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Usine Renault de Tanger SYNERGIES EN MARCHE Versailles LES TOITS EN MAJESTé Mise aux normes DES TUNNELS Hugues Sibille, VICE-PRéSIDENT DU CRéDIT COOPéRATIF, éDIFIE DES PROJETS EN PHASE AVEC LES BESOINS DES ENTREPRISES DE L’éCONOMIE SOCIALE. UN ENGAGEMENT HUMANISTE AU SERVICE DE TOUS. CONSTRUCTION n°26 JUILLET-AOûT-SEPTEMBRE 2011 L’INVITé

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Usine Renault de Tanger

synergies en marche

Versailles Les toits en

majesté Mise aux normes

des tunneLs

Hugues sibille, ViCe-PRésident du CRédit CooPéRatiF, édiFie des PRojets en PHase aVeC Les Besoins des entRePRises de L’éConomie soCiaLe. un enGaGement Humaniste au seRViCe de tous.

ConstRuCtion n°26 juiLLet-août-sePtemBRe 2011

L’inVité

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nUMéRo 26 juillet-août-septembre 2011

Direction de la communication : 61, avenue jules-Quentin, 92730 nanterre. tél. 01 46 95 70 00 /// Directeur de la publication : manuel saez-prieto /// Rédactrice en chef : Karine Demenat /// Conception-réalisation : 41, rue greneta, 75002 paris /// Responsable éditorial : jérôme rousselle /// Secrétariat de rédaction : michèle Cohen /// Direction artistique et maquette : agnès lalle, isabelle tho /// Iconographie : marion Capéra, emmanuelle jouan /// Ont participé à ce numéro : Éric allermoz, sophie Caux-lourié, anne Fellmann, bruno schwab et marc Wilmann /// Diffusion : josiane bennier /// Tirage : 33 000 exemplaires /// Impression : imprimerie Vincent. Ce document utilise du papier Condat silk garantissant la gestion durable des forêts. il a été imprimé par un imprimeur imprim’Vert qui n’utilise pas de produits toxiques et sécurise le stockage des produits et déchets dangereux, et organise leurs collectes /// ISSN : 1957-5696. Crédits photographiques : Couverture : © thierry Duvivier, invité : © François girard / studio geo ; © Fabrice Dimier. p. 2-3 : © thierry Duvivier ; © luc benevello ; © www.martyniak.fr ; © augusto Da silva/graphix-imagesp. 4-5 : © thierry Duvivier. p. 6-7 : © luc benevello ; © Dr Vinci Construction France. p. 8-11 : © populous ; © VaFC - photo Kalimba. m ; © atelier Christian de portzamparc ; © Chaerzog & Demeuron ; © Dr VinCi Construction France ; tour D2 ; © rudy ricciotti architecte ; © thierry Duvivier ; © p. tohier-photomobile/2011 ; insa ; © Cyrille Dubreuil/petit ; architecte poissonnier Ferran ; © asylum /gautier Conquet ; © Frédéric stucin / myop ; © Dr VinCi Construction France. p. 12-16 : © thierry Duvivier ; © stéphane de bourgies / renault ; projet les quais d’arenc/groupe Constructa/golem images. p. 17 : © eric Flogny / picturetank ; © laurent Vautrin / picturetank ; © gusman/leemage ; © john Frumm / hemis.fr. p. 18-19 : © Dr gtm ; © louis tinayre d’après le croquis de m. Coulange-lantrec fils ; © gustave martin et Dosso ; en attente port marseille ; © günter r. reitz ; © H. baranger & Cie ; © audio 3. p. 20 : © Dr VinCi Construction France. p. 21-23 : © g.Daveau/www.pixelavenue.com ; © www.martyniak.fr ; © ph. martyniak ; © Dr VinCi Construction France ; © régis bouchu/actophoto ; © Dr ; © g. Daveau/www.pixelavenue.com ; © Dr VinCi Construction France. p. 24 : © Xavier renauld. p. 25 : © luc benevello ; © phong. p. 26-27 : © luc benevello ; © Dr. p. 28-29 : © Dr VinCi Construction France. p. 30-31 : © guillaume maucuit-lecomte.

4 à 11 C’est dans l’actuouvrages Château de Versailles les toits en majesté. Barrage du Coudray-Montceaux : la performance au fil de l’eau.infos Coup d’envoi de nouveaux équipements sportifs : Lyon, Bordeaux, Valenciennes, Nanterre, Orchies. Top départ pour la tour D2 à La Défense. Expo à Marolles sur les bâtiments franciliens de grande hauteur. Aménagement de la ZAC Paris Rive Gauche. Inauguration de la Cité de l’océan et du surf à Biarritz. Suresnes : livraison de Korus II. Au Havre, Sciences-Po et l’Insa sous le même toit. À Lyon, de belles boîtes pour les archives.grouPe ViE : transformer une contrainte en valeur ajoutée. Visites dans l’Hexagone avec le Cercle des actionnaires salariés. Quoi de neuf à la Fondation : le Sud agit contre l’exclusion.

12 à 16 La saga du moisusine automobile à tanger renault voit grand !Rattraper cinq mois de retard sur le chantier de la plus grande usine automobile du Maghreb et prendre en main son extension : le défi était de taille, tout comme le chantier. Le Groupe répond présent et mobilise toutes ses expertises… sans oublier celles des filiales marocaines.

17 C’est la pause !

18 à 19 La trace des bâtisseurs 1891 : naissance de la société Grands Travaux de Marseille

20 C’est innovant brevetez vos idées Loggias express à Aulnay-sous-Bois.

21 à 23 C’est dans l’airles tunnels se mettent aux normes Depuis la catastrophe du Mont-Blanc, en 1999, la réglementation sur la sécurité des tunnels et leur résistance au feu a été fortement renforcée.

24 à 25 C’est essentiella révolution myosotis Une nouvelle base de données.resPonsable Paye C’est quoi au juste ?

26 à 31 C’est le métierattitude environnement Plus qu’un label, une réalité ! Réduire l’empreinte écologique sur tous les chantiers. Une culture qui commence à s’installer “durablement”.une canalisation d’eau Potable à l’assaut du rocher des doms Remplacement de la vieille canalisation en Avignon : un ouvrage de haute voltige.une journée avec… Serge Adrian, Maître Bâtisseur.

à tanger renault voit grand !12

26attitude environnement

Hugues sibilleL’inVité

Il est des hommes pour lesquels la notion d’économie sociale, plus que de mots, relève de l’engagement d’une vie. Hugues Sibille est de ceux-là, par fibre personnelle bien sûr, par tradition familiale, mais aussi parce qu’à son arrivée dans la vie professionnelle il découvre un marché du travail en pleine mutation. À la fin des années 1970, la France tourne la page des Trente Glorieuses pour ouvrir l’ère du chômage de longue durée. Depuis, que ce soit à la Caisse des dépôts, dans le cadre d’entreprises coopératives ou d’associations, les étapes de son parcours sont autant de jalons de l’innovation sociale de ces trente dernières années. À l’origine, entre autres, de la création de l’Agence d’innovation sociale Avise, du fonds de cohésion sociale, de la loi sur les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC), Hugues Sibille a également piloté la politique du gouvernement Jospin, entre 1998 et 2001. Vice-président du Crédit coopératif, Hugues Sibille préside depuis 2008 le groupe ESFIN-IDES, fonction qui lui permet de répondre aux besoins de fonds propres des entreprises de l’économie sociale, et a accepté de rejoindre le conseil stratégique de ViE, filiale de VINCI en charge des questions d’insertion.

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4 château de versailles les toits en majesté

à tanger renault voit grand !

« l’entreprise générale : un modèle gagnant-gagnant ! »

Tribune

21 mise aux normes des tunnels

Complexité croissante des projets, cahiers des charges de plus en plus rigoureux, renforcement des enjeux environnementaux et budgétaires, cadres contractuels nouveaux placent l’entreprise générale au cœur de ces défis. VINCI Construction France possède les fondamentaux pour y répondre : à nous d’en faire des atouts décisifs pour offrir à nos clients

la compétence globale et l’excellence qu’ils attendent. Il nous faut non seulement renforcer nos savoir-faire techniques et proposer des offres innovantes, mais également progresser dans nos savoir-être. Dans le respect de notre diversité, nous devons partager notre socle commun de pratiques et de valeurs entre toutes les entités de VINCI Construction France. Cette transversalité, qui repose sur l’écoute, la solidarité et l’esprit d’équipe doit s’appliquer à tous les acteurs d’un projet afin que tous partagent la réussite des opérations que nous réalisons.Avec nos clients, tout en visant l’excellence relationnelle, nous devons aller plus loin que les simples exigences de base de l’entreprise générale : nous devons répondre à leurs attentes implicites en étant attentifs à leurs intérêts et en apportant notre expertise et notre conseil. Et puisque le rôle d’entreprise générale nous confère la responsabilité d’être un interlocuteur unique, nous devons ambitionner la qualité totale et le zéro défaut sur la globalité des projets.Avec nos sous-traitants, nous devons favoriser des relations durables et confiantes dans le cadre de contrats par lesquels nous progressons et gagnons ensemble. Il nous faut aussi mieux connaître leurs métiers, contraintes et axes de progrès. Ils doivent être associés aux plannings décisionnels, aux discussions techniques afin de valoriser leurs savoir-faire, à la validation des plans de synthèse, etc. Ce sont nos partenaires. Nous avons avec eux un objectif de rentabilité partagée et de réussite collective.Quant à nos propres compétences, elles doivent être mutualisées en développant encore plus le travail en réseau. Bien sûr le gros œuvre, qui est notre cœur de métier, doit être exemplaire. Mais nous devons aussi doter chaque direction déléguée d’une ingénierie tous corps d’état capable d’assurer la meilleure interface avec nos partenaires sous-traitants et de démontrer ensemble à nos clients notre valeur ajoutée.Les projets en entreprise générale représentent dès maintenant plus de la moitié de notre chiffre d’affaires et les évolutions du marché renforcent encore cette montée en puissance. De plus en plus, nos clients attendent que nous soyons des chefs d’orchestre capables de proposer et de piloter des offres intégrées. Agissons.

gérard bienfait, président de VINCI Construction France

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C’est dans L’aCtu

FICHE D’IDENTITé CHâTEau DE vErsaIllEs Maître d’ouvrage : établissement public du musée et du domaine national de Versailles.

Maîtres d’œuvre : 2BDM Architecture et Patrimoine, architecte : Frédéric Didier, assisté par Séverine Queuille.

Calendrier : de février 2011 à mai 2012.Montant : 1,2 M€ pour le groupement dont Bourgeois est mandataire.

Château de versailles

les toits en majestÉ

Le projet est à la hauteur du monument, ancienne demeure des rois de France de 1682 à 1789 : recréer, à l’identique, un étage complet disparu par le passé au gré des réno-vations du site (tout du moins son aspect

extérieur et visible par les visiteurs, puisque l’intérieur accueillera des locaux techniques en 2012). Le chantier se situe dans l’aile nord du château de Versailles, juste au-dessus de l’emplacement du fameux escalier des ambassadeurs (détruit sous Louis XV). Basée à Vaulx-en-Velin (69), l’entreprise Bourgeois, filiale Monuments historiques de VINCI Construction France, décroche son premier contrat en Ile-de-France avec le château de Versailles. L’aventure parisienne

commence fort ! « Nous sommes chargés de surélever la charpente et de rénover le toit qui surplombera le nouvel étage. C’est une opération très minutieuse, qui a exigé un état des lieux préalable de la charpente bois existante. Notre bureau d’études, secondé par les charpentiers du chantier, a donc analysé chaque pièce de bois, une à une, pour déterminer celles qui devaient être rénovées, voire restaurées », détaille Lionel Garin, chef de centre chez Bourgeois. En parallèle, la même opération de restau-ration est menée pour la couverture faite d’ardoise et de plomb, matériaux d’époque. La surface du toit sera également agrandie. « À cette occasion, nous allons créer de nouvelles lucarnes, dont nous sculpterons les contours et reliefs à la main, pour qu’elles soient identiques à celles

d’origine », poursuit le responsable. Plusieurs plans ont été découverts, mais certains font état d’informations parfois contradictoires. « Le dialogue est donc constant avec l’architecte, pour résoudre les difficultés rencontrées, et respecter l’architecture d’origine de ce lieu prestigieux. », souligne Florent Morel, conducteur de travaux. Enfin, intervenir sur un site classé monument historique, et ouvert au public, exige une grande préparation en amont : « Organisation, logistique, accès au chantier à planifier, plus de 40 caméras, des alarmes, un pompier constamment présent sur l’échafaudage en cas d’incen-die. De plus, il faut aller vite, surtout pour ne pas priver trop longtemps les visiteurs de cette partie du château», conclut Lionel Garin.

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le mot de l’invité : hugues sibille

“Dans une société qui perd la notion de transmission – et cela vaut aussi bien pour

le métier que la culture ou les valeurs d’économie sociale par exemple – le fait qu’une entreprise ait ce souci de transmettre des procédés anciens est formidable. Ça ne peut être qu’attirant pour les jeunes. Plus encore que des techniques, ce que les compagnons transmettent c’est l’âme d’un métier. » « Le savoir-faire

Bourgeois »Pacôme bibanow, 23 ans, aspirant compagnon du Tour de France.

« Je suis très fier de participer à un tel chantier. J’apprends des techniques que je n’avais jamais eu l’occasion de pratiquer. Je m’imprègne du matériau, le plomb, pour maîtriser son façonnage en veillant à ne pas le déchirer. C’est avec Guy Bordet, chef de chantier Bourgeois, et au contact d’anciens compagnons couvreurs que je me forme chaque jour davantage, huit ans après mon CAP de couverture-zinguerie à l’IEFCTF*. Je travaille pour Bourgeois depuis septembre 2010, et j’ai déjà restauré des monuments historiques comme le clocher de La Côte-d’Aime, en Savoie. Le chantier du château de Versailles est emblématique, compliqué mais passionnant : il y a beaucoup de détails sur la charpente à respecter, c’est un travail minutieux. Par exemple, pour façonner l’habillage en plomb des lucarnes identiques à celles de l’époque, on utilise un chalumeau pour que la matière soit plus malléable. Ensuite, on tape dessus avec une batte en bois pour donner la forme souhaitée. Après avoir parcouru la France et ses toits, j’espère devenir compagnon dans quelques années, pour transmettre un jour le savoir-faire que j’accumule. »

* Institut européen de Formation des compagnons du Tour de France.

travailler, comme jadis, les mêmes matériaux pour redonner son lustre à la charpente royale.

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C’est dans L’aCtu

à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, la construction d’un nouveau barrage sur la Seine mobilise toutes les compétences des équipes d’EMCC Ile-de-France, spécialiste des travaux nautiques et subaquatiques. Commanditée par Voies navigables de France (VNF), dans le cadre de la politique générale de rénovation des voies d’eau dont VNF est responsable, la reconstruction du

barrage du Coudray-Montceaux, en Essonne, était devenue nécessaire en raison de l’ob-solescence de l’ouvrage. « Nous reconstruisons un barrage à clapet constitué de deux pièces métalliques de 34 mètres de large, plus une de 14 mètres, ce qui permet de couvrir les 90 mètres de la Seine d’une rive à l’autre, explique Jean-Claude Blanc, chef de secteur d’EMCC Ile-de-France. Ces trois pièces sont manœuvrées par des vérins de façon automatisée, et les manipu-lations sont simplifiées par rapport à l’ancien ouvrage à hausses. » L’objectif est de maintenir un niveau constant sur le fleuve afin d’avoir une voie d’eau navigable par tous les temps. Exceptionnellement situé à 40 mètres en aval du barrage d’origine*, le chantier a pris deux ans de retard en raison de contraintes particulières liées au sol. « Nous avons rencon-tré un substrat très dur qui nous interdisait de faire pénétrer les palplanches nécessaires à la construction des batardeaux. La recherche d’une nouvelle solution a demandé d’autant plus de temps que nous ne pouvons travailler que par tranches de six mois. »En 2010, la première partie du barrage a été réalisée avec succès. Les travaux concernant la seconde moitié, en cours de réalisation depuis le mois de mai, devraient se terminer fin octobre. En 2012, le nouveau barrage du Coudray-Monceaux sera achevé.

* Traditionnellement, les barrages sont toujours reconstruits en amont de l’ouvrage précédent, pour des raisons de sécurité. Au Coudray, la courbure du lit de la Seine a contraint à ce que le nouveau barrage soit construit en contrebas de l’ancien ouvrage. En effet, en amont, la courbe de la Seine rendait techniquement impossible la réalisation des écluses.

Barrage du Coudray-Montceaux

la Performance au Fil De l’eau

FICHE D’IDENTITé lE BarragE Du CouDray-MoNTCEauxMaître d’ouvrage : Voies navigables de France.Maître d’œuvre : services techniques de la voie d’eau du Service navigation de la Seine.

Calendrier : démarrage en 2007. Livraison prévue en 2012.Montant des travaux : 24,5 M€ HT, dont 6 M€ HT pour la partie métallique.

Entreprises : EMCC Ile-de-France et GTM TP Ile-de-France, Demathieu et Bard, DIP, Hydréo.

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« Synergie à trois indispensable »bruno cancian, responsable chantier et directeur de travaux, EMCC.« Je suis dans le Groupe depuis 1990. Pour moi, ce chantier est un peu particulier car je viens du génie civil et connais peu les travaux fluviaux. Il faut coordonner trois corps de métiers dans un laps de temps très court : les travaux fluviaux d’EMCC, le génie civil avec GTM TP Ile-de-France, et la vantellerie pour les parties métalliques. Comme nous ne pouvons stopper le flux du fleuve que par moitié, et ce, uniquement pendant six mois de l’année, il est impératif de réaliser l’ensemble des travaux dans ces délais. En effet, en période de crue, l’écoulement des eaux ne peut pas être limité, en raison des risques d’inondation en amont. De mai à octobre, nous devons positionner le batardeau, le vider de son eau, créer les fondations, couler le béton armé, poser les clapets et, enfin, démonter le batardeau pour libérer le fleuve. Le barrage est construit en deux phases, une moitié l’an dernier, et l’autre cette année. Actuellement, nous rattrapons le planning grâce à une accélération et un passage en postes, un retard de trois semaines ayant été provoqué par un problème de sécurité sur l’ancien barrage : certaines hausses étaient prêtes à tomber et nous avons dû poser des pare-hausses pour protéger la zone de travaux. Il y avait un réel danger pour nos plongeurs. Enfin, nous réaliserons les finitions de la passe à poissons, et la déconstruction de l’ancien barrage. »

le mot de l’invité : hugues sibille

“Je suis impressionné par la somme des contraintes, de difficultés techniques à

résoudre. Résoudre de tels problèmes, posés par la nature, doit être enthousiasmant. C’est là un métier où on peut avoir de la fierté à voir ce qui a été réalisé. Il nous faut aussi construire des barrages contre le chômage et l’exclusion. C’est possible ! »

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C’est dans L’aCtu

bordeaux, UN TRAVAIL D’éQUIPE en juillet dernier, le groupement emmené par vinci concessions (avec le groupe fayat) a été désigné titulaire pressenti du contrat de partenariat du nouveau grand stade de Bordeaux. VINCI Construction France est en charge du contrat de promotion au travers de sa filiale Adim Sud-Ouest, de la conception et de la construction via ses filiales GTM Sud-Ouest Bâtiment, GTM Sud-Ouest TP GC et Chantiers Modernes Sud-Ouest. L’exploitation sera assurée par VINCI Concessions, les missions d’entretien et de maintenance par VINCI Facilities (Pôle Energies). Le futur temple des Girondins accueillera 40 000 spectateurs. Modulable, il sera également le théâtre de matchs de rugby, de concerts et de spectacles. La nouvelle enceinte doit être livrée en 2015. Le budget avoisine les 185 M€, financé dans le cadre d’un partenariat public-privé.

lyon, LE GRAND STADE DES LUMIèRESl’olympique lyonnais a retenu VINCI pour concevoir et réaliser le stade des Lumières, de 60 000 places, sur le site de Décines, dans la banlieue est de Lyon. Le montant de ce partenariat privé-privé atteint 400 M€. VINCI s’est engagé à participer au financement en devenant actionnaire, jusqu’à une participation maximum de 49 % de la société maître d’ouvrage, la Foncière du Montout. Sauf imprévu le stade devrait être livré au deuxième semestre 2014. Après Nice et Bordeaux, c’est le troisième contrat glané par le Groupe dans le cadre du grand plan de rénovation des stades, en vue de l’organisation de l’Euro 2016 de football en France. À noter que le Groupe a également construit, et exploite depuis janvier 2011, le stade du Mans (MMArena), et achèvera en 2012 le stade du Havre, qui ne font pas partie des onze stades retenus pour l’Euro 2016.

Coup D’enVoi De nouveaux équiPements

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valenciennes fête son nouveau stadeL’inauguration du nouveau stade de Valenciennes, Nungesser 2, a eu lieu le 26 juillet. Semi-enterré, il possède une partie de ses tribunes rétractable afin de laisser place à une scène de spectacle. Sa couverture, composée de 8 000 écailles d’aluminium, tend un véritable miroir au ciel. C’est le groupement Sogea Caroni (mandataire)-Norpac (Bouygues) qui a mené à bien les travaux de gros œuvre, terrassement, fondations profondes, maçonnerie, charpente métallique, couverture, menuiserie et étanchéité.

3 Nanterre transforme l’essai !Début 2012, GTM Bâtiment commencera les travaux d’une salle multimodale, Arena à Nanterre, qui accueillera jusqu’à 40 000 spectateurs lors d’événements sportifs et culturels. Les fondations s’annoncent délicates, puisqu’elles chevaucheront une bretelle d’accès à l’autoroute A14 et son usine de ventilation. Dessinée en forme de fer à cheval par l’Atelier Christian de Portzamparc, la salle deviendra le stade résident du Racing Métro 92 à sa livraison, fin 2014.

4 orchies aura sa salle omnisports La Communauté de communes du Cœur de Pévèle (Nord) a choisi Sogea Caroni Ouvrages Fonctionnels pour réaliser, en clos-couvert, la salle omnisports d’Orchies. Seize mois (dans un délai TCE) seront nécessaires pour mener le marché clos couvert de 5 M€, dessiné par le Cabinet Chabanne. En forme de tronc de cône, avec une grande ouverture, le bâtiment pourra contenir 5 000 places et se déclinera en plusieurs configurations : hand, volley, badminton, basket, etc., avec des locaux spécialisés.

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Dans le cadre de l’aménagement de la ZAC Paris Rive Gauche (Paris XIIIe), Nexity a confié à Petit la construction de l’îlot T8, un complexe immobilier comprenant deux bâtiments (un de bureaux et un de logements) d’une surface totale de 36 000 m2. Conçu par l’architecte

Rudy Ricciotti, l’édifice, construit en structure mixte (béton et charpente métallique), est habillé en façade d’une résille imitant la structure d’un nid géant. Les travaux ont débuté en juillet et dureront quinze mois. Montant du contrat : 20,5 M€.

un nid S’INSTALLE À PARIS RIVE GAUCHE

De plus en plus, les demandes de formation et d’assistance technique, montage, bétonnage, sur les chantiers utilisant des voiles de grande hauteur se multiplient. Le pôle technique de Marolles-en-Hurepoix (CESAME, SOLuMAT et LABO BéTON) a donc organisé une exposition les 21, 22 et 23 juin sur ce thème. Comprendre les spécificités de ce type de chantier, permettre aux opérationnels de pouvoir s’entourer d’experts, présenter coffrages, traitements et finitions bétons, méthodes, nouveaux outils, étaiement… Les trois journées ont été bien remplies. Elles ont réuni des professionnels provenant des directions techniques

des fournisseurs du Groupe. Les journées techniques VINCI Construction France sur l’Excellence opérationnelle se sont déroulées en parallèle. « Comme l’a souligné Jean de Rodellec, lors de son discours d’inauguration du parcours prévention, cette manifestation

s’inscrit dans une démarche basée sur l’organisation et la méthode autour d’experts afin d’éviter l’improvisation et de réussir le difficile défi qualité-coût-délai-sécurité », a expliqué Frédéric Ossola, directeur du centre CESAME de Marolles.

Expo au centre de Marolles LES CHANTIERS FRANCILIENS PLUS HAUTS

Inauguration

Tour D2

À Biarritz, la Cité de l’océan et du surf avait mobilisé Adim Sud-Ouest, GTM Sud-Ouest Bâtiment, Faure Silva, le bureau d’études techniques de VINCI Construction France, Cofex Littoral, ainsi que la division VINCI Facilities du pôle Energies, à travers GTM Multiservices, en charge de la maintenance.

À La Défense, le groupement composé de GTM Bâtiment (mandataire), Bateg et Dumez Ile-de-France a donné le top départ à la tour D2, haute de 150 m. Les travaux préparatoires et des fondations ont été confiés à Paris-Centre-Est de Solétanche Bachy, filiale de Solétanche Freyssinet (VINCI Construction). Livraison : 2e trimestre 2014.

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sciences-Po et l’insa sous le même toit au havre. Sogea Nord-Ouest, mandataire d’un groupement, réalise le futur bâtiment Sciences-Po-Insa, qui accueillera l’Institut d’études politiques du Havre, la filière génie civil et constructions durables de l’Insa (Institut national des sciences appliquées) de Rouen, le pôle recherche Sciences pour l’ingénieur, et l’université du Havre. Soit environ 400 étudiants. Conçu par l’atelier d’architecture Hauvette-Champenois et Associés, le complexe est fait de bois, de verre et d’acier, sur un RDC + 4 niveaux (soit 8 000 m2). Les travaux ont débuté en juin, pour une durée de seize mois (montant : 19,9 M€).

C’est dans L’aCtu

marseille l’ÉlÉgante joliettedumez méditerranée et travaux du midi se sont engagés dans une opération phare de la réhabilitation du quartier de la Joliette, au cœur de Marseille. Baptisé Neomed City, ce projet d’un montant de 29 M€ prévoit

la réalisation de trois résidences aux allures résolument modernes qui se distingueront par leur ligne épurée et leur élégance. Au total, l’ensemble immobilier (47 578 m2 Shon) comportera 206 logements, 143 chambres pour étudiants, 161 m2 de bureaux, une crèche, un centre médical et une école d’infirmières.

Suresnes liVraison De Korus ii En mai 2009, l’entreprise Petit s’est vu confier la deuxième tranche de l’opération Suresnes Korus, destinée à accueillir le siège d’un laboratoire pharmaceutique français.

Alors que le gros œuvre a été achevé en septembre 2010 (trois bâtiments dont deux certifiés HQE® en R+6 sur 3 et 4 niveaux de sous-sols, soit 90 000 m2 construits),

la phase de finition corps d’état secondaires s’est poursuivie jusqu’en juillet (parking, salle polyvalente, jardins à thèmes, cafétérias, etc.) et de nombreux travaux d’aménagement ont obligé les équipes à ajuster les plannings. Entres autres, l’intégralité des plateaux initialement prévus en open space (bureaux ouverts) ont été dotés de cloisons amovibles. La livraison a été effectuée cet été, pour un marché total de 62 M€.

src restructure un hôtel en foyer de jeunes travailleurs pour le groupe sos, dans le XIXe arrondissement de Paris. Démarrée en mars 2011, cette réhabilitation lourde de 40 logements, réalisée dans un tissu urbain dense, sera livrée en septembre 2012, avec le certificat Bâtiment basse consommation (BBC). Montant des travaux : 3,3 M€.

De l’hôtel au foyer

Express u VINCI Construction France réalisera, pour le compte de VINCI Immobilier, le futur siège social de l’opérateur de télécommunications SFR, à proximité du Stade de France, à Saint-Denis (93). Quatre bâtiments (133 000 m² Shon) accueilleront 8 500 collaborateurs, un pôle de conférences, 1 600 m2 de commerces, 1 650 places de stationnement. Dessiné par l’architecte Jean-Paul Viguier, le projet pensé tel un campus sera certifié HQE®, BBC et BREEAM. La livraison des deux premiers bâtiments est prévue fin 2013, la totalité pour 2015.

le mot de l’invité : hugues sibille

“Les conditions du logement des jeunes travailleurs se sont énormément dégradées. Le fait de

permettre à des jeunes de quitter le foyer parental est une urgence sociale quand le marché de l’immobilier actuel rend toute recherche de logement insurmontable. Je suis très intéressé par le travail du groupe SoS qui, tout en étant un groupe associatif, fonctionne comme une entreprise, mêlant souci d’efficacité et finalité sociale d’intérêt général. Il faut relancer et rénover le concept de foyer de jeunes travailleurs. »

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groupe

visites dans l’Hexagone avec le Cercle des actionnaires salariésPlus de 200 actionnaires salariés du groupe, membres du Cercle, ont été conviés aux premières visites organisées les 25 juin et 15 septembre au fil de la Seine afin d’admirer plusieurs chantiers d’envergure terminés ou en cours d’achèvement menés par des filiales de VINCI, ainsi que le patrimoine, plus ancien, de la capitale.Après Paris, ce fut le tour de Bordeaux, le 24 septembre. D’autres sont programmées : Le Mans, le 8 octobre et Lyon le 3 décembre. À vos agendas. www.vinci.net, rubrique Collaborateurs, ou par téléphone : 0 805 650 310.

vie, transFormer une Contrainte en Valeur ajoutÉevie a été créée en mai dernier pour aider les filiales du groupe à répondre aux clauses d’insertion dans les marchés publics. et plus encore. Le code des marchés publics donne la possibilité aux pouvoirs publics d’intégrer des clauses d’insertion dans leurs appels d’offres. Le secteur privé en fait désormais autant. Afin d’y répondre plus efficacement, VINCI a mis en place ViE, une structure grâce à laquelle il va pouvoir étendre son action de retour à l’emploi par l’insertion ainsi qu’aux achats réalisés auprès d’entreprises actrices de l’économie sociale et solidaire. ViE est soutenue par un conseil stratégique regroupant des représentants du Groupe mais aussi des représentants de la société civile.D’ores et déjà, les heures d’insertion de différents chantiers données en délégation aux équipes de ViE depuis sa création devraient permettre à environ 230 personnes d’être accompagnées d’ici la fin d’année. Ce n’est qu’un début puisque trois autres chantiers démarrent au 4e trimestre 2011, soit près de 500 personnes uniquement pour l’Ile-de-France. Plusieurs appels d’offres pour lesquels ViE intervient en appui aux entreprises sont en cours.ViE privilégie un fonctionnement décentralisé, au plus près des besoins, des acteurs et des chantiers. Après l’Ile-de-France, une deuxième

Sept mois après le lancement du chantier, Lainé Delau a fêté, le 7 juillet, la fin du gros œuvre de la résidence étudiante de Palaiseau (91). Comme le veut la tradition, cette étape a donc été conclue par la cérémonie du drapeau. À cette occasion, tous les acteurs, Sogetrav, Bouygues Immobilier, Vilogia, ainsi que toutes les entreprises présentes sur le site, soit près de 100 personnes, ont été invités sur le chantier pour un gigot bitume. La résidence, qui accueillera les étudiants du plateau de Saclay, se présente sous forme de “L”. Elle est réalisée selon des normes de Très Hautes Performances énergétiques, et s’inscrit dans une démarche environnementale (label Habitat & Environnement). La place est désormais libre pour les équipes des corps d’état techniques et secondaires qui travaillent au cloisonnement et à l’équipement des 208 logements. Livraison prévue en 2012.

gigot bitume sur le CHantier De palaiseau

le suD contre l’exclusionQuoi De neuF à la FonDation ?

120 collaborateurs, parrains ou non, issus des différents pôles du groupe, des experts du social et une dizaine d’associations locales ont mis en commun exemples de coopération et résultats concrets en matière de lutte contre l’exclusion lors des 6es Rencontres régionales de la Fondation VINCI, à Marseille. Parmi les 108 projets soutenus par la Fondation en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon, l’association “Loger Marseille Jeunes” aide, depuis plus de vingt ans, des jeunes en difficulté à construire leur avenir en leur proposant un logement décent. L’association – composée uniquement de retraités bénévoles – a acquis un nouvel immeuble en 2010 qu’elle a rénové afin d’y ouvrir cinq nouveaux logements. Elle a bénéficié

d’un financement de la Fondation pour réaliser l’aménagement des parties communes de l’immeuble, et profite aussi de deux missions de bénévolat de compétences avec le soutien d’Emmanuelle Fremin, technicienne études de prix (Sovame), et de Laurence Orsoni, comptable (VINCI énergies Sud-Est). « C’est passionnant de voir que ces personnes retraitées sont toujours volontaires et travaillent d’arrache-pied pour une cause qui leur est chère, explique Emmanuelle Fremin. Il est indispensable pour un groupe comme le nôtre de s’engager plus avant dans l’économie sociale et solidaire. En allant sur les sites avant les chantiers, en faisant des recommandations, je fais mon métier, mais dans le cadre très spécifique et enrichissant de l’économie sociale et solidaire. »

Pitance Construction réalise, avec la participation de Campenon Bernard Bâtiment Rhône-Alpes, le lot gros œuvre-fondations-VRD des nouvelles archives départementales à Lyon, pour le département du

Rhône. L’opération atteint 7,35 M€. Le bâtiment, sur neuf niveaux et d’une superficie de 22 000 m², conçu par Gautier & Conquet Associés, présentera des volumes cubiques illustrant le concept de trois “belles boîtes” renfermant

d’autres boîtes. Sur le chantier qui bat son plein, des techniques spécifiques sont mises en œuvre : fondations par pieux forés, étanchéité du sous-sol par membrane, dalle de grande hauteur en porte-à-faux pour le hall d’entrée. Les travaux ont démarré fin juin pour une année complète. Livraison juin 2012.

À lyon, de belles boîtes pour les archives

entité ViE a été créée en région Nord-Picardie. Une réflexion est en cours pour une troisième. Les structures dédiées à l’insertion et à l’économie sociale et solidaire vont être référencées. Ainsi, en plus de répondre aux différentes clauses contractuelles, des efforts supplémentaires seront faits afin de permettre aux filiales du Groupe une véritable proactivité dans ce domaine.

arnaud habert, directeur général délégué de ViE

« C’est une action innovante et aujourd’hui sans pareille en France, et sans doute en

Europe. Nous allons être le lien entre les filiales du Groupe et le monde de l’économie sociale et solidaire en général, et de l’insertion en particulier. Notre but avant tout est d’augmenter l’intégration durable dans l’emploi de publics qui en sont éloignés, soit directement, soit via les structures solidaires, une fois une partie de leur chiffre d’affaires garantie. L’insertion est l’affaire de tous. C’est notre affaire. »

le magazine de VinCi Construction France ⁄ 11

Page 12: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

la saga Du mois

le mot de l’invité : hugues sibille

“on vit actuellement des événements majeurs au Maghreb. De ce point de vue également,

l’impact de ce type de projet est fondamental. Il n’y aura pas de stabilité démocratique au Maghreb sans développement économique. L’Europe a vraiment une responsabilité et un intérêt à ce que cette région se développe. La Méditerranée, c’est un espace commun de développement, un espace de solidarité face au reste du monde ! Ce serait essentiel qu’on parvienne à avoir des politiques européennes plus cohérentes vers la Méditerranée. »

12 ⁄ passion Construction n° 26

Page 13: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

raTTrapEr CINQ MoIs DE rETarD sur le chantier de la plus grande usine automobile du Maghreb et prendre en main son extension : le défi était de taille, tout comme le chantier. Le Groupe a su mobiliser toutes ses expertises sans oublier celles des filiales marocaines.

usine automobile à Tanger

renault Voit granD !

le magazine de VinCi Construction France ⁄ 13

Page 14: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

bâtiments, directeur de chantiers et de projets, etc. « Nous sommes venus faire du management de projet pour le compte du maître d’ouvrage, explique Hervé Audaire, directeur de projet VINCI Construction France : planification détaillée, phasage du chantier, réor-ganisation des tâches, suivi journalier des problèmes, encadrement de la maî-trise d’ouvrage associée, des maîtrises d’œuvre et sous-traitants, accompagne-ment du client dans la synthèse de son processus industriel, etc. »Le challenge est immense, tant le chantier est d’une envergure excep-tionnelle. « L’ensemble est constitué de quatorze bâtiments, dont quatre usines : emboutissage, peinture, car-rosserie et montage-assemblage. Mais aussi d’un centre de formation aux métiers de l’automobile, de bureaux, d’ateliers pour le stockage, la main-tenance, la soudure, etc. Soit au total 220 000 m2 de bâtiments couverts sur un terrain de 314 hectares », détaille Christian Magnier, directeur de tra-vaux VINCI Construction France. Et Gérald Mille, directeur des opérations internationales VINCI Construction et responsable du projet, d’ajouter : « Lorsque nous sommes arrivés, pas un poteau de la charpente métallique du premier bâtiment n’était posé. Les pre-mières machines étaient censées être ins-tallées le mois suivant. » Il fallait donc lancer un véritable plan d’accélération du chantier.

Duboz, directeur général de Renault au Maroc. Il fallait réagir, et vite.

vINCI aux commandesDevant cet état de fait, Renault sol-licite en mars 2010 l’aide du groupe VINCI avec lequel des relations de confiance ont déjà été établies, du fait de la présence historique sur le terri-toire de Sogea Maroc – qui fêtera son 80e anniversaire à la fin du chantier –, en charge du gros œuvre et du dallage sur le site. Objectif ? Rattraper le temps perdu. VINCI dépêche sur place une équipe d’experts rompus aux chan-tiers difficiles, venant d’horizons dif-férents (VINCI Construction France, VINCI Construction Grands Projets, des filiales à l’international, etc.) et aux profils complémentaires : direc-teurs techniques et ingénierie, respon-sables de synthèses, de planning, des corps d’état, des lots architecturaux et

La saGa Du mois

l e constructeur automo-bile Renault s’apprête à vivre une étape impor-tante de son histoire : en janvier 2012, sa toute pre-

mière usine de production installée au Maghreb produira ses premières voitures. Basée à Melloussa, à 15 km au sud-est de Tanger, elle sera équi-pée de deux lignes de production de 30 véhicules/heure chacune. Soit une capacité totale de 350 000 unités chaque année. Les nouvel les gammes lancées s’inspireront de la Logan, un modèle à bas prix. À plein régime, l’usine baptisée Renault-Nissan usine de Tanger emploiera directement 6 000 personnes, et créera 30 000 emplois indirects. En effet, il est admis, dans le monde automobile, d’avoir cinq emplois indirects pour un emploi direct. Un dénouement heureux, donc, pour le

chantier de la plus grande fabrique automobile du Maghreb. Pourtant, tout n’a pas été simple. Bien au contraire. Initialement, le projet devait être lancé dès 2007. La crise économique mondiale, particulièrement rude pour les constructeurs automobiles, a d’abord obligé Renault à retarder le lancement du chantier. Mais surtout, le nord du Maroc a été touché par de graves inondations en 2008 puis de nouveau en 2009, ralentissant consi-dérablement l’avancée des travaux de terrassement. En 2010, bien que la météo se soit montrée plus clémente, 70 journées de travail ont été chô-mées en raison des intempéries. « À un moment donné, nous avons accusé près de cinq mois de retard sur notre feuille de route. Dans le secteur auto-mobile, on n’a pas le droit de couler les délais », complète Michel Faivre-

« Quatorze nationalités se croisent »valéry claise, conducteur travaux Sogea Normandie Centre

« Lors de la phase 1, nous avons coulé 135 000 m3 de béton, issus des deux centrales directement installées sur le site. Cette phase a été très rythmée, il n’était pas rare que je sois réveillé en pleine nuit pour régler certains problèmes. À présent, Sogea Maroc s’active pour terminer avant novembre le clos couvert afin de ne pas être surpris par le changement

de temps. Je suis arrivé à Tanger en juin dernier. Je fais partie des expatriés appelés en renfort. C’est la première fois que je travaille à l’étranger, et je garde déjà de cette expérience, qui n’est pas encore terminée, un souvenir très fort. Il y a toujours du monde sur le chantier, pas moins de quatorze nationalités se croisent. Le contact humain passe très bien. De plus, le métier de conducteur travaux est complètement différent ici, le champ d’intervention plus large qu’en France. Il faut savoir tout faire : sols, dallage, charpente métallique, béton, méthodes, etc. C’est passionnant. »

14 ⁄ passion Construction n° 26

Page 15: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

15

kilomètre de galeries souterraines pour l’évacuation des déchets », souligne Thibault de Wavrechin, directeur d’exploitation Sogea Maroc.Cette reprise en main salvatrice a porté ses fruits, puisqu’un an après l’arrivée de VINCI, le retard était rattrapé. En avril dernier, les premiers tests d’usine ont ainsi été lancés. Le 8 juillet, les premiers véhicules “pilote” sortent de l’usine. L’ambition initiale d’une mise en service complète en janvier 2012 est de nouveau envisageable.

sur la lancéeMais l’histoire ne s’achève pas là. Renault a vu les choses en grand pour son usine marocaine, et

pied au plancherDu jour au lendemain, à Melloussa, le nombre d’ouvriers sollicités aug-mente, pour atteindre des pics de 1 200 personnes. Les équipes d’enca-drement, marocaines ou venues de France, sont renforcées. Le chantier bat son plein 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les différents intervenants travaillent en coactivité, et non plus les uns après les autres. « Une usine automobile utilise des processus de pointe, qui évoluent sans cesse. Nous avons dû nous adapter en cours de route. Par exemple, certaines machines de pro-duction sont ancrées sous terre, ce qui exige que nous creusions des fosses de six mètres de profondeur, ainsi qu’un

« Lorsque nous sommes arrivés, pas un poteau de la charpente métallique du premier bâtiment n’était posé. Les premières machines étaient censées être installées le mois suivant. »Gérald mille, directeur des opérations internationales VINCI Construction et responsable du projet

CHIFFrEs Clés■  230 m€ : montant du marché

pour la phase 1. 130 m€ : montant du marché pour la phase 2 (coût des bâtiments hors machines et process).

■  135 500 m3 de béton armé (hors dallage) en phases 1 et 2.

■  50 000 m3 dallage et divers.

■  895 tonnes d’acier utilisées pour le chantier.

■  220 000 m2 de bâtiments couverts en phase 1.

■  120 000 m2 couverts en phase 2 : deux usines de fabrication et d’assemblage, comprenant l’emboutissage, la fabrication de la carrosserie, la chaîne de peinture et le montage, avec des bâtiments supplémentaires pour la fabrication des sièges et des pots d’échappement, ainsi qu’une vingtaine de bâtiments tertiaires, un bâtiment de formation, des ateliers de stockage.

■  14 nationalités différentes se croisent sur ce chantier.

DaTEs■  2007 Lancement du projet.

■  2008-2009 Crise économique et intempéries.

■  juin 2010 Prise en charge de la phase 1 du chantier par le groupe VINCI.

■  avril 2011 Démarrage de la phase 2.

Parole à michel faivre-duboz, directeur général de renault au maroc

« Renault réalise actuellement la plus grande usine automobile du Maghreb, avec une capacité de 350 000 véhicules par an. Toute la chaîne de production est intégrée, afin de réaliser une voiture dans son intégralité, sur place. Le site de Tanger s’est imposé pour plusieurs raisons : sa proximité géographique avec l’Europe, les liens forts qui unissent le Maroc à la France, la stabilité politique

du pays, le coût attractif de la main-d’œuvre. Le rayonnement du port de Tanger, voué à devenir le plus important de la Méditerranée, est aussi un atout puisque 90 % de la production sera exportée. Tous les jours, 300 conteneurs de pièces détachées et d’accessoires seront réceptionnés et, dans le sens inverse, un bateau partira avec 1 500 véhicules à son bord. Les gammes produites, low cost, sont quant à elles destinées aux pays émergents et aux ménages aux revenus plus modestes. Renault a investi plus d’un milliard d’euros dans ce projet majeur pour notre Groupe. Ce fut une expérience très positive d’avoir VINCI à nos côtés pour le mener à son terme. D’autres usines sont en cours d’élaboration et, bien sûr, le groupe VINCI a marqué des points. »

« Un milliard d’euros investi »

le magazine de VinCi Construction France ⁄ 15

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La saGa Du mois

prochaine saga

marseille, une ville en mutation

« Une relation fraternelle entre toutes les filiales du Groupe »abdellah sabri, directeur de département Tertiaire, Génie Climatique et Agences régionales de Cegelec Maroc.

« Notre participation aux lots techniques de l’usine de Tanger représente un contrat de 12 millions d’euros, soit environ 10 % du chiffre d’affaires annuel de Cegelec Maroc. Après être intervenu sur des lots de courants faibles lors de la phase 1 (détection incendie, précâblage VDI), notre rôle a pris de l’ampleur au cours de la phase 2 (lots fluides, ventilation, sprinklers et courants forts), en partie grâce à la relation fraternelle qui s’est établie entre les différentes filiales de VINCI. Mais attention, appartenir au même Groupe exige encore davantage de rigueur, car nous visons tous un objectif de succès. »

1 quelle est la capitale du maroc ? o marrakecho Casablancao rabat

2  depuis quand mohammed vi est-il le roi du maroc ? o 1989o 1999o 2006

3  de nombreux artistes peintres ont été inspirés par la ville de tanger, lequel n’y a pas séjourné ? o Delacroix o Kleeo gauguin

4  en quelle année louis renault et ses frères ont-ils créé leur société ?o 1898o 1918o 1945

5  quelle est la capacité de production annuelle de l’usine renault de tanger ? o 240 000 véhiculeso 350 000 véhiculeso 500 000 véhicules

6  en 1999, renault s’est allié à : o toyota o nissan o peugeot

quiz

Réponses p. 17

planifié de longue date l’ex-tension des bâtiments fraîchement construits, afin d’accueillir la seconde unité de production. Preuve de la confiance qui unit désormais les deux groupes français, Renault a confié, en mars 2011, la réalisation de cette seconde phase à VINCI Construction France, dans un marché dit de “gré à gré”. Selon Michel Faivre-Duboz, « le fait d’avoir VINCI à nos côtés lors de la phase 1 nous a permis de mener les études de la phase 2 en amont, dans de bonnes conditions. Et puis nous avons pu juger de leurs compétences in situ ». Ce procédé simplifié est un gain de temps appréciable dans le lancement

des travaux, alors que les plannings sont toujours aussi serrés. En prime, les équipes travaux apprennent à cohabiter avec l’usine déjà en fonc-tionnement. La livraison est prévue pour avril 2012.

vitesse de croisière« Au début, nous n’avions pas envisagé de poursuivre le chantier. Mais cela prouve que nous avons créé un véritable partenariat avec le maître d’ouvrage. Cette seconde phase prévoit la réalisa-tion de 120 000 m2 de bâtiments supplé-mentaires », explique Hervé Audaire. VINCI Construction France retrouve à cette occasion un rôle qu’il connaît

bien : « Lors de la première phase, nous avons occupé une position iné-dite de manageur, d’accompagnateur du maître d’ouvrage, et montré notre capacité à répondre à une demande inhabituelle. Cette fois-ci, la donne est différente puisque nous revenons à notre cœur de métier : entreprise générale de construction. Nous avons, dès le départ, la responsabilité du gros œuvre, des fondations, du dallage, de la charpente métallique, des travaux tout corps d’état réalisés par des entreprises locales. Et bien sûr, du respect des délais », confirme Alain Cenciarelli, direc-teur des études VINCI Construction France. Lors de la phase 1 du projet,

■ L’impact environnemental de l’usine Renault à tanger est réduit à des niveaux jamais atteints pour une unité de production automobile. Par exemple, les émissions de Co2 diminueront de 98 % (par rapport à une usine équivalente en capacité de production), soit environ 135 000 tonnes de carbone non émises chaque année. L’office national d’électricité du maroc assurera 100 % des besoins en électricité du site en énergie éolienne ou hydraulique. des chaudières biomasse brûleront des noyaux d’olives et du bois d’eucalyptus afin de fournir de l’eau surchauffée. Par ailleurs, aucun rejet d’eaux usées d’origine industrielle ne sera déversé dans le milieu naturel. in fine, les consommations énergétiques seront réduites de 35 %.

uNE usINE rEspECTuEusE DE la NaTurE

« Un grand honneur »omar boukkra, chef de chantier Sogea Maroc.

« Pour moi, c’est un grand honneur de travailler sur ce grand chantier : il y a beaucoup d’ouvriers à gérer, de nombreux ouvrages béton, du matériel de pointe, etc. Ceux qui ont participé aux travaux ont acquis une solide expérience. Par ailleurs, l’usine de Tanger engendrera de nombreux emplois pour la population locale. Sogea Maroc, qui souhaite se positionner encore davantage sur le marché du bâtiment, peut à présent capitaliser sur ce projet pour décrocher de nouveaux contrats. »

les ressources VINCI Construction France étaient expatriées au Maroc. Pour la phase 2, une équipe en charge du développement de projet a été formée à Nanterre, dès janvier 2011. Une douzaine d’ingénieurs Études et Conception ont planché sur le déve-loppement du projet, les études tech-niques, l’organisation du chantier et la mise au point du contrat. La direc-tion du projet restant au plus près du terrain, à Tanger. Mais les échanges entre la France et le Maroc ont alors été incessants.Cette seconde mission bénéficie de la synergie entre les filiales du Groupe. Aux côtés de VINCI Construction France, Sogea Maroc a en effet été reconduit pour le gros œuvre, et Cegelec Maroc, filiale du pôle Énergies de VINCI, hérite d’un important lot technique (électricité, ventilation, climatisation et sprinklers). « Nous travaillons déjà en interconnexion avec Sogea Satom en Afrique, mais ce pro-jet nous a créé de nouvelles passerelles avec VINCI Construction France. C’est une aventure passionnante », conclut Thibault de Wavrechin. Soudé, le team est désormais prêt à tracer de nouvelles routes !

16 ⁄ passion Construction n° 26

Page 17: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

Tanger, un balcon sur la mer

1 depuis le ixe siècle avant notre ère, de nombreux peuples sont passés, se sont installés à tanger. dans la longue liste qui suit, un ou plusieurs intrus se sont glissés. à vous de les découvrir. o Phéniciens,o Carthaginois,o Romains,o Portugais,o Anglais,o Hollandais,o Français,o Grecs…

2 combien d’habitants compte aujourd’hui tanger ?o 700 000o 1 000 000o 1 200 000

3 de nombreuses langues sont parlées historiquement dans cette ville cosmopolite ? chassez l’intruse…o le françaiso l’espagnolo l’arabeo le berbèreo l’italien

4 quel est l’auteur du Pain nu ?o Mohamed Choukrio Tahar Ben Jellouno Driss Chraïbi

5 quel projet pharaonique les urbanistes rêvent de réaliser depuis des décennies ?o un nouveau port o un stade de plus de 40000 places o un tunnel sous la Méditerranée reliant

la ville de Tarifa, en Espagne, à Tanger

6 en quelle année tanger fut-elle déclarée “zone internationale” ? o 1956o 1935o 1923

7 quelle ville fut visitée en premier par mohammed vi après son investiture ?o Nadoro Tétouano Tanger

8 tanger a attiré de nombreux d’artistes. Parmi ces écrivains, quatre y ont séjourné dans les années 1950-1960. quels sont-ils ?o Jack Kerouaco Tennesse Williamso Albert Coheno Marguerite Yourcenaro Roland Bartheso Constantin Cavafy

9 à quel peintre français doit-on cette citation qui décrit ce qu’il voyait de sa fenêtre à tanger : « la mer du plus pur bleu » ?o Eugène Delacroixo Albert Marquet o Henri Matisse

10 quel est le nom du vent qui souffle régulièrement sur tanger ?o le siroccoo le cherguio le chamsin

Quiz tangérois

• 1 tasse et demie de couscous moyen• 1/2 cuillère à café de sel• 1 pincée de safran (facultatif)• 1 tasse et quart d’eau bouillante• 1 tasse de dés de carotte• 1 gros poivron vert en dés• 1 tasse d’haricots verts, en tronçons• 1/3 de tasse d’oignon rouge,

haché finement• 1/3 de tasse de raisins secs• 1/2 tasse d’amandes, rôties et hachées Marinade• 1/2 tasse d’huile végétale ou d’olive• 4 cuillères à soupe de jus de citron frais• 1/2 cuillère à café de sel, selon le goût• 1/4 cuillère à café de cannelle• 3 cuillères à soupe de jus d’orange• 4 cuillères à soupe de persil frais, haché• 1 cuillère à soupe de menthe fraîche

(ou 1 cuillère à café de menthe séchée)• 1 pincée de poivre de Cayenne

Mettre le couscous, le sel et le safran dans un grand bol, y verser l’eau bouillante. Couvrir et laisser reposer 10-15 minutes en brassant de temps en temps. Parallèlement, faire cuire légèrement à la vapeur la carotte, le poivron et les haricots (environ 4 minutes). Aussitôt les légumes tendres, les ajouter au couscous de même que l’oignon rouge, les raisins secs et les amandes. Fouetter ensemble les ingrédients de la marinade (ne pas mettre la menthe si le safran est utilisé). Ajouter cette marinade au couscous, bien mélanger et laisser mariner au frigo au moins 1 heure avant de servir. Régalez-vous !

La salade de tanger

rEpoNsEs Quiz saga p. 16 : 1 - Rabat. 2 - 1999. 3 - Gauguin. 4 - 1898. 5 - 350 000 véhicules. 6 - Toyota. Quiz tangérois p. 17 : 1 - les Hollandais, les Grecs. 2 - 1 000 000 d’habitants. 3 - l’italien. 4 - Mohamed Choukri. 5 - Un tunnel sous la Méditerranée. 6 - 1923. 7 - Tanger. 8 - Jack Kerouac, Tennesse Williams, Marguerite Yourcenar, Roland Barthes. 9 - Henri Matisse. 10 - le chergui.

Tout au nord de l’Afrique, face à la pointe de l’Europe, au croisement de l’océan Atlantique et de la mer Mediterranée, Tanger occupe depuis toujours une position exceptionnelle et stratégique qui invite civilisations et cultures à se rencontrer.

C’est La Pause

le magazine de VinCi Construction France ⁄ 17

Page 18: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

La tRaCe Des bâtisseurs

8 octobre 1891. De vastes tribunes sont

dressées sur le rond-point du Prado,

le président du Conseil est là ainsi que

plusieurs ministres… Avec force vivats et

discours, on inaugure en grande pompe

l’ouverture des travaux du grand collec-

teur de Marseille. Mais il faut encore attendre un petit

mois – jusqu’au 3 novembre 1891 – pour

voir naître la société Grands Travaux de

Marseille – future GTM – spécialement

créée pour ce “grand œuvre” qui s’inscrit

dans le formidable mouvement de travaux

publics dont la France est alors saisie.

À Marseille, le besoin d’assainissement

est criant : fenêtre ouverte sur le monde,

la cité portuaire est aussi la porte d’entrée

des épidémies avec pas moins de cinq

grandes incursions du choléra entre

1832 et 1884 (l’épidémie décrite dans Le

Hussard sur le toit, le célèbre roman de

Jean Giono, est celle de 1832).

L’étude du projet, lancée à l’initiative de

la chambre de commerce, est prête en

1890. La banque Société marseillaise

de crédit lance un emprunt, obtient la

concession du futur réseau d’égouts

et crée la société Grands Travaux de

Marseille. Outre la SMC, on compte

parmi les actionnaires Augustin Féraud,

président de la chambre de commerce

de la ville, qui assumera la présidence

de la nouvelle société. Un jeune ingé-

nieur, Charles Rebuffel, est choisi pour

conduire le chantier… qui avance dès lors

à très grande vitesse.En effet, il faut moins de trois ans à la

société Grands Travaux de Marseille pour

réaliser le grand collecteur de 13 km et

les 300 km d’égouts venant s’y déverser !

Au printemps 1894, les derniers équi-

pements sont livrés ; le tout premier

chantier de GTM est une extraordinaire

réussite technique !

NAISSANCE DE LA SOCIéTé GRands tRaVaux de maRseiLLe

1891

Lorsqu’il prend la présidence

de la société Grands Travaux

de Marseille en 1891, Augustin

Féraud est déjà président de

la Chambre de Commerce de

Marseille, membre du conseil

d’administration de la Société marseillaise de crédit et

d’une importante société immobilière.

Visionnaire et sachant parfaitement s’entourer, il va

construire avec son directeur technique, Charles Rebuffel,

un groupe indépendant, solide et diversifié. À sa mort en 1911,

la société Grands Travaux de Marseille est ainsi devenue la

première entreprise française de travaux publics.

le fondateur augustin féraud, premier

président de gtm

le mot de l’invité : hugues sibille

“Vu de l’extérieur, on ne se rend pas compte que VInCI, c’est une myriade d’entreprises.

Cela démontre que l’on peut devenir un grand groupe tout en conservant un esprit entrepreneurial et qu’il y a des perspectives de renouvellement continu par l’arrivée de nouveaux talents. »

⁄ passion Construction n° 2618

Page 19: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

l’ouvErTurE À l’INTErNaTIoNalTrès tôt, la société Grands Travaux de Marseille s’oriente vers de vastes développements, en France comme à l’international.Les métiers ? Le génie civil, mais aussi les routes, les bâtiments, les équipements électriques… En 1898, GTM remporte ainsi le marché de l’éclairage de la ville de Sofia en Bulgarie, puis celui de ses tramways et, en 1900, la société livre l’aménagement électrique complet du fleuve Iskar.En 1910, GTM signe plusieurs contrats d’irrigation en Argentine. En 1911, les travaux pour la construction de 2 500 km de routes et la réfection de 8 000 km débutent en Turquie. La Russie est aussi un important marché et l’entreprise est bien sûr active dans tout l’empire colonial français.Et pendant ce temps, en France même, la société multiple les grands travaux d’équipement : aménagement de chutes d’eau, usines électriques, tramways, adduction d’eau, ponts et viaducs…

Barrage de la Chaudanne, Alpes-

de-Haute-Provence (1949-1952).

Viaduc du Fayet en construction, Nantua, Ain (1979-1981).

Sauvetage du temple d’Abou-Simbel

en Égypte (1966-1968).

Centrale nucléaire

de Golfech, Tarn-et-

Garonne (1985-1990).

Tunnel à La Havane, Cuba

(1955-1958).

Le centre Georges-Pompidou,

à Paris (1973-1976).

le magazine de VinCi Construction France ⁄ 19

Page 20: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

c’est INNOVANt

Comment travailler le plus effiCaCement dans l’installation de balcons, au cours d’une réhabilitation d’un ensemble de logements sociaux habités ? En installant les piles directement à la verticale. Il manquait l’outil adéquat. Une équipe de Dumez Ile-de-France l’a créé.

Brevetez vos idées

loggias express

En 2010, l’agence IDF3 de Dumez Ile-de-France, en charge de la réhabilitation complète d’un important ensemble de logements sociaux à Aulnay-sous-bois, doit concilier différentes

contraintes alors que son client souhaite réa-liser des balcons : locataires présents pendant toute la durée du chantier, phases de travaux courant sur plusieurs mois… « Nous avons sol-licité l’aide de notre service Méthodes », explique Sébastien Kuntz, responsable du chantier. « Le phasage des travaux nous a amenés à travailler par groupe de deux ou trois piles de balcons (il s’agit en fait de l’allongement de loggias existantes par des plates-formes de 4 m sur 2 m), continue Édouard Chignac, chef du service Méthodes chez Dumez Ile-de-France. Mais impossible de pratiquer une méthodologie traditionnelle en réalisant tous les premiers niveaux, puis tous les deuxièmes et ainsi de suite en laissant sécher entre chaque niveau. Le bruit, les allers et venues, la poussière, l’encombre-ment au sol et le matériel lourd… tout cela aurait été trop handicapant pour nous et surtout pour les habitants du quartier. D’où l’idée de la pile réali-sée en une fois et de la préfabrication des balcons en usine. »

Une intervention courte et appréciée par tous les résidents Lors de chaque opération, une grue mobile est louée pour un temps réduit. Face à chaque pile, un escalier amovible est installé. Et grâce à l’outil métallique conçu par les équipes du ser-vice Méthodes – fabriqué par un prestataire– et testé par les équipes du chantier, chaque

pile a été construite en moins de deux jours. En outre, grâce à une représentation 3D du phasage, réalisée en collaboration avec la cel-lule 3D de Chantiers Modernes BTP (lire l’enca-dré), les équipes de Dumez Ile-de-France ont pu étudier à l’avance tous les éléments (angles de levée, positionnement des ouvriers, etc.). « Le premier balcon est réalisé de façon classique, détaille Sébastien Kuntz, puis la grue pose l’ou-til métallique, deux poteaux puis un balcon pré-fabriqué. Il suffit de consolider le tout en coulant du béton dans une colonne dédiée. Avec la tour escalier, les ouvriers accèdent aux niveaux par l’extérieur. L’outil est laissé en place le temps du séchage. Et nous avons pu ensuite réutiliser l’en-semble pour les différentes phases puisqu’elles ont été espacées de plusieurs semaines. » Au final, une intervention qui a donné satisfac-tion a tous et qui a surtout permis de réaliser de sensibles économies. Le chantier “balcons” a ainsi duré 21 jours au lieu des 41 nécessaires avec une organisation traditionnelle. Moins de jours, moins de main-d’œuvre (41 % de moins), moins temps de location de matériel (la grue, les escaliers amovibles) et, ce qui n’est pas négli-geable, moins de TMS* puisque c’est la grue qui soulève les masses les plus importantes. « Tout le monde est gagnant, conclut Sébastien Kuntz. Nous avons pu travailler sur la technique, ce qui intéresse beaucoup les équipes. Quant aux relations avec les habitants, elles ont été optimi-sées ! » Et tout juste terminé avant l’été, le chan-tier a déjà donné des idées à une autre filiale du Groupe qui souhaite l’utiliser.*TMS : Troubles musculo-squelettiques

Vous avez dit 3D ?■ Voir le rendu de sa création, de ses outils innovants, de son chantier comme en vrai… ou presque. C’est le pari – réussi – de la cellule Ergonomie et Développement 3D de Chantiers Modernes BtP. Avec son équipe pluridisciplinaire (ingénieurs techniques, ergonomes, architectes, infographistes, etc.) travaillant sur les réponses aux appels d’offres, la MNP (maquette numérique de projet), les phasages de travaux mais également la santé au travail ou l’ergonomie, la cellule propose à ses clients – à l’intérieur et à l’extérieur du Groupe – de visualiser leurs projets en intégrant l’homme au cœur de l’activité future. Prochaine réalisation : une maquette numérique, véritable outil de synthèse pour l’équipe en charge du projet de la canopée. Pour en savoir plus : www.ced3d.com

« Impossible de pratiquer la méthodologie traditionnelle. Il fallait innover ! »Édouard Chignac, chef du service Méthodes, Dumez Ile-de-France.

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Les incendies survenus dans le tunnel du Mont-Blanc, le 24 mars 1999, puis dans le tunnel suisse du Saint-Gothard deux ans plus tard,

ont conduit les pouvoirs publics à imposer des règles de sécurité dra-coniennes. Circulaires, décrets et arrêtés se sont succédé, dès 2000, pour imposer des études de sécurité et la révision des tunnels existants. La directive européenne du 29 avril 2004 impose notamment la mise en conformité dans un délai de dix ans des tunnels de plus de 300 mètres situés sur le réseau routier transeuro-péen. Après quelques années d’études nécessaires, les mises en chantier s’accélèrent depuis deux ans.Les textes de référence se concentrent sur le risque d’un incendie de forte

puissance. Plus que l’intégrité de l’ouvrage, c’est la durée de sa résis-tance au feu qui est cruciale : elle doit être suffisante pour que tous ceux qui se trouvent à l’intérieur aient le temps d’évacuer le tunnel, sans succomber aux effets des fumées toxiques et de la chaleur. Or le dégagement maximal de fumée et de chaleur intervient très vite, en quinze minutes : le délai de réaction doit être très court.« Lorsque les tunnels routiers sont antérieurs aux années 1980, les opé-rations de mise aux normes portent pr incipalement sur les issues de secours, les galeries d’évacuation, les dispositifs de désenfumage destinés à gagner du temps avant l’asphyxie. C’est, par exemple, le cas pour le tun-nel Ambroise-Paré à Boulogne et celui de Saint-Cloud, sur l’A13, l’un

Depuis la Catastrophe Du mont-BlanC, en 1999, la réglementation sur la sécurité des tunnels et leur résistance au feu a été considérablement renforcée. De nombreux chantiers ont été lancés pour mettre aux normes les tunnels existants, dans les Alpes mais aussi en Ile-de-France.

c’est DANs L’AIr

Mise aux normes des tunnels

hautes techniques de sécurité

Le mot de l’invité : Hugues sibille

“les normes apparaissent souvent comme des contraintes. or ce sont aussi des opportunités

qui génèrent de l’activité, de l’innovation, de nouveaux usages. Cela interroge d’ailleurs les administrations dans la conception et la gestion qu’elles ont de ces normes. Je pense, par exemple, que les parties prenantes devraient le plus possible être associées au processus de définition des normes. les clauses sociales des marchés publics ne sont pas assez utilisées. »

Le magazine de ViNci construction France ⁄ 21

Page 22: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

c’est DANs L’AIr

« Gérer de nombreuses contraintes »

« La mise aux normes des 22 tunnels du réseau routier gérés par la DIRIF repré-sente 880 M€ d’investissements sur dix ans et fait l’objet de 500 marchés publics. 150 issues de secours doivent être réamé-nagées, 70 issues supplémentaires créées et 500 000 m² de parois protégés contre le feu. La modernisation d’une quinzaine de

systèmes de ventilation est un autre chantier considérable, nécessitant notamment l’agrandissement de locaux techniques.Ces marchés tous corps d’état doivent être pilotés par le génie civil. Les titulaires de tels marchés doivent donc accom-plir un gros travail de coordination et gérer de nombreuses contraintes : intervention sur l’existant, fermeture à la circu-lation très limitée, nécessité de maintenir un niveau de sécurité satisfaisant tout au long des travaux, etc. VINCI Construction France dispose de l’expérience que demande la gestion de tels chantiers complexes. »

PArOLE à Laurent Baudet, chef de Département de maîtrise d’ouvrage à la Dirif

Remise en État du tunnel du mont-BlanC : À 1400 m d'altitude et dans des délais tendus, création de refuges, de niches de sécurité et d'incendie, d'un local pompier,  de réservoirs d’eau, de galeries de secours…

le tunnel de l’Épine, sur l’A43 (3,3 km de long), sur

l’axe Lyon-Chambéry, est entièrement mis

aux normes en 100 jours.

Tunnel pour “modes doux”Pour les tunnels, l’idéal est de disposer de deux galeries reliées entre elles, la seconde devant servir de refuge en cas d’incendie. Au cœur de Lyon, le tunnel de la Croix-Rousse, long de 1 750 m, en service depuis soixante ans, n’en comportait qu’une. Sa mise aux normes constitue actuellement un chantier d’une ampleur exceptionnelle. Un nouveau tube de 10 m de diamètre est percé parallèlement au tunnel existant. « Cette opération est une première mon-diale, car la galerie d’évacuation fera éga-lement office de second tunnel dédié aux modes doux : piétons, cyclistes et bus », souligne Gaby Abou-Sleiman, directeur de Chantiers Modernes Rhône-Alpes.Cette évolution du projet initial est née de la phase de concertation organisée depuis 2007. Pour rendre la traversée plus agréable, cette galerie sera équi-pée de dispositifs multimédias, dif-fusant un éclairage doux et assurant l’attractivité de cette nouvelle liaison Rhône-Saône au public.« Ce projet exige une interaction perma-nente entre le génie civil et les équipements. Une direction de projet pilote les relations entre les lots génie civil, équipements,

des axes les plus fréquentés de France, sur lesquels nous intervenons actuellement », précise Stéphane Champroux, directeur d’exploita-tion chez GTM TP IDF. Tout aussi importants sont les dispositifs de détection d’incidents et les sys-tèmes d’alertes sonores et lumi-neuses, qui doivent être capables de guider efficacement des personnes faisant face à une situation iné-dite, sachant que le réf lexe courant de rester dans son véhicule, est un piège mortel en cas de dégagement de fumées toxiques.« Notre stratégie repose sur une détec-tion très rapide : toute anomalie doit être connue en 1 minute et le système de détection automatique d’incidents très performant. Le nôtre repose sur 1 500 caméras pour 22 tunnels et quatre PC de surveillance », explique Laurent Bau-det, chef de Département de maîtrise d’ouvrage à la Dirif (direction inter-départementale des routes d’Ile-de-France). La construction de l’ensemble de ce système a fait l’objet d’un marché unique, confié aux filiales de VInCI dans un groupement GTM TP IDF/Sogea TPI/VInCI Énergies.

RÉnovation Complète du tunnel RoutieR de la CRoix-Rousse : étanchéité, nouvelle voûte béton, assainissement, chaussées, éclairage, ventilation, signalisation. Réaménagement des 5 usines de ventilation existantes et des 5 puits associés.

à lYon, l’ensemBle des tunnels, FouRvièRe, vivieR-MeRLe et BRotteAux-SeRvient, BouLevARd péRiphéRique noRd de Lyon (BpnL) et CRoix-RouSSe, vA êtRe AdMiniStRé pAR un nouveAu SyStèMe inFoRMAtique de geStion, noMMé Sitg.

la galeRie de sÉCuRitÉ du tunnel RoutieR

de la CRoix-Rousse deviendra le tube mode doux.

22 ⁄ passion construction N° 26

Page 23: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

conception et maîtrise d’œuvre intégrée et architecture. Ce processus a exigé un investissement important de l’ensemble des équipes, avec des résultats très positifs », insiste Gaby Abou-Sleiman. Chantiers Modernes Rhône-Alpes a constitué un groupement de trois entreprises de génie civil, avec Dodin Campenon Ber-nard (mandataire) et Spie Batignolle, et réalise en trois tiers les travaux de génie civil. Cegelec, filiale du pôle Énergies de VInCI depuis 2010, et Setec, inter-viennent pour la partie équipements : deux entreprises avec lesquelles Chan-tiers Modernes a appris à collaborer, en 2005, lors de la mise aux normes du tun-nel autoroutier de l’Épine, situé sur l’A43.Un autre défi de ce type de chantier est l’intervention sur l’existant, dans un environnement urbain très sensible, notamment en raison de l’impossibilité de couper totalement la circulation sur une longue période. « Le percement du tube nord, qui vient de s’achever, était une opération très délicate, explique Frédéric Veyres, directeur technique du projet. Ce tunnel est un axe majeur de Lyon, avec 45 000 véhicules par jour. La méthode de creusement à l’explosif oblige de fermer le tunnel à la circulation pen-dant près d’1 h 30 lors de chaque tir. La dalle couvrant les gaines de ventilation est mince, le nouveau tube très proche du tunnel existant (moins de 30 m), et l’habitat est très dense en surface. » Avant le percement, le groupement a fait réa-liser l’expertise de 2 500 logements par des experts nommés par le tribunal.

Le défi de la forte densitéLes tunnels franciliens répondent aux mêmes contraintes, même s’ils sont dif-férents des tunnels alpins : la plupart ne sont pas creusés dans le sol ou la roche, mais sont de simples tranchées cou-vertes de poutres de béton, sur lesquels reposent d’autres équipements (voies de desserte locale, parkings, etc.). Ainsi,

le tunnel du Parc des Princes, passant sous les tribunes du stade, vient de connaître une rénovation complète d’un montant de 25 M€, plus de quarante ans après sa mise en service. « Chaque tun-nel pose des problèmes différents, car nous partons à chaque fois de l’existant. Nous devions garantir un délai suffisant pour évacuer le tunnel en cas d’incendie, mais aussi les stades situés au-dessus, com-mente Christophe Spriet, directeur du chantier pour Sogea TPI. De plus, nous avons travaillé dans un espace très réduit, afin de ne pas gêner la circulation sur un axe déjà saturé : la voie de circulation du chantier était limitée à 1,80 m de large. »Pour les tunnels de Boulogne et de Saint-Cloud, 310 nuits de fermeture de 22 h 30 à 5 heures du matin sont prévues. « Intervenir en milieu urbain pose de nombreux défis, et impose de mener en amont un travail d’ingénierie très important, résume Jean-Charles Morel, directeur d’exploitation Sogea TPI. Pour ces travaux d’une ampleur inédite, nous ne pouvions bénéficier de retours d’expérience, nous sommes qua-siment partis de zéro. Nous avons déve-loppé de nouveaux outils, des ouvrages spécifiques. » Le travail en hauteur sur des zones étroites impose parfois de trouver des solutions ingénieuses, à l’aide de rails, d’échafaudages roulants. L’organisation doit être minutieuse. Le choix des matériaux à utiliser demande, lui aussi, beaucoup d’études : par exemple, pour la couverture de l’A314 sous la dalle de La Défense, les équipes de VInCI Construction France ont privilégié un béton fibré. Des fibres de polypropylène permettent au béton d’absorber les contraintes internes en cas de très forte chaleur. Même si l’automobiliste qui emprunte un tunnel ne réalise pas l’ampleur des travaux de génie civil réalisés, les résul-tats sont pourtant le fruit d’une réelle expertise, et d’un esprit d’innovation.

« Pour chaque tunnel, nous partons de l’existant. »Christophe spriet, directeur du chantier du tunnel du Parc des Princes, Sogea TPI.

le tunnel du paRC des pRinCes, sous les tribunes du stade, doit pouvoir être évacué en un temps record. il en va de la sécurité des automobilistes, mais aussi des spectateurs placés juste au-dessus.

la voie souteRRaine des Halles. Cinq niveaux de voirie d’une longueur totale de 1 993 m sont modifiés et remis aux normes : création de niches de sécurité, transformation des issues de secours, suppression d’une voie de transit au profit de locaux techniques.

la RÉnovation de deux tunnels suR l’a13 : Les tunnels Ambroise-paré (Boulogne), ci-contre, et de Saint-Cloud (construit dans les années 1940) vont subir des travaux de transformation de galeries de ventilation, la création de galeries et d’issues de secours, l’isolation des tubes qui communiquaient, la reconstruction des postes électriques, le remplacement de l’éclairage et de la signalisation.

l’a6B en petite CouRonne de paRis.

Mise en tunnel d’un tronçon autoroutier de 1,6 km

qui était à l’air libre et son raccordement sur

le périphérique Sud par le tunnel d’italie, traité dans un marché complémentaire.

Le magazine de ViNci construction France ⁄ 23

Page 24: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

c’est EssENtIEL

Bases de données

La réVoLutioN Myosotis GrâCe aux informations Contenues Dans la Base myosotis, les données sur les chantiers passés, en étude, en cours ou même perdus sont accessibles à tous. Une source indispensable lorsqu’on veut monter un nouveau dossier ou répondre à un appel d’offres.

U n nom de fleur pour une base de données, cela change un peu de ceux généralement attribués à ce type d’outils. Et pour-

tant, celui-ci est particulièrement bien adapté. « Une légende médiévale a associé cette f leur à la phrase “ne m’oublie pas”. D’ailleurs, dans plu-sieurs langues, son nom est une tra-duction littérale de celle-ci. Cela nous a donc paru approprié pour une base de données qui doit devenir la “mémoire”

de tous les chantiers et de toutes les études », explique Jean Weiss, direc-teur adjoint de la DRD. Mais que ce nom bien poétique ne nous trompe pas : Myosotis est un outil extrême-ment complet et efficace dont le péri-mètre s’étend chaque jour.Revenons quelques années en arrière. Avant la création de VInCI Construc-tion France, GTM possède un outil devenu indispensable à toutes les équipes, qu’elles soient commer-ciales ou directement en charge des

« Un formidable outil de gestion »

« Pour moi, Myosotis est un formidable outil de gestion des appels d’offres que VINCI Construction France met à notre disposition. Je me sers de Myosotis pour éditer chaque semaine l’état des appels d’offres d’EMCC par agence : Nantes, Le Havre, Bayonne, Marseille, Paris IdF, International et VLR Travaux Subaquatiques, suivant les différents stades commerciaux : amont, candidature, étude, offre, acquis, non suivi et étudié, et perdu. Ensuite, les données saisies sur les fiches sont utilisées par les agences au stade travaux afin de renseigner les futures fiches références sous V-REF (logiciel d’édition et de gestion des références commerciales). »

chantiers : la base Gesco. Lors de la création du groupe VInCI et de VInCI Construction France, décision est prise de la conserver. Environnement informatique différent oblige, il est nécessaire de la recréer – et par la même occasion de l’optimiser. Myo-sotis voit ainsi le jour.

Des dizaines de milliers de chantiers répertoriésCette base contient toutes les infor-mations sur les chantiers réalisés par les équipes de VInCI Construc-tion France. Mais plus encore, elle renferme toutes les données sur l’ensemble des études menées lors des réponses aux différents appels d’offres, y compris celles ayant mal-heureusement été perdues mais qui peuvent contenir des informations importantes.

Myosotis peut être ainsi utilisée en amont d’“une affaire”. En la consul-tant, il est possible de savoir si le Groupe a déjà travaillé avec tel maître d’ouvrage, maître d’œuvre ou bureau d’études. On peut également décou-vrir si des constructions de même type ont déjà été réalisées, dans la région ou ailleurs. La base aide aussi les conducteurs de travaux à identi-fier des opérations incluant telle ou telle technique spécifique. Les fiches de référence illustrées, générées par la base permettent, par exemple, de trouver en quelques clics tous les chantiers de maisons de retraites ayant utilisé des parois moulées ou bien les opérations HQE® ou BBC.« Cette base vit grâce aux informations fournies et mises à jour par le terrain, précise Jean Weiss. Il faut donc pen-ser à y entrer les données dès le lance-ment d’une consultation. Nous avons installé quelques champs obligatoires pour chaque nouvelle opération, mais le plus important est de se mettre dans la position de celui qui recherche l’infor-mation et se pose la question “qu’est-ce que j’aimerais trouver dans cette base ?”. Nous avons formé – et formons encore – des milliers de collaborateurs à Myo-sotis, tant sur la mise à jour que sur la recherche de données, car c’est une façon unique de faire découvrir au plus grand nombre l’expérience de chacun. »

En juillet 2011, Myosotis comprend des données sur :• 7 372 études vivantes

(accès restreint)• 10 685 chantiers

(accès général)• 13 000 études perdues

(accès général)

La base est accessible via la rubrique “savoirs” de l’intranet.

christelle giroux, en charge de la gestion des appels d’offres, EMCC.

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c’est EssENtIEL

Responsable paye c’est quoi au juste ?Au-delà de ses obligations réglemen-taires, cet administratif est un soutien précieux des salariés. Il sait répondre à toutes leurs questions et prodiguer les meilleurs conseils.C’est le cœur de métier du respon-sable paye : il contrôle et valide les fiches de salaire, déclare les charges sociales et, en fin d’année, produit la déclaration annuelle des données sociales (la DADS pour les initiés, une formalité obligatoire pour toutes les entreprises relevant du régime géné-ral et des collectivités publiques). À ces deux missions de base s’en ajoute une troisième : il est le garant de la bonne application de la législation et des accords conventionnels. Mais au-delà de ces obligations réglementaires, le responsable paye est un véritable expert en relations humaines : d’une part avec les organismes extérieurs de contrôle et d’audit, d’autre part en interne, avec l’ensemble des collabo-rateurs de l’entreprise. Il est en per-manence à leur écoute, trouve souvent les solutions à leurs problèmes, met en tout cas tout en œuvre pour y répondre. Il peut s’agir de demandes de logement

au titre du 1 % patronal, d’interroga-tions au sujet des placements épargne proposés par le Groupe, du droit indivi-duel à la formation (DIF), ou encore tout simplement de réclamations concer-nant le montant de la paye. Un oubli ou une erreur est immédiatement corrigé le mois suivant avec le versement d’un acompte si nécessaire, pour limiter le désagrément. La dernière semaine du mois ne reflète pas toujours la réalité, généralement elle est pointée par anti-cipation sur un horaire de base. Le responsable paye est également régulièrement sollicité par les res-ponsables travaux, auprès desquels il intervient en soutien administratif et à qui il prodigue de précieux conseils. Régulièrement, il est en relation avec le CSI (Centre de support et informa-tique) et l’équipe Anael RH (du nom du logiciel de gestion du personnel). Il a enfin en charge le management d’une équipe qui peut compter plusieurs col-laborateurs. En d’autres termes, ses fonctions ne se résument pas, loin s’en faut, à d’arides tâches administratives. Derrière chaque fiche de paye, il y a en effet un homme ou une femme.

« Je suis à ce poste depuis cinq ans. D’expérience, je sais qu’il faut faire preuve de diplomatie et d’un grand sens de l’écoute. On entend bien sûr toutes les attentes, mais il faut aller plus loin. Nous devons également être extrêmement rigoureux. Nous sommes toujours contraints par des dates, des calendriers : on ne peut pas se permettre de faire de l’à-peu-près. Avec mes collaboratrices, nous gérons le personnel horaire et

d’encadrement de trois entreprises : Arene (curage), CMS (désamiantage) et Delair CFD (démolition), soit un total de 400 personnes. C’est un regroupement qui s’est fait progressivement, ce qui nous a obligés à réorganiser à chaque fois le service et à nous tenir au courant des spécificités de chaque métier. En matière de désamiantage par exemple, la réglementation nous conduit à de nombreux contrôles

et à un étroit suivi. Chaque année en effet, le personnel concerné doit faire un bilan de connaissances, passer une visite médicale renforcée, et au vu des résultats, nous établissons les titres d’habilitation. Notre rôle consiste aussi à programmer les formations des personnels en essayant de ne pas perturber l’organisation des équipes de terrain. Parfois, on fait et on défait… mais on fait toujours de notre mieux ! »

carine gille, responsable du service du personnel, Arene-CMS-Delair CFD.

« il faut s’adapter aux spécificités de chaque métier »

LEs MOMENts CLés du respoNsabLe paye

ContRôleR et valideR la paYe. ReCevoiR un salaRiÉ en lui pRêtant une oReille attentive.

pRogRammeR et assuReR le suivi administRatif des foRmations.

ReCevoiR les ContRôleuRs et les auditeuRs tout au long de l’annÉe.

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Page 26: Dossiers thématiques | VINCI Construction France

Attitude Environnement

pLus qu’uN LabeL, une Réalité !

soit leur activité, commente Florence Marin-Poillot. En les respectant, chacun s’engage dans une démarche respectueuse de l’environnement et contribue ainsi à apporter une garantie au client. » Pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de ces objectifs, deux outils ont été développés. Le premier est un module de formation d’une journée qui a été adapté pour chaque profil : études, encadrement de chantier, chefs d’équipe et compagnons. À ce jour, plus de 2 000 salariés l’ont suivi. Le second est une analyse environne-mentale qui permet d’évaluer la sensi-bilité du milieu et d’identifier en amont les nuisances que risque de générer le chantier. Cette analyse, réalisée par le conducteur de travaux, conduit à la mise en place d’un plan d’action. Le questionnaire d’évaluation qui suit sert précisément à contrôler le suivi du plan d’actions. Il est mis en œuvre par un expert environnement dans le cadre d’un audit mené selon une grille

c’est LE MétIEr

L e sujet a bien pris, confie en souriant Florence Marin-Poillot, chef du service Environnement de VInCI Construction France. Pour la

plupart, nos chantiers sont aujourd’hui étiquetés Attitude environnement. » Les chiffres lui donnent raison : en 2010, 66 % des chantiers audités avaient été ainsi labellisés. La preuve que la dimension développement durable, au cœur de la stratégie de l’entreprise, est désormais dans toutes les consciences.C’est durant l’année 2009 que le service Environnement a mis en place un stan-dard commun à toutes les filiales et à tous les métiers pour réduire l’impact écologique des chantiers. Sur la base des exigences réglementaires appli-cables, des référentiels de certification environnementale (ISO 14001, HQE®, etc.) et des bonnes pratiques obser-vées sur le terrain, dix critères ont été définis. « Des critères simples, qui s’ap-pliquent à tous nos chantiers quelle que

PAr cEttE DémArchE IncItAtIvE, les chantiers du Groupe ont réduit leur empreinte écologique et trouvé des pistes de progrès, tout en tenant compte des exigences des clients. retour sur une culture qui s’installe… durablement. DÉCryptaGe.

« Il est important de former nos jeunes à la construction durable »Maurice labasque, chef de travaux au lycée Paul-Langevin, Beauvais.

« Dans le cadre du plan de rénovation des BTS lancé par le ministère de l’Enseignement supérieur, nous mettons en place, sur Beauvais, un pôle d’excellence de formation professionnelle Économie et Construction durable. Pour cela, j’ai sollicité François Ruault, directeur d’exploitation chez Sogea Picardie, avec qui nous avons signé une convention de partenariat. L’un de mes collègues professeurs avait emmené ses apprentis sur ce chantier labellisé Attitude

environnement : nous savions donc que la démarche environnementale était bien affirmée au sein de l’entreprise. Ce rapprochement s’est concrétisé au début du mois de juillet avec deux personnes de la direction QEDD (Qualité, environnement et développement durable) de VINCI Construction France qui, dès la rentrée prochaine, formeront nos jeunes et nos enseignants au développement durable. »

«

Le mot de l’invité : Hugues sibille

“les sociétés actuelles sont conduites à anticiper et gérer de plus en plus le risque, sur les plans

économique, social et environnemental. la question de la responsabilité apparaît en réponse à cette problématique. il faut promouvoir davantage la responsabilité dans ce monde complexe. il y a une prise de conscience que l’entreprise a une responsabilité, qu’elle doit rendre compte de l’impact de ses actions, de ses chantiers sur la société, et que si elle le gère bien, elle en tirera des avantages. »

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prédéfinie afin de valider si le chantier respecte les critères applicables pour être labellisé.

Hisser les couleurs de l’engagementC’est un drapeau qui illustre l’engage-ment d’un chantier Attitude environne-ment. Celui-là même qui a été fièrement planté par Sogea Picardie, en charge du gros œuvre de la construction du pôle de proximité de Beauvais, dans l’Oise, qui a satisfait à toutes les exigences requises et a donc été labellisé comme tel. Ce drapeau doit beaucoup à Thibault Lelieur, un jeune assistant chef de chan-tier récemment embauché après deux ans en alternance dans l’entreprise. « Son intérêt pour l’environnement nous a convaincus de nous engager dans cette voie », confirme François Ruault, le directeur d’exploitation, lui-même sen-sibilisé à la question depuis des années. À Beauvais, la première initiative de Sogea Picardie a été d’effectuer un bilan carbone, un procédé développé par VInCI Construction France depuis 2007 qui permet de convertir en gaz à effet de serre tout ce qui est nécessaire à la construction d’un ouvrage (maté-riaux, transport, énergie, etc.). C’est à cette occasion qu’a été testé le tout

nouvel outil intégré de comptabilité car-bone conçu par VInCI : CO2nCERnED. « Je m’attendais à un logiciel compliqué alors qu’en moins d’une heure le chef de chantier et moi-même avons pu établir notre premier bilan carbone », commente Antoine Allix, conducteur de travaux. « C’était notre premier bilan de ce type, explique François Ruault. Il n’est donc pas exploitable immédiatement, mais nous verrons sur un prochain chantier si nous l’avons amélioré. »En parallèle, Sogea Picardie a pratiqué un tri sélectif complet de déchets, aban-donné l’utilisation des huiles minérales au profit d’huiles végétales, opté pour un système de récupération des eaux de lavage du béton, utilisé un conteneur environnement muni d’un kit antipol-lution et de rétention pour stocker les produits liquides dangereux, et mis en place des bungalows dotés de packs énergie, avec vestiaires chauffants et ventilés, le tout raccordé à une horloge de programmation. « Nous avons essayé de tout faire, indique François Ruault. Nous sommes même allés très loin dans le détail pour apporter du confort à nos équipes tout en dégageant des économies. Ce sont de petites choses, mais c’est sou-vent l’accumulation de petites choses qui est à la base des bonnes pratiques. »

« Le boulot propre ne fait pas perdre de temps »christophe De Koninck, société De Koninck, sous-traitant Démolition Terrassement.

« Des chantiers respectueux de l’environne-ment, nous y venons tous, d’autant que lorsque

tout est bien pensé en amont, il n’y a aucune incidence sur les travaux. En la matière, les progrès réalisés par Sogea Picardie ont été très visibles à Beauvais : des bennes de tri sélectif bien mises en place et clairement signalisées, des bungalows au top de l’écologie… La classe ! Sur ce chan-tier, j’ai également été très exigeant : nous avons procédé à des curages préventifs avant démolition, trié les déblais, récupéré une grande partie de la craie pour les terrains agricoles, et réaménagé certains sites grâce aux déblais du parking souterrain. J’ajoute que tous nos véhicules sont équipés d’un petit pack de produits absorbants. Le boulot propre ne fait pas perdre de temps. C’est une question d’organisation. »

DIx ENGAGEMENts POUr UNE AttItUDE ENVIrONNEMENt

1 trier les déchets dangereux des non-dangereux.

2 s’assurer de la destination des déchets.

3 Avoir au moins une action en faveur de la limitation, réutilisation ou recyclage des déchets.

4 stocker les liquides dangereux sur rétention et à l’abri.

5 Ne pas rejeter d’effluents pollués sans traitement.

6 Disposer de kits antipollution et former les compagnons à leur utilisation.

7 Limiter les nuisances dues à la poussière.

8 Limiter et adapter les nuisances sonores en fonction du voisinage du chantier.

9 Assurer la propreté du chantier et de ses abords.

10 Analyser la sensibilité du milieu.

le dRapeau de l'engagement commence à flotter sur les premiers chantiers…

le ContaineR enviRonnement permet le stockage sur rétention des produits dangereux.

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Canalisation d’eau potable

À L’assaut Du RocheR

c’est LE MétIEr

I l y a ceux “sous pression” et les “gravitaires”, posés à des pro-fondeurs qui varient de 1 à 6 m. Les premiers sont les réseaux d’irrigation et d’alimentation en

eau potable : leur étanchéité doit être impérativement assurée dès la mise en service et pendant toute la durée de fonctionnement (souvent plus de cin-quante ans). Les seconds, les réseaux d’assainissement et d’eaux pluviales, doivent respecter une certaine pente pour permettre le raccordement aux réseaux existants et les branchements particuliers. Ils sont aussi équipés de “regards de visite” en béton tous les 50 ou 80 m pour passer des caméras, ainsi que des dispositifs de nettoyage et de curage.

Se confondre avec la rocheLa canalisation est une spécialité qui s’exerce sous domaine public, princi-palement en zone enterrée. Elle peut, de ce fait, receler quelques surprises : on ne sait jamais vraiment ce que l’on va trouver en sous-sol, et les risques d’accrochage ne sont pas neutres. Elle oblige aussi à tenir les terres avec des dispositifs de blindage pour des rai-sons de sécurité. Elle requiert enfin un certain doigté dans la gestion des riverains qui doivent faire face non seulement à des nuisances en termes de bruit et de poussières, mais égale-ment à des déviations de circulation souvent inconfortables. La plupart du temps, les ouvrages livrés ne sont pas visibles. Ce n’est pas le cas de celui qui est en cours à Avignon : la canalisation est aérienne et restera, de fait, visible pendant des années. Les travaux, menés par l’agence d’Avi-gnon de Sogea Sud-Est Hydraulique en groupement d’entreprises, sont exé-cutés sur un site prestigieux, au pied du palais des Papes. Ils consistent à

déposer l’actuelle canalisation d’eau potable vieillissante, qui date de 1935, du rocher des Doms, et à la reposer sur 50 m à f lanc de falaise, grâce à des accrochages fixés avec une grue mobile et des cordistes. La nouvelle canalisation, d’un diamètre de 70 cm, comporte des tuyaux en fonte de 6 m de long qui pèsent 1,5 tonne. Les architectes des Bâtiments de France lui ont imposé une teinte précise pour qu’elle se fonde dans la couleur du rocher. Elle sera donc peinte en beige. De la dépose à la repose, il fallait interrompre une partie de l’alimen-tation en eau de la ville pendant trois mois. Le chantier a donc dû être livré à la fin du mois de juin, avant la saison d’été… et le célèbre Festival. Cette tranche de travaux s’inscrit dans un programme de renouvellement total de la canalisation d’alimentation principale de la ville d’Avignon qui a débuté au début des années 2000. Sur les 11 km de remplacement prévus, l’agence en a d’ores et déjà réalisé 9. Les 2 restants le seront dans les vingt-quatre mois à venir.

le CHantieR d’alimentation en eau potaBle d’avignon• 11 km de canalisations à renouveler

entre la route de Marseille et le réservoir du rocher des doms (8 000 m3) qui alimente toute la ville.

• Plus de 10 ans de travaux. • 5,5 Me.

la Canalisation du RoCHeR • 50 m à parcourir à flanc de falaise.• 6 m de long (1 tuyau). • 700 mm de diamètre. • 1,5 t de fonte (1 tuyau).• 473 000 e de travaux.

À aviGnon, les équipes de l’agence locale de Sogea Sud-Est hydraulique procèdent au remplacement de la vieille canalisation du rocher des Doms. Un ouvrage spectaculaire et aérien, qui vient confirmer le savoir-faire de ces experts dont les travaux, une fois livrés, sont la plupart du temps invisibles.

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Mazan

uN coNtrat hors Norme

gilles abraham, directeur d’activité Hydraulique, Sogea Sud-Est.

« nous sommes un peu des artisans. »

« Notre métier est avant tout un métier de proximité. Nous travaillons avec des collectivités publiques (communautés

d’agglomération, communautés urbaines, syndicats de communes) qui sont souvent les mêmes. Nous connaissons donc bien les élus et leurs problèmes. Ça nous permet de répondre aux plus près à leurs attentes. De ce point de vue, le relationnel est essentiel. Évidemment, pour acquérir leur confiance sur le long terme, la qualité de nos ouvrages doit être irréprochable. Une autre particularité de notre activité est qu’elle se situe sur des marchés de montants réduits (de 10 000 à quelques millions d’euros) et de courtes durées (de deux semaines à six mois), ce qui nous oblige à mener plusieurs chantiers de front et à renouveler régulièrement nos carnets de commandes. Nous sommes un peu des artisans, avec une expertise reconnue des terrains et des sous-sols. »

L’agence d’Avignon de sogea sud-Est Hydraulique a récemment gagné, dans le cadre d’un groupement, un nouveau marché pour le compte du syndicat des eaux de la région rhône-Ventoux. Il s’agit d’une part de la réalisation d’un réseau d’assainissement de 25 km, d’autre part du renouvellement et de l’extension sur 15 km du réseau d’alimentation en eau potable, le tout dans le quartier des Garrigues, sur la commune de Mazan (Vaucluse). Les travaux, commencés le 15 juin, sont prévus sur 24 mois. Une opération exceptionnelle par son importance, son montant (10 M€) et sa durée.

Le mot de l’invité : Hugues sibille

“le critère esthétique et de respect patrimonial est pour moi vraiment essentiel.

la france est riche de ses paysages et de son patrimoine. Je trouve qu’on a encore beaucoup de progrès à faire en ce domaine et que le résultat n’est pas toujours à la hauteur des sites impactés. Cela relève aussi de la responsabilité du maître d’ouvrage que d’obtenir les meilleurs résultats possibles de ce point de vue. »

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c’est LE MétIEr

11 h. Premier relevé Avec Thibaut Klein, le jeune

conducteur de travaux qu’il forme, Serge Adrian détaille le matériel utilisé et contrôle les pièces posées pour les trianguler et les reporter sur un plan. Ces métrés servent au décompte final du chantier. Un second relevé est établi en fin de journée.

7 h 15. Arrivée sur le chantier

Le chef de chantier lance sans attendre les travaux. Il sait qu’il est impératif que les compagnons commencent à l’heure : un quart d’heure perdu et c’est tout le chantier qui prend du retard. Il donne ses consignes comme ici, à Hindisheim, un petit bourg près de Strasbourg où son équipe remplace un ancien collecteur d’eaux usées, installe une conduite d’eau potable et une gaine pour le gaz.

Le mot de l’invité : Hugues sibille

“l’humanisme ! l’humain dans l’entreprise ne doit plus

être regardé comme ressource mais comme finalité. Je suis très sensible à un mot de cet article : “la confiance”. nous faisons trop peu confiance à nos jeunes, dans le travail, pour le logement, le crédit, etc., alors que faire confiance à ses jeunes est la clé de la réussite d’une société. si vous voulez que l’on vous fasse confiance, faites confiance vous-même ! »

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une journée avec serge adrian

MaîtRe bâtisseuR

13 h. relance… … et surveillance des travaux.

Entre-temps, il explique toutes les phases du chantier à son jeune apprenant, en n’oubliant évidemment pas le relationnel que tout conducteur de travaux doit entretenir avec les compagnons, le chef de chantier sans oublier les riverains.

17 h. Fin de la journéeC’est à ce moment-là que Serge Adrian

et son équipe s’assurent que les zones encore ouvertes sont bien protégées, que tout le matériel est remisé et que les barrières et les panneaux sont placés au bon endroit afin que les riverains puissent rentrer chez eux en toute sécurité. Le chef de chantier profite de la fin de journée pour programmer les travaux du lendemain, afin d'éviter de perdre le redouté quart d’heure.

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C’est un personnage comme on en croise peu dans une vie. Un homme qui ferait croire le plus sceptique des terriens au don d’ubiquité, l’un de ceux qui se contentent de trois heures de som-meil. « C’est ma force », confie-t-il. Serge Adrian, 56 ans aujourd’hui, est Maître Bâtisseur depuis 2008. Pour ce tuteur-formateur, ce n’est qu’un titre, mais un titre dont il est fier, et qui rejoint le sens qu’il a toujours voulu donner à sa vie professionnelle et à sa fonction de chef de chantier. « C’est l’heureux aboutissement de ma carrière. »D’abord tisserand, maroquinier, scieur et gérant de distillerie, ce touche-à-tout a rejoint les travaux publics en 1981, et Muller Travaux Hydraulique Alsace (MTHA) en 1990. Il a vite compris l’importance de la transmission des savoirs aux plus jeunes, « pour être sûr d’être bien remplacé ! »« Les entreprises de TP ont de plus en plus de mal à recruter alors que la pyramide des âges ne cesse de vieillir, constate-t-il avec regret. Comme tous les travaux manuels, ce secteur a une très mauvaise image, c’est désolant. » Lui qui a commencé comme simple manœuvre a évolué très rapidement grâce à une volonté de fer et à un goût certain pour les responsabilités. « Je n’ai jamais été satisfait de ce que je savais. J’ai tou-jours voulu plus. C’est ainsi qu’on avance, explique-t-il avant d’ajou-ter : Il faut connaître son travail pour pouvoir commander. »

À ce jour, Serge Adrian a formé sept poseurs canalisa-teurs, deux chefs de chantier et deux ingénieurs stagiaires. Actuel-lement, il coache un apprenant en stage d’approfondissement des connaissances pour être conduc-teur de travaux. Il veille aussi affectueusement sur l’un de ses manœuvres, son jeune protégé, un enfant illettré qu’il a accueilli lorsqu’il avait 7 ans, qu’il a élevé et dont il est aujourd’hui le tuteur curateur. Car Serge Adrian et son épouse sont aussi famille d’accueil. À ce titre, ils hébergent régulière-ment des cabossés de la vie. En ce moment, ils ont chez eux une fillette et un garçonnet qui sont très heureux d’avoir découvert les valeurs d’une vraie vie de famille. Sur ses chantiers comme chez lui, l’homme dispose d’un atout consi-dérable : il fait a priori confiance aux jeunes, qui lui en sont reconnais-sants. La plupart de ceux qu’il a for-més sont restés dans l’entreprise. « C’est un investissement humain très riche », conclut celui qui est aussi délégué syndical et membre actif de la DUP (Délégation unique du personnel) et du CHSCT. Tout entier au service de l’autre, Serge Adrian s’est également engagé au plan local – il est le très populaire maire de la petite commune de Maisonsgoutte, sa ville natale – et trouve toujours le temps de monter sur les planches du théâtre alsacien dont il est l’un des fidèles acteurs.

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