Dossier pédagogique Carmen de Bizet

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Dossier pédagogique Opéra / Nouvelle production CARMEN DE GEORGES BIZET DIRECTION MUSICALE JEAN-CLAUDE CASADESUS / NICOLAS KRÜGER MISE EN SCÈNE JEAN-FRANÇOIS SIVADIER AVEC L’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE Ma 11, ve 14, lu 17, me 19, sa 22, ma 25, je 27 mai à 20h, di 30 mai (16h), ma 1 er , ve 4 juin à 20h Contacts Service des relations avec les publics [email protected] Dossier réalisé avec la collaboration de Sébastien Bouvier, enseignant missionné à l’Opéra de Lille mars 2010

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Carmen de Bizet, Opéra de Lille

Transcript of Dossier pédagogique Carmen de Bizet

  • Dossier pdagogique

    Opra / Nouvelle production

    CARMEN DE GEORGES BIZET DIRECTION MUSICALE JEAN-CLAUDE CASADESUS / NICOLAS KRGER MISE EN SCNE JEAN-FRANOIS SIVADIER AVEC LORCHESTRE NATIONAL DE LILLE

    Ma 11, ve 14, lu 17, me 19, sa 22, ma 25, je 27 mai 20h, di 30 mai (16h), ma 1er, ve 4 juin 20h

    Contacts Service des relations avec les publics [email protected] Dossier ralis avec la collaboration de Sbastien Bouvier, enseignant missionn lOpra de Lille mars 2010

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    Sommaire Prparer votre venue lOpra 3 CARMEN Rsum 4 Synopsis 5 Georges Bizet 6 Prosper Mrime 7 Guide dcoute 8 Vocabulaire 17 Rfrences 19 Propositions de pistes pdagogiques 21

    CARMEN LOPRA DE LILLE Distribution 24 Notes dintention de mise en scne 25 Repres biographiques 26 POUR ALLER PLUS LOIN La Voix lopra 27 Qui fait quoi lopra ? 28 LOpra de Lille, un lieu, une histoire 29

    ANNEXES Partition 33 Les instruments de lorchestre 35 Frise chronologique sur Bizet et son poque (fichier joint)

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    Prparer votre venue

    Ce dossier vous aidera prparer votre venue avec les lves. Lquipe de lOpra de Lille est votre disposition pour toute information complmentaire et pour vous aider dans votre approche pdagogique.

    Si le temps vous manque, nous vous conseillons, prioritairement, de :

    - lire la fiche rsum et le synopsis dtaill (des actes I III pour ne pas dvoiler la fin) - faire une coute des extraits reprsentatifs de lopra (guide dcoute)

    Recommandations Le spectacle dbute lheure prcise, 20h ou 16h le dimanche.

    Il est donc impratif darriver au moins 30 minutes lavance, les portes sont fermes ds le dbut du spectacle. Une visite du btiment (ou reprage pralable) peut-tre propose aux groupes sur demande.

    Il est demand aux enseignants de veiller ce que les lves demeurent silencieux afin de ne pas gner les chanteurs ni les spectateurs. Il est interdit de manger et de boire dans la salle, de prendre des photos ou denregistrer. Les tlphones portables doivent tre teints. Toute sortie de la salle sera dfinitive.

    Nous rappelons aux enseignants et accompagnateurs que les lves demeurent sous leur entire responsabilit pendant toute leur prsence lOpra et nous vous remercions de bien vouloir faire preuve dautorit si ncessaire. Dure totale du spectacle : 3h15 (avec entracte). Opra chant en franais.

    Tmoignages Lquipe de lOpra souhaite vivement que les lves puissent rendre compte de leur venue, de leurs impressions travers toute forme de tmoignages (crits, photographies, productions musicales). Nhsitez pas nous les faire parvenir.

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    Rsum Carmen est un opra-comique* en quatre actes compos par Georges Bizet (1838-1875) sur un livret de Henry Meilhac et Ludovic Halvy, daprs la nouvelle ponyme de Prosper Mrime. Cet opra a t cr le 3 mars 1875 lOpra-Comique Paris. Carmen est lun des opras les plus jous dans le monde.

    * opra-comique : Ce terme apparat en 1714 Paris dans les thtres o lon reprsente des vaudevilles qui tournent en drision lopra srieux. Ce genre, typiquement franais, dsigne donc un opra o les dialogues parls alternent avec des scnes chantes, et dont le livret traite souvent de sujets de la vie quotidienne. La grande priode de lopra comique se situe entre la seconde moiti du XVIIIe sicle et le premier tiers du XIXe sicle. On conserve le terme mme lorsque lopra adopte des sujets tragiques comme Carmen (autre exemple dopra comique : Le Mdecin malgr lui de Gounod).

    Lhistoire : Carmen, jeune bohmienne et grande sductrice, nen est pas moins une femme rebelle qui dclenche une bagarre dans la manufacture de tabac o elle travaille. Le brigadier Don Jos, charg de la mener en prison, tombe sous le charme et la laisse schapper. Pour lamour de Carmen, il va abandonner sa fiance Micala, dserter et rejoindre les contrebandiers. Mais il est dvor par la jalousie, et Carmen va se lasser de lui et se laisser sduire par le clbre torero Escamillo Les personnages et leur voix : Carmen, cigarire et sduisante bohmienne mezzo-soprano Don Jos, brigadier tnor Micala, jeune paysanne soprano Escamillo, clbre torero baryton Frasquita, bohmienne et amie de Carmen soprano Mercds, bohmienne et amie de Carmen mezzo-soprano Zuniga, lieutenant basse Morals, brigadier baryton Le Dancare, contrebandier baryton Le Remendado, contrebandier tnor Lillas Pastia, tavernier rle parl Un guide rle parl Lorchestre : 12 violons I et 10 violons II, 8 altos, 6 violoncelles, 4 contrebasses, 2 fltes, 1 piccolo, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 harpe, les timbales, 3 percussions. Musique de scne : 2 trompettes et 3 trombones.

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    Synopsis Acte I Vers 1820, la manufacture de tabac est la principale attraction de Sville. Sous la surveillance de larme, les badauds viennent observer les cigarires qui travaillent la prosprit de la ville. Parmi elles se distingue Carmen, une sductrice qui choisit ses amants au gr de sa fantaisie. Les hommes qui sempressent lintressent moins que Don Jos, un brigadier taciturne. Elle lui lance une fleur avant de rentrer latelier. Impressionn, Jos reoit la visite dune jeune fille de son village qui lui apporte une lettre de sa mre. Ce souvenir le rconforte et il envisage sereinement son mariage avec Micala. La sortie dsordonne des cigarires interrompt sa lecture. Une rixe vient dclater. Le lieutenant Zuniga ordonne Jos darrter Carmen. Aprs stre drobe aux questions, elle tente damadouer Jos qui ne peut rsister sa sduction. Elle lui donne rendez-vous la taverne de Lillas Pastia et il la laisse schapper. Acte II Un mois plus tard, Carmen et ses compagnes Frasquita et Mercds dansent chez Lillas Pastia. Zuniga et dautres officiers prolongeraient bien la soire mais les femmes les congdient. La fermeture de la taverne est retarde par le passage du torero Escamillo et de son cortge. Le hros de larne remarque aussitt Carmen, qui le repousse comme elle a repouss Zuniga. Aprs leur dpart, les femmes accueillent le Dancare et le Remendado, des contrebandiers. Carmen refuse de les suivre : elle attend Jos qui sort de la prison o son vasion la jet. Elle commence danser pour lui quand rsonne lappel de la caserne. Quoique dgrad, Jos est rsolu faire son devoir. Mais Zuniga fait irruption, la recherche de Carmen. Les contrebandiers sparent les deux jaloux et Jos doit les suivre dans la clandestinit. Acte III La caravane des contrebandiers stablit aux portes de Sville. En attendant de passer les marchandises, les femmes tirent les cartes. Lasse de Jos, Carmen lit dans les siennes sa fin tragique. Elle emmne ses compagnes amadouer les douaniers pendant que Jos, dvor de jalousie, garde le camp. Non loin de l, Micala le recherche pour le ramener dans le droit chemin. Mais cest le torero Escamillo que Jos arrte dans les rochers : il attend Carmen dont il est amoureux. Les deux hommes saffrontent au couteau. Le retour de Carmen interrompt le combat et Escamillo invite la bande aux courses de Sville. Au moment de lever le camp, les contrebandiers dcouvrent Micala. Elle parvient convaincre Jos de la suivre pour retrouver sa mre mourante. Acte IV lentre des arnes de Sville, lanimation est son comble quand arrive le dfil de la quadrille. Escamillo entre avec Carmen son bras : le danger les menace tous deux, Escamillo dans larne, Carmen en la personne de Jos que la garde na pu arrter chez sa mre et qui est venu rder autour de la fte. Les deux anciens amants saffrontent pendant la corrida. Repoussant supplications, promesses et menaces, Carmen jette Jos la bague quil lui avait offerte. Il la tue puis se livre la foule.

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    Georges Bizet (1838-1875)

    Georges Bizet, nat le 25 octobre 1838 Paris, sous le nom dAlexandre Csar Lopold, dun pre coiffeur/perruquier puis professeur de chant et dune mre pianiste, Aime Delsarte, originaire de Cambrai. Son oncle est un clbre professeur de chant. Aprs avoir reu ses premires leons de sa mre, il entre lge de 9 ans au Conservatoire de Paris dans la classe de piano. Au bout de six mois, il obtient le premier prix de solfge. En 1851, il obtient un second prix de piano et un premier prix en 1852. Cette mme anne, il entre dans la classe d'orgue de Benoist puis, en 1853, dans la classe de composition de Fromental Halvy. Il obtient en 1854 un second prix d'orgue et de fugue, puis un premier prix en 1855. Il travaille galement auprs de Zimmerman et reoit les conseils de Gounod. g de 17 ans, il compose sa premire symphonie, Symphonie en ut. En 1856, son oprette Le Docteur miracle obtient le premier prix (ex quo avec l'uvre prsente par Lecocq) un concours organis par

    Offenbach pour les Bouffes Parisiennes. La mme anne, il remporte le grand prix de Rome pour sa cantate Clovis et Clotilde et passe alors trois annes la Villa Mdicis. En 1860, il reoit une commande de l'Opra Comique de Paris. Il crit La Guzla de lmir, opra comique quil dtruira ensuite. Il cre en 1863 au Thtre-Lyrique Les Pcheurs de perles sur un livret de Carr et Cormon. En 1866, toujours pour le Thtre-Lyrique, il compose l'opra La Jolie Fille de Perth, sur un livret de Vernoy de Saint-Georges et J. Adenis, daprs un roman de Walter Scott. Pendant ces annes, il crit de nombreuses transcriptions pour piano d'uvres lyriques la mode pour le compte des diteurs Choudens et Heugel. En 1869, il se marie avec Genevive Halvy, fille de son professeur, qui lui donnera un fils Jacques en 1871. Il achve No, un opra de Fromental Halvy (dcd en 1862). Esquisse un Vercingtorix, Griselidis avant les vnements de 1870. Il s'engage alors dans la Garde Nationale, part pour Libourne, puis revient au Vsinet auprs de son pre avant de revenir Paris aprs la Commune. Il compose Djamileh pour l'Opra-Comique, et deux versions (piano et orchestre) de Jeux denfants pour Durand. Il reoit une nouvelle commande de l'Opra-Comique, Carmen, d'aprs Mrime sur un Livret de Meilhac et Halvy. De Carvalho pass au Thtre du Vaudeville lui commande une musique de scne pour L'Arlsienne de Daudet. L'Arlsienne est cre le 1er octobre 1872. Retire de l'affiche aprs 20 reprsentations, Bizet y retravaille aussitt et la pice devient vite un grand succs. Pour les concerts de l'orchestre Pasdeloup, il compose Patrie, autre succs immdiat. Aprs avoir esquiss un Cid, il s'installe 1875 Bougival pour terminer l'orchestration de Carmen qui est cre le 2 mars. Il reoit la lgion dhonneur, le jour de la premire de Carmen. Il meurt d'une crise cardiaque dans la nuit du 2 au 3 juin, g de 37 ans. De ses uvres lyriques, les plus connues sont Carmen et LArlsienne :

    Le Docteur Miracle, opra-bouffe (1856) Don Procopio, opra-bouffe (1858-9) La Prtresse, oprette inacheve Les Pcheurs de perles, opra (1863) L'Andalousie, opra (1864) Ivan IV, (1864-5) La Jolie Fille de Perth, opra (1866) No, opra de Fromental Halvy achev par Georges Bizet (1869) Djamileh, opra en un acte (1871) L'Arlsienne, musique de scne (1872) Carmen, opra (1875)

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    Prosper Mrime (1803-1870)

    Prosper Mrime est n le 23 septembre 1803 Paris dans une famille d'artistes. Il n'est pas baptis, et restera fidle, sa vie durant, aux convictions athes de ses parents. Son pre, Lonor Mrime est professeur de dessin l'cole polytechnique, et sera plus tard secrtaire perptuel de l'cole des Beaux-Arts. Sa mre, Anne Moreau est portraitiste, et enseigne, elle aussi, le dessin. Le couple a un solide bagage intellectuel et artistique datant du XVIIIe sicle. De l'ducation parentale, Mrime retiendra l'horreur de l'emphase. La famille n'est pas aise mais mne une vie intressante et reoit de nombreux artistes. quinze ans, Prosper matrise langlais quil pratique avec les lves britanniques de sa mre et tudie plusieurs autres langues. Il est lun des premiers traducteurs de la langue russe en franais. Son got pour ltranger se retrouvera dans plusieurs de ses nouvelles,

    lEspagne et la Russie tant ses principales sources dinspiration. Ses tudes au Lyce Napolon (futur Lyce Henri IV) le mettent en contact avec les fils de l'lite parisienne. En 1819, il s'inscrit la facult de droit tout en frquentant les salons littraires de l'poque. Il fait bientt figure de jeune homme cynique et libertin (combat en duel avec le mari dune ses matresses, phmre aventure avec Georges Sand). Il voyage en Europe et surtout en France. Il devient l'ami de Stendhal, de vingt ans son an, et songe cette poque, comme tous les jeunes gens de son ge, rvolutionner le thtre.

    En 1825, le Thtre de Clara Gazul, son premier livre, marque ses dbuts brillants et le rend clbre. Cette premire publication, attribue un auteur imaginaire, est lune des plus compltes mystifications littraires. Elle prcipita la rvolution romantique en France, en stimulant les esprits par lexemple de productions romantiques trangres. Mrime publia aussi sous le voile de lanonyme en 1828 : La Jacquerie, et La Famille Carvajal. En 1829, il crit la Chronique du temps de Charles IX (roman historique) puis une srie de nouvelles (Mateo Falcone, Vision de Charles IX, Tamango, Federigo, L'Enlvement de la Redoute) qui lui permettent d'asseoir sa rputation. Ce sera ensuite La Venus d'Ille (1837), Colomba (1840) et Carmen (1845), trois rcits o Mrime qui fait preuve la fois de concision et de pittoresque, et donne au genre de la nouvelle ses lettres de noblesse.

    Esprit libral, Mrime accueille avec joie, en 1830, la monarchie de juillet qui lui offrira en retour protection, faveurs et emplois. Puis il se lie, Madrid, avec le Comte et la Comtesse de Montijo, les parents d'Eugnie, qui 20 ans plus tard deviendra lpouse de Napolon III. C'est la priode d'une production littraire intense. Tout en continuant de produire des crits, il entre dans ladministration et se trouve nomm en 1834 aux fonctions dinspecteur gnral des Monuments historiques, o il est lun des premiers faire recenser et restaurer sur le territoire franais les ensembles architecturaux remarquables du patrimoine, annonant avec un sicle d'avance l'Inventaire Gnral des Monuments et Richesses Artistiques de la France lanc par Andr Malraux. En 1844, il est lu lAcadmie franaise en remplacement de Charles Nodier. Quand Eugnie devient limpratrice des Franais en 1853, lEmpire le proclame snateur, avant de llever aux dignits de commandeur et de grand officier de la Lgion d'honneur.

    Son dcs est dclar dans toute la capitale en 1869 alors quil nest pas encore mort. Cest finalement le 23 septembre 1870 que des ennuis de sant auront raison de celui qui fut la fois crivain, critique, historien et archologue.

    Ses rcits, remplis de mouvement et dinvention, plaisaient surtout aux lecteurs par la forme sobre et lgante de lcrit. Mrime aimait le mysticisme, lhistoire et linhabituel. Il a t influenc par la fiction historique popularise par Walter Scott et par la cruaut et les drames psychologiques dAlexandre Pouchkine.

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    Guide dcoute Pour ce guide dcoute, la version choisie est : Bizet, Carmen (extraits), direction Michel Plasson, Orchestre National du Capitole de Toulouse, avec Angela Gheorghiu et Roberto Alagna, EMI, 2003. Prlude plage 1 Luvre dbute par un prlude trs enlev, dans un tempo allegro giocoso. Plusieurs thmes sont entendus successivement : - le premier thme, trs militaire, en la majeur et deux temps, comprend seize mesures et

    aboutit une reprise. Cette grande phrase se divise en deux parties gales, mettant en vidence une demi-cadence et une cadence parfaite. Lensemble de leffectif orchestral est prsent, employ de manire trs brillante, dans une nuance fortissimo. La mlodie est crite principalement pour les vents (fltes, hautbois, clarinettes) et les violons, et laccompagnement est jou par les cordes graves et les cuivres :

    - le deuxime, plus lger, est jou dans une nuance piano. Son timbre instrumental est rparti sur

    les vents (flte, hautbois, clarinettes) et les cordes (violons). Il prsente un rythme en croches et double-croches pour ses huit premires mesures :

    On remarquera que ce thme, comme le prcdent, peut se diviser en deux phrases gales. Une transition en rythmes resserrs, et en crescendo, nous conduit vers le premier thme qui ne sera cette fois pas repris.

    - Un troisime thme, trs connu, est attribu au personnage du torador Escamillo. Il dbute par une courte introduction aux trombones et aux trompettes qui installent laccompagnement et la tonalit de fa majeur. La clbre mlodie est alors prsente par les cordes (violons, altos, violoncelles), et le contraste avec ce qui prcde est ralis par le phras qui devient legato (dbut du thme) :

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    Cette partie est ensuite reprise par tous les instruments de lorchestre, dans une nuance fortissimo, qui cre une amplification du discours musical. Le premier thme rapparat : il prend alors le rle dun refrain et semble conclure lensemble de ce prlude.

    - Toutefois, aprs une pause de lorchestre un quatrime thme fait son apparition : cest le thme du Destin. Soutenu par le trmolo des cordes, il affirme son caractre tragique par sa tonalit de r mineur, son timbre particulier (violoncelle, trompette, basson, clarinette, dans le registre grave), ses coups de timbales qui voquent une marche funbre, sa mlodie descendante, et son intervalle de seconde augmente :

    Aprs un large crescendo, le prlude se termine par un accord dissonant de septime diminue, vocation de la fin tragique de luvre.

    Avec les lves : - Quel est le rle du prlude dans un opra ? - En coutant le prlude, faire le plan de celui-ci pour en faire ressortir la structure, les thmes,

    tempi, instruments entendus, sentiments ressentis - De quels instruments lorchestre est-il compos ? - Imaginez les lments du dcor, et la mise en scne pendant cette introduction.

    Acte I / n 3 - Chur des gamins plage 2 Lair dbute par une sonnerie de trompette que lon entend de loin annonant larrive de la garde montante. Elle prcde la marche, prsente avec lgret par les piccolos, et ponctue par les motifs de la trompette :

    Cette mlodie est ensuite reprise, accompagne de lensemble des cordes en pizzicato. Le chur des enfants, entonne sa premire phrase, de manire trs marque. On remarquera limitation vocale des sonneries par les enfants (sur les onomatopes), soutenue par les cuivres et limportance des contrechants aux instruments vent.

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    Chur des gamins Avec la garde montante Nous arrivons, nous voil Sonne trompette clatante, Ta ra ta ta, ta, ra, ta, ta ; Nous marchons la tte haute Comme de petits soldats Marquant sans faire de faute Une deux marquant le pas. Les paules en arrire Et la poitrine en dehors, Les bras de cette manire Tombant tout le long du corps ; Avec la garde montante Nous arrivons, nous voil ! Sonne trompette clatante, Ta ra ta ta ta, ra ta ta, ta ra ta ta. Avec les lves : - Il est possible dapprendre aux lves ce chant (voir partition jointe en fin de dossier) puis de le

    chanter en mouvement.

    Acte I / n 5 Habanera Lamour est un oiseau rebelle plage 3 La Habanera (cf. dfinition page 18) est lair le plus connu de lopra, qui correspond lentre de Carmen sur scne. Le court passage quasi recitativo qui prcde fait entendre le thme du Destin (dj entendu dans le prlude) jou par les fltes, en diminution rythmique (aprs les paroles mais pas aujourdhui ) :

    On entendra nouveau ce mme motif aux violons, dans lair qui succde (aprs les paroles Carmen ! Sur tes pas nous nous pressons tous ). Ainsi, le motif du Destin encadre-t-il la premire intervention de Carmen, qui tente daguicher le brigadier Don Jos. Aprs trois mesures dintroduction des cordes, Carmen voque limpossibilit dune liaison amoureuse. Sur la base dun accompagnement en ostinato des violoncelles, et sur un rythme de habanera, lair de Carmen propose une mlodie au rythme souple, vitant toute monotonie, et qui, dans sa deuxime partie, reprend le rythme de lostinato (voir la partition en annexe) :

    Lair provient de la chanson El arreglito ou La Promesse de mariage tire dun recueil de chansons espagnoles dYradier :

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    Chez Bizet, la mlodie est lgrement remanie et suit un profil descendant et chromatique, qui semble voquer la sensualit du personnage de Carmen, et met en valeur les derniers mots de chaque phrase ( apprivoiser , refuser , tait , plat , puis plus loin senvola , l , revient , tient ).

    Le chur amplifie ensuite les paroles de Carmen, dont la mlodie se transforme en contrechant (lamour ). Habanera Carmen Quand je vous aimerai ? ma foi, je ne sais pas Peut-tre jamais, peut-tre demain ; Mais pas aujourd'hui, cest certain ! L'amour est un oiseau rebelle Que nul ne peut apprivoiser, Et c'est bien en vain qu'on l'appelle, S'il lui convient de refuser. Rien n'y fait ; menace ou prire ; L'un parle bien, l'autre se tait ; Et c'est l'autre que je prfre ; Il n'a rien dit, mais il me plat. Chur L'amour est un oiseau rebelle Que nul ne peut apprivoiser, Et c'est bien en vain qu'on l'appelle, S'il lui convient de refuser. Carmen L'amour est enfant de Bohme, Il n'a jamais, jamais connu de loi ; Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si je t'aime, prends garde toi ! Chur Prends garde toi ! Carmen Si tu ne m'aimes pas, Si tu ne m'aimes pas, je t'aime. Chur Prends garde toi ! Carmen Mais si je taime, Si je taime, prends garde toi ! Chur L'amour est enfant de Bohme, Il n'a jamais, jamais connu de loi ; Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si je t'aime, prends garde toi ! Prends garde toi ! Carmen

    L'oiseau que tu croyais surprendre Battit de l'aile et s'envola L'amour est loin, tu peux l'attendre, Tu ne l'attends plus il est l Tout autour de toi, vite, vite, Il vient, s'en va, puis il revient Tu crois le tenir, il t'vite ; Tu crois l'viter, il te tient ! Chur Tout autour de toi, vite, vite, Il vient, s'en va, puis il revient Tu crois le tenir, il t'vite ; Tu crois l'viter, il te tient ! Carmen L'amour est enfant de Bohme, Il n'a jamais connu de loi ; Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si je t'aime, prends garde toi !... Chur Prends garde toi ! Carmen Si tu ne m'aimes pas, Si tu ne m'aimes pas, je t'aime. Chur Prends garde toi ! Carmen Mais si je taime, Si je taime, prends garde toi ! Chur L'amour est enfant de Bohme, Il n'a jamais, jamais connu de loi ; Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si je t'aime, prends garde toi ! Carmen Si tu ne m'aimes pas, Si tu ne m'aimes pas, je t'aime. Chur Prends garde toi ! Carmen Mais si je taime, Si je taime, prends garde toi !

  • Avec les lves : - Dcrivez le personnage de Carmen, sa voix. On pourra imaginer son portrait (par crit ou sous

    forme de dessin), son attitude pendant cet air, ses penses. - Il est possible deffectuer une recherche propos du personnage de Carmen, travers la

    littrature, la peinture, le cinma. - On peut entendre nouveau cet air de Carmen la fin du premier acte (n 11). Il sera orchestr

    de manire diffrente. coutez puis comparez ces deux versions. - coutez dautres Habanera, composes par Chabrier, Saint-Sans, Debussy, Ravel puis

    recherchez les diffrences et similitudes musicales entre ces uvres. Acte I / n 10 Sguedille et duo Prs des remparts de Sville plage 5 Carmen vient dtre arrte, elle reste seule avec Don Jos pendant que le lieutenant Zuniga est parti rdiger son ordre dincarcration. Ce duo entre Carmen et Don Jos, est une scne de sduction, dans laquelle Carmen russit par le chant et la danse charmer le brigadier qui finit par lui ter ses liens. La sguedille soutient le discours musical et insre dans cet opra un aspect folklorique. Cette danse chante espagnole, de pulsation ternaire, tempo rapide, permet de donner une couleur locale ce duo. Elle senrichit dlments musicaux typiquement espagnols, tels que la gamme andalouse ici employe par le compositeur. Cette gamme correspond au mode de mi que lon peut entendre ds les premires mesures, dans lintroduction :

    Cette mlodie est ensuite reprise par Carmen, avec de nombreux ornements et un accompagnement trs lger qui semble voquer la guitare travers les pizzicatos des violoncelles. Le dialogue de Carmen avec la flte traversire, dont le timbre voque la sensualit, va tre constant tout au long de cet air. Le texte volue suivant un schma bien prcis : elle est libre et promet lamour qui prendra son me Le refrain Prs des remparts de Sville Lillas Pastia sappuie sur la mlodie initiale. Les paroles demeurent sensiblement les mmes jusqu la fin o Carmen emploie la premire personne du pluriel : Don Jos est conquis. Carmen Prs des remparts de Sville, Chez mon ami Lillas Pastia, Jirai danser la sguedille Et boire du Manzanilla ! Jirai chez mon ami Lillas Pastia. Oui, mais toute seule on sennuie, Et les vrais plaisirs sont deux Donc pour me tenir compagnie, Jamnerai mon amoureux ! Mon amoureux !... il est au diable Je lai mis la porte hier ! Mon pauvre cur, trs consolable, Mon cur est libre comme lair ! Jai des galants la douzaine,

    Mais ils ne sont pas mon gr. Voici la fin de la semaine, Qui veut maimer ? Je laimerai ! Qui veut mon me ? Elle est prendre ! Vous arrivez au bon moment, Je nai gure le temps dattendre, Car avec mon nouvel amant Prs des remparts de Sville, Chez mon ami Lillas Pastia, Jirai danser la sguedille Et boire du Manzanilla. Oui, jirai chez mon ami Lillas Pastia ! Don Jos Tais-toi, je tavais dit de ne pas me parler.

  • Carmen Je ne te parle pas, je chante pour moi-mme. Et je pense il nest pas dfendu de penser. Je pense certain officier, qui maime Et qu mon tour, je pourrais bien aimer ! Don Jos Carmen !... Carmen Mon officier nest pas un capitaine, Pas mme un lieutenant, il nest que brigadier. Mais cest assez pour une bohmienne Et je daigne men contenter ! Don Jos Carmen, je suis comme un homme ivre, Si je cde, si je me livre, Ta promesse, tu la tiendras Ah ! Si je taime, Carmen, Carmen, tu maimeras Carmen

    Oui Don Jos Chez Lillas Pastia, Carmen Nous danserons la sguedille, En buvant du Manzanilla. Don Jos Tu le promets ! Carmen ! Tu le promets ! Don Jos Tu le promets... Carmen Ah! Prs des remparts de Sville Chez mon ami Lillas Pastia, Nous danserons la sguedille Et boirons du Manzanilla, Tra la la ! Don Jos Le lieutenant !... Prenez garde.

    Avec les lves : - Il est possible de comparer les mises en scne de ce duo travers diffrentes versions (par

    exemple celle du film de Rosi avec Julia Mignes-Johnson et Placido Domingo, avec la version de lopra film en 1980 Paris avec Teresa Berganza et Placido Domingo).

    - Le pome Sguidille (1843) de Thophile Gautier peut faire lobjet dune comparaison entre une vocation musicale et potique de lEspagne.

    Acte II / n 14 Couplets dEscamillo Votre toast, je peux vous le rendre plage 7 Le chur prcde et annonce larrive du torero Escamillo, vainqueur des courses de Grenade ( Vivat ! Vivat le torero ! Vivat ! Vivat Escamillo ). Lair de bravoure pour baryton, dans lequel Escamillo se met en scne, est soutenu par un orchestre brillant dans lequel les cuivres jouent un rle de premier plan. La premire partie est une description de lambiance de fte de la corrida : le tempo est vif (allegro molto moderato), les phrases sont courtes et bien marques, et lorchestre soutient le discours par un accompagnement en motif de marche jou par les cuivres (cors, trompettes, trombones) :

    Les interventions dEscamillo sont encadres de phrases ascendantes trs rapides (aprs fureur , cur ). Le refrain qui a t prsent pour la premire fois dans le prlude initial apparat. Fier de ses prouesses, Escamillo sexprime avec fatuit. Toutes les caractristiques de la marche sont runies (mlodie simple, mesure binaire, rythme bien marqu, importance des bois et des cuivres au dbut) afin dillustrer le face face de la corrida.

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    Escamillo Messieurs les officiers, je vous remercie. Votre toast Je peux vous le rendre, Seors, seors, car avec les soldats, Oui, les toreros peuvent sentendre ; Pour plaisirs, ils ont les combats. Le cirque est plein, cest jour de fte ! Le cirque est plein du haut en bas. Les spectateurs, perdant la tte, Sinterpellent grands fracas ; Apostrophes, cris et tapage Pousss jusques la fureur. Car cest la fte du courage, Cest la fte des gens de cur. Allons ! en garde ! Allons ! Allons ! Ah ! Tous Torador, en garde, Torador, torador, Et songe bien, oui, songe en combattant Quun il noir te regarde Et que lamour tattend,

    Torador, lamour tattend ! Escamillo Tout dun coup on fait silence ; On fait silence. Ah, que se passe-t-il ? Plus de cris, cest linstant, Le taureau slance en bondissant hors du toril Il slance, il entre, il frappe, un cheval roule, Entranant un picador. Ah bravo toro ! , hurle la foule. Le taureau va il vient Il vient et frappe encor ! En secouant ses banderilles, Plein de fureur, il court ! Le cirque est plein de sang ; On se sauve, on franchit les grilles ; Cest ton tour maintenant. Allons, en garde ! Allons ! Allons ! Ah ! Torador, en garde ! Torador, torador !

    Avec les lves : - tudiez le personnage dEscamillo, sa voix. - tudiez la faon dont Escamillo dcrit lambiance dune corrida. Il est possible de travailler sur

    le thme de la corrida travers les arts (La corrida de Francis Cabrel, Toros y toreros de Pablo Picasso, Photographie de Nimeo II par Philippe Caron, La Corrida du 1er mai de Jean Cocteau, Lettres dEspagne de Prosper Mrime).

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    Acte II / n 17 Duo Jos / Carmen La fleur que tu mavais jete plage 9

    Don Jos a saisi le bras de Carmen ; il tire de sa veste duniforme la fleur de cassie que Carmen lui a jete au premier acte. Il montre cette fleur Carmen. Comme pour la Habanera de Carmen lacte I, le motif du Destin prcde lair de Don Jos. Il est nonc par le cor anglais accompagn dun trmolo des violons, et ponctu des pizzicatos des cordes graves :

    Landantino quatre temps qui lui succde, dbute dans une nuance piano, et adopte le ton de la confidence amoureuse (con amore prcis sur la partition). Don Jos fait part de ses sentiments Carmen, objet de ses penses depuis sa captivit. Laccompagnement en rythme de syncope figure lattente de Don Jos. Aprs les instruments de la famille des bois, ce mme accompagnement est confi aux cordes (violons et altos) partir des paroles : Et pendant des heures entires . Un premier passage est mis en valeur par son criture dans laigu : Je menivrais , chant sur un la b :

    Le tempo est un plus anim partir de Je me prenais te maudire , pour marquer la dualit des sentiments de Don Jos. La mlodie ascendante en crescendo qui suit (presque totalement chromatique) sur les paroles je maccusais de blasphme dun seul dsir , aboutit au large point dorgue sur te revoir . La fin est une dclaration passionne, prenant appui sur des notes aigus en valeurs longues (blanches) : Car tu navais eu qu paratre, Qu jeter un regard sur moi, Pour temparer de tout mon tre, ma Carmen,

    Le point culminant de la mlodie est atteint en toute fin par le tnor, dans une nuance piano qui en accrot la difficult : Et jtais une chose toi. Carmen, je taime ! :

    En rponse cette longue dclaration, Carmen semble poser une nouvelle condition son amour : la libert totale de Don Jos

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    Don Jos La fleur que tu mavais jete, Dans ma prison mtait reste, Fltrie et sche, cette fleur Gardait toujours sa douce odeur ; Et pendant des heures entires, Sur mes yeux, fermant mes paupires, De cette odeur je menivrais, Et dans la nuit je te voyais. Je me prenais te maudire, te dtester, me dire : Pourquoi faut-il que le destin Lait mise l sur mon chemin ? Puis je maccusais de blasphme, Et je ne sentais en moi-mme, Quun seul dsir, un seul espoir, Te revoir, Carmen, oui, te revoir !... Car tu navais eu qu paratre, Qu jeter un regard sur moi, Pour temparer de tout mon tre, ma Carmen, Et jtais une chose toi. Carmen, je taime ! Avec les lves : - On remarquera que cet air met contribution la voix de tnor puisque quil couvre la totalit

    de sa tessiture, jusquau si bmol aigu. partir de cet air, il est possible dtudier les registres des voix des diffrents personnages de lopra-comique.

    - Comparez les deux personnages masculins : Don Jos et Escamillo, leur voix et leurs relations Carmen. Imaginez leur portrait, leur costume

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    Vocabulaire

    Air : Mlodie vocale accompagne dinstruments. Allegro : Indication de tempo rapide. Andantino : Indication de tempo un peu plus rapide que lAndante. Chromatisme : Mouvement mlodique qui seffectue par demi-tons (do-do#-r par exemple). Il peut tre employ pour symboliser la douleur, le tourment. Crescendo : Indication de nuance qui signifie : de plus en plus fort. Decrescendo : Indication de nuance : jouer de moins en moins fort. Diminution rythmique : Rduction de la dure de toutes les valeurs rythmiques dune phrase musicale. Fortissimo : Indication de nuance qui signifie trs fort . Habanera : Chanson et danse cubaines de rythme binaire 2/4 (que l'on appelle aussi havanaise, du nom de la capitale de Cuba). L'Espagnol Sebastin Iradier (1809-1965), qui vcut Cuba pendant quelques annes, crivit une clbre habanera (El Arreglito, 1840), qui fut introduite par Bizet dans Carmen. Sur le manuscrit de lacte I de Carmen, Bizet crira tout dabord Havanaise. Saint-Sans (Havanaise), Chabrier, Albniz, Debussy, Aubert, Falla, Ravel crivirent des habaneras. Legato : Terme qui signifie li . Cette indication signifie que les notes doivent tre joues sans interruption du son entre les notes. Le legato est habituellement not par un signe de liaison. Nuance : Cest la force du son. Sur la partition lindication ff (fortissimo) signifie que lon doit jouer trs fort. Ouverture : Pice instrumentale destine tre entendue avant la reprsentation dun opra. Il sagit dune sorte dintroduction qui va permettre au spectateur davoir une ide de ce quil va entendre durant tout le spectacle. En effet, louverture est en gnral cre partir de bouts de mlodies que lon retrouve par la suite. Opra-comique : Opra fond sur le mlange entre des pisodes parls et chants. Dans la deuxime moiti du XIXe sicle deux compositeurs retiennent lattention : Gounod et Bizet. Carmen demeure un opra-comique mme si la richesse musicale de la partition et le sujet trait lloignent du genre. Pizzicato : Sur un instrument cordes, en pinant les cordes avec les doigts. Prlude : Dans les opras franais des XVIIe et XVIIIe sicles, la ritournelle se nomme aussi prlude. Par la suite, on fera une distinction entre prlude et ouverture. Le prlude semble moins tendu, de forme libre, et davantage li au reste de lopra. En ce sens, le prlude est une sorte de dveloppement symphonique des thmes importants de luvre. Rcitatif : Chant librement dclam dont la mlodie et le rythme suivent les inflexions de la parole. Sguedille ou seguidilla : Chanson et danse espagnoles. Le mot dsigne une forme strophique trs prcise rpandue puisquelle est employe dans de nombreux chants et danses populaires dEspagne et dAmrique latine.

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    Tempo : Cest la vitesse dans laquelle se joue un morceau. Par exemple, Moderato indique quil faut jouer le morceau dans un tempo modr. Timbre : Terme employ pour dsigner les diffrents instruments ou la sonorit particulire dun instrument (le timbre de la clarinette par exemple). Tonalit : Organisation hirarchique des sons par rapport un son de rfrence : la tonique. Trmolo : Aux instruments cordes, un trmolo sur une note signifie que lon joue plusieurs fois cette note et dans un rythme trs vif. Larchet effectue sur la corde des mouvements rapides de haut en bas.

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    Rfrences Bibliographie : Lavant-scne Opra, Carmen, ouvrage collectif, ditions Premires loges, 2007. LACOMBE, Herv, Georges Bizet, Paris, Fayard, 863 p. > Louvrage de rfrence pour aborder luvre et la vie du compositeur.

    MRIME, Prosper, Carmen, Paris, Larousse, Coll. Petits Classiques, 155 p. > Texte intgral, dossier pour aborder luvre, bibliographie et filmographie.

    MRIME, Prosper, Correspondance gnrale, Privat, Toulouse, 1946-1964. MRIME, Prosper, Thtre de Clara Gazul, romans et nouvelles, d. Par J. Mallion et P. Salomon, Paris, Gallimard, Bibliothque de la Pliade, 1979. MRIME Prosper, La Vnus dIlle, Colomba, Mateo Falcone, d. Berthier, Paris, Gallimard, Folio, 2000. Discographie : Carmen, direction Michel Plasson, Orchestre National du Capitole de Toulouse, avec Angela Gheorghiu et Roberto Alagna, EMI, 2003. Carmen, direction Claudio Abbado, London Symphony Orchestra, The Ambrosian Singers, avec Teresa Berganza et Plcido Domingo, Deutsche Grammophon, 1978. Carmen, direction James Levine, The Metropolitan Opera Chorus and Orchestra, avec Agns Baltasa et Jos Carreras, Deutsche Grammophon, 1988. DVD : Carmen, direction Philippe Jordan, London Philharmonic Orchestra, Glyndebourne Chorus, avec Anne Sofie von Otter et Marcus Haddock, BBC, 2003. Carmen, direction Antonio Pappano, Orchestra and Chorus of the Royal Opera House, avec Anna Caterina Antonacci et Jonas Kaufmann, DECCA, 2008. Filmographie : Carmen, Cecil B. de Mille, avec Graldine Farrar, Etats-Unis, 1915. Burlesque on Carmen, Charlie Chaplin, avec Edna Purviance, Etats-Unis, 1916. Carmen, Christian-Jaque, avec Viviane Romance et Jean Marais, 1943. The Loves of Carmen, King Vidor, avec Rita Hayworth, Etats-Unis, 1948. Carmen Jones, Otto Preminger, avec Dorothy Dandridge, Etats-Unis, 1954. Carmen, Carlos Saura, avec Laura del sol et Antonio Gades, musique de Paco de Lucia, Espagne, 1983. La Tragdie de Carmen, Peter Brook, srie de trois films avec Hlne Delavault, Zehava Gal et Eva Saurova, France, 1983. Prnom Carmen, Jean-Louis Godard, avec Marushka Detmers, France, Allemagne, Grande-Bretagne, 1984. Carmen, a Hip Hopera, Robert Townsend et Missy Elliot, avec Beyonc Knowles, Etats-Unis, 2001. Carmen, Vecente Aranda, avec Paz Vega, Espagne, 2003. Carmen de Khayelitscha, Mark Dornford-May, avec Pauline Malefane, Afrique du Sud, 2006. Carmen de Francesco Rosi avec Julia Migenes,-Johnson, Placido Domingo, 1984 (opra film).

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    Sites internet : http://opera.stanford.edu/Bizet/ > Liste des opras et musiques de scne de Bizet.

    http://discorem.free.fr/bizet.pdf > Catalogue des uvres pour le piano de Bizet.

    http://imslp.org/wiki/Category:Bizet,_Georges > Partitions de Bizet (Carmen, Symphonie en ut, etc.).

    http://fr.wikisource.org/wiki/Carmen_(opra) > Le livret de lopra.

    http://opera.stanford.edu/Bizet/Carmen/source1.html > La nouvelle de Mrime.

    http://www.wdl.org/fr/item/2699/pages.html#volume/1/page/1 > Quelques pages de la partition manuscrite de Carmen, sur le site de la Bibliothque numrique mondiale.

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    Propositions de pistes pdagogiques Musique :

    - coute des extraits proposs dans le guide dcoute. - Chanter le chur des gamins avec les lves. - On pourra sintresser la musique espagnole et ses influences sur la musique franaise :

    o Du ct des compositeurs espagnols on pourra couter les uvres de Fernando Sor, Dionisio Aguado, Pablo de Sarasate, Isaac Albniz, Felipe Pedrell, Enrique Granados, Joaquin Rodrigo (Concerto dAranjuez), et Manuel de Falla

    o Du ct des compositeurs franais on pourra couter les uvres dEdouard Lalo (Symphonie espagnole), dEmmanuel Chabrier (Espaa), de Claude Debussy (Ibria, Soire dans Grenade), ou encore de Maurice Ravel (Bolro, LHeure espagnole, Alborada del gracioso).

    - On pourra galement couter la Fantaisie sur des airs de Carmen pour violon et orchestre op. 25 de Pablo Sarasate (dans la version de Perlman).

    - Des Carmen(s) : couter et comparer diffrentes interprtations dun mme air par les plus grandes voix et interprtes lgendaires du rle : Maria Callas, Teresa Berganza, Rgine Crespin, Julia Migenes-Johnson, Angela Gheorghiu

    Histoire des arts :

    - tudier diffrentes reprsentations de Carmen au cinma (de Chaplin, Rosi -opra film- en passant par Saura et Godard).

    - Faire une recherche iconographique sur Carmen, lEspagne, la corrida travers des affiches, des peintures ou illustrations des XIXe et XXe. (dessins et aquarelles de Mrime, affiche de lopra de 1875, uvres de Picasso, Manet).

    Franais : - tude comparative de la nouvelle de Mrime et du livret

    dopra de Meilhac et Halevy, notamment dans les caractres des personnages et leurs relations.

    - On pourra tudier dautres textes et posie sur Carmen, notamment : Thophile Gautier, Emaux et Cames, 1852.

    - Rdiger le portrait dune Carmen daujourdhui. - Aprs la venue au spectacle, rdiger une critique personnelle

    de celui-ci. Histoire / gographie :

    - tudier lEspagne telle quelle est voque dans Carmen ; la comparer avec lEspagne daujourdhui.

    Arts plastiques :

    - Imaginer les dcors et costumes de lopra. Faire des croquis ou une maquette en volume en partant dune bote noire . Pour cela, on pourra faire des recherches iconographiques sur lEspagne, le XIXe sicle (costumes dpoque, peintures).

    - Raliser une affiche publicitaire annonant Carmen lOpra de Lille (on pourra utiliser des

    logiciels de PAO ou de traitement de texte, ou dessin/peinture). Pour cela, laffiche devra comporter : le titre de lopra, les noms de lauteur, du compositeur et du metteur en scne, de des principaux solistes, les dates de reprsentations, le lieu, une illustration.

    Carmen et Don Jos, aquarelle de Prosper Mrime, 1846, BNF

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    Carmen lOpra de Lille Direction musicale Jean-Claude Casadesus / Nicolas Krger Mise en scne Jean-Franois Sivadier Assistante la mise en scne Vronique Timsit Dcors Alexandre de Dardel Costumes Virginie Gervaise Lumires Philippe Berthom Chorgraphie Johanne Saunier Avec

    __

    orchestre national de lille jean-claude casadesus / rgion nord-pas de calais Chur de lOpra de Lille, Chef de Chur Yves Parmentier Chur matrisien du Conservatoire de Wasquehal, Direction Pascale Dival-Wils

    Stphanie dOustrac Gordon Gietz Olga Pasichnyk Jean-Luc Ballestra Carmen Don Jos Micala Escamillo

    Eduarda Melo Sarah Jouffroy Renaud Delaigue Rgis Mengus Frasquita Mercds Zuniga Morals

    Loc Flix Raphal Brmard Christophe Ratandra Le Dancare Le Remendado Lillas Pastia

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    Mise en scne : note dintention Le peintre et son modle, la femme et son reflet, lamant et son amante, le picador et le taureau ne sont-ils pas, sil est permis de tresser pareils fils pour se guider dans luvre ddalen de Picasso, les avatars de deux ples dune sorte de dialectique o tout se fonderait sur lopposition, non rsolue, de deux tres qui se font face,

    vivante image de cette dualit tragique : la conscience affronte ce qui lui est tranger. Michel Leiris

    Romancero du picador dans Un gnie sans pidestal et autres textes sur Picasso Rcit dun crime passionnel dans les bas-fonds de lAndalousie, la nouvelle de Mrime est la fois luvre dun peintre, celle dun journaliste et celle dun pote. Les traits de son hrone, temprament de feu, volupt farouche, sourire de madone et regard de louve, Vnus sortant des eaux et filleule de Satan, se confondent dans le parfum de la terre, la brlure du soleil et la fracheur du Guadalquivir. Mrime, dans un univers de couleurs, dodeurs et de sensations, comme un homme amoureux dun pays autant que de la femme qui en incarne lincandescence, dessine les traits de Carmen et fait une dclaration damour lEspagne.

    Rsistant aux pressions de la censure et la morale biensante dun public habitu la reprsentation thre de ses propres valeurs, Bizet dpose la sulfureuse crature sur le plateau de lOpra-Comique et colore sa voix dune inpuisable fureur de vivre. Ds la dflagration des premires mesures, lorchestre donne la couleur, (selon la formule de Nietzsche) dans un tapage de cirque, dune uvre brlante, bruyante et lumineuse, une tempte organique dlibrment festive qui accompagne la dchance dun soldat, anti-hros absolu, obstin vouloir atteindre linaccessible : une femme sans attache, sans patrie, sans religion, qui chante sa libert en regardant le public comme son destin, droit dans les yeux. Une histoire pure et limpide comme celle dune tragdie antique, qui commence dans la navet dune carte postale et sachve dans le sang.

    Ici on ne plaisante pas avec la passion. Possder ou tre possd telle est la question. Tout est bon pour sopposer lautre, le vaincre, le sduire ou les deux la fois. la fleur que Carmen lui jette au visage, Jos rpond, trois heures plus tard, par un coup de couteau. coup de provocations, de feintes, desquives, de tentatives dapprivoisement, Bizet engage dans ses arnes, une guerre des sexes rythme comme une danse dEros, et signe, dans les multiples configurations de ses deux motifs emblmatiques, le face face enrag du flamenco et le rituel chorgraphi de la tauromachie, une uvre entirement place sous le signe du dfi.

    Dfi qui commence dans la quitude dune place publique o des femmes, des hommes et des enfants, autant dire lhumanit entire, nont rien dautre faire pour tuer le temps, que senvisager, sattendre et guetter le premier qui va semer le trouble entre lordre social et la loi du dsir. la rigueur de luniforme et du dfil militaire, les enfants rpondent par un pied de nez et les cigarires, sortant de la manufacture de tabac comme une arme de Bacchantes, par un jeu de sduction nonchalante, rejetant leur message dans la fume des cigarettes : rien de plus essentiel la vie que laspiration au plaisir. Carmen diffre son entre comme une actrice qui se fait attendre, et vient lancer un dfi au milieu des hommes qui chantent son nom comme on se dsaltre. Joyeuse comme une chanson populaire, inquitante comme une danse hypnotique, son habanera donne luvre son centre de gravit : une proposition radicale comme un manifeste, libert absolue et sans concession dans lart de vivre et celui daimer.

    Fidle ses principes (pourquoi pas lui, en attendant le prochain et en remplacement du prcdent), Carmen porte lestocade, dune fleur lance comme une flche, sur le seul qui pendant quelle chantait fermait les yeux et se bouchait les oreilles. Pour ne pas succomber au vertige, Don Jos se rfugie dans les bras de Micala pour y retrouver, tant bien que mal, le sens de ses devoirs, le village de son enfance et le sourire de sa mre. Mais le tableau idyllique est interrompu par les cris dune femme dont Carmen a taillad le visage au couteau. La premire goutte de sang verse sur le plateau assombrit le climat et dclenche le dbut des hostilits. Don Jos est somm de conduire Carmen en prison, mais on nemprisonne ni le diable, ni la petite sur de Dionysos. Dans une sguedille enivrante comme une

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    invitation au voyage, Carmen achve dtourdir les sens et la raison de son gelier, et pendant quil dfait ses liens, lui souffle loreille la tentation dune proposition irrsistible : laisse-toi renverser, le reste me regarde . Jos se laisse renverser, dpossder de son uniforme et de son grade, et passe un mois en prison respirer la fleur qui lui a perc le cur et dont le parfum lui donne le sentiment de vivre pour la premire fois.

    La pense de Carmen a dfinitivement envahi celle de Jos et la jouissance pure du chant et de la danse, comme une finalit absolue, contamine, jusquau dlire la partition et lauberge de lacte deux. Au plus fort de livresse, le peuple acclame lentre fracassante dun Dieu vivant, et dresse un pidestal pour adorer son idole : celui dont le mtier se rsume une seule alternative, vaincre ou mourir. Carmen reconnat dans lorgueil dvastateur dEscamillo le feu qui la consume et dans son hymne la majest du dfi suprme la mort, une injonction secrte poursuivre sa propre course vers la libert et son bras de fer avec le destin.

    Pour dtendre latmosphre, Bizet envoie dans lauberge deux contrebandiers qui nous apprennent, dans un quintet survolt comme un numro de cabaret, que Carmen et ses camarades gagnent leur vie autrement quen fabriquant sagement des cigarettes. Les retrouvailles entre Carmen et Don Jos peine sorti de prison, en fait dapothose tournent au dsastre. Jos rappel lordre par le clairon sonnant lappel, sarrache des bras de Carmen qui lui recrache sa lchet au visage. Le soldat, proprement cartel entre son devoir et son dsir, sabme, transfigur, dans laveu dune passion qui donnant un sens sa vie, la aussi dpossd de lui-mme. Pour larguer dfinitivement les amarres, il ne lui reste plus qu se dfaire de son honneur et de sa dignit, en sembarquant vers un pays inconnu que Carmen appelle la libert et qui ressemble lenfer.

    Dans la nuit dsertique du troisime acte, entre les alles et venues dune arme de corps puiss, chacun a rendez-vous avec lui-mme. Carmen reoit dun jeu de cartes lavertissement dune condamnation sans appel delle et de son amant. Dans un sommet de la partition, Bizet plonge son hrone dans une introspection impressionnante de rsignation au rendez-vous inluctable qui lattend. Mais langoisse de la mort rveille en elle lurgence de vivre. la demande des contrebandiers, elle dgrafe son corsage en riant pour aller sduire les douaniers avant de sauver in extremis la vie dEscamillo au terme dun duel improvis qui loppose Jos. Micala venue affronter le visage de sa rivale et sauver ce quil reste de son amant, abat sa dernire carte : la mre de Jos, avant de mourir, veut embrasser son fils. Limage de sa mre lagonie lemporte sur celle de Carmen au bras dEscamillo : Jos quitte le plateau, dfiant le monde entier dune menace terrifiante comme une prophtie.

    Lorchestre embrase de lumire louverture du dernier acte o le peuple de Sville, hystrique, droule un tapis rouge pour celui qui parat la fin du drame et qui frappe le dernier coup . Devant larne, Escamillo embrasse Carmen qui part dans les coulisses affronter calmement le visage de son ennemi. Au bord de labme, comme deux enfants dpasss par le jeu quils ont eux-mmes imagin, les amants face face dans lhbtude de se reconnatre lun et lautre pour la premire fois, chantent, dans une extraordinaire dissonance o les menaces se confondent aux prires, ce qui ressemble lunique vritable scne damour de lopra. Carmen, dtermine sacrifier sa vie au nom de sa libert, impose son amant une inconcevable alternative : tue-moi ou laisse-moi partir . Au mme instant, Escamillo et Don Jos plonge une lame dans le corps de leur adversaire. Les cris saluant la victoire du torero se mlent ceux de lassassin ananti. Jos dominant Carmen pour la premire fois la perd dfinitivement.

    Expose et vide comme un champ de bataille, une piste de cirque ou une salle de bal, larne o Bizet va tuer le monstre pour en faire un mythe est avant tout la scne dun thtre, le lieu dun jeu et dune exprience o, accompagns dun chur omniprsent, la fois acteur et spectateur, les protagonistes vont risquer leur vie pour aller au bout de leur dfi. Micala nentre sur le plateau que pour convaincre Jos den sortir. Dans un cabotinage attendrissant, Escamillo prend le plus beau costume et sinstalle au centre. Jos, comme un acteur qui sest tromp de pice, sobstine vouloir crire une histoire avec une bte de scne, qui, occupe vivre chaque seconde comme si ctait la dernire, improvise sa vie comme une suite dinstants et avec les moyens du bord. Carmen comme un modle de courage et

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    dinsoumission, slevant au-dessus des lois, au-dessus de tout, dnonce autour delle la lchet dun monde consentant subir un ordre protecteur et rassurant, sagement quilibr entre le bien et le mal.

    Amorale, dnue de romantisme et de beaux sentiments, luvre de Bizet trouve son pouvoir de fascination dans le va-et-vient permanent entre le brlant et le glacial, la transcendance et le trivial, la bassesse et la grce, la comdie et la tragdie, Wagner et Offenbach. Le mlange des genres et des sensations, le ralisme enchant des tableaux, le rouge et le noir, le tabac, le vin, les oranges, les clats de lumire, le crpuscule dans les montagnes, la violence inoue du pome et lenchantement dune partition multicolore, limage du rythme endiabl des fanfares accompagnant dans larne la mise mort, tout cela est surtout, sur le plateau et dans la fosse, loccasion dune fte opratique blouissante qui fait de Carmen une uvre unique limage de son hrone, anarchique et gnreuse, enfivre, paradoxale, confondante dhumanit.

    trente-six ans, au sommet de son art, et juste avant de disparatre, Bizet sait bien que laspiration de Carmen est aussi la sienne. Le compositeur est amoureux non seulement de sa crature, mais du paysage qui sommeille en elle : une acceptation fondamentale de lexistence, une invitation permanente au dpassement de soi, une source intarissable dinspiration. Carmen chante et Bizet nous laisse deviner, dans la fascination quelle exerce sur le monde, le pouvoir insondable de la musique elle-mme.

    Lenfant de bohme qui na jamais connu dautre loi que celle de son dsir, celle dont le nom en latin signifie la fois magie, musique et posie, a fait entendre ceux qui lcoutaient le chant que murmurait sous leurs masques la voix de leur propre humanit. Tout cela steint dans leffondrement sur le sable, dun oiseau rebelle dfinitivement inapprivois. Jean-Franois Sivadier, metteur en scne Fvrier 2010

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    Repres biographiques Jean-Claude Casadesus direction musicale Jean-Claude Casadesus, aprs avoir reu lenseignement de deux matres, Pierre Dervaux et Pierre Boulez, est engag en 1965 comme directeur musical du Chtelet. En 1969, il est nomm chef permanent lOpra de Paris et lOpra-Comique. Il participe ensuite la cration de lOrchestre des Pays de la Loire dont il est directeur adjoint jusquen 1976. cette date, il cre lorchestre national de lille. Sous sa direction, lo.n.l. a su porter son large rpertoire, son dynamisme et la qualit de son projet artistique au fil de quatre continents et de trente pays. Paralllement, il mne une carrire internationale et est linvit des orchestres de Moscou, Saint-Ptersbourg, Philadelphie, Salt Lake City, Baltimore, Montral, Londres, Paris, Tokyo, Soul, Taipei, Singapour, de celui de la Fondation Gulbenkian ou encore des Berliner Symphoniker galement trs actif l'opra, il dirige des productions Monte-Carlo et Trieste, dans les festivals dAix-en-Provence et dOrange, lOrchestre de Paris, lOpra des Flandres et bien entendu l'Opra de Lille. Aprs la Chine (2007) et une tourne triomphale en Autriche, Slovnie et Croatie (2009), Jean-Claude Casadesus, avec son orchestre, retrouve nouveau la Chine en 2010 linvitation de lExposition Universelle de Shanghai et ouvre en octobre le Festival de Piano de Shanghai (jumel avec Lille Piano(s) Festival) avec le Shanghai Philharmonic. Ardent dfenseur de la musique contemporaine, il a notamment obtenu le prix Charles Cros pour le premier enregistrement ralis avec son orchestre : la Premire Symphonie d'Henri Dutilleux. Prsident de Musique Nouvelle en Libert (association de soutien et de promotion de la musique daujourdhui), il a mis en place depuis 2001 des rsidences de compositeurs, et accueille pour 3 ans Bruno Mantovani. Une trentaine denregistrements raliss la tte de lo.n.l. lui ont valu plusieurs rcompenses. Il est lauteur dun livre publi aux ditions Stock Le plus court chemin dun cur un autre. En 2004, les Victoires de la Musique Classique lui dcernent une Victoire dHonneur. Il est Commandeur de la Lgion d'Honneur - Commandeur de l'Ordre National du Mrite - Commandeur des Arts et Lettres Commandeur de lOrdre Orange Nassau Officier de lOrdre Lopold de Belgique Chevalier des Palmes Acadmiques. Nicolas Krger direction musicale (19 et 27 mai) Aprs des tudes de piano, notamment auprs d'Alain Plans, Nicolas Krger intgre le Conservatoire National Suprieur de Musique de Paris o il obtient les prix d'harmonie, contrepoint, accompagnement au piano, direction de chant et direction d'orchestre. Il est paralllement chef de chant et pianiste l'Orchestre de Paris o il collabore rgulirement avec des chefs tels que Pierre Boulez, Christoph von Dohnanyi, Lorin Maazel ou Christoph Eschenbach. Il est rcemment directeur musical sur La Voix Humaine et Pellas et Mlisande l'Opra de Rouen, puis dirige les Dialogues des Carmlites l'Opra de Gand, La Prichole l'Opra de Lille et La Crole avec l'Atelier Lyrique de Tourcoing. Dernirement, Nicolas Krger a dirig l'Orchestre du Grand Thtre de Tours, l'Orchestre du Vlaamse Opera (Anvers), l'Orchestre national de Lille ainsi que l'Orchestre de l'Opra de Toulon pour une srie de concerts. Nomm chef associ du Chur de Chambre Accentus, il entretient entre 2002 et 2007 une relation privilgie avec cet ensemble qu'il dirige plusieurs reprises Paris et Berlin. Par la suite, il remporte le concours lui ouvrant le poste de chef associ des prestigieux BBC Singers Londres. Comme chef de chant, il participe au Festival d'Aldeburgh, au Festival de Saintes, l'Acadmie Francis Poulenc Tours, au Festival d'Aix-en-Provence ainsi qu' l'Opra de Lille. Cette saison, il sera l'Opra d'Anvers pour Don Carlo. Jean-Franois Sivadier mise en scne N en 1963, ancien lve lcole du Thtre National de Strasbourg, Jean-Franois Sivadier est comdien, metteur en scne et auteur. Il a notamment travaill avec Jacques Lasalle, Daniel Mesguich, Christian Rist, Dominique Pitoiset, Alain Franon, Laurent Pelly, Stanislas Nordey, Yan Jol Collin, Serge Tranvouez. Proche de Didier Georges Gabily, il a jou avec lui dans Violences, Enfonures et a particip la mise en scne laisse inacheve de son diptyque Dom Juan/Chimre et autres bestioles en 1996. La mme anne, il crit et met en scne Italienne avec orchestre puis Italienne scne et orchestre en 2003 pour lequel il a reu le Grand Prix du Syndicat de la Critique. En 1998, il crit et monte Noli me tangere pour le festival Mettre en scne au Thtre national de Bretagne de Rennes, o il cre galement ses trois spectacles suivants : La Folle Journe ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais (2000), La Vie de Galile de Brecht (2002) et La Mort de Danton de Bchner (2005) (Molire du meilleur spectacle en rgion). En 2002, il devient artiste associ au Thtre national de Bretagne de Rennes. lOpra de Lille, il signe sa premire mise en scne dopra avec Madame Butterfly de Puccini (2004) et prsente en 2006-2007, Italienne avec orchestre. Depuis, il monte Wozzeck dAlban Berg (2007) et Les Noces de Figaro de Mozart lOpra de Lille, Le Roi Lear de W. Shakespeare pour ldition 2007 du Festival dAvignon, il joue Mesa dans Le Partage de Midi de Paul Claudel prsent au cours de lt 2008 dans ce mme festival et met en scne La Dame de chez Maxim' de Feydeau au Thtre de lOdon.

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    Pour aller plus loin La voix lOpra Chaque voix est unique, la classification vocale est donc artificielle. On a cependant prouv le besoin de dfinir les voix en prenant compte diffrents facteurs : ltendue dans laquelle elle peut se mouvoir (sa tessiture), son timbre, sa puissance, le type de rpertoire abord (le baryton Verdi par exemple). lopra, chaque voix correspond un type de personnage. La classification des voix : On distingue gnralement trois types de voix pour les femmes et trois pour les hommes : + grave + aigu

    femme Contralto Mezzo-Soprano Soprano homme Basse Baryton Tnor Contre-tnor/Haute-contre La soprano est la voix fminine la plus leve, la basse est la voix masculine la plus grave.

    La tessiture est ltendue ordinaire des notes quune voix peut couvrir sans difficult. Le timbre de la voix : Cest la couleur de la voix, ce qui permet de lidentifier. Ce timbre est li aux harmoniques mises par le chanteur, qui sont lis sa morphologie et sa technique : le corps agit comme une caisse de rsonance et les rsonateurs peuvent tre modifis lors de lmission du son. Le chur : Cest un ensemble de chanteurs qui interviennent certains moments dans un opra. Un chur mixte est gnralement form de soprani, d'alti, de tnors et de basses. La puissance de la voix : Elle dfinit le maximum dintensit quatteint la voix dans ses extrmes : - voix dopra : 120 dB - voix dopra-comique 100 110 dB - voix doprette : 90 100 dB - voix ordinaire : au dessous de 80 dB (voix des chanteurs de varit ou de comdie musicale)

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    Qui fait quoi lopra ? Associez le mtier la description de son travail et, en vous rfrant lquipe artistique de cette

    production, mettez des noms en dessous de chaque mtier.

    Le compositeur Il/Elle crit lhistoire, les textes qui seront chants dans lopra.

    Le costumier Il/Elle est responsable de ce qui se passe sur scne. Il/Elle conoit, avec son quipe, la

    scnographie et dirige le jeu des chanteurs (les

    mouvements).

    Le musicien

    Il/Elle interprte un personnage de lopra.

    Le chanteur

    Il/Elle invente la musique daprs un thme ou une histoire (le livret) et crit la

    partition.

    Le librettiste

    Il/Elle cre les dcors du spectacle.

    Le metteur en scne Il/Elle dessine et conoit les costumes.

    Le scnographe (dcorateur)

    Il/Elle joue dun instrument, interprte la musique du compositeur. Il/Elle fait

    partie de lorchestre.

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    LOpra de Lille, un lieu, une histoire HISTORIQUE Aprs lincendie, en 1903, de lancien thtre construit en 1788 au cur de la ville, la municipalit lance en 1907 un concours pour la construction dun nouvel difice. Le rglement met alors laccent sur la prvention de lincendie et recommande notamment de porter attention la largeur et la commodit des dgagements et des escaliers tous les tages. Le projet laurat de larchitecte Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) a respect cette consigne qui permet au btiment de bnficier aujourdhui de volumes exceptionnellement vastes dans tous ses espaces publics (zones daccueil, foyer, dambulatoires,). Le gros-uvre du chantier sest achev en 1914, mais les travaux de finition nont pu tre mens leur terme cause de la guerre. Les Allemands ont dailleurs trs vite investi le lieu quils ont meubl et quip avec les siges et le matriel dun autre thtre lillois, Le Sbastopol. En prs de quatre annes doccupation, une centaine de spectacles et de concerts y ont t prsents en faisant la part belle Wagner, Mozart, Strauss, Beethoven. Aprs cette occupation germanique et une priode de remise en tat, le Grand Thtre comme on lappelait lpoque a pu donner sa premire franaise en 1923. En 1998, la Ville de Lille se trouve dans lobligation de fermer lopra pour des raisons de scurit. Un chantier de rnovation est men par les architectes Patrice Neirinck et Pierre Louis Carlier de 2000 2003. LOpra de Lille a ouvert nouveaux ses portes au public en dcembre 2003 loccasion de Lille 2004 Capitale europenne de la culture. LA FAADE

    Prcde dun vaste perron et dune vole de marches en pierre de Soignies, la faade est un symbole de lidentit lilloise. De composition noclassique, elle fait preuve dclectisme en termes dlments architectoniques et dcoratifs. Elle adopte le parti de composition du Palais Garnier, mais avec une morphologie gnrale diffrente. En pierre calcaire, trs lumineuse, cette faade dploie trois strates architecturales (traves), qui correspondent trois styles de parements. Le premier tage, tage noble, est rythm par trois larges baies cintres, conues pour inonder de lumire le grand foyer. Ces baies participent pleinement lallure noclassique et llgance de ldifice. Louis-Marie Cordonnier fournit lintgralit des plans et dessins ncessaires lornementation de la faade. Il accorda la

    ralisation (et non la conception) du motif du fronton, illustrant la Glorification des Arts, un artiste de la rgion lilloise : Hippolyte-Jules Lefebvre. Se dtachant de la rigueur gnrale du btiment, le groupe sculpt sarticule autour dApollon, le Dieu des Oracles, des Arts et de la Lumire. Neufs muses laccompagnent, runissant ainsi autour de lallgorie du vent Zphir, la posie, la musique, la comdie, la tragdie et dautres arts lyriques ou scientifiques. Les deux reliefs allgoriques de ltage noble (dessins de Cordonnier l encore), se rpondent. gauche, du sculpteur Alphonse-Amde Cordonnier, une jeune femme tenant une lyre, reprsente La Musique. Des bambins jouent du tambourin et de la guitare. droite, le sculpteur Hector Lemaire, a symbolis La Tragdie. Les putti reprsentent des masques de thtre et lallgorie fminine, dramatique et anime, brandit une pe, environne de serpents et dclairs.

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    LE HALL DHONNEUR Lentre est rythme par les marches descalier du perron depuis la place du thtre et seffectue par trois sas largement dimensionns. Le visiteur pntre dans le vestibule qui lui offre immdiatement une vue sur lescalier dhonneur menant au parterre et aux galeries des tages. Introduction progressive au lyrisme du lieu, le vestibule met en scne deux statues ralises en stuc de pierre. droite, LIdylle , de Jules Dechin, et en cho, La Posie du sculpteur Charles Caby. LES GRANDS ESCALIERS Avec un programme damnagement et de dcoration trs riche, les escaliers instaurent un dtachement volontaire avec lenvironnement urbain et le lexique architectural encore rserv au vestibule. Propices une reprsentation sociale (dfil des classes sociales du dbut du XXe sicle par exemple), les grands escaliers sont une cellule valeur indicative, qui annonce le faste du lieu. Afin daugmenter la capacit daccueil de la salle, Cordonnier a privilgi une vole axiale droite, puis deux montes symtriques divergentes. Une vote caissons remarquables, dinspiration renaissance italienne, repose sur une srie de colonnes en marbre cipolin. Larchitecte chargea le sculpteur-stucateur Andr Laoust du dcor des baies qui surplombent les escaliers et ferment lespace entre le grand foyer et les galeries. Louis Allard est quant lui auteur, daprs les esquisses de Cordonnier, des deux vases monumentaux (pltre peint et dor), disposs sur les paliers darrive (et initialement prvus pour le grand foyer). LE GRAND FOYER Le grand foyer a t voulu par Louis-Marie Cordonnier comme un vritable vaisseau, qui sallonge sur toute la faade de lOpra. Lespace, trs lgant, fait preuve de dimensions exceptionnelles, au regard de celles rencontres dans dautres lieux thtraux. Les volumes intrieurs, particulirement vastes, sont le cadre dune effervescence et de la dambulation du public lors des entractes, et continue merveiller le public par sa richesse ornementale. Lespace est clair par cinq grandes baies dont trois jumeles du ct de la place. Le dcor du plafond et les deux tableaux ovales reprsentant La Musique et La Danse sont luvre du peintre Georges Picard. En parallle, les quatre grands groupes sculpts ont t raliss par Georges-Armand Vrez, et forment un ensemble cohrent avec le programme dornementation, qui dveloppe le thme des arts. Chaque mercredi 18H, des concerts dune heure sont organiss dans le Foyer. Rcitals, musique de chambre, musique du monde au tarif de 8 et 5 . LA GRANDE SALLE

    Si les plans aquarells de Cordonnier privilgiaient la couleur bleue, la volont de reproduire une salle litalienne (un des derniers exemples construits en France) a fait opter lensemble des acteurs du chantier de lpoque pour le rouge et or, plus conventionnel. La salle est couverte dune coupole. Elle comprend six loges davant scne, une fosse dorchestre, un large parterre et quatre balcons (quatre galeries).

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    Le dcor est particulirement abondant. Les coinons comportent plusieurs groupes sculpts : La Danse, la Musique, la Tragdie et la Comdie. De part et dautre des loges davant-scne, quatre cariatides portent les galeries suprieures. Elles reprsentent les quatre saisons. Un groupe sculpt, au thme similaire de celui de la faade, est ddi la Glorification des Arts, et affiche sa devise en latin : Ad alta per artes . Huit mdaillons peints alternent avec des figures mythologiques (phbes sculpts). Cest Edgar Boutry qui ralisa lensemble de ce dcor sculpt tandis que Georges Dilly et Victor Lhomme furent chargs conjointement de la ralisation des huit mdaillons de la coupole. Ces peintures maroufles (toile de lin applique aux pltres) ne prsentent quun camaeu de brun avec quelques rehauts de bleu. Les travaux de rnovation et la construction de nouveaux espaces (2000 2003) En mai 1998, la Ville de Lille se trouve dans lobligation de fermer lOpra et de mettre un terme la saison en cours. Cette fermeture est provoque par lanalyse des dispositifs de scurit du btiment qui se rvlent tre dfectueux ; une mise en conformit de ldifice face au feu apparat alors ncessaire, tant au niveau de la scne que de la salle et de larchitecture alvolaire qui lentoure. Les acteurs du chantier dfinissent alors trois objectifs majeurs pour les travaux de modernisation et de mise en conformit de lOpra de Lille. Le premier est daboutir, en respectant videmment ldifice, une mise aux normes satisfaisante et rpondant aux rglementations existantes, en particulier dans le domaine de la scurit des personnes. Le deuxime vise amliorer les conditions daccueil des productions lyriques, chorgraphiques et des concerts dans le cadre dun thtre litalienne tout en prservant luvre de Louis-Marie Cordonnier dont la configuration, les contraintes et lhistoire induisent une organisation spatiale classique. Il sagit enfin de valoriser lOpra de Lille comme lieu de production et daccueil de grands spectacles lyriques et chorgraphiques en mtropole lilloise, en France et en Europe. Les travaux de rnovation mens par les architectes Patrice Neirinck et Pierre-Louis Carlier ont t loccasion de construire, au dernier tage du btiment, une nouvelle salle de rptition. Le toit de lOpra a t surlev pour offrir un grand volume cet espace de travail qui est galement accessible au public. Cette salle dont les dimensions sont environ de 15x14 mtres peut en effet accueillir 100 personnes loccasion de rptitions publiques ou de prsentations de spectacles et de concerts.

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    LOpra, un lieu, un btiment et un vocabulaire

    Le hall dhonneur = lentre principale Les grands escaliers mnent les spectateurs la salle La grande salle = l o se passe le spectacle Le grand foyer = l o les spectateurs se retrouvent aprs le spectacle et lentracte Les coulisses = l o les artistes se prparent (se maquillent, mettent leurs costumes, se concentrent) Les studios de rptition = l o les artistes rptent, travaillent, schauffent avant le spectacle La rgie = l o les techniciens rglent la lumire, le son diffuss sur la scne Ct salle (Dans la grande salle, il y a dun ct, les spectateurs) : - Les fauteuils des spectateurs sont rpartis sur le parterre (ou Orchestre) et les 4 galeries (ou balcons), 1138 places au total - La quatrime galerie sappelle le Paradis (parce que la plus proche du ciel) ou encore le Poulailler (parce que cest lendroit o se trouvait lpoque le peuple qui tait perch et caquetait comme des poules) - Les loges (celles du Parterre tant appel aussi baignoires) - La loge retardataire (situe en fond de Parterre) - La rgie (situe en 2e galerie) Ct scne (De lautre ct, les artistes) : - La fosse dorchestre (l o sont placs les musiciens pendant les opras, en dessous de la scne ; seul le chef dorchestre voit la scne et il dirige les chanteurs) - Lavant-scne ou proscenium (la partie de la scne la plus proche du public) - La scne ou le plateau (l o les artistes jouent, chantent et dansent) (le lointain - lavant-scne ou face / Jardin - Cour) - Les coulisses - le rideau de fer et le rideau de scne sparent la scne et la salle. Le rideau de fer sert de coupe feu.

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