Dossier pédagogique "Céramiques Surprises : faïences et trompe l'oeil des 18e et 19e siècles"

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Musée départemental de la faïence et des arts de la table - SAMADET- 2015-2016 Dossier pédagogique Exposition : Céramiques surprises Faïences et trompe-l’œil des 18 e et 19 e siècles

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Dossier destiné aux enseignants

Transcript of Dossier pédagogique "Céramiques Surprises : faïences et trompe l'oeil des 18e et 19e siècles"

Musée départemental de la faïence

et des arts de la table - SAMADET-

2015-2016

Dossier pédagogique Exposition : Céramiques surprises

Faïences et trompe-l’œil des 18e et 19e siècles

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Sommaire LE MUSEE 1 – La manufacture royale de fayances de Samadet 2 - Historique du musée 3 - Qu’est-ce qu’un « Musée de France » ? CERAMIQUES SURPRISES : exposition temporaire du 17 avril 2015 au 25 septembre 2016 1 – L’exposition 2 – Les objets phares 3 – Les animations pédagogiques 4 - Glossaire

Le musée départemental de la faïence et des arts de la table

La manufacture royale de Samadet (1732-1840) En 1732 est fondée, sur la Commune de Samadet, une manufacture de faïences. L’Abbé de Roquépine, alors propriétaire de la baronnie de Samadet et des seigneuries voisines, voit dans cette production la faculté de rentabiliser ses terres et d’accroître ses revenus. La présence d’argile dans le sol, la proximité de sable et de bois, mais également la situation géographique proche de l’Adour et de l’axe Bordeaux- Pau lui permettent de réaliser son projet.

Dans sa période faste, la manufacture de Samadet emploie de nombreux ouvriers aux savoir-faire importants : façonnage, tournage, moulage, décoration. La production inonde les marchés du Gers et du Béarn ; la manufacture possède des magasins dans de nombreuses villes comme Montauban, Toulouse ou la Rochelle, exporte sa production en Espagne et jusqu’ en Europe du Nord. Mais l’essor de la faïencerie ne dure pas 100 ans. L’engouement pour la faïence fine et la porcelaine pousse le propriétaire de Samadet, dépassé par la nécessaire évolution des modes de fabrication, à fermer les portes de la faïencerie en 1838. La production de Samadet est caractérisée par plusieurs décors et plusieurs formes, qui se sont succédé au fur et à mesure de la vie de la manufacture : - les formes : assiettes, plats, fontaines, salière, huilier- vinaigrier, épi de faîtage … - décors au camaïeu bleu : chardon, fleur de pomme de terre ou solanée, sainfoin, lambrequins, festons,

guirlandes (influence de Rouen) - décors au camaïeu vert : palombes, grotesques et chinoiseries

·- les polychromes : les fonds jaunes, décor à la rose, à la petite rose, à l’œillet, à la tulipe, au papillon, décor au petit feu.

Historique du musée

Créé en 1968 par une association, le « Comité de la faïencerie de Samadet », le premier musée, destiné à conserver la mémoire du passé faïencier de cette commune du Tursan, est donné au Conseil Général des Landes en 1999. Un important programme de restructuration débute en septembre 2000 avec la participation de l’Etat et de la Région pour concevoir un nouveau musée baptisé « Musée départemental de la faïence et des arts de la table ». La rénovation architecturale est lancée pour une nouvelle scénographie élargie aux arts de la table.

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Trois salles d’exposition permanente présentent l’histoire des faïences de Samadet et les arts de la table. 1. La salle de la manufacture royale Dédiée à l’histoire de la manufacture de Samadet, cette salle présente les techniques de fabrication et de décoration de la faïence, et ses caractéristiques parmi la grande famille des céramiques.

2. La salle des faïences de Samadet Plus de 300 faïences de Samadet sont exposées de façon chronologique et thématique.

3. La salle des arts de la table Du Moyen Age au 21e siècle, des reconstitutions d’intérieurs et des tables dressées sont accompagnées

d'odeurs, d'interviews et de films qui invitent le visiteur à une plongée dans l'histoire de la gastronomie.

Un espace est consacré aux expositions temporaires.

Une salle de conférence/animation est réservée aux animations scolaires et aux ateliers.

Un espace de démonstration est animé par le Comité de la faïencerie qui présente au public une démonstra-

tion de fabrication et de décoration de faïences.

Une boutique complète la visite.

Un centre de documentation rassemble plus de 1 600 références sur la céramique et l’histoire de la gastro-

nomie. Il est ouvert uniquement sur rendez-vous.

Musée vivant, participant à des programmes de recherche, de connaissance, d’édition et d’exposition sur les productions céramiques régionales, le Musée départemental de la faïence et des arts de la table mène une politique d’acquisition active et enrichit régulièrement ses collections par des dépôts, des dons ou des achats. Ainsi, un fonds exceptionnel de plus de 2580 pièces a été constitué dans des domaines aussi variés que la céramique, la verrerie, l’orfèvrerie, les arts graphiques ou encore le textile. Le musée organise régulièrement des expositions temporaires, qui lui permettent de développer des

thématiques particulières. A cette occasion, il peut bénéficier de prêts de collections appartenant à des mu-sées nationaux (Sèvres, Cité de la céramique, Musée des arts décoratifs de Paris, Orsay, Guimet…), à des établissements régionaux tels que le Musée des arts décoratifs de Bordeaux ou le Musée Adrien Dubouché à Limoges, ou à des collectionneurs privés.

Le musée départemental, en collaboration avec les Services de l’Education Nationale, propose des actions de valorisation ou des ateliers sur le thème de la céramique et des arts de la table. Lieu de rencontre avec des collections historiques et patrimoniales, le musée est aussi un lieu d’apprentis-sage offrant la possibilité aux publics d’expérimenter des techniques par des ateliers de pratique artistique. Ces animations gratuites concernent les élèves de la maternelle au lycée et sont disponibles sur museesamadet.landes.org

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Les missions d’un « musée de France » Un musée de France a comme missions, fixées par la loi, de : - conserver, restaurer, étudier et enrichir sa collection, - la rendre accessible au public le plus large, - mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion, - contribuer aux progrès de la recherche.

Les objets d’un « musée de France » Les œuvres du musée sont entrées dans les collections de diverses manières. Le mode d'acquisition fait par-tie de l'histoire de l’objet et figure parmi les suivants :

Achat Le musée acquiert la propriété d'un bien moyennant paiement à un vendeur, qu’il soit professionnel (antiquaire, brocanteur) ou particulier. Achat en vente publique L'oeuvre est acquise lors d'une vente aux enchères publiques. Le musée agit alors comme n'importe quel enchérisseur. L'oeuvre est achetée par le "mieux disant". Don manuel Il s'accompagne d'un simple échange de correspondance indiquant clairement la volonté du donateur. Donation La donation est un acte notarié par lequel un particulier entend céder une œuvre ou un groupe d’œuvres à un musée. C'est un contrat qui entraîne la transmission à titre gratuit d'un bien de façon immédiate, irrévocable et qui précise les conditions éventuelles mises par un donateur à son geste. Le musée peut enfin solliciter un autre musée afin que celui-ci mette en prêt ou en dépôt des collections pour les exposer de façon temporaire ou permanente. Les collections des musées de France appartiennent ainsi à des personnes publiques (Etat, collectivités territoriales), elles font partie du domaine public et acquiert un statut particulier les rendant inaliénables et imprescriptibles. Cela signifie que les biens ne peuvent être vendus ou détruits et, qu’ils restent dans le domaine public sans limite de temps. Le propriétaire public peut en revendiquer la propriété même s’il est volé ou retrouvé dans les mains d'un tiers. Les achats d’œuvres ne peuvent se faire sans l’aval préalable de la commission scientifique régionale d’acquisition des musées de France composée de conservateurs extérieurs à la région et de spécialistes. Elle dépend de l’Etat. Son avis est consultatif mais conditionne l’attribution de subventions pour l’achat et la restauration de l’objet.

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Liens avec les programmes scolaires (B.O.E.N du 19 juin 2008) Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez les correspondances des thématiques et des animations autour du musée avec les programmes scolaires des cycles 2 et 3

Au cycle 2

Disciplines d’enseignement

Pistes possibles à travailler en liaison avec les programmes et le socle commun de compétences et

de connaissances Éléments de l’exposition

Pratiques artistiques et

histoire des arts

Un premier contact avec des œuvres les conduit à observer, écouter, décrire et comparer. Arts visuels :

• Découvrir des techniques • Les mobiliser pour produire des objets en

volume • Utiliser des instruments, des médiums, des

supports variés

Découverte du musée. Découverte de la céramique. Atelier de peinture Atelier d’argile.

Français

- Donner un avis sur des productions, les siennes et celles des autres - Étendre son vocabulaire par l’accroissement des capacités à se repérer dans le monde environnant - Écouter, comprendre et prendre la parole pour décrire un objet, poser des questions

Visite de l’exposition Analyse des objets réalisés

Découverte du monde

(dans le cadre de

prolongements possibles)

Se repérer dans le temps : - Prise de conscience de l’évolution des modes de vie à partir des objets Découvrir le monde du vivant de la matière et des objets : - découvrir les usages des objets à partir de l’observation de leurs usages - découvrir la représentation des êtres vivants et leurs interactions possibles

Visite de l’exposition et observation des objets

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Au cycle 3

Disciplines d’enseignement

Pistes possibles à travailler en liaison avec les programmes et le socle commun de compétences et

de connaissances Éléments de l’exposition

Pratiques artistiques et

histoire des arts

Fréquenter des lieux culturels identifiés. Identifier le domaine artistique concerné Arts visuels :

• Découvrir des techniques • Les mobiliser pour produire des objets en

volume • Utiliser des instruments, des médiums, des

supports variés Histoires des arts, arts du quotidien :

• replacer les objets dans leur contexte de création

• faire les liens entre les différentes productions (points communs, spécificités)

Découverte du musée. Découverte de la céramique. Atelier de peinture/ atelier d’argile. Les manufactures d’objets du quotidien (Sèvres, Limoges)

Histoire

- Articuler certains repères temporels avec ceux de l’histoire des arts (arts du quotidien) : évènements et personnages caractéristiques (exemple : Bernard Palissy dans la période de la Renaissance)

repères chronologiques et historiques de la création des œuvres présentées

Géographie

- Articuler certains repères spatiaux avec ceux de l’histoire et l’histoire des arts en s’appuyant sur les liens avec les territoires proches ou plus éloignés (cartes) - Appréhender l’évolution des activités de production de faïence en France. - Approcher le lien entre espace et temps et activité humaine

Repères spatiaux de l’évolution création et d la production des œuvres présentées

Français

- Utiliser un vocabulaire précis adapté au domaine - Prendre la parole, poser des questions - Donner un avis sur des productions, les siennes et celles des autres - Argumenter

Visite de l’exposition Analyse des objets des collections du musée Analyse des productions

Martine Savary et Bernard Bézineau, Conseillers pédagogiques « Art et culture »

Direction des Services départementaux de l’Education Nationale des Landes (DSDEN)

Avril 2015

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CÉRAMIQUES SURPRISES faïences et trompe-l’œil des 18e et 19e siècles

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Quand la nature inspire la

faïence

Samadet a produit pendant plus d'un siècle (1732-

1838) des faïences aux motifs variés et peints lar-

gement inspirés de la nature : décors aux œillets,

tulipes ou papillons, décor à la rose ou à la palombe

ont fait sa renommée.

Au moment même où la manufacture royale s’ins-

talle dans le village, une mode de faïences originales

et très ouvragées traverse l’Europe. Elle concerne surtout la terrine, élément cen-

tral sur les tables les plus riches, destinée au service de plats relativement nou-

veaux, tels que l’oille (ancêtre du pot-au-feu) ou le ragoût de viandes, qui néces-

sitent de conserver les aliments au chaud et à l’abri des regards.

La terrine focalise les recherches ornementales et formelles qui aboutissent au

milieu du 18e siècle à la création d’objets extraordinaires : les terrines zoomorphes

(en formes d’animaux).

Cette mode s’étend à d’autres productions diverses : terrines ou plats en forme

de légumes, assiettes et corbeilles aux faux fruits.

La nature n'y est plus seulement peinte comme à Samadet, mais littéralement

mise en forme à travers des pièces en trompe-l’œil plus vraies que nature.

Nourri par une forte rivalité entre manufactures, l’art de l’imitation –dont la

faïence n’est qu’un des matériaux- connait un raffinement extrême. L’évolution

des techniques de modelage et d’émaillage, mais aussi de la cuisson, permettent

une palette de couleurs et de formes incomparable.

Au 19e siècle, la vogue des faïences en trompe-l’œil évolue sensiblement ; elle est

largement inspirée par les productions rustiques* de Bernard Palissy, célèbre cé-

ramiste de la Renaissance que la France redécouvre et consacre à travers diffé-

rentes écoles.

Les fonctions utilitaires liées au service et au décor de table sont abandonnées au

profit de créations nouvelles destinées à rejoindre les salons bourgeois. Au milieu

des peintures, ces faïences sont élevées au rang d’œuvres d’art. Les artistes cé-

ramistes, dont certains sont aussi spécialistes de sciences naturelles marqués par

les débats de leur temps sur l’origine des espèces et l’évolutionnisme, proposent

alors de véritables tableaux de la nature.

C’est à la découverte de ces faïences illusionnistes ou « céramiques surprises »

que nous vous invitons, à travers un bestiaire foisonnant et parfois fantastique,

qui témoigne à la fois de l’histoire du goût, de l’art, des techniques, mais aussi

des sciences naturelles et des idées dans l’Europe des 18e et 19 siècles.

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A partir des années 1750

Et jusqu’à la fin des années 1780, l’Europe connaît une mode nouvelle pour des terrines richement décorées et colorées, aux formes animales (« zoomorphes ») ou végétales. Ces pièces servent à la fois au décor et au service sur les tables de la noblesse. La mode apparaît d’abord en Allemagne, puis se propage à la France et aux pays voisins.

Notre voyage démarre dans les pays rhénans, à la confluence de l’Allemagne et

de la France où apparaissent les premières terrines zoomorphes.

C’est à la manufacture de Höchst, proche de Francfort, fondée en 1746, que naît

l’idée de donner aux terrines -ces récipients couverts permettant de présenter les

aliments chauds- la forme d’animaux sauvages ou de basse-cour.

Son personnel, dont les membres sont passés par la célèbre manufacture royale

de porcelaine de Meissen (Saxe), est hautement qualifié. Il maîtrise parfaitement

les techniques du modelage, mais aussi celle du petit feu*, qui permettent une

grande précision des traits et une palette de couleurs beaucoup plus riche. Avec

une virtuosité certaine, les terrines sont déguisées sous des formes saisissantes

de réalisme.

Avec le surtout*, la terrine est un élément central de la table de l’époque. Pièce

d’apparat, elle est aussi une pièce d’usage, utilisée pour la présentation des plats.

Dans une société où la chasse est un privilège, les terrines zoomorphes aux allures

de trophées confèrent toute sa place au gibier qui devient un mets important de

l'alimentation noble.

Ces objets extraordinaires connaissent un succès qui dépasse rapidement les fron-

tières. D’autres manufactures européennes s’y essayent avec des résultats variés,

depuis Mombaers en Belgique, à Nove di Bassano en Italie, en passant par Delft

dans les Pays-Bas.

En France, c’est à Strasbourg que cet art connaît son apogée. Dans les années

1740, Paul Hannong, son directeur, réussit à attirer de grands modeleurs et

peintres venant des manufactures allemandes. La collaboration de sculpteurs mo-

deleurs et de peintres céramistes maîtrisant le secret du petit feu engendre la

création de pièces des plus spectaculaires : perdrix, bécasses, tortues, hures de

sanglier rivalisent de prouesses techniques de forme ou d’ornement.

Depuis l’Alsace, la mode des terrines zoomorphes et des faïences en trompe l’œil

gagne toute la France.

Sur les tables, les trophées de chasse sont accompagnées de terrines en forme de légumes (choux, asperges, melons, artichauts) et d’assiettes surprises remplies de faux fruits. A Sceaux, à Niderviller, à Marseille, et même dans le Sud-Ouest à Bordeaux et à Samadet, cette mode fascinera l’Europe pendant une trentaine d’années (1750-1785).

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Des ouvriers voyageurs

Née en Allemagne, la mode pour les « céramiques surprises » se répand en France depuis le Nord-Est puis irrigue progressivement tout le royaume. Les ouvriers-décorateurs les plus réputés passent d’une manufacture à l’autre en fonction des opportunités, en traversant les frontières et les régions. Dans un contexte de forte concurrence commerciale, les manufactures de l’Est (Strasbourg, Niderviller, Lunéville) dominent le marché.

Au 18e siècle, la cuisine française s’oriente vers la qualité plutôt que la quantité. La notion de naturel prévaut et l’aliment doit conserver son goût. Le service atteint un raffinement considérable. Le décor est primordial; on parle alors d’esthétisme culinaire (ordre et symétrie).

Sur les tables aristocratiques, on cherche à impressionner et à surprendre les convives en créant des plats à l’image du contenu. Les terrines en forme de trophées de chasse, d’animaux, de légumes ou de fruits, par leur effet de surprise, deviennent vite des incontournables.

Il n’est pas exagéré de parler d’une mode, dont la source est en Allemagne, et qui irrigue rapidement la France. Les modèles germaniques circulent et les meilleurs ouvriers traversent les frontières. Ainsi, à Strasbourg, Paul Hannong, directeur et brillant industriel, recrute, grâce à la création de nouveaux fours à moule, des peintres et décorateurs sur céramique formés à Meissen ou à Höscht, et ayant pratiqué le procédé de petit feu*. Ils apportent avec eux des secrets de fabrication et la composition de nouvelles couleurs « à l’imitation des porcelaines de Saxe ».

Le mouvement se répand depuis le Nord-Est de la France à tout l’Hexagone. Trois faïenceries jouent un rôle considérable: Strasbourg, Niderviller et Lunéville. Les ouvriers de Strasbourg ou de manufactures allemandes (Meissen par exemple) sont embauchés dans des fabriques françaises (Sceaux, Niderviller…).

La concurrence se joue sur les qualités d’exécution des pièces, chaque manufacture essayant de rivaliser en précision et détails.

Les fabriques du Midi sont touchées un peu plus tard (1760-1780). Marseille fa-

brique des terrines en forme de chou ou de canard, sujet que l’on retrouve à la

faïencerie Hustin de Bordeaux. La Manufacture royale de Samadet n’est pas épar-

gnée ; des faïences dites illusionnistes, comme un melon au décor de grand feu,

sortiront des fours dans les années 1775-1785.

Bien que limitée en nombre, cette production répond à la demande d’une clientèle particulièrement fortunée

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Les techniques au 18e siècle

La production de faïences en relief et aux décors illusion-nistes est conditionnée à la possession de techniques fines et donc à la présence d’ouvriers très qualifiés.

Outre la maîtrise de la cuisson au petit feu qui permet de créer une gamme de couleurs inédites, terrines, légumiers et beurriers zoomorphes nécessitent le savoir-faire d’un per-sonnel spécialisé : sculpteurs et mouleurs.

La technique du moulage

Plusieurs procédés sont expérimentés. Des sculpteurs sont embau-

chés pour façonner des sculptures- modèles qui sont ensuite moulés. Bien souvent

un moule « mère » en négatif, issu du prototype, sert à créer des moules de

travail en positif. C’est sur ces moules de travail qu’est appliquée l’argile.

Si un seul moule peut suffire au façonnage d’un objet simple, les terrines en forme

d’animaux réclament des moules en plusieurs pièces. Ces pièces sont « soudées »

entre-elles par écrasement ou avec de la barbotine (argile délayée) avant la cuis-

son. Ces soudures ou « coutures » sont réparées ou polies après la cuisson.

Les moules, majoritairement en plâtre, ont une durée de vie limitée. Les tirages

successifs les usent ; on estime que chacun pouvait servir à tirer une cinquantaine

d’exemplaires.

La technique du petit feu, dont le secret de fabrication est attribué à Delft vers

1710, permet une gamme inédite de couleurs plus délicates (rouge, rose, or, vert

clair) et une plus grande précision des traits. Les couleurs de la nature peuvent

être rendues avec une infinie variété, jusqu’aux nuances permettant d’approcher

le soyeux d’un pelage ou l’irisation d’un plumage.

Posées sur un émail stannifère déjà cuit, les couleurs sont plus faciles à travailler.

Cuites lors d’un troisième passage au four et à une température moins élevée

(entre 600 et 700 °c), ces teintes plus réalistes permettent l’imitation de la por-

celaine chinoise, alors aussi coûteuse que demandée.

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Des sciences naturelles

Au 18e comme au 19e siècle, ces œuvres ne sont pas seulement le produit des modes alimentaires et décoratives. Elles témoignent aussi d’un intérêt très fort pour l’étude de la nature. La période 1750-1880 est en effet celle qui voit la naissance de la biologie, la création des muséums d’histoire naturelle ou encore l’émergence des théories de l’évolution.

La précision des terrines zoomorphes du 18e siècle fait écho aux descriptions extrêmement minutieuses

auxquelles se livrent alors zoologues et botanistes et aux débats qui les animent sur la classification des êtres vivants. Au-delà des cercles de spécialistes, la société européenne des Lumières se passionne pour la nature et ce qu’on appelle alors l’histoire naturelle. Les collections de spécimens s’admirent et s’exposent dans les cabinets de curiosités, dont certains deviendront des muséums d’histoire naturelle.

Alors que le suédois Linné (1707-1778) impose le modèle d’une classification très rigoureuse des espèces, Buffon (1707-1788) présente en France une description davantage portée sur les comportements des animaux et leurs liens avec les sociétés humaines. Son Histoire naturelle, générale et particulière parue en 36 volumes de 1749 à 1789, est l’un des best-sellers de l’époque, tout comme l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772).

Le 19e siècle voit de profonds bouleversements dans les sciences naturelles : nais-

sance de la biologie et des sciences expérimentales, apparition de véritables la-

boratoires de recherches, spécialisation des disciplines… Il est aussi marqué par

l’affrontement parfois violent des théories nouvelles défendant l’évolution des es-

pèces (Lamarck et Darwin), contre les tenants de la tradition biblique d’une nature

créée, marquée par le déluge, et sans évolution.

Dans un registre sans doute moins encyclopédique, mais plus onirique ou « féé-

rique » que leurs prédécesseurs du 18e siècle, les suiveurs de Palissy se plaisent

à proposer de véritables tableaux de la nature.

Alors que le « maître » de la Renaissance mettait en scène reptiles, batraciens, et

autres poissons dans des décors de rocailles, ses héritiers du 19e siècle se réap-

proprient son iconographie à travers une nature réinventée.

Si l’excellence de leur technique permet d’approcher un réalisme saisissant dans

la représentation des espèces, la composition des pièces fait preuve, en revanche,

d’une imagination romantique : les compositions mêlent faune terrestre et aqua-

tique, faune d’eau douce et d’eau salée sans souci de reconstituer un milieu na-

turel de façon réaliste.

De ces mondes étranges où l’eau est omniprésente, la religion n’est pas absente.

Ces œuvres d’art tentent de pénétrer les mystères de la nature, interrogeant le

secret de la Création. Les scènes de guets ou d’attaques d’animaux, opposant

oiseaux rapaces et proies rampantes comme lézards et serpents, renvoient à des

registres bibliques, parfois très explicites. Dans cette lutte de la vie contre la mort,

la nature y est interprétée pour un meilleur effet sur le spectateur.

Parue en 1859 dans De l’origine des espèces, la théorie darwinienne de la sélection

naturelle des espèces les plus adaptées transparaît aussi dans ces tableaux de

faïences, qui font écho aux vitrines des muséums d’histoire naturelle.

C’est donc dans ce contexte scientifique qui remet en question le créationnisme biblique, qui interroge la place de l’homme dans le milieu naturel et sa lutte pour la survie, qu’œuvrent les continuateurs de Palissy.

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Hommage à Bernard Palissy

(1510-1590)

Potier, peintre, verrier, émailleur, écrivain, géo-logue, arpenteur, ingénieur, naturaliste… Palissy est une des grandes figures de la Renaissance. Sa-vant et créateur exceptionnel, il est resté dans l’histoire de la céramique française comme un père fondateur, célèbre pour ses pièces modelées en terre vernissée représentant des paysages de vé-gétaux et d’animaux.

Né en Agenais vers 1510 dans une famille modeste, Pa-

lissy serait autodidacte. Après avoir appris le métier de

son père –peintre sur verre-, il consacre sa vie à la tech-

nique de cuisson des émaux et adapte à la céramique le

goût des grottes importé d’Italie.

Les historiens s’accordent à dire que c’est la découverte

d’une première porcelaine chinoise qui a initié chez Pa-

lissy son envie acharnée de percer les secrets de la com-

position et des procédés de fabrication de cet émail

blanc, dont il pensait qu’il était la source de toutes les

couleurs.

Expérimentant dans tous les domaines et notamment celui des glaçures, il invente

des techniques de cuisson et créé en céramique de nouveaux décors inspirés de

l’orfèvrerie et des gravures. Il reste dans l’histoire pour sa production dite de

rustiques figulines, des pièces modelées en terre vernissée représentant des pay-

sages de végétaux et d’animaux sur décor de rocaille.

Après avoir consacré plus de 20 années de sa vie à la découverte de l’émail blanc,

il s’attache à saisir sur le vif la vie animale, végétale ou minérale.

Homme de convictions, penseur, curieux de tout, il n’a de cesse de rechercher les

terres les meilleures, de perfectionner les techniques de moulage et la finesse des

sujets. Il invente la méthode de « l’insculpture » qui consiste à mouler des ani-

maux vivants (reptiles, poissons, oiseaux, coquillages…) dont il tire des positifs

en terre cuite qu’il assemble dans des scènes complexes, les pièces aux rustiques.

Ses recherches portent également sur les glaçures qu’il veut fines et transpa-

rentes ; ses mélanges sont novateurs et ses glaçures jaspées, imitant la roche,

des plus appréciées.

Catherine de Médicis, dont il est le protégé, lui commande, en 1565, une grotte

rustique pour le jardin des Tuileries. Maître céramiste d’exception, Bernard Palissy

fascine de nombreux ateliers qui s’approprient ses découvertes et l’iconographie

de ses pièces.

Tombé dans l’oubli après 1640, il est redécouvert au 19e siècle et devient même

l’objet d’un véritable culte. Sa personnalité inspire Anatole France, Honoré de Bal-

zac, Lamartine ou encore Marcel Proust et Théophile Gauthier dont les écrits évo-

quent les terres vernissées du maître. Sa réhabilitation captive collectionneurs et

artistes, conservateurs de musées et critiques d’art qui le nomment alors « père

de la céramique en France ».

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Au 19e siècle,

À Tours puis à Paris, les Français redécouvrent le travail de Bernard Palissy (1510-1590), fa-meux céramiste de la Renaissance, dont l’œuvre est caractérisée par une faune grouil-lante sur un décor rocailleux. Ils s’en inspirent et proposent de véritables tableaux de la na-ture qui font l’admiration du public et des ama-teurs. La céramique est alors élevée au rang de discipline artistique.

Le goût du romantisme, du naturalisme et du ba-

roque de la Renaissance, largement diffusé par les

Expositions universelles, réhabilite l’œuvre de Palissy. Le succès du style natura-

liste et rococo, à la mode dans les porcelaines et faïences, donne naissance à de

nombreuses écoles qui se mettent à imiter, voire à copier, une production rustique

et jaspée traditionnellement attribuée au maître.

Le marché se développe et les suiveurs du 19e siècle auront à cœur de faire de la

céramique un art majeur à l’égal de la peinture ou de la sculpture.

C’est un potier de Tours, Charles Jean Avisseau (1796-1861) qui le premier

redécouvre les "figulines" de Palissy. Il s’inspire largement des plats en trompe-

l'œil et créé des séries où foisonnent coquillages, serpents, lézards, poissons, gre-

nouilles et autres batraciens. Il retrouve les secrets perdus de Bernard Palissy,

fonde l'école de Tours et influence de nombreux céramistes aux 19e et 20e siècles :

Léon Antoine Brard, Augustin Chauvigné, Charles Joseph Landais, Victor Barbizet

ou Georges Pull de l’Ecole de Paris, parmi tant d’autres.

Les artistes observent notamment les bords de Loire. Le thème de l’eau est om-

niprésent. Les brochets, anguilles, écrevisses et autres mollusques occupent une

place de choix, comme c’est le cas sur les tables où le poisson frais devient un

plat apprécié.

Les néopalissystes du 19e siècle exécutent avec dextérité moulage, modelage et

estampage, qu’ils réalisent dans un registre qui leur est propre. L’Ecole de Tours

met en scène des situations dramatiques de prédation où la nature est le théâtre

d’affrontements permanents, alors que les successeurs (Busseroles, Brard) repré-

sentent des poissons dans des natures mortes.

Le foisonnement des compositions est tel que le public les comparent à de véri-

tables tableaux. Les pièces décoratives et précieuses font l’orgueil de leur proprié-

taire. Elles tapissent les murs des salons des collectionneurs, hauts-dignitaires et

aristocrates de France ou d’Europe et entrent dans les musées.

L’excellence de leur technique et leur faculté de création permettent à ces artisans

d’accéder au statut d’artiste. Premiers céramistes d’art, ils développent une créa-

tion éclectique prenant différents styles, néo-Renaissance, néo-gothique, his-

pano-mauresque, et s’ouvrent à des influences comme le Japonisme ou l’Art Nou-

veau.

Tout comme l’orfèvrerie, la verrerie, l’ameublement ou encore la décora-tion, la céramique française connaît alors un renouveau amplifié par de nouveaux rapports entre art et industrie dans un siècle marqué par de profonds bouleversements scientifiques, techniques et industriels.

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Les techniques au 19e siècle

Suiveurs et imitateurs de Palissy du 19e siècle ont tous un style et des techniques différentes. Il s’agit de véritables créations, sans volonté de copie, et avec des techniques parfois très éloignées de celles des pièces anciennes. Certains de ces artistes sont aussi des passionnés de nature et de fins observa-teurs des animaux. La plupart réalisent leurs œuvres par moulage, puis émaillent leurs créations et travaillent de nombreuses couleurs en multi-pliant les cuissons.

Charles-Jean Avisseau, le « redécouvreur », met dix-huit années pour égaler

la technicité du maître. Il prépare soigneusement ses terres, réalise des moulages

sur nature, utilise un engobe très blanc pour créer des contrastes et cuit à haute

température en juxtaposant ses émaux en plusieurs cuissons. Ses bassins ne sont

jamais moulés d’un seul bloc, il procède par éléments rapportés pour créer ses

compositions, comme feront après lui les autres suiveurs du 19e siècle.

Tous sont sculpteurs, possédant une remarquable maîtrise du moulage, du mo-

delage et du façonnage. Certains sont naturalistes, comme Joseph Landais et

son fils Charles-Joseph, travaillant au Muséum d’Histoire Naturelle de Tours.

D’autres apprennent la taxidermie, les techniques de naturalisation et de conser-

vation des spécimens (Pull), entretiennent des vivariums (Avisseau, Chauvigné).

Ils partagent l’engouement de l’époque pour les sciences naturelles et la biologie

et cultivent une volonté farouche d’aboutir à un réalisme parfait.

A Paris, Georges Pull devient un « copiste » des plus talentueux. Il reproduit,

tant dans ses formes que ses émaux, le travail de Palissy. Pull est l’un des rares

à utiliser le moulage de plat en un seul bloc, technique propre à Palissy.

La technique de façonnage la plus utilisée reste le moule. La majorité des éléments

de décors est rapportée et collée à la barbotine ou à l’émail (selon un procédé

propre à Léon Brard). Le contour des plats est parfois travaillé en concrétions et

le fond est strié dans la masse pour suggérer l’eau. La qualité du plâtre des mou-

lages participe du réalisme, permettant de reconstituer en détails les nervures,

les écailles et grains de peaux des lézards et serpents.

Les glaçures relèvent d’un vrai talent de coloriste. Les couleurs sont travaillées

comme une peinture, à l’aide de fines touches superposées dans des tonalités

naturelles. Les matières et colorants utilisés (kaolin, quartz, feldspath, bore,

chrome, nickel, oxydes métalliques…) sont combinés, entremêlés selon l’effet sou-

haité. Une dizaine de cuissons peut être nécessaire pour créer les nuances d’une

seule pièce.

Depuis l’école de Tours, les néopalissystes connaissent un grand succès. Au 19e siècle, leurs œuvres remportent des prix d’excellence et gagnent les faveurs de toute l’Europe.

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La redécouverte d’Avisseau est à l’origine d’un véritable renouveau de cet art, qui ouvre les voies aux écoles de Paris, d’An-goulême, de Menton, d’artistes indépen-dants et de certains céramistes de Limoges. Elle inspire la production de plusieurs ma-nufactures en France (Choisy le roi, Fives-Lille, Longchamp, Lunéville, Sarreguemines,

Sèvres) ou à travers le monde (Grande-Bre-

tagne, Hongrie, Portugal…).

Par leur processus de création ambitieux et origi-

naux dans l’utilisation des pâtes, des couleurs,

des glaçures, ces artisans et artistes bien souvent dotés d’une véritable culture

scientifique sont reconnus pour leur apport majeur à l’histoire de la céramique

française.

Aujourd’hui encore, des céramistes contemporains continuent de créer dans la lignée de Bernard Palissy, de transcrire ou d’interpréter en terre vernissée leurs propres histoires naturelles.

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Bibliographie

GIBBON (Alan), Céramiques de Bernard Palissy, 1986, Paris, Editions Séguier, 133 p.

ENNES (Pierre), MABILLE (Gérard) et THIEBAUT (Philippe), Histoire de la table des origines

à nos jours, 1999, Paris, Editions Flammarion, 376 p.

LE LEYZOUR (Philippe), OGER (Danielle) et MESLIN-PERRIER (Chantal), Le bestiaire fantas-

tique, Avisseau et la faïence de Tours (1840-1910), 2002, Paris, Editions de la Réunion des

Musées Nationaux, 273 p.

POIRIER (Jean-Pierre), Bernard Palissy : le secret des émaux, 2008, Paris, Editions Pygma-

lion, 295 p.

VIENNET (Christine), Bernard Palissy et ses suiveurs du XVIe siècle à nos jours, 2010, Dijon,

Editions Faton, 300 p.

Sitographie : Musée SKD –Dresde – Collection de terrine en porcelaine Meissen : http://skd-online-

collection.skd.museum Arts décoratifs –Paris : http://www.lesartsdecoratifs.fr Arts décoratifs et du design – Bordeaux : http://www.bordeaux.fr/p63910 Musée national Adrien Dubouché : http://www.musee-adriendubouche.fr Sèvres, cité de la céramique : http://www.sevresciteceramique.fr/documents/scc___a_propos_de_bernard_palissy_pdf=doc95.pdf Hommage à Bernard Palissy”(2010) : https://vimeo.com/45235875 Arts et métiers : http://www.arts-et-metiers.net Musée du Louvre : http://www.louvre.fr Musée Carnavalet : http://www.carnavalet.paris.fr

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2015-2016

Objets phares de l’exposition

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Terrine chou 1760-1780 – Bruxelles Faïence H 20,5 cm, D. 40 cm Musée départemental de la faïence et des arts de la table-Samadet – INV 2003.4.1

Terrine couverte en forme de chou portant des insectes sur ses feuilles : trois escargots, un ver de terre et deux chenilles. Le relief des nervures de la partie inférieure de la terrine est très prononcé. La manufacture bruxelloise la plus connue du XVIIIe siècle est celle de la famille Mombaers qui s’est illustrée par des trompe- l’œil en forme d’animaux et de végétaux entre 1705 à 1825.

Terrine Hure de sanglier 1760-1770 –Lunéville ? Faïence fine Long 49,5cm x h 31,5cm x larg 37cm Prêt du Musée du Louvre MR 2383 Terrine en forme de hure de sanglier dont la gueule est ouverte laissant apparaître les dents, les canines (les grès) recourbés vers le haut, les défenses recourbés vers l’œil et la langue tendue et tirée. Les yeux sont exorbités. Le plat de présentation est formé de branchages de chêne en relief se terminant par deux anses Objet de décoration de table et de service, cette terrine est composée de trois parties : le couvercle, le plat, et le plat de présentation. On y servait des plats de gibier. Les chasseurs dégustaient-ils à table des pâtés servis dans des récipients représentant les animaux qu’ils venaient de tuer.

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Terrine Canard 1755-1763- Manufacture Chapelle, Sceaux Prêt de la Cité de la céramique- Sèvres et Limoges- inv MNC 13086 Terrine en forme de canard dont la tête tournée de ¾ est d’aspect mat tandis que le corps en petit feu est d’aspect brillant. Le plat de présentation se compose de chaque côté de tête de canard. La technique utilisée pour obtenir cette terrine est le moulage. Il est à noter que l’on retrouve dans l’exposition un autre canard (terrine de canard, manufacture

Hustin de Bordeaux ) qui lui ressemble et qui semble avoir été fait dans le même moule.

Assiette aux noix 1755-1763- Manufacture Chapelle, Sceaux Prêt de la Cité de la céramique- Sèvres et Limoges- n°inv MNC 15599 Assiette dite surprise composée de noix en trompe l’œil que l’on mettait pour décorer les table. Il est à noter que dans la même exposition se trouvent des assiettes avec des olives et des sucrines coupées en deux.

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Coupe rustique sur pied Charles Avisseau (1795-1861) Terre cuite émail stannifère et glacure L 25,5 cm x l 20, 5 cm H 19 –Collection Christine Viennet Pied en forme d’arbre aux racines ajourée constituée de rochers. On note la présence d’une faune nombreuse : brochet écrevisses, lézard coquillage serpents et grenouille accompagné de lierre, de coquillage et de fougères. Charles Avisseau est le 1er céramiste d’art reconnu internationalement pour ses œuvres tirées de ses recherches sur Bernard Palissy. Il est le chef de file des céramistes tourangeaux appelés « Les suiveurs de Palissy ». Dès la fin de XIXe siècle ses œuvres sont achetées dans le monde entier.

Porte allumette Joseph Landais (1800-1883) Terre cuite émail stannifère

Porte allumette sur lequel se reposent un lézard et une grenouille. Beau- frère de Charles Avisseau, Joseph Landais est d’abord un restaurateur de faïence. Joseph Landais est reconnu comme un modeleur et un coloriste de talent.

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Plat aux poissons, XIXe siècle Léon Antoine Brard (1830-1902) Faïence et poterie vernissée polychrome Diam 32 cm Prêt du musée des arts décoratifs et du Design de Bordeaux – Inv 71.4.9 Composition sur une faïence décorée en camaïeu bleu d’un entassement de poisson et de crustacés sur un lit de feuilles. Cette composition est inspirée des travaux de Joseph LANDAIS et surtout ceux de Charles AVISSEAU

Léon Brard modèle des pièces de formes (telle que des terrines en tête de biche), mais se spécialise surtout dans l’imitation de faïences françaises (de Nevers, de Rouen, ou à décors Renaissance) et de céramiques étrangères (porcelaines chinoises, faïences italiennes, poteries hispano-mauresques).

Vase Edouard AVISSEAU (1831-1911) Faïence émaillée H 40 cm, D 24,5 cm Prêt du musée des Beaux-Arts de Tours inv 942-601 Vase qui fait partie d’une paire. Pièce uniquement décorative pourvu d’un fond ajouré qui ne permet pas de l’utiliser. Ce vase se compose de grandes feuilles parsemées d’une mésange bleue et d’une fleur blanche. La base du vase représente un tronc d’arbre dans lequel se nichent un serpent et quelques coquillages. Les couleurs vont du vert d’eau, de la couleur pervenche et mauve avec des touches d’ocre jaune et de blanc crémeux. Edouard Avisseau est le fils de Charles-Jean Avisseau, chef de file des suiveurs de Bernard Palissy. Ce vase préfigure l’Art nouveau.

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Rocher avec couleuvre narguant une chouette Auguste Chauvigné (1829-1904) Terre cuite émaillée L 39 cm x l 32cm x H 48,5 cm Prêt du musée des Beaux-Arts de Tours inv 930-601-1 Belle sculpture rassemblant plusieurs animaux : une chouette avec une grenouille enserrée menacée par une couleuvre, le tout posé sur un rocher fait de tronc d’arbre et feuillagée. Un lézard et une salamandre se promènent autour de ce rocher. Un nid de frelons habite ce même lieu. Auguste Chauvigné est d’abord un peintre qui a découvert la céramique après une rencontre avec Charles Avisseau. Très vite reconnu, ces céramiques ont beaucoup de succès auprès des collectionneurs privés.

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Liste des animaux exposés dans l’exposition

- Dindon - Cygne - Anguille - Poule - Faisan - Tourterelle - Sanglier - Tortue - Canard - Poissons - Grenouille - Écrevisse - Salamandre - Lézard - Crabe - Escargot - Serpent

- Héron - Oiseaux

Liste des légumes, fleurs, et fruits exposés

- Chou - Chou –fleur - Citron - Fraise - Poire - Melon - Salade - Noix - Asperges - Scolopendre - Algues - Huitres

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Animations pédagogiques

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INFORMATIONS PRATIQUES Organisation des accueils de classes : Le musée départemental de la faïence et des arts de la table propose la découverte de collections historiques et patrimo-niales complétée par un atelier de pratique artistique. Les animations sont proposées à la demi-journée. L’enseignant choisit un atelier qui est précédé par une visite commentée du musée ou de l’exposition temporaire. L’accueil du public scolaire a lieu le mardi et le jeudi ma-tin de 9h00 à 12h30.

CONDITIONS DE VISITE

• Réservation et transport. Selon les disponibilités, chaque préinscription fait l’objet d’une confirmation écrite de date et d’horaires de la part du Musée.

• Le Conseil départemental prend en charge le transport des écoles landaises. Il assure la ré-servation et l’organisation avec le transporteur selon les modalités partagées avec l’établisse-ment d’enseignement.

• Les disponibilités étant limitées, le service éducatif peut se voir refuser l’inscription de classes.

• Organisation des animations scolaires. CONTACT ET RENSEIGNEMENTS Frédérique BELOTTI Tel : 05.58.79.69.13 ou 05.58.79.13.00 (Accueil du musée) Courriel : [email protected] ou [email protected]

Site Internet : http://museesamadet.landes.fr/

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Merci de remplir le bulletin de préinscription ci-dessous et de l’envoyer : -par courrier soit au Musée départemental de la faïence et des arts de la table, 2378 route d’Hagetmau 40320 Samadet - soit par mail à [email protected]

• Préinscription année 2015-2016 • Nom de l’école :__________________________________________________________ • Adresse _________________________________________________________________ • CP - Ville________________________________________________________________ • Nom, Prénom de l’enseignant ___________________________________________________ • Mail de l’enseignant : _____________________________________ • TEL _________________________ • Niveau de la classe _________ Date envisagée de la venue ____________________ • Cochez l’animation souhaitée : (Nous vous conseillons de coupler un atelier et une animation

découverte de l’exposition)

• A la pêche de Gloup A la recherche des animaux • Miam la poule au pot Qui mange quoi ? • Mon poisson hérisson • Mon plat Palissy • Avez –vous des demandes particulières ? pique-nique sur place ? horaires à respecter ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ • La pré-réservation sera confirmée par mail – Le nombre de classe accueilli étant limité, nous vous

invitons à réserver le plus tôt possible.

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ATELIERS SCOLAIRES Ces ateliers sont proposés durant toute la durée de l’exposition « Céramiques surprises ». Les ateliers seront précédés d’une visite de l’exposition.

ATELIERS « MODELAGE DE L’ARGILE » A la pêche de Gloup ! Niveau GS-CP Durée : 45 mn suivant la classe et le résultat voulu L’objectif : Découvrir des techniques simples et manipuler des outils avec dextérité. L’atelier : Après avoir étalé une plaque de terre, l’élève reproduit Gloup le poisson à l’aide d’un gabarit avec les outils mis à disposition. L’enfant écrit son prénom et décore le dessin obtenu selon la thématique. Outils utilisés : ébauchoir, gabarit, rouleau technique : estampage Miam, la poule au pot ! Niveau CE1-CE2 Durée : 1h00-1h15 suivant la classe L’objectif : S’inspirer des terrines exposées en forme d’animal. Découvrir des techniques simples et manipuler des outils avec dextérité. L’atelier : A partir d’une boule de terre, les élèves apprennent le modelage de la terre en fabriquant un pot en forme de poule. Ils ajoutent ensuite les détails comme le bec ou la crête, en les collant avec de la barbotine. Technique : modelage

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Mon poisson-hérisson : CM1-CM2 et Collège. Durée : 1h00-1h15 suivant la classe L’objectif : S’inspirer des poissons représentés dans les plats créés par les céramistes du XIXe siècle pour découvrir des techniques simples et appréhender la 3e dimension en argile. L’atelier : Les élèves modèlent un poisson creux, ajoutent les nageoires et les yeux, Possibilité de percer des trous pour obtenir un range-crayons. Outils utilisés : mirette et ébauchoir technique : modelage Mon plat Palissy : CE2-CM1-CM2 et Collège-Lycée Durée : 1h00-1h15 suivant la classe L’objectif : S’inspirer des poissons représentés dans les plats des suiveurs de Palissy exposés dans l’exposition pour découvrir des techniques simples et appréhender la3e dimension en argile. L’atelier : Les élèves doivent d'abord créer un plat en argile avant d'y ajouter des animaux (serpents, poissons) ou des végétaux (feuilles) en bas-relief. Ils travaillent aussi la texture du plat et des éléments ajoutés à l'aide de coquillages. Outils utilisés : rouleau, ébauchoir, gabarits technique : modelage, estampage, colombin DÉCOUVERTE DE L’EXPOSITION A la recherche des animaux. Tous niveaux Durée : 45mn suivant la classe L’objectif : l’enfant découvre par le jeu l’exposition « Céramiques surprises ». Des têtes d’animaux exposées sont à retrouver dans l’exposition. A chaque animal retrouvé correspond soit un chiffre (pour GS et CP) soit une lettre (CE1-CE2) soit des mots (nom des céramistes, pays, technique) pour les CM1-CM2 et Collège. Résultat : Si toutes les têtes sont trouvées, les lettres ou mots rassemblées formeront un mot soit une phrase. Qui mange quoi ? Niveau CE1/CE2 Durée 45 mn Objectif : Explorer l’exposition, observer, identifier les animaux, leur mode de vie et leur régime alimentaire. A partir de détail d’animaux exposés, l’enfant doit trouver dans les propositions qui lui sont faites, l’habitat (forêt, rivière et poulailler) et son alimentation (vers, poissons, glands……).

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Glossaire

Argile – Terre utilisée avec de l’eau pour être malléable pour être facilement moulée ou sculptée.

Barbotine : Pâte composée d’argile mise en suspension dans de l’eau. Elle peut servir à couler des céra-

miques dans un moule (barbotine de coulage), à coller des éléments de décor en relief sur une céramique

non émaillée (barbotine de collage) et encore à d’autres utilisations.

Céramique : famille générique incluant la faïence, le grès, la porcelaine, la terre cuite….

Colombin : rouleau de terre façonné avec les mains.

Email stannifère : Revêtement vitrifié que l’on applique sur l’argile cuite pour décorer la faïence et la

rendre imperméable. Elle est principalement composée de silice pour le verre, d’oxydes métalliques pour le

décor (comme l’étain pour rendre le verre blanc), de cendres de végétaux pour abaisser la température de

cuisson.

Engobe : Enduit à base d’argile délayée posé sur les faïences après leur première cuisson. On parle aussi

de vernis.

Estampage : action qui consiste à appliquer l'argile en la pressant fortement à l'intérieur d'un moule.

Façonnage-Procédé qui consiste à donner à froid avec une quantité voulue de terre la forme désirée d'une

pièce.

Faïence stannifère : terre cuite à base d’argile, recouverte d'une glaçure stannifère (à base d'étain) qui lui

donne son aspect caractéristique blanc et brillant. Gabarit-modèle de carton bois ou métal servant de guide pour l'élaboration de la forme d'une pièce.

Glaçure -terme générique désignant les enduits vitrifiés recouvrant les objets d'argile.

Petit feu : Technique permettant de faire la couleur rouge sur les faïences en utilisant du chlorure d’or ou

« pourpre de Cassius ». La couleur est appliquée sur l’émail de la faïence et subit une troisième cuisson

vers 700 à 800°C. Le four employé est dit « à moufle » car les flammes ne pénètrent pas dans la chambre

de cuisson mais en font le tour.

Rustique figuline : Terme désignant les créations de Bernard Palissy (1510-1590) : céramiques décorées

d’animaux et de végétaux en relief.

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