Doublé au petit mas

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Vendredi 18 novembre 2011 Doublé au Petit Mas. Il est 06h30 quand je me joins aux autres chasseurs pour cette battue automnale. Les formalités administratives et la « messe sécuritaire » terminées, j'apprends que nous serons deux pour tenir quatre postes. Le chef de ligne m'indique comment coulisser d'un poste à l'autre, ce que je ne ferai pas, car j'ai une sainte horreur de ces double-postes. Par chance, mon partenaire de ligne a le même avis que moi. Au hasard, nous décidons qu'il occupera le 1 ou le 2, et moi, le 3 ou le 4; le choix se fera sur le terrain, en fontion du ressenti de chacun. Arrivés sur-place, il choisira le 1 et moi le 3. Pour une fois, nous sommes postés de bonne heure, ce qui permettra de stopper la fuite éventuelle des sangliers au premier claquement de portière. Je m'installe donc au pied d'un grand pin, au bord d'un chemin. Sur la droite je ne peux tirer qu'au rembûcher, car le tir sur le chemin est interdit et la vue avant le chemin est inexistante. Par contre, à gauche, la coulée ou plutôt la tranchée creusée par les passages successifs des animaux est précédée d'un sentier tortueux dans les cistes et les salsepareilles. Plus loin, au bas de la pente, une ancienne olivette où subsistent encore quelques vieux arbres offre une belle vue panoramique. Alors que je me suis légèrement déplacé sur la droite, pour vérifier qu'aucune autre coulée n'existe, je vois dans le champ, à environ 200 mètres, un sanglier qui traverse au pas. Il se dirige apparemment vers le poste 1. Grrrr!

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Vendredi 18 novembre 2011

Doublé au Petit Mas.

Il est 06h30 quand je me joins aux autres chasseurs pour cette battue automnale. Les formalités administratives et la « messe sécuritaire » terminées, j'apprends que nous serons deux pour tenir quatre postes. Le chef de ligne m'indique comment coulisser d'un poste à l'autre, ce que je ne ferai pas, car j'ai une sainte horreur de ces double-postes. Par chance, mon partenaire de ligne a le même avis que moi. Au hasard, nous décidons qu'il occupera le 1 ou le 2, et moi, le 3 ou le 4; le choix se fera sur le terrain, en fontion du ressenti de chacun. Arrivés sur-place, il choisira le 1 et moi le 3.

Pour une fois, nous sommes postés de bonne heure, ce qui permettra de stopper la fuite éventuelle des sangliers au premier claquement de portière. Je m'installe donc au pied d'un grand pin, au bord d'un chemin. Sur la droite je ne peux tirer qu'au rembûcher, car le tir sur le chemin est interdit et la vue avant le chemin est inexistante.Par contre, à gauche, la coulée ou plutôt la tranchée creusée par les passages successifs des animaux est précédée d'un sentier tortueux dans les cistes et les salsepareilles. Plus loin, au bas de la pente, une ancienne olivette où subsistent encore quelques vieux arbres offre une belle vue panoramique.

Alors que je me suis légèrement déplacé sur la droite, pour vérifier qu'aucune autre coulée n'existe, je vois dans le champ, à environ 200 mètres, un sanglier qui traverse au pas. Il se dirige apparemment vers le poste 1. Grrrr!

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Ma colère contre ce coup du sort va s'amplifier, quand je verrai passer successivement entre quinze et vingt sangliers de toute sorte. Une question lancinante ocupe mon esprit: pourquoi ai-je choisi le 3 à la place du 1?

Mais c'est bien sûr, il fallait évidemment choisir le 3! La preuve? La meneuse oblique maintenant à 90° et vient donc droit sur moi en suivant le sentier. Revigoré par ce revirement de fortune, je tombe à genoux et progresse ainsi pour me rapprocher de la coulée et me mettre en position favorable de tir.

Machinalement, je vérifie que la Sauer est armée et que le viseur point rouge est allumé. En file indienne, la compagnie, sous l'autorité d'une laie de 80 kg, progresse, stoppe, écoute, hume; puis re-progresse. Dans le même temps, mon coeur palpite de plus en plus vite. Des sangliers qui viennent vers moi, je commence à en avoir vus pas mal, mais un tel nombre en une seule fois est inédit.

Masqués par la végétation, les sangliers ne sont tout à coup plus visibles. Je sens arriver le coup fourré. Brusquement, la meneuse se découvre à moins de dix mètres sur ma droite et en contrebas du chemin. Elle a la tête haute, le groin pointé vers le ciel, la queue relevée; tous les signes avant coureurs du « Waouff » qui va sonner la débandade.

J'ai toujours la carabine épaulée et pointée vers le sentier. Un pin que j'ai soigneusement pris le soin de mettre entre la sortie de la coulée et moi, doit logiquement me donner un léger effet de surprise. Une tête apparaît brusquement à la gauche du tronc. Boum!

Je vois nettement que la balle a fait son office, je me relève prestement et constate que toute la compagnie a éclaté dans tous les sens.

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Une bête rousse qui saute par dessus la végétation est aussitôt stoppée net par ma deuxième balle. Dès lors, tous ces sangliers opteront pour la reptation sous l'épaisse végétation et ne me donneront pas l'occasion de tirer une troisième cartouche.

Décidemment, cette battue s'avère favorable, car lors de la précédente, j'avais également prélevé un joli sanglier d'une cinquantaine de kilos.

De cette battue, je tire plusieurs enseignements:

• Il est impératif de poster de bonne heure et dans le plus grand silence possible.

• La chance est un des éléments importants qui conditionnent notre activité.

Vous avez tous deviné que j'ai été désigné à l'unanimité, C.B.N de la semaine.

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Mon tableau

Une vue du poste