Dossier Reforme Chatel 2009

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Novembre 2009 Novembre 2009 Novembre 2009 - Hors Hors Hors-série série série

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Dossier Reforme Chatel 2009 La Voix Lycéenne

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Novembre 2009 Novembre 2009 Novembre 2009 --- HorsHorsHors---sériesériesérie

Dossier Spécial

2 LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série

SOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRE

Orientation

Accompagnement

individualisé

Langues vivantes

Autonomie pédagogique

Dossier d’analyseDossier d’analyseDossier d’analyse

Equilibrage des séries

Stages de soutien

scolaire

Vie Lycéenne

Démocratie

La parole à ...La parole à ...La parole à ...

Philippe Mérieu

La FCPE

MENTIONS LEGALES

Novembre 2009

ISSN : 1770-9016

Directeur de publication

Antoine Evennou

Rédaction

Bureau National de l’UNL

Mise en page

Damien Ramage

Union Nationale Lycéenne

La voix lycéenne

13 boulevard de Rochechouart

75009 Paris

Tel : 01 40 82 94 00

Fax : 01 40 82 94 82

Mail : [email protected]

Retrouvez l’actualité éducative

et sociale au jour le jour

sur notre site internet !

Dossiers d’analyses et de revendications,

tracts et publications, actualités locales, coupures

de presse, guides militants et répertoire des droits

lycéens... Tous les outils sont mis à votre disposi-

tion par le syndicat pour aider à mobiliser et infor-

mer dans votre entourage.

Pour les adhérents, il existe également un

espace abonnés avec toutes les notes et dossiers

internes et les lettres d’information sur l’UNL et les

actualités militantes.

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Nouvelles mesures pour le lycée

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 3

Un système éducatif malmené

L'élaboration de la réforme du lycée annoncée il

y a peu aura été marquée par de nombreuses péripé-

ties. Le premier projet présenté par Xavier Darcos, dan-

gereux et incohérent, a été mis à bas par la mobilisation

massive des lycéens il y a un an.

Luc Chatel nous propose aujourd’hui des mesures

qui ne sont ni bonnes, ni mauvaises mais souvent peu

ambitieuses et qui ne répondent absolument pas aux

véritables problèmes de notre système éducatif. Le Mi-

nistre de l’Education Nationale affiche la volonté de

laisser d'un droit à l'erreur, de permettre un accompa-

gnement de tous les lycéens dans leur apprentissage…

Mais, dans le même temps, les inégalités s’aggra-

vent à cause du démantèlement de la carte scolaire et

entrainent progressivement un système

éducatif à 2 vitesses. D'un côté, les lycées de

prestige, et de l'autre, des lycées

« poubelles », « ghettos » où des élèves,

souvent dans des situations déjà difficiles

scolairement, se trouvent encore tirés vers

le bas et ne disposent pas de l'encadrement

nécessaire.

Ce phénomène est aggravé par la di-

minution des moyens alloués à l’Education

Nationale, mise en évidence notamment par

les suppressions de postes.

Ce sont 16 000 postes qui seront sup-

primés à la rentrée prochaine, après les

25000 déjà effectives simplement pour ces 2 dernières

années. Ces diminutions d'effectifs surchargent les clas-

ses et suppriment des options. Elles rendent surtout les

conditions d’études et de travail bien plus difficiles en

entrainant l’échec scolaire.

Aussi, 150 000 jeunes sortent du système scolaire

sans qualification à l'âge de 16 ans parce qu’ils n’ont

pas pu bénéficier d'assez d'accompagnement et de sou-

tien. Ce sont 150 000 jeunes qui ne disposeront pas

d'un diplôme, seul rempart contre le chômage, seul

bouclier face à la crise et meilleur vecteur d’intégration

professionnelle et sociale. Sans compter tous les autres

élèves en difficultés...

Un profond malaise social dans la jeu-

nesse

La jeunesse demeure depuis maintenant trop

longtemps dans une situation de profond malaise, illus-

tré notamment par les très nombreux mouvements ly-

céens et étudiants de ces dernières années, par les ré-

voltes de 2005. Les jeunes français ne se sentent effecti-

vement ni écoutés ni représentés, ni même reconnu

dans la société. Aujourd'hui, 51% des Français ont une

image négative de la jeunesse. Un triste constat qui

montre bien qu’un fossé se creuse entre adultes (et sur-

tout dirigeants) et jeunes citoyens.

Les jeunes ont aujourd'hui un grand besoin d'ex-

pression, de représentation et surtout d'écoute, afin de

prendre toute leur place dans la construction de la socié-

té. Nous sommes des acteurs de premier plan dans les

mouvements sociaux! C’est la preuve que

nous voulons défendre notre avenir ! Beau-

coup de mouvements n'auraient pas eu lieu

si le gouvernement avait accepté d'entendre

les revendications émanant de la jeunesse,

et ne faisait pas preuve de mépris pour nos

inquiétudes légitimes !

Les jeunes ont également un grand

besoin d'autonomie intellectuelle et finan-

cière. Beaucoup d’entre nous sommes seuls

face à certaines dépenses et nous sommes

de plus en plus nombreux à devoir travailler

pour pallier aux problèmes financiers , quitte

à mettre en péril nos études, !

Les inégalités financières créent des injustices sup-

plémentaires dans l'accès à la culture, aux loisirs, à la

santé… Cependant des mesures telles que les tarifs ré-

duits dans les transports ou la mise en place par certai-

nes Régions de « Pass’ » culture apportent des réponses

concrètes à ces problèmes. Malheureusement elles sont

encore trop peu répandues et souvent rejetées par le

Gouvernement comme l’a fait bêtement Luc Chatel avec

les « chèques contraception ».

Il est aujourd'hui nécessaire de donner à la jeunes-

se une véritable place dans la société, en arrêtant no-

tamment la destruction progressive et programmée de

notre avenir par le démantèlement de l'éducation et des

services publics, et en prenant en compte nos aspira-

tions sociales et démocratiques !

EDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITOEDITO

Les mesures Chatel

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 4

ORIENTATIONORIENTATION

• Une véritable seconde de détermination avec LV2 obligatoire, choix de deux options

d’1h30 chacune. 1 option avec 2 choix : SES ou éco gestion, L’autre option avec 8 choix

• Meilleure information des élèves avec temps consacrés à l’orientation dans les 2 heures

d’accompagnements, offre de stage professionnel au cours de l’année, création de forum

de l’emploi

• Une première avec réorientation possible grâce à un tronc commun représentant 60%

des heures hebdomadaires, et 40 % de spécialisation. Avec possibilité de mélanger les

classes pendant les heures de tronc commun.

« Une orientation plus ouverte et plus progressive »

• L’obligation pour les lycéens de choisir entre SES et éco gestion va permette à tous d’ac-

céder à un enseignement économique afin de comprendre les enjeux actuels. De plus

cela va démocratiser cet enseignement jusqu’ici mis de côté.

• L’obligation de LV2 ne change pas grand-chose vue que 98% des élèves prenaient cette

option.

• Le tronc commun en première va permettre aux lycéens d’acquérir une culture commu-

ne et va faciliter les passerelles entre les séries, permettant la réorientation en cours

d’année. De plus, cela va égaliser le nombre d’élèves par classe au vue de la possibilité de

mélange des effectifs.

Le service Public d’Orientation n’est pas créé alors qu’il est nécessaire d’avoir un

cadrage national de l’orientation. On n’augmente pas le nombre de Copsy et on ne

leur donne pas une nouvelle formation afin d’assurer un suivi régulier et individua-

lisé des lycéens. Enfin, il manque des journées d’immersions dans l’enseignement

supérieure de prévues en cours d’année de terminale pour que les lycéens puis-

sent se familiariser avec l’enseignement supérieur.

Des mesures qui ne sont pas à la hauteur des besoins !

Les mesures telles que présentées

par le Ministère de l’Education Na-

tionale en réunion de concertation

avec les organisations lycéennes

L’analyse et les revendications

de l’UNL. A la rentrée, nous

avons notamment remis à Luc

Chatel un dossier détaillé inti-

tulé « que vont-ils faire du ly-

cée du XXIe Siècle? » disponible

sur www.unl-fr.org

UNE LECTURE SYNDICALE SIMPLE :UNE LECTURE SYNDICALE SIMPLE :

Vues à la loupe par l’UNL

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 5

• Cela peut permettre aux élèves en difficulté ou en cours de réorientation d’avoir plus de

chances de réussir, ce qui veut dire continuer ses études ou s’insérer professionnelle-

ment

• Cela va aussi permettre un suivi individualisé des élèves dans la construction de leur

orientation, et va donner du temps à d’autres élèves pour construire des projets au sein

de l’établissement.

La répartition des moyens étant uniforme, la priorité n’est pas assez mise sur les

élèves en difficultés ou en cours de réorientation. Ces deux heures peuvent per-

mettre d’appliquer d’autres méthodes pédagogiques qu’en cours, à condition que

les enseignants y soient formés.

De l’aide pour certains, un luxe pour d’autres !

« Plus d’initiatives et de responsabilités dans un cadre national »

2h d’AUTONOMIE PEDAGOGIQUE2h d’AUTONOMIE PEDAGOGIQUE

• Heures élèves/professeurs inchangées en volume

• Des objectifs définis par l’équipe pédagogique pour les 2h d’accompagnements. Exa-

miné par le conseil pédagogique en amont, et présenté au conseil d’administration.

Au total, les élèves resteront autant de temps avec les enseignants qu’à l’heure actuelle.

Ceci peut permettre un temps spécifique pour le suivi régulier des lycéens afin de suivre leur

évolution en cours d’année, à condition que des garanties minimales soient fixées pour que

cela ne revienne pas à gérer la pénurie !

Le Ministère n’avance aucun élément concret pour le cadrage national nécessaire à cette

autonomie des équipes pédagogique. Il faut impérativement définir des objectifs mini-

maux afin que les établissements ou élèves les plus en difficulté pour appliquer cette me-

sure puissent recevoir davantage de moyens financiers et humains.

Un cadrage national est impératif pour garantir aux équipes péda-

gogiques les moyens de leurs ambitions

• Avec un accompagnement adapté à l’élève par l’apprentissage de la méthodologie, de

l’autonomie de travail pour construit l’orientation de l’élève

• Réalisé par des enseignants. Le conseil pédagogique définit le projet d’utilisation des

deux heures.

• Accompagnement distinct des heures de cours. En 2nde

et 1ère

organisation transversa-

le. En terminale vocation à être mis en œuvre dans les enseignements de spécialisa-

tion.

ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISEACCOMPAGNEMENT PERSONNALISE

« un accompagnement personnalisé pour tous »

Les mesures Chatel

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 6

DES SERIES REEQUILIBREES?DES SERIES REEQUILIBREES?

• Un rééquilibrage entre les séries avec tronc commun en 1ère

permettant aussi une ré-

partition des effectifs des classes. Avec l’introduction d’un enseignement sur les

grands enjeux du monde contemporain en L et un nouveau programme d’histoire géo

sera mis en place pour les séries L et ES

• Un rééquilibrage entre les voies avec un découverte de la voie technologique en se-

conde, un rapprochement des enseignements communs en 1ère

et la rénovation des

séries STI et STL.

« Une orientation plus ouverte et plus progressive »

• Le tronc commun en première est censé permettre aux lycéens d’acquérir une culture

commune et faciliter les passerelles entre les séries.

• L’introduction dans la série L d’un nouvel enseignement était inévitable si elle doit of-

frir plus débouchés

• Le nouveau programme d’histoire en terminale L et ES est censé permettre de l’adap-

ter aux enjeux et aux attentes de ces filières notamment pour l’enseignement supé-

rieur. De plus, les lycéens de la série S, qui auront fait l’intégralité du programme d’his-

toire actuel seulement en première pourront avoir le choix de continuer cette matière

comme option facultative de deux heures en terminale, permettant d’une part de spé-

cialiser la série S et d’autre part de laisser le choix aux élèves volontaires d’approfondir

leurs connaissances d’histoires grâce à cette option.

• L’objectif est censé être une Terminale qui prépare à l’enseignement supérieur.

• La refonte des séries STI et STL était urgente. Il faut qu’elle s’adapte aux enjeux

contemporains et qu’elles ne soient pas en décalage avec les évolutions de la société.

Pas de révolution, juste un peu de bon sens

• Enseignement en groupes de compétences, programmes et heures communs aux dif-

férentes séries et les heures de LV1 – LV2 sont globalisées afin de faciliter l’enseigne-

ment par groupe de compétence.

• La série L devient une série « langues vivantes » avec une approche plus culturelle des

langues, avec un enseignement de littérature étrangère en langue étrangère

LANGUES VIVANTESLANGUES VIVANTES

« Maitriser au minimum deux langues vivantes »

• La globalisation des heures permet de ne plus faire la distinction entre LV1 et LV2 et que

l’apprentissage soit le même afin de pousser plus de lycéens à devenir bilingues ou trilin-

gues.

• La série L est repensée en se spécialisant dans les langues. Une approche culturelle et

littéraire est rajoutée aux enseignements

Les groupes de compétences peuvent être dangereux en termes de mixité scolaire. On sait

pertinemment que c’est le mélange de « bons » et de « mauvais élèves » qui va faire pro-

gresser le niveau général de la classe.

L’enfer est pavé de bonnes intentions

Vues à la loupe par l’UNL

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 7

STAGES DE SOUTIEN SCOLAIRESTAGES DE SOUTIEN SCOLAIRE

• Des stages de remises à niveau ou de corrections de trajectoires sur propositions du

conseil de classe au libre choix de l’élève. Stages de deux semaines facultatifs, sur la ba-

se des élèves et enseignants volontaires

• Un tutorat durant toute la scolarité au lycée pour les élèves qui le souhaitent, assuré par

des enseignants ou CPE volontaires, suivi de la classe de seconde à la classe de termina-

le.

Vers une « orientation progressive et réversible »?

• La base de volontariat peut garantir que les élèves soient motivés, et donc qu’ils se pas-

sent bien, mais au final, les choses resteront les mêmes pour la majorité des élèves

• Le tutorat est censé apporter suivi psychologique et scolaire régulier de l’élève afin de

déceler les difficultés. Mais ça ne s’improvise pas ! C’est tout un métier pour lequel les

enseignants sont trop peu nombreux et trop peu formés.

Les stages au cours des vacances remettent en cause le droit aux vacances de cha-

que élève alors qu’elles sont essentielles à l’émancipation intellectuelle et matérielle de

chacun. Mesurette d’affichage, le tutorat n’est pas viable au vu du nombre d’élèves par

enseignant ! On ne peut pas masquer le manque d’encadrement dû aux suppressions de

poste derrière cette mesure !

Une mesure irréaliste sans moyens supplémentaires

• Garantir les libertés des lycéens en réécrivant les textes de lois pour les mettre à jour, en

formant les délégués lycéens, et en redéfinissant la place et le rôle des instances lycéen-

nes.

• Valoriser l’engagement des lycéens dans le dossier scolaire par une mention.

• Stimulation de la vie culturelle au sein de l’établissement notamment avec la mise en

place de ciné-clubs, et création de partenariat entre les lycées et les établissements

culturels.

VIE ET DEMOCRATIE AU LYCEEVIE ET DEMOCRATIE AU LYCEE

« Un lycée qui favorise la responsabilisation des lycéens »

• Il était essentiel de réécrire les textes de lois concernant les droits lycéens. L’UNL se bat-

tra pour faire prendre en compte l’évolution de la société et donner la place qu’ils méri-

tent aux lycéens dans les prises de décision.

• L’UNL s’est opposé à ce que l’engagement lycéen soit noté en jugeant que c’était impos-

sible et inégalitaire. Mais, le valoriser par une notification dans le dossier scolaire de l’é-

lève peut permettre de mettre cet engagement en avant.

• La proposition de stimuler la vie culturelle par des ciné-clubs est une victoire de l’UNL. La

création de partenariat avec des établissements culturels peut permettre de favoriser

l’accès à la culture pour les lycéens notamment quand c’est trop cher.

L’UNL dénonce néanmoins le manque flagrant de propositions pour la démocratie lycéen-

ne et la vie lycéenne en générale. En priorité il faut donner aux instances de la démocratie

lycéenne des possibilités de prendre des décisions.

Des mesures inabouties et insuffisantes

Analyse

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série

Nous sommes face à une réforme du lycée qui ne pose pas de problème dans l’absolu,

sauf qu’elle ne répond pas aux attentes et aux besoins actuels car le gouvernement n’ose

pas mettre sur la table les vrais problèmes. En effet, le vrai problème ça n’est pas ce que

fait la réforme, mais tout ce qu’elle ne fait pas.

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L’ARBRE QUI CACHE LA FORETL’ARBRE QUI CACHE LA FORET

EN BREFEN BREFEN BREFEN BREF

Depuis 2007, ce sont 40 000 postes

qui ont été supprimés. Ce sont des classes à

36 élèves auxquelles nous devons faire face

où certains ne peuvent mêmes pas avoir de

chaise et de table pour travailler convena-

blement. En menant cette politique dogma-

tique et irresponsable le gouvernement dé-

mantèle le Service Public d’Education que

notre pays à cette chance d’avoir construit.

Supprimer des postes ce n’est pas sim-

plement détruire nos conditions d’études

en surchargeant les classes, en dégradant

les conditions de travail de nos enseignants,

en supprimant des options dans les lycées

les moins favorisés, en ne donnant pas un

droit à la réussite pour tous les jeunes, en

ne démocratisant pas l’Ecole de la Républi-

que…

Supprimer des postes c’est bien vou-

loir aller jusqu’au bout de la logique libérale

consistant à désengager l’Etat de toutes ses

fonctions premières, et c’est en cela que le

gouvernement mène une politique réaction-

naire et purement idéologique.

Il faut aujourd’hui se poser la question

de l’application de la réforme du lycée.

Comment veut on que ces mesures soient

efficaces ou qu’elles aient le moindre effet

s’il l’on investi pas dans l’éducation ?

Il faut continuer le combat face à cette

politique qui détruit petit à petit l’ensemble

des services publics afin que le gouverne-

ment prenne conscience de la nécessité

d’investir dans l’Education plutôt que dans

les Banques !

La réforme du lycée n’est ni bonne, ni mauvaise, mais elle ne répond

pas aux enjeux actuels d’une société subissant de plein fouet une crise éco-

nomique, sociale et politique. Il faut recentrer les véritables sujets et se bat-

tre pour des valeurs d’égalité, de réussite et de démocratisation. C'est-à-dire

se battre face à la diminution des moyens alloués à l’éducation, pour la res-

tructuration de la carte scolaire, et pour une nouvelle politique de jeunesse

permettant aux jeunes d’être considérés comme de véritables citoyens à part

entière !

Les services publics, sont le patrimoine de ceux qui

n’ont rien ! Investissons !

Analyse

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série

9

Garantir la mixité sociale et scolaire :

restructurer la carte scolaire

Le Gouvernement tourne la tête alors

que la Cour des Comptes a publié un rap-

port qui met en évidence la ghettoïsation

des lycées. Or ça n’a même pas été évoqué

dans les discussions sur la réforme du lycée.

C’est pourquoi nous devons exiger au-

jourd’hui la mise en place de négociations

sur la carte scolaire afin de la remettre en

place sous une nouvelle forme.

La carte scolaire n’a pas réussi à em-

pêcher les inégalités sociales et scolaires. La

suppression de celle-ci entamée par le gou-

vernement Fillon a creusé encore plus les

inégalités.

C’est pour cela qu’il faut une nouvelle

carte scolaire qui assure une mixité sociale

et scolaire :

• Sociale, pour qu’il n’y ait pas de différen-

ce entre le lycée de Paris et le lycée de

Sarcelles, que les lycéens aient les mê-

mes conditions d’études, et que les en-

seignants aient les mêmes conditions de

travail !

• Scolaire, afin qu’il y ait des élèves de dif-

férents niveaux par classe, que celles-ci

ne soient pas composées uniquement de

« bons » élèves ou de « mauvais » élèves.

Il est essentiel qu’une nouvelle secto-

risation soit organisée ainsi qu’une nouvelle

carte de formation car il est primordial de

garantir l’égalité ente les lycéens et les ly-

cées.

Là encore, le gouvernement n’apporte

pas de réponse. Les jeunes ont besoin de

s’exprimer, ils ont besoin d’être reconnus,

ils ont besoin d’être protégés par la socié-

té…

C’est pour cela que le coût de la scola-

rité (transports, cantine, manuels scolaires,

fournitures scolaires…) doit être pris en

charge par l’Etat afin d’éviter à nos familles

de subir encore plus la crise économique et

sociale actuelle.

Il faut que l’Etat mette en œuvre tous

les moyens pour scolariser tous les jeunes

de 16 à 18 ans. Il n’est pas normal dans no-

tre société de voir 10% des jeunes de 16 ans

quitter le système scolaire, il n’est pas nor-

mal non plus de voir 150 000 jeunes sortir

de ce système en cours d’année sans diplô-

me.

Le diplôme est le meilleur bouclier fa-

ce à la crise, il faut donc permettre à tous

les jeunes d’y accéder ! L’Ecole Républicaine

doit se fixer des objectifs ambitieux et les

réaliser : 80% d’une classe d’âge doit obte-

nir le baccalauréat, 100% doit réussir !

Répondre au malaise social des jeunes

« le vrai problème ça

n’est pas ce que fait la

réforme, mais tout ce

qu’elle ne fait pas »

De 2008 à 2009, quelles avancées ?

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série 10

Philippe Meirieu Philippe Meirieu

est une des per-

sonnalités qui

connaît le mieux

le lycée et la diffi-

culté à le réfor-

mer. Il y a dix ans,

il a présidé le Co-

mité d'organisa-

tion de la consul-

tation et du collo-

que : " Quels sa-

voirs enseigner

dans les lycées ? ",

à la suite desquels

fut mise en place

une réforme des

lycées aujourd'hui

très largement

démantelée.

Par François

Jarraud

Cinq pôles qui me paraissent indissociables si l'on veut vraiment "un autre ly-

cée" :

La construction d'une "culture commune" (qui suppo-

se des objectifs culturels communs pour tous les ly-

céens, des trois voies et de toutes les filières). Il existe,

en effet, des domaines de savoirs où l'on ne peut accepter une spécia-

lisation trop rapide et où il est essentiel que tous les lycéens "parlent la même

langue" : c'est vrai pour l'histoire, l'histoire des idées et l'histoire des sciences, la

connaissance des œuvres fondatrices, les sciences humaines et sociales, les lan-

gues vivantes, l'éducation physique et sportive, l'éducation artistique, l'éduca-

tion civique juridique et politique (que nous avions nommée ainsi, mais qui a été

transformée en "éducation civique, juridique et sociale"). Je pense même que,

dans ces domaines, on pourrait imaginer un "tronc commun" où se retrouve-

raient côte à côte, dans les mêmes cours, des élèves des voies générale, techno-

logique et professionnelle : c'est dans ce sens que j'ai pu parler d'un "lycée uni-

que".

La structuration des enseignements autour de filières

susceptibles de conférer une unité aux apprentissa-

ges. Je n'étais, d'ailleurs, pas vraiment favorable à cela au début de la

consultation de 1998. Ce sont les débats et les multiples concertations qui m'ont

convaincu qu'il ne fallait pas abandonner complètement l'idée de colonne verté-

brale avec des dominantes disciplinaires. Nous risquons, en effet, avec un systè-

me complètement à la carte, une véritable atomisation... De plus, le lycée doit

permettre de s'engager progressivement vers des domaines cohérents et, à un

moment donné, il faut que des enseignements spécialisés émergent. J'ai sou-

vent cité la phrase de Brillat Savarin : "On ne forme pas les gastronomes de la

même manière que les cuisiniers"... On ne forme pas, en sciences, des futurs

scientifiques comme des littéraires qui doivent, certes, avoir une culture scienti-

fique, mais d'une autre nature : pour accéder en faculté de sciences, il faut des

savoirs techniques précis, tandis qu'un littéraire devra avoir des connaissances

plus orientées vers la vie sociale (comme les statistiques, par exemple). […]

Le suivi rigoureux des élèves. Un lycée à la carte ou modulaire

nécessite un renforcement de l'accompagnement individualisé. Le

danger est grand, en effet, de favoriser les élèves déjà autonomes ou

particulièrement débrouillards, au détriment de ceux qui ne connais-

sent pas vraiment les codes scolaires et n'ont pas encore stabilisé de "stratégie

de réussite". Sans un tutorat très construit, avec des outils de liaison élaborés, la

liberté de choix, pour certains élèves, sera une liberté du vide.

1)

2)

3)

Juillet 2008

Extrait de CaféPédagogique.net

LA VOIX LYCEENNE / Novembre 2009 / Numéro Hors-Série

11

Un autre statut pour le lycéen. Si l'on veut un lycéen auto-

nome et impliqué, il faut changer radicalement les rapports au sein

des établissements. Alors que près d'un tiers des élèves de terminale

sont majeurs aujourd'hui, ils continuent à être traités comme des

élèves de sixième... reproduisant ainsi le comportement potache le plus tradi-

tionnel et bloquant la construction d'une véritable "maison des savoirs". Il faut

absolument que revoir complètement la "participation lycéenne". Celle-ci est

aujourd'hui caricaturale : au mieux les délégués peuvent donner leur avis sur le

déplacement d'un banc dans la cour, mais ils ne sont jamais sollicités sur la

construction des emplois du temps, le planning des contrôles, les méthodes de

travail, l'équilibre entre cours magistraux et recherches individuelles, l'utilisa-

tion du travail de groupe, la place de la recherche documentaire, de la démar-

che expérimentale, etc.

La refonte du baccalauréat. […] Nous savons à quel point la

formation est pilotée par l'évaluation. On finit toujours par ne former

que ce qui sera évalué. Or, les épreuves du baccalauréat d'aujour-

d'hui, qui réduisent la plupart des savoirs à des exercices formels individuels en

temps limité, ne permettent pas un véritable enseignement rénové. Si l'on veut

réformer le lycée, il faut réformer le baccalauréat et changer la nature des

épreuves, voire introduire un système d'évaluation par unités capitalisables,

chacune d'entre elles étant validée par un "projet abouti", ce que j'appelle un

"chef d'oeuvre".

4)

5)

On pourrait encore évoquer le conseil pédagogique ou le renforcement de l'auto-

nomie des établissements. Cette réforme semble s'inspirer de la pédagogie acti-

ve. Comment cela est-il conciliable avec la réforme de la formation des ensei-

gnants ?

L'autonomie des établissements n'est pensable, à mes yeux, que dans le cadre

d'une politique nationale et d'un cahier des charges fort et ambitieux pour les éta-

blissements. Sinon, les pires dérives nous menacent... en particulier l'accroisse-

ment fantastique des inégalités et du consumérisme scolaire. Il faut inverser la

tendance actuelle qui laisse les établissements libres de leur politique éducative

dès lors qu'ils respectent les normes administratives. Il faut alléger les normes ad-

ministratives, mais en étant bien plus rigoureux sur les objectifs éducatifs : rela-

tions avec les familles, suivi des élèves, formation à la démocratie et au travail soli-

daire, etc. […]

Au sujet des conseils pédagogiques :

RAPPELEZ-VOUS

En 2008, la réforme

proposée par Xavier

Darcos contenait des

dérives potentielles

fort inquiétantes :

mise en concurrence

des lycées et fin du

Bac national, modula-

risation et parcours

« à la carte ». Nous

nous sommes mobili-

sés contre cette réfor-

me et les suppres-

sions de postes dans

l’Education Nationale,

et avons connu une

victoire importante

en faisant reculer Xa-

vier Darcos. En consé-

quence, les points les

plus inquiétants sont

absents des mesures

Chatel. Cependant,

les lycéens ne sont

pas dupes : les inéga-

lités continuent de

s’accroitre, et nos

perspectives d’avenir

de se réduire !

Le point de vue de la FCPE

Les pistes actuellement à l’étu-

de au ministère sur la réforme du

lycée montrent que la FCPE com-

mence à se faire entendre.

La réforme du Lycée sera pé-

dagogique ou ne sera pas. Les pistes

actuellement à l’étude au ministère

montrent que la FCPE commence à

se faire entendre : orientation plus

progressive et développement des

passerelles entre les différentes

voies et filières.

Nous prenons acte de l’annon-

ce ministérielle de ne pas récupérer

de moyens sur le Lycée et de mainte-

nir les dotations horaires actuelles.

Néanmoins, de nombreuses

questions restent en suspens. Elles

détermineront la portée réelle de la

réforme.

Nous demandons plus de cer-

titudes pour que les deux heures

d’accompagnement ne se transfor-

ment pas en de simples enseigne-

ments disciplinaires.

Nous réitérons notre demande

de travaux personnels encadrés

(TPE) de la seconde à la terminale.

Restent des zones d’ombre,

notamment la question de la sectori-

sation et celle de la formation des

enseignants pour mettre en œuvre

les innovations pédagogiques.

Enfin, la FCPE ne peut qu’en-

courager le ministre à aller encore

plus loin en intégrant l’enseignement

professionnel à cette réforme, pour

assurer l’égale dignité des voies de

formation.

Nous n’en sommes qu’aux dis-

cussions, des pas restent encore à

faire, des avancées à obtenir.

La FCPE revendique un Lycée

qui amène 80% d’une classe d’âge au

baccalauréat sans laisser personne

sur le bord du chemin

C’est un début, Monsieur le ministre ! -

Communiqué du 13 novembre 2009 :

La FCPE est la pre-

mière fédération de

parents d'élèves.

Elle est présente

dans la plupart des

établissements où

elle participe à la

vie scolaire pour

défendre l'intérêt

des enfants et re-

présenter les pa-

rents. La FCPE est

une force de propo-

sition et d'action.

Fondée en 1947, la

Fédération des

conseils de parents

d'élèves est recon-

nue d'utilité publi-

que dès 1951 et

agréée mouvement

d'éducation popu-

laire en 1982.

Au total, 1 600 000

familles ont voté

pour la FCPE aux

dernières élections.

REJOINS NOUS ET RECOIS DES INFOS TOUTES LES SEMAINES !REJOINS NOUS ET RECOIS DES INFOS TOUTES LES SEMAINES !REJOINS NOUS ET RECOIS DES INFOS TOUTES LES SEMAINES !