée en intraveineuse. Hallucinations, dépendance psychique, prostration, déshydratationOrigine et histoire : Les expressions familières «drogues synthétiques» et «weckamine» décrivent la synthèse ciblée de ces substances en laboratoire et leurs effets. En 1887, le chimiste roumain Lazâr Edeleanu a réalisé la synthèse des amphétamines à Berlin. On les a utilisées à partir de 1933 comme «Benzedrine» contre le rhume. Mais bientôt, on s’est intéressé aux effets se-condaires dopants, par ex. pour les armées qui, à partir de la 2ème guerre mondiale, ont utilisé les amphétamines pour augmenter les performances. Une nouvelle ère d’abus des amphétamines a débuté dès les années 1960, qu’on observe aujourd’hui sous différentes formes de consommation de «drogues synthétiques». L’évolution des métamphé-tamines se déroule en parallèle : synthétisées pour la 1ère fois en 1893 au Japon, elles sont utilisées pendant la 2ème guerre mondiale pour leur effet dopant dans les armées, en Allemagne avec la «Pervitine», brevetée en 1937. Comme pour le MDMA (Ecstasy), synthétisé pour la 1ère fois en 1912, les applications en cas de rhume ou comme coupe-faim, jouent un rôle négligeable. Utilisé comme dopant, l’Ecstasy est devenu une star tristement célèbre du monde musical des années 1960.Synonymes d’amphétamines : speed, pepp, amph, crank

Synonymes de méthamphétamines : Ice, meth, crystal, glas, yaba ; pour l’Ecstasy : E, adam, XTC, emphaty, cadillac, MDMA, love-drugUn souhait : «Le service est rude … Aujourd’hui, je vous écris surtout pour vous demander de la pervitine. … votre Hein», télégraphie Heinrich Böll, prix Nobel de littérature (1972) depuis la Pologne le 9 novembre 1939 à ses parents.

Ecstasy Ò Drogues synthétiques

Haschich résine des fleurs de chanvre femelleAgent : Tetrahydrocannabinol (THC), teneur en agents entre 5 et 20 pour cent, selon son origine Ò CannabisFumer un joint à Berlin : «Plus aucun joint ne devra être fumé sur le sol allemand !», l’acteur et chansonnier Wolfgang Neuss, 1983

Héroïne Ò OpioïdesSynonymes : sniff, skag, harry, smack, schmeck, caca, caballoÀ la mode : En 1986, le «Sunday Times» invente le terme de «Heroin Chic» pour décrire la culture des consom mateurs d’héroïne, en particulier des mannequins très minces et pales.

KétamineAgent : un «anesthésique dissociant» (dérivé de phencyclidine), proche des hallucinogènes Forme de consommation : Dans une solution aqueuse, on le boit ou on l’inhale sous forme de poudre (Ketanest, Ketaset, Ketalar), rarement en injections intraveineuses.Effet : produit une espèce d’état cataleptique où le consommateur se voit détaché de son environnement et de son corps et projeté hors du temps. Rêves bizarres, parfois redoutables, hallu cinations visuelles et auditives Fréquence de consommaton : Des données parcellaires et sans réelle cohérence évoquent 2 à 4 pour cent

parmi les jeunes adultes (de 15 à 34 ans) dans certains pays de l’Union. Risques : prostration en cas d’overdose, psychoses en cas de consommation régulière, états anxieux durables dès les petites doses en cas de prédisposition génétique Origine et histoire : développée à partir de 1962 comme anesthésique aux USA, agréée en 1970, ensuite utilisée pendant la guerre du Vietnam. Con sommation non médicale parmi les «Psychonautes», utilisée maintenant comme une drogue à la mode dans les «rave parties» Synonymes : special K, vitamine K, jet, super acid, kit kat Le paradis : «Si les grands industriels et présidents prenaient cette drogue de l’amour, la terre serait un vrai jardin d’Eden.» Psychonaute Marcia Moore dans «Journeys Into the Bright World» (1978)

Marijuana parties séchées et broyées de la plante de chanvre femelleAgent : Tetrahydrocannabinol (THC), teneur en agents en fonction de son origine entre 1 et 7 pour cent. Plantations néerlandaises sous serres (Skunk, Sinsemilla, Nederwiet) jusqu’à 22 pour cent Ò Cannabis«Beat poésie» : «Je pourrais faire ça sans fin avec de l’herbe», écrit Jack Kerouac à son ami Allen Ginsberg.

MéthadoneAgent : opioïdes Ò synthétiquesForme de consommation : sous forme de poudre ou de pilules, de gouttes ou de sirop. Prise orale lors d’une thérapie de substitution pour les dépendants à l’héroïne, utilisation illégale par voies orale et intraveineuseEffet : comme les autres opioïdes, mais moins fort et à retardementFréquence de consommation : estimée à deux pour cent pendant toute la durée de vie Risques : dépendance, décès en cas d’overdose massive

Draeger_F_070 70 29.07.13 13:52

Page 71: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

71REVUE DRÄGER 7 | SPÉCIAL

Origine et histoire : Synthétisée pour la 1ère fois en 1939 par IG Farben comme «Va 10820» et produite en petites quantités à partir de 1942 sous forme d’«Amidon» comme antalgique avant d’être rebaptisée «Methadon» aux USA en 1947. Dès la fin des années 1940, utilisée pour compenser les états de manque des dépendants à l’héroïne ; en Allemagne comme «Polamidon» dès 1950. Premier programme expérimental de méthadone entre 1973 et 1975 à Hanovre. Création de programmes de substitution en réponse aux travaux de recherche positifs en Allemagne à partir 1990. Synonymes : dolly, doll, red rockGuérison : Que la méthadone (Ami-don) ait été vendue avant 1945 comme «Adolphine» est une légende lancée à New York dans les années 1970 pour discréditer les thérapies de substi-tution en les associant aux Nazis.

Opioïdes (agent actif de la morphine, l’opium, l’héroïne, la codéine etc.)Agents : substances naturelles ou synthétisées, qui stimulent les récep-teurs d’opioïdes ou recépteurs μ du cerveau et dans la moelle épinière Forme de consommation : fumés, mangés, inhalés ou injectésEffet : sensations de bonheur démesuré (héroïne) ou encore hallucinations excitant la fantaisie (et érotiques) Fréquence de consommation : Le nombre de «consommateurs d’opioïdes à problème» est estimé à 1,4 millions d’Européens. Trois pour cent des décès liés à la consommation de drogues des Européens entre 15 et 30 ans sont liés aux opioïdes. Risques : forte dépendance, mort en cas d’overdose, graves inflammations («Turkey»), surtout pour l’héroïne Origine et histoire : Les opioïdes sont apparus il y a plus de 8 000 ans dans l’actuelle Turquie sous forme d’opium, produit à partir du pavot somnifère. On a utilisé le jus de pavot vert, pressé sous forme de pilules, comme antal-

gique. L’opium est fumé depuis la décou-verte de l’Amérique par les Européens, qui apportèrent avec eux tabac et alcool. De Chine, l’opium nous arrive au XVIIème siècle via l’Indochine. En Europe, on utilise l’opium comme antalgique à compter du XVIIIème siècle. La morphine a été isolée comme alcaloïde principal de l’opium en 1804 et l’héroïne, avec son fort potentiel d’addiction, a été synthétisée en 1898. Durant les 1ères décennies du XXème siècle, l’utilisation médicale, surtout en ce qui concerne l’héroïne, a été sup-plantée par les usages illicites. Elle est produite dans le «Triangle d’or» entre Thaïlande, Laos et Myanmar et en Afghanistan. En Allemagne, les opioïdes représentent la moitié des demandes de thérapie en matière de drogues. Seringue et dégâts : «I have seen the needle, and the damage done». En 1972, Neil Young chante le déclin d’un guitariste dépendant à l’héroïne sur son album «Harvest».

Opium Agent : Morphine Ò OpioïdeTout est réglé : «Ceux qui fument de l’opium doivent avoir une autorisation du fonctionnaire compétent. La redevance pour ce permis s’élèvera à un dollar par mois et devra être versée trimestrielle-ment .» Paragraphe 5 de l’«ordonnance sur l’opium» de 1912, du gouverneur impérial Meyer-Waldeck à Tsingtau.

Speedball mélange de cocaïne et de morphine ou héroïneTitre à la une : Le 20 janvier 1936, vers 23.55 heures, le médecin Lord Dawson of Penn injecta au roi George V., à l’article de la mort une dose mor-telle, composée d’un mélange de cocaïne et de morphine «pour que le message du décès du roi puisse être publié dans les éditions matinales des journaux …».

Valium Ò BenzodiazépineQuand les enfants nous stressent : «And though she’s not really ill, there’s a little yellow pill» («Mother’s Little Helper», The Rolling Stones, 1965)

Les reportages de la Revue Dräger informent sur les produits et les possibilités d’utilisation. Ils ne sont pas destinés à assurer certaines propriétés des produits ou leur aptitude pour une utilisation concrète. Il est demandé au personnel spécialisé d’appliquer les connaissances et les expériences

pratiques acquises dans le cadre de leur formation et de la formation continue. Les avis, points de vue et remarques des personnes citées nommément et des auteurs externes, publiés dans les textes, ne correspondent pas nécessairement à l’opinion de Drägerwerk AG & Co. KGaA. Il s’agit d’avis d’individus. Tous les produits cités ne sont pas disponibles dans le monde entier. Les packs d’équipements peuvent différer en fonction des pays. Sous réserve de modification des produits. Vous recevrez les informations actuelles auprès de votre représentation Dräger local. © Drägerwerk AG & Co. KGaA, 2013. Tous droits réservés. Cette publication ne peut être reproduite ou mémorisée dans un système de données ou sous une forme quelconque ou de manière quelconque, entièrement ou en partie, ni électroniquement, ni mécaniquement, par photocopie, photos ou tout autre type de reproduction qu’avec l’accord préalable de Drägerwerk AG & Co. KGaA.

Dräger Safety AG & Co. KGaA, Lübeck/Allemagne, est le fabricant des produits : Alcotests (p. 14 et suivantes), tubes (p. 14 et suivantes), Interlock XT (p. 19, 46-49), DrugTest 5000 (p. 24 et suivantes,p. 48), Alcotest 7110 Evidential (p. 45) et Alcotest 9510 (p. 51).

www.draeger.com

MENTIONS LÉGALESÉditeur : Drägerwerk AG & Co. KGaA,Corporate Communications Adresse de la rédaction : Moislinger Allee 53–55, 23558 Lübeck, Allemagne [email protected], www.draeger.com Rédacteur en chef : Björn Wölke, Tél. +49 451 882 20 09, Fax +49 451 882 39 44 Conseils rédactionnels : Nils Schiffhauer (responsable de la publication) Direction artistique, conception, rédaction-photo et coordination : Redaktion 4 GmbH, HambourgTraduction : LektornetImpression : Lehmann Offsetdruck GmbH ISSN 1869-7275Référence : 90 70 331

Draeger_F_071 71 29.07.13 13:52

Page 72: Drägerheft Revue Dräger spécial€¦ · 4 revue drÄger 7 | spÉcial photos : picture alliance, action press, mauritius imag es / alamy, wme, imago / friedrich stark, archiv ,

MDMA

Eau de feu

Joint

Pilule du bonheur

Niveau à haut risque

Droit

Faire bleu

Speedball

Drogues

LSD

StupéfiantsStramoine

à jeunCulture Alcool

CocaïneOpioïdes

DR

UID

Spice

Marijuana

Alcotest

Autorisation

Vodka

Œillette

Ritaline

Bière

Ethanol

Respiration

Interlock-Alcool

Sel de bain

Dépendance

Crack

Benzedrin

Shisha

Opium

MorphineE

chantillonnage

Test préal

Evidential

Bracelet élec.

DrugTest 5000

Ballon

Vie

Catalyseur

Sympathique

Sorcières

Emotion

F. W. Sertürner

Sécurité au travail

Bootlegger

Culture

Contrôle routier

empoisonnerA

lcool interdit

Ame

Loi

Pour mille

Paracelsus

Scythes

Addiction

Woodstock

Prévention

Légalisation

saoul

Trafic routierinc. de conduire

Parasym

pathique

Capacité de réaction

Bétel

Délinquant

synthétique

Perm

is de conduire

Intoxication

enjoué

Electrochimie

Morts sur la route

illégal

SueurEcstasy

Héroïne

Jusquiame noire

Seringue

Urine

Sang

Vin

CapteurPeau

Amphétamines

Gnôle Prohibition

Kava

Aconitum

Kat

Pervitin

Valeurs limites

Plaie de l’eau-de-vie

Enzyme

Cham

ane

Loi sur la pureté

à jeun

Guerre de la drogue

Ventre à bière

Profit

illuminéPrévention

Salive

EcrivainAlcool fort

Métiers à risques

Draeger_F_072 72 29.07.13 13:50